les manuscrits slaves
DESCRIPTION
Slovenski rukopisiTRANSCRIPT
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Liolav.BbM3876II1
Martuinov, Ivan MikhailovichLes manuscrits slaves de
la Bibliothque Impriale deParis,
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LES
MANUSCRITSSLAVES
DE LA.
BIBLIOTHQUE IMPRIALEDE PARI!
PAR LE P. MARTI NO FD K LA COMPAGNIE n E JESUS
AVEC UN CALQUE
PARl^ JULIKN, LANIER, COSiNARD ET C, DITEURS
n iK nE Bi;ci,
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1858
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-
LES
MANUSCRITS SLAVES
BIBLIOTHEQUE IMPERIALE DE PARIS
III.
-
LliS
MANUSCRITS SLAVES
UIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARLS
I
"1% T AGURE une chaire de langue et de littrature slave^L tait cre au collge de France. Aujourd'hui, l'fns-
JL 1 litut, dans la sance solennelle des cinq acadmies(17 aot 1857), vient de dcerner le grand prix Volney M. Miklosich, qui occupe avec clat Vienne une chaire toute
semblable celle que Mickiewicz a illustre Pai'is. Ces
deux faits disent assez l'intrt que la France porte aux
tudes slaves. Elle veut se rendre compte de cette langue
parle dans ses divers dialectes, en Europe, par {)rs de qua-
tre-vingts millions d'hommes, et de ce mouvement intellec-
tuel qui s'est manifest depuis le commencement de notre
sicle chez les peuples de cette race. C'est un puissant en-
couragement pour tous ceux qui , dans la mesure de leurs
forces, se livrent ces tudes. N'est-ce pas dire qu'il y a
en France un public qui veut tre tenu au coui'ant des
-
4 LES MANUSCRITS SLAVES
productions les plus remarquables de la littrature slave, des
questions qui s'agitent dans le monde slave et des diseussions
qu'elles soulvent? Nous l'avons pens, et c'est pourquoi
nous avons pris pour objet de notre travail les manuscrits
slaves de la bibliothque impriale de Paris.
Deux motifs ont dtermin notre choix : d'abord l'intrt
intrinsque du sujet. La palographie slave date d'hier,
mais elle a devant elle un brillant avenir. Des hommes mi-
nents, parmi lesquels il faut compter M. Miklosich, le nou-
veau laurat de l'Institut, lui apportent le tribut d'un d-
vouement clair et persvrant ; elle a conquis les sympathies
d'un public instruit et intelligent parmi les peuples slaves,
de plus en plus {3ris de leur pass et de tout ce qui se
rattache leur nationalit. La solution de problmes im-
portants et qui piquent vivement la curiosit, dpend des
progrs que cette branche de la science est appele faire.
Ces progrs, il ne suffit pas de les appeler de tous nos
vux; il faut tcher de les hter par nos labeurs et nos
recherches. C'est par cette voie que la palographie slave
verra se raliser des rsultats analogues ceux que M. Mi-
klosich vient d'obtenir dans le domaine de la philologie , et
qu'il a consigns dans sa Grammaire compare des lanyucs
slaves.
Mais outre cet intrt gnral, le travail que nous avons
entrepris en prsente un autre , particulier la France, et
qui lui est pour ainsi dire personnel. Il s'agit de faire l'in-
ventaire des richesses qu'elle possde en fait de manuscrits
slaves.
Disons -le tout de suite, ces richesses ne sont pas con-
sidrables. Montfaucon nous a laiss, il est vrai, une longue
-
DE LA RIELIOTnQUE DIPRIALE DE PARIS. 5
liste des manuscrits qu'il appelle en toutes lettres Codices
slavici , et qu'il dit avoir t ports sur les catalogues
de Saint-Germain-des-Prs en 1686. Que sont-ils devenus?ont-ils pri dans les dsastres qui menacrent l'van-gliaire de Reims? ou bien, sauvs comme celui-ci parune main amie, enrichissent-ils quelque bibliothque qui
ne se doute pas des prcieuses paves qu'elle possde?
C'est ce que nous ne saurions dire , et sur quoi les per-
sonnes les plus inities dans les questions bibliographi-
ques, les plus mme par leur position de connatre lavrit, n'ont pu nous donner aucune rponse satisfai-
sante. Toujours est -il que nos investigations n'ont abouti aucun rsultat, et nous sommes oblig de considrer
ces manuscrits comme perdus pour la science. Pour sentir
la grandeur de cette perte, il sufft de parcourir les titres
des quarante- cinq volumes mentionns par le docte bn-dictin. Il y avait l des ouvrages que les slavistes auraient
t heureux de connatre pour la premire fois peut-tre;
telles sont par exemple les Comdies d'Aristophane,pour
ne rien dire des textes des saints Pres et autres auteurs
ecclsiastiques, gnralement assez rpandus*.
Quoi qu'il en soit, le peu que possde la bibliothquede Paris lui donne le pas sur celles de l'Allemagne. Il ya l des textes qui mriteraient d'tre dits en entier.
Nous ne renonons point l'espoir de nous en occuper
un jour ; en attendant, nous nous contenions de donner un
aperu gnral de tout ce dont nous avons pu par nous-
mme constater l'existence.
* Les voici tels qu'ils sont consig-ns dans la Bibliothccn bihliothecarum ms^.,
t. Il, p. 104-2. Mss. codicum slavicoruni, etc., bibliothcc Coisliulanae hic
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LES MANT'SCRITS SLAVES
Ce n'est poiiil un lia'it de palographie slave que nous
crivons : ce trait est encore Aiire. Ce n'est pas non plus
une description complte et critique , dans le genre de celle
qui a immortalis le nom de M. Vostokof *, ou de celle
que viennent d'entreprendre deux savants professeurs de
catalogos proferimus quales ipsi, anno 1686, Parisiis adornati fuerunt. lUi verocalaloji nullo apposito numro prostant.
Codices slavici.
1. Ecclesiastici officii, cod. quatuor.
2. Vctus Testaniciitum, cod. unus.3. Qu.iluor Evaiigelia, cod. unus.4. S. Joann. Ciimaci opra et scala, cod. duo.5. S. Joann. Clirysostomi oper., cod. deceni.C. .S. Gregorii Nazianzeni oper., cod. unus.7. S. Basilii qudam, cod. unus.8. S. Gregorii Nysseni, cod. unus.9. S. Joann. Damasceni, cod. unus.
10. Tlieophylactus in E\angelia, cod. unus.11. Vilit Patruni et Sanctorum, cod. trs.12. Tlieodoreti historia, vita; SS. Patrum, Palladius de Brachnianis , liber
Tobii, cod. unus.
13. Manuelis Palologi dialogus cum Persa, cod. unus.14. Commentarius in Psalmos, cod. unus.15. Hoinili divcrsoruni, Andnt Crelensis de Lazaro,cod. unus.16. Aristoxeni moralia, cod. unus.17. Georgii Syncelli et Theopliauis Ghronographia, cod. unus.18. Concilium Epliesinum, cod. unus.19. Gcrmani urchiepiscopi Constaiitinopolitani serna. cod. unus.20. Concoidantia ciinonum, Niccphori patriarch Constantinopolitani cano-
nes pniteiitialcs, Symboluin fidci, Joannis Jejunatoris canones pni-tcntialcs, cod. unus.
21. Simeonisnosi thcologi serm. cod. unus.22. Evangelia cum notis characlcrc elegantissimo et antiquissimo , cod.
unus.
23. Catena in Lcviticura.
24. Paraneses Patium, cod. unus.o. Pliilo Jud;cus,cod. unus.20. Aristophanis comicdia', cod. unus.27. Graninialica, Epistohc Libanii, cod. unus.28. I)iony>ii llalicarnassei antiquitales roinana;, Zozimi bisforis, cod. unu.^.29. A!ban:isii rbuloris varia et adsersaria, ter in tribus coilitibus.* Description des manuscrits slaves du muse Houmiautsof. Saint-Pters-
bourg, 18h-2.
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DB LA BIin-IOTIIF.QUU; IMPRIALE DE l'AIU^. '
Moscou, MM. Nvostrouef et Gorski*. Un loi travail, au-
dessus de nos forces, n'aurait d'ailleurs d'intrt que pour
les slavistes. Ce ne peut donc tre qu'un relev peu dtaill
des manuscrits slaves, disperss dans les diffrents fonds
de la bibliothque impriale ; faible fruit de nos tudes
qu'il nous tarde de partager avec tous ceux qui , Slaves ou
non, peuvent y trouver quelque intrt.
Il y a dj plusieurs annes qu'un slaviste a fait quelquechose de semblable. En sa qualit de membre de la Com~missioi archographiqup de Russie, feu Serge Stroef avait
visit les principales bibliothques de l'Allemagne et de la
France, et rdig sa Description des monuments de la litt-
rature slavo-russe^,qui n'a t publie qu'aprs sa mort.
(Moscou, 1841.) C'est l'essai d'un dbutant, il est vrai,mais un essai d'un mrite rel ; d'ailleurs c'est le seul ou-
vrage, que je sache , o les manuscrits de la bibliothquede Paris soient passs en revue d'une manire un peusrieuse. Cet ouvrage est crit en russe ; mais le lecteur
franais n'aura rien regretter, grce au catalogue plus
complet publi dernirement par M. Louis Paris % dont lenom a depuis longtemps acquis droit de cit dans la rpu-
blique des lettres slaves.
Description des manuscrits slaves de la bibliothque synodale de Moscou.2 GnncaHienaMatHnKOBi ciaBano-pjivKoii .iiiTi'jjaTyriu, xpaiDiiniixcfiB'bny.iu'iuLlxli
On.iioTeKaxi rcpMaHln n tpaHqia, ai, cunMKaMU iisx piTionHCcu. CocTaBJeiio CepricMiiCTpoeBUM'b. MOCKBa, ISil.
3 Voyez la livraison d'avril 1857 de son intressant ahinci /(lorique,revue mensuelle.
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8 LES MAN'L'SCRITS SLAVES
II
4 vA>r (rintrodnirc le lectour franais dans un pays
r\. si nouveau pour lui , nous croyons devoir lui donnerqnelfjues notions prliminaires l'aide desquelles il pourra
s'y oi'ienter. Ces notions , d'ailleurs , nous mettront
jnine d'viter dans la suite des redites et des dtails peu
attrayants.
Puisque nous allons parler des manuscrits slaves, il
importe, avant tout, de se faire une ide prcise de la langue
dans laquelle ils sont crits. La langue slave ancienne,que
nous appellerons ;;a/eos/rtL^e;, est celle dans laquelle avaient
t faites les versions primitives de la Bible,des livres litur-
giques et des Pres de l'glise. Rpandu par ce moyen cheztous les peuples slaves, devenu la langue de l'glise et de
la science, le paloslave obtint facilement sur les autres
idiomes slaves la suprmatie qu'il exera depuis le ix^ sicle
jusqu'au del du xni% imprimant aux productions de lalittrature ecclsiastique, la seule qui existt dans ces temps-
l, je ne sais quel cachet d'uniformit, qui ne contribua
pas peu sa diffusion parmi les membres les plus loi-gns de la grande famille slave. Les traits caractristi-ques de cette langue ancienne consistent, d'aprs un des
slavistes les plus minents, M. Yostokof',
dans l'usagenormal des sons nasaux m (on) , a ou a (in) , et de leurs
> Un jeune savant, M. Pypin, a eu riicureusc ide de runir dans un seulcorps les observations et les principes pars dans les nombreux crits du clbrearfliolo.u:iie, et surtout dans son ^Tand ouvrage sur les manuscrits du museRoumiantsof. Le travail de M. Pypin a t publi dans les Mmoires savants del'Acadmie de Saint-Ptersbourij, 185G, t. II, livraison 2.
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DE LA BIBLIOTHQUE LMrRTALK TE PAUIS. 9
composs, dans la distinction rigoureuse des demi-voyelles
{i,, h), vritables chevas slaves, soit la fin des mots, soit
pour former les drivs , dans l'observation exacte des lois
qui prsident la permutation des consonnes, et en g-nral dans un dveloppement plus complet et plus rgu-
lier du systme pliontique et des formes extrieures de
la langue. Les monuments littraires dans lesquels on
retrouve ces caractres de la langue paloslave embras-
sent,nous venons de le dire , une dure de plus de trois
sicles.
Toutefois, ne nous faisons pas d'illusions sur celte puret
primordiale du paloslave. On a bientt numr les ouvra-ges o se retrouvent ces traits antiques et vnrables ; et
encore ceux-l mme portent dj l'empreinte des influenceslocales, les traces plus ou moins visibles d'lments eujprun-ts au bulgare, au serbe, au russe, etc., de manire qu'il n'y
en a pas un seul peut-tre qui runisse, en faveur de son
caractre antique et pur de tout alliage , les suffrages una-
nimes des slavistes. C'est qu'il en est del langue paloslave
comme de cette langue primitive dont elle tire son origine
ainsi que le sanscrit et les autres membres de la famille
aryenne. On la trouve partout, et elle n'est nulle part. Ainsi,
dans cbacun des dialectes slaves, on remarijue des carac-
tres de ressemblance plus ou moins frappants avec le
paloslave; on reconnat des traits de famille; maison ne
peut affirmer son identit avec aucun d'eux.
Une cbose cependant est certaine , c'est que plus les mo-
numents sont anciens, plus aussi ils conservent la puret de
ce caractre paloslave. Il est cui'ieux de suivre d'ge en
ge l'action permanente des dialectes vivants sur la langue
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^0 LES MANUSCIUTS SL.VVES
crite, bientt devenue une langue immobile et morte. Cette
intkience, dont on compi'end l'importance pour la palo-
graphie, s'exerait peu peu et ne devenait sensible qu'au
bout d'un certain temps. Ainsi, dans les commencements,
c'est--dire au ix" et au x*" sicle, le texte primitif des
livres sacres restait intact chez tous les peuples slaves ; il
ne se ressentait de l'influence locale que dans l'orthogra-
phe tout au plus , ce qui tait peu prs invitable. Lors-
qu'un crit franchissait les limites du pays qui l'avait vu
natre et passait sur un sol tranger, son orthographe variait;
ct de l'ancienne il en apparaissait une nouvelle. Cette
altration pouvait s'accomplir aussi par une voie plus indi-
recte. Un manuscrit bulgare, par exemple, tombait entre
les mains d'un serbe, et, aprs avoir subi les modifica-
tions exiges par la prononciation serbe, il passait un
russe qui lui en faisait subir d'autres ; il s'enrichissait ainsi
de deux lments trangers : rien de plus naturel. La mmechose arrivait lorscju'un copiste avait sous les yeux un ma-
nuscrit (jui portait des traces de deux dialectes diirents
de celui qui lui tait familier.
On conoit la confusion qui doit parfois en rsulter. S'iln'y avait que deux lments en prsence , l'analyse en serait
assez facile,et c'est ce qui a lieu dans les manuscrits ant-
rieurs au xiv'' sicle. Mais il n'en est pas ainsi partir de
cette poque ; surtout au xv** et au wi*" sicle, les lments
htrognes se multiplient et se fondent davantage, soit
parce qu'ils ont sul)i l'action de causes extrinsques plus
nombreuses, soit parce que, indpendamment de cette in-
fluence, le texte ancien tombait en dcadciicc,
perdait les
formes primitives , cf avec elles son orthographe ; soit enfin
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DE L.\ IJlliLIOTnOUE IMPllIALE DE TARIS. il
parce que l'ignorance et le capi'ke des copistes introduisait
de nouvelles variantes. Imaginez un artiste en prsence
d'un chef-d'uvre qu'il se propose de copier. Que (ait -il?il commence par tudier l'original ; il dcompose les cou-
leurs couche par couche jusqu' la premire ; il en tudie
les nuances et les mlanges; et ce n'est qu'aprs avoir
achev cette pnible analyse qu'il saisit le pinceau et re-
produit sur la toile l'uvre du matre. Telle est , ce me
semble , la situation d'un slaviste qui veut se rendre compte
des manuscrits du xv'^ et du \yf sicle; lui aussi doit d-composer les modifications nombreuses dues l'action cons-
tante des poques, des localits, de l'arbitraire et de tant
d'autres causes.
Il faut conclure, de ce que nous venons de dire,que l'or-
thographe du manuscrit est un crilerium des plus impor-
tants pour en dterminer l'ge. Communment on classe lesvariations de celte oi'tliographe en quatre catgories ; ce sont
comme autant de couleurs dominantes qu'on doit retrouver
dans toutes les rdactions mlanges. On les appelle palo-
slave, bulgare, serbe et russe. Chacune d'elles a ses traits dis-
tinctifs. Nous avons dj parl de la premire; nous n'y
reviendrons plus. Quant aux trois autres, les voici telles que
les donne M. Vostokof, sous la garantie duquel nous aimons
nous placer dans une question encore controverse , et
dont la solution demanderait de notre part un examen
plus mir*.
1 M. Miklosich diffre dans la manire dclasser les inaniiscrils slaves. Lui
aussi, il admet quatre catgories, qu'il appelle paloslave, russo-slave, serbe-
slaTc et bulgaro-slave. (Voyez Verfjleichenrle luutlehre der s!avchcn sprn-chen, p. VII. Vienne, 18j-2.) Mais son palos'.ave nVst pas celui de M. Vostokof,
d'o il arrive que les manuscrits donns comme palooslavcs par l'un, ne le sont
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i-2 LES MAM'SCRITS SLAVES
L'orthographe bulgare a cola de caractristique qu'elle
possde des signes particuliers pour rendre les voyelles
nasales on, in (
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DE LA WBLlOTilUUC DirRIALE DE PAULS. 13
que ce que tout le monde sait : savoir, que les anciensmanuscrits sont crits sur vlin , et qu'au vlin a succd
le papier. Quant l'criture, les palographes slaves endistinguent trois sortes : l'onciale ou oustav, c'est--dire
criture pose; la denii-onciale et la cursive. La premire,
qui est la plus ancienne, varie d'un sicle l'autre. Cette
diffrence se remarque principalement dans les trois con-
sonnes suivantes : j, z , tch (jk, 3, 'i) '. On pourrait y ajou-ter les voyelles ,7. {on) , a ou a [in), et y, ta (y)% qu'onretrouve traces de la sorte dans les manuscrits les plus
anciens, ainsi que certains signes numriques.
L'criture demi-onciale, qui tient le milieu entre l'onciale
et la cursive, apparat ds la lin du xiv*" sicle , et elle est
trs-rpandue au xv* et au xvi". Enfin la cursive s'est intro-
duite vers le milieu du xvi" sicle, et l'usage en est devenugnral au xvIl^ Ce qui la distingue des deux prc-
dentes, c'est la rondeur des lettres et l'abondance des
abrviations.
111
CE que nous venons de dire de l'orthographe et do laforme de l'criture ne regarde que les manuscrits
cyrilliques; car pour les glagolitiques,
qui forment dans
la palographie slave une branche part, il y aurait d'au-
tres rgles tablir. Mais ces rgles ne peuvent tre que
* Quant la lettre tch [i], la forme angulaire, tout fait semblable l'y ma-juscule (Y), parat tre plus ancienne que la forme arrondie.
2 Ce son est propre aux langues slaves, dont quelques-unes le rendent par y.C'est pourquoi j'emploie cette lettre. C'est un i trs -ouvert , peu prs commedans le oui des Franais, ou le wornen des Anglais.
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I i I.KS MAiNUSClUS SLAVES
le friit de l'cUiilc consciencieuse d'un nombre de manu-
scrits anciens plus gi'and que ce qu'on en connat jusqu'
prsent. Nous nous bornerons aujourd'bui aux donnes les
plus lmentaires , nous rsei'vant d'y revenir dans un
travail plus approfondi sur la littrature glagolitiquc en
irnral.
On lsait, les peuples slaves ont deux liturgies, la grec-
que et la romaine. Quelques-uns ont adopt l'alphabet latinavec la liturgie latine ; d'autres emploient un alphabet parti-
culier,
quel que soit d'ailleurs le rite auquel ils appartien-
nent. Le rite grco-slave est rpandu en Russie, en Galicie,
et dans plusieurs contres de l'Autriche et de la Turquie
europenne. Le rite latino- slave, qui n'est autre que le
rite romain, avec cette diffrence que la langue slave y est
substitue la langue latine , est renferm dans les
troites limites de la Dalmatie, jointe une partie del'Illyrie.
La langue liturgique de l'une et de l'autre glise est la
mme; il n'y a de diffrence que dans la forme des lettres.
Ainsi les glises grco-slaves se servent de l'alphabet cyril-
li(jue , tandis que les glises latino-slaves ont leur usage
l'criture glagolitique ou glagolitsa , connue aussi sous le
nom de hironymieine\
Celle-ci est de deux espces, arrondie ou lunettes, et
carre. On a demand laquelle des deux est antrieure
l'autre. Jusqu' ces derniers temps les monuments les plus
anciens, tels que l'vangile d'Assmani, au Vatican, l'ab-
cdaire bulgare, Paris, et le Glagolita Cloziamis, publi
1 Le nom de ?airit Jcrmc lui est rest, caiiso de la rcsscmbl.ince qu'offrentles rdaclioiis glaf^oliliqucs de li Bible avec la Vulgatc. C'est au moins Tcxpli-cation qu'eu donne M. Scliafarik, et qui nous parat la plus plausible.
-
DE LA Dir.LIOTll0UE IMPUIALE DE TAUIS. 15
par t'en Kopitar, offrent des caraelres arrondis. C'est pour
cette raison, je le prsume, que M. Schaforik a cru ncessaire
de faire excuter, sur leur modle, de nouveaux caractres
,
diffrents de ceux de la Propagande de Rome, qui sont car-rs, et avec lesquels elle a imprim tant de livres destins l'usage des llyriens catholiques. C'est avec ces lettres rondes,
admirablement excutes, que l'minent glagoliste a publi
ses Moiiumenls de Vancienne littrature glagolitique ', pr-
cieux pendant de ses Monuments de la littrature yougo-
slave \ Mais une dcouverte rcente, faite Prague parM. Hfler, et annonce ici mme', vint jeter une nouvellelumire sur cette question. Aprs un examen approfondides Fragments glagolitiques ^, M. Schafarik est arriv cette
conclusion, que les deux espces d'criture connues jusqu'prsent, la ronde et la carre , ne sont que deux formes
diffrentes d'un type antrieur, dont ces Fragments vien-
nent de nous rvler l'existence, et qu'il est permis de con-
sidrer comme primordial. Ce type, en se dveloppant sous
l'influence des modles graphiques dj existants, aurait pris
la forme ronde ou la forme carre , suivant qu'il subissait
l'action de l'lment grec ou celle de l'lment romain.
Sans doute, tre en possession de ce type primitif, c'est
quelque chose ; toutefois cette nouvelle acquisition n'avance
pas beaucoup la question des origines glagolitiques, si vive-
ment dbattue parmi les slavistes modernes , et dont l'im-
portance crot de jour en jour.
1 Pamatky hlaliolskelio piscmnictvi. Prague, 1853.2 Pamatky drcvniho piscmnictvi jihoslovanuv. Prague, 1851.3 tudes, t. l,p. 438.4 Glagolitische Fragmente, herausgegcben von D' Hfler iind D^ Schafarik.
Prague, 1857.
-
16 LES MANLSGRITS SLATES
Les lettres glagolitiques sont-elles plus anciennes, ou non,
que les cyrilliriiics? A cette question, si simple en apparence,il n'y a pas encore de solution certaine. Les uns rpondent
affirmativement ; les autres, la suite du clbre abb Do-
bro\vsld, et entrans parle poids de son autorit, tiennent le
glayolUque pour une invention du xm'' sicle \ Il y en a enfin
qui protestent hautement contre les exagrations de ces der-
niers, sans se prononcer pourtant pour l'affirmative. Ce n'est
pas le lieu d'entrer dans des dtails qui trouveront mieux leur
place dans un travail spcial que nous mditons en ce mo-
ment; il nous suiHira de dire qu' l'heure o nous crivons,
l'criture glagolitique est considre pour le moins comme
contemporaine de la cyrillique, sa sur, et qu'en tout cas
elle est certainement de beaucoup antrieure au xm'' sicle^
C'est un fait dsormais acquis la science, et sur lequel nous
n'insisterons pas.
Ce que nous tenons faire remarquer au lecteur, c'est
que la littrature glagolitique a deux priodes , l'une an-
cienne et l'autre moderne; elles sont bien distinctes l'une de
l'autre, non-seulemcni par la forme extrieure de l'criture,
mais encore par la structure de la phrase et par l'organisme
intrieur de la langue. Les monuments liltraires appar-
tenant la premire priode, qui embi'asse plus de trois
sicles (du ix*" au xuf), sont en trs-petit nombre. Il n'enest pas ainsi de la seconde. Heureusement, la bibliothque
1 n n'est pas bien tonnant, aprs cela, de voir les crivains les pins minentsde l'Occident jiartager cette opinion. Le docte et pieux auteur des Institutionsliturgiques est de ce nombre, t. III, p. 12.
- Je n'hsite pas, dit M. Scbafarik en discutant Tge des Fragments glago-litiques, je n'hsite pas de les placer entre 8G2 et 950, c'est--dire dans le pre-mier sicle qui suivit imindialcmcnt la venue ct la prdication de saint Cyrilleet saint Mthode en Moravie ( p. 61 ).
-
DE LA BIBLIOTHQUE IMIIUALE DE PARIS. il
de Paris possde des ccliantillons de toutes les deux. A lapremire appartient le fameux Abeccdcmwn bulf/ancum
,
regard, mme aprs les dcouvertes de ces derniers temps,comme un des restes les plus vnrables de la palographie
slave; une espce de vade-mecum sacerdotal, qui est dumme temps que la portion glagolitique du Texte du Sacre(xiv^ sicle) , reprsente la seconde priode.
En nommant VAbcdaire bulgare, nous avons voqu
une question sans la({uolle il manquerait, ce semble, quel-
que chose cet aperu gnral. Nous voulons parler de
l'origine de l'alphabet glagolitique. On a souvent demandpourquoi cet abcdaire porte le nom de bulgare; c'est
demander quel est le berceau de la glagolitsa. A cette ques-tion on a fait plus d'une rponse. La plus plausible de
toutes est celle qui, sur les traces indiques par la dnomi-nation elle-mme, le place en Bulgarie. Au mrite de la sim-
plicit, elle unit celui d'tre d'accord avec les dcouvertes
modernes; et tout fait croire qu'elle deviendra tt ou tard
une vrit incontestable.
L'opinion de ceux qui croient retrouver sous cette dno-
mination l'uvre des sectaires nomms Bulgares ou Bogo-miles et Patarins, ne diffre pas essentiellement de la prc-
dente. Le bogomilisme, en effet, est une plante vnneuse
close au x^ sicle sur le sol bulgare, et qui s'est reproduite
plus tard dans la Bosnie, la Serbie et enfin dans le midi de
la France , oii ses adeptes ont pris le nom d'Albigeois. Les
Bogomiles auraient donc adopt, pour leur propre usage,
les caractres hironymiens , comme moins accessibles au
vulgaire, grce leur aspect tant soit peu hiroglyphi-
que. On le voit, la question n'est pas rsolue, et on sem. 2
-
^8 LES MAJN'USCRITS SLAVES
demande toujours quel est l'inventeur de l'alphabet cjlago-
litique.
Quelques savants dsignent saint Clment, voque de
Ylitsa^ et Bulgare d'origine; d'autres prtendent que cette
invention doit tre attribue saint Cyrille lui-mme, dont
saint Clment tait le disciple. Si imporlante que soit cette
question, nous ne pouvons que l'indiquer aujourd'hui, de
crainte de dpasser les bornes assignes ce travail ; mais
nous nous proposons bien d'y revenir un jour.
Il m'est difficile de contenir ici l'expression d'un senti-
ment pnible. Le manuscrit latin (fonds latin, n" 2540)qui renfermait VAbecedarium est depuis plusieurs annes
au nombre des exemplaires gars ! Voil du moins ce que
m'ont assur Messieurs les conservateurs, dont l'aimable
empressement satisfaire aux demandes que je leur ai faites
m'impose le devoir de la reconnaissance. Esprons que le
manuscrit en question n'est qu gar , et qu' l'exemple de
yvangliaire de Reims, si heureusement retrouv, il repa-ratra un jour la grande satisfaction de tous ceux qui s'y
intressent. Par bonheur , nous en avons des calques qui ne
laissent rien dsirer. Tel est celui que M. Silvestre a insr
dans son dition splendide dudil Evangliaire ; Kopitar en
avait dj donn un dans son CUigoIila Clozianus ( publi
en 1856); et bien avant lui un auteur russe, Vnlin,dans son ouvrage intitul : Les Bulgares anciens et mo-
dernes, considrs dans leurs rapports avec les Russes
(Moscou, 1829). On en trouvera aussi un la fin de ce
travail
.
Quelques mots seulement sur l'ordre que nous avons suivi
1 Au nord du mont Atlios et de Thcssaloaique.
-
DE LA BIBLIOTHQUE IMPfllALE DE PARIS. 19
dans cette description des manuscrits. H n'est autre que
celui du catalogue. On aurait pu, sans doute , en adopterun plus rationnel, Tordre chronologique, par exemple, ou
celui des matires. Nous n'avons cependant pas cru devoir
le faire, et en voici la raison. D'abord , la plus grande par-
tie des manuscrits, c'est--dire tout ce qui forme le fonds
slave, est dj catalogu, et partant peut tre considr
comme inamovible, tandis que le reste est peu de chose et ne
forme qu'un accessoire. Donner la prfrence l'ordre djtabli, c'est faciliter les recherches, ce qui est bien quel-
que chose. L'ordre chronologique offrait un grave inconv-
nient : la date de certains manuscrits tant incertaine , on
tait expos prendre, pour base de sa classification, des
conjectures. On trouvera d'ailleurs un aperu chronologique la lin de ce travail. Quant l'ordre des matires, les ma-nuscrits tant peu nombreux, chacun pourra y suppler par
lui-mme.Jetons d'abord un coup d'il sur l'ensemble de notre
modeste collection. Les manuscrits du fonds slave sont cata-
logus d'aprs les dialectes^, et sont au nombre de vingt-
sept. Les sept premiers appartiennent la rdaction russe ;
les trois suivants sont de la famille serbe ; le onzime est
crit avec des caractres glagolitiques ; le reste est en pa-
loslave. Le fonds grec possde un fragment bulgare cach
dans un manuscrit de Platon (xui sicle). Le fonds latin
contient une grammaire slave et YAbcdaire bulgare , dont
nous venons de parler. Enfin c'est dans le fonds franais
que se trouvent un manuscrit tchque trs -important et une
1 Ce catalogue a t dress par M. Ristisch, de Belgrade. Voir le Cabinet his-torique, p. 81, avril 1857.
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20 LES MANL'SCUITS SLAVES
petite collection d'ouvrages nasses, dont (juclqnes-uns sontde nature intresser vivement les lecteurs franais.
N" 1. {Ane. i -IG.)
Vol. ia-40 de 253 feuillets, xyiii" sicle.
Histoire des Scythes, c'est--dire des royaumes tartares
de Kazan , d'Astracan , de Crime , et de leur conqute
par les Russes. Ce manuscrit, lit -on sur la garde, a t
copi do dessus un original fort ancien. Il est certain
nanmoins que cette histoire a t rdige en 1692, par
A-ndr Lyzlof. L'auteur dit dans un endroit que s'il a entre-
pris d'crire sur la Tartarie, sur ses habitants , ses rois
,
sa position gographique, sa population, c'est afin que les
trs- illustres souverains et tsars del Moscovie orthodoxe,
suivant Texemple de leurs prdcesseurs, puissent plus
facilement vaincre et mme dtruire entirement non -seu-lement les Khans tartares, mais encore les Turcs maudits,
le sultan y compris, leur ruine devant arriver de nos jours,
d'aprs les Ecritures saintes , et venir du peuple slavo-
russe. Fiat, pat! (Part. IIl, ch. vi, p. 194.)Le manuscrit est assez bien crit, mais incomplet : sur cinq
livres, il n'y a que les trois premiers et le commencement du
quatrime. Il a t imprim d'abord en 1776, Saint-P-
tersbourg, puis en 1787, Moscou.
Le chapitre o il est question de la religion , et des
murs des Tartares , en temps de guerre aussi bien que
dans la paix, contient des dtails fort intressants.
-
M LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARIS. 21
N 2. [Ane. n" G.)
VoL in-fol. de 509 feuillets, den-oticiale , sur papier, du xvi sicle.
Chronique russe commenant l'anne 1555, rgne de
Jean I , et finissant l'anne 1541 , rgne de Jean IV, sur-
nomm le Terrible. Ce n'est qu'une partie de la chroni-que dite de Voskrsensk, du nom du couvent auquel elle
appartenait, quoique rdige Novgorod. On le sait, Nes-tor, le pre de l'histoire russe (xf sicle), est l'auteur de lapremire chronique russe. 11 a eu beaucoup de copistes , de
continuateurs , d'imitateurs ; on en compte prs de mille,
sans les abrviateurs^ Chaque ville un peu importante eut
son annaliste; Novgorod la Grande en eut plusieurs, et
ils figurent parmi les plus estims.
Le manuscrit dont il s'agit est une trs -belle copie faite
sur une de ces chroniques novgorodiennes , savoir , celle
qui avait t donne en 1658 par le patriarche Nicon au
couvent de la Rsurrection ou de Voskrsensk, dont le
nom lui est rest. L'Acadmie de Saint-Ptersbourg a pu-
bli, en 1795 et en 1794, la premire partie de cette chro-
nique d'aprs un exemplaire qui lui appartenait. Cette di-
tion contient 51 chapitres et finit l'anne 1547 , par le
rcit de la prtendue croisade de Magnus , roi de Sude
,
contre l'glise orthodoxe de Novgorod. Or, le manuscrit
de Paris est la continuation du fragment publi : il com-
mence l'endroit mme o s'arrte l'dition de l'Acad-mie, et il va jusqu'au lxx" chapitre, c'est--dire jusqu'
l'an 1541.
Kararazin, Hist, de la Russie, 1. 1, p. xxxii. Saiut-Pclersbour, 1818,
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22 LES ilANUSCftITS SLAVES
I^os dix premioi's feuillets sont remplis par une table des
matires trs-dtaille, et (jue Stroef a reproduite en entier,
parce qu'elle manque dans l'exemplaire dit synodal\ Le
chapitre xxxviii'' contient, entre autres, le rcit du con-
cile de Florence. Rien de plus curieux que la manire dont
ce grand fait est prsent par le chroniqueur orthodoxe; et
ce qu'il \ a de plus affligeant, c'est qu'elle est devenue
comme traditionnelle parmi les crivains russes qui traitent
ce sujet. En voici un chantillon. L'auteur anonyme adresse
des reproches l'empereur Jean Palologue, qui se montra,
comme on sait, trs-zl pour la runion des glises.
Qu'avez -vous, dit- il, trouv de bon chez les Latins?
Est-ce le respect d aux glises qui vous attire eux? Mais
lever la voix la manire des insenss, mais introduire dans
le chant des enlacements artificiels de voix, ce n'est pas res-
pecter la maison de Dieu. Jouer de l'orgue, sonner de la
trompette, danser avec les mains, frapper avec les pieds, y
mler d'autres jeux de ce genre, qui rjouissent certaine-ment les dmons, voil en quoi ils font consister la beaut deleur culte. Et l'humilit et la discipline ecclsiastique , o
sont-elles? N'y voit-on pas le pape lui-mme faire les adora-tions en flchissant un seul genou , clbrer la messe avec
du pain azyme, sans ter ses gants, et porter des bagues?Leurs docteurs se coupent la barbe et les moustaches,
comme s'ils voulaient plaire davantage aux personnes dusexe
,et les fidles vont la sainte table accompagns de
leurs chiens.
Ce passage fait un singulier contraste avec la lettre d'Isi-dore
,mtropolitain de Kicf, un des hros du concile. Elle
> Cet exemplaire appartient la bibliothque du synode de Moscou ( n 1 U ).
-
DE LA niBLlOTriQUE IMPRIALE TE PARIS. 23
est date de la ville d'Olen et eonue dans les termes sui-
vants :
Moi, Isidore, par la grce de Dieu, archevque deKiefet
de toute la Russie, lgat a latere du sige apostolique, tous
les tidles de la Russie , de la Pologne , de la Lithuanie et de
l'Allemagne, salut. Rjouissez-vous et tressaillez d'allgresse;car l'glise d'Orient et l'glise d'Occident , spares depuis
de si longues annes, viennent de retournera l'unit primi-
tive et de rtablir la paix et la concorde. Que tous les chr-tiens
,Latins et Grecs , Russes, Serbes et Yalaques , et tous
ceux qui sont sous l'obdience du patriarche de Constantino-
ple, embrassent cette sainte union avec vnration ; au nom
de Jsus-Christ, qui a us de sa misricorde galement en-
vers tous,qu'il n'y ait dsormais aucune scission avec les
Latins. Que ceux-ci, de leur ct, n'hsitent point en agirde mme l'gard des Grecs
,
puisque l'glise romaine re-
connat le baptme grec pour saint, vritable et en tx>ut
gal celui des Latins. Qu'il n'y ait donc plus cet gard
aucune dfiance, aucun doute, et que les uns et les autres
se considrent comme possdant en commun les mmes
choses. Ainsi, un Grec se trouve-t-il dans un pays latin, ou
bien l o il n'y a que des glises latines , qu'il y entende la
sainte messe,qu'il y adore Notre-Seigneur, comme il ferait
dans sa propre glise, qu'il se confesse au prtre latin et
reoive de sa main le corps de Jsus-Christ. Les Latins doi-
vent faire la mme chose vis--vis des Grecs, puisque lesprtres grecs consacrent avec du pain ferment aussi bien
que les prtres latins avec du pain azyme , et que les uns et
les autres ne font qu'un. Ainsi a statu, le (> juin 1439, le
concile cumnique de Florence.
-
21 LES MANUSCRITS SLAVES
Vous recommandons cet crit d'Isidore l'attention descatholiques qui auraient quelque doute sur la validit dusaint sacrifice chez les Russes ou chez les Grecs non-miis,
et partant sur celle de leur sacerdoce.
C'est, de toute la seconde partie de la chronique , le seul
morceau, que je sache, qui ait t publi', sans doute
cause de l'importance du sujet. Le reste est encore indit.Disons cependant que nous sommes la veille de possder
une dition critique de toute la chronique de Voskrsensk.Elle doit remplir le septime volume du Recueil complet desAnnales russes, vritable monument lev par la Commis-sion archographique
, et dont les six premiers volumes
sont dj sortis des presses de l'Acadmie. Le texte de lachronique de Voskrsensk sera collationn avec trois ma-nuscrits dont l'un, avons-nous dit, appartient la biblio-
thque du synode de Moscou ; l'autre, celui des archives deMoscou, est plus connu sous le nom de la Chronique de
Rostof, et le troisime, qui porte le nom de l'illustre histo-
riographe russe, a t mis la disposition de la Commis-sion par M""' Karamzin, sa veuve.
Malheureusement la mort a ravi la science le rdac-teur en chef de la Commission, Brednikof, qui prparaitcette dition
, et nous ne savons si , l'heure qu'il est, le
volume est livr au public. Ce qui est certain, c'est queBrednikof n'ignorait point l'existence du manuscrit deParis '. Il est donc permis de prsumer qu'il en aura tirparti pour son dition, que nous regrettons de ne pas avoir
* Voyez VAnciennc bibliothque de Novikof, 1788, t. Vf, p. 48-70.- Il avait rendu compte de l'ouvrage de Strocf dans le Journal du ministre
de Cinstruclion ijubliqw, mai 18 i4.
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DE LA. BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARIS. 2S
entre les mains. Nous y aurions appris la valeur relative de
l'exemplaire parisien, qui se recommande par la beaut et
la correction de son criture*, par des variantes assez im-
portantes, enfin par les circonstances qui l'ont amen dans la
capitale de la France. Aprs avoir t la proprit du prince
George Fdorovitcli Stcherbatof, homonyme de l'historien,
il a t donn au baron de Sparvenfeld ; c'est ce que nous
apprend une note crite de la main du prince au bas des
premires pages.
Sparvenfeld tait la fois bibliophile et ami des lettres.
11 possdait plusieurs langues, entre autres le russe,
qu'il
savait comme un homme du pays et qu'il cultivait par-ticulirement ^
;plus d'un des manuscrits de Paris a fait
autrefois partie de sa collection , comme on le verra par la
suite.
A partir du feuillet 500 jusqu'au 309" , on lit au bas despages ces mots, crits en cursive du xvif sicle : Livre
dit Annaliste de Novgorod y de Pierre Trou.... Le reste
manque.
1 II ne lui manque, pour tre complet, qu'une partie du dernier chapitre, quis'arrte ces mots : en mme temps vinrent les enfants des voiiodes...
3 Juvenis prclarissimus, et suae gentis spes maxima, pluriinarum linjna-rum peritissimus, qui eo ipso tempore agebat Mosquac, eamquc linguam didicitRutheno pariter, etc. (Voyez Dobrowski, Inst. ling. slav., \\. lx. ) Leibnitzs'exprimait ainsi sur son compte : Nec prtermittcndus est D. de Sparvenfeld,insigne Sueci
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26 t^t:s jrANUscRiTs slaves
N" 3.
Vol. in-fol. de 355 feuillets, sur papier, du xviie sicle.
Ce volume contient deux ouvrages qui n'ont de commun
entre eux que la reliure.
Le premier est un rcit des vnements militaires quieurent lieu de 7051 7087 (c'est--dire de 1545
1579) , sous le rgne de Jean IV , le Terrible , et o sontenregistrs les noms et les rangs respectifs des chefs des rgi-
ments. C'est pour cela que les livres de cette espce s'ap-
pellent Livres (les rangs (razriadnaia kniga). Celui qui
nous occupe commence ainsi : Ivan Vasiliviteh, grand-
duc de toute la Russie, ft btir en face de la frontire
allemande Rougodiv,une ville qu'il appela de son 7iom,
Ivan- gorod (ville de Jean). La mme anne (1545) lesTartares firent irruption dans VUkraine; mais avec l'aide
de Dieu ils en furent chasss , et poursuivis par Koltovski,
Sidorof, etc. L'criture de cette premire partie est soute-
nue , nette, soigne, mais le travail est rest inachev:
tmoin les places vides destines aux lettres capitales quele copiste se proposait de tracer aprs avoir crit le texte.
La fin manque. Le docte propritaire du manuscrit, le baron
de Sparvenfeld,a eu soin d'en avertir dans une note place
an bas de la dernire page.
La deuxime partie du volume , forte de 95 feuillets
,
contient le rcit fabuleux des gestes d'Alexandre le Grand,
ou , comme porte l'original , a la narration de la naissance,
des voyages et de la grande gloire du grand et gloi'icux
et trs -renomm et trs- vaillant tsar de Macdoine,Alexandre le Grand; de sa bravoure, de ses marches de
-
DE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARIS. 27
l'Orient l'Occident , etc.. Que celui qui le dsire, l'couteavec dlices. Cette lgende est fort rpandue parmi les
peuples slaves. Et comment en serait -il autrement? Phi-
lippe, ce monarque de granl signorie , suivant l'expression
des romanciers normands, ne tenait-il pas en baillie le pays
des Esclavons ou des Illyriens, pour ne rien dire de la Grce
et de la Macdoine? Et son tils, devenu s/re de Vunivers,
comme l'appelle avec raison la mme tradilion romane,pouvait-il rester inconnu une race qui regarde la Macdoine
comme le berceau de la langue ancienne, et qui, dans ses
chants populaires, donne ses propres rois le titre de Ma-
cdonien*, surtout quand on pense que le got du mer-
veilleux a t de tout temps un trait caractristique de
l'esprit slave? Aussi le hros macdonien occupe-t-il une
place distingue parmi les types de la force crs par l'imagi-
nation slave. Sa lgende se retrouve chez tous les peuples de
cette race. Joseph Dobrowski parle d'une rdaction bohme.
(Histoire de langue bohme, p. 167, 2'' d., 1818.) La
Pologne , la Serbie ont les leurs ; les Russes en possdent
plus d'une ^ Ces rdactions , tout en dcoulant d'une source
commune, offrent des variantes assez considrables, et elles
portent un cachet spcial qui donne aux personnages une
physionomie qu'on pourrait appeller grco-slave. Nous n'en
1 Ainsi, dans un chant serbe o il y est question du kral Touratch Smcl-rvatch, nous lisons les passages suivants : Et le seigneur kral quitta la belle
Macdoine, le lieu clbre de Smdrro, o. est son clatant palais. (Sm-drvo est notre Semendria.) Et ailleurs: Salut , kral de la Macdoine,couronne d'or de la terre, toile brillante de la Macdoine! (Voyez Exemplesde la langue serbo-slave
,
publis par Vouk Karailjitch, p. 6. Vienae, 1836.)Le clbre auteur remarque qu'on comprenait sous ce nom tous les pays de la
domination serbe.2 Le muse Roumiantsof, par exemple, en a trois que M. Vostokof analyse
dans sa Description [\^ 175, 431 et A3U). Slroiel' en comiite autant dans le
muse du Comte Tolsto (n 34, 110 et 104).
-
28 LES MANUSCRITS SLAVES
voulons pour preuve que le manuscrit qui nous occupe en
ce moment.
Ds le dbut, on voit l'influence byzantine. La nais-sance d'Alexandre est raconte de la mme manire quechez le Pseudo-Callisthne ou son traducteur latin. Je me
garderai bien de rpter ici certains dtails, et je ne dirai
que ce qu'il faut pour donner une ide de la manire dont le
narrateur slave a prsent les faits. Chez lui aussi, Nectanbo
exerce la magie , source de sa puissance, ce qui ne le dis-
pense pas de fuir devant les rois ligus contre lui. Le voil
donc qui quitte l'Egypte en disant pour adieu ces paroles pro-
phtiques: Je pars vieillard, je reviendrai jeune homme. >Il est en Macdoine ; le bruit de sa science parvient l'oreille
de la reine, dsole de sa strilit, et plus encore de la menace
d'tre rpudie par Philippe. Le roi magicien abuse de la sim-
plicit de la trop crdule Olympias ; il lui fait accroire qu'elle
va mettre au monde un Dieu , et il devient pre du futurmonar(jue de l'univers. Ce fut l'an de la cration 5155, del're chrtienne 56:2, le 1*2 mars 9 heures ^
Nous avons vu la prophtie,en voici l'accomplissement.
Nectanbo est mort depuis longtemps, prcipit du haut
d'une montagne par Alexandre lui-mme. Celui-ci arrive
en Egypte; une ville se trouve sur son passage, il l'as-
sige. La chaleur tait excessive,Alexandre se baigne dans
un grand lac; il tombe malade. A cette nouvelle, les assigscrivent son mdecin, et l'engagent mettre fm aux jours
1 Le manuscrit du muse Roumiantsof (no 456), cit par M. Vostokof, donneune date difTrenlc de relle-ci, mais non moins prcise. Alexandre y nat au moisde janvier avec la nouvelle lune, l'heure du lever du soleil. Au reste, l're adop-te par notre manuscrit n'est point celle que suivent gnralement les auteursrusses ou recs,
-
DE LA niBLIOTIlQL'E I.Ml'RI.VLE HE PARIS. 29
(lu malade par le poison. Philippe ne se laisse pas corrompre.
Une seconde lettre est adresse au roi lui-mme, et Philippe
y est accus de vouloir attenter la vie de son matre. Elle
est lue devant le conseil runi et en prsence de l'accus
,
qui est l une coupe la main. Philippe montre au roi la
lettre qu'il a reue, et l'instant tous les soupons sont dis-
sips. Alexandre vide la coupe et recouvre la sant. Le sige
recommence. Alors une dputation arrive auprs du con-qurant : il est pri de ne pas comhattre ses propres sujetsprts se soumettre leur souverain lgitime, au fils de
Nectanbo, au descendant de Ssostris. Les oracles ont
dclar, lui dit -on, que celui sur la tte de qui tombera
la couronne de la main de Nectanbo, celui-l est sonsuccesseur lgitime et son fils. En effet, lorsque Alexan-
dre vint au centre de la ville et s'approcha de la statue
de Nectanbo, la couronne place dans la main de celui-
ci s'en dtacha et tomba sur sa tte. C'est ainsi que Nec-
tanbo, parti vieillard, revint jeune homme. On le voit , c'est une traduction bien libre de l'his-
toire. Il n'y a que les copistes slaves qui aient pu,par
exemple, transformer le fleuve Cyclnus en un lac, et le trans-
porter en Egypte.
Le voyage d'Alexandre Rome , digne pendant de celui
de Charlemagne Jrusalem,
porte un cachet tout parti-
culier. Cet pisode, peine effleur par les lgendes occi-
dentales, prend sous la plume slave des proportions pi-
ques. C'est tout un rcit, mais un rcit dans le genre de ces
fantastiques contes orientaux dont les traditions slaves sont
pleines. Je demande la permission de le reproduire in
extenso.
-
30 LES MANUSCRITS SLAVES
a D'Athnes, Alexandre voulut aller Rome. A cette nou-
velle, les Romains alarms sont saisis d'une grande douleur.
Vite ils runissent un conseil pour dlibrer sur ce qu'ils ont
Aiire : s'ils doivent recevoir Alexandre avec honneur et lui
offrir des prsents , ou l)iGn s'il faut s'opposer lui par la
force. Dans cette incertitude, se souvenant des pieux usages
de leurs anctres , ils s'adressent leur dieu Apollon , et ils
le supplient de les clairer. Le dieu leur apparat en songe,
et leur dit : Hommes de la grande Rome, ne craignez point
< Alexandre; car c'est mon propre fds, que j'ai eu d'Olym-
pias, grce l'intervention de Nectanbo, roi d'Egypte.
Ainsi recevez-le avec les honneurs dus un seigneur et
un souverain, et rendez -lui la gloire qu'il mrite.
Les Romains obirent la voix de l'oracle, et ce fut une
chose merveilleuse voir et inoue que la rception qu'ils
firent Alexandre.
Ainsi, on envoya sa rencontre d'abord quatre mille
guerriers,
portant des couronnes ornes d'or et de dia-
mants ; ensuite cent mille hommes, en habits rouges brods
d'or;puis quarante mille autres, ayant tous des branches de
laurier la main ; enfin des grands pontifes de Rome , au
nombre de deux mille, portant de grands cierges.
Lorsque Alexandre n'tait plus loign que d'un stade
( nonpiirae ), on lui remit les habits du grand roi hbreu Salo-
nion , dposs Jrusalem par Nabuchodonosor, lors de la
prise de cette ville ; en outre, douze cents plaques d'or ornes
de pierres prcieuses, dont Salomon avait enrichi le saint des
saints, ainsi que deux couronnes , l'une venant de ce mmeroi, avec douze pierres prcieuses correspondant aux douze
tribus d'Isrn.l, et dont chacune avait une vertu particulire ;
-
DE LA niBLIOTUQUE LATTRIALE DE PARIS. 31
Taiitre, de la reine Sibylle, aussi avec des pierres prcieuses
doues de vertus magiques. On lui amena des coursierscouverts de peaux de crocodiles , aux harnais tincelants de
diamants et d'meraudcs. On lui offrit aussi les armes duroi gamouscli(Agamemnon), vainqueur de Troie, et cellesdu roi Alexandre Paris, fils de Priam ; la lance du roi Pan-dion , et celle du prince Achatamonik (?) , toutes deux
ornes de diamants, et dix autres; de plus, le bouclier du
roi de Kheimar (?), couvert de peau d'aspic. Une rception pareille rjouit grandement le cur
d'Alexandre. Aussi il ordonna ses troupes de revtir leurs
plus beaux habits ; il fit venir ses meilleurs chevaux, riche-
ment harnachs et conduits la main ; il monta son mer-
veilleux coursier, Bucphale ; il mit sur sa tte la couronne
de Cloptre, reine d'Egypte, orne de douze pierres pr-
cieuses, et c'est ainsi qu'au son des trompettes et des ins-
truments, il se mit en marche vers la grande et fameuse
ville de Rome.
< Lorsqu'il en approchait dj , des guerriers, des princes
et des rois romains vinrent le saluer , sans descendre de
leurs chevaux, en criant : Vive le grand roi Alexandre, fils
de Philippe, seigiieur de l'univers entier! et cela dit, ils
s'loignrent. Ceux qui vinrent apis descendirent de leurs
chevaux et rendirent gloire au grand conqurant.
a Les prtres romains se prsentrent leur tour; ils
avaient des cierges et des encensoirs, et aprs avoir encens
Alexandre, ils lui rendirent aussi gloire. Quand il entra enville, ils le conduisirent au temple du dieu Apollon, pour faire
les adorations accoutumes; et, les adorations faites, ils lui
offrirent les prsents qui conviennent aux rois , savoir de
-
32 LES MANUSCRITS SLAVES
l'or, d{! l'encens et de la myrrhe. Ensuite ils lui remirent un
crit dans lequel on lisait ce qui suit :
L'an cinq mille il paratra un blier une corne, qui
brisera le royaume du lopard , et qui, aprs avoir dpos
tous les rois orgueilleux de l'Occident , s'en retournera en
Orient, l o est le grand blier deux cornes, auquel il en
brisera une, et qu'il frappera au cur de cette mme corne, et il fera trembler tous les grands rois de l'Orient et tous les
peuples mdiques (Mc^nenucTie), et il moussera le tran-
chant des Perses. Et quand il viendra Rome, et y recevra
la gloire, alors son temps sera venu; or, ce temps est dj
venu; car il est Rome, et il l'a prise sans coup frir.
< En entendant cette prdiction, Alexandre versa des
larmes de joie, ainsi que les personnes de sa suite, et il dsira
en connatre l'interprtation. Alors un philosophe romain
lui dit ces paroles : grand roi , Alexandre , coutez
l'interprtation que je vais en donner, et que j'ai recueillie
del bouche d'un prophte hbreu nomm Daniel. La voici : le lopard, c'est l'Occident; le blier deux cornes, c'est le
royaume de Perse; les peuples mdiques, ce sont les
c Orientaux; le blier mie corne, entin, c'est le royaume
macdonien, dont tu es le souverain : car tu es vaillant
et invincible , comme ton entre Rome le rend ma-
nifeste.
Que la volont de Dieu se fasse, rpondit Alexandre, pntr de joie : l'homme ne peut rien par lui-mme, et
tout dpend de la Providence ; c'est elle qui renverse les
puissants ; c'est elle encore qui donne la force aux faibles.
Et les Romains et les Macdoniens se livrrent ensemble
la joie pendant longtemps.
-
DE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARIS. 33
Les rjouissances duraient encore,
lorsque les pays de
l'Occident vinrent offrir Alexandre leurs hommages el leursoumission. Alexandre les agra, et il leur ordonna de lui
envoyei' des troupes et des tributs,deux fois l'an ; et aprs
avoir laiss Rome son bien-aim Lamouch gouverner enson nom l'Occident tout entier , et reu quantit d'or pour
lui-mme et pour ses troupes , il continua sa marche victo-rieuse jusqu'aux extrmits de l'Occident, jusqu'aux bordsdu grand Ocan, dont personne ne saurait raconter toutes lesmerveilles, et de l, travers les rgions inconnues du Sep-
tentrion, il revint en Orient.
Ce morceau n'a pas besoin de commentaire : il nous donne
une ide de l'intrt qu'il y aurait tablir une comparaison
entre les lgendes occidentales et les lgendes slaves. Pour
cela, il faudrait commencer par runir en un seul faisceau ces
dernires , parses sur le vaste terrain qu'occupe la race
slave. Quant la France, cette tche est accomplie il y alongtemps; les travaux de MM. Michelant et Talbot ensont la preuve. Esprons qu'un travail analogue pour les
Slaves ne se fera pas attendre. Dj nous pouvons saluerd'heureux commencements. Un jeune slaviste vient de don-ner un aperu de toutes les lgendes sur Alexandre, dans
un important travail qui sera bien accueilli des archolo-
gues. Nous voulons parler de VEsquisse historique et lit-
traire des anciens rcits et contes russes, dont l'auteur,
M. Pypin, est dj connu de nos lecteurs'.
Nous ne pensons pas que le manuscrit qui nous occupe
1 Voyez les Bulletins de la deuxime section de rAcadmic de Saint-Pters-bourg, 1856, t. III, p. 177. A l'heure o nous crivons, Touvrage est probahlc-raent imprim.
ni. 3
-
34 LES MAiNUdClUTS tSLAVES
en ce moment puisse rien ajouter ce que possdent
les collections russes , plus nombreuses et plus riches que
toutes les autres. Ce n'est qu'une copie assez rcente, faite
la hte avec peu de soin et par plusieurs mains moins l-
gantes les unes que les autres. De plus, elle est incomplte;
car le rcit ne va que jusqu' la guerre contre le roi Porus,
et se termine par les mots suivants qui se rapportent ce
prince : et il adora Philon.
Ce manuscrit avait t d'abord la proprit d'un nommEuthyme Timofef Meissner , puis il passa dans les mains
du baron de Sparvenfeld. C'est le docte bibliophile lui-
mme qui nous apprend ces dtails.
No^ [Anc.niA.)
(xvii* - xviii sicle.)
Vies et actes poliliques des grands-ducs de Russie;
compilation faite d'aprs le Chroniqueur russe. Le rcit
commence Rurik, et finit la prise de Polotsk, en lo65,
sous Jean IV, le Terrible.
N o. {Ane. n 462.)
Grammaire et mthode russe et franaise, par Jean
Sohier, interprte en langue esclavonne , russe et polonaise
dans la bibliothque du roi , 1724. Tel est le titre de ce
manuscrit;, crit moiti en franais, moiti en russe. L'abb
Dobrowski pensait que c'tait une grammaire slave , et que
les savants auteurs du Nouveau trait de diplomatique avaient
ru toi't de la qualifier de russe '. L'erreur du patriarche de
liane un russicam dixere, al slaionkam esse non dubito. (lasUt. ling.slav., p. Lxii.)
-
DE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE UE PARIS. 35
la philologie slave ne peut venir que de ce qu'il n'a pas eu l'oc-
casion d'examiner par lui-mme le manuscrit en question. Il
aurait vu que Sohier avait intitul son ouvrage : Grammairerussc^ et que les Pres bntliclins avaient eu parfaitement
raison de la donner pour telle.
Il sulirait pour s'en convaincre de parcourir la prface de
l'auteur, crite en russe et en franais, et adresse Bi-gnon (Jean -Paul), alors prsident de l'Acadmie. Sohier ydistingue de la manire la plus formelle ces trois choses :la langue crite, la langue des chancelleries, qu'il appelle
russe ou russienne,la langue parle ou la dialecte , et Ves-
clavon.
C'est donc , dit-il, du style de chancellerie que j'ai en-tendu traiter ici, et donner des rgles dans une grammaire etdans une mthode, comme tant le seul, le plus utile et leplus ncessaire savoir pour l'criture, la correspondance
et l'intelligence des livres. Ce style de chancellerie, conti-
nue-t-il, est un style lgant et nergique qui ne tire rien de
sa force de la dialecte (parle), mais qui emprunte toute sa
beaut et son nergie de la langue esclavonne ; en sorte (ju'on
ne peut rien crire en russien sans le secours de la langue
esclavonne. j>
C'est pour cela que Sohier a donn, comme il le dit lui-mme au commencement de sa grammaire, une teinture dela grammaire esclavonne, teinture bien lgre, il est vrai
,
mais suffisante pour faire connatre, suivant son expression,
les rapports et les diffrences qui existent entre la dialecte
et la langue mre, dans la permutation de quelques con-
sonnes ou voyelles et des terminaisons. A l'gard du gnieet des tours de cette lawjue iire dont on doit se servir
-
36 LES MANUSCRITS SLAVES
propos dans la langue russe , c'est ce qu'on apprendra dans
la deuxime partie de ce livre. j>
Ainsi, part une table des abrviations usites dans les
livres ecclsiastiques de Russie et quelques exemples , tout
le contenu du volume se rapporte la langue russe. On voit
que l'ouvrage a t fait par un tranger. Des inexactitudes
nombreuses et un systme de dclinaisons trs-compliqu
(il y en a vingt) le prouvent assez.
L'auteur a eu la patience de donner en regard une tra-
duction latine de tous les textes russes qu'il cite^, en y ajou-
tant la prononciation figure en franais.
Avant de passer outre, disons quelques mots d'un manus-
crit appartenant au fonds latin [rf 5876), et qui trouve
ici sa vritable place. C'est un cahier de soixante -douze
feuillets in-4", en slave et en latin, et ayant pour titre :
Gramniatica sclavonica scripla per Joannem Usevicium^
sclavonum, celeberrim academi Parisiensis studiosum
theologum. Parisiis, anno a Nativitate Filii Dei 1645.
Dobrowski le mentionne dans ses Institutions (p. LXii),
et il prtend que c'est ce manuscrit que Banduri aurait
emprunt la table rdige par Oujvilsch,qui se trouve
dans le commentaire que ce savant a publi sur Constan-
tin Porphyrognte. [De Adminislratione hnperii, t. II.)On se tromperait fort si l'on prenait la grammaire d'Ou-
jvitsch pour slavonne. Kopitar et aprs lui Dobrowski (Ins-titut, lxh) ont dj remarqu qu'ii y a l un mlange deslavon et de polonais. Les exemples cits par l'auteur en
' A la fin du volume, Tauteur se nomme Ugvicius, ce qui est plus correct.
-
LE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARIS. 37
sont la preuve; et le titre niine de l'ouvi'age n'est pas
exempt de polonisme'.
La conclusion de la syntaxe est conue ainsi : Et hc
dicta de synlaxi sufficient, idque ad majorem Dei gloriamet B. V. ]\lari , nec non sanctorum omnium lionorem.Amen. Le volume est couronn par l'pigramme sui-
vante :
EPIGRAMMA AD LIBRUM
Qui nunquara patriis tali conspectus in orisOrdine clausisti sclavica verba liber,
Lutetiae prodis calamo cum partus in auras,
Patroniqiie sinum gralificantis adis,Ubere quem Pallas sacro lactavit abunde,Pieridumque chori censuil esse decus,
Non auctore magis, quam tu leetare patrono ;Fautor erat : speres hune fore praesidium.
JoANNEs Ugevicius, Sclavonus
,
Sacr theolog. studiosus.
Quel est ce nourrisson de Pallas , cet ornement des Pi-
rides, ce Mcne qui recevait l'hommage d'un russe, tu-
diant la thologie Paris? Nous ne saurions le dire ; ce que
nous savons, c'est qu' cette poque-l bien des Russes du
midi, surtout de Kief, venaient faire leurs tudes la Sor-
bonne, aussi bien qu' Rome.
Sur le dernier feuillet (47P) on lit deux hymnes prisesdans l'ordinaire de la messe. La premire se chante au mo-
ment du grand Introt ; la seconde est en l'honneur de la
Vierge immacule , titre que la Sorbonne soutenait avec
1 Grammatica scripta per Joannem est un polonisme, qui est bien plus sen-sible encore dans le titre slave que voici : rpaMaiwKa c.ioBCiicuaH , iianncana
npe;hT) loannaynieBina, c.iOBHHnua, c.iaBiioi'i aKa,iCMiii IlapiiiKCKoii Bi Teo.loriH.CTi--
4enTa, bx napua;y, poKV ort napojKeiua Cuiia Do;i;oro ic i3.
-
38 LES MANTSCRfTS SLAVES
le zle que tout le monde connat, et que l'glise grecque pro-
clame dans ses livres liturgiques, sans s'en douter peut-tre*.
Les voici telles que les donne le manuscrit :
Videmus lucem sinceram, cl suscepimus Spiriium Smi-
ctum ; invenimus hicem sinceram, individu sanct Tn-
nitati capita feclimus : hc enim nos salvabil.
b'ujmun est, quomam (sic) rvera ' laudare te, Deipara,semper beatam et immaculatam et matrem Dei nostri, hono-
rabiliorem Cherubim et gloriosiorem rvera Seraphim , sine
corruptione Beum Verhum parienlem(i. e. qu peperit),
EXiSTENTEM (sic) Deipavaiu te laudamus^.
rs 6. [Ane. n 2290.)
Vol. in-40 de 302 feuillets deux colonnes, cursive du xvne sicle.
Dictionarinm latino slavicum operi Calepini servata
verboriim intgra srie conformatum , studio atque opra
Reverendorum in Christo patrum Epiphanii Savicuckii et
Arsenii Koreckii Satanoviensis, ordinis S. Basilii. Moscho-
\\x, anno reparat salutis 16... La date n'est pas acheve,
ce doit tre I60O. (Voyez Mm, savants, t. III, p. 235.) Le manuscrit est partag en deux ; la premire moiti
,
dont on vient de lire le titre, contient le vocabulaire latin-
slave; la deuxime, le slave-latin *.
1 Voyez ce sujet les intressantes Lettres une dame russe sur le dogmede l'immacule Conception, par le PjSagarin, de la compagnie de Jsus. Pariset Tournai, 1857.
2 L'original porte : w (xXyjOco fflKO BO ncrnflny). Cette manire de traduiredonne une ide de la servilit avec laquelle les textes grecs ont t rendus enslave. Souvent on ne comprend la traduction qu'aprs avoir eu recours l'ori-ginal.
* Tr|V ovTw cOTo'xov (7 [jLYaAuvouEv f cnnvTO Boropojnqy Tfl Be.TH'jaeMi \* Elle porte le titre suivant : .Iokciikoiii C.ioBeiio-.laTiincKlii, Tpv.io.iiorilpvii uno-
Kom. ApccHia n Euu*ania, Bi DorocnacaejioMT. rpaAt MocuBt cocTaB.ienuLiii (de centquarante-cinq pages).
-
DE LA TJIILTOTnKQUK IMPRIALE DE l'ARS. 3\)
Le nom d'Kpiplianc Slavc'niki est un des plus connus
dans les annales de la littrature russe. Il le doit au grand
nombre d'ouvrages dont il est l'auteur. Au dire de ses con-
temporains, ce fut un philosophe et un tJioogien distin-
gu, sans gal dans la connaissance du grec et du slavon,
un homme enfin rempli de sagesse et de science. Chargavec Arsne Satanovski, par le patriarche Nicon, de rvi-
ser les livres liturgiques , et surtout la Bible slave , il entre-
prit de refaire, d'aprs les Septante, la traduction alors
en usage ^
On a de lui, en manuscrit, un Dictionnaire philologique
^
l'instar du Thsaurus Ecclesiasticus de Suicer; de plus,
un lexique grco-latino-slave, le seul qui et cours en Rus-
sie avant la publication du dictionnaire trilingue de Policar-
pof, imprim en 1704, Moscou.Le manuscrit de Paris n'a pas la partie grecque. On
distingue sur la couverture en cuir, dj bien use, les
images des aptres saint Pierre et saint Paul , et des textes
vangliques rpts plus d'une fois et disposs autour du
crucifix : Tu es Petrus et super... Data est mihi
omnis. Ecce agnus Dei qui,,. Apparuit
benignitas...
N" 7. {Ane. n 2290.)
En lisant la prface de ce manuscrit et la table des ma-
tires place au quatrime feuillet, on s'attend voir des
dialogues crits dans les huit langues numres par l'au-
teur ; savoir : le flamand , le franais, l'allemand, l'anglais,
1 Voyez le Dictionnaire des crivains ecclsiastiques, 1. 1, p. 175. Saint-P-
tershourg, 18-27 ; et les Mm. savants, l'endroil cit.
-
40 LES MANUSCRITS SLAVES
le latin, l'espagnol, le portugais, et le velche (ou italien). Il
n'en est cependant rien; car, au lieu de ces langues, le
lecteur ne trouve que le russe et le petit-russien mis en re-
gard. Le manuscrit n'est donc qu'un fragment incomplet
d'un ouvrage plus considrable. Il est d'une date assez
rcente et de peu de valeur.
N 8.
Vol. in-S" de 226 feuillets, sur papier, du xvi sicle.
Ce numro ouvre la srie des manuscrits de la rdactionserbe. C'est un recueil de divers opuscules asctiques dj
connus par le grand ouvrage intitul Dobrotohibi, et publi
en slave pour la premire fois en 1795, Moscou. On y a
joint des extraits des saints Pres. Les recueils manuscrits
de ce genre ne sont pas rares. Parmi les diffrents opus-
cules que contient celui-ci,
je ne citerai que les plus consi-
drables. Le premier, quant l'ordre et l'importance , est
l'entretien de Yhumble moine Pierre Damascene avec son
me (p. l,lol ).Pierre, surnomm Damascene, du nom de la ville dont il
tait vque, gouverna l'glise de Damas sous Constantin
Copronyme (au vui'' sicle). Sa vie, partage entre la prire
et l'tude, a t couronne par une sorte de martyre. Il eut
la langue coupe pour avoir combattu la secte de Mahomet,
et il fut exil en Arabie, o il termina ses jours '. Notre ma-
nuscrit prsente des divergences assez nombreuses avec la
Vulgate.
1 Voil ce que dit de lui Tglise russe;je tiens h en prendre acte, sans entrer
dans la question de ridonlitc de ce saint avec Pierre Capitolicn, question d'ail-leurs discute dans les Acta sanctorum des PP. BoUandistes. (Octobre, t. II,p. 494 et suiv.)
-
DE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE PE TARIS. Ai
Le feuillet volant, marqu soixante-dix-bcpl, ne fait pointpartie du manuscrit. 11 contient la fin d'un chapitre qui doit
tre le 5*2,
puis les deux cliapitres suivanls , dont le pre-
mier traite de l'aumne, l'autre de la vritable amiti ; et le
commencement du trente-cinquime, sur les conversations etle silence.
Au feuillet cent trente-sept , nous lisons le trait suivant : L'higoumne Martin, aprs avoir confr la tonsure JeanClimaque, alors g seulement de vingt ans, le prsenta
Jean le Sabate. Ce vieillard lava les pieds du nouveau dis-
ciple et lui baisa la main. Un des tmoins, nomm Etienne,s'en tant scandalis, Jean le Sabate lui dit : C'est un
higoumene du Sina que je viens de laver les pieds. Quel-
ques annes aprs , Jean Climaque devint bigoumne duSina... Ce trait prophtique prcde immdiatement l'opus-cule d'Hsychius intitul : Entretien salutaire du prtre
Hsychius avec Thodule, sur la continence et les vertus.
Hsychius vivait, comme on sait, du temps de Thodose le
Jeune , et mourut vers l'an 435. Photius parle de son
ouvrage avec loge. Mais qu'est-ce que Thodule? Est-ce un
personnage rel ou simplement, suivant l'tymologie de ce
nom , ({uelque serviteur de Dieu ?
L'opuscule d'Hsychius contient, en deux cent trois para-
graphes, des sentences pleines d'images et d'un sens profond.
On nous permettra d'en citer quelques-unes, prises au hasard : Comme la mer Rouge ne peut tre transporte au firma-
ment, ni les habitants de la terre se passer d'air, de mmeil est impossible de retrancher les convoitises du cdMir hu-
main, et d'en chasser les ennemis invisibles, sans l'invo-
cation frquente de Jsus-Christ (n 25).
-
i5 LES MANI'SCUIT!^ SLAVES
Et ailleurs : Qui ne sait pas concentrer la vertu enJsus, foyer de toute lumire, etc., celui-l marche dans les
tnbres.
Flatter la chair, c'est nourrir dans son sein un serpent
(n^S). La pluie, en arrosant la terre, l'amollit ; ainsi le nom de
Jsus, invoqu souvent, amollit le cur du pcheur (n 57).ce Quiconque regarde le soleil , en recevra des flots de
lumire; et quiconque regarde le ciel de son cur, sera
aussi illumin.
Vouloir repousser les suggestions de l'esprit tentateur
sans le secours de Jsus-Christ, c'est vouloir traverser les
mers sans vaisseau (n 426).
-
DE LA BIlLTOTHQUE i:\IPERTALE DE PARIS. /j-G
(f. 219-124). Fragment d'une liomlie de saint JeanChrysostome commenant ainsi : La crainte de Dieu chasse
la malice. Au milieu du feuillet 226^ on lit ce qui suit :Denis
,pcheur, a crit au Kakiplats sous le mont Athos,
ol je demeurais avec mon pre Kyr Thoctisle et mes frresSimon et Thomas, par' ordre de notre pre et seigneur KyrRomil
, ancien *. L'crivain serait donc un moine nommDenis
, vivant avec trois autres dans un ermitage au pied
du mont Athos, et ayant pour higoumne un nomm Romil.Cependant il n'est pas possible que le livre ait t crit
par ce Denis ; son criture est trop diffrente de celle dumanuscrit.
A partir de la page cent cinquante-cinq, l'criture change,surtout dans la manire d'crire la lettre a, dont le second
trait dpasse des deux cts la ligne
No 9. (Ane. n" 25S. )
Vol. in-8o de 400 feuillets, sur papier, du xvi
-
Ai LES MANUSCRITS SLAVES
higoumncdu mont Siiia, suivie de la rponse de ce dernier. la suite vient une prface et un abrg de la vie deJeanClimaque, surnomm le Scholastique, crite par Daniel,moine de Raitlia. A la premire feuille est une table des ma-tires, ayant la forme d'une chelle de trente degrs, et por-
tant en abrg les titres d'autant de chapitres. Parfois, re-
marquons-le en passant, ces titres diffrent de ceux du
texte, singularit assez rare dans les copies slaves '. Le
manuscrit ne porte pas de date prcise ; l'interprte Dou-
browski, dont nous avons parl plus haut, en avait bien indi-
qu une dans une note crite au verso du feuillet 200 ; mal-
heureusement elle est efface. En revanche , une autre note
ajoute au bas de la mme page nous apprend que cettechelle a t acheve par Joannicius (lanyki), moine do
Xnophe, un vendredi de la semaine de Pques. On sait
qu'il y a au mont thos une Laure serbe dite de Xnophon;on connat aussi un recueil des homlies de saint Jean
Chrysostome appel Margarita, dont certains exemplaires
ont t copis par un nomm lanisko (Joannicius) quivivait au xvi'' sicle ; peut-tre est-ce le mme individu, etalors on aurait une donne de plus sur l'poque du ma-
nuscrit.
A partir du feuillet 241", le volume contient une espcede Palericon , c'est- -dire de petits traits asctiques des
Pres du dsert, dont voici les principaux : Vie du B. Marc,
anachorte (f. 280).Sur le salut, par Pierre Damascne (f. 283).
> En parlant d'un manuscrit semblable du xii^ sicrlc (n" cxcVni),M. Vos-toknf dit qu'il n'eu a point trouv de pareils, ni dans l'ori!,nnaI f^iec publi pour
la premire fois cm 1633 par le P, Raderus, S. J., ni dans aucun nuire manus-crit slave.
-
DE LA BIBLITHOCJE IMPRIALE UE l'AUlS. 45
[]i\ fragment de Grgoire le Sinale (f. 290).Un autre fragment sans nom d'auteur (f. oOO).Une exhortation adresse aux religieux par saint Basile
(f. 304).Une autre par Sinion le iNouveau Thologien. Entre-
tiens spirituels de saint Macaire l'gyptien ( f. 319),d'Antoine le Grand (f. 35^2), de saint Arsne le Grand
( f. 338). Extraits des deux homlies de saint Grgoire deNazianze pour le jour de Pques (f. 342). C'est la quaran-time et la quarante et unime de l'dition faite Parisen 1630.
Une homlie de saint Jean Chrysostome sur ces paroles
de l'Evangile : Quand vous prierez, ne faites pas commeles hypocrites... (Ibid.)
Enfin une instruction sur l'avancement spirituel (f. 363),et une instruction aux religieux
,par Isaac le Syi'ien
, ana-
chorte, autrefois vque de Ninive. Plusieurs de ces traits
se retrouvent dans le manuscrit que nous allons examiner.
N 10. {Ane. n 3o37.)
In-80 de 247 feuillets, vlin, initiales, xiii"= sicle.
Autre recueil asctique , mais plus prcieux que le pr-
cdent,
tant par son anciennet que par l'importance des
matires qu'il contient, et qui manquent aux meilleures col-
lections de manuscrits slaves connues en Russie ^ Disons
tout de suite que c'est tort qu'on a mis sur le dos du
volume nouvellement reli le titre suivant en lettres d'or :
La Vie de saint Simon. Cette vie ne commence qu' I^
* C'est la remarque de Slroef.
-
46 LES MANUSCRITS SLAVES
leuille 201% et n'occupe que quarante -trois feuillets '. Unenote ajoute au feuillet soixante-sixime , nous apprend que
ce manuscrit a t achet par hophane du mont Atlios, dans
la Laurc serbe de Khilandari. L'orthographe offre des par-
ticularits propres la langue serbe la plus ancienne. Tel est
le redoublement des demi-voyelles finales (i., h) et l'emploi
continuel de l'une la place de l'autre. Les majuscules sontpresque partout en rouge. Voici le contenu de ce prcieux
manuscrit, dont M. Silvestre a donn, dans la Palographie
universelle, un excellent fac-simil.
1
.
Rcits des Pres sur la manire de garder le recueil-
lement avec le plus grand soin.
Au verso du feuillet vingt et un, laiss en blanc cause
de sa trop grande tnuit, une main plus moderne a mis deux
hymnes en l'honneur du prophte lie ^
2. Diffrentes instructions sur la force dployer dans les
tentations de la chair (f. 59).5. Exhortation sur la force (f. 67).4. Qu'il ne faut pas louer ses uvres devant les autres
{f.83).^
5. Qu'il ne faut juger personne ( f. 90).6. Qu'il faut veiller sur soi-mme (f. M6).7. Qu'il faut accueillir les plerins avec douceur et cha-
rit (f. 117).8. De l'humilit et de la sagesse (f. 122).9. Des voyants (f. 141).10. Les rgles des Pres ( f. 160).
Je ne m'explique pas comment Stroef a pu parler de la Vie de saint Sabas.Evidemment il aura confondu les deux saints.
2 La premire est parfaitement conforme l'imprime. (Voyez l'office de saintlie, 20 juillet.)
-
DE L\ lilULlOTlluLE nirKIALE DE rAllIS. 47
11. Les douze prceptes d'lienne le Thbate ( f. 108).12. Homlie de saint phrem sur le progrs spirituel et
sur l'humilit (f. 1G9).15. Entretien de Mose avec Pmen (f. 171).14. Sur les pnitents du dsert, extrait de l'chelle spi-
rituelle (f. 176).15. De la pense de la mort, par Sinion de Msopota-
mie (f. 189).16. Sur le mme sujet, par Thophile, patriarche d'Alexan-
drie (f. 179).17. La Vie de notre saint pre Simoi, instituteur et
docteur, seigneur et autocrate des pays serbe et porno-
riens.
Cette dernire pice mrite, plus d'un titre, une attention
toute particulire. Pour en apprcier la valeur, il suffira de
dire que M. Schafarik l'a juge digne de figurer parmi sesMonuments de Vancienne littrature des slaves du midi,
vritable trsor pour l'historien , le gographe et le philo-
logue.
Cette vie du saint, telle que la donne le manuscrit, a t,
dit le savant diteur qui nous devons tous ces dtails
,
certainement connue ds la deuxime moiti du xiii sicle.
Domtien, moine du mont Athos et auteur d'une autre vie
plus dtaille du mme saint, lui a emprunt des passages en-tiers, et mme des expressions; or Domtien crivait en 1264.C'est encore dans cet crit qu'un chroniqueur anonyme de
la Serbie a pris les noms des villes conquises par Etienne
Nimania. Enfin Pialchvitch semble en avoir eu sous les
yeux soit une copie, soit des extraits, lorsqu'il composait
son histoire de la Serbie. (Coloc, 1755. )
-
48 LES MANUSCRITS SLAVES
L'auteur de cette vie, dont nous allons donner des frag-
ments , est le kial Etienne , surnomm le premier (cou-
ronn (Pervo-Yientchanny), et (ils an de saint Simon.
Grand joiipan ou gospodar depuis 1 195, il fut couronn roi
en l!2^2, de la main de rarclievquc Mthode, avec une cou-
ronne que celui-ci venait d'obtenir, sa demande, du pape
Ilonoriuslll ^ et mourut six ans aprs (l'^S). Ce fut un
prince instruit et ami des lettres. Ses ptres Dmtrius
Chomatin , o il traite de questions liturgiques , prouvent
qu'il tait assez vers dans la littrature grecque. On con-
serve cette correspondance manuscrite la bibliothque de
Munich ^
Un mot maintenant sur Simon Nimania lui-mme.
Chef d'une dynastie clbre, et plac au rang des saints, il
apnarat dans l'histoire de la Serbie entour d'une double
aurole. Son nom vit encore dans le souvenir du peuple, qui
vnre en lui son fondateur et son patron. Aussi plus d'un
crivain s'est-il exerc retracer sa vie vertueuse. Ses deux
fils, Sabas et Etienne, furent les premiers payer sa m-moire ce tribut de leur pit filiale. Ils posrent, pour ainsi
dire, la premire pierre du monument littraire que d'au-
tres aprs eux ont continu. L'crit de saint Sabas se
trouve aussi dans le prcieux recueil de M. Schafarik. Nous
le laissons de ct, en nous bornant au travail de son
frre.
Aprs quelques considrations gnrales, le biographe
couronn annonce qu'il va parler de la naissance, de la vie et
1 Vie de saint Simon, par Doniticn, p. 309, cil(5o par Schafarik dans sesAntiquits slaves, X. II, p. 254. Leipzig, 1844. Voyez aussi Farlali , lllyric. sa-
crum, t. VII, p. 33.
8 Areliii, Deitrge, 2 vol. Munich, 1804, in-S.
-
DE LA LIBLIOTIIQUE IMPRIALE DE l'AllIS. 49
des vertus de Simon , et aussitt il aborde sou sujet de lamauire suivante *.
1. Naissance d'Etienne, son double baptme. Degrands troubles agitaient les contres de la Serbie, de laDiocltie et de la Travounia . Tikhoniil, poursuivi par sesfrres ^ et pour se soustraire leurs cabales , se retira Diocle, son pays natal. L, dans un endroit nomm Ryb-nitsa*. Dieu et la trs-sainte mre de Notre
-Seigneur luiaccordrent cet enfant bni que la providence divine desti-nait runir un jour les portions disperses de son patri-moine, devenir le pasteur, le docteur, le restaurateur deson pays dsol ^
Comme il y avait dans ces contres des prtres latins, l'en-fant fut baptis suivant le rite latin. Plus tard
,il reut le
baptme pour la seconde fois '' de la main de l'archevqueLonce, dans l'glise de Saint-Pierre et Saint-Paul, Rassa'', capitale de la Serbie. Ses parents relevrent dans
la pit et la crainte de Dieu ; ils ne se doutaient pas qu'ils
1 Nous avons divis le rcit en numros, qui ne sont pas les mmes dans lomanuscrit, et nous les avons fait prcder de trs-courts sommaires.
2 Travounia, Tspouvix de Porphyrognte, aujourd'hui reliinie.3 Us s'appelaient : Zavid , Srtomir et Pervoslav. Le pre de Tikiiomil, Bla
Ourosch, avait pour pouse Anne de la race franque, c'est--dire franaised'origine.
* Situ sur le fleuve du mme nom (qui veut dire plein de poissons), nonloin de Diocle ou Zta.
5 L'anne de sa naissance est incertaine : saint Sabas la place en lll't.6 Saint Sabas rpte la mme ciiose; il fait mme remarquer Tinterventioa
trange du nombre deux dans plus d'une circonstance de la vie de son pre.Quoi qu'il en soit des autres, celle de son baptme ne doit pas passer inaper-ue. Pour nous, tout ceci peut s'expliquer par Pusage assez connu de sup-pler les crmonies prescrites par Pglise catholique. Remarquons, celteoccasion, que depuis la sparation, PEglise orientale a vari touchant le bap-tme, et qu'elle enseigne autre chose Plersbourg, et autre chose Constan-linople.
^ Aujourd'hui Novy Pazar.ni. 4
-
50 LES MANUSCRITS SLAVES
prparaient la fois un prince la terre et un compagnon
aux anges du ciel.
2. Il prend possession de l'hritar/e paternel, et il btit
plusieurs glises et monastres. A peine devenu ado-lescent et possesseur de l'hritage paternel , situ sur les
bords de la Toplitsa, de l'Ibar et de la Raschka, il se vit en
butte l'envie de ses propres frres. C'tait lui tresser une
triple coui'onne : car bannissant de son cur toute pense de
ressentiment, et mprisant la rage de Satan , ce juste ne
s'appliqua qu' plaire Dieu. Le bruit de ses vertus, de sa
douceur et de son humilit parvint l'oreille de l'empereur
Manuel', qui, se trouvant alors dans le pays de Nisse (ou
Nisch), dsira avoir avec lui une entrevue. Etienne se pr-
senta devant l'empereur grec, qui, admirant sa sagesse
prcoce, le combla d'honneurs et de prsents, et lui donna
en hritage perptuel et inalinable une portion de ses pro-
pres domaines nomms Gloubotchitsa.Rien d'tonnant qu'il fut chri des tsars de la terre , puis-
qu'il tait aim par le tsar du ciel Notre- Seigneur Jsus-
Christ; or, chacun le sait, tout russit quiconque aime Dieu
de tout son cur. Notro saint , de son ct, embras de
l'amour divin , et brlant du dsir de plaire au Seigneur,
s'appliqua avec diligence riger des temples ses saints
serviteurs. D'abord il leva une glise la trs-sainte Vierge
Toplitsa, ville situe l'embouchure du fleuve Koselnitsa. Il
la dota de terres, et y joignit un couvent de femmes confi aux
soins de son pouse Anne, dont les vertus rappellent la fenime
forte de l'criture. Quelque temps aprs, ne pouvant contenir
1 C'est Manuel Comnne (1143 - 1180 ) , prince qui se montra toujours favo-rable ruuiou des glises.
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DE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE PARIS. 51
l'ardeur de son amour pour Jsus-Christ, Etienne com-
mence btir l'glise de Saint -Nicolas, vqueet thauma-
turge, l'embouchure de la rivire Banska , non loin de
celle de la sainte Vierge. Le voyant marcher pieds nus, pour
accomplir la parole de Notre-Seigneur : Celui qui s'exalte
sera humili, et celui qui s'iiumilie sera exalt ; et occup
bctir cette glise au grand thaumaturge saint Nicolas, le
prompt secours des malheureux , ses frres,pousss par le
dmon, entrrent en grande colre, et ils lui dirent d'unton injurieux : Pourquoi fais -tu sans nous consulter deschoses qui ne conviennent point ton rang? Lui, les re-
gardant avec douceur et le sourire sur les lvres : Frres
germains et bien-aims, dit -il, ne vous irritez pas de ce
que je fais pour le Seigneur ; si je fais le mal , ce mal ne
retombera que sur moi ; si je fais le bien , le bien sera
aussi pour moi seul ; priez plutt le Seigneur notre Dieu
d'agir envers chacun de nous selon sa grande libralit et sa
misricorde infinie. Et il acheva l'glise commence ; il ytablit aussi une communaut de religieux pour qu'ils louas-sent le Seigneur Dieu jour et nuit.
5. // est perscut par ses propres frres. Cependant
le serpent infernal vomit de nouveau sur lui le venin de sa
rage envieuse: car les frres du saint, ayant leur tte
Zavid, leur an et alors seigneur de tout le pays serbe, man-
drent auprs d'eux l'homme de Dieu, le firent saisir,
charger de fers et jeter dans une prison , comme autrefois
Joseph avait t jet par ses frres dans la citerne. Insen-
ss, ils oubliaient que le malheur n'atteint point ceux qui
mettent leur confiance en Dieu! Aussi, comme autrefois
le chaste Joseph passa de la prison au palais et devint le
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52 LES MANUSCRITS SLAVES
chef (le la maison de Pliaraon , ainsi ce nouveau Joseph
lut relire par le bras du out-Pnissant de la profondeur de
sa prison et plac sur le trne de la Serbie. Un jour
qu'il lail accabl de douleur, il adressa du Ibnd de sa pri-
son la prire suivante saint Georges : Grand martyr de
Jsus -Christ, invincible dans les combats, saint Georges,
vous qui avez souffert tant de blessures et de tourments pour
Jsus-Christ, et qui, attach la roue, le supplites de vous
en dlivrer et de vous gurir ; au milieu des supplices, doux
agneau du Christ, vous conjurtes l'Agneau divin d'exaucer
quiconque invoquerait votre nom. Et moi, qui ne suis qu'un
pcheur indigne, comment oserai -je lever mes regards vers
les montagnes clestes? comment mes lvres impures invo-
queraient-elles le juge terrible? Ayez donc piti de moi,qui suis plein de passions et de misres, obtenez du Seigneur
Jsus (|uc, selon la promesse qu'il vous a faite,je sois dli-
vr par vos mrites de la douleur des liens de 1er, que je
puisse vous servir dsormais, jusqu' mon dernier soupir,
par la grce de Jsus- Christ. Sa prire fut exauce , il
recouvra sa libert et se hla de btir en l'honiieui' de son
librateur une nouvelle glise, dont il confia le soin des
religieux, auxquels il donna une rgle, en leur enjoignant delouer sans cesse le glorieux martyr, secours des malheu-
reux. Saint Georges n'oublia pas son serviteur ; le fait sui-
vant en est la preuve.
4. Guerre contre les Grecs et leurs allis. Etienne en
sort victorieux. Les ennemis d'Italienne, rsolus de le
chasser du pays et de le perdre , cherchrent un appui au-
prs de l'empereur grec. Dj les troupes allies,grecques,
franques, turques et autres, franchissant les frontires de ses
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DE LA BIBLIOTHQUE IMPRIALE DE TARIS. 53
tals, paraissaient devant la ville de Pantin, lorsque, les
yeux et les mains levs vers le ciel, Etienne invoqua du
fond du cur son patron : Jugez , lui dit- il , ceux qui
m'insultent , dfendez - moi contre leurs attaques, prenez
les armes et le bouclier, marchez contre mes perscuteurs,
dites mon me : Je suis ton salut ; et saisissant le signevivifiant de notre rdemption et une lance offerte par l'v-
que , il marcha d'un pas intrpide contre les troupes allies.
Il y avait sur son passage, prs de la ville de Zvitchan ^
une glise de saint Georges ; il y envoya aussitt un de ses
prtres , charg d'y rciter les prires accoutumes et de
clbrer la messe. Or, pendant que celui-ci se repose de
ses fatigues , le glorieux martyr lui apparat sous la forme
d'un guerrier : Qui es-tu? lui demande le prtre. Jem'appelle Georges, je suis le martyr de Jsus - Christ. Je
viens combattre les ennemis de ton matre. Le lendemain
de la vision, un grand combat eut lieu : l'ennemi fut vaincu,
ananti, et l'un des frres du saint, qui avait pris part cette
guerre sacrilge,
prit dans les flots. De retour dans sa
capitale, Etienne ne cessa plus de remercier Notre -Sei-
gneur et sa sainte mre , le thaumaturge saint Nicolas et
le grand martyr saint Georges.
5. Une hrsie se dclare dans son royaume. Convoca-
tion d\in concile. Zle du prince pour exterminer la mau-
vaise doctrine. Sur ces entrefaites, un de ses guerriers
vient chez lui, et se mettant ses genoux avec une grande
humilit : a Seigneur, lui dit-il, quelque mchant serviteur
que je sois, la vue de votre pit envers Notre -Seigneur et
1 Sfentzanion ou Svetzanion des auteurs grecs, sur les confins de l'ancienne
Bulgarie et de la Serbie,
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54 LES MANUSCRITS SLAVES
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