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LES JEUX DE L'ATOME ET DU HASARD

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JEAN-PIERRE PHARABOD JEAN-PAUL SCHAPIRA

LES JEUX DE L'ATOME

ET DU HASARD

CALMANN-LÉVY

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Un livre présenté par SVEN ORTOLI et OLIVIER POSTEL-VINAY

Dessins par Isaiah Correia

ISBN 2-7021-1661-2 © CALMANN-LÉVY, 1988

Imprimé en France

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INTRODUCTION

Les grenouilles du marais

« On ne prévient pas les grenouilles quand on assèche les marais. » Le mot est d'un directeur de l'équipement à Électricité de France, Rémy Carle. Il aurait pu être prononcé par un responsable du Commissariat à l'énergie atomique, par un ministre de l'Industrie ou par toute personnalité de la « techno- structure » nucléaire en France ou à l'étranger, à l'Est comme à l'Ouest.

Les grenouilles, c'est nous. Les marais, c'est là où nous habitons : à la ville ou à la campagne, dans une tour, une barre, un pavillon ou une ferme. Et si la décision doit être prise d'assécher notre marais, nous préférons être prévenus. Prévenus, c'est-à-dire complètement informés des tenants et aboutissants d'une telle décision. Les tenants, c'est-à-dire les raisons pour lesquelles la décision a été prise et le cheminement dont elle a été issue. Les aboutissants, c'est-à-dire les conséquences immé- diates et à plus long terme, les avantages qu'on peut en espérer, les inconvénients probables et les risques possibles.

L'objet de ce livre est de combler une lacune. L'abondante littérature sur le nucléaire ne permet pas, actuellement, de faire le point sur les accidents graves qui se sont produits. Tchernobyl est dans toutes les mémoires, mais qui se souvient de Windscale, de Kychtym ? L'histoire de l'industrie nucléaire est ponctuée d'accidents graves. Comment ces accidents se sont-ils produits ? Dans quel contexte ? Que nous apprennent-ils sur la valeur des discours officiels ? Sur l'opinion sincère des spécialistes du nucléaire ? Que peut-on en induire sur la valeur des choix plus récents qui ont été faits ou sont en train de l'être ? Sans céder

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aux facilités d'un antinucléarisme primaire, cette brève étude a l'ambition de faire la synthèse des informations disponibles. Afin que les grenouilles du marais, le cas échéant, puissent donner de la voix en connaissance de cause.

Combler cette lacune présente un intérêt particulier dans le contexte français, qui est spécifique. La France nucléaire vit en effet trois paradoxes qui lui sont propres — et ne laissent pas d'étonner les observateurs étrangers.

Premier paradoxe : le pays du monde le plus densément équipé en centrales nucléaires est aussi, mis à part le monde soviétique, celui du plus fort consensus. Le nucléaire fait l'unanimité de la classe politique et de la technostructure, et recevait, du moins jusqu'à Tchernobyl, l'appui de la majorité de la population (60 % entre 1980 et 1985, d'après les sondages). Quelles sont les racines de ce consensus ? Quel en est le fondement ? De nombreux ouvrages ayant passé ces questions au crible, nous n'y reviendrons pas. Sinon pour rappeler que Tchernobyl a malgré tout fortement entamé ce capital de confiance : le nombre de partisans des centrales serait tombé en dessous de 40 %.

Second paradoxe : le pays du monde le plus densément équipé en centrales nucléaires n'a connu aucun accident grave. Serait- ce dû à une supériorité de la technologie et des systèmes de sécurité français ? Doit-on plutôt y voir le simple jeu du hasard ? L'analyse de la succession des incidents qui jalonne notre histoire nucléaire semble indiquer que nous avons eu de la chance — peut-être beaucoup de chance.

Troisième paradoxe : alors que de l'avis général, ce pays est actuellement suréquipé en centrales de toute nature et souffre d'une surcapacité de production d'électricité, le programme de mise en service et de construction de nouvelles centrales nucléai- res se poursuit, malgré le ralentissement des dernières années.

Dans ce contexte, ce n'est pas faire preuve d'esprit partisan que de considérer désormais la France comme le pays du risque maximum. Que l'on soit ou non d'accord avec la politique nucléaire, il paraît donc essentiel de méditer avec le plus grand soin les leçons que l'on peut tirer d'une analyse concrète des

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accidents graves qui se sont produits ailleurs. En nous posant chaque fois la question : un tel scénario est-il reproductible chez nous ? Les données techniques n'étant jamais tout à fait les mêmes, un scénario voisin est-il envisageable ?

La nécessité de se constituer une opinion personnelle, indépen- dante de l'opinion officielle, est illustrée par la discordance toujours observée entre l'opinion officielle affichée avant un accident nucléaire et les réalités dont cet accident a témoigné.

Longtemps le point de vue soutenu officiellement dans tous les pays fut qu'un accident nucléaire était quasi-impossible. Trois accidents graves s'étaient pourtant produits entre 1957 et 1961. Le premier, celui de Windscale en Grande-Bretagne, rencontra une opinion publique tout à fait ignorante de ces questions et fut aisément minimisé. Quant aux deux suivants, celui de Kychtym en URSS et celui d'Idaho Falls aux Etats- Unis, ils furent purement et simplement passés sous silence, tant à l'Est qu'à l'Ouest. Kychtym était pourtant une véritable catastrophe, comparable en ampleur à celle de Tchernobyl, puisqu'une région entière fut dévastée. A Idaho Falls, l'explosion d'un réacteur tua trois personnes d'un coup.

La thèse de la quasi-impossibilité de l'accident resta en vigueur pendant vingt ans. Elle reçut une sorte de consécration scientifique avec le célèbre rapport Rasmussen, dont la version préliminaire fut publiée en 1974 aux États-Unis par la très officielle Atomic Energy Commission. Ce « classique » de la littérature « nucléocratique » affirmait que le risque de fusion d'un cœur de réacteur était d'une fois tous les vingt mille ans. Le risque d'un accident provoquant la mort de dix personnes était évalué, par réacteur, à une fois tous les deux cent cinquante mille ans !

Cinq ans plus tard, l'accident de Three Mile Island, aux Etats-Unis, portait un coup sévère à ces discours euphoriques. Sauf en France, terre d'exception, la confiance de l'opinion publique occidentale fut durablement ébranlée. Pourtant la thèse officielle ne fut que peu modifiée. Après « l'accident grave est quasi-impossible », elle devint : « l'accident grave est rarissime

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et, si par extraordinaire il se produit, il est suffisamment bien contrôlé pour ne pas entraîner de conséquences sanitaires ».

Après Tchernobyl, cette thèse n'est pas plus crédible que la précédente. Une nouvelle doctrine s'y est substituée, que l'on peut résumer ainsi : « L'accident grave reste rarissime ; en règle générale il reste contrôlable ; si par extraordinaire il entraîne des conséquences sanitaires, il faut en prendre son parti ; le risque nucléaire fait partie du risque technologique, au même titre que les accidents dans les mines de charbon ou les accidents de l'industrie chimique ; il est, somme toute, moins dangereux. » Échangerais Bhopal contre Tchernobyl.

Ces adaptations successives de la thèse officielle ne préjugent pas favorablement de la sincérité et de la qualité de jugement des responsables de l'industrie nucléaire. D'autant qu'une bonne connaissance de la littérature spécialisée montrait que ce qui était jugé impossible en haut lieu était considéré comme possible par une minorité de scientifiques, dont le point de vue fut non seulement écarté mais passé sous silence et, s'il fallait, nié.

En règle générale, les arguments qui permettant aux autorités d'écarter l'hypothèse de l'accident grave appartiennent à quatre registres différents, plus ou moins exploités en public selon qu'il s'agit de se convaincre soi-même, d'abolir les doutes qui pourraient naître à l'intérieur même de la technostructure ou de séduire les grenouilles du marais.

Le premier registre est politique : c'est la raison d'Etat. Il faut d'abord des réacteurs nucléaires pour assurer au pays un arsenal militaire moderne. Il faut ensuite des réacteurs pour assurer au pays son indépendance énergétique. C'est la raison d'État qui justifie, si besoin est, de ne pas prévenir les grenouilles avant d'assécher les marais.

Le second registre est économique. Les centrales sont nécessai- res parce que l'énergie fournie sera moins chère que par d'autres moyens. Une fois qu'une industrie nucléaire locale est créée, il convient en outre d'assurer la prospérité et en tout cas la survie de cette industrie, qui représente des emplois, une chance à l'exportation, et un stimulant pour la recherche-développement. Ce second registre est plus aisément criticable que le premier,

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car un pari sur les coûts s'étendant sur plusieurs décennies défie la capacité des meilleurs experts.

Le troisième registre est technique. Le nucléaire est une technologie fiable, cela va de soi ! Or, les événements ont montré la fragilité de ce genre d'argument. Après Tchernobyl, tous les pays du monde ont réexaminé leurs normes de sécurité.

Le quatrième registre est scientifique, au sens le plus superficiel de ce terme. Des spécialistes du calcul de probabilité nous l'affirment encore aujourd'hui : le calcul du risque d'accident conduit à des chiffres extrêmement faibles. C'était déjà le mode de raisonnement du rapport Rasmussen. Ces calculs font bon marché de l'erreur humaine, qu'ils sont bien en peine de prendre en compte.

La question fondamentale, celle qui court tout au long de ce livre, est celle-ci : l'homme peut-il apprivoiser le hasard nucléaire ? L'analyse des accidents graves qui se sont produits nous incite à penser qu'il serait dangereux de le croire.

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1.

Des champs et des habitations appa- remment à l'abri de toute intrusion des agitations du monde.

William WORDSWORTH, le Lac.

Lundi 7 octobre 1957. Le soir tombe sur le Lake District, au nord-ouest de l'Angleterre, l'une des plus belles régions de ce pays. Des monts aux pentes sombres et boisées, recouverts de lande en leur sommet, y dominent des lacs étroits et profonds. Cascades, bancs de brume, vieux murs en schiste vert, tout y appelle le romantisme. C'est le pays de Wordsworth, le grand poète anglais de la première moitié du XIX siècle, qui s'y est retiré et l'a longuement célébré. Un peu plus à l'ouest, les monts descendent assez abruptement vers la mer d'Irlande et cèdent la place à une étroite plaine côtière où, au milieu de prairies parsemées de boqueteaux, se dressent des constructions insolites. D'abord deux bâtiments rectangulaires, flanqués chacun d'une cheminée plus haute que le deuxième étage de la tour Eiffel, et comportant à son sommet une étrange protubérance : ce sont les réacteurs plutonigènes militaires de Windscale. Un peu plus loin, un bâtiment d'apparence beaucoup plus anodine, mais qui n'est autre qu'une installation de retraitement. Plus loin encore, deux tours de 80 m de haut laissent échapper de la vapeur d'eau : ce sont les tours de refroidissement des deux premiers réacteurs électrogènes et plutonigènes de Calder Hall ; deux autres sont en construction.

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Ce décor futuriste concrétise des idées ébauchées il y a plus de dix-sept ans. L'intérêt de la Grande-Bretagne pour l'énergie nucléaire remonte en effet aux débuts de la Seconde Guerre mondiale. En juin 1940 était créé le comité MAUD (MAP Uranium Development), chargé d'étudier la possibilité de réaliser une bombe atomique ; en juillet 1941 ce comité rendait une conclusion positive. Entre temps la plupart des scientifiques britanniques intéressés par cette énergie étaient partis travailler soit au Canada, soit aux États-Unis, où certains d'entre eux devaient participer à la fabrication de la bombe atomique. Dès janvier 1944, sir John Anderson, membre du cabinet de Guerre et ancien scientifique, déclarait qu'il faudrait donner la plus haute priorité à l'énergie nucléaire « dès que possible à la fin de la guerre ».

Au cours de l'année 1945, les travaillistes arrivaient au pouvoir. Ils étaient moins favorables que Churchill à la bombe atomique, et quelques scientifiques, dont John Cockcroft, devaient insister auprès des milieux politiques et militaires pour que le pays se lance dans la course à l'atome — situation que l'on avait déjà vue aux États-Unis et en Allemagne en 1939- 1940, et que l'on allait retrouver également en France. Le 29 janvier 1946, Clement Attlee, Premier ministre, nommait lord Portal contrôleur de l'énergie atomique, et John Cockcroft directeur de l'Établissement de recherche sur l'énergie atomique. La construction de réacteurs plutonigènes était convenue, puis celle d'une usine d'enrichissement de l'uranium. Dans une première étape, un petit réacteur était mis en chantier à Harwell ; ce réacteur ne devait pas produire d'électricité, mais seulement de la chaleur : quelques MWth (mégawatts thermiques), autant qu'une chaudière qui brûlerait quelques centaines de litres de fuel par heure (un mégawatt vaut 1 000 kilowatts). Puis en avril 1947 il était décidé de construire deux grands réacteurs du même type, non producteurs d'électricité, d'environ 200 MWth chacun (l'équivalent d'une chaudière qui brûlerait 300 litres de fuel par minute), à Windscale, dans le comté de Cumberland. La densité de population de ce comté, qui en 1974 a constitué une partie du nouveau comté de Cumbria, était relativement faible (70

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habitants au km alors que la moyenne était, à cette époque, de 300 pour l'ensemble de l'Angleterre). Autour de Windscale, on élève des vaches et des moutons, et on pratique la pêche en mer ; à 13 km au nord se trouve le petit port de Whitehaven, et à 40 km au sud le port industriel de Barrow-in-Furness (60 000 habitants). Le complexe de Windscale, qui allait apporter 3 000 emplois, était bien accueilli par la population de cette région relativement pauvre, où s'éteignait une petite industrie minière et métallurgique. Les deux réacteurs démarraient en 1951. Ils pouvaient produire à eux deux environ 80 kg de plutonium par an, de quoi faire plus de dix bombes atomiques. Grâce à eux, la première bombe britannique a explosé le 3 octobre 1952 dans les îlots Montebello, au nord-ouest de l'Australie.

L'effet Wigner

Ce 7 octobre donc, à 19 h 25, le réacteur n° 1 de Windscale, qui était à l'arrêt, est remis en marche sans refroidissement afin de procéder à un « recuit » du graphite Ce réacteur, ainsi que le n° 2, son frère jumeau, comprend un bloc de graphite à axe horizontal, de 15 m de diamètre et 10 m de long, percé parallèlement à son axe de 1 500 canaux où sont disposées des barres d'uranium naturel de 2,5 cm de diamètre, gainées d'aluminium. Le graphite, variété de carbone cristallisé (celle qui fait les mines de nos crayons noirs), sert à ralentir les neutrons très rapides émis lors des fissions de l'isotope 235 de l'uranium, qui représente 0,7 % de l'uranium naturel. Ainsi ralentis, et contrairement à ce que l'on pourrait penser intuitive- ment, ces neutrons ont plus de chances de provoquer la fission des noyaux d'uranium-235 qu'ils rencontrent, ce qui facilite l'établissement d'une réaction en chaîne, c'est-à-dire d'un proces- sus où les neutrons émis par les noyaux qui fissionnent vont à leur tour provoquer la fission d'autres noyaux, et ainsi de suite. En fonctionnement normal, le réacteur est refroidi : des soufflantes aspirent l'air extérieur et le refoulent à travers les

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canaux vers une cheminée d'évacuation de 123 mètres de hauteur. Les réacteurs de Windscale fonctionnent à basse température, et le graphite s'y trouve à moins de 200°C. Or à ces températures, le graphite est sujet à ce que l'on appelle l'effet Wigner, du nom du physicien américain qui l'a découvert. Dans le graphite, les atomes de carbone sont disposés régulière- ment aux sommets d'un « réseau cristallin » (le plus simple de ces réseaux est une juxtaposition de cubes identiques ; le réseau du graphite est un peu plus compliqué). Ces atomes, sous l'effet du choc des neutrons rapides, changent de position et emmagasinent de l'énergie : le réseau cristallin du graphite se trouve alors dans un état instable. Il peut revenir brutalement à son état normal, un phénomène qui, en libérant une grande quantité d'énergie, peut porter le graphite jusqu'à 1 200°C, d'où un risque d'incendie. Pour éviter cela, il faut chauffer le graphite de temps en temps (environ deux fois par an) : l'augmentation de température accroît les vibrations des atomes (l'« agitation thermique »), ce qui enclenche la remise en place des atomes avant qu'une trop grande quantité d'énergie n'ait été accumulée. C'est l'opération de « recuit » qui vient d'être entreprise sur le réacteur n° 1.

Cette opération n'est pas sans risques : l'uranium naturel est utilisé dans les réacteurs de Windscale sous forme métallique, or l'uranium métallique chaud prend feu à l'air. Dans cette hypothèse, tous les produits de fission (résultats de la « cassure » des noyaux fissiles) contenus dans cet uranium sont émis dans l'atmosphère. Ces produits sont radioactifs, émetteurs de rayons γ (rayonnement électromagnétique encore plus énergique que les rayons X) ou β (électrons) ; les plus célèbres sont le strontium-90, l'iode-131 et le césium-137, isotopes artificiels des corps naturels (non radioactifs) de même nom, dont ils diffèrent par le nombre de neutrons (par exemple, l'iode-131 a autant de protons, mais quatre neutrons de plus que l'iode-127 naturel). Ils sont très dangereux, et il faut éviter à tout prix la rupture des gaines d'aluminium, qui mettrait en contact l'air et l'uranium. De plus la simple rupture des gaines, même si l'uranium ne prend pas feu, laisse échapper une partie des

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produits de fission ; c'est pourquoi tous les réacteurs de ce type sont arrêtés dès la détection d'une rupture de gaine. Comme il n'y a pas de refroidissement, le recuit doit être effectué à une très faible puissance : ainsi le recuit enclenché lundi soir s'effectue à 2 MWth, 1 % de la puissance normale du réacteur

Mardi 8 octobre très tôt le matin, le réacteur est arrêté à nouveau. Normalement les atomes de carbone doivent continuer à libérer de l'énergie en revenant à leur position normale, et donc le graphite doit continuer à s'échauffer. Or, quelques heures plus tard, l'équipe de quart croit observer que le graphite refroidit. L'opération de recuit aurait été incomplète, et le responsable décide de procéder à un nouveau chauffage nucléaire, procédure qui avait déjà été utilisée lors d'opérations précédentes. En fait, les températures qu'il avait lues ne concernaient qu'une petite partie du réacteur, et les autres relevés montraient bien une élévation d'ensemble de la température du graphite : il y aurait eu erreur d'interprétation, ou mauvais positionnement des thermocouples destinés à suivre le « recuit » (un thermocouple est une sonde thermométrique utilisant un phénomène physique de production d'électricité par différence de température). Le réacteur est donc remis en marche à 11 h 05, trop rapidement selon des experts français et toujours sans refroidissement ; à 11 h 15 les barres de contrôle sont alors insérées plus avant, afin de réduire la puissance à quelques centaines de kilowatts (outil indispensable au contrôle de tout réacteur, ces barres sont constituées d'un matériau qui absorbe les neutrons ; en les enfonçant, on réduit le nombre de neutrons en circulation, et donc le nombre de fissions, c'est-à-dire finalement la puissance). Cependant la température de l'uranium en zone centrale monte brutalement de plus de 100°C en moyenne, puis semble se stabiliser autour de 350°C. La puissance du réacteur tombe en dessous de 100 kW vers 14 h 30, puis, toujours à l'aide des barres de contrôle, la réaction en chaîne est arrêtée à 17 heures.

Au cours de la journée du 9 octobre, le graphite continue de s'échauffer régulièrement par effet Wigner, d'abord en zone centrale où il approche de 400°C, puis très rapidement en zone

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périphérique. Afin de refroidir le cœur, le physicien en charge de l'opération rouvre de 22 h 15 à 22 h 30 des volets qui permettent une circulation naturelle d'air à travers les canaux. La température du graphite périphérique diminue, mais celle de l'uranium passe par un pic à la fin de l'ouverture des volets : il y a des « points chauds » où les gaines se sont rompues, et l'uranium mis en présence d'air par ces ruptures prend feu et commence à brûler lentement, ce qui provoque la rupture des gaines voisines et la propagation de l'incendie. L'opération est répétée le jeudi 10 à 0 h 01 pendant dix minutes, à 2 h 15 pendant treize minutes et à 5 h 10 pendant une demi-heure : cela ne fait qu'accélérer la combustion de l'uranium, de même que souffler sur les braises ranime un feu indolent. Un pic de radioactivité est enregistré à 5 h 40 dans les filtres à base de fibres de verre aspergées d'huile' dont, en cours de construction, on a décidé de munir la cheminée. C'est cette décision, prise sur l'insistance de sir John Cockcroft, qui permettra d'éviter une catastrophe majeure. Pourtant, nombre d'ingénieurs et de physiciens trop confiants ricanaient en douce devant ces protubérances dont sont affligées les cheminées, et les avaient surnommées « les folies de Cockcroft ». En particulier, Christo- pher Hinton, responsable de la conception et de la construction des deux réacteurs, et Henry Davey, directeur général des travaux à Windscale, ont demandé plusieurs fois leur retrait en 1954-1956 ; heureusement, à un niveau plus élevé, la décision finale de les garder a été prise

A part les éléments radioactifs, rien ne filtre à l'extérieur. Silence sur l'accident. On continue d'essayer d'influer sur le déroulement des phénomènes en espérant pouvoir cacher au voisinage ces regrettables événements. De 5 h 40 à 8 h 10, l'activité baisse pour remonter régulièrement ensuite. Les températures du graphite recommencent à monter, et les volets sont rouverts pour un quart d'heure à 12 h 10 et pour cinq minutes à 13 h 40 : de nouveau, brusque augmentation de l'activité au niveau des filtres. Une analyse de l'air sortant du réacteur montre une radioactivité très élevée : on est maintenant sûr que des gaines se sont rompues. Tom Tuohy, administrateur

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SCHÉMA DU RÉACTEUR N° 1 DE WINDSCALE

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général de Windscale, et Kenneth Ross, directeur national des opérations, se torturent les méninges pour trouver une solution. Et le black-out sur l'information est toujours maintenu.

C'est ici que prend place ce que l'on peut appeler un acte d'héroïsme nucléaire, qui ne sera surpassé que par celui des sauveteurs de Tchernobyl. La décision est prise de « regarder le monstre dans les yeux », c'est-à-dire d'observer visuellement l'intérieur du cœur. C'est s'exposer à une irradiation intense, et éventuellement à des retours de flamme de l'incendie que l'on subodore. Pour les éviter au maximum, on remet en route des soufflantes auxiliaires, chargées de repousser matières radioacti- ves et flammes vers la face de déchargement. A 16 h 30, masqués et revêtus de combinaisons protectrices, deux hommes enlèvent un bouchon de la face de chargement à l'endroit où la température est la plus forte, et peuvent observer quatre canaux. Ils constatent que l'uranium rougeoie en se consumant lentement, avec des flammes bleues qui lèchent le graphite. L'un de ces hommes est Tom Hugues, administrateur en second ; quant à l'autre, il s'agit de Ronald Gausden, directeur du réacteur (certains témoignages citent Huw Howell, chargé de la sûreté et de la santé, au lieu de Gausden ; en fait, Howell a dû examiner le cœur après les deux autres). Six travailleurs, suffoquant dans leur équipement, prennent place à côté de Hughes et Gausden, et tentent de décharger ces canaux en poussant les barres d'uranium avec de longues tiges d'acier ; mais l'uranium est déformé par l'incendie, et c'est impossible. On peut décharger les canaux voisins, mais cela ne change rien. Par ailleurs, la mise en route des soufflantes auxiliaires a accru l'incendie et le propage au graphite. On estime qu'environ 150 canaux sur 1 500 sont en train de brûler.

Alerte

Vers 15 h puis vers 17 h, des camions spéciaux partent sillonner les environs de Windscale pour faire des mesures de radioactivité. Les résultats sont alarmants, mais rien n'est dit à

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la population, qui pense qu'il s'agit de mesures de routine. La direction de Windscale se rassure en constatant que le vent souffle vers l'ouest, et donc que l'essentiel des fuites se perd en mer. A la nuit tombée, on fait venir du CO2 (gaz carbonique) liquide des réacteurs voisins de Calder Hall, qui utilisent ce gaz pour leur refroidissement : cela n'y fait rien, il n'y a aucun effet sur l'incendie, car les quantités de CO2 sont insuffisantes, et les températures trop élevées (une mesure par analyse de la couleur des radiations lumineuses a indiqué 1 300°C dans un canal ; or l'uranium métal brûle dans le CO2 au-dessus de 800°C). Vers minuit on envisage d'essayer l'eau, si rien d'autre ne marche, bien que l'on sache que l'eau réagit très violemment avec l'uranium métal au dessus de 100°C, et que l'on soit sûr de détruire irrémédiablement ce précieux réacteur militaire. Vendredi à 1 h 55, Kenneth Ross, d'autant plus inquiet que le vent a tourné et souffle vers le sud-est, donc vers les terres, décide enfin de prévenir l'officier de police en chef du lieu. Il s'est écoulé près d'un jour entre la première détection de radioactivité dans les filtres et la notification aux autorités locales. Un état d'alerte est décrété, et des centaines de « bobbies » sont réveillés en pleine nuit. Les travailleurs de l'installation de retraitement et ceux de Calder Hall doivent interrompre le travail, et il leur est interdit de quitter les cantines où ils sont rassemblés. Les gardiens du site, qui patrouillent en permanence avec des chiens (il s'agit d'une installation militaire) doivent mettre des masques à gaz ; ils se font attaquer par leurs chiens, qui ne les reconnaissent pas dans cet accoutrement ! Mais aucune mesure de protection n'est conseillée aux habitants. On ne leur dit pas de rentrer le bétail, de rester confinés chez eux. Ceux dont un parent travaille à Windscale savent que quelque chose marche de travers, mais on a certifié aux travailleurs qu'il n'y avait aucun danger pour le public. En prévenant la police, les atomistes tentent-ils simplement de dégager leur responsabilité ?

Les conduites d'eau sont mises en place à 3 h 45, à l'aide de connexions spéciales réalisées par Donald Ireland, ingénieur des travaux. Pendant des heures les responsables scrutent les

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températures en espérant qu'elles voudront bien descendre, mais rien de tel ne se passe. Alors le vendredi à 7 h, la décision est prise : le réacteur sera inondé. Le personnel de nuit est autorisé à quitter les cantines pour regagner son domicile, et le personnel de jour est mis à l'abri. Seuls Tom Tuhoy, Kenneth Ross et le chef des pompiers, Bill Cross, restent dans le bâtiment du réacteur en feu. A 8 h 55 ils ouvrent les vannes, et se précipitent derrière une porte en acier. Aucune explosion, le cœur commence à refroidir, le déversement d'eau continue jusqu'au refroidisse- ment complet samedi en début d'après-midi. L'accident propre- ment dit est terminé, mais la vapeur d'eau chargée de produits radioactifs s'est partiellement échappée à travers les filtres. Il ne sera sans doute plus possible de cacher les faits à la presse et à la population.

Dans la journée du vendredi 11, Roy Herbert, jeune attaché de presse de l'UKAEA (United Kingdom Atomic Energy Autho- rity), est seul dans son bureau, à Londres ; tous ses collègues sont en train de porter la bonne parole atomique dans le pays Seul est resté Eric Underwood, directeur des relations publiques. L'air grave, Underwood apparaît dans le bureau et déclare à Herbert : « Vous allez avoir un tas de questions de la presse. Avant de répondre, venez me voir — Des questions à propos de quoi ? demande Herbert. — Désolé, je ne peux pas vous le dire. C'est secret. »

Le vendredi et le samedi, les physiciens chargés de la radioprotection continuent leurs mesures et recherchent particu- lièrement l'iode-131 et le strontium-90. L'iode-131 est un corps radioactif qui disparaît assez rapidement, mais auparavant passe dans le lait des vaches et va contaminer la thyroïde des enfants (et à un moindre degré des adultes), pouvant provoquer des cancers de cet organe ; quant au strontium-90, il a une longue durée de vie et se fixe sur les os, d'où possibilité de leucémie. En ces années 50, l'attention s'est focalisée sur ces deux éléments en raison des essais nucléaires militaires, qui en ont rejeté de grandes quantités dans l'atmosphère. Les physiciens de Winds- cale s'aperçoivent que l'iode s'est déposé sur le sol, à des taux allant jusqu'à un million de becquerels par m à 6 km sous le

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vent de Windscale c'est-à-dire que sur chaque m de sol un million d'atomes d'iode-131 se désintègrent chaque seconde, se transformant en atomes de xénon (1 becquerel = 1 Bq = une désintégration par seconde). Ils décident d'interdire la consommation de lait dans les fermes environnant le réacteur. Les mesures montreront que la contamination du lait, exprimée en Bq/l (becquerels par litre), est à peu près le dixième de la contamination du sol, exprimée en Bq/m : la concentration en iode-131 dans le lait aux environs de Windscale est en moyenne de 30 000 Bq/l, 400 fois plus que le maximum observé à Salt Lake City, ville souvent contaminée par les retombées des essais nucléaires américains. L'interdiction concerne d'abord douze fermes situées dans un rayon de 2 miles (3,2 km) autour de Windscale. Les fermiers sont réveillés dans la nuit de samedi à dimanche pour s'entendre notifier l'interdiction de consommer et de vendre le lait. Il est décidé de fixer le seuil admissible à 3 700 Bq/l, et lundi matin 14 octobre l'interdiction est étendue à 90 fermes, puis 150 dans l'après-midi. Mardi elle s'étend sur une surface de l'ordre de 500 km jusqu'à la ville de Barrow- in-Furness. Deux millions de litres de lait seront jetés à la mer d'Irlande. L'UKAEA reconnaîtra que la radioactivité du lait « n'a pas décru aussi rapidement que nous le pensions ». On détectera une activité de 10 000 becquerels dans la thyroïde d'un habitant L'interdiction sera levée au bout d'un mois environ (25 jours pour les régions les moins touchées, 44 jours pour la zone la plus contaminée). Une femme se plaint dans une lettre au Whitehaven News : « On ne nous a donné aucune consigne jusqu'à ce que la situation soit maîtrisée. Pourquoi ? Supposons qu'ils n'aient pas réussi ? Que serait-il arrivé ? Les gens ont quand même le droit de savoir s'ils doivent ou non évacuer leurs enfants ou au moins les garder à la maison si on s'attend à un grave accident »

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LINCENDIE DE WINDSCALE CONTAMINATION DU SOL EN IODE 131 LE 11 OCTOBRE 1957

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Est-ce bien grave ?

Environ 20 000 curies d'iode-131 ont été dispersés. Un curie est l'activité d'un gramme de radium, et vaut 37 milliards de becquerels : il était donc sorti suffisamment d'iode-131 du réacteur pour que 740 000 milliards d'atomes de cette substance se désintègrent chaque seconde dans l'environnement. Heureuse- ment l'iode-131 a une « durée de vie » assez courte : huit jours, c'est-à-dire qu'en huit jours la moitié disparaît (plus précisément, se transforme en xénon), puis la moitié de la moitié restante dans les huit jours qui suivent, et ainsi de suite : les 20 000 curies ci-dessus représentent moins de deux dixièmes de gramme d'iode ! Il n'y a pas eu que de l'iode : 12 000 curies de tellure- 132, 600 curies de césium-137, 80 curies de strontium-89 et 9 curies de strontium-90 ont également été émis, ainsi que du polonium mais on ne reparlera plus de ce dernier produit pendant plus de vingt ans. Tout cela n'est pas resté au dessus de Windscale. Le passage du nuage radioactif, étalé sur une vingtaine d'heures, est détecté dans presque toute l'Angleterre ; il atteint Leeds au nord de l'Angleterre vendredi 11 à 9 h, puis Londres à 16 h. A Oxford le dépôt au sol est de 740 Bq/m ; dans des conditions météorologiques analogues (pas de pluie) il sera de 500 Bq/m à la suite de l'explosion de Tchernobyl ce qui montre la différence de gravité des deux accidents : Oxford est à 340 km de Windscale, et à 4 350 km de Tchernobyl ! Ignorant (déjà) les frontières, le nuage atteint la Belgique et les Pays-Bas vers 19 h ; son activité y est cependant dix fois plus faible qu'à Londres. Plus tard, Paris, Vienne en Autriche et même, dans la journée du 15, la Norvège seront légèrement touchés.

Curies et becquerels mesurent la radioactivité des produits ; quant à l'effet de cette radioactivité sur l'homme, il est en général exprimé en rem (rad equivalent man). La radioactivité naturelle correspond en moyenne à 0,015 millièmes de rem par heure (en abrégé, mrem/h). Une étude publiée par R.H.Clarke en 1974 concluera que les maxima dûs à l'irradiation par passage du nuage de Windscale ont été de 50 mrem/h à 1 km sous le

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vent du réacteur, et de 5 mrem/h à 50 km ; cependant, les mesures effectuées par Dunster n'indiquent que 4 mrem/h à 1,6 km. Ce maximum a duré peu de temps (de l'ordre d'une heure), et les personnes à l'intérieur de bâtiments en ont été protégées. D'autres sources d'irradiation ont été les rayonne- ments émis par les dépôts au sol, l'inhalation de l'air et l'ingestion d'aliments contaminés. Le résultat de tout cela est entaché d'incertitudes dues à l'insuffisance des mesures ; on peut estimer qu'en moyenne un adulte vivant aux environs de Windscale a reçu environ 100 mrem du seul fait de l'iode-131 ; ce chiffre peut être multiplié par trois pour un enfant, ce qui représente environ deux fois la dose reçue chaque année du fait de la radioactivité naturelle. Sauf cas exceptionnels, ces doses ne devraient pas avoir d'effets sanitaires ; si elles en avaient, il s'agirait de nodules ou de cancers à la thyroïde.

Tout de suite après l'accident, une première commission d'enquête réalise en moins d'un mois un Livre blanc qui décrit le déroulement de l'accident. Le réacteur n° 2, qui avait été arrêté pendant l'accident, puis remis en marche, est arrêté de nouveau en attendant les conclusions d'une seconde commission, qui sortent pendant l'été 1958. La commission recommande des modifications dans la procédure du « recuit » et l'implantation d'une nouvelle et très importante installation de mesure des températures et des produits de f i s s i o n Cette demande sera refusée en raison de son coût (500 000 livres s t e r l i n g et le réacteur n° 2 est déchargé et définitivement arrêté ; quant au réacteur n° 1, il a été muré. Les réacteurs de Calder Hall

prennent la relève pour la production de plutonium militaire. En janvier 1958, l'UKAEA, par l'intermédiaire de son organisa- tion pour le contrôle de la santé et de la sûreté, a publié un rapport selon lequel « il est hautement improbable que l 'accident ait eu des effets nuisibles sur la santé tant des travailleurs de Windscale que de la population des environs ». Cette version lénifiante sera maintenue pendant un quart de siècle. En 1975, Claude Bienvenu, directeur des Etudes et Recherches à EDF, peut encore écrire : « Résultats de cette monumentale catastro- phe : pas un mort, pas un blessé, 8 jours d'interdiction de

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L'homme peut-il apprivoiser le hasard nucléaire ? Pour répondre à cette ques-

tion, deux spécialistes ont recons- titué étape par étape les succes- sions d'événements qui ont conduit

aux plus graves accidents de l'histoire du nucléaire civil. Windscale, Kychtym, Idaho Falls, Three Mile Island, Tchernobyl... Maladresses, défectuosités, erreurs ont concouru par six fois à la destruction du mythe de l'accident impossible. Alors, de tels acci- dents peuvent-ils survenir en France ? Pouvons-nous évaluer correctement les risques, c'est-à-dire tenir compte de l'erreur humaine ? Chacun pourra se faire une opinion à travers ce livre qui donne pas à pas, à ceux qui ne sont pas des spécialistes, toutes les données techniques et scientifiques nécessaires pour prendre part en connaissance de cause au débat sur l'énergie nucléaire.

Jean-Pierre Pharabod a été ingénieur des services nucléaires d'EDF pendant sept ans ; il est actuellement ingénieur au laboratoire de Phy- sique Nucléaire des Hautes Energies de l'Ecole Polytechnique. Il a écrit (en collabora- tion) un ouvrage de vulgarisation : Le Canti- que des quantiques.

Jean-Paul Schapira est polytechnicien ; il est directeur de recherches à l'Institut de Phy sique Nucléaire d'Orsay. Il a été membre de la commission Castaing sur le retraitement et la gestion des déchets radioactifs.

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