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Page 1: Les métropoles régionales à la recherche de leurs … · Monsieur François Fontaine Les métropoles régionales à la recherche de leurs points forts In: Economie et statistique,

Monsieur François Fontaine

Les métropoles régionales à la recherche de leurs points fortsIn: Economie et statistique, N°230, Mars 1990. pp. 17-30.

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Fontaine François. Les métropoles régionales à la recherche de leurs points forts. In: Economie et statistique, N°230, Mars1990. pp. 17-30.

doi : 10.3406/estat.1990.5427

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1990_num_230_1_5427

Page 2: Les métropoles régionales à la recherche de leurs … · Monsieur François Fontaine Les métropoles régionales à la recherche de leurs points forts In: Economie et statistique,

RésuméDe Lille à Marseille et de Rennes à Strasbourg, les métropoles françaises font preuve d'une grandediversité régionale. Elles couvrent un dixième du territoire et concentrent, en moyenne, un quart de lapopulation de leur région, mais sur des surfaces très variables. Elles ne se ressemblent ni par la densitéde population ni par le poids des emplois qualifiés. Leurs activités souvent à l'image de leur région sontplus spécialement industrielles au Nord et à l'Est et plus tertiaires au Sud et à l'Ouest.Les services qui optimisent les fonctions de production et d'échanges, désormais de plus en plusautomatisées, constituent l'enjeu majeur du développement des métropoles. Toutes aspirent àconcentrer sur leur sol des équipements avancés de communication, de recherche d'enseignement etde... loisirs qui multiplieront les opportunités d'emplois hautement qualifiés. Dans cette course à laqualification, les métropoles régionales sont loin d'être sur la même ligne.

AbstractThe Major Regional Cities What are their Strong Points? From Lille to Marseille and Rennes toStrasbourg, France's major cities show great regional diversity. They cover a tenth of the territory and,on the average, contain a quarter of their region's population, but with very varied areas. They aredifferent both in terms of the density of their populations and the importance of their skilled employment.Their activities, which often mirror the regions they serve, are more industrial in the north and the east,and more tertiary in the south and the west.The services which make the most of the functions of production and exchange, and are now becomingincreasingly automated, constitute the major targets for the development of the hub cities. These citiesare all trying to accumulate advanced communication, research, educational and leisure facilities whichwill provide more opportunities for highly-skilled jobs. In the race for skilled employment, the regionalhub cities are far from being on the same starting line.

ResumenLas metropolis régionales a la bùsqueda de sus "puntos fuertes" - De Lille a Marsella y de Rennes aEstrasburgo, las metropolis francesas dan muestras de una gran diversidad regional. Cubren undécimo del territorio y concentran, en promedio, a un cuarto de la población de su region, aunque ensuperficies muy variables. No se asemejan entre ellas ni por su densidad de población ni por el peso delos empleos calificados.Sus actividades, que reflejan frecuentemente la imagen de la region, son más industriales en el Norte yen el Este y más orientadas hacia el sector terciario en el Sud y en el Oeste. Los servicios queoptimizan las funciones de produccíon y de intercambio, cada vez más automatizadas, constituyen laapuesta más importante del desarrollo de las metropolis. Todas aspiran a concentrer en su jurisdicciónequipos avanzados de communicación, de investigación, de ensenanza y de ... ocio, que multiplicaránlas oportunidades de empleos altamente calificados. En esta carrera, cuya meta es la calificación, lasmetropolis regionales están aún lejos de hallarse en la nuisma posición.

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REGIONS

Les métropoles régionales

à la recherche de leurs points forts

François De Lille à Marseille et de Rennes à Strasbourg, les métropoles françaises font Fontaine* preuve d'une grande diversité régionale. Elles couvrent un dixième du territoire et concentrent, en moyenne, un quart de la population de leur région, mais sur des surfaces très variables. Elles ne se ressemblent ni par la densité de population ni par le poids des emplois qualifiés. Leurs activités, souvent à l'image de leur région, sont plus spécialement industrielles au nord et à l'est et plus tertiaires au sud et à l'ouest. Les services qui optimisent les fonctions de production et d'échanges, désormais de plus en plus automatisées, constituent l'enjeu majeur du développement des métropoles. Toutes aspirent à concentrer sur leur sol des équipements avancés de communication, de recherche, d'enseignement et de... loisirs qui multiplieront les opportunités d'emplois hautement qualifiés. Dans cette course à la qualification, les métropoles régionales sont loin d'être sur la même ligne.

* François Fontaine dirige le Service des Études de la Direction Régionale Nord-Pas-de- Calais de VISSEE.

1. Une seule ville française de province, Lyon, se situe dans les 13 premières villes européennes non capitales d'un Etat II J.

Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.

Les métropoles régionales françaises comparées à leurs homologues européennes sont encore peu avancées dans le processus de concentration des activités à forte valeur ajoutée. L'Ile-de-France captant une part importante des fonctions de direction des activités réparties sur l'hexagone, rares sont les métropoles de province qui dès à présent peuvent prétendre à une "dimension européenne" (1). Des métropoles des grandes régions industrielles, seule Lyon a su dépasser ses problèmes d'adaptation industrielle et développer avec les pôles voisins de Grenoble et Genève une entité de services de haut niveau à large rayonnement international.

L'autre grande métropole industrielle, Lille- Roubaix-Tourcoing, dont la puissance économique et démographique et la position géographique auraient pu aussi conduire à une position européenne, a été sévèrement freinée dans cette course, par le manque chronique de moyens pour réorienter l'investissement productif en faveur d'activités plus technologiques et par les problèmes incessants de restructurations industrielles qui s'en sont suivis [21.

Marseille, enfin, la troisième cité millionnaire en population, malgré des activités porteuses, souffre de handicaps liés à une position géographique excentrée et à des problèmes d'organisation urbaine qui conduisent à l'affaiblissement économique de son centre-ville. Les métropoles du sud et de l'ouest ont connu une industrialisation plus tardive, favorisée par la déconcentration de l'Ile-de-France. Si leur développement actuel les situe dans les meilleures places (Toulouse, Montpellier et Rennes par exemple), leur taille et leur aire d'influence sont encore insuffisantes pour les faire accéder à la dimension européenne.

La réalisation des équipements comme le TGV Nord, le développement des échanges européens (tunnel transmanche) et leur éventuel recentrage vers l'est devraient donner une nouvelle chance aux métropoles du nord-est, freinées dans leur développement par la crise industrielle des années quatre-vingt.

ECONOMIE ET STATISTIQUE N° 230. MARS 1990 17

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2. Le coeur urbain est défini comme la partie de la zone de métropole où la densité de population est supérieure à 1. 000 habitants par km2.

Les métropoles concentrent, en moyenne, un quart de la population régionale

Les vingt métropoles régionales telles qu'elles sont définies ici s'étendent en moyenne sur 1 1 % du territoire de leur région (encadré p.20). Les plus peuplées : Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux mais aussi d'autres, comme Orléans, Poitiers, Strasbourg et Dijon appartiennent au groupe à la superficie la plus restreinte : moins de 7 % du territoire régional. A l'inverse, Caen, Limoges, Amiens et Besançon font partie des zones de métropole qui occupent une plus large part de ce territoire : entre 15 et 20 %. Les zones de métropole concentrent, en moyenne, 26 % de la population régionale et cette part a peu augmenté entre les recensements de 1975 et de 1982. Poitiers, Orléans, Rennes, Amiens et Dijon ont les plus faibles poids démographiques (moins de 20 % en 1982), Aix-Marseille, Limoges, Toulouse et Clermont-Ferrand les plus élevés (de 32 à 38 %).

Les densités de population apparaissent relativement faibles puisque seulement 2,4 fois supérieures, en moyenne, à la densité moyenne régionale. Cependant, il existe de fortes disparités entre zones de métropole, disparités tenant pour une bonne part à l'importance de la couronne péri-urbaine retenue dans la définition de la zone et aussi à la superficie de la commune centre. Ainsi, pour des coeurs urbains (2) occupant sensiblement le même espace, la zone définie pour la métropole lyonnaise est 3,3 fois plus étendue que celle définie pour la métropole de Lille-Roubaix-Tourcoing, artificiellement limitée à l'est par la frontière belge et à l'ouest par l'aire urbaine du bassin minier (Béthune, Lens, Douai). Cas extrême, la zone définie pour la métropole de Caen couvre près d'un cinquième de la région Basse Normandie, ce qui conduit à une faible densité relative de population. D'une façon générale, les métropoles des régions plus rurales occupent une part plus importante de leur territoire régional car leur influence est moins contrariée par d'autres pôles urbains que dans les régions industrielles.

Les zones de métropoles concentrent beaucoup d'activités tertiaires, notamment les services marchands de haut niveau comme les services de "conception-réalisation" par exemple. Les cadres supérieurs et les professions libérales y sont donc surreprésentés : en moyenne, elles accueillent 37 % des cadres et professions libérales de leur région.

Trois types de métropole selon la densité de population et d'emplois qualifiés

La comparaison des poids respectifs des zones de métropole en matière de superficie, de population et de cadres supérieurs permet de dégager trois types de zones de métropole (graphique I). Le premier type est constitué de zones ayant, relativement à leur région, une forte densité de population et de cadres supérieurs. On y trouve les grandes métropoles régionales : Lyon, Bordeaux, Aix-Marseille, Lille-Roubaix-Tourcoing, Strasbourg et Toulouse.

Ces métropoles concentraient déjà une part importante de la population et des emplois de haute qualification. Certaines d'entre elles ont encore accru leur place dans leur région entre 1975 et 1982, Toulouse particulièrement. D'autres, au contraire, ont perdu du terrain : Aix-Marseille et Lyon.

Le deuxième type est à l'opposé, il est constitué notamment des zones de Besançon, Rennes, Poitiers et Amiens. Elles sont caractérisées par une faible densité relative de population et de cadres supérieurs. Ce sont des métropoles régionales qui pour la plupart ont encore une relativement faible prééminence dans leur région. Parmi ces zones de métropole encore peu affirmées, certaines ont connu une sensible augmentation de leur poids démographique dans leur région : c'est le cas de Caen, Rennes et Poitiers. La zone de Caen est toutefois dans une situation particulière car la dimension même de la zone de métropole entraîne une dilution élevée et inévitable de la population et des emplois qualifiés. En revanche, Amiens a perdu du terrain en raison de l'expansion du département de l'Oise proche de l'Ile-de-France.

Le troisième type de zone est intermédiaire, il regroupe des métropoles d'importance moyenne : Reims, Nancy-Toul, Rouen, Dijon, Nantes, Montpellier-Sète, Clermont-Ferrand, Limoges et Orléans. Ces zones sont dans une situation moyenne de densité de population et d'emplois qualifiés au sein de leur région. La plupart ont accru leur poids relatif entre 1975 et 1982, Montpellier-Sète notamment.

Une démographie dynamique

D'une façon générale, les zones de métropole ont une population relativement jeune et une natalité supérieure à la moyenne de leur région. Seules Amiens et Rouen apparaissent au niveau moyen de leur région. En revanche, les zones de métropole du sud et de l'ouest sont beaucoup plus jeunes que leur région : Orléans, Bordeaux, Toulouse, Clermont-Ferrand, Montpellier par exemple. Cette forte natalité a été favorisé par l'excédent migratoire (3) dont ces zones ont bénéficié et qui entretient désormais une croissance naturelle élevée .

A cet égard, les métropoles françaises connaissent relativement peu les problèmes urbains liés soit à la décroissance sévère, soit à la croissance explosive de leur population. Problèmes qui handicapent nombre de grandes métropoles de l'Europe du Nord comme Liverpool, Sunderland ou Belfast pour la dépopulation, ou certaines grandes métropoles de l'Europe du Sud confrontées à une croissance démographique élevée comme Malaga, Seville, ou Naples par exemple [3].

Malgré un déficit migratoire important déjà relativement ancien, la métropole du Nord-Pas-de-Calais

3. Différence entre les mouvements d'immigration et d'émigration.

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Graphique I Le poids des zones de métropole dans leur région en termes de superficie, de population et de cadres

Part de la population (en %) - - •Aix-Marseille T . Limoges ^* 38

36

34

32

30 28

26

24 22

20

18

16 14

l

Bordeaux

•Toulouse Clermont-Ferrand ^S

, Strasbourg

Xaen

Lille-Roubaix-Tourcoing • • - Lyon Rouen Moyenne des Métropoles

':mrtJ VS/rn MontpelUer-Sète /•Nantes

/ • Reims / Dijon #Nancy-Toul

0 FaibU densité de population

0 Besançon 9 Amiens

• Rennes •

/

• Orléans Poitiers l i j_ Part du territoire (en %) 5 6

20 23

26

29

32 35

38

41

44

47

50

53

56

\

9 10 11 •Poitiers

12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

• Orléans \ > Amiens

\ • Rennes

Forte densité décadrés • Reims

n \ #Nancy- Nantes.

Montpellier-Sètê

• Besançon Toul

Moyenne des Métropoles

• «Lyon ^^« Rouen

# Aix-Marseille Bordeaux % Lille-Roubaix-Tourcoing

•Strasbourg

•Caen

• Clermont-Ferrand

Limoges • • Toulouse

Part des cadres supérieurs et professions libérales (en %) restait, en 1982, la plus jeune des métropoles régionales avec 41 ,2 % de sa population ayant moins de 25 ans, soit 3,1 points de plus que la moyenne des zones de métropole. Caen et Rennes ont également une importante population de moins de 25 ans.

A l'inverse et d'une façon générale, les métropoles du Sud ont davantage de populations âgées que celles du Nord. Notamment Limoges qui présente d'assez loin la structure de population la plus âgée.

Enfin Lyon et Strasbourg se distinguent par une proportion plus importante de population aux âges actifs, signe de la vigueur de leur pôle d'emploi.

Les métropoles des régions attractives plus attractives que leur région...

Les métropoles ne bénéficient pas, en moyenne, d'une attractivité (exprimée par le solde migratoire des années 1975 à 1982) supérieure à celle de leur

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ZONE DE MÉTROPOLE, BASSIN D'EMPLOI ET AGGLOMÉRATION

Définir de façon homogène les contours des zones métropolitaines est un préalable à toute étude comparative de ces mêmes zones. Les règles de définition peuvent être multiples : le coeur de la zone peut être défini à partir de la notion de continuité de l'habitat (agglomération au sens INSEE) ; un contour plus large peut Les zones de métropole en quelques chiffres

s 'appuyer sur les migrations alternantes liées au travail en fixant un seuil d'intensité dans ces échanges (bassin d'emploi), un autre contour, sans doute proche du précédent, peut s 'appuyer sur les relations d'échanges de biens et services qui définissent une aire de rayonnement (tableau).

Zones classées suivant le nombre

d'habitants

AIX-MARSEILLE LYON LILLE-ROUBAIX-TOURCOING BORDEAUX TOULOUSE NANTES RENNES STRASBOURG MONTPELLIER-SETE ROUEN NANCY-TOUL CAEN CLERMONT-FERRAND AMIENS ORLEANS DIJON REIMS LIMOGES BESANCON POITIERS

Zone de Métropole Population

1982 (milliers d'habitants sans double

compte)

1 539 1 443 1 126

810 804 676 482 474 470 465 465 432 428 328 321 316 298 274 220 201

Densité de

population (h/km2)

525 496

1280 277 129 204 125 621 159 290 175 125 122 104 132 104 114 93 90 81

Emplois total 1982

(lieu de travail)

(milliers)

548 625 460 333 310 270 201 215 158 197 187 169 182 121 144 134 119 115 88 79

Population de l'agglomération

principale au sens INSEE

(population municipale 1982

en milliers)

1 105 1 215 933 637 538 463 232 372 219 377 305 182 254 153 219 215 199 171 120 102

Part de la population

de l'agglomération principale

dans la zone de métropole

(0/0)

72 84 83 79 67 68 48 78 47 81 66 42 59 47 68 68 67 62 55 51

Pour des raisons de disponibilité statistique, le découpage retenu ici est celui de la partition de la France en 365 zones , zones qui constituent une première approche des bassins locaux d'emploi [4]. Cependant, quelques regroupements ont été opérés pour reconstituer des ensembles plus représentatifs des véritables zones métropolitaines. Ainsi en a-t-il été pour Lille-Roubaix- Tourcoing qui se compose des deux bassins très proches de Lille et de Roubaix-Tourcoing ; de même pour le regroupement de Nancy et Toul, de Montpellier et Sète, pour la grande zone de Aix-Marseille : Marseille augmentée d'Aubagne, Aix-en-Provence, Berre etFos- sur-Mer, enfin pour Bordeaux : Bordeaux Centre, Entredeux-Mers et Cubzacois. Ce zonage est sans doute bien imparfait dans la mesure où il n 'a pas été établi suivant des critères strictement identiques dans les différentes régions et où il ignore des aires d'influence qui peuvent parfois être importantes notamment dans le cas des zones frontalières : Lille- Roubaix-Tourcoing et Strasbourg. C'est pourquoi il faudra considérer les résultats de cette comparaison comme une première approche. Dans le texte de l'étude, nous utiliserons indifféremment les termes de métropole ou zone de métropole pour désigner les unités géographiques étudiées.

Des centres plus ou moins denses, des communes de taille très variable L 'hétérogénéité du découpage des zones géographiques de métropole se double d'une grande hétérogénéité de la composition communale de ces zones de métropole. Ainsi, le Grand Marseille compte seulement 81 communes dont la taille moyenne est très élevée (Marseille et Aix ont des tailles très élevées) alors que la zone de Caen compte 473 communes d'une superficie moyenne près de 5 fois inférieure à celle du Grand Marseille. Mais la superficie de la commune centre influence évidemment la part de la population de la zone de métropole qu'elle concentre : Marseille, Toulouse, Strasbourg, Limoges, Nantes et Besançon ont les plus grandes superficies de commune centre alors que Nancy, Rouen, Lille, Caen et Orléans ont les plus petites. La décroissance de la densité de population à mesure que l'on considère un nombre plus élevé de communes constitutives de la zone de métropole est variable. Les zones les plus peuplées comme Lyon et Lille-Roubaix-Tourcoing se distinguent par un nombre élevé de communes à forte densité de population. La superficie moyenne des communes est faible pour Lille-Roubaix-Tourcoing. En revanche, la commune de Marseille est aussi étendue que l'ensemble des 24 communes les plus peuplées de l'agglomé-

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ration de Lille. Poitiers, Limoges et Besançon présentent les plus faibles densités de population tant au centre qu'à la périphérie de l'agglomération. Toulouse est un cas particulier avec une commune de grande taille et donc une densité de population assez faible au centre. A l'inverse, Nancy a une commune centre très peu étendue (la plus petite des villes centres après Roubaix) de sorte que la densité du centre est très élevée. Rouen est un peu dans la même situation (graphique). La commune la plus peuplée peut regrouper jusqu'à 60 % de la population de la zone (cas de Reims) mais parfois seulement 15 % (Lille-Roubaix-Tourcoing). Toutefois, en cumulant les populations des 10 communes les plus peuplées, l'éventail se resserre : ces 10 com- Profil de densité de quelques grandes métropoles

munes représentent au plus 80 % de la population de la zone (Grand Marseille) et au moins 46 % de la population de la zone (Caen). La population de la zone de métrople ainsi définie représente environ 1,4 fois la population de la principale agglomération (au sens INSEE), mais il existe une forte dispersion entre les zones : les extrêmes étant la zone de Lyon qui compte seulement 1,2 fois plus d'habitants que l'agglomération lyonnaise (Lille-Roubaix-Tourcoing est dans une situation voisine) et la zone de Montpellier-Sète qui compte 2, 1 fois plus d'habitants que l'agglomération de Montpellier (Rennes et Amiens sont dans des situations voisines).

. Densité cumulée Hab / Km2

Lille-Roubaix-Tourcoing

Nancy-Toul

Grand-Marseille

Nombre de communes (classées par population décroissante)

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région : dix d'entre elles sont plus "attractives" et dix le sont moins. Néanmoins, les métropoles des régions "attractives" sont plus fréquemment mieux placées que leur région. La zone de Montpellier- Sète en est le meilleur exemple : cette zone a sensiblement accru son poids démographique dans sa région (graphique H). Il en est de même, à un moindre degré, pour Orléans, Toulouse, Rennes, Poitiers, Limoges.

Les deux plus grandes zones de métropole font cependant exception : Aix-Marseille qui a connu une immigration relativement moins forte que la région Provence-Alpes-Cote d'Azur ; sa partie la plus dense, Marseille-Aubagne, ayant même connu

un déficit migratoire (-0,2 % l'an sur la période 1975-1982) ; et Lyon dont le léger déficit migratoire (-0,2 % l'an) contraste avec l'excédent de la région Rhône-Alpes (+0,2 % l'an).

...et inversement

Sur les dix régions les moins "attractives", six ont des métropoles moins "attractives" que leur région et quatre sont dans le cas inverse. Les métropoles relativement les moins "attractives" comparées à leur région sont Rouen et Amiens. En revanche, Reims et Nancy-Toul sont mieux placées et augmentent leur poids dans leur région. Pour sa part,

* Les soldes migratoires des zones de métropole et de leur région sont ■ liés : les zones de métropole des régions ' 'attractives ' ' bénéficient d'une forte immigration et inversement. Généralement l 'attractivité des métropoles des régions "attractives" est supérieure à l 'attractivité de leur région mais curieusement des grandes métropoles régionales comme Marseille, Lyon et Bordeaux font exception. En revanche, les zones de métropole des régions peu "attractives ' ' sont généralement encore moins "attractives" que leur région (Reims, Nancy-Toul et Caen font exception).

Graphique II Marseille, Lyon et Bordeaux moins "attactives" que leur région*

Solde migratoire de la zone de métropole (% moyen par an)

1.4

1.3

1.2

1.1

1.0

0,9

0.8

0.7

0.6

0.5

0,4

0.3

0.2

Caenft'1 0.6 - 0.5 - 0.4 - 0.3 - 0.2 - 0.1

■ i 0,0

m Reims / ~°.2 > Nancy-Toul / _03

S Besançon -0,4

4 -0,5

j Lille-Roubaix-Tourcoing 22

Montpellier-Sète*

Zones de métropole plus

Orléans»

4

4

.Toulouse Poitiers

Rennes/ Bordeaux Aix-Marseille

Clermont- Nantes l Zones de métropole]

I moins attractives | I que leur région I . / ■ Moyenne Province

/ 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 Strasbourg Dijon

i Amiens

Solde migratoire de la région correspondante (% moyen par an)

Marseille-Aubagne- • Lyon

Rouen

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* Les positions des zones de métropole sur ce graphique sont conditionnées par leurs structures d 'activité en 15 secteurs (méthode de l 'analyse en composante principale). L'axe horizontal explique 34 % delà disparité ; il oppose commerce et industries des biens de consommation à services marchands et BTP. L'axe vertical explique 18 % de la disparité ; il oppose services financiers et industries agroalimentaires à industries des biens intermédiaires. Les situations les plus caractéristiques concernent Lille-Roubaix- Tourcoing typée par les industries de biens de consommation et le commerce, Montpellier par les services marchands et non marchands, Strasbourg typée par les sévices financiers, Clermont-Ferrand et Limoges par les industries des biens intermédiaires.

la métropole nordiste subit à l'image de sa région un déficit migratoire important, mais du même ordre de grandeur que celui de sa région.

Métropoles industrielles, métropoles tertiaires

L'examen des activités exercées dans les zones de métropole permet d'établir une typologie qui oppose les métropoles industrielles (Lille-Roubaix- Tourcoing, Clermont-Ferrand, Lyon, Amiens, Reims) et les métropoles tertiaires (Montpellier- Sète, Aix-Marseille, Strasbourg, Poitiers, Rennes). Cependant, là aussi une grande diversité de situation existe. Même à un niveau d'activité assez agrégé (15 secteurs), certaines métropoles se distinguent par des concentrations importantes. La plus forte spécialisation revient à Clermont-Ferrand avec les industries de biens intermédiaires (pneumatiques) suivie de Lille-Roubaix-Tourcoing avec les industries de biens de consommation (textile- habillement), puis Reims avec Fagro-alimentaire (champagne), Aix-Marseille, Rouen et Bordeaux avec les activités pétro-portuaires (graphique III). Pour les activités tertiaires, les spécialisations sont moins marquées, à l'exception toutefois des services financiers à Strasbourg et des activités de transport et télécommunication évidemment bien représentées dans les zones portuaires (Rouen, Marseille, mais aussi Dijon).

Les services marchands sont particulièrement présents à Montpellier (+ 27 % par rapport à la moyenne des zones de métropole) et peu représentés à Amiens (- 13 %). Avec une dispersion

blable, les services non marchands occupent relativement beaucoup d'emplois à Poitiers et Montpellier-Sète (27 et 23 % de plus que la moyenne) et relativement peu à Lyon et Lille- Roubaix-Tourcoing (- 17 % et - 10 %). Enfin, les commerces constituent l'activité la mieux partagée, puisque entre la métropole la mieux pourvue (Lille- Roubaix-Tourcoing grâce à la vente par correspondance) et la métropole la plus déficitaire (Clermont- Ferrand), l'écart est respectivement de + 1 1 % et - 12 % par rapport à la moyenne des zones de métropole.

Dynamisme de l'emploi : Montpellier, Rennes, Toulouse aux meilleures places

L'évolution de l'emploi est généralement meilleure dans la zone de métropole que dans la région prise dans son ensemble. L'exception la plus notable concerne Marseille et surtout la partie dense de Marseille-Aubagne. Limoges, Rouen et même Lyon pour la période 1975-1982 et Clermont-Ferrand pour la période 1982-1987 ont également des évolutions de l'emploi moins favorables que le reste de leur région. Ce meilleur comportement de l'emploi dans les zones de métropole résulte surtout d'une structure d'activité plus favorable où le tertiaire et notamment les services marchands et non marchands sont surreprésentés (encadré p.24). Sur les 12 dernières années, trois métropoles se détachent nettement pour la croissance de l'emploi : Montpellier-Sète surtout grâce aux commerces, aux services marchands et non marchands et aux indus-

Graphique III Proximité des zones de métropole suivant ieur stucture d'activité économique en 1982*

(Inertie 0.18)

Amiens

Clermont-Ferrand Limoges

Besançon Nancy-Toul

Caen INDUS- INTERM. Dijon Orléans

Toulouse Montpellier

BTP INDUS. DE CONSOM.^ p SERy Rennes

TELECOM. SE RV. MARCHANDS COMMERCES «"^ST*0"*

ALIMENTAIRE ENERGIE Aix-Marseille (Inertie 0.34»

Lille-Roubaix-Tourcoing Reims SERV. FINANCIERS

Strasbourg

Rouen Nantes

Bordeaux

Marseille-Aubagne

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1. Emplois salariés des secteurs marchands non agricoles du champ UNEDICdu31. 12.1981 au 31.12.1987. 2. Structures d'activité au niveau des grands secteurs (niveau 1 S de la NAP) : Besançon, Strasbourg, Reims ont, comparé à leur région, les structures d'activités les plus favorables à l'emploi ; Limoges, Aix- Marseille, Poitiers et Caen sont dans le cas

3. Le « dynamisme propre » est ce qui n'est pas expliqué par les grandes structures d'emploi : Rennes, Toulouse et Montpellier sont les mieux placées en ce domaine ; Aix-Marseil- le, Rouen et Amiens les moins bien placées.

LES ZONES DE MÉTROPOLE DANS LEUR RÉGION spécialisations et désengagements

Les structures d'activité plus tertiaires des métropoles favorisent une évolution de l'emploi généralement meilleure que dans le reste de la région, d'où un phénomène de concentration des emplois. Relativement à leur région, des métropoles comme Besançon, Strasbourg, Nancy-Toul, Reims, Dijon bénéficient d'une structure d'activité favorable alors que cet avantage est assez limité pour Marseille, Poitiers, Caen et Limoges (tableau). Cependant, la dynamique des activités prises isolément est loin d'être uniformément favorable aux métropoles ; des phénomènes de déconcentration des activités hors de la zone de métropole affaiblissent l'emploi ; la baisse plus rapide des emplois dans certaines activités qui correspond à un désengagement des métropoles notamment à l'égard des industries des biens intermédiaires,

de l 'agro-alimentaire et des commerces affecte l'évolution globale de l'emploi dans les métropoles et parfois l'emporte sur les effets positifs de la meilleure croissance du tertiaire. Ainsi, les zones de Rouen, Amiens, Caen, Clermont- Ferrand, Limoges et surtout Marseille-Aubagne (6) connaissent des désengagement importants vis-à-vis de leur région au cours des dernières années, et même en matière de services marchands (Amiens, Rouen, Aix- Marseille). A l'inverse, les zones de Rennes, Toulouse et Montpellier-Sète ont fortement concentré les emplois de leur région, ce qui les place aux premiers rangs des métropoles pour la croissance de l'emploi. 6. Zone restreinte de Marseille plus Aubagne ; mais même la zone étendue Aix-Marseille subit un affaiblissement de son poids dans sa région (en termes d'emplois).

Structure d'activité et dynamisme \ Zones de métropole classées suivant leur

comportement d'emplois vis-à-vis de leur région RENNES

MONTPELLIER-SETE DIJON

TOULOUSE

NANCY-TOUL

BESANCON

REIMS

LILLE-ROUBAIX- TOURCOING

BORDEAUX NANTES LYON POITIERS

ORLEANS STRASBOURG AMIENS

LIMOGES ROUEN

CAEN

CLERMONT-FERRAND AIX-MARSEILLE

Différentiel d'emploi Métropole-

Région (1) 1

2 3

4

5

6

7

8

9 10 11 12

13 14 15

16 17

18

19 20

)ropre des métropoles dans leur région Incidence

des structures

d'activité (2) 9

6 3

12

3

1

3

15

8 9

16 17

9 2 7

20 13

17

14 19

Incidence du

dynamisme propre (3)

1

3 4

2

6

12

7

5

10 9

10 8

13 16 18

14 18

15

16 18

Principales concentrations des

activités régionales dans la zone de métropole

Automobile, BTP, services marchands, IAA Services marchands, commerces Services marchands, industries d'équipement Industries d'équipement, services marchands Services marchands, industries de consommation Industries de consommation et d'équipement Industries d'équipement, services marchands Services marchands, commerces Services marchands Services marchands

Services marchands, Industries de consommation IAA, Industries intermédiaires

Industries intermédiaires

Transports

IAA

Principaux désengagements des activités régionales

de la zone de métropole

Industries d'équipement Industries intermédiaires, services marchands

Industries de consommation et d'équipement Industries intermédiaires Industries d'équipement Commerces

Commerces, industries d'équipement IAA, services marchands Industries consommation, services marchands Industries intermédiaires Industries intermédiaires, services marchands Industries intermédiaires, commerces Industries intermédiaires Services marchands, transports

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tries des biens d'équipement, suivie de Rennes (industrie des biens d'équipement, services marchands, transports et télécommunications, agro- alimentaire, bâtiment-travaux publics, industries de biens intermédiaires), puis Toulouse qui connaît la meilleure progression dans les années récentes (industries des biens d'équipement, services marchands, commerces). Ces trois zones ont des structures d'activité assez favorables mais surtout le plus de dynamisme propre de l'emploi.

Un deuxième groupe, comprenant huit métropoles, a connu une évolution positive de l'emploi sur la période 1975-1987 mais à un rythme beaucoup plus modéré. Dans ce groupe, ce sont aussi les zones du Sud-Ouest qui sont les mieux placées notamment grâce aux industries : Poitiers (industries agroalimentaires et industries des biens intermédiaires), Nantes (industries des biens intermédiaires et des biens de consommation) et Bordeaux (industries des biens d'équipement). Figurent également en bonne place dans ce groupe Orléans (services marchands, industries des biens de consommation, transports) et Strasbourg (services financiers). Les trois zones de Dijon, Lyon et Caen figurent en milieu de classement avec toutefois un net redressement du dynamisme de l'emploi pour Dijon et Lyon au cours des années récentes (l'impact du TGV favorise sans doute la concentration dans ces métropoles des services de leur région).

Dans le bas du classement, l'évolution globale de l'emploi est négative et les rythmes de baisse sont assez proches : Clermont-Ferrand est sévèrement affectée par la baisse des emplois des industries liées à l'automobile au cours des dernières années, alors qu'avant 1982, l'évolution de l'emploi y était largement positive ; Aix-Marseille dont les structures d'activité apparaissent favorables, éprouve des difficultés particulières en matière d'emploi dans les transports, les services marchands (activités portuaires) et le BTP ; Besançon, Nancy-Toul, Reims et Limoges viennent ensuite avec des structures d'activité peu favorables et un dynamisme propre assez faible notamment pour Nancy et Reims.

Enfin, les trois zones dont l'emploi a évolué le plus défavorablement sont Amiens, Lille-Roubaix- Tourcoing et Rouen avec de fortes réductions d'activité dans les industries des biens de consommation et d'équipement pour la métropole nordiste, des difficultés dans les mêmes secteurs et le commerce pour Amiens et des difficultés dans les services et les industries des biens intermédiaires pour Rouen qui pourtant semble doté comme Marseille, grâce à son port et aux services qui y sont associés, d'une structure d'activité relativement favorable (tableau 1 et graphique IV).

triels. Les trois zones de métropole qui connaissent le plus grand dynamisme de l'emploi (Toulouse, Rennes, Montpellier) se spécialisent dans les industries des biens d'équipement, les commerces et les services marchands (graphique IV).

Les zones moins dynamiques telles que Caen, Poitiers, Amiens se spécialisent plutôt dans les industries agro-alimentaires et les industries des biens intermédiaires voire les industries des biens consommation pour Nantes et Orléans. Les zones les moins dynamiques perdent du terrain par rapport aux autres zones de métropole dans les services marchands : c'est surtout le cas de Marseille, Rouen, Besançon. Ce recul relatif s'accompagne souvent d'un recul dans le secteur commercial : Marseille, Reims, Nancy.

La situation de la métropole du Nord-Pas-de-Calais est fortement conditionnée par son recul relatif dans les industries des biens de consommation et d'équipement et accessoirement dans les industries des biens intermédiaires. Les seuls secteurs en gain relatif par rapport aux autres zones de métropole sont le BTP (période 1975-1982) et les services marchands (surtout période 1982-1987). Le commerce qui perdait du terrain de 1975 à 1982 s'est stabilisé de 1982 à 1987, ce qui est une performance compte tenu du recul économique relatif de la zone. Il en est de même pour les services financiers et immobiliers et les transports et télécommunications.

Des services aux entreprises qui renforcent le rôle de la métropole dans sa région

La position des métropoles en matière de services aux entreprises (activité que l'on considère généralement comme la plus prometteuse en matière d'emploi) peut être appréciée sous deux angles : celui du degré de concentration des services dans la métropole régionale (qui rend compte de la plus ou moins forte prééminence de la métropole dans sa région) et celui du niveau de services atteint par chacune des métropoles vis-à-vis des autres métropoles régionales (4).

Certaines métropoles, peu concurrencées dans leur région, peuvent concentrer une forte proportion des services aux entreprises de leur région, sans pour autant parvenir à un niveau élevé de services comparé à d'autres métropoles. Ainsi en est-il pour Besançon et Reims par exemple. A l'inverse, Montpellier- Sète, Aix-Marseille ou Lyon, qui sont concurrencées dans leur région par d'autres métropoles tertiaires, parviennent néanmoins à un niveau

Des spécialisations gagnantes : biens d'équipement et services marchands

Comme on pouvait s'y attendre, les zones de métropole se spécialisent dans les activités de services et se désengagent généralement des secteurs indus-

4. La concentration des services est calculée par le poids des emplois dans les activités de services de la zone de métropole par rapport à sa région, rapporté au poids de l'ensemble des emplois de la zone de métropole par rapport à sa région (emplois salariés des secteurs marchands-champ UNEDIC). Le niveau de services est calculé par le poids des emplois dans les activités de services par rapport à l'ensemble des emplois (emplois salariés des secteurs marchands - champ UNEDIC). La moyenne des zones de métropole est prise comme référence.

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Source : UNEDIC, emplois salariés du 1.1.82 au 1.1.88.

Tableau 1 Evolution comparée des emplois dans les zones de métropole

Zones de métropoles classées suivant

la variation d'emploi 1.1.75/1.1.87 (*)

MONTPELLIER-SETE (+ 23) RENNES (+19) TOULOUSE (+17)

POITIERS (+ 9) NANTES (+ 8) ORLEANS (+ 8) BORDEAUX (

STRASBOURG DIJON i CAEN <

+ 6) + 5) + 2) + 1)

LYON (- 1) CLERMONT-FERRAND (- 4) AIX-MARSEILLE (- 5) BESANÇON (- 6) NANCY-TOUL (- 6) REIMS (- 6) LIMOGES (- 7) AMIENS (- 8) LILLE-ROUBAIX- TOURCOING (- 9) ROUEN (- 9)

Variation des emplois

salariés 82-87 (UNEDIC-

marchand)

2.9 3,9 6,6

-4.5 -2.8 -4,2 -2,0 -4,0 - 1,6 -5.9 -2,8 - 11,8 -6.5 -7,5 -8,6 -8,4 -9,4 -9,4 -8,0 -9,3

Ecarta l'évolution

moyenne des zones de métropole

82-87

7,5 8,7

11,4 -0,1

1,7 0,2 2,5 0,4 3.0

-1,6 1.7

-7,8 -2,1 -3,3 -4,4 -4,1 -5,3 -5,2 -3,8 -5,1

Incidence des structures d'activité (1)

Valeur

1.8 0.8 0,5

-0,1 0.2

-0,6 1.2 1,4 0,0

-1.1 -0,2 -2.6

1.5 -0.5 -0.5 -0,1 -2,2 -1,6 - 1.4

0,2

Rang sur 20

2 6 1

11 8

17 5 4

10 16 13 20 3

14 14 11 19 18 17 8

Incidence du dynamisme

Valeur

5.7 7,9

10,9 0,0 1,5 0,8 1,3

- 1,0 3,0

- 0,5 1,9

- 5,3 - 3,6 - 2,8 - 3,9 - 4.0 - 3,1 - 3,6 - 2,4 - 5,3

i propre (2)

Rang sur 20

3 2 1 9 6 8 7

11 4

10 5

19 15 13 17 18 14 15 12 19

* L'estimation des variations d'emploi du 1. 1.85 au 1. 1.87 est obtenue en cumulant l'évolution intercensitaire 75-82 et l'évolution 82-87 du seul champ UNEDIC secteur marchand (salariés). Dans ces conditions, il s'agit d'un ordre de grandeur très approximatif. La née entre parenthèses située après le nom de la zone indique cette estimation des variations d'emploi 75-87 en pourcentage. 1 . Contribution des structures d'activité (au niveau 15) au différentiel d'évolution de l'emploi entre la zone considérée et la moyenne des zones de métropole. 2. Contribution spécifique de la zone considérée indépendamment de l'effet structurel indiqué en (1).

Graphique IV Emplois industriels et tertiaires-marchands dans les zones de métropole

à Variation des emplois tertiaires-marchands (%) y4 ~~" "

14-

12-

10-

8-

6-

2-

0-

. Limoges

Clermont-Ferrand y Amiens Reims # * #Aj

% ,*- Nancy-Toul

* a Rouen

» Toulouse /■

Montpeilîer-Sête , ■ /■ *

^# Rennes

# Dijon

[#Lyon

^ille-Roubaix-Tourconig * Bordeaux •Nantes

Moyenne

Strasbourg

Orléans • Poitiers

•Caen -Marseille k Besançon

-25 -20 -15 -10 -5 0 +5 Variation des emplois industriels (hors Énergie et BTP) (%)

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honorable de services comparées aux précédentes (tableau 2). Les métropoles de Bordeaux, Nantes et Strasbourg ont, en moyenne, les niveaux de services les plus élevés. Des points forts particuliers : commerce de gros pour Bordeaux, assurances et services financiers pour Strasbourg et Nantes et pas de points faibles notables expliquent ce bon classement. Viennent ensuite Toulouse, Rennes, Rouen

et Montpellier-Sète avec des positions plus contrastées suivant les activités : des points forts dans les services "nobles" (conception-réalisation) pour Toulouse et Montpellier-Sète, dans les services de formation et d'information pour Rennes et les services de "faire et mise à disposition" pour Rouen (graphique V).

Graphique V Position des zones de métropole pour les services de conception-réalisation (1)*

Indice de concentration de services | ' i zone de métropole/région •

170-

160-

150-

140-

130-

120-

110-

100-

Besançon

Monopole et € Pénurie» 1 Nancy-Toul

Dijon #

• Strasbourg

. Poitiers Reims

Clermont-Ferrand •

Lille-Roubaix-Tourcoing 1 «Orléans •

# Nantes • Rouen

Monopole et «Abondance»

• Rennes

.Toulouse

• Montpellier-Sète

.Bordeaux

» Limoges

I Concurrence I et «Pénurie» 0 Concurrence et «Abondance»

»Lyon

kCaen • Aix-Marseille • Amiens

70 80 90 100 110 120 130 140 Indice de niveau de services par rapport à la moyenne des zones de métropole

1. Les services de conception-réalisation regroupent les études techniques, informatiques, juridiques, comptables et financières, publicité, recherche scientifique et technique (marchande) NAP : 7701, 7703, 7708 à 7711, 8301 ; données de base : UNED1C au 31.12.1987.

• La position des zones de métropole quant aux services de conception-réalisation est appréciée ici suivant deux critères : - lu concentration de ces services dans la zone de métropole - le niveau de ces services dans chaque zone de métropole apprécié par rapport à la moyenne des zones de métropole régionales. On peut ainsi distinguer quatre secteurs dans cette représentation graphique : A - Zones de métropoles concentrant fortement ces services mais n 'arrivant pas malgré cela à un niveau élevé d'emploi dans ces services par rapport à la moyenne des métropoles régionales : Besançon, Reims, Clermont-Ferrand, Nancy, Dijon. Il s 'agit donc de métropoles à part entière de régions peu dotées dans ces services. B - Cette partie de graphique caractérise les zones de métropole qui concentrent peu les services considérés du fait notamment de pôles concurrents dans leur région et de ce fait se situent en-dessous de la moyenne des zones de métropole : c 'est le cas d 'Amiens et de Caen mais aussi de façon plus inattendue de Lyon dont le niveau d'emploi dans les services de conception-réalisation est inférieur à la moyenne des zones de métropole (Lyon apparaît largement dépourvu en services juridiques, comptables et financiers, publicité et recherche marchande). C - Cette partie caractérise les zones de métropole qui concentrent fortement les services et dépassent de ce fait la moyenne des zones de métropole en niveau de représentation de ces services. C'est le cas de Nantes et Rouen mais aussi de Toulouse et Montpellier grâce à une situation de "surreprésentation" de ces services au sein de leur région. D - Cette partie est caractéristique d 'une situation d 'abondance régionale et de concurrence. Seules les zones de métropole d 'Aix- Marseille et de Bordeaux se situent dans cette partie. La zone plus restreinte de Marseille-Aubagne se situe dans la partie B du graphique avec des indices particulièrement faibles (49 pour La concentration et 53 pour le niveau de services).

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Tableau 2 Classement des métropoles pour les services aux entreprises

* A. Conception-réalisation : études techniques, informatiques, juridiques, comptables, financières, publicité, recherche marchande. B. Faire et mise à dis

position : travaux à façon, interim, gar

diennage, nettoyage, location de véhicules utilitaires, routage, locations diverses. C. Formation et information : études économiques et sociologiques, conseil en information, formation des adultes, enseignement spécialisé. D. Assurances et auxiliaires financiers : assurances IARD et réassurance, crédit- bail mobilier, holding, organismes financiers. E. Commerces de gros, services et intermédiaires du commerce.

Zones de métropole

BORDEAUX NANTES STRASBOURG TOULOUSE RENNES ROUEN MONTPELLIER-SETE NANCY-TOUL LILLE-ROUBAIX- TOURCOING DIJON AIX-MARSEILLE POITIERS LYON ORLEANS REIMS BESANCON CAEN AMIENS CLERMONT-FERRAND LIMOGES

Classement des métropoles en terme de :

Niveau de services atteint par rapport

aux autres métropoles

1 2 3 4 5 6 7 8 g

10 u 12 13 14 15 16 17 18 ig 20

Concentration des services dans la métropole

régionale

7 4 5

10 11 2

16 3 g 8

20 12 ig 13 6 1

17 14 15 18

Les points forts dans les services offerts*

E, B, C, A D, B, E, A D, E, C A, C, B, E C, A, E B, D A, C D D ■ B, A E - B - C D

Les métropoles qui sont les moins bien classées en niveau de services sont aussi celles où la concentration de ces services au sein de la métropole régionale est peu affirmée : Limoges, Clermont-Ferrand, Amiens et Caen avec des points faibles particuliers dans les services de conception-réalisation (Caen, Amiens), les commerces de gros (Amiens, Limoges) et pratiquement pas de points forts.

Un tel classement n'a qu'une valeur indicative. On a préféré considérer la moyenne des classements sur cinq activités plutôt que le classement établi sur l'ensemble des emplois salariés des services aux entreprises afin d'éviter que la forte surreprésentation d'un type de services, masquant éventuellement des lacunes importantes ailleurs, ne fausse les comparaisons. Si l'on élargit le champ d'étude des services en retenant non pas cinq types de services aux entreprises, mais 49 types de services couvrant l'ensemble des activités tertiaires marchandes s'adressant aussi bien aux entreprises qu'aux particuliers (hors secteurs non marchands - champ UNEDIC), le classement moyen est assez semblable : Bordeaux demeure en tête et Limoges en fin ; Nantes, Rennes et Rouen restent dans les premiers rangs ; Caen, Clermont, Besançon, Amiens demeurent en fin de classement. Les principales divergences concernent Montpellier qui remonte en 2ème position (grâce à la santé, à l'immobilier, au commerce de détail), tandis que les métropoles industrielles (Strasbourg, Lille-Roubaix-Tourcoing et Lyon) perdent quatre à six places. La position peu

favorable de Lyon a de quoi étonner et on peut s'interroger sur d'éventuelles divergences de classement de certains services entre régions, les services étant parfois intégrés à des entreprises industrielles et donc classés dans l'industrie et parfois isolés dans des établissements séparés et donc classés en services. La métropole lyonnaise apparaît mal classée, eu égard à l'importance des emplois dans les autres secteurs de l'économie, notamment pour les assurances et les services financiers, les cabinets juridiques et d'expertise comptable, les commerces de détail spécialisés, l'hôtellerie- restauration, la promotion immobilière et la santé (secteur privé).

D'une façon générale on ne peut exclure l'hypothèse que la méthode utilisée, basée sur l'importance relative des emplois de services dans l'emploi total, défavorise les grandes métropoles industrielles, où l'on constate généralement de meilleures productivités des emplois de services, avantage lié à la densité de la population et aux gains d'échelle. L'examen des niveaux de salaire permet de compléter le diagnostic.

Niveaux de salaires et qualifications : la taille n'explique pas tout

Entre Lyon, l'agglomération la mieux placée en matière de salaire moyen, et Besançon, celle qui l'est le moins bien, l'écart est de 17 %, ce qui est

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Graphique VI Taille des capitales régionales et niveau moyen de salaire en 1987*

i 20"

19-

18-

17- 16- 15"

14-

13-

12-

11-

10-

9-

8 7-

6 5

4

3

2

1

Rang des capitales* en taille de population

y

«Orléans

i trSur-malaire» \

•Strasbourg

/ Nantes» S

y / A. / V

/

jT aise e ^ y^Lyoa /

y yr /

Reims y

y.on

,'* jr / # Montpellier - / / / '' • y #^failcy y «Rennes *' ^f «Qennont-Ferrand

' Poitiers / » S !

Besançon y •

f Amkns * f

* • •limoges

y f ' • Rouen >Aif

•Toxiloosc ' U^^ff** 1

# Bordeaux

. 1 r^»> 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

Rang en niveau de salaire moyen 87 1 Les unités géographiques retenues sont les agglomérations au sens INSEE et non les zones de métropole.

5. Les données sur les salaires sont celles de 1987 et concernent les agglomérations (définition INSEE pour les recensements) et non les zones d'emploi. On trouvera, dans l'encadré p. 20, la comparaison des définitions de chacune de ces entités.

inférieur à l'écart de 20 % qui existe entre Paris et l'agglomération de province la mieux placée (5). Une bonne liaison s'établit entre taille des agglomérations et niveau moyen des salaires : Lyon et Marseille sont aux premières places tandis que Besançon, Poitiers, Limoges et Amiens occupent les dernières (graphique VI). Cette liaison s'explique par la combinaison de plusieurs facteurs : coût de la vie croissant, concurrence plus vive entre employeurs, valorisation plus élevée de l'espace et des activités et qualifications plus fortes des emplois, à mesure que la taille des agglomérations augmente. Certaines agglomérations s'écartent de cette logique. Ainsi Orléans, Montpellier et Strasbourg connaissent une situation de "sur-salaire" qui peut s'expliquer pour Orléans par la proximité de l'Ile-de-France et ses industries d'implantation récente à forte valeur ajoutée (électronique, industries de luxe), pour Montpellier par une structure

d'activité très tertiaire à fort encadrement et pour Strasbourg, par la proximité de la RFA.

Inversement, Lille-Roubaix-Tourcoing apparaît en nette situation de "sous-salaire" compte tenu de la taille de l'agglomération. L'importance de la population ouvrière et des activités industrielles à faible niveau de qualification et de salaire expliquent cette situation, de même que l'abondance de la main- d'oeuvre et les difficultés d'emploi pour les ouvriers ; en effet, c'est dans cette catégorie que l'écart défavorable de salaire est le plus important parmi les métropoles, Limoges excepté. D'autres agglomérations apparaissent également en situation plutôt défavorable, mais moins nettement : Rennes, Rouen, Bordeaux.

Le niveau de salaire de l'agglomération principale est presque toujours supérieur à celui de la région

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correspondante. Il n'existe qu'une seule exception : Amiens ou le salaire moyen picard, valorisé par celui du département de l'Oise est supérieur à celui de sa capitale régionale. Pour Rouen et Marseille, la supériorité du salaire moyen de la métropole par rapport à la moyenne régionale, est moins nette. La présence d'agglomérations concurrentes à haut niveau de salaire, respectivement le Havre et Nice- Grasse-Antibes, explique cette situation.

Inversement, Nantes, Orléans, Montpellier, Toulouse présentent les plus forts avantages de salaire des capitales régionales vis-à-vis de leur région : un écart de l'ordre de 10 points, et qui exprime la concentration des activités et des emplois valorisés dans la capitale régionale. , > D

BIBLIOGRAPHIE [1] GIP-RECLUS-DATAR : "Les villes européennes", La Documentation Française, 1989. [2] F. FONTAINE : "Lille-Roubaix-Tourcoing et les autres", les dossiers de Profils de l'économie Nord-Pas-de-Calais, n° 25, 1989. [3] Rapport de la Commission des Communautés européennes : "Problèmes urbains et politique régionale dans la CEE", 1988. [4] "Le découpage des 22 régions en 365 zones d'emploi", Archives et Documents n° 195, Service des études régionales CESDR, INSEE.

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