loupe #7 -septembre / octobre 2015

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PANORAMIQUE: MARIE-GALANTE SEPT. 2015 #7 DANSE: LANGAGE CORPOREL LAURE COURTELLEMONT LILOU - LENA BLOU - GRICHKA FOCUS CULTURE: MEMORIAL ACTe JOËL NANKIN - BEACH TENNIS - LONGUETEAU

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DANSE: LANGAGE CORPOREL Ce mois-ci un Grand Angle sur la danse pour partager la passion de Laure Courtellemont pour le Ragga Jam, Lilou pour le Break, Grichka pour le Krump, Lénablou pour le Techni’ka, ainsi que la danse Indienne, la salsa, et la danse orientale. FOCUS sur le Mémorial Acte, le nouveau pole culturel et artistique de la Caraïbe. Panoramique sur Marie-Galante l’ile authentique. Retrouvez également les rubriques A La Loupe avec Joêl Nankin, le Gwada Beach Tennis, Longueteau et Bruits de Couloirs consacrées à l’actualité régionale.

TRANSCRIPT

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PANORAMIQUE: MARIE-GALANTE

SEP

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015

#7

DANSE: LANGAGE CORPOREL LAURE COURTELLEMONT LILOU - LENA BLOU - GRICHKA

FOCUS CULTURE: MEMORIAL ACTe

JOËL NANKIN - BEACH TENNIS - LONGUETEAU

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DIRECTRICE DE PUBLICATIONCécile [email protected]

REDACTEUR EN CHEFDavid [email protected]

JOURNALISTESDavid Dancre, Cécile Borghino, 3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee

PHOTOGRAPHEAntoine Tempé & Daviel Goudrouffre (Lénablou), SGL/GBT (Beach Tennis)

MAQUETTISTESDavid Dancre, Charles Eloidin, Leïla Sy

WEBMASTERJuba Lamari

SITE INTERNETwww.loupe-magazine.fr

IMPRESSIONMSPC

REGIE PUBLICITAIRELOUPE REGIE05.90.555.415ré[email protected]

Magazine gratuit - Numéro #07Septembre - Octobre 2015© LOUPE est édité par David Dancre97 118 Saint-FrançoisN° SIREN : 805 060 878Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

PETITE-TERRE &

MARIE-GALANTE(Au déPART dE sAINT-fRANçoIs)

[email protected]

Page 4: Loupe #7 -Septembre /  Octobre 2015

P.14

EDITO05 Conte à rebours

BRUITS DE COULOIR07 Alerte rouge08 Actualités

PANORAMIQUE12 Marie-Galante

FOCUS16 Mémorial ACTe:Conservation du passé

GRAND ANGLE19 Danse: Langage Corporel

à LA LOUPE!52 Culture: Joël Nankin54 Loisirs: Beach Tennis56 Société: Longueteau

CHRONIQUES 58 Cinéma60 Séries62 Jeux Vidéos

P.22

P.16

P.44

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Pour nous tous l’horloge tourne sans déroger à son cycle. Gagner du temps est impossible, nous pouvons seulement ne pas en perdre. Le temps est une notion inventée par l’homme. Il l’optimise afin de s’épanouir dans son environnement et tenter de marquer l’histoire de son empreinte. Mais celle-ci ne s’écrit pas toute seule, il faut la vivre pour la faire exister, ne pas s’égarer dans le paraître ou dans des vies par procuration. Profiter de l’instant présent dans un monde où tout s’accélère est un exercice rendu difficile, d’autant que la société nous pousse à nous projeter dans le futur, anticipant nos besoins, quitte à voler nos rêves. Loupe remercie ses lecteurs qui prennent le temps de faire exister les notres.

par David Dancre

CONTE à REBOURS

EDITO

20152016

2014

20172018

...

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par Ceebee

Chaque seconde dans le monde, une personne déménage pour des raisons climatiques: innondations, tempêtes, cyclones,... ont conduit 22 millions d’humains à se déplacer en 2013. Pour certains spécialistes du climat, cette hausse a pour cause indubitable le rechauffement climatique, qui entraîne une augmentation de la fréquence et de la violence des cyclones. L’ONU estime que le nombre de réfugiés climatiques s’élèvera à 250 millions en 2050, des prévisions alarmantes mais qui correspondent déjà à une réalité dans certaines parties du globe. Le Vanuatu, archipel du Pacifique Sud, est gravement impacté depuis quelques années par des phénomènes cycloniques et menacé par la montée des eaux. Si les historiens du climat nous enseignent que l’Humanité a connu au cours de sa vie sur Terre des variations conséquentes de température, ils nous rappellent également qu’aucune civilisation n’a pu s’en affranchir. Tels seront les défis à relever, du 30 novembre au 11 décembre prochains à Paris, lors de la 21ème conférence sur le climat.

La tempête Erika a dévasté la Dominique et nous alerte sur les risques que les sociétés humaines encourent face aux catastrophes naturelles.

ALERTEROUGE

BRUITS DE COULOIRS

Agir sur les changements climatiques Portail du système des Nations Unieswww.un.org/fr/climatechange/

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BRUITS DE COULOIRS

Le club de boxe de Saint-François, après s’être imposé en Guadeloupe et dans la Caraïbe, a passé un mois cet été au Cambodge. Laurent De Mitri, sacré champion d’Amérique centrale en avril dernier, y était parti accompagné de son entraîneur, Erikc Anselme, fondateur du Caribbean Boxing Club. Dans la province de Kampot, ils ont participé au projet de création d’une école, afin de donner un avenir aux jeunes boxeurs khmers. Cet établissement scolarise aujourd’hui l’ensemble des boxeurs âgés de moins de 15 ans. Le 16 octobre prochain, Laurent de Mitri devrait disputer un titre intercontinental en Angleterre. Le club ne bénéficiant d’aucune aide financière ni de sponsor, il n’est pas certain de pouvoir relever cette invitation. Seul club de Guadeloupe à avoir remporté une victoire en Asie du Sud-Est et à former tous les ans des champions régionaux, le Boxing Club de Saint-François enseigne la boxe Muay Thaï et le Pancrace. Ses bons résultats sont le reflet de la formation rigoureuse en arts martiaux dispensée par Erikc Anselme, conseiller technique de la Ligue.

CARIBBEAN BOXING CLUBFacebook: Caribbean Boxing ClubContact 06.90.424.300 (Erikc Anselme)

CARIBBEAN BOXING CLUB

par Mr. Chung

SAINT-FRANÇOIS

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ACTUALITÉS

CDSACentre de Documentation Spécialisé en Astronomiewww.cieltropical.com

Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 septembre, une éclipse de Lune totale sera observable depuis de nombreuses régions du monde dont les Antilles. Celle-ci se produit lorsque la Lune, la Terre et le Soleil sont alignés. La pleine lune plongera dans l’ombre de la Terre, elle ne sera plus éclairée que par la lumière solaire et prendra une teinte rouge cuivrée. Un phénomène scientifique à observer ou photographier, qui pour certains annonce la fin du monde!

ECLIPSEpar Ceebee 4x4

LUNAIRE

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Se soigner naturellement est possible, grâce aux méthodes de soin indiennes et thaïlandaises que propose le cabinet Yayavara au Moule. Stéphane Le Colas, praticien diplômé, y dispense l’Aryurvéda, cette médecine naturelle de l’Inde reconnue par l’OMS. On y apprend par exemple ce qu’il faut manger pour soigner une maladie ou quel complément à base de plantes nous est utile. Le cabinet est également spécialisé dans la yogathérapie, certaines postures ou respirations améliorant efficacement la santé, ainsi que dans le massage thaïlandais. Une médecine complémentaire à la médecine conventionnelle.

BRUITS DE COULOIRS

Après avoir participé à différents projets, notamment la campagne contre la violence Déposer les armes organisée par la Préfecture en 2014, Semsi B s’est une nouvelle fois démarqué en remportant le concours d’Open Mic organisé lors du premier salon de la culture urbaine Kamo Lari les 25,26 et 27 juin derniers à Pointe-à-Pitre. Il a ainsi gagné un enregistrement professionel chez Emblematik Studio et celui d’un clip avec l’équipe de GISLAND. Pour l’heure, il nous propose son nouveau titre, I Pray, réalisé par le jeune producteur audiovisuel Thierry Begaz (Return Back Vision).

SEMSI B

SEMSI BFacebook: Semsi B Contact management: [email protected]

Cabinet Yayarava47 route de Bel Étang97 160 Le Moule

www.yayarava.comContact: 06.90.09.23.40

EN STUDIO

AYURVÉDASANTÉ

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ACTUALITÉS

Mam A MounFacebook: Mam A MounContact 06.90.61.81.47 / 06.90.80.54.14

Des professionnelles de la petite enfance (une animatrice et une éducatrice) ouvrent une MAM (maison d’assistantes maternelles) sur Saint-François. Elles accueilleront les enfants de 3 mois à 4 ans, dans un espace ludique et sécurisé.

K.W.I.ÉVÈNEMENT

K.W.I.Contact [email protected]

A l’occasion des journées du Patrimoine, le Kréol West Indies organise une manifestation les 19 et 20 septembre. Au programme: un groupe de Jazz, une exposition de photographies et d’oeuvres d’artistes ainsi qu’une séance de dédicace de l’ouvrage Etre(s) de Guadeloupe par Céline Malraux.

MAM A MOUNOUVERTURE

LES INTERVIEWS COMPLÈTES+ BONUS

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NUMÉRIQUE

SUR LE SITE OFFICIELWWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

LOUPE MAGAZINE

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PANORAMIQUE

MARIE-GALANTE

Témoin de l’activité sucrière du XIX° siècle, il a été entièrement restauré par un chantier d’insertion. Situé à Capesterre, il est le seul en état de marche sur l’île. On peut voir tourner ses ailes qui activent une meule pour broyer la canne, et venir y déguster un jus 100% local.

LE MOULIN DE BEZARD

Cette habitation sucrière fut l’une des plus importantes en Guadeloupe, comptant plus de 300 esclaves avant l’abolition. On y trouve les bâtiments usuels d’une sucrerie mais aussi un écomusée des Arts et Traditions Populaires, ainsi qu’un jardin de plantes médicinales.

L’HABITATION MURAT

Patrimoine Note : ••••••

PatrimoineNote : ••••••

A seulement une trentaine de kilomètres des côtes de la Guadeloupe, cette île essentiellement rurale joue la carte de l’authenticité pour attirer ses visiteurs.

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Sur la commune de Saint-Louis, cette arche naturelle creusée dans la falaise, où les vagues de l’Atlantique viennent se jetter, offre une vue impressionnante. Par beau temps, on peut y apercevoir les côtes de la Grande-Terre et de l’île de la Désirade.

LE GRAND GOUFFRE

Située au Nord-Ouest de l’île, cette plage à l’abri du vent offre également des coins ombragés. Un petit sentier permet de prendre de la hauteur pour admirer de beaux points de vue. Très calme à cet endroit, la mer est ideale pour la baignade.

ANSE CANOT

Promenade, paysageNote : ••••••

Baignade, paysageNote : ••••••

MARIE-GALANTE

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FOCUS

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Inauguré par le Président de la République le 10 mai 2015 et désormais ouvert au public, le MACTe est voué à devenir le nouveau pôle culturel et artistique de la Caraïbe. Une visite qui nous plonge dans un passé sensible, pour que ne tombent pas dans l’oubli ces pages de notre histoire.

Il a alimenté depuis plusieurs mois la chronique et suscité de nombreux débats dans la presse locale et nationale. Que l’on décrie l’opération ou qu’on l’encense, l’aménagement de ce mémorial, chantier pharaonique pour certains, au fort potentiel touristique pour d’autres, est à la fois un acte politique et une opération d’urbanisme majeurs. Il place d’abord sous le feu des projecteurs la ville de Pointe-à-Pitre et la région Guadeloupe, par la présence de cet édifice symboliquement bâti sur le site de l’ancienne usine Darboussier. Car c’est bien le sucre qui fut à l’origine de la traite atlantique par laquelle plus de 11 millions d’humains furent déportés aux Amériques. Centre d’expression et de mémoire de la traite et de l’esclavage, le MACTe retrace bien sûr l’histoire de ce commerce ainsi que celle des esclaves au sein des habitations aux Antilles. Mais son originalité réside surtout dans l’exposition d’œuvres contemporaines qui viennent se mêler aux documents d’archives

et apportent une résonnance aux sources historiques. Parmi celles-ci, le magistral arbre de l’oubli du Camerounais Pascale Marthine Tayou met résolument l’accent sur les peuples victimes de la traite, en se plaçant à leurs sources africaines. Au-delà d’un simple musée dédié à l’esclavage, le mémorial est davantage une passerelle vers la Caraïbe et l’Amérique, ouvrant largement la réflexion sur l’identité des peuples afro-américains, les cultures et les synchrétismes nés de cette tragédie. Cela s’illustre dans le choix des œuvres d’artistes non seulement africains, mais aussi new-yorkais, cubains ou haïtiens. S’adressant au grand public, l’exposition permanente propose une démarche pédagogique en jouant sur le son, la lumière et l’image. Le parcours que nous suivons, de premier abord sombre et froid, devient rapidement l’univers coloré et chaleureux que nous connaissons aux Antilles: chants, fêtes, rythmes des tambours nous rappellent que la société née de l’esclavage

par CeebeeIllustrations Leïla Sy

MEMORIAL CONSERVATION DU PASSÉ

CULTURE

ACTe

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FOCUS

a donné naissance à des éléments originaux qui participent aujourd’hui à la créolité. Elle constitue une clé de lecture à des cultes aussi divers que la Santeria, le vaudou ou

encore le rastafarisme auquel est dédié l’une des salles. A la fois récit chronologique et thématique du quotidien des esclaves, dans sa grande hétérogénéité, le MACTe est déjà une chance pour nos scolaires qui pourront se confronter à l’art et à l’histoire, ce que bien

peu d’espaces permettaient jusqu’alors de faire dans notre région. La section généalogie devrait également attirer de nombreuses recherches, une pratique très en vogue depuis quelques années aux États-Unis et aux Antilles. Parmi ses premiers visiteurs, le Mémorial a d’ailleurs accueilli Jesse Jackson, qui a manifesté son enthousiasme: “C’est le musée le plus phénoménal de ce type dans le monde entier. J’ai visité des musées dans de nombreuses villes, nous sommes en train d’en construire un important à Washington, mais celui-ci est le plus complet... et ce n’est pas le dernier. C’est le signal que nous avons besoin de plus de musées pour raconter notre histoire” (source: PR Newswire). Seul regret, dans la salle d’exposition permanente, ce jardin créole sensé illustrer l’espace de liberté des esclaves, bien triste en regard de la nature luxuriante de nos îles!

“C’est le musée le plus phénoménal de ce type dans le monde entier.” (Jesse Jackson)

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CULTURE

MEMORIAL ACTeSite officiel: www.memorial-acte.fr

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LANGAGE CORPORELpar Ceebee & Mr. Chung

DANSE“Les actes de l’Homme intéressent parfois le corps, parfois l’intelligence, tandis que la danse occupe l’un et l’autre: elle affine l’esprit, exerce les membres, instruit et charme les yeux, l’oreille et l’âme”. Ainsi s’exprimait Xénophon, philosophe et historien grec du IV° siècle avant J.C., pour présenter cet art qui fut d’abord sacré, prenant place dans un rituel religieux, avant de devenir plaisir, spectacle et divertissement. Langage du corps, la danse exprime sans mots des idées, des émotions ou des histoires et permet de faire corps avec les autres. On danse ensemble pour célébrer, se rencontrer, parfois aussi se défier comme dans les “battles” que le Hip Hop a rendu familiers. La danse façonne, perfectionne, soigne les corps et les esprits. Et si l’on s’y attache

vraiment, elle peut devenir la lumière qui guide les pas de ses artistes dans un monde affranchi des frontières, abolissant les barrières géographiques et linguistiques. Partie intégrante des traditions mais aussi miroir des mutations culturelles et sociales, la danse peut être parfois mal comprise, jugée peu orthodoxe par des autorités religieuses ou politiques. On se souvient qu’il était interdit de danser pendant l’occupation en France ou dans l’Amérique esclavagiste. Aujourd’hui, de nombreuses émissions de télévision font la part belle à des danseurs de talent, quelque soit leur style. Gestuelle qui nous invite à nous dévoiler, nous découvrir, nous transformer, la danse reste sans doute un code que l’humanité n’a de cesse de réinventer pour exprimer son besoin de liberté.

GRAND ANGLE

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GRAND ANGLE

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Fusion de sa passion pour le Dancehall et les rythmes jamaïcains, le Ragga Jam a fait de Laure Courtellemont une danseuse et une chorégraphe internationale. Un cocktail irrésistible basé sur le respect, la liberté et l’allégresse que la danse apporte.

RAGGA JAM

LAURE COURTELLEMONT

DANSE: LANGAGE CORPOREL

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Comment as-tu découvert la danse? Je n’ai pas découvert la danse, elle m’a découverte… J’ai toujours dansé et su que c’était ça. J’ai l’habitude de dire que c’est ma première langue, avant le français!

Quel a été ton parcours pour aboutir au Ragga Jam?Ragga Jam est tout simplement le cours de danse de mes rêves. J’y suis arrivée en intégrant à un cours de danse ce qui me manquait: des musiques aux rythmes irrésistibles, aux sonorités afro, des mouvements urbains, le respect de tous (quelque soit son niveau), l’union, la joie, la liberté, l’expression et un petit grain de folie. J’ai créé ce que je ne trouvais pas dans les autres cours, au risque de paraître folle, mais c’était bien plus fort que moi. Je n’ai pas suivi de formation particulière mise à part une passion sans limite pour le mouvement.

En quoi diffère-t-il du Dancehall?C’est difficile à expliquer avec des mots, j’étudie la Dancehall depuis plus de quinze ans et elle est ma danse principale depuis plus longtemps encore! Je l’ai toujours aimée, respectée et prêchée. J’utilise tous les éléments de la Dancehall mais dans un format différent. Le fond est Dancehall, la forme est ma vision et mes convictions. J’ai été inspirée par un grand homme du Hip Hop nommé Mr Bouddha Stretch de New York City, il a été un des premiers à assembler les danses sociales du Hip Hop pour mettre sur pied des chorégraphies (il a entre autre chorégraphié Do You Remember The Time de Michael Jackson). J’ai simplement appliqué les

principes de l’évolution de la danse Hip Hop au Dancehall, en assemblant les danses jamaïcaines et en apportant une dynamique différente grâce a des transitions et une écoute des riddims. Je ne l’ai pas appelé Dancehall à l’époque, par respect et par humble positionnement vis-à-vis d’une culture qui n’est pas la mienne. Disons que Ragga Jam est le cousin de la Dancehall: même famille, même sang! Je peux aussi dire que j’ai épousé la Dancehall et que Ragga Jam est le fruit de notre union. J’ai structuré un cours et amené la chorégraphie à cette incroyable culture, danse et style de vie qu’est la Dancehall. Je suis née et j’ai grandi en France, j’ai donc baigné dans la mixité et la différence. J’en suis tellement fière! D’avoir grandi et étudié à Evry (91) m’a ouvert à l’autre et au mouvement de l’autre. Je ne pourrais et ne prétends pas, exprimer une danse de la même manière que quelqu’un qui est né, a grandi et vit encore en Jamaïque, par contre, je peux apporter et enrichir le mouvement et la communauté Dancehall, aujourd’hui mondiale, avec ma vision de cette danse si riche et si forte.

Formes-tu personnellement les danseurs qui souhaitent l’enseigner?Non. Nous travaillons avec une équipe de danseurs et professeurs en France qui sont avec nous depuis plus de deux ans en formation, car la transmission est une des choses les plus importantes à mon sens, mais on ne forme plus les danseurs qui veulent faire du Ragga Jam. J’ai tout de même fait un travail durant dix ans, de formation, et d’initiation à la danse jamaïcaine en Europe. Mais cela fait longtemps que cela s’est arrêté. Chaque époque a ses besoins et les choses ont changé dans la danse depuis quelques années en Europe, le regard que l’on porte sur celle-ci (émissions de télévision par exemple), la communication avec la Jamaïque grâce à Internet. Le réseau et les évènements se multiplient, tout évolue et grandit, comme le font toutes les danses urbaines.

GRAND ANGLE

“...Ragga Jam est le cousin de la Dancehall: même famille, même sang!”

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Tu t’adresses à un public très mixte, c’est l’une des spécificités du Ragga Jam que de pouvoir être dansé aussi bien par les hommes que les femmes? Ce n’est pas une spécificité, simplement que j’aime beaucoup les danses masculines jamaïcaines, mes cours sont basés à 80% sur des sons d’hommes et ma féminité s’exprime sur ces mouvements forts, territoriaux, violents parfois, vrais, pleins de sens.

Pourquoi le Ragga Jam est-il beaucoup associé au fitness?Peut-être pour pouvoir créer le réseau, qui n’existait pas quand j’ai commencé; j’ai dû

apparaître sur les plateformes disponibles et les évènements de fitness étaient les seuls assez forts. Ou peut-être parce que mon ami David Fonclaud (qui a été le premier à me faire entrer en Martinique et en Guadeloupe pour enseigner), est un passionné de fitness, et m’a donc fait intervenir dans les évènements qu’il organisait de main de maître aux Antilles. Je dispense aujourd’hui 99% de mes stages dans des écoles de danse. Ragga Jam est un cours de danse, et non pas un cours de fitness. Cela ne ressemble pas à du fitness, sauf peut-être sur l’un des bienfaits communs aux deux activités: le bien être! Lorsque vous voyez un cours de Ragga Jam, vous vous rendez compte que le travail et les objectifs sont très différents.

DANSE: LANGAGE CORPOREL

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GRAND ANGLE

Tu présentes tes chorégraphies comme des clips. As-tu déjà collaboré avec des artistes pour le leur?J’ai toujours été très réfractaire à cela. Danser derrière un artiste n’a jamais été ma priorité… Je veux créer et apporter quelque chose à un artiste, pas juste apparaître. Afin que ma vision reste intacte, j’ai préféré prendre plus de temps mais choisir mes projets et collaborations. En France, j’en ai eu deux importantes, avec des artistes pour qui j’ai le plus grand respect, pour leur combat sans relâche au bénéfice de notre musique et notre danse. Krys m’a donné la chance de chorégraphier le son de mon choix sur l’un de ses albums, cela a été un moment très fort et très important pour moi. Et Lord Kossity m’a demandé de danser seule librement durant tout son clip. Lui-même n’apparaissait que lors des dernières secondes. Cette expérience m’a transformée. Je leur suis vraiment reconnaissante.

Es-tu sollicitée en tant que chorégraphe pour des spectacles, événements ou films?Oui, pour des spectacles à Los Angeles, des évènements dans le monde entier pour enseigner ou pour juger des «battles», des concours chorégraphiques, animer des conférences sur la danse. Pas encore de film, qui sait, peut-être un jour.

Comment es-tu devenu une égérie des marques de sports telles que Nike et Reebok?J’ai été approchée par l’un des directeurs de la firme Nike, après un show à Paris, pour représenter la marque comme athlète danse et par la suite comme directrice artistique de leurs évènements en France. Cette collaboration a été tellement enrichissante qu’elle a duré sept ans. Reebok est une marque visionnaire et j’ai eu l’honneur de la représenter pendant une année. J’ai été contactée par une femme incroyable, une ancienne journaliste

qui m’avait suivie sur l’un de mes voyages pour l’écriture d’un livre, et qui a pris, par la suite, la direction de la marque. Ce sont toujours des coups de cœurs artistiques et ces rencontres construisent de belles choses. Je ne serais pas devenue la femme que je suis sans elles!

Participes-tu à des “battles”? Pourquoi?Non, je ne participe pas à des battles, je ne sais pas danser pour être meilleure que l’autre. Je danse quand je le sens, pour moi et pour offrir ce que je ressens au monde. Mais j’adore les battles et suis invitée à juger ces échanges, avec tout ce que mon expérience me permet de voir dans un danseur. Je préfère laisser cela à ceux qui sont faits pour la compétition, et je les contemple!

Dans quoi puises-tu ton inspiration pour créer tes mouvements?La musique avant tout! La Jamaïque, la vie! Tout est inspiration. Mon fils est ma plus grande et profonde inspiration.

Pourquoi avoir choisi New York comme lieu de résidence?J’ai vécu presque trois ans à NYC, pour réaliser mes rêves de petite fille, étudier la danse, m’abreuver de cette culture et progresser. Egalement pour amener ma vision aux USA et enseigner au fameux Broadway Dance Center. Ce fut une renaissance! J’habite depuis septembre dernier à Los Angeles.

“Le temps, la conviction, la passion, la patience et le travail font des miracles.”

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Quels sont les lieux qui font bouger l’univers de la danse actuellement?Los Angeles, Paris…

Quels sont les artistes ou musiques qui t’inspirent le plus?En Dancehall, il y en a trop ! Busy Signal, Vybz kartel, Mavado, Tarrus Riley, Morgan Heritage, Capleton, Buju Banton, Voicemail, et encore des milliers. En musique en général, The Weeknd, Maxwell, TANK, Alicia Keys, Drake… la liste peut être très longue.

Qu’est-ce que danser t’apporte?Je respire. J’ouvre ma peau. Je suis vraiment moi.

As-tu un modèle de danseur/se?Bogle, Bouddha Stretch, Brian Green, et bien d’autres.

Quel est ton meilleur souvenir de danseuse?Il y en a tellement! S’il fallait en choisir un, ce serait ma rencontre avec Crazy Hype du groupe MOB de Kingston. C’était en Russie, lors du Dancehall International, l’une des premières grosses rencontres de danseurs jamaïcains et

européens. Je l’admirais depuis des années, j’avais même un peu peur car je donnais un cours après lui. A la fin du cours, il est venu danser dans le cercle créé par les élèves qui m’applaudissaient, nous avons dansé et échangé en “freestyle” pendant quelques minutes. Il a ensuite pris le micro et a parlé de ma danse. Je me souviens de l’avoir entendu dire “Real recognizes real inna blink of an eye”, et de mes larmes qui coulaient sur mes joues. Ce fut une consécration pour moi. Crazy Hype est un fervent défenseur du “Back To Basics”, il est un roi dans les rues de Kingston! Je craignais que ma vision ne soit pas acceptée mais il est allé au-delà de la forme et a vu le fond! Nous sommes les meilleurs amis maintenant.

La danse est-elle l’école de la rigueur? Oui. Le temps, la conviction, la passion, la patience et le travail font des miracles.

Tu viens souvent en Martinique (le 05 décembre prochain), à quand un passage en Guadeloupe?Je suis tellement heureuse de revenir sur les îles de mon cœur! La Guadeloupe n’est pas encore au programme. Quand Dieu le voudra!

LAURE COURTELLEMONTFacebook: Laure Courtellemont Ragga JAM

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GRAND ANGLE

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Comment as-tu découvert la danse?C’était à la télévision, dans un vidéo clip, également en voyant des danseurs de ma ville. Mon grand frère m’a appris à faire le “moonwalk” et depuis, je n’ai jamais arrêté. Tu as longtemps pratiqué le Kung-Fu, (par ailleurs d’autres dans le Hip-Hop ont utilisé l’univers des arts martiaux: Wu- tang, IAM...), quels sont les liens que tu as pu constater? De ton côté, qu’est-ce que cette pratique t’a apporté?L’art martial est un état d’esprit. Derrière les mouvements de combat, il y a beaucoup de respect, de soi-même, de son corps ainsi que de l’adversaire. La façon de s’entraîner et la compétition m’ont beaucoup influencé. Tu as grandi dans le 69, à Vaulx-en-Velin, y vis-tu encore aujourd’hui? Quelle trace as-tu laissé dans cette ville? Oui, je vis toujours à Vaulx-en-Velin, ma famille et mes amis aussi. Cette année, j’y ai organisé le premier Battle International, le premier d’une longue série j’espère. Tu as beaucoup voyagé aussi bien pour des compétitions que des tournées, quel impact cela a-t-il eu sur ta façon de danser? Je m’inspire beaucoup des cultures que je rencontre. Le Hip Hop ne cesse de se

développer et ma vision des choses évolue au fil de mes voyages. Cela ouvre l’esprit.

Le Breakdance est une danse très spectaculaire et populaire, lorsque tu prépares tes chorégraphies, prends-tu en compte cet effet que tu vas déclencher sur le public?A vrai dire, je ne tiens pas trop compte du public quand je m’entraîne, mais lorsque je suis sur scène, le public fait partie du décor donc il ne faut pas le négliger. Si tu l’atteins, cela crée une énergie positive et tu te sens plus à l’aise s’il te pousse. C’est instinctif pour moi, je fais toujours rire mes amis et les gens qui m’entourent, alors dès qu’il y a un public et que je danse, je n’ai pas à mentir, juste à rester moi-même et les choses se font.

Ali Ramdani, alias Lilou, a apposé sa griffe à l’histoire du Breakdance. Passé maître dans l’art des battles, il a remporté par deux fois les championnats du monde. Un Bboy charismatique qui a trouvé dans la danse le moyen de s’affranchir.

“... à force de tomber je suis devenu un maître en chute! Apprendre à tomber est très important aussi.”

BREAKDANCELILOU

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Quelles sont les techniques que tu maîtrises aujourd’hui et que tu ne pensais pas pouvoir réaliser? Combien de temps te faut-il pour en maîtriser une parfaitement? Pour maitriser certains mouvements ou enchaînements, cela demande beaucoup de temps et parfois même des années d’entraînement. Je maîtrise pas mal les clefs, et à force de chuter je suis devenu un maître en chute! (rires) Apprendre à tomber est très important aussi.

Le “battle” est ton terrain de prédilection, il fait aussi appel en quelque sorte à des talents d’acteur, cela reste-t-il un jeu ou la rivalité est-elle parfois plus forte? C’est un jeu, j’adore le “battle” et être sur scène avec un ou des adversaires. Mais il faut avouer que des fois, cela peut aller plus loin, nous sommes des humains avec des émotions, il peut donc arriver que la rivalité et l’animosité prennent le dessus.

Quelles sont tes références cinématographiques en danse? BreakStreet 84. Un de mes grands cousins m’avait donné la vidéo lorsque j’étais petit, c’était l’époque du Smurf. D’ailleurs j’ai commencé par ça.

On t’a vu danser dans des films ou des clips comme récemment celui de Kenza Farah, pourquoi cette collaboration? On me propose un contrat, si celui-ci me convient et qu’il est en règle, je réponds à l’appel. Je n’aime pas faire les choses à contrecœur, si quelque chose ne me convient pas, je refuse. Avec Kenza Farah, on s’entend bien et elle m’a demandé de chorégraphier son clip. Tu portes souvent des tee-shirts “I’m Muslim don’t panik”, est-ce ta propre marque? Pourquoi ce message?C’est le Collectif de Médine (Din Record) qui ont créé la marque LSA (le savoir est une arme), dont ce tee-shirt en est un modèle. Le message est fort et en 2007, j’ai commencé à le porter, depuis je suis en collaboration avec eux, nous nous sommes rapprochés. Quel est ton rapport avec Redbull? Un contrat? Sous quelle forme?Un contrat annuel depuis cinq ans maintenant. Ils m’accompagnent sur mes projets et je représente la compétition BC ONE qui regroupe les meilleurs danseurs mondiaux. J’aime le dynamisme de cette société et l’image qu’elle véhicule à travers les événements et les athlètes qu’elle sponsorise. Qu’est-ce qui repousse le plus tes limites, le battle avec les autres ou celui avec toi-même? Ce sont deux sensations différentes. En groupe, tu es avec tes amis sur scène mais en solo, c’est toi seul. Alors forcément, je dois dépasser mes limites pour arriver à mon but. Quelle est la figure qui te caractérise le mieux? Mes lunettes! (rires)

GRAND ANGLE

“Danser me permet de vivre de ma passion et surtout de rester moi-même, car je n’ai pas à plaire à un patron...”

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Quels sont tes projets personnels liés ou non à la danse? Une Web série, Street off, que je réalise presque de A à Z. Et l’organisation du prochain battle de Vaulx-en-Velin.

Qu’est-ce que danser t’apporte? Cela me permet de voyager et d’agrandir ma vision du monde. Danser me permet de vivre de ma passion et surtout de rester moi-même, car je n’ai pas à plaire à un patron ou autre. As-tu un modèle de danseur? Non, pas vraiment, mais un danseur qui peut s’adapter à diverses couleurs musicales et faire

preuve d’un grand respect, alors ce danseur-là a du mérite.

Quel est ton meilleur souvenir de danseur? Il y en a beaucoup, mais les sourires et les rêves que cela m’apporte lorsque je rencontre les gens à travers le monde, les voir heureux de danser, les visages remplis de bonheur, cela me motive encore plus. La danse est-elle l’école de la rigueur? La vie elle-même est rigueur. Mais il est clair que la danse en demande beaucoup pour arriver à en vivre. Et même avec, tout le monde ne peut y parvenir.

LILOUFacebook: Bboy Lilou Officiel

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Comment as-tu découvert la danse?J’ai découvert la danse par le biais de ma mère qui enseigne dans sa propre école de danse depuis plus de 30 ans maintenant. Je baigne donc dans ce milieu depuis mon plus jeune âge.

Quelles sont celles que tu as pratiquées?J’ai pratiqué la danse classique, jazz, contemporaine et afro; puis à l’âge de 11ans j’ai découvert la danse hip hop. C’est le break qui m’a parlé avant tout puis les autres styles de danses debout, pop, lock, house et “new style”. En 2005 j’ai découvert le Krump qui s’est avéré être ma danse de cœur, celle où je me suis le plus retrouvé et découvert.

Comment as-tu découvert le Krump?J’ai découvert le krump par le film Rize de David Lachapelle en 2005. Puis j’ai rencontré un des “krumpking”, à l’époque en Allemagne, j’ai pu en apprendre plus sur la danse, l’histoire et le style de vie krump grâce aux DVD How to krump qui étaient alors en vente. Début 2006, je suis parti directement à la source à Los Angeles pour découvrir le mouvement de l’intérieur.

Que signifie Krump?K.r.u.m.p signifie Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise, ce que l’on peut traduire par l’élévation du royaume par le puissant éloge. En gros, il y a une recherche spirituelle dans cette danse, un réel travail sur soi pour découvrir

ses forces et faiblesses physiques et mentales. On danse avant tout avec son histoire et des intentions plus qu’avec de simples mouvements. Il y a un vrai combat pour repousser ses limites. C’est un langage à part entière avec une vraie connexion du corps et de l’esprit. J’appelle cela de la “danse martiale”. Avant tout, le Krump véhicule des valeurs comme le respect, la famille, l’entraide, le travail, le dépassement de soi...

Sur quel type de musique se danse-t-il?Le Krump a son propre univers musical mais qui est comme la danse en elle-même, le résultat d’un métissage. En France, nous avons des beatmakers krump très reconnus dans le milieu comme Big Rulez, Morf Muzik, Kid Ny, No Script.

En quoi le Krump se distingue-t-il des autres courants artistiques en danse? Comporte-t-il un message qui lui est propre? Le Krump ne se distingue pas de l’état brut de la danse qui est l’expression d’une émotion, la recherche spirituelle par le travail du corps, mais il remet au goût du jour l’intention avant le

Mis en lumière par le film Rize en 2005, le Krump, sorti des ghettos de Los Angeles, puise son énérgie dans des racines africaines tout en s’apparentant au Hip Hop dans sa forme spontanée. Un langage multiethnique que Grichka a adopté et qu’il porte, en solo ou accompagné de sa famille de krumpers.

“Le Krump est un art de rue métissé... mais surtout un esprit qui se rapproche de certaines danses traditionnelles...”

KRUMPGRICHKA

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mouvement. Le krump est un art de rue métissé par de nombreuses techniques de danse mais surtout un esprit qui se rapproche de certaines danses traditionnelles africaines. Son message est universel, car c’est le langage et la sensibilité du corps qui parlent.

Le Krump a été très médiatisé par le film de David Lachapelle et même au départ avec Chris Brown (que l’on a pu voir dans Steppin’), mais il reste aujourd’hui très confidentiel. Comment l’expliques-tu?Rize en effet est le film qui a fait découvrir pour beaucoup d’entre nous cette danse. Et après cela, il est vrai que certains artistes ont donné une visibilité au Krump. Cependant, le noyau dur du mouvement n’a cessé d’exister, de s’étoffer et de s’améliorer et depuis bientôt dix ans, il existe des rencontres internationales et d’autres à des échelles plus ou moins grandes. Il y a par exemple l’International Illest Battle organisé par ma “fam” Madrootz à La Villette depuis trois ans déjà, regroupant toutes les nations ainsi que les deux fondateurs du mouvement Tight Eyez et Big Mijo. Les sessions, battles et évènements 100% Krump existent depuis 2006 mais nous ne bénéficions pas de la médiatisation que peut avoir la danse Hip Hop, ce qui est normal, le mouvement étant beaucoup plus jeune. Certaines personnes n’ont commencé à s’ouvrir à cette danse seulement au moment où nous sommes venus affronter des danseurs Hip Hop. Je conseille aux personnes qui s’intéressent au Krump de venir découvrir cette

danse avec son authenticité dans son propre univers pour mieux la comprendre.

Pour un public non initié, la battle -et encore plus dans le Krump- peut paraître violente. Qu’en penses-tu?La première fois que j’ai vu du Krump, je n’ai pas trouvé cela violent mais énergique, brut et expressif. Cependant, certaines personnes y voient quelque chose de violent. D’autres vont plus ressentir le lâcher prise et l’intimité du krumper. Cela dépend de chacun.

Fais-tu partie d’un crew? Lequel?Je fais partie avant tout de mon groupe R.A.F crew qui est plus orienté Hip Hop, sa spécificité étant la pluralité des styles. Je fais aussi partie de Madrootz qui rassemble un très grand nombre de pionniers du mouvement français mais aussi allemand, tchèque, sénégalais, russe et américain. Les deux fondateurs en font d’ailleurs partie.

Quels titres as-tu décroché en solo et avec ton crew?En competition Krump, j’ai remporté deux fois le championnat mondial EBS en solo et deux fois en équipe. Il y a beaucoup de compétitions mais les principaux battles sont des “calls out” qui sont des un contre un pour la plupart et s’effectuent le plus souvent dans les “streets sessions” sans organisation préalable. C’est beaucoup plus direct. J’ai remporté d’autres titres internationaux comme le concours chorégraphique “Hip Hop international” avec R.A.F en 2009 à Las Vegas où nous avons été sacrés champions du monde, ainsi que de nombreux battles.

Comment gères-tu ta carrière de danseur, te prépares-tu à l’avenir?Depuis 2004, j’ai travaillé dans des comédies musicales, des compagnies contemporaines, afro, Hip Hop mais aussi sur des plateaux télévisés. J’enseigne la danse Hip Hop à l’échelle

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“L’enseignement est un moyen de transmettre des valeurs et d’aider les gens à trouver leur chemin.”

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GRICHKAFacebook: Grichka R.A.F. NY Madroots

internationale depuis dix ans et le Krump depuis un peu moins longtemps. Je suis aussi juge dans beaucoup d’événements. Mais ce sont les rapports humains qui déterminent “une carrière” de danseur.

Qu’est-ce que danser t’apporte? Que cherches-tu à transmettre en l’enseignant?La danse m’apporte un moyen de communication et d’expression différents des mots. Ayant grandi dans ce milieu, ce n’est pas quelque chose à laquelle je réfléchis, cela fait partie de moi. L’enseignement est un moyen de transmettre des valeurs et d’aider les gens à trouver leur chemin. Et spécialement avec le Krump, je cherche vraiment à les faire réfléchir sur eux-mêmes et la vie en général. C’est également une belle façon d’échanger, parfois on ne parle pas la même langue mais on se comprend quand même par la danse.

As-tu un modèle de danseur?Mes inspirations principales sont les gens de mes crews qui sont des frères et soeurs de cœur avant tout. Ainsi que ma grande sœur Tatiana Seguin. J’ai eu beaucoup de “maitres” dans tous les styles que j’ai pratiqués donc j’ai un profond respect pour eux tous. Mais Tight Eyez est à mon avis le danseur qui a eu le plus d’influence sur ma danse et ma spiritualité. Je suis très heureux de le connaitre et de faire partie de sa “fam” (en Krump, il y a des familles et non un maître avec ses disciples).

Quel est ton meilleur souvenir de danseur?Chaque moment de danse est vécu comme quelque chose d’unique donc tous sont un souvenir. A Las Vegas en 2009, c’était très fort, la première fois que Tight Eyez m’a défié en 2008, les sessions à Los Angeles aussi.

Tes références cinématographiques en danse?Je dirais West Side Story, Rize, et surtout les clips vidéos comme ceux de Michael Jackson.

La danse est-elle l’école de la rigueur?La danse est une école de la vie elle-même. Donc avec de la rigueur bien évidemment.

Tes prochains défis?Je suis sur la préparation du “Rebel heart tour” avec Madonna, c’est une grosse expérience avec l’une des plus grandes artistes au monde. Il y a toujours l’International Illest Battle 100% Krump qui est un défi annuel; d’autant plus que cette année il y aura des qualifications à l’étranger en amont. Les intéressés pourront visiter le site www.madrootz.com pour plus de renseignements. Et puis la création artistique toujours que ce soit avec R.A.F, Madrootz ou même la compagnie Makiato dirigée par ma sœur. Mon désir serait de rassembler tous ces excellents danseurs sur un seul et même spectacle, afin de faire découvrir au monde une écriture et richesse artistique contemporaine destinées au grand public comme aux initiés.

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Comment as-tu découvert la danse? Ma rencontre avec la danse, c’est d’abord un lieu: l’école Dubouchage, que l’on connaît aujourd’hui comme école de Kermadec, mais c’est surtout la rencontre avec une femme passionnée de cet art avec un don inouï pour le transmettre, Jacqueline Cachemire, professeur d’éducation physique dans les années 1970, qui rassemblait les petits bouts de chou comme moi (j’avais 6 ans) et des plus grands dans l’espace qui faisait office de cantine scolaire et se transformait le samedi après-midi en un lieu dédié à la danse. Je n’ai plus jamais quitté l’art de la danse qui m’a accompagné tout au long de ma vie et qui n’a cessé de me construire.

Le passage par la danse classique est-il une étape obligatoire pour quelqu’un qui veut danser?A une certaine, époque j’aurais spontanément répondu oui, mais la danse a tellement évolué, car le monde a changé. Il y a trop de merveilleux danseurs interprètes (les Nicholas Brothers, danseurs de tap dance), des créateurs (Tatsumi Hijikata, créateur de la danse butô), des pédagogues, de véritables maîtres à penser (Von Laban), dont la technique fondatrice ne fait aucunement référence à la danse classique et qui pourtant nous font regarder le monde, voir nous-mêmes autrement. La leçon à retenir est celle-là: quelle que soit la technique ou le style choisi,

pour arriver à maîtriser ne serait-ce qu’un peu l’art de la danse (classique, néoclassique, contemporain, post-contemporain, indienne, buto, jazz, hip-hop, techni’ka…), chacune de ces techniques demande des heures et des heures d’apprentissage, de travail, de sueur pour accomplir ne serait-ce qu’un geste pour donner l’illusion que c’est facile.

Tu as d’abord été infirmière avant de t’engager dans une carrière artistique, c’est un peu la même vocation que de “prendre soin du corps”?Je souhaite juste préciser que je n’ai jamais arrêté la danse après une carrière dans le sanitaire et social, bien au contraire, le métier d’infirmière a été choisi avec méthodologie et minutie. Il faut rappeler qu’à mon époque (1970-80), il n’existait à proprement parler aucun diplôme en danse. Je trouvais pertinent et judicieux de faire les études d’infirmière, car elles m’offraient une meilleure connaissance de mon corps en tant que danseuse sur le

Esthète, théoricienne, pédagogue, LénaBlou poursuit ses recherches chorégraphiques pour faire émerger l’excellence et l’unicité en danse. De l’école à la scène, un itinéraire jalonné de bonheurs et d’exigences.

TECHNI’KA

“... lorsque je fais bouger les corps, ce sont d’abord les esprits qui dansent.”

LÉNABLOU

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plan anatomique et physiologique. Mon métier d’infirmier m’a également permis de payer mes études en danse. Mais avec l’expérience, je peux affirmer que ce n’est pas tant prendre soin du corps qui est important, c’est davantage prendre soin de l’âme, de l’esprit, des “bobos” du cœur. Mon métier d’infirmière m’a fait soigner des corps physiques, des corps souffrants, des corps malades. J’ai probablement gardé une trace de cette souffrance qui insidieusement me conduit sur le plan de ma démarche pédagogique à faire une corrélation entre le physique et le psychologique. Ma philosophie: lorsque je fais bouger les corps, ce sont d’abord les esprits qui dansent.

Tu possèdes de nombreux diplômes dans différents domaines (jazz, contemporain...), chaque discipline est-elle unique ou bien ensemble forment-elles un tout? Te sens-tu à l’aise dans toutes ces branches artistiques?On peut avoir une sensibilité particulière pour un style par rapport à un autre, c’est une affaire de goût et donc cela reste subjectif. Mais lorsque l’on décide d’en faire son métier, on doit s’astreindre à avoir une connaissance, une culture assez éclectique de sa profession et bien sûr en avoir la maîtrise. Je suis contente que mon parcours quelque peu atypique m’ait amené tant par ma formation que par les rencontres, les expériences qui font qu’en plus de la connaissance de plusieurs techniques (jazz, moderne, contemporain, classique et autre), je fus amenée à faire de la recherche en danse et même d’inventer une nouvelle technique du corps: la techni’ka. Mais je retiens que l’ensemble de ces connaissances forme un tout cohérent où l’un nourrit l’autre et me pousse à me dépasser, car le monde de la danse est infini. On peut bien sûr créer ou transmettre la danse, voire la « fabriquer », mais on peut aussi “penser” la danse et là en plus

des diplômes comme le DEUG, DE ou le CA en danse que j’ai obtenus, j’ai voulu m’affiner sur le plan intellectuel, conceptuel, philosophique et esthétique de la danse. C’est dans cette optique que je viens tout juste d’obtenir mon master II en Art caribéen. Je l’avoue, j’aime comprendre ce que je fais et en avoir la maîtrise, d’où mon intérêt à toujours questionner l’art chorégraphique.

Quels sont les éléments spécifiques au Techni’ka? As-tu constaté des liens avec d’autres courants, dans d’autres cultures caribéennes?Les critères qui définissent la techni’ka sont bien sur le bigidi, la posture-ka fermée et ouverte qui consiste dans la manière de bouger les membres inférieurs de façon asymétriques, telles que la rotation interne, externe et la parallèle des membres inférieurs. On a également le jeu des transferts des appuis des pieds singulièrement ceux qui sont instables comme les talons et le kanté interne ou externe. L’élément essentiel de la danse techni’ka est de préserver et nourrir la singularité des danseurs, grâce au bigidi qui met en lumière le “Moi” intrinsèque de l’individu. Il est indéniable qu’il y a une forme de transversalité dans les pratiques musico-chorégraphiques au sein de la Caraïbe, tel que le rapport au cercle, la relation au tambour, la mobilité du bassin et des jambes. On retrouve

“L’élément essentiel de la danse techni’ka est de préserver et nourrir la singularité des danseurs...”

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le continuum du chanteur soliste, suivi du chœur et de l’entrée des tambours, puis de la danse. On peut noter par contre une différence importante dans les îles comme Cuba et Haïti par exemple, leurs danses conservent une grande mobilité de la colonne vertébrale et un rapport intrinsèque avec les divinités, alors que dans les petites Antilles cette gestique et cette spiritualité sont plus nuancées, voire effacées.

Tu as aussi travaillé pour le cinéma avec le film Le pays à l’envers, dans lequel la réalisatrice se penche sur l’attribution des noms de famille en Guadeloupe après l’abolition de l’esclavage. Blou est-il ton vrai nom? Sais-tu d’où il vient? Mon nom c’est BLOU, je l’adore et j’ai envie de dire merci à mon père qui m’a légué ce nom, car je trouve qu’il est très artistique dans la formule: LénaBlou. Au plus loin que j’ai pu remonter, c’est en 1832 où on trouve un BLOU Alexandre de Pointe-Noire qui a eu des enfants avec une Francillette Charlotte (1896) de Pointe-à-Pitre, et par moult péripéties a donné la génération de mon père et ensuite la mienne avec mes frères et sœurs. Mais je n’ai pas retrouvé le nom des Blou dans la liste des noms d’esclaves qui a fait le tour de plusieurs communes. Une chose est sûre, ce nom est lié à la commune de Baillif.

La danse est étroitement liée à la musique, comme le Gwoka avec le tambour, quelles sont celles que tu apprécies et qui t’inspirent pour tes créations? Pour une réponse directe, je fais toujours appel à des compositeurs pour des créations musicales inédites en lien avec mes créations. J’ai travaillé autant avec Jacques Marie-Basse, Charly Chomereau-Lamotte, Luther François, Daniel Trépy, Allan Blou, Félix Flauzin et pour ma dernière création “Rup_ture” avec Marc Jalet. Je suis attirée par un large panel

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de musiques préexistantes autant concrète, abstraite, classique, jazz, funk, soul, ethnique, orientale ou autre, mais elles ont toutes un point commun: elles doivent être poétiques, sensibles, aériennes. Je reconnais que je ne suis guère inspirée par des lignes mélodiques violentes, agressives, belliqueuses.

Quelles sont tes références cinématographiques en danse?La première reste un grand classique: West Side Story (drame lyrique américain), dont la chorégraphie et la mise en scène sont de Jerome Robbins, inspiré de Roméo et Juliette et reste, selon moi, la comédie musicale la plus pure et la plus réussie malgré le nombre incalculable du même genre qui a émergé par la suite. J’ai eu un immense plaisir à découvrir le Sexy dance 4 parce que sur le plan de l’écriture cinématographique, Armanda Brody a su allier une histoire qui mêle une trame amoureuse, la réalité des jeunes des mégapoles et met simultanément en lumière l’esthétique, la technicité, la virtuosité de la danse hip-hop et la culture urbaine dans son ensemble mais aussi les autres arts comme la sculpture et les arts plastiques. Le chorégraphe Jamal Sims a été génial, fabuleux, innovant, racé, iconoclaste, c’est l’un de mes films préférés que je regarde souvent et qui est une excellente porte d’entrée pédagogique pour inciter, sensibiliser,

cultiver les personnes réfractaires à la danse et singulièrement la danse urbaine (hip-hop, dance-hall, krump ect…)

Qu’est-ce que danser t’apporte?Une meilleure connaissance de ma personnalité, celle qui reste irréductible malgré les échecs et les joies. La danse me permet d’accepter mes faiblesses, de reconnaître et parfois de découvrir mes forces. La danse me permet surtout de me pardonner et du coup je peux m’engager à avoir plus d’empathie envers les autres, même si parfois ce n’est pas toujours facile. Quel est ton meilleur souvenir de danseuse?Lorsque j’ai dansé pour la première dans le plus grand théâtre de la Guadeloupe: le cinéma REX, vous imaginez ce lieu dans l’esprit d’une petite fille âgée à peine de six ans!!!

La danse est-elle l’école de la rigueur? De manière absolue: OUI, pour la simple raison que l’on doit sur de nombreuses années pétrir ses muscles, ses articulations pour que le corps soit formaté, discipliné à exécuter le mouvement dans une précision ciselée quasi-mathématique et pour y parvenir, le mental doit être discipliné à la répétition encore et encore du geste en dépit de la fatigue et de la souffrance. Je ne peux nier que la rigueur, la discipline, l’exigence, le dépassement de soi, le respect s’engouffrent dans une forme de poche de résistance qui semble être obsolète et inappropriée aux références culturelles et sociologiques actuelles du XXIème siècle. Sans être réfractaire à l’évolution des modes de pensée, je continue de conserver cet esprit de rigueur envers moi-même. Je tiens à le transmettre et en faire une philosophie au sein du Centre de danse et d’études chorégraphiques et de la Cie trilogie Lénablou.

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“La danse me permet d’accepter mes faiblesses, de reconnaître et parfois de découvrir mes forces.”

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LÉNABLOUSite officiel: www.lenablou.fr

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DANSE INDIENNE

ARVIND KAMALA-INDIAN OCEAN AGENCY

Comment as-tu découvert la danse?Dans mon enfance, je regardais beaucoup les clips de musique indienne et j’étais fasciné par la magie avec laquelle sont transposés la musique et le chant sur des pas de danse, la mise en scène. En club et en soirée, j’essayais déjà d’adapter des chorégraphies improvisées dans mes jeunes années et je sentais monter en moi une passion pour la danse qui depuis ne m’a plus quittée.

Quelles sont celles que tu as pratiquées?Je suis ouvert à toutes les traditions de danse indienne, du classique bharathanathyam et kathak au Bollywood rendu célèbre par les films de Shah Rukh Khan.

Quand et pourquoi avez-vous formé votre troupe? La troupe existe depuis plus de 10 ans maintenant. L’idée de départ était de faire découvrir au plus grand nombre, au public français et étranger la culture indienne à travers la danse et les musiques, les costumes, le maquillage… C’est comme réaliser un rêve d’enfant même si au départ, c’est assez compliqué de créer une troupe; il faut former les danseurs, choisir les bonnes musiques et les bons costumes, ainsi que réaliser des chorégraphies et organiser les évènements. Mais une fois sur scène, on oublie toutes ces contraintes et on a plus qu’à se laisser porter par la danse.

En quoi la danse indienne se distingue-t-elle des autres courants artistiques? La danse indienne se distingue par la gestuelle et le regard; de même, les paroles ou le tempo thalum de la musique sont différents des autres danses. C’est vraiment un courant très original car la rythmique et les costumes colorés nous transportent dans un monde à part et c’est pour cela que le public est enchanté de les découvrir.

“... la danse est indissociable de la vie quotidienne des Indiens. On danse en toute occasion, dès la naissance jusqu’au mariage... ”

Bercé par les rythmes de l’Inde depuis son enfance, Arvind Kamala danse pour partager avec le public un art et une culture pluriséculaires. Avec sa troupe Indian Ocean, il délivre un message de joie et met en scène un conte de fée où la magie des couleurs rend le spectacle toujours unique.

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Danse et culture indiennes semblent indissociables, danser est une façon de défendre l’identité de la diaspora?C’est vrai que la danse est indissociable de la vie quotidienne des Indiens. On danse en toute occasion, dès la naissance jusqu’au mariage et pour les fêtes traditionnelles (la Holi, Diwali etc..) Danser permet de se retrouver dans sa culture et de montrer avec fierté nos traditions, de retrouver nos racines et de les partager avec les autres.

La danse indienne est-elle toujours empreinte d’une spiritualité religieuse?Bien sûr, c’est un long sujet que je ne peux ici trop développer! Mais par exemple, le bharatanayam dansé autrefois dans les temples exprime essentiellement un attachement à l’histoire des multiples divinités hindoues et l’on retrouve toutes les épopées indiennes dans ces danses fascinantes.

Hommes et femmes y occupent-ils la même place?Oui, c’est très important pour moi. La danse Bollywood est une danse de couple qui laisse à chaque danseur et danseuse l’occasion de montrer ses talents et de s’exprimer.

Le costume joue un rôle important sur scène. Le choix des couleurs a-t-il une signification particulière? Nous travaillons énormément sur les costumes qui peuvent changer plusieurs

fois en cours de spectacle en choisissant des couleurs typiquement indiennes, pleines de soleil et de spiritualité. Les vêtements en Inde sont à la fois le reflet du statut social et une tradition culturelle séculaire. On élabore ainsi les costumes dans le plus grand soin avec des tailleurs indiens professionnels spécialisés.

Depuis quelques années, le style “Bollywood“ connaît un fort engouement, est-ce le reflet de la société indienne qui est en pleine évolution? Les films Bollywood sont vus par des millions d’Indiens. Il s’en produit des centaines par an. Leurs succès a maintenant dépassé les frontières de l’Inde et peuvent mêler des danses indiennes contemporaines, du classique comme le bharat ou le Kathak et d’autres danses plus actuelles comme le modern jazz, les danses orientales, la salsa, le hip hop etc… Ce mélange rend la danse plus accessible à tous, plus joyeuse, moins codifiée, on se laisse aller sur le rythme de la musique et c’est ce qui a fait son succès en dehors de l’Inde.

Qu’est-ce que danser t’apporte?C’est assez difficile de décrire les sensations que l’on ressent en tant qu’artiste. Un sentiment d’évasion, d’appartenir à un autre monde, de sortir du quotidien et d’emmener le public avec moi dans ce beau voyage en représentant ma culture partout où je passe.

As-tu un modèle de danseur?J’ai évidemment beaucoup de danseurs et danseuses qui m’enchantent par leurs chorégraphies et leur passion. Je citerai par exemple l’extraordinaire Shah Rukh Khan et la sublime Aishwariya Rai que les Indiens connaissent bien et dont nous adorons les prouesses dans les films Bollywood.

“La danse Bollywood est une danse de couple qui laisse à chaque danseur et danseuse l’occasion de montrer ses talents...”

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Quel est ton meilleur souvenir de danseur?J’ai envie de dire que mon meilleur souvenir c’est… le prochain show! Quelque soit la scène, dans les salles de théâtre, en évènementiel ou en show télévisé, c’est la même passion qui m’anime et le plaisir de retrouver ma troupe pour une nouvelle aventure. Chaque spectacle est différent. Même si tout est planifié à la seconde près, on ne sait jamais ce qui va se passer, si le public sera au rendez-vous, si les danseuses seront au top… Chaque show est un moment unique. Je viens d’une famille indienne modeste qui s’est installée en France, je suis fier chaque fois que je monte sur les planches de l’exaltation du public qui chante en chœur les paroles des chansons, imite nos pas et nous accompagne avec la même ferveur

et la même amitié depuis des années. Pour moi la danse est un conte de fée qui ne s’arrêtera jamais.

La danse est-elle l’école de la rigueur? Oui, il ne faut pas mentir aux jeunes qui voudraient se lancer dans le Bollywood. Nous sommes évidemment très exigeants notamment lors des répétitions sur la qualité du travail fourni ainsi que sur l’attitude des danseuses qui doivent respecter l’état d’esprit des traditions indiennes; mais si l’on est vraiment déterminé et prêt à tout pour réaliser son rêve, les efforts fournis ne paraissent finalement pas si importants en comparaison du bonheur que l’on trouve dans la troupe et dans les spectacles.

INDIAN OCEAN AGENCYSite officiel: www.indianocean-events.com

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GRAND ANGLE

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Comment as-tu découvert la salsa?J’ai toujours aimé danser. Mes parents dansaient la salsa dans les années 1970, c’était l’époque de la Fania et de Tito Puente, mais ce n’était pas très structuré encore. Lorsque j’étais étudiant, beaucoup de jeunes Martiniquais dansaient la salsa, mais je n’y arrivais pas alors j’ai fini par détester cela (rires) ! Par hasard, il y a une dizaine d’années, j’étais au Barrio latino à Paris et j’ai fini la soirée debout sur une table en train de danser. J’ai pris des cours en rentrant en Guadeloupe, en 2002, il y avait alors une association à Basse-Terre, Tiempo salsa, où tout le monde dansait ensemble, les débutants, les avancés… Il y avait une ambiance particulière et cela m’a donné envie de continuer.

La salsa n’est pas seulement une danse mais ouvre à tout un univers culturel dans la Caraïbe, il y a la musique latine, les voyages… C’est exactement cela. Il y a des festivals de salsa dans toute la Caraïbe, les deux plus grands sont ceux de New-York et Porto Rico. L’origine même de la salsa moderne est à New-York, ce sont les émigrés cubains et portoricains qui ont créé un nouveau standard. Aujourd’hui, les jeunes reprennent cela avec du Hip Hop, du Reggaeton… C’est un échange permanent.

C’est une danse qui paraît très codifiée, “académique”, se sent-on quand même libre d’improviser? C’est devenu académique, au début c’était beaucoup plus libre, même au niveau de la musique, on pouvait danser par exemple sur du cha cha. En France, on a défini deux salsa, la cubaine et la porto ricaine, alors qu’aux Etats-Unis, ils disent salsa “on one” et “on two”, suivant les temps forts sur lesquels on danse. Dans la salsa portoricaine, il y a des lignes à respecter. La salsa cubaine est moins académique, il n’y a pas de ligne, les positions de pied ne sont pas si importantes. Les Colombiens ou les Africains dansent encore différemment, chacun a sa façon.

Comment s’expriment les métissages dont est issue la salsa?Dans la salsa, il y a le côté africain que l’on retrouve dans la rumba, les roulements d’épaules ou de hanches, qui viennent surtout de Cuba. Il y a aussi beaucoup de

D’essence caribéenne, la salsa est une danse vivante qui se teinte en permanence de nouvelles inspirations. Au croisement des cultures africaines et européennes, elle a envoûté Frantz Durizot, professeur à l’école AIDA, qui revient sur ses débuts et ses premières prestations.

“il y a le côté africain que l’on retrouve dans les roulements d’épaules ou de hanches...”

SALSAFRANTZ DURIZOT

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passes proches du Rock’n’roll, c’est la partie portoricaine ou new-yorkaise, davantage européenne.

Elle n’est pas du tout liée à l’esclavage?Non, mais on y retrouve toute la mythologie des esclaves, les orishas (dieux africains) dans les chansons, il y a toujours un côté mystique. Dans un film avec Jennifer Lopez, El cantante, qui raconte la vie d’Héctor Lavoe, on peut découvrir cette magie, les rites vaudous… Tout cela est lié à la salsa. C’est un vrai mélange de ce qui vient d’Espagne, d’Afrique…

Il y a eu un véritable engouement pour la salsa dans les années 2000 (on a même eu l’impression qu’elle allait détrôner le zouk en Guadeloupe), pourquoi n’a-t-elle pas pris plus d’ampleur?C’est à cause des hommes. Il faut environ deux ans à un homme pour maîtriser la salsa, il doit apprendre le rythme, le guidage, c’est très compliqué car il faut d’abord savoir ce que l’on veut faire soi-même pour ensuite arriver à le transmettre à la femme, seulement avec les mains, comme un message. Celui-ci doit aussi gérer l’espace, éviter que la femme se prenne des coups, surveiller les couples autour… Cela prend du temps, alors qu’une femme peut apprendre en six mois. Si les hommes viennent en couple, cela les vexe de voir qu’ils stagnent. Il faut être patient et beaucoup abandonnent. On le voit très bien dans les écoles de danse, on a beaucoup de filles mais très peu de garçons.

Le public qui vient apprendre est un public qui veut danser en couple?Cela dépend. Dans les écoles, il s’agit de jeunes qui préparent un spectacle, des personnes qui veulent faire des choses qui les mettent en valeur. Dans les associations, les gens viennent surtout pour se détendre, on s’habille bien, l’ambiance est très bonne, on vient après le travail, pas forcément en couple. Le côté social est très important.

Le rapport à l’autre est-il au centre de la danse ?C’est une danse de séduction, il faut mettre la femme en valeur, la regarder en permanence dans les yeux. Il y a des connexions, on se touche, on est vraiment très proche. Mais à la fin du morceau, on change de partenaire. On est là pour danser, on n’a pas le temps de discuter! C’est un jeu que tout le monde joue, en pleine lumière.

Dans le film Street dance II, Sofia Boutella joue le rôle d’une danseuse de salsa qui s’associe avec un danseur Hip Hop. Quelles sont les fusions qui sont réalisées aujourd’hui dans cette danse déjà issue de métissages?Il y a toujours quelque chose de nouveau qui arrive en salsa car la danse traditionnelle en couple, tout le monde la connaît et le public se lasse très vite. Chacun vient avec sa culture et amène ce qu’il sait, on peut y mettre des pas de biguine…C’est une danse vivante, à Cuba on danse dans la rue. La base musicale est caribéenne donc on y retrouve des éléments de toute la Caraïbe.

As-tu un modèle de danseur?Pour moi, il y a Sylvio Henri qui est une référence en Guadeloupe, il a changé ma vision même de la salsa car il danse aussi bien en garçon qu’en fille, cela ne lui pose aucun problème. Je lui

GRAND ANGLE

“C’est une danse de séduction... Il y a des connexions, on se touche, on est vraiment proche.”

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

FRANTZ DURIZOTContact: 06.90.563.651

ai demandé comment il faisait pour être aussi en phase avec la musique et il m’a répondu qu’il fallait écouter la musique, pas seulement durant le morceau mais tout le temps, pour comprendre. J’ai suivi son conseil et j’ai compris que la musique a une logique, chaque instrument a sa place, tout a un sens. Dans le gratin mondial, c’est Johnny Vasquez ma référence. Lui aussi danse en fille ou garçon, il a un style et un rythme qu’il exprime jusqu’au bout des doigts.

Quel est ton meilleur souvenir de danseur?Lorsque j’ai dansé lors du congrès de salsa en Guadeloupe en 2012, c’était la première fois que je dansais devant un public averti. Je passais avec mon groupe après un très bon danseur colombien et juste avant un champion du monde. J’avais des danseuses débutantes avec moi, elles avaient moins de deux ans de salsa, tout le monde s’attendait à ce que l’on

fasse une prestation nulle! Nous avons fait ce que nous savions faire, j’avais commencé la chorégraphie par quelques pas de zouk, cela a surpris et le public a été ravi.

La danse est-elle l’école de la rigueur? Il ne faut jamais arrêter, se donner des objectifs et s’y tenir. J’ai commencé sans savoir mettre un pied devant l’autre, mais je n’ai jamais cessé, même si au début j’avais honte de moi et me cachais derrière les poteaux ! C’est Lydia Paul qui a amené la salsa en Guadeloupe, c’est quelqu’un d’extrêmement rigoureux. Elle m’a enseigné que lorsque l’on met un pied à un endroit, cela a un sens, même si on ne le connaît pas à ce moment là, c’est ce placement précis qui va permettre de progresser. Il faut aussi mettre quelque chose de soi, pour transmettre de l’émotion. On est dans un échange permanent avec celui avec lequel on danse et le public qui regarde. La salsa, c’est du spectacle.

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GRAND ANGLE

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DANSE: LANGAGE CORPOREL

Comment as-tu découvert la danse?J’ai commencé ici en Guadeloupe par de la danse classique, à l’âge de cinq ans, j’en ai fait pendant une dizaine d’années. Lorsque je suis partie faire mes études, je me suis inscrite à un cours de danse orientale pour découvrir. Cela a été le coup de foudre et je me suis lancée dedans sans avoir l’idée de me professionnaliser au départ.

Quel type de danse orientale pratiques-tu?Il y a différents types de danses orientales suivant les pays et les traditions, moi je fais de la danse égyptienne, appelée aussi danse classique sharqi, ainsi que des folklore égyptiens. Je reviens juste de deux semaines passées en Egypte où j’ai pu encore me perfectionner et ramener des choses authentiques.

Qu’est-ce qui t’a attirée dans ce courant?Il y a tout l’imaginaire lié à la danse orientale, mais surtout une façon différente de travailler son corps, une grâce, une sensualité… C’est pouvoir faire ce que l’on veut de son corps, cela travaille énormément l’estime de soi, le relationnel et la convivialité dans un groupe.

C’est une danse souvent associée à la féminité, la séduction, parfois arbitrairement réduite à la danse du ventre… Pourquoi cette vision? Je pense que c’est d’abord historique, lorsque les soldats de Napoléon sont arrivés en Egypte, ils ont probablement d’abord vu le ventre de ces femmes; ensuite, il y a le coté cabaret de cette danse qui est réel, c’est là qu’on va

la voir danser en Egypte. Les gens s’arrêtent beaucoup au costume mais ne voient pas le travail physique énorme qui est derrière. Cela a l’air facile mais cela ne l’est pas, il y a une vraie technique comme en danse classique ou en jazz, il faut travailler des muscles que l’on a pas l’habitude de travailler, dissocier des parties, en mettre d’autres en accent…

La danse sharqi égyptienne véhicule tout un imaginaire associé à la femme et la société orientales. En l’amenant en Guadeloupe, Imane Sioudan a voulu ouvrir le public à d’autres formes d’expression corporelle et changer notre regard sur ce savoir authentique qu’elle enseigne.

“les gens s’arrêtent au costume mais ne voient pas le travail physique énorme derrière... ”

DANSE ORIENTALE

IMANE SIOUDAN

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Le rapport à son corps est-il différent en danse orientale? Je pense qu’on est beaucoup plus libre de s’exprimer dans la danse orientale, pour moi, elle devrait même être enseignée obligatoirement (rires)! Par exemple quand on fait de la salsa après de la danse orientale, on a tout de suite conscience de ses bras; même en jazz où l’on a pourtant une forte dynamique, on n’a pas forcément cette conscience du corps.

Il n’y a pas de codification comme en danse classique ou en jazz, comment quelqu’un peut-il devenir un “professionnel” reconnu en danse orientale ?Il n’y a pas de diplôme d’Etat comme en jazz, en contemporain ou en classique mais il y a des formations professionalisantes, des séminaires; le problème est que l’on peut trouver un peu de tout, quelqu’un qui connaît deux ou trois mouvements et s’improvise prof sur internet! Il faut rechercher l’authenticité et le savoir, car savoir enseigner est quelque chose qui s’apprend, la connaissance du corps est importante, de ses limites, pour amener la personne à ne pas se bloquer.

Le danseur classique Patrick Dupont a mis sur pied il y a quelques années un duo avec une danseuse orientale, avec quel type de danseur aimerais-tu t’associer? J’ai déjà travaillé sur des fusions, avec de la salsa, de la danse indienne, du zouk… En

Guadeloupe où j’ai monté ma compagnie, nous avons tissé des liens avec les danses qui existaient et trouvé des passerelles. J’ai commencé à travailler dans cette direction mais cela prend du temps.

Aujourd’hui, le statut de la femme est fréquemment mis en question dans les pays “orientaux”, la danse les aide-t-elles à s’émanciper ?Les femmes orientales n’apprennent pas forcément à danser, la musique est tout le temps présente là-bas et fait partie de leur vie. Dans un mariage tout le monde danse, dans la rue des hommes dansent… Pour moi, c’est plus dans les pays occidentaux que la question se pose dans ces termes là. En Occident, la danse est davantage un facteur d’émancipation, d’expression et de mise en valeur de soi.

Qu’en est-il des hommes, lorsqu’ils ne sont pas spectateurs, comment interviennent-ils? Les hommes sont plus dans de la danse folklorique, mais depuis la révolution en Egypte les hommes dansent le “street shabi” dans la rue, c’est un peu comme de l’électro mélangée à du Hip Hop mais sur de la musique orientale, c’est vraiment sans code, très libre.

Tu as formé une troupe, Al Masryah (L’Egyptienne), pour quels types d’évènements?Nous avons donné trois grands spectacles, à Robert Loyson au Moule, à l’auditorium de Basse-Terre et au théâtre du Lamentin, avec un conte et de la danse orientale. Nous avons fait le premier festival de la danse orientale en Guadeloupe, dont la deuxième édition a eu lieu cette année, pour échanger et se perfectionner. Nous sommes souvent invitées dans des mariages, nous apportons de l’originalité au

GRAND ANGLE

“C’est un épanouissement, quand je danse je suis vraiment dans mon élément.”

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IMANE SIOUDANFacebook: Imane Sioudan

public, avec nos musiques, nos costumes, nos chorégraphies…

Qu’est-ce que danser t’apporte?C’est un épanouissement, quand je danse je suis vraiment dans mon élément. Au départ, ce n’était pas prévu mais aujourd’hui je me sens complètement moi.

As-tu un modèle de danseuse?Dina, c’est une star internationale égyptienne. Je l’ai vue danser il y a deux semaines en Egypte, avec un orchestre de 20 musiciens, c’était incroyable. Elle a beaucoup fait évoluer la danse orientale, ne serait-ce que dans le costume pour bousculer les mentalités, même si parfois c’est un peu “too much” je trouve. L’an dernier, elle a fait une émission où elle a invité des gens de partout dans le monde pour faire une sorte de téléréalité sur la danse orientale,

au Caire. Mais j’aime beaucoup d’autres styles de danses, le tango, le contemporain, je vais voir des spectacles très variés.

Quel est ton meilleur souvenir de danseuse?Il y en tellement! La première fois que j’ai dansé au Caire, mon premier spectacle avec ma troupe… C’est difficile de ne citer qu’une seule chose. A chaque fois que les spectateurs nous remercient, c’est un moment important.

La danse est-elle l’école de la rigueur? Oui, c’est important. Justement en orientale puisqu’on est pas dans des choses codifiées, il faut prendre conscience de son corps mais aussi comprendre ce que l’on fait, ce qui se passe, il ne s’agit pas juste de remuer. Il faut de l’entraînement, on peut avoir des facilités mais il faut les travailler.

DANSE: LANGAGE CORPOREL

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JOËL NANKINArtiste peintre, fondateur du mouvement Akiyo, Joël Nankin traduit dans ses oeuvres les drames de l’humanité. Un travail indissociable de son héritage familial et de ses convictions politiques.

propos recueillis par Ceebee

De quoi t’es tu nourri pour forger ton identité artistique?Je pense qu’on ne forge pas une identité artistique, on est dans une culture, on la vit, je n’ai pas eu l’impression de forger quoi que soit. J’ai fait des choses, j’étais à ma place, c’est tout à fait pour moi dans le droit fil d’où je viens, de ma position sociale et familiale depuis plusieurs générations.

Tu es l’un des fondateurs d’Akiyo, c’était un projet aussi bien culturel que politique? J’en suis effectivement l’initiateur. Akiyo est né d’une nécessité culturelle, politique et sociale. Il faut replacer sa naissance dans son contexte, ce que l’on vit aujourd’hui culturellement, cette explosion de culture et de revendications identitaires, que tout le monde veut s’approprier, il fallait bien commencer. Akiyo a vraiment

A LA LOUPE!

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CULTURE

JOËL NANKINFacebook: Joel Nankin Contact : 06.90.65.19.73

marqué une évolution culturelle en Guadeloupe. Cela a changé beaucoup de choses, en premier lieu le regard que nous portons sur nous-mêmes.

Tu as commencé à peindre en prison, qu’elles ont été tes premières créations, avec quels supports et matériaux? Quand j’ai commencé à crayonner vraiment, je n’avais pas le matériel nécessaire et j’étais complètement néophyte en la matière. J’avais un voisin de cellule qui faisait des portraits, je lui ai demandé de faire le portrait de ma fille. Quand j’ai vu ce portrait réalisé au crayon sur une feuille A4, pour m’amuser, j’ai voulu en faire un moi-même et je l’ai envoyé à ma fille. Cela a surpris tout le monde et j’ai continué. Faire cela en prison, c’était occuper l’espace temps mais aussi un espace de liberté. Je n’avais pas l’ambition de devenir peintre, cela s’est forgé au fil des années et des rencontres.

Récemment tu as exposé avec l’artiste Stan, un peintre dont l’univers visuel semble différent du tien au premier abord, qu’est-ce qui vous a réuni dans ce travail?Heureusement qu’il est différent du mien! C’est ce qui fait justement la liberté et la richesse de la peinture. Stan a une façon de vivre et ressentir les choses, une technique aussi, qui ne sont pas forcément les miennes. Nous vivons dans un même lieu géographique, Stan est quelqu’un qui a été élevé ici mais qui n’ y est pas né. Cela m’intéressait de regarder et de confronter le regard qu’il porte sur la culture qu’il a adoptée, la culture guadeloupéenne. J’avais la chance, avant

d’exposer avec lui, d’avoir fait l’acquisition de deux de ses toiles, donc je vis dans ma maison avec deux de ses oeuvres.

L’art t’a amené à voyager et rencontrer des personnalités très diverses, tu connais par exemple le graffeur Noé Two… L’art est une grande famille?Lorsqu’on est artiste, on est amené à échanger et rencontrer d’autres personnes; il y en a certains qu’on retient, les personnes qui restent sont celles avec lesquelles j’ai passé de bon moments. Noé par exemple c’est quelqu’un que j’ai rencontré et avec lequel j’ai échangé sans paroles, on a travaillé ensemble sans avoir à se parler. On n’est riche que des autres.

Quel regard portes-tu aujourd’hui sur la société guadeloupéenne? Comment définirais-tu ton rôle en son sein? La société guadeloupéenne est le résultat des politiques menées, qui nous mènent à une société sans réflexion, de consommation et de crédit. On se perd dans les choses futiles. Je ne suis pas étonné de cette évolution, mais nous sommes vraiment très loin de nous-mêmes. Je ne m’attribue aucun rôle. Je ne cherche pas à faire du prosélytisme, je ne suis pas utopiste non plus au point de croire que d’un simple coup de baguette magique les choses vont changer.

“... nous sommes vraiment très loin de nous-mêmes.”

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BEACH TENNISEn loisir ou en compétition, le Beach Tennis se développe sur les plages de Guadeloupe. Un sport porté par William Breton, initiateur du club et des tournois qui rassemblent aujourd’hui ses disciples.

propos recueillis par 3D - 4.0

Comment as-tu découvert le Beach Tennis?Je suis joueur et professeur de tennis dans un club à Petit-Canal, et j’avais pu voir quelques images à la télé. Mais c’est à Saint-Martin en 2010, alors que j’étais invité pour une compétition de tennis que j’ai pu essayé. Six mois après cette «découverte», mon désir de créer et développer un club a été attisé par une personne qui est venue et souhaitait organiser un gros

événement de Beach Tennis. Il en existait déjà un à la Réunion mais il voulait créer un double événement Martinique/Guadeloupe. J’ai donc organisé le premier tournoi avec le tennis club de Petit-Canal. Il y avait 12 équipes masculines et 8 équipes féminines, c’était peu, mais j’étais inexpérimenté et cela m’a permis de faire mes armes. Comme je jouais également au Moule, j’en ai organisé un autre avec ce club. Je n’avais

A LA LOUPE!

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LOISIRS

BEACH TENNISSite officiel: www.gwadabeachtennis.com

Contact: [email protected]

toujours pas d’association, je labélisais les tournois via les clubs où je pratiquais. Je voulais faire grossir les évènements mais les clubs devenaient un peu frileux, j’ai donc formé mon association Gwada Beach Tennis en 2011, nous sommes rattachés à la F.F.T. (Fédération Française de Tennis, ndlr), ce sont des licenciés en plus pour elle. J’ai ainsi pu monter mon premier tournoi international Grade 3 (l’avant dernier niveau) en Avril 2012, puis l’année

suivante. En 2014, ce fut un tournoi Grade 2 et en 2015 Grade 1, suite aux échos positifs des premières éditions. Cela nous a fait entrer dans la pyramide des grands tournois mondiaux. Nous sommes passés, en terme de fréquentation de joueurs (les critères étant le classement des joueurs) TOP 13 mondial. Cette année, nous avions chez les filles cinq membres du top 10 mondial et chez les garçons cinq ou six du TOP 20 pour une cinquantaine d’équipes.

Tu parles beaucoup d’équipes, le Beach Tennis se joue-t-il obligatoirement en double?Non, mais essentiellement et ce qui en fait une qualité qui se démarque du tennis. Je ne sais pas pourquoi, mais tant mieux pour le sport, car on retrouve aussi ce que le tennis a perdu dans la durée, la convivialité. Et cela permet d’avoir cet esprit d’équipe. On peut jouer en simple mais c’est très limité en terme technique, et c’est beaucoup plus physique. Le terrain est moins large, il y a un énorme travail d’avant/arrière, mais c’est beaucoup moins riche et spectaculaire que le double.

Les équipes sont-elles mixtes ?Oui, c’est encore un atout pour le Beach Tennis. Le double mixte fait partie des compétitions, c’est très intéressant en tant que spectateur et je trouve cela fabuleux qu’il y ait enfin un sport avec une mixité crédible par la qualité de jeu et d’échanges. Cela se voit à haut niveau mais on peut aussi jouer avec sa femme ou sa fille.

Vous bénéficiez aussi de bonnes infrastructures en Guadeloupe.C’est la clé de notre explosion. Nous pouvons jouer toute l’année dans les conditions idéales. Le concept “les pieds dans le sable” est associé à une température moyenne de 25°. Il n’y a que les professionnels qui s’entraînent avec des pulls et des bonnets en Europe. Pour ma part je ne sais même pas si je jouerais au Beach Tennis en étant là-bas!

Quels sont les objectifs aujourd’hui ?Préparer la rentrée du club et le tournoi Grade 1 de l’année prochaine. Je projette de travailler en collaboration avec la ligue de Tennis pour apporter de l’énergie. Nous avons le matériel et les compétences, nous allons essayer de provoquer des déclics dans les clubs de tennis pour qu’ils organisent avec leurs équipes des tournois de Beach avec mise à disposition de matériel, pour développer l’activité.

“On retrouve ce que le tennis a perdu dans la durée, la convivialité.”

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LONGUETEAUSa famille a racheté le domaine sur lequel est produit l’un des rhums agricoles les plus prestigieux de Guadeloupe. A Capesterre-Belle-Eau, Nicolas Longueteau nous fait pénétrer dans ce milieu raffiné.

propos recueillis par Ceebee

Longueteau est une société familiale à la tête de laquelle on se succède de père en fils. A quel âge avez-vous commencé à y travailler? Au départ, on ne nous a jamais forcés à y travailler et plutôt incités à aller voir ailleurs. Depuis deux ans, je suis revenu après mes études. Mon grand frère s’occupe du marketing, j’ai un Master en Finance.

Mais je m’occupe surtout de la production, je travaille à la distillerie et dans la plantation.

Combien de personnes employez-vous? La filière rhum est-elle encore créatrice d’emplois?Nous avons une vingtaine d’employés toute l’année. Il y a des mécaniciens, des chauffeurs de

A LA LOUPE!

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SOCIÉTÉ

LONGUETEAUSite officiel : www.rhumlongueteau.fr

tracteurs, certains sont à plusieurs postes dans la distillerie ou les plantations. On est sensés recruter dans peu de temps, mais sinon, il n’y a pas beaucoup d’emplois qui se créent dans le rhum.

Vous travaillez uniquement la canne issue de votre domaine, comment la sélectionnez-vous?Il y a des cannes connues pour être bonnes dans le rhum, nous travaillons uniquement avec la bleue et la rouge. Ce sont deux espèces réputées pour être parfumées, très fruitées. Il existe des centaines de variétés de canne, certaines sont par exemple plus résistances aux intempéries, c’est comme cela qu’on les sélectionne.

A quelle hauteur exportez-vous votre production? Vers quelles destinations hormis l’hexagone?Aux alentours d’une centaine de milliers de bouteilles par an. Nous sommes dans une vingtaine de pays, en Italie, Belgique, Espagne, Allemagne, dans plusieurs pays d’Afrique comme Madagascar, au Canada, en Guyane…

Vous accordez beaucoup de soin au “packaging”, est-ce votre façon de vous différencier pour attirer une autre clientèle?En Guadeloupe, on a mis du temps à se dégager du lot et sortir de la simple bouteille d’un litre. Nous avons lancé des bouteilles de 70 cl, beaucoup plus fines et jolies, avec un

verre plus épais qui conserve mieux le rhum et un bouchon en liège plus qualitatif. Nous essayons de nous placer dans un produit haut de gamme, c’est nous-mêmes qui le vendons et prenons soin de son image.

Dans les régions viticoles françaises, on pratique un tourisme culturel/gastronomique autour des grands crus: est-ce quelque chose qui se fait en Guadeloupe autour du Rhum ou aurait vocation à l’être ?Les rhums vieux sont très à la mode, nous allons effectivement mettre en avant ce genre de produit. D’une façon générale, quel regard portez-vous sur les campagnes de sensibilisation aux dangers de l’alcool? Cela se sait depuis longtemps qu’il faut consommer avec modération. Ce n’est pas parce que nous produisons du rhum que nous voulons que les gens se saoulent! Nous avons une image de marque et ne pouvons faire n’importe quelle publicité, inciter le jeune à consommer… Nous vendons un produit de connaisseur qui possède une certaine “classe”.

“Nous vendons un produit de connaisseur qui possède une certaine classe...”

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STRAIGHT OUTTA COMPTONRéalisateur: F. Gary GrayAvec: O’Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell Genre: Biopic / Drame / MusicalDate de sortie: 16 septembre 2015

Au cours d’une mission sur Mars, l’astronaute Mark Watney est laissé pour mort et se retrouve seul sur cette planète. Il ne dispose que de 30 jours de provisions et doit déployer toute son ingéniosité pour survivre et alerter la Terre qu’il est encore vivant. Adapté du roman d’Andy Weir, Seul sur Mars est une épopée qui transpose l’histoire de Robinson Crusoë dans un futur proche. Réalisé par Ridley Scott (Blade Runner, Alien, 1492: Christophe Colomb), le film s’annonce comme une réussite. Note: ••••••

SEUL SUR MARSRéalisateur: : Ridley Scott (2015) Avec: Matt Damon, Jessica Chastain, Kate Mara Genre: Science fiction Date de sortie: 21 Octobre 2015

SÉRIES

Biopic portant le titre du premier album du mythique groupe de rap N.W.A., le film retrace l’histoire de ses cinq membres. Armés uniquement de leur parole, de leur démarche assurée et de leur talent brut, ils dénoncent la réalité de leur quartier: les conditions de vie difficiles, le racisme et les violences policières. La sortie de leur premier disque en 1988 déclencha alors une vive controverse. A noter la très bonne B.O. du film signée par Dr.Dre. Note : ••••••

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THE PROGRAM

WWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

L’enquête sur le plus grand scandale de l’histoire du sport: le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. The Program retrace le parcours de la star du Tour de France, de sa gloire à sa chute. Note: ••••••

Réalisateur: Stephen FrearsAvec: Ben Foster, Chris O’Dowd, Guillaume CanetGenre: Biopic / DrameDate de sortie: 16 Septembre 2015

THE VISIT

Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l’un d’eux découvre qu’ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s’amenuisent de jour en jour. Note: ••••••

Réalisateur: M. Night ShyamalanAvec: Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna DunaganGenre: EpouvanteDate de sortie: 7 Octobre 2015

Le studio M danseLundi 17h45 • ZUMBAjeudi 19H • ZUMBAsamedi 18H30 • ZUMBA

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HEROES REBORNCrée par: Tim Kring (2015)Avec: Jack Coleman, Zachary Levi, Masi Oka Genre: Drame, Fantastique

Une attaque terroriste lancée sur Odessa (Texas) décime entièrement la ville. Les héros, personnes aux capacités extraordinaires, sont accusés d’être responsables de cette tragédie. Certains d’entre eux partent à la recherche du seul être humain capable de répondre à leurs questions: Noah Bennet. Dans le même temps, des personnes ordinaires se découvrent de fabuleux pouvoirs... Huit ans après la saison 1, la suite de Heroes revient à partir du 24 septembre pour 13 nouveaux épisodes. Note: ••••••

Narcos plonge dans l’histoire de Pablo Escobar, le célèbre trafiquant colombien de cocaïne qui a régné dans les années 1980 sur Medellín. La série retrace le parcours de ce baron de la drogue en se plaçant sous différents points de vue (policier, politique, judiciaire et personnel). Entre documentaire et fiction, la première saison composée de 10 épisodes permet de saisir les enjeux de la “guerre” contre la drogue menée par les Etats-Unis en Colombie, tout en se montrant divertissante. Note: ••••••

NARCOSCrée par: José Padilha (2015) Avec: Wagner Moura, Pedro Pascal, Boyd Holbrook Genre: Drame, Thriller, Action

SÉRIES

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ZOO

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Sur toute la planète, des attaques soudaines, organisées et violentes d’animaux contre les humains sont constatées. Un groupe inattendu se forme pour percer le mystère de ce phénomène et se retrouve dans une course contre la montre pour sauver l’humanité. Note: ••••••

Crée par: Andre Nemec, Jeff Pinkner, Josh Appelbaum, Scott Rosenberg (2015) Avec: James Wolk, Kristen Connolly, Nonso Anozie Genre: Drame, Thriller

BLINDSPOT

Une jeune femme amnésique est retrouvée totalement nue en plein milieu de Times Square à New York, recouverte de tatouages mystérieux, fraîchement réalisés. Parmi ceux-ci apparaît le nom d’un agent du FBI qui se charge de l’enquête. Très vite, ce dernier comprend que les tatouages constituent des indices permettant de résoudre des crimes. Note: ••••••

Crée par: Martin Gero (2015) Avec: Jaimie Alexander, Sullivan Stapleton, Audrey Esparza Genre: Drame, Thriller, Action

SURVIVORS REMORSE / LIMITLESS / THE BASTARD EXECUTIONER

Le réseau social libre, urbain & alternatif

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JEUX VIDÉOS

METAL GEAR SOLIDEditeur: KonamiCatégorie: Action / InfiltrationDate de sortie: Septembre 2015

Episode final de la saga signée Hideo Kojima dont le dernier épisode, Ground Zeroes, n’était que le prologue. Metal Gear Solid: The Phantom Pain s’en démarque en tout point: gameplay, cinématiques, la “Mother Base”, la personnalisation de Snake et de son équipement, les missions des Diamonds Dogs... Snake, le héros se réveille après un coma de neuf ans et part en guerre contre une organisation militaire privée américaine. Note: ••••••

NBA 2K16 / RUGBY WORLD CUP 2015 / MAD MAX

Un programme d’entraînement à faire en cinq minutes, à choisir entre six catégories: abdos, perte de poids, torse et bras, fessiers et jambes, Yoga, Pilates. Tous les exercices sont expliqués et illustrés par des animations très claires, avec un objectif à atteindre pour se motiver. Note : ••••••

5 MINUTES FITNESS MAISONEditeur: Olson Applications LimitedCatégorie: Forme et santéDate de sortie: Disponible

CONSEILLÉ PAR:

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