mariel pierre - la revanche des nazis

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    La revanche

    des nazis

    Pierre Mariel

    Lorsque la dfaite devint certaine, les dirigeants nazis prpa-rrent minutieusement leurs positions de repli. Si Eichmann etquelques autres ont t par la suite dcouverts, nombreux sontles chefs hitlriens qui ont russi chapper jusqu ce jour auxrecherches.

    Outre de nombreuses complicits dans divers pays, ils dispo-saient en effet de ressources considrables : le trsor secret duIIIe Reich na jamais t retrouv, pas plus que les fabuleusescollections de Goering.

    A lheure actuelle, en Amrique du Sud, de vritables petitstats nazis indpendants jouissent de la complicit des gouver-nements ofciels. Ils entretiennent des relations troites avec leCeltisme europen, la Soka-Gakka, le Ku-Klux-Klan amricainet nombre dorganisations dAfrique du Sud.

    Lefcacit de la rpression anti-nazie diminue avec le tempsde mme que le souvenir des crimes hitlriens sestompe : larevanche des nazis est pour demain.

    Editions Jai Lu Flammarion, 1971ref. A268*

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    LA REVANCHE DES NAZIS

    Editions Jai Lu

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    Editions Jai Lu, 1971 A268*

    Ceux qui trouvent sans chercher, sont ceux qui ont longtemps cherch sans trouver.

    Un serviteur inutile, parmi les autres.

    Scan, ORC, mise en page

    Octobre 2008

    LENCULUSPour la Librairie Excommunie Numrique des CUrieux de Lire les USuels

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    SAUVE-QUI-PEUT GNRAL

    Largent est le ner de la guerre , de tous temps et de toutes ormes de la guerre. Non seu-lement des arontements darme, mais des innombrables conits qui sont la ranon de la viemoderne : conits conomiques, sociaux, psychologiques mme.

    Les nazis survivants et leurs continuateurs en sont persuads. Ils constatent quun crase-ment militaire total ne rsout rien de durable. Les deux grands vaincus de la dernire guerremondiale le dmontrent : ils ont, sur les champs de bataille, capitul sans condition. Ils nen ontpas moins rapidement relev leurs ruines, et il leur a su de quelques annes de conance enleur propre destin pour se placer aux premiers rangs des puissances conomiques. andis quecertains vainqueurs restent puiss, doutant deux-mmes, se cherchant, et ne se trouvant pas.

    Les survivants ou les hritiers du national-socialisme sont parmi les plus gros capitalistes dumonde. Goebbels leur avait serin quil valait mieux possder des canons que du beurre. Main-tenant ils savent quil vaut mieux avoir de l or, des rserves bancaires, que des canons. Et de cetor, de ces comptes secrets, ils ne manquent pas ! Les diverses campagnes de la Wehrmacht ontt loccasion de pillages systmatiques, de mme que la d-judication , de mme que lesimpositions aux vaincus. Ce quils ont pris, vol, extorqu, les nazis lont gard et mis en sret.Non seulement conserv, mais ait ructier, durant cette trve dun quart de sicle. Les pro-phtes du IVe Reich dont linstauration leur parat imminente disposent, impunmentde trsors abuleux. Grce quoi ils achtent les consciences, dressent leurs tentacules sur lco-nomie mondiale, sment la zizanie entre adversaires ventuels, disposent de rduits inexpugna-bles, de laboratoires o ils prparent l arme absolue, celle qui permettra la guerre presse-bouton,sans dpenses nationales crasantes, sans mobilisation, sans pravis, celle qui changera la acedu monde en quelques minutes, et rendra toute riposte impossible. Celle qui justiera peut-trele titre du dernier livre de Lon Degrelle : Hitler pour mille ans.

    A moins que, par inltration, le capitalisme nazi nous enserre dans un tel rseau quun jour,nous nous retrouvions esclaves de la race des seigneurs avant mme que nous nous en soyonsdout et ce malgr les avertissements de quelque Cassandre aphone.

    Les cavernes dAli Baba

    La guerre des Six-Jours la prouv : lEtat dIsral dispose du meilleur service de renseigne-

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    ments de toute lAsie mineure. La branche spciale du Shin Beth, [1]le Daled, est charg particu-lirement de dcouvrir, dmasquer, combattre les no-nazis. Aprs des enqutes minutieuses,et aprs dpouillement darchives abandonnes par les vaincus, il a dress le bilan du trsor duIVe Reich ; ses valuations restent extrmement prudentes.

    Ne citons dabord que les principales rserves en numraires et en joyaux.Otto Skorzeny lhomme qui enleva Mussolini a immerg dans le lacde plitz vingt-

    deux caisses blindes contenant chacune vingt lingots de 2,4 kg chacun, soit au total de 960kilos dor.

    Le gnral Fabjunke cacha dans une rgion sauvage des Balkans une masse de numrairemtallique value dix millions de rancs actuels (un milliard de rancs anciens).

    Le colonel S.S. Joseph Spacil a immerg dans le lac dAltan trois gros camions remplis dor,ce qui reprsente une charge de quinze tonnes, pour le moins, de mtal jaune. Deux caissesblindes (trs lourdes) pleines dor sont dissimules dans les pics quasi inaccessibles des Alpesbavaroises, du secteur de Bad-Aussee. Le Fhrer des S.S. magyars, Ferencz Skalasi, terminedes jours paisibles en Rpublique argentine. Lui seul sait o il a enoui ou mur le stockdor de la Banque nationale de Hongrie ainsi que les regalia des rois de Hongrie, dont lacouronne de Saint-Etienne.

    ankot, prsident du conseil du gouvernement nazi de Bulgarie, sest enui en emportant uncolossal stock dor. Son adjoint Kurt Becker a imit son exemple, mais en jetant son dvolu surun train entier duvres dart.

    Kaltenbrunner, che de la Gestapo, condamn mort au procs de Nuremberg, ut pendule 16 octobre 1946. Avant dtre arrt, il avait eu le temps denterrer dans les Alpes bavaroises,en quelque valle inaccessible, cinquante kilos de lingots dor, deux tonnes de bijoux rpartis en

    cinquante caisses, cinq autres caisses de diamants, de perles et de gemmes et une des plus bellescollections de timbres connues.

    Le mystre de Hallstatt

    Les Alpes, dans la rgion de Salzbourg, sont littralement ponctues de lacs de montagne.Certains sont bien connus des touristes et des amateurs de sport dhiver. A vol doiseau, ilsne sont gure loigns de Berchtesgaden. Dautres lacs, de moindres dimensions, mais de trsgrandes proondeurs citons plitz et Altan sont inaccessibles par route. Les sentesqui y conduisent, enneiges quatre ou cinq mois par an, ne sont utilises que par quelquesmontagnards et braconniers. Lensemble constitue une des zones les plus grandioses elles plus

    sauvages dEurope centrale.Cest l que ltat-major gnral allemand avait eu lintention decrer un rduit dultimedense. Position stratgique en principe inexpugnable, car elle est interdite au matriel desarmes modernes.

    Le choix de cette immense redoute tait excellent. Mais il navait peut-tre pas t impos pardes considrations uniquement militaires. Il est probable sinon certain quil ut conseillpar les mages de la socit occulte Tul, celle qui avait choisi le mdium Adolph Hitler, et quit du nazisme la plus puissante des socits secrtes de tous les temps.

    En eet, le site de Hallstatt joue un rle essentiel dans la mythologie nazie, et il aurait consti-tu, en quelque sorte, le donjon, le suprme reuge de ce chteau ort titanesque.

    1 Lire dansla mme collection : Lil de el-Aviv par Steve Eytan, A 263**.

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    Ce qui nous conduit une courte incursion dans la protohistoire, et dans les mythes onda-mentaux du national-socialisme.

    Selon Rosenberg, Eckart, Haushoer, les Aryens avaient dabord vcu dans une rgion voisinedu ple Nord, o rgnait un climat tempr, et qui tait le centre dune civilisation leve, alors

    que le reste de lhumanit tait plong dans la barbarie. Ce pays dnique se nommait Tul etavait le svastika pour emblme. Ses habitants taient les Aryens. Un cataclysme (sans doute unsisme) t basculer laxe des ples, et Tul devint cette zone glaciaire que nous connaissonsmaintenant. La plupart des habitants de Tul prirent, mais des survivants migrrent versle Sud, emportant avec eux leur symbole, leur organisation politique, leur civilisation. Ils serayrent un chemin soit dans des zones dsertes, soit en asservissant des peuplades inrieures.Une des principales tapes de la migration conqurante aryenne ut prcisment Hallstatt, quidevint, en quelque sorte, une Tul secondaire, rayonnant sur lEurope centrale. Les idolo-gues hitlriens, pour dendre cette hypothse, tirent argument des dcouvertes archologiquesaites Hallstatt depuis 1846 : on y a dcouvert une vaste ncropole contenant de trs nom-

    breuses armes rparties sur plusieurs sicles avant notre re. La plupart dentre elles, de grandesdimensions, sont en er. On date deHallstatt (VIIe sicle avant notre re) le premier ge du er,ayant succd aux ges du bronze.

    Des ouilles successives mirent jour des objets prouvant une culture avance, ainsi deschars de guerre quatre roues, et surtout des poteries noires, en orme de cne renvers et tron-qu dont on dcouvrit, par la suite, des chantillons analogues dans lEurope continentale.Ces trouvailles marquent la phase hallstattienne de la protohistoire occidentale.

    Juste avant la dclaration de guerre en 1939, sous limpulsion du Groupe Tul, les Alle-mands rent, en secret, de nouvelles ouilles Hallstatt. Elles urent continues durant leshostilits. Que pensait-on y dcouvrir ? Non seulement des preuves irrutables de leur origine

    polaire, mais surtout des documents, des sigles, des talismans comparables, pour ainsi dire, lAnneau des Niebelungen.

    Hallstatt est, au sud, peu de distance du lac de plitz...

    Simon Wiesenthal enquta, en 1966, dans les Alpes bavaroises [1] : Au dbut de 1945,crit-il, la rgion comptait 18 000 habitants. A la n de la guerre, il y en avait 80 000. Comptetenu du ait que quelques milliers de soldats allemands taient en stationnement Ausse, quitaient donc les 60 000 civils venus sy installer avant la chute du IIIe Reich ? Il tait de notoritpublique quil y avait parmi eux, sous de ausses identits, de nombreux nazis.

    Ds Nol 1944, des membres du parti hitlrien commencrent dy envoyer leurs amilles etdy expdier les biens et les archives pour les mettre labri.

    Vinrent aussi sy installer des collaborateurs roumains, hongrois, bulgares et slovaques.Un che de la Gestapo, Ernst Kaltenbrunner, sjourna dans Aussee.

    Le trsor personnel de Hitler

    Le trsor personnel de Hitler en aisait lhomme le plus riche du monde occidental. Dsavril 1944, Martin Borman en assura lvacuation. Lhomme de conance du Fhrer eectuades dpts considrables dans des banques suisses, argentines et brsiliennes. Les transportsmaritimes se rent sous pavillons neutres ou grce des sous-marins dun type nouveau prati-quement labri des orces allies.

    1 Lire Les assassins sont parmi nous, Editions Stock.

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    Vers le mois de juillet, Hitler arrta ces mouvements de onds. Sans doute grce sesarmes nouvelles reprenait-il conance en son destin. Mais lattentat du 20 Juillet le mit dansun tel tat de dcience psychique, de gtisme prcoce, quil laissa, sur ce point, toute initiative Borman, la seule personne en qui il eut encore conance. Les avances simultanes des Russes et

    des Anglo-Amricains, la destruction dun grand nombre des nouveaux sous-marins ne permi-rent pas de reprendre le plan primiti. Lvacuation se t sans ordre et une partie du numrairedisparut, peut-tre pill par ceux-l mmes qui en avaient la garde.

    Cependant lacti principal atteignit lAmrique du Sud.

    On a tout lieu de croire que ces transerts urent superviss par les rseaux Stille Hile (Aidesilencieuse) et Helende Hnde (Mains secourables) qui, une ois reprs par les services secretsallis, se dispersrent en apparence, mais, en ait, ressuscitrent dans le rseau ODESSA, surlequel nous reviendrons.

    Un vieillard de cinquante-cinq ans

    Le 20 juillet 1944, Hitler chappe un attentat. Autour de lui, les victimes sont nombreuses,mais il sen tire avec quelques contusions.

    Lenqute de la Gestapo tablit quune vaste conspiration sest trame aux plus hauts degrsdes tats-majors de la Wehrmacht. La rpression est impitoyable. Des suspects sont arrts parcentaines. Il sut dun soupon pour tre tortur, puis excut sauvagement. Hitler, certes, esttoujours vivant. Mais il nest plus que lombre de lui-mme.

    ous ceux qui lont approch au cours de lt 1944 saccordent pour voir un vieillard encet homme de cinquante-cinq ans dont lallure snile consterne ses collaborateurs. Dlabrementphysique, choc psychique, angoisse du rapt, tout concourt entretenir en Hitler une volont declaustration.[1]

    Dautre part, des intrigues sournoises mais agissantes opposent les S.S. et larme rgulire.Sur les deux ronts de lEst et de lOuest, la situation devient catastrophique pour l Allemagne.

    Loensive gnrale des armes sovitiques dlivre les pays baltes, la Russie blanche, la Ga-licie, la Pologne, tandis que des patriotes polonais se rendent matres de Varsovie. Les unitsallemandes subissent des pertes eroyables, et le moral des combattants est au plus bas. Le IIIeReich est envahi par la Prusse-Orientale.

    Sur le ront ranais, le dbarquement du 6 juin a permis dtablir une solide tte de pont enNormandie. Les communications sont dsorganises par des bombardements ariens. Ds le1er aot, les Allis enoncent la poche dAvranches. La Bretagne est entirement libre le 7 aot.

    Le 10 aot, reddition des Allemands de Saint-Malo.Le 15 aot, les orces ranco-amricaines des gnraux de Lattre de assigny et Patch rus-

    sissent le dbarquement de Provence. Orlans dun ct. oulouse de lautre sont librs. Le 25aot, la division Leclerc entre Paris, tandis que Cannes, Grasse, oulon sont dlivrs rapide-ment.

    La dbcle

    Le commandant en che allemand du ront de l Ouest, le marchal von Kluge, sest suicid le19 aot pour ne pas survivre une retraite qui tourne en droute. Cest le troisime marchal

    1 Lire dans la collection Jai lu leur aventure : Le dernier coup de ds de Hitlerpar Jacques Nobcourt, A 82** etLa n de Hitler par G. Boldt, A 26*.

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    limin en un mois. Rommel a t grivement bless, von Rundstedt disgraci.

    Model, un soudard incapable, remplace von Kluge. La rpression impitoyable du moindreindice de daitisme ne rend pas leur combativit aux units dmanteles.

    Donc, sur tous les ronts, les Allis avancent et une double invasion du Reich est imminente.La panique gagne les campagnes et les villes qui sont constamment bombardes, et dont certai-nes sont dtruites.

    La discorde rgne dans lentourage de Hitler. Gring sera bientt condamn mort, par unordre qui ne sera jamais pris en considration. Goebbels et Himmler sont investis de pouvoirsdictatoriaux qui, dans la situation prsente, relvent plus de lhumour noir que de la ralit.Atteint de dmence apocalyptique, Hitler perd pied avec la ralit. A des crises de dpressionsuccdent des accs dactivit brile et dsordonne. Il espre, non plus une victoire militaire,mais un succs diplomatique et entreprend des ngociations occultes ayant pour objet de ssu-rer le ront alli, qui, en eet, prsente quelques signes critiques.

    Surtout, il croit en lecacit darmes nouvelles. On prpara, malgr les bombardements, desescadrilles puissantes large rayon daction. Y aura-t-il bientt des V 3 susceptibles datteindreNew York ?

    Un document rcent, dcouvert et publi par Jacques Nobcourt, rvle que les calculs oules intuitions de Hitler ntaient, sur ce point prcis, pas entirement chimriques. Il mane deRobert Murphy, conseiller politique du SHAPE, et date daot 1944. On y lit :

    Le partage de lAllemagne sur l Elbe serait la solution la plus avorable, condition dtreadopte rapidement, car on craint que loensive sovitique ranchisse le Rhin et perce en Fran-ce, jusqu lAtlantique.

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    DE LA MAISON ROUGE AU LAC NOIR

    Des esprits lucides, en Allemagne, aussi bien dans larme que parmi les dirigeants civils, es-timaient la situation perdue, sans espoir mais redoutaient plus encore les Russes que les Anglo-Amricains. Surtout, ils estimaient quil allait, ds maintenant, prvoir laprs-daite et sauverce qui tait encore prservable.

    Cest dans cet tat desprit que le 20 aot 1944, Albert Speer, ministre de lArme-ment condamn vingt ans de dtention par le tribunal international de Nuremberg etqui sera libr en 1965 et Baldur von Schirach ancien Fhrer des Jeunesses hitl-riennes tinrent Strasbourg, lhtel de la Maison Rouge, un colloque entre les principauxcapitaines dindustrie du IIIe Reich. Parmi les participants de cette runion secrte ignoremme du Fhrer on cite Emil Kirdo, roi des charbonnages de la Ruhr, le banquierpolonais Kurt von Schrder, Georg von Schitzler, responsable de la I.G. Farben et Krupp vonBohlen.

    Autrement dit, si les militaires et les S.S. songeaient surtout cacher des trsors en num-raires et en gemmes, les industriels et les banquiers mettaient l abri les immenses richesses quereprsentait le dynamisme allemand.

    Ils savaient que, aprs les rglements de comptes invitables, la solidarit mondiale du ca-pitalisme ne manquerait pas de jouer, bon gr mal gr, en leur aveur. Ce ne ut pas le coupde boutoir de Bastogne qui modia leur optimisme raliste. Il allait sagir, essentiellement, depersuader le monde occidental que les crimes et les erreurs de lhitlrisme ne devaient, ne pou-

    vaient tre imputs au peuple allemand. Celui-ci devait prouver sa bonne volont plus queson repentir en devenant le plus ecace des associs dans la prosprit conomique com-mune, et devant lennemi commun du capitalisme : le communisme.

    De multiples contacts urent pris dans ce sens. Cest ainsi que durant le sige de Berlin,le vice-prsident de la Reichsbank, Eugen Phl, runit Ble des experts conomiques quidsignrent une centaine de nazis pour stablir ltranger, an dy crer des socits, rellesou ctives, susceptibles dabriter des capitaux allemands, de racheter des rmes allemandes etde les sauver ainsi de la mainmise des Allis. Dj Phl avait entrepos la Reichsbank destonnes dobjets prcieux vols aux dports dans les camps dextermination. Il en avait remis lacontrepartie montaire aux S.S. Jamais trace nen ut retrouve et les enquteurs de Nurembergmanqurent de curiosit sur ce point prcis.

    A la suite des runions de Strasbourg et de Ble, dnormes capitaux urent mis en lieu sr,

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    cest--dire dans des banques de pays neutres. A quoi sajouta une partie des trsors spolisdans les pays prcdemment occups. De plus, on ralisa des bnces considrables en trans-portant, en cargos, des stocks de mtaux vers anger et Beyrouth. Des armes de guerre urentcdes des pays du Moyen-Orient. Les capitaux ainsi rassembls urent cons ODESSA.

    Cette association occulte devint ainsi une des principales puissances conomiques du monde.

    De provenance Inconnue

    Un rapport du Dpartement amricain des nances numre 750 socits cres depuis1946 avec des capitaux de provenance inconnue , mais diriges par des Allemands. Ces so-cits sont rparties dans le monde entier : 112 en Espagne, 35 en urquie, 58 au Portugal, 214au Moyen-Orient, et les autres en Amrique latine. Ce qui constitue une immense rserve decapitaux dont laction pourrait tre dcisive lors dun nouveau conit mondial.

    Dj on devine une orce de pression dont les eets se ont parois sentir lors des rvolutionsde Moyen-Orient ou dAmrique du Sud.

    Les banques suisses

    Cest ainsi que les banques suisses ont conserv dans leurs rserves une grande partie despillages hitlriens. Elles ont t, durant des dcennies, labri de toutes investigations, le secretdes oprations bancaires ayant t absolu dans la Condration. Sous la pression des paysallis, cette occultation sest un peu leve, mais elle a dur assez de temps pour que les nazisprennent leurs prcautions et assent, en temps utile, des transerts. Selon lhistorien JuliusMader[1], ces comptes bloqus mais portant intrt, auraient totalis, aprs guerre, plus dunmilliard cent millions de livres sterling et seize millions de dollars USA.

    Selon La Pravda du 14-28 octobre 1963 le code des comptes nazis, la comptabilit gnrale,lorigine des onds nont pu tre vacus temps. Au moment de la reddition inopine du rduitbavarois, ces pices comptables, entasses dans des caisses plombes, auraient t prcipitesdans le lac de plitz.

    Un lac double fond

    Aucun doute ne subsiste sur les vnements tnbreux dont les eaux du lac de plitz u-rent le thtre. Quil y eut quelque chose dimmerg dans ces onds, et que ces choses ussent dune importance capitale, les aits que nous allons rappeler le prouvent.

    Une vaste opration de dragage entreprise par des spcialistes bien outills, eut lieu du 23

    octobre au 7 dcembre 1963. Malgr la comptence des techniciens, malgr la qualit du mat-riel mis en uvre, les rsultats urent dcevants. On ne put explorer que 16 % du lac, bien quesa plus grande longueur ne dpasst pas 1 800 mtres et sa largeur 400.

    On a seulement ramen au sec dix-huit caisses de aux billets de banque britanniques, quel-ques instruments si endommags quils ntaient plus identiables, et des planches destines imprimer ces billets. Rien ne valut la peine et le capital engags dans une telle entreprise.

    A quoi attribuer ce demi-chec ?

    Le ait est que le lac de plitz possde un rgime hydrographique particulier. Dabord, ilest trs proond. Et surtout il est si lon peut dire double ond : une soixantaine de m-tres au-dessous de la surace, des troncs darbres immergs ont constitu, depuis des sicles, une

    1 Des Banditen Scholz (Le trsor des bandits), 1967, R.D.A.

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    sorte de radeau ottant entre deux eaux, qui ne permet pas des plongeurs, ou des scaphan-driers datteindre le vritable ond. Le tenter cest aller au-devant dune mort atroce et certaine.

    Et pourtant, nombreuses urent les tentatives. Lacharnement des plongeurs prouve que lelac recle ou un ormidable trsor ou un secret redoutable. On ne peut sempcher dvoquer

    lanneau de la tralogie Der Ring jalousement gard par les lles du Rhin.

    Un affable matre dcole

    Bad-Aussee est une station de sport dhiver situe peu de distance de plitz. Cest danscette bourgade que, en 1952, sinstalla un pdagogue qui onda bientt une cole libre o il ac-cueillit quelques pensionnaires. Il se nommait Herr Proessor Walter Hagen. Ctait un hom-me aable, bienveillant, sympathique, dune pit exemplaire ce qui lui valut la protection duclerg catholique, puissant en Bavire du Sud.

    Il laissait entendre que, dans sa jeunesse, il avait milit sous la bannire de lAction catholi-que. Il disait la vrit. Mais il omettait de dire que son vrai nom tait Wilhelm Httl, ancienche de la section Balkans du service secret (Sicherdienst) des S.S. Il avait connu intime-ment lamiral Canaris qui lui avait con des missions dlicates dont il stait acquitt au mieux.Il bnciait, Bad-Aussee, de la sympathie de touristes amricains, avec qui il avait de longset discrets entretiens.

    La demeure de Hagen-Httl se trouvait lcart du bourg et dominait la seule route quiconduisait au lac de plitz. Il y recevait de nombreux amis, aussi aimables et discrets que lui-mme. Ils parlaient du bon vieux temps . Parmi ces visiteurs, deux urent identis par les touristes amricains.

    Et dabord, on pense avoir identi Heinrich Mller, ancien che de la Gestapo, suprieurdirect dEichmann. On le disait mort Berlin dans les derniers jours de la guerre. Sa tombe utouverte au dbut doctobre 1944 : trois cadavres y gisaient. Aucun ne correspondait au sien. Sestraces se perdirent en avril 1945. Un de ses subordonns laurait vu Moscou cinq ans plus tard,mais ce nest pas certain.

    Le balafr

    En revanche, la prsence, Bad-Aussee, vers 1963, plusieurs reprises, dun personnagehors srie, acilement identiable, Otto Skorzeny, est certaine. Comment se mprendre devantsa stature gigantesque, ses paules de lutteur, et surtout la balare qui traverse son visage de labouche loreille gauche ?

    Faut-il rappeler que Skorzeny ut une des personnalits les plus tranges, les plus ascinan-tes de la Deuxime Guerre mondiale ? Ce ut lui qui, la tte dune poigne dhommes, dlivraMussolini le 12 septembre 1943.

    Skorzeny joua aussi un rle essentiel pendant la bataille de Bastogne[1] la tte dun com-mando de parachutistes allemands revtus duniormes amricains. On voit quil tait aussicourageux que dnu de scrupules.

    La corde coupe

    Or, au dbut doctobre 1963, Otto Skorzeny ut lhte Bad-Aussee de Hagen-Httl. Ilut reconnu dune aon certaine, malgr les prcautions quil prit pour ne pas tre aperu, ne

    1 21 au 27 dcembre 1944.

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    sortant qu la nuit tombante... mais rdant sur la rive ouest la seule borde dun cheminorestier du lac de plitz.

    Le 6 octobre, en pleine nuit, arrivent trois voyageurs au bord du lac de plitz. Lenqutejudiciaire qui suivit permit de les identier ; Georg Freiberger, ancien agent des services des-

    pionnage de lamiral Canaris. Karl Schmidt et Alred Egner. Ce dernier a dix-neu ans ; il estpassionn de plonge sous-marine. Il vient de Munich. Il squipe, ajuste les bouteilles doxygne,disparait dans le lac. La corde de nylon dune centaine de mtres qui le relie la surace sagitesoudain puis casse, Egner ne reparat pas.

    Ses compagnons quittent immdiatement les rives du lac mais cest le surlendemain, 8 oc-tobre, que Georg Freiberger dclare la police la noyade ; il apporte aux autorits un morceaude la corde qui retenait Egner. Cette corde ne sest pas rompue : elle a t coupe, ainsi que ledmontre une expertise.

    Cest la vingtime victime que le lac de plitz a aite depuis 1945.

    La police bavaroise na jamais enqut que pour la orme. Elle savait bien ce que cherchaientces touristes qui choisissaient prcisment les eaux perdes du lac de plitz.

    Ce ntait plus un secret que des trsors y avaient t immergs. Non seulement de lor, desbijoux, du numraire, mais aussi le matriel qui avait permis Hitler lopration la plus machia-vlique de sa dictature : rmission de aux billets de banque par milliards de dollars et de livressterling.

    Les planches de gravures, si elles revenaient au jour, pourraient entraner des poursuites enchane aboutissant la reconnaissance des actuels nazis.

    Les faux billets

    Nous schmatiserons cette opration, car elle a t expose magistralement dans un ouvragequi parut en 1965 dans la mme collection que celui-ci [1]. Elle se nommait, en code, OperationBernhard, et ut luvre de la S.D. (Sicherdienst). Il sagissait dintoxiquer et de dsorganiserlconomie allie en y introduisant des quantits de aux billets, an de provoquer immanqua-blement leondrement de la livre et par rpercussion, du dollar.

    Ce qui t chouer lopration ? Une ois les planches prtes et le papier au point, on cona letirage aux prisonniers des camps de concentration de Mauthausen et de Sachsenhausen !

    On imagine aisment que les dports napportrent pas un zle exagr cette besogne, etquils multiplirent les retards et les sabotages.

    Nanmoins, n 1944, quelques millions de ausses livres sterling taient prtes tre lan-

    ces sur les marchs bancaires. La abrication de aux dollars devait suivre. Mais les services derenseignement allis urent alerts. De toute aon lintoxication nancire naurait pu dbuterquau printemps 1945. rop tard ! Ces billets et les planches urent engloutis dans les eaux dulac bavarois.

    Et maintenant...

    Selon le journaliste-enquteur Julius Made, certaines planches ont chapp la destruction.Selon lui, les services nanciers secrets amricains auraient dcel aux EtatsUnis 7 200 000dollars en billets de abrication nazie ou no-nazie. On en trouverait aussi, mais en moindreproportion, sur diverses places bancaires europennes, particulirement en Suisse et en Belgi-

    1 Lire dans la collection jai lu leur aventure : Naujocks, lhomme qui dclencha la guerre, par Gnter Peis, A 110*.

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    que. Ce qui explique peut-tre les dicults priodiques que connais la monnaie amricaine.Mais dvoiler la vrit risquerait de provoquer une crise de conance dont les consquencesseraient catastrophiques non seulement pour Wall Street, mais pour tout le systme montairedu groupe dollar. O sarrterait la raction en chane ?

    La filire ODESSA

    Leondrement du Reich ut. pour lAllemagne, une re apocalyptique qui se prolongea du-rant plusieurs annes. Les villes taient en ruine, les amilles disperses, lconomie ruine, lesnances inexistantes. Malgr leur msentente qui se transorma vite en hostilit les vain-queurs seorcrent de remettre un peu dordre dans un pays dont le retour une vie normaletait indispensable l quilibre europen. Chaque puissance allie agit selon des mthodes di-rentes mais sur un point au moins elles rent lunanimit : identier, arrter, condamner lesanciens suppts de Hitler. Les nazis, surtout les S.S., urent apprhends par milliers et par-qus dans des camps de concentration, avant que dtre livrs la justice.

    Le menu retin ut pris dans les nasses policires, mais la plupart des gros poissons desgrands coupables, chapprent une vigilance plus brouillonne quapplique. Et ltat de lAl-lemagne, en pleine anarchie, rendait les vasions, ou les mises labri, aises. Grce un indes-criptible chaos, il tait relativement acile de se ondre dans la masse anonyme des prisonniersde guerre ou des rugis. Cest par hasard que Heinrich Himmler se t prendre un barragetenu par larme britannique. Par hasard aussi, que Julius Streicher ut identi sous les aspectsdun artiste-peintre. Beaucoup dautres criminels parvinrent chapper aux recherches en secachant en Allemagne mme. el ut le cas dEichmann, qui vcut plusieurs mois dans un campde prisonniers, de Martin Borman, lme damne de Hitler, du Dr Mengele, le mdecin sadique,de Heinrich Mller, ce responsable de dizaines de milliers de cadavres.

    Ils y parvinrent grce des chanes dvasion constitues la hte, et dont quelques-unesseulement urent dceles par les direntes polices. Citons Die Spinne (lAraigne). Et aussiDie Schleuse (lEcluse) sur laquelle Bar-Zohar donne ces prcisions :

    Le jour de Nol 1944, plusieurs onctionnaires du ministre de la Guerre du Reich reu-rent un cadeau inattendu : de aux papiers didentit. Au dbut de 1945, des milliers dociersS.S. et dociers nazis urent leur tour munis de aux passeports, aux actes de naissance,ausses cartes didentit, aux permis de travail, tous tablis par la Gestapo et les services sp-ciaux allemands.

    Bientt, devant limmensit de la tche, ces rseaux se rvlrent insusants. Avec lespritmthodique qui est une des caractristiques de l me germanique, les anciens hitlriens crrent

    une organisation clandestine connue maintenant sous le sigle ODESSA (Organisation der S.S.Angehrigen) quon peut traduire par : Organisation des membres de la S.S.

    Si lon se rre au tmoignage dEric Erdstein[1], ODESSA avait une autre origine que celleque lui attribuent la plupart des historiens :

    ODESSA ut cre en Italie asciste quelques mois avant la chute de Mussolini. Elle avaitpour but daider les Allemands qui se trouvaient en Italie, et certains ascistes se rugier enAllemagne.

    1 Les criminels de glace, (Solar. d., 1970).

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    Curieux comits de secours

    Quoi quil en soit des origines dODESSA, voici ce que nous rvle Simon Wiesenthal qui,avec un constant courage et un air inaillible, ut et demeure lun des meilleurs chasseurs decriminels de guerre. Nul ne peut lire ses souvenirs, recueillis sous le titre Les assassins sont

    parmi nous, sans avoir le cur serr devant lvocation de tant dinamies, de crimes, dactes desadisme.

    Aprs une priode de pagaye, des comits de secours urent ociellement onds en Alle-magne pour assurer la liaison entre les inculps nazis, leurs amilles et leurs denseurs. En lesautorisant, les Allis voulurent dmontrer quils tenaient agir en justiciers, rien quen justi-ciers.

    Ociellement, ces comits nauraient d tre que des institutions de bienaisance. Or, en cedomaine, comme en tant dautres, la navet des militaires allis (et spcialement des Amri-cains) est dicilement imaginable moins quelle ne sexplique par doccultes complicits.

    On ne sera pas surpris dapprendre que, insensiblement, ces comits prirent une autre orien-tation que celle qui leur avait t impartie. Entre les prisonniers et leurs proches stablit uneabondante correspondance en apparence anodine. Certes, une censure tait institue, avec mis-sion de retenir les textes suspects, mais les censeurs urent rapidement dbords si tant estquils prissent leur tche en conscience.

    Ces lettres contenaient des messages discrets car, devant limminence de leur daite, lesresponsables nazis avaient institu des codes cryptographiques. Ainsi urent manigances denombreuses vasions, et surtout des transmissions de consignes.

    La plupart des individus arrts urent mis en libert provisoire ou dclars hors de cause :la Justice tait dborde sous lavalanche des dossiers et des dnonciations ; les militaires rpu-

    gnaient au rle de geliers qui leur tait impos ; les aux tmoignages dcharge abondaient...Que devenait le libr, ou labsous, ds sa sortie des camps ? Il tait pris en charge par undlgu dODESSA, alert de longue date, qui lui ournissait des subsides, un aux tat civil,un domicile discret.

    Surtout ODESSA lui permettait de bncier dune dnitive impunit en lexpdiant versdes cieux plus clments o il pouvait reaire sa vie en compagnie de rres darmes ou de sym-pathisants.

    Die Spinne, die Schleuse avaient, auparavant, jalonn un axe de uite allant de Brme Bari.Mais, rapidement, cette route devint impraticable. Des justiciers juis lventrent. Il allut adop-ter dautres itinraires. Prparer ces voies dvasion, les jalonner dtapes, les abriter contre tou-

    tes indiscrtions, telles urent les tches auxquelles se voua ODESSA, et quelle mena bien.Cest ainsi que ODESSA utilisa deux itinraires principaux : lun de Brme Rome ; lautre

    de Brme Gnes.

    Primitivement, ltat-major dODESSA sigeait Augsbourg. Ds 1947, il jugea plus pru-dent de se transporter en Rpublique argentine. Cest alors que son rseau europen se perec-tionna. ous les vingt cinquante kilomtres, tait tabli un relais de trois cinq sdentaires,qui navaient connaissance que des relais prcdant immdiatement le leur, ou lui succdant. Cesrelais (Anlaustellen)jalonnaient la rontire austro-allemande, particulirement Ostermietingen Haute-Autriche, Zell-am-See prs de Salzbourg, et Innsbrck, dans le yrol.

    Pour recruter des messagers et aciliter leur mission, ODESSA usa des procds les plus

    ingnieux.

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    A lombre des Stars and Stripes

    Ils utilisaient nous apprend Simon Wiesenthal des chaueurs de camion allemandsau service des Amricains qui, sur lautoroute Munich-Salzbourg, transportaient Te Stars andStripes,journal des G.I.s. Ces messagers avaient sollicit des emplois de camionneur sous des

    noms demprunt et les Amricains navaient procd qu de supercielles vrications ; jamaisles M.P. ne ouillrent les camions, et bien souvent un ou plusieurs ugitis taient dissimulsderrire les piles des Stars and Stripes.

    Cest ainsi que les vads atteignaient, sans encombre, les Anlaustellen, qui taient camou-s dans des zones dsertiques : auberge discrte, erme isole, pavillon de chasse ; le S.S. enrupture de ban sy reposait quelques heures ou quelques jours jusqu ceque la route conduisant la prochaine tape t sre.

    Il tait interdit aux civils de se dplacer dans les zones doccupation militaire sans laissez-passer mais les spcialistes dODESSA en imprimaient dapocryphes paraitement imits.

    Les rontires allemande, suisse, autrichienne, ranaise se rencontrent dans la zone marquepar les valles de Bregenz et de Lindau. On ne pouvait esprer meilleur champ de uite. Uneois parvenus en Suisse, grce de aux passeports, les anciens S.S. gagnaient tranquillementZurich ou Genve, o les avions des lignes rgulires les transportaient, sans encombre, verslune des terres dasile : le Proche-Orient ou lAmrique du Sud.

    Un certain Haddad Sad nazi naturalis iranien leur avait remis, au dpart, un im-portant viatique, et toutes les instructions ncessaires. Wiesenthal dcouvrit lidentit de cetOriental : il se nommait, en ralit, le Hauptsturmhrer Franz Rstel.

    Rstel acheminait aussi des amis personnels vers la Costa Brava o limpunit tait aussicertaine quen Argentine, et o, labri de tous soucis, les anciens bourreaux mnent une exis-

    tence paisible, dans un paysage enchanteur.ODESSA trouva aussi des complicits inattendues parmi des religieux ranciscains ! Ceux-ci accueillirent tous ceux qui venaient se mettre sous leur protection, sans leur poser de ques-tions indiscrtes. Ils taient charitables avec les S.S. comme ils lavaient t avec les juis per-scuts, selon le prcepte vanglique : Que ta main gauche ignore ce qua donn ta maindroite. ODESSA ne se borna pas aire vader des criminels de guerre et leur permettre demener dsormais une existence sans alas. En eet, au bout de quelques annes, au plus tard en1950, cette premire mission ut termine, la satisaction de tous ceux qui en avaient t lespromoteurs ou les bnciaires.

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    LINTERNATIONALE NOIRE DE MALM

    La socit secrte et occultiste Tul devint, tout de suite aprs la guerre de 1918, le levainde lhitlrisme. Parmi ses alis elle comptera Rudolph Hess, Gring, Himmler, et ce ut ellequi choisit Hitler [1].

    Ociellement, Tul disparut pendant la dbcle de 1945. Mais les socits secrtes sontprotiormes, et nous avons de bonnes raisons de croire que Tul resurgit grce des associa-tions occultes rpandues dans toute lAllemagne drale, et surtout dans les colonies germani-ques dAmrique du Sud.

    Cest en 1947 que lObergruppenhrer Hans Mller onda une association initiatique danslintention de perptuer les principes du IIIe Reich. Cette association runit des militants peu

    nombreux, mais anatiss, cadres dautres groupes nazis : le Franc-Ordre comporte cinq degrsdinitiation : volontaires, rgnants, pairs, chevaliers, porte-glaives. Les preuves, trs dures, par-ois mortelles, sont calques sur celles que subissaient les S.S. dans les centres delOrdre Noir.Hitlerjugend, S.S. S.A., se sont retrouvs dans le sein des divers chapitres du Franc-Ordre. Ilsaccueillaient rarement et malaisment ceux qui navaient pas t membres du parti national-socialiste, avant et aprs la Seconde Guerre mondiale. Les annes ont pass. Faute dun sangnouveau, le Franc-Ordre steint. Ses membres, de dynamiques, deviennent nostalgiques. Cesont, maintenant, de romantiques burgraves.

    Bien dirents, et autrement virulents, sont les Chevaliers de Posidon, qui se recrutent parmila jeunesse non seulement allemande, mais internationale, de race aryenne bien entendu. Le

    rituel des Chevaliers de Posidon est inspir par la tralogie de Richard Wagner, et la Queste duGraal de Wolram dEschenbach. On choisit des hironymes emprunts ces uvres : Parsial,Gauvain, Siegried. Les emmes sont admises et jouent les Walkyries. Ce ne sont pas les moinsexcites contre les races inrieures , spcialement les Noirs et les juis.

    Ce sont les survivants du Franc-Ordre, et les nouvelles gnrations des Chevaliers de Posidonqui ont pris linitiative des runions de Malm.

    Ville et port de Malm

    Peuple de 250 000 habitants, Malm est une des plus importantes cits de la Sude m-ridionale. Grand port de commerce reli par une ligne de erry-boats Copenhague, distant

    1 Lire dans Jai Lu lAventure Mystrieuse, Le nazisme, socit secrte. de Werner Gerson, A 267**.

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    de vingt-cinq kilomtres, est la ois la porte de la Scandinavie et la capitale conomique de laSude mridionale, che-lieu de la province (ln) de Malmohus.

    Cest, depuis une trentaine dannes, le centre de la toile daraigne que les nazis tissent surlAncien et le Nouveau Monde... La ville a t admirablement choisie. Dabord parce que les

    communications y sont nombreuses et aciles, aussi bien par mer que par terre. Ensuite parcequelle est situe dans un pays diplomatiquement neutre, o les demandes dextradition seraientautomatiquement rejetes.

    Enn, surtout, parce quune grande partie de l intelligentsia sudoise est gagne lidologie aryenne . Selon les critres biologiques tablis par Rosenberg et Dietrich Eckart, le Sudois-type correspond plus souvent que lAllemand la dnition de lAryen : grand, blond, lesyeux clairs, dolichocphale, la musculature puissante, mais lance.

    Le mythe de la mystrieuse Tul, berceau protohistorique de la race aryenne, la suprmatiede la race blanche, le mpris du Smite, le cousinage ethnique du Scandinave et du Germainurent proclams en Sude et en Norvge bien avant que le nom de Hitler y ut connu. Les

    premiers aryanoltres Gobineau, Chamberlain, rencontrrent, en Scandinavie, un accueil en-thousiaste, avant dtre prophtes en Allemagne. Il y eutdes rapports troits entre les groupesTul et Edelweiss, celui-ci tant anim par des Scandinaves. Rappelons que Gring ut initi Edelweiss sur les instances de sa premire emme, Karin von Kantzow, ne von Fock, descen-dante dillustres lignes baltes et sudoises.

    Lexplorateur Sven Hedin

    Laptre de laryanisme enSude ut lexplorateur Sven Hedin, personnage nigmatique qui toute la Sude garde une vnration proonde : cest un hros national du XXe sicle. Ilt de longs sjours au urkestan, en Mongolie, et surtout au ibet ; ses relations de voyage le

    classent parmi les grands crivains comme parmi les meilleurs ethnologues et gographes. Maisses crits et ses communications ne rvlent quune partie de ses investigations. En ait, il tablitune liaison occulte entre des socits secrtes dAsie centrale et des socits initiatiques dEu-rope centrale. En particulier ce ut lui qui attira lattention des Allemands sur le sens magiquedu svastika.

    Au sens le plus prcis de ce terme, Sven Hedin ut un grand initi. On la dit converti aubouddhisme, comme le baron balte Ungern von Sternberg, aventurier de gnie qui se tailla,durant quelques annes, un Etat indpendant dans le Sin-Kiang, et dont les drapeaux taienttimbrs du svastika, mais dun svastika tournant dans le sens oppos celui de la croix gam-me hitlrienne [1]. Plus encore que Stockholm, Maline rend un vritable culte Sven Hedin.

    Louragan dindignation anti-nazie qui clata ds que lopinion mondiale apprit lexistencedes camps de la mort contraignit les groupuscules hitlriens la plus grande prudence. Le pro-cs de Nuremberg accentua encore leur angoisse.

    Puis, danne en anne, ces survivants reprirent conance, non seulement dans leur proprepuissance, mais aussi dans la mansutude pour ne pas dire la stupidit de la plupart deleurs adversaires. Discrtement, ils rtablirent entre eux des liaisons actives ; ceux dEuropeurent pcuniairement soutenus par les rugis dAmrique du Sud. Dans les groupes semi-clandestins, il aut citer, parmi les mieux structurs, le Movinzento Soziale Italian(M.S.I.) quirunissait des nostalgiques du ascisme. Le M.S.I. prit linitiative dun congrs noir , qui setint Rome en dcembre 1950. Les rsultats en urent dcevants, tant restait vivace lopposi-

    1 Lire Btes, hommes et dieux de Ferdinand Ossendovski, LAventure Mystrieuse, A 202*.

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    tion, pour ne pas dire la rancur, entre nationaux-socialistes et ascistes italiens. On se sparasans avoir pris de rsolutions constructives.

    Parmi les participants ce congrs rat guraient lAllemand Karl-Heinz Priester et un Su-dois, luniversitaire Per Engdhal. Loin dtre dcourags par cet chec aisment prvisible, ils

    dcidrent de prparer, pour lanne suivante, Malm, un nouveau congrs. Celui-ci, bien or-ganis, ut une russite. Cest Malm, en 1951, que ut cre linternationale Noire, dont le titreociel est Mouvement Social Europen. Des commissions permanentes urent lues. DepuisMalm reste le sige central du no-nazisme.

    Quinze pays reprsents

    Quinze pays urent reprsents par une cinquantaine dassociations. [1] Les sympathisantsdAmrique du Sud assumrent les rais de voyage et de sjour. Lorganisation, qui ut excellente,tait assure par la Nysvenska Roselsen dont le directeur est Per Engdhal. Elle ut assiste parla Skandinavisk Vaen Kapperhum. La premire sance ut consacre llection dun comit

    directeur, charg non seulement de lecacit du Congrs, mais de lexcution des mesures quiseraient approuves. Ce comit tait compos de :

    Maurice Bardche (France) ;Heinz Priester (Hitlerjugend) ;Hans hler (Sude) ;Arthur Kilsen (Danemark) ;Fritz Rssler (Danemark).

    Arrtons-nous un instant sur la personnalit de Maurice Bardche, parent de RobertBrasillach[2] et crivain de talent. Selon lexpression de Jean Plumyne et Raymond Lasierra,hommes de gauche, Bardche est le plus asciste des Franais . En tout cas on ne peut lui

    dnier le courage dacher ses opinions.Le congrs de Malm permit de dgager deux courants de pense parmi ses participants,

    courants marqus par la dirence de mentalit entre gnrations. Les vieux , parmi lesquelson rangera Bardche, restant nostalgiques du pass, mais peu actis. Les jeunes rvant dac-tion directe et immdiate ; certains allant jusqu reprocher Hitler davoir t trop mou .Cette tendance ut exprime, avec quelle vhmence, par Colin Jordan (Grande-Bretagne) etRockwell (USA.) Cependant on se mit daccord en adoptant les statuts et les modalits dac-tion du Mouvement Social Europen (M.S.E.) plus connu comme tant lInternationale Noire deMalm.

    Deux couvertures

    Dans les sances ocielles, o la presse ut admise, les congressistes adoptrent deux cou-

    1 En France, les socits et partis politiques plus ou moins autoritaires pullulent, se orment et se reorment, sehassent ou sallient. Ils laissent, leur dsespoir, la grande masse de la population indirente ou hostile.Ils runissent des anatiques, des nigauds, et ort probablement autant dagents provocateurs que dindicateursdes Renseignements gnraux. Citons, parmi ces groupuscules dextrme-droite, les nostalgiques de lO.A.S. Occi-dent, Ordre Nouveau.Jen passe et des meilleurs.A proprement parler, ils nentrent pas dans le cadre de cette tude : en eet, sils ne cachent pas leur sympathiepour un renouveau du ascisme litalienne, aucun ne se rre aux dogmes du nazisme.Ils ne prnent pas la puret du sang, la suprmatie de la race aryenne, lantismitisme, et cest pourquoi ils nont

    pas t cits dans les pages qui prcdent celles-ci.2 Fusill en 1945.

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    vertures . Dabord celle dune entraide eective entre anciens militants et les veuves, orphelins,prisonniers de ceux qui taient tombs au combat ou avaient t condamns. Comme le remar-que pertinemment Jacques Delarue : Il peut paratre trange que les enants des S.S. aientencore besoin de layettes et de biberons.

    La seconde couverture , Maurice Bardche lui donna orme lors dune interview quilaccorda au Charivari :

    Nos bases doctrinales, audacieuses peut-tre lpoque, semblent aujourdhui bien ba-nales. Nous armions que, sur le plan politique, lavenir de lEurope ne rsidait ni dans laploutocratie apporte par les Amricains ni dans le communisme ondamentalement contraire lesprit europen. Nous disions que lEurope devait devenir une puissance unie, indpendantede Moscou comme de Washington, et que les pays europens devaient se donner les moyensde constituer une orce conomique et militaire commune. Nous prenions parti pour une sortede socialisme dpassant la thorie marxiste, et susceptible dinspirer une nouvelle expriencecorporatiste claire par le socialisme sudois. Les sances staient droules dans le calme, et

    les congressistes navaient gure attir lattention sur eux. Mais, gagns sans doute par la vrecollective qui animait les grandes assembles hitlriennes, aprs la sance de clture. eut lieuun dl dans les principales artres de Malm. Dl dun ordre impeccable, mais dont lesparticipants arborrent des insignes et des uniormes rappelant lhitlrisme. La presse, crite,cinmatographique et radiophonique en t des comptes rendus que les agences internationalesdiusrent dans le monde entier. Au micro de la BBC, Per Engdhal pronona une dclarationdont le moins quon puisse dire est quelle tait imprudente. Les Sudois, gens calmes dequelque opinion quils ussent trouvrent que la maniestation tait dplace, et que cestrangers abusaient de leur stricte neutralit.

    Les congrs qui se succdrentDans ces conditions, les organisateurs, prudemment, dcidrent que les prochains congrs

    se tiendraient huis clos, que les travaux se drouleraient dans la discrtion, pour ne pas direla clandestinit. Les annes suivantes, il y eut des rassemblements Berne, Wiesbaden, Luxem-bourg. Vienne, etc., puis dans des villes sympathisantes dAmrique du Sud.

    Non seulement la presse nen est pas inorme, mais le public les ignore... et la police ermeles yeux. Les dlgus se masquent en paisibles touristes.

    Au printemps 1961, Madrid, se sont concerts les animateurs de la raction la plus acti-viste de Malm. On citera Degrelle, Rudel et Skorzeny, cet extraordinaire condottiere. Quil yait eu des prises de contact entre ces personnages et le che Royo de la division Azul nest pas

    contestable. Otto Skorzeny est lauteur dun livre de souvenirs qui ne manque pas dintrt :Notre combat et notre daite.

    Quelques groupes activistes

    Parmi les groupes qui ont t reprsents dans les dirents congrs, Malm et les annessuivantes, retenons :

    En Allemagne, le Sozial-Reich Partei anim par Otto Ernst Remer. Il a t interdit dans lesLnder de la Rpublique drale, mais ses lments se sont regroups dans le Deutsche NationalPartei.

    En Autriche rside le Belge Robert Jan Verbelen, qui a adopt le pseudonyme de Jean Marair.Il ne semble pas que sa propagande soit trs ecace.

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    Plus dynamique est le Sozial Organische Ordnung Bewegung Europa (S.O.O.B.E.) qui, en1959, organisa un congrs Vienne. Il groupe des nostalgiques de lAnschluss.

    Au Danemark, lancien S.S. Wagner Christensen mne son action sous le couvert dun Coursde biologie sociale qui est appuy par le journal Fredrelandet. Il est second par Sven Salicath.

    En Finlande, le Svomrn Sociallinen Liike a pour dirigeant Silanp.En Suisse, depuis 1956, Gaston-Armand-Guy Amandruz dirige le Nouvel Ordre Europen,

    qui a eu des liaisons avec lO.A.S. de la guerre dAlgrie.

    LUnion des citoyens suisses pour la plus grande Allemagne, Ble, dispose dun journal depropagande, Die Neue Politik.

    Le problme irlandais

    Cest en Irlande que la situation est la plus critique. Des socits industrielles, originairesdAmrique du Sud, y ont achet de vastes terrains, o elles ont implant des industries qui ont

    prospr, et ont rsorb une partie du chmage endmique dans lEire, et renou les nancesde lEtat.

    Or, certains de ces holdings sont, en ait, des organismes nationaux-socialistes qui disposentdnormes capitaux provenant des spoliations commises, durant la guerre, en Europe. Sous lecouvert dassurer des cadres qualis, les nazis dAmrique du Sud ont group en Irlande unegrande partie de la gnration post-hitlrienne. Dans les landes dsertiques de lErin ces no-phytes S.S. suivent un entranement Intensi, aussi bien militaire que psychologique. Ils consti-tueraient, quand le moment semblerait propice leurs ches, le er de lance dune action derevanche en Europe occidentale. Ils allumeraient lincendie que les autres groupes de mmeesprit propageraient dans les Etats dmocratiques.

    Le gouvernement irlandais laisse aire, dans lincapacit o il est derprimer sans compro-mettre son quilibre conomique prcaire. Situation paradoxale dans la plus chrtienne desnations, celle o le catholicisme est religion dEtat.

    Le catharisme se fourvoie

    Laction de lInternationale Noire a pris, dans le sud-ouest de la France, un caractre surpre-nant. Le catharisme y survit, malgr les atroces perscutions catholiques du temps de Louis IX,dit Saint-Louis. Il anime plusieurs Eglises et socits initiatiques se rclamant de lidal des Paraits albigeois, ces hommes purs, chastes, qui proscrivaient toute violence, jusquau meur-tre des animaux. On voit mal par quel raisonnement des no-cathares peuvent sallier avec les

    descendants des promoteurs du gnocide !Lcrivain Saint-Loup est un ancien de la L.V.F. Ses livres sont des tmoignages de sa vie

    lombre du svastika. Sa sincrit ne peut tre mise en doute quelles que soient les divergencesdopinion. Or, dans le Charivari, au cours dune interview, il donne des dtails prcis, vcus,sur lactuelle collusion hitlro-cathare, et sur lexistence dun Ordre secret des Aryens, auquel il aconsacr dailleurs un livre : Les nouveaux cathares de Montsgur.

    Vers 1932, explique-t-il, lune des premires personnes de l poque moderne se penchersur les questions occitanes ut lcrivain allemand Otto Rhan. National-socialiste avant la lettre,imbib pourtant dun certain christianisme, Otto Rhan cherchait le Graal dans les grottes deSabarthez. Ses recherches se sont poursuivies longtemps. Et puis Rhan est rentr en Allemagne

    et, quelque temps plus tard, on la retrouv Obersturmhrer dans lAllemagne S.S. Ce qui ne la

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    pas empch de revenir en France, en 1937, pour y continuer ses travaux.

    Les ouilles de Rhan se ondaient sur une phrase de Wolram dEschenbach qui dnissaitle secret du Graal comme des tablettes de pierre grave dcritures paennes , cest--diredcriture runique. La question se pose donc de savoir si les nationaux-socialistes sont parvenus

    mettre la main sur le trsor du Graal, sur le vieux secret aryen dont les Cathares de Montsgurauraient t les dtenteurs, sans y rien comprendre car est-il philosophie plus oppose auxtraditions europennes que la leur ?

    Or, il sest pass une chose tonnante. Les deux personnes qui en urent les tmoins avaientdcid de clbrer Montsgur, le 16 mars 1944, le 700 e anniversaire de la daite des Cathares.Ils staient donc rendus sur place, en dpit de linterdiction ormelle qui leur avait t signiepar les Allemands, et ils ont vu arriver un petit avion qui, ayant allum un umigne au-dessusdeux, a brusquement dessin dans le ciel une immense croix celtique juste laplomb de Mont-sgur. Depuis, on a appris que cest Rosenberg lui-mme qui devait tre le passager de cet avion.Il en t empch par une attaque de la R.A.F. sur la rgion de oulouse, qui interdit lappareil

    venant dAllemagne de se poser. Rosenberg serait revenu peu aprs sur les lieux. Les ameuses tablettes runiques auraient

    t trouves. tait-ce le Graal ? Daprs ce que jai appris, ce nest pas dans les grottes de Sabar-thez quelles auraient t dcouvertes, mais prs du col de La Peyre.

    Voici la conclusion de Saint-Loup :

    Nul ne saura sans doute le n mot de lhistoire. Mais si les S.S. urent les derniers dten-teurs du Graal aryen, alors le ait illustre la survivance du national-socialisme son chelon leplus lev.

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    LE N.P.D.

    Dans lAllemagne de lOuest, lAllemagne drale, le nazisme ne sest pas teint. Jusquen1964, il a couv sous la cendre. Mais cette date, il sest rallum sous le couvert dun nouveauparti politique, le Deutsche National Partei.

    Cinq annes plus tard nous verrons dans quelles conditions le N.P.D. a cess daron-ter, au grand jour, les lections et de tenir des runions publiques. Il est devenu une associationdiscrte, que sa clandestinit ne rend que plus dangereuse car elle lui accorde laurole de laperscution.

    Souvenons-nous que cest dans les mmes conditions que Hitler, aprs lchec du putsch deMunich, remporta, un triomphe crasant.

    Naissance Hanovre

    Le N.P.D. est n Hanovre le 28 novembre 1964. Il a pris la suite du D.R.P. (DeutschlandsReichspartei : Parti allemand du Reich), dont le caractre nazi tait trop vident.

    La base de son recrutement a t ournie par les cent treize organisations nonazies alorsrecenses en Allemagne drale.

    Ces organisations sont, en ait, des groupuscules dont certains natteignent pas cent mem-bres et dont les plus importants dpassent dicilement un millier de personnes. Pourtant, ilsditent des journaux qui ont une large diusion. Le plus important est le Deutsche Nationalund Soldaten Zeitung, qui tire environ cent vingt mille exemplaires. Sept cents congressistes,

    membres ou sympathisants de ormation, nostalgiques du nazisme, rassembls Hanovre, ontrpondu une invitation, largement diuse sur tout le territoire allemand de lOuest par uncomit dorganisation qui se xait pour but dunier ce secteur de l opinion jusqualors divis ende multiples groupes rivaux. 473 participants approuvent les statuts qui leur sont proposs.

    Il ny a pas de mauvaise publicit

    Quelques mois plus tard le N.P.D. compte vingt-cinq mille membres inscrits et des centai-nes de milliers de sympathisants, ainsi que des adversaires arouches dailleurs. Ce sont ceux-ciqui, involontairement, lui ont ait la meilleure publicit.

    Le congrs inaugural de Hanovre a vivement inquit les correspondants de presse qui yont assist. Ils ont t rapps par la virulence des discours, par la nostalgie, non dguise, du

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    nazisme, par les cris Heil ! Heil !voquant les rassemblements de Nuremberg. Les journaux detoute lEurope ont t alerts. Ainsi Le Monde titre Retour de amme en Allemagne Faut-ilconclure que les bubons dune nouvelle peste brune sont apparus en Allemagne ?

    Le nouveau parti bncie largement de cette contrepublicit. Le N.P.D., crit le Charivari,

    attire les mcontents, les jeunes de ceux qui ne se sont pas satisaits du miracle allemand .A la veille des lections gnrales de septembre 1965. le N.P.D. dispose dun organe heb-

    domadaire, hrit de lun des groupes qui lont rejoint, le Reichsru, qui devient le Deutsche Na-chrichten. Il dcide de participer la bataille lectorale ; il prsente 247 candidats dans 248 cir-conscriptions de la Rpublique drale. Aux yeux de lobservateur superciel, les 2,1% obtenusle 19 septembre par lensemble de ses candidats paraissent drisoires.

    Cest oublier que le N.P.D. ne se aisait gure dillusions sur le nombre de voix quil allait

    recueillir. Mais prsent partout, il est dsormais connu partout. Il a ranchi le pas qui sparelepetit groupe vellitaire du parti politique authentique.

    Les lections municipales de Bavire et du Holstein, en mars suivant, ne ont donc queconrmer lecacit de cette stratgie.

    Aussi, en 1965, un congrs dral attire-t-il Munich des dizaines de milliers dauditeurs.Un orateur, ollement applaudi, prdit :

    Un nouveau chapitre de lhistoire allemande vient de souvrir et vous y avez assist.

    Puis dix mille partisans, dans la salle, se mettent au garde--vous et entonnent le Deuts-chland ber alles.

    La doctrine

    Quelle est la doctrine du N.P.D. ?

    Premirement, un antiparlementarisme virulent. Le parti veut aire renatre le mythe de lhomme ort . Sur le plan conomique et social, trois schmas se dgagent :

    Louvrier allemand ne doit pas cder son emploi un travailleur tranger. Les trangers1.ne doivent pas travailler en Allemagne si des Allemands sont en chmage.Suppression de laide aux pays lointains, cessation des rparations attribues aux juis et2.des versements Isral.En politique trangre : retour la patrie de tous les territoires de sang et de langue alle-3.mands (Alsace comprise ?) et construction dune Europe anti-communiste.

    Voici aussi un thme du N.P.D. : le rtablissement de la vrit historique .

    Pour savoir cequil y a derrire cette ormule, citons lun des orateurs, le Dr Stkicht :

    Nous navons pas invent les camps de concentration et ne voulons pas tre chtis pourcela. Il ne aut pas oublier leur valeur ducative : de communistes et de marxistes, ils ont ait debons Allemands... Le Parti Nationaliste-Socialiste Allemand a t ond pour arracher lAlle-magne au marasme. Si la guerre a t perdue, cest la aute de lennemi intrieur et de la juiverieinternationale. LAllemagne nationale-socialiste na jamais commis de crimes. Les Waen S.S.taient de bons soldats...

    Le Deutsche National Zeitungproclame quil aut en nir avec la lgende invente par lesjuis .

    Citons galement un manieste du N.P.D. :

    ant que les pres sont ouvertement et impunment traits de criminels, les enants nepeuvent tre de bons soldats.

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    Adolf numro 2

    Ce congrs conrme et renorce la structure du N.P.D. Elle est analogue celle de lancienparti national-socialiste en ses dbuts : la ois hirarchique et draliste, avec des responsableschoisis et non lus, dous de pouvoirs absolus.

    Le comit directeur comprend dix-huit membres, dont six seulement nappartenaient pas,avant la daite, au parti hitlrien. Parmi les plus marqus , et les plus inuents, citons Maier-dorn, ancien directeur ducati des Hitlerjugend et Waldemar Schtz, Hauptsturmhrer (chede commando) de S.S.

    La direction suprme revenait alors Adol von Tadden.

    Grand et massi, le cheveu gris soigneusement plaqu, il a le visage rougeaud et les pochessous les yeux du viveur en n de carrire. Ocier dartillerie durant la guerre, Il descend duneamille de Junkers prussiens. Ses adversaires le nomment Adol Numro 2.

    Il na pas le magntisme lucirien de son homonyme de sinistre mmoire. Cest un bon

    orateur, sans plus ; te manires sont aables, mme avec les opposants ; cest surtout un habilediplomate et un excellent organisateur, qui assure dune main erme la direction de la pressede son parti. Il a eu lhabilet de se contenter de la vice-prsidence, conant la prsidence un brillant second , Fritz Tielen, personnage impulsi et alot.

    Le congrs de Karlsruhe

    Les 17 et 18 juin 1953, Berlin-Est stait soulev contre loccupation russe. Pour lanniver-saire de cet vnement tragique, le N.P.D. tint, en 1966, Karlsruhe, son congrs annuel.

    Ce ut un triomphe. La Schwarzwaldhalle (le hall de la Fort Noire) ut trop petite pour abri-ter adhrents et partisans. Les discours urent ponctus dapplaudissements prolongs. A pleine

    voix, on entonna le Deutschland ber alles et lhymne hitlrien Horst Wessel Lied.Voici lessentiel de la motion de clture :

    La politique prsente sest montre incapable de mettre un terme la partition de lAlle-magne voulue par les vainqueurs de la Deuxime Guerre mondiale. Lintgration progressivede lAllemagne de lOuest dans une unit atlantique et la soumission de lAllemagne de lEst la dictature sovitique menacent dterniser le partage de lAllemagne et de lEurope... Lespuissances trangres qui dominent les peuples europens maintiennent, en commun accord, lapartition de lAllemagne et de lEurope dans leur propre intrt politique... Lunit et la libertne sont possibles que dans une Europe indpendante, capable de protger son indpendancepar un armement susant... La prdominance des puissances mondiales doit tre remplace

    par la volont libre des peuples europens. En ce qui concerne la politique intrieure, le N.P.D.publie une enqute selon laquelle, dans la Bundeswehr 20 % des recrues sont satisaites dtrenes allemandes 80 % auraient prr natre en Suisse, en Sude ou aux Etats-Unis.

    Enn, le congrs de Karlsruhe conrma la direction du parti. Fritz Tielen est rlu prsi-dent, Adol von Tadden, vice-prsident, ainsi que Florian Violer et Wilhem Gutmann.

    Rsultats lectoraux

    Les lections donnrent au N.P.D. des rsultats inquitants pour la paix du monde, rappe-lant ceux qui avaient annonc la victoire totale du national-socialisme :

    2,3 % des voix ont t obtenues en septembre 1965, lors des lections au Bundestag, 45/5,en mars 1966, aux lections municipales de Bavire et de Schleswig Holstein. Ces 4 % repr-

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    sentent cent deux lus, dont quatre maires. Les plus orts pourcentages sont atteints dans lespetites villes et les villages. Dans plusieurs communes, ces votes ont dpass 50 % des suragesexprims ; dans lun deux ils ont atteint 92 %. Nuremberg a donn au N.P.D. 7,3 % et Bayreuth8,3 % des voix.

    Aux deux lections de Hesse et de Bavire, le pourcentage a encore augment : 7,7 % et 7,4% pour lensemble de chacun de ces Lnder.

    Dautres chires prcisent linquitude des partis centristes en Allemagne, et ont l objet decommentaires alarmistes dans les chancelleries :

    A Brme, le 1er octobre 1967, 8,8 % des surages. En mai 1968, 9,8 % des voix en Bade-Wrtenberg, ce qui amne sept dputs N.P.D. aux Parlements provinciaux.

    Adol von Tadden senhardit jusqu proposer une alliance la C.D.U. (chrtiens dmo-crates) sur le slogan lAllemagne aux Allemands . Circonspects, les dirigeants de la C.D.U.reusent.

    Mais, lors des lections prsidentielles de 1969, la N.P.D. remportera, sur le plan parlemen-taire, un indiscutable succs tactique, bien que le parti soit agit par une grave crise intrieure.

    C.D.U. et C.S.U.[1] se sont ligus le 5 mars 1969, Berlin, avec les no-nazis du N.P.D. enaveur de G. Schrder, candidat malheureux la prsidence de la Rpublique.

    Ce nest pas pour dplaire au N.P.D. que C.D.U. et C.S.U. seorcent ensuite de aire lim-passe parlementaire sur la loi de non-prescription des crimes de guerre, adopte pourtant encabinet... La loi dnitive, promulgue le 26 juin, ne xe de limites la prescription que pour leseul crime de gnocide. Dans les autres cas, elle est proroge de vingt trente ans.

    Deux interviews

    Conscients et satisaits des remous internationaux quils causent, les dirigeants duN.P.D. accordent de nombreuses interviews la presse non germanique. Cest ainsi quon a ludans Paris-Match du 3 dcembre 1966, cette dclaration de von Tadden :

    En ce qui concerne les rontires de lOuest, jai dj arm que pour nous le problmeavait t rgl par les accords de Locarno, par lesquels la Rpublique de Weimar conrma li-brement, six ans aprs le trait de Versailles, quelle renonait lAlsace-Lorraine. Cest notreposition, nous du N.P.D., et nous nen changerons pas [2]. A lOuest par consquent, nous nedemandons rien. A lEst, en revanche, nous demandons tout ce quon nous a pris. Mais nous nevoulons pas lobtenir grce un accord avec les Russes. Nous pensons que les troupes amricai-nes doivent quitter lAllemagne. Nous estimons, en eet, que la protection nuclaire amricaine

    est inutile et que la protection nuclaire ranaise sut pour tenir les Russes en respect. Adol N 2 cone lhebdomadaire belge Spcial du 27 novembre 1968 :

    Daucuns stonnent que le programme de votre parti ne asse aucune allusion au problmejui. Quelle est son attitude envers les juis allemands aujourdhui ?

    Actuellement, il y a environ 35 000 juis en Allemagne occidentale. On peut donc dicile-ment parler de problme en ce qui les concerne. Quant savoir pourquoi le programme duparti ne les mentionne pas, vous pouvez aussi bien demander pourquoi il ne ait nulle mentiondes tziganes, des olk-dancers ou de ceux qui pratiquent le canotage.

    1 CDU : chrtiens dmocrates. CSU : chrtiens sociaux.2 Ce qui est contraire de prcdentes dclarations.

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    Une opinion du Monde

    On lit, dans Le Monde du 1er mars 1967 :

    Le niveau dinstruction est gnralement plus lev chez les partisans du N.P.D. que danslensemble de la population : 11 % ont ait des tudes secondaires sanctionnes par un examendu niveau du baccalaurat (Abitur) alors que la proportion de bachelers en Allemagne estde 4%. Cette caractristique sexplique par laspect petit-bourgeois . du mouvement. Lescatgories socio-proessionnelles reprsentes dans llectorat N.P.D. accusent, en eet, uneprpondrance demploys (20 %), de petits onctionnaires (15 %), auxquels il aut ajouter ceque la classication allemande (assez imprcise) intitule : classe moyenne (26 %) : artisans,petits exploitants .

    Pas de longs couteaux

    Adol Hitler maintint, par le meurtre, lunit de son parti, en aisant massacrer Rohm et sespartisans, lors de la nuit des longs couteaux , qui marqua un tournant dcisi dans lvolutiondu nazisme (30 juin 1934).

    A mesure que croissait le nombre des adhrents, lhostilit se prcisa entre Adol von Tad-den et Fritz Tielen. Antagonisme personnel, dabord, divergences tactiques, ensuite. Il ny eutpas de nuits sanglantes lestemps en taient rvolus mais querelles et haines rciproques.La dissension couvait depuis des mois dans la direction du N.P.D. et gagnait les militants debase. On tait pour ou contre Fritz et Adol.

    Von Tadden passe lattaque. Il se ait lire, le 5 vrier 1967, prsident de la section deBasse-Saxe, Jusqualors e de Fritz Tielen, en liminant l ancien prsident Lothar Khne.

    Fritz Tielen tente de dresser la section de Basse-Saxe contre son rival. Les tribunaux, de-

    vant lesquels Il porte laaire, lui donnent raison. La Huitime chambre civile de Brme annulellection de von Tadden. Mais cette intrusion dune justice dmocratique dans les arcanes duparti ne prote pas Tielen qui se voit exclu par le prsidions runi le 11 mars 1967, Franc-ort.

    Adol von Tadden est accueilli le lendemain Mayence par des ovations.

    Le chissement lectoral enregistr un mois plus tard est rapidement eac par une nou-velle remonte au mois de juin en Basse-Saxe, Brme en octobre et dans le Bade-Wurtembergo, en avril 1968, le N.P.D. obtient 9,8 % des surages, aisant entrer douze dputs.

    Autrement dit, le N.P.D. a t assez puissant pour surmonter victorieusement cette crise decroissance. Les autres partis politiques se rendent compte, bon gr mal gr, de la gravit de la

    situation... Mme ceux de la droite et du centre, qui avaient irt avec le N.P.D., ragissent,sindignent.

    La situation est dautant plus critique que lU.R.S.S., consciente du danger de contamina-tion en Allemagne de lEst, se che. Elle envoie des notes qui ne laissent aucune ambigut ; envoici un extrait :

    Le parti national dmocrate est un produit d lordre socio-politique prvalant actuellementen Rpublique drale allemande. Ses dirigeants ne ont pas mystre du ait que les exigencesdu parti national dmocrate ont quelque chose de commun avec certain objectis du parti diri-geant, lunion chrtienne-dmo craie, et que ces exigences ont t empruntes de : dclarationsde dirigeants de ce parti, particulirement de son aile droite... Des revanchards outrecuidants

    et des no-nazis...

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    Clandestinit

    Sil ne ragit pas, le gouvernement de Bonn risque des complications internationales. Il enest discrtement prvenu par les ambassades de lEst et de lOuest ! Il est donc contraint decontre-attaquer.

    Des incidents provoqus par des tudiants clatent lors des runions N.P.D. La police segarde dintervenir. Von Tadden est pris partie au cours de bagarres de plus en plus rquen-tes. Son parti est alors convaincu de troubler lordre public par de multiples provocations.

    Dautre part, diverses lections partielles, il perd des voix. Von Tadden prend alors uneinitiative hardie : il se retire ociellement ainsi que le N.P.D. de la vie politique, et sepose en martyr.

    Dans un communiqu dius par la presse il dclare quil renonce aux runions publiques,jusquau moment o les lois dmocratiques ne resteront plus lettres mortes .

    Les quelques Allemands qui ont le sens de lhumour noir enregistrent la rrence, par von

    Tadden, aux lois dmocratiques .Quoi quil en soit, le N.P.D. sest donc retir provisoirement de larne politique. Il est de-

    venu association discrte, sinon secrte.

    Nen est-il pas moins dangereux ?

    Cest ce que lavenir, un proche avenir, nous apprendra. Nattend-il pas une probable criseconomique pour se maniester et avec quelle vigueur ! Noublions pas que cest le chmage, lamisre, qui ont ait Hitler.

    Dailleurs, le N.P.D. garde des sympathies agissantes dans le no-nazisme mondial. Il estreprsent en Arique du Sud, en Amrique latine, dans les groupuscules scandinaves... Autantde centres o une dagration nazie, de locale, pourrait devenir mondiale.

    Si le N.P.D. est la plus connue et la plus remuante des associations allemandes gardant lanostalgie du nazisme, elle n'est pas seule dpositaire de l'idologie national-socialiste. Dans unarticle de Humanisme (revue du Grand-Orient de France) portant le N 45, nous relevons desrvlations suggestives puises aux meilleures sources :

    Le chancelier Adenauer, malgr quelques nobles paroles, seora dattnuer lampleur descrimes nazis. ... rs vite, le climat ut celui du pardon, de loubli, et de la rconciliation. En 1946,une prire ut lue dans toutes les glises dAllemagne occidentale : Prire pour les victimes jui-

    ves et leurs perscuteurs. Cette prire demandait Dieu de pardonner les oenses, les pchs,les erreurs et les crimes commis par des brebis gares, qui ne demandaient qu se repentir etaussi, par la mme occasion, dtre bienveillant lgard des juis morts dans les camps !

    On lit dans la ribune des Nations du 7 septembre 1962 : Larchevque de Munich va aireconstruire un couvent sur lemplacement de lancien camp de concentration de Dachau.

    Ce sera, parait-il, en signe dexpiation. Mais on peut, juste titre, se demander si ce nestpas pour aire disparatre toute trace de ce haut lieu du nazisme. Donc, le gouvernement dela nouvelle Allemagne sest eorc de aire croire quil ne restait plus rien du nazisme en Alle-magne.

    Certes, le gouvernement de Bonn sest dsolidaris des crimes commis et il paie pour en at-

    tnuer le souvenir. Mais il a peu fait pour prvenir la jeunesse allemande contre les folies du pass.

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    En mai 1963, lInstitut Allensbach a eectu or sondage dopinion en Allemagne. A laquestion : quelle serait votre attitude si un nouveau parti nazi prenait le pouvoir ? 18 % despersonnes interroges ont rpondu que cela ne erait aucune dirence pour eux ; 12 % nontpas eu dopinion ; 2 % approuveraient et soutiendraient ; 5 % approuveraient mais ne eraient

    rien ; 29 % seraient contre mais ne eraient rien ; 34 % des interviews ont arm quils eraienttout pour sy opposer.

    Dailleurs plusieurs nazis occupent, ou ont occup, des postes importants en Allemagnedrale. Ainsi le Dr Werner von Bargen, membre du parti national-socialiste depuis le 1er mai1933 (carte N 2 579 492) ut nomm, en 1960, ambassadeur Bagdad. De mme, le DrWalter Bucker, ambassadeur au Caire, est-il ancien colonel S.S., et le Dr Manred Klaiber am-bassadeur Rome, membre du parti depuis 1934. Le corps diplomatique allemand comptecinquante-huit criminels de guerre !

    La police du Bade-Wurtemberg comprend parmi ses grads cent cinquante-deux anciensmembres de laGestapo.

    Le 27 vrier 1962, le journal danois Inormation dnona le che du service intrieur duCommissariat de police de Berlin-Charlottenbourg, un ancien responsable nazi, WilhelmGraurock, Hauptsturmhrer S.S., qui, en 1943, Copenhague, prit une part active aux mesu-res de reprsailles contre la population.

    En avril 1966, lun des accuss au procs de Francort svada et put rejoindre la Suisseen avion. Dj. le procs avait dbut par un incident curieux : le prsident Hans Forester, quidevait diriger ce procs, ut rcus in extremis. Quelle en ut la cause ? Cest que Forester, anti-nazi, avait perdu des parents dans les camps et lon craignait quil ne t pas assez impartial .En ait, la direction de la socit I.G. Farben qui vendait le gaz Zyklon B t pression pourque que cart du tribunal quiconque pouvait pousser trop loin les investigations.

    Mme Barbara Just-Dolmann, procureur Manheim, dclara en 1962 : Quand un procureur veut enquter sur les crimes nazis, il se heurte un vritable mur.

    Un procureur ne peut, par exemple, aire gurer les criminels nazis sur les listes dindividusrecherchs, la police tant ce point gangrene par les nazis quil ny a aucune garantie que lessuspects ne seront pas prvenus an quils puissent viter l arrestation.

    Les anciens de la Waen S.S. ont leur tribune : Le Volontaire, organe mensuel qui annona le19 avril 1959, la cration dune Union drale des Anciens de la Waen S.S.. Cette dration

    groupe quarante-huit units de S.S. Le Calendrier du soldat allemand pour lanne 1959 endonne les noms. Relevons seulement : S.S. Panzer Division Das Reich, S.S. Panzer Grenadie-ren Horst Wessel, S.S. Freiwillige Panzer Grenadieren Wallone.

    Der Spiegel du 5 novembre 1952 rapporte les paroles prononces par lex-gnral S.S. Ramc-ke au cours du congrs des anciens combattants de la Waen S.S. Verden. Il dclara :

    Les vrais criminels de guerre ce sont les Allis occidentaux. La liste noire o se trouvent lesS.S. sera bientt une liste dhonneur. :

    Dans un communiqu adress la presse le 19 mai 1961, le bureau de New York du Congrsjui mondial prcisa : Des cent quarante-neu membres du cabinet de Hitler, cinquante-deuxseulement ont t traduits en justice, dix-huit ont t condamns mort neu se sont suicids.

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    ... Mars 1955. Au cours d'un rassemblement de Waen S.S. Hambourg, l'ex-gnral del'arme de l 'Ail Rder demanda l 'interdiction des partis ouvriers, des syndicats et de toutes les

    organisations dmocratiques.... Juin 1960. A Windsheim, treize mille anciens combattants sont venus couter l'ex-gnralS.S. Sep Dietrich, ancien commandant de la Leibstandarte Adol Hitler.

    Notre but, dit le gnral des S.S., c'est de redonner aux notions de libert, d'honneur et depatrie les mmes valeurs qu'elles avaient auparavant.

    Les assistants entonnrent :

    Nous sommes la garde noire qui aime Adol Hitler et si tous deviennent parjures, nousresterons dles.

    LEconomist de Londres a dnombr quarante-six publications priodiques no-nazies di-tes en Allemagne ; elles tirent de 13 000 160 000 exemplaires.

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    EN RPUBLIQUE ARGENTINE

    Les anciens nazis eurent pour principaux repaires lOrient surtout lEgypte et lAm-rique du Sud. Les gyptiens , aprs une priode dclat, virent leur inuence rduite puisclipse par lingrence des Russes en Mditerrane orientale. Aprs avoir t des conseillersadmirs et couts, ces anciens nazis sont considrs comme hors de jeu, comme des parasites.La plupart meurent de vieillesse aprs une retraite sans gloire et parois pineuse. Ils nont pasdinuence sur la Jeunesse musulmane qui a son dynamisme propre, et qui se me, dinstinct,de ce qui vient dOccident. Ds la n du XIXe sicle, mais surtout aprs 1919, on grand nombredAllemands migrrent en Amrique du Sud. La plupart y russirent comme commerants, in-dustriels, banquiers, mais surtout comme exploitants de vastes domaines agricoles. Une troitesolidarit les unissait, et ils restaient, de cur, proondment attachs la germanit. Ils se

    rent nanmoins naturaliser dans les Etats o ils taient tablis, ce qui ne rompait en rien lesliens qui les unissaient la terre des anctres. Car les Allemands, lencontre des Franais,attachent moins dimportance au sol quau rang. Selon eux est allemand elle reste, qui est de pa-rents allemands, quel que soit le lieu o les circonstances le ont vivre. Ils se considrent commeGermano-Brsiliens, Germano-Chiliens, Germano-Argentins, etc. Au sens o les Franais en-tendent le principe des nationalits, ces Allemands ormaient des Etats dans les Etats, ce qui negnait dailleurs personne dans ce continent sans tradition millnaire.

    Lors de lavnement de Hitler, les Allemands de lextrieur, la quasi unanimit, se rallirentavec enthousiasme au IIIe Reich. Pendant les hostilits, ils le servirent de leur mieux. Les jeunesgens senrlrent dans la Wehrmacht ou les S.S. Dautres agirent sur place, en dirigeant une

    propagande nazie sans nuances, tout en soutenant, par lexportation, la puissance conomiquedu Vaterland, sans oublier, bien entendu, de pratiquer toutes les ormes de lespionnage.

    Leur racisme anti-jui leur valut des sympathies parmi la population blanche dAmrique la-tine, oncirement raciste, qui dteste les Indiens, les Mtis, et les nouveaux migrants pauvres.Ils ortirent aussi les sentiments anti-yankees des Amricains latins.

    La daite de 1945 apparut ces Allemands extrieurs (Auslandsdeutschen) non seule-ment comme un cataclysme, mais comme une suprme injustice. Plus encore que de linortunedes armes, ils sindignrent des accusations portes contre le rgime hitlrien. Ils nirent lesatrocits de leurs parents dEurope, ou bien ils les justirent en leur opposant les bombarde-ments ariens et le stalinisme.

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    Esprance messianique

    Ne voyant dans la dbcle du IIIe Reich quun pisode dune lutte manichenne entre Aryenset Non-Aryens, ils mirent leur espoir espoir messianique en la renaissance prochaine,glorieuse, implacable, du national-socialisme.

    Ils accueillirent bras ouverts les protgs dODESSA[1], et mirent tout en uvre, dabordpour les soustraire la justice des Allis, ensuite pour leur permettre de stablir dignement surla terre dexil. Ils ne rencontrrent aucun obstacle de la part des divers gouvernements, surtouten Argentine.

    Le gauleiter von Bohle, responsable Berlin de tous les Allemands de ltranger avait, enRpublique argentine, transmis ses pouvoirs dictatoriaux un rsident de Buenos Aires, Hein-rich Korn. Bon organisateur, disposant de onds illimits, Heinrich Korn cra des institutsculturels, des ligues maritimes et ariennes, une agence de presse, la ranzocean, des quotidienset des priodiques.

    Simon Wiesenthal nous renseigne sur laction clandestine, en Argentine, des Auslandsdeuts-chen [2] :

    Lattach militaire lambassade dArgentine de Rome apprit lallemand an de lire MeinKampdans le texte. Le nom de cet attach tait Juan D. Peron. Le 17 octobre 1943, le colonelPeron, la tte de ses Descaminados, marcha vers Buenos Aires et ut lu prsident en 1946.

    Il avait des commandos volants, organiss comme des Kommandos S.S. Son secrtairepriv tait le ls dun nazi allemand. Aprs la guerre, les nazis envoyrent des experts et de lar-gent dans le pays. Peron lui-mme, daprs une enqute aite aprs sa chute, reut environ centmillions de dollars. Buenos Aires devint le terminus dODESSA. Des Allemands absorbrenthtels et pensions, ournirent des papiers didentit aux nouveaux immigrants, tablirent dex-

    cellentes relations avec les hauts onctionnaires.

    Un tmoignage rcent

    La germanisation de lArgentine se dveloppe en progression gomtrique. Rcemment LeFigaro [3]charge un de ses grands reporters dune enqute en Amrique latine. Voici ce quil d-couvre, ds son arrive Buenos Aires :

    Dans Corrientes, avenue rectiligne coupant Buenos Aires jusquau Rio de la Plata, chaquekiosque journaux ore au passant une littrature couverture rouge... Non pas le petit livrede Mao, mais le brviaire mensuel du F.N.S.A. le Front National-Socialiste Argentin .La croix gamme lestampille.

    Dautres opuscules historico-doctrinaires sont lache ainsi que la photographie gantede lObersturmbannhrer Otto Adol Eichmann lieutenant-colonel de la S.S., Martyr duNational-Socialisme .

    Entasss ple-mle, des numros de Rebellion , Patria Barbara , Vivencia actualde las S.S. . Pour 200 pesos, jachte le anion commmorati du Front National-SocialisteArgentin. Pour 150 pesos, des reproductions photographiques des ches nationaux-socialistestombs pour la dense de la Race, de la Nation et du Peuple. Jaurais pu me ournir en pos-ters nazis dans une librairie de acahuano ou de Rivadavia, la rue la plus longue du monde.

    1 Lire dans la mme collection : La longue chasse par M. Pearlman, A 249**.

    2 Les assassins sont parmi nous. op. cit.3 C. Figaro du 31 aot et 1er septembre 1970.

  • 8/6/2019 Mariel Pierre - La revanche des nazis

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    l a r e v a n c h e d e s n a z i s

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    Lpidmie no-nazie incube en Rpublique argentine et tire son engrais subversi de lantismitisme, du racisme, de la haine de la dmocratie et de la nostalgie du nazisme. 118organismes nationalistes ont t recenss. Certains, de relle importance : acuara. GuardiaRestauradora, Vanguardia Argentina Nacionalista, Movintiento Nacional Socialista. Ils ont t

    patiemment regroups, depuis 1967, sous un organisme unique : Junta Coordinadora de Or-ganizaciones Nacionalistas .

    Le plus activiste de ces groupements est acuara (la Lance), qui a pour ches Jos Bexter etAlberto Ezeurra Uriburru, ce dentier tant dorigine basque. Un des propagandistes de acuaraest le R.P. Juilo Mainvielle, de la compagnie de Jsus, qui souhaite envoyer au bcher les juis,les mtis, les ngres, les Yankees.

    Le cuirass Graf von Spee

    Aprs une lutte hroque, le cuirass allemand Gra von Spee est mortellement atteint par lesH.M.S. Exeter, Ajax et Achilles lembouchure du Rio de la Plata, le 19 dcembre 1940. Ses

    avaries sont si graves quil se rugie Montevideo pour rparer. Au nom de la lgislation inter-nationale, le gouvernement uruguayen ne lui accorde reuge que pour soixante-douze heures.

    Ecoul ce dlai, le btiment bless reprit le large, se saborda hors des eaux territoriales et,aprs avoir veill lvacuation de lquipage, le commandant Langsdor se suicida. [1]

    rente-trois marins allemands, tus au combat, urent inhums Montevideo, avec les hon-neurs militaires, en prsence des survivants interns en Uruguay, et des autorits uruguayennes.Les rescaps stablirent en Rpublique argentine o nous allons les retrouver BuenosAires.

    Aprs lenterrement se passa un incident tellement extraordinaire que nous en laissons laresponsabilit Erich Erdstein.

    Les amilles de marins allemands ayant demand le rapatriement des corps qui avaientt enterrs Montevideo, le gouvernement uruguayen accorda les autorisations ncessaires a.exhumations.

    Comme tout ce qui concernait les Allemands entrait dans mes onctions, je pus assister lexhumation des bires, au cimetire de Montevideo.

    Les cercueils taient de simples caisses de bois. Au moment o on les hissait hors des tom-bes, lun des ossoyeurs remarqua quils taient dun poids anormalement lev.

    M par une sorte dintuition, et prtextant quil allait vrier ltat des corps, je s trans-porter lune des caisses linstitut mdico-lgal de Montevideo, o on louvrit.

    Le cercueil contenait bien un cadavre docier. Mais il renermait aussi plusieurs usils, soigneusement emballs dans du papier sulu-

    ris. Des armes qui provenaient de larmurerie du Gra von Spee.

    On t exhumer les autres cercueils. Eux aussi contenaient des armes. Sans doute avaient-elles ainsi t dissimules en prvision dune subversion

    Bien rares sont les rescaps du Gra von Spee qui ont succomb Heimweh, la nostalgie dupays natal. La plupart se sont xs en Uruguay ou en Argentine. Ils sy sont aits grce leurs compatriotes de solides situations, ont ond des oyers avec de jeunes Allemandes,ont procr des ribambelles de petits Aryens blonds aux yeux bleus. Presque tous atteignent oudpassent la soixantaine, mais restent de rudes gaillards, invinciblement persuads que, avant

    1 Lire dans la mme collection : La n du Gra Spee pa