loin du « buzz » : de l’empowerment au campaining
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La Présentation de L. Allard et O. Blondeau lors de la formation Ecole de la Cité de la Fondation pour l'Innovation PolitiqueTRANSCRIPT
LA POLITIQUE PAR INTERNETLoin du « buzz » : de l’Empowerment au Campaining
Formation Ecole de la Cité / Fondation pour l’Innovation Politique
Intervention de Laurence Allard et Olivier Blondeau
Partir d’une bonne compréhension des pratiques politiques ordinaires sur Internet, de la sociologie politique des internautes
Parce que sur Internet, la majorité du contenu = User Generated Content = internautes qui s’expriment, qu’ils soient ados de banlieue ou hommes/femmes politiques (indifférenciation des qualités, hiérarchies…)
Cf Etude Edelman et StrategyOne/collaborateurs des élus (Europe/USA): 55% ont découvert une info sur Internet et 98% l’utilisent pour s’informer politiquement (nov.2009)
UGC = typique tendance expressiviste dans l’histoire des rapports entre démocratie, médias, technologies.
Read/Write Culture (vs Read Only) : Imprimerie/Lecture-Internet/Ecriture
Le public a qui on a donné (vendu) des outils d’expression personnelle participe comme auteur/lecteur et plus seulement spectateur/électeur à la vie politique sur cette scène de l’Internet
Pouvoir-dire : Empowerment des citoyens
« Démocratie sémiotique digitale » reconnue (cf Conseil Constitutionnel, décision CC, 2009-580 DC, juin 2009 : « Internet permet l’exercice de la liberté de communication dans la quelle le citoyen est émetteur d’information (dimension active » (p.7).
La politique par Internet ? La démocratie sémiotique digitale
Une tendance expressiviste : le compteurdes médias sociaux dans le monde
Une tendance expressiviste massive (France)• 33 millions d’internautes en France
âgées d’au moins 11 ans (Médiamétrie, sept 2009)
• 61,7% de la population française connectée (Médiamétrie, avril 2009)
• 16 millions de comptes Facebook, 30 % des internautes (Médiamétrie, septembre 2009)
• 26 millions de profils et de blogs sur le réseau social Skyrock.com (Skyrock.com, juillet 2009).
• 125 000 comptes Twitter en France (Sysomos, juin 2009)
• 14% des français de 12 et plus se disent auteur d’un blog, d’un site, mettent des photos en ligne, des textes, des photos, des musiques soit 7 millions de créateurs de User Generated Content. Un ado sur deux qui a créé du contenu sur Internet (Enquête Art/Credoc, juin 2008)
• 58 millions de français sur 65 millions possèdent un téléphone, près de 8 Français sur 10 (Médiamétrie, sept.2009)
• 6,5 milliards d’abonnés au mobile (IUT, nov.2009)
• 1,7 milliards d’Internautes dans le monde (Gartner, oct.2009)
• 1 Milliards de vidéos chargées sur YouTube chaque jour
• 300 Millions de compte Facebook
• 900 000 billets blogs publiés chaque jour
• 4 millions de tweets envoyés par jour
• 10 milliards de photos partagées sur Facebook
• 14 millions utilisateurs Twitter (Sysomos, juin 2009)
Une tendance globale
Un contexte sociétal
Contexte sociétal de l’individuation réflexive : identités personnelles et sociales ne sont plus reproduites aveuglément
Crise de certaines des institutions pourvoyeuses d’identités (salariat, recompositions familiales etc.)
• Internet comme lab de l’individuation réflexive : à travers ses expressions digitales (photos,textes…) : dire et montrer celui que l’on est/veut être =indviduation expressive.
La politique par Internet ?
Commenter (billets, articles...)
Republier un lien vers un site
depuis son compte Twitter,
Facebook...
copier-coller du « code
embed » vidéo sur son Skyblog
Partager contenu (phototagging ou
playlists)
Réaliser un Slide (Cœur de Loraine)
Créer un « jeu »
Réaliser un Slide
Utiliser son mobile durant
événement
Pourquoi ça buzz ? Immanence virale vs travail expressif ou comment les contenus circulent sur
Internet ?
Par la procédure la plus courante : copier-coller du code embed vidéo pour la diffuser dans d’autres sites
Par le commentaire vidéo : remix de contenu
préexistant (ex. tribute de celui qui avait prédit crise des subprimes) = toile de
fond commune pour expression
personnelle/dazibao et jeu du « cadavre exquis » qui
s’en suit.
Ce que nous dit le buzz au sujet de l’empowerment
Pluralité desCauses remixées(cf aussi hashtag Twitter)
Agrégation des contenus/playlists
=S’affilier
volontairement à des causes
Première étude de cas : Twitter et la politique
2. Hashtag : le « hack d’usage » et les microformats
#votereport durant les élections aux Etats-Unis
#votereport durant les élections en Inde
#iranelection durant les événements qui ont suivi les élections présidentielles en Iran
1. Twitter : la question des régimes d’énonciation et les politiques français
« Les politiques ont aussi le droit à la liberté d’expression « (Ch.Estrosi)
Les origines du rapport entre Internet et Politique
•Critique des médias de masse et tradition des médias dits « alternatifs »
•Conquête de l’autonomie technologique : Internet comme technologie née prématurée
• En France : radios libres, fanzines et minitel• Aux Etats-Unis : télévisions communautaires et vidéo alternative• En Italie: radios pirates et telestreet
ÞVolonté de « maîtriser sa parole de bout-en-bout » marqué par l’héritage dela notion de post-médiaÞ Continuité des acteurs (exemple des hackers de Minitel en France )
Revenir aux origines d’Internet : système d’information et de communication conçu par des informaticiens comme un système ouvert et interopérable permettant à des ordinateurs distants de communiquer en eux => influence majeure du logiciel libre.
• Prégnance du discours sur les hackers souvent perçus plus comme des « bidouilleurs » que comme des pirates informatiques, • Omniprésence d’un discours sur le Do It Yourself (fais-le toi-même),• Emergence d’une réflexion juridique sur la question de la propriété du savoir, de la connaissance et de l’information (de la GNU GPL aux licences Creative Commons).
Le tournant culturel de la politique et le renouvellement des répertoires d’action
Le culture jamming, que l'on peut traduire en français par « détournement culturel », est l'acte de transformer un média de masse existant afin de le dénoncer, en usant de la même méthode de communication utilisée par ce média
Renouvellement du répertoire d’action politique depuis les années 70 avec l’irruption de l’art de de la culture dans la pratique militante : influence des situationnistes ou de courants internes à l’art contemporain, aux arts visuels ou aux arts du spectacle.
Þ Mouvement général dans la société (voir Act Up, la Brigade activiste des Clowns, Enfants de Don Quichotte, La Pelle et la Pioche, etc.)
Þ Mouvement amorcé depuis longtemps sur Internet, sorte de laboratoire des répertoires militants avec notamment les Yes Men et leurs hoax (détournement du site du GATT), les remix politiques qui se situent de manière explicite dans le sillage de Debord, le cybersquatting (voir jaimelesartistes.fr , le compte Twitter de la Coopol, etc.), le jeux vidéo (politicalgames), etc. dont les méthodes, proches aujourd’hui de celle des agences de com, sont qualifiées de « guérilla sémiotique » (Umberto Eco)
Seconde étude de cas : Les campagnes démocrates aux Etats-Unis
La campagne « Bush in 30 seconds »
de Move On en 2004
La campagne « Health Reform Video Challenge»
de Organizing America en 2009
La campagne « Yes, We Can »
en 2008et ses origines à travers
l’organisation :
Le contest « Flu Video »
Du Ministère de la Santéen 2009
La « user-generated video petition »
Campagne « Raise Your Voice » contre le changement Climatique. Novembre 2009
Troisième étude de cas : Les campagnes Climate Change
Campagne « Time For Climate Justice » de Kofi Annan. Octobre 2009
Le « download with a cause »
Les points à retenir
•Du buzz à l’empowerment et de l’empowerment aux campagnes de mobilisation des citoyens ou quand les politiques s’inscrivent dans les pratiques ordinaires des internautes.
•Essentiel de bien comprendre qu’Internet et maintenant le mobile ne sont pas des technologies neutres.
•Ces technologies s’inscrivent dans une histoire, dans des champs de pratiques, dans des régimes d’énonciation et de dramaturgie, des modèles économiques, etc. non seulement très codifiés mais de surcroit en perpétuelle évolution.
•A cet égard, le positionnement d’un élu sur ce média s’avère compliqué dés lors que les règles en vigueurs ne sont pas celles qui régissent la vie politique classique, ses rapports avec les citoyens ou les médias et même ses collègues dans « la vie réelle ».
•On peut considérer l’émergence de ce nouveau média comme une chance pour la politique à condition de s’y positionner de manière réfléchie.
•Se positionner sur Internet pour un homme ou une femme politique, c’est avant tout accepter l’idée qu’Internet est un espace d’expression ordinaire et d’expérimentation («bazar ») qui peut non seulement amplifier sa parole mais aussi démultiplier ses capacités d’action à travers la mobilisation des internautes en toute connaissance de cette histoire et de ce champs de pratiques en s’y adossant.
Laurence AllardMaître de Conférences en Sciences de la Communication
Université Lille 3
Olivier BlondeauConseiller en communication politique, Docteur de l’IEP Paris
Politique 2.0 sur le site de la Fondation pour l’Innovation
Politiquehttp://www.fondapol.org/les-travaux/politique-
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