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MARTIN POIRIER
FRACTIONNEMENT ET CARACTÉRISATION
DE LA CHITINE DANS LE SYSTÈME
N,N-DIMETHYLACÉTAMIDE 1 CHLORURE DE LITHIUM
Mémoire
présenté
à la Faculté des études supérieures
de l'Université Laval
pour l'obtention
du grade de maître ès sciences (M.Sc.)
Département de chimie
FACULTÉ DES SCIENCES ET DE &NIE
UN IVERSITÉ LAVAL
O Martin Poirier, 2000
National Library 1*1 of Canada Bibliothèque nationale du Canada
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Our fiie Notre r&fermcs
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La chitine, le deuxième bio-polymère en abondance, ea ses principaux
dérivés, sont utilisés dans une vaste gamme d'applications allant de l'agriculture
au domaine biomédical. Plusieurs de ces applications nécessitent un contrôle
étroit de la masse moléculaire et de la polymolécularité. On ne trouve pas, dans
la littérature, un procédé permettant le fractionnement de la chitine sur
l'ensemble des espèces moléculaires présentes dans la distributison naturelle.
Le présent travail est principalement axé sur la mise au point d'une
méthode de fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat. Le
système N,N-diméthylacétamide / chlorure de lithium (DMAc / LiCI) est un solvant
de la chitine qui présente les caractéristiques permettant de mentre en place une
telle procédure. Un essai de fractionnement par gélification sélective à
température élevée est également discuté. La chromatogra phie d'exclusion
stérique dans DMAc 1 LiCl 5% en double détection avec la réfractométrie et la
diffusion de la lumière permet une caractérisation massique complète des
fractions obtenues. Les constantes de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada de
la chitine dans ce même système de solvant ont aussi été déterminées.
REMERCIEMENTS
Je tiens d'abord à remercier mon directeur de recherche, Monsieur Gérard
Charlet, pour ses importants conseils, sa disponibilité et la confiance accordée
tout au long du projet.
Je remercie également Messieurs Alain GuiIIou, Dany Pelletier, Pierre
Blier et Marcel Levesque, de l'entreprise rimouskoise Aqua-Biokem BsL, pour le
soutien financier et l'espoir d'un avenir prometteur.
Je remercie aussi le Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en
Génie du Canada (CRSNG) de m'avoir accordé une bourse d'études supérieures
à incidence industrieHe.
Merci aux examinateurs de ce mémoire, la professeure Josée Brisson et le
professeur Mario Leclerc, pour les différentes corrections suggérées.
Merci a tous les membres du CERSIM, enseignants, professionnels de
recherche et étudiants, parmi lesquels je me suis fait de bons amis.
Merci beaucoup à mes parents, Denise et Viateur, de m'avoir toujours
encouragé et fortement appuyé dans mes nombreuses démarches.
Merci également à Julie Dionne pour le soutien moral 2t la motivation
apportée durant les deux dernières années.
iii
TABLES DES MATIÈRES
œ œ
RESm'IE -----_____-_--------------------------------------------*--** * --------------- * ...................................
REMERCIEMENTS .-*_------__-__----------------------------------------------------------------------.---------
TABLE DES MATIÈRES -----------------------*------------------------------------------ ** -----*-----------
LISTE DES Fm.JRES --------------------*------------------------*-----------*-------------------------*--*---
CHAPITRE I - INTRODUCTION
CHAPITRE II - PURIFICATION ET CARACTÉRISATION DE LA CHITINE
Chromatographie d'exclusion stérique .---a--*----------------- e -
Réfmctometrre .------- * -------**-.+--------------------------------------*--- *--
. . Diffusion de la hl iere ------_-_-_--- *
Détermination de l'incrément d'indice de réfraction
en fonction de la concentration de chitine ----------.--_-----
Méthode et résultats .------ * -----------------------------.--------- * -----*--
CHAPITRE III - FRACTIONNEMENT DE LA CHITINE
3.1 Intmduction *----------------------.--------------.----- * * ****----------------------------.-.-------------- 60
3.4 Détermination de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada --------.-------
3-4-1 MétkKXfe .____--- * -_----------------------------------------------*---------------,-----------------
3.42 Résultats et discussion *_______-__________---------------------------- * -----------------
CHAPITRE IV - CONCLUSION ET PERSPECTIVES
LISTE DES FIGURES
Figure 1 -1
Figure 1.2
Figure 1.3
Figure 1.4
Figure 1.5
Figure 2.1
Figure 2.2
Figure 2.3
Figure 2.4
Figure 2.5
Figure 2.6
Structure chimique de la chitine et du chitosane
Repliements de chaînes proposes pour la chitine-a
La structure de la chitine-a (plans bc et ab)
Mécanisme proposé pour la solubilisation de la chitine
Courbe de distribution schématisée d'un polymère
polymolécu laire
Lien covalent probable dans le complexe chitine-
protéine
Purification initiale de la chitine (procédé ABK modifié)
Dernières étapes de purification de la chitine
Spectre infrarouge de la chitine purifiée non fractionnée
Courbe d'étalonnage utilisée pour la détermination du
degré d'acétylation de la chitine par spectroscopie
infrarouge
Détermination de la viscosité intrinsèque de la chitine
non fractionnée dans DMAc / LiC15%
vii
Figure 2.7
Figure 2.8
Figure 2.9
Figure 3.1
Figure 3.2
Figure 3.3
Figure 3.4
Figure 3.5
Figure 3.6
Schéma illustrant de manière simplifiée le mécanisme 43
de migration différentielle dans une colonne de SEC
Graphique de Debye pour une tranche du volume 57
d'élution de la chitine non fractionnée
Chromatogramme de la chitine non fractionnée obtenu 59
par chromatographie d'exclusion stérique en double
détection
Détermination de la viscosité intrinsèque des fractions 64
obtenues par gélification sélective
Observation par microscopie optique de la dispersion 69
du coacervat pendant la première extraction (après 10
minutes d'agitation)
Observation par microscopie optique de la dispersion 69
du coacervat pendant la première extraction (après 30
minutes d'agitation)
Observation par microscopie optique de la dispersion 70
du coacervat pendant la première extraction (après 45
minutes d'agitation)
Observation par microscopie optique de la dispersion 70
du coacervat pendant la première extraction (après 90
minutes d'agitation)
Schématisation du parcours de fractionnement par 72
extractions sélectives sur un coacervat
viii
Figure 3.7
Figure 3.8
Figure 3.9
Influence de la formation du coacervat sur le parcours 73
de fractionnement
Détermination de la viscosité intrinsèque des fractions 75
de chitine obtenues par extractions sélectives sur un
coacervat
Chromatogrammes de quelques fractions obtenues par 76
extractions sélectives sur un coacervat
Figure 3.10 Reconstitution de la courbe d'élution de la chitine non 81
fractionnée par addition des chromatogrammes des
fractions obtenues
Figure 3.1 1 Détermination des constantes de l'équation de Mark- 84
Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc / LiCl5%
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 Arrangement des chaînes dans les trois formes de 4
chitine
Tableau 1.2 Solvants répertoriés pour la chitine 9
Tableau 1.3 Applications reliées à la chitine et à ses principaux II
dérivés
Tableau 1 -4 Description des masses moléculaires moyennes 14
utilisées
Tableau 1.5 Exemples d'applications nécessitant un contrôle de la 22
masse moléculaire
Tableau 2.1 Teneur en azote et en carbone de la chitine calculée en 31
fonction du degré d'acétylation
Tableau 2.2 Résultats des analyses pour la détermination de la 31
teneur en protéines résiduelles dans la chitine
Tableau 2.3 Résultats des analyses de degré d'acétylation par 36
spectroscopie infrarouge
Tableau 2.4 Résultats des analyses de masse moléculaire de la 58
chitine non fractionnée par chromatographie d'exclusion
stérique en double détection
Tableau 3.1 Résultats de l'essai de fractionnement par gélification 63
sélective
Tableau 3.2 Résultats du fractionnement par extractions sélectives 77
sur un coacervat
Tableau 3.3 Viscosité intrinsèque de fractions obtenues après 80
différentes périodes d'extraction
Tableau 3.4 Fractions provenant de différents essais de 83
fractionnement par extractions sélectives sur un
coacervat ayant également été utilisées pour la
détermination des constantes de I'équation de Mark-
Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc / LiCl 5%
Tableau 3.5 Comparaison des valeurs des constantes a et K de 85
I'équation de Mark-Houwink-Sakurada de la chitine
dans DMAc / LiCi 5% provenant de la littérature
LISTE DES SYMBOLES
AE
C
CES
CLHP
C.V.
DA
DCA
DMAc
DMF
dn/dc
GPC
h
He-Ne
I
le
1e.ç
1 O
K (éq. 12)
K (éq. 4)
k"
k'
constante de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada
second coefficient du viriel dans l'expression de la pression
osmotique
analyse élémentaire
concentration
chromatographie d'exclusion stérique
chromatographie liquide haute performance
coefficient de variation
degré d'acétylation
acide dichloroacetique
NI N-diméthylacétamide
diméthylformamide
incrément d'indice de réfraction en fonction de la concentration
chromatographie par perrnéation de gel
heure
hélium-néon
indice de polymolécularité
intensité de la iumière diffusée par le soluté
intensité de la lumière diffusée par le solvant
intensité de la lumière incidente
constante de calibrage du réfractomètre
constante de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada
constante de Kraemer
constante de Huggins
coefficient de partage
masse
mole / litre
masse moléculaire
xii
MeOH
MHS
Mn
MP
M"
N
nl
n2
NA
N-F
ni
nm
NMP
no
P/P
P/V R
r (éq. 14)
r (éq. 5)
R(0)
ri
RMN I3c RMN 'H
rpm
RSP S
SEC
T
méthanol
Mark-Houwink-Sakurada
masse moléculaire moyenne en nombre
masse moléculaire moyenne en poids
masse moléculaire moyenne viscosimétrique
nombre de plateau théorique
nombre de moles de solvant
nombre de moles de polymère
nombre d'Avogadro
non fractionnée
nombre de molécule de l'espèce i
nanomètre (1 m)
N-méthylpyrrolidone
indice de réfraction du solvant
fonction de diffusion
poids / poids
poids / volume
constante molaire des gaz
distance entre le détecteur et le volume diffusant
nombre de segments par chaîne de polymère
rapport de Rayleigh
distance entre le centre de masse d'une particule et l'espèce de
masse i
résonance magnétique nucléaire du carbone
résonance magnétique nucléaire du proton
révolution par minute
résolution spécifique
écart type
chromatographie d'exclusion stérique
température
temps d'écoulement de la solution de polymère
xiii
TCA
TCDI
THF
to v vc Vd
ve
vi VP W
h
acide trichloroacétique
température critique de démixtion inférieure
tétrahydrofuranne
temps d'écoulement du solvant
volume élémentaire diffusant
volume de la phase concentrée
volume de la phase diluée
volume d'élution
volume interstitiel
volume poreux
largeur de pic à la base
longueur d'onde
paramètre d'interaction polymère-solvant
coefficient d'absorptivité molaire
viscosité de la solution
sucre dans sa forme cyclique dont le groupement hydroxyle
attaché au carbone anomérique est en position équatoriale
angle entre la direction d'observation et la direction du faisceau
incident
fraction volumique du solvant
fraction volumique du polymère
énergie libre de mélange
enthalpie de mélange
entropie de mélange
viscosité du solvant pur
viscosité relative
viscosité spécifique
viscosité intrinsèque
rayon de giration d'une particule
CHAPITRE I
INTRODUCTION
1.1 La chitine
1 .l .f Introduction
La quantité annuelle de chitine produite par biosynthèse en fait le
deuxième bio-polymère en abondance après la cellulose. On retrouve la chitine
chez plusieurs organismes comme constituant important de l'exosquelette
(crustacés, insectes, mollusques ...) et aussi comme principal polymère fibrillaire
dans les parois cellulaires de quelques champignons et de certaines algues
chlorophycées.'
On estime mondialement a 10" tonnes métriques environ la quantité de
chitine produite annuellement par biosynthèse? Au Québec, on évalue à environ
700 tonnes potentielles par année la chitine provenant uniquement des résidus
de pêche^.^
La chitine est un poly[~-(l+4)-2-acétarnido-2-deoxy-D-glucopyranose]
(figure4 .l), soit une structure linéaire très similaire à celle de la cellulose (poly[p-
(1+4)-D-glucopyranose] ). La similarité de ces deux structures se reflète bien
dans les rôles communs, structural et protecteur, joués par les deux polymères
dans la nature. Le nom « chitine » provient du mot grec « XLZOV » qui signifie
tunique, cotte de mailles.'
Le chitosane, le principal dérivé de la chitine, est obtenu par N-
déacétylation en milieu alcalin concentré. On le retrouve chez certains
champignons et certains insectes, mais son abondance est beaucoup moins
étendue que celle de la chitine.' Le chitosane est un poly[P-(1-4)-2-amino-2-
deoxy-O-glucopyranose] (figure 1 .1).
chitine
r
L
chitosane
Figure 1.1 Structure chimique de la chitine et du chitosane
Jusqu'à présent, la chitine pure fut seulement identifiée dans les épines
extracellulaires des diatomées Thalassiosira fluviatilis et Cyclofella ~ry-ptica.~ Le
poly[~-(I+4)-2-acéiamido-2-deoxy-D-glucopyranose], en tant qu'entité, est donc
normalement obtenu au laboratoire après plusieurs procédures de purification
nécessaires à l'enlèvement des autres constituants (protéines, minéraux,
lipides ...) présents dans les tissus d'un organisme. Hackman a proposé le terme
« chitine native » afin de distinguer la chitine présente dans un réseau complexé
de la chitine isolée et purifiée.=
1 .1.2 Structure chimique et état physique
La chitine fut isolée pour la première fois en 181 1 par ~raconnot.~ II obtint,
à partir de champignons, une fraction résistante aux solutions alcalines
concentrées. Le composé, qu'il nomma « fungine », était toutefois un mélange
de chitine et d'un autre polysaccharide non-azoté. En 1823, Odier isola un résidu
insoluble, qu'il appela chitine, à partir de carapaces de scarabées par des
traitements répétés avec des solutions chaudes de KOH.~ Par leur méthode
d'extraction I transformation, il est probable que Braconnot et Odier ait finalement
obtenu du chitosane plutôt que de la chitine. Le chitosane fut décrit et reconnu
pour la première fois en 1859 par Rouget et nommé en 1894 par Hoppe-
~ e ~ l e r . ~ ~ ~ Chitine, chitosane et cellulose ont été confondus pendant longtemps.
En 1886, Tiemann confirma la présence d'un groupement amine sur le carbone 2
et la configuration D-glucose du chitosane." Ce n'est qu'en 1912 que Brach et
von Fürth conclurent que la chitine était un N-acetyl-D-glucosamine polymérisé."
Bien d'autres découvertes importantes permirent de décrire encore plus en
détails la structure chimique de la chitine. Une revue historique plus complète
est présentée dans le livre « Chitin Chemistry D.'
Les termes chitine et chitosane sont fréquemment utilisés dans la
littérature, mais aucun des deux termes ne représente une structure chimique
unique. En fait, il n'y a pas vraiment de frontière structurale fixe entre les deux
composés. II s'agit plutôt d'un continuum de différents copolymeres d'unités N-
acetyl-D-glucosamine et d'unités D-glucosamine où le chitosane se distingue par
sa solubilité en soluticns aqueuses acides diluées. On définit ainsi chaque
copolymere par un degré d'acétylation (DA), soit par le pourcentage d'unités
acétylées dans la chalne de polymère. La transition chitine - chitosane se produit
à un degré d'acétylation de 50% environ, mais c'est toutefois la solubilité en
solutions aqueuses acides diluées qui déterminera l'appellation du copolymère.
Varum et collaborateurs ont démontré par RMN 'H et 13c, que les unités
acétylées et non-acétylées dans la chitine et le chitosane étaient distribuées de
façon aléatoire (distribution bernoulliene).12
La chitine possède une structure cristalline très ordonnée. On la retrouve
sous trois formes polymorphes (a, P et y) qui diffèrent selon l'arrangement des
chaînes dans la région cristalline (tableau 1 .A).' La chitine-a est la forme la plus
abondante et semble aussi être la plus stable puisque les chitines+ et -y peuvent
être transformées en chitine-a par des traitements appropriés.4v13114 Blackwell
suggéra en 1988 que la chitine y soit un mélange distordu de chitines-a et -P plutôt qu'une troisième vraie forme poiymorphe.15
Tableau 1.1 Arrangement des chaînes dans les trois formes de chitine
Forme
--
Arrangement des ~haines
-
Schématisation
Chitine-a Antiparallèie
Chitine+ Parallèle
Chitine? Deux parallèles pour une anti-parallèle
Les arrangements de chaînes antiparallèle dans la chitine-a et parallèle I
antiparallèle dans la chitine-y proviennent des repliements de la chaîne sur elle-
même. Le phénomène des repliements de chaînes dans les polymères fut
observé pour la première fois en 1957 lors de la séparation de cristaux simples
de polyéthylène.16 En 1967, Ruda11 proposa l'arrangement représenté à la figure
1.2 pour la chitine-a.17 En support à cette proposition, des feuillets de trois
chaînes d'épaisseur furent observés dans plusieurs complexes chitine-a-protéine
par microscopie électronique.'?
La chitine-a est constituée de mailles cristallines orihorhombiques (groupe
d'espace P212,2~, a = 4.74 A, b = 18.86 A, c = 10.32 A) ou I'axe c est dans le
sens de la fibre (figure 1.3). '8p19 Par la présence de nombreuses liaisons
hydrogène interchaînes parallèles à I'axe a, les chaînes de chitine sont empilées
en feuillets et sont alignées dans une même direction a l'intérieur de chaque
feuillet. Les liaisons hydrogène interfeuillets dans la chitine-a (absentes dans la
chitine+) sont en majeure partie responsables de sa grande résistance au
gonflement dans l'eau et conséquemment, de sa plus grande abondance dans la
nature.
Figure 1.2 Repliements de chaînes proposes pour la chitine-a
: atome d'oxygéne 1 - liaison hydrogène intrachaîne [ (C3)-OH. -. . . .O (cyde) ] 2- liaison hydrogène intrachaine [ (CG)-OH.. . . . .O=C (C2) ]
: atome d'azote 3- liaison hydrogène interchaîne [ (C6)-OH.. . . . .OH-(C6) ] 4- liaison hydrogène interchaine f (C2)-NH...---O=C (C2) ] 5- liaison hydrogène interchaine [ (C6)4lH,. . . ..OH-(C6) ]
Figure 1.3 La structure de la chitine- (plans bc et ab)
1.1 -3 Solubilité
Malgré la similarité structurale, la chitine est insoluble dans les solvants
usuellement utilisés pour la cellulose (solutions aqueuses d'hydroxyde de
cuprammonium, de cupriethylenediamine et de cadoxen).' Quelques autres
systèmes de solvants exotiques » furent ainsi mis en place afin de contourner
cette situation. On peut regrouper ces systèmes en trois catégories : les
solutions aqueuses de sels neutres, les solvants acides, et les solvants
organiques neutres (tableau 1.2).
Les mélanges de N,N-dirnéthylacétamide (DMAc) / chlorure de lithium
(LiCI) et de N-rnéthylpyrrolidone (NMP) 1 LiCl utilisés pour la solubilisation de la
chitine furent découverts en 1977 par ~ust in .~ ' Rutherford et Austin comparèrent
l'efficacité de ces deux systèmes de solvants à plus de 200 autres systèmes
potentie~s.~' Ils conclurent que DMAc 1 LiCl et NMP 1 LiCl présentaient les
propriétés les plus intéressantes pour la solubilisation de la chitine. À
température ambiante, ces systèmes n'engendrent pas de dégradation ni de
modification chimique. Une solution de chitine dans DMAc / LiCl 5% (plp) peut
conserver sa viscosité initiale pendant une période de 48 jours.21 Plusieurs
études par RMN démontrent qu'il n'y a pas de réaction entre la chitine et DMAc 1
LiCl 5%, donc qu'il s'agit d'un vrai solvant de la chitine.' On peut utiliser DMAc 1
LiCl (48% p/p) pour différentes méthodes de mesure de masse moléculaire
(viscosimétrie", chromatographie d'exclusion stérique et diffusion de la
26), pour la synthèse de dérivés de chitine en conditions h~rnogenes~'*~~ et aussi 32.33 pour la préparation de fibre^^'-^' et de films .
La solubilité de la chitine dans DMAc 1 LiCl semble dépendre du degré
d'acétylation. Plus le degré d'acétylation est élevé, plus le pourcentage de
solubilité est élevé. Cela démontre l'importance du groupement N-acétyle dans
le mécanisme de solubilisation. Selon Paner et Beste, il y aurait formation de
complexes cationiques faibles entre LiCl et DMAc. Ces complexes
solubiliseraient ensuite le « polyélectrolyte >> formé par l'interaction des ions
chlorures avec les groupements N-acétyle et hydroxyle de la chitine (figure 1.4)?
La structure exacte du complexe de solubilisation chitine-LiCI-DMAc n'est
toutefois pas encore connue précisément.
Vincendon démontra par RMN 'H que les liaisons hydrogène intrachaîne
[ (C3)-OH.. .. . .O (cycle) ] (figure 1.3) présentes dans la chitine à l'état solide
persistaient en solution dans DMAc / LiCl 5%.35 La présence de ces liaisons
hydrogènes empêche ainsi toute rotation autour du lien glycosidique et maintient
une rigidité considérable des chaînes de chitine en solution dans ce solvant.
Figure 1.4 Mécanisme proposé pour la solubilisation de la chitine
Tableau 1.2 Solvants répertoriés pour la chitine
Catégorie Solvant Caractéristiques
Solutions Solutions aqueuses Le pouvoir de solubilisation varie selon le s$L: aqueuses concentrées de LiCNS > Ca(CNS)2 > Cal2 > CaBr2 > CaC12. de sels LiCNS, Ca(CNS)2, neutres Cal2. Ca&, CaCI2 Nécessite des températures élevées pour la dissofution
(9S°C pour LiCNS). Cela peut engendrer une dégradation de la chitine?7
Solvants Solutions aqueuses acides de HCI (>8,5M),
H2S04 et H3P04
HCOOH (98%)
HCOOH (98%) + DCA ou TCA (20-50% p ~ p ) ~ ~
Production de dérivés O-sulfonés avec ~ ~ ~ 0 4 ? ~ . ~ ~
Hydrolyse rapide de la chatne de
Solubilisation d'untérivé O-fomylchitine plutôt que la chitine elle-même.
Nécessite plusieurs cycles de congélation / décongelationP2
Le temps de solubilisation est très long pour la chitine-u (-3 semaines)P3
Hydrolyse rapide de la chaine de chitineea
Hydrolyse lente de la chaîne de chitine.42
La chitine-a est peu soluble.
Hydrolyse de la chaîne de chitine.
SoIvants DMF 1 ~~0~~~ Pas de dégradation ni de modification chimique. organiques neutres
CF3CH(OH)CF3 et Critiqués Our leurs effets néfastes sur la couche d'ozone CF3COCF3 ' 6 ~ 2 0 ~ (CFC ...). W
DMAc / LiCI (2-9% Pas de dégradation ni de modification chimique. plp) et NMP 1 LiCl (2-9% p/p)20*21
MeOH 1 Pas de dégradation ni de modification chimique. CaC12 '2H20 (60-70% p ~ v ) ~ Le solvant seul est sujet à la précipitation.
Détruit la structure cristalline de la chitine.
1.1 .4 Propriétés et applications
Les propriétés physiques, chimiques et biologiques de la chitine et de
quelques-uns de ses dérivés (principalement le chitosane) leur confèrent un
potentiel enorme dans une vaste gamme d'applications (tableau 1.3). La chitine
est un produit naturel biodégradable, biocompatible, bio-actif, possédant une
bonne résistance mécanique. Toutes ces qualités en font évidemment un
matériau attrayant pour la commercialisation. Son utilisation dans l'industrie
(alimentaire, cosmétique, pharmaceutique, pâtes et papiers, etc.. .) bien que
répandue, est toutefois encore relativement limitée. Les premières productions
industrielles de chitine furent effectuées au Japon en 1970 à partir de carapaces
de crustacé^.^' Par la suite, le développement intensif de produits à base de
chitine et de chitosane par des compagnies a l'extérieur du Japon ouvra la porte
aux marchés européen et nord-américain. Aujourd'hui, le Japon est le meneur
mondial pour la production et l'utilisation de chitine et de chito~ane.~' L'utilisation
de carapaces de crustacés comme matière première pour la production de bio-
polymères à haute valeur ajoutée est une façon écologique très positive de
récupérer cette biomasse-déchet qui pourrait potentiellement devenir un
problème environnemental.
Les caractéristiques de la matière première (carapaces de crustacés)
utilisée pour la production de chitine peuvent influencer considérablement les
propriétés fonctionnelles du produit résultant. Les différences de constitution de
chaque espèce, mais aussi la période annuelle où l'espèce est pêchée, sont des
facteurs importants qui peuvent occasionner des variations au niveau de la
reproductibilité dans un processus de production. Les propriétés fonctionnelles
de la chitine sont souvent reliées à la masse moléculaire et peuvent être
affectées par la présence d'impuretés. II est donc nécessaire que chaque
procédé de production soit ajustable selon les caractéristiques de la matière
première utilisée.
De par sa solubilité en milieu aqueux faiblement acidifié, le chitosane est
utilisé plus fréquemment que la chitine dans tes applications reliées au domaine
biomédical. Ses propriétés cationiques en solution (une charge positive par unité
glucosamine) lui permettent également de chélater très efficacement les métaux
(traitement des eaux) et d'adhérer à des surfaces chargées négativement
(cosmétique)."
Une dizaine d'autres dérivés de la chitine, moins « populaires )> que le
chitosane , sont aussi utilisés pour plusieurs applications. Les dérivés N-acyle
(une chaîne aliphatique remplace le groupement CH3 sur le carbonyle) et O-
hydroxy-alkyle (une chaîne O-alkyle remplace le groupement hydroxyle sur le
carbone 6) sont les plus utilisés.53
Tableau 1.3 Applications reliées à la chitine et à ses principaux dérivés
Polymère Principales applications -- p. - - - - p p -- -
Chitine Fabrication de peau artificielle (Bestchitin W@)*
Fibre pour sutures biodégradabless3
Supplément alimentaire (favorise l'absorption de protéines)s5
Substrat pour l'immobilisation de cellules microbiennes ou d'enzymess3
Membranes pour la dialyses6
~ o n ~ i c i d e ' ~
~ertilisant'~
Contrôleur de mobilité de pesticidess
Fabrication de papier58
Fibre fortifiante pour la fabrication de papiersg
Fibre textile (augmente l'affinité des tissus pour certains pigment^)^'
Fabrication de vibrateur pour enceinte acoustiques3
Tableau-3 (suite)
Polymère Principales applications
C hitosane Support pour la libération contrôlée de médicamentm7
Supplément alimentaire (favorise l'absorption de protéines)"
Agent hypocholestérolémiant52"8
Agent hémostatique (favorise la coagu on}^.^^
Fibre textile7'
Fongicide et bactéricide pour la consewation alimentaire et l'enrobage de semen~es'~"~
Agent clarifiantU
Substrat pour l'immobilisation de cellules microbiennes ou
~er t i l i san t~~
Agent floculant pour le traitement des eaux
Fabrication de lentilles ~ornéennes?~
Ingrédient pour produits capillaires et dermatologique^^^^^^
Guide d'ondes optiquen
Dérivés Phase stationnaire en chromatographieu N-acyle
Membrane de dialyse et d'u~trafiltration~~
Papier et fibress3
Fabrication de lentilles cornéennes53
Système auto-érodant pour la libération contrôlée de médicaments3
Dérivés Émulsifiants3 O-hydroxy- al kyleS3 Hydratant pour produits dermatologiques (Liquid ~ h i t i n @ ) ~ ~
Aussi utilisés pour leur propriétés de cristalix liquidess3
N.B. : Certaines de ces applications sont considérées comme potentielles et ne font pas encore l'objet de productions industrielles.
1.2 Le fractionnement
1.2.1 Introduction
En règle générale, la composition d'une substance polymère n'est pas
homogène. On peut classer les différences entre les macromolécules d'un
polymère en trois grandes catégories de propriétés : masse moléculaire,
composition chimique (ratio de copolymères, branchements.. .) et configuration
moléculaire (tacticité). Le fractionnement d'un polymère est la séparation des
différentes espèces moléculaires présentes dans ce polymère. Puisque la chitine
est un polymère linéaire de composition chimique homogène, le fractionnement
sera effectué uniquement selon la masse molécu laire.
Pour [a plupart des polymères synthétiques, la distribution de masses
moléculaires est une caractéristique générale résultant de la nature particulière
de la méthode de polymérisation employée. II en est de même pour les
polymeres naturels où la distribution de masses provient habituellement de la
formation même du polymère par un organisme ou simplement de la dégradation
causée par le procédé d'extraction. L'existence d'une dispersion de masses
moIéculaires dans les substances macromoléculaires est une propriété
fondamentale qui nécessite l'utilisation de plusieurs masses moyennes pour sa
description. Cette hétérogénéité exerce une influence permanente sur toutes les
propriétés du polymère, autant en solution qu'à l'état solide.
Plusieurs techniques expérimentales peuvent être utilisées pour mesurer
les différents types de masse moléculaire rn~yenne.?~ Dans le présent travail, les
masses moléculaires moyennes en poids et en nombre ont été déterminées par
chromatographie d'exclusion stérique en double détection avec la réfractométrie
et la diffusion de la lumière (voir tableau 1.4).
Le fractionnement est également utilisé pour réduire la polymolécularit~
d'un échantillon de polymère. L'indice de polymolécularité, soit le rapport entre
les masses moléculaires moyennes en poids et en nombre (Mp I Mn), renseigne
sur la dispersion de la distribution de masses d'un polymère. Si un échantillon
est idéalement isomoléculaire, la valeur de ce rapport sera égale à l'unité. Plus
la polymolécularité sera grande, plus la valeur de ce rapport sera élevée.
Plusieurs types de distribution sont toutefois possibles pour un même indice d e
polymolécularité.
Tableau 1.4 Description des masses moléculaires moyennes utilisées
Masse moléculaire moyenne Description
En nombre
En poids
Viscosimétrique
L'équation de Mark-Houwink-Sakurada (MHS) relie la viscosité intrinsèque
hl d'une solution de polymère à la masse moléculaire (équation 4).
Cette équation, où K K )) et << a >> sont des paramètres caractéristiques
d'un système polymère-solvant, est strictement valide pour les échantillons dee
polymère isomoléculaire. Lorsque le polymère est polymoléculaire, la masse
moUculaire donnée par l'équation est une moyenne viscosimétrique (MW)
(tableau 1.4, équation 3). Les paramètre cc K )> et G a » peuvent être obtenus par
l'étude des masses moléculaires moyennes en poids et des viscosités
intrinsèques d'une série d'échantillons de distributions étroites (voir section 3.4).
Pour les polymères linéaires flexibles, le paramètre K a », qui est fonction de la
rigidité de la chaine en solution, varie habituellement entre 0.5 (valeur obtenu en
solvant thêta de Fiory) et 0.8 (valeur obtenue en bon solvant). La valeur de
l'exposant a )> est généralement plus élevée (0.8 - 1.1) pour les polymère ayant
un squelette plus rigide ou des propriétés de drainage particulièrement élevées
(chitine, cellulose ...).74 La relation de MHS pour un système polymère-solvant
donné, une fois les paramètres N K )) et <( a )) connus, permet d'évaluer la masse
moléculaire d'un polymère homologue par simples mesures de viscosité dans les
mêmes conditions.
La figure 1.5 représente une courbe de distribution fictive schématisant les
valeurs approximatives de chacune des masses moyennes.
-. - - -
Longueur de chaîne
Figure 1.5 Courbe de distribution schématisée d'un polymère polymoléculaire
1.1 -2 Méthodes
On peut regrouper les nombreuses méthodes de fractionnement
existantes en quelques catégories : modification de solubilité, chromatographie,
sédimentation, diffusion. ultrafiltration et fusion de zone.75 La chromatographie
d'exclusion stérique (SEC) préparative est une méthode très efficace mais plutôt
dispendieuse. Le volume de phase stationnaire nécessaire à l'obtention d'une
bonne séparation chromatographique augmente linéairement avec la quantité
d'échantillon injectée. A cela s'ajoute des techniques de remplissage peu
abordables qui mènent souvent à des colonnes préparatives de coûts très
élevés. La SEC sera donc utilisée à des fins analytiques seulement (voir la
section 2.4.2).
Le présent travail portera principalement sur des méthodes de
fractionnement par modification de solubilité. Le principe de base de cette
technique est la subdivision d'un échantillon de polymère en plusieurs fractions
en utilisant les différences de soiubilité entre les espèces moléculaires de
différentes tailles présentes dans l'échantillon. Dans un solvant donné à
température et concentration constanies, la solubilité d'un polymère linéaire est
dépendante de sa longueur. On peut utiliser, à titre purement qualificatif,
l'expression de l'énergie libre de mélange (AG,) pour une chaîne de polymere
flexible ayant une conformation en pelote statistique (obtenue à partir du modèle
de réseau de Flory) pour comprendre l'influence de la longueur de chaîne sur la
solubilité. 76.77
Dans cette équation, T est la température, R la constante molaire des gaz,
nl le nombre de moles de solvant, n2 le nombre de moles de polymère, r le
nombre de segments par chaîne de polymère, x le paramètre d'interaction
polymère-solvant, <pi la fraction volumique de solvant et cpz la fraction volumique
de polymère. Dans des conditions identiques de solvant, température et
concentration, l'équation 5 permet de vérifier que AGm de courtes chaînes de
polymère est inférieure à AGm de longues chaînes de polymère. Les chaînes de
polymère les plus courtes sont donc les plus solubles. II existe aussi des
conditions de solubilité limite, où seules les chaînes courtes sont solubles.
Les considérations précédentes s'appliquent pour des solutions d'un
polymère obéissant au modèle de Flory-Huggins. Elles sont toutefois vraies de
manière qualitative pour des solutions d'un polymère semi flexible rigide (la
chitine dans le système DMAc / LiCI).
Plusieurs facteurs doivent être pris en considération lors de l'élaboration
d'une méthode de fractionnement par modification de solubilité. Afin de favoriser
le développement d'un équilibre de phases adéquat permettant une séparation
efficace des différentes espèces moléculaires, les variations du pouvoir de
dissolution du solvant doivent être relativement faibles. L'abaissement du
pouvoir extracteur du solvant peut être obtenu par ajout de non-solvant dans un
système solvant I non-solvant oii par une variation de température (diminution de
la température pour la plupart des systèmes et augmentation pour les systèmes
présentant une température critique de démixtion inférieure). Par ces
procédures, on obtient un fractionnement par précipitation où les plus grandes
masses précipitent en premier et constituent les premières fractions.
Inversement, l'augmentation du pouvoir de dissolution du solvant mène au
fractionnement par extraction, technique dans laquelle les petites masses sont
extraites en premier. L'augmentation du pouvoir extracteur peut être obtenu par
ajout de solvant dans un système solvant / non-solvant ou par une variation de
température.
L'utilisation de solvants mixtes, tel que DMAc / LiCI, permet aussi d'obtenir
des modifications précises du pouvoir de dissolution par changement graduel de
la concentration d'un des composants. Puisque le mécanisme de dissolution de
la chitine repose sur l'interaction des complexes [DMAc - Li]' CI- formés dans le
solvant, il est évident que la concentration de LiCl aura une influence sur le
pouvoir de dissolution. Certains comportements caractéristiques de ces solvants
sont également à considérer dans la compréhension du processus de
modification de solubilité. L'adsorption préférentielle de chacun des composants
du solvant sur les différents segments d'une chaîne de polymère est un
phénomène bien connu. 23-75g78 Termonia a récemment démontré, par
modélisation. que ce comportement était fortement dépendant de la masse
mo~éculaire.~~ Dans un système bon solvant / mauvais solvant, l'adsorption
préférentielle du bon solvant augmente avec la diminution de la longueur de la
chaîne. Donc plus la chaîne est longue, plus les phénomènes d'adsorption
préférentielle risquent d'affecter la solubilité du polymère. On peut ainsi faire
l'analogie avec le système DMAc / LiCI où DMAc-LiCI serait un bon solvant et les
composés individuels des mauvais solvants. II serait donc possible d'observer, à
des concentrations critiques de précipitation, une ségrégation de masses
moléculaires induite par ces comportements d'adsorption préférentielle.
Certains facteurs volumiques doivent également être pris en considération.
Plus le rapport volumique (V&) des phases concentrée (V,) et diluée (Vd) en
polymère est élevé, moins efficace est le fractionnement si on utilise la phase
concentrée (riche en polymère) pour la récupération des fractions plutôt que la
phase diluée. D'autres facteurs reliés aux interactions polymère-solvant et à la
concentration initiale de polymère sont aussi associés à I'accumulation de
résidus de faibles masses moléculaires dans les fractions de grandes masses
(low-molecular tai~ing).~' II semble que ce comportement soit inhérent aux
méthodes de fractionnement par précipitation.80
La méthode d'extraction directe sur un polymère à l'état solide présente
toutefois les mêmes problèmes d'accumulation résiduelle de petites masses.
Aussi fines les particules de polymères non dissoutes soient-elles dans un
mélange, elles sont suffisamment grandes pour présenter un enchevêtrement de
chaînes qui retiendra captives une bonne partie des chaînes courtes,
normalement solubles." D'autres méthodes de fractionnement par extraction,
telle que l'extraction sélective sur un coacervat (phase riche en polymère), sont
toutefois reconnues pour leur efficacité supérieure. Cette dernière méthode sera
détaillée à la section 3.3.
La mise en place d'une procédure de fractionnement requiert une
connaissance approfondie du système polymère / solvant en présence. Cela
nécessite donc une investigation détaillée de certains paramètres :
7) Au niveau du système polymère /solvant et de l'échantillon même:
- Solvants et non-solvants potentiels
- Solubilité du polymère (concentrations critiques de précipitation)
- Stabilité dans le solvant utilisé
- Stabilité en fonction de la température
- Présence d'impuretés et possibilités de purification
- Masses moléculaires moyennes
- Courbe de distribution de masse
2) Au niveau de la technique :
- Préparation de l'échantillon
- Ratio polymère 1 solvant (pour obtenir un rapport VJVd adéquat)
- Température de fractionnement
- Ajustement de l'équilibre de phases (intensité et durée d'agitation)
- Récupération des fractions (filtration, centrifugation, etc.)
L'évaluation d'une méthode de fractionnement s'effectue selon plusieurs
étapes spécifiques. Dans un premier temps, la viscosimétrie est utilisée pour
donner un aperçu rapide du pouvoir de séparation de la méthode (voir section
2.4.1). Les viscosités intrinsèques obtenues sont comparées entre elles afin de
vérifier s'il y a séparation d'espèces moléculaires distinctes. Si la technique
s'avère effkace, chaque fraction obtenue est ensuite analysée en terme de
masses moléculaires moyennes (Mp et Mn) et de polymolécularité. II est
également essentiel de s'assurer qu'il n'y a pas eu de modification chimique
durant le processus. Lorsque la méthode semble au point, le jugement de la
qualité et de l'efficacité du fractionnement repose sur l'analyse des critères
suivants :
7 ) La comparaison des masses moléculaires moyennes : On peut évaluer
l'efficacité du fractionnement en comparant les masses moléculaires moyennes
de quelques fractions à celles de l'échantillon non fractionné. Dans un
fractionnement efficace. on peut ainsi observer une gradation (ou un
déplacement) d'une même masse moléculaire moyenne entre chacune des
fractions.
2) La diminution de l'indice de polymolécularité : La diminution du rapport Mp /
Mn (obtenu par chromatographie d'exclusion stérique en double détection) est
également une bonne indication de l'efficacité du fractionnement. L'indice de
polymolécularité seul peut toutefois être trompeur puisque plusieurs distributions
sont évidemment possibles pour un même rapport Mp 1 Mn. On doit donc
analyser l'étroitesse de chaque fraction directement à partir des courbes de
distribution.
3) La balance massique : Après récupération et séchage, la somme des masses
de toutes les fractions devrait être égale à la masse initiale de polymère. La
masse des fractions est habituellement légèrement plus faible que la masse
initiale. II est raisonnable d'assumer qu'une quantité de polymère peut être
perdue durant certaines opérations telles que la séparation de phases et la
filtration. Des masses de fractions trop élevées peuvent être reliées a un
mauvais séchage. Les masses de chacune des fractions doivent être similaires
afin qu'une bonne gradation en poids moléculaires soit atteinte. On vise
généralement 10% de la masse initiale par fraction, mais des valeurs de 6 à 18%
sont très acceptable^.^^
4) La moyenne des viscosités intrinsèques des fractions obtenues : La viscosité
intrinsèque de l'échantillon non fractionné est une moyenne en poids des valeurs
de chaque composante individuelle :
On peut ainsi comparer la valeur mesurée du polymère de départ et la valeur
calculée à partir de l'équation 6 pour toute les fractions. Si les valeurs sont
similaires, ce critère confirme que le fractionnement s'est déroulé correctement.
Une valeur calculée beaucoup moins élevée peut indiquer qu'iI y a eu
dégradation durant le processus de fractionnement.
1.3 Problématique
Tel que mentionné précédemment, l'hétérogénéité des masses
moléculaires dans un échantillon de polymère exerce une influence permanente
sur toutes ses propriétés, autant en solution qu'à l'état solide. Plusieurs
applications de la chitine et de ses dérivés nécessitent ainsi un contrôle étroit au
niveau de la masse moléculaire et de la polymolecularité. II est d'ailleurs
déplorable de noter qu'un grand nombre d'études ne tient pas compte de
l'influence de ces paramètres sur les propriétés spécifiques d'un produit ou d'un
système.
On retrouve néanmoins dans la littérature des exemples concrets
d'applications nécessitant un ordre de grandeur spécifique de masse moléculaire
(voir tableau 1.5). Pour la fabrication de membranes56v72 et de fibres7o, on utilise
généralement des échantillons de masse moléculaire élevée alors que pour la
plupart des applications où des mécanismes de mise en solution et de transport 71.81 sont impliqués (comme en agriculture ), les masses moléculaires sont
beaucoup plus petites.
Dans les hydrogels à base de chitosane ainsi que dans différentes
formulations d'encapsulation utilisés pour la libération contrôlée de médicaments,
la masse moléculaire du chitosane influence directement Ia vitesse de libération
de la substance médicamenteuse. 62*63*67 De même. l'efficacité de la chitine et du
chitosane comme fongicides serait intimement reliée à la masse mo~éculaire.~'
D'autres applications particulières ne nécessitent toutefois pas de contrôle
strict au niveau des masses moléculaires utilisées (agent floculant dans le
traitement des eaux usées, agent clarifiant dans l'industrie alimentaire, fibres
fortifiantes dans l'industrie du papier , etc.).
Tableau 1.5 Exemples d'applications nécessitant un contrôle de la masse moléculaire
PoIymère Application Masse moléculaire (M,) ( x l oJ g mol-')
Chitine Membrane à dialyse56 >IO00
Chitine Fongicide c20
Chitosane Encapsu Iation 62-64 >1 O00
Chitosane Lentilles cornéennes72 -1 000
Chitosane Hydrogel 65-67 -1 00-200
Chitosane ~ertilisant~' cl O0
Pour obtenir des échantillons
de polymolécularité réduite, deux
fragmentation et le fractionnement.
de chitine de masses moIéculaires variées et
types de méthodes s'offrent à nous : la
On peut décrire la fragmentation comme une méthode de dégradation
contrôlée où on provoque des ruptures de liaisons chimiques sur la chaîne
principale d'une macromolécule. Puisqu'il s'agit de processus de
dépolymérisation, ce sont des méthodes par lesquelles on obtient seulement des
masses moléculaires moyennes inférieures à celles de l'échantillon de départ.
Du côté de la littérature, on retrouve quelques méthodes de fragmentation ayant
été appliquées à la chitine : I'hydrolyse enzymatique,82v83 l'hydrolyse acide, 84,85
I'hydrolyse par radicaux libres," l'hydrolyse par oxydations86 I'hydrolyse par
dépressurisation" et l'irradiation aux ultrasons. 22.23
Certaines enzymes, telles que les chitinases, peuvent être utilisées pour
I'hydrolyse enzymatique de la chitine. Cette méthode spécifique et coûteuse
permet d'obtenir des fractions de faible masse moléculaire sans modification
chimique'*83 mais semble toutefois conduire à des échantillons hautement
polymo~éculaire.~~
Les méthodes d'hydrolyse acide, par radicaux libres, par oxydation et par
dépressurisation ne semblent pas permettre I'obtention de fractions de faible
polymolécularité (à moins de dépolymériser jusqu'à I'obtention d'o~i~ornères). '~~
Ces méthodes engendrent généralement des modifications chimiques
(notamment sur les unités termina~es)'~" ainsi que des changements au niveau
de la structure cristalline de la chitine, d'ou modification de la solubilité et
formation d'agrégats en solution. 88.89
La méthode par irradiation aux ultrasons permet d'obtenir des fractions de
faible polymolécularité mais semble également provoquer des changements de
la structure cristalline de la chitine. 22.90
Afin d'obtenir un plus large éventail de masses moléculaires tout en évitant
les possibilités de modifications physiques et chimiques associées aux
différentes méthodes de fragmentation présentées, deux méthodes de
fractionnement ont été investiguées. Le présent travail est donc principalement
axé sur une méthode de fractionnement par extractions sélectives sur un
coacervat. Un essai de fractionnement par gélification sélective a température
élevée est également discuté. A notre connaissance, il n'existe aucune méthode
de fractionnement ayant été appliquée à la chitine.
Quelques méthodes de fractionnement sont répertoriées pour le
chitosane. "lg2 Puisque l'objectif du travail est d'obtenir des fractions de chitine
de masses moléculaires distinctes, il ne serait pas avantageux de passer par
l'intermédiaire du chitosane pour le fractionnement et tenter ensuite de revenir à
la chitine par N-acétylation.
1.4 Objectifs du projet
L'objectif principal de ce travail consiste en la mise au point d'une méthode
permettant une séparation efficace des différentes espèces moléculaires de
chitine présentes dans la distribution naturelle.
Deux autres objectifs sont également poursuivis: l'optimisation des
conditions d'analyse de la masse moléculaire de la chitine par chromatographie
d'exclusion stérique dans DMAc 1 LiCi 5% en double détection avec la
réfractométrie et la diffusion de la lumière devrait permettre le développement
d'une méthode de caractérisation massique complète. Les quelques méthodes
existantes ne permettent qu'une caractérisation massique partielle.
Enfin, la détermination des constantes de l'équation de Mark-Houwink-
Sakurada de la chitine dans DMAc / LiCl 5% constitue le dernier objectif. Cela
nécessite l'obtention par fractionnement de plusieurs fractions de faible
polymolécularité et de masses moléculaires distinctes réparties sur un large
domaine de masse.
CHAPITRE II
PURIFICATION ET CARACTÉRISATION DE LA CHITINE
Le chapitre II traite, dans un premier temps, des différentes étapes de
purification nécessaire à l'obtention d'une chitine de haute pureté. Le matériel de
départ provient de résidus de crevette de l'espèce Pandalus Borealis (crevette
nordique) recueillis après cuisson et décorticage à l'usine de transformation
Fruits de Mer de l'Est du Québec de Matane en septembre 1997. Ces résidus
sont principalement constitués de carapaces et de céphalothorax. Les méthodes
utilisées pour la caractérisation chimique et physique des échantillons de chitine
fractionnés et non fractionnés sont présentées par la suite. En raison de leur
importance cruciale dans le présent travail, une plus grande attention est
accordée aux méthodes de détermination de masse moléculaire (viscosimétrie et
chromatographie d'exclusion stérique en double détection).
2.1 Purification de la chitine
La chitine provenant de carapaces de crustacés se présente sous forme
de complexes protéiques enchevêtrés dans un réseau de sels minéraux
principalement constitué de carbonate de calcium. Les protéines sont associées
à la chitine par différents modes de complexation : forces de van der Waals
(-2%), liens ioniques (-3%), agglomérations stériques (-15%), liens hydrogène
(-25%) et liens covalents (-55%).' Par des études de diftaction des rayons X,
Rudall et Kenchington ont obsewé des répétitions régulières de liaisons
protéiques à des intewalles de 31A sur la chaîne de chitine. En support a
d'autres études', cela démontre qu'une protéine est liée de façon covalente à
toute les six unités N-acétylglucosamine, probablement par une structure N-acyle
(figure 2.1 ).4
Figure 2.1 Lien covalent probable dans le complexe chitine-protéine
La purification complète de la chitine native nécessite l'enlèvement de
quatre ensembles de constituants principaux : protéines, minéraux, lipides et
pigments caroténoïdes. La présence de liens covalents chitine-protéine
demande généralement des processus de déprotéination sévères qui peuvent
affecter la masse moleculaire de la chitine résultante. II en est de même pour les
méthodes de déminéralisation en milieu acide qui peuvent également mener à
l'hydrolyse des chaînes de chitine. Plusieurs procédures variées sont
répertoriées mais aucune standardisation n'a été adoptée. La déprotéination par
des solutions de NaOH et la déminéralisation par des solutions de HCI sont
toutefois les méthodes les plus couramment utilisées.'
Lipides et pigments étant associés aux protéines, ceux-ci sont
majoritairement arrachés de la chitine lors de la déprotéination. Le principal
pigment caroténoïde, I'astaxanthine (3,S'-dihydroxy-P,p-carotène-4.4'-dione),
peut ainsi être récupéré sous forme de caroténoprotéine. Les lipides et pigments
qui n'ont pas été éliminés lors des traitements de déproteination et de
déminéralisation sont enlevés par un lavage final à l'acétone. De plus amples
détails sont présentés dans le livre « Chitin Chemistrp qui offre une revue
exhaustive des techniques de purification de la chitine.'
Une partie des procédés enzymatiques et chimiques utilises dans le
présent travail pour la purification de la chitine a été développée par Aqua-
~iokern''~ inc (ABK). Ces procédés seront donc présentés en survol afin que
l'entente de confidentialité conclue à l'occasion du présent travail soit respectée.
Figure 2.2 Purification initiale de la chitine (procédé ABK modifié)
Chaque étape du procédé a été consciencieusement optimisée
(concentrations, proportions, température, durée et intensité d'agitation) de façon
a maximiser la pureté de la chitine obtenue et à minimiser toute réduction de la
masse moléculaire. Plusieurs lavages à I'eau distillée chaude ont été effectués
entre chacune des étapes de purification.
La chitine ainsi obtenue est pure à 98.5% (voir section 2.2). La dernière
étape de purification se produit lors de la solubilisation de la chitine dans le
solvant N,N-diméthylacétamide / chlorure de lithium 5% (DMAc / LiCl 5%). Les
chaînes de chitine (4-5%) encore associées à des protéines (1.2%) sont
insolubles et peuvent ainsi être enlevées par centrifugation. Le matériel insoluble
constitue environ 5-6% de la chitine mise en solution. Les sels minéraux (0.29%)
sont éliminés par les rinçages à I'eau distillée (figure 2.3).
Figure 2.3 Dernières étapes de purification de la chitine
2.2 Analyse des constituants résiduels
2.2.1 Protéines
Deux techniques ont été utilisées pour l'évaluation de la teneur en
protéines résiduelles dans la chitine: la méthode kjeldahl pour la détermination de
l'azote total ainsi que l'analyse élémentaire pour la détermination des
pourcentages de carbone, hydrogène et azote.
Dans la méthode kjeldahl, l'échantillon de chitine est digéré à haute
température (440 OC) en présence de peroxyde d'hydrogène. d'acide sulfurique,
de sulfate de potassium et d'oxyde mercurique. L'azote présent dans
I'échantillon est ainsi minéralisé en azote ammoniacal. Par la suite, un complexe
impliquant I'azote ammoniacal, le salicylate de sodium et I'hypochlorite de sodium
est formé en milieu alcalin. La concentration de ce complexe vert émeraude est
ensuite évaluée par spectrophotométrie d'absorbance visible à une longueur
d'onde de 625 nm. Le pourcentage d'azote provenant de la chitine (en tenant
compte du degré d'acétylation) est soustrait à la valeur obtenue par
spectrophotométrie et un facteur de conversion azote-protéine de 6.25 est utilisé
pour déterminer la teneur résiduelle en pr~téine.'~
Les analyses élémentaires (AÉ) ont été effectuées sur un analyseur
élémentaire Carlo-Erba 1106 (Fisons, CHN) permettant de déterminer les
concentrations en carbone, hydrogène et azote d'un échantillon. II est possible
d'évaluer s'il y a présence ou non de protéines dans la chitine purifiée en
comparant les pourcentages de carbone, hydrogène et azote obtenus à ceux
calculés pour une structure chimique théorique tenant compte du degré
d'acétylation (tableau 24.' L'utilisation du rapport NIC (%azote 1 %carbone)
permet d'éviter les variations attribuables à la présence d'humidité dans
l'échantillon.
Tableau 2.f Teneur en azote et en carbone de la chitine calculée en fonction du degré d'acétylation
degré d'acétylation (%)
teneur en azote (%) 8.69 8.26 7.87 7.52 7.19 6-89 teneur en carbone (%) 44.71 45.33 45.89 46.39 46.89 47.29 rapport N/C 0.194 0.182 0.171 0,162 0.153 0,146
Le tableau 2-2 montre bien la concordance entre les valeurs obtenues par
la méthode kjeidahl et les résultats des analyses élémentaires. Les protéines
restantes semblent donc avoir été enlevées lors des dernières étapes de
purification. Les données calculées pour la chitine pure sont issues d'une
structure théorique possédant un degré d'acétylation de 91 % (voir les analyses
de degré d'acétylation à la section 2.3).
Tableau 2.2 Résultats des analyses pour la détermination de la teneur en protéines résiduelles dans la chitine
paramètre chitine purifiée chitine purifiée valeur calculée (le purification) (2" purification) (chitine pure,
DA de -91 %)
azote total kjeldahl (%) 7-24 protéine (%) 1 -2
azote par AÉ (%) 8.72 carbone par AÉ (%) 51 -51 rapport NIC 0.169
2.2.2 Sels minéraux
La détermination de la teneur en sels minéraux dans les échantillons de
chitine s'effectue en deux étapes. On procède premièrement à une combustion à
600 I 20 OC dans un four moufle pendant 18 heures pour ensuite déterminer la
quantité restante de cendres par gra~imétrie.'~ Après les premières étapes de
purification, la teneur en sels minéraux dans la chitine est de 0.29%. La mise en
solution de la chitine dans DMAc / LiCI 5% permet d'enlever complètement les
minéraux qui sont retenus dans [a structure cristalline en feuillets de la chitine.
Ainsi, la quantité de sels minéraux après la purification finale est pratiquement
nulle (<0.005%).
2.2.3 Lipides et pigments
Les lipides et pigments caroténoïdes sont premièrement extraits de la
chitine purifiée par plusieurs lavages à l'acétone puis le solvant est enlevé par
évaporation sous pression réduite. L'extrait pigmenté est ensuite solubilisé dans
I'hexane et séché avec du sulfate de magnésium anhydre. Les pigments
caroténoïdes totaux sont alors dosés par spectrophotométrie dyabsorbance
visible à une longueur d'onde de 472 nm (E = ~ I O O ) . ~ ~ Par la suite, I'hexane est
évaporé et la quantité de lipides extraits est déterminée par gravimétrie.
Ap&s les premières étapes de purification, les concentrations en pigments
et lipides sont inférieures aux limites de détection des méthodes utilisées
(pigments caroténoïdes totaux: < 0.1 pg/g, lipides : < 0.005%).
2.3 Détermination du degre d'acétylation
2.3.1 Spectroscopie infrarouge
Tel que discuté à la section 1.1.2, la chitine peut se caractériser en terme
de degré d'acétylation (DA). Plusieurs types de techniques peuvent être utilisées
pour la détermination de ce paramètre : spectroscopie infrarouge, analyse
élémentaire, spectroscopie RMN, spectroscopie UV, spectroscopie de masse,
dichroïsme circulaire, pyrolyse I chromatographie en phase gazeuse. analyse
thermique et titrage des groupements amine.'195 Certaines de ces techniques
présentent toutefois des inconvénients au niveau du temps d'analyse, du coût et
de l'exactitude.
La spectroscopie infrarouge est une technique peu coûteuse qui a
l'avantage de permettre l'analyse d'échantillons à l'état solide. Plusieurs
méthodes par spectroscopie infrarouge ne sont toutefois exactes que dans un
domaine restreint de degré d'acety~ation.~~ Cela est évidemment relié aux choix
erronés des bandes d'absorbance et des lignes de base.
La méthode utilisée dans le présent travail (Shigemasa et coll.) est valable
et précise pour un domaine de degré d'acétylation de O à 100%.'~ La bande
d'absorbance amide II à 1560 cm" est utilisée pour quantifier le nombre de
groupements N-acétyle alors que la bande d'absorbance C-O (1070 cm-'), qui ne
varie pas avec le degré d'acétylation, est utilisée comme standard interne afin de
corriger les variations de quantité de matériel exposé au faisceau infrarouge. Les
lignes de base 1900-1500 cm-' et 1200-860 cm" sont utilisées pour mesurer
I'absorbance des bandes amide II et C-O respectivement (figure 2.4). Le rapport
de ces intensités d'absorbance est ensuite transposé sur une courbe
d'étalonnage (A1550/A1070 en fonction du DA, figure 2.5) qui permet d'obtenir le
degre d'acétylation. La relation A1560/A1070 en fonction du DA est linéaire pour
des degrés d'acétylation de O à 100%.
- 1070 cm-'
1560 cm-' &
4000 3500 3000 2500 2000 1500
nombre d'onde (cm-')
Figure 2.4 Spectre infrarouge de la chitine purifiée non fractionnée
O 20 40 60 80 1 O0
Degré d'acétylation (%)
Chitosane partiellement acétylé i Mélange chitine / chitosane
Figure 2.5 Courbe d'étalonnage utilisée pour la détermination du degré d'acétylation de la chitine par spectroscopie infrarouge
Le degré d'acetylation des échantillons utilisés par Shigemasa a été
déterminé par RMN 'H (dans DCI 20% 1 D20 pour la chitine et acide formique
deutéré / D20 pour le chitosane). La plupart des échantillons utilisés ont été
obtenus par acétylation contrôlée de chitosane commercial. Les autres
échantillons sont des mélanges de chitosane complètement déacétylé (DA de
0%) et de chitine complètement acétylée (DA de 100%) de degrés d'acétylation
apparents calculés selon le ratio chitine / ~hitosane.'~
Les analyses par spectroscopie infrarouge du présent travail ont été
effectuées selon le protocole suivant. Le pastillage de mélanges de 2 mg
d'échantillon finement broyé de chitine et de 98 mg de KBr (Sigma, grade IRTF)
a été réalisé sur une presse Carver (20000 livres, 10 minutes). Les pastilles ont
ensuite été séchées 24 heures à 60 OC sous pression réduite. Les mesures ont
été effectuées sous atmosphère d'azote sur un spectromètre Magna IR 560
(Nicolet) couplé au logiciel d'acquisition Omnic 3.0 (Nicolet). La durée
d'acquisition était de 100 scans et la résolution de 2 cm-'. Les spectres ont
ensuite été analysés avec le logiciel GRAMS 386 (Galactic Industries
Corporation).
Les degrés d'acétylation obtenus pour trois échantillons de chitine purifiée
non fractionnée varient entre 91 et 92% (tableau 2.3). Ces résultats sont bien
concordants avec les analyses élémentaires effectuées sur les mêmes
échantilions (voir le tableau 2.2, section 2.2.1 ).
Tableau 2.3 Résultats des analyses de degré d'acétylation par spectroscopie infrarouge
Échantillon Al sso 1 A1070 Degré d'acétylation (%)
Chitine purifiée Chitine purifiée Chitine purifiée
2.4 Détermination des masses moléculaires moyennes
2.4.1 Viscosimétrie
2.4.1 .i Principe
L'étude de la viscosité de solutions macromolécufiaires est une méthode
empirique très utile pour la détermination des masses moléculaires de polymères
linéaires. Les perturbations produites dans I'éc~ulem~ent d'un fluide par la
présence de grandes molécules dissoutes se traduisent par une augmentation de
la viscosité du système. Plus le volume hydrodynamique des molécules
dissoutes est grand, plus I'accroissement de la viscosité est important. Le
volume hydrodynamique est relie à l'écart quadratique moyen entre les
extrémités de la chaîne, lequel est fonction de la masse mto~éculaire.~~
En pratique, on détermine la viscosité de solutions rnacrornoléculaires en
comparant le temps d'écoulement (t) d'un volume donné d e solution à travers un
capillaire au temps d'écoulement (t) d'un volume égal de solvant pur. On
appelle viscosité relative (qr) le rapport entre la viscosité de la solution (q) et celle
du solvant pur (q,). Pour des solutions suffisamment déluées, la densité de la
solution est très voisine de celle du solvant pur et l a viscosité relative est
exprimée par le rapport t 1 b.96 L'accroissement relatif de la viscosité, appelé
viscosité spécifique (qsp) s'écrit comme suit :
Pour des solutions extrêmement diluées (où les rnotecules de soluté sont
indépendantes les unes des autres), la perturbation totale de l'écoulement est
égale à la somme des perturbations causées par chacune des molécules prise
La viscosité spécifique est ainsi directement proportionnelle à la
concentration et on peut écrire l'expression suivante :
ou c représente la concentration en gramme par décilitre (g dl") et hl la
viscosité intrinsèque (en dL g-'), une grandeur caractéristique de la taille et de la
forme des molécules de soluté. Le terme (qsp 1 C) dépend des interactions
hydrodynamiques et thermodynamiques entre les molécules de soluté.
Pour déterminer correctement la viscosité intrinsèque, on doit extrapoler à
concentration nulle les résultats calculés à ['aide de deux relations empiriques,
soit celles de Huggins [9] et Kraerner [? O].
II est avantageux de porter sur un même graphique les viscosités réduite
(qs, / CI et inhérente (In q, 1 c) en fonction de c de façon à obtenir une meilleure
évaluation de l'ordonnée à l'origine [q] normalement commune aux deux courbes
(figure 2.6).
McCormick et Shen ont observé que l'accroissement de viscosité
intrinsèque de solutions de cellulose dans DMAc / LiCl (pour des concentrations
en LiCl de O à 4%) était fonction de la force ionique.97 Un effet polyélectrolyte dû
à l'interaction entre les ions chlorure et les protons hydroxyle est probablement à
l'origine de ce comportement. II semble toutefois que cet effet polyélectrolyte soit
annulé à des concentrations de LiCl supérieures à 4%.
2.4.1.2 Méthode et résultats
Des solutions de 0.03 à 0.05% de chitine dans DMAc (Aldrich, 99.8%,
anhydre) 1 LiCl (Sigma Ultra, 99.0%, anhydre) 5% plp ont été préparées pour les
mesures de viscosité. La chitine avait préalablement été broyée pendant 15
minutes dans un broyeur Micro-mill (Scienceware). Une période d'agitation de
72 heures était nécessaire à la solubilisation complète de l'échantillon.
Chaque solution a ensuite été filtrée sur un filtre de nylon 0.45 pm
(Phenomenex) préalablement séché et pesé. Après filtration, les filtres ont été
rincés avec 20 ml d'eau distillée afin d'enlever toute trace de DMAc / LiCI, séchés
24 heures à 100 OC et pesés à nouveau. Cette procédure permet de déterminer
les concentration exactes des solutions de chitine analysées en plus d'éviter la
présence de poussières ou particules insolubles qui pourraient affecter les
mesures.
Les mesures de viscosité ont été effectuées dans un viscosimetre de type
Ubbelohde (no.1, 8-91 7) à niveau suspendu en immersion dans un bain d'eau
distillée thermostaté à 30.00 + 0.01 OC. Le viscosimètre utilisé présente une
correction d'énergie cinétique négligeable pour des temps d'écoulement
supérieurs à 150 seconde^.'^
Pour chaque échantillon, trois à quatre dilutions ont été effectuées à
même le viscosimètre et trois lectures de temps d'écoulement (avec une
reproductibilité de l'ordre du dixième de seconde) ont été prises pour chacune
d'elles. Durant la procédure, cinq minutes environ étaient nécessaires entre
chaque dilution pour l'obtention de l'équilibre thermique. Afin d'obtenir une
précision acceptable pour la détermination de la viscosité intrinsèque, la viscosité
relative (tk,) de la solution mère doit être comprise entre 1.5 et 1.8 et celle de la
plus petite dilution supérieure à 1 . A . A tous les six échantillons, le viscosimètre a
été lavé avec une solution d'acide chromique 1 sulfurique.
concentration (g d ~ ' )
[q] = 21.5 dL g-A (relation de Huggins) ' [q] = 21.5 dL g" (relation de Kraemer)
Figure 2.6 Détermination de la viscosité intrinsèque de la chitine non fractionnée dans DMAcILiCI 5%
En tenant compte des incertitudes maxhales sur le temps d'écoulement,
la concentration et la fluctuation de température, l'erreur expérimentale sur
chaque valeur de viscosité relative est de t 0.4 dL g-' environ. La viscosité
intrinsèque de la chitine non fractionnée utilisée dans le présent travail est de
21 -5 dL g" (figure 2.6). L'écart type (s) pour 5 mesures de cet échantillon est de
0.3 dL g-' et le coefficient de variation (C.V. = (s I moyenne) x 100) est de 1.4%.
2.4.2 Chromatographie d'exclusion sterique en doubie détection
2.4.2.1 Chromatographie d'exclusion sterique
Suite à un développement considérable durant les deux dernières
décennies, la chromatographie d'exclusion stérique (SEC), aussi appelée
chromatographie par perméation de gel (GPC), permet le fractionnement
analytique ou préparatif des polymères en solution selon leur taille. Ce
fractionnement est obtenu par I'élution d'une solution de polymère sur un gel
poreux (constituant la phase stationnaire) en équilibre thermodynamique avec le
solvant. Cette technique non-destructive et non-interactive est fondée sur les
différences de pénétration des molécules de I'échantillon dans les pores de la
phase stationnaire. Ces pores sont du même ordre de grandeur que les espèces
à séparer lorsqu'elles sont en solution dans la phase mobile. La taille d'une
macromolécule en solution se définit ainsi par son volume hydrodynamique.
Le mécanisme d'exclusion stérique repose sur l'équilibre
thermodynamique entre deux phases : le solvant dans le volume interstitiel (Vi) et
le solvant dans le volume poreux (V,). Si KçEC est le coefficient de partage, le
volume d'élution (V,) d'une macromolécule est défini par :
La SEC est donc un procédé normal de chromatographie pouvant être
décrit par un mécanisme d'équilibre. Des facteurs cinétiques (diffusion et effets
hydrodynamiques) influencent également le processus de chromatographie, mais
le facteur d'influence principal, la distribution d'équilibre, est d'origine purement
entropique (KSEC I eASIR).99 Le coefficient de partage évolue ainsi en fonction,
d'une part de la taille et de la topologie de la chaîne macromoléculaire, d'autre
part de la distribution de la taille des pores.
Une particularité de la SEC est que le coefficient de partage KsEC varie
seulement de zéro à l'unité. Cela signifie que toutes les molécules de soluté,
quelque soit leur masse moléculaire, sont éluées entre deux volumes limites Vi
(exclusion totale) et Vi + V, (perméation totale). Les molécules d'un échantillon
se distribuent ainsi selon leur taille entre le volume interstitiel et une fraction K (O
c K c 1) du volume poreux. Les très grosses molécules sont totalement exclues
(K = O) et sont éluées les premières, alors que les molécules très petites ont
accès à une grande partie du volume poreux et sont éluées les dernières (figure
2.7). De par la nature du support poreux, Vi et V, sont sensiblement égaux.
Pour la plupart des polymères analysés par SEC, les écarts d'élution entre
les différentes espèces moléculaires sont si petits que les pics résultants sont en
fait un continuum représentant une courbe de distribution.
Une des difficultés majeures concernant l'analyse de la masse moléculaire
de la chitine par SEC en simple détection par réfractométrie réside dans le fait
qu'il n'y a pas d'étalon disponible commercialement. L'utilisation de standards de
structures chimiques différentes (ayant inévitablement des volurnes
hydrodynamiques différents de ceux de la chitine dans le même solvant) ne peut
mener qu'à l'obtention d'une masse moléculaire qui sera décalée par un facteur
plus ou moins important de la valeur réelle. 100,101
Ce problème d'étalonnage peut être éliminé par l'utilisation d'une méthode
de détection absolue de masse moléculaire telle que la diffusion de la lumière
statique. La chromatographie d'exclusion stérique couplée en double détection
avec la réfractométrie et la diffusion de la lumière permet ainsi de déterminer la
masse moléculaire de la chitine en solution diluée sans aucun étalonnage.
\- exc~usion
> perméation seteclive
, ; volume deirétenlion !
I b n
particule de gel O O 4.4 0
volume dëlution
Figure 2.7 Schéma illustrant de manière simplifiée le mécanisme de migration différentielle dans une colonne de SEC
2.4.2.2 Réfractométrie
La plupart des substances en solution dans un solvant changent l'indice
de réfraction de la solution de façon proportionnelle à leur concentration. Ce
facteur de proportionnalité, appelé incrément d'indice de réfraction en fonction de
la concentration (dnldc), est indépendant de la masse moléculaire lorsque celle-
ci est supérieure à 10 000 g mol-' environ. La réponse en voltage du
réfractomètre (détecteur) peut s'exprimer par :
Voltage du réfractomètre = K (dnldc) c 21
où K est une constante d'appareillage, c la concentration du polymère (en g ml*')
et dnldc l'incrément d'indice de réfraction en fonction de la concentration du
soluté (en mL gal), spécifique au système polymère-solvant. La constante K peut
être déterminée par étalonnage avec des solutions de chlorure de sodium ayant
un dn/dc bien connu.
2.4.2.3 Diffusion de la lumière
Les physiciens et chimistes se sont intéressés très tôt au phénomène de
diffusion de la lumière par les gaz, les liquides et les suspensions colloïdales.
Déjà en 1871, Lord Rayleigh proposait un traitement théorique de la diffusion de
la lumière pour les gaz parfaits. Suite à cela, Einstein développait en l 9 f 0 une
théorie plus générale applicable aux milieux denses tels que les liquides et les
solides. C'est en 1943 seulement que Debye étendait cette théorie aux solutions
diluées, en particulier aux solutions de polymères. II démontra que l'étude de la
lumière diffusée, en fonction de la concentration et en fonction de l'angle
d'observation, permet d'évaluer la masse moléculaire moyenne en poids du
soluté, la forme et les dimensions des molécules en solution et la grandeur des
interactions soluté-solvant. L'applicabilité de cette méthode s'étend sur un -1 96.102 domaine très large de masse moléculaire (-1000 à 10 000 000 g mol ).
Aux fréquences optiques, presque toutes les substances peuvent être
considérées comme des diélectriques. Lorsqu'un faisceau lumineux
monochromatique de longueur d'onde h frappe une petite particule isotrope de
dimension inférieure à U20, le champ électrique de l'onde incidente polarise
cette particule. Le déplacement opposé des électrons et des noyaux fait
apparaître un dipôle oscillant en phase avec le champ excitateur. La particule en
oscillation électrique se comporte alors comme une source secondaire et réémet,
dans toutes les directions, une onde diffusée de même longueur d'onde que [a
lumière incidente (diffusion de Rayleigh). L'amplitude de l'onde diffusée est
fonction de la polarisabilité de la particule. Le calcul de I'intensité de la lumière
diffusée par un milieu consiste donc a faire la somme des vibrations émises par
chaque dipôle en tenant compte des fluctuations atomiques ou moléculaires et
du principe des interférences lumineuses. Une description détaillée de la théorie
de la diffusion de la lumière peut être retrouvée dans l'ouvrage de ~ l o r y . ~ ~
Suite aux travaux de Debye, il est admis que I'intensité de la lumière
diffusée par une solution diluée de macromolécules peut s'exprimer selon la
relation suivante :
concentration en polymère
second coefficient du viriel apparaissant dans l'expression de la pression
osmotique
masse moléculaire moyenne en poids 2 2 -1 -4 4rr2(dn/dc) no NA h (pour lumière incidente polarisée verticalement)
incrément d'indice de réfraction de la solution en fonction de la
concentration de polymère
nombre d'Avogadro
indice de réfraction du solvant
longueur d'onde de la lumière incidente
rapport de Rayleigh
fonction de diffusion
Dans le cas d'une solution idéale de petites particules isotropes, la théorie
électromagnétique de la diffusion permet d'exprimer I'intensité le diffusée par le
soluté moins celle diffusée par le solvant le,s à la distance r du volume
élémentaire diffusant V, 8 étant l'angle entre la direction d'observation et la
direction du faisceau incident. Cette intensité est généralement exprimée par Ie
rapport de Rayleigh R($) correspondant. où 1, est l'intensité de la lumière
incidente:
Lorsque le soluté est constitué de macromolécules de dimension
supérieure à U20, les particules ne peuvent plus être considérées comme des
sites diffusants ponctuels. La lumière diffusée par les différents dipôles de la
même molécule mène à des interférences destructives non négligeables
provoquant une atténuation de I'intensité diffusée. Dans ces conditions, les
ondes diffusées par les motifs successifs de la macromolécule ne seront en
phase que si 0 est nul. Le déphasage entre les ondes diffusées par les sites
diffuseurs est d'autant plus important que 8 est grand et les interférences
résultantes diminuent I'intensité de la lumière diffusée. Cet effet s'amplifie avec
l'augmentation des dimensions de la macromoIécuIe.
Le fonction de diffusion P(0) peut ainsi être utilisée pour étudier la
grandeur et la morphologie des molécules en solution. Le calcul complet de P(0)
a été réalisé pour des macromolécules de géométries diverses telles que des
sphères, des bâtonnets et des pelotes gaussiennes. On a démontré que si les
dimensions de la particule ne sont pas trop grandes ou que l'angle de diffusion
tend vers zéro, cette fonction ne dépend que du carré moyen du rayon de
giration erg2> de la particule :
On définit le rayon de giration cr t>" comme le second moment de distribution de
masse autour du centre de masse d'une particule :
où rj est la distance entre l'espèce de masse i et le centre de masse de la
particule.
On peut finalement écrire l'équation 13 sous la forme suivante :
Pour la diffusion de la lumière en mode par lot où plusieurs concentrations
d'une même solution sont utilisées, Zimm suggéra une méthode graphique
permettant d'obtenir les valeurs de Mpl A2 et <r& Cela est possible en portant
en graphique Kc / R(0) en fonction de sin2(0/2) + kc (où k est une constante
arbitraire) et en extrapolant simultanément les courbes à concentration nulle et à
angle nul. Sur la courbe obtenue à concentration nulle, la pente limite et
I'ordonnée à I'origine conduisent aux grandeurs (16x2nO2 erg2> ) 1 (3k2 MM,) et l/Mp
respectivement. À angle nul, la pente et I'ordonnée a l'origine de la courbe
obtenue conduisent aux grandeurs 2A2 et 1IM ,.
Pour la diffusion de la lumière en mode chromatographique où une seule
concentration faible est injectée, on utilise plutôt la méthode de Debye pour la
détermination des valeurs de Mp et <r$> pour chaque tranche de 0.01 ml du
volume d'élution d'un échantillon. Un graphique de Debye, Kc 1 R(8) en fonction
de sin2(8/2), est ainsi tracé pour chaque tranche de volume Vi, où I'ordonnée à
I'origine est 1 1 Mp et la pente Cr:>.
La concentration q de l'espèce molécuIaire Mi pour chacune des tranches
est obtenue par réfractométrie. On peut exprimer la concentration par
l'expression suivante, où ni est le nombre de molécules:
A partir des valeurs de ni et Mi pour chacune des tranches du volume
d'élution. il est possible de calculer Mp et Mn pour l'échantillon entier (voir le
tableau 1.4).
2.4.2.4 Détermination de l'incrément d'indice de réfraction en fonction de
la concentration de chitine
L'utilisation de solvants mixtes pour des mesures physico-chimiques de
polymères nécessite certaines précautions dans l'interprétation des résultats
expérimentaux. La détermination de masse moléculaire par diffusion de la
lumière requiert ainsi l'utilisation d'une valeur de dnldc très précise. On observe
généralement, dans les solutions de polymère en solvant mixte, une adsorption
préférentielle de chaque composant du solvant sur les différents segments de la
chaîne de Ce phénomène nécessite des manipulations
spécifiques afin de déterminer correctement dnldc de la chitine dans DMAc 1 LiCl
5% plp. Les mesures de dnldc doivent ainsi être effectuées sur des solutions de
chitine en équilibre osmotique avec le solvant utilisé. La valeur dnldc doit donc
être obtenu à potentiel chimique constant de LiCI (pression d'équilibre de
Donnan). Cela peut être réalisé en dialysant les solutions de chitine / DMAc 1
LiCI 5% contre DMAc 1 LiCl 5%. Si l'équilibre osmotique entre le solvant et les
solutions à analyser n'est pas atteint par dialyse avant de procéder aux analyses
par diffusion de la lumière, seulement des masses moléculaires apparentes
seront obtenues. 78.1 02
L'incrément d'indice de réfraction en fonction du changement de
concentration de polymère (le contraste du polymère par rapport au solvant) est
exprimé par dnldc. L'approximation usuelle de dn/dc est An/Ac, où An est la
différence d'indice de réfraction entre deux solutions de polymère de
concentration c, et cb (Ac = cb - c ~ ) . Due à l'absorption préférentielle du LiCl sur
la chitine, la concentration de LiCl autour du polymère sera différente de celle du
reste de la solution. Le An mesuré ne reflétera donc pas seulement le
changement de concentration en polymère, mais également le changement de
concentration de LiCl dans le reste de la solution. Cela peut être évité si les deux
solutions (a et b) sont dialysées contre le solvant (DMAc / LiCl 5%). La
différence de composition des solvants de ces solutions disparaîtra durant la
dialyse due à la migration du LiCl au travers de la membrane semi-perméable.
Ainsi lorsque I'équilibre osmotique entre les solutions et le solvant sera atteint, le
An mesuré reflètera uniquement le changement de concentration de polymère.
Les membranes tubulaires conventionnelles étant solubles dans DMAc /
LiCl 5%, nous avons utilisé des cellules d'acier inoxydable dans lesquelles deux
réservoirs de 2.5 mL sont séparés par une membrane de nylon (0.2pm,
Phenomenex) supportée par des joints de teflon. Chaque échantillon a été
dialysé 5 jours contre DMAc 1 LiCl 5% plp. Des rotations sur l'axe
perpendiculaire à la membrane ont été effectuées occasionnellement sur les
cellules afin d'accélérer l'atteinte de I'équilibre La diffusion des
chaînes de chitine au travers de la membrane de nylon semble négligeable après
5 jours (vérification par viscosimétrie).
Les mesures de dnldc ont été effectuées sur un réfractomètre différentiel
Optilab 9 0 3 ~ ~ (Wyatt Technology Corporation) à une longueur d'onde de 632.8
nm. Un bain thermostaté couplé à un système de pompage en circuit fermé
assurait une température constante de 65 OC environ. L'atteinte de I'équilibre
thermique a nécessité quelques heures d'attente. Les données ont été acquises
et traitées sur le logiciel dndc 4.05b (Wyatt Technology Corporation). Le logiciel
calcule le dn/dc a partir des voltages obtenus pour chaque plateau de
concentration connue.
Cinq solutions de chitine dialysées de concentrations réparties entre
0.0095 et 0.1145 g d ~ ' ont été utilisées pour mesurer le dnldc. La valeur
obtenue pour la détermination du dnldc de la chitine dans DMAcl LiCl 5% p/p est
de 0.391 t 0.006 g m ~ ' .
2.4.2.5 Méthode et résultats
Peu de travaux ont été réalisés sur la détermination de la masse
moléculaire de la chitine. Différentes méthodes ont été proposées, mais aucune
procédure standard n'a été adoptée.
Hackman et Goldberg ont déterminé les masses molécuIaires de solutions
de chitine dans LiSCN aqueux à 95 OC par diffusion de la lumière classique.37
Les problèmes inhérents à ce solvant ont déjà été discutés à la section 1.1.3.
Hasegawa et coll. ont analysé des solutions de chitine dans DMAc / LiCl
5% par SEC et étalonné leur système avec des échantillons de cellulose de
degré de polymérisation connu.26 Pour des masses moléculaires identiques, les
volumes hydrodynamiques des échantillons de cellulose sont différents de ceux
de la chitine dans le même solvant. Cela ne peut mener qu'à l'obtention d'une
masse moléculaire erronée. Dans un autre article, les mêmes auteurs ont utilisé
des étalons de pullulane (très peu soluble dans DMAc / LiCI 5%) pour
l'étalonnage et un débit de phase mobile de 0.1 m l / minute, très faible pour un
appareillage de SEC.*^
Striegel et Timpa ont utilisé la SEC en double détection avec la
viscosimétrie et la réfractométrie (à 80 OC) ainsi qu'une calibration universelle à
partir de standard commerciaux de polystyrène et de divers p~l~sacchar ides.~~
Le solvant utilisé était DMAc / LiCI 0.5%, un solvant dont le pouvoir de
solubilisation ne permet que la mise en solution des petites masses. Cela se
reflète bien dans les courbes d'élution déformées ainsi que dans les valeurs de
masses moléculaires obtenues.
Les travaux les plus intéressants ont été effectués par Terbojevich et coll.
qui ont utilisé la diffusion de la lumière classique pour déterminer les masses
moléculaires de solutions dialysées de chitine dans DMAc / LiCl 5%. 22.23 L~
méthode ne permet toutefois pas de déterminer la courbe de distribution et
l'indice de polymolécularité des échantillons analysés.
Certaines des méthodes citées plus haut sont intéressantes, mais aucune
ne permet une caractérisation massique complète de la chitine. La mise en
place d'une méthode de caractérisation efficace et complète constitue donc un
objectif d'intérêt.
Comme iI a été mentionné précédemment, la diffusion de la lumière
statique est une méthode absolue pour la détermination de la masse moléculaire
des polymères. Une méthode absolue n'est toutefois pas nécessairement exacte
ou reproductible! II est donc important d'effectuer correctement certaines
opérations cruciales afin d'obtenir des résultats valables.
f nstrumentation
L'appareillage de SEC utilisé est constitué d'une pompe de
chromatographie liquide haute performance (Waters, HPLC 515), d'une colonne
linéaire PL-gel lOpm (Waters) et d'une colonne Shodex KF-804 (Waters). Deux
détecteurs, soit un réfractomètre différentiel Optilab 903 (Wyatt Technology
Corporation) et un photomètre de diffusion de la lumière multi-angles DAWN
DSP-F (Wyatt Technology Corporation), sont connectés en série à la sortie des
colonnes. L'acquisition et le traitement des données ont été effectués avec le
logiciel Astra 4.70.07 (Wyatt Technology Corporation).
Le photomètre de diffusion de la lumière multi-angles DAWN DSP-F est
constitué de 18 détecteurs indépendants (répartis autour de la celIule
d'écoulement) pouvant mesurer l'intensité de la lumière diffusée sur un domaine
angulaire de 15" à 160". L'acronyme anglais MALLS (multi-angle laser light
scattering) est souvent utilisé pour décrire le principe de ce type d'appareil. La
source de lumière est un laser He-Ne (5 mW) polarisé verticalement d'une
longueur d'onde de 632.8 nm. II est également possible d'effectuer des analyses
à température élevée (jusqu'à 150 OC) sur ce système.
Chromatoqraphie
Le solvant utilisé pour I'élution est DMAc (Aldrich, 99.8%' anhydre) I LiCl
(Sigma Ultra, 99.0%, anhydre) 5% p/p. Le solvant ainsi que chaque solution de
chitine à analyser ont été filtrés sur une membrane de nylon de 0.45 pm
(Phenomenex). Tel que discuté a la section 2.4.3.4, toutes les solutions ont été
dialysées 5 jours contre le solvant avant d'être analysées.
Puisque les colonnes sont initialement remplies de tétrahydrofuranne
(THF), une procédure de conditionnement doit être suivie afin de ne pas
endommager la phase stationnaire. Le changement de gonflement du gel poreux
doit se faire de manière graduelle. DMAc étant miscible dans THF, il n'est pas
nécessaire d'utiliser un solvant intermédiaire.
Conditionnement :
1) DMAc (0.200 mL / minute pendant 16 heures)
2) DMAc / LiCl 0.5% (0.200 mL / minute pendant 3 heures)
3) DMAc / LiCl 1.5% (0.200 mL 1 minute pendant 3 heures)
4) DMAc I LiCI 3.5% (0.200 mL / minute pendant 3 heures)
5) DMAc I LiCl5.0% (0.600 mL / minute pendant 16 heures)
Retour au THF :
1) DMAc (0.200 mL / minute pendant 16 heures)
2) THF (0.200 mL / minute pendant 16 heures)
Dans la pratique. l'étalement de la courbe d'élution ne provient pas
uniquement de la polyrnolécularité de l'échantillon étudié. D'autres facteurs. tels
que le volume non négligeable de la solution injectée et la diffusion longitudinale
du soluté dans les colonnes et les canalisations, contribuent à l'étalement du pic
d 'é l~ t i on .~~ L'augmentation du débit d'écoulement permet de réduire l'étalement
cinétique des pics obtenus et conséquemment, d'augmenter la sensibilité de la
méthode."
Les analyses ont été effectuées a une température de 65 OC afin de
réduire la viscosité du solvant et d'augmenter le débit d'écoulement jusqu'à
l'atteinte de la pression maximale permise (1000 psi). Les deux colonnes étaient
positionnées dans un chauffe-colonne (Waters) réglé à 65.0 OC. Le photomètre
de diffusion de la lumière était également maintenu à cette température par un
système de chauffage interne alors que le réfractomètre et le réservoir de solvant
étaient chauffés par un bain thermostaté couplé à un système de pompage en
circuit fermé (Polyscience). Tous les conduits extérieurs étaient isolés de façon à
minimiser les pertes de chaleur. L'atteinte de l'équilibre thermique a nécessité
quelques heures d'attente.
Le débit utilisé pour les analyses du présent travail était de 0.600 mL /
minute. Le maximum idéal serait de 1 mL / minute, mais la température
nécessaire serait trop élevée et risquerait d'engendrer des dégradations de la
chitine. Le temps d'analyse était de 30 minutes environ par échantillon.
La volume de solution injecté était de 500 pL et la concentration limite de
chitine dans DMAc 1 LiCI 5% pour la surcharge (overloading) des colonnes était
de 0.12 g dl-' environ. Au-delà de cette concentration, des déformations étaient
observées sur la courbe d'élution donnée par le réfractomètre.
On caractérise habituellement l'efficacité d'un système de
chromatographie par le nombre de plateaux théoriques (N). Cette valeur
renseigne sur la qualité du parcours de séparation. Puisque le volume d'élution
(V,) et la largeur de pic à la base (W) nécessaires au calcul du nombre de
plateaux théoriques sont déterminés par I'utitisation d'un détecteur, la valeur
obtenue est évidemment influencée par les contributions de la colonne, du
détecteur et des c0nduits.9~
N = 16 [ (v , -v~) I w12 11 91
On peut bien voir par l'équation 19 que le nombre de plateaux théoriques
augmente avec la diminution de la masse moléculaire (les petites masses étant
éluées les dernières).
La détermination du nombre de plateaux théoriques se complique
fréquemment lors de la chromatographie de macromolécules puisque les
substances isomoléculaires nécessaires à cette évaluation ne sont pas
disponibles dans la plupart des cas. L'utilisation d'une substance de faible
masse moléculaire (ex. : benzène) pour la détermination du nombre de plateaux
théoriques renseigne sur l'état des colonnes mais ne sera pas représentative du
nombre de plateaux théoriques effectifs lors de la séparation d'échantillons de
chitine. Aucun étalon de chitine n'étant disponible commercialement, la
détermination du nombre de plateaux théoriques n'a donc pas été effectuée pour
le présent système.
On peut toutefois estimer la résolution spécifique du système en utilisant
les chromatogramrnes des fractions F-1 (plus petite masse moléculaire) et F-7
(plus grande masse moléculaire) (voir la section 3.3). La résolution spécifique
Rsp se définit comme suit :
où Ve est le volume d'élution, W la largeur du pic d'élution à la base, 1 l'indice de
polymolécularité (Mp I Mn) et M la masse moléculaireg9. La résolution spécifique
entre les fractions 1 (Mp = 81000 g mol-') et 7 (Mp = 708000 g mofl) est de 0.684.
Plus la valeur de Rsp est élevée, meilleure est l'efficacité de séparation du
système.
Diffusion de la lumière
Le photomètre de diffusion de la lumière nécessite d'être calibré avec un
solvant dont le rapport de Rayleigh est bien connu. On calibre ainsi le détecteur
placé à 90° de la direction de la lumière incidente avec du toluène de grade
CLHP filtré sur 0.02 Pm.
La sensibilité de chaque détecteur du photomètre de diffusion de la
lumière n'est pas la même du fait de leur position différente autour de la cellule
d'écoulement. II est donc nécessaire de normaliser la réponse de chaque
détecteur avant de procéder aux analyses. On utilise pour cela un échantillon
isornoléculaire de dimension inférieure à W20 de la lumière incidente, donc
diffusant la lumière isotropiquement. Les intensités enregistrées à chaque
détecteur sont ensuite normalisées à partir de l'intensité maximum enregistrée
par le détecteur placé à 90" de la direction de la lumière incidente. Puisque les
étalons commerciaux disponibles n'étaient pas solubles dans DMAc 1 LiCl 5%,
nous avons utilisé un étalon de polystyrène isomoléculaire de 35 000 g mol-' de
masse moléculaire (Pressure Chemical Company) dans DMAc 1 LiCl 0.5 % à un
débit de 0.600 mL / minute et une température de 65 OC pour la normalisation
des détecteurs. Les indices de réfraction des deux solvants étant très
rapprochés, les différences au niveau de la normalisation seront considérées
comme négligeables. Les valeurs massiques obtenues pour cet étalon
permettent aussi de vérifier l'état du système avant de procéder aux analyses.
II est également essentiel de déterminer de façon précise (avec le logiciel
Astra) le délai volumique entre les deux détecteurs. L'alignement permet ainsi de
coupler correctement le signal du réfractomètre à celui du photomètre de
diffusion de la lumière. L'étalon isomoléculaire ayant servi à la normalisation
peut servir à cet effet. Le délai entre les deux détecteurs était de 0.240 mL.
Comme nous en avons discuté à la section 2.4.2.3, les calculs effectués
par le logiciel Astra ont été réalises à partir de la méthode de Debye. Le
graphique de Debye permet d'évaluer si la fonction polynomiale choisie pour le
lissage des données expérimentales est valable pour chacune des tranches du
volume d'élution de l'échantillon (figure 2.8). Pour des molécules ayant un rayon
de giration entre 20 et 50 nm environ, le formalisme de Zimm [K c 1 R(0) versus
sin2(8/2)], permet généralement l'utilisation de fonctions polynomiales d'ordres
plus faibles que le formalisme de Debye [R(0) / K c versus sin2(0/2)].
Résultats
Le tableau 2.4 résume les résultats des analyses de masse moléculaire de
la chitine non fractionnée par chromatographie d'exclusion stérique en double
détection. Le logiciel Astra donne une estimation de l'incertitude sur chaque
quantité calculée en déterminant les fluctuations statistiques du signal de chaque
détecteur. Quatre injections du même échantillon ont été réalisées afin de
déterminer l'écart type sur les valeurs obtenues pour chaque paramétre.
L'analyse de polysaccharides par diffusion de la lumière statique conduit
quelquefois à des surestimations de la masse molé~ulaire.'~' Ce problème est
relie a la formation d'agrégats en solution (phénomène dépendant de la
concentration) et peut être détecté lorsque le signal de diffusion de la lumière est
bi-rnoda~.'~' Aucune distribution bi-modale n'ayant été observée dans le présent
travail, cela laisse croire que les conditions d'utilisation du système ne
favorisaient pas la formation d'agrégats en solution.
Peak, Slice : 1, 516 Volume : 10.160 mL Fit degree : 2 Conc. : (1.249I0.017)e-4g/mL MW : (7.790 * 0.282)e+5 g/mol Radius : 127.8 t 3.5 nm
I
90" & AUX detectors
Figure 2.8 Graphique de Debye pour une tranche du volume d'élution de la chitine non fractionnée
Tableau 2.4 Résultats des analyses de masse moléculaire de la chitine non fractionnée par chromatographie d'exclusion stérique en double détection
paramètre valeur moyenne des écart type incertitudes
- MP 570 x 1 o3 g mol-' 3.1 % 2 x 103 mol-' - Mn 400 x 1 o3 g mol' 2.9 % 2 x 103 g mol-' - - Mp 1 Mn 1 -43 3.5 % 0.02
crg2>" 92.1 nm 3.2 % 0.4 nm
On peut remarquer un faible décalage entre les courbes d'élution de
chaque détecteur sur le chromatogramme de la chitine non fractionnée (figure
2.9). Cela démontre bien la sensibilité accrue du photomètre de diffusion de la
lumière pour les masses moléculaires plus élevées. Les volumes interstitiel et
poreux des colonnes utilisées sont approximativement de 8 m l et I O mL
respectivement.
La chromatographie d'exclusion stérique dans DMAc / LiCl 5% en double
détection avec la réfractométrie et la diffusion de la lumière permet donc une
caractérisation massique complète de la chitine.
- Diffusion de la lumière (90') - Réfractométrie
8 9 10 11 12 13
volume d'élution (ml)
Figure 2.9 Chromatogramme de la chitine non fractionnée obtenu par chromatographie d'exclusion stérique en double détection
CHAPITRE III
FRACTIONNEMENT DE LA CHITINE
3.1 Introduction
Le chapitre III porte principalement sur l'élaboration de deux méthodes de
fractionnement distinctes dans le solvant DMAc ! LiCI. Une première méthode
par précipitation sera discutée brièvement à la section 3.2 alors que la méthode
par extractions sélectives sur un coacervat (section 3.3) sera traitée en détail.
Les raisons relatives au choix de DMAc / LiCI comme solvant de
fractionnement ont déjà été discutées dans le chapitre I . Ce solvant n'engendre
pas de modification chimique et physique sur la chitine et permet l'obtention de
modifications précises du pouvoir de dissolution par changement graduel de la
concentration de LiCI.
La section 3.4 traite spécifiquement de la détermination des constantes de
l'équation de Mark-Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc / LiCl 5%.
3.2 Fractionnement par gélification sélective
3.2.1 Principe
Une augmentation de température améliore généralement la solubilité d'un
polymère dans un solvant. L'effet inverse se produit toutefois pour les systèmes
présentant une température critique de démixtion inférieure (TCDI). De tels
systèmes présentent une séparation de phase à température élevée à proximité
de cette température. La décomposition de phase mène habituellement à une
phase riche et une phase pauvre en polymère.
Les considérations suivantes ne décrivent pas le cas généra1 d'un système
présentant une TCDl mais s'appliquent au système chitine / DMAc / LiCl 5% et à
quelques autres cas de gélification à température élevée.lo4 La solubilité d'un
polymere dans un solvant peut se traduire par l'équation de Gibbs-Helmholtz :
AG, = AH, - TAS, PI 1
Lorsqu'on chauffe une solution de polymère, la différence de coefficient
d'expansion thermique entre le solvant (dont le volume croît rapidement avec la
température) et le polymère (dont le volume change peu au chauffage) devient le
facteur déterminant la solubilité. Le changement principal dans la
thermodynamique de la solution provient de la contraction du solvant en
présence du polymère, ce qui apporte une large contribution négative à AH, et
ASm. L'énergie libre de mélange devient alors drastiquement dépendante de la
température. Lorsque la température est dépasse la TCDI, le terme entropique
-TAS,, défavorable au mélange, dépasse l'enthalpie de mélange négative et
l'énergie libre de mélange devient positive, d'où séparation de phase.'* La
démixtion, soit la substitution de la plupart des contacts polymère-solvant par des
contacts polymère-polymère (phase concentrée) et solvant-solvant (phase
diluée), peut être reliée qualitativement à la fusion des différentes structurations
régionales du solvant sur le polymère, donc dépend de la structure moléculaire.
Dans un même système, la température critique de démixtion inférieure
augmente avec la diminution de la masse moléculaire.
Deux publications traitent du comportement réversible de gélification à
température élevée pour le système chitine / DMAc / LiCI 5%. 22.41 Terbojevich et
coll. ont associé ce comportement à I'augmentation de l'instabilité du complexe
DMAc-LiCI avec I'augmentation de la température." La présence d'une TCDi
semble toutefois plus plausible. Ils ont observé des transitions gel-solution très
brusques et une diminution de la température de gélification (entre 90 et 115 OC)
avec l'augmentation de la concentration de chitine (entre 2.5 et 0.5%)~'~
Une augmentation contrôlée de la température du système jusqu'à la
TCDl devrait donc permettre de précipiter les différentes espèces moléculaires
sélectivement, les grandes masses en premier, puis les plus petites.
3.2.2 Méthode
Une solution (200 mL) de chitine non fractionnée de 0.31% p/v dans DMAc
/ LiCl 5% p/p a été chauffée sous atmosphère d'azote dans un ballon bi-col en
immersion dans un bain d'huile thermostaté d'une stabilité de + 0.05 OC.
L'homogénéisation de la solution était assurée par une agitation mécanique
vigoureuse. L'élévation lente de la température jusqu'à l'atteinte de la
température critique de démixtion inférieure (1 11 OC) permettait au système de
s'équilibrer thermiquement. Arrivée à cette température, la solution a été laissée
en stabilisation thermique pendant cinq autres minutes sous agitation.
II s'agissait alors de récupérer le gel formé qui allait constituer la première
fraction. Puisque le gel était trop fin pour être séparé par filtration et qu'il adhérait
partiellement à la paroi de verre du ballon, la récupération a été effectuée avec
des billes de verre de 2 mm de diamètre ajoutées à la solution. Le gel ainsi
immobilisé sur les billes et sur la paroi permettait l'enlèvement du surnageant par
succion. Le surnageant récupéré a ensuite été chauffé à nouveau pour un
deuxième tour de fractionnement alors que le gel immobilisé sur les billes de
verre a été récupéré à température de la pièce et précipité selon le protocole
présenté à la figure 2.3. Cinq fractions ont été récupérées au total.
3.2.3 Résultats et discussion
La méthode de fractionnement par gélification sélective utilisée comporte
plusieurs dificultés majeures qui la rendent peu pratique et peu efficace. La
solution commence à jaunir légèrement après une heure de chauffage, ce qui
indique qu'il y a dégradation de la chitine durant le processus. Techniquement,
la séparation du gel et de la solution en conservant une température élevée
constante n'est pas très aisée a mettre en place.
Tableau 3.1 Résultats de l'essai de fractionnement par gélification sélective
Fraction Masse récupérée viscosité intrinsèque (9) (dL g-7
Non fractionnée 0.620 (masse initiale)
0,OO 0 , O l 0,02 0,03 0 ,O4 0,05
concentration de chitine (g dl-')
Figure 3.1 Détermination de la viscosité intrinsèque des fractions obtsnues par gelification sélective
On peut observer que la viscosité intrinsèque des fractions obtenues
diminue en fonction du temps de chauffage (voir tableau 3.1 et figure 3.1) et que
les viscosités intrinsèques des premières fractions (contenant normalement les
plus grandes masses) sont inférieures à la viscosité intrinsèque de la chitine non
fractionnée (N-F). Même si des améliorations peuvent être apportées, ces
premiers résultats démontrent que la dégradation causée par le chauffage prime
sur la capacité de fractionnement de la méthode. II faut donc se tourner vers une
autre méthode, soit le fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat.
3.3 Fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat
3.3.1 Principe
Dans la littérature actuelle, le terme coacewat est utilisé pour décrire la
phase liquide riche en polymère obtenue par l'addition d'un non-solvant à une
solution de polymère. Dans une méthode de fractionnement par extractions sur
un coacervat, un volume approprié de non-solvant est premièrement ajouté à la
solution de polymère pour la formation du coacervat La presque totalité du
polymère doit se retrouver dans cette nouvelle phase. La phase diluée
(contenant les plus petites masses) est alors isolée et le polymère s'y retrouvant
est récupéré et constitue la première fraction. Plusieurs extractions sont ensuite
effectuées sur le coacervat avec des mélanges de solvants de pouvoir extracteur
de plus en plus élevé. Cette procédure est répétée jusqu'à ce que le
fractionnement soit terminé.105 Afin que la méthode soit reproductible, la
température doit demeurer constante a chacune des étapes de fractionnement.
La méthode par coacervation comporte plusieurs avantages qui la rendent
pratique et efficace : ajustement rapide de l'équilibre de phase, suppression de
I'accumuIation de résidus de faible masse dans les fractions de masse plus
élevée, économie de solvant et non-solvant par l'utilisation de faible volume
comparativement à d'autres méthodes et facilité de mise en place.80 Les deux
désavantages principaux sont la dificulté d'estimation de la quantité de polymère
extrait dans la phase diluée et la nécessité que le coacervat demeure sous forme
de liquide ou de gel (le polymère ne doit pas floculer) durant tout le processus de
fracti~nnement.~'
Cette technique a été utilisée avec succès pour le fractionnement de
quelques polymères: polyéthylène de haute densité, 106,107,108
p o l y p r ~ p y l è n e , ~ ~ ~ ~ ' ~ ~ poly(téréphtha1ate d 'éthy~ène),~~'*~ '~ p~ l~capro lac tame~~~ et
po~yarnide.~~
3.3.2 Méthode
Les différents solvants utilisés dans cette méthode sont des
solutions de DMAc 1 LiCl dans lesquelles la concentration de LiCl régit le pouvoir
de dissolution. Plus la concentration de LiCl est élevée, plus le pouvoir
extracteur est grand. Le choix de DMAc comme non-solvant semble inévitable
puisque tout autre solvant (eau, acétone, alcool divers, éther, etc.) ajouté à une
solution de chitine 1 DMAc 1 LiCl 5% provoque une précipitation dramatique de la
solution sous forme de grosses masses gélatineuses et le système perd alors
son pouvoir de dissolution. Le DMAc permet donc de provoquer une démixtion
contrôlée de la solution et mène à la formation d'une phase concentrée et d'une
phase diluée.
tes extractions des différentes espèces moléculaires doivent être
effectuées dans une zone de solubilité sélective comprise entre deux limites, soit
la précipitation complète et la solubilisation complète. Pour la chitine utilisée
dans le présent travail, ces limites ont été évaluées à -0.25% LiCl / DMAc et
-1.3% LiCl / DMAc respectivement. La limite de précipitation a été évaluée
qualitativement par l'observation de l'aspect de la chitine en solution après l'ajout
de différents vofumes de DMAc à une solution de chitine de 1 % dans DMAc / LiCI
5%. L'évaluation de la limite de solubilisation a été réalisée par re-dissolution
d'un coacervat formé à des conditions spécifiques (0.4% LiCI / DMAc, ratio
chitine : solvant de 0.8 : 1000) avec différentes solutions de DMAc / LiCl dans un
ratio volumique solvant : coacervat de (10 : 1). La zone de solubilité sélective,
dans ces conditions, se situe donc entre 0.35% et 1.2% LiCl / DMAc.
Toutes les étapes d'extraction ont été effectuées dans un erlenrneyer de
1000 mL sous atmosphère d'azote en immersion dans un bain thermostaté d'eau
distillée maintenu à 25 + 0.1 OC. La température de fractionnement a été fixée à
une valeur près de la température ambiante de façon à minimiser les écarts de
température entre les différentes étapes de manipulation. Une agitation
magnétique constante assurait une bonne distribution spatiale du coacervat dans
l'ensemble de la solution de fractionnement.
II est très important d'optimiser ['étape de formation du coacervat en
choisissant un volume adéquat de DMAc a ajouter à la solution de chitine / DMAc
1 LiCl 5%. Cette étape cruciale dirige le parcours de fractionnement et la qualité
des extractions subséquentes. Les fractionnements [es plus intéressants ont été
obtenus lorsque le coacervat était formé à une concentration de LiCl de 0.4%.
Le volume optimal de DMAc a ajouter à 80 rnL de solution de chitine 1 .O8 % p/v
dans DMAc / LiCl 5% est donc de 920 mL. D'autres volumes et concentrations
initiales de LiCl ont été essayés, mais l'efficacité moindre des extractions suivant
cette première étape ont permis de fixer des valeurs pour ces paramètres. Ce
point sera traité un peu plus loin à la section 3.3.3.
Pour chaque extraction (sauf à la formation du coacervat), le rapport
volumique ( V a ) des phases concentrée (V,) et diluée (Vd) a été maintenu à une
valeur de 1/10 afin de favoriser une séparation adéquate des deux phases. Cela
permet également d'obtenir une bonne répartition de la chitine dans chacune des
fractions. Une faible variation de ce rapport conduisait souvent à l'impossibilité
de séparation des deux phases (solution complètement gélifiée ou liquéfiée).
Pour chaque extraction, une période d'agitation magnétique à haute
intensité d'une durée de 1Y2 heure a été attribuée pour l'ajustement de l'équilibre
de phases. Les observations effectuées par microscopie optique à différents
temps d'agitation montrent que le coacewat est réparti de façon pratiquement
homogène dans la solution de fractionnement après 45 minutes d'agitation
(figures 3.2 à 3.5). Chaque échantillon de la solution de fractionnement a été
déposé sur une lamelle de verre et recouvert d'une micro-lamelle pour ensuite
être observé en champ clair sur un microscope Zeiss Axioskop couplé à un
objectif Leica (160/-, L25/0.22, OT4W0.34) et une caméra à trois CCD (Hitachi).
L'acquisition et le traitement des images ont été réalisés avec le logiciel Image-
Pro Plus (Media Cybernetics).
Puisque la récupération de la phase diluée par décantation du coacervat
serait trop longue et que la filtration ne semblait pas appropriée (le coacervat est
très fin et il y a possibilité d'évaporation du DMAc), la centrifugation a été choisie
pour la séparation des deux phases. Quatre bouteilles de polypropylène de 250
ml ont été utilisées dans une centrifugeuse réfrigérante Sorval ajustée à 25 + 1
OC. Les solutions ont été centrifugées à 8000 rpm pendant une heure et la
décantation finale a été réalisée par l'amorce d'un siphon afin d'éviter le mélange
des deux phases à séparer. Une centrifugeuse réfrigérante Sorval RC-5B a été
utilisée pour les essais sur des petits volumes. Cette technique fonctionne bien
mais occasionne toutefois des pertes de matériel attribuables au fait que le
coacewat colle à la paroi des bouteilles de centrifugation.
Figure 3.2 Observation par microscopie optique de la dispersion du coacewat pendant la première extraction (après 10 minutes d'agitation)
Figure 3.3 Observation par microscopie optique de la dispersion du coacewat pendant la première extraction (après 30 minutes d'agitation)
Figure Obsewation par microscopie optique de la dispersion coacenrat pendant la première extraction (après 45 mini d'agitation)
Figure Observation par microscopie optique de la dispersion coacenrat pendant la première extraction (après 90 mini d'agitation)
Les concentrations de LiCl des différentes solutions de DMAc / LiCl
utilisées pour les extractions doivent être réparties entre 0.35% et 1.2% LiCl /
DMAc environ, soit dans la zone de solubilité sélective. Autour de 0.85% LiCl /
DMAc, on peut observer une solubilisation massive du coacervat accompagnée
d'une diminution de la sélectivité massique de dissolution. Le calcul de la
concentration réelle en LiCI a été réalisé en assumant que les proportions de LiCl
et de DMAc étaient identiques dans chacune des phases. Le parcours de
fractionnement est schématisé à la figure 3.6.
3.3.3 Résultats et discussion
Les fractions obtenues par extractions sélectives sur un coacervat ont été
analysées par spectroscopie infrarouge et analyse élémentaire. II semble bien
qu'aucune modification chimique ne se soit produite durant le fractionnement. II
serait surprenant que les fractions soient chimiquement différentes de la chitine
non fractionnée puisque la dernière étape du processus de purification était une
solubilisation dans DMAc / LiCl 5% (section 2.1).
La figure 3.7 montre l'influence de la formation du coacervat sur le
parcours de fractionnement. À 0.35% LiCl / DMAc, le coacervat formé est trop
compact et encore un peu trop près de la précipitation complète. Les extractions
avec des solutions de faible pouvoir de dissolution ne sont pas possibles dans de
cours délais et la solubilisation massive à des concentrations de LiCI plus
élevées mène à l'obtention de quelques fractions seulement réparties sur un
faible domaine de masses. La formation du coacervat à 0.50% LiCl / DMAc
permet l'extraction des petites masses avec des solutions de faibles pouvoir de
dissolution, mais la sélectivité est moindre que dans la coacervation à 0.4% LiCl 1
DMAc. Le fait que les masses des dernières fractions soient plus faibles que
dans la coacervation à 0.4% LiCI / DMAc est probablement dû au gradient de
concentration plus brusque autour de 0.8% LiCI.
solution de chitine non fractionnée
formation du coacervat par ajout de DMAc
\ extractions sélective
solubiIisation complète fin du fractionnement
4
Fraction isolée dans le surnageant
Figure 3.6 Schématisation du parcours de fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat
O coacervation à 0.35% LiCI coacervation à 0.40% LiCl coacewation à 0.50% LiCI
0,3 0,4 0.5 0.6 0,7 0.8 0,9 1.0 1,1 1,2
% LiCI / DMAc (plp)
Figure 3.7 Influence de la formation du coacervat sur le parcours de fractionnement
La formation du coacervat doit donc être effectuée à une concentration de
LiCl / DMAc où la précipitation partielle de la chitine est relativement faible. On
peut ainsi parler d'une zone de transition entre la précipitation et la coagulation
de la chitine (coacervation). Tel que mentionné à la section précédente, 0.4%
LiCl / DMAc semble être fa concentration optimale pour la formation du
coacervat. Cette concentration permet d'obtenir une répartition avantageuse des
différentes espèces moléculaires lors des extractions sélectives. Cette valeur ne
serait probablement pas optimale pour un échantillon de chitine de masse
moléculaire et de distribution de masse différentes.
En plus du pouvoir de dissolution propre à chaque mélange DMAc / LiCI,
d'autres facteurs sont également à considérer dans la compréhension du
mécanisme de fractionnement : la cinétique de te-dissolution du coacenrat , la
ségrégation de masses moléculaires induite par des comportements d'adsorption
préférentielle du LiCI et du DMAc sur les chalnes de chitine ainsi que
l'encombrement stérique causé par la structure physique du coacervat.
L'influence non négligeable de ces facteurs ne sera toutefois pas étudiée dans le
présent travail.
La figure 3.8 montre les courbes obtenues lors de la détermination de la
viscosité intrinsèque des fractions provenant du fractionnement final sur 0.864 g
de chitine. Afin d'alléger le graphique, seule la relation de Huggins est
présentée. On peut observer que les fractions 1 à 4 ont des viscosités
intrinsèques inférieures à la chitine non fractionnée alors que les fractions 6 et 7
ont des valeurs supérieures à cette dernière. Cela signifie qu'il y a bien eu
séparation d'espèces moléculaires distinctes par fractionnement. Le nombre
plus important de fractions de faibles masses moléculaires (ayant des viscosités
intrinsèques inférieures à celle de la chitine non fractionnée) indique que la
sélectivité de la méthode est plus grande pour les petites masses moléculaires.
Les résultats de la détermination de la viscosité intrinsèque sont résumées dans
le tableau 3.2.
1 F 4 N-F /
--
0,OO 0,OI 0,02 0,03 O ,O4 0,OS 0,06
concentration (g d ~ ' )
Figure 3.8 Détermination de la viscosité intrinsèque des fractions de chitine obtenues par extractions sélectives sur un coacewat
8 9 10 11 12 13 14 15
Volume d'élution (ml)
Figure 3.9 Chromatograrnmes de quel ues fractions
coacervat 9 obtenues par extractions sé ectives sur un
La figure 3.9 montre les chromatogramrnes des fractions 1, 3, 5, 6 et 7
obtenues lors du fractionnement final de 0.864 g de chitine. Les fractions 2 et 4
ne sont pas présentées afin de ne pas surcharger la figure. On peut observer le
déplacement des courbes de distribution de la fraction 1 vers la fraction 7. Cela
indique clairement qu'il y a bien eu séparation d'espèces moléculaires distinctes
par fractionnement. La dispersion similaire des courbes d'éiution des fractions 1 ,
2, 3 et 4 est légèrement plus faible que celle de la chitine non fractionnée (figure
2.9). Les courbes étroites des fractions 5 et 7 correspondent bien aux indices de
polymolécularité de 1.33 et 1.28 calculés par le logiciel Astra. La fraction 6
contient sensiblement les mêmes masses élevées que dans la fraction 7, mais
beaucoup plus de masses faibles, ce qui a pour effet de diminuer la masse
moléculaire moyenne et d'augmenter la polymolécularité de cette fraction. Ces
résultats sont détaillés dans le tableau 3.2.
Tableau 3.2 Résultats du fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat
N-F --- 0.864 21.5 570 92.1 1 -45 (masse initiale)
Tel qu'introduit à la section 1.2, le jugement de la qualité et de l'efficacité
du fractionnement repose sur l'analyse des certains critères :
1) L'augmentation de la masse moyenne en poids de la fraction 1 vers la
fraction 7 indique clairement qu'il y a bien eu séparation d'espèces moléculaires
distinctes par fractionnement.
2) Les fractions obtenues ont des indices de polymolécularité inférieurs à
celui de la chitine non fractionnée. La méthode utilisée permet donc de réduire la
dispersion de la distribution de masse dans chacune des fractions. L'analyse
direct de la forme des courbes d'élution permet également de contre-vérifier les
valeurs obtenues. Les formes des courbes d'élution obtenues sont similaires à
celle d'une distribution gaussienne.
3) La somme des masses des sept fractions obtenues n'est pas égale a la
masse initiale de chitine. Le pourcentage de récupération de 79.6% est
principalement attribuable à l'utilisation de la centrifugation lors de la séparation
de phases. Même en rinçant avec le solvant servant à l'extraction suivante, le
coacewat reste partiellement collé à la paroi des bouteilles de centrifugation. Le
20.4% de perte correspond à 0.176 g de chitine. Une fois cette quantité divisée
par 7 (nombre de fractions) et par 4 (nombre de bouteilles pour la centrifugation
d'une fraction), on obtient une perte de 6 mg environ par bouteille lors d'une
centrifugation, ce qui est très faible. Ces pertes sont probablement plus
importantes dans les grandes masses puisque celles-ci sont présentes dans le
coacervat jusqu'à la fin du fractionnement. II se peut également qu'il y ait eu des
pertes lors de la filtration sur goosh (porosité fine) de la chitine précipitée dans
chacune des fractions. Les masses récupérées pour ces fractions s'échelonnent
entre 5.5 et 21.5 % de la masse initiale. On peut observer que la masse des
fractions augmentent avec l'augmentation de la concentration de LiCl dans le
solvant utilisé pour l'extraction. Cela indique que la sélectivité de la méthode est
plus grande lorsque les concentration de LiCl dans DMAc sont inférieures à la
limite de solubilisation massive de 0.85% LiCI / DMAc.
4) La moyenne des viscosités intrinsèques des fractions obtenues
(équation 6, [q] = X(mi [qli) 1 mi), est plus faible que la viscosité intrinsèque de
la chitine non fractionnée puisque la récupération est de 79.6%. En assumant
que tout le matériel non récupéré se serait retrouvé dans la fraction 7, la valeur
donnée par l'équation 6 serait égale à 20.3 dL g-', ce qui se rapproche de la
valeur initiale de 21.5 dL g" pour la chitine non fractionnée.
La reproductibilité de la méthode pour des quantités à fractionner de
l'ordre du gramme n'a pas été évaluée en raison des coûts reliés à l'achat de
solvant. Les premiers essais sur des petites quantités (0.1 g) dans les mêmes
proportions donnent toutefois un bon aperçu de la constance des extractions à
une même concentration de LiCl 1 DMAc (tableau 3.3). Toutes les extractions on
été effectuées après une coacervation à 0.4% LiCl 1 DMAc, mais à des temps
d'agitation différents (entre 60 et 120 minutes). Le faible écart type sur chacune
des valeurs de viscosité intrinsèque démontre que la reproductibilité des
extractions est très bonne en considérant l'erreur expérimentale sur les mesures
(section 2.4.1.2).
Une reconstitution de la courbe d'élution de la chitine non fractionnée par
addition des chromatogrammes des fractions obtenues et ajustement des
proportions de chaque fraction est présentée à la figure 3.10. La courbe de
reconstitution a été construite en assumant que tout le matériel non récupéré
aurait dû se retrouver dans la fraction 7. La courbe de reconstitution correspond
de manière satisfaisante à la courbe de la chitine non fractionnée compte tenu de
l'incertitude reliée au matériel non récupéré ainsi qu'au fait que la multiplication
d'une courbe par un facteur x ne donne pas le même résultat qu'une variation
chromatographique associée à un facteur x de concentrati~n.~~
Tableau 3.3 Viscosité intrinsèque de fractions obtenues après différentes périodes d'extraction
viscosité intrinsèque (dL g-')
temps d'agitation 1 O extraction 2" extraction 3" extraction (minute) (0.40% LiCI / DMAc) (0.60% LiCl / DMAc) (0.75% LiCl / DMAc)
moyenne écart type
La méthode de fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat
permet donc une séparation efficace des différentes espèces moléculaires de
chitine présentes dans la distribution naturelle. Malgré la légère perte de
sélectivit6 massique à des concentration de LiCl I DMAc supérieures à 0.85% et
l'obtention de fractions terminales un peu volumineuses, cette méthode reste
néanmoins pratique, fonctionnelle et efficace. Les fractions obtenues s'étendent
sur un domaine de masse de 81000 à 708000 g mol-', soit sur un ordre de
grandeur environ. Une intéressante réduction de la polymolécularité (de 1.45 à
1.3) a également été observée pour certaines fractions.
- reconstitution - chitine N-F
8 9 10 11 12 13 14
volume d'élution (ml)
Figure 3.1 0 Reconstitution de la courbe d'élution de la chitine non fractionnée par addition des chromatogrammes des fractions obtenues
3.4 Détermination de l'équation de Mark-HouwinkSakurada
3.4.1 Méthode
L'équation de Mark-Houwin k-Sakurada (M HS) reliant la viscosité
intrinsèque [q] d'une solution de polymère à la masse moléculaire a déjà été
introduite à la section 1.2 (équation 4).
Les paramètre <( K )> et a n peuvent être obtenus par l'étude des masses
moléculaires moyennes en poids et des viscosités intrinsèques d'une série
d'échantillons de distributions étroites. Les fractions obtenues par
fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat ont été utilisées à
cette fin.
Le constante « a » est obtenue par le calcul de la pente du graphique de
log [q] en fonction de log Mp. L'ordonnée à l'origine de ce graphique correspond
à la valeur log K (figure 3.1 1 ).
Une bonne )) relation [q] - M doit généralement être obtenue par l'étude
d'un minimum de quatre échantillons de classes A (MdM,, c: 1.25), B (1.30 S
MdMn 1.75) et exceptionnellement C (1.8 2 MdMn 1 2.4) si on utilise Mp et d'un
minimum de quatre échantillons de classe A et exceptionnellement B si on utilise
M~~~
Les fractions utilisées pour la détermination des constantes de l'équation
de MHS ont des indices de polymolécularité compris entre 1.28 et 1.44. En plus
des fractions F-1 à F-7 (tableau 3.2), cinq autres fractions provenant de divers
essais de fractionnement seront également utilisées (voir tableau 3.4).
Tableau 3.4 Fractions provenant de différents essais de fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat ayant également été utilisées pour la détermination des constantes de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc / LiCl5%
3.4.2 Résultats et discussion
Les valeurs obtenues pour les constantes a » et K K » de l'équation de
MHS de la chitine dans DMAc I LiCl 5% p/p sont de 0.95 (k0.02) et 7.6 x IO-'
(k0.2 x IO-') dL gd respectivement (figure 3.1 1). L'incertitude sur ces valeurs a
été évaluée à partir des coefficients de variation ambuables aux analyses de
viscosimétrie et de chromatographie d'exclusion stérique en double détection. Le
coefficient de corrélation de la droite tracée à la figure 3.1 1 est de 0.9952, ce qui
démontre l'excellente linéarité de la relation obtenue (équation 22).
La détermination des constantes de I'équation de MHS de la chitine dans
DMAc I LiCl 5% a déjà fait l'objet de quelques publications."i23v115 Les
différentes valeurs de a a )) et « K N trouvées dans la littérature sont présentées
dans le tableau 3.5.
Figure 3.1 1 Détermination des constantes de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc 1 LiCl 5%
Tableau 3.5 Comparaison des valeurs des constantes a et K de l'équation de Mark-Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc 1 LiCI 5% provenant de la littérature
groupe de recherche a K domaine de masse (dL g-l) (x 10" g mol")
- -- --
Terbojevich et coll. (1 988) O -69 2.4 x IO" 90 - 510
Shimahara et coll. (1 988) 0.71 - --
Terbojevich et coll. (1 996) O .88 2.1 x l o 4 120 - 580
Présent travail (2000) O -95 7.6 x 1 O-' 80 - 710 (I 0.02) (r 0.2 x 10-7
Les valeurs de a D de 0.69 et 0.71 proviennent d'études effectuées à
partir d'un nombre trop faible d'échantil lon~.~~ Terbojevich et col. ont eux-
mêmes remplacé la valeur de 0.69 proposée en 1988 par une nouvelle valeur
égale à 0.88 (en 1996) obtenue à partir d'un plus grand nombre d'échantillons.
La valeur de la constante <c a » est généralement élevée (0.8 - 1.1) pour
les polymères ayant un squelette rigide ou des propriétés de drainage
particulièrement élevées en solution.74 Puisque la cellulose est reconnue pour de
telles propriétés de drainage, il est probable que la chitine se comporte de
manière similaire.74
Vincendon a déjà démontré par RMN 'H que les liaisons hydrogène
intrachaîne [ (C3)-OH.. . . . .O (cycle) ] (figure 1.3) présentes dans la chitine à l'état
solide persistaient en solution dans DMAc / LiCl 5%.35 La présence de ces
liaisons hydrogènes empêcherait ainsi toute rotation autour du lien glycosidique
et maintiendrait une rigidité considérable des chaînes de chitine en solution dans
ce solvant.
2 x Les valeurs relativement élevées des rayons de giration Cr, > par rapport
aux masses moléculaires (obtenues par diffusion de la lumière) renseignent sur
la rigidité élevée des chalnes de chitine en solution dans DMAc / LiCl 5%
(tableaux 3.2 et 3.4). Cela est bien en accord avec la citation du paragraphe
précédent.
La valeur de 0.95 I 0.02 obtenue pour la constante c a >> est donc très
plausible et concordante avec toutes les observations citées précédemment. Le
fait que cette valeur soit un peu plus élevée que celle obtenue par Terbojevich et
colt. en 1996 est probablement attribuable à l'utilisation d'échantillons répartis sur
un domaine de masse plus large.
L'équation 22 permet donc de déterminer la masse moléculaire moyenne
en poids (M,) d'un échantillon de chitine de polymolécularité similaire (1 -3 - 1.4)
par des mesures de viscosité dans DMAc / LiCl 5% à des conditions identiques.
Si la polymolécularité de l'échantillon étudié est différente, l'équation 22 mène à
l'obtention d'une masse moyenne viscosimétrique (Mt,). Mais puisque la
constante « a N est égale a 0.95 (E l ), l'expression de Mv devient pratiquement
égale à la masse moléculaire moyenne en poids (M,) (voir les équations 2 et 3).
Le fait que certains auteurs ne précisent pas le domaine de masse dans
lequel une relation de type MHS est effective peut conduire à des erreurs
systématiques lors d'utilisations futures. L'équation obtenue dans le présent
travail est valide pour le domaine de masse de 80000 a 710000 g mol-' et pour
des échantillons ayant un degré d'acétylation aux alentours de 91 %.
CHAPITRE IV
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
4.1 Conclusion générale
Les trois principaux objectifs poursuivis dans ce travail ont été atteints
avec succès : Le premier objectif était de mettre au point une méthode
permettant la séparation efficace des différentes espèces moIéculaires présentes
dans la chitine non fractionnée. N,N-diméthylacétamide / chlorure de lithium
(DMAc / LiCI) est un solvant de la chitine qui présente les caractéristiques
permettant de mettre en place une procédure de fractionnement par extractions
sélectives sur un coacervat. La méthode développée permet I'obtention de
fractions s'étendant sur un domaine de masse de 81000 à 708000 g mol". soit
sur un ordre de grandeur environ. Une intéressante réduction de la
polymoIécularité a également été observée pour certaines fractions. Un essai de
fractionnement par gélification sélective a été tenté, mais la méthode s'est avérée
peu efficace et peu pratique.
L'optimisation des conditions d'analyse par chromatographie d'exclusion
stérique en double détection avec la réfractométrie et la diffusion de la lumière
constituait le deuxième objectif de ce travail. La méthode développée permet
une caractérisation massique complète de la chitine par l'obtention des masses
moyennes en poids et en nombre, du rayon de giration et de la courbe de
distribution de masse.
Le troisième objectif reposait sur la détermination des constantes de
l'équation de Mark-Houwink-Sakurada de la chitine dans DMAc 1 LiCl 5%. Cela
nécessitait l'obtention par fractionnement de plusieurs fractions de faible
polyrnolécularite et de masses moléculaires distinctes réparties sur un large
domaine de masse. Cette équation, valide pour des masses de 80000 à 710000
g mol" et pour des échantillons ayant un degré d'acétylation aux alentours de
91 %, permet maintenant de déterminer la masse moléculaire d'un échantillon de
chitine par une simple mesure de viscosité dans les mêmes conditions. La
viscosimétrie est une méthode analytique facile à mettre en place
comparativement à la chromatographie d'exclusion stérique en double détection.
Cette étude permet également d'approfondir les connaissances sur le
système de solvant DMAc / LiCI. L'utilisation de solvants mixtes a récemment
fait l'objet d'un grand intérêt pour la mise en œuvre et la séparation de polymère.
Certains procédés industriels pour la coagulation de polymère sont basés sur la
formulation de solvants mixtes conçus pour amener une solution a la limite de la
non-miscibi~ité.~'
4.2 Perspectives
Quelques améliorations pourraient être apportées à la méthode de
fractionnement par extractions sélectives sur un coacervat. La perte de
sélectivité dans les grandes masses pourrait probablement être minimisée par
l'utilisation de rapports volumiques V, / Vd plus grands lors des extractions avec
des solutions ayant une concentration en LiCl / DMAc supérieure à 0.85%.
L'étape de séparation de phases par centrifugation pourrait également être
améliorée afin d'augmenter le pourcentage de récupération de la chitine.
Un fractionnement initial sur des quantités plus importantes permettrait le
re-fractionnement de chaque fraction obtenue par la même méthode. Une
diminution supplémentaire de la polymolécularité serait sans aucun doute
observée dans les nouvelles fractions.
La récupération du DMAc et du LiCl semble relativement simple à mettre
en place. Puisque DMAc ne forme pas d'azéotrope avec l'eau, une distillation
sous pression réduite permettrait de récupérer le solvant sans difficulté. LiCl
pourrait facilement être purifié par calcination dans un four moufle. La
récupération du DMAc et du LiCl permettrait ainsi le fractionnement de quantités
beaucoup plus importantes à des coûts moindres.
La chromatographie à contre-courant pourrait peut-être permettre
l'automatisation de la méthode par une procédure en continue. Cette technique
a déjà été utilisée pour le fractionnement en continu de polymères par extractions
sélectives sur un coacer~at .~~
Si l'amélioration au fractionnement permettait d'obtenir des fractions de
polymoiécularité (Mp I Mn) inférieure à 1.2, ces fractions pourraient servir de
standards pour l'étalonnage de système de chromatographie d'exclusion stérique
en simple détection par réfractométrie. Puisqu'un photomètre de diffusion de la
lumière est assez dispendieux et surtout difficile d'utilisation, la possibilité
d'étalonner un système directement par l'utilisation d'échantillons de masses
moléculaires connues et de faible polymolécularité constituerait un avantage
économique non négligeable.
La production de chitosane de faible polymolécularité à partir des fractions
de chitine obtenues par fractionnement par extractions sélectives sur un
coacervat est également à envisager.
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