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COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE
Sébastien–Yves Laurent, proesseur de l’université de Bordeaux
COMMISSAIRE ASSOCIÉ  Pierre Fournié, conservateur général, responsable du département de l’action culturelle et éducative
COMITÉ SCIENTIFIQUEFrançoise Banat–Berger directrice des Archives nationales
COORDINATION ET CONCEPTION
COORDINATION GÉNÉRALE Éric Landgra, commissaire technique en charge de l’exposition avec l’aide de toute l’équipe du département de l’action culturelle et éducative
MONTAGE DES DOCUMENTS ET SUIVI DU CHANTIER  Jean–Hervé Labrunie, che de travaux, Raymond Ducelier, Agathe Castellini et Christophe Guilbaud, département de l’action culturelle et éducative
PHOTOGRAPHIES 
Marc Paturange et son équipe, pôle Image ; département de la conservation. Avec les clichés du sous–marin Le Redoutable,  par Philippe Fauvel, photographe.
COMMUNICATION
Jean–Pierre Bat, Claire Béchu, Jean–Marc Berlière, Ghislain Brunel, Isabelle Chave, Jean–François Clair, Bertrand Fonck, Olivier Forcade, Françoise Hildesheimer, Peter Jackson,  Wolgang Krieger,
amiral 2s Pierre Lacoste, Claire Martin, Diego Navarro Bonnilla Benoist Pierre,  Yann Potin, Emmanuel Rousseau, Thierry Sarmant, Donald Sassoon, Roger Simon, Marion Veyssière et Emmanuel de Waresquiel.
SCÉNOGRAPHIE
IMPRESSION GRAPHIQUE
Éric Laorest et son équipe, atelier de restauration
L’ouvrage accompagnant l’exposition, publié sous la direction de Sébastien–Yves Laurent, commissaire scientifique de l’exposition et publié aux éditions du Nouveau Monde, est également en vente à la caisse du Musée.
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Activités proposées au jeune public
Ce pictogramme identifie les documents qui ont l’objet d’un parcours pédagogique
Visites en amille / Jeune public [de – ans]
Un parcours spécifique permet aux plus jeunes de visiter l’exposition de manière originale. Dans des tiroirs portant la mention spéciale
« Agent secret 7 – 14 », différentes missions — s’ils les acceptent… — permettent aux potentiels aventuriers de découvrir l’histoire des espions et de s’initier à leurs secrets!
Visites pour les scolaires
Afin de aciliter la circulation dans l’exposition,les classes sont systématiquement dédoublées. Réservation obligatoire auprès du Service éducatif
Tari 100 euros pour la classe. Réduction REP : 50 %.
Visites libres sous la conduite d’un proesseur Réservation obligatoire auprès du Service éducatif
Atelier « La guerre du chiffre »L’activité permet aux élèves, en complément de la visite de l’exposition — et / ou de la découverte de l’un des sites et de la onction des Archives nationales —, de découvrir et de s’initier aux techniques de chiffrement utilisés durant la Seconde Guerre mondiale. L’approche, résolument interdisciplinaire, associe lettres, histoire et musique.
Renseignements et réservations
Courriel
service–[email protected]
Abréviations  ANSSI : Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information  ARCSI : Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l’information
BCRA : Bureau central de renseignement et d’action
CCSDN : Commission consultative du secret de la défense nationale
CEA : Commissariat à l’énergie atomique
CIE : Commandement interarmées de l’espace
CNCIS : Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité
CNIL : Commission nationale de l’informatique et des libertés
DCRG : Direction centrale des renseignements généraux
DGSE : Direction générale de la sécurité extérieure DPR : Délégation parlementaire au renseignement
DPSD : Direction de la protection et de la sécurité de la Défense
DRG : Direction des renseignements généraux
DRM : Direction du renseignement militaire
DST : Direction de la surveillance du territoire
EMA : État–major des armées
GCR : Groupement des contrôles radioélectriques
GIC : Groupement interministériel de contrôle
GPRF : Gouvernement provisoire de la République française
SDECE : Service de documentation extérieure et de contre–espionnage
SGDN : Secrétariat général de la défense nationale
SGDSN : Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale
SR–SCR : Service de renseignement – Service de centralisation des renseignements
TSF : Transmission sans fil
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Du chevalier d’Éon aux agents de renseignement de l’actuelle V e République, l’exposition « Le secret de l’État. Surveiller, protéger, inormer » bouscule les lieux communs et éclaire les zones d’ombre. Elle explore l’histoire des différentes organisations de renseignement, des lieux du pouvoir qui leur sont liés et des techniques singulières de
ce monde d’ombre, de la fin de l’Ancien Régime au e
 siècle. À travers cette exposition, la première sur un tel sujet, les Archives nationales lèvent le voile sur un monde souvent antasmé en ouvrant des onds d’archives méconnus et en présentant des documents et objets exceptionnels, en partenariat avec les services des ministères de la Déense et de l’Intérieur.
Au fil de l’exposition, le visiteur découvre que la construction dusecret s’appuie sur des normes écrites élaborées par des bureaucraties spécifiques, tant policières que militaires, entourant les ches d’État. Ainsi, les « secrets d’État » renvoient à des affaires particulières qui cristallisent une tension, qui sont inscrites dans des phases aux cours desquelles les administrations et le pouvoir politique cherchent à protéger ce qu’ils jugent sensible. « L’État secret » caractérise par
ailleurs les bureaucraties spécialisées qui ont en charge la gestion du secret et qui apparaissent à la fin du e siècle. Le « secret de l’État » est donc une construction historique de long terme qui englobe ces deux composantes, avec une dimension spatiale, renvoyant à des lieux dont l’État interdit l’accès.
La construction d’une politique du renseignement intérieur et
extérieur depuis la fin du e siècle marque la volonté de l’Étatrançais d’en aire un outil de la puissance interne et externe.
Un ensemble de documents secrets, de témoignages sonores et audiovisuels inédits donnent la parole aux acteurs du secret, et une galerie de machines mystérieuses en révèle les outils étonnants. Symbole ultime du secret, l’intérieur du PC du sous–marin
Le Redoutable, incarnation de la dissuasion nucléaire, est donnéà voir grâce à une immersion visuelle saisissante.
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[] « Portrait arc–en–ciel » d’Élisabeth Ire, reine d’Angleterre,  vers 1600.
Hatfield castel (Royaume–Uni, Hertordshire), huile sur toile, haut. 128 x larg. 102 cm
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LE SECRET DE L’ÉTAT IMAGINÉ ET CARICATURÉ
Le caché et le révélé ont partie des réalisations traditionnelles dans
les beaux–arts. L’artiste indique par des attributs ou des procédés stylistiques un message qu’il transmet au pouvoir et au public.
Le dieu du silence incarne depuis l’Antiquité le culte des mystères. Le silence du souverain est le signe de son génie, au travail pour son peuple. Certains secrets doivent être préservés dans un cercle réduit. L’artiste, sur commande, rend hommage aux grands hommes,
souverains, généraux, révélant tantôt leurs vertus, chez Turenne,tantôt l’incarnation même du mystère en exprimant l’omniscience symbolique du souverain par la décoration de sa tenue, en l’occurrence Élisabeth Ire sur le Rainbow Portrait . Le décor comme la divinité symbolisent le secret.
Dans un autre registre, les organisations secrètes attisent souvent la rumeur. La presse caricature par exemple les débats méconnus de l’Assemblée nationale ormée en comité secret dans les moments majeurs de l’histoire républicaine, se jouant ainsi des règles du secret et rappelant aussi la nécessité d’inormer le citoyen.
Enfin, la réalité de certaines pratiques contemporaines se matérialise aussi dans des objets symboliques, parois artistiques. Les valeurs propres aux services de renseignement s’expriment
ainsi par les métaphores composant leurs insignes.
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Dans l’art, les allégories du secret
sont multiples, se déclinant dans des gravures, sur les toiles et par des sculptures. L’expression « se taire » est une marque de fidélité au pouvoir souverain, tel un Turenne au sommet de sa gloire, dont l’une des vertus, flottant au–dessus de lui, ut
justement le silence. Mais le secret est aussi l’homme de l’ombre, qui écoute, cherche et se cache, figuré par la cape du « Spia ». À l’époque moderne, le langage symbolique mobilisé est vivant : il puise dans les humanités et la mythologie des réérences qui parlent à l’élite, à laquelle il s’adresse exclusivement. La symbolique contemporaine du secret est tout aussi syncrétique mais simplifiée : elle emprunte à la mythologie et aux
représentations de la nature dans deslangues qui sont mortes aujourd’hui pour le plus grand nombre.
[] Della piu che novissima Iconologia…, par Cesare Ripa, Padoue, réédition chez Donato Pasquardi, 1630.
Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, 4–BL–5052, haut. 23,5 x larg. 16,5 cm [Publication post–mortem]
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[] Deux médailles, Secret des Conseils du Roi, par Jean Mauger, 1661.
 Avers :  . [Louis XIV. Roi très chrétien]. Buste de Louis XIV à droite ; au–dessous, signature . . .
Revers :  [Conseil secret]. Harpocrate, dieu du Silence, un doigt sur les lèvres ;
à l’exergue : [1661]. Paris, Monnaie de Paris, MED 074872 et 074873, médailles rappées en argent, poids 90 g, dim. 41,0 mm
De la curia regis du Moyen Âge se détache progres- sivement plusieurs chambres. Le conseiller du Roi s’impli- que ainsi dans les affaires du royaume au sein du Grand Conseil, qui devient le conseil de gouverne- ment en charge des affaires politiques, administratives, financières et judiciaires au cours des XIV
e et XVe siècles. Il faut attendre le règne de Louis XIV pour voir se mettre
en place le Conseil du Roi, divisé en quatre sections : Le Conseil d’En-Haut (ou Conseil d’État) qui se réunit autour du Roi et des ministres d’État pour traiter des affaires les plus importantes du Royaume, le Conseil des Dépêches, pour les affaires intérieures, le Conseil des Finances et le Conseil d’État privé, finances et directions.
Sous Louis XIV, la présence régulière du Roi en son conseil fut considérablement augmentée par le secret qu’il sut y faire observer, personnifié par le Dieu du silence Harpocrate. Le secret doit entourer le tra- vail du monarque avec ses ministres et ses conseil- lers, la prospérité du royaume en dépend. L’allégorie est ainsi expliquée : « Le secret est l’âme de tous les Conseils, et l’un des principaux fondements de la poli- tique » [Cf. : Médailles sur les principaux événements du règne de Louis Le Grand avec les explications histo- riques, par l’Académie royales des Médailles et des Inscriptions, 1702, page 61].
[]  Allégorie du ministre parfait , par Eustache Le Sueur
avec une représentation d’Harpocrate avec, au revers,l’inscription « Arcana consiliorum », 1653.
Dunkerque, direction des Musées, MBA. 1983.003.1, huile sur toile, haut. 84,5 x larg. 71 cm
Inspiré de Cesare Ripa, Eustache Le Sueur (1616-1655) dépeint la réunion improbable de quatre personnages symboliques et mystérieux à la fois. Un vieillard, vêtu de rouge et tenant un livre ouvert, représente proba- blement le Conseil. Il s’appuie sur Minerve, reconnais- sable par ses attributs guerriers, qui figure la Sagesse. À ses pieds, une femme tenant un miroir évoque la Prudence. Enfin, dans l’ombre et en retrait, un éphèbe pose un doigt sur ses lèvres : c’est le Silence. L’union des quatre vertus consacre le parfait homme d’État.
[] « Portrait arc–en–ciel » d’Élisabeth Ire, reine d’Angleterre, vers 1600.
Hatfield castel (Royaume–Uni, Hertordshire), huile sur toile, haut. 128 x larg. 102 cm
Attribué à Isaac Oliver, le Rainbow portrait  est le tableau le plus fortement allégorique du règne d’Élisabeth Ire  (1533-1603). La souveraine apparaît ici désincarnée sous un masque blanc, avec un corsage de lin brodé
de fleurs de printemps et un manteau drapé sur uneépaule et une coiffe extravagante. Éternellement jeune malgré ses 67 ans, la reine incarne la déesse-vierge Astrée, personnification de la justice, dont le retour sur terre apporte l’éclosion d’un âge d’or retrouvé. Sa tenue présente de nombreux symboles brodés : des yeux et les oreilles sur le manteau, une surveillance symbolique sur tout, le serpent de la sagesse sur le bras, la sphère céleste pour la perfection, plaçant la reine en son centre, portant un arc-en-ciel à la une devise significative : « pas d’arc-en-ciel sans le soleil ».
À la cour, John Davies utilise cette imagerie pour honorer la reine d’Hymnes à Astrée. Le portrait trahit ainsi la lutte de la Reine pour contrôler son image, et donc son pouvoir à la fin de son règne en s’attachant par ailleurs les services de maîtres-espions tel que Sir Francis Walsingham.
[]  Allégorie du secret dans le dessin intitulé Ouverture de la campagne de Turenne ,
par Charles Le Brun, 1672. Musée du Louvre, département des Arts graphiques, 27661, recto, haut. 0,297 x larg. 0,600 mm
Henri de la Tour d’Auvergne-Bouillon (1611 – 1675), vicomte de Turenne est nommé capitaine général par Louis XIV en 1672, après des victoires lors de la guerre de Dévolution en Flandres (1667-1668). Cette allé- gorie glorifie le général en campagne près des villes hollandaises. À gauche : Santen Rhymberg, Burick Emmerick, Rées Wesel ; à droite : Orsoy , montrant son
autorité et ses attributs au nom du roi. Dans les airs,de gauche à droite, de nombreux symboles dressent un portrait du général : Fraude, Orgueil, Diligence, Sagesse, Secret (un doigt sur la bouche), Prévoyance, Soin. Pour ce stratège remarquable qu’était Turenne, l’avancée de l’armée nécessite le maintien du secret et l’espionnage chez l’ennemi. Les généraux étaient alors au cœur du dispositif.
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[] Della piu che novissima Iconologia…, par Cesare Ripa, Padoue, réédition chez Donato Pasquardi, 1630.
Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, 4–BL–5052, haut. 23,5 x larg. 16,5 cm [Publication post–mortem]
Le livre de Cesare Ripa (1555-1620) est une compi- lation savante de motifs antiques et ésotériques. Il va servir de manuel de référence à plusieurs générations
de poètes et d’artistes, tel Jan Vermeer. L’œuvre, qui apour ambition de « servir aux poètes, peintres et sculp- teurs, pour représenter les vertus, les vices, les sentiments et les passions humaines », est une encyclopédie où sont présentées par ordre alphabétique des allégories telles que la Paix, la Liberté ou la Prudence, recon- naissables aux attributs et aux couleurs symboliques.
La gravure, au titre évocateur « SPIA » [Espion], est caractéristique de la notion de raison d’État, au nom de laquelle un État contourne le droit au nom d’un critère supérieur et qui donne lieu à des pratiques très
variées, dont l’espionnage. La représentation allégori- que montre un personnage couvert d’une cape, ornée sur sa cape d’oreilles et d’yeux.
[]  Insigne métallique en épinglette de la Direction générale des services extérieurs (DGSE), portant la devise « ad Augusta per angusta », emblème des « nettoyeurs d’ambassade », sans date.
Ministère de la Déense, non coté, haut. 3 x larg. 3 cm
L’étoile à six branches représente l’action vers l’exté- rieur, l’hexagone, la France. Le coq gaulois tient d’une
patte une clé, symbole de protection utilisé par lesservices du chiffre, tandis qu’il démantèle de l’autre une installation clandestine d’écoutes. La devise latine (« vers des voies glorieuses par des voies étroites ») fait référence à l’empereur Auguste.
Une petite cellule au sein de la DGSE est chargée de curer les locaux diplomatiques de toute installation indiscrète. Sur le modèle des Sweepers britanniques, les hommes de la « section Aspiro » vont « passer l’aspi- rateur » là où les services adverses laissent traîner micros et capteurs.
Capable d’interventions rapides et discrètes, la cellule fut parfois confrontée à des opérations plus lourdes. Leur action la plus emblématique demeure le « désossage » de l’ambassade de Varsovie, truffée de matériel d’écoute par les services polonais lors de sa construction entre 1963 et 1971. Il fallut deux missions d’un mois, avec 300 kg de matériel, pour vérifier toute l’infrastructure de l’emprise, transformée en un véritable chantier avec des tranchées de plus de trois mètres de profondeur dans le jardin, où un câble de sortie du dispositif d’écoute avait été posé par les ouvriers polonais avec une foreuse. Le cas ne fut pas unique : pendant la guerre froide, la cellule Aspiro a déman- telé durant ses visites de contrôle pas moins de vingt- deux installations d’envergure [Nathalie Genet–Rouffiac].
[]  Médaille de la Direction de la surveillance du territoire (DST), sans date [vers 1994–1995].
Ministère de l’Intérieur, DGSI, non coté, dim. 8 cm
Au revers est mentionnée la devise « Inflexible dans
l’ombre, étincelante dans la lumière », prononcéepar Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, pour les 50 ans de la Direction de la surveillance du territoire.
[]  Médaille de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), création « Arthus Bertrand », sans date [vers 2008–2014].
Ministère de l’Intérieur, DGSI, non coté, dim. 7,5 cm
Médaille créée lors de la fusion entre la Direction des Services du territoire (DST) et la Direction centrale des « Renseignements généraux » (DCRG), dont la nou- velle dénomination est la Direction centrale du rensei- gnement intérieur (DCRI).
[]  Insigne du service du chiffre de l’Armée, 1946–1990.
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[]  Insigne du 89 e bataillon des services, soutien du SDECE (Service de renseignement extérieur et de contre–espionnage), sans date.
Vincennes, Service historique de la Déense, G.2467. Métal et émail, attache par épingle, abrication Drago
Les services de renseignement extérieurs français (le SDECE puis la DGSE) et les militaires qui y servent sont
soutenus administrativement par une unité militaire. Dansle cas du SDECE, il s’agissait alors du 89e bataillon des services. Héritier de la 1re compagnie des servi- ces créée en 1946, le 89e bataillon des services est mis sur pied en 1970. Cette unité a la charge d’assurer le soutien des militaires affectés au sein du service de renseignement extérieur et de contre-espionnage (SDECE) puis de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Le bataillon est dissout en 1986, il est remplacé par le 44e régiment d’infanterie. L’insigne illustre les missions du bataillon : un oiseau de proie
(symbole de la puissance et de l’action) tenant dans ses serres un flambeau (symboles de la connaissance et de l’éclairage du commandement). Le fond noir et blanc représente les missions. En symbolique militaire, le noir est la couleur des unités spécialisées et le blanc celle des unités de commandement. [Luc Binet]
[]  Insigne du service du chiffre de l’Armée, 1946–1990.
Vincennes, Service historique de la Déense, H.276.Métal et émail, attache par épingle ; abrication Drago
Le chiffrement des messages est connu depuis l’Antiquité mais son utilisation entre les différents échelons du commandement militaire ne se développe qu’à la fin du XIXe siècle. Recréée en 1945, la section du chiffre de l’état-major de l’armée décide de la création d’un insigne particulier, destiné aux spécialistes du chiffre- ment. Le chiffrement des messages est capital pour conserver la confidentialité des transmissions militaires
et gouvernementales.L’insigne choisi est constitué de deux clés en sautoir, symboles du chiffrage et du déchiffrage. La couleur noire symbolise le secret. La herse symbolise la protection mais aussi la grille de chiffrement autre- fois utilisée par les chiffreurs. Enfin, le sphinx illustre l’énigme posée par le chiffrage et se pose comme le gardien du secret. [Luc Binet]
[]  Insigne de la direction de la sécurité militaire, 1961.
Vincennes, Service historique de la Déense, G.1814. Métal et émail, attache par épingle, abrication GLF
Issue en 1947, de la fusion de la sûreté navale, de l’air et de l’armée de terre, la sûreté militaire devient la sécurité militaire en 1961. Aujourd’hui direction de la
protection et de la sécurité de la Défense (DPSD), c’estun service de renseignement directement rattaché au ministre de la Défense. La DPSD a pour missions la sécurité du personnel, des informations, du matériel et des installations sensibles tant sur le territoire français qu’en opérations extérieures. Son insigne représente un groupe du sculpteur Debye exposé au musée du Louvre. Le lion symbole de la force (armée) terrasse le serpent, symbole de la menace sournoise et de la ruse. [Luc Binet] 
[]  Lettre portant la devise « Liberté, égalité, surveillance », de Jean Lacomme, commissaire du directoire exécuti à Rocheort–sur–Loire, qui rend compte du déroulement de la ête nationale du 14 juillet, 27 messidor an VII [15 juillet 1799].
Angers, Archives départementales de Maine–et–Loire, 2 L 290, haut. 25 x larg. 30 cm
Dans ce court document, Jean Lacomme rend compte au commissaire central du département que la fête nationale n’a pas suscité un grand élan dans la com- mune. Il remarque qu’il n’y a vu seulement que les citoyens « sur le républicanisme desquels on peut sûre- ment compter ». Comme il le constate, les esprits sont ailleurs. Longtemps ravagé par les guerres de Vendées, le département connaît à cette date un regain d’insé- curité. Les Vendéens reprennent bientôt les armes dans un dernier sursaut contre le Directoire. Comment s’étonner que dans ce contexte le mot « Surveillance » forme dans l’en-tête un tryptique inusité avec « Liberté » et « Égalité » ? La mission principale du commissaire
est bien de servir de relais d’information et de mise endéfense de l’État dans un territoire où il est sans cesse contesté. 35 autres courriers de même nature sont conservés, pour le seul canton de Rochefort, durant les deux années durant lesquelles le commissaire Jean Lacomme y assure sa mission. Les motivations de ces courriers concernent majoritairement l’ordre public : arrestations de chouans, en bande ou isolément, y com- pris des femmes ; répression d’assassinats ou de vio- lences ; destruction de symboles religieux ou d’Ancien Régime ; organisation de la garde nationale, distribu- tion d’armes et de munitions, lutte contre les incessants coups de main des groupes hostiles. [Christian Gasnier et
Élisabeth Verry]
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Les imaginaires du secret
Depuis le e siècle, la presse, la littérature, plus tard le cinéma,
utilisent les nombreux ressortsofferts par la figure de l’espion. C’est lui principalement, homme ou emme, qui polarise les représentations. Les organes du secret, le 2e bureau et les services de renseignement, ont aussi travailler
l’imagination. L’opinion sublime ce qu’elle reçoit ainsi car le secret amplifie ceux qu’il protège. Ainsi, l’on attribue beaucoup (trop) à celles et ceux qui sont dans le secret et à ce qu’il renerme : de la puissance, de l’influence et du charisme.
Ce qui est secret est toujours supposé important. Ceux qui abriquent l’inormation sur ce qui est secret s’inscrivent aussi bien souvent dans un monde imaginaire. Dans ce cadre, l’ignorance de la réalité avorise la
caricature et nourrit la dénonciation.Ce qui est secret est souvent considéré comme illégitime.
Caricature de Plantu du fichier Edwige de la DCRI qui devait recenser les personnes « dont l’activité individuelle ou collective » peut « porter atteinte à la sécurité publique », 2008.
Collection Jean Plantu
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[]  Conversation entre deux personnages, Norpois et Bloch, portant sur le secret. Marcel Proust,  À la recherche du temps perdu. Le côté de Guermantes, 1922, tome 7, 2e partie, p. 78–79 et 233.
Collection particulière
« La vérité, en effet, sur toutes ces choses, Bloch ne pou- vait douter que M. de Norpois la connût. Comment
l’aurait-il ignorée puisqu’il connaissait les ministres ?Certes, Bloch pensait que la vérité politique peut être approximativement reconstituée par les cerveaux les plus lucides, mais il s’imaginait, tout comme le gros du public, qu’elle habite toujours, indiscutable et matérielle, le dossier secret du président de la République et du président du Conseil, lesquels en donnent connaissance aux ministres. Or, même quand la vérité politique comporte des documents, il est rare que ceux-ci aient plus que la valeur d’un cliché radioscopique où le vulgaire croit, que la maladie du
patient s’inscrit en toutes lettres, tandis qu’en fait, ce cliché fournit un simple élément d’appréciation qui se joindra à beaucoup d’autres sur lesquels s’appliquera le raisonnement du médecin et d’où il tirera son dia- gnostic. Aussi la vérité politique, quand on se rappro- che des hommes renseignés et qu’on croit l’atteindre, se dérobe » .
[]  Le petit matelot, extrait de la série télévisée
Schulmeister, l’espion de l’empereur , de J.–P. Delcourtet J.–Cl. Camredon, 1971–1974.
Lagardère Studios Distribution – INA, 2 mn 26 s
[]  Arrestation d’un espion italien, Le Petit Journal,  supplément illustré, 28 juin 1896.
Paris, Bibliothèque nationale de France, FOL–LC2–3011 [n° 293]
[]  Chemise–bordereau du dossier individuel
et plaque patronymique matriculaire du capitaineAndré Léon Brouillard, officier du contre–espionnage rançais, plus connu sous le nom de Pierre Nord comme auteur et scénariste [1948–1962].
Vincennes, Service historique de la Déense, GR 2000 Z 200 9496
Le parcours de l’officier André Léon Brouillard commence de manière assez conventionnelle. Son instruction débute en 1920 à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, puis se poursuit à l’École d’application de l’infanterie et des chars de combat. Il entame rapidement une carrière dans le contre-espionnage, ce qui lui inspire par ailleurs des romans à grand succès comme Double crime sur la ligne Maginot ou Terre d’angoisse   ou encoreDeuxième bureau contre Kommandantur , adap- tés au cinéma en 1937 et 1939.
Son parcours militaire est retracé dans son dossier individuel de carrière, dont la chemise bordereau por- tant la liste des pièces conservées est ici présentée. L’une d’entre elles, son livret matricule, contient une pla- que métallique, dite plaque patronymique matriculaire ou plaque d’identité, qui comporte le numéro matricule et le nom de l’officier. Il s’agit du double de celle portée par l’officier. [Hélène Guillot] 
[] Pierre Nord,  Mes Camarades sont morts. La guerre du renseignement , Paris, Librairie des Champs–Élysées, 1947, 3 vol. (tome 1).
Vincennes, Service historique de la Déense, 10411 (1), haut. 35 x larg. 17 cm
[] Pierre Nord, Terre d’Angoisse ou Deuxième bureau contre Kommandantur , 1937.
Collection particulière
[] Affiche du film  Mata Hari, de George Fitzmaurice avec Ramon Novarro, Lionel Barrymore et Greta Garbo en Mata Hari, 1931.
Rue des Archives, 00521864
Espionne, Margaretha Geertruida Zelle sera fusillée pour espionnage pendant la Première Guerre mondiale. En réalité, un mari violent et une nécessité de survivre la contraignent à occuper un rôle de courtisane dans le Paris de la Belle Époque. En 1915, elle vend son hôtel luxueux de Neuilly et loue une modeste maison à La Haye où elle reçoit la visite du consul d’Allemagne Carl H. Cramer qui lui propose de rembourser ses dettes en échange de renseignements stratégiques pour l’Allemagne en retournant à Paris. Après de multiples péripéties, elle est arrêtée le 13 février 1917 par le capitaine Pierre Bouchardon. Dans une France trauma- tisée par les derniers revers de la guerre et l’échec de la bataille du Chemin des Dames, Mata Hari est
condamnée à mort pour intelligence avec l’ennemi. Etainsi commence la légende. Agent double et égérie du cinéma, ce personnage donne une image glamour de l’espionne, qui deviendra un leitmotiv fantasmé de la contre-héroïne du cinéma américain, telle que la présente ici Greta Garbo dans ce film de 1931, et telle que les réalisateurs du XXe siècle imagineront l’espionne traîtresse ou les « James Bond Girl » des films de Ian Fleming, tournés pendant la guerre froide.
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[]  « La chambre a siégé hier en comité secret », titre L’Excelsior du 17 juin 1916. Le président de la chambre des députés, Paul Deschanel, est représenté le doigt sur la bouche, comme invitant au silence les parlementaires.
Archives nationales, AE/II/3900, haut. 50 x larg. 40 cm
Le droit, pour une assemblée, de se former en comité
secret lorsque les circonstances l’exigent a toujoursété inscrit dans les Constitutions et les règlements. La Constitution de 1791 réglementait ainsi la procédure relative au comité secret, alors appelé comité général, repris par l’Assemblée nationale de 1871. Dans la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875, les règles rela- tives à la réunion en comité secret sont les suivantes : « Chaque chambre peut se former en comité secret sur la demande d’un certain nombre de ses membres, fixé par le règlement. Elle décide ensuite, à la majo- rité absolue, si la séance doit être reprise en public
sur le même sujet. » En période de guerre la publicité des débats constitue un risque pour la sécurité de la nation quand il est question du contrôle de l’armement et plus encore dans l’utilisation des hommes et des munitions. Au mois de juin 1916 presque tous les groupes demandent la réunion en comité secret sur les événements de Verdun. La demande de réunion en comité secret votée par 401 voix contre 120, est acceptée par Aristide Briand. Le premier comité secret se réunit pendant 7 jours et aborde notam- ment la bataille de Verdun, le corps expéditionnaire d’Orient, les rapports entre le gouvernement et le haut commandement.
[]  Bande dessinée intitulée Échec contre la Gestapo.  2e  bureau contre Gestapo , n° 6, 1er octobre 1950.
Archives nationales, AE/II/3901, haut. 15 x larg. 20 cm
Créé en 1871, le 2e bureau est chargé de l’exploitation du renseignement pour l’État-major des Armées. Il a
sous ses ordres une section de statistique, chargée dela recherche du renseignement. En 1899 la section de statistique est renommée section de renseignement (SR).
[]  Affiche du livre Les maîtres espions, par Gustave Aimard, [vers 1877].
Paris, Archives de la préecture de Police, DB 230., 100 x 60 cm
Grand voyageur, surtout en Amérique, Gustave Aimard (1818-1883) est un romancier français. Aussi popu- laire en son temps, qu’Eugène Sue et Paul Féval, il a écrit une soixantaine de romans dont il publie
dès 1858 des extraits dans les journaux. En 1870,il rédige un roman à succès sur la guerre franco- prussienne sous le titre Les Aventures de Michel Hartmann, qu’il renomme dix ans plus tard Les maîtres espions, chez Degorce-Cadot, dont nous avons ici l’affiche publicitaire. L’ouvrage où sont mis en scène des profils d’espions prussiens, est censuré par le gouver- nement français qui veut éviter des tensions avec l’Allemagne.
[]  Extrait d’un passage de l’Histoire de France de Michelet, pastichant le Père Joseph (François Le Clerc du Tremblay), conseillé de Richelieu, en le présentant comme la figure emblématique du « conseiller de l’ombre ». Jules Michelet, Histoire de France , Paris, Lacroix, 1877, t. XII, pp. 16–17.
Archives nationales, bibliothèque historique, H V 23, haut. 24 x larg. 14 cm
 Jules Michelet rappelle dans ce chapitre le rôle d’homme de l’ombre du père Joseph, et à travers lui, l’utilisation des ordres mendiants comme agents des affaires extérieures. L’homme est selon lui « très dan- gereux », précurseur d’un Fouché ou d’un Maupas au XIXe  siècle, à la tête d’un réseau dense et structuré d’indicateurs. Le père Jospeh fut le chef des secrets de Richelieu, aidé par quatre capucins formant les départements de son ministère. Dans les lettres qui attestent de son rôle dans le « Secret » du cardinal, il chiffre les courriers à l’image d’un diplomate officiel.
[]  Dessin de Leka H., présentant deux personnagessous l’ombre d’un soldat allemand symbolisé par le casque à pointe et espionnant leurs activités, [1910–1920].
Paris, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine / Musée d’histoire contemporaine, OR 2393, haut. 50 x larg. 40 cm
[]  Trois cartes postales aux soldats de la Première guerre, « Ne vois pas », « N’entends pas », « Ne parle pas », 1914.
Paris, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine / Musée d’histoire contemporaine, carton 74, ré. « Espion », haut. 18 x larg. 18 cm
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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[]  Les barbouzes, suivi de L’affaire Ben Barka, publication satirique de la collection « dictionnaire du Canard enchaîné », à la suite de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka à Paris survenu le 29 octobre 1965. Juin 1966.
Archives nationales, AG/5(F)/3787, haut. 26 x larg. 20 cm
L’enlèvement en plein Paris de Mehdi Ben Barka, chef
de l’opposition au roi du Maroc, tourne au scandaled’État. Le rapt est organisé par les services secrets marocains qui recourent à des truands et des policiers français. L’intermédiaire principal des Marocains, Antoine Lopez, est également un honorable corres- pondant du SDECE. Ces méandres interlopes des services secrets servent à dénoncer une « République des barbouzes » dans la presse hostile au régime gaulliste. « Barbouze » (fausse barbe) désigne depuis la guerre d’Algérie les agents gaullistes formés en police parallèle et chargés de la lutte contre l’OAS
– bref, les exécutants des basses œuvres du régime gaulliste. Le Canard enchaîné  fait de Jacques Foccart l’éminence grise de ce système policier clandestin. [Jean–Pierre Bat]
[]  Extraits du film Les Barbouzes, de Georges Lautner (1964), avec Lino Ventura, Mireille Darc, Bernard Blier.
Gaumont–Unirance, 4 mn 24 s
Georges Lautner a délibérément choisi de faire une comédie parodique, volontairement outrancière et sans aucun souci de vraisemblance. Avec une conno- tation péjorative ou burlesque, le terme argotique de « barbouze » est dès lors employé pour désigner tout agent secret.
[]  « Tous fichés, tous écoutés… il aut arrêter Marcellin », Politique Hebdo, n° 107,
13 décembre 1973. Nanterre, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, F P 2742, haut. 30 x larg. 27 cm
[]  « Watergate au Canard. Oh ! Marcellin, quelle watergaffe ! », Le Canard Enchaîné , n° 2771, 5 décembre 1973.
Archives du Canard Enchaîné , haut. 60 x larg. 39 cm
Le secret de l’État devient une affaire d’État, lorsque les écoutes concernent la surveillance de la presse. Ce fut le cas dans l’affaire Raymond Marcellin et du
Canard Enchaîné . Créé le 29 mai 1968, le groupede direction comptait une cinquantaine de fonction- naires, divisés en trois groupes opérationnels, spécia- lisés dans la pénétration et les filatures. Spécialisé dans la lutte contre les révolutionnaires de gauche, en pleine guerre froide, le groupe de direction étend ses activités bien au-delà de la surveillance des mouve- ments révolutionnaires et, à ce titre, il peut faire appel aux hommes du groupe technique pour « sonoriser » aussi bien les bureaux d’un journal qu’un apparte- ment. Peu discrets, les faux ouvriers ont été repérés au Canard par l’un des journalistes présent sur les lieux.
[]  Article sur l’affaire du Rainbow Warrior, Le Canard Enchaîné , n° 3381, 14 août 1985.
Archives du Canard Enchaîné , haut. 60 x larg. 39 cm
[] « Les agents secrets du pouvoir » : en 1974, Le Nouvel Observateur évoque la mise sur écoute,
en 1965, du jeune député de Corrèze, Jacques Chirac. Archives du Nouvel Observateur  (n° 487, 11–17 mars 1974, p. 26–27), haut. 35 x larg. 27 cm
En 1974, alors que Jacques Chirac fait partie du cabinet de Georges Pompidou, le Nouvel Observateur publie une fiche d’écoutes établie sur lui en 1965. Le procédé le révolte et il se prononce ouvertement contre les écoutes qui violent sa vie privée et les liber- tés individuelles. L’authenticité de la fiche sera remise en cause par le journaliste Henri Deligny qui la croit
fabriquée. Il affirme que le seul but de cette ficheaurait été d’annoncer la fin de système d’écoutes. Cependant, ni sous les présidents Giscard d’Estaing, ni sous Chirac, les écoutes politiques n’auront régressé.
Caricature du président François Mitterrand en plongeur devant une classe. Un dessin représente le Rainbow Warrior qui coule, 1985.
Caricature de Plantu du fichier Edwige de la DCRI qui devait recenser les personnes « dont l’activité individuelle ou collective » peut « porter atteinte à la sécurité publique », 2008.
Collection Jean Plantu
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Photographie du président Charles De Gaulle posant devant le sous–marin à propulsion nucléaire de la Force de dissuasion nucléaire rançaise, Le Redoutable , Cherbourg, 29 mars 1967.
AFP
Visite à bord du sous–marin Le Redoutablepar le Président Georges Pompidou, accompagné du commandant Bisson à l’Île Longue (Finistère), 1971.
ECPAD (F 71–430 R6)
Symbole ultime du secret, l’intérieur du PC du sous–marin Le Redoutable, incarnation de la dissuasion nucléaire,
est donné à voir grâce à uneimmersion visuelle saisissante. [Salle de la Chapelle]
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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La construction du premier sous–marin nucléaire lanceur d’engins
rançais est décidée en 1963. Des moyens importants sont mobilisés pour doter la France de cette arme de dissuasion d’envergure et pour en maîtriser toutes les technologies : la propulsion nucléaire, le lancement en immersion de missiles balistiques, la navigation inertielle, les télécommunications, la régénération de l’atmosphère…
Le Redoutable – 128 mètres de long, 8 000 tonnes – aura nécessité
12 millions d’heures de travail à l’arsenal de Cherbourg. Il est mis àl’eau le 29 mars 1967 en présence du général De Gaulle.
Admis au service acti en 1971 au sein de la Force océanique stratégique sous le commandement de l’amiral Louzeau, Le Redoutable est équipé de 16 missiles mer–sol balistiques M1 (500 kilotonnes chacun ; portée de 2 500 km). À partir de 1980, il est armé de missiles M20 comportant chacun une tête nucléaire d’une mégatonne et d’une portée d’environ 3 000 km. Deux équipages de 135 hommes chacun dont 15 officiers — les « Bleus » et les « Rouges » — se relayaient à bord pour des patrouilles de 55 à 70 jours.
En 20 ans de services, il a effectué 58 patrouilles opérationnelles, parcouru 1 270 000 km, passé 3 469 journées en mer et 90 000 heures
(10 ans) en plongée.
En 1991, Le Redoutable est retiré du service acti et rejoint Cherbourg. Le 19 janvier 1996, le ministère de la Déense met Le Redoutable à disposition de la Communauté urbaine de Cherbourg. Depuis avril 2002, il est l’un des éléments phares de la visite de la Cité de la Mer.
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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[]  Portrait en médaillon du chevalier d’Éon de profil, avec chapeau.
Paris, Bibliothèque nationale de France, Res QB–201 (152) FOL p. 26 – Hennin 13307 (en homme)
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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Du Père Joseph, ministre secret de Richelieu, aux services secrets
contemporains, l’histoire du renseignement produit par l’État est aite d’hommes dont les actions et l’organisation ont connu au cours de plusieurs siècles de nombreux changements ayant abouti à la création d’une véritable bureaucratie spécialisée à la fin du e siècle.
Ce sont les diplomates, et notamment les consuls, qui ont d’abord été en charge du renseignement extérieur. Sous Louis XV, puis Louis
XVI, le « secret du roi » est un réseau dévolu au renseignement, quidouble l’activité des diplomates et qui est en lien avec le souverain. Au e siècle, les polices développent les pratiques de surveillance et de protection intérieure. Mais c’est à la fin du e siècle qu’apparaît l’organisation actuelle des services de renseignement avec d’une part une police de renseignement orientée vers la surveillance de l’opinion et le contre–espionnage et d’autre part des services de renseignement
militaires chargés de l’espionnage en territoire étranger dès le temps de paix. À cette occasion, les diplomates ont perdu le monopole sur l’inormation extérieure. Le renseignement moderne est né.
La modernisation des services de renseignement au e siècle est avorisée par une nouvelle réglementation qui nourrit au siècle suivant la réflexion sur de nouvelles lois en matière de répression
de l’espionnage et de protection de l’inormation. Depuis les deuxguerres mondiales, la modernisation des techniques d’observation, de transmission et d’écoutes multiormes prend également de l’ampleur, tout en se spécialisant entre surveillance intérieure et observations extérieures. La recherche scientifique, du service du génie militaire à la récolte d’inormations civiles par les chercheurs, de la cartographie aux dessins de batailles, participe à une meilleure connaissance du terrain
extérieur, pour permettre une analyse plus précise de la situation.
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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Aux origines du renseignement : diplomaties officielles et parallèles
Ce sont les diplomates qui ont été les premiers agents de renseignement extérieur. En 1716, dans le traité de négociation de François de Callières, on peut lire que l’ambassadeur est un « honorable espion ». Les moyens d’inormation des diplomates sont ceux de leur temps, gazettes et
périodiques de tous ordres, maisils s’inorment surtout par la réquentation des cours étrangères et en achetant à prix d’or des « intelligences étrangères ». Malgré cela, le roi de France peut contourner son secrétaire d’État,
à qui parviennent les rapports des ambassadeurs, et mettre en place des moyens parallèles d’inormation : c’est le cas du « Secret du roi » sous Louis XV, qui s’appuie sur le comte de Broglie pour conduire une diplomatie parallèle. Derrière les diplomates
officiels se trouvent aussi des réseaux clandestins d’inormation dépendant directement du souverain.
[]  Portrait gravé de François Leclerc du Tremblay, dit père Joseph (1577–1638), 1636–1638.
Paris, Bibliothèque nationale de France, G 153490, Estampe, tome 31, pièce 2747
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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[]  Portrait gravé de François Leclerc du Tremblay, dit père Joseph (1577–1638), 1636–1638.
Paris, Bibliothèque nationale de France, G 153490, Estampe, tome 31, pièce 2747
[]  Dépêche partiellement chiffrée de François Leclerc du Tremblay, appelé « père Joseph », au cardinal de richelieu, Ratisbonne, 22 août 1630.
La Courneuve, Archives du ministère des Affaires étrangères et européennes, Allemagne, 2 CP 7, . 119 r° à 121 r, haut. 30 x larg. 21 cm
En 1630, alors que la France s’est portée au secours du marquis de Montferrat, assiégé en Italie du Nord par les troupes hispano-impériales, Richelieu choisit son ambassadeur en Suisse et le père Joseph pour le représenter à Ratisbonne. C’est là que l’Empereur a réuni les électeurs du Saint-Empire auxquels il espère imposer son fils comme Roi des Romains. Les deux envoyés du cardinal sont munis d’instructions claires :
affaiblir le Habsbourg en ralliant contre lui le duc de Bavière et les électeurs catholiques.
À cette occasion, le père Joseph se montre fami- lier avec les techniques de chiffrement comme en témoigne cette lettre qu’il destine au seul cardinal, par laquelle il l’informe du bon avancement des négocia- tions avec le duc de Bavière. Il parle de lui à la première personne ou se cache sous un pseudonyme (Hugues ou Albert). Seuls certains passages de cette lettre, notam- ment les noms propres, sont chiffrés. Le père Joseph y désigne les personnalités par des surnoms, empruntés à la Bible, à l’histoire ou à l’usage vulgaire : Gédéon  ou Olivier  ou Du Jardin pour le cardinal, Salomon ou Constantin  pour l’empereur, Benjamin  pour le roi d’Espagne, etc. Le procédé est également appliqué à des noms communs : Le Roux  désigne ainsi les protes- tants, Clément  les catholiques, Dagobert  la paix ! Cette façon de procéder affaiblit toujours les chiffres car elle a le défaut de fournir un grand nombre de mots pro- bables à l’attaquant. Elle repose sur le secret absolu et peut tomber progressivement, comme un puzzle
qu’on reconstitue. [Isabelle Nathan, Hervé Lehning]
[]  Ouvrage citant le rôle de « ministre secret » attribué à François Leclerc du Tremblay, appelé « Père Joseph ». Mathieu de Morgues, « Vrays et bon advis de François fidèle », dans : Diverses pièces pour la deffence de la royne mère du roy très Chrestien Louys XIII, Anvers, 1637, p. 175–176.
Bibliothèque nationale de France, 8 – LB36 – 3408 (B), haut. 30 x larg. 25 cm
[]  L’« espion » est inâme et ses actions sont condamnées. Abraham de Wicqueort, L’Ambassadeur et ses fonctions, Cologne, Pierre Marteau, 1715 (1re édition : 1682).
Collection particulière, haut. 20 x larg. 15 cm
En 1682 paraît la première édition d’un ouvrage fon- damental sur l’art de négocier. Même s’il n’est pas le
premier à traiter le sujet, il développe, nombre d’exem-ples à l’appui, les grands thèmes que les apprentis négociateurs se doivent de maîtriser avant de partir en ambassade. Diplomate lui-même, Abraham de Wicquefort (1606-1682) fait un panorama des qua- lités et des compétences dont l’ambassadeur doit faire preuve quand il représente son souverain auprès d’une puissance étrangère. [Claire Béchu]
[]  Gravure représentant Minerve assise et
casquée, appuyée sur un pilum et un livre, aux côtés de Mercure debout aux chaussons ailés, avec la devise « » [les deux aveurs, ou l’un et l’autre avorisant]. Mr Pecquet, De l’Art de négocier avec les souverains, La Haye, 1738.
Collection particulière, haut. 18 x larg. 12 cm
Théoricien de la diplomatie, Antoine Pecquet (1704- 1762) s’attache à expliquer les qualités que le négo- ciateur doit montrer dans son comportement et son travail, en insistant tout particulièrement sur les qualités d’esprit et de cœur : la probité, la modération, la saga- cité, la patience, le courage, la souplesse et la fermeté, mais aussi le souci de la vérité et une profonde « obser- vation du secret », auquel il consacre un important développement [Claire Béchu].
[]  L’ambassadeur est un honorable « espion », 1716. François de Callières, De la manière de négocier avec les souverains, Paris, M. Brunet, 1716.
Collection particulière, haut. 31 x larg. 23 cm
Autre théoricien de la diplomatie, François de Callières (1645-1717), suivant son devancier Wicquefort, a aussi recours aux exemples pour illustrer les qualités et les compétences requises des négociateurs. [Claire
Béchu]
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[]  Lettre du che du cabinet « Secret du Roi », Charles–François de Broglie, extraite de la correspondance secrète entre le comte et le roi Louis XV, mentionnant les affaires secrètes de Pologne pendant la Guerre de Sept ans, 29 juin 1770.
La Courneuve, Archives du ministère des Affaires étrangères et européennes, Allemagne, 325, olio 158r/v, Mémoires et documents, 0000–1896, 540, haut. 28 x larg. 24 cm
Charles-François de Broglie a été initié au Secret duroi par le prince de Conti dès 1752, au début de son ambassade auprès de la République de Pologne, avant de prendre la direction de cette diplomatie parallèle, mise en place par Louis XV à l’insu de ses ministres et représentants officiels. La lettre ici présentée, certaine- ment autographe, fait partie des minutes de sa corres- pondance secrète de 1752 à 1774. Celles-ci ont rejoint, au moins en partie, les archives du secrétariat d’État aux Affaires étrangères à sa mort en 1781, grâce à une opportune mise sous scellés de ses papiers de
fonction lors du règlement de sa succession. Broglie  y donne une analyse des dépêches reçues de ses agents sur les principaux théâtres où l’administra- tion du Secret a étendu ses activités : en Pologne, à Constantinople, à Londres, enfin, où le chevalier d’Eon propose d’admettre au Secret le nouvel ambas- sadeur de France, Adrien-Louis de Guines, proposition qui n’est pas du goût de son beau-frère, le comte de Broglie, auquel l’oppose, semble-t-il, un vieux conflit. Dans l’ensemble, cette lettre fait état de l’insuffisance des informations reçues par le canal du Secret du Roi. De fait, le cabinet secret, désormais connu de Vienne et des principales cours européennes, ne fait plus guère la preuve de son utilité et ne doit sa survi- vance qu’à la volonté du roi. [Isabelle Nathan]
[]  Portrait du comte Victor–François de Broglie (1718–1804), secrétaire à la guerre, vers 1780–1789.
Paris, Musée de l’Armée, MV 3837, haut. 90 x larg. 73, 5 cm
[]  Portrait en médaillon du chevalier d’Éon de profil, avec chapeau.
Paris, Bibliothèque nationale de France, Res QB–201 (152) FOL p. 26 – Hennin 13307 (en homme), haut. 30 x larg. 23 cm
[]  Procuration avec description du chevalier Charles d’Éon Beaumont, dit chevalier d’Éon, 1er septembre 1762.
Archives nationales, ET/XXVII/310 res//54, haut. 33,5 x larg. 22 cm
Sous Louis XV, Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André- Timothée d’Éon de Beaumont, dit le « chevalier d’Éon » (1728-1810) est un auteur, diplomate et espion fran-
çais. L’ensemble de ses fonctions est ici précisé :écuyer, capitaine de dragons, censeur royal et aide de camp du duc de Broglie. Le chevalier réside à l’hôtel de Dons-en-Bray, rue de Bourbon, Faubourg Saint-Germain. Il donne ici procuration au procureur général de recevoir des trésoriers payeurs les rentes d’un hôtel de cette ville selon les modalités précisées dans le document. En 1762, appartenant au « Secret du Roi », à l’instar du prince de Conti, du maréchal de Noailles ou de Beaumarchais, il se trouve à Londres auprès de l’ambassadeur, le duc de Nivernais, puis
le comte de Guerchy avec lequel il ne s’entend pas. Le 4 novembre 1763, Louis XV demande son extradition, refusée par le droit anglais. Simple particulier, il conti- nue d’aller à l’ambassade de France et divulgue en 1764 des secrets d’État. Il révèle notamment l’ordre de mission du roi pour un débarquement. Lors d’un procès, un témoin accuse l’ambassadeur de France d’avoir tenté d’empoisonner son ancien secrétaire lors d’un repas. Le dernier procès, en septembre 1767, donne raison au chevalier d’Éon qui poursuit alors son métier d’espion et reçoit à nouveau sa pension.
[]  Lettre du Roi Louis XV au comte Charles– François de Broglie qui apporte ses préconisations en cas d’arrestation au sieur de la Rosière, agent secret en Angleterre, 27 juillet 1763.
Archives nationales, K/157/D, n°201, n°24 haut. 21 x larg. 16 cm
Les lettres secrètes de Louis XV, adressées de 1752 à 1774 essentiellement à Charles François, comte de
Broglie, et à Jean-Pierre Tercier, font partie d’un ensemblereconstitué au milieu du XIX e siècle sous le titreMonuments
historiques. Tercier était chargé de superviser les différents bureaux du chiffre des Affaires étrangères, en liaison avec le Secret du Roi. Le Roi portait un intérêt tout particulier aux espions et à l’organisation des affaires secrètes, relevant bien d’un « cabinet noir ». Ainsi, dans celle du 27 juillet 1763, le souverain prescrit que l’agent Rosière ne devra pas être identifiable en cas d’arrestation en Angleterre. Il devra laisser ses affaires chez le chevalier d’Eon qui est « accrédité publiquement et ne peut être arrêté de la même manière ». Ce témoignage montre donc l’impli- cation du souverain dans l’organisation de l’espionnage à l’étranger afin de récupérer les informations suscep- tibles d’aider la diplomatie royale. Il précise même que les espions devront être abandonnés en cas d’échec.
8/16/2019 Livret Expo Le Secret de l Etat
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[] Certificat donné par le comte Charles– François de Broglie, lieutenant général des armées du roi, attestant les actions et exploits militaires de son aide de camp, le chevalier d’Éon de Beaumont, lors de la campagne de 1760–1761, 24 décembre 1761.
Vincennes, Service historique de la Déense, GR Y a 507, haut. 35 x larg. 17 cm
Charles d’Éon de Beaumont, dit le « chevalier d’Éon »
(1728-1810) est la figure emblématique des espionsfrançais au service de Louis XV. Utilisant ses dons de travestissement, le monarque le recrute dans le « Secret du roi », service d’espionnage dirigé dans un premier temps par le prince de Conti. Éon est envoyé à plusieurs reprises à la cour de la tsarine Élisabeth de Russie (1755-1760) : le succès de ses missions fait de lui le meilleur agent du Secret du roi. En 1761, il reprend l’uniforme de capitaine de dragons lorsque la France entre en guerre contre l’Allemagne et se place sous les ordres du maréchal de Broglie. Renommé
pour son adresse à l’escrime, il accomplit de véri- tables actions d’éclat. Il endosse à nouveau le cos- tume d’espion et part en Angleterre en 1762. Il y meurt paralysé, dans l’oubli et la misère. [Richard Ravalet]
Transcription : « Nous certifions que M. d’Éon de Beaumont, capitaine du régiment des dragons, a fait la dernière campagne avec nous en qualité de notre aide de camp que pendant combats de la ditte campagne, nous l’avons chargé fort souvent d’aller porter des ordres du général, et que dans plusieurs occasions il a donné des preuves de la plus grande intelligence et de la plus grande valeur ».
[]  État des dépenses extraordinaires lors de la mission à Londres de l’agent Druy le Jeune, agent secret de la République, 9 rimaire An III [29 novembre 1793].
La Courneuve, Archives du ministère des Affaires étrangères et européennes, 2 pièces, 750SUP/64, haut. 35 x larg. 18 cm et haut. 20 x larg. 15 cm
À l’issue de sa mission de dix mois à Londres, l’agent Druy dit le jeune   présente la note des frais liés à sa mission au ministre des Relations extérieures et au Comité de Salut public. Le document éclaire les différentes facettes de l’action de l’agent secret, de Bâle à Londres, entre renseignement militaire et acti- visme politique. Parfait anglophone, Druy dépouille la presse anglaise, source ouverte mais précieuse par son exhaustivité, fréquente les spectacles, bals et autres lieux publics pour s’informer de l’état de l’opi- nion. Il s’implique aussi dans la politique intérieure et soutient les opposants au gouvernement de William Pitt, s’engageant semble-t-il assez visiblement à leurs côtés pour devoir prendre la fuite après l’échec du soulèvement fomenté par le parti radical. Après son
retour en France, Druy préconisa la mise en place d’un circuit de transmission accélérée des informa- tions, permettant de relier Londres à Paris en sept ou huit jours plutôt qu’en un mois. Arguant du fait que la correspondance commerciale entre l’Angleterre et les maisons de commerce hollandaises n’étaient jamais interceptées, il suggéra de créer un flux régulier de renseignements fondés sur l’exploitation de la presse
anglaise via un relais, le Sieur Delatre, commis chezun négociant de Rotterdam. [Isabelle Nathan] 
[]  Lettre de Jean–Baptiste Décury de Saint–Sauveur, consul à Saint–Pétersbourg auprès de la tsarine Élisabeth Ière, au comte Jean–Frédéric Phélypeaux de Maurepas, secrétaire de la Marine, aisant suite au renvoi du consul M. de La Chétardie, 28 avril–9 mai 1744.
Archives nationales, AE/B/I/986, ol. 32–35 v°, n° 5, haut. 26 x larg. 32 cm
Anciennement propriétaires de leur charge, les consuls furent rattachés au secrétariat d’État de la Marine par Colbert dès 1669 et la grande ordonnance de la marine de 1681 leur donna un premier cadre institu- tionnel. Ils étaient chargés de défendre les sujets du roi et de protéger les droits et le commerce français. Chargés du maintien de l’ordre au sein de la nation fran- çaise, de fonctions judiciaires et arbitrales, notariales, religieuses et d’état civil, ils étaient aussi des agents de renseignement de premier ordre pour la monarchie. Majoritairement installés autour de la Méditerranée, dans les fameuses échelles du Levant et de Barbarie, de nombreux consulats français étaient implantés en Italie, en Espagne, dans le Nord de l’Europe et même en Amérique du Nord à l’issue de la guerre d’Indépen- dance américaine. Il fallut attendre les années 1820 pour la création de consulats dans les empires colo- niaux des autres puissances européennes.
 Jean-Baptiste Décury de Saint-Sauveur, fils d’un médecin de la princesse de Conti, fut en poste à Saint-Pétersbourg de 1744 à 1748, puis de 1757
à 1763. Sa mission première consistait à développerle commerce entre la France et la Russie. La lettre présentée ici n’est que partiellement chiffrée. Elle pré- sente donc des faiblesses puisqu’elle offre une foule de mots probables. Le chiffre lui-même est un dictionnaire chiffré, très proche du Grand Chiffre de Louis XIV. Il chiffre essentiellement des syllabes et quelques expres- sions courantes. Par exemple, 14 signifie « Monsieur » et 183 « le ». [Anne Mézin, Hervé Lehning] 
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[] HANSEN, Jules, Les coulisses de la diplomatie. Quinze ans à l’étranger (1864–1879), Paris, J. Baudry libraire–éditeur, 1880, 391 p.
Vincennes, Service historique de la Déense, Ec 892, haut. 23 x larg. 12 cm
[]  Notes prises par le che d’escadron Henri Brugère (1841–1918), attaché à la maison militaire
de la présidence de la République, à propos des visites à l’Élysée de Jules Hansen, agent officieux de l’ambassade de Russie, 17, 22 et 23 juillet 1879.
Vincennes, Service historique de la Déense, A.G., GR/ 1 K 160/3, onds privé Brugère, carton 4,  Mes mémoires, tome V, chapitre I, pp. 2658–2661, haut. 19 x larg. 27 cm, p. 167–181
 Jules Hansen (1828-1908) est un journaliste et diplo- mate danois naturalisé français. Dans ses notes, le chef d’escadron Henri Brugère relate les visites fréquentes que cet « agent officieux de l’ambassade de Russie »
rend au président Jules Grevy (1879-1881). Partisan d’une alliance militaire franco-russe, il devient l’inter- médiaire entre la France et la Russie et ses agents russes transmettent directement ses lettres au tsar Alexandre III. Lors de « l’affaire des espions » décou- verte par Bismark en 1885, deux officiers danois sont éclaboussés. Engagés par Hansen, ils avaient quatorze ans durant envoyé au gouvernement fran- çais quelques 2 000 rapports sur l’armée allemande. [Michel Roucaud]
[]  Métaphore symbolisant le dispositi technologique de diffusion du monde avant l’ère des ordinateurs, 1673. Athanasius Kircher, Phonurgia Nova […], 1673, livre I, section VII, p. 162.
Paris, Bibliothèque nationale de France, FOL–Z–746, haut. 33 x larg. 22, 5 cm
Athanase Kircher (1602-1680), théologien jésuite, mathématicien et théoricien de la musique, a passé une grande partie de sa vie à Rome, où il mourut
en 1680. Il a reçu le patronage du pape Urbain VIII.Son ouvrage Phonurgia nova est un travail sur l’acousti- que, portant principalement sur la réflexion, la dispersion et la focalisation du son. Il y évoque certains appareils acoustiques tels que le « stentorophonica de tuba » (la trompette retentissante), et le « citofonica de statua » (la statue parlante), assez proche du microphone qu’il conçoit comme un tube en forme de spirale énorme, avec une surface intérieure parfaitement habillé pour émettre les ondes.
Traduction : « L’intérieur d’un ABCD chambre, où un tube en forme de spirale a été mis et déplacé dans E ou dans le conduit vertical S se trouve une statue ayant déplaçant la bouche et les yeux et ayant respiré la vie par toute la masse du corps. Cette statue doit être située dans un lieu donné, afin de permettre à l’extré- mité du tube en forme de spirale corresponde précisé- ment à l’ouverture de la bouche. De cette manière, il
sera parfait, et capable d’émettre clairement tout typede son. En fait, la statue sera en mesure de parler en permanence, en poussant soit une voix humaine ou animale. Il va rire ou se moquer. Il semble vraiment pleurer ou gémir. Parfois avec un grand étonnement, il soufflera fortement. Si l’ouverture du tube en forme de spirale est située en correspondance avec un espace public ouvert, tous les mots humains pronon- cés, portés dans le conduit, seront relus par la bouche de la statue. Si des chiens aboient, la statue saura aboyer. Si quelqu’un chante, la Statue répondra avec
le chant et ainsi de suite. Si le vent souffle, cela sera pris dans le tube en forme de spirale. Par conséquent, la statue sera contrainte d’émettre des respirations très fortes. Appliquant le souffle à la conduite, il va jouer. Apporter la trompette à proximité de la bouche de la statue, l’instrument de musique va jouer et il fera d’in- nombrables effets amusants de la nature, à condition que le tube en forme de spirale est disposé avec la plus grande précision. »
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Sur le territoire rançais, c’est à la
police qu’a été confiée une mission de surveillance. C’est à l’époque de la Régence que l’on assiste à l’apparition d’une première police d’inormation chargée, en se dissimulant, de s’inormer sur l’état des esprits dans le cadre de la lieutenance générale de
police de Paris, créée en 1667. Mais c’est sous les régimes impériaux au e siècle que se mettent en place des polices nationales centralisées avec de puissantes polices de renseignement. Ces polices écoutent, surveillent et relèvent ce qu’elles entendent. De la création, en 1855, de la « police des chemins de er » au décret de 2014 créant la Direction générale de la sécurité intérieure , il y a une orte continuité des missions : collecter de l’inormation à caractère
politique pouvant menacer le régimeet lutter contre l’espionnage étranger.
[]  Opération d’écoutes par des policiers en civils, stationnés en camionnette [1920–1930].
Paris, Archives de la préecture de Police, 5254 N, haut. 30 x larg. 27 cm
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[]  Édit imprimé portant création de la lieutenance générale de Police, donné à Saint–Germain–en–Laye par Louis XIV, 15 mars 1667.
Archives nationales, AD /+/ 390, haut. 26 x larg. 32 cm
Avant 1667, Paris est pourvue de nombreuses autori- tés en charge de la police : le prévôt de Paris gère la capitale ; le lieutenant civil et le lieutenant criminel se
partagent la justice et la police de la ville, aux termesd’un arrêt du Parlement du 12 mars 1630 ; le prévôt des marchands dispose de compétences identiques dans le cadre du bureau de la ville. La corruption et la confusion entre les institutions entraînent la réforme de la police dans la seconde moitié du XVII
e siècle, et a pour conséquence de déclencher la réforme de mars 1667 qui créé la Lieutenance générale de police. Cette création témoigne de la volonté politique de Louis XIV d’intervenir dans le maitien de l’ordre et de réformer profondément la police dans les villes.
La nouvelle charge de lieutenant criminel participe du renforcement de l’État moderne au XVIIe  siècle. Par ailleurs, ce magistrat est en charge de la sûreté, de la commodité et de la surveillance des habitants dans une zone définie.
[]  Relevé de surveillance des populations dans les lieux publics, appelés Gazetins de la police parisienne , 24–25 août 1732.
Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, MS–10162, haut. 24,5 x larg. 20, 5 cm
Compilation de nouvelles et de rapports de police, les textes de ce gazetin vont de quelques mots suc- cincts à de véritables compte-rendus. Ces bulletins du lieutenant général de police, souvent monotones, nous révèlent surtout des anecdotes dignes d’un carnet mondain. D’autres textes rédigés par les informateurs travaillant pour le lieutenant criminel rapportent des faits, des rumeurs et des propos entendus dans des lieux publics. Nous sommes là dans les prémices de la surveil-
lance et de l’écoute modernes.
[]  Lettre manuscrite de Jean–Charles–Pierre Le Noir, lieutenant général de police de Paris, alertant Antoine–Jean Amelot de Chaillou, secrétaire d’État de la Maison du Roi, de l’affichage d’un placard au contenu illicite, 22 juillet 1782.
Archives nationales, O/1/361, n°289., haut. 27 x larg. 21 cm
[ bis]  Placard de propagande, trouvé aux Champs– Élysées, s’élevant aux noms des droits de « l’humanité » contre l’oppression et pour la liberté, [1782].
Archives nationales, O/1/361, n° 286
Le rôle d’informateur des forces de police est claire- ment une force du pouvoir central. Jean-Charles-Pierre Le Noir est lieutenant général de police de la ville
de Paris, nommé par commission du 17 juin 1776.Il cumule, à partir du 4 avril 1784, la charge de « Maître de la librairie du roi, Intendant et Garde du Cabinet des livres, manuscrits, médailles, raretés, antiques et modernes et Garde de la Bibliothèque du roi ». Dans le cadre de sa charge de Maître de la librairie du roi, il a un rôle important en matière de censure des écrits subversifs. Sous Louis XV, en qualité de maître des requêtes, le rôle éminent qu’il joue pour les « secrets du roi » auprès de Charles Alexandre de Calonne est reconnu lors de l’affaire « La Chalotais ».
Louis-René de Caradeuc de La Chalotais, procurateur général de Bretagne, est à la tête de l’opposition du parlement de Bretagne contre la levée d’impôts extraordinaires. Le secrétaire d’État à la maison du roi chargé des affaires de la province, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, reçoit deux lettres anonymes dont « La Chalotais » est suspecté d’être l’auteur, ce que confirment alors trois experts en graphologie. La Chalotais est arrêté le 11 novembre 1765, ainsi que son fils et quatre autres parlementaires. Cette arresta- tion fait sensation et l’on parle de ce despotisme dont Voltaire va fonder la légende.
Couverture d’un dossier du bureau particulier du ministère de la Police au nom de Schulmeister, témoignant de son rôle « d’agent secret » auprès du ministre de la Police, 10 septembre 1807.
Archives nationales, F/7/6503, dossier 844, reproduction
[] Lettre de l’espion Charles Schulmeister au
général de division Savary, aide de camp de l’Empereuret colonel de la gendarmerie d’élite de la Garde impériale. Schulmeister demande des missions plus importantes et veut être lavé des ausses accusations, 21 octobre 1805.
Vincennes, Service historique de la Déense, GR C2 6, ° 294, haut. 41 x larg. 25 cm
Charles Schulmeister (1770-1853) est l’un des agents les plus habiles et discrets de la police impériale. Pré- senté à Napoléon en 1804, il reçoit un grade dans l’armée et est attaché au général Savary, colonel de la gendarmerie d’élite et responsable du maintien de la sûreté publique et de la police. Cantonné jusqu’alors à un rôle d’observateur, Schulmeister réclame par cette lettre des missions plus importantes, désireux qu’il est de prouver « son dévouement intime et sans borne »
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à l’Empereur. Son passé de contrebandier lui ayant attiré des « ennemis », il veut également être lavé des fausses accusations que ces derniers portent à son encontre. Par la suite, Schulmeister aura maintes fois l’occasion de se montrer un combattant intrépide et un agent de renseignement devenu célèbre. [Richard Ravalet] 
[]  Transcription des débats tenus devant la Courd’assises de Paris ouvrant le procès de « l’affaire Michel » (séance du 13 avril 1812). Michel et trois autres personnes sont accusés d’intelligence avec l’ennemi pour avoir vendu des secrets militaires à la Russie.
Vincennes, Service historique de la Déense, GR 5 Y g 60, haut. 32 x larg. 23 cm
La Russie d’Alexandre Ier  dispose de l’« Expédition secrète », un service particulier du ministère de la Guerre chargé du renseignement d’intérêt militaire. Cet appareil d’espionnage recrute des agents dans
l’Europe napoléonienne. À Paris, le colonel Alexandre Ivanovitch Tchernychev, représentant le tsar auprès de Napoléon, parvient à infiltrer le bureau du mouve- ment des troupes du ministère de la Guerre. Mais en février 1812, la police impériale découvre la taupe, un certain Michel, simple employé devenu agent russe par corruption, qui copiait des informations essentielles sur l’organisation de la Grande Armée. Michel est confondu et arrêté avec trois complices, tous accusés d’intelligence avec l’ennemi pour avoir vendu des secrets militaires à la Russie. Seul Michel est condamné à mort et exécuté le 1e