liberté 62 n°869

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C M J N 128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 - N°869 DU VENDREDI 10 AU JEUDI 16 JUILLET 2009 HUIS CLOS JUDICIAIRE SUR L’AVENIR DE BOSAL ANNEZIN HÉNIN-BEAUMONT S’EST RESSAISI AU SECOND TOUR UN SURSAUT SALUTAIRE DES ÉLECTEURS FACE AU FRONT NATIONAL DANIEL DUQUENNE (DIVERS GAUCHE) SUCCÈDE À L’ANCIEN MAIRE SOCIALISTE POURSUIVI PAR LA JUSTICE page 1:page 1 9/07/09 10:34 Page 1

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128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 € - N°869 DU VENDREDI 10 AU JEUDI 16 JUILLET 2009

HUIS CLOSJUDICIAIRE

SUR L’AVENIRDE BOSALANNEZIN

HÉNIN-BEAUMONT S’EST RESSAISIAU SECOND TOUR

UN SURSAUT SALUTAIRE DES ÉLECTEURSFACE AU FRONT NATIONAL

DANIEL DUQUENNE (DIVERS GAUCHE) SUCCÈDEÀ L’ANCIEN MAIRE SOCIALISTE

POURSUIVI PAR LA JUSTICE

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Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009- 2 -

Tribune libreL’AGONIE DE L’ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE À L’EPOQUE LIBÉRALE

UN ASSASSINAT INVISIBLE ET SANS VIOLENCEPar Guillaune Pigeard de Gurbert, professeur de philosophie en terminale et en première supérieure au lycée deBelleveu à Fort-de-France (*)I. La stratégie du laissez-faireLa stratégie propre à la gouver-nementalité néolibérale consisteà obtenir dʼune population lecomportement désiré, non pas enlui interdisant de faire, mais en luifaisant faire, tout en maintenant,au niveau de la propagande, lʼan-cienne idéologie libérale du lais-sez-faire. Tel est bien le ressortde la réforme actuelle qui semblese préparer concernant la placede la philosophie au lycée. Cʼestdéjà le même mécanisme quipermet à un élève de premièrede passer en terminale contrelʼavis du conseil de classe etsans avoir à passer devant unecommission dʼappel : dʼun côté,suppression manifeste de lʼinter-diction de passer en terminale etdémantèlement subreptice dudroit de redoubler (dont le gainpédagogique est considérablemais le coût économique impor-tant) et, de lʼautre, création dʼunenouvelle liberté qui se présentecomme un laissez-faire, en lʼoc-currence comme un laissez-pas-ser. Dans la réalité, ce sont despopulations entières que lʼadmi-nistration scolaire fait passer enterminale dans lʼintention degérer les flux dʼélèves de façon àéviter tout encombrement oné-reux en classe de première. Auniveau individuel de lʼélève et desa famille, cette possibilité estvécue comme une nouvelle liber-té de faire alors que dans les faitselle fonctionne comme un dispo-sitif très efficace de gestion à bascoût des flux dʼélèves : par ici lasortie ! Du reste, les seuls etrares élèves de première àaccepter encore le redoublementprononcé par le conseil de classeviennent de milieux favorisés etau fait du système scolaire,conscients de lʼutilité pédago-gique et de la légitimité du droitde redoubler. Le cursus scolairede tous les autres élèves estgéré de façon exclusivementadministrative selon un impératiféconomique et non plus pédago-gique. De même, la réforme encours des lycées revendiquehaut et fort une nouvelle libertépour les élèves, celle de choisirde suivre ou non un enseigne-ment philosophique lourd, en fai-sant dʼune partie de celui-ci uneoption, alors quʼon cherche decette façon à faire renoncer lesélèves littéraires à la philosophie,avec ici aussi quelques écono-mies à la clé. Sans parler deséconomies substantielles quepermettrait le passage à unmodule de trois heures pour lesélèves qui en ont actuellementquatre ou huit, économies qui neseraient aucunement compro-mises par lʼéventuel passage desséries technologiques de deux àtrois heures, du fait du dédouble-ment ordinairement de rigueurdans ces séries. Cette stratégiedu faire-faire sʼinscrit directementet explicitement dans la logiquenéolibérale de la lettre-program-me adressée par NicolasSarkozy «aux éducateurs» à larentrée 2007, qui entend réconci-lier lʼécole avec «le monde delʼentreprise» (p. 21) enlʼadaptant «aux attentes de la

société» (p. 24) et en la soumet-tant à un «objectif économique»(p. 30). Il sʼagit bel et bien de dis-soudre lʼexigence scolaire danslʼimpératif économique. Telle estdésormais la mission de lʼadmi-nistration des populations sco-laires : veiller à ce que «lʼécono-mie dispose dʼune main-dʼoeuvrebien formée» (p. 30). Dans cesconditions, laisser la liberté dechoisir lʼoption philosophie oupas permet effectivement de fairefaire le choix conforme auxattentes de lʼéconomie sans avoirbesoin dʼinterdire de faire de laphilosophie autant quʼà lʼheureactuelle. Ce droit à la liberté dechoisir sʼimpose comme une évi-dence imparable, pétrie de bonsens : on ne va tout de mêmepas forcer les jeunes à faire de laphilosophie, qui, soit dit entrenous, ne sert pas à grand-chose.Déjà que la Princesse de Clèves,

cʼest prise de tête, forcer lesjeunes à se farcir du Kant, cʼestcarrément nʼimporte quoi.Rien dʼétonnant dans ces condi-tions à ce que la formation conti-nue des professeurs eux-mêmessoit visée et revue à la baisse :non seulement il y a là encoredes économies à faire, mais lareprésentation du savoir ou de lapensée comme une marchandisequi se possède rend aveugle auprocessus continu dʼapprofondis-sement, voire de mutation de lapensée. Tout professeurs quenous soyons, nous faisons lʼex-périence quotidienne de lanécessaire poursuite de notreformation, et notamment dans letravail en commun comme lieuprivilégié du partage réciproquede nos lumières et de nos doutesrespectifs : «Penserions-nousbeaucoup, et penserions-nousbien, si nous ne pensions paspour ainsi dire en commun avecdʼautres, qui nous font part deleurs pensées et auxquels nouscommuniquons les nôtres ?»(Kant). La formation continue desprofesseurs nʼest rien de moinsque cet espace public où necesse de se faire et de se refairelʼenseignement philosophique.En dʼautres termes, cʼest legarant de sa vitalité. En dimi-nuant la formation continue, cʼestbien à la vie de lʼenseignementphilosophique que lʼon attente.II. Les paralogismes de la rai-son néolibéraleDeux dangers immédiats mena-cent la philosophie au lycée. Il ya dʼune part cet assassinat invi-sible et sans violence de lʼensei-gnement philosophique par laréduction du volume horaire descours et de la formation. Terminé,les huit heures en série littéraire :qui serait assez fou pour choisirun tel horaire avec un coefficienten conséquence à lʼexamen pourune matière dont la rentabilité

économique échappe ? Si lesélèves nʼen veulent pas davanta-ge, on ne va quand même pasles gaver de force ! On doit res-pecter la volonté des élèves.Mais, au-delà du cas symboliquede la série littéraire, le passage àtrois heures de base pour tousles modules opérerait de fait unediminution globale de lʼenseigne-ment philosophique, tout enayant lʼair de lʼétendre.À ce compte-là dʼailleurs, pour-quoi ne pas laisser les élèves degrande section de maternellechoisir sʼils veulent apprendre àlire et à écrire en CP ou passeren garderie équipée de jeuxvidéo formidables ? Il serait pour-tant intéressant de demanderaux élèves de terminale L à la finde lʼannée, une fois le baccalau-réat passé, sʼils choisiraient defaire autant de philosophie sicʼétait à refaire, maintenant quʼils

sont à même dʼen juger. Il y adʼautre part une dénaturationannoncée du peu de philosophiequi va rester. À la passion desproblèmes on va substituer uncontrôle des savoirs. On voudraitse débarrasser de ce quʼil y adʼobscur dans lʼexistence, de cequi fait que vivre et agir sont dessauts continus dans lʼincertain, etque penser, dans ces conditions,cʼest improviser. Vouloir éliminerla nécessaire dimension dʼimpro-visation de lʼépreuve de philoso-phie du baccalauréat, cʼest vou-loir supprimer la philosophie ennʼen gardant que le nom. Oncherche aveuglément à sécuriserles parcours. Sécurité ! Sécurité !Même pour Wittgenstein, quʼonne saurait certes taxer dʼobscu-rantisme, «dans tout problème unpeu sérieux lʼinsécurité descendjusquʼaux racines.» Ici la propa-

gande mobilisée est celle de lʼob-jectivité du contenu évalué contrela subjectivité du «penseur»privé. Quant au contenu, on com-mence par poser séparément lesconsonnes (les notions) et lesvoyelles (les textes) et on serécrie : comment, on veut exigerdʼenfants de six ans quʼils lisentdes mots ? Avez-vous idée de ceque cʼest quʼun mot ? Si déjà ilsconnaissaient par coeur lesconsonnes et les voyelles, ceserait déjà bien pour eux.Eh bien, cʼest à ce pur B.A.déchargé de la corvée du «BA»quʼon veut réduire lʼenseigne-ment philosophique en posantdans une extériorité réciproqueaussi abstraite quʼinopérantetexte et concept, problème etargument, toutes choses qui nʼensont en réalité quʼune et que leprogramme appelle tout simple-ment «notions». Impossible eneffet de lire un texte sans définirses concepts, impossible deconcevoir un argument sans sai-sir le problème quʼil pose. Maison nous dit : Ah ! pour vous çasemble peut-être simple, maisles élèves, y avez-vous pensé ?À croire que nous ne passonspas notre temps dans nosclasses et quʼon prétend, depuislʼobservatoire de la rue deGrenelle, nous apprendre àconnaître nos propres élèves !Sʼil y a quelque chose de carté-sien dans notre enseignementphilosophique, cʼest bien cetteidée que Polyandre (à la lettre«Monsieur Tout-le-Monde») estplus à même de faire de la philo-sophie quʼEpistémon («MonsieurJe-Sais-Tout»). La virginité delʼun a valeur de disponibilitécependant que lʼérudition delʼautre fonctionne comme un obs-tacle. Mais cʼest tout autant ladimension kantienne de lʼensei-gnement philosophique qui ne sepropose aucunement de former,pour reprendre le bon mot deKant, ces «géants de lʼérudition,qui en sont aussi les cyclopes,car il leur manque un oeil : celuide la vraie philosophie qui per-

met à la raison dʼutiliser opportu-nément cette masse de savoirhistorique qui pourrait chargercent chameaux».Ce qui a bel et bien commencé etqui produit dʼores et déjà seseffets désastreux, cʼest la diminu-tion drastique des postes auxconcours de recrutement de pro-fesseurs. Quel meilleur moyen deréduire la place de la philosophieau lycée et dans les universitésque dʼen tarir la source même ?Plus largement et au-delà delʼenseignement philosophique,cʼest le sens de lʼécole qui est lacible du néolibéralisme actuel,puisquʼen fait, cʼest une bonnepartie du cursus - tout ce quinʼentrerait pas dans le minimaltronc commun - qui relève decette «liberté» de choisir : fairececi ou cela pendant un temps,changer, picorer. Pour mesurerlʼécart entre ce démantèlementde la culture dans le cadre éco-nomique et idéologique actuel etle rôle de la culture dans le libé-ralisme, on peut par exemple lirece texte de De Gaulle de 1934cité par Philonenko dans sesEssais sur la philosophie de laguerre : «La véritable école ducommandement est donc la cul-ture générale. Par elle la penséeest mise à même de sʼexerceravec ordre, de discerner dans leschoses lʼessentiel de lʼaccessoi-re, dʼapercevoir les prolonge-ments et les interférences, brefde sʼélever à ce degré où lesensembles apparaissent sanspréjudice des nuances. Pas unillustre capitaine qui nʼeût le goûtet le sentiment du patrimoine delʼesprit humain. Au fond des vic-toires dʼAlexandre, on retrouvetoujours Aristote.»(*) Docteur en philosophie delʼuniversité de Paris-I, auteur de7 Leçons philosophiques pourpréparer le baccalauréat (Édi-tions Ellipses, 2008), le Mouchoirde Desdémone (Éditions ActesSud, 2001), Si la philosophiemʼétait contée (Éditions Librio,2000).

“Le passage à trois heures de base pour tousles modules opérerait de fait une diminutionglobale de lʼenseignement philosophique,tout en ayant lʼair de lʼétendre”

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EVÈNEMENT

Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009

HUIS CLOS JUDICIAIRE SUR L'AVENIR DE BOSAL ANNEZINHUIS CLOS, telle fut la formule adoptée mardi 7 juillet pour la dernière audience du Tribunalde commerce d'Arras visant à statuer sur l'avenir de l'entreprise Bosal d'Annezin près deBéthune.

EELLELLE était sensée mettre unterme à une longue procédu-re qui a débutée en début

d'année avec la décision prise parKarel Bos, PDG du groupe BosalInternational, de déclarer l'usined'Annezin en cessation de paie-ment. Le personnel de l'usine esten grève totale depuis le 15 juin.L'usine bloquée et occupée.Certains étaient venus en famil-le pour assister aux débats

Certains étaient venus en famillepour assister aux débats.Personne, pas même la presse,hormis le représentant du person-nel de l'entreprise, n'aura pu lefaire. La colère rentrée, malgrè lecaractère dramatique de l'enjeu,consignes de retenue avaient étédonnées. Finalement, la réponsedu tribunal a été reportée au ven-dredi 9 juillet. Interdite d'entrer ensalle d'audience, après avoir atten-du calmement plus d'une heure etdemi dans la cour d'un Palais dejustice cerné par les forces de poli-ce, la cinquantaine de salariés deBosal qui s'étaient déplacés sur leslieux en délégation a rejoint le cor-tège automobile qui devait lesramener à Annezin avec une seulecertitude, celle d'au moins 298suppressions d'emploi sur les 435que comptait l'équipementier auto-mobile spécialisé dans la produc-tion de pots d'échapement. A lasortie du tribunal, le représentantdu personnel de Bosal n'a faitaucune déclaration. Attitude sur-prenante motivée selon certainssalariés présents par une fermerecommandation de discrétionimposée aux manifestants par lesadministrateurs. C'est seulementplus tard, dans l'usine, qu'uncompte rendu a pu être fait à lapresse ainsi qu'aux salariés ras-semblés des débats et des déci-sions prises.

Disqualification de l'offrede reprise par Cintrax

La nouvelle était tombée lundi aucours d'un Comité d'Entrepriseextraordinaire. L'offre de reprisepar Cintrax, reprise portant à la foissur une partie de l'activité indus-trielle et de l'activité de distributionde l'entreprise était retirée du faitdu refus par la direction de luiaccorder l'utilisation des licencesBosal. L'offre de reprise de Cintraxétait susceptible de préserver 141emplois sur le site. Restaient deuxdécisions possibles, la liquidation

judiciaire pure et simple ou la repri-se de l'activité commerciale parDaniel Cassier, directeur marke-ting de Bosal France, avec unetrentaine de salariés sur place etune cinquantaine d'autres pour tra-vailler sur divers sites un peu par-tout en France. Dans les deux casde figure, la fin de la production depots d'échappement et la perte deleur emploi pour une très grandemajorité des salariés de BosalAnnezin.

Une «magouille»«L'offre Cintrax n'a pas été rete-nue. Aujourd'hui, nous dénonçonsla magouille qui a eu lieu entreDaniel Cassier et Karel Bos a sou-ligné Fabrice Caron, représentantdu personnel pendant l'audienceet secrétaire UNSA – majoritaire -du CE, au cours de son interven-tion devant les médias. La direc-tion a fait en sorte de ne pas étayerle dossier de Cintrax. Sans que leslicences Bosal lui soient accor-dées, Cintrax n'a pas pu finaliserson dossier et, de fait, n'a pas étésuivie par les financiers. A l'heureactuelle, c'est donc l'offre deDaniel Cassier qui a le plus dechance d'être retenue. Aujourd'hui,ils ont ramené des attestations endisant qu'ils voulaient garder leservice de distribution de Bosalétant donné la satisfaction desclients par rapport aux livraisons. Ilfaut savoir que ces attestations, ilsles ont eu en les engraissant avecdes chèques et tout cela pour faireconnaître la marque Bosal en pleinredressement judiciaire. Une attitu-de inaceptable. Par un prête-nomqui s'appelle Daniel Cassier, notreancien patron peut donc sortir parla grande porte et rentrer par lapetite.»

Renault et PSAen flagrant délit de mauvaise foiDans la mise «hors jeu» de l'offrede Cintrax, les syndicalistes de laCGT voient une manoeuvre coor-donnée des constructeurs et don-neurs d'ordre Renault et Peugeotainsi que de la direction de l'équi-pementier Bosal. «Une déclarationdes avocats de Renault et PSApendant l'audience, déclarationselon laquelle il leur aurait falluplus de temps pour participer àune table ronde afin de trouver unesolution industrielle, a été rappor-tée au cours de l'assemblée dessalariés et nous a tous fait bondirexplique, mardi soir devant l'usine,

Arnaud Buret, délégué de la CGTchez Bosal. Il y a maintenant unesemaine, une réunion s'est dérou-lée entre pouvoir publics et poli-tiques, à Lille, avec des représen-tants d'Artois Com [la communau-té d'agglomération de Béthune etBruay qui s'était engagée à rache-ter les bâtiments de l'entrepriseafin de soutenir une offre de repri-se industrielle ndlr], l'Etat et de laRégion. Invités à cette réunion,Renault et Peugeot n'ont pas dai-gné se déplacer. Nous, dans lasituation où nous étions placés,nous avions une préférence pourl'offre de Cintrax, une offre quiavait l'avantage d'être un projetindustriel porteur d'un projet dediversification qui aurait permis desauvegarder 141 emploi et peut-être même, à terme, d'en créer et,en tout cas, de sauvegarder surplace du savoir faire.»Une manoeuvre coordonnée

«La mise hors jeu d'un projetindustriel chez Bosal est le fait deRenault et Peugeot» souligne avecinsistance Jacques Delelis del'Union locale CGT de Béthune.«Alors que, précise-t-il, Renault etPeugeot, selon les déclarations deSarkozy, sont sensés recevoir desfonds publics pour préserver letissu industriel. Comme ces fondsne sont pas pas attribués sousconditions, en fait, ces fonds sontutilisés pour organiser des trans-fert d'activités vers des pays «lowcost». Le cas de Bosal est exem-plaire de ce point de vue et lessalariés de Bosal en sont tout à faitconscients. A Annezin, cela faitdes années qu'il n'y a plus d'inves-tissement.»Actuellement, à 150 kilomètres deMoscou, Bosal International inves-tit et étend ses capacités de pro-duction sur un site dont l'extensionlaisse loin derrière elle celle du sited'Annezin. Mardi, à grand renfortde force de police – BAC, CRS,RG...- pour veiller à ce qu'ils res-tent «calmes», les salariés deBosal Annezin étaient considéréscomme coupables de perdre leuremploi et de manquer d'enthou-siasme pour saluer la «joint ventu-re» de Bosal International, Renaultet PSA vers l'est européen. Aumatin du jeudi 8 juillet, des négo-ciations sur le protocole d'accordde fin de conflit étaient en cours.

Jérôme Skalski

“Jʼai l̓ honneur dʼattirer votre atten-tion sur la situation de lʼentrepriseBosal située à Annezin les Béthunequi est sur le point de fermer enlaissant 386 salariés et leursfamilles sur le carreau.Comme vous le savez je suis inter-venu à plusieurs reprises au Sénatsur la situation de la filière automo-bile et sur le plan automobile déci-dé par le gouvernement pour sou-tenir les constructeurs et les équi-pementiers. Vendredi dernier j̓ inter-pellais le préfet de région sur cesmêmes questions en insistant parti-culièrement sur la situation dʼaban-don que subissait lʼensemble de lafilière automobile du Nord Pas deCalais.Le cas de l̓ entreprise Bosal estcependant exemplaire et illustreconcrètement la stratégie réelle desgrands constructeurs de l̓ automo-bile qui ont empoché des milliardsdʼeuros officiellement attribués poursoutenir le secteur dans sonensemble, équipementiers etsous-traitants compris.Le conflit dure depuis plusieurssemaines et l̓ objectif de sortie decrise passait par lʼorganisationdʼune table ronde entre les diffé-rents partenaires impliqués dans cedossier (direction de l̓ entrepri-se, donneurs dʼordres, élus,Pouvoirs publics, syndicats).Une réunion était effectivementprogrammée et je souligne que lessyndicats avaient décidé, selon

mes informations, de ne pas y par-ticiper afin de «faciliter la venue desconstructeurs ». Ils montraientainsi, à lʼévidence, leur volontédʼaboutir à une issue positive decette crise.Les constructeurs nʼont pas daignéparticiper à cette réunion, à laquel-le ils étaient invités. Ils affichaientainsi leur mépris à l̓ égard des diffé-rentes instances présentes à cetteréunion, pouvoirs publics compris.Renault S.A a bénéficié dʼaidesfinancières publiques considé-rables. l̓ État, bien que minoritaireest toujours actionnaire de ce grou-pe, je vous demande donc de bienvouloir user de votre influence afin :- dʼorganiser, de manière coercitivesi il le faut, une ultime table rondeavec lʼensemble des acteursconcernés-dʼuser du pouvoir qui est le vôtrepour que la direction de Renaultjoue pleinement son rôle de don-neur dʼordres en confirmant parexemple ses contrats avec sonéquipementier régional.-Dʼengager toutes les actions sus-ceptibles de favoriser un véritableplan de reprise de l̓ entreprise enexigeant que les deux groupes àl̓ origine de cet état de fait assumentleur responsabilitéIl y a donc urgence dʼagir et dʼinter-venir pour assurer la pérennité dece site qui je le rappelle reste com-pétitif sur le plan technique etindustriel.”

« LES FONDS PUBLICS DOIVENTSERVIR À L’EMPLOI INDUSTRIEL »,

ESTIME JEAN-CLAUDE DANGLOT,SÉNATEUR COMMUNISTE DU PAS-DE-CALAIS

DANS UN COURRIER AU PRÉFET

ETRE PLUS PROCHE DES POPULATIONS

LLAA joie qui sʼest expriméedimanche à HENIN BEAU-MONT à l̓ annonce de la victoi-

re du Front Républicain est dʼabordcelle du soulagement. Le pire a étéévité de justesse. Il faut maintenantouvrir au plus vite une nouvelle pagede l̓ histoire dʼHENIN – BEAUMONT,pas la plus facile : rétablir lesfinances, la transparence, l̓ honnête-té politique. La nouvelle équipe muni-cipale qui avait refusé la fusion deslistes de gauche aura néanmoinsbesoin pour réussir dʼobtenir l̓ adhé-sion la plus large possible des héni-noises et des héninois dès les pre-mières mesures qui devront être

prises. Le peuple de gauche,déboussolé par l̓ attitude suicidairedu Parti Socialiste et la division de lagauche face à un Front Nationalenraciné dans la population, attendaussi une nécessaire reconstructiondes forces progressistes dans la ville.Cʼest ce à quoi doit sʼatteler aussi leParti Communiste. Face à l̓ arrogan-ce de la droite au pouvoir, face auxdégâts économiques, sociaux, socié-taux engendrés par la crise, les com-munistes doivent être toujours plusproches de la population qui souffre.Pour combattre la résignation, pourtransformer la colère en exigence detransformation progressiste de la

société. Pour conquérir de vraiesmesures de relance du pouvoirdʼachat populaire et de l̓ emploi.Alors que cette crise nʼen finit pas(600 000 destructions dʼemploisattendues d i̓ci la fin de l̓ année), quela baisse de la consommation popu-laire (–1.6% en un an) et du recoursau crédit des particuliers (-21.1% enun an) ne permettent pas dʼenvisagersérieusement une embellie mêmepour 2010, prenons la mesure desdifficultés rencontrées au quotidienbien au-delà des populations les plusdémunies. Combien de retraités, desalariés, de jeunes intérimaires vien-nent à nos permanences pour nous

démontrer, factures à l̓ appui, queleur reste à vivre ne suffit pas à payertoutes les charges notammentdʼénergie (+50% en 4 ans sur les fac-tures de gaz). Ce nʼest donc pas leRSA, bien au contraire, qui permettradʼéchapper à cette précarité commelʼont réaffirmé très clairement lesconseillers généraux communistes.Mais dʼautres choix politiques : inter-diction des licenciements boursiers,augmentation du SMIC à 1600€uros et des salaires, suppressiondu bouclier fiscal et limitation de l̓ im-pôt des ménages à un pourcentageacceptable de leurs revenus …Lesélus communistes dans leur commu-

ne, au Département, à la Région sontdirectement confrontés auxdemandes de la population. Il nousfaut répondre par des solutionsimmédiates sans toutefois tomberdans l̓ assistanat. Comment rendreces populations actrices pour faireavancer aussi l̓ exigence de change-ments politiques ? A période nouvel-le, réflexions et propositions nou-velles. Pour discuter notamment enAssemblée Générale et collective-ment de ce sujet, les élus commu-nistes et républicains se réunirontdès le mois de Septembre.

Dominique WATRIN

Edito

Au sortir du Palais de justice d'Arras, la cinquantaine de salariés de l'usine Bosal venus pour assis-ter à l'audience du Tribunal de commerce devant statuer sur l'avenir de leur entreprise ont rejointle cortège automobile qui les avait conduit d'Annezin à la préfecture du Pas-de-Calais avec un sen-timent de désarroi ou de colère rentrée

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Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009- 4 -

DépartementHÉNIN-BEAUMONT

UN SURSAUT SALUTAIREDES ÉLECTEURS

FACE AU FRONT NATIONALDaniel Duquesne (divers gauche) succède à l'ancienmaire socialiste poursuivi par la justice

IIMMENSEMMENSE soulagement dimanchesoir à la lecture des résultats. LeFront National n' a réussi le pari de

prendre la mairie d' Hénin-Beaumont.Le candidat divers gauche DanielDuquenne a remporté le second tourde l'élection municipale partielled'Hénin-Beaumont avec 52,38% desvoix face au candidat du FrontNational, Steeve Briois (47,62%),dont le camp a décidé de contesterles résultats. La participation à cesecond tour s'est élevée à 62,38%, unchiffre supérieur à celui du 1er tour(60,15%)"Nous avons su redonner àHénin les couleurs de la République.Dans la salle des fêtes d'Hénin-Beaumont où des centaines de per-sonnes s'étaient rassemblées poursuivre les résultats sur grand écran,les partisans de Daniel Duquenne,venus en nombre, ont salué bruyam-ment l'annonce des résultats.Demaincommence aujourd'hui, nous avonssurmonté nos divergences, nos ran-coeurs, nos rancunes", a indiquéDaniel Duquenne dans la salle desfêtes, lors de son premier discours.Des propos qui n'ont pas plu à tout lemonde et une bombe lacrymogènelancée sur Daniel Duquenne estvenue exprimer lʼintolérance et lahaine véhiculés par une poignée d'in-dividus. Au Front national la défaiteest dure à avaler et Steeve Briois,épaulé par sa colistière Marine LePen, a décidé de contester dès lundices résultats devant le tribunal admi-nistratif."Nous allons d'abord contes-ter les résultats qui nous apparaissentcomme ceux du mensonge et duchantage. Quand on fait un chantageaux subventions, on se place endehors de la loi et de la légitimité dudiscours politique", a estimé MarineLe Pen. Le FN a précisé que leuradversaire avait laissé prévoir unesuppression de toutes les subven-tions si la liste de Steeve Brioisgagnait.

Une victoire sans gloireselon la presse

"Avertissement" ou "carton jaune": sile FN a échoué à ravir la mairied'Hénin-Beaumont à la gauche, lapresse française rappelle qu'il n'a pasdit son dernier mot, et analyse saprestation (47,6% des voix) commeun désaveu pour les partis de gouver-nement, PS en premier."Il serait une erreur", souligne FabriceRousselot dans Libération, "de ne pasvoir dans le bon score du FN commeun avertissement". Alors que se profi-lent les régionales de 2010, il avertitcontre un appareil frontiste capable de"séduire les classes populaires dansle contexte actuel de crise écono-mique et sociale" et de "prospérer surle terrain d'une gauche absente".Dans Le Figaro, Paul-Henri duLimbert veut surtout retenir que "les

thèses lepénistes ont une majoritécontre elles", mais note également"l'erreur" qui consisterait à penserqu'"on en a fini définitivement avec" leFN.La presse régionale relève aussi laténacité de la formation d'extrêmedroite, et se montre peu tendre avecle Parti socialiste - auquel appartenaitle maire sortant Gérard Dalongeville,mis en examen pour corruption - etson actuelle première secrétaire."Le PS ne sort pas grandi de cettepartielle provoquée, rappelons-le, parla révocation et l'incarcération de sonmaire", écrit Patrick Fluckiger dansL'Alsace. Au-delà de cette répriman-de, "les politiciens des deux bords onteu droit à un carton jaune", car "le FNa été enterré trop vite"."Le cadavre du FN bouge encore",confirme Dominique Garaud dans LaCharente Libre, pour qui "Marine LePen n'a certainement pas dit son der-nier mot pour le transformer en unparti plus présentable, à l'image desformations italiennes extrémistesdevenues indispensables aux der-nières coalitions gouvernementalesde droite".Pour Patrice Chabanet du Journal dela Haute-Marne, le Front républicainqui a fait barrage au FN "n'a pas dequoi pavoiser, surtout du côté du PS"."Pas de gloire à tirer au PS de lacatastrophe d'Hénin-Beaumont, évi-tée de justesse", renchérit XavierPanon dans La Montagne, notant queMartine Aubry a été "tenue à l'écartdans son propre fief"."La première secrétaire du PS, elle,n'en sort pas grandie", estime égale-ment Jean-Michel Helvig dans LaRépublique des Pyrénées. Si le FNl'avait emporté, le PS n'aurait pu "s'enprendre à d'autres que lui-même",coupable d'avoir "perpétu(é) des pra-tiques clientélistes et bureaucratiquessources de pires dérives" dans le Pas-de-Calais, estime-t-il.Dans L'Union, Jean-Michel Françoisstigmatise également l'absence deMartineAubry et estime que le PS doit"crever l'abcès" avec "un accord surson candidat à la présidentielle".

Du pain sur la planche"Je serai le maire de tous lesHéninois", a proclamé DanielDuquenne à l'annonce des résultatsofficiels. La tâche sera rude dans cetteville où leaders politiques et habitantssont divisés. Pour relever Hénin-Beaumont, le nouveau maire comptesur une équipe qui mêle maturité etjeunesse. L'homme fait aussi valoirson expérience de gestionnairesérieux. Mais il devra contenir les 8élus du Front national qui représen-tent la seule opposition aux 27 élusdivers gauche.De même, outre le recours en justice

du Front national, Daniel Duquenneest concerné par un dépôt de plaintede la part de Pierre Ferrari pourcalomnies et injures.

DANIEL DUQUENNE,MARGINAL POLITIQUE ?

Adhérent du Parti socialiste pen-dant 25 ans, Daniel Duquenne,candidat DVG dont la liste a rem-porté dimanche l'élection munici-pale partielle d'Hénin-Beaumont,a quitté le PS en 2001 depuis qu'ils'est "ouvertement opposé" aumaire révoqué et écroué GérardDalongeville et cultive depuis samarginalité politique."Pour plus de clarté, il vaut mieuxque je reparte de manière autono-me", avait-t-il déclaré à quelquesjours du second tour pour justifierson refus d'une fusion des listesde gauche au lendemain de lapremière manche.Daniel Duquenne n'a eu de cessede clamer l'"indépendance" de saliste vis-à-vis des appareils poli-tiques qui ont néanmoins consti-tué autour de lui un front républi-cain depuis sa seconde place aupremier tour avec 20,2% des voix(contre 39,3% au FN).Avare de petites phrases, il affir-me que "le FN aime la politiquespectacle" pour expliquer sa déci-sion de ne pas débattre avecSteeve Briois avant le secondtour.Ce fonctionnaire territorial âgé de56 ans n'a en revanche été élu, entant que conseiller municipal d'op-position, qu'à partir de mai 2008."Je suis arrivé à la mairie commesténo-dactylo en 1973 et j'en suisparti en 2001 comme directeurgénéral des services", expliquefièrement Daniel Duquenne qui afait presque toute sa carrière auservice de la commune.Après l'élection de GérardDalongeville qui coïncide avecson départ de la mairie en 2001, ila exercé diverses fonctions auconseil régional, notammentcomme conseiller aux affairesfinancières.Engagé en politiquesous l'influence de son père,socialiste, qui lui "a inculqué lesvaleurs de gauche", il a gravi leséchelons dans la fonctionpublique territoriale par le biaisdes concours administratifs.Né à Hénin-Beaumont d'un pèremineur de fond, mort en janvier2009 de la silicose et d'une mèrefemme au foyer qui s'est occupéede ses trois enfants, DanielDuquenne est marié depuis 1993et père de deux enfants.

Résultats du second tour del'élection municipale partielle

d'Hénin-BeaumontInscrits: 19.333Votants:12.059 voix 62,38%Suffrages exprimés:11.558 voix 59,78%Daniel Duquenne (DVG):6.054 voix 52,38%Steeve Briois (FN):5.504voix 47,62%

APRÈS LE SECOND TOUR DES ÉLECTIONSMUNICIPALES D'HÉNIN-BEAUMONT,

PIERRE FERRARI RÉAGIT…

PP IE R R EI E R R E Ferrari, tête deliste "Un nouvel élan pourHénin-Beaumont” porte

plainte contre Daniel Duquesnedans le communiqué qui suit :Malgré la campagne mensongèreet diffamatoire menée à sonencontre au 1er tour, Pierre FER-RARI qui avait souhaité préservertoutes les chances de faire échecà lʼextrême droite, sʼétait abstenude toutes déclarations la semainedernière, aujourdʼhui il réagit avecforce en déposant plainte contreDaniel DUQUENNE pour calom-nies et injures.Les tracts et déclarations deDaniel DUQUENNE qui visaient àassocier Pierre FERRARI à lagestion de lʼancien maire GérardDalongeville, aujourdʼhui placé endétention, traduisent une malhon-nêteté intellectuelle de la part dece dernier dans la mesure oùPierre FERRARI sʼest opposépubliquement dès le départ auxmagouilles de Dalongeville ce quilui a valu dʼêtre démis sur lechamp de ses fonctions dʼAdjointet dʼincarner à lui seul lʼoppositionsocialiste au sein du ConseilMunicipal. Dʼailleurs, DanielDUQUENNE avait été lʼun despremiers à féliciter Pierre FERRA-RI pour son courage et sa déter-mination à combattre Dalongevilleet son système au cours de ces

dernières années. Ces attaquesde caniveaux avaient pour objectifde discréditer le candidat de laliste du rassemblement «Un nou-vel Elan pour Hénin-Beaumont».Le contenu de ses attaques estdirectement tiré de la campagnemenée par le Front National queDaniel DUQUENNE a repris motpour mot durant le premier tourdes élections municipalesdʼHénin-Beaumont. Ces pratiquesaugurent mal dʼun candidat ditrépublicain et qui a en définitiveété élu grâce à la loyauté, la droi-ture et lʼintégrité extrême de laliste du rassemblement.Avec la dangereuse montée du

Front national à Hénin Beaumont,il était plus que malvenu que cer-tains candidats ayant peu demémoire de leur passé commeDaniel DUQUENNE sʼattaquentaux Forces dʼUnion de la gaucheet du centre plutôt que de com-battre la menace extrémiste.

Grâce au désistement républi-cain, lʼessentiel a pu être sauve-gardé au terme de ce scrutin maislʼutilisation de telles méthodesdans une campagne électorale estillégale et particulièrement irres-ponsable dans une Ville qui abesoin de transparence, de clartéet dʼun véritable projet plutôt quede subir les rancœurs person-nelles.

“RAPPROCHEMENT DUQUENNE-ALEXANDRE :UNE INITIATIVE CONTRE-NATURE”,

ESTIME DAVID NOËLDavid NOËL, secrétaire de la sectiondʼHénin-Beaumont du PCF et colistierde Pierre FERRARI condamne avecvigueur le rapprochement en coursentre Jean-Marie Alexandre, respon-sable fédéral du MRC 62 et l̓AllianceRépublicaine.Jean-Marie Alexandre est personanon grata à Hénin-Beaumont. Par sonsoutien sans faille à GérardDalongeville depuis 2001 et jusquʼen2009, Jean-MarieAlexandre peut êtreconsidéré comme un des parrainspolitiques de Gérard Dalongeville.Il y a trois mois, il avait appelé publi-quement par voie de presse ses élusau conseil municipal dʼHénin-Beaumont à voter le retrait des titresdʼadjoint de Marie-Noëlle LIENE-MANN et de David NOËL qui avaientrefusé de cautionner le 30 mars der-nier un budget 2009 truqué et insincè-re. Par cette consigne de vote, Jean-Marie Alexandre a montré de quelcôté il était. Solidaire de GérardDalongeville dont il ne pouvait pasignorer la gestion douteuse, Jean-Marie Alexandre a, par ses déclara-tions, montré le peu de cas qu i̓l faisaitdu Parti Communiste et de sespropres militants locaux, dont Jean-Pierre POLICANTE, président ducomité local du MRC, qui avait coura-geusement appelé à nous soutenir.David NOËL et les communistesdʼHénin-Beaumont continueront detravailler avec les véritables chevène-mentistes dʼHénin-Beaumont, maisse refusent à toute collaboration avecune organisation dont le responsablefédéral sʼest déshonoré et a franchi laligne jaune. Malgré les pressions de lafédération PS du Pas-de-Calais, liéepar des accords aux régionales avecle MRC de M. Alexandre, DavidNOËL a refusé énergiquement, lorsdes négociations sur la compositiondes listes, la présence dʼun seul repré-sentant de Jean-Marie Alexandre surla liste de rassemblement constituéeautour de Pierre FERRARI.Faut-il y voir la raison de la haine que

Jean-Marie Alexandre vouait à uneliste de rassemblement qui sʼest faitesans l̓ aval des fédérations PS etMRC ?Toujours est-il que dʼautres nʼont paseu la même fermeté que nous et cʼestavec stupéfaction que nous avonspris connaissance, avant le premiertour de deux tracts du MRC fédéral etde son pseudo comité héninois désa-vouant notre liste de rassemblementet appelant à voter pour DanielDuquenne.La lune de miel entreJean-Marie Alexandre et ses nou-veaux amis héninois de lʼAllianceRépublicaine se poursuivait encoreau soir du deuxième tour et on appre-nait hier dans la presse que Jean-Marie Alexandre avait été le premierresponsable politique à se rendre aulocal de l̓Alliance Républicaine.Ce rapprochement contre-natureintervient alors que Daniel Duquenneet ses amis, reprenant les mêmesarguments que Steeve Briois, ontcherché pendant toute la campagne àprésenter Pierre FERRARI, Jean-Pierre POLICANTE et David NOËLcomme des « dalongevilliens », uneaccusation aussi grotesque qu i̓nju-rieuse. Très prolixes pour critiquer lefront républicain de 2008 et la straté-gie dʼentrisme adoptée par le PCFpour démasquer Gérard Dalongeville,assimilée sans vergogne à une com-plicité qui nʼexiste que dans leur esprit,les leaders de l̓Alliance Républicainese font discrets sur le soutien que leurapporte leur nouvel ami Jean-MarieAlexandre.Daniel Duquenne devra rapidementse montrer digne de la confiance des52 % dʼélecteurs héninois qui ont votépour lui au second tour et dont les 3/5avaient fait un autre choix au premiertour. Ses attaques répétées et mal-honnêtes contre Pierre FERRARI,Jean-Pierre POLICANTE et DavidNOËL tout comme son rapproche-ment récent avec Jean-MarieAlexandre nʼen montrent malheu-reusement pas le chemin.

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Calais

Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009

UN DÉPUTÉ EUROPÉEN POUR LE CALAISISInterdit quasiment de salle municipale pour la tenue de ses initiatives (trois réunions par an à 100 euros la réunion) parla municipalité U.M.P., le P.C.F. tenait à fêter lʼélection de Jacky Hénin et ses très bons scores à Calais et dans leCalaisis. Cʼest donc vendredi dernier quʼa eu lieu une sympathique réunion militante à Hames Boucres, à dix kilomètresde Calais, autour dʼun pot et de barbecues au camping la Belle Pêche.

NNOUSOUS avons publié, la semai-ne dernière, lʼintervention deClaude Vanzavelberg pour le

Groupe communiste et républicaindu Conseil régional. Suite auxdébats en séance plénière, lʼÉlucalaisien a rendu public une lettreadressé au Président du conseilrégional que nous reproduisons :« Monsieur le Président,Vous avez écouté lʼintervention quejʼai faite à lʼoccasion de la séanceplénière du 25 juin sur le projet

Calais Port 2015.Jʼy ai notamment indiqué que jedevais remettre à la Commissiondu Débat public pour le début aoûtune contribution écrite.Jʼai demandé en session un vraiaudit financier sur les C.C.I. deCalais et Boulogne sans avoir deréponse de votre part ou deMadame Marquaille à ce sujet.Je vous demande donc instam-ment dʼavoir communication delʼaudit lancé par ces C.C.I. pour lamise en place de la Sociétaire por-

tuaire unique et qui a été annoncépour début juillet par MonsieurLeroy et Madame Marquaille. Jesouhaite être en possession de cesdocuments pour la fin de juillet defaçon à intégrer ces données dansle Cahier dʼauteur que je doisremettre pour début aoûtà Monsieur Tenière-Buchot,Président de la Commission CalaisPort 2015.Par ailleurs, MonsieurPuissesseau, Président de laChambre de Commerce etdʼIndustrie de Calais, a indiqué quʼilallait réclamer en séance communeC.E.S.R. - Conseil régional, mer-credi 24 juin les deux millions dʼeu-ros pour la sureté portuaire à Calaisliés à lʼaccord Sarkozy-Blunket duTouquet (travaux réalisés pour lesanglais). Je vous suggère dʼen faireune demande officielle afin quecette intervention ne reste pas un« effet de tribune » de plus et vousdemande de me fournir copie decette demande afin que nous puis-sions en discuter lors du prochainConseil portuaire.Convaincu de votre réponse rapideà mes deux demandes, je vous priedʼagréer… »

AUDIT FINANCIER DEMANDÉ PAR LE GROUPECOMMUNISTE POUR LES CHAMBRES DE COMMERCE

ET DE L’INDUSTRIE DE BOULOGNE ET CALAISGRANDE BROCANTE

DU PARTI COMMUNISTEFRANÇAIS

Au Bois de CampagnePiscine Tournesol,

rue Greuze au Beau MaraisSamedi 15 août 2009

de 8 heures à 18 heuresEmplacement : 3 euros le mètre (minimum2 mètres par inscription)Inscriptions : tous les jeudis du mois de juillet

les mardi 4 et 11 aoûtles jeudi 6 et 13 aoûtde 18h30 à 19h30,

au siège de la section du PCF162 boulevard Lafayette à Calais

téléphone : 03-21-34-61-16Pièce dʼidentité obligatoirePaiement à lʼinscription

� Pour ceux qui douteraient encore des orientations U.M.P. de la nouvelle municipalité calaisienne, la Direction du collège privé Saint Pierre, rue du Four àChaux, à Calais, sʼest fendue dʼune lettre remise le 2 juin dernier, quelques jours avant les Européennes, à tous les élèves, qui dit :« Madame, Monsieur,Nous avons le plaisir de vous informer que la ville de Calais offre un kit de matériel scolaire à tous les élèves du collège Saint Pierre domiciliés à Calais.Soyez assurés, Madame, Monsieur de notre entier dévouement. »

� À noter sur les agendas, la date de la 6ème édition du Festival Blues à Calais (pas encore interdit par la municipalité !)… cʼest du 27 au 29 novembre 2009 aucentre culturel Gérard Philippe (03.21.46.90.47).

Près de 300 militants réunis dans la grande salle pour lʼintervention de Bertrand Péricaud etde Jacky Hénin en présence de nombreux responsables syndicaux et associatifs.

« Cʼest grâce à vous, ces excellents résultats à calais et dans le Calaisis. Lareconquête de calais est possible en nous rassemblant et en restant mobilisés »

Pot de lʼamitié et barbecue sous le soleil dans une ambiance très décontractée etboycottée par Nord Littoral, radio 6 et la TV locale… ��

EN BREF

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Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009 - 7 -

DépartementCONSEIL GENERAL DU PAS-DE-CALAIS

ENVOYER UN MESSAGE FORTA LA POPULATION DU PAS-DE-CALAIS

En votant les inscriptions supplémentaires, les éluscommunistes sʼinquiètent pour le budget 2010.

IILL y a quelques jours lesconseillers généraux du Pas-de-Calais ont voté le budget sup-

plémentaire qui accorde des com-pléments de crédits pour les voi-ries départementales et les col-lèges.Si les élus communistes considè-rent ces investissements commepositifs ils nʼen restent pas moinsinquiets pour lʼavenir.Cette inquiétude exprimée par lavoix de Dominique Watrin, prési-dent du groupe communiste sʼac-compagne dʼune réelle incertitude.“Incertitude face à l'avenir desDépartements. Incertitude encoreavec l'annonce confirmée par lePrésident de la République de lasuppression de la TaxeProfessionnelle. Quelles serontdemain les marges de manœuvredes collectivités territoriales ?Incertitude face à cette crise éco-nomique dont on ne voit pas la fin,la plus grave que notre pays aitconnue depuis 60 ans “ soulignelʼélu communiste.Pour lui la boussole doit être laprudence mais aussi la résistance.“Les chiffres du chômage, les600.000 destructions d'emploisannoncés d'ici la fin de l'année2009, la récession du PIB de 3.5%cette année ne traduisent que trèspartiellement les sacrifices quisont imposés aujourd'hui à unepartie toujours plus grande denotre population et pas seulementles plus démunis, les salariés, lesfamilles, les retraités, les jeunes” :sʼinquiète Dominique WatrinIl considère être face à un défilancé par le Président de laRépublique et sa majorité quiannoncent clairement la couleur :- Pas un centime d'euro de coupde pouce pour le SMIC. Le main-tien du pouvoir d'achat populairen'est pas la priorité du nouveaugouvernement.- Accélération de la casse des ser-vices publics; des dizaines et desdizaines de milliers de postes defonctionnaires supprimés en pre-mier lieu dans l'éducation nationa-le.- Report de l'âge légal de départ àla retraite.- Transfert d'une partie des impôtsdes entreprises vers les ménages.Pour lʼélu communiste, lePrésident de la République «sedrape même aujourd'hui de la cou-leur verte pour préparer les espritsavec la taxe carbone, à l'augmen-tation de la fiscalité sur les plusdémunis, les travailleurs, lesretraités». Au passage, il fait

constater la politique menée enfaveur des profits au détriment dessalaires.

Les collectivités localesne sont pas épargnées.

“Non seulement, le Président de laRépublique vient de confirmer laréduction de moitié des élus terri-toriaux semblant ainsi valider lespropositions de la CommissionBalladur prônant la quasi dispari-tion des Départements mais sur-tout, la voie est aussi tracée afind'instrumentaliser les collectivitésterritoriales chargées de ponction-ner les contribuables tout en reje-tant la colère sur les élus locaux “sʼindigne Dominique Watrin.Il estime que face à une telleoffensive, «il est urgent de ras-sembler la population sur un projetde transformation sociale qui sʼat-taque réellement aux injustices etsoit porteur de propositions clairespour faire face à la crise notam-ment lʼinterdiction des licencie-ments dans les entreprises quidistribuent des dividendes ou quidélocalisent, lʼaugmentation duSMIC à 1 600 euros, la reconquê-te des services publics, la créationdʼun pôle bancaire et financierpublic pour relancer lʼéconomiesur des bases saines et par lamise en à contribution de cesimmenses richesses financièresqui sont aujourdʼhui pour lʼessen-tiel gaspillées dans la spécula-tion».Même si 57 millions dʼeuros sontprovisionnés pour dépensesimprévues, Dominique Watrinrappelle la démarche du GroupeCommuniste lors de lʼélaborationdu Budget Primitif 2009 quidemandait que tout soit fait pourne pas ponctionner plus encoreles ménages.«Nous nʼavons été quʼen partieentendus en 2009. Mais aujour-dʼhui, nous avons la possibilitédʼadresser un message fort à lapopulation du Pas-de- Calais, auxménages, aux salariés qui souf-frent quotidiennement. Nous pou-vons les assurer que la majoritéde gauche au Conseil Général, lesélus communistes et socialistesrefuseront en 2010 de faire payeraux habitants les désengage-ments de lʼEtat des politiquespubliques, les attaques gouverne-mentales contre les ressourcesdes collectivités, les cadeaux aupatronat» : propose le présidentdu groupe communisteConsidérant que cʼest ce signal

fort quʼattendent aujourdʼhui leshabitants du Pas-de-Calais, parti-culièrement ceux qui souffrent etqui nʼen peuvent plus, le GroupeCommuniste est prêt à prendretoutes ses responsabilités et àfaire des propositions dès lʼautom-ne dans le cadre de cette mobili-sation politique.

Energie et sites historiquesLes conseillers généraux commu-nistes ont déposé une motiondemandant que soit appliquée unebaisse du tarif du gaz de 20%avec effet rétroactif au 1er janvier2009 comme cela a d'ailleurs étéaccordé aux entreprises.Bruno Troni a traduit ensuite lasatisfaction du groupe communis-te sʼagissant du rapport qui prenden compte les valeurs patrimo-niales historiques et naturelles denotre département et plus particu-lièrement aujourd'hui d'une partiede l'ex Bassin Minier pour valori-ser le triangle Vimy – Lorette –Louvre Lens.Cependant lʼélu communistedemande que l'on fasse appel àdes compétences historiques auxcôtés de celles déjà énoncéesdans le rapport (paysagistes, natu-ralistes, personnalités de la cultu-re, du tourisme etc.) : “En effet, leterme d'historiens n'apparaît nidans les modalités, ni dans lesinstances de suivi (comité tech-nique et comité de pilotage). Celame paraît important de le préciserclairement, de faire appel auxcompétences des historiens et detravailler les paysages avec leurregard aiguisé”.Bruno Troni suggère égalementque soit intégré dans le rapportd'étude le lien possible avec le sitemémoriel consacré à laCatastrophe de 1906 dite"Catastrophe de Courrières" qui atouché les fosses de Sallaumines,Billy Montigny et Méricourt et fait1099 morts.«Cette catastrophe est connueinternationalement et a marquédurablement l'histoire de l'industriecharbonnière. Je crois que celamérite que les efforts faits par laCALL, les communes et nousmêmes, le Conseil général pourrelayer cette mémoire soient inté-grés dans notre réflexion dans cecahier des charges.De même la reconquête du site

des anciennes cokeries deDrocourt qui prévoit la réalisationd'un vaste parc naturel urbain, leParc des Iles, devrait pouvoir êtreintégré à ce travail de valorisationet de connexion avec le triangleLorette Vimy Louvre Lens grâcenotamment aux liaisons doucesvoies SNCF etc. D'autant qu'ils'agit d'un exemple unique dereconquête environnemental d'unterritoire dʼune telle dimension etqu'un projet de Maison de déve-loppement durable soutenu par laCAHC et le Département estprévu sur ce site au lourd passéindustriel » : souligne lʼélu commu-niste.

J.M.H.

LE FOND DE SOLIDARITÉLOGEMENT CONNAÎT

DES FAIBLESSES

AAUU nom du groupe communis-te, René Hocq a soulevéquelques interrogations sur

lʼefficacité du FSL.Depuis leur création les FSL accor-dent des aides financières aux per-sonnes et aux familles fragilisées eten situation de précarité. Il permetde les accompagner dès les difficul-tés connues pour leur éviter les par-cours douloureux des impayés deloyers et de charges énergétiques,les menaces dʼexpulsion ou lʼoccu-pation en logement indigne.« Or, on constate aujourdʼhui et jʼenai encore eu lʼexemple tout récem-ment dans ma commune que la pro-cédure dʼalerte ne fonctionne plusaussi efficacement.Malheureusement, le Maire seretrouve confronté à des menacesdʼexpulsion ou à des coupures degaz ou dʼélectricité imminentes sansquʼil en ait été averti en amont parles fournisseurs dʼénergie. Le signa-lement des familles en difficultés depaiement nʼest plus effectué systé-matiquement » explique lʼélu com-muniste.Dans le contexte de la crise quitouche toujours plus durement lesfamilles, René Hocq propose« dʼengager rapidement une actionpour faire pression sur les fournis-seurs et producteurs dʼénergie afinque chacun joue son rôle de pré-vention. Les familles en difficultédoivent continuer à être rapidementsignalées et dirigées auprès desCCAS et du Département pour évi-ter les situations dramatiques decoupure de gaz ou dʼélectricité dansnos villes ».Il rappelle que le FSL est abondé engrande partie par les opérateurs his-toriques EDF et Gaz de France, ladotation globale du Départementatteignant un total de 760 000€. Enavril dernier, EDF a même annoncéquʼil augmentait sa participation de10% (de 20 à 22 millions d'euros auniveau national) pour renforcer sonengagement auprès des plusdémunis et accompagner les collec-tivités dans ses actions de préven-

tion et dʼaide à la maitrise de lʼéner-gie dans lʼhabitat.Une bonne nouvelle pour RenéHocq qui en profite pour soulignerquʼavec lʼouverture du marché delʼénergie à la concurrence vouluepar Bruxelles, de nouveaux opéra-teurs sont venus occuper ce terrainavec des méthodes de vente plusque douteuses, méthodes de gang-ster dénoncées et mises sur laplace publique par plusieurs de noscollègues Maires, notamment leMaire dʼHoudain Daniel DEWALLE.«Là encore, ne devons nous pasfaire pression pour inciter, obligerces nouveaux opérateurs commePOWEO, Direct Energie pour neciter quʼeux à abonder financière-ment le Fonds de SolidaritéLogement ?» : interroge lʼélu com-muniste.Il poursuit son propos avec la miseen œuvre de la loi Boutin dont unpremier arrêté publié au JO le 12juin dernier, entérine la baisse desplafonds dʼaccès au logementsocial. « Nous avions eu lʼoccasionde le dire, cette loi est une nouvellerégression de la politique du loge-ment du Gouvernement. En bais-sant le plafond des ressources, elleaccélère les phénomènes de ghet-toïsation des quartiers populaires,elle sʼattaque à la mixité sociale.Cette loi va également contribuer àexclure des milliers de Familles dulogement social sans quʼelles aientles moyens de se loger dans leprivé. Elle va imposer à nombre desalariés dans les prochains moisdes surloyers prohibitifs. Les délaisdʼexpulsions vont être aussi réduits.Cʼest une vraie machine de guerrecontre le logement social qui se meten route alors que lʼurgence était àla construction massive de loge-ments sociaux pour répondre auxbesoins des familles et dynamiser lesecteur du bâtiment » : sʼinsurgeRené Hocq.Il signale que les élus communistesréclament un service public de lʼha-bitat et continueront à exiger lʼabro-gation de la loi Boutin.

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14 juillet

Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009 - 13 -

FÊTES RÉVOLUTIONNAIRES : LE RÊVE DE L’UNANIMITÉ

Les métamorphoses de la fêteentre 1789 et 1792, attestentla marche de la Révolution.

Lʼimage, à son tour, donne le refletexpressif et souvent complaisantde ces célébrations, témoignagesérieux permettant de suivre lecheminement des esprits depuisla communion rêvée des débuts(même si nous mettons de côté lafête de la Fédération du 14 juillet1790, qui mérite, de par sonampleur, dʼêtre traitée séparé-ment) jusquʼaux images de lʼuna-nimité rompue dans les fêtes mili-tantes de 1792.Les anciennes liturgies, fêtes etprocessions religieuses, défilésdes corporations ne cessent pasdu jour au lendemain : en sʼadap-tant, elles se mettent au goût dujour et, à lʼinverse, cʼest bien sou-vent dans le cadre de manifesta-tions où la religion tient sa placeque les villes célèbrent leurs pre-mières rencontres collectives àlʼoccasion de lʼélection des nou-velles autorités civiles, judiciairesou religieuses. Au village mêmeces festivités trouvent un écho.Mais des langages se cherchent :

une voie populaire de la fête révo-lutionnaire renouvelée est suggé-rée par la plantation des arbres dela Liberté (ou des «mais», commeon dit suivant la tradition) quidébute au printemps 1790, enPérigord semble-t-il, et se répanddans le reste de la France jus-quʼen 1792 (cʼest alors quʼilsapparaissent dans le Midi proven-çal).Arbres vifs ou morts décorésdʼemblèmes révolutionnaires : ondanse autour de ce symbolepopulaire.Dans les villes importantes, et sin-gulièrement à Paris, les nouvellesliturgies inventent leurs scéna-rios : pour les morts de la Bastille,ainsi que pour les obsèques deMirabeau, le cérémonial religieuxlʼemporte encore (même si lessalves des gardes nationaux mal-mènent les verrières de Saint-Eustache, inadaptées à cesdémonstrations civiques). MaisMirabeau est ensuite transféré auPanthéon, dont sa dépouille inau-gure la nouvelle destination.Puis un autre style de fête de pleinair sʼélabore, à poste fixe, pourraiton dire, puisque lʼautel de la Patrie

en est le lieu.La fête de la Fédération en futlʼexemple type, à Paris comme enprovince.Son souvenir reste une référenceobligée tout au long de laRévolution, porteuse de la nostal-gie des illusions perdues, expres-sion de lʼidéal rousseauiste, dontCabanis se fait alors le théoricien,dʼune fête où chacun, acteur etspectateur tout à la fois, jouit de lafélicité des autres. Ce type decélébration, où les regardsconvergent sur lʼautel de la Patrie,se retrouve en septembre 1790,lors de la célébration des morts delʼaffaire de Nancy.Mais parallèlement, de nouveauxcortèges sʼorganisent et invententleurs liturgies. Si lʼon sʼen réfèreau témoignage de lʼimage, cʼest latranslation au Panthéon descendres de Voltaire qui ouvrit uneère nouvelle, le 11 juillet 1791, parsuite du décret pris le 30 mai parlʼAssemblée constituante.Organisé par Cellerier, sans douteinspiré par David, ce cortègedéploie la théorie des groupes offi-ciels et allégoriques de part et

dʼautre du char monumental quiporte le sarcophage de Voltaire,imposante construction à lʼan-tique. Cʼest à cette occasion queMéhul composa sur les versmêmes de Voltaire le chœur« Peuple éveille-toi », sans doutelʼune des expressions les plusimposantes dʼune nouvellemusique proprement révolution-naire. Une de nos images lʼexpri-me, où la Renommée, en mêmetemps quʼelle couronne celui deVoltaire : avec lʼhéroïsation des«pères fondateurs» quʼelle entendsubstituer aux idoles détruites, laRévolution inaugure un nouveaucycle et nouveau style de fêtes.Il sʼen faut que ce soit sur fonddʼunanimité : avec la montée destensions sʼeffritent la fiction dʼunecommunion sans faille. A moins dedeux mois de distance, au prin-temps 1792, Paris voit se succé-der deux cortèges bien dissem-blables. Au 15 avril se déroule,supervisée par David, la fête de laLiberté, organisée à lʼoccasion dela réhabilitation des Suisses durégiment de Châteauvieux, cessoldats patriotes qui à lʼoccasion

de lʼaffaire de Nancy, lʼannée pré-cédente, avaient été condamnésau bagne. Affirmation de militan-tisme des patriotes avancés, à laveille de la déclaration de guerre,proclamation pour la première foisde la devise «Liberté, Egalité,Fraternité».Le 3 juin, comme une réponse àcette exaltation de lʼinsubordina-tion patriotique des Suisses deChâteauvieux, se déroule la «fêtede la Loi», en lʼhonneur desmânes de Simonneau, mairedʼEtampes, massacré sur le mar-ché de sa ville par les troupes despaysans venus taxer le grain.Derrière un identique habillagenéo-classique –chars de parade,bustes et faisceaux de licteurs-proclamations conflictuelles dedeux discours inconciliables, celuide la Révolution continuée, celuiqui veut la clore au nom de la Loi.Notre dossier se ferme provisoire-ment, au 14 juillet 1792, sur lacélébration du troisième anniver-saire de la prise de la Bastille, àlaquelle le roi assista, on le sait,en témoin passif, à la veillepresque de la chute de la monar-chie : et cʼest bien une anticipationsymbolique de lʼécroulement delʼancien monde qui a inspiré cettescénographie, contrepoint frap-pant de lʼeffusion unanimiste du14 juillet 1790.Sur un arbre gigantesque, sontaccrochés armoiries, blasons,emblèmes représentatifs delʼAncien Régime et, comme on dit,de la féodalité.Un incendie consume en autodaféles symboles de cet univers rejeté.Premières apparitions desbûchers qui, moins de deux ansplus tard, de lʼhiver 1793 au prin-temps 1794, y associeront, un peupartout en France, les souvenirsdu «fanatisme et de la super-stition», dans le cadre dʼun céré-monial qui demeure officiel, moinsspontané, ou moins sauvage, silʼon préfère.Mais également, rappel des feuxde la Saint-Jean, dans une ren-contre entre lʼinspiration populaireet le discours des élites révolution-naires.Cette fête en recherche de lan-gages nouveaux scande lesétapes du souffle révolutionnaire,dans son mouvement ascendant.

Extrait de la collection “LaRévolution Française” deMichel Vovelle, parue au LivreClub en 1986

LʼInstauration de la fête nationale résulte du renforcement de la majorité républicaine aux élections de 1879.Le royaliste Mac-Mahon, découragé, démissionne de la présidence de la République et est remplacé par un vieuxrépublicain modéré, Jules Grévy (1807-1891). Désormais à toutes les commandes du pouvoir, les républicains pren-nent simultanément des mesures symboliques : transfert du siège des pouvoirs publics de Versailles (1871) à Paris(1879), amnistie accordée aux condamnés de la Commune (10 juillet 1880), adoption de La Marseillaise comme hymnenational (1879) et du 14 juillet pour fête nationale (6 juillet 1880).Cette première fête nationale se veut à la mesure de lʼévénement, à Paris comme en province, mais veille à ménagerles opinions locales comme à Angers, dans le Maine-et-Loire, département catholique et conservateur. Le vote pour la«République» a rassemblé les partisans de la liberté et de la laïcité qui veulent établir sans délai lʼégalité par lesuffrage universel et une véritable souveraineté populaire. Cependant la France de 1880 nʼest ni unanime ni paisible,et les nouveaux gouvernants nʼaffichent pas ouvertement leur doctrine : lʼheure nʼest pas à la propagande, mais à lʼop-portunisme républicain.Partout le programme de la fête adopte le même rituel : concerts dans les jardins, décoration de certaines places,illuminations, feux dʼartifice et distributions de secours aux indigents. À Paris doit dominer la distribution des nouveauxdrapeaux à lʼarmée, à Longchamp. Cʼest plus ou moins la fête du 14 Juillet telle que nous la connaissons aujourdʼhui.Auparavant et depuis 1789, cette fête a évolué dans le temps comme en témoigne la période allant de 1789 à 1792que nous évoquons ci-dessous.

J.M.H

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Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009- 14 -

Idées«CERTAINEMENT LE PLUS TERRIBLE MISSILE

QUI AIT ENCORE JAMAIS ÉTÉ LANCÉ À LA FACE DES BOURGEOIS»

DDANSANS ses Essais sur lathéorie de la valeur de Marx(1924), s'appuyant sur une

connaissance encyclopédiquedes oeuvres du fondateur dusocialisme scientifique, IsaakRoubine met en évidence, dansLe Capital, la nécessaire articula-tion entre la théorie du fétichismede la marchandise considéréecomme la « théorie générale desrapports de production de lʼéco-nomie marchande-capitaliste » etla théorie de la valeur.Dans le deuxième chapitre de lapremière section du premier livrede son Capital, Marx écrit : «Aupremier abord, la marchandisenous est apparue comme quelquechose à double face, valeurd'usage et valeur d'échange.Ensuite nous avons vu que tousles caractères qui distinguent letravail productif de valeurs d'usa-ge disparaissent dès qu'il s'expri-me dans la valeur proprementdite. J'ai, le premier, mis en relief– de façon critique- ce doublecaractère du travail représentédans la marchandise», soulignantpar cette remarque l'originalité dela théorie de la valeur qu'il déve-loppe dans son oeuvre et le pointprécis où celle-ci se démarqueradicalement de la théorie clas-sique, de celle qu'on appelle lathéorie de la «valeur-travail». Or,par un destin singulier, la rigou-reuse prise en compte de la dis-tinction de ce «double caractèredu travail présenté par la mar-chandise», travail «concret»d'une part et travail «abstrait»d'autre part, a souvent été négli-gée par les commentateurs du

Capital et ceci aussi bien du côtédes épigones de Marx que decelui de ses adversaires. Dansses Essais sur le théorie de lavaleur de Marx (1924) , Isaak

Roubine prend le problème à brasle corps. Il l'associe explicitementà celui de la théorie du «fétichis-me de la marchandise» et indiquequ'il engage et implique la com-

préhension non seulement de lathéorie du capital mais aussi de laméthode de Marx et de sa théoriegénérale.

Un problème prisà bras le corps

«Il existe un rapport conceptuelétroit entre la théorie économiquede Marx et sa théorie sociolo-gique, la théorie du matérialismehistorique » écrit Isaak Roubinedans l'Introduction de ses Essais :« Hilferding a fait remarquer, il y ades années, que la théorie dumatérialisme historique et la théo-rie de la valeur-travail avaient lemême point de départ : le travailcomme élément fondamental dessociétés humaines, élément dontle développement détermine endernière instance la totalité dudéveloppement social.» Nousrapportons la suite du texte decette Introduction, texte clé, ci-dessous, in extenso .

Une lectureexigeante et difficile

Ce long extrait la préface desEssais sur le théorie de la valeurde Marx d'Isaak Roubine donneen effet le «la» de la lecture qu'ilsengagent : une lecture exigeantemais dont l'intérêt théorique etpratique s'impose au fil des pagesde cet ouvrage «énorme» de den-sité. Loin des «modes d'emploi»de Marx plus ou moins «funny»,les Essais sur le théorie de lavaleur de Marx d'Isaak Roubinepubliés cette année aux éditionsSyllepse rappellent l'exigence

réelle impliquée par l'étude de lathéorie du capital : un efforttendu. «Dans toutes les sciencesle commencement est ardu» ecrit,sans concession, un certain KarlMarx dans la préface de la pre-mière édition du Capital. Les lec-tures des Essais de Roubine etdu Capital de Marx tiennent cettepromesse, souvent amère, il fautl'avouer. Le jeu cependant envaut la chandelle. Rappelant lesconseils de Marx lui-même, LouisAlthusser recommandait, pourlire Le Capital -«le plus terriblemissile qui ait encore jamais étélancé à la face des bourgeois»selon les mots de Marx- , de«provisoirement mettre entreparenthèse toute la section I [dulivre I ndlr] et commencer la lectu-re par la section II : « La transfor-mation de l'argent en capital»».«On ne peut, à mon sens, ajou-tait-il, commencer (et seulementcommencer) de comprendre lasection I, qu'après avoir lu et relutout le livre I à partir de lasection II. Ce conseil est plusqu'un conseil : c'est une recom-mandation que je me permets,avec tout le respect que je dois àmes lecteurs, de présentercomme une recommandationimpérative.» Il concluait :«Chacun peut en faire l'expérien-ce pratique.» Ce conseil est plusque précieux. La lecture desEssais sur le théorie de la valeurde Marx d'Isaak Roubine serapour chacun un auxiliaire pré-cieux dans son exploration de lapremière section du Capital.

Jérôme Skalski

«L«Lʼ̓activité de travail deshommes est dans unperpétuel changement,

dont le rythme est tantôt plus rapi-de, tantôt plus lent, et elle revêt, àdes époques historiques diffé-rentes, des caractères différents.Le procès de changement et dedéveloppement de lʼactivité de tra-vail des hommes met en jeu desmodifications de deux types : il y atout dʼabord des modificationsdans les moyens de production etles méthodes techniques par les-quelles lʼhomme agit sur la nature,en dʼautres termes il y a des modi-fications dans les forces produc-tives de la société ; il y a dʼautrepart, en relation avec ces modifica-tions, des changements dans toutela structure des rapports de pro-duction entre les hommes, entreles participants au procès social deproduction. Les formations écono-miques ou les types dʼéconomie(par exemple lʼéconomie esclava-giste antique, lʼéconomie féodale,lʼéconomie capitaliste) diffèrentdʼaprès le caractère des rapportsde production entre les hommes.Lʼéconomie politique théorique trai-te dʼune formation économique etsociale déterminée : lʼéconomiemarchande-capitaliste.Lʼéconomie capitaliste représenteune union du procès matériel-tech-nique dʼune part, de ses formessociales, cʼest-à-dire de lʼensembledes rapports de production entreles hommes, dʼautre part. Les acti-vités concrètes des hommes dansle procès matériel-technique sup-posent des rapports de productionconcrets entre eux, et vice versa.Le but final de la science est la

compréhension de lʼéconomiecapitaliste comme un tout, commeun système spécifique de forcesproductives et de rapports de pro-duction entre les hommes. Mais,pour atteindre ce but final, la scien-ce doit tout dʼabord séparer, aumoyen de lʼabstraction, deuxaspects différents de lʼéconomiecapitaliste : lʼaspect technique etlʼaspect socio-économique, le pro-cès matériel-technique de produc-tion et sa forme sociale, les forcesproductives matérielles et les rap-ports sociaux de production.Chacun de ces deux aspects duprocès économique est lʼobjetdʼune science distincte. La sciencede la technologie sociale - encoreà lʼétat embryonnaire - doit prendrepour objet de son analyse lesforces productives de la sociétédans leur interaction avec les rap-ports de production. De son côté,lʼéconomie politique théorique trai-te des rapports de productionpropres à lʼéconomie capitalistedans leur interaction avec lesforces productives de la société.Chacune de ces deux sciences, nesʼoccupant que dʼun seul aspect duprocès de production dʼensemble,présuppose lʼautre aspect du pro-cès de production sous la formedʼune prémisse implicite de sarecherche. En dʼautres termes,bien que lʼéconomie politique traitedes rapports de production, elleprésuppose toujours leur liaisonindissoluble avec le procès maté-riel-technique de production et parttoujours, dans sa recherche, dʼunniveau concret et dʼun procès dechangement déterminé des forcesproductives matérielles.

La théorie du matérialisme histo-rique de Marx et sa théorie écono-mique tournent autour dʼun seul etmême problème : les relationsentre forces productives et rap-ports de production. Lʼobjet desdeux sciences est le même : leschangements des rapports de pro-duction dans leur dépendance àlʼégard du développement desforces productives. Le procèsdʼajustement des rapports de pro-duction aux modifications desforces productives - procès quiprend la forme dʼun accroissementdes contradictions entre les rap-ports de production et les forcesproductives, puis de cataclysmessociaux engendrés par ces contra-dictions -, tel est le thème fonda-mental du matérialisme historique.Lʼapplication de ce cadre méthodo-logique général à la société mar-chande-capitaliste nous donne lathéorie économique de Marx.Cette théorie analyse les rapportsde production de la société capita-liste, le procès de leur modificationtel quʼil résulte de la modificationdes forces productives et lescontradictions croissantes qui sʼex-priment généralement par descrises. Lʼéconomie politique nʼana-lyse pas lʼaspect matériel-tech-nique du procès de productioncapitaliste, mais sa forme sociale,cʼest-à-dire lʼensemble des rap-ports de production qui constituentla «structure économique» ducapitalisme. La technologie de laproduction -les forces productives-est comprise dans le domaine derecherche de la théorie écono-mique de Marx seulement commeprésupposé, comme point de

départ, qui nʼest pris en considéra-tion que dans la mesure où il estindispensable pour lʼexplication delʼobjet réel de lʼanalyse, cʼest-à-direles rapports de production. La dis-tinction logiquement établie parMarx entre le procès matériel-tech-nique de production et ses formessociales nous donne la clé de lacompréhension de son systèmeéconomique. Cette distinction défi-nit dans le même temps la métho-de de lʼéconomie politique commescience sociale et historique. Dansle chaos varié et diversifié de la vieéconomique, qui représente unecombinaison de rapports sociauxet de méthodes techniques, cettedistinction oriente aussi notreattention précisément sur ces rap-ports sociaux entre les hommesdans le procès de production, surces rapports de production aux-quels la technologie de la produc-tion sert de présupposé ou debase. Lʼéconomie politique nʼestpas une science des rapports deschoses aux choses, comme lepensaient les économistes vul-gaires, ni une science des rapportsdes hommes aux choses, commelʼaffirmait la théorie de lʼutilité mar-ginale, mais une science des rap-ports des hommes aux hommesdans le procès de production.Lʼéconomie politique, qui traite desrapports de production entre leshommes dans la société marchan-de-capitaliste, suppose une formesociale concrète dʼéconomie, uneformation économique concrète dela société. Nous ne pouvons com-prendre correctement une seuleaffirmation du Capital de Marx sinous négligeons le fait que nous

étudions des événements qui sedéroulent dans une société spéci-fique. «De même que dans toutescience historique ou sociale engénéral, il ne faut jamais oublier, àpropos de la marche des catégo-ries économiques, que le sujet, icila société bourgeoise moderne, estdonné, aussi bien dans la réalitéque dans le cerveau, que les caté-gories expriment donc des formesdʼexistence, des conditions dʼexis-tence déterminées, souvent desimples aspects particuliers decette société déterminée, de cesujet […] . Par conséquent, danslʼ emploi de la méthode théorique[de lʼéconomie politique] aussi, ilfaut que le sujet, la société, resteconstamment présent à lʼespritcomme donnée première»(«Introduction à la critiquede lʼéconomie politique»,Contribution, p. 170 et p. 166).Partant dʼun présupposé sociolo-gique concret, à savoir la structuresociale concrète dʼune économie,lʼéconomie politique doit toutdʼabord nous donner les caracté-ristiques de cette forme socialedʼéconomie et des rapports de pro-duction qui lui sont propres. Marxnous donne ces caractéristiquesgénérales dans sa «théorie du féti-chisme de la marchandise», quelʼon pourrait appeler, de façon plusappropriée, une théorie généraledes rapports de production delʼéconomie marchande-capitalis-te.»”Isaak Roubine, Essais sur lethéorie de la valeur de Marx,Introduction.

Isaak Roubine, Essais sur le théorie de la valeur de Marx, Editions Syllepse, Paris, 2009. Prix 24euros. www.syllepse.net

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MondeETATS-UNIS - RUSSIE

OBAMA À MOSCOU POUR UN NOUVEAU DÉPARTDES RELATIONS RUSSO-AMÉRICIANES

DDURANTURANT la réunion du G8,ce mercredi, B. Obama s'estrendu à Moscou pour une

visite de deux jours afin deréchauffer les relations russo-américaines particulièrement ten-dues.Selon une méthode diplomatiquedésormais bien rodée , lePrésident américain s'est vouluapaisant, traitant son interlocuteurd'égal à égal.contrairement aux autres payseuropéens, "l'obamania" n'a faitguère recette et l'accueil a étéplutôt réservé.Le bilan des deux jours est consi-déré positivement par le deux par-ties : un accord sur le désarme-ment nucléaire, l'autorisation pourles avions américains de survolerl'espace aérien russe pour ache-miner le matériel militaire auxtroupes américaines enAfghanistan, des discussions ulté-rieures pour le traité de désarme-ment nucléaire et sur le bouclieranti-missile.Les discussions n'étaient pas lesplus importantes officiellement.En effet, Barack Obama étaitaccompagné par une forte délé-gation de patrons américains. Eton aura compris après le discoursà l'école formant les futures éliteséconomistes russes qu'il s'agis-sait surtout de faire ouvrir le mar-ché russe aux hommes d'affairesaméricains.

Un lourd passifLes relations russo-américainesont été marquées depuis la chutede l'URSS, par un certain nombrede conflits qui se sont aggravés,surtout depuis 2003.Ces conflits n'ont pas commencéavec la présidence de G.W. Bushmais déjà avec Clinton et sasecrétaire d'état aux affairesétrangères, M. Albright.Déjà, bien que sous la dépendan-ce américaine, B. Eltsine s'étaitheurté aux Etats Unis sur la ques-tion de l'OTAN. Puis vient la crisebalkanique au cours de laquelle laRussie défendait les intérêtsserbes mais s'était engagée mal-gré tout aux côtés des pays del'OTAN.Les américains se sont intéressésau Caucase et aux pays de la merCaspienne pour leur appauvrisse-ment en pétrole. Les conseillersmilitaires américains encadrentl'armée géorgienne. Lors desguerres tchétchènes, les armes(et les hommes) passent facile-ment de la Géorgie à laTchétchénie.En 2001, profitant de l'interventionen Afghanistan contre les tali-bans, les Américains installentdes bases militaires en AsieCentrale, Ouzbékistan etKhirgizsthan .A partir de 2003, les tensions aug-mentent. C'est la guerre d'Irak àlaquelle s'oppose la Russie, cʼestsurtout l'adhésion des trois paysbaltes aux républiques sovié-tiques, puis la question de l'indé-pendance du Kosovo.La Russie réagit plus vivementavec la question du bouclier anti-missile que les Américains veu-lent installer en RépubliqueTchèque (le radar) et en Pologne

(installation anti-missile).Il faut souligner que le projet d'ad-hésion à l'OTAN de l'Ukraine et dela Géorgie, deux ex-républiquessoviétiques devenues pro-occi-dentales après les "révolutions"orange en Ukraine et des oeilletsen Géorgie, "révolutions" sus-citées par des "ONG" et desréseaux américains avaientmécontenté les Russes quivoyaient dans cet élargissementde l'OTAN la volonté d'encercle-ment de la Russie.Le bouclier anti-missile américainen Europe est le 3ème après celuide la Californie et de l'Alaska.Difficile de croire que le bouclierde l'Alaska soit dirigé contre l'Iranet en dépit des affirmations améri-caines, difficile de croire que lebouclier anti-missile européenpuisse protéger les Etats-Unisd'une hypothétique bombe ato-

mique iranienne.Les Russes sont donc passés dela protestation à l'action en mena-çant d'installer des lance-missilesdans l'enclave de Kaliningrad etsurtout en répondant à la provo-cation militaire du PrésidentSaakhachvili par l'intervention enOssétie du Sud puis en recon-naissant l'indépendance del'Abkhazie et de l'Ossetie du Sud.Même si la flotte américaine sta-tionne toujours au large des côteslʼAbkhazie, les Russes maintien-nent leur position vis à vis desdeux petites républiques.En même temps, les Russes ontagi sur le plan diplomatique etéconomique en étant membre del'organisation de coopération deShengaï (avec la Chine et desrépubliques d'Asie Centrale) entissant des liens économiques etdiplomatiques avec d'autres pays(l'Iran notamment) en usant del'arme du gaz vis à vis de

l'Ukraine et de l'UnionEuropéenne et en participant à laréunion du BRIC (Brésil - Russie -Inde - Chine) des pays émer-gents.Les Etats-Unis croient que laRussie est faible, mais ils la consi-dèrent comme un danger poten-tiel pour leur hégémonie mondia-le.

La stratégie Obama

Obama a une vision globale dumonde, d'un monde où le leader-ship américain serait reconnu. Ence sens, contrairement à ce quiest dit, il n'y a pas rupture avec lapolitique extérieure de G.W Bushmais continuité.Obama diffère de G.W Bush parson style, ses approches, sa

méthode de communication.Avec la Russie, il a procédé unpeu, comme pour le mondearabo-musulman : la reconnais-sance de l'identité de l'autre, lavolonté de dialogue en traitant l'in-terlocuteur d'égal à égal, un dis-cours sur la démocratie et lesDroits de l'Homme tout en necédant rien sur les intérêts impé-rialistes des américains.Obama est allé en Russie au nomd'une relance des rapports russo-américains avec un triple objectif :obtenir des avantages pour l'inter-vention américaine enAfghanistan, s'assurer sinon dusoutien du moins de la neutralitérusse sur l'Iran, conquérir le mar-ché russe.Il intervient au moment où laRussie est affaiblie par la crisemondiale et a besoin sinon d'in-vestissements du moins d'un des-serrement de l'empire écono-mique. Les négociations ont peut

être ouvert des perspectives maison ne connaît que l'accord sur lenucléaire et sur quelques pro-messes de coopération militaireou sur la santé publique.Les accords russo-américains

Dès lundi, l'accord sur le nucléai-re a été signé. Il avait été préparéet donc annoncé avant l'arrivéed'Obama.Il s'agissait de revoir le traitéSTART signé en 1997 entreG.Bush père et M Gorbatchev surle désarmement nucléaire et quiviendra en expiration le 5décembre 2009.Le traité START prévoyait unelimitation des armementsnucléaires des deux pays, soitune réduction de 10 000 à 6 000têtes nucléaires et une limitation à1 600 des missiles intercontinen-

taux à bord de sous-marins ou debombardiers.En 2002, ce traité avait été modi-fié par le traité SORT qui pré-voyait un plafond de 1 700 à 2 200têtes nucléaires déployées etopérationnelles d'ici 2012.L'accord signé prévoit une limitede 1 500 à 1 675 têtes nucléaireset une limitation des bombardiers,lanceurs au sol des missiles etsous-marins entre 500 et 1 100.Le traité serait signé endécembre. Restent quelques pro-blèmes- d'abord celui de vérifications effi-caces- la Russie veut une prise encompte des têtes stockées et nonseulement des têtes déployées,les Etats Unis ayant une supério-rité dans le stockage. Elle deman-de aussi de nouvelles réductionssur les vecteurs, les Etats Unisayant là aussi la supériorité .- la Russie souhaite également

limiter les missiles américainsavec charges conventionnelles.medvedev a déclaré : "C'est unpremier pas mais un pas trèsimportant vers la relance".Et Obama : "Nous sommes réso-lus à redémarrer les relationsaméricano-russes pour que nouspuissions coopérer plus efficace-ment sur les questions d'intérêtcommun".Ils sont d'autant plus satisfaitsqu'ils n'ont fait guère de conces-sions.L'armement nucléaire reste dis-suasif mais il est peut-être obsolè-te, adapté à une guerre d'enver-gure mondiale et non aux conflitslocaux actuels.Obama a proposé un sommetinternational sur la sécuriténucléaire en 2010. Il s'agit ainside faire pression sur l'Iran et laCorée du Nord que Medvedevs'est gardé de dénoncer.A Prague, en avril, lors de la ren-contre Union Européenne - EtatsUnis, Obama avait donné commeobjectif la dénucléarisation dumonde mais sans engager sonpays.

le discours d'ObamaLe discours d'Obama aux étu-diants a été l'occasion de rappelerles positions américaines enmatière de politique extérieure,réelles ou affirmées . "La souve-raineté des pays est "le pilier del'ordre international”" (allusion àl'Ukraine et surtout à la Géorgie)."(....) "L'OTAN cherche la collabo-ration de la Russie "(...) "Si la menace de programma-tion nucléaire et balistique del'Iran est éliminée, la raison motri-ce de la défense anti-missile enEurope le sera aussi." En consé-quence, Obama demande l'aidede la Russie contre l'Iran et laCorée du Nord.(...) "L'Amérique veut une Russieforte, prospère et pacifique". "Surles questions fondamentales quiferont ce siècle, les Américains etles Russes partagent des intérêtscommuns qui forment une basede coopération". Il propose à laRussie de participer à un "parte-nariat mondial".(...) Quel ordre mondial remplace-ra la guerre froide ? C'est vous quidevez décider (NDLR : on croyaitla guerre froide terminée en 1991avec la chute de l'URSS?)(...) Pas de critique directe sur lapolitique intérieure russe (Obamaa cependant reçu l'opposition etdes ONG hostiles au régime)mais l'éloge de la liberté, de ladémocratie et la dénonciation del'autoritarisme et de la corruption."Pourtant on devrait avoir le droitde faire des affaires et de bénéfi-cier de l'éducation sans avoir àpayer des pots de vin." (lesgrands patrons américains étaientravis de cette déclaration). "Cen'est pas un idée américaine ourusse, c'est la façon dont les paysréussiront au XXIème siècle."Conclusion d'un journaliste russe: "Peut-on vraiment se refaire ? lapolitique stratégique américainereste sans changement quelquesoit celui qui occupe la MaisonBlanche”.

Medvedev et Obama

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Liberté 62 n°869 - Le 10 Juillet 2009- 16 -

Monde

ISRAEL A LE DROIT DEBOMBARDER L’IRAN

SSELONELON Joë Biden, vice pré-sident des Etats-Unis, lesEtats-Unis ne sʼopposeront

pas à Israël si lʼEtat hébreu jugenécessaire une action militairepour éliminer la menace nucléai-re iranienne. Car Israël est unpays souverain.Interrogé par une chaine de télé-vision américaine sur lʼattitudedes Etats-Unis face à uneattaque militaire israéliennecontre lʼIran Joë Biden a répon-du : «Les Etas Unis ne peuventpas dicter à un autre pays souve-rain ce quʼil peut ou ne peut pasfaire...»Que nous soyons dʼaccord ounon, ils ont le droit de la faire.

Tout pays souverain a le droit dele faire.Si le gouvernement deNétanyahu décide dʼagir diffé-remment de ce qui est fait actuel-lement, le choix ne nous appar-tient pas.Rappelons que dans les années1980, lʼaviation israélienne adétruit une centrale nucléairemmmmm. Récemment les israé-liens ont bombardé en Syrie unsite supposé abriter des installa-tions nucléaires.On ignorait que les Etats-Unisétaient convertis au principe denon ingérence. Mais peut êtreest-ce seulement lorsquʼil sʼagitdʼIsraël ?

ELECTIONS MEXICAINES :LE RETOUR DU PRI

DDIMAN C H EI M A N C H E dernieravaient lieu les électionslégislatives au Mexique.

Le parti du Président FelipeCalderon, le PAN (Parti delʼAction Nationale – Parti de laDroite libérale) a perdu lesélections ne recueillant que27% des voix, alors que sonadversaire le PRI obtenait 35%.Le PRI (parti révolutionnaireinstitutionnel parti de centredroit) avait gouverné le payspendant 70 ans. Lors des élec-tions présidentielles de 2000,son candidat avait été battu parle candidat du PAN,VincenteFox.Lors de lʼélection présidentielle

de 2006, le candidat du PRIRoberto Madrago nʼavait enco-re recueilli que 22.26%. Pourautant, le PRI conservait uneforte assise dans le payspuisque, sur 32 gouverneurs,18 étaient membres du PRI.Pour les élections législatives,le PRI qui a voulu se donner unnouveau visage en portant à saprésidence une femme et enadoptant une nouvelle idéolo-gie, sʼest appuyé sur les gou-verneurs pour assurer savictoire.La gauche qui avait frôlé la vic-toire aux élections de 2006,quand le candidat à lʼélectionprésidentielle de la «Coalition

pour le bien de tous» regrou-pant le PRD (parti de la révolu-tion démocratique – gaucheprogressiste nationaliste) le PT(parti du travail – social démo-crate) et la convergence,Andres Manuel Lopez Obradoravait recueilli 35,33% des voixcontre le candidat du PAN,Felipe Calderon 35.89% soitune différence de 240 822 voix.Cette élection entachée defraude avait alors vivement étécontestée par la coalition .Felipe Calderon avait duattendre 2 mois avant que sonélection soit validée.Dimanche, la gauche diviséesʼest effondrée. PRD et PT sontallés aux élections séparément.Le PRD a recueilli 13% et le PTà peine 5%.Cette division de la gauche aprofité au PRI.Le PAN avait axé la campagneélectorale sur les problèmessécuritaires. Lutte contre la cri-minalité (plus de 12 000 crimesdepuis le début de lʼannée)contres les cartels de drogue etcontre les enlèvements crapu-leux.Mais les Mexicains sont davan-tage intéressés par les pro-blèmes économiques mêmesʼils ne sont pas indifférentsaux problèmes de violence. Lacrise a touché profondément leMexique : recul des PIB de 5%,augmentation du chômage etde la pauvreté.Le pétrole, principale ressourcedu pays nʼassure plus les reve-nus du pays.La politique ultralibérale deFelipe Calderon qui a reçu par-fois le soutien du PRI à lʼas-semblée (sur les retraites, laprivatisation du pétrole, la fis-calité) est au Mexique commeailleurs une impasse.Il est probable que le PAN et lePRI sʼuniront pour mener unepolitique peu différente.

HONDURAS : LE DICTATEURMILITAIRE S’INSTALLE

CCOMMEOMME il lʼavait promis au peuple Hondurien le président duHonduras, M Zelay chassé par les militaires a tenté de rentrerdans son pays dimanche.

Son avion en provenance du Salvador où il avait trouvé refuge nʼa puse poser sur lʼaéroport de Tégucigalpa. Les miliaires avaient placé descamions sur la piste dʼatterrissage.De 120 à 200 000 manifestants étaient venus accueillir leur présidentà lʼaéroport. Les militaires ont laissé avancer les manifestants puis onttiré sur la foule et lancé des gaz lacrymogènes. Deux manifestants ontété tués, un adolescent et une jeune fille.En dépit de la condamnation internationale, de la décision prise parlʼOEA (organisation des Etats américains) dʼexclure le Honduras, de lademande du secrétaire général de lʼONU Ban Ki Moon de rétablirlʼordre constitutionnel, les militaires et le « président » R. Michelettisʼobstinent.La dictature militaire sʼinstalle : le couvre feu a été instauré. Les mili-taires sont mmmmm dans les mairies.La répression sʼabat sur les opposants.En même temps une campagne de désinformation et de mise encondition de la population est organisée.Dés dimanche, R.Micheletti annonçait que le Nicaragua massait destroupes à la frontière prêtes à intervenir.Le représentant du Nicaragua a dénoncé à lʼONU cette provocation quirisque de déstabiliser toute la région.Zelay a promis de rentrer dans son pays pour reprendre ses fonctions,demandant aux militaires de cesser dʼopprimer le peuple.Le régime mis en place pourrait-il demeurer sʼil ne pensait pas avoirdes appuis extérieurs ? Le Front national contre le coup dʼEtat a accu-sé des membres de la CIA dʼavoir préparé le complot.

PARLEMENT EUROPEEN :TOUT CONTINUE COMME AVANT

LLESES députés européens nesemblent pas avoir com-pris la leçon des dernières

élections européennes.Que près de 60% des électeurseuropéens se soient abstenus,cette situation ne leur poseaucun problème. Ils continuentles mêmes petites manœuvres.Se pose la question de la prési-dence du Parlement. Le PPE(parti populaire européen), ladroite conservatrice qui sʼestrenforcée revendique la prési-dence au Parlement.Nʼayant pas la majorité auParlement, le PPE a proposéau PSE (parti socialiste euro-péen) devenu depuis les élec-tions Alliance des Socialistes etDémocrates de reconduire«lʼaccord technique» de la pré-cédente mandature : lʼalternan-ce à la présidence. Le PPEaurait la présidence pendant2 ans ½ puis un socialiste suc-céderait au conservateur.Deux candidats du PPE étaienten lice : lʼItalien Mario Mauro et

le Polonais Jerzy Buzek, ancienpremier ministre Mario Maurosʼest retiré en faveur duPolonais.Le Parlement doit désignerégalement le Président de laCommission européenne.Lʼactuel président, JM Barrosoest le seul candidat, soutenupar les chefs dʼEtat des 27 paysmembres.Les trois groupes PPE,Alliance des socialistes etdémocrates et les libéraux exi-gent de Barroso, la présenta-tion dʼun programme pour les 5ans. Ils se sont mis dʼaccordpour reporter lʼélection en sep-tembre.D. Cohn Bendit qui a fait dudépart de Barroso un pointimportant de sa campagne,tente de trouver une majoritécontre la candidature deBarroso. Il propose à ce posteFrançois Fillon ou le libéralBelge, ancien premier ministreGuy Verhofstadt Pour quellepolitique ?

Félipe Calderon

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LLEE dimanche, sur la chaînelatino-américaine Télésur,le président Zelaya auxcôtés du président duCosta Rica donnait lesdétails sur son enlèvement

et affirmait son intention de continuerses fonctions jusqu'au terme de sonmandat en janvier 2010.Dès dimanche, les pays d'Amériquelatine et d'abord ceux de l'ALBA(Alternative Bolivarienne pour lesPeuples d'Amérique) condamnaientle Coup d'État et exigeaient le retourau pouvoir de Zelaya.Cette exigence a été faite par tous lespays séparément et par leurs organi-sations : l'ALBA, la Communauté desÉtats andins, le groupe de Rio etl'OEA (Organisation des Étatsd'Amérique) qui ont tenu une réunionexceptionnelle condamnant le coupd'État.Plus modérément, l'Union européen-ne et surtout les États-Unis ontdemandé le retour à l'ordre constitu-tionnel.Pour l'instant, le nouveau régime necède pas. R. Micheletti a mêmedéclaré qu'il était «prêt à la guerre».Jeudi aurait dû être crucial puisquec'est ce jour là que Zelaya avait déci-dé de retourner dans son pays, etque l'OEA a donné mardi 30 juin,72 heures aux militaires pour rétablirM. Zelaya dans son mandat.

Le fil des événementsLe président M. Zelaya avait décidéd'organiser le dimanche 28 juin unréférendum non pour modifier laconstitution comme le disent lesmédias mais pour avoir l'avis dupeuple sur la tenue d'uneConstituante.Le mercredi 24 juin, M. Zelaya qui, envertu de la Constitution, est chef dugouvernement et chef des armées,exige du chef d'État des armées, legénéral Ronio Vasquez, d'aider à l'or-ganisation du référendum. Celui-cirefuse et le menace de destitution.M. Zelaya riposte en destituantVasquez et le lendemain en appelleau peuple en lui demandant sa pro-tection et de faire respecter l'organi-sation du référendum. À la tête desmanifestants qui ont répondu à sonappel, il se rend à la base militaire oùétaient entreposés urnes et bulletinset avec l'aide de ses partisans lesemporte.Dans une de ses réflexions,F. Castro, qui rapporte l'événement,admire le courage de M. Zelaya etdéclare : «Nous ignorons ce qui sepassera cette nuit ou demain mais laconduite courageuse de Zelaya pas-sera à l'Histoire... Ce qui se passerasera un test pour l'OEA et pour lesÉtats-Unis».À Tegucigalpa, les militaires ont agitrès vite, en gardant le Palais prési-dentiel et en protégeant le Parlementdes manifestations en faveur deM. Zelaya, les députés après avoir eulecture d'une fausse lettre de démis-sion de M. Zelaya pour «raisons desanté» ont élu à main levéeR. Micheletti, nouveau président.Les militaires ont justifié leur interven-tion en déclarant qu'ils agissaient surordre de la Cour suprême (les jugessont élus pour 4 ans par les députés)pour empêcher le référendum déclaré«illégal».Dès dimanche, des manifestationsont lieu en faveur de M. Zelaya etégalement le lendemain malgré lecouvre-feu instauré par Micheletti.Ces manifestations ont été répriméespar l'armée qui a tiré sur la foule et

lancé des gaz lacrymogènes faisantde nombreux blessés mais paraît-ilaucune victime.Zelaya est soutenu par les syndicats(le syndicat de l'enseignement adécrété une grève générale illimitée)par les organisations paysannes etindigènes.En revanche, Micheletti a l'appui del'oligarchie, du patronat, de l'églisecatholique et évangéliste, c'est à direde l'élite qui a le pouvoir économique,culturel et politique.Huit ministres du gouvernementZelaya ont été arrêtés et emprisonnés.L'ambassadeur de Cuba a été enlevéet battu en présence de la ministre desaffaires étrangères Patricia Rodas quiétait accompagnée des ambassa-

deurs du Vénézuéla et du Nicaragua.L'ordre est maintenu par la force. Lesputchistes ont essayé de montrerqu'ils recueillaient l'adhésion desHonduriens en organisant une contre-manifestation très encadrée par lesmilitaires.

Les raisons du coup d'ÉtatM. Zelaya a été élu fin 2009 pour unmandat unique de 4 ans, en prenantses fonctions en 2010. Membre duParti libéral, un parti du centre avaitété élu contre le candidat de droite duParti national.Zelaya est lui même un grand proprié-taire foncier, vivant de l'élevage ducommerce du bois.Il n'était donc pas disposé à menerune politique particulièrement progres-siste.Or, alors que son prédécesseurRicardo Meduro avait promis de luttercontre la pauvreté en pratiquant lecontraire à savoir une politique d'aus-térité des dépenses, un libéralisme àtout crin, Zelaya veut mettre en oeuvreune politique de lutte contre la pauvre-té, l'exclusion sociale et la criminalité.Il se rapproche ainsi des syndicats, dela paysannerie pauvre et les indi-gènes.Le Honduras est le pays le pluspauvre d'Amérique avec 50% de lapopulation vivant au dessous du seuilde pauvreté et 20% (surtout lesIndiens) dans une extrême misère.Le pays est livré aux grands proprié-taires fonciers ainsi qu'aux multinatio-nales américaines. L'United Fruit com-pagny devenue Chiquita contrôle laproduction de la banane (la culture laplus importante du pays).Longtemps pendant près d'un sièclel'United Fruit a gouverné le pays avecl'armée américaine. Les États-Unisgouvernaient le pays par l'intermédiai-

re d'une dictature militaire jusqu'en1984.L'armée hondurienne formée à l'écoledes États-Unis, grâce aux conseillersmilitaires, a pu même avec le rétablis-sement de la démocratie s'enrichir encollaborant avec les multinationales etle patronat local avec lequel elles'identifie par ses activités écono-miques.Cette situation économique engendrede profondes inégalités sociales etculturelles. Alors que le taux d'alpha-bétisation générale est de 87%, il varieentre 0 et 25% pour les Indiens et lesNoirs.Aux inégalités sociales se superpo-sent les inégalités éthniques. Lesblancs (1%) des 7 millions d'habitants

et une partie des métis (90%) concen-trent richesse et pouvoirs alors que lesIndiens (7%) et les Noirs (2%) sontexclus de la société.En dépit de ses possibilités agricoleset de ses richesses minières (or,argent, cuivre, plomb, fer,antimoine, charbon), le Honduras aune économie faible et ventant uneénorme dette de 512 millions de dol-lars.Et les ressources provenant du touris-me ainsi que du pavillon de complai-sance ne profitent qu'à une minorité etfait le jeu des mafias.Pour faire face aux dépenses etmoderniser l'économie, V. Zelaya s'estadressé à la banque mondiale et auxÉtats-Unis qui ont refusé toute aidesupplémentaire. Le FMI avait accepté,quant à lui, un prêt relais de 63 mil-lions de dollars mais pour des objectifsà court terme et avec un ajustementstructurel drastique.Zelaya qui bénéficie déjà des condi-tions avantageuses de Petrocaribe(achat) de pétrole vénézuélien en des-sous du marché. Se tourne alors versl'ALBA. L'adhésion à l'ALBA lui permetd'obtenir 100 millions de dollars enobligations, un prêt de 30 millions dedollars ainsi que la fourniture de maté-riel agricole et de matériel électrique.Le 25 août 2008, l'adhésion duHonduras à l'ALBA est effective etdonne lieu à une grande fête àTégucigalpa.C'est l'adhésion à l'ALBA qui réunit lespays progressistes de l'Amérique lati-ne qui est au cœur de la crise hondu-rienne.La volonté de Zelaya de convoquerune constituante ressemble au pro-cessus initié au Vénézuéla, en Bolivieet en Équateur même si les conditionset les circonstances sont différentesd'un pays à l'autre.Ni les privilégiés du Honduras, ni les

États-Unis ne pouvaient accepter unetelle évolution. Même si, en ce quiconcerne ces derniers, Zelaya n'avaitpas abrogé le traité de libre échangesigné avec Washington par son prédé-cesseur.

La réaction de l'ALBAet de l'Amérique latine

Le 25 juin, les pays membres del'ALBA étaient réunis à Marcay auVénézuéla pour accueillir l'adhésionofficielle de l'Équateur après SaintVincent et les Grenadines, Antigna etBarbuda, portant ainsi à 9 le nombrede membres de l'ALBA.L'ALBA a un rayonnement importanten Amérique latine non seulementpour les processus sociaux et poli-tiques engagés par les pays par lapolitique extérieure d'aide, tellePétrocaribe mais aussi en donnant lavoix aux mouvements sociaux surTélésur.L'ALBA comprend d'ailleurs deuxconseils qui ont tous deux pouvoir dedécision : le Conseil des représentantsdes pays et le Conseil des mouve-ments sociaux (dont fait partie, parexemple le Mouvement des Sans terredu Brésil).Le Consul de l'ALBA décide de tenirune réunion extraordinaire en margedu sommet du groupe de Rio àManagna au Nicaragua. Il décide quechaque pays membre retirera sonambassadeur et refusera les repré-sentants diplomatiques deR. Micheletti... Il s'adresse ensuite àtoutes les organisations latino-améri-caines.Il apporte son soutien au peuple duHonduras qui, dit H. Chavez, à «droitde résistance et de combat et que leVénézuéla soutient».Néanmoins, à l'instar de Zelaya quiappelle à manifester pacifiquement, leprésident du Nicaragua Ortega etH. Chavez appellent à ne pas verser lesang.Interviewé par la télévision cubaine,Chavez déclare qu'il est au côté dupeuple du Honduras, qu'il ne saurait yavoir de négociation avec les put-chistes qu'il n'envisage pas d'envahirle Honduras et respectera la souverai-neté de cet État.La mise en alerte de l'armée vénézué-lienne n'était donc qu'une précautionface à un mouvement qui pouvaitdéborder du Honduras.Après le groupe de Rio, le CANcondamne le coup d'État mais enrecommandant de recourir au dia-logue, suivant en cela la premièreréaction timide de l'OEA (Organisationdes états américains).Le SICA (système d'intégration centre-américain) appelle tous ses membresà suspendre les réunions politiques,financières et sportives avec leHonduras», demande de rappeler lesambassadeurs et la banque centreaméricaine suspend les financementspour l'intégration économique du pays.Le Nicaragua, le Salvador et leGuatémala décident de fermer leurfrontière au commerce transfrontalier.Le lundi 29 juin, le président del'Assemblée générale de l'ONU,Miguel d'Escoto invite Zelaya à unesession spéciale pour duscuter desmoyens d'assurer le rétablissement duprésident hondurien. La condamnationdu putcsh est votée par acclamation.Le secrétaire général de l'ONUcondamne à son tour le putch.La présidente d'Argentine qualifie lecoup d'État «de retour à la barbarie»,«c'est un moment très sombre quinous rappellent les pires moments del'histoire de l'Amérique latine».

L'OEA qui avait d'abord demandé«l'harmonie» entre toutes les parties,finit par condamner le putsch et donne72H aux militaires pour rétablir le pou-voir de Zelaya.

La réaction des occidentauxLa position des occidentaux estambigüe, particulièrement celle desÉtats-Unis. L'Union européenne exigela libération de Zelaya, le rétablisse-ment de l'ordre constitutionnel maisaussi le maintien des élections ennovembre et demande «d'engagerrapidement le dialogue». L'UE estengagée dans un processus de négo-ciation pour un traité de libre échangeavec la Colombie et le Pérou qu'elleveut finaliser avant Juillet 2009.Après un certain silence, le présidentObama s'est dit «préoccupé». Puis il aappelé «tous les secteurs politiques etsociaux du Honduras à respecter lesnormes démocratiques et la règle dudroit «souhaitant la résolution duconflit par le dialogue libre de touteingérence extérieure».Cet embarras s'explique par la suspi-cion dont les États-Unis sont l'objetdans le coup d'État militaire duHonduras.Il faut se rappeler que les États-Unisont toujours été impliqués dans de telsévénements en Amérique latine ducoup d'État au Chili contre Allende etla tentative de coup d'État contre HugoChavez en 2002. Hugo Chavez s'étaitfait l'écho de cette suspicion :«Derrière les militaires putchistes secachent la boureoisie hondurienne, lesnantis, les riches qui ont transformé leHonduras en une république bananiè-re, en une base politique, militaire etterroriste de l'Empire Nord américain...L'empire Yankee a beaucoup à voiravec cela».Et Zelaya a demandé à Obama su lesÉtats-Unis avaient soutenu le ptsch,ajoutant : «Si Washington n'apportepas son soutien à ce coup d'État, ilpeut empêcher cette attaque contrenotre peuple et contre la démocratie».Quel a été le rôle des États-Unis ?Une constatation : les États-Unis onttoujours eu la haute main sur leHonduras (rappelons l'utilisation de cepays dans la lutte contre leNicaragua). L'armée hondurienne est«conseillée» et formée par des mili-taires américains. Les États-Unis pos-sèdent toujours une base aérienne auHonduras avec 600 soldats. Faitcurieux : l'ambassadeur des États-Unis quitte le Honduras le 24 juin endéclarant une menace de guerre civilealors que la crise n'avait pas encoreéclatée.Et c'est seulement après une ren-contre avec le président colombienUribe que B. Obama juge que «le ren-versement n'est pas très légal» et qu'ila annoncé dernièrement qu'il suspen-dait la coopération militaire avec leHonduras... sans toutefois rappeler les600 militaires américains de la basede Santo Cono.Un embarras et des hésitations qui nepeuvent empêcher la suspiscion àl'égard des États-Unis.Il semblerait que Zelaya qui a déclaréà l'Assemblée de l'ONU qu'il n'envisa-geait pas un second mandat en 2010ait renoncé à se présenter jeudi auHonduras en compagnie du présidentde l'Équateur, de la présidented'Argentine, du président de l'assem-blée de l'ONU et du secrétaire del'OEA pour respecter le délai de 72Hdemandé par l'OEA.

CMJN

Liberté 62 n°868 - Le 3 Juillet 2009- 14 -

MondeLE HONDURAS

LE COUP D'ÉTAT MILITAIREDans la nuit de samedi à dimanche 28 juin, des militaires encagoulés ont arrêté le présidentde la République du Honduras, Manuel Zelaya, l'ont conduit à l'aéroport pour l'expulser versle Costa Rica, pays d'Amérique centrale séparé du Honduras par le Nicaragua.Les députés, sous bonne garde militaire, ont ensuite enregistré la démission de M. Zelaya etont désigné le président du Parlement Roberto Mabeletti pour le remplacer.

Du gauche à droite : Manuel Zelaya, Hugo Chavez, Nicolas Maduro, le secrétaire général JoséMiguel Insulza, Rafael Correa et Evo Morales et derrière Daneil Ortéga. (Ph. AFP)

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