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. www.icpr.fr ICPR 7 Boulevard de la Boutière Institut Locomoteur de l’Ouest/ CHP Saint-Grégoire 35760 Saint-Grégoire LES TENDINOPATHIES D’ACHILLE Définition Le tendon d’Achille appartient au systéme suro-achilléo-plantaire (suro = triceps, sural = muscles du mollet avec les gastrocnémiens, achilléo = tendon d’Achille, plantaire = aponévrose plantaire). On ne parle plus aujourd’hui de tendinite mais de tendinopathie (modification structurale du tendon). Le tendon d’Achille est le tendon le plus volumineux et le plus résistant de l’organisme. Par les contraintes qu’il subit, peuvent se développer des tendinopathies. Les causes La plus fréquente est une hyperactivité physique, sportive (course à pied+++). Il s’agit d’une inadaptation du tendon aux contraintes répétitives d’étirement ou de friction. Parfois, d’autres causes comme le surpoids, des troubles statiques (pied plat, pied creux), un tendon d’Achille court ou une rétraction de l’aponévrose des gastrocnémiens, un mauvais chaussage sont retrouvées. Certains médicaments comme des antibiotiques peuvent être responsables de douleurs tendineuses et de tendinopathies. Certaines maladies inflammatoires comme la spondylarthrite (inflammation sur la prise de sang) peuvent donner des douleurs de talon. Les formes cliniques Corporéales (corps du tendon) : - paratendinite : inflammation autour du tendon mais le tendon est normal. Début assez brutal des douleurs, crépitements autour du tendon. - tendinopathie : fusiforme, nodulaire ou fissuraire. Début plus progressif des douleurs avec notion de dérouillage matinal. D’insertion (attache sur le calcanéum) : - bursite rétrocalcanéenne +/- maladie de Haglund (saillie du calcanéum contre le tendon d’Achille par malformation osseuse ou pied creux) : saillie postérieure clinique du talon qui frotte contre le contrefort postérieur de la chaussure. - tendinopathie d’insertion : véritable usure du tendon à son insertion avec possibilité de déinsertion partielle. Douleur progressive, chronique.

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ICPR 7 Boulevard de la Boutière

Institut Locomoteur de l’Ouest/ CHP Saint-Grégoire 35760 Saint-Grégoire

LES TENDINOPATHIES D’ACHILLE

Définition

Le tendon d’Achille appartient au systéme suro-achilléo-plantaire (suro = triceps, sural = muscles du mollet avec les gastrocnémiens, achilléo = tendon d’Achille, plantaire = aponévrose plantaire). On ne parle plus aujourd’hui de tendinite mais de tendinopathie (modification structurale du tendon). Le tendon d’Achille est le tendon le plus volumineux et le plus résistant de l’organisme. Par les contraintes qu’il subit, peuvent se développer des tendinopathies.

Les causes

La plus fréquente est une hyperactivité physique, sportive (course à pied+++). Il s’agit d’une inadaptation du tendon aux contraintes répétitives d’étirement ou de friction. Parfois, d’autres causes comme le surpoids, des troubles statiques (pied plat, pied creux), un tendon d’Achille court ou une rétraction de l’aponévrose des gastrocnémiens, un mauvais chaussage sont retrouvées. Certains médicaments comme des antibiotiques peuvent être responsables de douleurs tendineuses et de tendinopathies. Certaines maladies inflammatoires comme la spondylarthrite (inflammation sur la prise de sang) peuvent donner des douleurs de talon.

Les formes cliniques

Corporéales (corps du tendon) :

- paratendinite : inflammation autour du tendon mais le tendon est normal. Début assez brutal des douleurs, crépitements autour du tendon.

- tendinopathie : fusiforme, nodulaire ou fissuraire. Début plus progressif des douleurs avec notion de dérouillage matinal.

D’insertion (attache sur le calcanéum) :

- bursite rétrocalcanéenne +/- maladie de Haglund (saillie du calcanéum contre le tendon d’Achille par malformation osseuse ou pied creux) : saillie postérieure clinique du talon qui frotte contre le contrefort postérieur de la chaussure.

- tendinopathie d’insertion : véritable usure du tendon à son insertion avec possibilité de déinsertion partielle. Douleur progressive, chronique.

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Le bilan d’imagerie

Radiographies debout : elles permettent de voir des anomalies de position du calcanéum (Haglund), des calcifications dans le tendon ou son enthèse.

Echographie : permet de suivre la tendinopathie. Il n’y a pas de lien entre douleur et lésions en échographie. On retrouve des nodules, bursites, fissurations…

IRM : en préopératoire, le chirurgien peut demander cet examen pour une analyse précise du tendon, des bourses.

Le traitement

Médical :

Il est essentiel, notamment pour l’atteinte corporéale. Environ 90% des tendinopathies guérissent médicalement, parfois sur de nombreux mois. Les anti-inflammatoires sont sans effet (sauf pour la paratendinite). Ce traitement médical impose l’adaptation sportive (changement voire arrêt du sport), des règles d’hygiène avec perte de poids en cas de surcharge, bonne hydratation. L’utilisation de talonnettes est classique avec semelles pour correction de troubles statiques du pied. La rééducation est fondamentale avec des étirements, de la contraction excentrique.Des ondes de choc peuvent être utilisées après 6 mois d’évolution. D’autres traitements nouveaux comme la cryothérapie corps entier, des injections de PRP (plasma riche en plaquettes) peuvent être réalisés en cas d’échec des autres traitements. Il faut proscrire les infiltrations de corticoïdes (sauf peut-être dans certaines bursites, sous contrôle échographique) qui peuvent provoquer des ruptures du tendon.

Chirurgical :

En cas d’échec du traitement médical, de fragilisation du tendon notamment dans les tendinopathies d’insertion, il peut être utile de recourir à un traitement chirurgical. Il est le plus souvent réalisé en ambulatoire. Le tabagisme augmente de façon significative le risque de trouble de cicatrisation et d’infection, complications principales de cette chirurgie en dehors du risque éventuel de rupture tendineuse. La chirurgie ne permet, malheureusement pas, de guérir dans tous les cas les douleurs tendineuses et parfois la reprise du sport reste difficile.

* Rétraction des gastrocnémiens

S’il existe une rétraction avérée des gastrocnémiens, ils seront allongés soit à la face postérieure du genou, soit à la partie basse des muscles du mollet. Parfois, ce geste peut être effectué de façon isolée. Dans ce cas, il n’y a pas d’immobilisation postopératoire et on débute très tôt la rééducation pour étirer ces muscles.

Tendinopathie corporéale

Tendinopathie distale

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* Tendinopathie corporéale

On effectue, par une courte incision de 2-3 cm, un peignage du tendon. Cette chirurgie est réalisée en ambulatoire. Il y a une immobilisation de protection du tendon par une botte orthétique pendant 3 semaines avec appui contact. De la rééducation est à reprendre ensuite. Il faut souvent au moins 4 mois de récupération.

* Tendinopathie distale

La chirurgie est plus complexe car il faut décrocher le tendon de l’os, retirer les calcifications, l’os saillant, les bursites, nettoyer le tendon et le refixer sur le calcanéum par des ancres (cf schémas et radio). Parfois, lorsque le tendon est très fragilisé par la tendinopathie, on peut être amené à le renforcer avec un autre tendon. Les suites postopératoires sont plus longues avec 6 semaines d’immobilisation dans une botte sans appui. La rééducation et la récupération prennent aussi plus de temps (6-9 mois), la reprise sportive se fait en moyenne à un an avec une perte de performance d’un tiers environ.

* Bursite et maladie de Haglund

La chirurgie consiste à lever le conflit entre la partie postérieure, saillante du calcanéum et la chaussure en retirant l’angle postérieur du calcanéum. Dans certains cas de pieds creux associés, on peut faire une réorientation par section osseuse (ostéotomie) du calcanéum. Les suites dépendent de la chirurgie réalisée. En l’absence d’ostéotomie, l’appui postopératoire est protégé par 2 cannes mais reste autorisé. La reprise des activités sportives se fait de façon progressive à partir de 2 mois.

Complications : se reporter à la fiche de consentement éclairé.