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Le guide des couleurs
Mathieu Robert
Artiste-peintre enseignant
Tous droits réservés
Les Ateliers Créaction 2017
TABLE DES MATIÈRES
• Introduction
• Présentation de l’auteur
• L’essentiel des couleurs primaires
• Pourquoi utiliser les couleurs primaires ?
• L’utilisation de beaucoup de couleurs
• La répétition, la clé du succès
• Les tubes de peinture à éviter
• La puissance des couleurs
• Les 6 tubes de couleur à utiliser pour une palette complète propre
et complète
• Des couleurs pures
• Ma palette harmonisée
• Reproduire une couleur en 3 étapes
• En conclusion
• Lexique de la couleur
INTRODUCTION
Dans ce guide pratique, je vous expliquerai comment fabriquer une
grande variété de couleurs à l’aide des couleurs primaires.
En plus, je vous donnerai une multitude d’astuces et trucs pour la
fabrication de votre palette.
PRÉSENTATION DE L’AUTEUR
Je m’appelle Mathieu Robert et je suis artiste professionnel et
enseignant. Ma grande passion est de faire de l’art et ma mission est de
la transmettre à mes élèves. Je gère deux écoles d’art depuis plus de
10 ans sous la bannière Les Ateliers Créaction.
Il me fait plaisir de vous partager ce guide que j’ai concocté pour vous.
Bonne lecture !
L’ESSENTIEL DES COULEURS PRIMAIRES
La synthèse soustractive des couleurs est
le procédé consistant à combiner
l'absorption d'au moins trois couleurs
primaires pour obtenir toutes celles d'une
gamme.
Le terme soustractif vient du fait qu'un objet
coloré absorbe une partie de la lumière
incidente. Il soustrait donc une partie du
spectre de celle-ci. En retirant
successivement certaines parties du
spectre, les couleurs de la synthèse
soustractive en laissent d'autres prépondérantes. Celles-ci déterminent la
couleur résultante.
La synthèse soustractive est composée de 3 couleurs primaires. Un ton
jaunâtre, un ton rougeâtre et un ton bleuté.
La synthèse additive des couleurs est le
procédé consistant à combiner
les lumières de plusieurs
sources colorées dans le but d'obtenir une
lumière colorée quelconque dans un gamut
(gamut de couleur est la partie de
l'ensemble des couleurs qu'un certain type
de matériel permet de
reproduire.) déterminé.
La synthèse additive utilise généralement trois lumières colorées : une rouge,
une verte et une bleue (RVB ou RGB en anglais pour red, green, blue).
L'addition de ces trois lumières colorées en proportions convenables donne la lumière blanche. L'absence de lumière donne du noir.
Source : Wikipedia
À retenir
La méthode qui est cependant utilisée par les artistes est la synthèse
soustractive.
POURQUOI UTILISER LES COULEURS PRIMAIRES ?
On parle d’une couleur « primaire » comme étant une couleur dont le mélange
avec les autres primaires permet de reproduire une grande palette de couleurs
du spectre visible.
Ces couleurs sont d’ailleurs difficilement reproductibles par le mélange de deux
autres couleurs entre elles.
En peinture, pendant longtemps on a cru que les trois couleurs primaires
étaient le rouge, le bleu et le jaune, mais avec le temps et la venue de
l’imprimerie, le cyan, le magenta et le jaune se sont montrés comme étant
plus efficaces pour atteindre une plus grande variété de couleurs. Bien que les
imprimantes couleurs, celles plus sophistiquées, impriment jusqu’à 6 couleurs
en plus du noir.
Depuis mes études collégiales en art, j’ai appris à utiliser les couleurs primaires
pour faire mes mélanges. Bien sûr, une des raisons étant l’économie d’acheter
seulement 5 tubes, mais aussi pour l’apprentissage que cela en résulte et la
liberté de faire toutes les teintes.
Cela fait plus de 15 ans que j’enseigne la peinture acrylique et j’ai toujours
enseigné au départ l’utilisation des couleurs primaires pour faire les mélanges.
L’UTILISATION DE BEAUCOUP DE COULEURS ?
Je ne recommande pas d’utiliser
une grande variété de couleurs
et cela s’applique à tous ceux qui
désirent comprendre la couleur.
Mais pourquoi ne pas prendre
les couleurs toutes faites et
s’embêter à tout mélanger ?
Voici une analogie qui vous fera réfléchir. Croyez-vous que les grands chefs
utilisent des mélanges à pain ou à gâteaux commerciaux où il ne reste qu’à
ajouter l’eau et enfourner ? Il est certain qu’ils utilisent leurs matières de base
soit la farine, les œufs, le sel, avec leur propre dosage pour créer le goût désiré
et rendre leur pâtisserie unique. Connaissez-vous la pâte à croissant Pillsbury
? Pensez-vous que les grands pâtissiers l’utilisent ? Bien non ! Ils utilisent les
ingrédients de base et éventuellement feront des chefs-d’œuvre culinaires.
En utilisant les mêmes tubes, vous allez apprivoiser pour chacune :
sa puissance de coloration, sa valeur, son opacité et sa viscosité.
Voyager léger !
Je vois certains débutants qui arrivent au cours avec une centaine de tubes et
de pots dans leurs nombreux sacs, fatigués d’avoir transporté leur matériel de
chez eux.
Je répète souvent que peindre avec trop de tubes sans connaître leurs effets
est comme jouer du violon sans connaître la note que donnera chaque corde.
En utilisant seulement les trois couleurs primaires, on arrive à créer tout ce
qu’on veut avec quelques petites techniques et un peu de travail.
La répétition est la clé du succès
Travailler avec les mêmes tubes de couleur a un grand avantage. Car chaque
couleur possède sa propre puissance de coloration. Autant elle peut être
intense comme l’ail autant elle peut être fade comme le tofu. En utilisant le
même rouge constamment, vous pourrez connaître exactement ses qualités et
n’utiliserez que la quantité nécessaire et ainsi, vous sauverez beaucoup de
temps et avoir de meilleurs résultats.
LES TUBES DE PEINTURE À ÉVITER
Il est important d’apprendre à lire les étiquettes des tubes de peinture
que vous achetez. Car ceux qui contiennent des pigments blancs sont à
éviter. Ils ne vous donneront pas les couleurs pures que vous désirez.
C’est un poison !
Comment savoir si vos tubes contiennent du blanc ?
La plupart des compagnies qui fabriquent les tubes de peinture ajoutent
une appellation « Pigment » grâce auquel on peut connaître la base de
pigment qui a été employée pour la mixture du tube.
Par exemple : Pw77 signifie P=pigment w=white 77 : chiffre
d’identification du pigment.
Les autres pigments seront : R pour red (rouge) B pour blue (bleu) Y
pour yellow ( jaune) G pour green (vert) V pour violet (violet) O pour
orange (orangé).
LA PUISSANCE DES COULEURS
Parfois une seule goutte de bleu suffit pour transformer une grande
quantité de jaune en vert.
Pourquoi ?
Le bleu a une grande puissance de coloration tandis que le jaune est
très faible.
C’est ce qu’on appelle la puissance de coloration. Pensez aux épices en
cuisine et c’est le même principe. Certaines épices sont beaucoup plus
puissantes que d’autres.
Avec mes élèves, je compare le bleu à l’ail et le jaune au tofu ce qui les
font rire. Mais c’est vrai !
La puissance de vos bases en coloration
Couleur Puissance Opacité
Bleu phtalocyanine Très élevée Transparente
Bleu outremer Élevée Transparente
Magenta quinachridone Élevée Transparente
Rouge cadmium Moyenne Opaque
Jaune citron Faible Semi-opaque
Jaune cadmium Faible Opaque
MA PALETTE HARMONISÉE
Après plusieurs années de recherche et de test, je me suis arrêté sur
une palette qui à mon avis donne un choix immense. Sans aucunes
limites de teintes !
J’utilise 6 tubes de peinture en plus du blanc et du noir.
Je mélange les deux anciennes théories
des couleurs. Donc, j’utilise 2 teintes de
jaune, 2 teintes de bleu et 2 teintes de
rouge.
2 bleus (base de jaune et base rouge)
Bleu phtalocyanine et bleu outremer
2 jaunes (base rouge et base bleu)
Jaune citron et jaune cadmium
2 rouges (base bleu et base jaune)
Magenta et rouge cadmium
PALETTE D’APPRENTISSAGE
Avec tous mes nouveaux élèves, j’encourage l’utilisation de cette palette
qui contiendra les 6 couleurs montrées plus haut plus le noir de carbone,
le blanc de titane et le terre de sienne.
Avec ces couleurs, vous serez en mesure de créer tout ce que vous
désirez.
DES COULEURS PURES
Pour fabriquer des couleurs pures, il ne faut jamais retrouver des
couleurs complémentaires et /ou opposées dans votre mélange.
Sinon son ajout ternira votre couleur.
Mélange 1: Jaune cadmium + rouge cadmium= orangé (très pur)
En opposition à…
Mélange 2 : Jaune citron + rouge cadmium= orangé (impur)
Je vous explique
La légère teinte bleutée dans le jaune citron ajoute la couleur
complémentaire de l’orangé, ce qui la ternit puisque le bleu est la
complémentaire de l’orangé. La couleur dans le mélange 1 aura donc
l’air légèrement plus pure que celle du mélange 2.
Testez vous-mêmes en mélangeant de l’orangé et du bleu, vous
obtiendrez une couleur très sale, un brun ou un gris.
Mélangez les bonnes couleurs quand vous voulez une couleur très pure
et incorporez des opposées lorsque vous recherchez des couleurs moins
éclatantes.
Et souvenez-vous : pas de peinture avec
des pigments blancs.
REPRODUIRE UNE COULEUR EN 3 ÉTAPES
1ère étape
Choisir la couleur qui selon vos yeux ressemble le plus à la couleur
recherchée
Prendre dans votre palette la couleur qui à première vue ressemble le plus à
votre couleur cible et la mettre sur l’endos d’une spatule. À cette étape, la
précision n’est pas très importante, vous allez voir en continuant les étapes.
Mettez-la en aplat sur la spatule, éviter les masses qui créeront des ombres
dans votre couleur, cela évitera les erreurs comparatives.
2e étape
Comparer la couleur choisie à celle recherchée.
Il est très important de juxtaposer la couleur choisie à celle recherchée et de
repérer vos sensations visuelles. Donc on prend la spatule avec notre couleur
et on la met complètement vis à vis en la tenant en parallèle à la couleur.
Ensuite on choisit la sensation visuelle ici-bas.
Si ma couleur par rapport à celle que je recherche est trop ou pas assez. Voici
les solutions à apporter :
Dictionnaire de sensations visuelles TROP
Dictionnaire de sensations visuelles PAS ASSEZ
Trop saturé, trop pure ou trop flash (On enlève de la saturation) Soit on ajoute sa complémentaire Soit on ajoute du gris Soit on ajoute du brun
Pas assez saturé, pure ou flash (On ajoute sa propre couleur) Si ce n’est pas assez orangé flash on ajoute de l’orangé pur Ex : si c’est un bleu on lui ajoute soit le bleu Outremer ou le bleu Phthalocyanine.
Trop jaune On ajoute son opposé dans le cercle chromatique.
(Dans ce cas du violet)
Pas assez jaune On ajoute le jaune cadmium ou le jaune citron.
Trop rouge On ajoute son opposé dans le cercle chromatique.
(Dans ce cas du vert)
Pas assez rouge On ajoute le rouge cadmium ou le magenta quinacridone.
Trop bleu On ajoute son opposé dans le cercle chromatique.
(Dans ce cas de l’orangé)
Pas assez bleu On ajoute le bleu outremer ou le bleu phthalocyanine
Trop violet On ajoute son opposé dans le cercle chromatique.
(Dans ce cas du jaune cadmium ou du jaune citron.)
Pas assez violet On ajoute du violet.
Trop vert On ajoute son opposé dans le cercle chromatique.
(Dans ce cas du rouge cadmium ou du magenta quinacridone.)
Pas assez vert On ajoute du vert.
Trop orangé On ajoute son opposé dans le cercle chromatique. (Dans ce cas du bleu outremer ou du bleu phthalocyanine.)
Pas assez orangé On ajoute de l’orangé.
Trop blanc Ajoutez + de couleurs pures On ajoute une plus grande quantité de toutes les autres couleurs du mélange ce qui la rendra en partie moins blanche. NB :Le blanc doit être ajouté avec parcimonie et
graduellement, car il gâche souvent les couleurs.
Pas assez blanc On ajoute du blanc.
Trop brun Ajoutez + de couleurs pures et + de quantité de toutes les autres couleurs du mélange ce qui la rendra en partie moins brune.
Pas assez brun On ajoute du brun.
Trop Noir Ajoutez + de couleurs pures et + de quantité de toutes les autres couleurs du mélange ce qui la rendra en partie moins noire.
Pas assez Noir On ajoute du noir.
Trop foncé On ajoute une couleur de valeur plus claire.
Pas assez foncé On ajoute une couleur de valeur plus foncée.
Trop pâle ou clair On ajoute une couleur de valeur plus foncée.
Pas assez pâle ou pas assez clair On ajoute une couleur de valeur plus claire.
Trop chaud On la refroidit en ajoutant n’importe quelle couleur froide du cercle chromatique idéalement une couleur assez opposée ainsi elle changera moins la teinte originale.
Pas assez chaud On la réchauffe en ajoutant n’importe quelle couleur chaude du cercle chromatique idéalement une couleur assez opposée ainsi elle changera moins la teinte originale.
Trop froid On ajoute une couleur chaude dans la nuance qu’on recherche On la réchauffe en ajoutant n’importe quelle couleur chaude du cercle chromatique idéalement une couleur assez opposée ainsi elle changera moins la teinte originale.
Pas assez froid On ajoute une couleur froide dans la nuance qu’on recherche On la refroidit en ajoutant n’importe quelle couleur froide du cercle chromatique idéalement une couleur assez opposée ainsi elle changera moins la teinte originale.
Trop gris ou trop neutre (On ajoute sa propre couleur) Ex : Si la couleur est trop grise et que la nuance est bleue, on ajoute du bleu, sa propre nuance. Ex : si la nuance trop grise ressort orangé. On lui ajoute sa nuance orangé.
Pas assez gris ou pas assez neutre On ajoute du gris, plus pâle ou plus foncé selon le cas
3e étape
On ajuste la couleur avec la solution qui nous semble le mieux
par rapport à notre sensation. Si vous avez réussi, tant mieux,
sinon il est très normal de repasser par les étapes 2 et 3
jusqu’à la perfection.
Petit truc
Penser à vos quantités afin de respecter la puissance des couleurs, leur
force de coloration :
• Les nuances jaunes sont faibles
Il faut énormément de jaune pour changer une autre couleur) (analogie
avec l’art culinaire, le jaune c’est le tofu sans goût qui se transforme en
autre chose facilement.
• Les nuances bleues sont fortes
Analogie l’art culinaire : l’ail c’est le bleu de la cuisine, il n’en faut qu’un
peu pour que son goût se retrouve partout, c’est très fort.
• Les nuances rouges sont moyennes
Sa force est à mi-chemin entre le jaune et le bleu. Le blanc est faible
presque comme le jaune mais un peu moins.
EN CONCLUSION
Vous en savez maintenant plus sur le mélange des couleurs en utilisant
les couleurs primaires. Il ne vous reste plus qu’à faire vos tests vous-
mêmes et à vous amuser en créant de merveilleuses couleurs uniques.
Bons mélanges !
LEXIQUE DE LA COULEUR
Saturation : Degré de pureté d’une couleur, une couleur saturée au
maximum ne peut pas être plus pure.
Désaturé : Le fait d’enlever de la pureté en ajoutant une autre couleur
au mélange, très souvent : un gris, un brun ou la couleur opposée.
Ton : mot employé pour désigner une propriété d’une
couleur. Exemple : ton chaud ou ton froid
Nuance : un bleu verdâtre et un bleu violacé sont des nuances de la
même teinte.
Teinte : La teinte est la couleur à son plus pure, sans blanc sans noir.
Valeur : Degré de clarté d’une couleur sans teinte, il est possible de la
comparer à une échelle de gris avec une couleur non grise pour trouver
sa teinte.
Homologue : Couleurs rapprochées de chaque côté dans le cercle
chromatique.
Complémentaire : Couleur diamétralement opposée dans le cercle
chromatique.
Contraste : Degré d’opposition entre deux valeurs, deux couleurs, deux
formes, etc.