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Éthique et santé (2012) 9, 87—90 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Lu, vu, entendu Anthropologie Guinamard L. Survivantes. Femmes violées dans la guerre en république du Congo. Éditions de l’Atelier; 2010 Un livre terrible car les situations décrites sont terribles. Le mal dans toute sa folie qui renvoie à l’extrême banalité du mal. Des femmes qui osent dire la violence « gratuite » du viol par ceux qui ont le pouvoir des armes. Des descrip- tions qui ne peuvent pas ne pas faire pleurer. L’humain du violeur se montre ici sur son versant barbare le plus déna- turant et déshumanisant. L’humain à travers ces femmes violentées se montre sur son versant de courage et de capa- cité à résilience. Lire ces témoignages ne doit jamais faire croire que cela s’est passé, il y a longtemps, là-bas au loin, que « nous, on y est pour rien », qu’on n’y peut rien. Si effec- tivement le lecteur n’était pas dans cette région du monde à cet instant « t », ce livre me paraît pouvoir nous dire que personne, c’est-à-dire aucun d’entre nous, ne peut échap- per ni à cette barbarie la plus extrême s’il n’en prend garde et ne se pose pas de questions. Et pour garder de l’espoir, personne, encore, ne peut se dire qu’il n’a pas en lui des forces pour retrouver son humanité quand celle-ci a été violée, semble lui avoir été volée par la torture ou la méchanceté. Merci aux membres des associations sans qui la résilience ne pourrait se faire jour. Livre à méditer. . . sur notre propre condition. Alain de Broca Politique Caillé A, Humbert M, Latouche S, Viveret P. De la convivialité. Dialogue sur la société conviviale à venir. Paris; La découverte; 2011 Quatre auteurs de formations différentes (sociologue, économiste, philosophe, politologue) se sont réunis et présentent l’alternative qu’ils entrevoient à la course inexo- rable du monde vers le chaos. Partant des idées prônées par Ivan Illich sur le convivialisme, ils montrent combien il va falloir inventer une nouvelle forme de pensée et de vie pour permettre à l’humain de se sentir encore humain. Rappelant que le bien vivre n’est en rien lié à la quantité de biens maté- riels, ils montrent que ce bien vivre ensemble demande un minimum de respect de tous tant en matière de salaire que de regards les uns sur les autres. Ainsi, ils prônent que les cri- tères mêmes de soit disant bien être, confondu avec le pro- duit intérieur brut (PIB), doivent être radicalement transfor- més. Notamment en prenant en compte les temps informels, qualitatifs que chaque personne donne à autrui pour être bien ensemble. Ils soulignent cependant qu’il ne faudrait pas croire que construire un nouveau critère appelé bonheur national brut (BNB) revenait à quantifier le qualitatif de nos relations. Pour eux, le bonheur est d’abord construit autour d’une « abondance frugale dans une société solidaire ». Cela implique alors une volonté de rééquilibration des écarts de richesse entre les hommes qui se sont exacerbés de plus de 200 fois en 30 ans ! et surtout de transformer le monde afin de ne pas continuer à exclure tant de personnes du monde social par cette politique mondialiste utilitariste et indivi- dualiste. S’ils ne peuvent pas donner de réponses précises à leurs revendications, la formule reprise de convivialisme permet de regarder la vie autrement que comme une course contre la montre, contre l’autre et contre la nature. Ce livre ne parle pas de la santé en tant que tel, mais la notion de santé est si centrale à la notion de bien être et de bonheur que le soignant a beaucoup à comprendre du sens de son action par leurs propos, et sera aidé pour mieux percevoir le non-sens de la dérive utilitariste de la gestion de la santé appliquée aujourd’hui amenant un risque imminent de l’exclusion de plus en plus de personnes du système de soin. Alain de Broca 1765-4629/$ see front matter doi:10.1016/j.etiqe.2012.04.001

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Page 1: Lu, vu, entendu

Éthique et santé (2012) 9, 87—90

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

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Anthropologie

� Guinamard L. Survivantes. Femmes violées dansla guerre en république du Congo. Éditions del’Atelier; 2010

Un livre terrible car les situations décrites sont terribles.Le mal dans toute sa folie qui renvoie à l’extrême banalitédu mal. Des femmes qui osent dire la violence « gratuite »du viol par ceux qui ont le pouvoir des armes. Des descrip-tions qui ne peuvent pas ne pas faire pleurer. L’humain duvioleur se montre ici sur son versant barbare le plus déna-turant et déshumanisant. L’humain à travers ces femmesviolentées se montre sur son versant de courage et de capa-cité à résilience. Lire ces témoignages ne doit jamais fairecroire que cela s’est passé, il y a longtemps, là-bas au loin,que « nous, on y est pour rien », qu’on n’y peut rien. Si effec-tivement le lecteur n’était pas dans cette région du mondeà cet instant « t », ce livre me paraît pouvoir nous dire quepersonne, c’est-à-dire aucun d’entre nous, ne peut échap-per ni à cette barbarie la plus extrême s’il n’en prend gardeet ne se pose pas de questions. Et pour garder de l’espoir,personne, là encore, ne peut se dire qu’il n’a pas en luides forces pour retrouver son humanité quand celle-ci aété violée, semble lui avoir été volée par la torture ou laméchanceté. Merci aux membres des associations sans quila résilience ne pourrait se faire jour. Livre à méditer. . . surnotre propre condition.

Alain de Broca

Politique

� Caillé A, Humbert M, Latouche S, Viveret P. De la

convivialité. Dialogue sur la société conviviale àvenir. Paris; La découverte; 2011

1765-4629/$ — see front matterdoi:10.1016/j.etiqe.2012.04.001

uatre auteurs de formations différentes (sociologue,conomiste, philosophe, politologue) se sont réunis etrésentent l’alternative qu’ils entrevoient à la course inexo-able du monde vers le chaos. Partant des idées prônées parvan Illich sur le convivialisme, ils montrent combien il vaalloir inventer une nouvelle forme de pensée et de vie pourermettre à l’humain de se sentir encore humain. Rappelantue le bien vivre n’est en rien lié à la quantité de biens maté-iels, ils montrent que ce bien vivre ensemble demande uninimum de respect de tous tant en matière de salaire quee regards les uns sur les autres. Ainsi, ils prônent que les cri-ères mêmes de soit disant bien être, confondu avec le pro-uit intérieur brut (PIB), doivent être radicalement transfor-és. Notamment en prenant en compte les temps informels,ualitatifs que chaque personne donne à autrui pour êtreien ensemble. Ils soulignent cependant qu’il ne faudraitas croire que construire un nouveau critère appelé bonheurational brut (BNB) revenait à quantifier le qualitatif de noselations. Pour eux, le bonheur est d’abord construit autour’une « abondance frugale dans une société solidaire ». Celamplique alors une volonté de rééquilibration des écarts deichesse entre les hommes qui se sont exacerbés de plus de00 fois en 30 ans ! et surtout de transformer le monde afine ne pas continuer à exclure tant de personnes du mondeocial par cette politique mondialiste utilitariste et indivi-ualiste. S’ils ne peuvent pas donner de réponses précises

leurs revendications, la formule reprise de convivialismeermet de regarder la vie autrement que comme une courseontre la montre, contre l’autre et contre la nature.

Ce livre ne parle pas de la santé en tant que tel, maisa notion de santé est si centrale à la notion de bien êtret de bonheur que le soignant a beaucoup à comprendre duens de son action par leurs propos, et sera aidé pour mieuxercevoir le non-sens de la dérive utilitariste de la gestion dea santé appliquée aujourd’hui amenant un risque imminente l’exclusion de plus en plus de personnes du système deoin.

Alain de Broca

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érontologie

� Le Sommer-Péré M. L’expérience de la gérontolo-gie. Éthique et pratiques soignantes. Paris: SediArslan; 2011

adame Le Sommer-Péré nous donne ici tout son expérienceuprès de personnes âgées. Le livre est construit à partir deifférents textes parus au fil de ces dernières années. Uneomme de regards sur sa pratique où le soin est toujoursentré sur l’autre, aussi démuni soit-il. Assurément soigneret autre, âgé ou très âgé, amène à se poser de très nom-reuses questions, voire à vivre des défis. La première partieu livre met en exergue les défis éthiques de la relationoignant-soigné, l’éthique du soin, où le risque de la violencen ces circonstances demandent pour éviter d’y succombere travailler dans une nécessaire pluridisciplinarité.

La seconde partie ouvre sur les défis posés par le fait deoigner cette population. Défi de la notion même de per-ormance. Qu’est-ce que la performance du soin et de saalidation, de la définition du soin avec de tels patients ?éfis de la recherche du meilleur bien pour un maladetteint de démence où toutes nos ressources de créativitéoivent être mises en valeur pour ne pas tomber dans uneoutine, dans un autoritarisme barbare même quand et sur-out quand l’action est menée en suivant scrupuleusementes protocoles, des codes, des chartes.

Défis liés à la polypathologie qu’on ne peut guérir et la polysymptomatologie où l’équilibre n’est fait que derofonds déséquilibres qu’on ne peut tenter de vouloir cor-iger qu’avec une extrême précaution thérapeutique. Laersonne âgée nous renvoie par ailleurs à la mort en elle-ême et à la notion de la finitude humaine, questions

amais faciles à assumer ni par la personne (même si ellest démente ; l’est-elle toujours complètement), ni par saamille ni par les soignants. Défis donc des deuils à vivre para personne âgée sur sa vie, à propos de ses défaillances, dees pertes, et deuils de ceux qu’elle aime. Défis de la recon-aissance du désir, de la curiosité de la personne âgée. Défisosés par les derniers jours de vie, car où mourir et commentourir sont deux questions que tous se posent. Mourir aux

rgences, dans son lit, sur un brancard ? Un livre qui ouvrehaque page sur des questions éthiques. À lire donc pourévelopper en nous une posture de responsable face à desérives potentielles arrivant par manque de temps ou deapacité à partager sur l’indicible souffrance d’autrui.

Alain de Broca

oins. Éthique

� Baud R-C. Ce qui remonte de l’ombre, itinéraired’un soignant. Bruxelles: Lessius—Diffusion Cerf.,rééd.: 2011

elui qui a connu René-Claude Baud sait combien son travail

’aide-soignant de nuit l’a fait cheminer et ensuite à permis

tant d’autres de pouvoir faire passer l’autre de l’ombre la lumière. La souffrance accompagnée et ensuite vécue

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ersonnellement semble avoir guidé R.-C. Baud, disant etxpérimentant que son maître c’est bien le malade. D’abordomme avec les hommes, il a su montrer une qualité deelation hors du commun. Face à la dérive de l’exclusion deelui qui va mourir, il a choisi l’expérience de la présence.t peu à peu dès les années 1985, lui est venu l’idée deroposer un lieu d’entraide pour ces personnes qu’on disaitn soins palliatifs, mots souvent compris comme en phaseerminale. L’association Albatros est alors fondée en vuee former sur la prise en charge globale de ces maladest de promouvoir l’importance des bénévoles dans cetteémarche.

Le livre se lit très facilement, n’est pas vrai-ent biographique. Il aide à comprendre son chemine-ent et surtout peut aider chacun à oser aller vers

’autre.

Alain de Broca

� Xerri J-G. Le soin dans tous ses états. Paris: DDB;2011

Le soin est soumis à une double contrainte : celle de nosésirs et celles des limites économiques, juridiques et sur-out de sens de notre société ». Ainsi commence l’auteurui va montrer tous les changements sociétaux actuels (auoins en notre occident) qui vont retentir sur la notion, sur

a fonction du soin, des soins d’aujourd’hui et de demain.e constat n’est pas sévère ni négatif, mais l’auteur neeut pas ne pas souligner que soumis aux technosciences,ux nouvelles sciences de l’information et de la communi-ation (médiasphère), et face à une société individualistet libérale, le soin, la culture même du soin sont profon-ément modifiés. Le rapport au corps, le dualisme que laiotechnique renforce (le corps et l’esprit ne forment plusne même entité) amène l’auteur à se poser la question sui-ante. Le « soin aura les contours de notre future humanité :veuglés de mirages technologiques, deviendrons-nous destres chosifiés bio-informatiques membres d’une sociéténformationnelle où seuls les plus utiles d’entre nous auronseur place ou bien des personnes dotées d’ale et d’épaisseurumaine, portant des fragilités capables de gratuité etouées d’intériorité ? » (p. 79). J.-G. Xerri explore quelquesistes pour que le soignant ne se perde lui-même dans cesirages et renvoie ainsi au patient, qui pourtant désormais

st dénommé client, une capacité d’approcher le drame de’autre, capable de lui donner un visage. Cela ne peut seaire que si la société accepte de valoriser, c’est-à-dire, don-er de la valeur à ce qui n’est pas quantifiable, à savoir laelation humaine, la chaleur humaine partagée. Encore faut-l aussi que le soignant ait en lui cette posture d’intériorité,ette capacité à la gratuité et l’ouverture à la fragilité et àa vulnérabilité.

Le livre est très facile à lire. Il montre bienes enjeux actuels qui font sortir notre monde des0 siècles précédents. Ne pas fuir demande de penser et

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Alain de Broca

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Lu, vu, entendu

� Soin et subjectivité, collectif coordonné par DoronCO, Lefève C, Masquelet AC. Paris: PUF, coll.« Science, histoire et société »,2011

Cet ouvrage collectif met en perspective l’intérêt récentautour de la dimension du soin en médecine avec la questiondu sujet, sans faire l’économie de l’ambiguïté du premier,ni de l’ambivalence de la seconde. Entre les deux pôlesd’un recentrement de la médecine sur le sujet comme sursa vocation première, et d’un décentrement à l’égard desnormes dans lesquelles le soin construit la subjectivation del’expérience singulière, le lecteur y puisera des élémentsde problématisation du médical à l’aune de l’expérience dusujet, mais aussi des éléments critiques d’interrogation dusujet à l’aune du soin.

De la question du lien entre vie humaine et sensde l’activité médicale à travers l’analyse des propos deG. Canguilhem sur le droit de mourir, à une approche du curecomme guérison et souci, fondant en amont chaque fois laquestion de savoir ce que c’est que soigner, les auteurs inter-rogent l’expérience du sujet, mais aussi les modalités danslesquelles le soin construit le sujet. La place du sujet est eneffet aussi celle qui lui est faite par le soin, et à travers lui,par les attentes de la société.

Les analyses proposées questionnent ainsi, au-delà del’irréductibilité de l’expérience subjective, la subjecti-vation en tant qu’elle peut être porteuse d’emblée denormalisation, au sens médical, mais aussi au sens sociétal.Cela questionne l’écart entre le vécu du sujet et l’idéal soi-gnant. Ainsi, l’auteur de violences sexuelles ne peut devenirle sujet d’un soin que si son incapacité à accorder à lasouffrance de l’autre est pensée comme une déficience,et le soin vise ici la restauration d’une aptitude à la souf-france ; ainsi, la construction du point de vue du patientdans la prise en charge psychiatrique pose la question dela traduction de ce qui est énoncé. Cela questionne éga-lement l’écart entre le vécu du sujet et le discours quile traduit. Ainsi, la subjectivation des mesures de qua-lité de vie érige en critères objectifs l’inobjectivable, sibien qu’elles expriment autre chose que le vécu visé ; levécu de la déficience se voit modelé et stigmatisé dansl’objectivation du handicap. Et tandis que l’image idéaliséeet normative du sujet autonome se fait déni du vieillis-sement, elle fonde aussi le projet soignant de rendre lesujet responsable de sa santé dans l’éducation thérapeu-tique. Une dialectique complexe qui ne s’écrit pas en noiret blanc que celle du rapport du soin au sujet, non auto-nome à l’égard des autres pratiques sociales, et de l’idée del’accomplissement individuel qu’elles véhiculent. Ces ana-lyses philosophiques, sociologiques et cliniques proposentautant d’éclairages pour mettre en œuvre une authentiqueréflexion sur les pratiques, féconds tant pour les chercheursen sciences humaines, que pour les cliniciens.

Catherine Draperi

Suicide assisté. Euthanasie

� Rossier Y. Le débat suisse sur les organisationsd’aide au suicide. Paris: Études; 2012, p. 187—98[4162]

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n ces temps de réflexion sur le « droit au mourir », il est bone lire des textes présentant la facon dont les voisins de larance s’en soucient. La Suisse permet le suicide assisté enela qu’elle a inscrit dans son code pénal le fait que c’est’incitation qui est illégale et pas l’aide. Art. 115 Cp Suisse :celui qui par un mobile égoïste, aura incité une personneu suicide ou lui aura prêté assistance en vue du suicide serauni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ».

L’article souligne combien cette aide au suicide n’est pasécue ni réalisée identiquement selon les cantons. La majo-ité des suicides assistés sont fait dans le canton de Zurich.t les associations d’aide ont chacune une facon de procéderifférente, avec des coûts très importants ? L’article montreien les dilemmes médicaux, sociétaux et politiques sous-acents face notamment aux dérives qui ne manquent pase se faire jour. Et ainsi, l’auteur termine en disant que face

« la sacralisation rassurante de l’autonomie individuelle,n y discerne les contours d’une société empreinte d’uneadicale indifférence, d’une impitoyable dureté ».

Alain de Broca

� Derville T. La bataille de l’euthanasie, enquêtesur les sept affaires qui ont bouleversé la France.Paris: Salvator; 2012

’auteur reprend tel un journaliste sept situations francaisesui ont provoqué une médiatisation importante en faveur duroit à l’euthanasie. Si personne ne nie la souffrance de cesersonnes face à leur maladie, il est très difficile de traduireéellement la complexité de chacune d’elle. On sait combienes paroles des uns et des autres peuvent être interprétéese tant de manière qu’il faut oser aller à la rencontre dees situations pour ne pas réduire ces cris à des demandesrutes et impulsives. Heureusement que la vie accorde (si one veut bien) du temps au temps pour que les personnes leslus vulnérables puissent se sentir reconnues. Ce livre per-et en montrant combien certains informations transmises

ux médias avaient tant tronqué la vérité de ces personnesu’elles en trahissaient leur vie à une seule fin de promotion’un acte terrible, à savoir tuer une personne à sa demande.l rappelle bien au contraire que ce temps du mourir est unoment de relations intenses, et qu’il ne doit en aucun cas

tre évincé dans un acte compulsif de mort. À la médecineonc, de donner à chacun cette capacité de vivre jusqu’auout en bannissant de sa pratique toute obstination dérai-onnable. On ne peut pas avancer sur de tels sujets sans liree tels livres.

Alain de Broca

� Fourneret E. Choisir sa mort, les débats del’euthanasie. PUF; 2012

e débat sur l’euthanasie est important car ce terme renvoie l’interdit fondamental de l’interdit du meurtre. Par-ant du conflit frontal des tenants ou des anti-euthanasies,

’auteur, philosophe, tente plusieurs approches pour tentere comprendre pourquoi cette perspective fait tant parler’elle et comment y répondre. Un premier chapitre montrea complexité des situations cliniques et des dilemmes posés
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chaque fois. Il situe ensuite le débat dans la tendanceolitique actuelle, individualiste, libertaire et libérale poureprendre quelques notions de liberté et d’autonomie quirennent désormais des significations quasi antinomiquesour les uns ou pour les autres. Dans sa seconde partie,’auteur part de son travail de thèse antérieur autour du

care », pour renvoyer la lecture de cette difficile questione l’euthanasie au lit même de chaque malade. Si chaque

ot, si chaque situation est particulière, si chacun peutroposer sa norme, est-il encore possible d’envisager deégiférer sur un tel sujet semble t-il demander ? Oser ren-ontrer la vulnérabilité semble pour l’auteur une facon de

êm

Lu, vu, entendu

enter de répondre à cette question mais le livre ne donneas ici de réponse bien nette. Si cette approche du « care »ur ce thème me parle peu (ni en tant que médecin deoins palliatifs, ni en tant que philosophe), je ne peux queroposer de lire un tel travail qui ouvre un peu plus à laomplexité du phénomène et qui du coup rend plus difficile’écriture d’une loi qui aurait comme finalité de légiférerur deux contraires, à savoir le respect de la personne à

tre tué quand il le demande et respecter l’interdit dueurtre.

Alain de Broca