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LE BÉBÉ, LA RÉSONANCE Lydia Karsenty ERES | Insistance 2005/1 - no 1 pages 177 à 182 ISSN 1778-7807 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-insistance-2005-1-page-177.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Karsenty Lydia, « Le bébé, la résonance », Insistance, 2005/1 no 1, p. 177-182. DOI : 10.3917/insi.001.0177 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour ERES. © ERES. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_paris7 - - 201.214.60.73 - 06/07/2012 19h03. © ERES Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_paris7 - - 201.214.60.73 - 06/07/2012 19h03. © ERES

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LE BÉBÉ, LA RÉSONANCE Lydia Karsenty ERES | Insistance 2005/1 - no 1pages 177 à 182

ISSN 1778-7807

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-insistance-2005-1-page-177.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Karsenty Lydia, « Le bébé, la résonance »,

Insistance, 2005/1 no 1, p. 177-182. DOI : 10.3917/insi.001.0177

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Distribution électronique Cairn.info pour ERES.

© ERES. Tous droits réservés pour tous pays.

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Lydia Karsenty, danseuse contemporaine et chorégra-phe, livre dans cet article l’expérience artistiquequ’elle mène depuis huit ans avec les bébés.

PRÉSENTATION

Au cours du mois de juin 1997, je suis sollicitéepar une jeune femme afin de proposer des ateliers depsychomotricité à des enfants de 12 à 24 mois ausein de son association. Je suis très étonnée par cetteproposition, menant essentiellement des actionspédagogiques en danse contemporaine auprès d’en-fants d’âge scolaire et des jeunes adultes. Je lacontacte néanmoins quelques jours plus tard, inté-ressée par l’idée de découvrir son travail. Dès le len-demain j’assiste à une séance dans laquelle dix bébésde 12 mois environ sont présents, accompagnés d’unde leurs parents. Ils évoluent sur des tapis où est dis-posé un parcours de psychomotricité. Je suis rapide-ment séduite par ces jeunes enfants et j’ai l’intuitionque cette rencontre va être importante. J’accepte laproposition, et en fais part à l’animatrice. Je pensealors à un atelier de danse permettant au bébé d’ex-plorer la relation à son corps, à l’espace, à la musi-que et aux autres, et à élaborer un projet interrogeantla relation parent-bébé. C’est ainsi qu’un mercredi deseptembre 1997, je me retrouvai dans un studio dedanse accompagnée de douze bébés de 10 à 12 mois

et de leurs parents, avec le désir de construireensemble ce projet. Depuis dix ans je suis responsa-ble pédagogique de l’association « Éveil Tendresse »,quarante bébés de quatre mois à 24 mois sont pré-sents avec moi, 60 enfants de 3 ans à 9 ans suiventmes ateliers de danse contemporaine 1.

LA SÉANCE DE DANSELe déroulement de la séance

La séance de danse dure une heure. Le bébé estaccompagné d’un de ses parents 2. Elle s’effectue enmusique, le plus souvent sur des musiques à percus-sions, d’influence africaine. Au fil des semaines, jestructure l’atelier, en proposant différents espaces decréation. Au sein des ces espaces, je crée des rituels etpropose des situations pédagogiques évolutives.

La première séquence est un espace intermédiaire,entre ce que vient de vivre l’enfant et son parent à l’ex-térieur et ce qui va se rejouer de la relation à travers ladanse 3. C’est un moment où j’accueille individuelle-ment chacun des participants, et où se crée du lien etde la disponibilité à entrer dans la danse. Cet espacetransitionnel invite à la danse et l’autorise. L’espace ditde présentation permet à chacun d’affirmer son indivi-dualité, et de renforcer le sentiment de soi. Ce rituelest évolutif et s’effectue en cercle le plus souvent enrelation avec la pulsation rythmique.

LE BÉBÉ, LA RÉSONANCELydia Karsenty

1. La majorité des enfants de 3 à9 ans ont participéétant bébés auxateliersparent/enfant.2. Depuis cinqans, nous consta-tons une augmen-tation significativedes pères partici-pant à l’atelier.Actuellement, ilsreprésentent un peuplus d’un tiers deseffectifs.3. Différentespropositions sontfaites au moyen dematériel éducatif.

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PULSATION, DANSE

L’espace de mise en danse du corps est un momentoù le désir d’expression du bébé est suscité, où despropositions, toujours en relation avec le rythme,sont faites pour l’aider à développer son schéma cor-porel, l’image de son corps, et à prendre consciencede ce dernier différent de celui de son parent 4.

L’espace de relation constitue la séquence la plusdense de la séance. Le travail sur la pulsation rythmi-que est nécessaire. Il soutient chacune des relationsintérrogées.

– la relation du bébé avec son parent,– la dyade parent/enfant avec le groupe,– la relation du bébé et de son parent avec ses

pairs respectifs,– la relation du bébé avec un tiers.

La relation parent/bébé – La relation est rejouéeà travers des situations pédagogiques qui relient ou aucontraire créent de l’espace, de l’individuation 5. Cespropositions ouvrent un espace de créativité pour cha-cun. La danse autorise un autre lien entre le parent etson enfant. En dansant, ils inventent une autre relation,ils se rencontrent et s’invitent autrement.

La dyade parent/enfant avec le groupe – Il estnécessaire de leur permettre d’établir un lien avec lesautres, de créer ensemble des échanges interindivi-duels, et de donner au bébé la possibilité de prendreconscience du groupe, de l’autre, de soi, au sein dugroupe.

La relation du bébé et de son parent avec sespairs – Le bébé et son parent se séparent pour dan-ser avec leurs semblables. Cette étape aide certains àmieux appréhender le moment où chacun danseraavec un tiers.

La relation du bébé avec un tiers – Le parent estinvité à accueillir un autre enfant. Séparément ils ren-contrent l’autre dans la danse 6. Sous couvert de ladanse et de la musique, des actions difficilement réali-sables dans un autre contexte sont ici possibles.

L’espace de relaxation constitue la dernière partie dela séance. Des techniques de relaxation et de massagespour le bébé sont présentées aux parents.

L’atelier de danse parent/enfant est structuré, maisil offre également un espace de création, qui autorisel’expression de la parole (parole du corps et verbale),permet de se rencontrer soi et les autres autrement, ensollicitant les émotions. C’est un moment ludique,chaleureux, un espace bienveillant pour les partici-pants. Le groupe, la danse, la musique, la voix quiaccompagne certaines séquences sont autant d’élé-ments favorisant l’enthousiasme des participants.

Mon rôle au sein de la relation

J’anime la séance de danse, suscite le désir d’ex-pression de chacun, et apporte « la matière artistique ».Des recherches ont montré que la danse, la musique,le groupe, réactivent la relation à la mère, et que legroupe est à l’individu, ce que la mère est à l’enfant. Ausein de l’atelier la fonction symbolique de la mère estrejouée par la musique, les participants et la danse (larelation parent/enfant se trouve renforcée) ainsique lafonction symbolique du père à travers les propositionsséparant la mère de l’enfant, dégageant l’individualitéde chacun, et les règles musicales.

LA DANSE DU BÉBÉ

En dansant, l’individu est mû autant qu’il semeut. La danse révèle l’Autre en nous, elle permet

4. Le parentadapte mes

propositions auxcapacités motrices

de son enfant5. Des jeux

d’appel-réponse,ainsi que des

actions symboliques (apparaître,

disparaître) sontproposés.

6. La séparationest souvent plus difficile pour le

parent que pourl’enfant.

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d’interroger l’altérité du dedans et du dehors. Lebébé est également interpellé par la danse. Dès qu’ilentend le son de la musique 7, on observe une vibra-tion de tout son corps. Il entre dans la danse. Sonvisage est ravi, ses pieds, ses mains s’agitent. Cesgestes augurent d’une grande liberté d’expression.Cette vibration des extrémités résonne, circule dansle reste du corps. Pour ceux qui ont accès à la verti-calité de manière autonome, elle se traduit par unbalancement de tout le corps. On observe une dis-ponibilité au niveau du bassin chez les bébés qui setiennent assis, et se déplacent à quatre pattes.

Le bébé répond donc corporellement à l’appel dela musique, mais pas seulement, il vocalise également.

La pulsation entre en résonance avec sa proprepulsation. Il semble se situer plus près du monde dela musique et de la danse, que de celui du langage,il est capable de vocaliser, de danser bien avant d’ar-ticuler.

La fluidité de la danse du bébé

Dès les premiers instants, j’ai éprouvé une étrangesensation sur laquelle j’étais incapable de mettre desmots, la danse du bébé m’interpellait. Je pus émettrel’hypothèse que sa danse éveillait chez moi ce quiétait en silence, elle réactivait une mémoire corporelleoubliée. Plus tard, je nommais, la fluidité, la singula-rité de sa danse. Le bébé se trouve en effet naturelle-ment dans la fluidité, chez lui « ça circule ». Il baignedans la fluidité comme s’il n’avait pas quitté le ventrede sa mère. Il y a d’un côté une réponse instantanéedu bébé à l’appel de la musique, son corps vibre, ilvocalise, il danse, et de l’autre cette qualité exception-nelle de se mouvoir qui résulte sans doute d’unegrande disponibilité intérieure.

La fluidité est une qualité de mouvement quiexplore le registre des sensations, des émotions, desperceptions, des pulsions, et qui ne relève pas duchamp de la maîtrise. Elle entre en résonance avecle monde de l’inconscient et induit un mouvementcontinu. Le flux est continu. Le bébé baigne dans lafluidité jusqu’à ces premiers pas. Dès qu’il accède demanière autonome à la verticalité, que ses capacitésmotrices lui permettent de se déplacer plus aisé-ment et d’être plus facilement en relation avec l’au-tre, la fluidité qui l’anime se fait silencieuse. L’accèsà la verticalité lui fait perdre la fluidité. Sa relation àla danse et à la musique se trouve modifiée. Ces ges-tes augurent d’une moins grande liberté. On peutsupposer que dès qu’il y a maîtrise, la fluidité estmise en silence. D’un côté, il gagne en autonomie,de l’autre il perd le « ça circule ».

Par contre, lorsqu’il expérimente la verticalité,que sa marche reste hésitante, que ses appuis au solne sont pas très stables, il se situe dans l’entre-deux.L’entre-deux est un espace intermédiaire, où ni« ça » circule, où ni « ça » fait silence, mais où « çavacille ».

On observe donc une dualité entre ce quereprésente le bébé avant l’accès à la verticalité, et cequi l’anime lorsqu’il accède à la marche. La fluiditéet la continuité qui l’animaient jusque-là, l’habitentdésormais silencieusement 8. La maîtrise de la mar-che lui fait explorer un flux différent, qui entre enrésonance avec le champ du discontinu. Le mouve-ment devient scandé. Cette scansion induit par l’ac-cès à la verticalité anime alors le bébé, le « ça » sescande.

Il est intéressant d’observer le dualisme opposantla fluidité et la continuité à la scansion et au discon-tinu chez le bébé avant et après la marche. Par ailleurs,

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7. Tout pour lebébé fait musique,mais particulièrement la voix de sa mère.8. Elles seront réactivées quelquesannées plus tard si le jeune enfantest sollicité.

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on peut supposer une relation entre le flux continu etla fonction symbolique de la mère et entre le discon-tinu et la fonction symbolique du père.

Résonance de la fluidité de la danse du bébé sur son parent

Comment accueille-t-il ou non la pulsation deson bébé ? Quels sont les effets de la danse du bébésur son parent ? Y a-t-il résonance ?

En règle générale, le bébé et son parent entrenten résonance. Il y a une sorte de pulsation com-mune, un dialogue harmonieux souvent initié par lebébé. Le bébé s’éveille et se fait l’éveilleur de sonparent. La pulsation du bébé appelle celle de ce der-nier. « Ça appelle » ce qui fait silence chez lui. Lafluidité de la danse du bébé résonnei sur celle deson parent. Elle réactive chez lui une mémoire cor-porelle oubliée.

On observe parfois des difficultés de dialogue, lors-que malgré l’appel du bébé, il n'y a pas ou peu deréponse du parent. Il n’entend pas l’appel de sonenfant, il se situe à l’extérieur de la relation. À l’inverse,le bébé peut ne pas répondre à l’appel de la musique ;cette attitude, peut s’expliquer lorsqu’il y a une forteattente des parents. Certains se mettent à danser lors-que les adultes ne prêtent plus attention à eux.

LES EFFETS DE LA DANSE DU BÉBÉ SUR MON TRAVAIL DE CRÉATION

La danse du bébé a eu des effets sur ma danse etmon travail de création. Elle m’a permis de réinter-roger mon rapport à l’espace (horizontal, vertical,intermédiaire), ainsi que ma relation à la fluidité, età la continuité.

Horizontalité, verticalité et entre-deux

Dès le début de mes interventions, j’ai été trèsintéressée par la manière de se déplacer du bébé,tout particulièrement à la période de sa vie, où ildésire se mettre debout. La manière dont il passe del’espace horizontal à l’espace vertical ; cette disposi-tion à explorer l’entre-deux en se servant de ses qua-tre appuis fondamentaux (les pieds et les mains) etdes appuis inhabituels qu’il invente (le bassin, lesgenoux, les hanches), est tout à fait remarquable. Lebébé invente des chemins, il fait preuve d’unegrande créativité.

Ces observations m’ont amenée à repenser ladanse dans cet espace, à le ré-visiter en l’occupantdifféremment. La seconde caractéristique qui a attirémon attention est la grande disponibilité de son bas-sin lorsqu’il se déplace ; le mouvement est souventinitié celui-ci. La prise de conscience du poids dubassin s’est révélée non seulement en expérimentantla danse sur un mur d’escalade avec Laura de Nercyet Bruno Dizien, mais également en observant ladisponibilité des bébés.

La fluidité, la continuité et la soudaineté

Parallèlement à ces recherches et ces observa-tions, je poursuivais mon travail de création et j’im-provisais sur le thème de la fluidité et de la continuité.J’ai tout d’abord exploré la fluidité au sol avant de lavivre dans la verticalité. Les premières semaines,j’improvisais en silence, les yeux bandés d’un fou-lard pour créer chez moi une disponibilité inté-rieure, et être à l’écoute de mes sensations. Cettetechnique de travail m’a aidée à l’explorer. Je me fai-

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9. Paroles utiliséespar

Laura de Nercylors des ateliers

de danse sur murd’escalade.

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sais silence pour l’éveiller. La seule musique que jem’autorisais, ce sont des mots que je me répétaiscomme un refrain pendant l’improvisation « d’où jeviens, où je vais 9 ». Le « d’où je viens, où je vais »se réfère aux directions dans l’espace, aux quatreappuis fondamentaux (pieds, mains) et tous ceux àinventer dans le corps par la sensation et l’imagi-naire. Il y a alors un flux possible entre deux points.Un point de départ « d’où je viens » en relation avecl’origine, et un point d’arrivée « où je vais » en rela-tion avec l’autre. La manière dont je quitte l’originea des effets sur l’Autre en entravant inévitablementla fluidité. Quitter trop vite l’appui d’origine ou aucontraire s’y installer trop longtemps entraînentnécessairement des répercussions sur le mouvementsuivant en modifiant le flux 10. Pour que le mouve-ment soit fluide et continu, une relation est néces-saire entre le point d’origine et le point d’arrivée,entre l’origine et l’Autre.

Manquer cette relation entraînerait du discon-tinu, de la scansion et induirait du surgissementincompatible avec le flux continu 11.

À l’inverse, on pourra parler de soudaineté,lorsqu’il y a chez le danseur le désir de quitter ounon le « d’où je viens ». La soudaineté apporte desnuances, des variations d’énergie, un rythme diffé-rent à la danse. Elle est une autre respiration que ledanseur s’autorise mais elle n’entrave pas la fluidité.Ele est d’ailleurs possible dès l’instant où le fluxcontinu existe. Fluidité et soudaineté communi-quent dans un jeu « d’appel/réponse », la premièreappelant la seconde à se dévoiler 12.

Par ailleurs il est intéressant de rappeler la dua-lité présence/absence propre à chaque mouve-ment 13. En effet, le premier mouvement induit parle « d’où je viens » résonne sur le second en y lais-

sant une trace. La naissance du premier mouvementrésonne jusqu’à la fin de la danse. On pourrait alorspenser la danse comme une métaphore de la vie 14.

Lydia Karsenty

Après avoir étudié la danse contemporaineauprès de Nadine Hernu, Michèle Cacouault, etPeter Goss, Lydia Karsenty rejoint un cursus univer-sitaire en danse. Elle obtient une maîtrise del’Université René Descartes à Paris et poursuit sesrecherches sur la danse en effectuant une année detroisième cycle en DEA savoirs, identités, sociétés, àl’Université Jules Vernes à Amiens.

Elle découvre au cours de sa formation choré-graphique le travail d’atelier de Susan Buirge, SusonHolzer, Pierre Doussaint, Christine Bastin.

Elle fait ses débuts en qualité d’interprète auprèsde Michèle Cacouault, et Thierry Guedj dans Lespieds dans les nuages, en 1995. En septembre 1998,elle fonde l’association Elsada, et signe sa premièrepièce Miroir de femme, puis en 2001 J’y suis. En mai2004, elle présente Coule, D, Coule, qui est sélec-tionné au Festival national de danse à l’école et Quereste-t-il du rêve ? au mois de juin. Sa rencontre avecLaura de Nercy et Bruno Dizien en 2001 aveclesquels elle étudie la danse-escalade pendant troisans, l’amène à repenser son travail. Depuis deux anselle participe à plusieurs performances dont l’une ennovembre 2003 avec le musicien DominiqueBertrand, à la Sorbonne dans le cadre du colloqueArt et Psychanalyse où elle intervient égalementpour témoigner de ses recherches sur la danse. Enavril 2004, Régine Chopinot l’invite au Centrechorégraphique national de La Rochelle pour tra-vailler autour de W.H.A, sa dernière création. En

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10. Les effets dontje parle sont le manque de précision sur lesappuis.11. Il est difficilepour le danseur de se verticaliserlorsqu’il quitte brutalement l’origine.12. La soudainetéinterroge la question du dévoilement.13. On peut pen-ser une relationentre la dualité présence/absenceet le dualisme pulsionnel opposant les pulsions de vie auxpulsions de mort,évoqué par Freuddans sa publicationAu-delà du principede plaisir. 14. Cette penséepose la question de l’origine et de la relation entre le premier mouvementde la personnevenant au monde et de son derniermouvement à la finde sa vie. La fluidité de sonpremier mouvementrésonne-t-ellejusqu’à son derniermouvement ?

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janvier 2005, elle rejoint l’atelier de recherche deLaura de Nercy, elle travaille sur sa nouvelle créationAltérité, en collaboration avec Hélène Moinerie,vidéaste et Lionel Tabar, compositeur.

Parallèlement, Lydia Karsenty est coauteur d’unlivre Danse et spiritualité aux éditions Noêsis et estinvitée à l’émission « Studio Danse » sur FranceCulture, en octobre 1999.

Elle mène également depuis dix ans des actionspédagogiques en milieu scolaire, et en institut-médi-co-éducatif auprès d’enfants et d’adolescents psycho-tiques et développe un travail en danse avec lesbébés. Depuis septembre 2004, elle collabore avec leCentre national des ressources chorégraphiques pourl’enfant et l’adolescent et est associée au projetnational de danse à l’école à Chartres.

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