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Décembre 2014
LES INCIDENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES DE LA MALADIE À VIRUS EBOLA (MVE) EN AFRIQUE
Décembre 2014
Les inciDences socio-économiques De La maLaDie à virus eboLa en afrique
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Commission économique pour l’Afrique
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Publications
Commission économique pour l’Afrique
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© Commission économique pour l’Afrique, 2014
Addis-Abeba, Éthiopie
Tous droits réservés
Premier tirage: décembre 2014
Langue: Français
ISBN: 978-99944-61-44-8
eISBN: 978-99944-62-44-5
Toute partie du présent ouvrage peut être citée ou reproduite librement. Il est cependant demandé d’en informer la Commission économique pour l’Afrique
et de lui faire parvenir un exemplaire de la publication.
Design de la couverture et du rapport: Carolina Rodriguez et Pauline Stockins.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
sommaireFigures, tableaux et encadrés vAcronymes et abréviations viRemerciements viiAvant-propos viiiRésumé x
1. introDuction 1 Contexte 1 Objectifsetportéedel’étude 3 Structuredurapport 3
2. caDre conceptueL et méthoDe D’anaLyse Des inciDences 4 Cadre conceptuel 4 Incidences économiques 4 Incidences sociales 6 Incidences intangibles 7 Méthodes d’analyse des incidences 9 Analysequantitativeetqualitativedescriptive 9
Enquêtesurl’étatdepréparationdespaysnontouchésetsurleseffetsindirects delamaladieàvirusEbola 10 TransmissioninternationaledeseffetsdelamaladieàvirusEbola 10 Analysedesperceptionsparl’explorationdetextesstatistiques 10
3. Documents récents sur Les inciDences De La maLaDie à virus eboLa en Guinée, au Libéria et en sierra Leone 11 Guinée 11 Libéria 12 Sierra Leone 12 Principales conclusions – Ebola n’est pas l’unique problème 14
4. situation De L’épiDémie De La maLaDie à virus eboLa et mesures De Lutte Dans Les trois pays – et autres causes monDiaLes De mortaLité 15 Situation épidémiologique 16 L’envergure actuelle du dispositif de lutte 18 Le nombre de victimes de la maladie à virus Ebola: quelques éléments de comparaison 18
5. inciDences macroéconomiques De La maLaDie à virus eboLa 23 Le PIB 23 Investissement, épargne et consommation privée 23 Inflation, monnaie et taux de change 24 Financespubliques 24 Recettespubliques 26 Dépensespubliques 26 Déficitsbudgétaires 27
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Commission économique pour l’Afrique
Poids de la dette et et allègement de la dette 27 Offre de main-d’œuvre et productivité 28 Pauvreté et inégalités 28 Plansd’urgenceetderelance 28 Enquête sur l’état de préparation des pays non affectés et sur les conséquences indirectes de la maladie à virus Ebola 29 Impactéconomique 29 Impactsocial 29 Mesuresspéciales 29 Impact économique de la maladie à virus Ebola sur l’Afrique de l’Ouest et le continent 30
6. analyse de l’impact de la mve sur le genre et les systèmes de santé 32 La dimension genre – ce sont les femmes qui sont les plus pénalisées 32 Commercetransfrontalier 32 Industriesminières 33 Agriculture 34 Prestationsdesoinsnonrémunérés 34 Vulnérabilité des systèmes de santé africains 34 Manqued’infrastructures 35 Manquedepersonnel 35 Manquederessources 36 Manqued’intégration 38
7. analyse des perceptions 40 Analyse des sentiments 41 Sujets récurrents 43
8. recommandations 46 Sur le plan épidémiologique 46 Sur le plan économique 48 Sur le plan social 50 Sur le plan immatériel 53
appendice 55 I.Analysesectorielledesincidencessocio-économiques 55 II.Tablesetsources:EngagementsetdécaissementspourcombattrelaMVE 68
références bibliographiques 73
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
figures, tableaux et encadrésfiGuresFigure1:CadreanalytiquedelapousséedelamaladieàvirusEbola 5
Figure2:CasdelamaladieàvirusEbolaenGuinée,auLibériaetenSierraLeone 16
Figure3:InfectionsparlevirusEbolachezlestravailleurssanitaires 17
Figure4:EngagementsetdécaissementspourcombattrelaMVE 20
Figure5:Contributionsennature 22
Figure6:Ratiosdette/PIBdestroispays,2013 26
Figure7:Croissancesimuléepourl’Afriquedel’Ouestetl’Afrique 31
Figure8:Nombred’hôpitauxpour100000habitantsen2013 35
Figure9:Nombredemédecinspour10000habitants2006-2013 36
Figure10:Lesprincipauxpaysd’accueildelafuitedescompétencesmédicalesdel’AfriquehorsMagreb37
Figure11:Partdesdépensesdesantédanslesbudgetsnationauxen2011(en%) 38
Figure12:ScoresdessentimentsetautressujetsdansdesarticlesàproposduvirusEbola 40
Figure13:Scoresdessentimentscalculéssurlabased’articlespubliésdanslespaysaffectéset dansd’autrespays 42
Figure14:NuagedemotsissusdesactualitésconcernantEbola 43
Figure15:Scoresdessujetséconomiques,sociauxetmédicauxdansunéchantillond’articles 45
FigureA1:Interconnexionssectorielles 56
tabLeaux Tableau1:ProjectionsrelativesauPIB,Guinée(en%) 25
Tableau2:ProjectionsrelativesauPIB,Libéria(en%) 25
Tableau3:ProjectionsrelativesauPIB,SierraLeone(en%) 25
TableauA1:Contributionsdesorganisationsmultilatérales 68
TableauA2:Contributionsdespartenairesbilatéraux 69
TableauA3:Contributionsdusecteurprivéinternational,desassociationscaritatives/fondations 70
TableauA4:Contributionsdusecteurprivéafricain 71
TableauA5:Lesengagementsdequelquespaysafricains 72
encaDrésEncadré1:CommentbarrerlarouteàlaMVE:l’expérienceduNigéria 2
Encadré2:Stigmatiséeaprèss’êtreremisedelamaladie 7
Encadré3:RoyalAirMaroccontinuededesservirlespaystouchésparlamaladieàvirusEbola 8
Encadré4:BrusselsAirlinesauservicedestroispays 41
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Commission économique pour l’Afrique
acronymes et abréviationsAMAO Agencemonétairedel’Afriquedel’OuestASEOWA Missiondesoutiendel’Unionafricainecontrel’épidémied’EbolaenAfriquedel’OuestBAD BanqueafricainededéveloppementCEA Commissionéconomiquepourl’AfriqueCEDEAO CommunautééconomiquedesÉtatsdel’Afriquedel’OuestCUA Commissiondel’UnionAfricaineDAES Départementdesaffaireséconomiquesetsociales(Secrétariatdel’ONU)FAO OrganisationdesNationsUniespourl’alimentationetl’agricultureFMI FondsmonétaireinternationalMINUAUCE MissiondesNationsUniespourl’actiond’urgencecontreEbolaMVE MaladieàvirusEbolaOCDE OrganisationdecoopérationetdedéveloppementéconomiquesOCHA BureaudelacoordinationdesaffaireshumanitairesOMS OrganisationmondialedelaSantéONU-Femmes EntitédesNationsUniespourl’égalitédessexesetl’autonomisationdesfemmesPIB ProduitintérieurbrutPME PetitesetmoyennesentreprisesPNUD ProgrammedesNationsUniespourledéveloppementPPTE PayspauvrestrèsendettésRDC RépubliquedémocratiqueduCongoSARS SyndromerespiratoireaigusévèreVIH/sida Virusd’immunodéficiencehumaine/syndromed’immunodéficienceacquiseWEFM Modèledeprévisionséconomiquesmondiales
Saufindicationcontraire,touslesmontantsindiquéssontendollarsdesÉtats-Unis.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
remerciementsL’étudedelaCommissionéconomiquepourl’Afrique(CEA)surlesincidenceséconomiquesetsocialesdelamaladieàvirusEbolasurl’AfriqueaétéélaboréesousladirectiondeCarlosLopes,SecrétaireexécutifdelaCEA,avec laparticipationactived’AbdallaHamdok,SecrétaireexécutifadjointdelaCommission.L’équipespécialedelaCEAsurEbolamisesurpiedenseptembre2014parleSecrétaireexécutifdelaCommissionpourélaborerlaprésenteétude,abénéficiédesconseils,delasupervisionetdelacoordinationdeDimitriSanga,DirecteurduBureausous-régionaldelaCEApourl’Afriquedel’Ouest.
L’équipespécialedelaCEAcomprenaitAbbiKedir,AboubacryLom,CarlosAcosta,CarolineNgonze,FrancisIkome,IssoufouSeidouSanda,JackJonesZulu,Jean-LucMastakiNamegabe,JosephFoumbi,KatalinBokor,MamaKeita,MedhatEl-Helepi,NassirouBa,RajMitra,XiaoningGongetZachariasZiegelhofer.
UneenquêtedelaCEAsurl’étatdepréparationdespaysnontouchésetsurleseffetsindirectsdelamaladieàvirusEbolaaétéconduiteparleCentreafricainpourlastatistiqueetadministréeparlescentresdedonnéessous-régionauxdesbureauxsous-régionauxde laCEA,sous ladirectionde leurschefs respectifs:NassimOulmane(AfriqueduNord),SizoMhlanga(Afriqueaustrale),GuillermoMangué(Afriquecentrale),AndrewMold(Afriquedel’Est)etAboubacryLom(Afriquedel’Ouest).
Desobservationsetdessuggestionsutilesontétécommuniquéespar l’équipedirigeantede laCEAet lepersonneldedifférentesdivisionsetbureauxsous-régionauxdelaCEA.
Nousavonsparticulièrementappréciéleséchangesd’informationsetdepointsdevuesurlesujetrecueillislorsdesvisiteseffectuéesparl’ÉquipespécialedelaCEAdanslestroispayslesplustouchés,laGuinée,leLibériaet laSierraLeone. Il fautmentionner tout spécialement leProgrammedesNationsUniespour leDéveloppement(PNUD),leséquipesdepaysdesNationsUnies,lesresponsablesgouvernementauxdehautniveauetlesexpertsdanslesministères,lesorganismesetdépartementsdanscespays.
Lerapportn’auraitpasvulejoursanslacontributiondespersonnessuivantes:Dr.FodeBangalySako,AliouBarry,DembaDiarra,CollenKelapile,CharlesNdugu,MarcelNgoma-Mouaya,JimOcitti,BruceRoss-Larson,CarolinaRodriguez,PaulineStockinsettoutel’équipedelaSectiondespublicationsdelaCEA.
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Commission économique pour l’Afrique
avant-propos
Au-delàdunombrededécèsdusàl’épidémieactuelle provoquée par le virus Ebola, lamaladieacertainementdeseffetsvisiblessur
lestroispaystouchés–Guinée,LibériaetSierraLeone–parl’intermédiairededeuxcanaux.Toutd’abord,laréponsesanitaireethumanitaireexigedesressourceshumaines et financières qui n’étaient pas prévuesainsiqu’uneréaffectationdesressourcesallouéesàd’autreseffortsdedéveloppement.Deuxièmement,l’alarmisme entourant l’apparition d’une maladietransmissiblequin’aniremèdenivaccinconnuestégalement à prendre en compte. Ce second canalpeutavoirdesincidencesincroyablesnonseulementsurlesconditionssocialesetéconomiquesdestroispays, mais aussi sur les pays voisins, l’Afrique del’Ouest,lecontinentetmêmelemondeengénéral.
Les premières études depuis que l’épidémie a étéofficiellementdéclaréeenmarsdecetteannéeonttenté d’évaluer les impacts socio-économiques surlespaystouchésmaisprésententtroisinconvénientsmajeures: elles offrent très peu d’information surles effets en Afrique de l’Ouest, et pratiquementrien à l’échelle du continent. Les projections ne
s’appuyent que sur un petit nombre de donnéesdisparates (compte tenudumomentoù lesétudesont été rédigées), et partent de l’hypothèse selonlaquellel’épidémieestsusceptibledesepropager,nerendantpassuffisamment justiceauxréactionsdesgouvernementsniàlavagued’envoisdefondsdeladiasporaàleursfamilles.
Pour élargir et mettre à jour ces conclusions, laCommission économique pour l’Afrique (CEA) amenéune étude sur les coûts socio-économiquesvéritables de la maladie à virus Ebola et leurseffets sur la croissance et les perspectives dedéveloppement, l’objectif étant de constituer unensembled’évidencesàpartirdesquellesconcevoirdes options de politique pour accompagner lesréponsesmentionnéesci-dessus.
Sur la base des premières données et informationsrecueillieslorsdesmissionsdel’équipespécialedelaCEAsurEbolaauLibériaetenSierraLeone(octobre2014)etenGuinée(novembre2014),etdemaproprevisitedanslestroispaysenoctobre2014,cetteétudemontrequesilamaladieàvirusEbolaentraineuntaux
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
demortalitéélevéetdessouffrances indescriptibleschez ceux qui sont directement touchés, cettemaladien’estpaslaplustueusedesmaladiesactuelles(oupassées).D’unpointdevueéconomique,l’étudemetaussienexergueleseffetsdesréponsesactuelleset l’incidence minime de la maladie sur l’Afriquede l’Ouest et le continent (étant donné le poidséconomiquedecestroispays,laprévalenceactuelledelamaladieetlesinterventionsinternationales).
Mais la lutte est loin d’être finie et un cheminconsidérableresteàparcourir-avantquel’onpuissedéclarerlacriseterminée:ilfautremédieràlabaissede productivité et aux changements négatifs desschémas et comportements sociaux, notammentdans les trois pays les plus touchés, alors que lavulnérabilité des systèmes de santé dans toutel’Afrique est un problème crucial étant donné quepeusontenmesured’absorberunchocinduitparlamaladieàvirusEbola(commeonlevoitdansl’étudede la CEA sur l’état de mobilisation des pays nontouchésetsurlesincidencesindirectesdelaMVE).
Cetteépidémiesoulignequ’ilestnécessairequelespaysetleurspartenairesreconsidèrentleprocessusde développement, notamment en décentralisantles efforts dans ce domaine et pas seulement lesstructures. La réussite de l’intervention nigérianeface à l’épidémie amontré que la décentralisationpeut être efficace en cas d’épidémie étant donnéquelesautoritésn’ontpaseuàattendrelefeuvertdugouvernementcentralpourimposerdesmesuresdequarantaineoud’autresmesuresdeconfinement.
Cette épidémie constitue sans aucun doute undéfi et la communauté internationale se doit devenirenaideauxpaystouchésmaislacrisen’apasfondamentalementperturbél’élandela«renaissanceafricaine»malgrél’alarmismerégnantdanscertainsmilieux.Ets’ilyaune leçonàretenir,c’estcelle-ci:divulguerlesbonnesinformationsetéviterainsileseffetsdestructeursd’une«hystérieàvirusEbola».
J’espère que le présent rapport contribuera à ceteffort.
Carlos LopesLeSecrétairegénéraladjointdel’ONU
etSecrétaireexécutifdelaCEA
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Commission économique pour l’Afrique
La poussée de la maladie à virus Ebola (MVE)en Afrique de l’Ouest enregistre le plus grandnombre de décès depuis que lamaladie a été
diagnostiquéeen1976.Elleaaussidesconséquencessocio-économiquesd’uneportéeconsidérable.Bienque la maladie soit encore en pleine évolution,plusieursétudessurcesincidencesontétémenéescetteannée,notammentparlaBanquemondiale,leFondsmonétaireinternational(FMI), leProgrammealimentairemondial(PAM),l’OrganisationdesNationsUniespourl’alimentationetl’agriculture(FAO)etleCentrepourlecontrôleetlapréventiondesmaladies(CDC).Plusieursrapportsnationauxontétéélaboréspar les équipesdepaysdesNationsUnies, sous ladirection des bureaux de pays du Programme desNationsUniespourledéveloppement(PNUD)etdel’OrganisationmondialedelaSanté(OMS).Ilimportetoutefois de constater que peu nombreux sont lesrapportsquisesontpenchéssurl’Afriquedel’Ouestet pratiquement rien n’a été dit sur le continent.Enoutre, laplupartdesperspectivesetprojectionsinitialessurlesincidencesdelaMVEétaientfondéessurdesdonnéesdisparatesetdesincertitudesquantàl’évolutionépidémiologiquefuturedelamaladie.
C’estdanscecontextequelaCommissionéconomiquepourl’Afrique(CEA)aentrepris lapréparationdelaprésenteétudequiapourobjectifglobald’évaluerles incidences socio-économiques de la maladiesurlespaysetsurl’Afriquedanssonensemble,àlafoisdupointdevuedescoûtsréelsinduitsquedesperspectivesdecroissanceetdedéveloppementdefaçonàproposerdesrecommandationsdepolitiquespour accompagner les efforts d’atténuation. Lesconstatations et conclusions de l’étude seront
affinéesetmisesà jour jusqu’à ceque la crise soitterminée, fournissant ainsi une évaluation à partentièredesincidences,unefoisl’épidémiecontenue.
situation épiDémioLoGiqueLe rapport de situation de l’OMS en date du3 décembre 2014 indique que 17 111 cas, dont10708confirmésenlaboratoire,avaientétéidentifiésdanslestroispaysavecunetransmissionétendueetintense,et6055décèsdéclarés.Lestauxdemortalitévarient d’un pays à l’autre – Guinée, 61 % (1 327sur2164),Libéria41%(3145sur7635)etSierraLeone22%(1583sur7312)–pourunemoyennede35%.Cestroispaysprésententdescaractéristiquescommunes: fragilité politique et passé récentmarqué par la guerre civile et l’affaiblissement descapacités institutionnelles.Huitcas,dontsixdécès,ontétésignalésauMali.DesépidémiesauSénégal,auNigériaetenRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC) ont été déclarées contenues respectivementles17octobre,19octobreet15novembre2014.
écheLLe Des interventionsCompte tenu de la propagation rapide etgéographique de l’épidémie, la communautéinternationale a intensifié ses effortspour contenirl’épidémie,mêmesidavantageresteàfaire.Lepland’intervention inter-organisationscontre lamaladieàvirusEbolaprévoyaituneobligationfinancièred’unmilliardetdemidedollarspour les troispayset larégionAfriqueentreseptembre2014etfévrier2015.
Compte tenu de l’ampleur de l’épidémie et dela possibilité qu’elle se propage à d’autre pays
résumé
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
en Afrique ou dans le monde, des annonces decontributions sont faites sur une base continue dela part d’organisationsmultilatérales, bilatérales etprivées.Lecontinentafricainsemobiliseégalement.Outre les annonces de contributions des pays, lacommunauté des affaires s’est engagée à fournir32,6 millions de dollars lors d’une table ronderéunissant les milieux d’affaires africains organiséepar la CEA, la Banque africaine de développement(BAD)etlaCommissiondel’Unionafricaine(CUA)àAddis-Abebale8novembre2014.Descontributionsennaturecommedeséquipementsmédicauxetdupersonneldesantéontétéégalementapportéespartouscespartenaires.
inciDences économiques sur Les trois paysReflétantl’alarmismesuscitéparlamaladieainsiquelamortalitéetlamorbiditéenrapportaveclamaladie,l’activitééconomiqueabaissédanslespaysaffectés.Ces contractions résultent de la combinaison deplusieurs éléments notamment: baisses des ventessur les marchés et dans les commerces, activitéréduitedanslesrestaurants,leshôtels,lestransportspublics,laconstructionetlesinstitutionséducativescausée par les mesures gouvernementales,notamment ladéclarationdel’étatd’urgenceet lesrestrictionsimposéesàlacirculationdespersonnes,cequiaralentilesactivitésdessociétésalorsquedenombreuxexpatriéss’envont,entraînantunebaissedelademandedecertainsservices.
Plus de détails sur les incidences sontmentionnés ci-après:
• Finances publiques: L’épidémie entraîne unediminution des revenus et une augmentationdesdépenses,enparticulierdans lesecteurdela santé,ajoutantunepression supplémentairesur les déficits budgétaires et affaiblissant lacapacitédugouvernementà lafoisdecontenirlamaladieetderenforcerl’économiegrâceparexempleàdesmesuresdestimulusbudgétaire.Lespaysonteurecoursàdesappuisextérieurspourcomblerleursdéficitsfinanciers.
• Recettes publiques: La diminution des recettespubliques initialement attendues peut s’éleverà des dizaines de millions de dollars – uneproportion non négligeable du produit intérieurbrut (PIB) pour trois économies de petite taille.Cette réduction s’explique par une diminutionde l’activité économique et par une contractionde l’assiettefiscaledans laplupartdessecteurs,notammentdansl’industrieetlesservices.Onpeutyajouterunefaiblesseaccruedel’administrationfiscale, de sorte que moins d’impôts sontprélevéssurlesrevenus,lesentreprises,lesbienset services et le commerce international. Enoutre, lesroyaltiescollectéessur lesressourcesnaturellesdominantessontamoindries.
• Dépenses publiques: Par ailleurs, la crisedéclenchée par l’épidémie exige des dépensesnon négligeables dans le secteur de la santépour confiner lamaladie alors que les besoinsen protection sociale croissent égalementrapidement. D’autres dépenses non sanitairespeuvent également émerger à propos de lasécurité,desimportationsalimentairesetautres.
• Déficits budgétaires: Depar seseffetsnégatifssur les recettes et les dépenses publiques,l’épidémie impose au budget de lourdespressions, contribuant substantiellement àl’élargissementdesdéficitsbudgétaires.
• Investissements, épargne et consommation privée: Au regardde la diminutiondes recettespubliquesetde l’augmentationdesdépenses, lacriserisquededétournerlesdépensespubliquesd’investissementsencapitalphysiqueethumainauprofitdedépensesdesantéetautresdépensessociales. Les investissements privés étrangers etnationauxsontégalementendiminutionàcourtterme, souventen raisonde l’alarmismegénérépar la maladie. Les pouvoirs publics des troispaysontdéclaréavoirdifféréou interrompu lesinvestissementsdansdegrandsprojets.
• Offre de travail et productivité: La crise a réduit l’offre de travail (y compris chez les expatriés),diminuant potentiellement la quantité etla qualité de biens et services produits, en
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Commission économique pour l’Afrique
particulier la prestation de services publics. Lamortalitéet lamorbiditéduesà lamaladieontréduitlenombred’agriculteurspouvanttravaillerdansl’agricultureetfaitpayerunlourdtributauxtravailleursdusecteurdelasanté.
• Taux d’inflation, monnaie et taux de change: Lespressions inflationnistes augmentent à mesurequel’épidémieserépand,sapantlacompétitivitédes entreprises et des commerçants etprovoquant une baisse du pouvoir d’achat desménages. Les avoirs extérieurs ont nettementdiminuéetlesdeviseslocalessesontdépréciéesalorsquelecommerceextérieurs’étioleetquela demande de dollars augmente. Les réservesmonétairesdespaysontégalementététouchées.
inciDences sociaLes Dans Les trois pays LamaladieàvirusEbolarisquedecauserunehaussedelamorbiditéetdelamortalitéduesàdesmaladiesnondirectementliéesauvirusEbolaproprementditétant donnés les effets combinés sur la prestationdesservicesdesantéhabituels:
• Peudepersonnesvontverslesservicesmédicauxparpeurdelastigmatisationoudel’expositionàla maladie ;
• L’affaiblissement des services de santé peutfavoriser une hausse de l’incidence d’autresmaladies, notamment le paludisme, la dengueetlafièvrejaune;celapeutaussiaugmenterlesrisques liésàunediminutionde lavaccination,des soins prénataux et des soins infantiles.Autantdefacteursquipeuventfaireaugmenterletauxdemortalitématernelleetinfantile;
• Un grand nombre des décès rapportés sesont produits chez le personnelmédical et lesmédecinsspécialistes,entravantlacapacitédespaysàrécupérerdecettecrise.
L’épidémie de la maladie à virus Ebola a conduità la fermeture des établissements d’éducation.Les incidences sur les résultats scolaires ne sontpas encore évidentes. D’importantes perteséconomiques vont être enregistrées au niveau
du budget national étant donné que les salairesdes enseignants doivent encore être versés et lesinstallations scolaires entretenues. Le pire pourraitêtrelespertesdeproductivitéàlongtermeinduitespar lemanque à gagner en niveau d’éducation deceuxquineretournerontpasàl’écoleaprèslacrise.Tout cela nécessitera des investissements lourdssupplémentairespourtenterderemettrelesystèmeéducatifauniveauauquel il était avant l’apparitiondel’épidémie.
Le chômage ainsi que le nombre de fermeturesd’entreprises commerciales ont augmenté. Pasmoins de 10 entreprises ou succursales fermentchaquesemaineetmêmecellesquirestentouvertesontréduitleurseffectifsdepersonneletleshorairesde travail. La plus grande partie de la populationexposée consiste en des familles vivant en zonesrurales qui dépendent de l’agriculture pour leursubsistance. Ces familles disposent rarement d’ungroscheptelsurlequelserabattreetleurépargneaperdudesavaleur.Alorsquelesmarchésontfermédepuis des semaines et que l’activité économiques’estréduite,lesproducteursdeproduitspérissablesne peuvent pas vendre leurs produits, ce quicomprometlasécuritédesménages,enparticulierdansleszonesfrontalières.
La crise laisse derrière elle un nombre croissantd’orphelins,quiaurontbesoind’unsoutiencibléàlafoispoureuxetpourlesfamillesquis’enoccupent.Enfin, la stigmatisation augmente à l’intérieurdes pays et ceux qui sauvent des vies sont le plustouchés:médecinsetprofessionnelsdelasantésontconsidérés par la population comme des vecteurspotentiels de l’infection, ce qui les empêche demenerunevieuntantsoitpeunormale.
inciDences sur Les perspectives économiques en afrique De L’ouest et sur Le continentBienquelaGuinée,leLibériaetlaSierraLeoneaientenregistréunebaissesensibledeleurPIB,leseffetsà la fois sur l’Afriquede l’Ouest et sur le continentdanssonensembleserontminimes,enpartieparce
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
que, sur la base des estimations de 2013, les troiséconomiestouchéesnereprésententensembleque2,42%duPIBdel’Afriquedel’Ouestet0,68%duPIBdel’Afrique.
Par conséquent, si l’épidémie se limite à ces troispays, l’ampleur de ses incidences sur le PIB et lacroissanceseraextrêmementfaible.LessimulationsdelaCEAfondéessurun«scénariopessimiste»selonlequellestroispaysenregistreraientunecroissancenulle en 2014 et 2015, suggèrent que l’incidencesur la croissance pour ces deux années pourl’Afriquede l’Ouestne sera respectivementquede0,19et0,15pointdepourcentage.Etpourl’Afriquedans son ensemble, l’incidence sera négligeable à0,05 et 0,04 point de pourcentage respectivementsur les deux années. En bref, au moins au planéconomique,iln’yapaslieudes’inquiéteràproposdesperspectivesdecroissanceetdedéveloppementdel’AfriqueàcauseduvirusEbola.
recommanDations De poLitiques Desrecommandationsdepolitiquesetdesréponsesémanantdel’analysesontprésentéesci-dessousdanslesgrandeslignes,selonquatregrandesrubriques.
Dimension épiDémiologique
L’étudeproposeune sériede recommandationsdepolitiquegénérale:
• Il faudrait que les gouvernements et lespartenaires fassent en sorte que toutes lespersonnesinfectéesaientaccèsàuntraitementen temps opportun dans des établissementsmédicaux désignés tout en prévenant denouvelles infections. Ils devraient égalementrespecter les protocoles de sépulture strictes,à savoir que les victimes soient enterréespar du personnel qualifié afin d’éviter toutecontamination ultérieure par une interactionaveclescorps.
• Ilfaudraitquelespaysprocèdentàuninventairedétaillé pour identifier les différents acteursopérantsurleurterritoiredefaçonàdéterminercequechaqueacteurfait,commentil lefaitet
quellessontlesincidencesdeleursinterventions.
• Il faudrait que les pays et leurs partenairesélaborent des stratégies de collecte et dediffusion de données sociales et économiquessolides. Il faudrait des mesures urgentes pourrenforcer les systèmes statistiques des troispays, notamment les registres des faits d’étatcivil.D’autrespaysafricainsdevraientégalementrenforcer leurs systèmes d’enregistrement dedonnéesstatistiquesetdesfaitsd’étatcivilpourmieux gérer l’épidémie due au virus Ebola oud’autresépidémiesdumêmegenre.
• Ilfaudraitquelespaysconçoiventdessystèmesde suivi de lamorbidité en temps réel dans lapopulation, en particulier pour les maladiestransmissibles. Le coût lié à l’absence desystèmes qui puissent détecter les infectionsà un stade précoce et collecter des donnéesultérieures sur la maladie en temps réel peutavoirdesconséquencessanitairesdésastreusesetdesincidencessocio-économiquesgraves.
• Il faudrait que les pays touchés intensifient larésiliencedeleurssystèmesdesantépourfaireface à la maladie à virus Ebola et à d’autresmaladiesnonliéesàceviruscommelepaludisme,leVIH/sidaetlatuberculose(cestroismaladiesontcoûtébeaucoupplusdeviesquelamaladieàvirusEbola).
• Il faudraitque lespaysexplorentdesstratégiesnovatrices de financement et de mobilisationdesressourcesdomestiquespourfaireensortequedesvolumesadéquatsderessourcessoientallouésausecteurdelasantéengénéraletàlamaladieàvirusEbolaenparticulier.
Dimension économique
L’étudesuggèrecequisuit:
• Lors de l’élaboration de mesures fiscales, ilfaudraitque les troisgouvernementsprévoientdes programmes de protection sociale et desfilets de sécurité pour aider les familles desvictimesetleurcommunautéimmédiate.
• Il faudrait que les gouvernements et leurs
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Commission économique pour l’Afrique
partenaires investissent dans la création decompétencesetdecapitalhumaindanslestroispays à court,moyen et long terme de façon àaméliorerl’offredetravail.
• Ilfaudraitquelesautoritésmonétairesréduisentlestauxd’intérêtpourstimulerlacroissance.
• Ilfaudraitquelesautoritésenchargedutourismerecentrentleurseffortssurdesstratégiespermet-tantd’accroîtrepluslargementlaconnectivitéentreelles-mêmesetlespaysdelarégionetdefaciliterlesvoyagesd’affairesparl’obtentionaiséedevisasetdestarifshôtelierscompétitifs.
• Ilfaudraitquelesgouvernementsrenforcentlescontrôlessanitairesauxfrontièresaulieudelesfermer, étant donné les dommages colossauxque de telles fermetures entrainent pour leséconomiesdespaystouchéscommepourceuxquinelesontpas.
• Il faudrait que les trois pays ajoutent de lavaleur aux produits qu’ils exportent de façonà tirer profit des arrangements commerciauxpréférentielstelsque laLoisur lacroissanceetlespossibilitéséconomiquesenAfrique(AGOA).
• Il faudrait que les créanciers bilatéraux etmultilatérauxenvisagentsérieusementd’annulerladetteextérieuredestroispays.
• Il faudraitque les troisgouvernementset leurspartenaires s’engagent dans des efforts d’aidealimentaire et dans la mise en place de filetsde sécurité d’urgence pour traiter les pénuriesalimentaires résultant des effets de l’épidémie,enparticulier chez lesplus vulnérables commelesenfantsexposésaurisquedemalnutrition.
• Ilfaudraitquelesgouvernementsdestroispaysprévoientdesensemblesdemesuresincitativespouraiderleursagriculteursàrelancerlesecteur.
• Il faudrait que les trois gouvernementsconçoivent des plans de relèvement d’urgencepour relancer rapidement leur économies, cequipourraitexigerqu’ilsrevoientleursplansdedéveloppement nationaux à moyen terme etéventuellementàlongterme.
Dimension sociale
L’étuderecommandeque:
• La priorité soit accordée au renforcement dessystèmesdesantédanslestroispaysetailleurs.Ilnefaudraitpasseconcentrersurlapréventiond’uneautreépidémiedueau virusEbola,maissur le renforcement des capacités permettantde traiter les questions sanitaires publiquesdetoutenature.
• Ilnefaudraitpastraiterl’épidémiedelamaladieà virus Ebola de façon isolée par rapport àd’autres maladies plus destructrices comme leVIH/sida, le paludisme, la pneumonie, surtoutchezlesenfantsetlesfemmes.
• Il faudrait que les pays africains étudientsérieusementlesavantagesdeladécentralisationde leurs services de santé afin d’améliorer lacapacitéderéactionsanitairesauniveaulocal.
• Ilfaudraitquelespaysreçoiventdesfinancementssupplémentaires pour atteindre les normesattendues en matière de santé publique, à lafois pour les interventions d’urgence et lesprestationsrégulières.
• Il faudrait que les interventions sociales ne seconcentrentpasuniquement sur lespersonnesqui ont été directement infectées par le virus,mais également sur celles qui sont touchéesindirectement et qui d’ailleurs constituent ungroupe beaucoup plus large. Dans le cas despersonnesdirectementtouchées,ilfaudraitquelesmesuresciblent lesménagesetnonpas lesindividus.
• Le rôlede laprotection socialeetdesfiletsdesécurité ciblés sera déterminant pour traiterles groupes qui ont été touchés de manièredisproportionnée par l’épidémie, notammentpoursuivrelegrandnombred’enfantsorphelinsà cause de la maladie.
• Ilfaudraitprendredesmesurespourfaireensortequel’épidémiedueauvirusEbolaneprovoquepasunecrisealimentaireetnutritionnelle.
xv
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
• Ilfaudraitquelesgouvernementsetlesautoritéslocalesfassentensortequelesenfantsretournentàl’écoleetquelesrésultatsscolairesnégativementaffectés par l’épidémie soient ramenés auxniveauxantérieursàl’apparitiondel’épidémie.
• Il faudrait élaborer de nouvelles stratégiessexospécifiquesde réductionetdegestiondesrisquesourenforcercellesquiexistent.
• Il faudrait que les autorités accroissent lespossibilités économiques pour les femmes enreconnaissant et en compensant les soins nonrémunérésqu’ellesprodiguenteten les faisantbénéficierdeservicesd’appuiconçuspourelles.
• Il faudrait que tous les échelonsgouvernementaux renforcent les institutionscréées en faveur des femmes en améliorantleurs capacités à tirer parti des possibilités eten remettant en question les normes socialesetculturellesnéfastesdifficilesquiexposentlesfemmesàdesrisquesélevésd’infection.
Dimension immatérielle
Pour compenser la stigmatisation dans les payset améliorer les perceptions à l’étranger, l’étuderecommandecequisuit:
• Il faudrait poursuivre et approfondir les effortsconjoints et individuels déployés par lesinstitutionspanafricaines,notamment laCUA, laBADetlaCEA,pourdonneruneidéeplusprécisede la contamination par le virus Ebola. Il leurfaudraprésenterdesdonnéesetdesinformationsplusprécisessurlamaladieetsonincidence.
• Il est nécessaire que ces trois institutionsélaborentune stratégiede communicationafinde présenter un récit objectif et constructifsur la maladie à virus Ebola. Il faudrait que laprésencemédiatiquedesresponsablesdestroisinstitutionsse fasseremarqueretqu’ils fassentdes apparitions conjointes dans des cerclesmédiatiquesafricainsetnonafricainsconnus.Ilfaudraitquelesresponsablesdescommunautéséconomiques régionalesetd’autres institutionsafricainesorganisentdetellesactivitésauniveau
régional.
• Il faudrait que les médias et les bureaux decommunication, d’impression et d’audiovisuelafricains soient encouragés à fournir desinformationsprécisesetfactuellessurlesdiversaspectsdel’épidémie,notammentsurlesprogrèsaccomplis en vuede réduire sa propagationetses incidences.
• Il faudraitque laCUA, laBAD, laCEAainsiqued’autres institutions africaines compétentesenvisagent une analyse des incidenceséconomiques, sociales, politiques et culturellesde la maladie lorsque la crise sera stabilisée.Unetelleétude,quiferaitappelàdesdonnéesprimairesgénéréesparlesinstitutionsafricainesproprement dites, permettra au continent deraconter l’histoire du virus Ebola de manièreobjectiveetnuancée,laquellemettraitlesintérêtsdel’Afriqueaupremierplanetseraitdénuéedecertaines des distorsions et perceptions qui sesontdéveloppéesautourdelamaladie.
• Ilfaudraitquelesdirigeantsafricainsgarantissentla mise en œuvre effective des décisions dela session extraordinaire du Conseil exécutifde l’Union africaine tenue à Addis-Abeba le8septembre2014,surl’épidémiedelamaladieà virus Ebola (Ext/EX.CL/Dec.1(XVI)). Il s’agit enparticulierdelanécessitédecontinueràagirdefaçonsolidaireaveclespaystouchés,pourbrisernotammentlastigmatisationetl’isolementdontilsfontl’objetetrenforcerleurrésilience(etcelleducontinentengénéral).
• Ilfaudraitprendredesmesurespourfaireensortequel’épidémiedueauvirusEbolaneprovoquepasunecrisealimentaireetnutritionnelle.
• Il faudrait que les gouvernements et lesautorités locales fassent en sorte que lesenfantsretournentàl’écoleetquelesrésultatsscolaires négativement affectés par l’épidémiesoient ramenés aux niveaux antérieurs àl’apparitiondel’épidémie.
xvi
Commission économique pour l’Afrique
• Il faudrait élaborer de nouvelles stratégiessexospécifiquesde réductionetdegestiondesrisquesourenforcercellesquiexistent.
• Il faudrait que les autorités accroissent lespossibilités économiques pour les femmes enreconnaissant et en compensant les soins nonrémunérésqu’ellesprodiguenteten les faisantbénéficierdeservicesd’appuiconçuspourelles.
• Il faudrait que tous les échelonsgouvernementaux renforcent les institutionscréées en faveur des femmes en améliorantleurs capacités à tirer parti des possibilités eten remettant en question les normes socialesetculturellesnéfastesdifficilesquiexposentlesfemmesàdesrisquesélevésd’infection.
Dimension immatérielle
Pour compenser la stigmatisation dans les payset améliorer les perceptions à l’étranger, l’étuderecommandecequisuit:
• Il faudrait poursuivre et approfondir lesefforts conjoints et individuels déployés parles institutions panafricaines, notamment laCUA, laBADet laCEA,pourdonnerune idéeplus précise de la contamination par le virusEbola.Illeurfaudraprésenterdesdonnéesetdes informationsplusprécises sur lamaladieet son incidence.
• Il est nécessaire que ces trois institutionsélaborentunestratégiedecommunicationafinde présenter un récit objectif et constructifsur lamaladie à virus Ebola. Il faudrait que laprésence médiatique des responsables destrois institutions se fasse remarquer et qu’ilsfassent des apparitions conjointes dans descercles médiatiques africains et non africainsconnus. Il faudrait que les responsables des
communautés économiques régionales etd’autres institutions africaines organisent detellesactivitésauniveaurégional.
• Il faudrait que les médias et les bureaux decommunication, d’impression et d’audiovisuelafricains soient encouragés à fournir desinformationsprécisesetfactuellessurlesdiversaspectsdel’épidémie,notammentsurlesprogrèsaccomplis en vuede réduire sa propagationetses incidences.
• Il faudraitque laCUA, laBAD, laCEAainsiqued’autres institutions africaines compétentesenvisagent une analyse des incidenceséconomiques, sociales, politiques et culturellesde la maladie lorsque la crise sera stabilisée.Unetelleétude,quiferaitappelàdesdonnéesprimairesgénéréesparlesinstitutionsafricainesproprement dites, permettra au continent deraconter l’histoire du virus Ebola de manièreobjectiveetnuancée,laquellemettraitlesintérêtsdel’Afriqueaupremierplanetseraitdénuéedecertaines des distorsions et perceptions qui sesontdéveloppéesautourdelamaladie.
• Ilfaudraitquelesdirigeantsafricainsgarantissentla mise en œuvre effective des décisions dela session extraordinaire du Conseil exécutifde l’Union africaine tenue à Addis-Abeba le 8septembre 2014, sur l’épidémie de la maladieà virus Ebola (Ext/EX.CL/Dec.1(XVI)). Il s’agit enparticulierdelanécessitédecontinueràagirdefaçonsolidaireaveclespaystouchés,pourbrisernotammentlastigmatisationetl’isolementdontilsfontl’objetetrenforcerleurrésilience(etcelleducontinentengénéral).
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
introDuction
contexte
L’Afrique connaît la pire épidémie due à lamaladieàVirusEboladepuisquecettemaladieafaitsonapparitionen19761.L’Afriquedel’Ouest,
l’épicentre,aconnusonpremiercasded’épidémieenmars2014.DescasontétésignalésenGuinée,auLibéria,auMali,auNigéria,auSénégaletenSierraLeoneetquelquescasdanslarégionseptentrionaledelaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC).
L’épidémiede2014enAfriquede l’Ouest a faitunnombredemortsimpressionnant.Bienquelefoyerproviennedes zones ruralesdeGuinée, il a leplusdurement touché le Libéria et la Sierra Leone, enpartieparcequ’ilaatteintdeszonesurbainesdanscesdeuxpays,facteurquidistinguecetteépidémiedesprécédentesquiétaientbrèvesetsurtoutrurales.Selon les rapportsde l’Organisationmondialede lasanté (OMS), lespays touchéssontclassésen troisgroupes:ceuxayantunetransmissiongénéraliséeetintense(Guinée,LibériaetSierraLeone),ceuxayantun ou plusieurs cas initiaux ou une transmissionlocalisée(Mali,Nigéria,RDC,Sénégal)etceuxquisetrouventàproximitédezonesdetransmissionactive(Bénin,BurkinaFaso,Côted’Ivoire,Guinée-BissauetSénégal)(OMS,18septembre2014).
Au-delà du nombre terrible de pertes de vies etdes souffrances, l’épidémie a déjà une incidenceéconomiquemesurable,commeonpeut leconstaterau niveau de la baisse de la de production, de la
1 La maladie à virus Ebola a été signalée initialement en 1976 àYambuku,unvillagedelaRépubliquedémocratiqueduCongoprochedelarivièreEbola,d’oùlenom.Depuis,plusde20épidémiesduesauvirusontéclatéprincipalementenAfriquedel’EstetenAfriquecentrale.
haussedesdéficitsbudgétaires,dehaussedesprixetde la chute du revenu réel desménages. Le produitintérieur brut (PIB) et les investissements devraientdécroitre. Leprixdesproduitsdepremièrenécessitésontdéjàentraindegrimper,lesapprovisionnementsalimentaires s’étiolent et des emplois sont perduspendantquecertainspaysfermentlespostesfrontières(PAM, 2014) (note 4) pour empêcher la propagationdu virus, que des entreprises cessent leur activité etquelalibrecirculationdespersonnesestinterdite.Lesmarchés transfrontaliers ont été fermés, privant lescommerçantsdeleurseulesourcederevenu(OMS,18septembre2014).Laplupartdessecteurstouchéssontl’agriculture, le transport, le tourisme, le commerce,l’exploitationminièreetlesindustries.
La panique et la confusion peuvent être aussiperturbatrices que la maladie proprement dite.Des études portant sur de précédentes épidémies,commelesyndromerespiratoireaigusévère(SRAS)en 2003, ont montré que ces maladies mortellescommelamaladieàvirusEbola,pourlesquellesiln’yapasdetraitement,onttendanceàprovoquerdesréactions disproportionnées même si le risque detransmissionestfaible.
La plupart des projections initiales sur lesincidenceséconomiquesdelamaladieàvirusEbolas’appuientsurdesdonnéesdisparatesetsontdèslorspeufiablesquantàl’évolutionépidémiologiquefuture de la maladie (Gouvernement sierraléonais, Ministère de la santé et de l’hygiène,2014). Elles partent de l’hypothèse de base selonlaquelle l’épidémieest susceptiblede sepropagerrapidement et ne rendent pas pleinement justice
2
Commission économique pour l’Afrique
auxréactionspolitiquesrapidesouauxinterventionshumanitairesdesgouvernementsetdespartenairesdedéveloppement.
Parexemple,surlabased’unmodèledecomposantessectorielles,laBanquemondialeaestiméenoctobre2014l’impactfinancierrégionalsurdeuxans(2014-2015) à 32milliards de dollars si le virus continuedesévirenGuinée,auLibériaetenSierraLeoneets’étendauxpaysvoisins(Banquemondiale,2014a).Toutefois,cetteestimations’estavéréepeuréalisteétant donné la prévalence actuelle de la maladie.L’étudede laBanquemondialeaaussi sous-estimél’incidencepotentielledesmesuresdeconfinementprisesparlespays-notammentaprèsladéclarationde l’état d’urgence au Nigéria en août (encadré1) – et des interventions internationales. En débutdécembre, la Banque mondiale a mis à jour cetteanalyse,estimantlerevenuperdudanslestroispayspendantlesdeuxansàplusde2milliardsdedollars(Banquemondiale,2014b).
Étant donné lemoment où elles ont été rédigées,les premières études n’ont généralement pas tenucompte des changements de comportement faceà l’épidémie constatés. Les premiers modèlesde projection n’ont pas non plus tenu compted’autres réactions,comme lesenvoisde fondsplusimportantsdeladiasporapoursoutenirlesfamillesdanslespaystouchés,lesréaffectationsbudgétairesdes gouvernements en faveur des soins de santéet de la gestion des urgences et les financementssupplémentairesdesdonateurs,quiont tous limitél’expansion des zones touchées. Ces réactionsdevraientêtredésormaisutiliséesetintégréesdanslanouvellegénérationdeprojections.
C’est dans ce contexte que la Commissionéconomiquepourl’Afrique(CEA)aétablilaprésenteétude,quis’appuiesurlesconclusionsdesmissionsde l’équipe spéciale de la CEA sur Ebola, qui s’estrendueauLibériaetenSierraLeone(6-15octobre)et en Guinée (12-15 novembre) et de la visite duSecrétaire exécutifde laCommissiondans les troispaysdu22au25octobre.
encaDré 1: comment barrer La route à La mve: L’expérience Du niGéria
LeNigériaestcitécommevéritableréussitedontonchanteleslouangespouravoirendiguélapro-pagationdelaMVEetl’avoircontenuàl’intérieurdesesfrontièresparrapportàlaGuinée,auLi-bériaetàlaSierraLeone.Cetteréussiteestengrandepartieimputableauleadershipcourageuxetdécisifdontafaitpreuvecepays,desplusbaséchelonsdel’administrationlocaleauxplushautessphèresdupouvoir.Lesdirigeantsnigériansonteudesdécisionsdifficilesàprendre,voireimpo-pulaires,comme,parexemple,lefaitdesuspendrelesactivitésscolaires,dedécouragerlecontactphysiquedirectcommelespoignéesdemain,etderestreindreledéplacementdescadavresdesrégionsaffectéesauxrégionsnontouchées.Cesmesuresontpermisdansl’ensembledemaîtriseravecefficacitélapropagationduvirusEbola.
Grâceàsonéconomieenpleinessoretàsastructuredegouvernancebiendécentralisée,lepaysaégalementpu,àcourtterme,notammentdanslesrégionstouchées,mobiliseretdéployerdi-verses ressources,ycomprisdes ressourceshumainesetfinancières.Ces interventionsontétéétayéesparunsystèmedesantérelativementfonctionnelquiapermisd’asseoiruneripostemul-tisectorielleefficacefaceàlamaladie.Enoutre,diversespartiesprenantes,ycomprislesecteurprivé,ontcontribuéconsidérablementàenrayerlapropagationdelaMVEenœuvrantdeconcertaveclespouvoirspublicspourprendredesmesurescoordonnéesafinderassemblerlesressourcesfinancièresetleséquipementsnécessairespourcombattrelevirus.
Source:Nwuke,2014.
3
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
objectifs et portée De L’étuDeL’objectif global est d’évaluer les incidences socio-économiques de lamaladie non seulement sur lespaystouchésmaisaussienAfriquedel’Ouestetsurlecontinentdanssonensemble,àlafoisdupointdevue des coûts réels induits et des perspectives decroissanceetdedéveloppement.
L’étude analyse les incidences – quantitatives etqualitatives–del’épidémieettentedesaisirlesliensexistant entre elles en analysant des mécanismesetdes canauxde transmission toutenessayantdecomprendreleurimportance.
Analysant ces conclusions, l’étude offre desrecommandations visant à atténuer les incidences,notammentenconcevantdesmécanismesdesurvieetderéactionplussystématiques.
Malgré le degré d’incertitude qui peut pesersur certaines estimations et analyses proposéesdans la présente étude, elles sont utiles pourque les décideurs (des pays touchés et de ceuxqui ne le sont pas) comprennent mieux lesincidences qu’une épidémie due au virus Ebola
peut avoir sur leurs efforts de développementet leurs performances socio-économiques, leurpermettantdeplanifieràl’avanceetdeconcevoirdes stratégies pour accroître la résilience à lamaladie. Les constatations et conclusions del’étudeserontmisesàjourjusqu’àcequelacrisesoitterminée,constituantainsiàuneévaluationàpartentièreunefoisl’épidémiecontenue.
structure Du rapportLerapporteststructuréenhuitchapitres,ycomprisla présente introduction. Le chapitre 2 examine lecadre conceptuel et la méthodologie, le chapitre 3s’intéresseàladocumentationconsacréeàlamaladieàvirusEboladepuisledébutdel’épidémie.Lechapitre4décritlasituationépidémiologiqueetl’ampleurdesréactions tandisque le chapitre5offreuneanalysemacroéconomiquedesincidencesdelamaladie.
Lechapitre6examinelesdimensionssexospécifiquesetlavulnérabilitédessystèmesdesantéafricains,lechapitre7présenteuneanalysedessentimentsfaceàl’épidémie,alorsquelechapitre8terminel’étudepardesrecommandationsdepolitiques.
4
Commission économique pour l’Afrique
caDre conceptueLLa situationd’urgence crééepar lamaladie à virusEbola pourrait sans doute entraîner des effetssecondaires en chaîne, susceptibles de remettreencause lesprogrèsaccomplissur leplansocialetd’entraver leséconomiesdespaystouchéspourdenombreuses futures années. Si la préoccupationimmédiate au moment du déclenchement del’épidémie est de sauver des vies et de contenirla propagation de la maladie, il est important decomprendre lamesuredans laquellecettedernièreaffecte les ménages et les rapports sociaux et,partant, les moyens de subsistance. Une riposteglobaleàl’épidémieexigeradesmesuresd’urgenceimmédiates associées aux perspectives à moyenet long terme, afindepermettreauxpays touchésdeseremettresur lavoiede laréalisationde leursobjectifsdedéveloppement.Lafigure1présenteuncadre conceptuel pour analyser quelques-unes desprincipales incidencessocialesetéconomiquesquepourrait avoir la maladie pour les pays touchés etpourl’Afrique.
inciDences économiques
Les incidences sur lespays touchés sontgraves. Laplupart sont engendrées par des comportementsd’aversionpourlerisque,notammentl’augmentationdel’absentéismeautravailetlabaissedeséchangeséconomiquesdusàlapeurdecontracterlamaladie.Un ralentissement de la consommation couranteobligelesentreprisesàréduirelesheuresdetravailet à licencier du personnel pour maintenir lesactivités.Lesmoyensdesubsistancesontégalementaffectés, l’informalité devient la norme plutôt que
l’exception et le marché réagit par la hausse desprix, laquelle s’alimente de la spéculation, desdifficultésd’approvisionnementenmarchandisesetdesfluctuationsmonétaires,quialtèrent lesmodesréguliersdeproductionnationale.L’effetglobaldeschangements dans les modes de consommationpeut également avoir un impact sur les habitudesde consommation internationales. Les partenairescommerciaux réguliers pourraient s’abstenir detraiter dans l’immédiat avec les pays touchéspar la maladie, peut-être à cause de nouvellesrèglementations préventives et de changementsdanslesserviceslogistiques.Certainspaysontdéjàannoncé d’éventuelles restrictions concernant lesvisas pour les visiteurs en provenance de régionstouchées.Lesavions,trainsetcamions,transportantdespassagersoudesmarchandises,pourraientvoirleursactivitésréduitesoutotalementsuspendues.
Ladétériorationde l’environnementdesaffairesnese limite pas à un secteur en particulier, même sielletouchecertainssecteursplusqued’autres.Ellevarie, toutefois, suivant les pays, dont elle reflètela structure économique. Des effets se font sentirdans des activités du secteur primaire telles quel’agriculture, l’exploitation minière et forestière.Ils se font aussi sentir dans le secteur secondaire(secteur la transformation et de la construction) etdanslesecteurtertiaire,(généralementletourisme,lesservicesfinanciersetlecommerce).Néanmoins,larécessionéconomiquepourraitserépercutersurplusieurssecteursàlafois.
Lacriseetlarécessionéconomiquequil’accompagneinfluentsur l’investissementet lesfluxdecapitaux.
2. caDre conceptueL et méthoDe D’anaLyse Des inciDences
5
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
fiGure 1 : caDre anaLytique De La poussée De La maLaDie à virus eboLa
Source: CEA.
Intégration et transformation de l’Afrique
Migration
Baisse des résultats scolaires
Baisse des résultats sanitaires
Baisse des résultats en matière de
protection sociale
Revenu, alimentation
et nutrition des ménages
Augmentation des abandons
scolaires
Baisse de la fréquentation
scolaire
Augmentation des taux de
morbidité
Augmentationdes taux
de mortalité
Augmentation de l’absentéisme
au travail
Changement de mode
de production
Changement des modes de
consommation interne
Changement des modes de
consommation internationaux
Modes d’investissement
Changement de �ux de capitaux
Accroissement des coûts des
systèmes sanitaires
Problématique hommes -femmes
Pression accrue sur les
systèmes sanitaires
Cohésion Stigmatisation Perceptionsdu risque
Gouvernance Sécurité
Incertitudes
Surcroîts de dépenses pour le gouvernement
et la société
Commerce intra-africain et intercontinental
Transport
Industries agricoles, exploitation minière, transfert des connaissances/réunions
Non prise en charge des pathologies courantes: traitement du paludisme, etc.
Poussée de la maladie à virus Ebola
6
Commission économique pour l’Afrique
S’agissant du secteur public, l’exécution de grandsprojetsaétéaffectée,tantdupointdevuedelamaind’œuvre que de la capacité financière d’honorerles dépenses, compte tenu de la diminution desrecettes publiques. Cette situation ralentit l’activitél’économieetaccentuelarécession,endécourageantprobablement l’investissement étranger et enréduisant les réserves financières du pays, ce quientraîne la dégradation de sa note et touche sastabilitémonétaireetbudgétaire.
Au plan continental, lamaladie à virus Ebola peutêtre préjudiciable à l’intégration régionale: lasuspension des échanges de biens et de servicespeut contraindre des partenaires traditionnels àrechercher d’autres sources d’approvisionnementpourmaintenir l’offre. Cela entrave l’intégration etsape les efforts de transformation économique etd’accroissementdelaproductivité.
inciDences sociales
D’unpointdevuesocial,laconséquenceimmédiateet la plus directe de la poussée d’Ebola est uneaugmentationdelamorbiditéetdelamortalitéchezles personnes infectées par le virus. Vu la naturefulgurante des infections, on s’attend à ce que lesvictimes d’Ebola en présentent des symptômescliniques entre 2 et 21 jours après leur entrée encontact avec celui-ci;mais dans la plupart des cas,les symptômes apparaissent 8 à 10 jours aprèsl’exposition. Compte tenu du taux de mortalitéélevédelamaladie,quiestdeprèsde37%2(avec,cependant, de nettes variations suivant les pays),l’épidémie peut causer des pertes importantes envieshumaines.
Le traitement des patients atteints d’Ebola exige unprotocole très délicat et global qui nécessite uneformation et un équipement spécialisés, l’idéal étantd’en acquérir avant la flambée de la maladie, afind’accroître lescapacitésdusystèmedesanté.L’actuel
2 Selonl’OMS,letauxmoyendelétalitéliéàlamaladieàvirusEbolaestd’environ50%.Lestauxdelétalitéontvariéde25%à90%aucoursdesdernièrespoussées.Jusqu’au2novembre2014, le tauxde létalitéde l’actuellepousséed’Ebolaaétéde36,9%,unchiffresansdoutesous-estiméenraisondelasous-déclarationdescas(OMS,5novembre2014).
moded’acquisition (après coup) entraine une chargeconsidérablesurlesbudgetsordinairesdesantéetuntransfertderessources.Cettesituationtendàexercerunepressionextrêmesur les systèmessanitaires,quia inévitablement un effet sur la fourniture régulièredeservicesdesanté.Lescapacitésnationalesdepriseen charge d’autres maladies infectieuses (comme lepaludismeet lafièvre jaune)et les servicesde santéréguliers(telsquelessoinsprénatauxetlesvaccinations)s’en trouvent par conséquent entamées, ce qui peutprovoquer une augmentation de la morbidité et dela mortalité résultant indirectement d’Ebola. Or, cescas ne seraient pas enregistrés comme étant liés àl’épidémie. Pour financer les interventions de santé,les gouvernements des pays touchés mobilisent desressourcesenopérantdesprélèvements surd’autresdomainesd’activités,commelestravauxpublics,etencreusantleurdéficitbudgétaire.
Au-delà du secteur de la santé, la fournitured’autres services sociaux a été limitée afin delutter contre la propagation de la maladie. Lesprogrammes de protection sociale et de filets desécurité sociale peuvent également être affectéstant sur le plan opérationnel que du point de vuedes résultats. L’interruption des prestations, dueàune réaffectationdes ressourcesetà l’incapacitéde répondre aux besoins pressants de la santé,peutperturberlesfiletsdesécuritéetentraverdesinitiatives en cours au niveau communautaire etdont le succès est tributaire de la continuité. Desprogrammesdeconstitutiond’actifsetde transfertde trésoreriedeviennentdesélémentsessentielsàla surviedesplusvulnérables,et leur instabilitéouarrêt peuvent empêcher la réalisation globale desgainssociaux,voireinverserdesprogrèsqu’onamisplusieursannéesàréaliser.
Lesserviceséducatifsontaussiétéréduits;lespertesbudgétairesimmédiatesnesontpasencoreconnuescarilresteencoreàpayerlessalairesdesenseignants,entre autres, et à entretenir les établissements. Laplupart des coûts opérationnels récurrents, telsque lessalaireset lesservicespublicsdebasesonttoujoursprisenchargeparlesgouvernements,sansrésultats directs au plan de l’éducation. Les effets
7
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
immédiats sur les résultats scolaires ne sont pasconnusnonplus.
Par ailleurs, les répercussions pourraient êtredévastatricesétantdonnéque lemanqued’activitééducative pourrait augmenter la probabilitéd’abandon scolaire, les enfants plus âgés étantamenés à s’engager dans des activités de soutienet assumer des charges plus importantes poursubvenir aux besoins des ménages. Les annéesscolaires perdues peuvent également avoir unimpactpermanent sur le revenude lapersonneetperpétuerlecycleintergénérationneldelapauvreté.Lesfuturespertesdeproductivitéliéesauxpersonnespeu instruites qui ne retournent pas à l’écoleentrainerontunaccroissementdesinvestissements,justepourrétablirlesystèmeéducatifdanssonétatd’avantl’épidémie.
En somme, l’épidémie d’Ebola pourrait avoir desincidencesindirectessurlaformationducapitalhumainen détériorant les résultats scolaires, en limitant lascolarisation,lafréquentationscolaireàunâgeadaptéetlebénéficed’unenseignementdequalitéàtouslesniveauxpourlesdifférentescohortesdelapopulation.En outre, les établissements scolaires devront êtreremis sur pied lorsque les services éducatifs aurontrepris, ce qui accentuera l’impact économique del’épidémiesurlebudgetdel’éducation.
inciDences intangibles
Étant donné sa nature complexe et changeante, lapandémie induitdes«effetsnontangibles»sur lacohésionsociale,lastigmatisation,lagouvernanceetlasécurité,et laperceptionderisque.Lorsqu’ilsse
conjuguentàsesrépercussionssocio-économiques,les effets non tangibles de la maladie peuventaggraver la crise humanitaire dans les régionsdirectementtouchées.
Cohésion sociale: depuis le déclenchement de lamaladie au début de 2014, les rassemblementssociauxcommelesmariages,lesréunionsreligieuses,les cérémonies funéraires et de nombreusesactivitéscommunautairesontété, soitabandonnésou considérablement réduits dans tous les paystouchés.Cetteévolutionadegravesconséquencessurlacohésionsocialeetlaconfiancequiserventdecimentsocial,enparticulierdansdespaysquisortentd’unconflitcommeleLibériaetlaSierraLeone.Siellen’estpasconvenablementgérée,ellepeutanéantirles progrès réalisés dans l’établissement de la paixet de la stabilité sociale à la fin de la guerre civiledanslesdeuxpays.Chosecruciale,desinformationsetdesconseilsadéquatssur lesmesuresgénéralesdeprotectioncontrelamaladiedoiventêtrefournisà la population, faute de quoi, les fondements dela cohésion sociale pourraient être ébranlés par lastigmatisation et l’isolement de la communauté.Toutcelareprésenteunfacteurd’instabilitédansleszonestouchéesetleursvoisinagesimmédiats.
Stigmatisation:UneéquipetechniquedelaCEAquiarécemmenteffectuéunemissiond’enquêtedanslespaystouchésparEbolaarelevéquelastigmatisationtouchait tant les professionnels de la santé queles patients guéris. Par exemple, les membres dupersonnelmédical(médecins,infirmiersetpersonneldeshôpitaux)peuventêtremontrésdudoigtparlescommunautés,carilssontperçuscommedesvecteurs
encaDré 2: stiGmatisée après s’être remise De La maLaDieL’enseignanteFantaCamaraapassédeux semainesenmars2014à sebattre contre lamaladiemortelleàvirusEboladansuncentredetraitementmaissesjourslesplussombresnesontvenusqu’aprèssaguérisonetsonretouràlamaison.
« La plupart de mes amis ont cessé de me rendre visite. Ils ne me parlaient pas. Ils m’évi-taient », a dit la jeune femme de 24 ans. « Je n’étais plus autorisée à enseigner ».
Source:NicholsetGiahyue,2014.
8
Commission économique pour l’Afrique
encaDré 3: royaL air maroc continue De Desservir Les pays touchés par La maLaDie à virus eboLaRoyalAirMarocamaintenusesvolsàdestinationdestroispaystouchésparEbola.Elleapriscettedécisionàunmomentoùcespaysétaientdurementfrappésparunecrisedesantéetrisquaientdedevenirdeplusenplus isolés.L’engagementde lacompagnieapermisà l’aideinternationaled’atteindre leszonestouchées. Interrompre lesvolsauraitsansdouteaggravéunesituationdéjàalarmante.
Source:RoyalAirMaroc
du virus et, partant, des personnes avec lesquelleson évite d’avoir le moindre contact. Cette situationpourrait accentuer la propagation de la maladie,puisque les gens fuient les établissements de santédepeurd’entrerencontactdirectavec lepersonnelmédical.
Au plan institutionnel, la mise en quarantaine despatients et des victimes présumées d’Ebola - bienque nécessaire pour contenir la propagation de lamaladie - peut conduire à des violations de droitsfondamentaux, à cause des restrictions imposéesà la circulation des personnes et, par voie deconséquence, à leurs activités économiques. Enseptembre passé, la Sierra Leone avait décrété unconfinement de population de trois jours qui avaitconsidérablementlimitélesmouvementsàl’intérieuret hors des zones touchées, dans le cadre d’uneripostenationalevisantàcontenirlapropagationdela maladie.
Pourêtreefficaces,lesmesuresd’isolementdoiventfaire partie d’un ensemble complet incluant lafourniture de moyens de subsistance aux patientset à leurs familles proches, pour leur permettrede répondre à leurs besoins de base comme lanourriture et l’eau d’assainissement. Ces mesuresdoivent être appliquées en étroite consultationavec les communautés concernées afin d’éviter uneffet de boomerang pouvant résulter de réactionsinattendues comme le déni de la maladie et ladissimulationdecassuspects,quimettentendangerencore plus de personnes. Sinon, l’isolement des
personnes et des communautés touchées risqued’entrainer leur mise au ban de la société et dedéclencherdesactesdeviolence(commecelaaétélecasauLibériailyaquelquesmois.Danscertainscas,desgenssontconfrontésàlaréprobationsocialemêmeaprèss’êtreremisdelamaladie.
CommeauxpremièresheuresduVIH/sida,ilconvientde rechercher les facteurs déterminants de lastigmatisationassociéeàEbola,sil’onveutgagnerlabataillesurtouslesfronts.Lesinterventionsdoiventviser à éliminer la peur de la transmission, qui estsouvent à l’origine de la stigmatisation. Il faudraitapporter aux communautés et aux particuliersdes informations adéquates sur les modalités detransmission, et aux personnes déjà atteintes duvirusdesmécanismesd’appui.
Gouvernance et sécurité: Étant donné que laplupartdesservicesdesantédanslespaystouchésdoiventêtreconsultéslocalement,laMVEadébordéles capacités de réaction des autorités locales.Les trois pays disposent de faibles structures dedécentralisation et comptent de plus en plus surl’administration centrale pour qu’elle fournisse laplupart des services nécessaires de lutte contrel’épidémie, cettedécentralisationqui a lepotentieldenuireàlacapacitédecesautoritésàdéployerdesressources.
Il est à noter que les centres de santé etles services publics dans de nombreusescommunautés sont insuffisamment équipés pour
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
fournirunsemblantdepaquetsanitairedécentetde services d’accompagnement tels que l’eau etl’assainissementensituationd’urgence.
Outre les problèmes liés à la gouvernance, lamaladie à virus Ebola a des incidences enmatièrede sécurité. Par exemple, au niveau sous-régional,lesloisetrèglementsenmatièred’immigrationontété resserrés pour contrôler l’afflux de personnesvenant des pays touchés, ce qui oblige les gens àutiliserdescheminsdétournésàl’allerouauretour,aggravant ainsi le risque de contagion pour deszones jusque-làépargnéespar levirus.Or, lespaysd’Afriquedel’Ouest,commebeaucoupd’autrespaysducontinent,ontdesfrontièreslonguesetporeusesqui sont difficiles à surveiller pour empêcher lacirculation illégale de personnes et de biens, unesituation qui accroît le risque de propagation duvirus.Lemouvementsansrestrictiondespersonnespeutaussicompromettrelasécuritéauxfrontières.
Perceptions du risque: La maladie à virus Ebolafausse les perceptions des milieux d’affaires àl’égard de l’Afrique en général et des trois pays enparticulier, influençant négativement les décisionsd’investissement à long terme. Certains paysafricains-àladifférence,ilfautlenoter,duMaroc-ontsuspendulesvolsàdestinationdespaystouchésenraisondurisquedetransmissionperçu.Denombreuxpaysàtraverslemondeontprisdesmesuresstrictesdedépistagedans leursportsd’entréepour toutesles personnes qu’ils considèrent comme étant àrisqueélevé,enparticuliercellesenprovenancederégionstouchées.
Ces mesures illustrent les effets néfastes desperceptions négatives et de l’ignorance sur lesactivités économiques, et les pertes associées auxdécisions d’investissement annulées ou retardées,par exemple, peuvent s’avérer immenses. Ellesternissentl’imageinternationalederégionmontanteetaupotentieldecroissanceetd’affairesconsidérabledel’Afrique.Cetteperceptionpourraitdéfinitivemententamerl’imageducontinentsirienn’estfaitparsesdirigeantsetsescitoyenspourlacontrebalancer.
méthoDes D’anaLyse Des inciDencesCeladit,commentmesurerou,entoutcas,analyserleseffetsci-dessus?OnafaitappelàdifférentesméthodesdansdiversespartiesdelaprésenteétudedelaCEA.Ce qui sous-tend l’ensemble, c’est la disponibilitédesdonnées, laquelledétermine largement le choixde modèle à utiliser pour telle ou telle enquête.Étant donné la grande diversité de variables et desecteurs économiques affectés par la MVE, on esttentéd’utiliserdesmodèlesmacroéconomiquespourrendrecomptedeschangementsetdes interactionscomplexesdebaseinduitsparl’épidémie.
La présente étude est basée sur quatre approchesméthodologiquesdifférentes.
analyse quantitative et qualitative Descriptive
Utiliséedans lamajeurepartiedeschapitres4,5et6, cette approche permet de suivre les évolutionsauplansocial,économiqueetnonmatérieletleursinteractions, conformément au cadre précité (voirfigure 1). Elle a aussi eu recours à des modèlesmacroéconomiques. La CEA a utilisé des donnéesprimaires et secondaires recueillies par desministères, des services et organismes nationauxdans lespaystouchés,ensembleavecdesdonnéesprovenant d’organismes des Nations Unies setrouvantsurleterrainetd’autressources.
Des informations secondaires seront régulièrementcompiléessurdesindicateursclefs3parpointsfocauxétablisdurant lesmissionsdéployéesdans lespaystouchés.
3 Nombredecas,nombrededécès,surcroîtsdedépensespourlescentresdesanté,effectifsdupersonnelmédical,demandeetoffredesoinsdesanténonliésàEbola,fréquentationsco-laire,dépensespubliquesensoinsdesantéetdansd’autresdomaines, indicateurséconomiquesnationaux,dont lapro-duction sectorielle et l’inflation, commerce et flux d’inves-tissement,etc.
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Commission économique pour l’Afrique
enquête sur l’état De préparation Des pays non touchés et sur les effets inDirects De la malaDie à virus ebola
Certains pays voisins, on l’a vu, ont fermé leursfrontièresavec les régions touchéespar lamaladied’Ebola.D’autresontinstaurédescontrôlessanitairesdanslesaéroportsoumêmedescontrôlesrégulierspartéléphonesmobilesoffertsparlegouvernement,comme auMaroc. L’étude de la CEA comporte unsondage continu auprès des pays africains dans lebut d’évaluer, d’une part, l’état de préparation despaysnontouchésou«légèrement»touchés(Mali,NigériaetSénégal)faceàuneéventuellepousséedelamaladied’Ebolaet,d’autrepart,laperceptionquecespaysontdeseffets indirectsdécoulantde leursliensavec les troispays touchés. L’enquête,menéede concert avec les bureaux sous-régionaux de laCEA,porterasurdesproblèmestelsquelessecteurssocio-économiques touchés, les mesures spécialesprises par les pouvoirs publics, les coûts directsdes mesures introduites, et les effets indirects del’épidémie. Les résultats préliminaires de l’enquêtesont examinés à la section intitulée « Enquête surl’étatdepréparationdespaysnontouchésetsurleseffetsindirectsdelamaladieàvirusEbola».
transmission internationale Des effets De la malaDie à virus ebola
Le tassementdes activités économiquesenGuinée,auLibériaetenSierraLeones’esttransmisauxpaysavec lesquels ces derniers entretiennent des lienséconomiques étroits (analysés plus en détail dans
la section intitulée « Incidences économiques de lamaladieàvirusEbolasurl’Afriquedel’Ouestetsurlecontinent). Pourmesurer l’ampleur des effets sur lacroissanceenAfriquede l’Ouestetsur lecontinent,on a utilisé le Modèle de prévisions économiquesmondiales (WEFM). Le WEFM, qui se compose deplus de 150 pays associés, est régulièrement utiliséparle Département des affaires économiques etsociales (DAES) et les commissions régionales del’ONU pour établir des projections économiques auniveaumondial,régionaletnational.Ilcomprendunestructuredétailléedeliensinternationauxquioffreuncadrepouranalyserlatransmissioninternationaledechocséconomiquesvenantd’unoudeplusieurspays.
analyse Des perceptions par l’exploration De textes statistiques
L’exploration de textes statistiques (tel qu’utilisédanslechapitre7,Analysedesperceptions)permetde mieux comprendre la façon dont la maladie àvirusEbolaetl’imagedel’Afriquesontperçuesdansle monde. Partant d’un large échantillon d’articlessur lamaladie, laCEAaexploitéunoutilnormaliséd’analyse de textes statistiques (accessible dansle progiciel R d’exploration des textes statistiques)et a calculé les statistiques sur les mots les plusutilisés, les thèmes récurrents, leurs fréquences,leursproximités,etc.L’analysedesrésultatspermetd’éclairerlesperceptionsdelamaladieàvirusEbolaparrégionetleursvariationsdansletemps.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
L’examen non exhaustif ci-après des récentespublications – provenant principalement duFonds monétaire international (FMI) et de la
Banque mondiale – passe en revue les incidences
socio-économiquesdanslestroispaystouchés.
GuinéeIncidences économiques: La situationéconomiquedans les pays touchés par le virus Ebola s’estdétériorée en raison des effets combinés de lamaladie et des problèmes structurels prévalant.LaGuinéeenestunbonexemple,étantdonnésesproblèmesstructurelsd’insuffisanceénergétiqueetdelamiseenplacelentedesréformesstructurellespouraméliorerlacroissanceetréduirelapauvreté.
Enaoût2014,leFMIaréviséàlabaisselacroissanceduPIBquipassede4,5%à3,5%pour2014(FMI,2014a). En octobre, la maladie a entrainé unerévisionàlabaissedesprévisionsduPIBpour2014delaBanquemondialequisontpasséesde4,5%à2,4%,avec2%prévupour2015(Banquemondiale,2014a). En décembre, la Banque mondiale a denouveauréduitlesprévisionsduPIBpour2014à0,5%(Banquemondiale,2014b).
Cesrévisionssuggèrentunepertederevenusde800millionsdedollarsmaissont-ellesfiablesàcepoint?Cela semble improbable et il est donc souhaitablede considérer les révisions de la Banquemondialecomme des limites inférieures et non comme desestimationsponctuelles.
Le coup indirect porté fait que les incidencestouchent non seulement les investissements dans
lepaysmaissetraduisentpardesemploisperdus,lesous-emploiet labaissedesrevenusindividuelset des ménages. Dans les six mois qui ont suivil’apparition de l’épidémie en mars 2014, la pertetotale des revenus des ménages a été estimée à13% (PNUD, 2014), ce qui est principalement dûau fait que le groupe de membres des ménagestouchés de manière disproportionnée appartientàlatranched’âgeéconomiquementactive(les15-49ans).Dansunenvironnementoùl’espérancedevie est faible, ce groupe contribue au revenu desménagesdefaçoncruciale.
En octobre 2014, l’incidence budgétaire del’épidémie était estimée à 120 millions de dollars(50millions attribués aux pertes de revenus et 70millions d’augmentation des dépenses (Banquemondiale,2014a)).Lesdépensesengagéesen2014liées directement à lamaladie sont de 90millionsdedollarsàcejour,ycompris10millionsdedollarsde ressources propres et le reste provenant dedonneurs.L’incidencebudgétairedel’épidémieaétélourde,représentantplusde200millionsdedollars,en comptant la baisse des revenus, l’augmentationdes dépenses et les investissements abandonnés(Banquemondiale,2014b).
Incidences sociales: En Guinée, les conséquencessocialesdel’épidémienesontpasseulementcellesquisontliéesàlamortalité,àlamorbiditéetaunombrededécès,maisaussicellesquirésultentdechangementsdecomportement,motivésparlapeur,quiontparfoisdonné lieu à des réactions violentes. Dans la partiemontagneusede laGuinéeoù lapireépidémiedueàvirusEboladanslemondeacommencéàsévirily
3. Documents récents sur Les inciDences De La maLaDie à virus eboLa en Guinée, au Libéria et en sierra Leone
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Commission économique pour l’Afrique
a près d’un an, des villages cachés dans les densesforêtsontétérésolumentcoupésdumondeextérieur.Enseptembre2014,huitfonctionnairesetjournalisteslocaux,quifaisaientpartied’unemissiondemiseengardecontrelesdangersduvirusEbola,ontététuéspar la foule dans le village de Womey, leurs corpsdémembrésetjetésdansunefosseseptique.Dansunautrevillage,Koyama,unofficieldehaut rangaétéretenuenotagependantdesheures,sousuneaversede pierres. Il est alors devenu impossible pour laCroixRougeetpourd’autreséquipesinternationalesd’entrerdanslesvillagespourrécupérerlespersonnes
maladesoulescorps.
LibériaIncidences économiques: Certaines organisationsmultilatéralesavaientprévuunralentissementdelacroissancebienavant l’apparitionde l’épidémie. LeFMI,parexemple,s’attendaitàunralentissementdelacroissancepassantde8,75%(en2013)à6%(en2014) avant même l’épidémie due au virus Ebola.Toutefois,enraisondel’épidémiequiaconduitàunebaissedel’activitédanslesecteurminier,lesecteuragricole et les services au deuxième semestre del’année, le FMI a révisé ensuite ses prévisions decroissance du PIB pour 2015 à 2,4 %. En octobre,la Banque mondiale a révisé ses prévisions decroissancede5,9%avant lacriseà2,5% (Banquemondiale,2014a)età2,2%endécembre(Banquemondiale,2014b).
Cependant,enraisondelapossibilitéquel’épidémiepuisses’atténuerdans lepaysetdecertainssignesd’une reprisede l’activité, lesprévisionspour2015delaBanquemondialeprévoientunepetitehaussede la croissance qui atteindrait 3,0 %, comparé à2014bienquecechiffresoitnettementinférieuraux6,8%prévusavantledéclenchementdel’épidémiemais supérieur à 1,0%, qui était la prévision pour2015enoctobre(Banquemondiale,2014b).
L’inflation a augmenté passant à environ 11% enjuin 2014 et devrait atteindre 13,1 % à la fin del’année selon le FMI (2014c). Les importations
ont été inférieures de 200millions de dollars auxprojections antérieurs. La croissance du créditprivé(lemoteurde lacroissanceéconomique)esttombéeà14%enjuin.
Commedanslecasdesdeuxautrespays, leseffetsdusàl’épidémieàvirusEbolasurlesoldebudgétairesont durement ressentis. Les recettes fiscalesdevraientchuterd’environ46millionsen2015etde49,9millionsen2016,d’oùundéficitbudgétairepour2015de93millions (11,8%duPIB). Lesdépensesdirectesliéesàlaluttecontrelevirus,auxmisesenquarantaine,auximportationsalimentairesetautressontestiméesà67millionsdedollars(FMI,2014c).CommeenSierraLeone, les fortespressions sur lesecteur financier augmentent le nombre de prêtsnon performants, lesquels menacent la stabilitéfinancièredusecteurbancaire.
Incidences sociales: LeLibériaaconnudesémeutesen août dans deux quartiers à forte densitédémographiquedelacapitaleàlasuitedesmesuresde quarantaine prises par le gouvernement (FMI,2014c). Plus généralement, l’inflation frappe deplein fouet les pauvres et les vulnérables d’où lanécessitéabsolued’uneffort importantenmatièredefournituredeprotectionsocialedanslecadredurelèvementsuiteauvirusEbola.
sierra LeoneIncidences économiques: Utilisant un modèlede composantes du secteur qui lui permetd’expérimenterdiversscénarios(ceux,parexemple,de « faible risque d’Ebola » et de « risque élevéd’Ebola»),laBanquemondialearevuàlabaissesesprévisionsdecroissanceduPIBen2014,de11,3%avantlacriseà8,9%enoctobre(Banquemondiale,2014a),puisà4%endécembre(Banquemondiale,2014b). Les incidences économiques consistentdans le ralentissementde la croissance, lahaussedesprix et la baissedu revenudes entreprises etdes ménages.
Le message général qui se dégage de l’évaluationpréliminairedugouvernement,publiéeenoctobre,
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
est que le pays connaîtra un recul des progrèsaccomplis dans la réalisation des objectifs duMillénaire pour le développement et d’autresacquis économiques (Gouvernement de la SierraLeone, 2014). Le gouvernement prévoit un reculde 11,3 % à 6,6 % de la croissance en 2014, dûprincipalement aux perturbations des activitéséconomiquesdansdessecteursaussiessentielsquel’agriculture, l’exploitation minière, la construction,la transformation, le commerce, le tourisme et letransport(GouvernementdelaSierraLeone,2014).IlestquestiondanslerapportdepaysduFMIpubliéenseptembred’unebaissede lacroissance largementsimilaireen2014,soitde11,3%à8%(2014bFMI).Le Fonds prévoit une contraction de la croissancepour 2015 de - 2 %, contrastant grandement à lafoisavecles8,9%qu’ilavaitlui-mêmeprévusavantl’épidémieàvirusEbolaetavecles7,7%prévusenoctobreparlaBanquemondiale(2014b).
Lesachatsd’urgenceet labaissede l’offredans leszones affectéesmises en quarantaine, ainsi que lafermeturedesfrontières,ontfaitréviseràlahausseles prévisions d’inflation pour 2014, de 6,74 % à7,45%.Danssescalculsdeseptembre,leFMIsituel’inflationà10%pour2014et prévoit unehaussedesniveauxdeprixen2015(FMI,2014b).
LaluttecontreEbolaaentrainéuneaugmentationdes dépenses publiques et des dépensesd’investissement,pourlesquellesdesfondsontdûêtredéviésdecertainsprojets(dontceuxenfaveurde lacroissanceà longterme),cequis’esttraduitparuncreusementdudéficitbudgétaire,mêmesiles risquespour la viabilitéde ladette/budgétaireontétéjugésmodérés.Commeonl’avuenSierraLeone, il existe une certaine fragilité du secteurfinancier due à une augmentation des prêts nonperformants(quidécouledufaitquelesclientsdesbanquesn’arriventplusàhonorerleursobligationsderemboursementdeladette).
Labalancedespaiementssouffreaussidelasituation,en raison de l’augmentation des importationsalimentairesetdesanté(GouvernementdelaSierra
Leone, 2014). Le FMI (2014b) projette que celle-cipasseradelaprévisiond’unexcédentde38millionsde dollars américains avant la crise à un déficit de72,4millionsdedollarsaméricainsen2014.
Même si la fermeture des mines et d’autresentreprises géréespar lesmultinationales a conduità une baisse des investissements étrangers directs,il convient de reconnaître le rôle compensatoireque jouent lesentréesde fondsdans lepaysvia lescontributions volontaires et l’appui des partenairesde développement. L’arrêt au niveau national dutransportaérien,maritimeouroutieretlafermeturedes frontières ont durement frappé les échangesavec les pays voisins ainsi qu’avec d’autres pays. Lamonnaie nationale s’est dépréciée par rapport auxdevises étrangères, dont la demande est devenueforte à l’intérieur du pays. Un autre impact évidentd’Ebola est l’augmentation du chômage- avec 24000 employés licenciés à la Sierra Leone Breweryuniquement- (National Revenue Authority of SierraLeone,2014).
SaufpourlePIBetl’inflation,onnedisposepasdechiffres indicatifs sur la plupart des effets négatifsde la fièvre hémorragique sur l’économie. D’autresétudesserapportentàsesincidencessurlesrecettesde la Sierra Leone tout en relevant ses canauxde transmission. D’après certaines estimationspréliminaires de pays, les recettes ont baissé de14,9%à lafinde2014,principalementàcausedel’épidémie (National Revenue Authority of SierraLeone, 2014). En termes monétaires, la perte derecettesliéeàEbolaserade45,7millionsdedollarsaméricains.en2014etde91,3millionsdedollarsaméricains.en2015,soit1%et1,6%duPIBdupayshors fer. (FMI, 2014b). Le FMI estime que le paysdevrafairefaceàuneaugmentationdedépensesde82millionsdedollarsaméricains.en2014etde132millionsdedollarsaméricain.en2015.
Incidences sociales: Les incidences négativescomprennentdesdécèsparmilesmembresclefsdupersonnel de santé, des infrastructures sanitairesmisesàrudeépreuveetdesreculsenmatièredesanté
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Commission économique pour l’Afrique
dus à la détérioration des prestations de santé nonliéesàl’épidémie.Lesecteurdel’éducationasouffertà cause de la fermeture des écoles et des retardsdansl’exécutiondeprojetsd’eauetd’assainissementoul’abandondecesprojets.LamaladieàvirusEbolaconstitue une menace pour la cohésion sociale,notammentauseindesgroupesvulnérables,commeles femmes et les enfants. Les femmes sont plustouchées que les hommes (51 % contre 49 %), ycompris dans les secteurs agricole et commercial(GouvernementdelaSierraLeone,2014).
principaLes concLusions – eboLa n’est pas L’unique probLèmeLes trois économies souffraient de problèmesstructurels à l’origine de la plupart des difficultéséconomiques et sociales qu’ils rencontrent etque l’épidémie d’Ebola a exacerbées. En Guinée,par exemple, ces problèmes structurels ont pournoms: pénurie chronique d’électricité et absencede réformes structurelles. Le pays a connu en
2013 un fort ralentissement des activités dans lesecteurminier,dûprincipalementàunebaissedelaproductiondebauxiteetdediamant.
Pour autant, l’avenir de ces pays (et celui d’autrespays africains) sera largement déterminé par desfacteurs non liés à l’épidémie. La baisse généraledes prix internationaux des produits primaires, parexemple, posera des problèmes à de nombreuxpays du continent. Il n’est pas non plus possible(dans les étudesd’impact) de fairedesprojectionsde tendances socio-économiques en s’appuyantuniquementsurlesincidencesdelamaladied’Ebola.Par exemple, les élections constituent souvent desmomentsd’incertitudequiaffectentlesperspectivesd’investissementetdecroissance.Parexemple, lesélections-quisontprévuespour2015enGuinée,auNigéria,auSénégaletenÉthiopie,entreautrespays,constituentsouventdespériodesd’incertitudesquiaffectent les perspectives d’investissement et decroissance, souvent en raison des retards qu’ellesinduisentdanslesinvestissements.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
L’épidémies’estdéclaréeenGuinéeenmars2014,etarapidementgagnélaSierraLeone,leLibéria,leNigéria,leSénégal(uncas,importédeGuinée)
et, plus tard, leMali. Cette épidémie demaladie àvirus Ebola, la plus importante et la plus mortellede l’histoire, est de nature à décomposer le tissusociald’unpays.Elleacoûté lavieàdesmilliersdepersonnes(figure2ci-dessousprésente lesdonnéeslesplusrécentesconcernantlaGuinée,leLibériaetlaSierraLeone)etdespatientscontinuentd’affluerdanslescentresdesoin,quisontsurchargés.
Elle adébutéparuneflambéedeniveau2,que laDirectrice générale de l’OMS a ensuite requalifiéed’urgence de niveau 3 (le plus haut niveau) le 24juillet 2014. L’épidémie est désormais considéréecomme une situation d’urgence sanitaire publiqued’enverguremondiale.
Les systèmes de santé publique des trois paystouchés sont relativement peu développés et nesont pas dotés des outils de base pour établir lesdiagnostics, réaliser le traçage épidémiologique delamaladieoucommuniqueravecleszonestouchéesafindecollecterlesinformationsoulesmettreàjour.Cespaysmanquentégalementdescompétencesdebase nécessaires à l’accomplissement des tâchessanitairesessentiellesdepréventionetdecontrôledesmaladies. Lesprincipauxproblèmes rencontréspar ces pays sont notamment le manque decompétences dans les laboratoires pour pratiquerdes tests virologiques rapides, le manque de
travailleurssanitairesetdepersonnelformépourlediagnostic, le traitement, la gestion logistiqueet larecherchedescontacts.Touscesproblèmesrendentlacrisesanitaireencoreplusaiguë.
Cestroispays,membresdel’UniondufleuveMano,présentent d’autres caractéristiques communes,comme la fragilité politique et une histoire récentemarquéeparlesguerresciviles,ladéliquescencedesliensentrel’Étatetlasociété,ledéficitdegouvernanceet la faiblesse des capacités institutionnelles. Dixans après la fin des conflits régionaux, les pays del’Union du fleuve Mano ont réalisé des progrèsvers la réconciliation, mais trop de personnes sontmarginaliséesenraisondelapauvretéetduchômage.Le manque d’emplois – particulièrement pour lesfemmes– la faiblessedescapacités institutionnellesetlapénuriederessourcesdanscespayspourfournirdesservicesdebase(eau,soinsdesanté,éducationetélectricité),ainsiquedehautsniveauxdecorruptionsuscitent le mécontentement des populations. Lecaractère centralisé de l’État et la méfiance descitoyensenverscedernieretlesinstitutionspubliquescréentdeladéfiancedanscertainescommunautés,cequirenddifficilesl’isolementdespatientsetlesuivideleurscontacts.
4. situation De L’épiDémie De La maLaDie à virus eboLa et mesures De Lutte Dans Les trois pays – et autres causes monDiaLes De mortaLité
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Commission économique pour l’Afrique
situation épiDémioLoGiqueLaGuinéeaétélepremierpaysdel’UniondufleuveManotouché,endécembre2013.LespremierscassignaléssesontproduitsàGuéckédou,MacentaetKissidougouenGuinéeforestière,puisàConakry,lacapitaledupays.Le21mars2014,leGouvernementguinéen a déclaré l’épidémie après que l’InstitutPasteurdeLyon (France)a confirmé les cas sur leséchantillonsqu’ilavaitreçus.
D’aprèsl’OMS,malgréunestabilisationdanscertaineszones, latransmissionduvirusdemeureintenseenGuinée, le nombre de cas fluctuant mais restantélevé. La transmission de la maladie est toujoursimportante àMacenta, dans le sud-ouest du pays,prèsdelafrontièrelibérienne.Ellesepoursuitdansles préfectures voisines de Kérouane, N’Zérékoré,Beyla,FaranahetCoyah.Uneactionsoutenuepourcombattre la maladie est nécessaire à Conakry. Lapréfecture de Siguiri, à la frontière avec leMali, asignalé de nouveaux cas confirmés. La région doit
Total17 111 cas
2 801
79
1 255
5 978 1 374174
210
Con�rmé Probable Con�rmé Probable Soupçonné
35
Lib éria7 635 cas 3 145 décès
1 583 décès
1 327 décès
278 cas confirmés dans les21 derniers jours
Sierra Leo n e7 312 cas
1 792
3 042
Cas cumulatifs Décès cumulatifs
174
25
1 929
Soupçonné
35
1 117210
Total6 055 décès
1 455 cas confirmés dans les21 derniers jours
306 cas confirmés dans les21 derniers jours
2 039 cas confirmés dans le21 derniers jours
Guinée2 164 cas
fiGure 2 : cas De La maLaDie à virus eboLa en Guinée, au Libéria et en sierra Leone
Source: OMS, 3 décembre 2014.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
être placée sous haute vigilance, notamment enraisondesaproximitéavecleMali,quiarécemmentfaitétatdeplusieurscas.
Le nombre de nouveaux cas a baissé à l’épicentrede l’épidémie, Guéckédou. Sur un total de 33préfecturesetungouvernorat(Conakry)enGuinée,10nesontpastouchésparl’épidémie,àl’inversedecequisepasseauLibériaetenSierraLeone,oùtouslesdistrictssontconcernés.
LaSierraLeone,touchéeparl’épidémieenmai2014,aconnuunepropagationrapidedelamaladiedans
lestroisvillesprincipalesdelarégiondelafrontièreorientale,prèsdeKailahun.
Selon l’OMS, la transmission de la maladie estélevée.Nombredesnouveauxcasconfirméssontimputablesàlatransmissionintensequisévitdansl’ouest et le nord du pays. La transmission resteaussi intense dans la capitale, Freetown, et desniveauxd’activitéélevéspersistentdansledistrictdeBombali,laZoneoccidentalerurale,lesdistrictsde Port Loko et Tonkolili. Ceux de Koinadugu etKambia ont signalé quelques cas. Cependant, lesdistricts voisins de Kenema et de Kailahun ont
fiGure 3 : infections par Le virus eboLa chez Les travaiLLeurs sanitaires
CAS
CAS
CAS
DÉCÈS
DÉCÈS
DÉCÈSGuinée 106 59
Libéria 361
CAS605
174
DÉCÈS339
Sierra Leone 138 10676.8%
55.7%
48.2%
Source: OMS, 3 décembre 2014.
enregistréune fortebaissede l’incidence, cequis’expliquepar les interventionsmenéesdans ceszones, notamment l’isolement des patients, ledépistageetlesuividescontacts,etdesmesuresfortesdepréventionetdecontrôle.
Le Libériaest lepays leplus touchépar l’épidémied’Ebola,etavulenombredecascroîtredemanièreexponentielleentrelaconfirmationenlaboratoiredupremier cas, le 13mars 2014, et septembre 2014.Selon l’OMS, le nombre de cas hebdomadaires
a reculé entre la mi-septembre et la fin octobre,baisse qui s’est depuis stabilisée. Les mesures delutte contre la maladie restent indispensables,notammentdans la capitale,Monrovia. L’incidencefaiblit dans le district voisin de Marigibi mais latransmission demeure élevée. Parmi les autreszones de transmission élevée, figurent les comtésde Bomi et de Bong. Le comté de Lofa a quant àlui vu le nombre de nouveaux cas hebdomadairesrégulièrementdiminuer(Sharmaetal.,2014).
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Commission économique pour l’Afrique
Pour les trois pays, la figure 2 indique un total de17 111 cas recensés (dont 10 708 confirmés enlaboratoire)et6055décès.S’ajoutentàceschiffres,8cas,quiontfait6morts,signalésauMali.
Autotal,onsaitque622travailleurssanitaires,dont605danslestroispayslesplustouchés,ontcontractélamaladieàvirusEbolaau3décembre2014danslestroispays,etqueprèsde3sur5d’entreeuxensontmorts(figure3).Ceuxquiontétéinfectésendernierl’ontétédanslapréfecturedeKérouaneenGuinée.Des enquêtes sont en cours pour déterminer lasourcedel’expositiondanschaquecas.Lespremierséléments indiquent qu’une part substantielle desinfectionsaeulieuendehorsducadredescentresde traitement d’Ebola et des soins prodigués auxmalades, ce qui confirme la nécessité que toutesles institutions de santé adoptent les mesures deprévention et de contrôle de l’infection, et passeulementlesstructuresquitraitentEbola.
L’enverGure actueLLe Du Dispositif De LutteAu vu de la rapidité et de l’ampleur géographiquede la propagation de l’épidémie, la communautéinternationaleaintensifiésonactionpourendiguerl’épidémie,mêmesidavantagedoitêtrefait.D’aprèslerapportduBureaudelacoordinationdesaffaireshumanitaires (OCHA) sur les besoins en 2014, leplaninterorganisationsdeluttecontrel’épidémiedevirusEbolaaétablilesbesoinsdefinancementà1,5milliarddedollarspourlaGuinée,leLibéria,laSierraLeone et la région pour la période de septembre2014àfévrier2015.Àladatedu8décembre,prèsdes deux tiers dumontant total (994,5millions dedollars)avaientétéréunis.
La figure 4 présente quelques-uns des plus groscontributeursàl’effortfinancier.
La figure 4 ne donne pas une liste exhaustive descontributions,quinecessentd’arriver.Parexemple,le8novembre2014,lorsd’uneréuniondel’AfricanBusiness Roundtable organisée par la CEA, la BADetlaCommissiondel’Unionafricaine, lemilieudesaffairesafricainaannoncéunecontributionde32,6
millions de dollars. D’autres entreprises africainesde premier plan pourraient faire de même aprèsconsultation de leur conseil d’administration. Auniveaumultilatéral,l’ONUamisenplacelaMissiondes Nations Unies pour l’action d’urgence contrel’Ebola(MINUAUCE),quiviseàtraiterlespersonnesinfectées, assurer les services essentiels, préserverla stabilité et prévenir d’autres épidémies. L’ONUaégalement institué le Fonds d’affectation spécialepluripartenaires pour l’action contre l’Ebola, afind’assureruneactioncohérenteàl’échelledusystèmedesNationsUnies.
Le nombre De victimes De La maLaDie à virus eboLa: queLques éLéments De comparaisonLe monde est bouleversé par la progression de lafièvrehémorragiqueEbola,quidevientunequestiondesantépubliquemondialeetacoûtélavieàplusde 5 000 personnes. Pourtant, en dépit de toutela douleur qu’entraîne la maladie, sa mortalité etsamorbidité totales sont, dumoins pour l’instant,faiblesauregarddel’histoiremondiale.
Parexemple: l’épidémiedegrippedudébutduXXe
siècle, surnommée la « grippe espagnole », estdevenuepandémiqueentre1918et1919,etafait30millionsdemortsselonl’InstitutPasteur,voirejusqu’à100millions si l’on en croit certaines réévaluationsrécentes. Il pourrait s’agir de la pandémie la plusmortelle de l’histoire, assurément sur une périodeaussicourte.Surunepériodepluslongue,onestimequelapestenoireafait34millionsdevictimesàlamoitiéduXIVesiècle(WHO,2014).
L’épidémie de choléra qui est apparue en 1994enRépubliquedémocratiqueduCongoàlasuitede la crise rwandaiseadécimé les réfugiés.Des500000à800000personnesquionttraversélafrontièrepourchercherasiledans les faubourgsde la ville congolaise deGoma, 50 000 réfugiéssontdécédéspendantlepremiermoisquiasuivileurarrivéeà caused’uneépidémiegénéraliséedecholéraetdedysenterie.
19
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
D’après l’OMS, les maladies contagieusesreprésentent encore sept des dix principalescauses de mortalité infantile dans les pays endéveloppement. En 2002, par exemple, certainesdesmaladies les plus létales étaient les infectionsrespiratoires (1,9 millions de morts), les maladiesdiarrhéiques(1,6millionsdemorts)etlepaludisme(1,1 millions de morts). Les maladies nontransmissibles représentent toutefois plus de lamoitiédesdécèsdanslespaysàfaiblerevenuetàrevenumoyen,faisantenviron29millionsdemortschaque année par rapport à 36millions demortscausés par des maladies contagieuses à l’échellemondiale(OMS,2013).
Selon l’OMS, dans les pays en développement, lesmaladies contagieuses représentent encore 7 des10 principales causes de mortalité des enfants.Parexemple,en2002, lescausesdedécès lesplusimportantesétaient les infections respiratoires (1,9million de morts), les maladies diarrhéiques (1,6million de morts) et le paludisme (1,1 million demorts).Cependant, lesmaladiesnontransmissiblessontresponsablesdeplusdelamoitiédesdécèsdansles pays à faible revenu et à revenu intermédiaire,tuant environ 29 millions de personnes chaqueannée,contre36millionsdemortsduesauxmaladiestransmissiblesdanslemonde.
L’OMSaestiméà8,6millionslenombredenouvellesinfectionsparlatuberculosedanslemondeen2012età1,3millionlenombred’individusquisontmortsde lamaladiecetteannée-là.Quelque3,3milliards
de personnes dans le monde sont vulnérablesau paludisme4. En 2012, toujours selon l’OMS, lamaladieatuéenviron627000personnes,laplupartétantdesenfantsdemoinsde5ansvivantenAfrique(OMS,2013).Encequiconcernelarougeole,l’OMSa comptabilisé 145 700 décès dans le monde en2013.Lenombredemortscauséesparlesyndromerespiratoire aigu sévère (SRAS), qui a pourtantbénéficiéd’unelargecouverturemédiatique,s’élèveseulementà774(OMS,2013).
Àlafinde2012,35,3millionsdepersonnesétaientporteuses du VIH, dont 2,3 millions de personnesnouvellement infectées5. Environ 1,7 million depersonnes, dont 230 000 enfants, sont mortes dusida.D’aprèsl’OMS,plusdesdeuxtiersdesnouvellesinfectionsseproduisentenAfriquesubsaharienne.
Letabacest luiaussi,unecausemajeurededécès.L’OMSnoteque,chaqueannée,laconsommationdetabac et l’exposition à la fumée (tabagisme passif)fontplusde700000mortsdansl’Unioneuropéenne,et ce en dépit de sa stricte législation anti-tabac(OMS,2013).
Selonl’OMS,plusde20millionsdepersonnessonttuéesougrièvementblesséesdansdesaccidentsdelaroutechaqueannéedanslemonde,avecuncoûtéconomiquemondialestiméà518milliardsdedollarsparan–dont65milliardsdanslespaysendéveloppement.
4 http://www.who.int/topics/millennium_development_goals/diseas-es/fr/
5 http://www.who.int/topics/millennium_development_goals/diseas-es/fr/
20
Commission économique pour l’Afrique
Les principaux contributeurs par di�érentes catégories
annonces de contributions ($millions) vs. fonds décaissés (%)
annonces de contributions ($millions)
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annonces de contributions :
fiGure 4 enGaGements et Décaissements pour combattre La mve
Source: Voir Appendice 2.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
Les principaux contributeurs par di�érentes catégories
annonces de contributions ($millions) vs. fonds décaissés (%)
annonces de contributions ($millions)
EFFORTS DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE POUR COMBATTRE LA MVE
Contributions des organisations multilatérales
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annonces de contributions :
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Commission économique pour l’Afrique
Source: Compilations de la CEA à partir des sites web des organisations/pays. Les icones utilisés dans cette figure ont été conçus par Freepik
Cuba
Union européenne
Ghana
Japon
Pays-Bas
Afrique du Sud
Suède
Royaume-Uni
États-Unis
Australie Espèces versées, notamment un �nancement apporté au Royaume-Uni pour la construction d’une clinique de 100 lits.
165 travailleurs sanitaires.
République démocratique du Congo et Communauté d’Afrique de l’Est 2 000 personnels de santé.
Fourniture d’au moins 2 laboratoires mobiles pour la détection du virus.
Le Ghana accueille la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) à Accra et est devenu un pôle logistique pour l’action contre Ebola.
55 000 équipements de protection individuelle.
Fourniture de ravitaillements et navire maritime pour leur transport vers l’Afrique de l’Ouest.
Espèces, notamment pour �nancer di�érents appuis logistiques et pour l’établissement d’un camp de base à Monrovia pour un total de 200 travailleurs sanitaires internationaux.
1 100 professionnels de santé; 1 700 lits; 140 000 équipements de protection individuelle; 200 000 articles d’équipement; gestion d’un centre de formation au Libéria; et recrutement pour un hôpital destiné aux agents sanitaires.
800 travailleurs sanitaires; 77 lits.
Hôpital de campagne avec 40 lits; 6 400 équipements de protection individuelle extra robustes; fournitures médicales avec articles de contrôle de l’infection; ambulances, véhicules 4x4 et 100 motocycles ; annonces de contributions d’entreprises privées mobilisées par le Département de la santé; formation de 94 participants venant de 16 pays.
Chine Envoi d’équipements et de fournitures médicaux; �nancement de 2 laboratoires mobiles de biosécurité; fournitures médicales et tenues de protection; aide alimentaire.
fiGure 5 : contributions en nature
23
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
Les premières observations formulées parla Guinée, le Libéria et la Sierra Leonesuggèrentque lamaladieàvirusEbolapeut
affecter l’économie de nombreuses façons et àdesdegrésdivers6.
Le pibEngrandepartieà causede l’alarmismedéclenchéparcettemaladie,l’activitééconomiquedécline,re-flétantunebaissedestransactionsdanslesmarchés,magasinsetboutiques,àmesurequelesgenscom-mencent à éviter tout contact humain. Le secteurdesservices,ycomprislesrestaurants,leshôtels,lestransportspublics,laconstructionetl’éducation,ensubissentaussilesconséquences,tantàcausedelapaniquequ’àcausedesmesuresgouvernementalestellesquel’étatd’urgenceetlesrestrictionsconnexesimposéesauxdéplacementsetauxrassemblements.Le ralentissement des activités des sociétés étran-gères (et ambassades) a aussi été lourd de consé-quences sur le planéconomique, cesdernières ré-duisant au minimum leurs effectifs et expatriés (ycompris le personnel diplomatique non essentiel),réduisantainsileurdemandedeservices.Lesdiverschocssurvenussurlemarchédutravail,danslesfi-nances publiques, les investissements et l’épargne,pourraientprovoquerunebaissesubstantielleduPIBetretarderparconséquentledéveloppement.Lesconséquencesdel’épidémiesurletauxdecrois-sanceduPIB,tellesqu’estiméesparlesofficesnatio-nauxdesstatistiquesdestroispays,varientde2à5pointsdepourcentage7(moinsquecequ’auraitété
6 L’appendice contient une analyse sectorielle des incidences so-cio-économiques.
7 2,1%pour laGuinée;4,7%pour laSierraLeoneet4,9%pour leLibéria.
lePIBenl’absenced’Ebola).Entermesdeparitédepouvoird’achat (PPA), celacorrespondàunepertetotaledePIBd’environ716millionsdedollarspourcestroiséconomies8.Depuisledébutdel’épidémieetleralentissementsubséquentdel’activitéécono-mique, les troispaysont révisé,àuneouplusieursreprises,leursprévisionsdePIBpour2014(tableaux1,2,et3).LaGuinéearévisésontauxdecroissancedePIBde4,5%à3,5%,puisà2,4%;celuidelaSierraLeoneaétéréviséde11,3à8%,puisà6,6%;etceluiduLibériaestpasséde5,9%à2,5%,poursesituerdésormaisà1%.
investissement, éparGne et consommation privéeFaceàlabaissedesrecettespubliquesetàlademandecroissante d’une réaction judicieuse, la crise Ebolaest en train de détourner les dépenses publiquesd’ investissements en capital physique et humain,pourlesorienterverslasantéetd’autresdépensessociales. Les investissements privés étrangers etnationaux connaissent aussi un grand déclin àcausedecettepanique.Lereculdel’investissementintérieur risquedeperdurer sur lemoyen termesiles investisseurs n’obtiennent pas d’aide financièrepourreprendreleursactivités.
Les autorités des trois pays ont déclaré avoirreporté ou suspendu l’investissement de grandsprojets d’exploitation dans leurs pays. En Guinée,par exemple, les opérations du projet Rio Tinto àhauteurde20milliardsdedollarsontété,engrande
8 Calculs des auteurs sur la base du PIB exprimé en PPA pour l’an-née2013,obtenudelaBAD,del’OCDEetduPNUD(2014)pourlestroispays,auxquelss’appliquentlestauxdecroissancepré-Ebolaetpost-Ebolapour2014,obtenusdesourcesnationales.
5. inciDences macroéconomiques De La maLaDie à virus eboLa
24
Commission économique pour l’Afrique
partie,misesenveilleuse.Ons’attendaità cequece projet double le PIB au cours des prochainesannées. De même, Guinea Alumina Corporation(GAC),unprojetvisantàdévelopper lesecteurdelabauxite,dirigéparlesÉmiratsarabesunisetdontlemontants’élèveà5milliardsdedollars,areportésesopérationsguinéennes.
EnSierraLeone, laconstructiondesroutesKenema-Kailahun et Matotoka-Kono, la reconstruction desroutesMakeni-Kabala, Hill-Side Bye Pass et Lumley-Tokeh,etlareconstructionderuescitadinesdanslesprovincesetlazoneouest,onttoutesétésuspendues(GouvernementduLibéria,2014).
La fermeture des frontières terrestres avec lespays voisins a été désastreuse pour de nombreuxexploitants qui évoluent dans les filières fruits etlégumesenGuinée.Cesfilièressont,engénéral,trèsbien organisées et prospères, et les acteurs qui s’ytrouventobtiennentdescréditsbancairesimportantset vendent leurs produits par-delà les frontières.Mais la fermeture des frontières a entrainé l’avariede la production, plaçant les investisseurs dans unesituationd’endettement(sansfluxdetrésorerieprévujusqu’àceque lacrises’apaise,et sansperspectivesimmédiatesd’obtentiondenouveauxprêts).
Demanièregénéral,endépitdel’absencededonnéesmicroéconomiques détaillées, la consommation etl’épargnedesménagesontétéaffectéesparl’épidémieparsuitedemortalité,demorbiditéetderéductiondes activitéséconomiques, desheuresde travail, etdesrevenus.
infLation, monnaie et taux De chanGeLes pays touchés sont confrontés à des pressionsinflationnistesau furetàmesurequesepropage lacriseEbola,cequiposeunproblèmedecompétitivitéauxentreprisesetauxcommerçants,etfaitchuterlepouvoir d’achat des ménages. Les avoirs extérieurssontsusceptiblesdediminueretlamonnaienationalede perdre de la valeur à cause des restrictions surcommerce extérieur et de l’appréciation du dollar
des États-Unis pour la sécurité qu’il représente entant que monnaie refuge. Les pays risquent ausside connaître une baisse du taux de couverture deleursimportations(lenombredemoisd’importationcouvertsparlesréservesdechange).
Lesbanquescentraleset lesministèresdesfinancespourraient être amenés à stimuler la demande etenrayerladépréciationexcessivedesmonnaies(avecrisque d’alimenter davantage l’inflation). Au Libéria,parexemple, lapolitiquemonétaireaétéprudente;laBanquecentralearelevéinterventiond’environ9,7millionsdedollarsdesÉtats-UnispourfairefaceauxpressionsexercéessurlamonnaienationaleenJuilletetAout,témoignantuneenvoléedelademandepourlesdevisesétrangères(FMI,2014c).
Parailleurs,auLibéria,l’inflationaugmente,alimentéeparunefortehaussedesprixdesdenréesalimentaires.L’inflationenfind’année2014estdésormaisestiméeà14,7%etpourrait,selontouteattente,resterélevéeà environ 10 % en 2015. Selon les prévisions, lesréservesofficiellesbrutesdupaysdevraientchuterde2,8à2,6moisd’importations(FMI,2014c).
Le taux de change nominal sierra-léonais parrapportàd’autresdevisesabaissé,provoquantuneaugmentationdelaprimesur lemarchéparallèleetdesrépercussionssurlesprixintérieurs.Toujoursest-ilque leseffetsvarientd’unpaysà l’autre.EnGuinée,par exemple, aucunepression inflationniste ne s’estmanifestée durant les premiers mois de l’épidémie(PNUD-Guinée,2014).
finances pubLiquesCommeon l’a observé, l’un des effets de l’épidémieEbola est de diminuer les recettes publiques etd’augmenterlesdépenses,notammentdanslesecteurdelasanté,cequiexerceunepressionsupplémentairesur le solde budgétaire. Cette situation réduitdavantagelacapacitédel’Étatdecontenirlamaladieoud’enamortir les conséquenceséconomiquespluslarges, (principalement par des mesures de relancebudgétaire).Enfindecompte,lespayssontconfrontésàunedépendancevis-à-visde l’appuiextérieurpourcomblerlesbesoins.
25
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
tabLeau 1 : projections reLatives au pib, Guinée ( en % )2014 2015
Source de données Projection initiale Projection après l’épidémie
Projection initiale Projection après l’épidémie
Autorités guinéennes 4,5 3,5 — —CEA 4,5 3,5 4,9 —Banque mondialeª 4,5 2,4 /0,5 4,3 2 /0,2 FMI 4,5 2,1 4,3 4,1 Perspectives économiques en Afrique 4,2 — 4,3 —
— Données non disponibles.a. Les prévisions post-épidémiologiques de la Banque mondiale avancent deux chiffres: le premier date d’octobre 2014 (Banque
mondiale, 2014a) et le deuxième de décembre 2014 (Banque mondiale, 2014b).
tabLeau 2 : projections reLatives au pib, Libéria (en %)2014 2015
Source de données Projection initiale Projection après l’épidémie
Projection initiale Projection après l’épidémie
Autorités libériennes 5,9 1 — 0
CEA 7,3 1a 7 0a
Banque mondialeb 5,9 2,5 / 2,2 6,8 1 / 3
FMI 6,8 2,5 6,8 4,5
Perspectives économiques en Afrique 6,8 — 8,2 —
— Données non disponibles.a. Sur la base des discussions et des échanges tenus avec les autorités nationales au sujet de la solidité des hypothèses et de
la méthodologie, la CEA s’aligne sur les estimations nationales de l’incidence d’Ebola. Les simulations de la CEA visant à rendre compte des effets de la crise Ebola sur la région ouest-africaine et sur le continent sont également basées initiale-ment sur des estimations nationales.
b. Voir la note a au tableau 1.
tabLeau 3 : projections reLatives au pib, sierra Leone (en %)2014 2015
Source de données Projection initiale Projection après l’épidémie
Projection initiale Projection après l’épidémie
Autorités sierra léonaises 11,3 6,6 8,9 —CEA 11,9 6,6 11,6 —Banque mondialeb 11,3 8 / 4 6,8 7,7 / -2,2FMI 14 8 8,9 10,4 ªPerspectives économiques en Afrique 13,8 — 11,6 —
— Données non disponiblesa. Ce pourcentage tient compte du rattrapage brusque et rapide de la production du secteur minier, qui était inexploité
en 2014.b. Voir la note a au tableau 1.
26
Commission économique pour l’Afrique
recettes publiques
La chute des recettes publiques pourrait atteindreplusieurs dizaines de millions de dollars, soit uneproportion non négligeable du PIB pour ces troispetites économies. Cette baisse s’explique pardifférentsfacteurs,dontleralentissementdel’activitésuivid’unecontractiondelabased’impositiondanslaplupartdessecteurs,enparticulierdansl’industrieet les services (qui sont souvent les principalessourcesde recettespubliques).À cela s’ajouteuneadministration fiscale faible. La conjonction deces facteurs conduit à une diminution des impôtscollectés sur les revenus, les entreprises, les bienset services et le commerce international, et à uneréductiondesredevancesperçuessurlesressourcesnaturelles, qui sont habituellement le moteurprincipaldelacroissanceéconomiquedecespays.
Concrètement, le manque à gagner dû à Ebolapour la Sierra Leone est estimé à 46 millions dedollarset91millionspour2014et2015,ou1%et1,6 % respectivement du PIB hors minerai de fer
(FMI,2014b).Lesestimationsconcernant leLibériaindiquentquelesrecettespubliquesen2014serontinférieuresauxprévisionsinitialesde106,1millionsde dollars (Gouvernement libérien, 2014), soitenviron5%duPIB,tandisquelemanqueàgagnerenGuinée était estiméen août 2014 à environ 27millionsdedollars,ou0,4pointdepourcentageduPIB (FMI, 2014a). Les autoritésfiscalesde la SierraLeone(NationalRevenueAuthorityofSierraLeone,2014) ont fait état d’un déficit de 15 % dans lacollecte de l’impôt par rapport aux objectifs fixéspour juillet et août 2014; l’administration fiscalelibérienne(LiberiaRevenueAdministration)s’attendàundéclinde19%desrecettesprévuespour2014(Gouvernementlibérien,2014).
Dépenses publiques
Parallèlementà lachutedesrecettespubliques,onobserveuneaugmentationdesdépensespubliques.Lacrisesanitairedéclenchéeparl’épidémienécessitedes dépenses considérables dans le secteur de lasanté afin d’endiguer la maladie, etle besoin en
fiGure 6 : ratios Dette/pib Des trois pays, 2013
Source: Rapport Programme de Coopération Monétaire 2013, Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) et calculs de la CEA. Les calculs de la CEA sont faits à partir de la structure de la dette selon l’Institut monétaire ouest africain et les taux de change sont ceux du FMI dans les rapports pays de 2013.
$ 1 564,7
$ 286
$ 371,6
$ 1 371,90
$ 195,9
14,6 %
21,1 %
7,8 %
21,7 %
10,0 %
18,5 %
$1 035.90
Guinée
Libéria
Sierra Leone
Dette intérieure
$ MILLIONS RATIOS DETTE/PIB
Dette extérieure
$ 481,9
$ 1 407,5
$ 2 936,6
27
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
protection sociale s’accroit, en raison du nombrede décès et de familles touchées, notamment del’augmentationdunombred’orphelinsetdepauvres.Des dépenses non sanitaires peuvent aussi surgirpour,parexemple,lasécuritéetlesimportationsdedenréesalimentaires.
L’évolution opposée des recettes et des dépensesoblige les gouvernements à réallouer unepart desdépensesetinvestissementsinitiallementprévus,auxnouveauxbesoins,,cequiréduitlesinvestissementspublics. La priorité donnée aux dépenses de santéparrapportauxdépensessocialesvaried’unpaysàl’autre. En Sierra Leone par exemple, les dépensesliéesà l’épidémied’Ébolapour2014s’élèventà36millionsdedollars(72%pourlesmesuressanitairesdirectementliéesàlamaladieet28%dedépensessociales); pour2015, le chiffreest de40,9millionsdedollars(100%dedépensessociales).AuLibéria,les autorités estiment les dépenses directementliées à lamaladie à virus Ébola à 79,7millions dedollars, auquels s’ajoutent 20 millions consacrésaux transfertsmonétaires et 30millions destinés àla relance de l’agriculture (Gouvernement libérien2014).LeGouvernementguinéenévaluequantàluilafactureliéeàÉbolaà134millionsdedollarspourlapériodeallantjusqu’àfévrier2015(Gouvernementguinéen,2014).
Déficits buDgétaires
Parleseffetssurlesrecettesetlesdépensespubliquesdécritsci-dessus,lamaladieàvirusÉbolapèsesurlesbudgetsetcreuselesdéficitsbudgétaires.Ledéficitbudgétaire(lesoldegénéral,ycomprislesdons)duLibéria,initialementprojetéà7,1%duPIBen2015,devraits’accentuerde4,7pointsdepourcentageenraisondebesoinsfinancierssupplémentaires,tandisque le niveau pour 2014 reste inchangé. Pour laSierraLeone,ilestprojetéqueledéficitbudgétairese creuse de 1,5 et 1,7 points de pourcentage en2014et2015,respectivement(FMI,2014c).
poiDs De La Dette et et aLLèGement De La DetteLes promesses et contributions faites à partir dediverses sources sontessentiellespourcombler lesbesoinsfinanciersgénérésparlacriseEbola,commela promesse de 300millions de dollars faite par leFMI au cours du Sommet du G20 de novembre2014 à Brisbane (Australie). De même, dans uncommuniqué daté du 2 décembre 2014 (Banquemondiale,2014c),leGroupedelaBanquemondialea déclaré mobiliser près de 1 milliard de dollarsde financement pour les pays les plus durementtouchésparlacriseEbola.Celainclut518millionsdedollarsdesÉtats-Unispourlariposteàl’épidémie,etaumoins450millionsdedollarsdelaSFI,membreduGroupede laBanquemondiale,afinappuyer lecommerce, l’investissement et l’emploi en Guinée,auLibériaetenSierraLeone.
L’aide obtenue de la communauté internationaleest aussi louable que nécessaire pour comblerle déficit financier. Toutefois, cette aide étant enpartie constituée de prêts, la crise Ebola pourraitéventuellement alourdir le poids de la dette destrois pays. La Banque mondiale, par exemple,a accordé un crédit de 40millions de dollars à laGuinée(Banquemondiale,2014d)etde20millionsde dollars au Libéria (Banque mondiale, 2014e).Demême, le FMI a approuvé les lignes de créditsuivantesàcestroispaysautitredelacriseEbola:41millionsdedollarsàlaGuinée,49millionsdedollarsauLibériaet39millionsdedollarsàlaSierraLeone(FMI,2014d).LorsdelaréunionduG20àBrisbane,ilaannoncéunengagementsupplémentairede300millions de dollars au bénéfice de ces trois pays,(sousformedeprêtsconcessionnels,d’allégementdeladetteetdedons).
Les troispaysontbénéficiéde l’initiativeen faveurdespayspauvrestrèsendettés(PPTE)etdel’initiatived’allégement de la dette multilatérale pendantces 10 dernières années. Par exemple, suite à sonadmissibilitéàl’initiativePPTEen2012,laGuinéearéduit letauxd’intérêtpayésursadetteextérieure
28
Commission économique pour l’Afrique
de0.7%duPIBen2012à0,2%duPIBen2014.Lafigure6présentequelquesindicateursdufardeaudeladettedestroispaysavantl’éruptiondel’épidémie,indiquant que le poids de la dette extérieure pré-Ebola (2013) oscillait entre environ 10 % et 22 %,pourunesommetotaledequelques2,6milliardsdedollars.
Il est crucial que la crise ne provoque pas desurendettement,ouqu’ellenecontrebalancepasenpartie lesgainsgénéréspar ces initiatives, lesquelsgains (principalement la réduction du service dela dette et, partant, la hausse des dépenses dedéveloppement)sontessentielsàlaréductiondelapauvreté et à la transformation économique. C’estdanscecontextequelaCEAappelletouteslespartiesprenantesà redoublerd’effortsenvued’annuler ladettedestroispays.
offre De travaiL et proDuctivitéLamaladieàvirusEbolapourraitfairebaisserl’offrede travail, cequi risquedenuireà laquantitéetàlaqualitédesbiensetdesservices,surtoutdans ledomainepublic.Afind’éviterlescontactsdirectsentreemployés,certainesinstitutionspubliquesetprivéesontdemandéàquelquesmembresdupersonnelnonindispensablederesterchezeux;d’autresontréduitleshorairesdetravaildetoutlepersonnel,entraînantainsiunebaissedelaproductivité.
En Sierra Leone, par exemple, les institutionsbancairesontécourtéleurshorairesdetravailetparconséquent, réduit leurs prestations quotidiennes.Conformément aux restrictions inhérentes à l’étatd’urgence, les marchés quotidiens, eux, ont étéfermésplustôt.Cesmesuresonteuunimpactsurlaproductivitédestravailleursdetouslessecteurscarcesdernierssesontmisàquitterlebureauplustôtpour effectuer leurs transactions financières avantla fermeturedesbanquesetdesmarchés.Certainsexpatriés ont quitté ces pays, réduisant davantagel’offredetravailetlaproductivitécarilseraitdifficilederemplacercestravailleursàcourtterme.
La mortalité et la morbidité liées au virus Ebolaont aussi une incidence négative sur le nombred’agriculteursdisponiblespourlaproductionagricole(cesderniersétant affectés soitdirectementouens’occupantdeleursproches);ellesontaussicauséledécèsdetravailleursqualifiéssurlemarchédutravail,et tragiquement, dans le domaine de la santé, oùpresquetroismaladessurcinqsontdécédés(figure3).Auboutducompte,entermesdemain-d’œuvreetdeproductivité,lamaladieapourconséquencedenuireàl’activitééconomique,àl’assiettefiscaleetà
laperceptiondesrecettespubliques.
pauvreté et inéGaLitéÀcourtterme,ilestprobablequel’épidémieaccentueles inégalités de revenus et accroisse la pauvretédans les trois pays en appauvrissant davantage lespersonnes et familles directement touchées et enlimitant la consommation et l’accès aux servicessociaux de base, surtout parmi les pauvres. À pluslong terme, l’impact de la maladie sur le taux decroissanceduPIBserefléterasansdoutedanslePIBparhabitant.Etétantdonnéque la répartitiondesrevenusestdéjàtrèsinéquitable,ilesttrèsprobablequelespauvresserontlesplussévèrementtouchés,cequiaurapoureffetdesaperlesprogrèsenregistréscesdernièresannéesenmatièrededéveloppementsocioéconomique.
plans D’urgence et De relance
Face aux multiples impacts économiques, lesgouvernements doivent élaborer des plans derelance, s’ajoutant à leurs réponses à court terme.Ces plans auront pour but de remettre l’économiesurlatrajectoiredecroissancequ’ellesuivaitavantlacrise,enapportantunappuipourconsoliderletissuéconomique, restaurer la confiance et relancer laconsommation,l’investissementetlacroissance.Lesrévisionsapportéesauxplanséconomiquesàmoyentermedevrontveilleràrenforcerlarésilienceetlescapacités face à des chocs similaires à l’avenir. Lesministres des finances deGuinée, du Libéria et deSierraLeonesesontdéjàrencontréspourconcevoir
unestratégiepost-Ebola(FMI,2014e).
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
enquête sur L’état De préparation Des pays non affectés et sur Les conséquences inDirectes De La maLaDie à virus eboLaL’analysecontenuedanscettesous-sectionsebasesur une enquête menée par la CEA sur l’état depréparationdespaysnonaffectésfaceàl’apparitionéventuelle de l’épidémie, et sur les conséquencesindirectesdelamaladieàvirusEbola,enquêtelancéeennovembre2014(ettoujoursencours)auprèsdela quasi-totalité des pays africains autres que ceuxdirectementtouchésparlamaladie.Quinzed’entreeuxyontrépondu,mêmesilesréponsesdecertainsn’étaientpascomplètes.
L’enquête apourbutdedéterminer commentetdansquellemesure lespaysnon touchésavaientété frappés par lamaladie et s’étaient organiséspour se protéger de sa propagation et de sesconséquencessocio-économiques.
Les résultats proviennent de 15 questionnairesremplis9, en attendant une étude plus complète10. Commecertainspaysn’ontpasréponduàtouteslesquestions, et dans l’attente des réponses des paysrestants,cetteanalysen’estquepartielle.
impact économique
Il sepeutque certainspaysnedisposentd’aucunedonnée récente sur de nombreux indicateurs quipourraient les aider à déterminer avec certitudel’impact économique du virus Ebola. Même s’ilsen disposent, toute aggravation de la conjonctureéconomique ne serait pas forcément uneconséquencedelapandémie.Ilconvientd’établirunliendecausalité.Lespaysd’Afriquedel’Ouest,voisinsde laGuinée,duLibériaetde laSierraLeone,sontpar exemple plus à risque en termes d’impact, enraisonde leur interactionéconomiqueplusétroite.L’enquête de la CEA s’est par conséquent axée sur
9 L’Angola,leBurkinaFaso,leBurundi,leCaboVerde,leCameroun,leCongo,leGabon,laGambie,leGhana,laGuinéeéquatoriale,leNiger,laRépubliquecentrafricaine,laRépubliquedémocratiqueduCongo,SaoTomé-et-PrincipeetleTchad.
10 Pourdesprécisions sur le questionnaire, veuillez consulter: http://www.uneca.org/sro-wa/pages/evd-web-appendix.
la perception des autorités quant à une influenceconstatée, ou à l’avenir probable, de la maladie àvirusEbolasurunindicateurdonné.
Bien que tous ceux qui ont répondu au sondagene soient pas géographiquementprochesdes paystouchésparEbola,lespayssituésenAfriquedel’Ouestontclairementindiquédesconséquencesnégativessur des indicateurs économiques majeurs tels quela croissance du PIB, l’inflation et le commerce. Ilsperçoiventletourismeetletransportcommeétantlesdeuxsecteursdirectementconcernés.Parmi lesrépondants, les autorités des pays non situés enAfriquede l’Ouestpensentque l’impactnégatifdel’épidémieestmoindrequeceàquoiilss’attendaientinitialement, bienqu’ils aient l’impressionqu’elle acontribuéàun ralentissementde la croissancedesexportationsetdesimportations.
impact social
L’impactduvirusEbolasur lesecteursocialestsansdoute moins visible, plus particulièrement dans lespayslespluséloignésdestroispaystouchés.Toutefois,lesdonnéesd’ensemblenemettentpasenévidencecertainesproblématiquesrapportéesparlespays.
S’agissantdel’impactdelamaladiesur lessystèmesde santé, près de lamoitié des pays interrogés ontindiqué avoir introduit des mesures de précautionspéciales (thermomètres laser, équipement deprotection)dans les centresmédicaux.Cesmesuresnesemblent toutefoispasavoirentamédemanièresignificativelesressourcesgénéralementallouéesàlaprestationdeservicesdesoinsdesanté.Deplus,unpourcentagesimilairedespaysétudiésadéclaréavoirrestreintlalibrecirculationdespersonnesenfermantleursfrontièresouensuspendantlesvolsdirectsverslespaystouchés.Aucund’entreeuxn’aindiquéavoirmisenplacedesinterdictionsdevisas.
mesures spéciales
Tous les pays ayant répondu à l’enquête ontindiqué avoir mis en place des mesures spécialesde préparation en cas d’urgence dans les secteurséconomiqueetsanitaire.Laplupartd’entreeuxont
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Commission économique pour l’Afrique
mis sur pied des comités multi-gouvernementauxde haut niveau dans le but de contrôler l’état depréparation à toute épidémie éventuelle. Tous lespaysinterrogésontélaboréunpland’urgenceoudepréventionrelatifàl’epidemie.Stratégiesdontlecoûtaétéestiméà1,7milliondedollarsenRépubliquecentrafricaine,à3,2millionsdedollarsenRépubliquedémocratiqueduCongoetà0,8milliondedollarsàSaoTomé-et-Principe.
La plupart des pays ont également instauré unprogrammespécialdesantépourseprépareràuneéventuelle épidémie d’Ebola et ont identifié descentresdetraitementetd’isolation.Ilsontpresquetous lancé des campagnes de sensibilisation: laRépubliquedémocratiqueduCongoamisenplaceune « ligne verte » (numérode téléphone spécial)dédiée à la maladie; la République centrafricainea choisi le 26 août comme journée spéciale decommunication intense à ce sujet; le Tchad afait participer les dirigeants politiques et leschefs religieux et traditionnels à des activités desensibilisationàdesfinsdeprévention;etauGhana,10000professionnelsdesantéet50000bénévolesontétéforméspourmeneràbienunecampagnedeporte-à-porte.
Tous les pays ont indiqué avoir reçu du soutiendes agences de l’ONU et de leurs partenaires dedéveloppement bilatéraux. Cinq pays (la Gambie,le Ghana, la Guinée équatoriale, la Républiquedémocratique du Congo et Sao Tomé-et-Principe)se sont également engagés à apporter une aidefinancièreparl’intermédiairedel’OMSauxpayslesplussévèrementtouchés.LeBurundiet laRDContdécidéd’envoyerdesprofessionnelsdelasanté(250et300,respectivement)danslestroispays.
impact économique De La maLaDie à virus eboLa sur L’afrique De L’ouest et Le continentBienquelestroispaystouchésrisquentdesubirdelourdespertesen termesdepertedePIB, l’impactl’épidémiesurl’Afriquedel’Ouestetsurl’ensembleducontinentseraprobablementléger.
Selon les estimations pour 2013, les trois paystouchés par Ebola représentent collectivement 2,42%duPIBde l’Afriquede l’Ouestet0,68%duPIB de l’Afrique. La sous-région représente 28,3% du PIB de l’Afrique. L’Afrique de l’Ouest connaîtune croissance robuste et a enregistré le taux decroissanceleplusrapideducontinentcesdernièresannées,àenviron6,7%pour2012et2013,avecdesprévisionsde6,9%et6,8%pour2014et2015.
La performance économique de l’Afrique dansson ensemble a également été excellente cesdernières années, son taux de croissance sechiffrant, enmoyenne, à 5 % ou plus, au coursdes années 2000 avant l’apparition de la crisefinancièremondiale.Ce tauxest restéélevéparlasuite,atteignantdesniveauxde4,7%en2012etde4%en2013.À4,7%et5%respectivement,lesprévisionspour2014et2015laissententrevoirunrétablissement(CEA,2014f).
Laperformanceducontinentestduenonseulementàdesfacteursexternestelsquel’évolutionfavorabledes cours mondiaux des matières premières, maisaussiàdesélémentsinternesincluantunemeilleuregestionéconomique,unrenforcementdelacapacitéàattirerl’investissementétrangeretàconcluredespartenariats commerciaux (notamment avec despays émergents), et une consommation stimuléepar l’apparition d’une nouvelle classe moyenne. Sil’epidemied’Ebolaestcirconscriteauxtroispays,seseffets sur la croissance du PIB du continent serontinfimes d’après les résultats d’une simulationde laCEAquiaétéréaliséeàl’aideduModèledeprévisionséconomiquesmondiales (WEFM).LeWEFMfournituncadrerigoureuxpourl’analysedelatransmissiondeschocséconomiquesauniveauinternational.
Comme les trois pays touchés par le virus Ebolaont réviséà labaisse leursprévisionsconcernantletauxdecroissanceduPIBpour2014et2015,lesdiminuantdeplusieurspoints,pouravoiruneidéegénéraledel’impactglobalsul’Afriquedel’Ouestet sur le continent, la CEA a considéré commescénario central l’hypothèse que ces trois paysn’affichentaucunecroissance(tauxdecroissance
31
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
de 0 %) en 2014 et 2015, pendant que les tauxde croissance projetés des autres pays africainsdemeurentinchangés.
Dansl’étudedesimulation,leslourdesconséquencesdelacriseEbolasurleséconomiesdelaGuinée,duLibéria et de la Sierra Leone se reflètent dans leschocs ressentis au niveau des investissements, dela consommation, du chômage, de l’inflation et dela capacité de production. Les chocs sont calibrésde sorteà correspondreàun impactnégatif sur lacroissance du PIB des trois pays qui résulterait enun scenariode croissancenulle (tableaux1à3)11 . Noussupposonsquelespaysnontouchéssubissentuniquement les conséquences de la transmissioninternationaledeschocséconomiquesnégatifssubis
11LeWEFMinclutdesmodèlesdepayspourlaGuinéeetlaSierraLeonemaispaspourleLibéria.Decefait,lechocémanantduLibériaaétésimulécommedirectementabsorbéparcespartenairescommerci-auxafricainsetcorrespondàladiminutiondesimportationsetdesexportationslibériennes.
parlestroispaysetqu’iln’yaurapasdecontagion12.
Surlabasedecetteanalyse,nousvoyonsunimpactlimitésurlacroissanceduPIBenAfriquedel’Ouest(-0,19pointdepourcentageen2014et-0,15pointde pourcentage en 2015), et un effet négligeableenAfrique (-0,05pointdepourcentageen2014et-0,04 point de pourcentage en 2015). Ces petitesincidencesnesontpassurprenantescomptetenudufaiblepourcentageduPIBquereprésententcestroispayspourl’Afriquedel’Ouestet lecontinent,etdelaréactionformidableobtenueauniveaunationaletinternationaldanslecombatcontrel’épidémie.
Enrésumé,pourcequiestdelacroissanceetdesperspectivesdedéveloppementenAfrique, iln’ya pas lieude s’inquiéter des conséquences de lacriseEbola.
12 Lamesuredans laquelle leséconomiesdespaysnon touchés sontaffectées par desmoyens autres que l’intégration économique in-ternationaleestdifficileàquantifier.Cescanauxpeuventincluredesmodificationsdanslecomportementdesconsommateurs,laréduc-tiondutourismeetd’autresfacteurs.Voirlasectionprécédente.
Reduction in GDP Growth rates from Pre-EVD projections
0%
-2%
-4%
-6%
-8%
-10%
-12%
Sierra Leone Guinée Libéria Afrique de l’Ouest Afrique
20142015
fiGure 7 : croissance simuLée pour L’afrique De L’ouest et L’afrique
Source: Simulations de la CEA au 30 novembre 2014.
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Commission économique pour l’Afrique
Ce chapitre se penche sur les aspectstransversauxessentielstelsquelegenreetla vulnérabilité des systèmes de santé des
troispays.
La Dimension Genre – ce sont Les femmes qui sont Les pLus pénaLiséesLes différences liées au genre et au sexe ont desretombéesprofondessur la façondont les femmeset les hommes font face auxmaladies infectieuseset les combattent. Lesdonnéesprobantes révèlentle risque disproportionné d’infection, de durée,de gravité et demortalité vécu par les femmes etles hommes par rapport auxmaladies infectieusesémergentestellesquelamaladieàvirusEbola(OMS,2011). Cet impact différencié est attribuable auxnormesetauxcomportementssocialementprescritsentre hommes et femmes; à la division du travailstéréotypée entre les hommes et les femmes; etaux contraintes sexospécifiques liées à l’accès auxressourcesproductivesetaucontrôledecelles-cientantqueprincipauxtitulairesdedroits.
Dans cette optique, l’épidémie MVE pose undéfi sans précédent à la réalisation globale del’égalité hommes-femmes et de l’autonomisationdes femmes. À cause du travail domestique etcommunautaire non rémunéré et de la divisiondutravailenfonctiondusexe, les femmessont lesplus touchéespar l’épidémie,commeen témoigneONU-Femmes 2014, qui indique que les femmesreprésententprèsde75%desdécèsdusàlamaladieà virus Ebola au Libéria, et 59% en Sierra Leone.Dans les troispays,55%à60%des casdedécèssontdesfemmes(WashingtonPost,2014).
Enoutre, il s’estproduitunvif reculauniveaudesindicateursdesantéconcernantlesfemmes,telsquelamortalitématernelle.Lesservicesdesantéétantsubmergés, les femmes enceintes se retrouventsouventprivéesdeservicesd’obstétriqueetdesoinspré-etpost-natals,freinantainsilesprogrèsenvuedelaréalisation,danslestroispays,del’objectifduMillénairepourledéveloppement(OMD)relatifàlamortalitématernelle.
À cela vient s’ajouter un risque accru de violencesexiste et d’exploitation des filles et des jeunesfemmes, qui a été rapporté dans ces pays, due enpartie à l’isolement par mise en quarantaine ou àlapertedeparentsdueàlaMVE.L’autonomisationéconomique des femmes a aussi subi des reversen raison de la fermeture des frontières qui a nuiau commerce transfrontalier (où la majorité descommerçants sont des femmes), à l’agricultureet à l’exploitationminière (où le taux d’emploi desfemmesestélevé).
commerce transfrontalier
Il est estimé que les échanges transfrontaliersinformelsenAfrique représentent43%duproduitintérieur brut (PIB) officiel, ce qui signifie que lesecteur informelestpresqueéquivalentausecteurformel (Lesserand et Moisé-Leeman, 2009). Lespolitiques de libéralisation économique, les tauxde chômage élevés et l’urbanisation croissantesurvenus récemment dans de nombreux États del’Afrique de l’Ouest ont entraîné une expansionénormedusecteurinformelaucoursdesdernièresannées. La croissance économique soutenue enAfrique de l’Ouest sera probablement de plus en
6. anaLyse De L’impact De La mve sur Le Genre et Les systèmes De santé
33
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
plusstimuléeparlesexportationsnontraditionnellescomme les produits agricoles, le bétail, le poisson,les objets d’artisanat et les produits manufacturés (CEA,UAetBAD,2010).
Les femmes dominent le commerce transfrontalierenAfriquedel’Ouest(70%danslarégiondufleuveMano),même si leur contribution économique estàpeinevalorisée.LeurcontributionauPIBnationals’élèveà64%delavaleurajoutéedanslecommercebéninois,à46%dansceluiduMalietà41%dansle commerce du Tchad. En Afrique de l’Ouest, lesfemmes engagées dans le commerce informeltransfrontalier emploieraient 1,2 personnes dansleurs entreprises à domicile et subviendraient auxbesoinsde3,2enfantset3,1personnesenmoyenne,lesquelsnesontnileursenfantsnileursconjoints.
Des 2 000 commerçantes opérant dans le secteurinformel transfrontalier interrogées par ONU-Femmesen2007-2009auCameroun,auLibéria,auMali,auSwaziland,enTanzanieetauZimbabwe,unegrandemajorité ont déclaré que leurs activités denégoceconstituaientlaprincipalesourcederevenupour leur famille, et qu’elles utilisaient cet argentpour acheter de la nourriture et d’autres articlesménagers, payer les frais scolaires, les services desanté, le loyer, réinvestirdans leursentreprises,oule placer dansdesbanqueset des clubsd’épargnedits«susu».
En bref, les fermetures officielles des frontièresprincipalesentrelaGuinée,laSierraLeone,leLibéria,laCôted’Ivoire,leSénégaletlaGuinée-Bissauontdeseffetsdévastateurssurlesrevenusdesménages13.
IndustrIes mInIères
Lesfemmessontprésentesdansl’industrieextractiveet en particulier dans le secteur minier, même sielles y sontmoins visibles, enpartieparcequ’ellesparticipent surtout à des activités artisanales et àpetiteéchelleconsidéréesdanscertainspayscomme
13 Selonlesdonnéesrécentes, lespourcentagesrespectifsdesménagesdirigéspardesfemmess’élevaientà30%auLibériaen2009,22%enSierraLeoneen2008,et17%enGuinéeen 2012. Source: Indicateurs du développement mondi-al, Banque mondiale, http://data.worldbank.org/indicator/SP.HOU.FEMA.ZS,consultésle25novembre2014..
illégales.LaGuinée,leLibériaetlaSierraLeonesontparmiles21paysd’Afrique14oùsetrouventplusde100000petitsopérateursminiers etqui ont entre600 000 et 9 millions de personnes à leur chargepourchacundecespays(CEAetCUA,2011).
Commecespetitesopérationsminièressontleplussouvent informelles, les décideurs, les analystesdes pays membres et la population en généralignorentleplussouventtoutdeleurcontributionaudéveloppementlocaletnational.Auniveaunational,leurs apports au PIB et aux recettes en devisesétrangères, quoique rarement enregistrés, peuventêtreimportants:parexemple,unexamendelamoitiédes recettesetdépensesdesquelque50à75000artisansmineursdediamantduLibériaprévoyaitque13,5millionsdedollarsdesÉtats-Unisparanseraientinjectésdansl’économielocale,créantdesmarchéspourdesproduitsagricolesoumanufacturierslocauxet augmentant lapart enespècesdes revenusdesménages. Les capitaux provenant des activitésminières artisanales et à petite échelle stimulentprobablementaussilesentrepriseslocalesformellesetinformelleseninjectantunsupplémentde33,75millionsdedollarsdansl’économielocaleduLibéria(CEAetCUA,2011).Parailleurs,84%des582000caratsdediamantsexportésdeSierraLeoneen2006provenaientdeminesartisanalesetàpetiteéchelle(Gouvernementsierra-léonais,2011).
Deprudentesestimationssuggèrentquelesfemmesreprésentent plus de 40 % des plus de 8 millionsd’employés des activités minières artisanales et àpetiteéchelleenAfrique(Banquemondiale,2012).Elles y travaillent dans des domaines divers telsque la prospection, l’exploration et l’exploitationminièreproprementdite,ainsiquelemarketing.Lesfemmesoccupentàcetégardtouteunegammedefonctions:manœuvressalariés,manœuvrespayésàla production, distributrices (acheteuses assurées),titulaires de permis, membres de coopérative,concessionnairesoubailleusesdefonds(financières,souvent détentrices d’un permis). En Sierra Leone,
14 Angola,BurkinaFaso,Côted’Ivoire,Érythrée,Éthiopie,Ghana,Guinée, Libéria, Madagascar, Mali, Mozambique, Niger,Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, Républiquedémocratique du Congo, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie,TchadetZimbabwe.
34
Commission économique pour l’Afrique
parexemple,cespetitesentreprisesminièressontlesdeuxièmesplusgrosemployeursaprès l’agricultureetassurent la subsistanced’environ200à300000personnesetleursfamilles.
Mais Ebola a contraint nombreux petits opérateursminiers–enparticulierdesfemmes–àabandonnercomplètementlesminesdediamantsetd’orenraisondescontrôlesplusstrictsimposésauxfrontièrespourempêcher la propagation de la maladie et autresrestrictionssurlalibrecirculationdespersonnes.Avantlacrise,lesminesd’orartisanales,secteurdominéparles femmes, leur rapportaient des revenus stableset fiables, contribuant à payer pour les dépensesessentiellesdesménages(Maconachie,2014).
Lesliaisonsenavalentreminesetagricultureontaussiété gravement compromises puisque les femmescombinent exploitation minière et agriculture, lesrevenusdesminesétantsouventréinvestisdanslesexploitations agricoles ou pour assurer l’expansiondesculturesmarchandes.
agriculture
Lesfemmesconstituentenmoyenne43%delamain-d’œuvreagricoledanslespaysendéveloppementetcomptentpour environdeuxtiers des 600millionsde pauvres éleveurs du monde (FAO 2013). Lesquestions liées au genredans l’économie d’un paysy déterminent la totalité de la production, de ladistributionetdelaconsommationmaissontsouventignoréesentempsdecrise(Spence,2012).DanslesdistrictsdeKailahunetdeKenemaenSierraLeone,parexemple,ilyadesfemmeschefsd’exploitationsagricolesetchefsdeménagesdontlesbasesontétésérieusement érodées, voire totalement anéantiesdufaitdesdécèsdusauvirusEbola(BAD,2014b).
De plus, les restrictions sur la circulation despersonnes se sont traduites par des manques àgagnerpourlesfemmesquisonthabituellementlesprincipaux soutiens financiers des familles rurales,desalimentsdebasepourrissantpourn’avoirpuêtremisenventesur lesmarchés.Les limites imposéesau nombre de marchands pouvant se rendre surles principaux marchés du Libéria – pour essayer
d’éviterlacontagion–ontentraînédelourdespertespour les femmes qui constituent quelque 70% deces commerçants. Enfin, l’accès et le contrôle desterresetautresressourcesproductivessontdevenusdifficilespourlesveuvespuisquetantauenGuinée,qu’au Libéria et en Sierra Leone le droit fonciercoutumierenmatièred’héritageestdiscriminatoireenverslesfemmes.
prestations De soins non rémunérés
Les soinsnon rémunérés reflètent la façondont lasociété compte sur les tâches de production et dereproduction que jeunes filles et femmes doiventexécuter pour les hommes de leur famille, quidéterminent la capacité d’un ménage à maintenirsa consommation quotidienne de base. Ce sont leplus souvent des heures de corvées intensives nedonnant droit à aucune rétribution (UAF-Africa,2014).Onestimequ’enGuinéelesfemmesontdesjournéesde15à17heuresd’activités familialesetprofessionnelles et leurs horaires de travail sontsimilairesauLibériaetenSierraLeone.
Commelesfemmesdoiventabandonnerleurstâchesjournalières pour s’occuper des membres de leurfamille atteintspar lamaladieoudesenfantsdontelle a fait des orphelins, elles ontmoins de tempspourgagnerdel’argent,pourcultiveretvendredesdenrées alimentaires, ce qui risque de se traduireparuneaggravationdel’insécuritéalimentaireetlaperpétuationducycledelapauvreté.
vuLnerabiLite Des systemes De sante africainsLa rapide propagation du virus Ebola a révélé quela plupart des système de santé africains n’ontqu’une faible capacité de réaction et de gestiond’une flambée épidémique, parce qu’ils disposentde peu demoyens que leur personnelmanquedeconnaissancesetque leurgouvernementn’accordepasunegrandeprioritéàcesecteur.
Il faut redonner la priorité aux systèmes de santéafricains et les consolider, comme le montrent lesdonnées ci-après. De solides institutions doivent
35
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
êtremisesenplacepouroffrirdesservicesdesantépréventiveaussibienquecurative,cequinepourraêtre atteint que si la performance et l’efficiencedesprincipauxélémentsdesservicesdesantésontaméliorées.Selonl’OMS,ilyasixélémentsessentiels,à savoir la prestation de services, le personnel desanté,lessystèmesd’informationetdeconnaissancesur la santé, les produits médicaux, les vaccins etlestechnologies, lefinancement, leleadershipetlagouvernance.
manque D’infrastructures
Les pays d’Afrique ont mis en place quelquesinfrastructuressanitaires,avec l’aidedepartenairesmais à 0,8 la moyenne africaine n’est même pasdeunhôpitalpour100000habitants(OMS,2014).Seuls 13 pays ont dépassé cette norme, le GabonseplaçantentêtetandisquelaGuinéeetleLibériasont bien en dessous de la moyenne africaine(figure8).Pireencore,ceschiffresontdiminuéparrapportau0,9de2013(leGabonavaitalorsquatrehôpitaux pour 100 000 habitants. En plus de cettepauvrecouverture,ilyaungraveproblèmed’accès,notamment en raison de la distance moyenne àparcourirpourcerendredanscescentresdesanté,enraisontantdeleurrépartitiongéographiquequedesmauvaisesinfrastructuresdetransport.
Lesservicestechniquesdenombreuxpaysd’Afriquerestent insuffisants, trop souvent équipés delaboratoires et d’unités de radiologies à peineopérationnels faute d’entretien, notamment parcequelamassesalarialegrèvelourdementleurbudget,(60à80%danslaplupartdesministèresdelasanté),cequilaissepeuderessourcesauxautrespostesdedépenses(GobbersetPichard,2009).Celasetraduitpar un fort pourcentage de personnel temporaire,parfois payé à la pièce sans contrat à duréedéterminée,avecdespraticienstraditionnelsetdesagents de santé peu formés. Parfois, une politiquedeservicescontractuelsestadoptée.Danscertainspays, la mauvaise gestion des recrutements dontestresponsableleministèredelafonctionpubliqueexpliquecesinsuffisancesquiconcernenttouteslesprofessions:médecins,infirmiers,soignantsqualifiés,techniciens de laboratoire, auxiliaires médicaux etassistantssociaux.
manque De personnel
Pourcequiestdesmédecins,lamoyenneafricaineest raisonnable, avec 2,6 médecins pour 10 000habitants,maisparpour les infirmierset lessages-femmes, puisque ces médecins supervisent enmoyenne12infirmiersetsages-femmes.Lesnormesdel’OMSsontd’unmédecinpour10000habitants,uninfirmierpour300habitantsetunesage-femme
fiGure 8 : nombre D’hôpitaux pour 100 000 habitants en 2013
Les 10 meilleurs Les 10 moins bons
Gabon Libye Tunisie Namibie Côte d’Ivoire Kenya Ghana Botswana Soudan Seychelles
Moyenne africaine
3,5 2,6 2,3 1,9 1,7 1,5 1,4 1,3 1,3 1,1
0,8
Bénin Eritrea Guinée Libéria Malawi Uganda RDC Burkina Faso Éthiopie Sénégal
0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,3 0,2 0,2
Source: OMS, 2014. Les icones utilisés dans cette figure ont été conçus par Freepik
36
Commission économique pour l’Afrique
pour 300 femmesen âgedeprocréer.Onmanqueaussiterriblementdepersonneld’accompagnementdesunitéssanitaires(plombierspourl’eaupotableetl’assainissement,électriciens,chauffeurs,techniciensdehautniveaupourleséquipements).
Dans les pays affectés par l’épidémie d’Ebola, laproportion demédecins est encore inférieure à lamoyenne africaine, soit 1 enGuinée, 0,2 en SierraLeoneet0,1auLibéria(figure9).Pourlesinfirmierset les sages-femmes, les indicateurs sont aussipréoccupants, au Libéria (2,7) et en Sierra Leone(1,7),mêmepas le quart de lamoyenne africaine.Comptetenudeceschiffres,lasurveillancemédicaleetl’accompagnementauxservicesdesantésonttoutàfaitinsuffisants.
Il y a surtout peu de personnel de santé en zonesrurales, lesmédecins préférant les zones urbaines,tandis qu’infirmiers et sages-femmes sont plusnombreuxdanslesecteurpublicquedanslesecteurprivé. Ce manque de personne est d’autant plusgrave dans les zones où les conditions de vie sontmauvaises, le plus souvent les zones rurales. Despraticiens étrangers travaillent aussi bien dans lepublicquedansleprivé.
Dans la plupart des pays, les médecins du secteurpublic travaillent aussi dans le privé (ne remplissantpas toujours leurs obligations de service public).
Ceci s’explique en général par de mauvaisesconditions de travail et des salaires trop bas dansles servicespublics.Mais l’absencedesuffisammentde rémunération même dans le privé mieux payéest à l’origine d’une constante recherche de postespluslucratifs,leplussouventoutre-mer,cequiprivele continent de nombreux agents de santé (figure10). Les pays d’où partent ces professionnels de lasanté pourraient cependant en retirer d’importantsbénéficesfinanciers(dumoinsdans lecourtterme):lerecrutementmassifdemédecinsghanéensquis’estopéréauRoyaume-Unientre1998et2002apermisàcepaysd’économiserprèsde172millionsdedollars(PerformanceManagementConsulting,2010).
Maislafigured’ensemblen’estpasencourageant:iln’y a enAfrique que 1,3%des agents de santé dumondemais sa chargedemaladie atteint 25%dela charge planétaire (Performance ManagementConsulting, 2010). Le manque de ressourceshumaines est extrêmement grave et a parfois desconséquencescatastrophiques.
manque De ressources
C’est bien le manque de fonds qui est l’une desprincipalescausesdeceschiffrespeureluisantssurlesinfrastructuresetlepersonneldesanté.CesontlesÉtatsquifinancentessentiellementleurssystèmesde santé.Dans certainspaysoù la décentralisation
Égypte Libye Tunisia Algérie Afrique du Sud Maroc Nigéria Namibie Botswana Cape Vert
28,3 19,0 12.2 12.1 7,8 6,2 4,1 3,7 3,4 3,0
Togo RCA Burkina Faso Mozambique Éthiopie Sierra Leone Niger Malawi Tanzanie Libéria
0,5 0,5 0,5 0,4 0,3 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1
2,6
Moyenne africaine
Les 10 meilleurs Les 10 moins bons
fiGure 9 : nombre De méDecins pour 10 000 habitants 2006-2013
Source: OMS, 2014. Les icones utilisés dans cette figure ont été conçus par Freepik
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
a mieux progressé, les communautés localesparticipent aussi à ces efforts (quoique la santécommunautaire,dontonparle tant,soit loind’êtreuneprioritéenAfrique).
L’OMS exhorte les pays à consacrer aumoins 9 %des dépenses de l’État au secteur de la santé et àleur crédit nombre d’entre eux le font (figure 11).D’autres organes ont fixé des cibles différentes: 10% pour l’Union africaine et 15% pour les pays dela Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) à 15 %. En 2011, ces taux étaient 19,1% au Libéria, 12,3 % en Sierra Leone et 6,8 % enGuinéeparrapportàunemoyenneafricainede9,7% (OMS2014).Mais ces chiffres risquentd’índuire
enerreur,puisqu’ilstémoignentdelareconstructiondes systèmes de santé de ces pays. En Guinée, laCoordinationnationaledeluttecontreEbolaaffirmequelevéritablebudgetsanténereprésenteque2,7%desdépensesdel’État.
LaplupartdesÉtatsd’Afriquedépensentdoncmoinsde20dollarsdesÉtats-Unisparhabitantparanetcertainsmoinsde10dollars, soitàpeine lamoitiédes34 à40dollars estimés requispour fournir lesservicesminimumsdesanté(Unionafricaine,2007).
Le secteur privé, confessionnel ou à but lucratif,contribueaussiaufinancementdelaprestationdesservicesdesanté.Lessalairesoffertsdanslafonctionpublique sont si bas que le secteur privé bénéficie
Source : Performance Management Consulting,www.performancesconsulting.com
fiGure 10 : Les principaux pays D’accueiL De La fuite Des compétences méDicaLes De L’afrique hors maGreb
France 24,494médecins africains
4,199 d’Afrique hors Magreb
Royaume Uni 15,258médecins africains
13,350 d’Afrique hors Magreb
États-Unis 12,813médecins africains
8,558 d’Afrique hors Magreb
Portugal 3,859médecins africains
3,847 d’Afrique hors Magreb
Canada 3,715médecins africains
2,800 d’Afrique hors Magreb
Australie 2,140médecins africains
1,596 d’Afrique hors Magreb
38
Commission économique pour l’Afrique
des ressources humaines qui abandonnent lesecteurpublic(etcommeonl’amentionnécertainsd’entreeuxseserventdesinfrastructurespubliquesdansleurpratiqueprivée).Cespratiquesquipeuventaugmenter le coût des soins de santé risquent deréduirelacrédibilitédusecteurofficieldelasantéauprofitdestradipraticiens.
manque D’intégration
Dansplusieurspays, le secteurde la santén’aquepeu de soutien des autres secteurs, démontrantl’absenced’uneapprocheplurisectorielled’ensembleintégrantlesdimensionsculturellesdespopulationset les contributions des autres secteurs à lapromotiondessoinsdesanté.Laprogressionrapidede l’épidémie d’Ebola ne s’explique pas seulementparlesdifficultésdessystèmesdesanté,maisaussiparlafaillitedesautrespolitiquessectorielles.
Par exemple, le manque d’accès à l’eau potableet le peu d’attention consacrée à l’assainissementvulnérabilisent gravement les populations des paysaffectés, de même que la malnutrition. Du pointde vue économique, l’agriculture africaine viseessentiellement les culturesmarchandes destinéesàl’exportationauxdépensdesculturesalimentairesquinebénéficientpasdu toutdesmécanismesde
soutien à la production et aumarketing, et voientdonc leur expansion limitée. Cette orientationrenforce ladépendancedessourcesextérieuresdedenréesalimentaires,voireencoreplusdel’assistancealimentaire, ce qui handicape la production locale.Les services de santé posent aussi des problèmespour l’environnement, en raison de la mauvaisegestiondesdéchets.
Mais les activités transfrontalières sont trèsimportantes et d’une certaine façon intégrées,raison pour laquelle la fermeture des frontières estune mesure absolument draconienne. Ce sont cesactivitésquiontpermislapropagationrapideduvirusEbolaqui,depuislaGuinée,s’estrapidementétendudanstoutelaSierraLeoneetleLibéria.Enjuin2014,alorsqu’iln’yavaitquedeuxcasenGuinée,mais levirus est revenu de Sierra Leone pour se propagertrèsrapidementdanstoutlebassindufleuveMano.Il faut ajouter à cela les cas importés auNigéria enprovenance du Libéria et ceux importés au SénégalenprovenancedelaGuinée,leNigériaetleSénégalréussissant rapidement à les traiter. Des cas enprovenancedeGuinéeontétéimportésauMali.
L’échec de l’intégration et de la coordinationdes activités internationales est aussi évident:
fiGure 11 : part Des Dépenses De santé Dans Les buDGets nationaux en 2011 (en %)
Source: OMS, 2014. Les icones utilisés dans cette figure ont été conçus par Freepik
Rwanda Libéria Malawi Togo Lesotho Zambie Djibouti Namibie Burundi Madagascar
24,0 19,1 17,0 15,4 14,5 14,4 14,1 13,9 13,6 13,5
Nigéria & Ouganda Égypte Maroc Kenya Angola São Tomé et Príncipe Libye Soudan du Sud Érythrée Tchad
6,4 6,3 6,0 5,9 5,6 5,6 4,5 4,0 3,6 3,3
9,7
Les 10 meilleurs
Moyenne africaine
$
Les 10 moins bons
39
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
l’Organisation ouest-africaine de la santé, parexemple, n’a pas pu remplir pleinement son rôlede répartition des ressources requises et derenforcement de la coopération entre les Étatsmembres et des pays tiers afin de trouver dessolutions collectives et stratégiques aux problèmes
sanitaires de la sous-région. Les pays voisins ontpréféréfermer leurs frontières,aggravant lamisèreetlessouffrancesdécritesplushaut.
40
Commission économique pour l’Afrique
Ilest importantdesavoirceque lemondeditdel’épidémie d’Ebola – ses « perceptions ». Lesopinionsexprimées,suivant les lieuxet le temps,
sont-ellesoptimistesoupessimistes?
Poursavoircequ’ilenest,onaeurecoursàune«analysedessentiments»,unetechniqued’exploration
desdonnéesdevenuetrèspopulaire,enparticulieraprès larecherchedePangetLee(2008).L’analysedes sentiments, aussi appelée « fouille d’opinion», utilise les techniques de traitement du langagenaturel pour déterminer l’attitude des locuteursquantàteloutelsujetavecdestechniquestellesqueladétectiondesmotsclefs,lecalculdessimilitudes
7. anaLyse Des perceptions
>2015-2010-155-10<5Pas de données
Scores des sentiments
Afrique Amériquelatine
Asie Océania Amériquedu Nord
Europe
25
2015
105
0
Scores des sujets économiques25
2015
105
0
Scores des sujets médicaux25
2015
105
0
Scores des sujets sociaux
Afrique Amériquelatine
Asie Océania Amériquedu Nord
Europe Afrique Amériquelatine
Asie Océania Amériquedu Nord
Europe
fiGure 12 : scores Des sentiments et autres sujets Dans Des articLes à propos Du virus eboLa
Source : Calculs de la CEA effectués à partir d’un échantillon d’articles.
41
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
entres textes en fonction de la fréquence et de lacorrélationdestermes,ainsiqued’autrestechniquesadaptées spécialement aux documents textes.L’idée fondamentalede la fouilled’opinionestquelorsqu’unlocuteurporteunjugementpositifsurunsujet,ilouelleatendanceàutiliserdestermespluspositifsenenparlantetvice-versa.
D’autres techniques statistiques permettantd’extraire et de regrouper automatiquement lessujetsrécurrentsdansuntexteontaussiétéutilisées.Cestechniquessontnotammentunevariantede lafouilled’opinionquicalculelesfréquencesdesmotsconcernantunsujetspécifiqueetl’algorithmeLingo(Osinski,StefanoskietWeiss,2004),quipermetdetrouver automatiquement les phrases récurrentesdansunelistedetextesetdeclasser lestextesparsujetsurlabasedecesphrases.
analyse Des sentiments
Enseservantde2502articlespubliésdanslespaysaffectés entre mars et novembre 2014 et de 729articles publiés dans divers autres pays de par lemonde,onacalculéunscoredesentimentà l’aidedu logiciel R de fouille des textes avec son plug-ind’analysedessentiments.
Une analyse préliminaire de toute une gammed’informations,dontdesactualités,desrapportsetdes étudesportant sur la flambée actuelle d’Ebolaillustrelesentimentgénéralquel’onadansdiversesparties du monde à ce propos (figure 12). Unscore élevé signifie que les gens ont une attitudegénéralement positive lorsqu’ils parlent du virusEbolaetviceversa.Cescoreestcalculéà l’aidedel’infrastructurede fouilledestextesduprogicielde
encadré 4 : brussels airlines au service des trois paysBrusselsAirlinesmaintientdesvolsàdestinationdeConakry,enGuinée,deMonroviaauLibériaetdeFreetownenSierraLeone.Sesvolsbi-hebdomadairesentreMonroviaetBruxelles(volSN1247),sontmaintenantlaseuleliaisonaérienneentrecettevilleetl’Europe,enfaisantunvéritablepontaérienhumanitaire.Continuantdedesservir lespaysaffectéset lasous-région, lacompagnieaé-riennebelgeprendlamenaceduvirusEbolatrèsausérieuxetpoursuituneévaluationconstantedesrisquesetdescommunicationsintensivesaveclesdiversesorganisationsquiluttentcontrelamaladie,dontleMinistèrebelgedelasantéetMédecinssansFrontières,ettravailleenétroitecol-laborationaveclesautoritéslocalesafindemaintenirdestrictesmesuresdeprécaution.
Le4novembre,BrusselsAirlinesavaitsuspendutemporairementlesréservationsde77personnes«suspectes»quiessayaientdepartirdetroispaysd’Afriquedel’Ouest,maisces77passagersontpuensuiterécupérerleursréservationslorsqu’ils’estavéréqu’aucund’entreeuxn’avaitcontractélamaladie,maisqu’ilssouffraientdemaladiespluscommunes,maismoinsmortelles,commelepaludisme.
LesliaisonslongcourrierentrelaBelgiqueetl’Afriqueexistentdepuislongtemps.Lacélèbrecom-pagnieprécédente,laSabena,dontBrusselsAirlinesarécupéréleréseau,acommencéàdesservirLéopoldville,auCongobelge,dès1925.
BrusselsAirlinesconfieàdeséquipagesvolontaires lesvolsvers lespaysaffectésparEbolaetatrouvéjusqu’àprésentsuffisammentdevolontairesdanssesrangspourmaintenirtoussesvols.Ré-cemment,souslapressiondemembresdesonpersonnelinquietspourleursécurité,lacompagnien’apasenvisagéd’annulerdesvolsmaisaajustéseshorairespouréviterqueseséquipagesdoiventpasserlanuitdansleszonesaffectéesparlevirus.BrusselsAirlinesaenvoyéleséquipagesquiau-raientdûresterprèsdeMonrovia,parexemple,versdeshôtelssituésdansd’autrespaysd’Afriquede l’Ouest,enGambie,auSénégalouenCôted’Ivoire,mesurepréventivesetraduisantparuneescaletechniqueetuneheuredevoldepluspourrentreràBruxelles.
CesdécisionsdeBrusselsAirlinessontdesexemplesnonseulementderesponsabilitéhumanitairemaisaussidebonnespratiquesentermesderesponsabilitésocialedesentreprises,enparticulierdanslecontexted’uneurgencehumanitairesicomplexe.
Source:CEA.
42
Commission économique pour l’Afrique
statistiquesR(RDevelopmentCoreTeam,2012)enfonctiondelafréquencedesmotspositifsounégatifs(Meyer, Hornik et Feinerer, 2008). Le graphiquemontreégalementlesscoresdesujetséconomiques,sociaux et médicaux calculés avec des méthodessimilaires. Les scores ont été normalisés afin queleursommesoitde100,c’est-à-direqueseulesleursvaleursrelativessontsignificatives.
LarégionlapluspositiveausujetduvirusEbolaestl’AmériqueduNord,suivieparl’Afrique,puisl’Europe,larégionlamoinspositiveestl’Océanie.Lesrégionsoùlesscoressontlesplusélevéssontcellesquiontfait l’expériencedecasde lamaladied’unepartetd’autrepartcellesoùlamaladieaétéleplussouventmentionnéeaux actualités. Les sentimentsnégatifsà l’égard de la maladie semblent essentiellementdus à la peur et plus on en parle, plus cette peurdisparaît. Les gens sont moins inquiets quand ilssavent exactement ce dont il s’agit, comment lamaladie se propage, comment on peut l’éviter etessentiellement qu’elle peut être contrôlée. Lapeur est probablement le principal facteur par lecanal duquel la maladie pourrait avoir un impact
sur l’économie des pays africains non affectés, leshabitantspouvantannulerleursdéplacementsetlesentreprisesdétournerleursinvestissements.
Les restrictions gênent déjà les déplacements desagentsetfournituresdesantéetnefacilitentpaslesuividelamaladie,handicapantleseffortsdéployéspour arrêter l’épidémie, quoiqu’il y ait encore debonnespratiques(voirl’encadré4).Lacommunicationau sujet de la maladie est donc particulièrementimportante, en particulier des campagnes visant àcontrerlesmessagesmédiatiquesnégatifs.
Lessentimentsdanslespaysaffectésparlevirusetdans les pays non affectés ont suivi des tendancessimilaires (figure 13) mais ceux de l’opinioninternationaleonttoujoursétépluspessimistesqueceux des pays affectés (et au niveau international,les sentiments sont devenus encore plus négatifsque dans les pays affectés en septembre 2014,lorsque le premier cas a été diagnostiqué dans unimportantpaysoccidental),signifiantunpessimismeinutile dans les pays non affectés. Mais ces deuxsentiments convergentmaintenant, ce qui suggère
0
5
10
15
20
25
30
35
40
03/2014 04/2014 05/2014 06/2014 07/2014 08/2014 09/2014 10/2014 11/2014
Score
(%)
Articles publiés dans les pays a�ectés Articles dans les médias internationaux
fiGure 13 : scores Des sentiments caLcuLés sur La base D’articLes pubLiés Dans Les pays affectés et Dans D’autres pays
Source: Calculs de la CEA effectués à partir d’un échantillon d’articles publiés dans les pays affectés et dans d’autres pays
43
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
fiGure 14 : nuaGe De mots issus Des actuaLités concernant eboLa
Source : Calculs de la CEA effectués à partir d’un échantillon d’articles.
GOVERNMENTCARE
QUARANTINEISOLATION
NATIONSWORLD
FIRST
POSSIBLE
TWO
HOSPITALSNATIONAL
AFRICANHOMEMINISTRY
AFFECTED
CASE
RESPONSENEW
TREATMENT
FEDERAL
PROTECTIVE
QUARANTINED
DAYS
STATELAST
AFRICALIKE
CAN SIERRA
HEALTH
INCL
UDIN
G
REPORTED
RETURNINGFIGHT
MANDATORY
ALSO
DISEASE
YORK
MAN
JERSEY
HEALTHCARE
NEED
CENTERS
CRISIS
MAINEEARNEST
EBOLA
TOLD
OFFICIALS
GEAR
MAKE
SUSPECTED
INFECTED
HELP
LEONE
DEAD
LY
NOW
TAKEN
MEASURES
EQUIPMENT
COUNTRY
CITY
SINCE ORGANISATION
SUPPORT
LOCAL
UNIVERSITYCONTACTSAID COUNTRIES
TEXAS
WEEK
PATIENTS
SAYS
WITHOUT
MUST
SPREAD
PEOPLE
HOSPITAL
PROTECT
POLICY
EPIDEMIC
WOR
KING
NURS
E
RISK
LIBERIA
PRESS
DOCTORS
DIED
NEWS
WORK
WHITE
CONTROLDAY
CASES
GUID
ELIN
ES
UNITED
MEDICAL
WORKERS
KACI
INTERNATIONAL
BLOOD
MILLION
CDCCHRISTIE
PATIENT
AUTHORITIES
ONE
MONDAY
GUINEA
DIRECTOR
WEST
PUBLIC
HICKOX
EVEN STATES
FEVER
COME
GOIN
G
OUTBREAK
HOUSE
SYMPTOMS
VIRUS
WANT
ACCORDING
WILL
THREE
AMERICAN
quelepessimismedisparaîtaufuretàmesurequelemondeapprendàvivreavecl’épidémie.
sujets récurrents
Laperceptiondecettecrisepeutaussiêtreillustréedans un nuage de mots (figure 14). La fréquencedemots telsque«said» (dit)montreque lesgensse fient essentiellement aux propos rapportéspar d’autres personnes. Il en ressort aussi que lesgens pensent surtout aux aspects sanitaires, peud’expressionsportantpourlemomentsurlesaspectséconomiquesousociaux.
Aveclamêmeméthodologiequepourl’analysedessentiments,onacalculédesscores,enutilisantnonpas une liste de mots exprimant des sentimentspositifs ou négatifs, mais des mots exprimant des
préoccupationséconomiques,médicalesetsocialesau sujet du virus Ebola. La figure 15 illustre lesdifférences des préoccupations exprimées dansles articles suivant qu’ils ont été écrits par despersonnesvivantdanslespaysaffectés(«actualitéslocales ») ou à l’extérieur de ces pays (« actualitésinternationales»).
Ebola étant avant tout une question médicale, lessujets médicaux dominent les actualités localeset internationales, ces dernières mettant plusl’accent sur ces aspects au début de la flambéeépidémique parce qu’à ce moment-là, la plupartdes articles incluent une longue description de lamaladie, son histoire, son fort taux de mortalitéet ses mécanismes de propagation. Par exemple,une alerte sécuritaire diffusée en mars 2014 parune ambassade occidentale à Conakry confirme la
44
Commission économique pour l’Afrique
présenceduvirusenGuinéeforestière.Lemessagedécrit les symptômes de la maladie, indiquent letaux demortalité et les façons dont lamaladie sepropageetrecommandentd’évitertoutcontactavecdes personnes en présentant des symptômes enattendantplusamplesinformations15 .
Cemêmemois,lespremièresinquiétudesausujetdelapropagationversl’ouestduvirusEbolaapparaissentaveclecasd’unmédecinrentrantchezluiaprèsavoirtravaillédansdesrégionsaffectéesetprésentantdessymptômesdelamaladie(RTNews,2014).
Les préoccupations médicales d’un mois à l’autremontrentdefaiblesdiminutionsenmai,septembreetnovembre,maislesscoressontconstammentélevés.C’estverslemoisdejuinquel’expression«horsdecontrôle» commenceàêtre régulièrementutilisée(MSFCanada,2014).Celacorrespondàunepériodeoùlespréoccupationsd’ordremédicalreprennentledessustantdansl’actualitélocalequ’internationale.Enjuillet2014,lepremiercasd’EbolaestsignaléauNigéria,redoublantl’inquiétudeinternationale.Maisle cas nigérian fut remarquablement bien traité,prouvant à la communauté internationale qu’il esteffectivementpossibledecontrôlerlapropagationduvirusdansunpayspourvud’yprendredesmesuresadéquates (encadré1).Lecasnotifiéenaoût2014auSénégala luiaussiétébien traité,aumoyendemesuresd’endiguementetdetraitements.
15 “SecurityMessage for U.S. Citizens: Ebola Hemorrhagic Fever,” USEmbassy—Conakry, Guinea:http://searchabout.wc.lt/look/Conakry_Guinea_Ébola/Security_Message_For_U_S_Citizens_Ébola_Hemorrhagic__/aHR0cDovL2NvbmFrcnkudXNlbWJhc3N5Lmdvdi-9lYm9sYWhlbW9ycmhhZ2ljZmZ2ZXIuaHRtbA==_blog
Cesdeuxcasexpliquentprobablementpourquoilesactualités internationales s’inquiètent moins de lamaladieenseptembre,octobreetnovembre,mêmealorsquelepremiervéritablecasd’EbolaauxÉtats-Unis, confirméen septembre2014, attire vraimentl’attentiondes citoyens occidentaux sur l’épidémie.En octobre 2014, un article publié par un journalrwandais intitulé: En quoi l’Ouest se trompe enparlantd’Ebola (AllAfrica,2014a),citedesdonnéesprovenantdeGoogleTrends,quisuitlapopularitédesujetsspécifiquesdanslesstatistiquesdesactualitésetdeTwitter,etdéclarequelemonden’avraimentcommencé à s’intéresser à l’épidémie d’Ebola quelorsqu’elleatouchédespatientsauxÉtats-Unis.
Pourcequiestdesscoresdessujetssociaux,lesscoresélevésdanslespremiersmoisdel’épidémiedanslesnouvelles locales signalent la périodeoù la sociétéestencoreentraind’absorberlechocetd’essayerdemodifier ses comportements. Les changements decomportementssociauxnécessairessontnombreuxetlachuterapidedesscoresdémontreàquelpointlespopulationsontapprisàvivreaveclamaladie.
Les sujets économiques semblent ne pas être unepréoccupationmajeuredansl’actualitéinternationaletandis que les nouvelles localesmettent beaucoupl’accentsurelles.Unefoisquelasociétéaabsorbélechocinitialdel’épidémieetaapprisàvivreavec,les incidences économiques sont devenues unepréoccupationmajeuredanslespaystouchés.
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Nouvelles locales Nouvelles internationales
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fiGure 15 : scores Des sujets économiques, sociaux et méDicaux Dans un échantiLLon D’articLes
Source : Calculs de la CEA effectués à partir d’un échantillon d’articles.
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Les conséquences socio-économiques etintangibles d’Ebola varient d’un pays affectéà l’autre, d’une couche de la société à l’autre,
comme d’un secteur économique à un autre, dessolutions ou réponses standard risquent donc dene pas être très utiles. Idéalement, les réponsesdevraientêtre spécifiques,mais commecettecriseestenpleineévolutionetquel’onapeudedonnéesfiables,desrecommandationsaussispécifiquessontimpossibles. Le présent rapport présente donc desrecommandations d’ordre assez général dans lesquatredomainessuivants.
sur Le pLan épiDémioLoGiqueIl faut s’efforcer de s’assurer que toutes les personnes infectées aient accès en temps opportun à des traitements dans des centres de santé désignés à cette fin, ceci permettrait de prévenir denouvelles infections. Cela signifie qu’il fautrapprocherlescentresdesantédescommunautés.
Il faudrait recenser précisément tous les acteurs opérant dans les trois pays afin d’établir exactement ce que fait chacun d’entre eux, comment ils agissent et l’impact de leurs interventions. Il fautcommencer par une évaluation bien structurée etdétaillée des besoins socio-économiques des paysaffectés pour déterminer leurs besoins prioritairesà court, moyen et long termes, ce qui servira deguideauxinterventionsdesdiversacteurs.Cesdeuxmesuresontpourobjectifd’assurer lacoordinationappropriée des interventions afin que celles-cisoient orientées vers les besoins prioritaires descommunautésaffectées.Cesmesuressontrequisesparcequel’épidémieaattirédenombreuxacteursenparticulierdanslestroispaysaffectéset,commedanslecasd’autrescrises,lesproblèmesdecoordination,s’ilsnesontpasbiengérés, risquentd’aggraver lesimpactsd’Ebolaplutôtquedelesatténuer.
Il faut formuler des stratégies de collecte et de dissémination de données fiables. L’ampleurépidémiologique d’Ebola ne peut être mesuréeavec précision, non plus que l’impact exact desinterventions, quoique les nombres cumulés despersonnes infectées aient commencé à diminuerdanslespaysaffectés; ilfaudraitmeneruneétudeaucasparcas(enparticulierauLibériaetenSierraLeoneoùlescasnotifiéssontplusnombreuxqu’enGuinée). On manque terriblement de donnéesfiablesetappropriéessur lesdiverssecteurssocio-économiquesdes troispays,enpartiedu faitde lasuspension de nombreuses activités statistiquesdanscespaysdepuisledébutdelacrise.L’absencededonnéesen temps réel sur lenombrededécèspar lieu et par cause handicape sérieusement lapossibilité d’assurer le suivi de la maladie pourpouvoir prendre des mesures préventives etcuratives.Touteinterventionsanitairedépenddelacollecte continueet de la disponibilité dedonnéesdebasesurlamortalitéparâge,parsexe,parendroitetparcause,notammentgrâceàdesregistresd’étatcivil bien tenus. La présente recommandation sesubdivisecommesuit:
• Des systèmes de suivi de la morbidité dans les populations en temps réel, en particulier pour les maladies transmissibles, doivent être mis en place. Lecoûtde l’absencedetelssystèmespermettantderepérertouteinfectiondèssesdébutsetd’obtenirensuitedesdonnéessur lamaladie en temps réel a non seulementdes conséquences catastrophiques en matièrede santé mais aussi de graves impacts socio-économiques. Une collecte permanente desdonnées,permettantenparticulierd’obtenir lenombredecassignalés,confirmésetprobablesainsique lapréparationsoigneusesdeschiffresdemortalitéduesauvirusEbola,permettraitde
8. recommanDations
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
mieux comprendre la dimension du problème.De surcroît, il faut poursuivre des enquêtesauprès des ménages et des individus pourformuler de meilleures interventions baséessur les résultats de ces enquêtes de terrain.Les analyses d’évaluation du bien-être et desproblèmes des ménages et des particuliers euégardauvirusEbolanepeuventêtreeffectuéesque si l’on dispose des données provenant detelles enquêtes.
• Il faut réconcilier et harmoniser les sources des données et renforcer les capacités des offices nationaux de statistiques dans le traitement des statistiques. À moyen et long terme, laCommissionéconomiquepourl’Afriqueestprêteàappuyerlespaysaffectés,àtraverssonCentreafricainpour lastatistique,pour leurpermettred’améliorer leurs capacités statistiques enoffrant des formations appropriées pourl’utilisation des normes statistiques reconnuesinternationalement. Ces efforts devraient êtrecomplétés par la mise en place de systèmesd’alerterapideàproposdelamaladie.
• La gestion épidémiologique et le contrôle du virus Ebola doivent commencer par une bonne compréhension du profil de la maladie, de son intensité et de ses dynamiques, y compris ses diverses souches. Ceci exige d’apprendre etde réapprendre les profils pathologiques de lamaladie,sesmodesetintensitésdetransmission.Plus important encore, il faut mobiliser dansles pays d’Afrique membres de la Commissionéconomiquepourl’Afriqueetailleurs,unnombresuffisant d’épidémiologistes, de médecins,d’infirmiersetd’expertsensantépubliquepourles déployer dans les pays affectés. LaMissiondesoutiendel’Unionafricainecontrel’épidémied’EbolaenAfriquede l’Ouest(ASEOWA),visantàrenforcerlescapacitésdessystèmesdesantélocaux,devraitêtreconsolidée,notammentavecune augmentation du financement des Étatsmembresetdespartenaires.
• Des mesures doivent être prises d’urgence pour consolider les systèmes statistiques des trois pays, notamment en rouvrant et renforçant leurs registres d’état civil. Desmesuressimilairesdoiventêtreprisesdanslespaysd’Afriquenonaffectésoùles systèmes statistiques et d’enregistrement desfaitsd’étatcivilsontinsuffisants.
Les facteurs de propagation d’Ebola devraient être clairement isolés des autres maladies pour éviter de prescrire des solutions à de faux problèmes. Des modélisations statistiques avec plusieurs scénariospeuventpermettredevérifierleseffetsd’Ebolaavantetaprèsdanslestroispays.Àcetégard,ilseraitbond’améliorer la résilience des systèmes de santé decespaysaffectésparEbolaettoutesautresmaladies.
Les communautés doivent strictement respecter les protocoles concernant les enterrements, notamment en exigeant que les victimes ne soient enterrées que par du personnel qualifié pour éviter toute nouvelle contamination par interaction avec les cadavres.Leséquipesspécialeschargées de procéder aux enterrements dans lestroispaysdevraientêtrerenforcéesetencouragéesàcontinuerdetravailleravec lescommunautésetlespersonnelsdesantélocauxafind’assurerquelesenterrements répondent aux normes de sécurité.Il faut donner aux laboratoires et aux hôpitauxsuffisamment de ressources en équipementsdiagnostiquesmodernes et recycler constammentlepersonneldesantépourrépondreàlademandeactuellerelativeàl’épidémied’Ebola.
Il faut mobiliser plus de ressources locales pour assurer que les volumes et types de resources alloués au secteur de la santé et, en particulier, à la lutte contre Ebola soient adequats. À partirdes cadres institutionnels existants comme lespartenariats public-privé, le Forum internationaldes dirigeants d’entreprises africaines et lesorganisations philanthropiques (par exemple, laFondationMoIbrahim),lesecteurprivéetlesrichescitoyensafricainsdevraientcontinueràmobiliserdesressources,commecelaaétéfaitennovembre2014,lorsquedesreprésentantsdusecteurprivéréunisen
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Commission économique pour l’Afrique
Éthiopiesouslesauspicesdel’Unionafricainedanslecadredesefforts internationauxpourmobiliserdesressources en Afrique et pour examiner commentrenverser le déclin économique des pays affectéset assurer leur redressement économique. Ennovembre2014,lesecteurprivéafricains’estengagéàverserunmontantde32,6millionsdedollarsaufondsdusecteurprivépourEbolagérépar l’Unionafricaine16.
Les gouvernements doivent recruter un nombre suffisant d’agents de santé qui pourraient être formés et déployés rapidement afin de donner aux ménages des zones rurales des informations sur Ebola. En plus de donner des emplois à desmilliers de personnes, cettemesure pourrait servirà empêcher à l’avenir la propagation desmaladiesinfectieuses.
sur Le pLan économiqueL’Afrique de l’Ouest et le continent africain dans son nsemble ne devraient pas s’alarmer de la baisse de la croissance du PIB entraînée par la maladie à virus Ébola. Les trois pays touchés pâtiront certeslourdement de la réduction du PIB,mais les effetstant sur l’Afrique de l’Ouest que sur le continentseront minimes: - 0,19 point de pourcentage et -0,15en2014et2015,respectivement,pourl’Afriquedel’Ouest,et-0,05pointdepourcentageet-0,04en2014et2015,respectivement,pourlecontinent.
Pour dynamiser l’économie et contrecarrer les effets indirects dérivés de la panique, la meilleure chose que puissent faire les États est de rétablir et renforcer la confiance. Larelanceéconomiquedanslespaystouchésdémarreraunefoisquel’épidémiesera maîtrisée et que toutes ses répercussionséconomiquesserontétablies.Laseuleaidenesuffit
16MTN Group et BAD (10millions de dollars américains chacun), leDangoteGroupandTrust(3millionsdedollarsaméricains),EconetWireless(2,.5millionsdedollarsaméricains),MotsepeFamilyTrust,Stenbeck Family, Afrexim Bank,Coca Cola Eurasie et Afrique, VitolGroup of Companies andVivo Energy ($1million de dollars amér-icains),); Quality Group of Tanzania, Old Mutual Group, NedbankGroupetBarclaysAfricaGroupLimited(500000dollarsaméricains;etUnitedBankforAfrica(100000dollarsaméricains)(http://pages.au.int/ebola/news/message-of-African-Union-Commission-Chairper-son-on-good-progress-on-AU-Private-Sector-Ebola-Fund).
pas.Ilestextrêmementutiledediffuserrégulièrementdesmessagescohérents–etoptimistes, lorsque laréalitél’autorise–surlamaladieàvirusÉbola.
Les enseignements tirés des programmes de relance antérieurs qui ont été couronnés de succès devraient être mis à profit dans l’élaboration d’interventions réalisables face à l’épidémie de la maladie à virus Ébola. L’expérienceduLibériaetdelaSierraLeone,notamment, est riche d’enseignements puisqu’ilssontparvenusàreconstruireleuréconomieaprèsdesguerresciviles.Cespaysfragilessortantd’unconflitontréussiàreleverledoubledéfidepréserverlapaixtoutenrebâtissantleurséconomies.Ilssaventdoncquelles mesures de gestion économique prendrepourserelever,cettefois,del’épidémied’Ébola.Onpeut raisonnablements’attendreàcequ’ils suiventde nouveau la même trajectoire de croissancesoutenueunefoisl’épidémieendiguée.
• Les mesures budgétaires doivent prévoir l’instauration de programmes de protection sociale et de filets de sécurité afin d’aider les familles des victimes et les membres proches de leurs communautés. Il ya lieudecibler lesgroupesvulnérablesquiontsouffertdemanièredisproportionnée de la crise, nommément lesorphelins,lesenfantsquiontperdul’undeleursparents et les femmes qui prennent soin desmembres de la famille et qui s’exposent à degrands risques. Demême, d’autres groupes auseindelasociétéontperduleuremploienraisonde lamaladieàvirusÉbolaetdeseseffetssurlesentrepriseset laproduction. L’appuidevraitdoncfournirunesolideprotectionsocialeenvuede faciliter le redressement socioéconomiquedes groupes sévèrement touchés et dont lesmoyens de subsistance sont menacés. L’aideinternationaleet lamobilisationdesressourcesdans les pays peuvent être affectées à ce typed’interventions.
• Les pays qui ne sont pas directement touchés doivent procéder à des réaffectations budgétaires pour être mieux préparés et mieux maîtriser la maladie en cas de flambée
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
épidémique de la maladie à virus Ébola. Cela n’estpaschosefacileétantdonnélespressionsconcurrentesquis’exercentsurlesbudgetsdéjàserrés de la plupart des pays africains. Pourautant,mieuxvautagirdemanièrepréventive.L’aideinternationaleaideàcomblercertainsdesbesoinsdefinancementcréésparlacrise.
• Fournir des incitations ciblées pour attirer l’investissement local et l’investissement direct étranger. Les États touchés devraientenvisager d’accorder des exonérations fiscalestemporairesetdessubventionsauxinvestisseursnationaux et étrangers potentiels afin d’attirerces derniers qui évitent peut-être ces pays (ouen ont été chassés). Ils devraient établir desbureaux d’investissement et s’appuyer surles réseaux de banques de développementinternationales et régionales telles que la BAD.Il faut inciter les investisseurs àtirer profitdesmesuresintéressantesetdescréneauxrentablespour les sociétés étrangères dans l’exploitationminière,l’agriculture,l’industriemanufacturièreetletourisme.
• Réduire les taux d’intérêt pour stimuler la croissance. Cela aiderait les investisseurs,notamment les chefs de petites et moyennesentreprisesdont lesactivitésontsubi leseffetsdelacrise.
• Les pays devraient faire preuve de prudence dans la gestion de leurs taux de change et éviter d’adopter précipitamment des mesures d’ajustement. En dépit de la crise et de labaisse des échanges, d’importants afflux decapitauxsoutiennentlesmonnaies(parexemplel’enveloppede450millionsdedollarsprovenantde la Société Financière Internationale. Unelégère dépréciation peut aussi promouvoir lacompétitivitédesexportations.
Les créanciers bilatéraux et multilatéraux devraient sérieusement envisager d’annuler la dette extérieure des trois pays. Cespaysvontdésormaisavoirextrêmementdemalàhonorerleursobligationsinternationalesautitredeladette(voirfigure6).Des
mesuresjudicieusementélaboréesd’annulationdeladetteleurpermettraientderecentrerleursénergiessur la maîtrise de l’épidémie et de dégager desressourcespourappuyer la reconstructionde leursfragileséconomies.Cettepropositionest conformeàlademandeformuléeparlespaysduG20lorsdusommetdeBrisbaneetnedevraitpassesubstitueraux contributions annoncées par les InstitutionsFinancières Internationales (IFI)dans lecadrede lalutte contre Ébola. Lesmesures d’allégement de ladettedontabénéficiéHaïtiaprèsletremblementdeterreconstituentunbonmodèle.
Les trois pays touchés, et les États voisins qui ont perdu leur statut de destinations touristiques, devraient formuler des stratégies pour renforcer les liaisons entre eux et l’ensemble de la région. Ilsdoiventparailleursadopterdesmesurespropresà encourager les voyages d’affaires, assouplirles procédures d’obtention de visas d’entrée etencourager l’octroi de tarifs compétitifs dans leshôtelsetsurlesproduitstouristiquesconnexes.Desstratégies soigneusement conçues devraient êtreadoptéesàmoyentermepourrenforcerlaconfiance,ens’inspirantdesenseignementstirésdesinitiativesderedressementmisesenœuvreenHaïti.
Les États et les partenaires du développement devraient investir à court, moyen et long termes dans le renforcement des compétences et du capital humain afin d’améliorer l’offre de main-d’œuvre. Ils devraient notamment appuyer les mineurs artisanaux, accroître la valeur ajoutée et créer des emplois dans le secteur minier. Plus généralement,ilsdevraientsuperviserl’améliorationdesréseauxd’assainissementetd’égouts.
Les mesures de lutte devraient viser le renforcement des contrôles sanitaires aux frontières et non la fermeture des frontières, à moins que des raisons impérieuses ne l’exigent.Unetelleinitiativedevraitégalement fournirunappui auxmilitairesdéployésaux postes de contrôle et prendre en compte lepersonneldesantéaffectéàcesfrontières.
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Commission économique pour l’Afrique
De nombreuses régions des trois pays souffrent de graves pénuries alimentaires imputables à la fermeture des frontières et à la perturbation de la production agricole. À cet égard, plusieurs mesures s’imposent:
• Intensifier les initiatives nationales d’aidealimentaire et les programmes de filets desécurité d’urgence pour répondre aux besoinsdes groupes les plus vulnérables, tels que lesenfantsexposésàdesrisquesdemalnutrition.Ils’avèrecrucialdetenircomptedescommunautéspuisquebeaucoupd’enfantssontdésormaisprisenchargepardesvoisinsetdesproches.
• Adopter des politiques de prix telles que desmesuresdestabilisation,notammentencequiconcerneleriz.
• Appuyer davantage le Programme AlimentaireMondialdanssesmissionsde fournitured’aidealimentaire et d’assistance logistique pour leszonesinaccessibles.
• Éviter de créer une dépendance à long termevis-à-vis de l’aide alimentaire, en facilitantl’importationdesproduitsalimentairesdebaseeten lesrendantaccessiblesauxpopulationsàdesprixabordables.L’abandonde la fermeturedesfrontièresetlasuppressiondesinterdictionsde voyage favoriseraient l’application de tellesmesures.
Les pays africains devraient renforcer les mécanismes réglementaires afin d’identifier et de sanctionner les acteurs économiques qui font payer des prix plus élevés aux consommateurs. Beaucoup d’améliorations peuvent être apportéesaux mécanismes de réglementation que les payspeuventmettre en place pour dissuader ces typesdecomportement(chezlescompagniesd’assurancemaritimeparexemple).
Les gouvernements des pays touchés devraient élaborer des plans de relance pour redresser rapidement leurs économies, ce qui pourrait nécessiter la révision des plans de développement
national à moyen, voire à long, terme. Ces plansde relance viseront à ramener l’économie à sonniveaudecroissanced’avantlacrise,enfournissantunappuipourrétablirlaconfianceetencouragerlareprisede la consommation,de l’investissementetde la croissance économique. Plus précisément, ilsdevraients’employeràrésoudrelesproblèmesdeladiminutiondesrecettespubliques,duralentissementde l’activité économique, de l’affaiblissement desPME,de labaissedupouvoird’achatdenombreuxménages et agriculteurs, de l’appréhensionmanifeste dans le comportement des sociétésétrangères(quiconstituenthabituellementl’élémentmoteur de l’économie) et du fléchissement desinvestissements.Lesplansàmoyentermedevraientviserlerenforcementdelarésilienceetdescapacitésderéactionfaceauxfuturschocsdemêmenature,ce qui pourrait nécessiter le soutien d’institutionscomme la CEA.
À moyen et long termes, les gouvernements de ces trois pays devraient fournir, avec l’appui des partenaires, des mesures d’encouragement aux agriculteurs pour redynamiser le secteur agricole, essentiel à une reprise durable. Après la mise en œuvre des mesures de court terme susmentionnées, l’on devra, à long terme, reconstruire l’agriculture, qui est le pilier de l’économie. Il est notamment recommandé de fournir des intrants agricolesessentiels (par exemple, grâce à des subventionspour lessemenceset lesengrais)etdegarantir lesdroits de propriété, notamment des veuves. Parmiles politiques complémentaires nécessaires pouraméliorer le bien-être et accroître la productivité,citons l’octroi de crédits (par le biais d’institutionsdemicrofinance, par exemple) et la promotion detechnologies permettant d’économiser la main-d’œuvre(detellesmesuresontétéappliquéesaprèsdes chocs au niveau de l’offre de main-d’œuvreoccasionnéspardesmaladiesinfectieusesmortellestellesqueleVIH/sida).
sur Le pLan sociaLLa crise actuelle et les différents niveaux qu’elle a atteint nous enseignent une importante leçon,
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
à savoir: la maladie à virus Ébola n’est pas nécessairement une crise socioéconomique en soi; elle ne le devient que lorsque les systèmes de santé sont incapables de la maîtriser. La capacitédepayscommeleNigériaetleSénégaldemettreenplace immédiatementdesmesurespourempêcherl’épidémie de devenir une crise nationale illustreparfaitement combien il importe de renforcer lessystèmes de santé en Afrique. C’est pourquoi laprésenteétudefaitlesrecommandationssuivantes:
La priorité de chacun des pays et de la région devrait être de renforcer les systèmes de santé publique dans l’ensemble du continent. Des systèmesdesantéperformantssontessentielspourréduire lesrisquesd’épidemiesetpouvoirapporterdesréponsesadéquateslorsquelapopulationseraitexposée.S’appuyantsurunpersonneldesantébienforméetdesinfrastructuresadéquates,notammentdansleszonesrurales,detelssystèmesdesantésontlaclefd’uneréponseefficaceà l’épidémieactuelle,etàtouteépidémieàl’avenir.
Les parties prenantes devraient veiller à ce que la lutte contre le virus Ébola ne soit pas menée isolément de l’action contre d’autres maladies mortelles telles que le VIH-sida, le paludisme, la pneumonie, la diarrhée, principalement chez les enfants et les femmes. L’améliorationdes systèmesdesanténedevraitpasseconcentreruniquementsurlapréventiond’unenouvelleépidémiedemaladieàvirusÉbola,maiségalementsurlerenforcementdescapacités sous-nationales, nationales et régionalesen matière de santé publique. Les fonds verticaux,tels que le Fonds Mondial de lutte contre le sida,la tuberculose et le paludisme, ont contribué àréduire la prévalencede cesmaladies ; toutefois, laconsolidationdesfondementsdessystèmesdesanténationauxpasseparunedémarcheplusglobale.Unélémentprimordialseraitdereconstruirelescapacitésnationalesetdefavoriserl’émergenced’unenouvellegénérationd’agentsdesanté,encréantdesincitationspour qu’ils intègrent les systèmes nationaux desanté,etcorrigerainsilesreversenregistrésdanslesindicateursderésultatsclefs.
L’Afrique devrait se pencher sérieusement sur le bien-fondé de la décentralisation de ses services de santé. L’objectif serait d’améliorer les capacitésd’interventionsanitaireauniveaulocal.
Les pays devraient donc disposer de financements supplémentaires pour atteindre les normes fixées en matière de santé publique, tant pour les interventions d’urgence que pour les prestations ordinaires. Lesobjectifsdéfinispourlesnormesdeprestation de service ne doivent pas se limiter ausecteurdelasanté,maisêtreinclusdanslesdébatssur la planification du développement national. Deplus, le rôle des statistiques dans le financementdelasantépublique,l’efficacitédelaprestationdesservices et des travailleurs se révèlera essentiel àmesurequelecontinentévolueraverslafournitured’unecouvertureuniverselle.
Les trois pays (ainsi que d’autres qui disposent de systèmes de santé fragiles) devraient bénéficier d’un appui pour déployer des stratégies à plusieurs volets en vue de l’éradication de la maladie à virus Ébola.Cesinterventionsnedevraientpasêtrerestreintesauseulsecteurdelasantémaisassocierlessecteurssociauxclefsetprendreencompte lesquestions sexospécifiques. À titre d’exemple, l’eauet l’assainissement sont essentiels pour garantirdes conditions d’hygiène dans les communautéstouchées, tandis que la fourniture de produitsalimentairesetnutritionnelsauxpersonnesinfectéespermettraitderenforcerleurrésilienceetd’améliorerleursmécanismesd’adaptation.
Les mesures sociales ne devraient pas cibler uniquement les personnes directement infectées par le virus, mais également prendre en compte celles qui ont été indirectement touchées – soit un groupe bien plus important. Elles devraientcomporter deux éléments essentiels: s’attaquerauxcausesprofondesdel’épidémiepouréviterdessituationsdecriseà l’avenir(dansuneperspectiveépidémiologique et qui s’appuie sur les systèmesdesanté–voirchapitre4) ;etveilleràceque lespolitiquesetprogrammesprévoientdesmesuresà
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Commission économique pour l’Afrique
la hauteur pour minimiser les incidences socialesd’uneépidémie.Ilestpréconisécequisuit:
• Pour les personnes directement touchées, les politiques devraient privilégier une approche fondée sur la notion de ménage plutôt que sur l’individu. Dès qu’un décès survient dansune familleà causeduvirusÉbola, lesmoyensde subsistance du ménage en subissent le contrecoup. Même si la personne décédée necontribuaitpasfinancièrementà l’économiedeménage,lerôle,quiétaitlesien,deprendresoinde la familleetde fournirdescontributionsennaturedoitêtreassuméparunautremembredelafamille,cequipeutavoiruneincidencesurlesrevenus,letravail,l’éducationetlessoins.
• Un système de protection sociale et des filets de sécurité ciblés, essentiels pour les groupes qui ont été touchés de façon disproportionnée par l’épidémie, doivent être créés ou renforcés. Le nombre d’orphelins d’Ébola doit faire l’objet d’un suivi. Ces enfants seront d’autant plusvulnérablesqu’ilsseheurterontàlastigmatisationassociéeà lamaladie.Desallocationsspécialesdevraientdoncêtreprévuespourlesfamillesetlesprochesquiaccueillentcesenfants.Pourcequiestdesadolescents,desmesuresdevraientêtreprisespourleurpermettredes’inscrire,parexemple, dans des programmes de formationprofessionnelle et faciliter leur insertion sur lemarchédutravail.
• Des mesures doivent être prises pour éviter que l’épidémie ne provoque une crise alimentaire et nutritionnelle.Unsuiviadéquatdevraitêtreeffectuépourquetoutepertedansl’agriculture de subsistance soit compenséeparunfluxrégulierdeproduitsalimentairesdebase.Enoutre,uneattentionparticulièredevraitêtre portée aux femmes enceintes et à cellesquiallaitent. Il fautaussi limiter lahaussedelamalnutrition des enfants, notamment au coursdesdeuxpremières annéesde la vie, crucialespourledéveloppementcognitifetphysique.
• Les gouvernements et les autorités locales devraient veiller au retour des enfants à l’école et à ce que les résultats scolaires mis à mal par l’épidémie d’Ébola retrouvent leurs niveaux d’avant la crise. Ils devraient,autant que faire se peut, éviter la fermeturedes écoles, qui entraîne généralement uneaugmentationdunombred’élèvesenabandonscolaire,cequiadesconséquencessurleplanpersonneletéconomique.
• Les communautés devraient recevoir un soutien psychologique et bénéficier de services connexes. Cela les aiderait à surmonter letraumatismesubietànouerdenouveaux liensfamiliaux,ycomprisparl’adoption.
L’épidémie d’Ébola a des incidences sociales disproportionnées sur les femmes, en raison principalement de leur rôle direct dans la fourniture de soins aux malades. Cettemaladie a des effetspréjudiciables sur l’autonomie des femmes, unesituation qu’il convient de corriger, en veillant parexemple à ce qu’elles soient au centre de tous lesplansderelanceàl’issuedelacrise.LesauteursdelaprésenteétuderecommandentquelesÉtats:
• Mettent en place ou renforcent des stratégies de réduction des risques de catastrophe et de gestion des catastrophes tenant compte de la problématique hommes-femmes. Cesstratégiesdoivent garantir l’inclusion, la participation etl’autonomisation de tous les membres de lasociété,sansnégligerlesrelationsentrelessexes(étant donné que les femmes et les hommesvivent les catastrophes, y répondent, et s’enremettentdifféremment).
• Adaptent les cadres institutionnels,parexempleàtraverslamiseenplacedesystèmesjuridiquesnondiscriminatoiresqui favorisent l’égalitédessexesetl’autonomisationdesfemmesdanstouslesdomaines,notammentenmatièred’accèsàlaterreetàlapropriétéparvoied’héritage.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
• Multiplient les possibilités économiques pour les femmes. Cela suppose de reconnaître lacontribution des femmes et de les indemniserpour le travail de fourniture de soins nonrémunéré qu’elle accomplissent (les transfertsdestinésàaiderlesvictimesetlescommunautéstouchées à se relever doivent indemniser lesfemmes pour cette perte de revenus) et deprendre en compte les sexospécificités dans laprestationdeservicesd’appuià lapratiquedesaffaires,l’agricultureetl’industrieextractive.
• Renforcent les compétences des femmes,notamment par l’adoption de mesures visant:l’amélioration de la capacité des femmes àidentifier les possibilités économiques, socialeset politiques et à agir dans ces domaines ; ladénonciationdesnormessocialesetculturellesnéfastes qui les exposent à un risque élevéd’infection et les empêchent de tirer profit dela croissance économique ; et le recours à desmécanismesdesensibilisationàlapréventiondel’infection(etauxmesuresdelutte)différenciésselonlessexes.
sur Le pLan immatérieLL’un des impacts immatériels les plus préjudiciables de l’épidémie d’Ébola concerne ses effets néfastes sur l’image de l’Afrique comme étant un continent émergent. Tout commeaudébutduVIH/sida, lesstéréotypes caractérisant l’Afrique comme « uncontinent sujet à lamaladie » ont resurgi. S’il estvraiquel’épidémieestessentiellementconcentréedanstroispaysd’Afriquedel’Ouest,certainsmédias(et gouvernements) parlent indistinctement del’Afriquecommed’unerégion infestéepar levirusÉbola,quirisquedevoirlesrécentsprogrèssocio-économiquesanéantis.
Même si l’impact est indéniablement considérable en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, l’effet global de la maladie sur l’Afrique de l’Ouest et l’ensemble du continent est minime, et l’Afrique devrait probablement continuer d’afficher des taux de croissance soutenus. L’émergence de l’Afriquen’estpastantmenacéeparl’épidémiedemaladieà
virusÉbolamaisplutôtpar ladésinformationet lesmauvaises interprétationsquienrésultent.Danscecontexte,lesmesuressuivantessontrecommandées:
• L’action menée individuellement et conjointement par les institutions panafricaines, notamment la Commission de l’Union africaine, la BAD et la CEA, doit s’efforcer de rétablir la vérité au sujet d’Ébola. Il faut pour cela présenter des données et desinformationsplusprécisessur lamaladieetsesincidences.
• Les trois institutions précitées doivent développer une stratégie médiatique et de communication visant à produire un récit objectif mais constructif sur la maladie à virus Ébola. À cette fin, il y a lieu d’intensifierlaprésencemédiatiquedesdirigeantsdestroisinstitutions, notamment par des apparitionsconjointesdanslesplusgrandsmédiasafricainset non africains. Ces efforts devraient êtrereproduits à l’échelle sous-régionale par lesdirigeants des communautés économiquesrégionalesetdesautresinstitutionsafricaines.
• Les entreprises africaines de médias et de communication – de presse écrite et audiovisuelle – devraient être encouragées à rendre compte de manière précise et factuelle de la maladie à virus Ébola.Ellesdevraientcouvrirlesprogrèsquisontfaitspourenjugulerlapropagationdecetteépidémieetatténuersonl’impact.
• La Commission de l’Union africaine, la BAD, la CEA et d’autres institutions africaines devraient envisager de réaliser conjointement une analyse plus détaillée des incidences socio-économiques, politiques et culturelles de la maladie à virus Ébola lorsque la crise aura été maîtrisée. Unetelle étude, qui utiliserait les données primairesémanantdesinstitutionsafricaineselles-mêmes,permettra au continent de parler d’Ébola demanièreobjectiveetnuancée,enprivilégiantlesintérêtsdel’Afriqueetenévitantlesdéformationsetlesmauvaisesinterprétationsquiontfleuriausujetdelamaladie.
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Commission économique pour l’Afrique
• Les dirigeants africains devraient s’assurer de la mise en œuvre effective des décisions de la réunion d’urgence du Conseil exécutif de l’Union africaine, tenue à Addis-Abeba le 8 septembre 2014 sur l’épidémie de la maladie à virus Ebola (Ext / EX.CL/Dec.1 (XVI)). Ils’agit
notammentdelanécessitéd’êtresolidaireavecles pays touchés, en particulier pour briser lastigmatisation et l’isolement dont ils souffrent,etpourrenforcerleurrésilience(ainsiquecelleducontinenttoutentier).
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
LeseffetséconomiquesetsociauxdelamaladieàvirusEbola(MVE)sontressentisprincipalementdanslessecteurséconomiquesclésdelaGuinée,
duLibéria,delaSierraLeoneetdeleursvoisins.Lessecteurséconomiquesclésabordésdansleprésentappendice,avecdavantagededétailsparpaysquedans le corps de l’étude, sont le commerce et lesecteurminier,l’agricultureetlesservices.Lafiguremontrequelques-unsdesliensintersectoriels.
Le commerce et Le secteur minier Danslaprésentepartie,l’effetdelamaladieàvirusEbola sur les activités commerciales des trois paysest examiné. Les possibles effets sur le secteurdes services et le secteur minier sont égalementétudiés,étantdonnélesliensquiexistententreeux.Cependant,onnepourraprendre lapleinemesuredes répercussions d’Ebola sur le commerce quelorsquelasituationserastabilisée.
L’examen des données disponibles suggère que lecommerceestdurementtouchédanslestroispays,pourlesraisonsuivantes:
• La fermeture d’entreprises est monnaiecouranteetenhausse.AuLibéria,parexemple,10 entreprises ou succursales ferment chaquesemaine. Même les entreprises qui restentouvertes ont enregistré une chute brutale deleurs activités en raison des horaires de travailréduitsetd’unpersonnelrestreint.
• La pénurie de produits de base, alimentairesenparticulier,apoussél’inflationàdesniveauxélevés, ce qui réduit la compétitivité, nuit aux
exportationsetdiminue les surplusdisponiblespourl’exportation.
• Beaucoup de points de passage frontaliersofficielsentre lestroispayssontfermés,cequiperturbelecommerceentrelespays,pousselesprixinternesàlahausse,limitel’offredebiensetérodelesrevenusdesvendeurs.Cesfermeturesvont certainement aggraver l’insécuritéalimentairedans les troispayscompte tenuduniveau élevé de commerce transfrontalier dematières premières agricoles, y compris desdenréesdebasecommelerizetl’huiledepalme.
• Les activités de transport ont chuté en raisonderestrictionssévèresàlacirculation,ainsiqued’unemain-d’œuvremoinsnombreuse,cequiarenchériletransportdemarchandisesetréduitladisponibilitédesproduits.
• Ladépréciationdesmonnaiesnationales(dueàunedemandecroissantededevisesétrangères)adesconséquencesmitigéessur lecommerce:elle favorise les exportations mais a un effetnégatif sur les importations. L’effet net sur labalancecommercialedépendde l’élasticitédesexportationsetdesimportations.
guinée
Les exportations agricoles sont en baisse. Le virusEbolaadurementfrappéleszonesrurales,ycomprisGueckédou,Macenta,Nzérékoré,BoffaetTéléméléd,quiconstituentlegrenieralimentaire,nonseulementdelaGuinéemaisaussidesrégionsavoisinantes.Laproductionagricoledansceszonesadurementété
appenDice:i. anaLyse sectorieLLe Des inciDences socio-économiques
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Commission économique pour l’Afrique
fiGure a1 : interconnexions sectorieLLes
Source: CEA.
Augmentation de l’insécurité alimentaireAugmentation de la pauvretéRéduction du budget de l’État
Pénurie alimentaire+ Réduction des
exportations agricoles
Réduction de l’extraction minière et des exportations
Réduction de l’emploi, des salaires, des revenus, et donc
du pouvoir d’achat
Perturbation des activités agricoles et
minières
Perturbation du transport, des
aéroports et des ports maritimes
Perturbation des marchés
intérieurs et internationaux
Perturbation des services
de l’État
Incidences socio-économiques d’Ebola
E�ets directs et indirects de la maladie
et des décès
Panique, donnant lieu à des comportements
troublant l’ordre public
Agriculture Mines Transport Services ManufactureCliniques,
écoles, banques, etc.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
touchéepar lafermeturedesmarchés, ledécèsdepersonnes localeset ledépartdesexpatriésetdestravailleurs locaux. Les exportations des principauxproduitstelsquelecacaoetl’huiledepalmesesonteffondréesenraisond’unebaissedelaproduction.Les données disponibles suggèrent une diminutiondelaproductiondelamajoritédesproduitsdebaseexportés, dont le café, l’huile de palme et le riz àhauteurd’environ50%,75%et10%respectivement.La production de pommes de terre a égalementdiminué, ce qui a affecté les exportations vers leSénégal,quiesttraditionnellementladestinationdela moitié de la production guinéenne de pommesde terre. Étant donné que les exportations sontprincipalement issuesdessurplusréalisésainsiquedesstocksexistants,laréductiondesexportationsdecesproduitsdebaseestprobablementencoreplusimportantequelaréductiondelaproduction.
Comme le prouve la forte baisse des exportationsagricoles, les commerçants du Sud du Sénégal ontannoncé une baisse des activités commercialesde 50%depuis le début dumois d’août en raisonde la fermeture de sa frontière avec la Guinée. Ilsont également signalé que les fruits et l’huile depalme en provenance de la Guinée n’étaient plusdisponibles sur les marchés frontaliers. En outre,on s’attend à ce que la fermeture de 16 marchéshebdomadaires au Sud du Sénégal (le long de lafrontière avec la Guinée) mette encore davantageun frein aux activités commerciales, ainsi qu’auxactivités économiques, déjà lentes, dans la région.CelaaffecteranonseulementlaGuinéeetleSénégal,maisaussilaGambieetlaGuinée-Bissau.
La production et les exportations minières ontégalement été touchées. Ce secteur représente15%duPIBet aprincipalementété touchépar lesentiment de panique associé la propagation duvirus.Lescoûts liésaufretmaritimeontaugmentéde25à30%.Lerapatriementdupersonnelétrangeraégalementcontribuéàl’ébranlementdecesecteur.Il a été constaté que 50 % du personnel étrangerde RUSSAL, une grosse entreprise minière, a étérapatrié. L’ensemble du personnel de l’entreprise
chinoiseHenanaégalementétérapatrié,tandisque51 employés de la Société aurifère de Guinée ontégalementquittélepays.
En outre, de nombreux projets et étudesd’infrastructure ont accusé un retard, ce qui asérieusement touché la production minière. Parailleurs, étant donné que les investissements dansdenouveauxgrandsprojetsminiers(mineraidefer)serontprobablementretardés,ons’attendàcequelacroissanceduPIBàmoyen termeet les recettespubliques diminuent. Selon les estimations, lesrecettes du secteur minier devraient diminuer de3,5%duPIB (2013)à2,4%en2014(FMI,2014c).Il est prévuque la baissede la productionminièreentraîne une réduction considérable des recettespubliques, la part du secteur minier se chiffrant àenviron20%desrecettesfiscalesen2013.Surunenotepluspositive,lesecteurminierguinéenn’estpasgrandementtouché,étantdonnéquesesprincipauxsitesminiersnesontpassituésàproximitédeszonesàhautrisqued’infection.
Lesservicesdefretontététouchés,cesecteurayantconnuunebaissed’environ60%dutraficauportdeConakryetuneperte cumuléed’environ3millionsdedollarsdepuismars2014.Lesactivitésportuairesontdiminuéde32%et9,4%pourlesconteneursetlesnavires respectivement.Ons’attendàceque lacroissancedesserviceschutede6,7%à3,8%etqueles catégories liéesaux transportsetaucommercerestent stables. Les frais d’assuranceet de fret ontconsidérablement augmenté. Au sol, la longueurdestempsdepassageàlafrontièreaprofondémentaffectélecommercedesproduitsagricolesaveclessixpaysvoisins.
Il n’existe aucune pression inflationniste claire,mêmesil’inflationpassaitde8,5%à9,4%,avecunimpactpotentielsurlaconcurrencedesexportationsconsidérécommemodeste.Ons’attendàcequelesrecettes publiques soient grandement touchées enraison des faibles recettes et taxesminières sur lemarchéinternational.
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Commission économique pour l’Afrique
Les exportations minières n’ont pas encore étévéritablement touchées en termes de volume,mais ce secteuraccusedescoûts supplémentaires.Lesexportationsdeproduitsagricolessont lesplusaffectées.Lesexportationsducaféetducacaoontchuté de 58 % et 24 % respectivement. Les fluxd’investissements étrangers ont diminué d’environ37%en2014.
Lessecteursminieretagricoleontétégrandementtouchésetlesrecettesdesexportationsrisquentdediminuer considérablement en raison de la baissedes investissements. Il est probable que la chutedesexportationsminièresetagricolesaugmente ledéficit du commerce de marchandises et réduiseles recettes tirées des taxes sur le commerceinternationalen2014(quiconstitueenviron18%dutotaldesrecettes).
Bienqu’ilsoitencoretroptôtpourévaluerl’impactdecesfacteurssurlecommerceenraisondumanquede données de première main, le ralentissementéconomique,associéàuneinflationélevée,réduiraprobablementdavantagelesactivitéscommerciales,cequialimentera l’inflation, l’insécuritéalimentaireet la pauvreté, et entretiendra ainsi probablementuncerclevicieux.
libéria
Letauxd’inflationestenaugmentation:ilestpasséde10%à14%.Celaposeunproblèmedeconcurrencepour les entreprises et les négociants; et entraîneunediminutiondupouvoird’achatpourlesménages.La valeur commerciale de la devise nationale adiminué de près de 15% en décembre et de 9%en février. Toutefois, denouvelles aidesfinancièreset les transferts financiers de la diaspora peuvent,dansunecertainemesure, compenser lademandeémergente de dollars des États-Unis. L’inflation estdueàlamontéedesprixdesproduitsalimentaires.Parexemple,leprixdurizaaugmentéde13%.Ilestprévuqueletauxd’inflationenfind’année2014sechiffreà14,7%,etqu’ilsemaintienneàenviron10%en2015.
Denombreusesentrepriseschoisissentdediminuerleurs investissements, ou de maintenir ceuxexistants. Par exemple, Arcelor Mittal a décidé dereportertoutinvestissementsupplémentaireà2016.D’autres, telsqueSimeDarby,principalproducteurd’huile de palme, ont réduit leurs investissementsen raison de l’évacuation de leur personnel dedirection et de supervision, et ont reporté leurattentionverslamaintenance.Cesdécisionsaurontun impact sur les exportations de l’huile de palmecesprochainesannées.Lasuspensiondesprojetsdedéveloppementaunimpactàmoyentermesurlesexportations. Plusieurs projets de développement,enparticulierdanslessecteursdestransportsetdel’énergie,ainsiquedesinitiativesdepromotiondeséchangescommerciauxetdesexportations,ontétésuspendus.Lesressources(physiques,financièresethumaines)ayantdéjàétéallouéesontétéredirigéesversdesbesoinsnouveauxet immédiats.Encequiconcernelesprojetsfinanciers,ilaétéconstatéqueles sous-traitantsavaientannoncéunétatde forcemajeureetévacuéleurpersonnelclé,interrompantainsilestravauxdeconstructions.Lasuspensiondetels développements, tels que celui de la centralehydroélectrique Mount Coffee, ainsi que d’autresprojets et initiatives phares énergétiques et deréhabilitationdelaroute,limiterontlespossibilitésderéductiondescoûtsliésauxactivitéscommerciales.
Le marché des services s’est considérablementcontracté,étantdonnéque lesexpatriésontquittélepays,cequiaeuungros impactsur lesactivitéscommerciales. Le tourisme s’est quasiment figé, letauxdefréquentationdeshôtelssesituantàenviron30%, contre 70% auparavant. Le nombre de volscommerciauxhebdomadairesversleLibériaachutéenpassantde27avantlemoisd’aoûtàseulement6volsaudébutdumoisdeseptembre.
Lesagriculteursontabandonné leur fermeet leursrécoltes, ce qui, dans la plupart des cas, a eu uneincidence sur les exportations agricoles. Selonl’OrganisationdesNationsUniespourl’alimentationetl’agriculture(FAO),desobservationssurleterrainmenéesdans lecomtédeLofa (autrefois legrenierduLibéria)montrentquedansceszonesfortementtouchées,levirusEbolaaconsidérablementtouché
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
les revenus, lesmoyensd’existenceet l’agriculture,en raison de clôture forcée des activités agricoles.Lesobservationsontmêmeindiquéquelesépargnesréalisées sur plusieurs années ont complètementdisparu en raison du manque de possibilités degénération de revenus. Cela a eu un impact directsurlasécuritéalimentaireetl’économielocale,étantdonnéquecesépargnesétaientessentiellespourleséchangescommerciauxauniveaumicroéconomique,l’approvisionnement alimentaire, les achatsd’intrantsagricoles, lesecteuragro-industrielet lespetitesentreprises.
Selon un rapport récent de Mercy Corps (2014),même les mesures d’endiguement du virus Ebolaont un effet néfaste sur la sécurité alimentaire,les chaînes d’approvisionnement des marchés etles revenus des ménages dans certaines régionstouchées. 90 % des ménages ont déclaré réduirele nombre de repas et substituer certains produitsalimentaires de prédilection par des aliments demoindre qualité oumoins onéreux pour faire faceàlabaissedeleursrevenusetàl’augmentationdesprix.Lesactivitésdeventeetd’achatsurlesmarchéslocauxontétéentravéespar la forteaugmentationdes prix, la diminution du pouvoir d’achat desménagesetladisponibilitélimitéedesbiensenraisondesrestrictionsdestransportsetdelamobilité.Celaa sans aucun doute porté atteinte au commerceintérieur,particulièrementlesnégociantslocaux,lesfemmesetlespetitsfournisseurs.
L’offredebienssurlesmarchéslocauxaégalementdiminué en raison de la fermeture des frontièresavec laGuinée,SierraLéoneet laCôted’Ivoire,enplus de la fermeture desmarchés hebdomadaires.Certains rapports suggèrent que les marchésdans les comtés voisins de Lofa et Nimba ont étédurement touchés car ils s’appuyaient autrefoislourdementsurlecommercetransfrontalierdeventeet d’achat, étant donné la proximité des marchéstransfrontaliers (généralement moins onéreux quede faire venir les marchandises de Monrovia). Àl’heureactuelle, lamoitiédes fournisseursutilisentd’autres sources pour se procurer leurs biens. Eneffet,lamajoritédesbiensnonproduitslocalement
trouvésà LofaetNimbaproviennentdeMonrovia.Selonlesfournisseurs,cettesituationaentraînéuneaugmentation des prix, provoquant une baisse de70%desventes.Surlemarchéinformel,aucunbienne traverse la frontière, à l’exception peut-être dubétailenprovenancedelaGuinée.
Au niveau local, l’offre de biens a été limitée àcausedesproblèmesactuelsauseindesservicesdetransport.EnraisondesrestrictionsdemouvementetdespointsdecontrôlepourlimiterlapropagationduvirusEbola,lescamionspeuventnécessiterdeuxà trois jours pour voyager de Nimba à Monrovia,trajetquiauparavantprenaitunejournée.Celapeutentraînerlapertedesbienspérissables,enraisondeladégradationdelaqualitédesaliments.Enoutre,lenombre de camions commerciaux actuellement enactivitéachuté,peut-êtrede80%.
Il n’est pas possible d’estimer l’impact desinterruptionsdemouvementdelamaind’œuvre,desdifficultésliéesautransfertdeproduitsverslesportsetdelafermeturedesmarchéstransfrontalierssurlaproductionagricole,etdoncsurlesexportations.Cependant, le FMI a récemment estimé que lesexportationsdecaoutchoucontdiminuéd’environ20%,cesexportationsétant initialementprojetéesà148millionsdedollarsen2014. (Lecaoutchoucest le principal produit agricole d’exportationet le deuxième plus important produit de baseexporté par le Libéria, représentant environ unquart des exportations nationales.) Le riz, qui estleprincipalproduitdepremièrenécessitédupays,a vu sa production gravement touchée en raisondumanquemaind’œuvre, cequiaun impact surlarécolteet lareplantationpour leprochaincyclede récolte. On s’attend à ce que les exportationsetlesréservesderizsoientgrandementaffectées,ce qui laisse présager la possibilité d’une crisealimentaireimminente.Laproductiondel’huiledepalmeetsonexportationdevaientégalementêtresévèrementtouchées,bienqueleseffetssemblentêtremoindres. Lemême raisonnement s’appliqueauxexportationsdusecteurforestier.
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Commission économique pour l’Afrique
Lesecteurminierduferaétésérieusementtouché,l’unedesdeuxprincipalesentreprisesayantfermésesportesenaoût.L’autreentrepriseminièreprincipale,même si elle est enbonne voiepour atteindre sesobjectifs annuels, a suspendu ses investissementsvisantàmultipliersacapacitédeproductionparcinq.Ce revirement aura un impact considérable sur sacroissanceéconomiquefuture.L’exploitationminièreartisanale,ycompriscelledel’oretdesdiamants,apresque interrompu ses opérations en raison desrestrictionssurlesmouvementsdepersonnes.
Selon le FMI, il est attendu que le secteur minierdiminue de 1,3 % en 2014, contrairement auxprévisionsannonçantunecroissanced’aumoins4%.IlestprévuquelacontributiondecesecteurdanslePIBdiminueetpassede14%à11,5%en2014.Ons’attendàcequelesrevenusgénérésparlemineraideferdiminuentde43,8millionsdedollarsen2014à28,1millionsdedollarsen2015(FMI,2014b).Lesexportations minières diminueront probablementde 30 % en 2014. Il est attendu que l’impact surles revenus issus des exportations nationales soitimportant, étant donné la part très importante dusecteur minier dans le total des exportations: en2013, ce secteur comptait pour 56% du total desexportations(599millionsdedollars).
Selon le Ministère du commerce, les sociétés detransportmaritimequisonttoujoursprêtesàvoyagerjusqu’auLibériasouhaitentunepolitiqued’assurancehaut risque couvrant tous lesnavires arrivants. Lesprixdetouslesbiensimportéssontdoncrevusàlahausse,mêmelecarburant.Levolumedeconteneursmaritimes entrants est 30 % moins élevé que lesniveauxnormaux.Ceniveaun’estpascatastrophiquemaispourraitentraînerl’obligationderespecterdescontratspassésprécédemment.Toutefois,ilestprévuque le jalonnementavaldiminueconsidérablementpourchacundesindicateurs.
L’augmentation prévue de la demande pour lesaliments importés, ainsi que la baisse des fluxd’investissementsétrangersetdesexportationsrisqued’aggraverledéficitliéàlabalancedespaiements.
sierra leone
Le commerce intérieur a été gravement touché,comme lemontre la chutedes ventesde carburantd’environ 27 % depuis mai 2014. La productionagricoleaétéprofondémentperturbée,enparticulierdans les deux districts de l’Est du pays (Kailahun etKenema), autrefois considérés comme le grenierdupays, etoùdes casde virusEbola sontapparus.Cesdeuxdistricts,quiaccueillentuncinquièmedelapopulationdupays,produisentenviron19%dutotalde la production de riz du pays, qui est le principalproduitdepremièrenécessitédupays.Enraisondesimportantesinterruptions,causéesparlesrestrictionsde quarantaine imposées aux mouvements desagriculteurs et d’autres restrictions de mouvement,il est très probable que la production nationalede riz pour la période 2014/2015 soit gravementtouchée, ce qui creuserait encore davantage ledéficit de production et entraînerait l’augmentationdes demandes d’importation. Étant donné la fortedépendanceàlongtermeparrapportauximportationsderizafindesatisfaireauxbesoinsdupays,ainsiquela fermeture des frontières aux principales sourcestraditionnellesd’importationduriz,ilestattenduquel’offre de riz soit considérablement réduite, ce quilaisseprévoirunecrisealimentaireimminente.Suiteàlafermeturecontinuedesmarchésetdesrestrictionsémisesparrapportauxmouvementsàl’échellelocale,le commerce alimentaire s’est effondré, causantainsi de fortes pénuries d’offre. Une augmentationd’environ30%duprixdurizaétéconstatéedansleszonestouchéesparlevirusEbola.
L’industrie minière, qui représente 17 à 20 % del’économienationale,estdominéepar lesecteurduminerai de fer, qui compte pour 16 % du PIB. (Lesopérationsminièrescomprennentégalementlerutile,la limonite, labauxiteet lesdiamants.) Les rapportsgouvernementaux indiquent un impact limité duvirus Ebola sur la production minière. De plus, lesprincipales entreprises minières ont déclaré vouloirmaintenir leurs niveaux planifiés de production.Toutefois, plusieurs de ces entreprises fonctionnentavecmoinsdepersonnelexpatrié.
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
Ils’avèredifficiled’exporteretderecueillirdesrecettesfiscales, étant donné l’effondrement des activitésminières (Sichei, 2014). Les difficultés en matièred’exportation des entreprises minières spécialiséesdans le minerai de fer s’expliquent principalementparl’augmentationdescoûtsd’assurancemaritime.En raison de l’interdiction et de l’annulation devols aériens par de grandes entreprises aériennesdesservant la région, ilestdevenudifficilepour lessociétésdiamantairesd’exporter leursproduits.Onestimeque labaissedes recettesfiscalesdeSierraLeoneen2014,quiprendlaformed’uneréductiondeslicencesetredevancesminières,sechiffreà15,1millionsdedollars;cellerelativeauxexportationsdediamantsetdemineraisdeferpourlamêmepériodeses’élèveà29,1millionset291,1millionsdedollars.Enaoût2014,lemanqueàgagnerliéauvirusEbolaétaitestiméà1%duPIBdesmineraisnonferreuxlors de la deuxième moitié de l’année 2014. Cemanqueàgagneraugmenterapouratteindre1,6%en2015(FMI,2014a).
Lesservices,quireprésentent30%del’économie,ontétéfortementtouchésparlevirusEbola.Lenombredevolscommerciauxhebdomadairesestpasséde31à6.Cettediminutionaégalementeuuneffetnéfastesurlesous-secteurdel’accueil.Desrapportsindiquentunefortebaissedutauxdefréquentationdeshôtels,quiestpasséuntauxmoyenannuelde70%à13%.
impact potentiel De la réDuction continue Des échanges commerciaux
Uneréductioncontinuedeséchangescommerciauxpourraitaffecterlesménagesdanscestroispays.Oncompteparmilesimpactspotentiels:
• La dégradation de la sécurité alimentaire17 Lesréservesderiz,quiconstitueleprincipalproduitde première nécessité dans ces trois pays,
17 SelonlesrécentesdéclarationsduProgrammealimentairemondial,environ200000personnessouffrentd’unaccèslimitéàlanourriture.L’analyseeffectuéerévèlequesilamaladiecontinuedesepropageraumême rythmeque celui observédepuismi-septembre, environ750000personnespourraientneplusavoiraccèsàunenourritureabordable d’ici 2015. Cette situation serait probablement due auxperturbationsdusystèmedetransportsdesproduitsalimentairesetdesactivitéscommercialestransfrontalières(analysesur lasécuritéalimentaireduPAM,2014).
ont dangereusement chuté. Étant donné lesinterruptionsdelaproduction,ladétériorationdu commerce du riz (particulièrement auxfrontières) provoquerait certainement descrisesalimentaires.
• La montée de l’inflation. La réduction desimportations et de la production nationalepourrait entraîner une réduction de l’offred’unevariétédeproduitsdebaseàdesprixplusélevés.Laréductiondesactivitéscommercialesetsurlesmarchéspourraitendommagerencoredavantagelesopérationscommercialesliéesauxéchanges, cequi feraitaugmenter le chômage,surtout étant donné que le secteur informelconstituelaprincipalesourced’emploi.
• L’augmentation du déficit budgétaire et le ralentissement de la croissance économique. On s’attend à ce que le déficit budgétaires’accentue en raison de la possible diminutionde la taxation des échanges internationaux,due au déclin prévu des exportationsminièreset agricoles et des recettes en redevancesà cause de l’interruption de la productionminière.Mêmes’ilestprévuquel’impactsurlabalance commerciale soit mitigé, la croissanceéconomiquediminuera.
en résumé
On s’attend à ce que le virus Ebola ait desconséquences dramatiques dans ces trois pays enraisondelacombinaisondetroisfacteursspécifiquesàlarégion:
• Beaucoupd’échangescommerciauxonttoujourslieu dans ces pays par le biais de rendez-vouspersonnels et d’individus se rendant sur lesmarchés pour acheter des produits, avant derentrer chez eux et de les vendre à leur tour.Les quarantaines et les restrictions imposéessur les mouvements de personnes devraientavoir un impact néfaste sur les échanges, quecesoitauseind’unpaystouchéparlevirus,ouentreplusieursdecespays.Enoutre,unepartimportante de la croissance récente réalisée
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Commission économique pour l’Afrique
danscespaysémanaitd’activitéscommercialestransfrontalières. Or, avec la fermeture de cesfrontières, l’impact économique du virus Ebolaest probablement plus important que ce quepensentlesexperts.
• L’impactdelachutedeséchangescommerciauxest probablement sous-estimé, étant donnéque les statistiques officielles sur les échangesne prennent pas en compte le commerceinformel, dont le commerce transfrontalier, quicontribueraitauPIBàhauteurde20à72%danslespaysd’Afriquedel’Ouest(SyetCopley,2014).
• La croissance du PIB dans ces pays estprincipalement due aux exportationsagricoles, minières et de l’huile. Le blocagedu secteur commercial ralentira donc leurcroissanceéconomique.
aGricuLtureComme nous l’avons déjà mentionné, la flambéeépidémique du virus Ebolamenace déjà la sécuritéalimentairedanslespaystouchésetpourraittoucherles pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Mali, leNigériaetleSénégal.Sicettesituationn’estpaspriseenmaindèsmaintenant,ellepourraitengendrerdeseffetsnéfastessurlelongterme,notammentperturberlecommerceetlesmarchésalimentairesdanslestroispaysetlasous-régiondanssonensemble.
Lesprixdesproduitsalimentairessontenhausse,tandisque lemanquedemain-d’œuvremet sérieusementenpéril laprochaine saisondes récoltes (évaluationde la FAO, août2014). L’épidémie réduit la capacitédesménagesàproduiredelanourriture,étantdonnéquelesrestrictionsdemouvementetlescraintesliéesaurisquedecontagionempêchentlescommunautésde travaillerdans leurs champs.Deplus, lamobilitédescommerçantsdans lescommunautésruralesestégalementtrèslimitée,cequisignifiequemêmesilesproduitsagricolessontrécoltés,ilsrisquentdenepaspouvoirêtremissurlemarché.Enoutre,l’interdictionsurlegibierrisquedeprivercertainsménagesd’unesource importante de nutrition et de revenus, en
particulierdans les régions forestièresprofondesdecespays.
La fermeture des frontières adoptée par certainspayslimitrophespeutaffecterl’offresurlesmarchésalimentaires,étantdonnéquelestroispayssontdesimportateurs nets de céréales et que le commercetransfrontalier est important pour le secteuralimentaire dans ces trois pays. Selon un rapportde la FAO et du SMIAR (FAO, 2014),ces fermetures,combinées à l’imposition de zones de quarantaineetderestrictionssur lesmouvementsdepersonnesont sérieusement affecté le mouvement et la misesur le marché des produits alimentaires, suscitantainsiunefièvred’achat,despénuriesalimentairesetdeshaussesimportantesdesprixdecertainsproduitsalimentairesdebase,surtoutdanslescentresurbains.
Le secteur agricole a été sévèrement touché par levirusEboladanslestroispays.AuLibéria,l’agriculturereprésente presque 25 % du PIB et emploiepratiquement 50%de lamain-d’œuvre du pays. Laréduction de la mobilité de la main-d’œuvre et lamigrationdespersonnesversdeszonessûres,ainsiquelereportdesinvestissementsd’entreprisesétrangèresenraisondel’évacuationdesesprincipauxexpatriésontaffectélesexportationsetl’agriculturenationaledecespays.Parconséquent,laBanquemondialearevusesprévisionsdecroissanceàlabaisse(de5,9%à2,5%pour2014).Parailleurs,enraisondel’abandondenombreusespetitesexploitationsagricolesproduisantdes aliments destinés à la consommation locale, ons’attend à ce que le Libéria souffre d’une pénuriealimentaire,quipourraientàleurtourprovoqueruneaugmentationdesprixdesaliments.
De même, le secteur agricole de Sierra Leone, quiseconcentre sur le riz, lecacaoet l’huiledepalme,représente environ la moitié de l’économie. Selonle ministère de l’agriculture, des forêts et de lasécurité alimentaire, les deux régions qui se sonttrouvées à l’épicentre de l’épidémie produisaientensemble environ 18% de la production nationale.Les zones mises en quarantaine ont limité lesmouvements des travailleurs et de nombreusesfermesontétéabandonnées.Seloncertainsrapports
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
gouvernementaux,leprixdurizaaugmentéde30%danslesrégionstouchéesparlevirus.
L’économie guinéenne se caractérise en grandepartie par ses secteurs agricoles et des services.La production de cacao et d’huile de palme, quiconstituent les principales sources d’exportation dusecteur et le socle sur lequel repose l’économie dupays,aconsidérablementdiminué.Leralentissementde l’économie aura notamment pour effet unediminutiondesrecettesfiscales.Danslemêmetemps,leGouvernementdevraaugmentersesdépensesafinderépondreauxcoûtscroissantsliésàlaluttecontrecettemaladie.
LaBanquemondialeprévoitquelesdéficitsbudgétairesde ces trois pays augmenteront de 1,8% du PIB enSierraLeoneetenGuinée,etde4,7%auLibéria.Lacontraction des principaux secteurs économiques,associée à une forte diminution des exportations,porteront atteinte à la croissance du PIB. La BanquemondialeaparexempleréviséàlabaisselesprévisionsdecroissanceduPIBpour2014de4,5%à2,4%.
agriculture et sécurité alimentaire: Défis à relever
Bon nombre de défis ont été enregistrés dans lesecteuralimentaire,ycomprisencequiconcernelapénuriedemain-d’œuvreagricole,quiconstitueungrand problème en ce sens que la récolte dépenddestravailleurssaisonniers.Lapériodedeseptembreà décembre, selon les zones considérées dans lestroispays,estcellede la récoltedumaïsetdu riz.Larécolteactuelleestsérieusementcompromiseet,danscertaineszones, lesculturessonttoujourssurpied (novembre2014). Lapénurieaétéexacerbéeparlesrestrictionsauxmouvementsetlesmigrationsversd’autreszones.
D’autresdéfissontlessuivants:ladéstabilisationdessystèmesdetarificationdesproduitsalimentairesauseindesquelsledérèglementdesliensaveclemarchéen raison des restrictions imposées aux voyages aentraînélaflambéedesprix;uneffondrementdelaproductionvivrièreetde laproductionde culturesde rente en raison de la panique et de la pénurie
de main-d’œuvre; le fait que les grandes zonesde production ont été par coïncidence les plusdurementfrappées,enparticulierenSierraLeoneetauLibéria;lemanquedemoyensdetransportpouracheminerlesvivresàpartirdeszonesenregistrantuneproductionexcédentaire;etpourcequiestdela nutrition et de la santé, la non-disponibilité dedispensairespouvantdiagnostiquerlesmaladiesnonliéesauxproblèmesdenutritiondusàEbola,cequiaaccrul’incidencedecesmaladies,essentiellementchezlesenfants,enélevantlestauxdemalnutritiondesenfantsdemoinsde5ansdanslarégion.
guinée
L’agriculturereprésente25à30%duPIBetoccupe84 % de la population active. Les principalesculturesvivrièresdesubsistancesontleriz,lemaïs,le manioc, la patate douce, l’igname, la bananeplantain,lesagrumes,lacanneàsucre,lespalmistes,le café et les noix de coco. Le secteur agricole enGuinéeoffreplusieurspossibilitésd’investissements,notamment:laconstructionetlagestiondecentresdetransformation;laconstructionetlamaintenanced’installations de stockage, d’entreprises deproduction d’intrants agricoles et de matériel deconditionnement;laproductionàgrandeéchelledecultures telles que les fruits, les légumes, le riz, lecajou, lecafé, lecacaoet lecoton; lacréationet ledéveloppementdepôlesdeproductionagricoleafinde relancer les chaînes de valeur agro-industrielle;et la production animale et la transformation desproduitsanimaux.Lechocprovoquéparlamaladieà virus Ebola pourra pour l’essentiel changer ladonnesilamaladien’estpasendiguéerapidement.Des informations provenant des pouvoirs publicsindiquent une réduction des produits agricolesarrivant dans les marchés de la capitale, Conakry,qui est la plaque tournante pour le reste du pays.Cet état de choses a tiré à la hausse les prix desproduitsagricoles.LaGuinéeestdansunesituationrelativementmeilleureàcelledesdeuxautrespaystouchés en ce qui concerne les importations deproduits alimentaires. Son tauxdedépendanceestde16%environ. Elle importedespays voisinsdesvolumesréduitsderiz,demaïsetdemiletlecircuit
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Commission économique pour l’Afrique
ducommerceinformelesttrèsactifaveclesvoisins,partantlafermeturedesfrontièresaentravélefluxdesapprovisionnementsalimentaires.
Lepays est dotéd’abondantes ressourcesminièrestellesquelemineraideferetlabauxiteetd’énormespotentialités hydroélectriques. Son économiecombine l’agriculture, les services et les industriesextractiveset lapauvreté,qui toucheplusde55%de la population, est élevée, sans compter que lacroissancerécentedurevenun’apaségalécelledespays voisins. De ce fait, lamaladie à virus Ebola atrouvéuneéconomiedéjàfragilisée.
LesprincipauxeffetsdelamaladieàvirusEbolasurleplanéconomiqueenGuinéesesont fait sentiràcejourdansl’agricultureetlesservices.Enraisondel’impactde lamaladie sur les activités agricoles, laBanquemondialeaprévuque la croissanceduPIBen2014baisseraitde4,5%à2,4%. La croissanceagricoleprévuepour2014aégalementétéréviséeà labaisse,de5,7%à3,3%.L’agriculturedans leszones frappées par la fièvre Ebola a été victimede l’exodedepersonnesquittant ces zones, ce quia influé sur les principaux produits d’exportationtelsquelecacaoetl’huiledepalme.Laproductionde café a aussi chuté demoitié (pour s’établir à 2671 tonnes contre 5 736 tonnes) entre le premiersemestrede2013et le premier semestrede2014(Banquemondiale, 2014a); la production de cacaoa diminué d’un tiers (revenant de 3 511 tonnes à2296 tonnes) sur lamêmepériode. Laproductiond’huile de palme a chuté de 75%. Dans certaineszones du pays, les cultures n’ont pas été récoltéesfauted’ouvriers.Dansd’autres, les agriculteurs ontsubi des pertes en raison d’une offre excédentairedeproduitsagricoles sansmoyensde transport. Lapaniqueetlapeurviennentaggraverlasituationdéjàterrible.
libéria
LeLibériaestunpetitpaysde4millionsd’habitantsenviron, dont 70 % se livrent à l’agriculture. Sonsecteuragricole reposesur l’exploitationdes forêtsdominéepardessystèmestraditionnelsd’agriculture
de subsistance (culture sur brûlis) principalementsur les plateaux et il se caractérise par l’intensitéde main-d’œuvre, la culture itinérante, de faiblestechnologiesetunefaibleproductivité.
Bienquelaproductionderiz,demaniocetdelégumesoccupeenviron87%dessuperficiescultivées,celledesculturesvivrièresdebasedemeureinférieureauxbesoinsnationaux.Depetitessuperficiesdeculturesarbustivesserventàgagnerdesrevenusmonétaires.Les activités agricoles commerciales sont presqueexclusivement pratiquées dans des domainesagricolesplantésdecaoutchouc,depalmieràhuile,de café et de cacao; ces deux dernières culturessont destinées exclusivement à l’exportation et lecaoutchouc et l’huile de palme ne font l’objet aumieuxquedepeudevaleurajoutée.
En dehors des domaines agricoles, très peud’investissementsdusecteurprivéontétéconsacrésà l’agriculture, sauf pour un commerce limité deproduits qui a persisté au fil des ans. L’agriculturecontribuepour42%auPIBdupays.Lesprincipalesculturesquesontlerizetlemaniocreprésentent22%et23%duPIBagricole.L’arboriculture,centréesurlecaoutchouc, lecaféet lecacao,constitue34,5%duPIBagricole,l’élevage14%etlapêche3%,tandisque la sylviculture contribuepour19%environauPIB national (Ministère de l’agriculture du Libéria,2013).
Lesous-secteurdel’élevageaétéravagéparleconflitciviletlecheptelactuelestinférieurauchiffrerequispour satisfaire10%desbesoinsdeconsommationnationaux. Réalisant environ 6,8 % seulement desprises durables annuellement, le sous-secteur dela pêche est sous-développé. Les ressources enterreseteneausontabondantesetpermettentuneexpansionconsidérabledelaproductionagricole.Lespossibilitéspourl’irrigationsontestiméesà600000hectaresde terres,dont seulement1%estmisenvaleur(Ministèredel’agricultureduLibéria,2013).
LeLibériasembleêtreleplusdurementtouchédestrois pays et des zones de production telles queBarekedu dans le comté de Lofa et Dolo dans le
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
comtédeMargibiontétébouclées,cequiarendudifficilevoireimpossiblelacirculationdesvivrespouratteindreMonroviaetd’autrespartiesdupays. LescomtésdeLofaetdeMargibiproduisentenviron20%durizduLibériaetsatisfontlargementàleurspropresbesoins en riz, tout en produisant de nombreusesautres denrées et en pratiquant le commerce surlesmarchés transfrontaliersetauplan intérieur. LaFAO(bureaulocaldeMonrovia)adéclaréquel’effetEbola a empêché les associationsdepaysannesderembourserleursprêts,enparticulierdansledistrictde Foya (comté de Lofa) où a été diagnostiqué lepremier cas de maladie à virus Ebola du pays, enmars2014.
Lesecteurdel’huiledepalmeaétéfrappé.BienqueGolden Veroleum reste actif, Sime Darby, dont lesactivitéssedéroulentàproximitédeplusieurszonestouchées, ralentit son fonctionnement. Ce sont làles deux principales compagnies œuvrant dans lesecteurdel’huiledepalmeavecuneffectifdeplusde7000 travailleurs.Onpeut imaginer les ravagesqui résulteraient de leur fermeture. La productionde caoutchouc, deuxième produit d’exportation duLibéria, s’est essentiellement poursuivie, bien quedes cas récents demaladie à virus Ebola à Kakatadanslecentredelarégionproductricedecaoutchoucpuissentlaralentirconsidérablement.Laproductiondebois,quichutedepuis2013enraisondeproblèmesdegouvernanceetdegouletsd’étranglementdansledomainedutransport,estbaséedans lesud-estlargementépargnéetaéchappéjusqu’iciàtouteffetimportantdufléau.
Des informations provenant des instancesgouvernementales indiquaient également que ladistribution de produits alimentaires importés duportmaritimedeMonroviaauxmarchésrurauxaétéréduitefortement.Leportétantlaprincipalesourced’approvisionnementenrizdeszonesrurales,cettesituationaprovoquédespénuriesquiontcontribuéàfairemonterlesprixdesproduitsalimentairesdanstout le pays.Une rapide étude demarché réaliséeparlepersonneldelaFAO(septembre2014)arévéléqueleprixdecertainsproduitsalimentairestelsquelemanioca faitunbondde150%àMonrovia. La
hausse a été gonflée par le coût du transport quirenchérittoutcestemps-ci.LeLibériaimportant66%desonapprovisionnementenvivres,lasituationdesdisponibilitésalimentairesdupaysrisqued’empirerd’iciàlafindel’année.
La croissanceduPIBest enmoyennedeplusde8% depuis 2011, ce qui place le Libéria parmi lesnationsafricainesconnaissantuntauxdecroissancerapide. Mais il est d’ores et déjà prévu que cettecroissance décélérera pour s’établir à 5,9 % en2014 en raison d’une croissance plus faible de laproductiondemineraidefer,d’unecroissancefaibledesexportationsdeboisetdecaoutchouc,ainsiquedu retrait progressif de la force des Nations Unies(BAD,2014a).
sierra leone
LeGouvernementa,parl’intermédiaireduMinistèrede la santé et de l’assainissement, déclaré uneépidémie de maladie de virus à Ebola suite à laconfirmation en laboratoire, le 25 mai 2014, d’uncas suspect provenant du district de Kailahun. Cedistrictsetrouvedanslarégionorientalepartageantdes frontières avec la Guinée et le Libéria. Cetteépidémie résultait d’une propagation de celle quisévitenGuinéeetauLibériadepuismars2014.Elleaéclatéaudébutdelacampagnederécoltedurizetducacao(juillet/août),périodeàlaquelleenprincipelescommerçantsserendentdanslesparcellespouréchangerdesproduitsalimentairesetautrescontredu cacao.
L’une des toutes premières mesures prises parle gouvernement a consisté à restreindre lesmouvements, ce qui a brutalement diminué lerevenu des ménages. La fermeture des marchés,la restriction des voyages internes et la peur del’infectionontréduitlecommercedesvivresetcausédes pénuries alimentaires. Bien que les donnéessur lesprixsoientdifficilesàobtenirouqu’ellesnesoientpasdisponibles,desinformationsfontétatdeflambéesdesprixdesproduitsalimentaires.Mêmesisadépendanceàl’égarddurizimportédiminue,lepaysn’enrestepasmoinsunimportateurnet,avec
66
Commission économique pour l’Afrique
untauxdedépendanceàl’égarddesimportationsdecéréaless’établissantàenviron18%.
La dépréciation de la monnaie, qui s’intensifiedepuis juin, sera probablement source de tensionsinflationnistes. Les consommateurs se plaignaientdéjàdeladépréciation,venants’ajouteràlahaussedes prix. La fermeture des frontières avec les paysvoisins a aggravé les pénuries alimentaires carelle a perturbé le commerce transfrontalier. Uneétude de pays de la FAO a été lancée en août etseptembre2014etcouvraittroisgroupesdevillagesdanschacundes13districtsdans lesquelsun totalde 702ménages a été interrogé, tout comme 351dignitaires locaux, 39 sites de marchés ruraux, 26marchésdechefs-lieuxdedistrictet8marchandsdeproduitsagricoles(FAO,2014a).Lesrésultatsontfaitapparaître que l’épidémie avait causé une pénuriede main-d’œuvre dans les exploitations agricoles.Des activités telles que le désherbage et la récolteet d’autres activités cruciales étaient en recul ouavaientétécomplètementabandonnéesenraisondelamortdepersonnesvalides.Des famillesauraientabandonnéleursexploitationsagricolesouauraientétédéplacéesdansdeszonesperçuescommeétant«à l’abri »de lamaladie. L’étudedéclareenoutreque la désorganisation et la fermeture des foirespériodiques ont provoqué une hausse des prixdes produits alimentaires dans les endroits où cesdernierssonttrèsdemandés-àtitred’exemple,lesprixdurizimportéontaugmentéde13%environetceuxdupoissondeplusde40%-etréduitlesprixlàoùl’offredépasselademande.
Ladiminutiondesprix desproduits dans les zonesdeproductionexcédentairearéduitlesrevenusdesménagesruraux,enparticulierdeceuxquiœuvrentdanslessous-secteursdelaproductionetdesagro-industries.Cetteréductiondesrevenusadirectementinflué sur la sécurité alimentaire. L’impact dans lepaysdelamaladieàvirusEbolasurl’agricultureestressentiparlesagricultricesetlesfemmespratiquantlepetitcommerceetlesactivitésagro-industriellesàpetiteéchelle,puisquecesontlesprincipauxagentsactifs auxniveaux inférieursde la chaînede valeurdu secteur agricole. Leurs activités économiques
ayant été perturbées, des pénuries alimentairesontfaittached’huiledanslepaysendésorganisantl’infrastructuredesmarchésagricoles.
impact sur l’agriculture Dans les trois pays
L’impact est phénoménal: ces trois pays sont desimportateursnetsdecéréales,leLibériaétantleplustributaire des approvisionnements extérieurs. Lafermeturedecertainspostesfrontièreetl’isolementdezonesfrontalièresoùlestroispayspratiquentdeséchanges-aussibienquelaréductionducommerceprovenantdesportsmaritimes,principalepossibilitéofferte pour les importations commerciales àgrandeéchelle-débouchentsuruneréductiondesapprovisionnements et une flambée des prix desproduitsalimentaires.Aumoins80%durevenuestconsacré à l’achat de produits alimentaires dansles trois pays, ce qui souligne l’importance de lapauvreté. Il est attendu que la dépréciation desmonnaies nationales en Sierra Leone et au Libériacesderniersmois feramonter lesprixdesproduitsalimentairesimportés.
servicesLesperturbationsdesservicesdetransportenraisondes interdictions de voyages aériens, maritimes etterrestresontétédesmoyensinopérantsdecontenirla maladie à virus Ebola, comme le montrent lesrésultatsbaséssur leGlobalEpidemicandMobilityModel (Poletto et al., 2014). Au contraire, cesinterdictionsdevoyagesontplutôtlimitélerythmede l’acheminement des fournitures médicalesessentielles et du personnel nécessaire et ontgravementdéréglélesmoyensdesubsistance.
Denombreusescompagniesaériennesontcessédedesservirlespaystouchés.L’undeseffetsdirectsdelamaladieàvirusEbolaestlaréductiondesentréesdetouristes. Ilexisteégalementdeseffetsindirectssous la forme de baisse des entrées de touristesen Afrique dans son ensemble principalement enraisond’unepeurgénéraleassociéeau voyageparavionàdestinationetenprovenanceducontinent.Par conséquent, les gouvernements perdent
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Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
énormément d’argent du fait dumanque à gagnersurlesrecettesdesservicesd’immigrationetsurlestaxesprélevéessurlesbilletsdevoyageàl’étranger.De surcroît, les hôtels, les bars et les restaurantssubissentdespertesenraisonde la restrictiondesmouvements tant des touristes étrangers que desrésidentsnationaux,cequientraîneàsontourdespertesderecettespouvantprovenirdestaxesetserépercutesurl’emploi.Parsuitedel’interdictiondesrassemblements, laSierraLeoneBreweryestime lenombre d’agents en chômage technique à 24 000poursesactivitésdanslepaystoutentier(NationalRevenueAuthorityofSierraLeone,2014).
LamenacequefaitplanerlamaladieàvirusEbolafrappelesecteurduvoyageetdutourismeafricainsdansdespaysautresqueceuxdirectementtouchés.Un grand courtier en organisation de safaris enligne, Safari Bookings, a mené le mois dernierune enquête sur 500 voyagistes organisateurs desafarisetadécouvertquelamoitiédesvoyagistesorganisateursdesafarisavaientaccusédesbaissesde 20 à 70 % de leurs chiffres d’affaires relatifsaux safaris africains en raison de la peur de lafièvre Ebola. « C’est un coup dur pour l’industrieet les nombreuses réserves de faune sauvagetributairesdesrecettesqu’elleprocure»,adéclaréla compagnie. « Les voyagistes ont dit que de
nombreuxtouristesperçoiventl’Afriquecommeunseulpayslorsqu’ils’agitdel’évaluationdesrisques.Ilsneserendentpascomptequel’Afriquedel’Estet l’Afrique australe, où sont organisés la plupartdes safaris, sont aussi éloignées de la zone del’épidémie que le sont l’Europe ou l’Amérique duSud ». À Kenya Airways, tributaire en partie despassagers d’Afrique de l’Ouest pour alimenter saplaque tournantedeNairobi, les ventes annuellesrisquentdefléchirmêmede4%cetteannéeaprèsque la compagnie s’est retirée du Libéria et de laSierraLeone.
Ilexistedeseffetsspécifiquespourlespaysprochesdes pays touchés tels que la Gambie comptant denombreux pauvres et où davantage de personnessonttributairesdel’industriedutourisme.LeConseilmondialdesvoyagesetdutourisme,quireprésenteles compagnies aériennes, les hôtels et d’autresagencesdevoyages,arécemmentdéclaréquetoutsembledeprimeabordindiquerunreculde30%desréservationsàdestinationdel’Afriquedel’Ouest.LaGambietire16%desonPIBdutourisme.Audébutdelasaisontouristiqueenoctobre,unefortebaissedunombrede touristes entrantdans lepays a étéenregistrée par rapport aux années précédentes,avec une chute prévue de 50 à 60 % du nombre,selonleMinistredutourisme.
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Commission économique pour l’Afrique
appenDice ii. tabLes et sources: enGaGements et Décaissements pour combattre La mve
tabLeau a1 : contributions Des orGanisations muLtiLatéraLesOrganisation
Montant annoncé (en
millions de dollars)Montant décaissé(en pourcentage) Source
Banque mondiale 518 23,4 http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2014/10/30/
world-bank-group-additional-100-million-new-health-workers-ebola-
stricken-countries.
Institutions de l’Union
européenne
459,8 9,98 One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-
major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
SFI/Groupe Banque
mondiale
450 - http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2014/12/02/
ebola-world-bank-report-growth-shrinking-economic-impact-guinea-
liberia-sierra-leone (mis à jour le 2 décembre 2014). Cela vise à soutenir le
commerce, l’investissement et l’emploi en Guinée, au Libéria et en Sierra
Leone.
Banque africaine de
développement (BAD)
220 20,62 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
BAD: http://www.afdb.org/fr/news-and-events/article/kaberuka-makes-
a-call-for-individual-contributions-in-fight-against-ebola-13744/ (mis à
jour le 8 novembre 2014).
FMI 130 immédiat Communiqué de presse du FMI n° 14/441, 26 septembre 2014, https://
www.imf.org/external/french/np/sec/pr/2014/pr14441f.htm.
Fonds central pour les
interventions d’urgence
15,2 immédiat http://www.unocha.org/cerf/resources/top-stories/cerf-response-ebola-
outbreak7 (mis à jour le 16 octobre 2014).
https://docs.unocha.org/sites/dms/CERF/CERF%20Ebola%20
Response%203%20Oct%202014.pdf (mis à jour le 3 octobre 2014).
Fonds de solidarité
régionale pour la lutte
contre le virus Ebola
(CEDEAO)
9
immédiat http://www.panapress.com/Ghana--Le-Fonds-de-solidarite-Ebola-de-
la-CEDEAO-atteint-9-millions-de-dollars-us---12-630409874-143-lang1-
index.html (mis à jour le 7 novembre 2014).
Dont la contribution de l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA) de 1,5 million de dollars:http://news.ecowas.int/presseshow.
php?nb=207&lang=en&annee=2014 (mis à jour le 6 novembre 2014).
Banque islamique de
développement
45 immédiat http://www.menara.ma/fr/2014/11/05/1441437-l%E2%80%99oci-
et-la-bid-annoncent-une-aide-d%E2%80%99urgence-en-appui-aux-
efforts-internationaux-de-lutte-contre-le-virus-ebola.html (mis à jour
le 5 novembre 2014). Le montant se décompose comme suit: 10 millions
de dollars pour la lutte contre la pauvreté, 28 millions pour l’appui aux
systèmes de santé et 6 millions pour la lutte contre le virus Ebola.
69
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
tabLeau a2 : contributions Des partenaires biLatérauxOrganisation/Pays
Montant annoncé(en millions de
dollars)Montant décaissé (en
pourcentage) Source
Royaume-Uni 359,8a 8,71 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).Royaume-Uni: https://www.gov.uk/government/topical-events/ebola-virus-government-response/about.
États-Unis 344,6 24,64 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
Japon 142 14,43 http://www.radiowave.com.na/news/dailynews/9639-japan-pledges-u-100-million-towards-ebola-fight http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
Allemagne 133,5 20,15 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
France 124,4 37,81 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(mis à jour le 17 novembre 2014).
Chine 122,5 6,53 http://www.chinadaily.com.cn/world/2014-10/31/content_18837862.htm.
Suède 67,0 13,19 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
Canada 58,1 88,12 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).http://www.cgdev.org/blog/how-much-actually-being-spent-ebola (mis à jour le 27 octobre 2014).
Pays-Bas 44,8 15,22 One: http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
Australie 36,1 38,18 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-gaps-in-ebola-response-data/(mis à jour le 17 novembre 2014).
a. Hors contributions à la Banque mondiale et à l’ONU.
70
Commission économique pour l’Afrique
tabLeau a3 : contributions Du secteur privé internationaL, Des associations caritatives/fonDations
OrganisationMontant annoncé
(en millions de dollars)
Montant décaissé (en pourcentage) Source
Paul Allen Family
Foundation
100 2,9 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
http://www.cgdev.org/blog/how-much-actually-being-spent-ebola mis
à jour le 27 octobre 2014).
Fondation Bill et
Melinda Gates
50 27,3 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/(mis à jour le 17 novembre 2014).
http://www.cgdev.org/blog/how-much-actually-being-spent-ebola.
Mark Zuckerberg et
Priscilla Chang
25 - http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
http://www.cgdev.org/blog/how-much-actually-being-spent-ebola.
Silicon Valley
Community
Foundation
25 0,0 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
Google/Larry Page
Family Foundation
25 - http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
Children’s Investment
Fund Foundation
20 90,5 http://www.one.org/us/shareworthy/new-one-analysis-shows-major-
gaps-in-ebola-response-data/ (mis à jour le 17 novembre 2014).
- données non disponibles.
71
Incidences socio-économiques de la maladie à virus Ebola en Afrique
tabLeau a4 : contributions Du secteur privé africain
OrganisationMontant annoncé
(en millions de dollars)
Montant décaissé (en pourcentage) Source
Groupe MTN 10 -http://www.peaceau.org/fr/article/message-dr-nkosazana-dlamini-zouma-presidente-de-kla-commission-de-l-union-africaine (mis à jour le 19 novembre 2014).
Dangote 4,1 - http://allafrica.com/stories/201411121328.html (mis à jour le 11 novembre 2014).
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