les variations annuelles dans l'effet de groupe chez l'abeille et l'origine de la...

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Insectes Sociaux, Paris. 1978. Tome 25, n ~ 1, pp. 39-51. Masson, Paris, 1978. LES VARIATIONS ANNUELLES DANS L'EFFET DE GROUPE CHEZ L'ABEILLE ET L'ORIGINE DE LA MORT PRI~COCE DES ISOLI~ES Par G~RABD ARNOLD Station d'Ethologie, E.R.A. ~96, Mittainville F78120 Rambouillet. Regu le 15 aofit 1976. Accept6 le 10 janvier 1977. BESUME Les abeilles isol6es meurent plus rapidement qne les abeilles groupdes par dix: il y a done un effet protecteur du groupement sur la survie. Chez les jeunes abeilles, particuli6rement en hiver, on a mis en 6vidence l'existence de deux p6riodes dans la mortalit6 des isoldes, qui s'articulent autour du septi~me jour. Pendant les premiers jours, elle est variable selon la saison, ce qni est en relation avee la qualit6 de l'~levage larvaire: les abeilles les plus faibles /t la naissance recevraient de la nourriture lorsqu'elles sont group6es grace aux 6changes trophallactiques, alors qu'elles n'en rc~oivcnt pas eL meurent si elles sont isol6es. D'ailleurs, des aheilles que l'on isole apr6s un groupement pr6alable de six jours menrcnt moins vite que les abeilles isol6es d6s leur naissance. SUMMARY Annual variations in group effect among bees and reasons for the premature death of the isolated ones. Isolated bees die more quickly than bees in groups of ten : so grouping evidently favours survival. Observations of young bees showed that, during winter particularly, the mortality of isolated bees occurs in two stages, the junction between which was about the seventh day of age. Mortality during the first stage varies with the season, and so with variations in the conditions under which the larvae are reared : the bees that are weakest at birth receive food if they are grouped, through trophallaetic exchange, but fail to receive it, and die, if they are isolated. Moreover, bees that are isolated after an initial grouping of six days die less quickly than bees that are isolated immediately at birth.

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Insectes Sociaux, Paris.

1978. T o m e 25, n ~ 1, pp . 39-51.

�9 M a s s o n , P a r i s , 1978.

LES VARIATIONS ANNUELLES

DANS L'EFFET DE GROUPE CHEZ L'ABEILLE

ET L'ORIGINE DE LA MORT PRI~COCE DES ISOLI~ES

P a r G~RABD A R N O L D

Station d'Ethologie, E.R.A. ~96, Mittainville F78120 Rambouillet.

Regu le 15 aofit 1976. Accept6 le 10 j a nv i e r 1977.

BESUME

Les abeil les isol6es m e u r e n t p lus r ap idemen t qne les abeil les groupdes par d i x : il y a done u n effet protecteur du g roupemen t su r la survie. Chez les j e u n e s abeilles, par t i cu l i6 rement en hiver, on a mis en 6vidence l 'existence de deux p6riodes dans la mor ta l i t6 des isoldes, qui s ' a r t i cu len t au tou r du septi~me jour . P e n d a n t les p remie r s jours , elle est var iable selon la saison, ce qni est en re la t ion avee la qual i t6 de l '~levage l a r v a i r e : les abeil les les p lus fa ibles /t la na issance recevra ien t de la n o u r r i t u r e lorsqu 'e l les sont group6es grace aux 6changes t rophal lac t iques , a lors qu 'e l les n ' en rc~oivcnt pas eL m e u r e n t si elles son t isol6es. D'ai l leurs, des ahei l les que l 'on isole apr6s u n g roupemen t pr6alable de six jou r s m e n r c n t moins vite que les abeil les isol6es d6s leur na issance .

SUMMARY

Annual variations in group effect among bees and reasons for the premature death of the isolated ones.

Isolated bees die more quickly t h a n bees in groups of ten : so grouping evident ly favours survival . Observat ions of young bees showed tha t , du r ing win te r par t icu la r ly , the mor ta l i ty of isolated bees occurs in two stages, the j unc t i on be tween which w a s about the seven th day of age. Morta l i ty dur ing the first s tage var ies w i t h the season, and so wi th va r ia t ions in the condi t ions unde r which the la rvae are reared : the bees tha t are weakes t at b i r th receive food if t he y are grouped, t h r o u g h t rophal lae t ic exchange, bu t fail to receive it, and die, if they are isolated. Moreover, bees t h a t are isolated af ter an in i t ia l grouping of six days die less quickly t h a n bees t h a t are isolated immed ia t e ly at b i r th .

40 GI~RARD ARNOLD

I N T R O D U C T I O N

CHAUVIN et GRASS~ (1944) ont montr6 que les abeilles isol~es exp6rimen- ta lement meuren t plus rap idement que les group6es. L'effet protcc teur appara i t

par t i r du groupement de deux individus . Les auteurs u t i l i sent le terme d'effet de groupe (sur la mortalit6) pour d6signer ce ph6nom6ne.

CHAUVIN, dans des t ravaux post6rieurs (1952, 1972, 1973, 1974), mon t re que l'effet de groupe exige un contact entre les ind iv idus pour se manifes ter , ce qui exclut une origine olfactive, acoustique ou vibratoire . I1 pense que les abeilles, lorsqu'el les sont group6es, 6mettent une substance qui aurai t un r61e protecteur sur la survie. Son absence provoquera i t la mort chez les abeilles isol6es.

SITt~ON (1967, 1968, 1971) 6tudie le d6terminisme de l'effet de groupe sur la mortalit6. Celui-ci ne serait ni d 'or igine a l imentaire , n i d 'or ig ine m6tabol ique : en effet, les abeilles isol6es consomment autant de nour r i tu re que les abeilles group6es, et ont une teneur ident ique en eau, en sucres et en azotc. Par contre, l ' au teur admet une origine neuro-hormonale pour l 'effct de groupe : la neuro- s6cr6tion est plus abondante dans la pars in te rcerebra l i s des abeilles group6es que dans celle des isol6es.

Ces auteurs ont travaill6 soit avec des abeilles pr61ev6es s u r les cadres d 'une ruche h diff6rentes 6poques de l 'ann6e, en 6t6 c fmme en hiver, et dont l":tge n 'est pas connu avec certitude, soit avec des abeilles mises en exp6rience quelques heures seulement apr6s leur naissance. Mais, quelle que soit l 'o r ig ine des abeilles, I '6volution de la mortalit6 est vois ine darts tous tes lots.

Le probl6me du d6terminisme de l'effet de groupe sur la mortal i t6 n 'est pas r6solu malgr6 l 'hypoth~se d 'une origine neuro-hormonale (SITBON) et d 'un

p o i n t de d6part chimique (CHAUVIN). 3'ai repr is cette 6tude afin de conf i rmer ou non ces hypoth6ses et essayer de d6terminer les causes de la diff6rence de mortali t6 entre les isol6es et les group6es.

MATL'RIEL E T METHODES

1. Les a n i m a u x .

Au cours de rues exp6riences, j 'ai utilis6 des abeilles d'6t6 et des abeilles d 'h iver de race i ta l ienne : Apis mell i[ ica ligttstica Sp.

a) Les abeilles jeu'nes d'~t~. - - Les abeilles p r ov i e nne n t du rucher de la Station Apicole de Bures-sur-Yvette, situ6e dans le d6par tement de l 'Essonne (r6gion par is ienne) . Le couvain est pr61ev6 tr6s m f r , les abeilles ayant les yeux pigment6s. Les cadres de couvain sont t ransport6s h l '6tuve h 32 ~ oh les abeilles 6closent. Le soir, les cadres sont d6barrass6s des abeilles qui marchen t

sa surface; le matin, il suffit de pr61ever les jeunes qui sont n6es pendan t la nui t et sont ainsi d"~ge connu entre une et douze heures. Elles sont pr61ev6es

l 'a ide de p inces souples et rap idement encag6es apr6s une courte anesth6sie au gaz carbonique.

EFFET DE GROUPE CHEZ L'ABEILLE 41

b) Les abeilles d'hiver. - - Les abeilles proviennent de ruches hivernantes

situ6es ~ Mittainvil]e, dans ]e d6partement des Yvelines (r6gion parisienne). Pour le pr616vement, on retire un cadre de la ruehe et on fait tomber les abeilles dans un r6cipient. Ensuite, on les pr616ve h l'aide de pinces soup]es et on les place dans des cages apr6s une courte anesth6sie au gaz carbonique. Les indi- vidus sont d'un age ind6termin6 sup6rieur ~ deux mois (les exp6riences sur les abei]]es d'hiver commencent fin novembre).

c) L e s a b e i l l e s j e u n e s d ' h i v e r . - - Pour les experiences qui eurent lieu pendan t l ' h iver 1975-1976, j 'a i utilis6 des abeilles p rovenan t d e deux ruches plae6es darts une des pi6ces chauff6es ~ 20-25 ~ du laboratoi re (jamais au- dessous de 20 ~ suivant une technique raise au point ~ la Stat ion Apicole de Bures-sur-Yvette. L'orifice de sortie de la ruche s 'ouvre h Fair l ibre par un court tuyau t raversant le tour de la pi6ce. Les abeilles ont donc cons tamment la possibil i t6 de voler, au moins quand les c i rconstances atmosph~riques le permettent .

Elles re coivent de la nour r i tu re sucr6e (solution de saceharose h 50 %), gr'fice h un t rou prat iqu6 dans le couvre-eadre. La nour r i tu re prot6ique est cons- titu~e de pollen m61ang6 ~ du nfiel que l 'on donne par une ouver ture anmvible prat iqu~e 'h la par t ie inf~rieure du corps de la ruehe. La solut ion sucr~e est renouvel~e t o u s l e s trois jours environ, tandis que le pollen est donn~ tous les six jours.

Les rayons de couvain sont pr~lev~s dans les m6mes condi t ions que pour les abeilles d'~t6 et rnis h l'6tuve. Les abeilles y 6elosent pe nda n t la nui t et sont mises en exper ience le l endemain mat in apr6s une courte anesth6sie.

Cette m~thode d'~levag e s'est r6v~l~e tr~s f rnctueuse puisque le couvain a oceup~ en pe rmanence au moins deux rayons darts les ruehes du mois de

novembre 1975 au mois de f~vrier 1976.

REMA~Qt:E. - - L'anesth~sie au gaz carbonique a ~t~ n6cessaire, aria de rendre les condi t ions exp~rimentales identiques, quels que soient la saison ou le t ra i tement subi. En effet, lots de certaines experiences, telles que celles

por tan t sur des sections d 'antennes , l ' immobi l i sa t ion totale des abeilles ~tait indispensable . En g6n6ralisant l 'anesth6sie h t o u s l e s groupes, cela a permis de faire des compara isons valables.

2. Le materiel d'exp~rience.

J 'ai utilis~ le materiel d~crit par CHAUVIN (1972), l~g6rement modifi6.

a) Cas des abe i l Ies isoldes. - - Les cages sont const i tu tes par des anneaux de verre de quatre centim6tres de diam6tre sur quatre cent im6tres de hauteur (anneaux de Raschig). Chaque anneau est d6pos6 sur nne coupelle de verre de m~me diam6tre qui servira de fond. Les anneaux sont tapiss6s de papier filtre a insi que le fond et ferm6s d 'un couvercle en toile m~tall ique que traverse un abreuvoir . On les emploie par s~ries de quarante, dispos6s sur un plateau de bois.

42 GF, R A R D A R N O L D

b) Cas de s abe i l l e s g r o u p i e s . - - o n ut i l ise des tubes de ve r re de qua t re cent im~tres de d iam~tre sur hu i t cent im~tres de haut . Le fond de chaque tube est consti tu~ d 'une coupel le de ve r re de m~me diam&tre. Les tubes, fe rmgs d 'un couverc le en toi le mgta l l ique mun i d 'un abreuvoi r , sont tapiss~s de p a p i e r filtre a ins i que le fond. Les abei l les y se ront g r o u p i e s pa r dix. Quat re tubes de d ix cons t i tuen t une stifle de quarante . Les deux lots d 'abe i l les sont m a i n t e n u s

l 'obscur i t~ dans une ~tuve h 32 ~

3. La nourriture.

Elle est const i tu6e de cand i con tenan t du pol len. Le mode de f a b r i c a t i o n est le suivant : les pelotes de po l l en sont broy6es au mixer , et la p o u d r e qui en r6sulte est ajout6e h du sucre-glace dans les p r o p o r t i o n s de 5 pa r t i e s de po l l en pour 95 pa r t i e s de sucre. Puis on verse le tout dans du mie l fondu au ba in - mar ie (2 pa r t i e s de miel pour 6 de sucre-glace) . On m61ange et on la isse d u r c i r h l 'a i r . Le po l l en est celui d ' a r b r e s f ru i t ie rs , de crucifbres, d e tr6fles et de chfitaigners.

Toutes les abei l les d i sposent d ' au t re pa r t d ' eau pure f r~quemment renouvel~e.

4. M6thode d'6tude de la mortalit&

Toutes les abe i l les , isoldes ou group6es sont contr616es tous les jours . Les cadavres dventuels sont enlev~s.

R E S U L T A T S

J 'a i compar~ la morta l i t~ d 'abe i l les isol~es quelques heures apr~s leur na issance avec celle d 'abe i l les t~moins groupdes p a r dix et de m(~me ~tge. Les abeil les ~taient nour r i e s de cand i au po!len. La mortat i t~ des abei l les g r o u p i e s est faible et h peu pros cons tante tout au l o n g de l 'ann~e. Elle est en m o y e n n e de l ' o rd r e de 5 h 10 % au bout de d ix jours d 'exp~r ience . Celle des isol~es p a r contre, est ex t r~mement changean te ; ses va r i a t ions sont de deux na tu r e s diff~rentes :

1. Selon les ~poques de l 'ann~e, elle ~volue entre 5 et 5 0 % de mor t s au bout de d ix jours d 'exp~r ience .

2. Chez les jeunes abeil les, sau l "~ cer ta ines 6poques de l 'ann~e, la mor ta l i t~ pr~sente deux p~r iodes qui s ' a r t i cu len t au tour du septi~me ]our; elle est p lus grande p e n d a n t la p r emie re p6r iode .

1. Variations annuelles de la mortalit~ des abeil les isol~es.

Je vais d~cr i re , ~ t i t re d 'exemple , les cas l imi tes des va r ia t ions que j ' a i constat~s. I l s 'agi t de deux s~ries d 'exp6riencles qui eurent l ieu, les unes pendan t les mois de mai et ju in 1975, les au t res de d~cembre 1975 h f~vr ier 1976.

a) Alz p r i n t e m p s : m a i et }lzin 1975. - - La figure 1 r e p r o d u i t les r~sul ta ts obtenus. Au bout de dix jours d ' exp~r ience , il n ' y a pas d ' e [ f e t de g r o a p e ca r

EFFET DE GROUPE CHEZ L'ABEILLE 43

FIG. 1. - - E v o l u t i o n de la mor= ta l i t~ des j e u n e s a b e i l l e s a u p r i n t e m p s ( m a i et j u i n 1975) . A : a b e i l l e s i so l~es . B : a b e i l l e s g r o u p 6 e s p a r d ix .

FIG. 1. - - Course of m o r t a l i t y of y o u n g bees , in spr ing (May a n d J u n e 1975) . A : i so la ted s ing l e bees . B : bees in g r o u p s of ten.

%T Mortalit~ cumul~e

18 1

12 10

oA ~O ~

~ O ~ .~..~,~,~ z~ a . ~2--.-zx .....

zx- ' " 0 ~

:~ ~- g g ) g �89 lb 1'1 1~2 1~3 jours

les i so ldes m e u r e n t en [a ib le h o m b r e , tout c o m m e les group6es. I1 faut attendre le 11~ jour pour qu'il commence h se manifester .

b) En h i r e r : de d d c e m b r e 1975 ?t f ~ v r i e r 1976. - - - Les r6sultats sont repro- duits dans la figure 2 qui est une courbe m o y e n n e portant sur huit s6ries d'exp6- r iences avec plus ieurs centaines d'abeilles.

Cette fois, l'effet de groupe est tr6s i m p o r t a n t : la diff6rence de mortalit6 entre les abeil les group6es et les abei l les isol6es est 6norme : les r6sultats sonI tr~s hautement signif icatifs h m o i n s de un pour mi l l e (X 2 = 83,5).

60' Mortalit@ cumul@e %

50

40

30

20

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:~ ~ ~ @ @ ~ @ ~ Ib I'I I~_ 13 14 15--- jours

FIG. 9. _ _ E v o l u t i o n de la m o r t a l i t 6 de s j e u n e s a b e i l l e s e n h i r e r ( d 6 e e m b r e 1975 h f 6 v r i e r 1976. A : a b e i l l e s isol@es. B : a b e i l l e s g r o u p 6 e s p a r d ix .

FIG. 2. - - Course o f m o r t a l i t y of y o u n g bees , in w i n t e r ( D e c e m b e r 1975 to F e b r u a r y 1976). A : i s o l a t e d s ing le bees . B : b e e s in g r o u p of t en .

44 G E R A R D A R N O L D

e) V a r i a t i o n s a n n u e l l e s . - - J ' a i e f fec tu6 de s e x p 6 r i e n c e s s y s t 6 m a t i q u e s d u

m o i s d ' a v r i l 1975 au m o i s de f6vr ier . 1976, so i t ~ p e u p r o s p e n d a n t u n e a n n 6 e .

Je m e su i s v o l o n t a i r e m e n t l imi t~ ~ l ' 6 t u d e de d e u x c o l o n i e s p e n d a n t l a s a i s o n

a p i c o l e ( d ' a v r i l ~ aofl t) e t de d e u x c o l o n i e s e n h i v e r . Les r 6 s u l t a t s s o n t r e p o r t 6 s

su r la f igure 3. Cet te f i gu re ne p r 6 t e n d p a s r e f l 6 t e r la d u r 6 e m o y e n n e de v i e de s

abe i l l e s de r u c h e p u i s q u e i c i les a b e i l l e s s o n t c l a u s t r 6 e s et g r o u p 6 e s e n t r~ s p e t i t

n o m b r e (10) ou iso16es. P a r c o n t r e , ce t t e f i gu re m o n t r e c l a i r e m e n t q u e l ' e f f e t de

g r o u p e ne se m a n i f e s t e pas l o u j o u r s , en p a r t i c u l i e r p a r c e que les a b e i l l e s i so l6e s

m e u r e n t t r~s peu .

7 0 -

6 0 -

5 0 -

4 0 -

3 0 -

2 0 -

1 0 -

�9 Taux de m o r t a l i t 6 (%) l I l l l l i

l l , , , / \ l ,/ 8

isol6es

B ~ ~x a groupies \ , ,,~

V Avail I JJin I A~o~, I O~to~elDe~.~ r~J,e, I AJ," Mo,s

Mai Ju i l le l Septembre N d ~ m b r e Jahvier - Mars

FiG. 3. - - Var ia t ions saisonni6res de la mor ta l i t6 des jeunes abei l les au b o u t de dix jour s d 'exp6rience (avril 1975 h f6vr ier 1976). A : abeil les isol6es. B .: abe i l l es groupies pa r dix.

- - : au p r in t emps et en 6t6. . . . : en h iver (condit ions expt~rimentales diff6rentes).

Fio. 3. - - Seasonal va r i a t ions in the mor t a l i t y of young bees on the t e n t h day of the exper iment (from April 1975 to Feb rua ry 1976). A : isolated single bees. B : bees in gronps of ten.

- - : in spr ingt ime and in summer t ime . . . . : in win te r t ime (exper imenta l condi t ions differed).

2 . L e s d e u x p h a s e s d e l a m o r t a l i t ~ d e s i s o l ~ e s .

D ' a p r ~ s les d o n n 6 e s de la f igure 2 ( c o u r b e A), on vo i t que l ' 6 v o l u t i o n de la

m o r t a l i t 6 des i so l6es p r 6 s e n t e d e u x p 6 r i o d e s qu i s ' a r t i c u l e n t v e r s le s e p t i b m e

j o u r d ' e x p 6 r i e n c e .

E F F E T DE G R O U P E CHEZ L ' A B E I L L E 45

- - du 1 ~ au 6 ~ ou 7 ~ jour, selon les cas, la mortali t6 quot id ienne est de 6 % de morts par jour en h i v e r ; elle est de 2 % au p r in t emps ;

- - h par t i r du 7 ~ jour, la mortali t6 est envi ron de 1,2 % de morts pa r jour 6t6 comme hi rer .

I1 y a donc peu de diff6rence de mortali t6 entre les deux p6riodes pendan t la belle saison. Cette diff6rence appara l t quand les condi t ions cl imat iques sont moins bonnes : automne, hiver et m~me d6but du pr intemps.

La mortalit~ des groupies est p ra t iquement constante, elle est de 0,6 % de mort par jour environ.

Les deux p6riodes sont tr6s diff6rentes, puisque l 'une (apr6s le 7 ~ jour) cst constante quelles que soient les abeilles utilis6es, tandis que l 'autre( du 1 ~' au 7 ~ jour) d6pend de l 'or igine des abeilles. Nous avons donc h rechercher au moins trois causes pr inc ipa les pour expl iquer la mort des abeilles :

1 ~ Quelle est l 'or ig ine de la mort des abeilles isol6es pendan t la premi6re p6riode ?

2 ~ Quelle est l 'or igine de la mort des abeilles isol~es pe nda n t la seconde p~riode ?

3 ~ Quelle est l 'or igine de la mort des abeilles groupies par dix ?

3. H y p o t h e s e s sur l e s o r i g l n e s de" la m o r t d e s a b e i l l e s p e n d a n t l e s p r e m i e r s j o u r s .

Dans ce travail , je ne vais considdrer que l 'or ig ine de la mortal i t~ pendan t la premibre semaine d 'cxp~rience. Elle semblc cn effet diffSrente de l 'or ig ine de la mortali t5 pendan t la deuxi~me pSriodc. Celle-ci sera ~tudi~e dans un travail h parai t re ult~rieurelnent.

.A. MOnTALITI~ DES ABEILLES GROUPI~,ES

Son origine n 'est pas connue. Je proposerai l 'hypoth~se qu'elle est le fair d ' i nd iv idus par t icul i~rement faibles (ou pr6sentant quelque anomalie) ce qui ne suppor tent pas du tout les condi t ions expdrimentales; ce doit donc 5tre ~galement le cas d 'un nombre 6gal d 'abeilles isol6es.

B. ~IORTALIT]~ DES ABEILLES ISOLEES

1. Inf luenCe de l ' a l imenta t ion larvaire. - - La mortalit~ pe nda n t les premiers jours de l 'exp~rience est diff~rente selon l '~poque de l 'ann~e. Nous pouvons rapproeher ce fait de l 'or igine des jeunes abeilles qui n 'est pas la m~me en h i r e r et en ~ts Les unes apparaissent en ~t~ dans des condi t ions naturelles, mais les autres naissent en hiver clans des condi t ions beaucoup plus artificielles (ruches chauff~es). A cette ~poque, m~me dans une ruche main tenue fl la tempera ture ext~rieure de 20 ~ les condi t ions de ponte de la reine et d'~levage du couvain sont tr~s ~loign~es des condi t ions habituel les de la belle saison. Bien que la nou r r i t u re n 'a i t jamais manqu~ h la colonie, sa qualit~ et son mode de presen ta t ion sont

46 GERARD ARNOLD

tr~s 61oign6s de ce qui se passe aux mois de mai et ju in p a r exemple . En outre , un d6faut i m p o r t a n t de cet te t echn ique d'61evage nous semble 6tre que lea i n d i v i d u s ne peuven t en fair so r t i r que tr~s r a r emen t de leur ruche en r a i son du f ro id ext6rieur. I1 s 'es t souvent pass6 de nombreux jours sans qu 'une seule abei l le ai t pu sor t i r . De toutes ces condi t ions , i l r6sulte donc que le couva in p r o d u i t n 'es t pas d 'une qualit6 excel lente , et en pa r t i cu l i e r , que beaucoup de jeunes abei l les mal nour r i e s h l '6tat l a rva i r e sont dans un 6tat phys io log ique m6diocre .

I1 semble c l a i r qu ' i l taut vo i r 1~ la p r inc ipa l e ra i son de la g rande mor ta l i t6 des isol6es i~endant les p r e m i e r s jours . Ce qui s 'est pass6 en h ive r r ep r6sen te donc le cas l imi te off une colonie expos6e h des condi t ions d6favorables p r o d u i t des jeunes abei l les peu r6sis tantes . A l 'oppos6, au p r i n t e m p s p a r exemple , q u a n d les cond i t ions sont tr~s favorab les (bonne s i tuat ion m6t6orologique, miel l6e et r6col te de pol len abondantes , etc.), les jeunes abeil les r6sis tent mieux ~ l ' i so l emen t et la morta l i t6 est fa ible et r6guli~re. Lorsque les condi t ions sont i n t e rm6d ia i r e s , la mortal i t6 p e n d a n t les p r e m i e r s jours est plus ou moins forte. Selon les cond i t ions a tmosph6r iques et la nou r r i t u r e rappor t6e "~ la ruche, les nou r r i ce s off rent une a l imenta t ion qui peu t se modif ier , de m(~me que les soins aux larves en g6n6ral.

2. ImPOrtance des ~changes trophallactiques. - - Je pense que la su rv ie des group6es eat due aux poss ib i l i t6s d '6changes t ropha l l ac t iques qui sont n o m b r e u x pendan t cette p6r iode. P a r t ropha l lax ie , je consid~re non seulement lea 6changes d e nour r i tu re , mais t o u s l e s 6changes de substances (quelles qu 'el les soient) en t re les ind iv idus . Cette i m p o r t a n c e des 6changes pc nda n t lea c inq p r e m i e r s jours de la vie a bien 6t6 raise en 6vidence p a r PSaSHAD (1966, 1967), pu i s Dotr~VLW (1975) qui u t i l i sen t de la n o u r r i t u r e marqu6e au moyen d 'un rad io - i so tope . PEnSHAD 6tabl i t que les capac i t6s d '6changes ent re abei l les sont nul les ~ l '~ge de 1 jour, puis s ' acc ro i s sen t r6gul i~rement du deuxibme au qua t r i6me jour . El les

�9 d iminuen t ensui te h p a r t i r du cinqui~me jour. La p6r iode p e n d a n t laquel le nous avons constat6 ]a p lus forte morta l i t6 chez les isol6es est donc cel le off lea 6changes ent re i nd iv idus sont hab i tue l l ement les plus nombreux . Une g rande pa r t de l 'effet de groupe, au moins p e n d a n t les p r emie r s jours , est sans doute due /~ une r6par t i t ion des mat i~res nut r i t ives entre les ind iv idus , ce qui p r o v o q u e une survie plus grande .

3. Isolement apr~s un groupement pr~alable.

�9 A . A B E I L L ~ S ~GEES DE SIX J O U R S

Cette i m p o r t a n c e des 6changes pendan t les p r e m i e r s jours peut 6tre f ac i l emen t montr6e si on g roupe les abei l les six jours avant de les isoler .

Protocole experimental.

Les exp6r iences se sont d6roul6es penda n t les mois de mars et avr i l 1976. Les abeil les , qui na i ssen t h l '6tuve, sont group6es p a r c inquan te dans des caget tes de PAIN. Elles d i sposen t de cand i au pol len et d 'eau. Des abei l les t6moins , de m6me fige, sont isol6es h la na i s sance ; d 'au t res sont group6es p a r dix. ,

EFFET DE GROUPE CHEZ L'ABEILLE 47

Au bout de s i x ]ours , l es a b e i l l e s g r o u p i e s p a r c i n q u a n t e s o n t i so l~es . La morta l i t~ es t r e l e v ~ e tous les ] o u r s d a n s tous les lots .

Rdsultats.

D e par le d ~ r o u l e m e n t p a r t i c u l i e r du p r o t o c o l e c h o i s i , n o u s s o m m e s a m e n d s h c o m p a r e r des a n i m a u x qui n 'ont p a s Ic m S m e hge. E n effet , l e s a b e i l l e s t ra i t~es

qu i ont ~t~ g r o u p i e s s i x ]ours au p r ~ a l a b l e ont d o n c s i x ]ours de p l u s que l e s i so l~s t ~ m o i n s . T o u t e s les c o n d i t i o n s de l ' e x p ~ r i e n c e ne s o n t d o n c p a s i d e n t i q u e s . Af in de t e n i r c o m p t e de la d i f f e r e n c e d'~ge, je p r ~ s e n t e r a i m e s r~su l ta t s de d e u x f a ~ o n s :

1 ~ U n e p r e m i e r e c o u r b e (fig. 4 a) a ~t~ ~tabl ie en f o n c t i o n du p r e m i e r ]our

d ' i s o l e m e n t des a b e i l l e s : c ' e s t -h -d ire h la n a i s s a n c e p o u r l e s t 6 m o i n s (B) et l 'f ige de s i x jours p o u r les tra i tkes (A).

%~

50,

4C

3(3

2C

1C

' M . cumul6e en fonction , , A de risotement

o" 50. /

/

? 4c f l ~ . - o _ _ o ~

/o o - -o- -o- -o - -o~" 3C

9" ,,e , /

i I " 2C o d

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iours (apr~s isolemenI)

e

M. cumul6e en fonction de I'~ge ~ /

~--oB ../,"

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d . / ~C o- . ~. -o- -o- -o-" ,* A.

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1 2 3 4 5 6~ isolement7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19jour s 2 0

b

Fro. 4 a et b. - - Influence d'un groupement pr6alable sur la mortalitY, a) Mortalit6 etunul6e h partir du premier ]our de l ' isolement, b) Mortalit6 cumul6e & partir de la naissance des abeil les. A : abei l les isol~es aprbs un groupement pr~alable de six ]ours. B : abei l les isol6es depuis la naissance. C : abeil les group6e~ par dix depuis la naissance.

FIG. 4 a and b. - - Influence of grouping during the first six days of l i fe on subsequent mortal i ty, a) Cumulative morta l i ty from the first day of isolat ion, b) Cumulative mortal i ty from birth. A : bees isolated after being in group for six days. B : bees isolated from birth. C : bees in groups from birth.

2 ~ U n e s e c o n d e c o u r b e (fig. 4 b) a ~t~ ~tabl ie en f o n c t i o n de l"~ge de l 'abe i l l e . E l l e ddcr i t l ' ~ v o l u t i o n de la m o r t a l i t ~ d e p u i s la n a i s s a n c e , que l que so i t le trai - t e m e n t subj.

1. Evolut ion de la mortati t~ apr~s i so lement (fig. 4 a). - - P o u r l e s a b e i l l e s t ou t

]e t e m p s i so l~es , on r e t r o u v e l ' ~ v o l u t i o n h a b i t u e l l e : u n e p r e m i e r e p ~ r i o d e de for te m o r t a l i t ~ p e n d a n t les s i x p r e m i e r s ]ours a v e c un m a x i m u m du d e u x i ~ m e

au q u a t r i ~ m e ]our, put s une s e c o n d e p 6 r i o d e de p l u s f a i b l e mortal i tY. P o u r les

48 GERARD ARNOLD

abeilles isol~es h l '~ge de six ]ours, la mortali t~ est plus faible et plus r~guliSre. Apr~s le dixi~me jour, dans ]es deux lots, les abeilles con t inuen t h m o u r i r r~gu- li~rement. Je r ev iendra i sur ce point ul t~r ieurement .

La mortali t~ des groupies est tr~s faible, puts augmente vers le dixi~me ]our.

2. Evolution de la mortalit~ en fonction de l'dge (fig. 4 b). - - Nous pouvons comparer l '~volution de la mortalit~ d 'abeil les de mSme age entre les lots d 'abei l les

isol~es et les lots d 'abeil les groupies par dix. Un point me semble remarquable sur cette courbe, c 'est que du sixi~me au

douzi~me ]our, c 'est-h-dire pendan t les c inq premiers ]ours de leur isolement, lcs an imaux trait~s ont une mortalit~ comparable h celle des groupies par dix.

Puts, fl pa r t i r de l 'age de douze ]ours, leur mortalit~ quot id ienne va ~tre tr~s ~up~rieure h celle des isol~es et des groupies par dix. Et "r le dix-huit i~me ]our, le taux de mortalit~ cumul~ aura ~gal~ celui des t~moins isol~s.

Interpretation des r~sultats.

1. Mortalit4 pendant la premiere phase. - - En consid~rant u n i q u e m e n t la courbe 4 a, nous pour r ions penser que d~s qu'elles sont isol~es, les abeilles groupies au pr~alable se met tent h mouri r , en par t i cu l ie r le t roisi~me jour. En fait, nous devons corr iger ces r~sultats en t enan t compte de l 'age des indiv idus . Cela nous est possible puisque nous avons des t~moins group ,s par dix de m6me fige. Nous remarquons alors que la courbe des abeilles trait~es est vois ine de celle des t~moins. On peut donc consid~rer que la mortali t~ des abeilles trait~es du sixi~me au onzi&me ]our n 'est due qu 'en par t ie seulement h leur isolement. Les effets de l ' i so lement ne commencent "h se mani fes te r ne t tement qu'h partir du cinqui~me jo.r.

Nous pouvons donc en conclure que le groupement pr~alable exerce un effet protecteur snr la survie des abeilles qui se prolonge envi ron c inq ]ou r s apr6s l ' isolement. Cela diff~re donc net tement des abeilles isol~es h la naissance puisque celles-ci meuren t beaucoup pendan t les c inq premiers ]ours. L 'hypoth6se d 'un d~ficit a l imenta i re pendan t cette p~riode se trouve donc fond6e.

2. Mortalit~ pendant la seconde phase. A par t i r du cinqui~me jour de l ' isole- ment, les abeilles meuren t en grand nombre. I1 ne peut plus s 'agir ic i s imple- ment d 'un d~ficit nut r i t i f in i t ia l car les abeilles sont "~g~es de onze ]ours.

Deux causes peuvent ~tre retenues pour expl iquer cette mortali t~ : d ' une part , l 'absence des ~changes de nourr i ture , qui sont f requents chez les abeilles (quel que soit leur age), et ~l'autre part, le manque de s t imulat ions en p rovenance des cong~n~res. Ces points seront d~velopp~s dans une procha ine publ ica t ion.

B. ABEILLES s DR PLUSIEUR$ MOIS

Protocole experimental.

Les abeilles sont pr~lev~es au hasard sur les cadres d 'une ruche en repos hivernal . Elles sont alors agnes au m i n i m u m de deux mois. J 'a i compar~ la mor[alit~ d ' an imaux isol~s par rappor t h celle d ' an imaux group ,s par 10.

E F F E T D E G R O U P E C H E Z L ' A B E I L L E 49

R ~su l t a t s .

J ' a i r e t r o u v 6 les r6sul ta t s de SITBON (1971) et CHAUVIN (1952, 1973 a) : l ' e f fe t

p r o t e c t e u r du g r o u p e m e n t est tr6s net. I1 semble exc lu que la m o r t a l i t 6 so i l due

ic i f i u n d6f ic i t n u t r i t i f in i t i a l . E n e f f e t , r i n f l u e n c e d ' u n e a l i m e n t a t i o n i r r 6 g u l i 6 r e

p e n d a n t la p 6 r i o d e l a r v a i r e et le m a n q u e d ' 6changes t r o p h a l l a c t i q u e s d u r a n t

les p r e m i e r s jou r s de la v ie adu l t e ne j o u e n t gubre p o u r des abe i l les qu i son t $g6es

de p l u s i e u r s m o i s et qu i pos s6den t b e a u c o u p de r6serves .

i~. C o r r e l a t i o n e n t r e le p o i d s e t la m o r t a l i t Y . ~ L ' i m p o r t a n c e que j ' a i a t t r ibu6e

/~ l '6 tat des abe i l l e s h la n a i s s a n c e m ' a fa i t s o u p c o n n e r une cor r61a t ion poss ib l e

en t re le p o i d s de ces abe i l les et la mor ta l i t6 . Je pensa i s que les abe i l l e s les p lus

16gbres m o u r r a i e n t d ' abo rd , pu i s les p lus lourdes .

Le p o i d s des abe i l l e s na i s san t e s est v a r i a b l e : i l 6tai l dans nos e x p d r i e n e e s

en m o y e n n e de 110 rag. Les p o i d s se r6pa r t i s sen t se lon u n e c o u r b e de GAuss, et v o n t de 86 '3 137 nag (vo i r fig. 5).

Fro. 5. - - Distr ibution des poids des abeillcs h la naissancc. En absc i s ses : les einq classes de poids. En ordon- n~es : le poureentage d'abeilles par elasse.

Fro. 5. - - Distr ibution of weights of newborn b e e s . A b s c i s s a : tlve weight classes. Ord ina le : percen- tage of bees in each class.

%'

50.

40.

30.

20.

10. I I 85 95 105 115 125 135 mg

J ' a i dtudid le t aux de mor t a l i l d fi l ' i n t d r i e u r de c h a q u e c lasse au bout de

onze jou r s chez les abe i l les isol6es. P o u r des r a i sons t e c h n i q u e s , , l e s e x p 6 r i e n c e s

n ' on t pu (~lre p o u r s u i v i e s p lus long temps . Les abei l les ne r e c e v a i e n t que du

c a n d i et pas de po l len .

TABLEAU I. - - E t ude de la mortali tY, des isol~es en fonction du poids (abeilles sans pollen).

L i m i t e s N o m b r e d ' abe i l l e s T a u x de m o r t a l i t 6 des c lasses dan's ehaque e lasse au b o u t de 11 j o u r s

86- 95 mg . . . . . . . . . . . 12 96-105 mg . . . . . . . . . . . 57

I06-115 mg . . . . . . . . . . . 114 116-125 mg . . . . . . . . . . . 45 126-135 nag . . . . . . . . . . . 12

50 % 47 % 44 % 33 % 25 %

INSECTES SOCIAUX, 1978, T. 25, N ~ 1. 4

50 G E R A R D A R N O L D

I1 y a une corr61ation entre le poids des abeilles et la mortalit6. Celle-ci est d 'au tant plus 61ev6e que les abeilles sont plus 16gbres. Les r6sultats sont signi- ficatifs h moins de 1 % avec le Test du coefficient << r >> de Bravais-Pearson (r = 0,966 pour 3 degr6s de libert6). Cependant , la corr61ation n 'es t pas absolue puisque le quar t des abeilles les plus lourdes sont mortes tandis que la moit i6 des plus 16gbres sont encore vivantes. Le f a r qu ' i l n ' y air aucune classe d 'abei l les pr6sentant 0 % de mortali t6 ni aucune classe d'abeilles pr6sentant 100 % de mortali t6 est peut&tre s implement dfi au fait qu ' i l n 'y avait pas d 'abeil les assez lourdes ni d 'abeil les assez 16gbres pour donner un tel r6sultat.

Chez les abeilles group6es, la mortali t6 au bout de onze jours est tr~s r6duite, et ne d6passe par 2,5 % des individus . Selon moi, les abeilles les plus 16gbres ont ic i surv6cu grace h l'effet protecteur de leurs cong6nbres.

Une 6tude d6tailJ6e de l '6volution du poids en fonct ion de l ' i so lement ou du groupement est actuel lement en cours. Elle permet t ra de pr6ciser ces premiers r6sultats.

CONCLUSION

Les r6sultats obtenus au cours de ce travail nous ont permis de mettrc en 6vidence une or igine a l imenta i re de l'effet de g roupe .chez l 'abeille, au moins pendan t les premiers jours de l 'exp6rience.

a) F l u c t t t a t i o n s de r ~ l e v a g e larvu ire . - - Les poids tr~s diff6rents des abeilles h la naissance font supposer des fluctuations dans l ' a l imenta t ion la rva i re el p robab lement une moins grande vitalit6 pour les abeilles 16g~res. Si ces abeilles sont group6es, il peut y avoir un effet de compensat ion par t rophal laxie entre les individus . En effet, elles meuren t tr~s peu, quel que soit leur poids. Cette hypoth~se est la seule qui puisse rendre compte de l 'existence des wwiat ions annuel les de l'effet de groupe.

b) A b s e n c e des ~ c h a n g e s t r o p h a l l a c t i q u e s . - - Les 6cbanges t rophal lac t iques sont trbs n o m b r e u x pendan t les c inq premiers jours de la vie des abeilles (PERSHAD et DOUAULT, d6j'h cit6s). Leur absence se fait durement ressent i r fi certaines p6riodes, quand les condi t ions sont d6favorables. Si 1'on isole les abeilles apr~s un groupement pr6alable de six jours, elles ne mour ron t pus tout de suite. Cet apport a l imentaire ini t ia l p rovenan t des cong6n~res ne suffit cependant pas h emp6cher la mortali t6 par la suite. Cela signifie que d 'autres causes que les fluctuations de l'61evage larvaire sont h rechercher pour expl iquer la mortali t6 aprbs la premibre semaine d 'exp6rience.

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E F F E T D E G R O U P E C H E Z L ' A B E I L L E 51

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