les secrets de beauté de sarodj

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Les secrets de beauté de Sarodj

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Page 1: Les secrets de beauté de Sarodj
Page 2: Les secrets de beauté de Sarodj

2 17 août 2012No 683

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEF

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONJoël FANFANDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreJunior Plésius LouisPeguy Flore PierreRaphaël FéquièreEnock NéréLégupeterson Alexandre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson EstèvePhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel Louis

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 3456 1920 / 2945-4646 3806-3717

Qu’est- ce qui vous a motivé à offrir au public ce spectacle de danse?

Ce show en fait sera un battle de break dance, avec 4 groupes de la ten-dance qui vont s’affronter. Kreyol Plus Prodz voulait innover. On voulait sortir un peu du lot et offrir quelque chose d’original au public qui allait lier en quelque sorte connaissance avec notre jeune production. Nous n’en sommes qu’à notre 2e spectacle, aussi, est-ce une façon pour nous d’apporter du sang neuf et de faire du même coup notre nom.

Pourquoi un spectacle de danse et non pas de chant quant on sait que le chant est toute ta passion ?

Kreyol Plus Production est un staff, donc il ne s’agit pas seulement de moi, mais de NOUS. Le chant est peut-être Ma passion, mais le staff parle avant tout business, et on cherche ce qui se vend le mieux sur le moment. Je ne dis pas qu’on ne va jamais produire ou organiser de spectacle de chant, mais pour l’instant, l’idée du battle nous paraissait plus appropriée.

Plezi danse

Pour la première fois dans l’histoire des soirées en boîte en Haïti, un battle dance. Et c’est la production «Kreyol Plus Prodz» qui nous l’apporte. Ce samedi 18 Aout, à Dynamic Club, Pétion-Ville, l’ambiance sera du tonnerre. Du moins, c’est ce qu’espère le staff organisateur. Marie-Brunette B. Mainsour, secrétaire de rédaction à Ticket, compte parmi les 4 membres de la nouvelle production qui essaie de faire sa place au soleil du show business haitien. Elle nous parle aujourd’hui de «Plezi Danse», l’évènement très attendu du week end.

Quels sont les autres artistes qui sont invités à prendre part à cette activité?

Nous aurons 4 groupes de break dance qui vont s’affronter comme je l’ai déjà annoncé : Effect Crew, Let’s Dance, Konpayi A tout fòs et Robot Magic Fusion. On aura également 3 DJs (Djenill, Steezy et Ted Bounce) et le groupe Za-trap comme invité spécial. Il y a de fortes chances que nous ayions une autre sur-prise, mais je me garde d’en parler, sinon ce ne serait plus une surprise.

Parle-nous un peu de Kreyol Plus Production.

Kreyol Plus Production est compo-sée de 4 membres : Harrisson Mainsour, Marie-Brunette Mainsour, James Men-sour et Christopher Mensour. Oui, vous avez bien lu, ‘’it’s Mainsour and Mensour’’, une affaire de famille quoi ! (rires). Nous existons depuis l’an 2007. Cette année-là, nous avons organisé, en association avec Nati Prod, un concert de Bélo à Carrefour. Depuis, nous avons vaqué à d’autres occupations (certains de nos membres allaient encore à l’école et/ou à la fac). Mais nous avons repris nos activités comme vous pouvez le constater.

Est-ce que Kreyol plus production a d’autres projets dans l’avenir?

Oui, en effet. On espère, que dis-je, on Veut continuer. On va œuvrer de manière à ce que Plezi Danse soit le début d’une série d’évènements originaux et riches en créativité. On ne va annoncer quoique ce soit pour le moment. Le public sera avisé en temps et lieu.

Quels sont vos souhaits pour ce spectacle qui promet déjà d’être beau?

Nous souhaitons que cela soit un grand succès pour saluer nos re-débuts. Nous attendons le public en grand nombre à Dynamic Club PV ce samedi 18 Aout, à 9h précises. Le staff compte grandement sur la présence du public. Tout est fin prêt, il ne reste que les invi-tés. « Soyez des nôtres ce samedi, venez assister à un show inédit. Les tickets sont au prix de $15 US. Appelez au 3434-0435, ou au 3489-2553 pour les détails concer-nant les billets. »

[email protected]

un show attendu

Page 3: Les secrets de beauté de Sarodj

317 août 2012No 683

Tu es perçue comme une icône de la beauté. Comment vis-tu cela ?

Je pense que c’est important que je puisse devenir une icône de la beauté. Mais je ne veux pas seulement être perçue comme étant une belle femme. Je veux être un modèle pour les jeunes filles. Je veux utiliser mon image pour envoyer des messages positifs partout dans le monde, montrer le vrai visage d’Haïti, la beauté de notre culture et de notre peuple. Je veux aussi encourager les jeunes à travailler afin de rendre leurs rêves possibles.

Déplores-tu le fait qu’on ne te voit

pas souvent comme une femme de tête?

Je ne pense pas qu’on me voit simple-ment comme un corps, mais est-ce que cela me dérange réellement ? Oui j’ai le corps, et oui, les gens ont tendance à ne voir que ça au prime abord, mais n’empê-che; j’ai plus que cela à offrir. Mes idéaux pour mon pays sont clairs et je travaille pour Haïti. J’ai un rêve qui est de voir mon pays grandir, se développer et offrir des opportunités à tout le peuple.

Quelle relation entretiens-tu avec

ton corps? Une relation assez saine. Je fais des

exercices au moins 3 à 4 fois par semaine, et j’essaie de contrôler ma bouche! (Rires) Il le faut bien !

Quelle importance accordes-tu à

ton apparence physique?Je ne pense pas que l’apparence phy-

sique soit le plus important, parce qu’on reflète ce qui est dans le cœur. Pour moi l’essentiel c’est de se sentir bien avec soi-même. Il est donc plus important d’avoir un cœur et une conscience propres…à mon avis.

Quelle est la partie de ton corps

que tu aimes le plus?Mes yeux. Ça oui, définitivement.

Les secrets de beauté de SarodjBelle et talentueuse, Sarodj Bertin a représenté Haïti à la 59e édition de Miss Universe qui s’est tenue en 2010. La jeune femme qui vient de lancer sa propre ligne de maquillage confie de gaieté de cœur ses secrets de beauté à Ticket. Toutefois, par excès de pudeur ou de timidité, elle a choisi d’esquiver certaines questions de notre questionnaire. Sarodj a-t-elle quelqu’un dans sa vie ? A-t-elle modifié une partie de son corps ou souhaiterait-elle le faire ? Elle a préféré taire ces détails. Par contre, elle nous parle volontiers des relations qu’elle entretient avec son corps.

Quelle est la partie de ton corps que tu aimes le moins?

Pour être franche, je dois dire que je me sens bien dans ma peau. Mon corps je l’aime exactement comme il est !

As-tu des complexes? Je pense que les complexes naissent

d’un manque d’amour-propre. Selon moi, il faut remercier Dieu pour tout ce qu’il nous a si généreusement donné.

Quels sont tes secrets de beauté? Ils sont simples et pas si nombreux

que ça ! Je bois 2 litres d’eau par jour. Je ne mange que des protéines après 6 heures p.m., et je bois du thé vert tous les jours. En gros c’est ça.

As-tu de nouveaux projets ?Je viens de boucler le tournage d’un

film qui s’appelle «Everybody cheats» avec le directeur Richard Widmack et l’acteur Benz Antoine, qui est lui aussi haïtien. Le film a été filmé à Boston et devrait sortir dans quelques temps.

On a appris que tu as ta propre ligne de maquillage. Parle-nous-en un peu.

Oui, j’ai effectivement une ligne de maquillage aux États-Unis qui s’appelle Sarodj by Maite Makeup Company. La collection est composée d’un rouge à lèvres qui s’appelle « I love Haiti », un blush qui s’appelle Jérémie, et d’ombres à paupières qui s’appellent Jacmel. J’ai choisi ces noms par ce que je pense qu’à travers des produits de beauté, on peut aussi promouvoir son pays. Les intéressés peuvent visiter www.sarodjbertin.com ou www.maitemakeupcompany.com pour plus d’informations.

Parle-nous un peu de ta fondation Ma fondation s’appelle Sarodj for a

purpose. Je travaille sur un projet pour construire à Port-au-Prince une maison pour enfants qui s’appellera Mireille Durocher Bertin. Les lecteurs de Ticket pourront visiter www.sarodjforapurpose.org s’ils veulent avoir plus d’informations.

Propos recueillis par Daphney Valsaint Malandre

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4 17 août 2012No 683

Oui je sais, vous vous demandez si j’ai pris le temps de relire le titre avant de l’envoyer ? Mais vous savez maintenant que pour se faire comprendre, on peut inventer ses propres mots (quitte à vous flanquer toutes sortes de maux). Mais la loi ne l’interdit pas et si les bredjenn le font, pourquoi pas aussi les bredvieux?

Les scènes sont courantes, et tout comme il est vrai que je ne suis pas conformiste – je me répète, je le sais – il est tout autant vrai qu’un minimum s’impose en matière de décorum et de conventions sociales, nous sommes d’accord ?

Peut-être bien qu’il n’y a pas un direc-teur artistique derrière tout ce théâtre, parce que la mise en scène est plutôt boiteuse et improvisée, suivant la situa-tion et/ou l’urgence, mais j’estime que ce sont des scènes qui nous interpellent tous, vu qu’elles sont du genre à faire dire : …si c’est pas toi… c’est ton frère…

Il est certain que l’éducation ne se fait pas en un seul lieu ni en seul jour, et c’est justement là que le bât blesse (le haut aussi, me répondraient certains…) Comme je l’avais lu dans la rubrique précédente, des individus continuent à dire que yo pap viv pou la sosyete… Mais le problème est que, faute de vivre pour, ils vivent au sein de cette société, et tout comportement et toute attitude jugés « antisociaux » sont à signaler, sinon redresser et corriger.

Imagêne… J’écris en fredonnant la chanson de John Lennon… Quelle tris-tesse de voir des compatriotes se soucier si peu de l’image qu’ils projettent par l’absence totale de gêne qu’ils affichent en toute situation. Et croyez-moi, je veux bien pardonner plus rapidement à ceux qui n’ont pas été au contact de quelqu’un

DE VOUS A MOI

Imagêne…pouvant leur enseigner les manières correctes. Image et gêne, deux notions qui sont malheureusement trop souvent vides de sens pour plusieurs.

Oh non ! Je ne reviendrai pas cette fois sur les atours, la mode, la décence mésinterprétée ou méconnue ; non pas que je déclare forfait, mais il y a urgence ailleurs. Rien de grave diront certains, mais essayez seulement, quand le cas se présente, de suivre d’autres regards s’intéressant à la scène, et vous me direz (dans votre cœur) s’il n’est pas nécessaire de faire quelque chose.

Prenons un exemple banal mais courant. Avez-vous déjà pris le temps d’observer des gens à une réception ? Je ne dis point qu’il ne faille pas (rien de sis-mique) apprécier la bonne chère, gratis en plus. Mais quelle idée de plonger sur la table, varer (je n’ai pas trouvé d’autre verbe) sur la nourriture, mélanger sucré/piqué/salé/gélatine/céréales/purée/bar-becue/gratiné/etc… etc… ! C’est comme si certains étaient victimes d’insécurité alimentaire, et il leur faut absolument faire le plein chez les autres, sans retenue ni protocole. Encore qu’à une réception nocturne, on peut baisser l’éclairage ou simuler un blackout (quand l’Ed’H ne s’en charge pas gracieusement et véritable-ment) et les acteurs coupables s’en tirent à bon compte.

Mais que dire d’un buffet, petit déjeu-ner ou lunch dans un hôtel de plage très achalandé? Rappelez-vous (ou apprenez) qu’un lieu achalandé n’est pas rempli d’objets (publicités, attention danger) mais de clients.

Que faire quand quelqu’un coupe la file d’attente pour se servir, sans s’intéres-ser à ceux qui font patiemment la queue pour la même raison ? Sans une excuse (inacceptable de toutes les façons).

Que croire quand, sur une table de cinq personnes qui déjeunent dans ce même lieu, l’une dit – ou plutôt prétend, si j’en crois ce que je vois – qu’elle va prendre des fruits pour les autres, et em-pile dans ses bras douze pots de yaourts et dix pommes ? Les maths c’est pas mon fort et j’ai fait dans ma tête un bras-sage de calcul mental et de statistique pour comprendre comment se passerait le partage entre les cinq…

Pour m’empêtrer davantage dans ma misère cérébro-mathématicale (permet-tez !) cette personne au grand cœur (et aux grandes mensurations aussi, c’est normal avec son métier de gratteur aloufa) dépose son butin à sa table et retourne se servir en emportant cette fois tout ce qui était resté de la caisse de yaourt que le chef de cuisine venait de faire remettre… O gêne, quand tu ne nous retiens pas… O petit sac au dos déposé nonchalamment aux pieds de la pourvoyeuse… De petit sac au dos, il est devenu un petit sac aux pots…

Que répondre à une collègue qui emporte le papier hygiénique et/ou le paquet de napkin de la cafeteria du bureau, sous prétexte qu’elle n’aura pas le temps d’en acheter aujourd’hui, et que de toutes les façons c’est son argent

qu’elle rentre compte tenu des taxes que le bureau prélève de son salaire ? Hein ??? Les autres employés seraient-ils exonérés sans le savoir ?

Est-ce que les associations et institu-tions qui emmènent leurs collaborateurs ou personnel en sortie, ne pourraient pas s’assurer de leur faire gentiment un petit briefing sur l’attitude à adopter à un buffet ou une réception ? Leur expliquer qu’ils peuvent se resservir autant de fois qu’ils le désirent, donc n’ont pas besoin de tout brotter en un passage, quitte après cela d’être obligés de manger leur laitue avec le pain patate qui est assis dessus? Je crois que c’est important, sur-tout s’ils portent le badge ou le maillot de l’institution. Il n’y a pas que des com-patriotes qui regardent…

Ah ! Je n’en finirais pas si je devais citer encore d’autres exemples du genre. N’allez surtout pas croire que je gâche mon week-end à la mer pour le plaisir de surveiller et vous rapporter ce que font les gens plutôt que de profiter de mon séjour ! Mon altruisme ne va pas si loin, mais… de vous à moi, si personne ne se soucie de l’image collective, la gêne me fera rester loin du restaurant… et je devrai faire jeûne !

Sister M*

Djasmy Chevelin Pierre, l’illustrateur que nous avons rencontré en février dernier a lancé sa bande dessinée comme il l’avait annoncé lors de l’entrevue. Écrit par Sandra Cériné Pierre et illustré par Djasmy, il s’intitule « Bizango ». Avec une présentation du style européen, semi-cartonné et d’une impression de grande qualité, le récit est constitué de façon à ce qu’il puisse être édité en quatre tomes. «Bizango – tome I – In principo » est la première de la série, comptant 24 pages.

Comme son nom le laisse présager, les thèmes développés dans le livre tournent autour des sociétés secrètes, de rituels et de passation de pouvoir ; des thèmes qui sont côtoyés tous les jours, mais sur lesquels la lumière est faite. Djasmy et Sandra ont pris le temps de se documenter afin de rendre les faits plus vivants et pour vérifier la véracité des informations. Bizango parle aussi de l’amour d’Ulrick et de Liz, les person-nages principaux de la bande dessinée, menacés à cause des intrigues et des luttes de classes dans lesquelles ils sont pris malgré eux.

Prévue pour la fin de ce mois, la parution de cette bd promet d’être une révélation. Il sera disponible à un prix très abordable, USD 6, aux ateliers Chevelin Illustrations à Pétionville, au Complexe Galleria, à l’angle des rues Lambert et Aubran.

Péguy F. C. [email protected]

Bizango une nouvelle bande dessinée

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517 août 2012No 683

« Je crains l’homme d’un seul livre » Saint Thomas d’Aquin.

Jacky Lumarque est le recteur de l’Université Quisqueya à Haïti et a été élu président de la Corpuca (Conférence régionale des recteurs, présidents et directeurs d’institutions universitaires membres de l’AUF). Mathématicien de formation et titulaire d’un troisième cycle en gestion des Affaires, il a mené à la fois une carrière académique en occupant différentes fonctions dans des institutions scientifiques et une car-rière de consultant dans le domaine de l’économie, des finances et de la gestion, tant dans son pays que pour des orga-nisations multilatérales. Il a coordonné les travaux d’études pour la Commission présidentielle pour la croissance et la modernisation économiques dont les propositions ont inspiré de nombreuses réformes dans l’économie haïtienne et l’organisation de l’Etat. Enfin, il a lar-gement œuvré à réformer le système éducatif haïtien en assurant notamment la rédaction du Plan national d’éduca-tion et de formation (1996), ainsi que la coordination récente d’une commission présidentielle de l’éducation qui vient de produire un projet de Pacte national sur l’éducation ainsi qu’un plan stratégi-que pour la réforme du secteur éducatif

haïtien. M. Lumarque est chevalier de l’Ordre des Palmes académiques. Il a sans nul doute des lectures à partager avec vous...

«Ils ne sont que deux, ce qui n’em-pêche pas qu’il y ait bien des dizaines et peut-être des centaines d’autres que j’ai appréciés et aimés. A part les lectures professionnelles ou scientifiques qui viennent de l’exigence du métier que je fais, je prends beaucoup de soin à choisir le roman ou l’essai que je dois lire pour le plaisir. Je pense que la littérature mondiale, y compris scientifique, est redondante de généralités et de banali-tés et que la plupart des choses qui sont publiées en centaines de pages mérite-raient d’être dites en quelques pages ; le reste n’est que du remplissage.

Cela étant, la mention que je fais ici n’est pas un jugement de valeur par contraposition sur d’autres chefs d’œuvre de la littérature mondiale et de notre littérature propre. Ce n’est un brevet mais un simple témoignage subjectif qui est plus fonction du parcours accidenté de chaque vie où se place sur nos chemins telle œuvre plutôt que telle autre. La rencontre de nos rêves propres avec celui dont chaque ouvrage est porteur fait le reste. Donc, simple témoignage sans prétention.

Des livres qui ont marqué…

Jacky LumarqueGouverneurs de la Rosée, de Jacques Roumain

C’est, à 11 ans, le premier livre que j’ai lu, et qui n’était pas un roman-photo. Dans ma génération, à cet âge-là, l’uni-vers des jeunes lecteurs était constitué de romans photos et de bandes dessi-nées où les personnages comme Blec le Roc, le trappeur américain qui rendait la vie dure aux troupes anglaises (les homards rouges) pendant la guerre de l’indépendance, le capitaine Micky, légendaire ranger du Nevada, toujours en compagnie de l’ivrogne Double Rhum et du docteur Saignée, peuplaient nos rêves de héros et inspiraient nos réalités. Ayant épuisé, dès la fin de la deuxième semaine de ces longues vacances d’été (trois mois, de juin à septembre) tout le stock de bandes dessinées à ma disposi-tion (incluant ceux des amis du quartier et d’amis de mes amis vivant dans des quartiers éloignés qui acceptaient de troquer les romans déjà lus), je n’avais pas d’autre choix que de me tourner vers ces livres austères, rappelant les ouvrages scolaires qu’on souhaite garder à distance en période de vacances, qui occupaient par contre tout le temps libre de ma grande sœur Rose Marie. J’ai, à contre cœur, accepté de prendre connaissance du roman qu’elle venait de me passer. Le petit déjeuner pris – un superbe biscuit en forme de losange qu’on appelait « manchette Leconte », assorti d’un grand gobelet de café – je me suis installé à 6 h un samedi matin au fond d’une petite citerne de l’arrière-cour de la maison de la rue Alcius Charmant à Jacmel. Je suis sorti de la citerne juste au début de l’angélus du soir, lorsqu’on n’ar-rive plus à distinguer les caractères sans l’aide de la «tête gridap », ayant entière-ment lu le roman et dégusté chaque scè-ne, chaque dialogue. J’étais si heureux de retrouver dans un ouvrage, comme dans un autre monde, les paysans que mon enfance m’amenait à côtoyer. D’abord ceux que la ville qualifiait avec mépris de «moun andeyò » et qui, à chaque périodes d’embauchages, pour la zafra dominicaine, occupaient pratiquement tous les espaces de la cité, s’agglutinant autour de l’église, de la Place, du Marché en fer, dormant dans la rue, sur les gale-ries des maisons, dans l’attente d’obtenir

du préposé le bout de papier qui sera leur passeport pour traverser la frontière et revenir six mois plus tard, avec de grosses bottes jusqu’aux genoux, une radio, une montre et même une ou deux dents en or qu’ils exhibaient avec fierté. Mais j’avais aussi l’image de l’autre pay-san, chez lui, quand il nous recevait en vacances dans sa maison d’une propreté impeccable, même avec un parquet en terre battue, se couchait par terre pour nous donner son lit – dont la hauteur m’arrivait à l’épaule – recouvert de draps «blancs comme les dents d’un zombie », disait ma mère. Ce paysan-là n’était pas exposé au dédain des citadins parce qu’il était grand chez lui, dans l’abondance vivrière en plus d’être attentif, généreux et serviable.

C’est ce paysan-là que j’ai retrouvé dans le roman de Jacques Roumain. Fier, travailleur héroïque et solidaire, refusant la fatalité et découvrant en même temps la poésie dans la vie quotidienne, dans la nature autour de nous mais aussi dans les contradictions des rapports journa-liers des humains entre eux. Dès ce jour, ma vision du monde a changé, du pays, de ses habitants, de nos potentiels. Haïti est un pays qui est encore en attente de s’exprimer et de dire qui il est.

Les misérables, de Victor HugoLu d’un trait en quelques jours, cet

ouvrage constituait l’écho de tous les rêves d’une jeunesse en hâte de changer le monde. La diversité des genres litté-raires (à la fois épopée, poésie, réalisme, roman politique et social) remplissait le roman en mouvements qui me tenaient en alerte. Au-delà des personnages qui forcent la compassion (Cosette), la révolte (les Thénardier), la solidarité (Jean Valjan), l’estime (l’inspecteur Javert), c’est ce grand souffle contre l’injustice sociale, c’est le refus d’un modèle d’or-ganisation sociale propre à fabriquer la délinquance qui m’ont le plus interpellé. Je me demandais toujours pourquoi les voleurs de bananes restaient des années en prison alors que les grands commis de l’État, voleurs de grands chemins connus et reconnus, n’étaient jamais inquiétés ; je m’interrogeais toujours pourquoi aux Etats-Unis c’était toujours les Noirs et les pauvres des cités abandonnées qui peuplaient les prisons américaines. Ce livre se mettait en face de cette organi-sation sociale dominante tout en nous montrant que nous avons au fond de nous la générosité, le courage et l’amour suffisants pour créer un autre monde.

Péguy F. C. [email protected]

À environ une heure seulement de Port-au-Prince, Wahoo Bay Beach nous offre la mer, la piscine, de

la bonne nourriture avec de la musique en prime! Dénommé «Wahoo Summer sundayz» ce plan spécial a commencé au début des vacances et prendra fin le dernier dimanche du mois d’août.

Quand on vit sous les tropiques, il n’est nullement nécessaire de surveiller une période spéciale pour aller se prélas-ser sur la plage. Toutefois, les vacances d’été n’en restent pas moins un rendez-vous incontournable. La chaleur devient de plus en plus insoutenable mais aussi, le déferlement des amis et parents vivant à l’étranger confère à cette période une atmosphère encore plus festive qui nous pousse à rechercher des moyens récréa-tifs de tout genre. Les responsables de Wahoo Bay beach l’ont compris. Et ils en ont profité pour nous concocter un véritable combo.

On y croise des familles entières, des couples, mais surtout des jeunes vacanciers, certains vivant chez nous et

d’autres venus «enjoy» le soleil d’Haïti. De nombreux artistes y ont aussi perfor-més dont Medjy Ayisyen, chanteur du groupe Enposib évoluant à Montréal, BélO, Fabrice Rouzier, Yohann Doré et son groupe Ayiti rock. Les DJ K-9 et Bullet venus de Miami y sont aussi passés ainsi que d’autres DJ évoluant en Haïti tel que DJ Hot. La musique étant spécifiquement dirigée vers une partie de la mer, ceux qui fuient le brouhaha de la ville peuvent aussi se reposer en toute quiétude tandis que d’autres papotent dans l’eau au rythme des décibels. Un cadre agréable, un accueil chaleureux, une ambiance de fête, exactement ce qu’il faut pour se remettre à neuf et affronter la nouvelle semaine.

Encore deux dimanches avant la fin du mois d’août. Les derniers vacanciers commencent à plier bagage. L’été 2012 file à toute vitesse. Et c’est là qu’un éniè-me détour à Wahoo Bay Beach s’impose!

Daphney Valsaint Malandre

Wahoo Summer Sundayzun bien agréable détour

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Jeudi 16 et vendredi 17 août 20126

Le coup d’envoi de la rencontre devant opposer le Violette à l’Association Sportive de Mirebalais lors de la 21e journée du championnat national de D1 a été donné avec plus de 40 minutes de retard dimanche pour cause de similarité de tenue des deux formations. Ce problème devrait-il conduire à cette situation ?

Dimanche 13 juillet 2012 : 18h 40. Au stade Sylvio Cator, le coup d’envoi du match devant opposer le Violette Athlétic

Club à l’Association Sportive de Mire-balais (ASM) à 18h, n’est pas encore donné. Dans les tribunes, certains fans du Violette commencent à évoquer le gain de la rencontre sur tapis vert. Le Commissaire du Match Anslot Janvier semble dépassé puisque l’ar-bitre Evens Thélusma estime qu’il y a similarité de couleurs et qu’il est im-possible d’organiser la rencontre tant que la formation visiteuse ne trouve pas des équipements qui diffèrent de ceux de la formation locale. Et cela suffit pour faire monter les voix de part et d’autres.

Pourtant, deux heures avant la rencontre, on apprend qu’il y avait la réunion d’avant match. La formation visiteuse a eu la présence d’esprit d’apporter et sa tenue extérieure et sa tenue domicile (les deux reconnues par les instances qui dirigent et orga-nisent depuis le début de la saison). Au cas où on lui chercherait des cros-ses. Mais que ce soit avec sa tunique bleue et culotte blanche ( pour match à domicile) ou sa tunique blanche et culotte blanche ( pour match à l’exté-rieur), il y a un petit parement bleu qui fait jaser. Les dirigeants ne devaient pas accepter qu’il y ait similarité de couleurs dans la tenue des équipes. Une question se pose alors ? Qu’est-ce qu’on avait décidé au cours de la réunion technique ?

C’est quoi la réunion d’avant match ? « La réunion technique d’avant match est une réunion or-ganisée avant toute rencontre de football en vue de donner toutes les consignes concernant le match qui va suivre. Elle permet aux différentes parties concernées de s’entendre sur tout (couleurs des équipements de chaque équipe afin de voir si cela ne

Pourquoi une réunion technique d’avant match ?

championnat national de d1

va pas poser problème) et de fixer les règles sur l’éventuel déroulement du match», explique le directeur techni-que national, Wilner Etienne joint via facebook.

« Sont habilités à participer à cette réunion : le commissaire de la ren-contre, les arbitres et un représentant délégué par chacune des équipes qui doivent s’affronter », continue-t-il.

Dans les règlements de la FIFA touchant une rencontre de football internationale, sont habilités à parti-ciper à une réunion technique : « Le Coordonateur général ou Commissaire du match, le chef de la police ou de l’armée, les représentants des deux équipes qui vont s’affronter, l’ins-pecteur des arbitres, le médecin chef désigné par la FIFA, le représentant de presse de la FIFA, les interprètes, le Directeur du stade », selon les notes de l’instructeur et responsable de presse au niveau de la FIFA, Eddy Hamel

« Chacune des entités présentes à cette réunion a sa responsabilité propre. Le commissaire du match gère toutes les questions administratives avec les responsables de l’équipe re-ceveuse, avec les arbitres, avec tous les officiels. On discute de toutes les questions concernant le déroulement du match, comportement des joueurs, du staff technique de chacune des équipes, et les autres acteurs qui prennent part à cet évènement », l’ar-bitre instructeur de la FICA, Abdullah

Nazry soulignait pour les joueurs de la sélection disputant la phase finale de la Coupe du Monde U17 : « Lors de la réunion technique, on fait aussi le point sur la question des couleurs, le problème de compatibilité ou d’in-compatibilité de couleurs relatives à la rencontre motivant la réunion technique est posé et résolu une fois pour toutes ».

« La réunion technique est im-portante parce qu’elle permet de définir au préalable tout ce qui va se faire avant, pendant et après le match », ajoute le directeur technique national.

Alors comment expliquer les lon-gues palabres du dimanche 12 août 2012 ? Négligence de la Fédération Haïtienne de Football ? Incompétence du Commissaire ? Incompétence des arbitres ? Qui est l’imbécile de la situation ? Les réponses qu’on a pu recueillir laissent sous-entendre plu-sieurs. Les fans ont jugé et condamné la Fédération Haïtienne de Football en arguant qu’elle ne s’occupe pas des affaires du football ? Le fait qu’il y a eu un commissaire de match, des arbitres disponibles et l’exigence de l’application de la règle de la tenue d’avant match suffisent à souligner qu’elle s’en est pourtant occupée. Donc, l’accuser ferait montre, soit de mauvaise fois ou d’ignorance totale des normes.

Incompétence du commissaire

? On ne peut pas être affirmatif à ce niveau. Cependant comment ad-mettre que la question des couleurs d’uniforme soit soulevée seulement avant que les équipes ne laissent les vestiaires ? Pourquoi l’arbitre central qui est censé participer à la réunion technique attend le moment où les équipes soient prêtes à fouler la pelouse pour poser le problème de similarité d’équipements ?

Dans chaque compétition, les équipes engagées ont leur tenue à domicile et leur tenue à l’extérieur. Le problème de similarité est posé quand la tenue extérieure de l’équipe visiteuse est quasi identique à celle à domicile de l’équipe receveuse. Quand ce genre de problème est posé, l’arbitre tout comme le commis-saire au terrain est censé le résoudre dès la réunion d’avant match en com-pagnie des représentants des deux formations qui doivent s’affronter. Et si un club délègue quelqu’un à la réunion d’avant match, c’est la preuve qu’il lui fait confiance et qu’il le croit compétent, alors qu’il accepte enfin ce qu’il a décidé à travers ce délégué à qui il a confié le pouvoir de décider en son nom, qu’arbitre et commissaire s’en tiennent à ce qui a été convenu lors de la réunion d’avant match, enfin que chacun ait un peu de tenue pour éviter d’autres situations grotesques comme celle de dimanche.

Enock Néré/[email protected]

la tension est palpable avant le match

Page 7: Les secrets de beauté de Sarodj

Jeudi 16 et vendredi 17 août 2012 7

En réussissant là ou d’autres ont échoué, la Fédération Haïtienne de Volley-Ball que préside Margareth Graham a maintenu le mouvement de son camp d’été baptisé : MASS MINI VOLLEY.Un modèle de développement pour la base à servir d’exemple pour les autres fédérations et associations de disciplines sportives pratiquées en Haïti.

68 communes du territoire national ont accueilli cette année la 2e édi-tion du «Mass Mini

Volley », un camp d’été de volley-ball, organisé par la FHVB et supporté d’ailleurs par la Brasserie nationale, Sogebank et Digicel.

Si la participation recensée l’an-née dernière était de 5000, en 2012, 10000 jeunes des deux sexes ont participé à cette édition clôturée le mercredi 15 août à l’Institution Frère Hervé située au boulevard de la Li-berté à Saint-Marc.

« L’objectif pour la fédération est d’abord maintenir dans le bain volleyeurs et volleyeuses durant la

Volley-Ball / camp d’été

2e édition à succès pour le “Mass Mini Volley“

période des vacances d’été ensuite motiver et sensibiliser d’autres jeunes à faire du volley-ball, leur sport favori », nous a confié Frédéric François, ancien volleyeur de renom et actuel vice-président de la FHVB.

A n’en pas douter, c’est tout un déploiement d’énergie de la part des responsables pour le déroulement de cette activité pendant deux mois et qui a vu les participants s’y adonner à cœur joie.

Dans le mini-tournoi de clôture de ce camp, Saint-Marc a été la grande révélation en s’adjugeant trois tro-phées dans la catégorie féminine ( U-12 , U-15 et U-17 ).

L’ambiance était à son paroxysme à l’institution Frère Hervé tout le long du déroulement de ce mini-tournoi qui a vu bien des talents émerger en la circonstance lors de certaines confrontations particulièrement très suivies par le public qui avait fait le dé-placement en nombre imposant pour assister à l’évolution de ces jeunes talents du futur du volley haïtien.

L’un deux, rencontré en la cir-constance, ne nous a pas caché sa satisfaction d’avoir participé à ce camp d’été où il a beaucoup appris dans le domaine de cette discipline etça a été l’occasion pour lui de faire de nouvelles connaissances.

Originaire de Thomassique, Lacrouze Jean-Reynold déclare qu’il va travailler dans le développement et la pratique du volley-ball dans cette ville et l’on doit s’attendre dans un proche avenir à ce que le nom de Thomassique fasse écho dans le milieu de cette discipline.

Margareth Graham pour sa part est très satisfaite de la 2e édition et s’attend une fois encore à une très bonne compétition interscolaire la saison prochaine où le challenge sera vraiment de taille entre la capitale et la province.

A une question sur l’agenda d’activités de la fédération jusqu’à décembre 2012, elle a parlé de la préparation des équipes nationale filles et garçons en prévision de la coupe du monde.

Un déplacement d’ailleurs est prévu pour les filles du 13 au 16 sep-tembre où elles auront à se mesurer avec la République dominicaine tandis que les garçons, eux auront à prendre part à la première phase des élimina-toires prévues du 2 au 5 novembre.

Elle a fait part également de l’organisation d’un recyclage de haut niveau sous la supervision d’un ex-pert étranger du 20 au 28 octobre à l’adresse des entraîneurs mais aussi pour les joueurs des sélections na-tionales.

Emmanuel Bellevue/[email protected]

L’Argentine, avec un but de Messi qui a aussi raté un penalty, a battu une équipe d’Allemagne (3-1) réduite à dix au bout d’une demi-heure, lors

d’un amical qui aura confirmé l’offensive Argentine et l’émergence des jeunes Al-lemands, mercredi à Francfort.

L’Argentine d’Alejandro Sabella poursuit ainsi sa bonne série, après avoir battu en juin le Brésil (4-3), de bon augure pour la suite des qualifications au Mondial-2014, tandis que la National-mannschaft de Joachim Löw signe une seconde défaite de suite, après le revers en demi-finale de l’Euro-2012 (1-2 face à l’Italie) qui avait ébranlé le consensus autour de lui.

Pour un match du 15 août, les deux équipes ont livré une copie plutôt relevée, riche en buts, en occasions et en coups du sort.

Et c’est dans le dernier quart d’heure de la première période qu’ils furent fatals aux Allemands. Carton rouge au gardien Zieler (Neuer étant forfait) pour avoir fauché Sosa, penalty raté de Messi (32e), puis but contre son camp de Khedira sur un corner de Di Maria (45e+1, 1-0)...

Un gros coup au moral pour les dix Allemands, et le clin d’oeil d’une bonne

L’Argentine fait mal à l’Allemagne

étoile pour les Argentins, surtout son capitaine. Qui allait de toute façon se rattraper en reprenant un centre en retrait de Higuain (52e, 2-0).

Messi, 8 buts en 2012Depuis près d’un an qu’il a le bras-

sard, le génial N.10 enchaîne les buts, singulièrement en 2012: il en est désor-

mais à 8 réalisations en quatre matches avec la Seleccion. Il aurait pu en marquer trois si son lob avait trouvé le cadre (65e) et si, après avoir transpercé un gruppetto de défenseurs, sa frappe n’avait échoué sur le poteau (76e).

Di Maria, d’une lointaine frappe sur-puissante, portait l’estocade (73e, 3-0), dans un match où Higuain se sera illustré

par sa passe décisive et son poteau (86e), et l’équipe par son appétit offensif, alors que la défense demeure friable.

Du côté des Allemands, leur réduction a dix ne les a pas empêchés de se montrer dangereux, récompensés par le but de la tête de Höwedes (82e, 3-1) après le poteau de Lars Bender (49e) et les contre-attaques initiées par Özil ou le jeune Reus.

L’attaquant de 23 ans, élu meilleur joueur de l’année, menace la place de titu-laire de Podolski, non convoqué pour mieux préparer le début de saison avec Arsenal, selon Löw. D’une facilité technique décon-certante, “Rolls Reus” a délivré de bons centres (12e, 42e) avant de s’éteindre.

C’est un autre jeune, Schürrle (21 ans), qui l’a relayé dans le dynamisme, au gré d’une excellente rentrée pleine d’initiatives et de culot. Et c’est Götze (20 ans) qui a fait la passe décisive.

Autre jeune, ter Stegen: le gardien à la particule onomastique néerlandaise étrennait à 20 ans sa 2e sélection seu-lement. La première avait été un cau-chemar, un 5-3 encaissé face à la Suisse avant l’Euro-2012. Le seconde commença comme un rêve, lorsqu’il se coucha pour arrêter le penalty du triple Ballon d’Or. Puis la logique numérique l’emporta.

Journée FiFa / match amical

une phase de la demi-finale St-marc - miragoâne (u-15 fille)

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8 17 août 2012No 683

Dossiers Interdits

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-J’explore avec vous, depuis quelques semaines, les dossiers quelque part non résolus, me dit René Ouari. Le dossier du Pasteur Ekon est résolu, mais cela a été notre dossier le plus brûlant pour ne pas dire le plus dangereux.

Nous marchions dans les hauteurs de Furcy. Une promenade très matinale. Nous avions la ville à nos pieds. La tête presque dans les nuages. Nous étions bien loin de l’atmosphère feutrée et quel-que peu éthylique du salon où je rencon-trais le PDG de la Société Anonyme de Désenvoutement depuis que je l’avais convaincu d’ouvrir au public quelques- uns des dossiers de l’Agence.

-Je n’ai pas le dossier avec moi en ce moment, mais tout est gravé là, dans ma tête. Comment pourrait-on oublier même un détail de cette affaire que nous som-mes très fiers d’avoir résolue.

Je m’arrêtai brusquement.-Le pasteur Ekon ! Cela me dit quelque

chose.Je me frappai la tête.-Je me souviens. C’est ce pasteur qui

est mort dans un étrange accident de la route à Miami. Alors qu’il roulait pratique-ment seul sur une avenue, il a soudain projeté sa voiture contre un mur. La police n’a pu expliquer les raisons de son accident. Il ne buvait pas. Il ne prenait pas de drogue bien sûr, car on disait que c’était un saint homme. Mais six mois auparavant, il était arrivé une chose assez bizarre dans une école que son église avait dans un quartier de la capitale.

-Vous êtes un bon journaliste, opina Ouari. Ici, on a tendance à tout oublier.

-Je n’ai pas suivi cette affaire. Mais il semble qu’un matin, tous les enfants d’une classe de primaire se sont tous

évanouis pendant une bonne heure. Cela a fait pas mal de bruit à l’époque.

-Pas mal de bruit ! hurla Ouari soudain furieux. Cela n’a fait aucun bruit. Il y a eu quelques palabres et puis rien du tout. Vous connaissez un pays, vous, où une vingtaine d’enfants peuvent s’évanouir au même moment sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit diligentée ?

J’étais un peu fatigué. Nous marchions depuis une heure. Je proposai Ouari que nous prenions une pause. Nous nous assîmes sur les rochers qui bordaient le sentier.

-C’est grâce à notre secrétaire Im-macula que je me suis intéressé de près à cette affaire. Elle avait un petit filleul qui se trouvait dans cette classe. C’est elle qui est venue me supplier de faire quelque chose pour Mika. C’est le nom de ce jeune garçon de huit ans. Son filleul n’arrivait plus à s’endormir. Il piquait une crise dès qu’on lui disait d’aller à l’école. Il hurlait, se déchirait presque les vête-ments. Le pasteur Ekon s’était lui-même déplacé pour venir parler au jeune garçon. Il y avait trois enfants exacte-ment dans le cas du filleul d’Immacula. Ils avaient pris un peu plus de temps à reprendre connaissance.

-Je suis un peu perdu dans toute cette histoire, dis-je à René Ouari. Si vous pou-viez tout reprendre depuis le début, je serais plus en mesure de vous suivre.

-Un vendredi matin, il est 9h 25, les dix-sept enfants de la classe de onzième s’évanouissent brusquement. Ils n’étaient pas seuls. Ils étaient en compagnie d’une professeure. Celle-ci s’était déplacée pour aller chercher des cahiers à la direction. J’ai pu interroger grâce à la mère du petit Mika, une fidèle de l’Église de la Ré-

demption Ultime, c’est le nom de la secte du pasteur Ekon, une bonne partie des enfants qui se trouvaient dans cette salle. Au début, cela n’a pas été facile. Mais je me suis fait passer pour un psychologue, admirateur du travail effectué par le pasteur Ekon. Ce dernier ne s’est douté de rien au début. Sinon il n’aurait pas accepté.

-Il avait quelque chose à cacher ?-Au début, il s’agissait pour moi

d’établir le déroulement des faits. 9h 20 les enfants sont en classe. Exercice de lecture. Soudain, la professeure annonce qu’elle se déplace pour aller chercher des cahiers à la direction. C’est ce que confirment la plupart des enfants inter-rogés. Elle est à peine sortie qu’un enfant crie : « Men yon dyab ! » Tout le monde s’évanouit. Ils se réveillent une heure après. Trois autres prennent un peu plus de temps. Presque trois heures.

-Comment gère-t-on ce phénomène étrange ?

-C’est la professeure qui au retour s’aperçoit que tous les enfants sont évanouis. Elle croit tout d’abord à une farce. Elle hurle, ameute tout le monde à l’école. Le pasteur Ekon est présent sur les lieux. Pourtant, il ne panique pas. Il constate rapidement que les enfants vivent. Il demande qu’on les allonge sur le sol. D’autres professeurs quittent leur classe pour revenir à la rescousse. On est obligé de renvoyer les autres élèves. Par la prière, clame le pasteur Ekon, on les fera revenir à eux, car il s’agit d’après lui d’une attaque démoniaque. À un moment, il se déplace pour aller chercher quelque chose, de l’alcool et de l’ammo-niaque, c’est ce que m’a raconté la pro-fesseure, qu’il fait respirer aux enfants qui reviennent à eux. Sauf trois qui prennent plus de temps à se réveiller. Ceux qui avaient cru voir quelque chose.

-Vous aviez dit que c’était un enfant qui avait crié : « Men yon dyab ! »

René Ouari hocha la tête.-Vous faites attention aux détails, Vic-

tor. C’est bien. Mais en fait, ce sont trois. Chaque enfant n’entend que son plus proche voisin qui crie ou qui dit : Men yon dyab. Ils sont trois à avoir vu quelque chose.

-Ils ont vu quoi ?-J’ai pu travailler avec ces trois jeunes

enfants, toujours sous la couverture du psychologue. Je dois vous dire qu’entre-temps, je dois assister à quelques offices du pasteur Ekon. Je sens qu’il commence par se méfier de moi. Je ne sais pas enco-re pourquoi. Pendant ce temps, Bernard Sourbier enquête sur le pasteur Ekon. Mais revenons aux enfants. Ils ne peuvent pas décrire ce qu’ils ont vu. Ils prétendent qu’un diable a pénétré dans la classe. S’ils ne peuvent pas le décrire, c’est parce que ce quelque chose n’est pas dans leur univers familier. Ce sont des enfants de milieux pauvres. J’ai alors une idée. Je les rencontre au même endroit, chez la mère de Mika. Je leur donne à chacun du papier et des crayons. Je leur demande d’essayer de dessiner ce qu’ils ont vu. Ce que j’obtiens est alors assez curieux.

-Ils dessinent quoi ?-Une sorte de grand masque ovale

avec des motifs qui sont certainement africains. Ce qui est extraordinaire, c’est que les enfants dessinent la même chose. Ces enfants n’ont pas communiqué entre eux. Je n’ai pas quitté la pièce où ils étaient assis. Je les ai placés à distance l’un de l’autre en leur donnant le même temps pour faire le dessin. Approximati-vement une demi-heure.

-Ce masque vous donne une piste.-Pas immédiatement. Mais si trois

enfants dessinent la même chose, sans

qu’ils communiquent entre eux, c’est qu’il y a anguille sous roche. Je scanne les dessins puis je les envoie à un ami du FBI à Washington en lui demandant d’étudier ces croquis. C’est quelqu’un qui, comme moi, enquête souvent sur des affaires que les polices officielles classent, je dirais pudiquement, parce qu’elles mettent à mal les pensées officielles. Il me contacte douze heures plus tard. Il est totalement effaré. Ces dessins reproduisent des masques que portent lors de cérémonie rituelle, des sorciers d’une société secrète très puissante au Bénin. Je ne vous dirai pas le nom de cette société. C’est une confrérie qui sert des démons connus depuis la plus ancienne Égypte. Elle est surtout crainte parce qu’elle demande en paiements à ses adeptes des âmes d’enfants qui glissent lentement par som-meils successifs dans les bras de Satan. Mon ami du FBI me confirme que cette société ne tient ses assises qu’au Bénin, dans une aire géographique bien précise. Elle ne peut opérer loin de son territoire.

-Vous faites quoi alors à la SAD ?-Entre temps, les dix-sept enfants

brusquement s’évanouissent au même moment, qui chez lui, qui chez un ami, qui en pleine rue. Le petit Mika est alors chez sa marraine Immacula. Ils revien-nent tous à eux deux heures plus tard. Je comprends alors que nous devons faire très vite. Bernard Sourbier comme je vous l’avais dit enquête sur le pas-teur Ekon. Il ne trouve pas grand-chose. Ekon a commencé très jeune à prêcher comme on dit dans une petite église du centre-ville. Il est, parait-il, très doué mais surtout d’une ambition démesuré. Sans aucune étude particulière, le ministère des Cultes n’est pas utile à grand-chose, il devient pasteur, fonde son église quel-que part au Fort-National qu’il appelle Église de la Rédemption Ultime. Il végète comme pasteur puis brusquement, c’est la réussite. Temples partout, jeûnes par-ci, par-là, station de radio, et écoles. Sourbier, comme à son habitude, persiste et fouille. Quelqu’un donne une informa-tion à Sourbier. Elle n’est pas confirmée, mais elle est suffisante pour me mettre la puce à l’oreille. Quelques mois avant sa brusque réussite. Ekon a travaillé dans un contingent béninois. Il donnait des cours de créole pour se faire un peu d’argent. Les choses n’allaient pas trop bien alors à l’Église de la Rédemption Ultime.

-Vous faites le lien.-J’appelle un ami au service de l’émi-

gration et aussi mon contact au FBI. Je veux savoir si Ekon a voyagé en Afrique, plus particulièrement au Bénin. En plein dans le mille, Victor.

Je ne dis rien, fasciné que je suis par le récit de René Ouari.

-Ekon a effectué trois voyages en Afrique. Il était revenu il y a trois jours du Bénin en passant par Paris quand les enfants, pour la première fois, s’étaient évanouis dans cette école.

-Comment s’est terminée cette en-quête de la SAD?

Ouari se leva.-Je vous dirai l’essentiel, Victor. Il

fallait sauver ces dix-sept enfants. J’ai dû me rendre au Bénin à mes propres frais. Je le dis pour ceux qui prétendent que l’argent, seul, m’intéresse. Cela a été une négociation difficile. Je dois vous dire que, par filiation maternelle, du sang royal dahoméen coule dans mes veines. Les enfants ont été sauvés, mais l’entre-prise du pasteur Ekon s’est mise à péricli-ter. Les fidèles ont commencé à déserter l’église. Des scandales en chaîne mettant en cause la probité du pasteur ont éclaté. Finalement, Ekon s’est exilé au Miami.

-Alors, les démons béninois ont eu raison de lui.

-Le démon, cher ami, est comme le malfini, conclut Ouari. Quand il ne trouve pas de poule, il remonte avec la paille.

Nous recommençâmes à marcher. L’histoire de Ouari m’avait donné froid au dos. Dix-sept enfants ! Les démons de-mandaient à payer cher pour la rédemp-tion ultime !

Par Gary Victor

LE PASTEUR EKON