l'envers de l'eldoradoby thomas gomez

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Presses Universitaires du Mirail L'envers de l'Eldorado by Thomas GOMEZ Review by: Bartolomé Bennassar Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 47 (1986), pp. 127-129 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40851386 . Accessed: 12/06/2014 13:45 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.174 on Thu, 12 Jun 2014 13:45:43 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Presses Universitaires du Mirail

L'envers de l'Eldorado by Thomas GOMEZReview by: Bartolomé BennassarCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 47 (1986), pp. 127-129Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851386 .

Accessed: 12/06/2014 13:45

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C.M.H.L.B. CARAVELLE n° 47, pp. 127-162, Toulouse, 1986

COMPTES RENDUS

Thomas GOMEZ, L'envers de l'Eldorado, Toulouse, Association des Publications de l'Université de Toulouse-Le Mirail, 1984, 353 p.

Les publications de caractère scientifique concernant le Mexique ou le Pérou colonial sont nombreuses. On ne peut en dire autant du monde chibcha qui n'a pas suscité, en France ou ailleurs, de très nombreux chercheurs. Le livre de Thomas Gomez n'en présente de ce fait que plus d'intérêt.

L'auteur souligne d'abord qu'à l'époque de la découverte les hau- tes savanes de Bogota et Tunja étaient des mondes pleins, peuplés d'indiens à la fois très industrieux et très pacifiques, les muiscas, qui se soumirent très facilement aux Espagnols. Ces indiens possé- daient beaucoup d'or, ce qui explique l'importance du butin réalisé par Jimenez de Quesada (et dont profitèrent accessoirement les hom- mes de Federman et de Belalcazar) et la légende vite diffusée de l'Eldorado; mais il s'agissait d'un or venu d'ailleurs (de la vallée du Cauca notamment) que les muiscas obtenaient en échange de leurs travaux d'artisanat, de tissage surtout. De sorte que les conquérants, d'autant plus déçus par l'absence d'or que l'ampleur du butin initial avait fait naître de folles espérances, vont se désintéresser progressi- vement du « Nouveau Royaume ». Observons au passage avec l'auteur que ce désintérêt va être une des raisons pour lesquelles la législa- tion coloniale la plus favorable aux Indiens sera encore plus mal res- pectée qu'ailleurs dans l'ensemble de la Nouvelle Grenade.

Si la civilisation des muiscas n'avait rien à envier aux plus brillan- tes cultures de l'Amérique précolombienne pour ce qui est de la my- thologie, de l'artisanat (orfèvrerie la plus remarquable de toutes, tis- sage, poterie) et de l'agriculture, leur organisation politique et éco-

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128 CM.H.LB. Caravelle

nomique était très primitive : la population se répartissait entre une multitude de caciquats et les deux chefs les plus importants, le Zipa de Bogota et le zaque de Tunja paraissaient sur le point de s'affron- ter pour le contrôle de la totalité du territoire muisca, ce qui a pu favoriser la conquête.

Dépourvu d'or, le pays muisca présentait en revanche un grand inté- rêt agro-alimentaire en raison de l'abondance des productions de maïs, pommes de terre, haricots, sel, qui avaient permis le développement d'une des populations les plus denses d'Amérique. Comme le bétail introduit par les Espagnols se multiplia rapidement le pays pouvait servir de réserve alimentaire aux autres régions des Indes de Castille. Encore fallait-il résoudre le problème des liaisons.

La grande originalité du livre de Th. Gomez est d'avoir su analyser au fil d'une conjoncture mouvante les interférences de 4 variables : transports, population, commerce, taxes. Il montre comment la route du Magdalena s'est imposée de préférence à la route du Sud, à la voie de Maracaïbo ou à l'itinéraire du Pacifique comme la meilleure route d'accès au plateau muisca. Il montre aussi comment la boga (c'est-à-dire la navigation sur le Magdalena depuis le Golfe du Mexi- que), puis le portage terrestre se révélèrent consommateurs insatia- bles de main d'œuvre indienne, d'autant plus que, pour obtenir une plus grande rentabilité, les gens qui contrôlent la navigation (techni- que indigène récupérée) augmentent les dimensions des canoas et diminuent le nombre d'indiens par équipage, ce qui produit le sur- menage. Toute une série de ports équipés de divers services et pour- vus de ravitailement s'organisèrent sur le fleuve : Tenerife (1536), Mompox (1540), Tamalameque (1547), Ocana (1572), Honda (1584), point extrême de la navigation vers l'amont et qui devint ainsi le port le plus important, le mieux équipé. La diminution des marins indiens fit envisager la recherche d'un port beaucoup plus en aval mais les routes de terre étaient encore plus exténuantes que celles du fleuve. Quant au port d'Ocana il servit surtout à désenclaver la région de Pamplona et tout l'est du « Nouveau Royaume ».

Les pages consacrées par Thomas Gomez à une encomienda origi- nale et très meurtrière, Y encomienda de boga, véritable corvée, sont d'une grande nouveauté : les encomenderos de la boga constituèrent un véritable lobby économique tandis que les travailleurs de la boga, malgré leur habileté professionnelle reconnue, étaient des prolétaires mal nourris. Les administrateurs espagnols, conscients d'emblée de la nocivité de la boga, essayèrent de la réglementer, de supprimer les abus, enfin de l'interdire, le tout sans aucun succès : la boga ne dis- parut que faute d'indiens, vers 1620, remplacée par une flotille de fré- gates. Le portage terrestre de Carthagène au Magdalena et du Magda-

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COMPTES RENDUS 129

lena à Tunja ou Ibagué par exemple se révéla tout aussi meurtrier malgré les efforts de l'Audience, des évêques et des religieux pour faire cesser ces corvées scandaleuses. Les liaisons du pays avec le reste des Indes et l'Espagne furent assurées au prix de la mort des In- diens. L'égoïsme et la cupidité des encomenderos eurent raison des efforts de la Couronne et de ses représentants, plus efficaces, quoi- qu'on en ait dit, au Pérou ou au Mexique, où les Indiens n'ont pas disparu contrairement à ceux du « Nouveau Royaume » qui étaient pourtant nombreux.

Ce livre essentiel est très bien pourvu en tableaux et cartes qui rendent le discours facile à suivre. Les indications de sources sont données de façon très rigoureuse.

Bartolomé Bennassar.

Sor Juana Inés de La CRUZ, Inundación Castálida, edición de Geor- gina Sabat de Rivers. Madrid, Clásicos Castalia, 117, 1982, 502 p.

A lui seul, ce titre évoque toute une époque. La Inundación Cas- tálida est le premier recueil d'œuvres de la Décima Musa de México édité en Espagne (en 1689). Ce fut le point de départ d'un magnifique succès editorial. Avec des modifications, son contenu fut réédité huit fois sous le titre plus discret de Poemas. Un deuxième recueil devait voir le jour en 1692, un troisième posthume en 1700. Tous les indi- ces concordent pour suggérer que Sor Juana n'a pas pu surveiller l'impression de ses œuvres, en partie - mais en partie seulement - à cause de la distance. D'autre part, nous ne conservons pratique- ment aucun manuscrit. Ajoutons que les protes du temps de Char- les II ne travaillaient pas toujours bien. L'édition critique des œuvres de Sor Juana se présente dans des conditions bien difficiles.

Néanmoins, à partir de 1952 parut à Mexico une édition d'Obras Completas due à Alfonso Méndez Planearte qui fut saluée par Mar- cel Bataillon comme « magistrale et définitive ». En fait cette publi- cation améliore de façon considérable le rassemblement et la fixation des textes de Sor Juana et elle met à leur service une érudition rare. Elle n'est pas pour autant un point d'achèvement. Georgina Sabat de Rivers est la meilleure spécialiste actuelle des éditions anciennes de Sor Juana : elle en a découvert une supplémentaire. Ayant constaté que certaines versions étaient discutables, elle a entrepris une nou- velle édition critique, en commençant par la Inundación Castálida. Elle admire certes le travail immense et décisif accompli par le véné- rable érudit mexicain, mais elle formule contre lui deux reproches :

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