marchÉ le crowdfunding, ou le financement des

2
68 N ’en déplaise aux détracteurs, d’après le baromètre du crowdfunding 2018 publié par Financement Participatif France et KPMG, celui-ci se porte à merveille ! Le crowdfunding est en pleine croissance, en particulier dans le segment des prêts aux entreprises sur les plateformes de financement participatif. En 2018, 402 millions d’euros ont été collectés auprès de particuliers via ces dernières, soit une augmentation de 20% alors que certains prédisaient la mort du crowdfunding fin 2018 en raison de quelques accidents de parcours (mise en liquidation d’Unilend, pivot stratégique de SmartAngels). Le secteur semble ainsi avoir atteint une certaine maturité et s’installe durablement dans le paysage du financement en France. Depuis sa création en 2008, WiSEED a permis de financer 380 projets à hauteur de plus de 150 millions d’euros. Pari réussi pour ces deux entrepreneurs qui voulaient permettre aux entrepreneurs de financer leur croissance de façon innovante, flexible et rapide. « Là où, lors de notre création, il s’agissait essentiellement de combler la « vallée de la mort du financement » avec du financement en capital (actions), nous répondons aujourd’hui au même besoin initial, mais tout au long de la croissance de l’entreprise, et avec une plus grande diversité de titres financiers (obligations, titres participatifs) », expose Nicolas Sérès. Le défi aujourd’hui : organiser la rencontre des entrepreneurs et des épargnants français de la manière la plus transparente possible. Car après près de dix ans d’évangélisation auprès des investisseurs, l’enjeu numéro un est de faire connaître la finance participative aux entreprises. « C’est surtout une histoire de pédagogie. En termes de visibilité, si notre jeune industrie bénéficie d’une bonne couverture médiatique, beaucoup de PME ne connaissent pas ces alternatives et continuent à se tourner vers les acteurs traditionnels. Cela va prendre encore un certain temps. » Profil investisseur L’entreprise qui lève des fonds sur WiSEED n’a pas de profil type, mais l’entrepreneur, lui, oui. Il s’agit encore à 90% d’hommes, expérimentés, basés en province, hautement qualifiés, porteurs de projets économiquement viables et sociétalement porteurs de sens. La société peut avoir 3 ou 30 ans, 3 ou 3000 salariés… Ce qui compte est la qualité du projet. « Notre matière première c’est de l’argent, mais en dessous il y a un ADN et une philosophie assez forts », affirme Nicolas Sérès. « Nous souhaitons privilégier le financement de projets qui vont avoir un impact durable sur la société. car il est aussi urgent et nécessaire de construire l’image d’un Le crowdfunding, ou le financement des projets d’entreprise Et si tous les français pouvaient investir directement dans des projets d’entreprises viables et porteurs de sens ? Lancée en 2008 par Nicolas Sérès et Thierry Merquiol, WiSEED est la plus ancienne et le leader des plateformes de crowdfunding, qui place l’investisseur au cœur de la création de valeur des entreprises grâce au digital. Rencontre. >Nicolas Sérès FINANCES MARCHÉ

Upload: others

Post on 05-Jan-2022

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

68

N ’en déplaise aux détracteurs, d’après le baromètre du crowdfunding 2018 publié par Financement Participatif

France et KPMG, celui-ci se porte à merveille ! Le crowdfunding est en pleine croissance, en particulier dans le segment des prêts aux entreprises sur les plateformes de financement participatif. En 2018, 402 millions d’euros ont été collectés auprès de particuliers via ces dernières, soit une augmentation de 20% alors que certains prédisaient la mort du crowdfunding fin 2018 en raison de quelques accidents de parcours (mise en liquidation d’Unilend, pivot stratégique de SmartAngels). Le secteur semble ainsi avoir atteint une certaine maturité et s’installe durablement dans le paysage du financement en France. Depuis sa création en 2008, WiSEED a permis de financer 380 projets à hauteur de plus de 150 millions d’euros. Pari réussi pour ces deux entrepreneurs qui voulaient permettre aux entrepreneurs de financer leur croissance de façon innovante, f lexible et rapide. « Là où, lors de notre création, il s’agissait essentiellement de combler la « vallée de la mort du financement  » avec du financement en capital (actions), nous répondons aujourd’hui au même besoin initial, mais tout au long de la croissance de l’entreprise, et avec une plus grande diversité de titres financiers (obligations, titres participatifs)  », expose Nicolas Sérès. Le défi aujourd’hui  : organiser la rencontre des entrepreneurs et des épargnants français de la manière la plus transparente possible. Car après près de dix ans d’évangélisation auprès des investisseurs, l’enjeu numéro un est de faire connaître la finance participative aux entreprises. «  C’est surtout une histoire de pédagogie. En termes de visibilité, si notre jeune industrie bénéficie d’une bonne couverture médiatique, beaucoup de PME ne connaissent pas ces alternatives et continuent à se tourner vers les acteurs traditionnels. Cela va prendre encore un certain temps. »

Profil investisseurL’entreprise qui lève des fonds sur WiSEED n’a pas de profil type, mais l’entrepreneur, lui, oui. Il s’agit encore à 90% d’hommes, expérimentés, basés en province, hautement qualifiés, porteurs de projets économiquement viables et sociétalement porteurs de sens. La société peut avoir 3 ou 30 ans, 3 ou 3000 salariés… Ce qui compte est la qualité du projet. «  Notre matière première c’est de l’argent, mais en dessous il y a un ADN et une philosophie assez forts  », affirme Nicolas Sérès. «  Nous souhaitons privilégier le f inancement de projets qui vont avoir un impact durable sur la société. car il est aussi urgent et nécessaire de construire l’image d’un

futur désirable pour nos concitoyens et pour nos enfants. » Un entrepreneur cherche évidemment des fonds pour développer son projet, mais aussi une visibilité auprès de la presse, de ses clients, de ses partenaires et de ses proches. «  Le crowdfunding, c’est la f inance qui se conjugue intelligemment avec le marketing, et les dirigeants apprécient ce diptyque. » Du côté des investisseurs, le profil est f inalement assez similaire, bien que WiSEED séduise une clientèle de particuliers essentiellement, de plus en plus jeunes, très attirés par l’aspect innovant et digital de cette forme d’investissement. Leurs motivations principales  : l’accès à des projets de qualité, la participation à des aventures entrepreneuriales diverses, l’acquisition de connaissances, l’échange avec les dirigeants et – bien sûr – la rentabilité de leurs investissements. «  C’est le premier défi pour nous  : continuer à afficher un track record performant, c’est-à-dire que l’on doit être bons dans l’exercice de nos métiers, sélectionner et faire financer des projets solides économiquement et qui vont générer de la valeur pour les investisseurs. C’est là-dessus que tout le monde est jugé. Donc le premier défi va être celui-là  : poursuivre dans la structuration de mécanismes et de process qui permettent de générer des retours sur investissement pour les investisseurs qui nous font confiance. »

Multi-sectorialitéWiSEED affiche une offre de projets parmi les plus diversifiées (immobilier, start-up, énergies renouvelables, PME…) et la possibilité pour chacun d’investir à partir de 100 €. Une mise d’entrée modérée et une expertise multi-sectorielle qui lui donnent une longueur d’avance sur la concurrence dans un marché aujourd’hui mature mais encore fortement atomisé. On y trouve en effet de nombreux acteurs,

à la fois des généralistes (comme WiSEED) et des spécialistes (comme Miimosa pour l’agriculture, ou Fundimmo pour l’immobilier). Il y a déjà eu, et il y aura encore, de la consolidation ou des rachats et des disparitions d’acteurs. In fine, seuls resteront une demi-douzaine d’acteurs sur ce marché. L’ambition de WiSEED : « En faire partie, en haut de la liste. Cette ambition est portée par une stratégie de diversification, que nous avons d’ailleurs été les premiers à initier en France, proposant des financements de l’amorçage au capital-développement, détaille Nicolas Sérès. La France a toujours été particulièrement ouverte et volontaire vis-à-vis de la finance participative. Régulateurs et politiques sont très attachés à la réussite de cette forme de finance. Là où c’est plus difficile, c’est que la culture du risque est encore faible chez les épargnants français à comparer aux anglosaxons, et que le non coté n’intéresse souvent que les plus avertis. » Ce qui ne veut pas dire que cela ne puisse pas changer… g

Le crowdfunding, ou le financement des projets d’entreprise

Et si tous les français pouvaient investir directement dans des projets d’entreprises viables et porteurs de sens ? Lancée en 2008 par Nicolas Sérès et Thierry Merquiol, WiSEED est la plus ancienne et le leader des plateformes de crowdfunding, qui place l’investisseur au cœur de la création de valeur des entreprises grâce au digital. Rencontre.

Chiffres clés• +380 projets financés par une communauté

de près de 120 000 membres inscrits sur la plateforme

+156M€ de fonds levés dont 53M€ remboursés, intérêts compris

• Près de 1M de visites par an sur le site WISEED.com

• Chaque investisseur a 7 projets par portefeuille en moyenne, avec un ticket moyen d’environ 1 500 € par projet

Deux nouvelles recrues pour développer

l’activité de financement chez WiSEEDYoann Bouvier-Serre, Business Developer StartupsResponsable du Développement pour l’offre de financements dédiée aux start-ups, son rôle consiste à développer le portefeuille de sociétés innovantes qui lèveront des fonds sur WISEED, une offre pour laquelle la plateforme est leader en France depuis 2008 avec plus de 100 startups financées.

Fabien Dreuilh, Business Developer PMEResponsable du Développement pour l’offre de financements dédiés aux PME et ETI, son rôle consiste à augmenter le nombre d’entreprises matures levant des fonds sur WISEED pour financer leur croissance. De plus en plus populaire auprès des investisseurs particuliers, il s’agit d’une voie de diversification stratégique pour la plateforme.

>Nicolas Sérès

FINANCES MARCHÉ

69

N ’en déplaise aux détracteurs, d’après le baromètre du crowdfunding 2018 publié par Financement Participatif

France et KPMG, celui-ci se porte à merveille ! Le crowdfunding est en pleine croissance, en particulier dans le segment des prêts aux entreprises sur les plateformes de financement participatif. En 2018, 402 millions d’euros ont été collectés auprès de particuliers via ces dernières, soit une augmentation de 20% alors que certains prédisaient la mort du crowdfunding fin 2018 en raison de quelques accidents de parcours (mise en liquidation d’Unilend, pivot stratégique de SmartAngels). Le secteur semble ainsi avoir atteint une certaine maturité et s’installe durablement dans le paysage du financement en France. Depuis sa création en 2008, WiSEED a permis de financer 380 projets à hauteur de plus de 150 millions d’euros. Pari réussi pour ces deux entrepreneurs qui voulaient permettre aux entrepreneurs de financer leur croissance de façon innovante, f lexible et rapide. « Là où, lors de notre création, il s’agissait essentiellement de combler la « vallée de la mort du financement  » avec du financement en capital (actions), nous répondons aujourd’hui au même besoin initial, mais tout au long de la croissance de l’entreprise, et avec une plus grande diversité de titres financiers (obligations, titres participatifs)  », expose Nicolas Sérès. Le défi aujourd’hui  : organiser la rencontre des entrepreneurs et des épargnants français de la manière la plus transparente possible. Car après près de dix ans d’évangélisation auprès des investisseurs, l’enjeu numéro un est de faire connaître la finance participative aux entreprises. «  C’est surtout une histoire de pédagogie. En termes de visibilité, si notre jeune industrie bénéficie d’une bonne couverture médiatique, beaucoup de PME ne connaissent pas ces alternatives et continuent à se tourner vers les acteurs traditionnels. Cela va prendre encore un certain temps. »

Profil investisseurL’entreprise qui lève des fonds sur WiSEED n’a pas de profil type, mais l’entrepreneur, lui, oui. Il s’agit encore à 90% d’hommes, expérimentés, basés en province, hautement qualifiés, porteurs de projets économiquement viables et sociétalement porteurs de sens. La société peut avoir 3 ou 30 ans, 3 ou 3000 salariés… Ce qui compte est la qualité du projet. «  Notre matière première c’est de l’argent, mais en dessous il y a un ADN et une philosophie assez forts  », affirme Nicolas Sérès. «  Nous souhaitons privilégier le f inancement de projets qui vont avoir un impact durable sur la société. car il est aussi urgent et nécessaire de construire l’image d’un

futur désirable pour nos concitoyens et pour nos enfants. » Un entrepreneur cherche évidemment des fonds pour développer son projet, mais aussi une visibilité auprès de la presse, de ses clients, de ses partenaires et de ses proches. «  Le crowdfunding, c’est la f inance qui se conjugue intelligemment avec le marketing, et les dirigeants apprécient ce diptyque. » Du côté des investisseurs, le profil est f inalement assez similaire, bien que WiSEED séduise une clientèle de particuliers essentiellement, de plus en plus jeunes, très attirés par l’aspect innovant et digital de cette forme d’investissement. Leurs motivations principales  : l’accès à des projets de qualité, la participation à des aventures entrepreneuriales diverses, l’acquisition de connaissances, l’échange avec les dirigeants et – bien sûr – la rentabilité de leurs investissements. «  C’est le premier défi pour nous  : continuer à afficher un track record performant, c’est-à-dire que l’on doit être bons dans l’exercice de nos métiers, sélectionner et faire financer des projets solides économiquement et qui vont générer de la valeur pour les investisseurs. C’est là-dessus que tout le monde est jugé. Donc le premier défi va être celui-là  : poursuivre dans la structuration de mécanismes et de process qui permettent de générer des retours sur investissement pour les investisseurs qui nous font confiance. »

Multi-sectorialitéWiSEED affiche une offre de projets parmi les plus diversifiées (immobilier, start-up, énergies renouvelables, PME…) et la possibilité pour chacun d’investir à partir de 100 €. Une mise d’entrée modérée et une expertise multi-sectorielle qui lui donnent une longueur d’avance sur la concurrence dans un marché aujourd’hui mature mais encore fortement atomisé. On y trouve en effet de nombreux acteurs,

à la fois des généralistes (comme WiSEED) et des spécialistes (comme Miimosa pour l’agriculture, ou Fundimmo pour l’immobilier). Il y a déjà eu, et il y aura encore, de la consolidation ou des rachats et des disparitions d’acteurs. In fine, seuls resteront une demi-douzaine d’acteurs sur ce marché. L’ambition de WiSEED : « En faire partie, en haut de la liste. Cette ambition est portée par une stratégie de diversification, que nous avons d’ailleurs été les premiers à initier en France, proposant des financements de l’amorçage au capital-développement, détaille Nicolas Sérès. La France a toujours été particulièrement ouverte et volontaire vis-à-vis de la finance participative. Régulateurs et politiques sont très attachés à la réussite de cette forme de finance. Là où c’est plus difficile, c’est que la culture du risque est encore faible chez les épargnants français à comparer aux anglosaxons, et que le non coté n’intéresse souvent que les plus avertis. » Ce qui ne veut pas dire que cela ne puisse pas changer… g

Le crowdfunding, ou le financement des projets d’entreprise

Et si tous les français pouvaient investir directement dans des projets d’entreprises viables et porteurs de sens ? Lancée en 2008 par Nicolas Sérès et Thierry Merquiol, WiSEED est la plus ancienne et le leader des plateformes de crowdfunding, qui place l’investisseur au cœur de la création de valeur des entreprises grâce au digital. Rencontre.

Chiffres clés• +380 projets financés par une communauté

de près de 120 000 membres inscrits sur la plateforme

+156M€ de fonds levés dont 53M€ remboursés, intérêts compris

• Près de 1M de visites par an sur le site WISEED.com

• Chaque investisseur a 7 projets par portefeuille en moyenne, avec un ticket moyen d’environ 1 500 € par projet

Deux nouvelles recrues pour développer

l’activité de financement chez WiSEEDYoann Bouvier-Serre, Business Developer StartupsResponsable du Développement pour l’offre de financements dédiée aux start-ups, son rôle consiste à développer le portefeuille de sociétés innovantes qui lèveront des fonds sur WISEED, une offre pour laquelle la plateforme est leader en France depuis 2008 avec plus de 100 startups financées.

Fabien Dreuilh, Business Developer PMEResponsable du Développement pour l’offre de financements dédiés aux PME et ETI, son rôle consiste à augmenter le nombre d’entreprises matures levant des fonds sur WISEED pour financer leur croissance. De plus en plus populaire auprès des investisseurs particuliers, il s’agit d’une voie de diversification stratégique pour la plateforme.

>Nicolas Sérès

FINANCES MARCHÉ