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Trimestriel d’information N°020 Avril - Juin 2008 ISSN 0796 - 6881 Visite du Dr. Guéda Jacques Ouédraogo au CAPES Phénomène de la vie chère Facteurs explicatifs et esquisse de solutions CAPES - PA FA S P Signature d'un protocole pour le suivi-évaluation L'innovation technologique Enjeux et solutions pour le Burkina Faso Le Ministre Jacques Guéda signant le livre d’or du CAPES

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Page 1: L'innovation technologique - revuescapes.bf · au Burkina (RGC-B). L'article sur la vie chère donne la lecture du CAPES sur le phénomène et ses solutions possibles. En focus,

Trimestriel d’information N°020 Avril - Juin 2008 ISSN 0796 - 6881

Visite du Dr. GuédaJacques Ouédraogo

au CAPES

Phénomène de la vie chère Facteurs explicatifs et esquisse de solutions

CAPES - PA FA S P

Signature d'un protocole pourle suivi-évaluation

L'innovation technologique Enjeux et solutions pour le Burkina Faso

Le Ministre Jacques Guéda signant le livre d’or du CAPES

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Directeur de publicationDr Basga Emile DiallaDirecteur Exécutif

Directeur de la rédactionDr Victor Sanou

Comité de rédaction- Dr Seglaro Abel Somé- Mme Ouattara Hadja Fatimata Sanon

- Dr Abdoulaye Zonon- Mme Mariam Ouattara- Dr Daniel Kaboré

CoordinateurClément Soulama (DAFCO)

CollaborateursHadizata KarantaoDramane SessoumaSecrétariat de rédaction et impressionOrbite Communication

Crédit photos Issouf Nana

Tél. : 50 36 96 14/15/32 - E-mail : [email protected]

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Votre trimestriel C a p e s - I n f o svous revient pour la deuxièmefois en cette année 2008 avec sonsouci permanent de vous propo-ser des articles inédits sur desquestions d'actualité et des sujetsscientifiques.

Vous trouverez dans la présenteparution une série de contribu-

tions intéressantes portant entre autres sur la vie chère, lesinnovations au Burkina Faso, la Matrice de comptabilitésociale (MCS) et le Réseau de gestion des connaissancesau Burkina (RGC-B).

L'article sur la vie chère donne la lecture du CAPES surle phénomène et ses solutions possibles. En focus, l'écritsur la Matrice de comptabilité sociale la présente commeoutil de diagnostic et de prospective socioéconomique.Les innovations au Burkina sont une réalité et peuventêtre facteur de développement et de lutte contre lapauvreté ; c'est pourquoi nous y avons consacré un dossier.

Quant à l'article sur le RGC-B, il fait état des résultats del'atelier « brown-bag » sur la documentation des meilleurespratiques animé par M Adama Fofana ancien ministre desRelations avec le Parlement et président de la « PetiteAcadémie ».

Un article sur la deuxième vague de formations des cad-res du ministère de la Promotion de la femme (MPF) encollaboration avec le CAPES met en exergue la parfaitecollaboration qu'il y a entre le Centre et ledit ministère. Bonne lecture à tous et à toutes.

Basga Emile DIALLA, Ph.DSociologue / Directeur Exécutif

N° 020 — Avril - Juin 20083

Lettre de l’éditeur

Lettre de l’éditeur...........P 3

Dossier.......................P 4-7☞ L'innovation technologique

Enjeux et solutions pour le BurkinaFaso ?

Vitrine ......................P 8-9 ☞ Phénomène de la vie chère Facteurs explicatifs et esquisse desolutions

Focus......................P 10-11☞ Matrice de ComptabilitéSocialeUn outil de diagnostic et deprospective socio- économiques

Orbite.......................P12-13

☞ CAPES - PA FA S P

Signature d'un protocole pourle suivi-évaluation

☞ CAPES- MPF

Formation de 30 cadres duministère

Zoom.......................P14-15☞ RGC-BAtelier « brown-bag » sur la docu-mentation des meilleures pratiques

Faits & gestes ........P14-15

☞ Nous a rendu visite

SEM Mogens Pedersen, ambassa-deur du Danemark au Burkina Faso

☞ Visite du ministre GuédaJacques Ouédraogo au CAPES

Sommaire

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N° 020 — Avril - Juin 20084

L a plupart des pays qui comptentsur l'échiquier international sesignalent souvent par des produits

spécifiques. On peut prendre l'exempledu Coca Cola, de Microsoft et deMacdonald pour les USA; du vin pour laFrance; de la pizza et du café pourl'Italie; du chocolat pour la Suisse; de l'é-lectronique pour le Japon; la cuisine et lamédecine traditionnelle pour la Chine;etc. Jusqu'à présent l'on cherche désespé-rément des produits burkinabè connus depar le monde. Pourtant, le pays disposede nombreux produits candidats maisaucun travail sérieux n'a été fait dans cesens. Dans le domaine agroalimentaire,le tô (pate de céréales), le dolo (bière tra-ditionnelle), le zomkom ou le beurre dekarité sont des produits qui peuventavoir leur place dans le commerce mon-dial si leur qualité était améliorée.

D'aucuns disent que les produits burki-nabè ne sont pas de bonne qualité ou nerépondent pas à des normes de consom-mation acceptable, mais c'est en fait l'ab-sence d'un bon système d'innovation etd'invention qui en est la cause. L'absencede produits compétitifs aussi bien à l'in-térieur qu'à l'extérieur du pays n'est doncpas une fatalité. Aucun produit ne peutpercer le marché international de façondurable s'il n'a pas fait l'objet d'une étuded'innovation à des degrés variés.Cet article vise à montrer que l'innova-tion est un instrument ou un outil à ladisposition de toute entité (pays ouentreprise) pour conquérir le marché.C'est un processus continu qui a sesrègles et sa démarche.Il examine d'abord le concept et le pro-cessus de l'innovation, ensuite successi-vement les dispositifs d'accompagne-ment et l'innovation en entreprise. Enfin,il examine l'orientation à donner à l'inno-vation au Burkina Faso, le financementde l'innovation et le contexte réglemen-taire favorable à l'innovation.

L'invention et l'innovation, quelle différence ?

L'invention indique un acte de créationpar un individu qui, utilisant ses facultés

exceptionnelles, arrive à mettre au pointun process, un équipement ou tout autreobjet ou concept nouveau. L'innovation désigne l'introduction sur lemarché d'un produit, un service ou unprocess pour répondre à un besoin. Elles'appuie sur un certain nombre de tra-vaux existants et en fait en quelque sortela synthèse. Par exemple, l'introductiondu Jatrofa Curcas comme biocarburantpour répondre aux problèmes énergé-tiques est une innovation qu'il faudrabien encadrer.On distingue, de par la définition, troistypes d'innovations. ● L'innovation de produit qui concernel'introduction de produit sur le marché. ● L'innovation de service comprend denouvelles méthodes de marketing,d'administration, etc. ● Et l'innovation de process qui concer-ne l'introduction d'un process de trans-formation innovant. Ainsi tandis que l'invention concernesouvent la fonctionnalité principale del'objet ou du concept, l'innovation va audelà de l'invention pour englober lesaspects de marché (normes et lois, régle-mentations, emballage, nom commer-cial, etc.).Les définitions ci-dessus montrent quece qui est le plus souvent appelé innova-tion est encore aux premières phases,c'est-à-dire à l'état de prototype, car ilmanque souvent des tests, une maîtrisede l'invention et sa protection.

Le processus d'innovation

Le processus d'innovation se déroule sui-vant les cinq étapes suivantes. La premiè-r e phase concerne la veille technologiquesous toutes ses formes : recherche denouveaux produits et services, prospec-tion au niveau des clients et analysesdiverses. Cette phase permet de décou-vrir et de cerner les problèmes qui seposent ou se poseront. Dans l'entreprise,ces signes peuvent venir des services :maintenance, enquêtes, marketing helpdesk et autres services clientèles (serviceaprès vente). Il peut aussi provenir de laconcurrence (apparition de nouveauxproduits ou problèmes de la concurren-

ce). Les problèmes ou symptômes vontêtre transférés au bureau d'étude ou à lacellule de recherche et développement.C'est une base de l'invention mais pas laseule, car une personne peut inventersans passer par ces étapes. La deuxième phase concerne l'inventionelle-même. Une fois l'idée d'inventionformalisée, la première chose à faire estde la protéger même si elle n'est pasencore réalisée. C'est dans la démarchede protection que se révèleront les tra-vaux dans le domaine, l'originalité del'invention et le marché potentiel. Il s'en suit une procédure de protection

(voir la direction nationale de la propriétéindustrielle). La troisième phase concerne la réalisa-tion. Il s'agit de créer un prototype ayantles caractéristiques décrites dans l'inven-tion. Pour cela, le projet doit être bienconçu pour maîtriser non seulement lescoûts mais aussi les risques qui peuventse présenter. Dans bien des cas, le proto-type est bien plus parlant que tous docu-ments et permet de convaincre lesbailleurs de fonds et autres partenaires.Une fois le prototype réalisé, il reste à letester grandeur nature. Ces tests pilotesse déroulent chez le client (dégustationsdevant des écoles, tests d'équipements,etc.). Il est important de bien choisir cespersonnes tests afin de :● Permettre de tirer des leçons utiles àl'amélioration du produit.● De préserver l'image de l'entreprise. ● De bien concevoir un modèle d'affai-re1 (business model) et un cas d'affaires(business case). En général, aucuneentreprise ne veut être le cobaye d'unproduit. Il faut donc trouver les bonsarguments : résultats à coûts partagés,produits gratuits, etc. ● Tirer les leçons quant aux facteursd'échelles, aux coûts de production etaux circuits de distribution. ● Comprendre les réglementations(environnement, sécurité et santé) etnormes (ISO/IEC, CODEX Alimentarus,normes sur les bâtiments) et leurs inci-dences sur le produit. La quatrième phase concerne la phased'ajustement du produit en tenant comp-te des leçons tirées de la phase pilote.

L'innovation technologique

Enjeux et solutions pour le Burkina Faso

Le Burkina Faso, à l'instar des pays africains et des pays en développement, continue à faire face auxproblèmes de développement caractérisés par la pauvreté et la faible productivité de l'économie.Malgré les efforts des gouvernements et les aides extérieures, la percée qu'ont connue les pays asia -tiques tarde à se mettre en place. Cette percée marquée par la mise en place d'un bon système d'in -novation et d'invention a contribué à l'émergence d'un appareil productif compétitif qui a permis laconquête aussi bien des marchés intérieurs que extérieurs en moins d'un quart de siècle. Ces expé -riences nous montrent si besoin était encore, qu'il est toujours possible de passer du statut de payspauvre consommateur exclusif de produits extérieurs à celui d'un pays avec une économie capablede conquérir le marché national avec une présence notable sur le marché international.

Dr Pousga. Kaboré et Dr Abdoulaye Zonon

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Elle permettra entre autres de préparerles équipements de fabrication.Enfin, la dernière phase concerne la pro-duction et la commercialisation du pro-duit. Elle sera précédée d'une phase delancement du produit (son baptême enquelque sorte). Avant cette phase, lamarque et les dessins du produit doiventêtre protégés. La commercialisation etles services qui sont développés et citésci-dessus sont des feedback pour laveille technologique et l'améliorationcontinue du produit. Ces différentes phases concernent lesentreprises qui en ont les moyens. Cesont en général des multinationales. Pourles pays tels que le Burkina Faso, il n'y apas de centre de recherche dans de tellesentreprises. Les phases 1, 2, 3 et 4 sonttrès coûteuses pour les PME/PMI etmême pour les grandes entreprises natio-nales. Pour que celles-ci puissent déve-lopper de telles initiatives, il faut qu'ellesse regroupent et bénéficient de l'aide del'Etat et d'organismes tels que l'ONUDI,le PNUD et la Banque Mondiale pourcréer des structures pouvant jouer le rôlede Recherche et Développement (R&D)mais aussi d'appui lors des étapes ci-des-sus mentionnées. Il faut aussi que desliens soient établis avec le milieu de laformation (stages d'élèves et d'étudiants,formation et mise à niveau desemployés, etc.).

Les dispositifs d'accompagnement desinventions et innovations

Pour accompagner les inventions etinnovations, il existe plusieurs disposi-tifs et institutions dont voici quelquesunes: ● Les universités et les laboratoires derecherches. L'université est le lieu derecherche intense qui peut aboutir à desinventions et des innovations, ● Le Centre national de recherche scien-tifique et technologique (CNRST) et lesinstitutions de recherches. La recherche est surtout faite dans desorganismes de l'Etat. Il y a très peu d'en-treprises qui ont une activité de recher-che et développement (à l'exception de laSOFITEX qui dispose d'un service derecherche et développement). En plus de ces centres universitaires, onpeut compter d'autres structures d'appuià l'innovation: ● La Direction nationale de la propriétéindustrielle (DNPI) et O rganisation afri-caine pour la protection intellectuelle(OAPI) dont le but est d'accompagnerl'inventeur et l'innovateur lors de la pro-tection de leurs œuvres. Ce sont elles quiaident les acteurs dans les procédures deprotection. Il existe aussi le Bureauburkinabè du droit d'auteur (B B D A )pour les artistes.● Les ministères (commerce, industries,finances et économie, agriculture, etc.)peuvent appuyer la vulgarisation desinventions. ● La Maison de l'entreprise offre desaides permettant aux entreprises de sefaire accompagner dans leurs démarches. ● L'Agence nationale de valorisationdes résultats de la recherche (ANVAR) apour mission d'inciter les opérateurs àcréer et à investir dans la recherche et

dans l'application des résultats de larecherche.● Les foires (Forum de la recherchescientifique et de l'innovation technolo-gique (FRSIT), Salon international del'artisanat de Ouagadougou (SIAO),Foire de l'innovation pour le développe-ment de la Banque mondiale, Salon del'entreprenariat de la Maison de l'entre-prise, etc.) et les concours qui soutien-nent leurs actions.● Le système éducatif qui fournit lesressources nécessaires. Il fournit des sta-g i a i r e s , des ingénieurs et des techniciens,des chercheurs, etc. ● Les groupements professionnels et lesassociations où l'on peut trouver desinformations. Il y a notamment lesinventeurs et innovateurs du BurkinaFaso. ● Les ONG et autres organismes (laMaison de l'entreprise) mais aussi demicro finance.● Les cabinets privés d'aide à la protec-tion intellectuelle (ou propriété indus-trielle). ● Les programmes de l’UEMOA (pro-gramme de restructuration et de mise àniveau, programme qualité II, etc.)Le bilan de ces structures au BurkinaFaso est nettement en deçà des attentesà cause du fait qu'elles ne sont pas adap-tées au contexte et manquent de synergieentre elles. Par exemple, l'ANVAR a été créée pourappuyer l'innovation en permettant entreautres, aux idées des chercheurs et desinnovateurs d'aboutir à des projets d'en-treprises. Mais son fonctionnement nes’est pas déroulé comme prévu. Cettestructure est totalement déconnectéeaussi bien de l'entreprise que des structu-res de financement et des structures d'ap-pui à l'industrie. Pourtant, l'ANVAR enFrance jusqu'à sa disparation en 2006 aappuyé annuellement de milliers dePME/PMI dans leur projet d'innovationavec des résultats plutôt satisfaisants. LeFRSIT, quant à lui, qui est une vitrine del'innovation n'a pas de système d'accom-pagnement des innovateurs et chercheursvers la valorisation de leurs produits. Laplupart des œuvres qui ont été priméesn'ont fait l'objet d'aucune valorisation. Ilfaut donc un nouveau dispositif qui pren-ne en compte ces différentes structuresen les mettant en connexion avec desstructures complémentaires.

Le but ultime de tout système d'innova-tion est la création de nouveaux produitsou services et c'est en général les entre-prises qui ont un avantage comparatifdans le déclenchement et la gestion effi-cace des éléments du système.

Le système d'innovation dans lesentreprises et les dispositifs d'appui àl'innovation

Les entreprises qui en ont les moyenspeuvent mettre en place un système d'in-novation dont les éléments peuvent êtredérivés du processus d'innovation :● Un élément d'interface avec les insti-tutions académiques : c'est la R&D.Cette institution établit les collaborationsavec la recherche et les milieux acadé-miques, mais aussi avec les institutions

de financements. ● Un service de bureau d'étude et deméthodes pour la mise en œuvre des pro-duits : fabrication, calculs, mise au point,tests pilotes. Les tests étant très souventcoûteux, c'est là que réside l'art de l'ingé-nierie qui aujourd'hui se sert de l'outilinformatique et du calcul scientifiquepour faire des tests virtuels et accélérer laconception. ● Le service commercial & marketingpour la promotion et la vente du produitune fois qu'il est mis au point ainsi que laveille commerciale. ● Un service de production et de qualitéqui se charge de la production du produitdans les normes (ISO 9001, etc.), poursatisfaire la demande.

Les entreprises au Burkina sont en majo-rité des PME/PMI. En dehors dequelques unes qui peuvent avoir un servi-c e de recherche et développement (SAPOlympique, SOFITEX, etc.), les autressont des micro-entreprises et des PMEqui n'ont pas les moyens de s'organisercomme il est décrit ci-dessus.

Elles ont besoin qu'une organisation soitmise en place autour d'elles pour enencadrer l'innovation. Dans ce système,il faut un cadre institutionnel et desinfrastructures pour encadrer l'innova-tion. Ensuite, il faut une politique incita-tive de l'innovation. Cette politique pour-rait englober la fiscalité, un cadre juri-dique et des investissements. Elle peutpar exemple encourager les entreprises àse regrouper et fédérer les efforts pourinnover pour être plus compétitive. Ondistingue plusieurs types de regroupe-ments : un regroupement de PME autourd'une grande entreprise, celui qui lie lesPME entre elles et enfin les grandesentreprises entre elles. Ces regroupe-ments peuvent avoir plusieurs objectifs :mutualiser les moyens de production etles expertises, collaborer dans la créationde produits nouveaux ou d'entreprisesnouvelles. Dans ces regroupements, onpeut avoir l'association du milieu acadé-mique et de la recherche. La grande entreprise est celle qui abesoin des services ou produits. C'estl'exemple de la fourniture de produitsintermédiaires (beurre de karité parexemple). Ces configurations de collabo-

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ration sont connues sous les appellationsde:● Système productif local : cette mutua-lisation peut elle-même générer desinnovations : gestion plus rigoureuse,protocole de collaboration, etc. ● Pôles de compétitivité : il s'agit deprojets novateurs liant entreprises, centrede recherche et centre de formation. Unexemple de projet peut être le développe-ment d'une technologie de contrôle de laqualité d'un produit alimentaire pendantla production (par exemple leSoumbala). Ce projet pourrait lierl ' I R S AT, l'entreprise qui désire acquérir latechnologie et l'université pour apporterun soutien tant en étudiants pour exécu-ter le travail mais aussi pour les contrô-les biochimiques et biotechnologiques. ● Parc scientifique ou technopole : leparc scientifique est l'emplacement souventproche de l'université et qui regroupeentreprises, universitaires et scientifiques. La plupart des entreprises au BurkinaFaso sont des micro-entreprises ou desPME/PMI. Les grandes entreprises nesont pas nombreuses. La Directiongénérale du développement industriel(DGDI) estime à environ une centaineles entreprises industrielles. Elles n'ontpas les moyens d'assurer les quatre pre-m i è r e s phases et même l'interface avec lemilieu scientifique. Les entreprises agroali-m e n t a i r e s sont parmi les plus nombreuseset on compte un grand nombre de petitesentreprises. C'est aussi dans cette bran-che que se posent les problèmes les plussérieux : qualité, coût de production,emballage, traçabilité, compétitivité, for-mation, etc. Comme exemple de regroupements, onpeut citer le programme plateforme mul-tifonctionnelle qui pourrait se muer encentre technique pour la transformationdes céréales et du beurre de karité. A cejour, on dénombre environ 120 platefor-mes et le nombre va croissant. On peutciter aussi le PAMER qui joue un rôlesimilaire.

Dans quel sens faut-il faire l'innovation?

Pour une meilleure efficacité, il n'est pasjudicieux de faire l'innovation dans tousles sens. Un bon système d'innovationdoit être lié à une bonne stratégie de

développement industrielle. Cette dernièreest généralement calée sur les chaînesdes valeurs, c'est-à-dire sur les étapes detransformation et d'approvisionnementdes produits et services. Une telle démar-che permet à terme de planifier le déve-loppement de secteurs stratégiques à tra-vers l'innovation et la recherche dans dessecteurs clés de l'économie. Pour le Burkina, la Stratégie de d é v e l o p-pement industriel (SDI) et l'étude d uCentre d'analyse des politiques écono-miques et sociales (CAPES) sur les « Lespôles de compétitivité régionale » ont per-mis de faire ressortir des domaines clé dudéveloppement industriel au Burkina(voir aussi l’étude de la Maison de l’en-treprise sur les secteurs porteurs auBurkina Faso). La suite à ces documentspourrait être la mise en place d'un bonsystème d'innovation et les chaînes desvaleurs.

Le financement de l'innovation

Il ne faut pas se leurrer : l'innovationcoûte cher et c'est certainement pourcette raison que des pays comme leBurkina Faso n'investissent pas grand-chose dans celle-ci à cause des préoccu-pations de court terme. C'est aussi pourcette raison que l'on n'a pas de produitsassez compétitifs et de produits adaptés ànos problèmes quel que soit le domaine.Cette attitude de négligence du finance-ment de l'innovation est un cerclevicieux pour la pauvreté. Elle maintientnos pays dans un sous-développementchronique et les acteurs du développe-ment finissent par se convaincre que l'in-vestissement dans l'innovation et l'inven-tion n'est pas une priorité pour le pays etce serait un luxe que de lui consacrer unfinancement.De part le monde, une telle convictionn'est pas partagée. Des parts substantiel-les du PIB sont consacrées à des dépen-ses publiques de recherche et développe-ment (1,93% dans l'UE, 2,59% auxEtats-Unis et 3,15% au Japon contre0,35% au Burkina Faso). A coté de cesfinancements publics, il existe des fondsprivés (entreprises et banques) pour lefinancement de l'innovation. De maniè-re générale, cette question est si impor-tante que les techniques et les instru-ments existants font régulièrement objetde révision pour être adaptés à uncontexte mondial en évolution constanteet rapide.

En France par exemple, comme dans denombreux pays développés du reste, lesgrandes entreprises n'ont pas beaucoupde difficultés pour obtenir des finance-ments pour l'innovation. Les banques lesaccompagnent facilement dans cettedémarche et souvent leurs fonds propressuffisent pour soutenir leur activité d'in-novation, mais cela n'est pas le cas pourles petites et moyennes entreprises. Lesautorités et les banques ont mis en placedes financements adaptés pour elles. L ' A N VAR a soutenu financièrementl ' e ffort d'innovation technologique demilliers d'entreprises françaises ; laBanque de développement des PME(BDPME) soutient le financement des

investissements et du cycle d'exploita-tion, en partenariat avec les établisse-ments bancaires, la Société française degarantie des financements des PME(Sofaris) participe à la garantie desfinancements bancaires et des interven-tions en fonds propres ; l'Agence de l'in-novation industrielle (AII) a la chargedes grands projets fédérateurs en parte-nariat avec les groupes industriels. En2006, toutes les activités ont été fusion-nées dans un établissement public d'Etatqui est l'OSEO. Il a pour but de faciliter,par le partage des risques, l'accès desporteurs de projets et des entrepreneursaux financements privés (banques, capi-tal-risque, etc.) utiles à leur croissance. Les activités d'une entreprise innovantesont dans les cas risqués et dans le jargonfinancier, les fonds servant à les financersont appelés capital-risque. Sans cecapital-risque, de nombreux projetsinnovants ne verraient jamais le jour. LaBanque européenne d'investissement enpartenariat avec les banques européen-nes met à la disposition des entreprisesprès d'un milliard d'Euros sous forme decapital-risque.

Dans beaucoup de pays, il y a la partici-pation directe de personne physique dansle capital-risque. On peut citer par exem-ple le réseau de «business angels» enAngleterre. Ce sont en fait des person-nes physiques qui investissent une partde leur patrimoine dans une entrepriseinnovante à potentiel et qui, en plus deson argent, met gratuitement à disposi-tion de l'entrepreneur, ses compétences,son expérience, ses réseaux relationnelset une partie de son temps. De telsréseaux sont en train de se développer unpeu partout en Europe. L'Allemagne dispose du Fonds de parti-cipation pour les petites entreprises tech-nologiques (BTU) qui depuis sa créationa permis la mobilisation de plus de 3milliards pour les PME innovantes. Leprogramme BTU est remplacé actuelle-ment par un fonds investissant dans desfonds de capital-risque, et par un fondsengageant directement des capitaux dansdes petites entreprises axées sur la tech-nologie.

Les USA et le Canada disposent égale-ment de très bons outils de financementde capital-risque. La Banque deDéveloppement du Canada (BDC) offreun programme qui accorde des prêts queles entreprises établies peuvent utilisercomme fonds de roulement pour explo-rer de nouveaux marchés et créer de nou-veaux produits et de nouvelles technolo-gies. La BDC aide les entreprises nova-trices à tirer parti des nouveaux marchéset des nouvelles technologies proposéesaux intervenants sur les marchés mon-diaux.Aux USA, le Small business investmentcompanies (SBICs, sociétés d'investisse-ment dans les petites entreprises) tend àpromouvoir le développement de l'inno-vation dans la petite entreprise. Ce pro-gramme tente de rapprocher l'innova-tion, la recherche scientifique et techno-logique.

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Dans certains pays africains, commeceux d'Afrique du Nord quelques instru-ments financiers ont été mis en placemême s'ils sont moins ambitieux par levolume de crédit accordé. En Tunisie etau Maroc des fonds publics financentdes initiatives d'innovation à travers desmécanismes divers comme les couveu-ses et les pépinières d'entreprises2 . Auniveau de l'UEMOA, la BOAD a crééCauris Investissement. Au Sénégal et auGhana, des initiatives nationales ont vule jour avec Seninvest et Ghana venturecapital fund (GVCF). La BRS peut aussijouer ce rôle mais n'est qu'à ses débuts.Au Burkina Faso jusque-là, ces types definancement sont inconnus : ni l'Etat, niles banques ordinaires, ni les entreprisesn'investissent dans l'innovation.On peut aussi citer le rôle du FAGACEdans le financement des activités de l’en-treprise. Il peut être amené à soutenir desactivités innovatrices, comme c’est lecas avec la zone franche du VITIBSA, enCôte d’Ivoire. La mise en place d'un bon mécanisme definancement passe aussi par l'existencede bons dispositifs incitatifs et réglemen-taires à l'innovation et à l'invention.

Dispositifs réglementaires de soutien àl'innovation

La création d'un environnement favora-ble au développement de l'innovationtechnologique et sa diffusion dans tousles secteurs de l'économie constituent unenjeu majeur pour tout pays. Certes, cetenvironnement par des structures adé-quates a aussi besoin de règlementsadaptés et des incitations spécifiques.

L'innovation et l'invention ont besoind'être protégées. Elles peuvent être pro-tégées de deux manières : par le secret etpar les droits de propriété. Par les droitsde propriété, on peut avoir plusieurstypes de protection. Il s'agit de la marquede fabrique de commerce et de service,des droits d'auteur et droits voisins, desdessins et modèles, des appellations d'ori-g i n e , des brevets et des certificats d'ob-tentions végétales. Que ce soit dans le cadre du secret ou desdroits de propriété, les autorités ont unrôle important à jouer en proposant deslois et des règlements appropriés. Parexemple, dans certains pays, des conven-tions de protection du secret avec lescadres, employés et les sous traitantssont proposés et l'Etat peut participer acti-vement à la lutte contre l ' e s p i o n n a g eindustriel. L'innovation peut être encouragée pardes incitations fiscales spécifiques. C'estle cas dans de nombreux pays. EnFrance, on a par exemple le Crédit d'im-pôt recherche (CIR). C'est une incitationfiscale qui permet d'accroître la compéti-tivité des entreprises en soutenant leure ffort de Recherche-Développement(R&D) par une réduction de l'impôt surles sociétés en fonction des dépenses deR&D engagées. On a également le statut de la Jeuneentreprise innovante (JEI) qui offre denombreuses sources d'incitation fiscalesaux entreprises éligibles. Il s'agit entreautres d'exonération totale des bénéfices

pendant 3 ans suivie d'une exonérationpartielle de 50 % pendant deux ans ;d'exonération totale d'imposition forfai-taire annuelle, tout au long de la périodeau titre de laquelle elle conserve le statutde JEI ; d'exonération de la taxe profes-sionnelle et de la taxe foncière sur lespropriétés bâties pendant 7 ans, sur déli-bération des collectivités territoriales etde nombreuses exonérations de cotisa-tions sociales.

Une autre mesure incitative mais nonfiscale en France est la mise en placed'un congé pour création ou reprise d'en-treprise ou participation à la directiond'une "Jeune Entreprise Innovante". Cecongé permet au salarié qui souhaite sec o n s a c r e r à la création ou à la reprised'une entreprise ou participer à la direc-tion d'une « Jeune EntrepriseInnovante » (JEI) de suspendre soncontrat de travail afin de retrouver, sibesoin est, au terme du congé, l'emploiprécédemment occupé (ou un emploisimilaire).

Dans de nombreux autres pays dévelop-pés, il existe diverses mesures d'incita-tion. Aux USA par exemple, les incita-tions fiscales sont importantes dans lecadre du Research Development LimitedPartnership, avec la déduction de laquasi-totalité de l'investissement ainsique des avantages fiscaux incitatifs surles revenus et les plus-values. Ces typesde mesure se rencontrent aussi bien dansles pays d'Europe qu'en Asie.Cependant, pour le moment, le BurkinaFaso et l'UEMOA n'ont pas été inspirésdans ce sens: l'innovation ne bénéficied'aucune mesure particulière. Dans lapolitique industrielle commune, il estprévu dans le programme de développe-ment des PME-PMI, un sous programmesur le développement des structures d'ac-cueil comme les incubateurs d'entrepri-ses mais celui-ci n'est pas encore envigueur.En plus de ces aspects, il est aussi néces-saire de crédibiliser l'innovation.

La crédibilisation de l'innovation

Jusqu'à présent, l'Etat lui-même n'accordepas une grande crédibilité à l'innovation.Les trouvailles des chercheurs ne fontl'objet d'aucune suite. Dans les pays oùl'innovation est au cœur de la compétiti-vité des entreprises bien que les entrepri-ses de pointe investissent énormémentdans la recherche et développement, lesstructures publiques y contribuent égale-ment à travers de nombreux projets oumécanismes.C'est ainsi que des sommes importantessont dépensées dans le projet des pépinièreset de couveuses d'entreprises. Des jeunesinnovateurs sont guidés progressivementdans leur projet jusqu'à ce qu'ils soientmûrs et fassent l'objet de création d'en-treprises. Certaines découvertes au Burkina Fasoauraient pu faire l'objet de soutien de lapart de l'Etat simplement par des com-mandes fermes pour substituer à certai-nes importations. Sans les commandesfermes des compagnies aériennes occi-dentales, Airbus aurait eu toutes les diffi-

cultés pour concurrencer Boeing.Ce n'est pas le cas au niveau du BurkinaFaso. Par exemple, les cérémonies offi-cielles se font généralement sans descommandes auprès des entreprises deproduction de mets burkinabè comme lesjus. L'obtention de marchés sur des fondsétatiques devrait être un moyen pour cesproducteurs d'améliorer la qualité deleurs produits.L'Etat devrait changer d'attitude en réha-bilitant le système d'innovation burkinabèet c'est cela qui donnera le courage auxinnovateurs de continuer dans leurœuvre.

Conclusions et recommandations

Alors que l'innovation et l'invention sontau cœur de la compétitivité et du bien-être dans toutes les sociétés qui avan-cent, le Burkina Faso ne semble pasprendre conscience de ces enjeux fonda-mentaux. Les dispositifs institutionnel, réglemen-taire et d'accompagnement financier àl'innovation ne sont pas adaptés à la pro-blématique actuelle de l'innovation.En passant en revue les concepts d'in-vention et d'innovation cela a permis devoir que ce sont des processus gérables sitoutefois les autorités y mettent le prix etl'attention nécessaires.Dans les domaines d'avantages compéti-tifs du Burkina Faso, de nombreuseschaînes de valeurs peuvent être pour lepays des niches de compétitivité distinc-tives à condition que l'innovation etl'invention aient la place qu'il faut. Ils'agit par exemple du secteur agro-alimentaire où toutes les potentialités dupays restent presque inexplorées. Unautre domaine où l'innovation pourraitaider à lutter contre la pauvreté est celuide l'énergie. Pour ce faire, l'utilisationdes résultats de l'étude sur les pôles decompétitivité régionale en ciblant desdomaines pilotes pour le test de pôlesseraient une suite logique.

1 Le business case est souvent omis mais reste trèsi m p o rtant car c'est l'exemple qui prouve que le marc h éa besoin du produit.

2 Cet instrument permet à des jeunes innovateurs d'ê-tre guidés progressivement dans leur projet jusqu'à cequ'ils soient mûrs et fassent l'objet de création d'en-treprises.

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1) Facteurs explicatifs du phéno-mène

Il y a une combinaison de facteursqui a conduit à une forte hausse desprix. - La flambée des prix du pétrole oucrise pétrolière (guerre en Irak etinstabilité de nombreux pays pro-ducteurs, amenuisement des réser-ves) ayant des effets négatifs sur lescoûts des facteurs et les intrantsagricoles ;- La bonne santé économique enAsie surtout en Chine avec unedemande accrue d'hydrocarbures (laconsommation chinoise de pétrole,au rythme de 7 millions de barils parjour, devrait doubler d'ici 2010), deviande et d'acier ; ce boom écono-mique a induit des changements demode de vie notamment l'alimenta-tion qui devient de plus en plus car-née, entraînant une demande plusforte de viande, donc plus de maïs etde soja pour nourrir le bétail ; égale-ment l'exode rural occasionné par leboom économique qui a tendance àattirer plus de main-d'œuvre deszones rurales vers les villes ; - La vogue du biocarburant, notam-ment le bioéthanol et le biodieselpar la conversion de millions d'hec-tares en leur faveur et la transforma-tion des produits agricoles (18% dela production américaine de 2008seront consacrés à la production del'éthanol) ; la production d'éthanol àbase de maïs s'est accrue de 160%de 2000 à 2006 aux USA et l'on pré-voit une nouvelle hausse pour lesannées à venir ; également, on esti-me actuellement que 100 millions

de tonnes de céréales par an sontdésormais utilisées pour fabriquerde l'éthanol ou du biodiesel ;- Le changement climatique avec lasécheresse (notamment enAustralie) qui freine la productionagricole et réduit donc l'offre face àune population mondiale en cons-tante augmentation ;- La hausse du coût du transport(plus de 50% entre 2000 et 2007)due à la hausse du prix des hydro-carbures.Ainsi, pétrole cher (le prix mondialdu baril a franchi la barre des 130dollars tout récemment), donc coûtplus élevé de l'énergie et dutransport, hausse de la consomma-tion de viande et de produits laitiersen Asie, réorientation de parcellesvers la production de biocarburants(accroissement continu de la deman-de en Chine et en Inde pour le maïs,l'huile de palm et le blé, ainsi qu'àl'utilisation de biocarburants commesource d'énergie renouvelable

comme c'est le cas notamment dumaïs, utilisé pour produire l'éthanol),climat déréglé (production réduitedue au changement climatique), lesniveaux des stocks historiquementbas, dévaluation du dollar américain(qui a induit une hausse des produitslaitiers) et spéculations diverses ontcontribué à l'augmentation des prixalimentaires.C'est surtout la tendance des paysoccidentaux à employer de vastesstocks pour la production de biocar-burants qui a provoqué des pénurieset une flambée des prix dans plu-sieurs pays pauvres où, prévientl ' O rganisation des Nations Uniespour l'Alimentation et l'Agriculture(FAO), les émeutes liées au coût desaliments pourraient s'étendre à l'ave-nir.La hausse internationale des prix aévidemment un impact plus impor-tant dans les pays qui dépendent engrande partie d'importations pourcouvrir leurs besoins essentiels.La flambée des prix des produitsobservée actuellement sur le marchén'est pas le fait de nos Etats. La crisevient de l'extérieur. Mais elle aurades conséquences alimentaires etnutritionnelles, économiques, socia-les et politiques évidentes.

2) A quand le bout du tunnel ?

La tendance haussière se poursuivracar la demande mondiale est en crois-sance et pourrait même s'accentuer.S'agissant du pétrole, la demandecontinuera de croître, d'après lesprojections d'observateurs avisés, cequi conduira à des tensions fortes et

Phénomène de la vie chère

Facteurs explicatifs et esquisse de solutions 1

Dr. Basga Emile Dialla

La récente flambée des prix des denrées alimentaires est un phénomène mondial. En effet,dans un contexte où tout augmente, cela fait dire à certains observateurs que le problème estuniversel. Cette flambée des prix n'est pas le fait de nos Etats ; elle vient de l'extérieur, maisa des répercutions socioéconomiques évidentes dans nos pays. Cet article aborde la problé -matique de la vie chère, met en exergue quelques faits explicatifs du phénomène et esquissedes solutions.

Dr. Basga Emile Dialla

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permanentes sur le marché pétrolier.Pour les prix alimentaires, l'ONUprévient qu'ils risquent de rester éle-vés. Malgré les mesures d'accroisse-ment des stocks que les différentsgouvernements s'apprêtent à lancer,la tendance mondiale à la hausse desprix alimentaires semble structurelleet risque d'être délicate à contrer,prévient le Suédois Lennart Bage,président du Fonds internationalpour le développement agricole(FIDA).Dans une interview accordée àl'agence Reuters le jeudi 10 avril2008, le président du FIDA prévientque la majorité des experts estimentque les prix élevés sont là pour long-temps. Il dit toutefois que nousassisterons à une réaction sur l'offre,qui devrait, espère-t-il, faire quelquepeu baisser les prix. Qu'il y ait une réaction sur l'offre nefait aucun doute ; ce que nous igno-rons encore, c'est dans quelle mesu-re cette réaction fera baisser les prix,poursuit-il. Il ajoute que selon les experts sur leterrain, les prix devraient rester plusélevés qu'autrefois, et nous sommesprobablement les témoins d'une évo-lution structurelle à la hausse.Selon les données de l'ONU, les prixalimentaires ont globalement aug-menté de 35% entre fin janvier 2007et fin janvier 2008, accélérant unetendance amorcée en 2002. Depuiscette date de 2002 effectivement, lesprix se sont envolés de 65%.Pour la seule année 2007, les chiff r e sde la FAO montrent une hausse de80% pour les produits laitiers, de42% pour les céréales.

3) Esquisse de solutions

3.1) Au niveau internationalSelon le FIDA, tous les signauxmontrent avec force que la solutionà ces flambées des prix alimentairesréside dans l'augmentation de la pro-duction. Une solution à long terme devraitpasser par des investissements plusélevés dans l'agriculture.Comme l'a souligné le directeurgénéral de la FAO Jacques Diouflors du récent Sommet Inde-Afrique, il est essentiel d'augmenterl'investissement agricole dans lesinfrastructures et la maîtrise de l'eauet de faciliter l'accès des petits pay-

sans aux intrants afin qu'ils puissentaugmenter leur productivité. Il aégalement mis l'accent sur l'impor-tance de systèmes efficaces de com-mercialisation et de traitement desproduits agricoles.Pour lui, l'agro-industrie aide à pré-server les produits alimentaires,ajoute de la valeur et réduit les per-tes après récolte. Elle permet à desproduits de voyager sur de plus lon-gues distances, y compris vers lesvilles en expansion rapide.Pour cela, l'agro-industrie génère dela demande pour les produits agrico-les et offre un vaste potentiel pourl'emploi rural hors des exploitationsagricoles. Elle ajoute également unevaleur significative à la productionagricole, tant pour les marchésdomestiques que d'exportation.L'intérêt des gouvernements pourles investissements agricoles a dimi-nué dans de nombreux pays ces dixou quinze dernières années. La partde l'aide internationale au dévelop-pement consacrée à l'agriculture estpassée de 20% au début des années1980 à moins de 3% aujourd'hui.

A l'issue du Sommet Inde-Afrique àNew Delhi tout récemment, les diri-geants des pays représentés ont faitvœu mercredi 9 avril 2008 de lutterensemble pour la sécurité alimentaire,et ont appelé les pays occidentaux àrevoir leurs pratiques, notammentl'emploi de vastes stocks pour laproduction de biocarburants.Dans un tel contexte de hausse inter-nationale des prix, des économiesfragiles comme celle du Burkina quidépendent en grande partie d'impor-tations pour couvrir leurs besoinssubiront avec acuité les répercus-sions de la hausse des prix.

3.2 Au niveau nationalLes mesures actuelles prises par legouvernement burkinabè (suspen-sion des droits de douane sur cer-tains produits qui ne peut s'étalerdans le temps au risque de produireune autre crise) n'arrêteront pas lahausse des prix pour longtemps. Etsi le gouvernement, sous pression,allait au-delà de ses capacités, il semettrait lui-même en difficulté.Les esquisses de solutions possiblespeuvent être les suivantes :- Mener une vaste campagne d'ex-plication du phénomène qui ne

dépend nullement du gouvernementburkinabè et qui est là pour un cer-tain temps ;- Sensibiliser l'opinion publique àaccepter certaines hausses inévita-bles, c'est-à-dire la vérité des prix ;- Mettre en place un observatoirepour une surveillance efficace de laconcurrence et des prix des produitsde grande consommation ;- Envisager une politique de subven-tion, mais bien ciblée et maîtrisée ;- Suivre scrupuleusement l'applica-tion des dernières mesures decontrôle avec COTECNA, qui est lastructure en charge de la surveillan-ce et du contrôle ;- Organiser une meilleure circula-tion des produits des zones excéd e n-taires vers les zones déficitaires ;- Adapter constamment notre fiscalitéà la situation internationale ;- Soutenir de manière volontaristecertains secteurs jugés stratégiques ;- Saisir cette opportunité pour boos-ter la production locale des produitsde première nécessité par des inves-tissements conséquents, le soutienaux producteurs afin de minimiserl'importation de certains produitsagricoles ;- Mener une vaste campagne de sen-sibilisation en direction des popula-tions pour un changement de leursmodes de consommation dans lestyle « Consommons burkinabè !» ;- Discuter sans langue de bois avecles partenaires sociaux ;- Ne pas exclure d'office l'éventualitéd'un relèvement du pouvoir d'achatdes travailleurs.

1Cet écrit s'inspire du document sur la vie chère préparépar le CAPES dans le cadre de la rencontre d'échange du14 avril 2008 avec la Commission ad' hoc sur la vie chèrede l'Assemblée Nationale.

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P e rtinence de la Matrice decomptabilité sociale (MCS)De nombreuses analyses écono-miques ont porté sur les ménagesindividuels dans les pays en déve-loppement, notamment en milieurural, pour expliquer leur compor-tement en termes de demande, deproduction, d'offre de travail, derevenus… Ces analyses permet-tent de cerner les relations entreces différentes variables et de pré-dire ainsi les effets de politiquesdans un cadre d'équilibre partiel.Des méthodes économétriques oude programmation mathématiquesont alors développées pour obte-nir des paramètres relatifs aux dif-férentes variables sous les hypo-thèses que (i) les ménages sont des« price-takers » (les prix leur sontdonnés par le marché), et que (ii)les marchés ne connaissent aucuneimperfection (les marchés sontpurs et parfaits); en outre, cesmodèles sont généralement « sépa-rables », c'est-à-dire que les déci-sions des ménages en matière deproduction ne sont guère affectéespar leurs caractéristiques deconsommateurs (comme leurs pré-férences). Cette approche, bien qu'utile, com-porte des insuffisances liées auxhypothèses sur lesquelles elle estdéveloppée et à sa nature intrin-sèque. L'hypothèse que les ména-ges sont des « price-takers » n'estpas vérifiée, pas plus que l'absenced'imperfection des marchés et laséparabilité. Certains biens ne fontl'objet de marché comme la main-d'œuvre en milieu rural (marchésinexistants) ; certains marchésexistent mais sont entachés d'im-perfection à cause de la présence

des coûts de transaction. Quant à la nature de l'approcheménage, elle connaît les insuffi-sances suivantes :- Elle ignore les eff e t sd'équilibre général des politiquessur les ménages : ces modèles sontà même de cerner les effets directsmais pas ceux induits dans l'en-semble de la sphère économique.Il est vrai que toute politique a deseffets indirects à plusieurs niveauxau-delà des seuls ménages : desinteractions sont présentes entrefacteurs de production, les activi-tés et les ménages sous la formed'effets multiplicateurs. - Elle ne tient pas comptedes interactions dans le groupe desménages et de celles entre celui-ciet les autres agents économiques.Tant que des interrelations existententre ménages comme cela est lecas dans la pratique, l'approcheménage produira des résultatsdéroutants parce que basés sur desestimations biaisées.La Matrice de comptabilité socialeest conçue pour remédier à de tel-les insuffisances.Les lignes qui suivent (i) font unpetit historique de cet outil, (ii) endonnent une description et (iii)présente l'utilisation qui peut enêtre faite. Enfin les insuffisancesde la MCS sont indiquées enconclusion ainsi que les perspecti-ves en guise de réponse à cesinsuffisances.

Historique de la MCS

L'histoire de la MCS remonte auTableau économique de FrançoisQuesnay de 1758 qui fit une des-cription de l'économie sous laforme de flux circulaires. Plus

tard, Léon Walras apporta larigueur mathématique à l'approcheet étendit l'idée à la notion d'équi-libre général vers lequel tend l'éco-nomie par le biais du marché. Entout état de cause, une mesure for-melle des flux d'équilibre auniveau de l'économie nationale n'avéritablement commencé qu'aprèsle crash de 1929, lorsque les paysdéveloppés ont ressenti le besoind'élaborer un système élargi decomptabilité nationale pour nonseulement mieux comprendre lesinterrelations dans l'économiemais aussi pour mesurer le pro-grès économique (à travers le PIBet le PNB). Ce système de compta-bilité nationale a connu une avan-cée décisive avec l'apport substan-tiel de Wassily Léontief, prixNobel d'économie qui développal'analyse input-output en utilisantles données de production de l'éco-nomie américaine pour analyserl'impact des changements de lademande finale. L'approche MCSa reçu son premier crédit grâce àl'apport séminal de Sir RichardStone qui élabora la MCS en élar-gissant le tableau input-output deLéontief (basé sur les relationstechniques) pour prendre en comp-te les structures économiques etsociales en vue de compléter lesinformations techniques de pro-duction du modèle input-output.Au-delà des données input-output,la MCS inclut les aspects de distri-bution de revenus à travers lesrelations entre les activités de pro-duction et les valeurs ajoutéesdégagées. En d'autres termes, laMCS est une représentation dusystème de comptes socio-écono-miques à un moment donné, qui

Matrice de comptabilité sociale

Un outil de diagnostic et de prospective socio- économiques

Par Dr. Daniel KABORE

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capture les transactions et lestransferts entre les agents écono-miques. Elle se caractérise par unegrande flexibilité tant du point devue du thème que de l'échelle ; eneffet, en fonction du thème étudié,il est possible de désagréger lescomptes de la MCS de façonorientée pour pouvoir cerner aumieux les effets des politiques. Demême, elle peut être conçue pourune échelle plus ou moins large(village, commune et nationnotamment) dont la flexibilité dedésagrégation ci-dessus évoquéetiendra compte pour plus de perti-nence dans l'analyse.En définitive, l'approche MCS pré-sente des avantages, à savoir que :- La comptabilité à double entréeexige que le revenu soit égal auxdépenses, ce qui permet un contrô-le de cohérence ;- Les données entrant dans l'élabo-ration de la MCS et les extrantsqu'on peut en tirer constituent unensemble important d'informationséconomiques sur les revenus, lesemplois, les possibilités de crois-sance via les multiplicateurs…

Description de la MCS Pour présenter la structure de laMCS, il est rappelé que l'idée debase est que chaque bien est pro-duit en utilisant d'autres biens.Supposons que :yi est la production du bien i ; xi la demande finale du bien i ; yij la quantité de bien i utilisée

pour produire le bien j ;yj le total de la colonne du bien

j ; et,Ai j la quantité du bien i pour produireune unité du bien j ( )

A partir de ces définitions, on peutécrire :

yi = +xi i,j =1,2,…,n

ou encore sous forme vectorielley = Ay + x (1)y = Ay + x => (I - A)y = x (2), Iétant la matrice identité de dimen-sion nxn.L'équation (1) n'est rien d'autreque la Matrice de comptabilitésociale (MCS) qui est un élargisse-ment du modèle input-output (I-O), incluant des comptes socio-économiques endogènes (facteursde production, ménages) et exogè-

nes (gouvernement, épargne etreste du monde).Si (I-A)- 1 existe, alors on a:y = (I - A)-1 x (3)(I - A)-1 étant la matrice des coeffi-cients multiplicateurs (dits deLéontief lorsqu'il s'agit d'un simplemodèle input-output). Etant donnéla demande finale x, y = (I - A)-1 xpermet de calculer la productiontotale des biens. Plus le coefficientrelatif à deux secteurs est élevé,plus forte est la relation entre cessecteurs.

Utilisation de la MCSLa MCS étant un élargissement dumodèle (I-O), elle permet d'inclureles structures socio-économiquesdans l'analyse et de mesurer l'effetdes politiques. La variation de lademande finale est le point dedépart des simulations à partir dela MCS. D'un point de vue pra-tique, il est nécessaire d'exclure lescomptes exogènes avant d'utiliserles coefficients multiplicateurs(I - A)-1 . Il est alors possible, entreautres, de calculer l'effet de poli-tiques: sur le niveau des activités,les revenus (tirés des activités, desfacteurs…), de suivre l'itinérairedes effets à travers l'ensemble del'économie. Toutefois, il est à noterque les politiques relatives auxchangements de prix ne peuventpas être prises en charge par laMCS car elle n'est qu'une photo-graphie de la situation pour unniveau de prix donné.A titre illustratif, on peut analyserl ' e ffet de l'augmentation de lademande de riz local. Une telleaugmentation se répercutera nonseulement sur l'activité de produc-tion même du riz mais aussi sur larémunération des facteurs, la dis-tribution aux ménages du revenutiré, les transferts au gouverne-ment sous forme de taxes…L'analyse des coefficients multipli-cateurs permet de suivre l'itinérairedes effets de la politique sur diverssegments de l'économie nationaleà savoir (i) les effets directs sur laproduction de riz prise isolément(ii) les effets sur la sphère de pro-duction (toutes les autres filièresi.e. en excluant le riz) et (iii) tousles effets indirects sur l'ensembledes autres sous-secteurs à l'excep-tion de celui de riz. La MCS permet (i) de diagnosti-quer les inter-relations entre dif-férentes activités (filières), les fac-

teurs de production, les ménages àtravers les coefficients multiplica-teurs et (ii) d'obtenir une vue pro-spective de toute politique d'ac-croissement de la demande finale.

Conclusions : insuffisances etperspectives Malgré l'utilité évidente de laMCS, celle-ci connaît des insuffi-sances qui sont intrinsèques auxhypothèses qui la soutendent, àsavoir : la fixité des prix, l'existen-ce d'excédents de capacité (offreélastique) et de proportion fixe etlinéaire d'intrants dans la produc-tion. En conséquence de ces hypo-thèses, il est clair que la MCS neprend pas en compte les prix pour-tant incontournables dans touteéconomie ; l'élasticité de l'offreconstitue une sévère limitation dela MCS car en pratique, il n'est pastoujours possible d'augmenter laproduction. Enfin l'hypothèse de lalinéarité et de la constance de laproportion d'intrants dans la pro-duction ignore la réalité des rende-ments d'échelle décroissants ren-contrés par certaines unités de pro-duction.Pour aller au-delà des insuffisan-ces de la MCS, des modèlesd'Equilibre général calculable(EGC) sont souvent élaborés. Cesmodèles EGC, se basent sur laMCS pour prendre en compte desrelations fonctionnelles (consom-mation, production, stocks, échan-ges...) ; relativement plus com-plexes, ils permettent de répondreaux questions concrètes et perti-nentes relatives à la variation desprix et de tirer les conclusions yafférentes.

1Souvent appelée choc exogène ou injection.

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CAPES - PA FA S P

Signature d'un protocole pour le suivi-évaluation

Hadizata Karantao

L e vendredi 09 mai 2008, unp r o t o c o l e a été signé entrele CAPES, représenté par

son Directeur exécutif, Dr BasgaEmile Dialla, et le Programmed'appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PA FASP) représentépar son Coordonnateur national,M Atamana Bernard Dabiré. LePAFASP est l'un des projets pharesdu ministère en charge de l'agricul-ture; il a démarré ses activités enjanvier 2007 et vise l'améliorationde la compétitivité des sept filières(mangue, bétail/viande, volaille,niébé, sésame et coton) ciblées surles marchés nationaux, régionauxet internationaux. Ce projet est très ambitieux et afixé des objectifs quantitatifs pré-cis à atteindre. Ainsi, à la fin duprojet, les performances suivantesseront atteintes:- augmentation des exportationsagricoles du Burkina sur les mar-chés internationaux de 17 500 à 35000 tonnes/an pour les filièresciblées (hors coton) ;- augmentation des exportationsagricoles du Burkina dans la sousrégion de 6.000 à 20.000 tonnes/anpour les filières ciblées (horscoton) ;- augmentation des revenusannuels tirés des filières cibléesd'au moins 50% pour au moins60% des producteurs qui bénéfi-cieront des appuis du projet.Un des principes retenus par leprojet est la flexibilité qui signifie

la réorientation des activités duprojet à la lumière des résultats dela recherche. Le protocole signé a pour but de

transférer au CAPES une partie dusuivi-évaluation du projet. Il a misen place un comité de pilotage quisuivra ses activités.

N° 020 — Avril - Juin 200812

M. Atamana Bernard Dabiré, Coordonnateur national du PAFASP et Dr Basga Emile Dialla,Directeur exécutif du CAPES en train de signer le protocole.

M. Atamana Bernard Dabiré, Coordonnateur du PAFASP et Dr Basga Emile Dialla,Directeur exécutif du CAPES à l’issue de la signature du protocole.

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N° 020 — Avril - Juin 200813

L a cérémonie de lancement dela formation qu'avait co-pré-sidée le Directeur exécutif du

CAPES et le ministre de laPromotion de la femme était la pre-mière d'une série de quatre sessionsde formation en genre, développe-ment et leadership à l'endroit desresponsables d'associations fémini-nes et des cadres du ministère de laPromotion de la Femme (MPF). Ladeuxième série des sessions de for-mation s'est tenue du 15 au 19 avril2008, et concernait les cadres duMPF pour le renforcement de leurscapacités. C'est le Dr NestorineSangaré du cabinet CRIGED(Centre de recherche et

d'intervention en genre etDéveloppement) qui à dirigé cettedeuxième série de formation théma-tique. De nos jours, aucun Etat ne peut sedévelopper tant sur le plan politique,économique, social, culturel sansprendre en compte les questions degenre. L'approche genre est devenueincontournable dans tout processusde développement. Conscient decette donnée, le Burkina Faso, à

l'instar d'autres pays, adécidé d'élaborer une poli-tique nationale genre quiest en cours de finalisationet dont la mise en œuvre etle suivi après son adoption,feront partie intégrante desmissions du MPF et ce, enrelation avec les autresdépartements ministérielsconcernés. C'est pour réus-sir cette exaltante missionque le département entendrenforcer les capacités desagents.Afin d'atteindre cet objectif, le MPFa demandé le soutien du CAPESpour l'accompagner en assurant la

formation de ses agents.L'objectif général de cetteformation est de renforcerles capacités des agents etgarantir une meilleure miseen œuvre de la politiquenationale genre en cours definalisation. Le genre estun mot à la mode quebeaucoup utilisent maisque peu de gens maîtrisent.C'est en 1976 que la pre-mière utilisation du termedans les théoriesféministes estapparue.

Si le sexe est la différenceentre l'homme et la femme,le mot « genre » sert à évo-quer les rôles qui sontdéterminés socialement,les comportements, lesactivités et les attributsqu'une société considèrecomme appropriés pour leshommes et les femmes.Quant à l'approche genre etdéveloppement, elle a été

formulée dans les années 1980 parles féministes socialistes. Elle a pourobjectif de favoriser une meilleurecompréhension des mécanismessociaux qui modulent et construisentles rapports hommes- femmes dansl'organisation et le fonctionnementdes sociétés.Le concept genre est assez com-plexe et nécessite une harmonisationde points de vue pour être applica-ble. Cette formation des agents duMPF a été la bienvenue, car elle vaservir de base à la compréhensionde la mise en œuvre de la politiquenationale genre.

Quelques cadres du MPF bénéficiaires de la formation.

Des cadres du MPF qui ont bénéficié de la formation.

Dr Nestorine Sangaré, formatrice des cadres du ministère dela Promotion de la femme (MPF).

CAPES- MPF

Formation de 30 cadres du ministère

Hadizata Karantao

Le 25 mars dernier a eu lieu à la Maison de la femme de Ouagadougou, la première session de formation decinquante (50) membres de réseaux, ONG, unions et collectivités d'organisations féminines en genre et déve -loppement.

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N° 020 — Avril - Juin 200814

L 'atelier, organisé dans lecadre des activités duRéseau de Gestion des

Connaissances au Burkina(RGC-B), a réuni une trentainede personnes ressources compo-sées essentiellement d'anciensministres, de députés, de direc-teurs généraux, de responsablesde projets de renforcement decapacités, de gestionnaires debibliothèques et d'experts dansplusieurs domaines de compétences.

Après son mot de bienvenue, leDirecteur exécutif du CAPES, DrBasga Emile Dialla, a introduitl'animateur modérateur de l'ate-lier en la personne de M AdamaFofana. Après le tour de table quia permis aux participants de faireamplement connaissance, l'ani-mateur a développé le thème enfaisant ressortir l'intérêt de l'iden-tification, de la mise en ordre, dela diffusion et de l'exploitationdes connaissances et des savoirs.Il a particulièrement insisté surl'expérience naissante de la« Petite Académie » qui, à l'ima-ge de l'académie française fondéeen 1635 par quelques intellec-tuels qui se fréquentaient libre-ment pour discuter de la languefrançaise, attend d'être reconnuepar la société burkinabè touteentière, c'est-à-dire les intellec-tuels, les medias, les élèves etétudiants, les politiques, les

administrateurs ; car sa légitima-tion est attachée à son ambitiond'universalisation de ses travaux.

Synthèse des contributions etrecommandations

Les participants ont vivementrecommandé la vulgarisation dela première édition de la « PetiteAcadémie » en déposant desexemplaires dans les établisse-ments primaires, secondaires etsupérieurs, les ambassades duBurkina à l'étranger, etc.D'autres éditions de la « PetiteAcadémie » pourraient se fairesous forme thématique comme :

- Les hommes qui ont généré desidées ;

- Les hommes dont le comporte-ment a été exemplaire.

La collecte des informations surles meilleures pratiques constituel'une des tâches les plus diffici-les. L'organisation d'une foireaux connaissances et aux savoirspermettrait pendant toute unesemaine par exemple, de collec-ter, de rassembler et d'organiserces informations dans le but deles immortaliser afin de mieuxles partager surtout avec lesgénérations à venir.

Le Burkina Faso, à peine 50 ans

d'indépendance, pourrait rattra-per son déficit dans la documen-tation des meilleures pratiques eninvitant les décideurs (anciens eten poste) et les innovateurs, àécrire leurs initiatives heureuses(qui ont marché) et aussi leursinitiatives malheureuses (quin'ont pas marché), et formuler lesleçons apprises. Le questionnairepourrait être comme suit :- Quelles sont vos initiatives quiont marché ?

- Quelles sont vos initiatives quin'ont pas marché ?

- Que proposez-vous ?

N'étant pas facile de parler de soi,il serait plus intéressant dedemander à des volontaires devenir parler de la vie de 2 person-nes modèles pendant une semai-ne de collecte et de partage desconnaissances. L'exactitude desinformations pourrait être validéepar la suite par ces personnesmodèles elles-mêmes. L'atelier a pris fin aux environsde 12h30. Les participants ontsuggéré au Réseau d'org a n i s e rd'autres rencontres du genre afind'approfondir le thème et de met-tre véritablement en place unmécanisme souple mais pratiquede documentation des meilleurespratiques.

RGC-B

Atelier « brown-bag » sur la documentation des meilleures pratiques

Hadja - OUATTARA

Le 06 mai 2008, s'est tenu dans la salle de réunion du CAPES, un atelier « brown-bag » surla documentation des meilleures pratiques animé par M Adama Fofana ancien ministre desRelations avec le Parlement et président de la « Petite Académie ».

Page 15: L'innovation technologique - revuescapes.bf · au Burkina (RGC-B). L'article sur la vie chère donne la lecture du CAPES sur le phénomène et ses solutions possibles. En focus,

L e Centre d'analyse des poli-tiques économiques et sociales(CAPES) a reçu la visite le 18

avril 2008 de son Excellence MogensPedersen, ambassadeur du Danemarkau Burkina Faso. Il était en compagniede Mme Diop, conseillère juridique àl'ambassade du Danemark.Son Excellence M. Pedersen est venuéchanger avec les experts du Centre surdes questions d'actualité, sociopoli-tique et plus précisément sur la questionde la vie chère. Il s'agissait pour sonExcellence M. Pedersen de réfléchiravec les experts du CAPES sur les

questions économiques et sociopoli-tiques de l'heure.Les échanges se sont déroulés aumoment où les manifestations contrela vie chère se déroulaient dans certai-nes villes du pays. C'est pourquoi,s'est-il interrogé sur la compréhensionet l'analyse du Centre sur ce phénomè-ne quasi mondial.Les échanges ont également porté surles facteurs clés pour une solution à laquestion dans notre pays.Le CAPES à travers ses experts àdonné sa lecture des évènements et faitdes analyses prospectives ; après quoi,

il a réaffirmé sa disponibilité à touteforme d'action qui vise le renforcementdes capacités et le développementsocioéconomique du Burkina Faso.

Avant de signer le livre d'or du Centre,l'ambassadeur du Danemark auBurkina s'est dit satisfait du travailqu'abat le CAPES.

N° 020 — Avril - Juin 200815

L e ministre chargé de missionauprès du président du Faso,chargé de l'analyse et de la

prospective, le Dr. Guéda JacquesOuédraogo a effectué une visite decourtoisie et de prise de contact auCentre d'analyse des politiques éco-

nomiques et sociales (CAPES) le 19juin 2008. Cette visite qui s'inscritdans le cadre de la collaborationtechnique existant entre le ministèrechargé de l'analyse et de la prospec-tive et le CAPES a été l'occasionpour le ministre de présenter lecontenu de sa lettre de mission et des'imprégner de la vie du Centre.C'est dans une atmosphère empruntede satisfaction et de fierté que le per-sonnel du CAPES a accueilli leministre dans ses locaux.

Venu pour une visite de prise decontact, qui s'est transformée finale-ment en une visite de travail de plusde deux heures d'horloge, le ministren'a pas manqué de féliciter le Centrepour son travail bien fait et ses résul-tats bénéfiques à la nation. Il a

exhorté les experts du Centre à s'in-vestir davantage dans la rechercheaction, toute chose qui peut s'avéreressentielle dans le développementsocioéconomique du Burkina Faso.

Nous a rendu visiteSEM Mogens Pedersen, ambassadeur du Danemark au Burkina Faso

Hadizata Karantao

Hadizata Karantao

Visite du ministre Guéda Jacques Ouédraogo au CAPES

Le Dr. Dialla remettant au Ministre chargé de laprospective un lot des productions intellectuellesdu CAPES.

C’est dans une atmosphère très détendue que laséance de travail s’est déroulée au CAPES.

SEM Mogeus Pedersen, ambassadeurdu Danemark.

Echanges sur la vie chère des experts du CAPESavec l’ambassadeur.

L’ambassadeur du Danemark échange avec leDirecteur exécutif du CAPES.

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