medievales - num 28 - printemps 1995.pdf
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ļ^VT
V
/
langue
W
I
JI
A-J
. sr
istoire
VALES
A-J
histoire
1
.ÇA
-J
histoire
.ÇA
N° 28
-PRINTEMPS
1995
X
LE CHOIX
Çã
DE
LA
SOLITUDE
^
f
duCentreevueNationalubliéeduvecLivreeconcoursetduC.N.R.S. JA1/iuCentreationaluLivre tduC.N.R.S. JA
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MÉDIÉVALES
Langue
Textes Histoire
Revue semestrielle
publiéepar
es PressesUniversitairese
Vincennes-Paris
III
avec
le
concours
u
CentreNational u Livre
et du
Centre
e la
Recherche
cientifique
fondée
arFrançois-J.
eaussart,
ernard
erquiglini,
rlando e
Rudder,
François acquesson,
laude
Jean,
dile
Redon
Directeure la publicationOdileREDON
Comité
de rédaction
SimonneABRAHAM-THISSE
Patrick OUCHERON
Alain BOUREAU
Monique
BOURIN
Geneviève ÜHRER-THIERRY
Lada HORDYNSKY-CAILLAT
BrunoLAURIOUX
DidierLETTLaurenceMOULINIER
Danièle SANSY
Conseil
scientifique
Jérôme
aschet,
Chiara
Frugoni,
Allen
J.
Grieco,
Christine
apostolle,
Michel
Pastoureau,
Danielle
Régnier-Bohler,
ernard
Rosenberger,
Barbara
Rosenwein,
imone
Roux,
Françoise
Sabban,
Thomas
Szabó,
Elisabeth
adora-Rio
© PUV, Saint-Denis,995
Couverture
dessinde MichelPastoureau
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MÉDIÉVALES 28
PRINTEMPS 1995
LE
CHOIX
DE LA
SOLITUDE
Parcours
érémitiques
dans les
pays
d'Occident
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CONSIGNES
AUX AUTEURS
A
-
Articles
Les textes seront remis
dactylographiés
u
imprimés
n
double
interligne,
n feuillets
e
1
800
signes 30 lignes
à 60
signes)
sur
for-
mat
21
X
29,7
cm. Le texte
t les notes seront
présentés
éparément,
les notes numérotées
n continu à
la
suite de
l'article. Les articles
(notes comprises)
ne
dépasseront
pas
45 000
signes
(y compris
les
blancs),saufconsignes pécifiques u responsable u numéro.Les dis-
quettes
seront fourniesdans un second
temps.
Normes de
présentation
Les mots et les citations
en latin
seront
présentées
n
italiques
ou
soulignés.
Les citations
hors
le
latin) figureront
ntre
guillemets.
Les illustrationseront
résentées part,
n
cliché
positif
oir et
blanc,
numérotées
t
avec une
légendedactylographiée.
e nombredes illus-
trations
par
articlene
dépassera pas
5.
Les
dessins
au
trait sont les
bienvenus.
Notes
Dans les notes et les références
ibliographiques,
n
respectera
les normes
uivantes
initiale u
prénom
de l'auteur n
capitales,
uivi
du nom de l'auteur en
petites
capitales
sauf
l'initiale en
capitale)
titre
'ouvrage
en
italiques
tome ou volume lieu et date
d'édition
pages.
Pour les
articles
e revue titre e l'article ntre
uillemets,
irec-
tement
uivi,
après
une
virgule sans
dans
ni
in),
du
titrede la revue
en italiques ou souligné tome ou volume année ; pages.
Pour
les articles nclus
dans
des
ouvrages
collectifs
actes
de col-
loques, mélanges...),
même
présentation
mais
le
titrede l'article
est
suivi
du
mot
dans,
puis
du nom de
l'éditeur
scientifique
en petites
capitales)
suivi de éd. ou
dir.,
et du
titrede
l'ouvrage
en italiques).
Pour
les éditionsdes textes
médiévaux,
e
prénom
et le
nom de
l'auteur seront n
petites apitales sauf
initiales,
n
capitales)
le
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en italiques)
sera
suivi du
prénom
et
du nom de
l'éditeur
scientifique
en
petitescapitales)
suivi
de éd. ou
dir.
B
-
Notes de lecture
On
indiquera
dans l'ordre
l'auteur,
e titre n
italiques y
com-
pris
'intégralité
es
sous-titres),
e lieu
d'édition,
a maison
d'édition,
la date
de
publication,
e nombre
de
pages,
le
nombre de
planches
et la
nature des index.
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SOMMAIRE N° 28 PRINTEMPS 1995
LE CHOIX DE LA SOLITUDE
Parcours
érémitiques
dans les
pays
d'Occident
Parcours
érémitiques
Odile REDON 5
Terreurs
t tourments. ormes d'érémitisme
n Italie centrale
entre e
xii« et le xme siècle
Sofia BOESCH GAJANO
11
La solitude
des ermites.
Enquête
en
milieu
alpin
Catherine
SANTSCHI 25
Entre le désir de la
montagne
et les
appels
du
village
Franco
d'Assergi,
ermitedu Gran Sasso
(xiii* siècle)
Stéphane
DI DOMENICO
41
Un Vénitien
u Mont-Saint-Michel
Anastase,
moine,
ermite t
confesseur
t
vers
1085)
Mathieu
ARNOUX
55
Érémitisme
t
«
inurbamento dans l'ordre camaldule à la
fin
du
Moyen Âge
Cécile CABY
79
Reliques
et
images
de saint
Galgano
à
Sienne
(xine-xve iècles)
Lucie GERNEZ
93
Bibliographie 1963-1994)
Sofia
BOESCH
GAJANO,
Cécile
CABY,
Odile
REDON
113
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4
SOMMAIRE
ESSAIS
ET
RECHERCHES
Sur les traces du
lynx
Élisabeth
HALNA-KLEIN
119
Bornes
et
limites
dans Paris
à la
fin
du
Moyen
Âge
Simone
ROUX
129
Abstracts 139
Notes
de
lecture
143
Mathieu
Arnoux,
Mineurs
férons
et maîtres de
forge
étude
sur^
a
production
du
fer
dans la
Norman-
die
du
Moyen Âge
xie-xve
iècles
(L. Feller)
;
Jeux,
sports
et divertissementsu
Moyen
Âge
et
à
l'âge
clas-
sique (D. Boisseuil)
;
Chiara
Frugoni,
Francesco e
l'invenzione
delle
stimmate Una
storia
per parole
e
immagini ino a Bonaventura Giotto A. Boureau) ;
Michel
Colardelle et Éric
Verdel
(dir.),
Les habi-
tats du lac de Paladru
(Isère)
dans leur
environnement
La
formation
d'un terroir u
XIe
iècle
(G. Comet)
;
Jacques
Krynen,
L'empire
du
roi. Idées et
croyances
politiques
en
France,
xine-xve
iècle
(P.
Bue).
Livres
reçus
155
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=-0/']
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Médiévales
8,
printemps
995,
p.
5-9
Odile
REDON
PARCOURS ÉRÉMITIQUES
L homme seul n existe
pas
et Termite
ui
fait e choix de
quitter
la société des hommes rencontre
ant d obstacles à la solitude con-
templative u il
retrouve
oujours,
mortou
vif,
une société des hom-
mes car si son
rêve
de solitude
était
pleinement
éalisénul n aurait
de lui
gardé
a
mémoire. euls
peut-être
es
ermitages
nonymes
dont
les documents
portent
a
trace,
aux confinsdes terroirs
illageois
ou
dans les clairières, émoignent hommesou de femmes ui ontréussi
leur
départ
en
disparaissant
ans
escorte,
ans nom
et
sans souvenir.
Dans les
sociétés
chrétiennes,
es
parcours obligatoires
nt créé
un
stéréotype
e
l ermite,
dont le modèle est saint
Antoineet
qui
est
régulièrement
ctualisé,
u
cours
des siècles
médiévaux,
ans les récits
hagiographiques
t
dans
les textes ittéraires
entre
réalité,
magi-
naireet
folklore.Une femme u
plus
souvent
n homme
part
en
quête
du désert
en Occident e
désert
déal est
une
forêt,
de
préférence
dans un
relief
ccidenté,
emé de
roches et de
grottes,
el
que
l illus-
tre
iconographie
des Thébaïdes
aux
xivc
et
XVe
iècles. L ermite vit
de
cueillette,
n contact
t
souvent
n collaboration
vec
les
animaux.
De loin en loin il reçoit a visite de chrétiens, ui tombent ur lui
inopinément
u
qui
le cherchaient
our
l assister,
e
nourrir,
eman-
der
sa
bénédiction
u lui confier
inavouables
secrets.
Le diable s en
mêle,
sous
la forme ouventde séduisantes
réatures mais le brave
ermite ésiste
pas toujours).
Il
compose
aussi
avec
ses fidèlesou ses
disciples.
Les
articles
ui
suivent
t
les
recherches itées dans
la
bibliogra-
phie
montrent
ue
le
stéréotype
on s en
doutait
-
ne rend
pas
compte
des
multiples
vatars de
l érémitisme,
el
qu au Moyen
Age
il
s est
confronté ux
communautés
umaines,
ux institutionscclé-
siastiques
et aux réalités
politiques.Essayons
de
présenter
es voies
ouvertesdans ce volume et dans l historiographie roche.
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6
O.
REDON
Partir
Pour
devenir
rmite
l faut
quitter
e lieu de vie
qui
vous
a
été
donné et
renoncer
ux
présences
amilières érémitisme n
effet ime
avec
errance t
pèlerinage.
t si
Permite un moment rouve on
lieu,
l ermitage
n est
d abord
qu un
abri
précaire
une
grotte
mpruntée
à la
montagne
et à
peine
aménagée
ou une cabane de
branchages,
techniquement
udimentaire
t facilement
étruite,
ui peut
être aban-
donnée sans
regrets.
L échelle
de
l éloignement
arie
et
il
importepeu,
car tout
lieu,
dominépar une volonté,peut devenirun lieu de solitude,une cella
donnant
accès à la
contemplation
ivine. La
recluse
franchit
arfois
moins de
100 ou
200 m
de sa
maison au réclusoir
Chelidonia, elle,
quitte
son
pays,
fait le
pèlerinage
de Rome et choisit sa
montagne,
la Morra
Feronia,
le tout entre
Abruzzes et Latium. Franco monte
toujours
plus
haut sur
le Gran
Sasso.
Galgano, guidé
par
l archange
saint
Michel,
ne
s éloigne
que
de
quelques
kilomètres e son Chius-
dino natal dans les Monts
Métallifères,
ais
l
a fait ui
aussi
le
voyage
de Rome. Parcourant
de
plus
vastes
espaces,
Robert d Arbrissel a
migré
de la
Bretagne
vers
l Anjou
;
Bruno
(de Cologne), parti
de
Reims,
après
des
étapes
en désert
champenois, gagné
au cœur
des
Alpes le désert e Chartreuset terminéon parcours errestreu fond
de la Calabre.
Guillaume
dit de Mallevai
-
l ermitage
maremman
où
il
s était
arrêté,
pas
très loin de Grosseto
-
venait
peut-être
d Aquitaine
et avait
accompli
les
pèlerinages
de
Saint-Jacques
de
Galice,
de Jérusalem t
de Rome. Anastase suit d autres
grandspar-
cours
chrétiens e
l Adriatique
à
l Atlantique
et aux
Pyrénées
on
pourraitmultiplier
es
exemples.
Il
existe des
pôles
d attraction
our
les ermites
ui
ont
passé
le
temps
des
pèlerinages
des lieux
marqués par
une
sacralité
antique
comme
la Morra Feronia
ou
par
le souvenird un saint
exemplaire
comme
Benoît dans les
parages
de Subiaco.
Le
voisinage
des monas-
tères ttire ussi puisque es religieux éguliers euvent ssurerun sou-
tien
sacramentel
u
simplement hysique,
ndispensable
la
personne
isolée,
à Laurent
par
exemple qui,
en s enfermant
ans sa
cuirasse,
s est
littéralementendu a vie
impossible.
e désertdes ermites tou-
jours
un
sens,
lieu
d étape
proche
d une
route,
confins entre deux
dominations,
uis
à
partir
du
XIIIe
iècle
quelque
lieu de la transition
entre a ville bruissante
es activités
umaines t
l espace
hors es murs
où les hommes
se
dispersent.
e romantisme es
«
déserts fores-
tiers
et
montagneux
st seulement
une
perception posteriori
Le choix contrariéde la solitude
Le
départ
est
un refus t comme
tel
il
n est
pas
bien
accepté par
la
société
environnante. efus
des liens de solidarité
humaine,
refus
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PARCOURS
RÉMITIQUES
7
des
marques
et
des
distractions
e la vie
mondaine,
refus
du
confort,
exigence
de
redéfinition
ersonnelle
ace à
Dieu,
dans la
contempla-
tion,
et
à
la nature
créée,
dans la
pénitence.
L homme ou la
femme
qui
construit n tel
programme
t
s y
tient e
révèleforcément
omme
une
personnalitémarquante.
Dès lors
il
attire t
il
lui
est bien diffi-
cile
de rester eul. Un
entourage
pécifique
d admirateurs t
de fidè-
les attend
de
lui des directives t des
grâces
et lui
apporte
son aide.
Car
la
solitude est
dangereuse.
Dans
la
montagne
un
ours
peut
certes
conduire
à la
source de miel ou une biche
signaler
es herbes
toxiques,
mais les
loups risquentd attaquer
et les
glaces
d enfermer.
L assistancedivine t humainen est donc amais inutile. homme seul
est aussi confronté sa
propre
nature et aux
effets
ue peut
pro-
duire sur
lui une alimentation
éséquilibrée,
sauvage
»
;
surtout a
consommation herbes ruesà l exclusiond autres
liments
éveloppe
la mélancoliedu
tempérament
t
peut
porter
la
dépression
u à la
violence,
déchaîner es
appétits
exuelsou les
pulsions
meurtrières.e
diable avait beau
jeu d attaquer
homme
déséquilibré ar
la
solitude,
en tête à tête
ou au
corps
à
corps,
pour
briser a
rédemption éni-
tentielle on connaît les tentations e saint Antoine.
L Église
dans sa
sagesse
s efforçait
onc de
peupler
a
solitude
des
ermites,
e ramener es solitairesdans la
communauté,
de
sorte
que souvent érémitismentervientomme un momentdans une vie
sainte
plutôt
qu il
ne
s affirme
n vocation
absolue. Les
grands
fon-
dateurs n
témoignent
Benoît
avait
goûté
de la
solitude vant
d édic-
ter
la
Règle cénobitique qui
va
s imposer
à tout
l Occident,
Bruno
négociait
toujours
avec elle
pour
définir a
discipline
des
Chartreux,
Robert
d Arbrissel
t
François
d Assise
ne reniaient
as
leur
fuite ri-
ginelle.
Jusqu au
XVe
iècle les Camaldules sont
capables
de
réveiller
l écho
de la vocation
érémitique
de
Romuald,
leur
fondateur.
La
réintégration
e l ermite
eut
advenir vant ou
après
la
mort.
À
l extrême
fin
du
XIIe
iècle,
Galgano
avait
sans doute cherché
des
contacts
avec le
«
réseau
érémitique
des Guillelmites
ui
lui était
géographiquementroche, regardant ersla Maremme de Grosseto.
Mais
après
sa
mort Ordre des frères rmites e saint
Augustin, ui
fédère
u milieu
du
xiiie
siècle
a
plupart
des
ermitages
oscans,
capte
sa
Leggenda
tandis
que
le monastère
istercien,
tabli
au
pied
de la
colline
où
il
s était
retiré,
prend
son
nom et
diffuse on culte
vers
Sienne. Sa mémoire ertdonc deux
appareils religieux
t,
par
le
biais
des
Cisterciens,
lle
bénit
l expansion
siennoise en Maremme.
J évoquais
es
Augustins,
mieux connus et
pour
cette
raison
pres-
que
absents
de ce volume. La
règle augustinienne
mposée
en 1256
par
le
pape
Alexandre
V
à tous les
ermitages
autonomes résol-
vait de manière ntéressantee dilemmeentre a solitudeérémitiqueet le servicede la communauté hrétienne. es ermitages ubsistaient
dans les lieux solitaires
raditionnels,
hacun
peuplé
de
moins d une
dizaine
de
frères mais dans les
bourgs
et les villes étaient
créés de
nouveaux
couvents,
ui
n étaient
pas plus
isolés,
hors du
monde,
que
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8
O. REDON
Santa
Maria
degli Angeli
à Florence.
Les frères irculaient un lieu
à
l autre,
entre es bois et la ville.
Rappelons
brièvemente
parcours
du bienheureux
Agostino
Novello,
connu
surtout
pour
l effigie ue
traça
de lui Simone
Martini,
ccompagnée
e l illustration
e ses mira-
cles.
Juriste,
idèle du roi
Manfred,
rescapé
de la
bataille de
Béné-
vent
en
1266,
il
avait
regagné
a Sicile
et s était caché
dans un ermi-
tage
d aire
augustinienne.
ur le conseildes
frères
l
partit
ers a Tos-
cane et connut et
vécut successivement ans
plusieurs
rmitages
de
la
région
de Sienne. Dans
l un
d eux, Rosia,
il
est reconnu
par
un
ancien
condisciple
e
Bologne
et dès
lors sa vie est en
constant
alan-
cement ntre a solitudecontemplative u il désire,dans les bois tos-
cans,
et les lieux de
l action
ecclésiastique
le couvent
Sant Agostino
de Sienneet la cour
pontificale
e Rome
où,
prieur
énéral
e
l Ordre,
il
rédige
es constitutionsn 1290.
Il
réussit
finir
es
jours,
en
1309,
dans le lieu
solitairede San Leonardo al
Lago,
dans la forêt
voisine
de
Sienne,
mais son
corps
est ensuite
mporté
ans
l église
des
Augus-
tīns
de
Sienne,
honoré du retable
peint
par
Simone,
offert la
véné-
ration des fidèlesde la ville. Ce
parcours
entreretraite t
servicede
la
communauté hrétienne est
pas
sans
évoquer
celui
d Anastase,
en
d autres
lieux,
en d autres
temps.
En
marge
des
solutions
généra-
les
qui
tendent
oujours
au
regroupement
énobitique
t
-
au
temps
des ordresmendiants au servicede la communauté hrétienne ar
la
prédication
urtout,
es individus éussissent
réaliser,
ar
moments
au
moins,
eur
déal de solitude
pénitentielle
t
contemplative.
l inté-
rieurde
l Ordre
camaldule,
devenu
clairement
énobitique,
e
rappel
de
Camaldoli et le
nom d «
ermitage
renvoient
rincipalement
la
stricte bservance de la
Règle
du
fondateur.
La
réussitede
l Église
est moins
générale
au
niveau des
cultes.
Si
Franco,
mort,
rentre
éfinitivementu
village
d Assergi
qu il
fré-
quentait
e
son
vivant,
i
Galgano
et
Agostino
Novello
s intègrent
ans
le
panthéon
des
saints
patrons
de
Sienne,
au
contraire
endant plus
de
quatre
siècles la
hiérarchie choue à
faire
descendre
Chelidonia,vivantepuis morte,de son rocher u monastère.Un culte de fécon-
dité
antique
et
toujours
vivant
dans les
derniers
ièclesdu
Moyen
Âge
prolonge
la
farouche résistancede la
bienheureuse,
ichée dans
sa
montagne.
Au
xvic
siècle
seulement,
énorme
machine
ridentinean-
cée contre
es cultes
populaires
réussit faire
nlever
e
corps
de Che-
lidonia,
pour
lui
rendre nfin
des
honneurs
onvenables t
contrôlés
à
Subiaco,
au
monastèrede Sainte
Scholastique.
Nature et culture
Si l ermite
olklorique
st
quasiment
un homme
auvage,
ermite
de
l Église
est un
civilisateur.
e
plus
modeste
défrichait
ans
doute
un
petit
terrain
pour
se nourrir
mieux
l ermitage ugustinien
vait
ses
champs
et
ses
troupeaux.
En
territoire
iennois a
disposition
des
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PARCOURS
RÉMITIQUES
9
ermitages
ur les routes de
l expansion
vers a Maremme
méridionale
ne
laisse
guère
de doute sur leur
nsertion ans le
projet politique
de
la commune.
l
faut
s y
résigner
en
réalité,
ermite
médiéval
n est
pas plus
un
sauvage que
la forêt
n est
un
désert.
La
nature
s apprivoise
Pie
II,
allant
aux
thermes
de
Petriolo,
décrit
e lieu de
l ermitage
de Sant Antonio
d Ardenghesca
«
dans
une vallée
boisée,
fermée ux ventsdu
nord,
ouverte u
midi et à l ouest. Le montAmiata
empêche
de voir a
mer. Les
bois sont
pleins
de chênes
lièges,
de
châtaigniers
t
d yeuses,
dont les glands, à la saison, nourrissentes sangliersdont les
troupeaux
nt leur tanièredans la basse vallée.
Les
anciens,
qui
avaient trouvé dans
la
vallée
une
source
pérenne,
oupèrent
e
bois
tout autour
et
édifièrent n
pierre
de taille un
sanctuaire
dédié
à
saint
Antoine,
dont
l antiquité
mérite e
respect.
À
côté
ils construisirent
es cellules
pour
les
moines,
plantèrent
es
vignes,
ultivèrent es
jardins
et
greffèrent
es
arbres fruitiers.
En
ce lieu habitentdes frères e l ordre des
Ermites,
mais
pas
plus
de
quatre
ou
six,
car
il
faut aller loin
pour
demander
l aumône. Là
sont
envoyés
des hommes
xemplaires,
moureux
de la
solitude.
ls
préparent
ux-mêmes
e
vin
de leur
vigne
et
les légumesde leur ardin. Ils vont chercheres châtaignes ans
la forêt. ls
peuvent
ussi à l occasion se
procurer
e la
viande
en chassant.
Le
reste
eur est fourni
par
le frère
uêteur.
l
est
bien rare
qu arrive usque
là un hôte humain. Souvent
au con-
traireun
loup
ou
un
sanglier
e
présente
t il
est difficile e
défendre
ontreeux la
vigne.
Il
n est
pas prudent
de marcher
seul dans
la forêt.Celle-ci
cependant
ffre ne ombre
délicieuse
sous
les arbres
toujours
verts
*.
Au
XVe
iècle,
cette vision
pacifiée
de la nature environnant
l ermitage
elativise
e
paradoxe
de
1 «
ermitage
urbain des
Angeli.La forêt s est éloignée, les « ermites vaquent en leur jardin. Au
temps
de
l humanisme,
a
naturen est
plus
l auxiliairede la
pénitence
et
la
pénitence
n est
plus
l idéal des ermites.Reste la
solitude,
qui
se résout
dans
les
bibliothèques
u dans les
scriptoria
es Camaldu-
les et des
Augustins,
n face à face avec les textes
t avec
les
pages
à
lire,
à écrire
et à enluminer.
1. Enea ilvio
iccolomini,
apa
Pio
II,
I
commentarti,-21,
d. ettrad.
tal.
L.
Totaro,
2
vol.,Milan, 984, ,
pp.
1952-1955.
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Médiévales8,printemps995, p.11-23
Sofia BOESCH
GAJANO
TERREURS
ET
TOURMENTS. FORMES D'ÉRÉMITISME
EN
ITALIE CENTRALE ENTRE LE XIIe ET LE
XIIIe
SIÈCLE
Choix
de
vie,
choix de lieu
«
Les lieux
produisent
n effetdans
les cœurs
subtils
et il
y
a
une hiérarchie es demeures
orporelles
omme
l
y
a
une
hiérarchie
des demeures
pirituelles
,
disait Ibn Arabi au début
du
XIIe
iècle1.
À la mêmeépoque, la jeune Cleridonaou Clerdona,- diteplus tard
Chelidonia2
-
éprouvait
sans doute le même
sentiment
orsque,
si
Ton en croit sa
Vita,
elle errait dans la
montagne parmi d'âpres
rochers
n
quête
d'un lieu
longtemps
ésiré,
adapté
à
ses
exigences
spirituelles
t
matérielles
t au
choix de
vie
qu'elle
avait fait en
quit-
tant a famille t la maison3. Ce lieu
est identifié
râce
à
deux
réfé-
1. Cit.dans
M.
Chodkievicz,
es
sceaux
es aints.
rophétie
t sainteté
ans
la doctrine'Ibn
Arabi
Paris, 986,
.
18.
2. Cf. e commentaire
e
'historiene Subiaco
Maccarty
urCherubino
irzio,
Chronicon
ub
ácense,
. Allodi et E. Crostarosa
d., Rome, 885,
.
723.
On
trouveuelquesemarquesur 'histoireu nom ans esActa anctorumOct.VI,
p.
362 la formeChelidoniaest onsacrée
ar
e
Martyrologium
omanům.
ropy-
laeum
d Acta anctorumecembris
Bruxelles,940,
p.
451 et 452.
3. La Vita e a sainte
rmite,
iviséenhuitect
ones,
e
trouve
ux
f°
238-247v°
du manuscrit
iturgique
onservé
la
bibliothèque
u
monastère
ainte
cholastique,
XXII,
4
il
appartenait
u monastèree SantaMariaMaddalenatSanta
leridona,
qui
avait téfondé la
fin
u
xiie
iècle
uxenvironse a
grotte
ù avait écu a
sainte
toù étaientonservéeses
eliques
f°
247v°).
e texte
résenté
ans e manuscrit
est rès
robablement
'œuvre'unmoine e Subiaco
pour
ne
nalyse
lus
ppro-
fondie,
oir .
Boesch
ajano,
Chelidonia.
toria
i
un
culto,
paraîtrerochaine-
ment
Turin, osenberg
t
Sellier,
995)
t
Ead.,
«
Monastero,
ittà
campagna
il
culto
i S. ChelidoniaSubiaco
raXII e XVI secolo
,
dansCulto ei
antiistitu-
zioni
classi ociali
n età
preindustriale
S. BoeschGajano t L. Sebastiani
d.,
Rome/L'Aquila
984,
p.
227-260. ne
petite
ditione a Vita caractère
évotion-
nel,mais rès tile, étépubliéevec nregarda traductiontalienne,ue 'ai utili-
sée. Le texte
dité ansActa anctorumOct.
VI,
pp.
366-368
stde l'historiene
Subiaco
uglielmoapisacchi,édigéprès
e
milieuu
xvie
iècle,
eu
vanta trans-
lation
es
reliques
e a sainte e a
montagne
ers
'intérieure
'église
ainte cho-
lastique,
ù elles e trouvent
ujourd'hui.
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12 S.
BOESCHGA ANO
rences,
géographique
t
hagiographique
la Morra
Feronia est
située,
précise
notre
ource,
au-dessus
de
l'important
castello de
Subiaco,
appelé
ainsi
parce
que,
autrefois,
l
donnait
sur
un lac
qui
fut
quasi-
ment
consacré
par
les miracles
qu'y accomplit
saint
ßenoit.
Si on la
compare
aux récitsde
voyages, pérégrinations
t
pèleri-
nages
d'un
grand
nombre
de saints et de
saintes4,
a
biographie
de
l'ermite helidoniane
relate
que
des
déplacements
ssez
limités.
our-
tant,
a référence
ux lieux se révèle essentielle
our interpréter
on
choix
religieux
la Vitade Chelidonia onfirme
ans
équivoque
'inter-
action
entre
es
formes e la
vie
spirituelle
t
la
géographie eligieuse,
un lien dontl'importance été dernièrementoulignéepar l'historio-
graphie hagiographique5.
Bien
plus que
la
famille,
ce
qui -compte
c'est le lieu
d'origine,
a
patria
:
pour
Chelidonia le
Cicolano,
une
zone
montagneuse
t isolée
par rapport
u
réseau routier
ncien,
un
territoire
imitrophe,
mais
«
autre »6.
La but de Chelidonia
st,
dès
le
début,
a
vallée de
Subiaco,
sanc-
tifiée
par
la
présence
de saint Benoît.
Mais
ce
n'est
pas
vers
les
«
vrais
»
lieux
bénédictins,
eux
qui
avaient
accueilli Benoît et
gardé
la
mémoire e cette
présence
llustre,
ue
tend
a démarche
matérielle
et
spirituelle
e Chelidonia.
Le lieu
qu'elle
a
«
longtemps
ésiré
»
se
trouve ur les monts
qui
ferment
a
vallée
et
qui
se situent
l'opposé
(considérant ubiaco) de celui où s'élèvent es monastèresde saint
Benoît
et de
sainte
Scholastique
et où
se
trouve
e Sacro
Speco,
lieu
de
l'expérience rémitique
e
Benoît. On
perçoit
ès le
début une sorte
de
polarité patiale
entre a Morra Feronia
-
qui
portait
nscrit
ans
son nom le souvenir
d'une
sacralité
antique
et
naturelle,
t
qui par
sa
position septentrionale rotégeait
ffectivementa
vallée du mau-
4. Cf. A.
Vauchez,
a sainteté
n
Occidentuxderniers
iècles u
Moyen ge
d'après
es
rocès
e
canonisation
t esdocuments
agiographiques
Rome, FR,1988,
pp.
232-234.
5. M.
de
Certeau,
Hagiographie
,
dans
Encyclopaedia
niversalis
VIII,
Paris, 968, p.207-209,f. ussi d.,L'écritureel'histoire9aris, 975 É. Pat-
lagean,
À
Byzance.
ncienne
agiographie
t histoire
ociale
,
dans
AnnalesSC
1968,
p.
106-126.
.
Dalarun,
L'impossible
ainteté.a vie
retrouvéee Robert
d'Arbrissel
v.
1045-1116
,
fondateur
e Fontevrault
Paris, 985,
'intéresse
articu-
lièrementux
«
espaces
e
la
sainteté
;
cf.
aussi
d.,
Lapsus
inguae
La
légende
de
Claire
e
Rimini
Spolète,
994. our es
rapports
ainteté-cultes-lieux,
oir
uoghi
sacri
spazi
della antità
S.
BoeschG jano
et L. Scaraffia
d., Turin,
990.
6. Dans
a
première
ectio n
it
Ciculanorum
atriasanguine
lara
pâtre
au-
ferio,
matre lbasia rta
il
estdit dimissa
atriaspretis
um
mundo
arentibus,
heremum
etiit.
ans a secondeectio
pp.22-24),
ne
description
lus
détaillée
e
la
eunesse
e Chelidoniae termine
ar
a fuiteu
mondet a
longueuête
u ieu
Giratis
taque tque erspectis
rduis
montium
ocis tam d
cupitum
diu
desidera-
tum
in radicemont
s,
post
muitosabores
imiumque
efatigata,ui
dicitur
orra
locumevenitquidistai populoso ppidocuiSublacusomenst quoniamublacu itum stperquemMaurusiccis edibuslacido ueroubveniens,agistro
iubente,
ucurrit
elociter,
t n
rcemunitissima
evatus,
er
ria
ere
miliaria.
'évo-
cation u
miraclee Mauro e
rapporte
u miracle
aconté
ans
e
ivre
I
des
Dialo-
gues
e
Grégoire
e
Grand,
. De Vogüé
d., I,
Paris,
979
Sources
hrétiennes,
260),pp.
156-159.
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14
S.
BOESCHGA ANO
Sacro
Speco,
ces derniers
ne
faisaient
pas
vraiment
'objet
d'un
culte10.
Autour de
l'institution
ependantgravite
ne
petite
onstellation
de saints et de
saintes,
mais l'intensité
e
l'attraction
st trèsvariable
et la
gravitation
luctuante. a
sacralité
e
la vallée
exerçait
ans doute
une attraction
lus
forte
ue
l'institution
monastique,
dont la
proxi-
mité mmédiate
pouvait
même
paraître
dangereuse,
omme le
serait
l'éclat du soleil.
Dans
cette
constellation
mbiguë
se
trouve,
ntreXIe
et
XIIe
iècle,Pietro,
dit
de Trevi
la
ville où
il
finit
a
vie).
À
Subiaco
il
vécut
dans
le Castrum
près
de
l'église
Sant'Abbondio,
menantune
existence emblableà celle des ermites rbains.« Il aimaitbeaucoup
le
monastère,
rappelle
le
biographe,
et
s'y
rendait
fréquemment
.
Mais le
monastère e Subiaco n'attirait
as
le
bienheureux
ietro
vers
sa
communauté,
ont e rôle
apparaît
même
parfois
négatif
envers
lui.
Sa
sainteté u contraire
'épanouira
dans la
ville de
Trevi11.
Au
début du
XIIIe
iècle
un
troisième aint entre
dans l'orbite
du
monastère
e Subiaco :
Lorenzo,
dit
«
Loricato
»,
-
Laurent
'Encui-
rassé
-
,
parce
qu'il portaitpar pénitence
ne
cuirasse. Les
actes du
procès
de
canonisationdonnent
des
témoignages récieux
ur ce
per-
sonnage.
Le
28
novembre
1243,
quelques
mois
après
sa
mort
(le
16
août),
le
pontife
nnocent
V
avait
chargé
Giovanni,
vêque
ď
Ala-
tri,et Gregorio,prieurdu monastère e San Bartolomeode Trisulti,
d'ouvrir
une
enquête12.
La
précocité
du
procès
suggère
un
rapport
privilégié
vec
l'institution
monastique
qui
conserva e
corps
de Lau-
rent,
comme
il
est mentionnédans la
lettre
pontificale
relative à
l'ouverture
du
procès.
Quant
à
l'issue
négative,
on
peut
l'attribuer
à
P «
excès
»
ascétique,
mais sans doute
aussi au
trop
faible
prestige
religieux
e
l'institution
monastique, ui
ne fut
pas
en
mesure
d'exer-
cer de
fortes
pressions.
Parmi
les
témoins
nterrogés,
eux
qui
appartiennent
u
monde
monastique
sont
relativement
eu
nombreux
4
seulement)
mais ce
10.
d.,
«
Palombo
,
dans S
volumeité la
note
récédente
ol. 8-69
t
plus
généralement
.
Caraffa,
L'eremitismoella
Valle
ell'Alto
niene alle
rigini
l
secolo IX
»,
dans
Miscellanea
ntonio
iolanti
Rome,
964,
p.
223-237.
ur
e ren-
forcemente a sacralité
u Sacro
peco
n
relation
vec
e
pouvoir
e
'abbaye,
oir
P.
Delogu,
Territoriocultura
,
loc.
cit.
11.
La Vita e
Pietro été
ubliée
ans es
Acta
anctorumAoût
I,
pp.
641-644.
Pierantoni
mis ndoute
a date raditionnelle
e a
mort
1052)
t
proposé
e
siècle
suivant.f.
aussi
.
Caraffa, Pietro,remita,
rotettore
i
Trevi
,
dansBS
X,
col.
735-737.
12. Les actes
u
procès
e
canonisationont
ubliés
bien
ue
de
façon
nsa-
tisfaisante
dansBenedetto
IV,
«
De
servorumei
beatificatione
t
beatorum
canonizatione
,
dans
d.,
Opera
mnia
III,
app.
V, Prato,
840,
p.
662-693,
t
dans
W.
Gnandt, ita . Cleridoniaeirginis,. Laurentiinachoretaeecnont erviDeiHippolytiugnettionachiInnsbruck,902,p. 7-99d'où'ai citéous aforme
abrégée
Procès)
les
Acta anctorumAoût
II,
pp.
304-308,
n
publient
eulement
quelques
xtraits.
ur
Laurent,
oir .
Cignitti,
Lorenzo
oricato
,
dans
S,
VIII,
Rome,
966,
ol. 136-141et
surtout
.
Vauchez,
a
Sainteté...,
p.
cit.,
d indi-
cem.
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TERREURS
T
TOURMENTS
15
sont
des
figures
mportantes
comme
'abbé de
Subiaco et le
prieur
du Sacro
Speco.
Ils
précisent
es faitset
gestes
du
candidat à la
sain-
teté,
ses
déplacements
dans le
territoire e
Subiaco
contrôlé
par
l'abbaye,
son
séjour
à
Sant'Angelo
in
Balzis
;
ils
apportent
de nou-
veaux
témoignages
oncernant on
bref
éjour
au
monastère e
sainte
Scholastique,
son
départ
«
négocié
»
pour
la
grotte
de
Morrabotte
ils
confirment nfin
en tant
que
témoins
oculaires ses
pénitences
t
l'appareil qui
en était
'instrument.ls
précisent
insi un
choix érémi-
tique,
soutenu
matériellementt
religieusement
ar
le
complexe
béné-
dictin
t
plus
particulièrement
ar
la
communauté u
Sacro
Speco13.
La diversité es formesde vie érémitiques ui constellenta val-
lée de Subiaco nous amène à des
considérations 'ordre
plus général
qui,
au-delà de la culture
chrétienne,
ouchent ux
problèmes
exis-
tentiels,
nthropologiques,
ociaux. Je
voudrais
proposer
ci
quelques
réflexions ur le choix
religieux,
ur
la
gestionpersonnelle
e la sain-
teté
-
corps
et âme
-
,
sur les relations
ociales
et
institutionnelles,
à l'intérieur u
paramètre
éminin/masculin.e
«
couple
»
Chelidonia-
Laurent me
paraît adapté,
malgré
e
décalage
qui
les
sépare
dans le
temps,parce qu'il
est en
rapport
vec le
même
complexe
monastique.
Isolement et insertion
«
Elle
s'éloigne
furtivement...n retirant
es délices du
monde
le
pied qu'elle
n'avait
pourtant amais posé
dans
le
monde
»,
raconte
la Vita de Chelidonia. Dans le lieu
choisi,
«
elle ne trouva
pas
un
palais,
œuvre de
maçons
ou de
charpentiers.
lle ne
choisit
pas
non
plus
une
grotte
britée des
vents,
de
la
pluie,
du froidet de la
brû-
lure du
soleil,
comme on en trouve isément
ans les
montagnes.
lle
préféra
une caverne
exposée
aux
vents,
à l'eau et au
froid,
ouverte
aux
ours,
aux
sangliers
t aux autres
bêtes
sauvages,
une
habitation
creusée
à la
base
et au
sommet,
hérissée
de
pointesbroussailleuses,fendue de fissures profondes et tailladée de rigoles creuses et
aiguës
»14. La
description
met l'accent sur le contact avec la
nature
comme
état
pénitentiel riginel.
eules les
«
terreurs octurnes sem-
blent
échapper
à la dimension naturelleet
évoquent
la
projection
d'angoisses
intérieures
en
effet, ussitôt,
parmi
es
inspirateurs
es
terreurs
octurnes
pparaît
le diable.
Le monde naturelest
ici
décritcomme
un monde
inhospitalier,
dangereuxpour
le
corps
et
pour
l'âme
et,
par
là
même,
nstrument
de sainteté.Les bêtes féroces ouvent
évoquées
éveillent
une double
peur
celle
de la nature
nimée,
et celle du
péché.
«
Pendant a
nuit,
elle était souvent erroriséear
le hurlement
es loups, le grognement
13. Procès
op.
cit.,
pp.
92-96.
14.
Vita,
p.
cit.,
pp.
24-25.
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16
S.
BOESCHGAJANO
des
ours,
le
grommèlement
es
sangliers,
e
glapissement
es
renards,
les clameurs
des autres bêtes
sauvages.
Parfois c'était l'ennemi anti-
que,
le
démon,
qui prenait
'aspect
d'un animal ou la voix d'un
oiseau,
pour
tenter
'interrompre
es
prières
t de
la
terroriser,
spérant
insi
tuer cette
servante de
Dieu »15.
Tapage
des
démons,
silence
des
anges
«
...ils
s'agitent
t
se
déguisent
t créent e trouble... ils font
entendre
es
bruits,
es
éclats,
des
rires,
es sifflements
,
disait saint
Antoine,
e
grand
maître de la
lutte contre es
démons16.Forte de
son
exemple,
oute
'hagiographie
emplit
e
hurlements
émoniaques
la vie des saints. Même Benoît
n'y
avait
pas échappé,
et
notre
hagio-
graphene manquait certespas de modèles17.
«
Après
e vacarmedes bêtes
féroces,
es
voix
mélodieuses
t dou-
ces s'élevaient
pour
bénir
et louer Dieu.
»
Le silence
aussi fait
peur
quand
cessent es clameurs
ommencent onc les
chants
ngéliques ui
signalent
n nouveau
rapport
vec
le
surnaturel. u fluxmontant
es
prières
e l'ermite
épond
e fluxdescendant
e
la
grâce
de
Dieu,
qui
s'exprimepar
les suaves ondes sonores. Commencent
lors,
et seule-
ment
lors,
les
rapports
ociaux
le
rapport
vec le
surnaturel evient
manifeste.
Une sainteté onstruite
ar
et dans la
nature,
on la
perçoit
une
fois
de
plus
au momentde la
mort
«
Tandis
que s'approchait
a
fin
de la
sainte
vierge
Cleri-
dona une lumière éleste 'éleva
de
sa caverne
usqu'au
ciel,
de
cette
grotte
ont nous
avons
parlé
tant de
fois sans
pouvoir
ui
donner e nom de
cellule,
parce qu'on
ne
peut
appeler
cellule
un lieu
dénué de
protection,
xposé
aux
vents et aux
pluies.
Il
apparut
donc une immense t
indescriptible
plendeur
de flam-
beaux
invisibles,
t l'éclat était si intense
que
du
soir
jusqu'à
minuit dans tout le
territoire,
ar
tout le
pays
et
par
toute
l'abbaye
on
pouvait
marcher u
grand
our
comme
dans
la
plé-
nitudede
l'aurore, uste
avant
que
ne
se lève e soleil. Une
foule
innombrable e personnes uttémoinde ce fait... 'embrasement
qui
s'élevait du
lieu où la
céleste
vierge
s'était endormie
dans
le
Seigneur
'étendait
toujours
et
était
devenu si immense
que
non
seulementes
régions
nvironnantes,
ais
presque
e
monde
entiervit clairement t manifestemente
faisceau
enflammé e
ces
splendides
umières acrées. Ne
croyez
pas que
ce
spectacle
15.
bid.,
pp.
38-45.
16.
Vita ntonii
cap.
26 et28
je
cite
'après
'éditionVita
i Antonio
par
G. J.M.
Bartelink,
ansVite ei antiCh.Mohrmann
d., , Milan,
ondazione
Lorenzo alla, 974, p.60-61 t65-67.17.L'hagiographeappellexplicitementeaucoupe modèlesJean aptiste,
Antoine,aul,
Onuphre,
enoît).
'influencees
Dialogues
e
Grégoire
e
Grand,
p.
cit.
st videntecf.
S. Boesch
ajano,
Chelidonia
op.
cit.,
hap.
II
et
«
Demoni
e miracoliei
Dialogi
i
Gregorio agno
,
dans
Hagiographie
culturest société
iv-xii*
iècles, aris, 981,
p.
263-280.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 24/164
TERREURS
T
TOURMENTS
17
dura un
court nstant
our disparaître
n
un
clin
d'oeil,
comme
le
rayon
umineux
ue
vit
saint
Benoît à la mort de
saint Ger-
main,
évêque
de
Capoue.
Il
dura
au
contraire
usqu'à
minuit
de ce
jour-là
et tout le
monde le vit
alentour,
comme
e
l'ai
entendudire de
mes
propres
oreilles
en
présence
du saint
pon-
tife
Eugène
qui
demeurait lors à
Segni
».
Cette
splendeur
onstitue
a
«
canonisation de Chelidonia18
la
nature
promouvait
a saintetédans
la vie et
dans la mort.
Pour Laurent 'Encuirassé e choix
pénitentiel
st
«
provoqué
»,
c'est-à-dire u'il vient en expiationd'un homicide nvolontaire la
pénitence
révoit
ans
un
premier emps
un
pèlerinage
Saint-Jacques-
de-Compostelle,
t ensuite a retraite
rémitique
ans
le
Sublacense,
d'abord à
Sant'Angelo, puis
à Morrabotte au-dessus de la
grotte
de saint
Benoît
»,
comme raconte le
premier
émoin au
procès
de
canonisation,
e miles
sublacensis
Maginardo.
La
pénitence
ci
utilise
une machine
complexe
conçue
pour
la torture
u
corps.
Les
instru-
ments
e
pénitence
omprennent
a cuirasse
de
fer,
achée
sous
le
vête-
ment,
des cercles
de feraux
jambes,
au cou et aux
bras,
et une lame
de fer sur
la
tête,
reliée à
d'autres
lames
munies
de clous
qui
attei-
gnent
es
tempes,
a
nuque,
le menton et le nez19.
La description e ces instrumentse pénitence st le thèmepri-
vilégié
u
procès
de
canonisation,
t les
témoignages,
uivant e schéma
proposé
par
les
questionnaires,
onfirmenta
première
escription
u
ajoutent
des détails20.
n
est
frappé
par
l'attention
ortée
à la maté-
rialité
de
ces
objets. Sujet
à
l'usure,
nécessitant
e
fréquentes épara-
tions,
'attirail
de
pénitence
e
trouvedoté
d'une
identité
lui,
même
lorsqu'il
est
éloigné
du
corps
du saint21.
l
a
acquis
au contact du
corps
qu'il
contribuait sanctifier
ne sacralité
propre
et un
pouvoir
thaumaturgique
2
.
La
pénitence
e Laurent
ne consiste
pas
à
résister ux dures con-
ditions
naturelles ans
lesquelles
l
a choisi de
vivre,
mais à
s'impo-servolontairementes torturesorporellesu moyend'un équipement
complexe.
Le choix de Laurent st
donc contradictoire
il
exclut 'iso-
lement,
uisque
e
corps
mmobilisé
ans son
habillage
métallique
xige
des soins
et une assistance continuels
t les instrumentsréés
pour
la mortification
e la chair doivent
être entretenus
our
fonctionner
correctement.
Mais
tout choix
érémitique
st ambivalent
le
désir
de
s'isoler
porte toujours
en soi visibilité t
volonté de démonstration.
es cas
18. Vita
op.
cit.,
p.
52-59 la
description
récise
e a morttde a
manifesta-
tionnaturelleui 'accompagne
e trouve ans a dernière
ectio.
19. Procèsop. cit.,pp.68-69.
20. Procès
op.
cit.,
assim,
oir urtout
p.
92-93,
f. esobservationsAndré
Vauchez,
a
sainteté...,
p.
cit.,
n
particulier.
385.
21.
Procès,
p.
cit.,
pp.
75-76.
22.
bid.,
p.
88.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 25/164
18
S.
BOESCHGAJANO
étudiés ci confirment
a
règle,
mais sur
des modes
différents,
omme
nous allons
le voir.
Les
réseaux
relationnels
Le caractère
xceptionnel
e la vie
érémitique
xerce un attrait
qui apparaît
comme
une constante
e
l'hagiographie
sous toutes ses
formes érémitisme
ascine,
u'il
s'agisse
de
saint
Antoine,
des saints
de la
Thébaïde,
des saints
stylites
es déserts
de
Palestine
et
de
Syrieou des ermitesurbains qui commencent faire leur apparitionau
XIe
iècle.
Les fidèles
ffluent
utour
des
ermites,
ls souhaitent ui-
vre eur
exemple
ou
simplement
emander eur aide. Des communau-
tés entières 'en
remettent
leur
prestige pirituel
t à
leurs
pouvoirs
thaumaturgiques, our
trouver
guide
et
protection23.
i la
typologie
érémitique
st
pour
l'essentiel
omogène,
l
reste
ependant
es
varian-
tes en
ce
qui
concerne e
public
et les
bénéficiaires,
es
temps
et
les
modalitésde
l'échange,
es
formes e
médiation
parfois
en
cercles
concentriques
entre e saint
et son
environnement,
ompris
dans
le sens
géographique
et
humain.
Dans la Vita de Chelidonia e rapport vec le surnaturelmarque
la
première
manifestation es
pouvoirs thaumaturgiques24.
ommes
et
femmes
ommencent se
rendre u lieu où
s'est
retirée a
sainte,
avec leurs enfants.
Ainsi l'abandon
du monde conduit à l'instaura-
tion d'un nouveau
rapport
ocial,
plus
intense,
vec les hommes.Dans
le
cas
de
Chelidonia,
le
rapport
avec les
populations
environnantes
consiste d'abord à recevoir
l'ermite
reçoit
de ses visiteurs e
quoi
survivre.
lle ne se restaurait
n effet
ue lorsqu'on
lui
apportait
de
l'eau et
de
la
nourriture,
e
qui
arrivait
e
manière
rrégulière,
e sorte
que
l'hiver,
uand
la
neige
rendaitdifficile'accès à la
montagne,
lle
pouvait
rester
usqu'à quinze jours
sans se
nourrir.
À
l'acte de rece-
voirsuccède- dans la scansionnarrative le don en retour « elle
restaurait on
corps
avec ce
qu'on
lui offrait
t,
une
fois
qu'elle
avait
repris
des
forces,
elle redonnait
out
ce
qui
restaitde
boisson
et
de
nourriture ceux
qui
les
lui avaient
apportées,pour qu'ils
les redis-
tribuent ux
pauvres,
ou alors
elle le
gardait
pour
l'offrir
lle-même
aux
pauvres qui
avaient l'habitude
de venir
auprès
d'elle
».
Un cir-
cuit de biens matériels la
nourriture
st offerte l'ermite
pour
la
sustenter ce
qu'elle
n'a
pas
consommé retourne ux
pauvres
par
l'effetde sa charité.
La sainte devient insi la médiatrice e ces
rap-
23. Dans e volumeonsacréPérémitismetcomportantnebibliographie,l
suffite
renvoyer
ux auteurs
ui
sontdésormaises
classiques
É.
Patlagean,
P.
Brown,
.
Vauchez.
24. La reference
ndispensable
ur e
theme
st
oujours
.
Flusin,
Miraclet
hiérarchie
,
dans
Hagiographie
culturest société
op.
cit.
pp.
299-317.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 26/164
TERREURS T
TOURMENTS
19
ports,
celle
qui reçoit
et redistribue'élément
premier
e
subsistance,
helemosinarum elemosinatrix25
Or ce circuit
tranquille
dmet des
«
variantes . On
devine
en
arrière-plan
a
présence
de
seigneurs ui,
désireux
d'entrer n
contact
avec la
sainteté,
aissentdes traces concrètes e
leurs
faveurs,
notam-
menten
constituant n
petitpatrimoine
oncier
our
la
construction
du monastère ur le lieu où avait
vécu
la
sainte26.
l
existeaussi
des
médiateurs involontaires
;
nombreux ont ceux
qui
se rendent
la Morra des Monts Simbruini
ontre eur
propre gré,
les
serviteurs
par exemple.
Ces
derniers ont
parfois
tentés de
garder
pour
eux-
mêmes a nourriture estinée la sainte,en espérant a mangerau
retour.Mais ils
apprennent
a
peur quand
l'un
d'eux,
démasqué par
l'esprit
clairvoyant
e la
sainte,
retrouve e
poisson qu'il
avait
caché
mangé
aux vers et
gardé
par
des
serpents27.
ci le
modèle est bien
entendu aint
Benoît,
dont a
perception
distance tait
célébrée
dans
les
Dialogues
de
Grégoire
e Grand.
Mais les circuits
e
sont
pas
seulement
matériels
«
Les
hommes
comme
es
femmes ccouraient la
grotte
vec dévotion t
ils
y
con-
duisaient leurs enfants et d'autres
personnes
atteintesde
maladies
diverses.
Beaucoup,
eu
égard
à
leur
foi,
s'en retournaient
ains et
saufs,
après
avoir
reçu
la bénédiction e la
sainte.
Le
Seigneur...
a
opéré pour sa servante 'innombrablesmiracles . Le don de nourri-
ture entretenaitinsi une source de
thaumaturgie,
ussi
indispensable
que
la nourriture
edistribuéeux
pauvres
pour
la surviedes
person-
nes
et de la communauté28.
En ce
qui
concerne aurent
'Encuirassé
Morrabotte,
n ne
peut
pas
vraiment
arler
de
solitude
puisqu'il
était constamment
ssisté
par
les moines
et
les
disciples.
Et le modèle
érémitique révoit
ôt ou
tard
le
«
dévoilement
,
qui, d'après
de
nombreux
émoins,
rriva ci
peu
de
jours
après
l'installation e Laurent dans la
grotte,
uand
les ber-
gers qui
le nourrissaient évélèrent a
présence.
Les habitants
de
Subiaco
et des environs
ne
tardèrent
as
à
accourir,
tout à la
fois
bienfaiteurs ar l'offrandede nourrituret bénéficiaires es grâces
obtenues29.
Nous savons aussi
que
Laurent avait des
disciples, peu
nombreux
mais
stables,
qui
furent ités comme témoinsde la
sain-
25. Vita
op.
cit.,
pp.
28-33.
26. Les documentse
Subiaco ont onservés
la
bibliothèque
u
monastère
e
Sainte
cholastique.
utre'inventaire
nalytique
V.
Frederici,
La biblioteca
l'archivio
,
dans monasteri
i
Subiaco
II, Rome,
904,
p.
98
ss.,
l
faut onsulter
à la
bibliothèque
u
monastère'inventaireanuscrites
parchemins
oncernante
monastèree Sainte
leridona,
édigéar
sidore
e
Su en 1752. es
parchemins
es
plus
mportants
ont ités ans a note e mon rticle
onasteroloc.
it.,
p.
259-260
pour
ne
nalyseomplète
oirChelidonia
op.
cit.,
hap.
V.
27. Vitapp.30-33.28. Concernanta relationemmes-jeûne-nourriture,oir .Walker ynum,oly
Feast nd
Holy
ast.The
Religiousignificancef
Food oMedievalWomen
Berke-
ley/Los ngeles/Londres,
niversity
f California
ress,
987.
rad,
r.,
aris,
e
Cerf,
993.
29. Vita
p.
68.
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TERREURS
T
TOURMENTS
21
en rendant
grâce,
Laurent
eur adressa cette
prière
Je vous
prie,
mes
frères,
de ne
prendre
aucune
autre nourriture
aujourd'hui,
car en véritévous avez
reçu
les
dons
de Dieu.
Ayant pris
conscience
du
miracle,
ls s'en allèrent out
heureux,
en chantant
avec
dévotion
Te Deum
laudamus. Et
personne
n'eut besoin
de
boire
ni de
manger usqu'au
jour
suivant 35.
La conclusion
e la
procession pris
e
caractère 'un riteréservé
à
un
groupe
d'élus
qui
se nourrissent
es
«
dons de Dieu
»,
une nour-
riture
n soi
consacrée. Même s'il
n'y
a,
dans les
paroles
du
témoin,
aucune confusionavec l'Eucharistie, l n'en restepas moins que la
nature
des aliments le
pain
et le
vin
-
et la forme e leur
«
sacra-
lisation
»
-
une sorte de
consécration
par
la
prière
de Laurent
-
renvoient
u rite
eucharistique.
C'est ainsi
que
l'élite des fidèles
dut
percevoir
e
«
surcroît
de
grâce ajouté
au bénéfice ommun de la
procession36.
uant
aux
bergers,
ls
reçoivent
eulement es restesde
la nourriture.
insi les
premiers
émoins
t
les révélateurs
e la sain-
teté
de l'ermite sont
réduits
à une
présence
muette et
passive,
ils
deviennent
e
simples
bénéficiaires
e sa charité
matérielle,
andis
que
les
avantages pirituels
e cettenourriture
emblent éservés un
petit
nombre de
privilégiés.
On peut parlerd'une fonction ara-institutionnelle.es rapports
de Laurent
avec les fidèles ont
en effet odifiés.
Généreux
nvers es
pauvres,
l
détestait
'avarice au
point
de chasserun
disciple
du nom
d'Amato,
qui
s'était
rendu
coupable
d'avoir osé
«
demander
t rece-
voir
de ceux
qui
venaientà
la
grotte
plus que
la
quantité prescrite
par
Laurent
»37. Peut-être
'agit-il
d'une
petite
dîme,
une offrande
obligatoire
onsidérée
omme
e
«
prix
»
des
bénéficesmatériels
t
spi-
rituels ollicités
par
les
fidèles
Mais
c'est surtout
e rituel es
pénitencesmposées
pour
la
rémis-
sion
des
péchés
inscrits
ans le
corps
par
la maladie
qui
met en évi-
dence
la dimension
cclésiastique
de l'activité
de Laurent. On
peutmêmeparlerd'une véritablenteraction vec les fonctions u clergé
le
péché
d'adultère,
par
exemple,
semble
exiger
d'abord
une
expia-
tion
corporelle,
ous
forme
e maladie. Puis le
pécheur
ppelle
e
prê-
tre et se
rend avec
lui à
l'église
Sant'Andrea
de Subiaco
;
il
se
con-
fesse
au
pied
du Crucifix
t
reçoit
du
prêtre
e sacrement
e la
péni-
tence,
de
Dieu
la
grâce
en même
temps que
la
guérison.
l
retourne
auprès
du
saint
ermite
ui
lui
explique
ce
qui
s'est
passé38.
La con-
cession
de la
guérison
de la
part
de
Laurent
prévoit
ouvent
un rituel
pénitentiel
le
pécheur
doit allumer
des
ciergespour
la
Chandeleur
et assurer
a subsistance
e
trois, ix,
ou douze
pauvres,
u bien cons-
35. bid.,p. 77.
36. Sur a
pratique
ucharistique
u
Moyen ge,
oir a belle tude e M.
Rubin,
Corpus
hristi
Cambridge
niversity
ress,
991.
37.
Procès
op.
cit.,
p.
70.
38.
bid.,
p.
75.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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22
S. BOESCHGAJANO
truire ne
église39.
e
geste thaumaturgique
uit
souvent
a
symboli-
que
et la
gestuelle cclésiastiques
le
signe
de
la
croix est
l'intermé-
diaireentre
e
pouvoir ui
résidedans les membres u saintet la
mala-
die
qui
réside dans les membres
u fidèle. Et l'on
peut
dire a
même
chose des
prières
onservées
ans
un
Liber orationum écrit u
moins
en
partie par
le même Laurent40.
Rappelons
enfin a
complémenta-
rité
avec le
clergé
et les
moines,
médiateurs onstants ntre e
corps
malade et le
corps
saint
dans la vie et
dans
la
mort.
C'est
le
choix d'une formed'érémitisme
protégé
,
si l'on
peut
dire,
organiquement
nsérédans
un contexte
ommunautaire. vec
des
échanges le sanctuairebénédictin agneen sacralité t en prestige
l'ermite énéficie e soins
physiques
t son
pouvoir
pirituel
st
assisté.
«
La
sainteté
érémitique
st
probablement
elle
qui
au
Moyen
Âge
a recueilli e maximum 'adhésion
spontanée
de
la
part
des fidèles
,
disait
à
juste
titre André Vauchez41. Mais
c'est une sainteté aux
aspects multiples.
ans le cas
de Laurent
'Encuirassé,
lle
s'est cons-
truite vec le
concours
d'«
acteurs
divers,
mais la dévotion
des fidè-
les
y
apparaît plus
«
orientée
que
spontanément xprimée.
Et,
jus-
tement,
'il lui
manqua
un culte
officiel,
l
lui
manqua
aussi un
culte
populaire
il
faut attendre e
xvnie
siècle
pour que
son
corps
soit
transféré
u
Sacro
Speco.
Mais
cette
remarque
ne
prend
sens
que
replacéedans le contexte es cultesde la vallée de Subiaco et compa-
rée
en
particulier
u
cas
de Chelidonia.
La
saintetéde Chelidonia s'est construite
n
dehors de
tout
rap-
port
avec
l'institution.
lle n'eut
pas
besoin
de
moines
ni
de
clercs
pour appuyer
son
choix,
ni
pour
servirde
médiateurs
ntre elle
et
ses fidèles.
Il
suffitde
comparer
es deux
morts
la
mort
solitaire
de Chelidonia émeut a
nature
en une
immense
plendeur ui
atteste
sa sainteté Laurent
meurtveillé
par
ses
disciples
et tout
un entou-
rage
son
corps
est
ongtemps ardé
avant d'être
enseveli,
omme
pour
prouver
son efficacité
thaumaturgique
et
pour
en
solliciter
la
reconnaissance42.
'hagiographe
de la
sainte n'intervient
ue pourconfirmer ne saintetérendue évidentepar un phénomènenaturel
mais
cette sanction
mplique
un intérêt
our
la
dépouille
mortelle e
l'ermite,
disons
plutôt,
a nécessitéde
récupérer
es
reliques,
afin de
leur rendreun culte officiel l'intérieur e
l'espace
monastique.
Le récit de la
première
ranslation,
e
lendemainde
la mort de
la
sainte,
met
en
lumière
e contraste ntredeux
expressions
u senti-
ment
religieux
aux
exigences
du
monastère
'oppose
un
sentiment
diffus
ue je
dirais
«
populaire
,
dans
l'acception
ulturelle u
terme,
devant
lequel
le
puissant
monastère
e
voit contraint e céder.
Les
39. bid.,pp.72-73,4.40. Le manuscritst onservéu Sacro peco t l a été dité arW.Gnandt,
Liber rationumeati aurentiioricati onachi
ublacensis
Paderborn,
902 il
mérite
ne
nalyse
lus pprofondie.
41. A.
Vauchez,
a
sainteté...,
p.
cit.,
p.
384.
42.
Procès
op.
cit.,
pp.
85 et 86.
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TERREURS
T
TOURMENTS 23
intempéries ui
ne cessentde dévaster es récoltes ont unanimement
interprétées
omme
e
signe
d'une volonté
upérieure.
our
que
la
capi-
tulation
n'apparaisse
pas
comme une défaite
cuisante,
'hagiographe
place
dans la bouche même de la
sainte,
apparue
en rêve
à un
prê-
tre,
a volonté
que
son
corps
ne soit
pas
soustrait
la
montagne,
u
site naturel
de son
séjour
terrestre43.
La
victoire
populaire
»
sera
de
longue
durée,
puisqu'il
faudra
attendre
e milieu du
XVIe
iècle
et
l'application
des normes
mposées
par
le
Concile de Trente
pour
que
l'institution
monastique récupère
définitivement
e
corps
de
Chelidonia,
pour
le soustraire
nfinà un
culte incontrôlé, araliturgique, t non exemptde formesdéviantes,
comme
le laisse
entendre
'historiographie
u Sublacense44.
Entre-
temps,
un monastère éminin
vait
été édifié
à la
Morra
Feronia,
là
où
le
corps
de l'ermite ontinuait
'exercer
a virtus
haumaturgique,
et honneur
vait été rendu
à la
sainte
en la faisant
représenter
ans
le Sacro
Speco
inscrite n
pied
dans une mandorle
de
pierre,
evêtue
de l'habit
monastique
vec une auréole
bien visible
utour de la
tête
«
Cleridona
»
avait ainsi
trouvé
une
place
à l'intérieur e
l'espace
monastique,
où
les fidèles
pouvaient
venir
a
vénérer45.Mais seule-
menten
effigie,
ar son
corps
était
toujours
à-haut,
dans
la
monta-
gne,
objet
d'une
vénération
ui
faisait
d'elle
la
bienfaisante
rotec-
tricede toute a vallée et du Castrum e Subiaco, du haut de ce lieu
septentrional
où
se
dressent e hauts rochers
n
pierre
dure
»,
un
lieu
d'accès
difficile
ui,
«
s'il réduisait
es
visites,
n'empêchaitpas
pour
autant la
profonde
et extraordinaire
évotion
pietas) que
lui
vouaient les
habitants ̂ .
Un
homme et
une
femme,
eux
rapports
vec
la nature
et aussi
avec l'institution.
Traduit
de
l'italien
par
Lada
Hordynsky-Caillat
t Odile Redon
43.
Vita,
p.
cit.
pp.
46-55.
44.
«
Translatio
. Chelidoniae
irginis
,
dans Acta
SanctorumOct.
VI,
pp.
369-377.
l
s'agit
u
compte
endu
officielde a
translation
pérée
n 1578
l'attribution
Capisacchi
st rronée
comme
ussi
ans e cas
de a Vita
;
il
est u
contraireauteur
'une utre
édactionnsérée
ans on
«
Chroniconublacense
,
manuscrit
Bibliothèque
e Sainte
cholastique),
°
166r°-175r°.
45.
L
image
ait
artie
u
cycle
e a
fin u
xme
iecle
eint arMagister
onxo-
lus et sonatelier omainpour nedescriptionoirM. L. Cristiani esti, Gli
affreschi
elSacro
peco
,
dans monasterienedettini
i Subiaco
Milan,
ilvana
Ed.,
1982,
n
particulier
p.
120-132.
46. Translatio
op.
cit.,
p.
369.Ce
texte st
Fobjet
une
nalyse
u
chap.
VI
de Chelidonia
op.
cit.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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Médiévales8,printemps995, p.25-40
Catherine SANTSCHI
LA
SOLITUDE DES ERMITES.
ENQUÊTE EN MILIEU ALPIN
Parler de la solitude des
ermites,
u
XXe
iècle,
c est
d abord et
surtout
interroger
ur le sens des mots le
premier
ens du
mot
«
solitude
qui
figure
dans les
dictionnaires
modernes,
depuis
le
XIXe
iècle,
c est-à-dire ussi le
premier
ens
qui
vient à notre
esprit,
est
«
état d une
personne
qui
est seule ». Or
les Pères
du
Désert en
grec,JeanCassien, saint Benoît et les auteursmédiévaux n latin,et
même,
en
français,
es
spirituels
u XVIIe iècle tels Raneé ou les Soli-
taires de
Port-Royal,
ne l entendaient
as
de
cette oreille. Pour
eux,
une solitude est d abord
un
désert,
non
pas
un lieu
où
il
n y
a
per-
sonne,
mais
un lieu situé hors du
monde,
de la vie et de la hiérarchie
sociale,
un
lieu où
les
«
valeurs
du monde
-
pouvoir,
rgent,
iens
sociaux
de toutes ortes n ont
plus
cours
et font
place
à Dieu
seul.
Ainsi,
pour
en rester ux textes
lpins qui
font
objet
de notre
étude,
e mot solitudo a notamment
e
sens de
«
désert ou
paysage
dévasté
dans la Vita Severini
d Eugippe1.
Dans
la Vita
Columbani
abbatis
discipulorumque
ius
de
Jonas de
Bobbio,
les
termes
e here-
mus et de solitudo sont employés ndifféremmentour désigner e
désert ou des lieux
difficilementccessibles2. Dans la Vie de saint
Gall,
rédigée
u début
du
IXe
iècle
par
Wetti3,
ans la version
quel-
que peu
postérieure
e
Walahfrid
Strabon4,
dans
la
description
e
l Oberland
zuricois contenue dans
la Vie
de saint
Meinrad5,
e
mot
solitudo
aussi
le sens de
«
désert
. De
même,
deux siècles
plus
tard,
dans les
Coutumes de Chartreusede
Guigues
Ier6.
1.
Eugippe,
ie
de saint éverin
introduction,
exte
atin, raduction,
otes t
index
ar
Ph.
Régerat, aris, 991,Mémoire,L,
5
et
XLIV,
2.
2.
Jonas
e
Bobbio,
itae olumbanibbatis
iscipulorumque
ius lib.
,
11,
Br.
Krusch
d.,
dans
MGH,
S rer.
merov.,
.
IV,
Hanovre/Leipzig,
902,
p.
76-77.
3. Wetti, e Vita eatiGalli § 28 B.Kruschd., bid.p. 266).
4. Vita eatiGalli
uctore
Walahfr/do,
10
B.
Krusch
d.,
bid.
p. 272).
5.
AASSy
anv.
,
p.
382,
ol.
2.
6.
Guigues
er,
outumese
Chartreuse
introduction,
exte
ritique,
raduction
et notes
ar
un
Chartreux,aris,
984,
VII, 4,
p.
268.
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26
C. SANTSCHI
Un
désert aussi rebutant
ue possible
Ce
désert,
quel
est-il
Il doit
d abord être
rebutant
pour
le
monde,
pour
les séculiers.Non
seulement
Termite,
mais le
paysage
lui-même
doivent être mortifiés.Jean
Cassien
décrit
par exemple
e
territoiree
Panephysis,
n
Égypte,
utrefois
rospère
t
fécond,
puis
inondé
d eau
salée,
où
quelques
les
permettent
des
solitaires e
vivre
en
ermites7.
l
parle
ailleurs
de
l amertume
u
sable8. Sur le
modèle
de la
Palestine,
où
Élie,
puis Jean-Baptiste
e retirèrent
our
mener
une vie
ascétique
et
prophétique,
e
désert
des Pères du
Désert
est
chaud, aride, on peut y vivrepratiquement u. Les anachorètes ui
y
demeurent,
t
qui
exposent
Germain t à
son
compagnon
es con-
ditions d une bonne vie
érémitique,
ont
bien
conscients
ue
le cli-
mat
froid,
glacé
»,
des
pays alpins
ou de
l Europe
du
Nord
néces-
site un autre
type
de vêtement9.
Les déserts
lpins,
colonisés
par
saint
Séverin,
aint
Antoine
de
Lérins,
saint
Colomban,
saint Gali
et
leurs
successeurs
uisses,
tyro-
liens ou
provençaux
ont couverts
de
forêts,
où
l on rencontre
es
bêtes
sauvages
-
du
restefaciles
apprivoiser
,
de rochers t
aussi
de
ruines.Ce ne
sont
pas
forcément
es lieux
où
l homme n a
jamais
posé
le
pied.
Ainsi,
Colomban s installe à
Annegray
ans
«
un
vaste
désert nomméVosges, où se trouvaitun poste militaire n ruines
depuis ongtemps
,
encombré e
rochers,
ù
il
jeûne
jusqu à
en
être
physiquement
ffaibli,
ivantde la
parole
de Dieu
et de
l apport
mira-
culeux
de
vivres10.
À
environ huit milles
de là
se trouve un
autre
poste
militaire,
rès bien
construit,
vec une
source
d eau
chaude et
de
beaux
bâtiments,
ui
deviendra e
monastère e
Luxeuil.
C est aussi
un ancien
lieu de culte
païen, qui
n est
plus
alors
fréquenté ue
par
les bêtes
sauvages11.
À
Bregenz,
où
Colomban
et ses
compagnons
vivent
uelque
temps12,
Bobbio
dans les
Apennins,
où
il
construit
le
monastère
dans
lequel
il
mourra,
on
note
également
a
présence
de
ruines13.
En revanche, e désertde Saint-Gall,au bord de la Steinach,à
neuf
heuresde marche
de la citadelle
romaine
d Arbon
(Arbor
Felix),
est
totalement
auvage.
Neuf
heures,
c est en
effet e
temps
néces-
7.
Jean
assien,
onférences
XI, 3,
ntroduction,
exte
atin,
raductiont
notes
par
Dom
E.
Pichery,
aris, 955-1959,
.
II,
pp.
102-103.
8.
Ibid.,
XXIV,
(éd.
cit.,
.
Ill,
p. 173).
9.
Ibid.,
XXIV,
(éd.
cit.,
.
Ill,
pp. 178-179).
10. Jonas e
Bobbio,
itae
olumbanibbat
s
discipuiorumque
ius
I,
6-7
éd.
cit.,
pp.
12-1
trad,
rançaise
ar
A. de
Vogüé,
Jonas e
Bobbio,
Viede
saint
Colomban
t
de ses
disciplesAbbaye
e
Bellefontaine,
988,
p. 112-113).
11. bid. I, 10 éd.cit., . 76; traductionrançaise,. 119).12. La VitaGalli e Walahfridtrabon§§5-6) arle un ocus ntiquaetruc-
ture,
ervons
nteruinas
estigia
un ncien
ratoire,
édié
sainte
urèlie,
y
rouve
déjà éd.
cit.,
pp. 288-289)
cf. versione
Wetti,§ 5-6,
bid..
pp.
260-261.
13. Jonas e
Bobbio,
itae olumbaniib.
,
30
éd.
cit.,
pp.
106-107
trad,
française,
. 166).
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LA
SOLITUDE
DES ERMITES 27
saire
pour parcourir
une distance
de dix
kilomètres,
orsqu il n y
a
aucun
chemin,
ucune
piste,
si rudimentaireoit-elle.Ce désert
here-
mus)
est
«
âpre
et
humide,
l
a de hautes
montagnes
t
diversesbêtes
sauvages,
de très
nombreux
urs,
des
troupeaux
de
loups
et de
san-
gliers
14.
Mais
pour que
le
roi
Sigebertpuisse
conférer Gali
et à
ses successeurs
de
l abbaye
des
immunités
t
des
privilèges,
omme
il
le
fera
plus
tard,
n est-il
pas
nécessaire
que
ce lieu soit un
désert
intégral,
u il
n appartienne personne,
t soit
donc
possessio publici
juris
15
?
Quant
aux
Pères
du
Jura,
on admet
généralement
u ils
se sont
installés u milieudu Ve iècledans un vallon désert t ont construit
des bâtiments
ui
deviendront
e
«
monastèrede
Romain
»
(Roma-
nům
monasterium)
6.
Mais les fouilles
archéologiques
conduites
depuis
1986
à
l emplacement
es anciens bâtiments
monastiques
ont
aussi
mis
au
jour
des structures
ntérieures,
ualifiées
de
«
gallo-
romaines
,
qui témoignent
un
habitat et d une activité rtisanale
en
ces lieux
avant l installation
de moines ou d ermites17.
De son
côté, Amé,
moine
à
Saint-Maurice
d Agaune
au début
du
VIIe
iècle,
recherchant
le secretd un désert
lus
désert
(maioris
heremi
ecretum
xpetens),
ne trouve rien de
mieux
que
de
se
réfu-
gier
sur
une
étroite
plateforme,
ans les falaises
qui
surplombent
l abbaye, où il n y a mêmepas d eau et où l on doit lui apporter
de
l abbaye
la boisson et
la nourriture mais un corbeau vole le
pain
et le diable renverse
a cruche18.
Là,
le
désert
est vraiment
minéral,
mais
Saint-Maurice st situé ur
e
passage
des
Alpes,
de
nom-
breux
pèlerins
y
arrêtent
t
saint
Amé
ne
restera
ue
trois ans sur
son
rocher.
Le
désert,
d abord l Oberland
zuricois,
e col de
l Etzel,
puis
le
plateau
où sera
construite
abbaye
d Einsiedeln,
où
saint
Meinrad se
retire u
milieu
du IXe
iècle,
après
avoir
quitté abbaye
de Reiche-
nau
pour
se
consacrer
la
prière,
st
décrit omme une
«
forêt
om-
bre
»,
un
lieu difficile accès19.
Mais
il
s y
trouve
déjà
des
religieux,peut-être es ermites, ui l aident à bâtir son ermitage, t diverses
14. VitaGalli version
e
Wetti,
10
éd.
cit.,
. 262)
Vita
eatiGalli uctore
Walahfrido
I,
30
éd.
cit.,
pp.
291-292).
15.
Expression
tiliséeans
a versione
Walahfndtrabon21
éd.
it.,
.
300)
Wetti,
Vita
alli
21
éd.
cit.,
.
268)
n est
as
ussi
xplicite
il
ne
parle
ue
d une
silva
oniunctarbonensi
ago.
16. L édition
écentee a
Vie
esPères
u
Jura
intro.,
exte
rit.,
exique,
rad,
etnotes
ar
Fr.
Martine, aris, 968,
p.
68-97,
envisage
ue
a fondatione Saint-
Claude,
maisRomainmôtier
très ien
u figurerarmi
es fondationsuscitées
ar
saint omain
cf.
pp.
258-259,
ote
).
17. Ph.
Jaton,
.
Eggenberger,
.
Sarott,
pud
D.
Weidmann,
Chronique
archéologique988,Revue istoriqueaudoiset.97, 1989,p.158-163tplanches« Chroniquerchéologique989, ibid.,.98,1990,p.132-134« Chroniquerchéo-
logique
990,
bid.,
.
99,
1991,
p.
178-181.
18. Vita anciiAmati
on/esso
is,
Br.Krusch
d.,
dansMG
,
SS rer.mero.
t.
V,
op.
cit.,
pp.
215-221.
19.
AASS,
Janv.
I,
p.
382,
ol.
2.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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28 C. SANTSCHI
personnes
haritables,
otamment es
femmes,
ui
lui
fournissent
es
vivres nécessaires.
À
partir
u
XIIe
iècle,
a
croissance
émographique
e
l Occident
-
qu avaient
connue
longtemps
uparavant
es désertsde
Palestine,
de
Syrie
et
d Égypte,
où les
Pères
se
multipliaient
change
es don-
nées et
la
définition u
désert.
Sans doute
reste-t-il es lieux
inacces-
sibles ou difficilementccessibles
en
1440,
un
ancien haut
fonction-
naire des salines de Hall
im
Tyrol,
Hans
Frankenfurter,
e
retire
comme ermite u fond d une
vallée,
à Sankt
Magdalena
im
Halltal,
paysage
désolé,
minéral,
u sommet
d une
route
trèsraide. Mais cette
route conduisait ussi aux minesde sel de Hall et, si les lieuxparais-
sent austères t le climat
peu hospitalier,
a
compagnie
de
ses
anciens
administrés u
subordonnés
ne devait
guère
manquer
à cet
ermite t
au
«
frèreHenri
»
qui
habitait
avec
lui et le
servait20.
Enfin
e
désert
du canton d Obwald où
se retira
Nicolas de
Flüe,
le Ranft
et
le vallon de la
Melchaa,
dont
l atmosphère
de
recueille-
ment t de
patriotisme
st encore
aujourd hui
préservée
ar
une sorte
de miracle
permanent,
estait
hysiquement
t
géographiquement
out
proche
du
monde,
puisque
l ermitage
et la
chapelle
Sainte-Marie-
Madeleine furent
onstruits ur les terres
patrimoniales
e
l ermite,
à
cinq
minutesde marcheà
peine
de
sa
maison natale et de
la mai-
son où demeuraienta femme t ses dix enfants.En outre, e Ranft
était
pratiquement
ur l une des routes de
pèlerinage
conduisant
d Allemagne
vers les
grands
sanctuaires u Midi
de la France
et de
Saint-Jacques-de-Compostelle.
e
témoignage
un
pèlerin,
Hans von
Waldheim,
qui
revenait n
1474
d une
visite
à
la
Sainte-Baumede
Saint-Maximint à
Marseille,
nous
apprend ue
ces
paysages
de
Suisse
centrale
gardaient,
même
pour
des
ascètes,
un
caractère
effrayant,
notamment e mont
Pilate,
avec les
légendes
et la
malédiction
qui
l entouraient. our arriver u
Ranft,
e
pèlerin
raverse a
gorge
du
Rotzloch,
eyn grusam
Hochgebirge
où on ne
voit âme
qui
vive.
Plus
loin, il décrit e site de l ermitage omme« un lieu sauvage au pieddes
alpes
[c est-à-dire
es
pâturages
de haute
montagne],
habité
par
les
chamois et les
bouquetins
.
Mais
il
remarque
aussi
que lorsque
l ermite
veut
se
vouer à la
contemplation,
l
s enfonce
tout seul
dans
la
forêt
sauvage21,
e
qui
laisse
supposer
que
l ermitage
tait
trop
20. Attesté
otamment
ar
unenote
iographique
ontemporaine
t
par
e
texte
de a
règle
e vie
omposéeour
esdeux
onfrèresn 1452
ar
e
cardinal
icolas
de
Cuse,
vêque
e Brixen
textesubliésar
Hermann
allauer,
«
Johannes
ran-
kenfurter
nd ieWaldbrüderstatutenes
Nikolaus
on
Kues.
Münchener
uellen
ber
Johannesrankenfurter
,
dansCusanus
edächtnisschrift.
m
Auftrag
er
Rechts-
und taatswissenschaftlichen
akultät
erUniversität
nnsbrück,
. Grass
d.,
nns-
brück/Munich,970, p.375-379).21.Témoignageublié arRoberturrer, ruderlaus. ie ältesten
uellen
über en
eligen
ikolaus
on
lüe sein
eben
nd
einen
influss
Samen,
917-1921,
t.
,
pp.
56-67
la
description
ar
e
doyen
Einsiedeln
lbrechton
Bonstetten,
ui
renditisite
Nicolase
31
décembre
478,
ait
ussi essortira
sauvagerie
u ieu
(ibid.,
p. 79-90).
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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30 C. SANTSCHI
donc la vie en communauté omme une
école,
préparant
es anacho-
rètes
à la lutte
héroïque
contre e diable.
Du
reste,
l
faut
observer
n
passantque pour
saintBenoîtcomme
pour
le
Maître,
a mise à l écart
de la
communauté,
isolement
pro-
prement
it,
sont
une
punition
l encontre
des
moines
qui
ont déso-
béi ou
péché
et
refusent
e reconnaîtreeur
faute.
Ils
mangent épa-
rés des autres
et leur
disgrâce
est
contagieuse
ceux
qui
auraient e
malheur de se solidariser vec eux seraient
galement
retranchés e
la
communauté,
usqu à
ce
qu ils
viennent
résipiscence29.
e
péni-
tentiel
de
saint
Colomban
prévoit
ussi
l isolement,
dans une cellule
séparée, ommepunition ourles moinesqui ontpéchécontre humi-
lité30.
Mais
tous ces auteursécrivent
our
des
cénobites même si leur
monastère
st
une
étape préparatoire
l anachorétisme,
ls admettent
que
tous
ne
sont
pas capables
de
partir
eul au
combat,
ni
même
capa-
bles
de le
vouloir. Le
cas,
relaté
par
Jean
Cassien,
de
l abbé
Jean,
qui
a renoncé
l érémitisme,
ù
pourtant
l
semblait
ien
réussir,
our
rentrer ans la
vie
communautaire31,
st très
caractéristique
il
invo-
que
d abord
l humilité,
puis
la difficulté e
maîtriser es
problèmes
matériels,
ui
deviennent nvahissants
ar
la
multiplication
es ana-
chorètesdans son
secteur,
t
finalement e
poids
des
visites,
qui
le
détournent e la contemplation t du servicede Dieu seul.
Les ermites
vivent-ils raiment
euls ?
Plus
encore,
dans
sa
Regula
solitariorum
édigéepour
les
reclus
au
cours
du
IXe
siècle32,
éutilisée u
xve
siècle
par
des
groupes
de
béguines
de
la
région saint-galloise33,
rimlaïc
définit es
solitaires
non
pas par
un
style
de vie
individualiste,
mais essentiellement
ar
le
fait
qu ils
ont tout
quitté
dans le monde
pour
suivre e
Christ34.
Mais si tous sont des
solitarii dans les
styles
de
vie on
distingue escénobitesdes retrusi les reclus,qui vivent euls,à l écart de la com-
munauté.
29. La
Règle
u
Maîtreéd.
cit.,
XIII
41-48,
.
II,
pp.
40-43
La
Règle
e
Saint
enoîtéd.
cit., § 23-27,
.
II,
pp.
542
et suiv.
30.
Regula
oenobialis. Columbanibbats
O. Seebass
d.,
dans
eitschriftür
Kirchengeschichte
t.
XVII,1897,
.
223,
f.
Saint
Colomban,
ègles
t
pénitentiels
monastiques
A. de Vogüé
d. et
trad., ellefontaine,989,
.
124
Viemonastique,
n°
20).
31. Jean
assien,
onférences
XIX,
2-5
(éd.
it.,
.
Ill,
pp. 39-43).
32.
Cette
ègle
st
mprimée
ans a
Patrologie
atinet.
103,
p.
573-664
nous
la citonscid aprèséditionu en réparemeMarie-Christinehartier,ousa direc-tion uprofesseur. Riché l Universitée ParisX-Nanterre,uia bien oulu ous
en
communiquer
n
manuscrit,
e dont ous a
remercions.
33.
Il
existe eux ersions anuscritesune
raduction
llemandeu
xve
iècle
de
cette
ègle
la
Bibliothèque
e
Abbaye
e
Saint-Gall,
ous escotes
30
t 931.
34.
Grimlaïc,
egula
olitariorum
chap.
et VII.
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LA SOLITUDEDES ERMITES
31
Seuls
ou
plutôt
en
petit
nombre car
Grimlaïc
fait aussi
men-
tion de
disciples
avec
lesquels
le reclus
communique35
il
évoque
la
présence
fréquente
d un autre
reclus,
qui pose
le
problème
du
silence36,
ur
lequel
nous
reviendrons.
urtout,
dans un
chapitre
rès
important,
ntitulé
Quod
numquam
minus
quam
duo
simul sint
soli
tarii
XVII),
il
insiste ur la
nécessité
d une
société,
sur les
dangers
de
l isolement,
e
l égoïsme
t du
librearbitre.
l
faut notamment
ue
les
solitaires
uissent
encourager
mutuellement
u
service
ivin,
qu il
y
ait entre eux
une émulation sans
point
de
comparaison,
e soli-
taire
peut
se
croire
rrivé u sommet
de la
perfection.
ans avertisse-
ment, il ne se rend pas compte de ses éventuellesdéviations.En
l absence de
toute
ociété,
l
n y
a
pas
d exercice
ossible
de la
patience
et de
la charité37.
Mais
alors,
si la solitude
présente
ant d inconvénients
t de dan-
gers
matériels t
psychiques,
ourquoi
la
choisir
Si
les vertushéroï-
ques
suscitent
orgueil
et la désobéissance
et tuent
humilité,
pour-
quoi
obéir à
une telle vocation
?
Des ermites
alpins
»
répondent.
Guigues
er
e Chartreux lôt
ses
Coutumes
en
exposant
es
motivations e ceux
qui
ont
choisi de
vivre
a
majeure partie
du
temps
euls
en
cellule,
ne
se réunissant
ue
pour
certains
ffices ivins.
Tous les
exemples ibliques
Isaac,
Jacob,
Moïse, Élie, Élisée, Jérémie, ean-Baptiste),euxdes Pèresdu Désert
(Paul,
Antoine,
Hilarión et même
Benoît,
pourtant
xé sur
la vie
en
communauté)
montrent
ue
Dieu
s est
révélé ses serviteurs
orsqu ils
étaient
seuls,
dans le secret
de leur
chambre,
oin du monde et du
bruit,
dans
un silence
propice
à la méditation t
à la
prière38.
Mais
pour
les
Chartreux,
olitude
n est
pas
isolement.S il
y
a
des actes
iturgiques
n
cellule,
n solo
ou à
deux,
essentiel
e l office
divin a
lieu évidemment
l église,
dans
l assemblée des moines.
Et
tout
est
prévu
pour
cultiver
esprit
de la
communauté,
obéissance
et
la charité
ntre es
frères.
Cela est
particulièrement
rappant
ans
les
usages
à
l égard
des frères
malades
ou
mourants,
ans la manière
dont ls sontaccompagnés usqu à la fin, t dans les consolations ro-
diguées
aux survivants
ui,
le
jour
de
l ensevelissement,
e sont
pas
tenus
de
garder
a
cellule,
mais
mangent
nsemble
au
réfectoire39.
35.
bid.,
hap.
XVI.
36. Si autem
uo n unum
uerint
olitari
,
icut
multisn ocis oscitur
sse sit
inter
os silentium
ngensquies
magna
t caritas
erfecta.
int utem
inguli
n
in-
gulis elluliseparatisedanimo tfide c caritatenseparabiliteronjunctiibid.).37. bid., hap.XVII la pluparte ces onsidérationsontmpruntéeslarègle
de
saint
asile,
ui
était
articulièrement
égativel égard
e la vie
érémitique.
38. Guigues
er,
Coutumes
e
Chartreuse
op.
cit., §
LXXX,
4
et
suiv.,
pp.
286-295.
39.
bid., §
XII-XIV,
p.
188-197.
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32
C.
SANTSCHI
Solitudes
contrariées
La
solitude
donc,
et
le
silence,
pour
voir
Dieu face à
face,
si
tant
est
que
cela
se
puisse.
À
toutes es
époques,
et de diversesmaniè-
res,
l expérience
été
tentée,
u
moins
temporairement.
xaminons
ici la
trajectoire
e
quelques
saints
alpins
et leur
rapport
à la soli-
tude et
à
la communauté.
Saint
Séverin
mort
en
482),
l apôtre
du
Norique,
fondateur
e
couvents,
homme d action et
d autorité,
d abord cherché
une
«
vie
plus parfaite
dans
«
un désert
d Orient
»
non identifié lui-même
refusait e s exprimer ur son passé40.Forcé par une vocationsupé-
rieure e se consacrer l assistance
t à
la direction
pirituelle
t même
politique
des
populations
du
Norique,
il
est
continuellementiraillé
entre es
exigences
des
peuples
et
des
princes qui
se confient
lui,
et son
goût
pour
la
solitude,
qui
ne se
satisfait
ue
de
courtes
retrai-
tes
à un mille environde son monastèrede
Fauianae41.
Il
est d ail-
leurs aussitôt ramené aux
dures
réalitésdu monde
par
la
réputation
de ses
vertus,
ui
attirent
isiteurs t
demandeursde
conseils.
Pour
compenser
ette vocation
manquée,
il
enseignera
ses
moines
com-
ment on renonce au monde
pour
suivre
exemple
des
saints
Pères,
sans
retour,
sans
regarder
n arrière42. est
l exemple qu il
aura
donné durant outesa vie au servicedes populationsdu Norique ter-
roriséeset malmenées
par
les
grandes
nvasions.
Un
de
ses
disciples,
aint
Antoine de
Lérins,
a suivi un chemin
différent,
ui
le conduit du cénobitisme
l anachorétisme,
uis
de
nouveau vers la vie communautaire.D abord moine
à
Fauianae>
il
se met
après
la mort de Séverin au service
de.
son oncle
Constans,
évêque
de Lorch
(dans
le
Wurtemberg),
t se
distingue ar
son
humi-
lité et
la
rigueur
e son
ascèse.
Après
la mortde
Constans,
l
quitte
le
Norique
désolé
par
les barbares
païens
pour
s établiren
Valtelline,
au bord du lac de Come. Un
prêtre
nommé
Marius,
voyant
es ver-
tus,
veut le
placer
à la tête d un
grouped ecclésiastiques.
Mais
lui,fuyant et honneurcomme une coupe empoisonnée,va s installer
l autre bout
du
lac,
à
quelque
distancedu
tombeau du
martyr
élix,
dans un lieu totalement
naccessible,
ù il ne
trouve
que
deux vieil-
lards,
ermites omme ui.
Il
y
vivra
quelque
temps,
ecevant es
visions
célestes
et
des révélations
rophétiques.
Mais de
nouveau,
la renom-
mée de ses
vertus
scétiques
se
répand
dans le
monde,
et
il
se résout
à
finir
es
jours
dans
la
communautédes
moines de Lérins43.
Saint
Amé
aussi,
après
son
apprentissage
e trente
nnées dans
40.
Eugippe,
ie
de
saint éverin
op.
cit.,
.
54
lettre
Eugippe Paschase),
etpp.206-207Mémoire,X,4).41.Ibid.,pp. 188-189Mémoire,V,7).
42.
bid.,
pp.
206-207
Mémoire,
X,
4).
43.
Magnus
elix
Ennodius,
e
Vita eati ntonii
Fr.Vogel
d.,
dans
MGH,
Auct. nt. .
VII, Berlin,
885,
p.
185-190cf.
Bibliotheca
anctorum
t.
II,
Rome,
1962,
ol. 150-151
avecbibliographie).
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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LA
SOLITUDEDES
ERMITES
33
la communautédes moines
d Agaune,
se retire ur son
rocher
pour
se consacrer
la
prière.
l
n y
est
pas
vraiment eul. L abbé lui
députe
un
frère, erinus,
ui
doit lui
apporter
de la nourrituret
de la
bois-
son. Mais
il le renvoieet
se
réjouit
même de
ce
que
le diable
a ren-
versé sa cruche
et
volé son
pain par
l intermédiaire un
corbeau,
l orientant
insi
vers une
ascèse et un
jeûne
plus
rigoureux.
Au
bout
de trois
ans,
il
est tiré de sa retraite
ar
un
disciple
de saint
Colom-
ban, Eustase,
abbé de
Luxeuil,
qui
revient
e Rome et est
séduit
par
ses vertus.
Lui
rappelant
e
passage
de
l Évangile
disant
qu une
lampe
ne doit
pas
être mise
sous
le
boisseau,
mais éclairer
tous
ceux
qui
sont dans la maison44,l le persuadede l accompagnerdans les Vos-
ges.
C est le début d une carrière écondede
prédicateur
t de
guide
spirituel.
Mais
après
avoir
participé
la fondationde
Remiremont,
où
il
a introduit a
laus
perennis
sur le modèle de ce
qu il
a
vu à
Saint-Maurice,
t
accepté
le rôle de
conducteur
pirituel,
l
conserve
cependant
on
goût
pour
la vie
solitaire.
l
se retire ous le creux
d un
rocher,
où on
lui tend un
peu
de nourriture u bout d une
ficelle.
Il n en
sort
que
le dimanche
pour prêcher
t lire
les Écritures ux
frères
t sœurs de Remiremont.
La compagniedes ermites
Dans les
Vosges
et à
proximité
u lac de
Constance,
Colomban
a donné
l exemple
de ces
longues
retraites,
assées
dans le
jeûne
et
la
prière,
oin de
la
troupe
des moines.
l
y
cherche
inspiration
ainsi,
en
se
retirant u désert vec Autierne t un
jeune
adolescent,
ur une
hauteur dominant
a
Moselle,
avec
un
seul
pain pour
douze
jours,
il
veut savoir si c est
bien la
volonté
de Dieu
qu Autierne
aille en
Irlande,
loin de son
pays45.
Une autre
fois,
il
passe cinquante ours
in
eadem solitudine
...)
non
lamen eo
in
loco en
compagnie
d un
seul
frère,Gall, qu il
envoie
pêcher
dans
le
Breuchin46. assons sur
les promenades olitaires ù Colomban rencontre urs et loups, qui
obéissent
ses
ordres,
mais
remarquons ue
le
saint st rarementeul
aux
alentoursde
Bregenz,
où il
jeûne
sévèrementous
un
rocher,
n
plein
désert,
l
a
un
«
assistant
(minister),
hagnoaldus,
futur vê-
que
de Laon. C est
Chagnoaldusqui,
sur
ordrede
Colomban et
pen-
dant
que
celui-ci
prie,
se
charge
de donner des ordresà un
ours
qui
mange
les fruits
e
la forêt t de
limiter
a
portionpour qu il
reste
quelque
chose à
manger
aux deux solitaires47.
Gali non
plus
n est
pas
absolument seul.
Au
moment où
il
s enfonce dans
les
bois
pour
s installer u bord de la
Steinach,
l
est
44. VitaAmationfessoriéd.cit.,p. 217, itant atth., , 15.
45.
Jonas e
Bobbio,
itae olumbanibbatis
iscipulorumque
ins ib.
,
11
éd.
cit.,
pp.
76-77 cf. trad,
rançaise,
p.
120-121).
46. bid.
trad, rançaise,p. 121-128).
47.
bid.,
ib.
,
27
B.
Krusch
d.,
p.
105
trad,
rançaise,
p. 161-162).
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34
C.
SANTSCHI
accompagnépar
un
diacre
nommé
Hiltiboldus,
ui
lui
rend
divers er-
vices. Mais
ce diacre lui
propose
à un
moment
donné de
retourner
à Arbon. Une
intéressante iscussion
s engage
alors entre
es deux
hommes48
Gall,
désirantrester eul
pour
se
consacrer la
prière,
demande
à
Hiltiboldusde
partir
e
premier
t
lui
promet
de le
rejoin-
dre
après
trois
ours.
Mais le diacre
hésiteà
laisser Gall
absolument
seul
;
comme l
n a
manifestement
as
la foi
qui
transporte
es mon-
tagnes,
l
craint
qu on
ne
l accuse d avoir
abandonné Gall à
tous les
dangers
de
la forêt
auvage.
Sur
ce
point,
la
version de
Walahfrid
Strabon
est
plus explicite
Hiltiboldus raint
u on
ne
l accuse d avoir
tué Gall pour le dépouiller.Mais Gall insiste, t 1 « athlètede Dieu »
demeuretrois
ours
dans un
jeûne
complet, pour
consacrer
ce
lieu,
déjà
destiné
u
service
pirituel,
la
privation
t à
l ascèse
(ut
videli-
cet locum
quem spiritali
militiae
providebat,
parsimoniae
consecra
ret
initiis).
ci
apparaît
la fonction
anctificatrice
u
jeûne
et
de la
prière
mais aussi la
différence
ntre
e
saint,
qui
reste
sans crainte
seul au
milieu
des bêtes
sauvages,
et
son
compagnon,
qui
est
sans
doute un brave
homme
mais
qui
s en tient
ux
règles
de
conduitedu
monde
on lui a dit
qu il
devait
accompagner
Gali et il
ne veut
pas
qu on
l accuse d avoir
manqué
à
ses
devoirsou
même d avoir
assas-
siné celui
qu il
devait
protéger.
Hiltiboldus, ommed ailleursChagnoaldusauprèsde Colomban,
a encore une
autre
fonction,
elle de
témoin. Si
les saints
restaient
seuls dans le
désert,
se faire
obéir des
ours et des
loups,
ils ne s en
vanteraient
ertainement
as
:
l humilité
st la
première
ondition
our
qu un
anachorète
puisse
suivre sa
vocation49.
Mais bien
que
les
saints eur
nterdisente
raconter es
prodiges
uxquels
ils ont
assisté,
les
témoinsviolent
cette
défense
et
proclament
ans le
monde,
évi-
demment
des fins
d édification,
es
vertus
héroïques
de leur
maître.
Presque
dans
chaque
vie
d ermite u de
reclus,
a
compagnie
un
serviteur u
d une
servante
araît
aller
de
soi.
Sainte
Wiborada,
qui
fut
d abord,
durant
quatre ans,
ermite
Saint-Gall,près de l égliseSt-Georges,puis se fitmurerdans un reclusoir ommuniquant vec
l église
St-Mangen,
ans le
faubourg
e
Saint-Gall,
vant
d être
marty-
risée
par
les
Hongrois
en
92650,
n
avait
deux,
qui
l accompagnaient
partout
avant
qu elle
se fit
enfermer.
Mais même
ainsi,
la
recluse vait
besoin
d une
servante.
Comme
on
ne
peut
pas
toujours compter
ur
les
apports bénévoles,
l
faut
s assurer
que
quelques personnes
xtérieures
pportent
égulièrement
de la nourriture.
ans
s imposer
l entretien un
nombreux
person-
nel,
incompatible
vec le
dépouillement
t
la
liberté
d esprit
propres
48.Wetti,VitaGalli§ 14 éd.cit., . 264 Walahfridtrabo, e vita anciiGalli. 14 éd. cit.,pp. 294-295).
49. Jean
assien,
onférences
II,
10-11
éd.
cit.,
.
I,
pp. 120-124).
50.
Vitae
anctaeWiboradae.ie
ältesten
ebensbeschreibungen
er
Heiligen
ibo-
rada W. Berschin
d.
et
trad., t-Gall, 983,
assim
.
Mitteilungen
ur
vaterländis-
chen
Geschichte
hrsg.
.
Historischen
erein
t-Gallen,
I).
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LA
SOLITUDEDES
ERMITES
35
à
un
solitaire,
a recluse
doit,
selon
Aelred de
Rievaulx
1110-1167)
un Cistercien
uteur
d une sorte de
règle
pour
les
recluses,
voir une
servante
gée, qui
ne
soit
ni
bavarde,
ni
querelleuse,
ni
vagabonde,
ni
encline
ux
racontars.
Cette
femmedoit
garder
a
porte
de la cel-
lule,
recevoir a
nourriture,
iltrer
es visites.Elle se fera
aider,
e
cas
échéant,
d une fille
plus
forte
pour
les
gros
travaux51. a
présence
d un
domestique
u d un
serviteurst
d autre
part ndispensable,
our
des raisons
évidentes,
tous les ermites
de
haute naissance
sans
aucune
aide
pratique,
en
effet,
omment
ller
seul
au
désertet maî-
triser es
problèmes
matériels,
i on
n a
pas
appris
à le
fairedans une
positionsubalterne Et si l on est dominépar les soucis matériels,
de
la
nourriture, tc.,
comment
e consacrer
la
prière
t à la con-
templation
Wiborada n a
pas
seulement es
servantes,
lle a
aussi
une
disci-
ple,
Rachilde,
désignée
comme sa
«
fille
spirituelle
52. Celle-ci
n est
pas,
si
l on ose
dire,
au même niveau de
sainteté
ue
les servantes.
Les servantes
euvent
t
doivent ller et
venir,
lles sont dans le monde
et leur
vocation est
d y
rester
pour protéger
e
repos
et le recueille-
ment
des
recluses,
andis
que
la
disciple
est
appelée
aux
mêmesvœux
de stabilité
t
d humilité
ue
la recluse
elle-même,
oire au
martyre.
Il
y
a entre a
recluse
t
sa
novice d une
part,
et les
servantes autre
part, a même différence e vocationqu entreMarie, qui s assied aux
pieds
du
Seigneurpour
l écouter,
et Marthe
qui
vaque
aux
soins du
ménage53.
est d ailleurs
le
modèle
de Marie
qu invoque
Wiborada
lorsqu elle
demande
à
l évêque
de Constance
de
la murerdans son
reclusoir54.
On
voit
par
ces
quelques
exemples lpins que
les
déserts
ne
sont
guère
vides
et le
sont
toujours
moins,
et
que
les ermitesne
sont
pas
réellement
euls.
Dangers
de la solitude
La solitude
absolue
n est
pas
sans
dangers
ni
sans tentations.
Indépendamment
es
dangers
matériels t
physiques,
dont les
textes
hagiographiques
ont
fréquemment
tat
pour
mettre n valeur héroï-
cité des vertus
rémitiques,
es
risques pirituels
ont mmenses t
plus
d un auteur les dénonce.
L orgueil,
hérésie,
instabilité u le
vagabondage,
a
paresse,
e
découragement,ivrognerie,
ont autantde démons
qui guettent
ana-
chorète
dans son
désert,
ans
guide spirituel,
ans
autre consolation
que
la
prière
t le travail. Jean Cassien les énumère t les
développe
51.Aelred eRievaulx,a vie e recluse.a prièreastoraletexteatin,ntro-
duction,
raductiont notes
ar
Ch.
Dumont, aris,
961,
p.
50-53.
52. Vitae anctaeWiboradaeéd.
cit.,
pp.
80-82, 0,
178-180.
53.
Luc,
X,
38-42
cf.
Jean,X, 1-40, II,
1-3.
54. Vitae anctae
Wiboradae,
d.
cit.,
p.
160.
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36
C. SANTSCHI
dans ses
Conférences
La liaison
essentielle
ui
existe entre es vices
et la vie solitaire
st affirmée
ans la
Conférence e l abbé
Serenus,
où Ton
rappelle que
les démons
furent
utrefois
eaucoup
plus
vio-
lents,
«
lorsque
le
désert
n était
encore
habité
que par
de rares soli-
taires.
Leur
violence,
ajoute-t-il,
tait alors si
sauvage qu à
peine
un
petit
nombre,
d une
vertu
bien
affermie t d un
âge
avancé,
pouvait
supporter
e
séjour
dans la solitude
55.
Serenus
indique quels
sont
les
remèdes,
orsqu il
explique
que
dans les
temps
anciens,
où
les
démons
étaient i
violents,
es cénobites e
relayaient
a nuit
pour
veil-
ler et les tenir
à
distance.
Ces démonssont aussi actifs aux époques suivantes. Saint Gall
les
entend alors
qu il pêche
en
solitairedans le lac de
Constance56.
On
voit,
par
son récit
magé,
qu ils
ont
pu
croître t embellir n toute
liberté ans ces
lieux abandonnés.
Gall
les chasse en
invoquant
e Sei-
gneur
t en faisant e
signe
de la
croix,
et
la communauté es
frères,
sous la direction
de
saint
Colomban,
se
joint
à
ses
prières
d action
de
grâce.
Une
fois
de
plus,
donc,
c est la communauté
ui
soutient
l individu dans sa lutte contre es démons.
Quant
aux animaux
qui
tiennent
ompagnie
aux
ermites,
ions
dans
les déserts
d Afrique
et du
Proche-Orient,
urs
et
loups
dans
les forêts
lpines,
eur rôle est assez
ambigu.
Ce
sont
des bêtes
féro-
ces, qui, de l extérieur, euvent paraîtremenaçantes.Mais, comme
on le voit dans les
Vies de
Jérôme,
des Pères du
Désert,
de
saint
Colomban et de ses
disciples,
es saints es
apprivoisent
ssez facile-
ment t obtiennent elles
certains ervices ainsi de l ours
qui
va cher-
cher du bois
pour
saint
Gali,
et
qui
figure
ur toutes es
représenta-
tions
du
personnage,
insi
que
sur les
armoiries
e
l abbaye
et de
la
ville de
Saint-Gall,
et
sur
celles du canton
d Appenzell,
ancien
sujet
de
l abbaye.
Mais les histoires
d animaux
ont
peut-être
n
autre
sens,
spiri-
tuel,
évoqué
non
sans
finessedans les
Méditationsde
Guigues
II
le
Chartreux57.
a
première
e
ces
méditations st consacrée à la soli-
tude celle du prophète nvoyé u désertpour apprendre écoute de
la
Parole dans le silence
t
l humilité58,
t celle du
Christ,
eul
parmi
les
hommes,
mais
avec le
Père
qui
l a
envoyé59.
Or
même s il
est
seul
et
silencieux
u
sens
physique
du
terme,
homme
qui
ne
sait
pas
faire
silence
en lui n est
pas
seul
spirituellement
«
Voici,
écrit e
Chartreux,
u il n y
a
aucun homme
avec
moi,
et
que pourtant e
55. Jean
assien,
onférences
VII,
23
(éd.
cit.,
.
I,
pp. 265-266).
56. Vita
Galli
uctore
ettino,
7
(éd.
cit.,
. 261)
Vita alli uctore
alah-
frido ib.
, §
7
(éd.
cit.
p. 290).
57. Guiguesi e Chartreux,ettresur a vie ontemplativeV chelleesmoi-nes). ouzeméditationsE. Colledge tJ. Walsh d.,Paris, 980nouveauirage),
DD.
26-131.
58.
Guigues
I
le Chartreux
ommentecidivers
assages,
ont
s., CXVIII,
1
Lam., II,
27-28
Is., LXVI,
2
; Ps., LXXXIV,
.
59.
Jean,
III,
16.
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LA
SOLITUDEDES
ERMITES
37
ne suis
pas
seul.
Je
suis
pour
moi-même ne
foule. J ai avec moi
mes
bêtes
sauvages que j ai
nourries
dans
mon
sein,
depuis
mon
enfance
(...)
et
même
dans
la
solitude
ou
dans le
désert]
lles ne veulent
pas
s éloigner
de moi
».
Et de les
comparer
ux
plaies d Égypte,grenouil-
les et mouches.
On
est
là
dans une
réalité
psychique
que
chacun a
pu expérimenter,
côté
de
laquelle
les
ours,
les
loups
et
même les
dragons
ou
les
démons,
auxquels
on a
donné un nom
pour
mieux
les
maîtriser,
araissent
bien
ingénus.
Les solitaires
rencontrent ncore
d autres difficultés ans leur
recherche u
silence,
vec
Dieu
pour
seule
compagnie.Lorsqu ils
sont
gratifiés e révélations, u lorsqu une onguevie de prière t d ascèse
leur a
procuré
a
paix
et la
sérénité,
onc aussi une
certaine utorité
morale,
ils attirent
e
nombreusesvisites.
Ainsi,
on est
frappé,
en
lisant es différentesersions
de la vie de sainte
Wiborada,
par
la vie
sociale active
qu elle
mène,
même
en étant
recluse.
Pauvres
et
estro-
piés
viennent
e
faire
nourrir,
uérir,
onseiller,
onsoler.
Lorsqu il
n y
a
pas
de
visites,
Wiborada
reçoit
des
apparitions
servantes,
moi-
nes ou ermites
éfunts,
ui prodiguent
es
avertissementsont
elle-
même
s empresse
de faire
bénéficier
eux à
qui
ils sont adressés
par
son
canal.
Lorsque
c est
le
diable
qui
se
montre,
l
est aussitôt
reconnu.
Dans ces conditions, l n est pas étonnant ue les auteurs soient
de
plus
en
plus
méfiants
l égard
des
vocations
de vie
solitaire.Ael-
red de
Rievaulx,
dans sa
Vie de
recluse
0
,
est hanté
par
le
bavardage
qui
se
développe
et
s épanouit
aux
alentoursdes
reclusoirs,
rès
des
fenestellae
donnant sur l extérieur. a
plupart
de ses
conseils visent
à
préserver
a recluse de
trop
de
visites.
Un moine du couvent e
Petershausen,
ans
le
faubourg
e
Cons-
tance,
qui
écrit
peu près
à
la même
époque qu Aelred
de
Rievaulx,
c est-à-dire
dans
le
troisième
uart
du
XIIe
siècle61, fait,
dans cet
ordre
d idées,
des observations ssez
négatives.
Le
moine de
Peters-
hausen
est un bénédictin. on
abbaye,
fondée
par l évêque
de
Cons-
tanceà la findu Xe iècle,a prisses premiersmodèles à Einsiedeln62.
À
l instarde la
règle
de saint
Benoît,
l fait
débuter a
chroniquepar
une série
de définitions
e
termes elatifs la vie
monastique
u
régu-
lière,
notamment es différents
ypes
de
réguliers,
moines,chanoines,
solitaires, eclus,
pèlerins,
tc. Des
solitaires,
l
dit
qu ils prennent
n
principe xemple
ur saint
Jean-Baptiste
t
sur la retraite t le
jeûne
du Christ
durant
quarante ours après
son
baptême,
mais
il
observe
que
les
solitairesde son
temps
ne vivent
guère
dans la
retraite,
ar
ils
reçoivent
a visitede foules
entières,
vec
lesquelles
ls
passent
eur
temps
en
bavardage.
Il
se demande
donc,
non sans une
certaine
ogi-
60. Éd.
cit.,
p.
50-62.
61.
Die
ChronikesKlostersetershausenO.
Feger
d.,
Sigmaringen,
978.
62. A.
Borst,
Mönche m Bodensee10-1525
Sigmaringen,
978,
p.
136
t
suiv.
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38
C. SANTSCHI
que,
comment
n
peut
se
dire solitaire
orsqu on
n est
pas
seul63.
En
quoi
il
s écarte
de la définition
e
Grimlaïc,
qui
faisait de solitarias
l équivalent
du
grec
monachos
sans
se
prononcer,
ce
stade,
sur la
question
du cénobitisme
u de l anachorétisme64.
Le moine de Petershausen
st
encore
plus
sévère
à
l égard
des
reclus.
En
théorie,
es
reclusont
pour
modèles
es nombreux aints
qui
se sont
fait
mprisonner
our
l amour du Christ t
qui
ont souvent té
visités
dans leur
prisonpar
le
Seigneur
ui-même u
par
ses
anges.
Ils
s enterrent
omme
le Christ
pour
ressusciter
vec lui. Mais en
prati-
que,
au
XIIe
iècle,
a vie
des
reclusest
bien différente. t le moine de
Petershausen e dénoncer, hez les reclusqu il a pu observer,es pro-
phéties
fallacieuses,
es foules
que
l on
attire
soi,
le
bavardage
conti-
nuel,
incapacité
demeurer eul
et en silence65. est
qu il
a eu
sous
les
yeux
de fâcheux
xemples.
i
les
ermites
u il
a
connus,
deux illet-
trés
et un
prêtre,
nt mené une vie
«
bonne
»,
en
revanche,
l
signale
le moineWalcounus
t deux
barbati
ratresconvers),
Meriboto t Hart-
mannus,
ui
se
sontfait nfermer
ans
un
reclusoir ces
hommes,
crit-
il,
«
étaient
d un caractère i
désagréable u ils
ne
pouvaient
demeurer
que
difficilement
n communauté
^.
Voilà une
accusation
ancée
contre es ermites
ui
se
répand
de
plus
en
plus,
mais
qui
a
toujours
existé. Ce
que
l on
reproche
ux
anachorètes, u plus exactementux fauxanachorètes, est de quit-
ter la
société
des autres
hommes non
pas pour
chercher
Dieu,
mais
par
égoïsme,
par orgueil,
par incapacité
à
supporter
es autres
et à
développer
a
chariténécessaire.
On
leur
prête
un
espritd indépen-
dance
qui
conduit tout droit
à l hérésie. Dès la mise sur
pied
de
l Inquisition,
es vocations
anachorétiques
ont
suspectées
d hérésie.
Un
amalgame
est fait entre es
ermites,
es
béguines
et les
lollards,
qui
amène
à taxer tout ce monde d hérésie67.
Nous n en donnerons
ci
qu un exemple,
tiré de nos matériaux
du domaine
alpin.
L ermiteHans
Frankenfurter,
ont nous avons
déjà
parlé,
avait un
frère,
Johannes
von
Gelnhausen,qui
avait été
prieurde l abbaye cisterciennee Stamsau Tyrol,avaitparticipé ctivement
au Concile de Bâle
puis
avait été
nommé,
entre oût 1433
et
juillet
1434,
abbé
de Maulbronn.
Il avait
renoncé à
cette
charge
en
143968
63.
Die
Chronik
es
Klosters
etershausenéd.
cit., 20,
p.
34.
64.
Ci-dessus,
.
30,
note 4.
65.
Die
Chronik
es
Klosters
etershausenéd.
cit., 21,
pp.
34-35.
66.
bid., § 36-37,
.
230.
67.
En
attendant
a liste
omplète
t
1
histoirees
béguinages
e Suisse
romise
pour
a section
X
de
Y
Helvetiaacra
voirBr.
Degler-Spengler,
ie
Beginen
n
Basel,Bâle,
1970,
t
J.-Cl.
chmitt,
ort
unehérésie
L Église
t es
clercs
ace
auxbéguinest auxbéghardsu Rhin upérieuru xiv au xv siècle Paris/LaHaye/Nework, 978Civilisationstsociétés,6).
68.
Nikolaus
rass,
Abgescheiden
eben.Via
ntiqua
nd evotio oderna
n
Auseinandersetzung
m ineWaldklause
m
Hochgebirge
irols.
ugleich
in
Beitrag
zum
Begarden-
nd
Beginentum
n
den
Ostalpen
,
dans
Cusanus
edächtnisschrift
op.
cit.
pp.
356-357.
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40
C.
SANTSCHI
ble dans ses
définitions,
iscuté,
voire contesté
ar
les meilleurs irec-
teurs
monastiques
t
par
les
théologiens,
ontrarié
ar
les vicissitudes
de
la
vie,
par
les
visiteurs,
nfléchi
ar
une
vocation
upérieure,
ana-
chorétisme
pparaît
comme
une solution
temporaire
certains
pro-
blèmes
spirituels,
ans une
oscillation
perpétuelle
ntre a vie
solitaire
et la vie en communauté.
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42
S.
DI DOMENICO
de
vingt
nnées
à San Giovanni
dans
l'observance
a
plus
stricte
e
la
règle
bénédictine.Mais
quand
le
monastère l'unanimité'élit
abbé,
à nouveau
il
refuse.
Enfin,
fracture
uprême
Franco décide de
quit-
ter la communautédes frères
t
s'éloigne
vers
les
pentes
du
Gran
Sasso.
Pour
réaliser on
idéal
de
solitude
l
se
met en
parfaite
on-
tradiction vec le vœu de stabilité
rononcé
uelques
années
plus
tôt.
En
effet,
l
va contre es
lois et la tradition
e
l'Église
:
l'érémitisme
n'est
pas pour
lui une
phase initiatique réparant l'épanouissement
dans
l'idéal
monastique
c'est
la voie la
plus parfaite
vers le salut.
Franco
décide
de tout
quitter,
fût-cede manière
clandestine,
pour
rejoindre e lieu de son nouveau choix de vie. Et c'est ainsi qu'une
nuit,
l
sort du
monastère,
hargé
du strict
minimum ses
vêtements,
son
bréviaire,
euf
pains,
une
poignée
de
sel,
une bouteille
t un réci-
pient
en terre
cuite3.
Dès
lors,
Franco va se trouverdans une
situationnouvelle
où
l'instabilité
era
la
règle.
Et celui
qui
avait
fait vœu de
stabilité n
endossant 'habit bénédictin e
livre
à
un
exil
perpétuel.
l
s'établit
d'abord
dans une
caverne,
ancienne demeure
d'un
ermite,
ue
lui a
indiquée
un
ours. L'ermite se
fond
peu
à
peu
dans la nature
qu'il
a choisie
pour
mener bien sa
vocation. Il
se nourrit
e
ses
fruits,
boit de son
eau,
et
agit
sur
elle
quand
elle le
menace
dans sa mani-
festation nimale la plus féroce, es loups4.Mais plus il se cache, et
plus
sa
réputation randit
sa vie est une
fuite
perpétuelle,
oujours
plus
loin des
hommes,
oujours
plus
haut.
Mais la
montagne,
omme
la
forêt,
n'est
pas
totalement ermée au
monde et
constamment
Franco
rencontre eux
qu'il
a fuis
que
ceux-ci
soient
attirés
par
sa
réputation
e
sainteté u
qu'ils vaquent
plus simplement
leurs occu-
pations
quotidiennes5. 'espace
naturel
devient
dès
lors lieu de ren-
contre
l'ermite,
ui
a fait e choix de fuir
es
hommes
pour
plonger
dans le
«
désert
,
tend à faire
communiquer
e
monde
sauvage
et
le
monde
civilisé.
Franco
décide enfin de
s'installer
dans une
caverne
située au-
dessus du villaged'Assergi. L'église paroissialeest desserviepar les
frères
u
monastère énédictin
'Assergi
uquel
elle
est
rattachée.
es
échanges
vec ce
village
se font
nombreux
Franco
s'y
rend
es
jours
de
fête,
et
des
religieux
ui rendent
parfois
visite,
pour
profiter
e
ses bons
conseils.
Dès
lors,
le
destinde
Franco et
celui
d'Assergi
ont
définitivement
iés.
Dans
la nuit du
quatre
au
cinq
juin
d'une
année
comprise
entre 1220
et
1230,
Franco
remet
on
âme
dans les
mains
du
Créateur. Et
aussitôt,
tout le
village
est
réveillé
par
une
série
de
signes
le
coq
chante
une heure
ndue,
es
cloches se
mettent
son-
ner
toutes
seules,
et une
étrange
ueur
s'échappe
de la
caverne de
3. Qui uis sitatisestibus,reviarionovemntasculoanius, um ogilloalis
flasculo,
parapside,
ormientibus
ratribus,
aute
ump
is,
grediens
onasterium,
nemoris
er
devia ubintravit.
4. Cf.
traduction
nfra
t
analyse
es
peintures.
5.
Ainsi
ranco encontre-t-il
ussi ien
es
pèlerinsu'un
bûcheron.
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ENTRE E DÉSIRDE LA
MONTAGNE
T
LES APPELS
DU VILLAGE
43
Permite.
La
population
out
entière,
lergérégulier ompris,
e
presse
alors
auprès
du saint
homme,
qui
est
ramené u
monastère
TAssergi
pour
y
être enseveli. Celui
qui
toute sa vie
avait
cherché fuir
es
hommes se
retrouve,
ès
son
décès,
réintégré
la
société
qu'il
avait
quittée.
Le
pouvoir
d'un saint homme sur
la nature
sauvage
La notion de solitude
propre
à toute
vie
érémitique
e
trouve
constamment emiseen cause quand on tientcomptedes nombreux
contacts
de
saint Franco avec la
société en
particulier
eux
qu'il
a
entretenus
vec
les
habitants
de
cet
espace
préurbain
que
constitue
le
Castrum
d'Assergi6.
Déjà
de
son
vivant,
Franco
apparaissait
comme un intermédiaire
ntre e monde et
le
monde
sauvage
et
hos-
tile de la chaîne du
Gran
Sasso. Les
gens qu'il
croisait
étaient
ussi
bien des
bûcherons,
des
pèlerins,
que
des
enfants
perdus.
L'ermite
apparaissait
omme un
éclaireur
u monde
civilisé u sein
de la
forêt
ou de la
montagne
a
plus
sauvage.
Un
médiateur
ntredeux mon-
des,
pas
seulement n
témoinde leur
affrontement
Franco
utilisait
sa
position
privilégiée
our
agir
sur e monde
qu'il
avait
quitté
omme
sur celuiqu'il avaitembrassé.Médiateur ntremondecivilisé tmonde
sauvage
donc,
mais surtout
ntercesseurntre
e
Créateur t
sa Créa-
tion.
Si
l'on
lit
les
miracles
réalisés
par
l'intercession e saint
Franco,
de
son
vivant,
on
remarque
a
prédominance
des
miracles d'action
sur
la nature.
Sur
sept
miracles
ecensés,
un seul
rapporte
une
guéri-
son.
Tous
les autres font état
de
protection
ontre es
dangers
de
la
montagne,
u'ils
soient iés aux animaux ou
aux
éléments
échaînés.
Une
avalanche,
un
éboulement,
a
chute d'un
arbre,
ou le
fléau
des
loups
dans le
village
sont autant
d'événements ù l'on
voit
agir
saint
Franco. Dans le récit
des miracles
qui
suivirent
mmédiatementa
mort,cettepersistance e l'action sur la naturedemeure la séche-
resse,
un enfant
perdu
en
forêt,
un moine
attaqué
par
une
horde de
voleurs
comparés
à
des
loups),
un
cierge
abandonné
qui
ne
provo-
que pas
d'incendie.
La Vita
rapporte
une
dernière
érie de
miracles
dits Moderna
Miracula
que
nous n'avons
pas
traduits ci.
On
y
voit
le
saint
agir
essentiellementomme
un
thaumaturge.
es
guérisons
l'emportent
ésormais sur tous
les autres
types
de
miracles
20
sur
28),
même si
persistent
ncore
des
miraclesde
protection
t
d'action
sur
la nature
mais aux
voleurset
aux
éléments
échaînés
s'ajoutent
des miraclesd'action
sur la
nature
domestiquée
un
nourrisson
st
préservé
'une
chute
provoquéepar
un
porc,
des chevaux
récalcitrants
sont domptés, a productiond'huile est augmentée.
6. Ce
Castrumait
artie
es
villagesui
contribueront
la
fondation
e a
ville
de
L'Aquila
n
1254.
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44
S.
DI DOMENICO
Cette série des
miracles
es
plus
récents e
rapproche
donc
des
recueils
classiques par
la
prédominance
es miracles
de
guérison
et
par
l'image
d'un saint
plus
proche
et
plus
conforme ux modèles.
L'homme
Franco était
un trait
d'union entre
Assergi
et
l'espace
sau-
vage
;
le saint
Franco devient
'intercesseur ntre es hommes
souf-
frants
t
le Dieu
guérisseur.
D'« eremitadel
Gran Sasso
»,
Franco
devient e saint
(patron)
d'Assergi.
Le culte
du saint
patron
d'Assergi
Après
avoir
pris
possession
du
corps
de
l'ermite,
le
village
d'Assergi s'appropria
son
culte
et le
voulut
pour patron.
Celui
qui
était né Franco
di Roio
devenait
pour
la
postérité
saint Franco
d'Assergi.
L'Église
ne
reconnut
amais
la
sainteté e
Franco,
et
il
fallut
attendre a
fin du
xvnic
siècle
pour
arriver une
reconnaissance
ffi-
cielle
du culte. Le
clergé
ocal
et la
population
furent t demeurent
les
garants
de
ce culte.
L'église
paroissiale
Santa Maria
in
Silice
que
les
moines bénédictins
vaient
quittée
dans
la
seconde moitié du
XIIIe
iècle
fut de
plus
en
plus appelée
église
San Franco. Statues et
peintures
leurirentur ses
murs,
tandis
que
la
crypte
ecevait 'urne
contenant es reliquesde l'ermite7. 'autel dédié à saintFranco dans
l'église
témoigne
du culte
qui
lui était voué et de la
perception
qu'avaient
de
l'espace
naturel
eux
qui
l'ont
érigé.
Cet autel
maintes
fois remanié
t restauré
la
dernière estauration ate
de
1901)
est orné
d'un
cycle
de six
peintures
ui évoquent
a vie et
les miraclesdu saint
ermite
Fig.
1).
Elles
datent de
la
première
moitié du
xvie
siècle et
elles sont
particulièrement
ntéressantes
ar
la manièredont le
pein-
trea
représenté
es
espaces
de
vie et d'action de
saint
Franco.
L'oppo-
sition
ntre
'espace
civilisé
t
l'espace
sauvage
est
trèsnette.Prenons
comme
exemples
deux de ces scènes
La
quatrième
cène
du
cycle
d'abord
(Fig.
2).
On
y
voit
repré-sentés troisépisodes de la vie de saint Franco. D'abord le moment
où l'ermite e trouva
face à face avec
sept
loups
féroces t les ren-
voya
d'un
signe
de croix. Le second
épisode évoqué
est celui du mira-
cle du bûcheron
Franco
apparaît
en
prière
à
genoux,
alors
que
l'imprudent
ûcheron
'échappe
devant 'arbre
qui
allait s'abattre
ur
lui,
représenté
oupé
mais
toujours
droit. Dernier
épisode
: Franco
fait sourdre 'eau au sommet
du Mont Vasto.
Cette
peinture
st
par-
ticulièrement
ntéressante
our l'organisation
es différentsieux. Dans
le
miracle
des
loups,
on voit
uxtaposés
l'ermite,
es
loups,
la
forêt,
les chasseurs
et le
village.
L'espace
est structuré ur
l'opposi-
7. D.
Gianfrancesco,
ssergi
S.
Franco,
remitaelGran asso
Rome,
980,
pp.
151-199l'auteurait ne
escription
étailléees
richesses
rtistiques
t rchitec-
turalese
Téglise
antaMaria
'Assergi,
t dresse n bilan
estravauxt restaura-
tions
ffectués
epuis
e
xme
iècle.
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ENTRE
E
DÉSIR
DE LA
MONTAGNET LES
APPELSDU
VILLAGE 45
tion
sauvage-civilisé
en
effet,
e
village
à droite
'oppose
à la mon-
tagne
où
vit Termite.Entre
ces deux
mondes existe
une
zone incer-
taine une zone
d'échange fréquentée
ussi bien
par
les
hommes
que
par
les
animaux,
et
constamment raversée
par
notre ermite.
La
cinquième
cène du
cycle
Fig. 3) évoque
elle
aussi trois
épi-
sodes.
Le
premier,
ien
que
cité
dans
le
cartouche,
st difficilement
visible
il
s'agit
de la cohabitation
de
saint Franco avec
une famille
d'ours.
Sur la
droite,
trois
pèlerins
ont
protégés
d'une
avalanche.
Enfin,
un enfant
perdu
est
retrouvé
là,
saint
Franco est
représenté
à deux
reprises
d'abord dans un milieu
auvage,
tenant
dans ses
bras
l'enfantqu'il a arraché aux griffes 'un loup que l'on voit fuir au
premier
plan
;
ensuite aux abords du
village d'Assergi,
alors
qu'il
remet 'enfant à ses
parents.
Saint Franco
apparaît
donc à travers es
représentations
opu-
laires,
comme une
présence
familièredans
les environs du
village
d'Assergi.
La
conception
ue
le
peintre
vait
de
l'espace transparaît
dans la manière dont
il
organisa
les scènes et les lieux
représentés.
L'opposition
entre e
village,
ieu de
civilisation,
t la nature
auvage
(forêt
et
montagne)
demeure. Mais
on
perçoit
aussi
la
relativité es
frontières
ntre
es mondes
car
elles sont
'objet
de
perpétuelles
odi-
fications
t
les
deux mondes
s'interpénétrent
onstamment. ans cet
espace indéfini vécu saint Franco8.
8. Cet rticle
eprend
n
partie
es onclusionse mon
mémoiree maîtriseS.
di
Domenico,
aintetét érémitismen talie entrale
la
fin
du
Moyen
ge
San
Franco
'Assergi
t San
Placido
i
Roio,
rmiteses
Abruzzes
sous
a direction
e
Mme
Odile
Redon),
l'Universitéaris
III,
1993.
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pp.
553-554
«
De
S.
Franco
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Nardo de
Nardis,
Vitae miracoli
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1640.
TommasoMaria
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»,
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Nicola
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Dissertazione
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atti e il culto di
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Naples,
1791.
Vita
BeatiFranchi
f° 87-97
t 695-698 u manuscrit3 de la
Biblioteca
Alessandrina
e
Rome,
datant
du
xviie
iècle,
euvre u Père
Constantino
Caetani
(1560-1650).
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ENTRE E DÉSIR
DE LA
MONTAGNE
T
LES APPELSDU
VILLAGE
47
Fig.
2
et
3
-
Peinturesur e mur
de
l'autel
de San
Franco,
détails
Miracles es
sept oups,
du
bûcheron
mprudent,
e la
source.
Miracles
e l'enfant rraché
u
loup,
de l'avalanche t des ours.
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48 S.
DI
DOMENICO
Vie
de saint
Franco
ďAssergi*
Ainsi
commence
a vie du Bienheureux
ranco
En ces
temps
où
Frédéric,
oi
de
Sicile de la
lignée
des
Normands
reçut
a couronne
mpériale,
ous le Pontificat
'Hadrien,
son
filsGuil-
laume couronné
roi
de
Sicile,
une
fois vaincus
les Grecs
d'Apulie,
s'empara
de
Brindisi
t
soumit
PApulie
et
la Calabre d'un
bras
puis-
sant.
Alors
que
dominaient es nobles et
grands
barons sur les
pro-
vincesd'Amiternum t
de
Forconia,
dans un
«
castello
»
appelé
Roio
naquit
un enfant u nom de Franco dont
es
parents ouissaient
d'une
abondante fortune. l fut dès l'enfanceremplid'un espritde bonté
qui
en faisaitun enfanthumble t aimable. Il
futconfié
par
son
père
au
prêtre
Palmerio afin d'être instruit ans la
connaissance
des let-
tres.
Il
dépassait
tous les
condisciples
de son
âge
dans ce domaine
et était
considéré omme
plus
louable
encoredans sa
discipline
e vie.
Un
jour,
profitant
e l'absence
de
ses
parents,
on frère
îné,
outre-
passant
ses
droits,
e
contraignit
la
garde
du
troupeau
familial.
Mais
lui,
mû
par
une
aspiration
acrée,
après
avoir livré e
troupeau
à lui-
même,
s'enfuit
u monastère an Giovanni di
Collimento.
Là,
il
fut
reçu
avec
une affectueuse
iété par
l'abbé
Luculano,
pour
lequel
ses
parents vaientun respect articulier,t il fut ussitôtdestiné l'étudedes lettres. l en arrivaà ce versetdu
prophète
« Heureuxceux
qui
habitent
a
demeure,
eigneur,
ls te loueront
dans les
siècles des siè-
cles
»,
puis
à
celui-ci
«
J'ai
choisi de vivreen
humble
dans
la mai-
son de mon
Dieu,
plutôtque
d'habiter
ous les
tentes
es
pécheurs
.
Il
prit
ussitôt
'habit
monastique,
'attachant
crupuleusement
obser-
ver
a
Règle
et,
une
fois
sa
profession
aite,
l
se
distingua ar
l'éclat
de
son humilité t de sa
discipline
de
vie.
Ses
parents
entèrent
plusieursreprises
de
le faire
revenir,
ar
les caresses et les
larmes,
mais
il
n'en
faisait
ucun cas et
s'adonnait
avec d'autant
plus
de dévotion à
la
religion.
Mais comme
l
recevait
d'eux sans relâche de nombreux iens, l les distribuait onsciencieu-
sement ux frères
u'il voyait
dans le
besoin et à
d'autres,
selon ce
verset
«
Il
dispersa
ses biens)
et les
donna aux
pauvres
». Ce
que
voyant,
e susdit
abbé
lui
demanda
pourquoi
il
accablait
ainsi ses
parents,
t Franco dit
«
Puisque je
suis leur
fils,
une bonne
partie
de leurs
richesses
me
sont dues ».
Seconde lecture
Quand
l'abbé,
dix
ans
après
'entrée u
jeune
garçon,
rriva
pieu-
sement au terme
de sa
vie,
tous les
frères 'accordèrent
pour
élire
*
Texten atin Vita eati ranciranscritearNicola omei ans a Disserta-zioneop.cit., p.54-63la partientituléejusdemmoderna iraculae la trans-
cription
'a
pas
été
raduiteci eneffeta
majorité
es
miraclesrécentsde
saint
Francoont e
type
haumaturgique,
onc
lus
onformesux
modèlesonnus
our
cette
ériode).
a
numération
ncomplète
es
ectiones
orrespond
la
transcription
de N. Tomei.
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ENTRE E DÉSIR
DE LA
MONTAGNE
T
LES
APPELSDU
VILLAGE 49
Franco commenouvelabbé
;
il
refusa lors totalement
abbatiat,
insi
que
toutes es
prélatures
uxquelles
on voulut e
nommer
ar
la suite.
Et
pendant vingt
nnées
il
rendit
grâce
à Dieu
dans
l'observance de
la
Règle.
Et
il
écoutait avec
la
plus
grande
dévotion
'hymne
dédiée
à
Jean-Baptiste,
ui depuis
sa
plus
tendre
enfance avait fui
l'agita-
tion
des villes et
avait recherché es
grottes
u
désert,
pour
éviter
u
moins
de
souiller
sa vie
par
des
paroles
légères.
Il
lut aussi
avec attention
es Vies des Saints
Pères et fut
enflammé
par l'Esprit
Saint.
Après
avoir obtenu avec
beaucoup
de
difficultés'autorisation
e
partir,
t avoir donné à chacun
des frères
en larmes e baiser de paix, il se leva au milieu de la nuit. Et muni
de ses habits
ordinaires,
'un
bréviaire,
e neuf
pains,
d'une
poignée
de
sel,
d'une
gourde
et
d'un
plat,
le
tout
pris
en cachette
lors
que
ses
frères
ormaient,
uittant
e
monastère,
l
s'aventura sur les che-
mins détournés
e la
forêt.Alors
qu'il
cherchait e lieu
propice
à son
installation,
a
bienveillance ivine
envoya
à sa
rencontre n
ours
:
il
découvrit au
plus profond
d'un bois une
caverne,
qu'avait
jusqu'alors
habitéeun saint
ermite,
ernée
par
des ronces
cérées,
insi
qu'une
souche de chêne creuse
remplie
d'une eau très claire. Et
là,
pieusement,
l
s'acquitta
de la
louange
divine et vécut
ongtemps,
e
se nourrissant
ue
des
neuf
pains qu'il
avait
apportés
insi
que
d'her-
bes et de glands. Le Seigneur,dispensateur e grâces, répondit ux
mérites
u
bienheureux
ar
de nombreuxmiracles.
L'ours dont nous
avons
déjà
parlé,
alors
qu'il
cherchaitde la
nourriture oin de la
grotte,
écouvrit
ne
pierre
reuse au
pied
d'un mont
où des
abeilles
avaient
fabriqué
du miel
qui y
coulait en abondance. L'ours
s'en res-
taura
légèrement, trempa
a
gueule
et revint
uprès
du
serviteur e
Dieu,
lui
indiquant
insi
sa
découverte.L'homme de
Dieu se hâta à
la suite
de
l'ours vers
le lieu
qu'il
lui avait
indiqué
il
prit
un
peu
de ce
miel
sans souffrir
e moins
du
monde de la
piqûre
des abeilles
et,
de retourdans sa
cellule,
l
vécut
durantun an de
quelques
fruits
aigressans aucun autre aliment.L'ours, quant à lui, fréquentaitrès
souvent
'endroit.
Mais
le
serviteur
u
Christ,
refusant
outes dou-
ceurs
du
goût,
fuyant
oigneusement
'endroit,
ne
s'y
rendit
plus.
Troisième ecture
Peu de
temps après,
alors
que
le serviteur e Dieu était recher-
ché avec
toujours
plus
d'insistance
par
les
fidèlesdes
régions
voisi-
nantes,
un
grand
rocher,
u
plus profond
du
bois,
s'était détachébru-
talement
e la
paroi
de la
montagne,
'écrasantau fond de
la
vallée,
et
il avait enfermé
ivants dans
une cavité de la
montagne inq
de
ces
fidèles.
Ne
voyant
aucune
possibilité
d'aide
humaine,
es autres
pèlerinsprièrent onguement t implorèrente secours de Dieu et de
l'homme de Dieu
par
de
pieuses prières
t,
se
plaçant
sous ce rocher
étonnamment
rand,
ls le soulevèrent omme s'il avait été très
éger.
Et
ceux
qui,
enfermés,
vaient frôlé a
mort,
'en sortirent
ndemnes.
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ENTRE
E
DÉSIR
DE
LA
MONTAGNE
T LES
APPELSDU VILLAGE
51
ses trois oursons
dans une
grotte
ous la
roche,
il
construisit ne
étroite
ellule,
et
il
y
vécut
ongtemps
vec l'ourse et ses
petits
deve-
nus adultes
comme avec
des animaux
familiers,
menantune
vie rude
et humble.
Là,
le
Seigneur
e
distinguapar
de nombreux
miracles.
En
effet,
andis
qu'il
se
dirigeait
vers le Castrum
'Assergi,
durant
la
période
des
moissons,
pour
y
recevoir e
sacrement
ominical,
à
savoir
le
corps
et le
sang (du Christ)
des mains du
prêtre,
l
tomba
sur un
loup enragéqui transportait
n
enfant,
nveloppé
dans ses lan-
ges, qu'il
avait arraché
à
son
berceau. Le
loup, après
avoir entendu
la voix
plaintive
du serviteur
e
Dieu,
déposa
l'enfant sain
et sauf
et s'enfuit.Le serviteuru Seigneur, ourant apidementers 'enfant,
le
prit
dans ses
bras et le rendit
ses
parents qui
le
cherchaient n
pleurs
en
rendant
grâce
à Dieu :
il
supplia
le Dieu vivant
pour
que
plus amais
dans
cette
région
des animaux de cette
spèce
ne
puissent
nuireaux
hommes. Le
Seigneur
xauça
la demande de son
serviteur,
et cette
région
demeura
alors
à
l'abri
et
protégée
des
morsuresdes
loups,
et elle l'est encore
grâce
aux mérites
u
serviteur e
Dieu,
qui,
pour
sa
part,
se rendait
oujours
ors des
principales
êtes n
l'église
de
Dieu
pour y
recevoir e
sacrement
ominical.
Cinq prêtres ieux
et
des
moines
ui rendaient
isite
pour
recevoir
uelqu'encouragement,
avec des
aumônes.
S'appuyantsurla renommée 'admirable ainteté e Franco,qui
s'était
répandue
dans la
province
des
Abruzzes,
de nombreuxhabi-
tants
de la
région,
escendant
ar
les
sentierse
mont
brupt ui porte
le nom de
Portella,
ui rendaient ouvent
visite,
remplis
de
piété.
Et,
alors
qu'un
certain
nombre d'entre eux se
hâtaient,
ors de la
fête
des
apôtres
Philippe
et
Jacques,
vers l'homme du
Seigneur,passant
par
un fossé
profond
reusé au
pied
dudit
mont,
ls
virent
ne masse
énorme
de
neige,
que vulgairement
n
appelle
gravara
qui
glissait
t
menaçait
de les renverser t de les
écraser
çarmi
eux,
un
prêtre
du
nom
de
Deodato,
poussé par
la
peur
dit
«
Ô
Franco,
très saint
ser-
viteur
de
Dieu,
viens à notre
secours,
nous
qui risquons
a mort en
ce chemin. Ils courbèrenta tête vers e sol en tremblant aussitôt,
la
masse,
qui
dévalait
depuis
e
sommet,
assa
au-dessus
d'eux comme
un oiseau sans
arrêter a course.
Car
Celui
qui
est
proche
de
ceux
qui
l'invoquent,
n'abandonne
pas
ceux
qui espèrent
n
Lui,
et
grâce
aux
mérites
du serviteur e
Dieu,
Il
les
préserva
d'un
aussi
terrible
malheur.
Et
se
dirigeant
ussitôtvers
e
serviteur e
Dieu,
ils
le trou-
vèrent
ui
venait
leur
rencontre,
achant
déjà
ce
qui
leur
était rrivé.
Ils
dirent
«
Dieu de
miséricorde,
t de toute
consolation,
e
Seigneur
nous
a
réconfortés
ans les tourments
ui
nous écrasaient c'est
pour-
quoi
nous nous
réjouissons
avec
toi,
son
serviteur,
'une
joie
spiri-
tuelle.
»
Et le serviteur
e
Dieu,
se
réjouissant
son
tour
dans
le
Sei-
gneur, es accueillit vec des paroles salutaires. ls s'en allèrent uel-
que
temps près, divulguant
e tels miracles.Nombreux ont ceux
qui,
opprimés
ar
diverses
maladies,
comme des
témoignages ignes
de foi
l'ont démontré
t le
prouvent,
recouvrirent
n
ces
temps
la
santé.
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52 S.
DI
DOMENICO
En
effet,
un
jour
de
fête,
devant une
assemblée
nombreuse,
Franco rendit Santorio del
Guasto,
qui, depuis quinze
ans,
ne
pou-
vait
plus
marcher,
a
capacité complète
et
parfaite
de se
déplacer.
Après
avoir
passé quinze
années
en
sa
demeure,
et
après
avoir,
à la manière es
ermites,
eçu
es sacrements
pirituels,
es mains
unies
en
croix,
durant a
nuit,
l
termina
a
vie dans le
Seigneur.
À
l'occa-
sion
de cette mort
bienheureuse,
ar
l'admirable
puissance
de
Dieu,
les
cloches du monastère anta
Maria
in
Silice,
en
avance sur
l'heure
habituelle,
ans
que quiconque
les
ait
sonnées,
se firent ntendre
us-
sitôt
et le chant du
coq
se fit entendre
galement.
Tous les moines
et le peuple,réveillés nsemble t mêlés es uns aux autres,virent n
direction e la cellule une lumièrebrillant omme une
escarboucle
ils
comprirent
ussitôt
'heureux
répas
du serviteur e
Dieu. Et
parce
qu'une
lumière vait
surgi
dans les ténèbres
our
les
hommes
u cœur
droit,
e
clergé
et le
peuple,
animés de
prières
et de
pieux soupirs,
accoururent u
plus
vite à la cellule.
Son
corps, qui dégageait
une
odeur suave comme celle
du
baume et de la
cannelle,
fut
transporté
solennellement
u monastère
vec
hymnes
t
cantiques par
ceux
qui
en
avaient
a force. Le lieu où se
trouve
ce
corps
brille
par
les nom-
breux miracles
qui s'y opèrent,
et
par
les nombreux
bienfaits
qu'obtiennent
eux
qui
supplientpieusement.
Au tempsoù, dans cetterégion, es moissonsproduisent es épis
chargés
de
fruits,
es
rayons
du soleil
inondaient out de leur cha-
leur,
à tel
point
que
les nombreux
pis,
avant
même d'avoir
produit
leur
fruit,
emblaient
brûler,
et
annonçaient
une
disette
à venir.
À
cause
de
cela,
des
prêtrespieux,
et des
gens
du
peuple,
surtout
es
plus âgés,
se hâtèrentvers
le tombeau du
bienheureux
Franco,
à
grands
renforts
e
prières
t de
suppliques
pieuses
et
pressantes.
Dès
leur
retour,
ls virent ussitôt
des
nuages chargés
de
pluie
dans le ciel.
Et
de
là,
une
pluie
providentielle
ortit,
ui
arrosa les moissons
deve-
nues
abondantes,
et riches n nombreux
ruits,
t ils se
réjouirent
n
priant
et en rendant
grâce
à Dieu et à saint
Franco.
Un hommed'Asserginommé Tommaso di Giacomo au lever du
soleil conduisait es boeufs t son
troupeau
ux
pâturages
e la forêt
or son
jeune
fils avait
peu après pris
e
même
chemin
l'insu
de
sa
mère,
mais
il
s'était
écarté du
chemin
de son
père.
S'étant
engagé
à
travers
'épaisse
forêt
touffue
d'arbres,
ayant
erré toute la
journée
de-ci
de-là,
fatiguépar
les
pleurs
et
l'épuisement,
près
le
coucher
du
soleil,
vaincu
par
le
sommeil,
l
s'endormit.Mais le
père,
de retour
le
soir,
demanda
à la mère
des nouvellesde
l'enfant et la mère de
même. Ne
l'ayant pas
retrouvé,
près
avoir
appelé
la familleet
les
voisins,
tous
coururent
ers la forêt vec cris et
flambeaux,
t mal-
gré
de
longuesrecherches,
ls ne
purent
retrouver
'enfant. Et pen-sant qu'il avait été dévorépar des ours ou des bêtes sauvages, s'en
retournant ans les
gémissements
t la
tristesse,
ls se rendirent
api-
dement
uprès
du
corps
du
serviteur u
Seigneur,
n
larmes,
n
implo-
rant sa
protection
miséricordieuse
our
l'enfant. Et
le matin
venu,
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 59/164
ENTRE
E DÉSIRDE LA
MONTAGNE
T
LES APPELSDU
VILLAGE 53
ils découvrirent
'enfant
perdu
dans la
forêt,
ndemne.
Alors
qu'on
lui demandait
avec
qui
il
avait
passé
la nuit
précédente,
l
répondit
en
disant
«
Un certain moine
m'a donné hier
soir du
pain
et du
fromage,
l
a
passé
la nuit avec
moi,
et
après
le
lever du
soleil,
il
m'a conduit
en ce lieu et
m'a
dit
: Voici ton
père
et ta mère
qui
viennent
ta
rencontre,
e
crains
rien
;
et
il
s'en est
allé.
»
Un moine
nommé Salvato se
rendantà Rome
pour
visiter
es
demeures es
bienheureux
pôtres,
des
Évangélistes,
es
Martyrs,
es
Confesseurs
t des
Vierges,acquit auprès
de serviteurs
e Dieu
des
reliques,
grâce
à
son
ingéniosité
t avec l'aide de
Dieu,
pour
les don-
nerau monastère anta Maria in Silice,auquel il avait été voué depuis
l'enfance
et
que
pieusement
l
portait
en
grande
estime alors
que,
sur
le chemin
du
retour,
l
les
transportait,
l
fut encerclé
par
des
voleurs,
de sorte
qu'il
ne
pouvait espérer
ucun secours
ni
aide de
quiconque.
Mais,
après
qu'il
eut tracé
sur
eux
le
signe
de
croix,
et
que,
suppliant,
l eut
invoqué
le nom du
bienheureux
ranco,
aussi-
tôt les
voleurs
s'éloignèrent
près
lui avoir demandé
pardon.
Aussi
le moine
exulta
ardemment
n le
Seigneur,
t enrichit e monastère
en
apportant
es
reliques u'il
scella,
accompagnées
d'une
lettre,
ans
le tombeau
qui
contenait e
précieux
corps
de l'homme de Dieu.
Neuvièmelecture
Au
temps
des
semailles,
un hommede Barisciano
nomméDome-
nico travaillait
son
champ
avec son
bœuf
la
neuvième
eure étant
écoulée,
comme
il
avait terminé on
labeur,
il
s'endormit
fatigué
l'ombre
d'un arbre.
Se
sentant
urant on sommeilmenacé
par
un cau-
chemar
qui
avait
pris
'aspect
d'un homme
tout à fait
difforme,
l
se
réveilla
hébété
t terrorisé.
t
lorsqu'il
voulut e
lever,
l
s'aperçut
que
son
côté
droit avait
complètement
erdu
la
capacité
de se mouvoir.
Ramené chez
lui,
il
supporta
ce
handicap pendant
cinq
années,
sans
trouver
e
soulagement
ans aucun
remède.
Aussi,
comme
était
venu
le jour de commémorere trépasde l'homme de Dieu, il futportéà
son
tombeau,
grand
renfort
e
prières
t
de
dévotions, t,
par
la
grâce
du
bienheureux,
l
se
leva au milieu
de ceux
qui priaient,
otalement
guéri.
Et
c'est sur
ses
propres
ambes
qu'il accomplit
e
chemin du
retour.Aussi
longtemps
u'il
vécut,
chaque
année,
il
se rendit
pied
auprès
du
corps
bienheureux
our
l'honorer.
Dixième
lecture
Le sacristain
de cette
même
église
oublia
un
cierge
allumé sur
l'autel
de la
confession,
rès
de la cellule
où
repose
le
corps
du
ser-
viteurdu Seigneur, l'heure des complies.
Se
réveillant
u
point
du
jour, se souvenant u cierge tupidementaisséallumé,terrifié l'idée
que
les
parements
e l'autel
fussent otalement
rûlés,
l
se rendit n
hâte
auprès
de l'autel.
Il
découvrit
e
cierge
allumé
qui
n'avait
pro-
voqué
aucun
dégât,
et ne s'était
en aucune
manière consumé.
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Médiévales8,printemps995, p.55-78
Mathieu
ARNOUX
UN
VÉNITIEN AU MONT-SAINT-MICHEL
:
ANASTASE, MOINE, ERMITE ET CONFESSEUR
(t
VERS
1085)
Anastase
n'a
guère
suscité
la
curiosité
des
historiens.
Malgré
l'estime
et l'amitié
que
lui
portèrent
nselme du Bec ou
Hugues
de
Semur,
il
est resté dans
leur
ombre,
et
on ne
cite sa Vita
le
plus
souvent,
ue pour déplorer
on
imprécision
u
sujet
des
amis
d'Anas-
tase. Bienheureux bscur,sa réputation osthumede thaumaturge e
dépassa
pas
les limites
de Saint-Martin
'Oydes,
et
les
huguenotsy
mirent in en
dispersant
es
reliques.
C'est dans
le
presbytère
e cette
paroisse
proche
de Toulouse
que
l'évêque
de
Rieux découvrit
dans
les
dernières
nnées du
XVIIe
siècle
un manuscrit
e la Vita Anastasi
dont
il
procura
une
copie
à Mabillon1.
Ce récit ans
apprêt
écrit
par
le clerc
Gautier
l'intention
e
Pierre,
ous-diacre
e
l'église
d'Oydes,
et
de son
frère
Bernard date des
premières
nnées du
XIIe
iècle2.
L'absence
de
repères
chronologiques
précis
a
découragé
les
érudits,
1.
Bibliotheca
agiographica
atina
BHL)
n.
405-406,
d.
Mabillon,
cta anc-
torumrdinisancii enedict, VI/II, .487 rééd. ar esBollandistes,cta anc-
torum,
ct.
VII, 1136-1139,
t
Migne,
atrologie
atine
t.
149,
ol.
423-434
la
notice
e
YHistoireittérairee a France
t.
8,
pp.
162-167)eprend
es nformations
rassemblées
ar
Mabillon,
andis
ue
celles
u DictionnaireHistoire
t de
Géogra-
phie
cclésiastiques
t.
2,
col.
1469)
t de
P
ncyclopédie
atholicisme
t.
1,
p.
514)
n'ajoutent
ucune
récision
u dossierrès
rgumenté
onstitué
ar
es Bollandistes
dans
eur ommentaire
la Vita
t.
cit.
pp.
1125-1136).
n
peut
ussi e
passer
u
résumérès
loigné
e a
Vita
roposé
ar
P.
Golinelli
«
Negotiosus
ncausa ccle-
siae. anti
Santità
ello controra
mpero
papato
a
Gregorio
II
a Urbano
I
»,
dans
es
Fonctionses aints ans
e monde
ccidental
Rome,
991
Collection
e
l'ÉFR,
.
149), p.
259-284,
ux
pages
76-277.
2. Les
Bollandistes
n
situent
a rédactionntre
a mort
'Hugues
e
Semur,
n
1109,
t
sa
béatification,
n 1120
op.
cit.,
.
1125 on est
enté,
l'appui
e cette
datation,erapprocheresdestinatairese a Vita, etrus euotensiscclesieubdia-conus tBernardusraterius, es émoins'une onationaite la fin u XIeiècle
dans
a
paroisse
e Saint-Martin
'Oydes,
etrus e Doidas t Guillelmus
rater
ius
et
Benardus,
artulaire
e
'abbaye
e
Lézat,
d. P. Ourliac
t
A. M.Magnou
<
ol-
lectione documents
nédits,
érie n-8°t.
18,
2
vol.,
1984-1987),
.
1,
p.
15,
n° 14
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 61/164
56
M.
ARNOUX
qui
se sont
peu
intéressés u
texte. C'est
pourtant
un documentfia-
ble
dont
l'auteur semble avoir
connu
Anastase,
et l'on
n'y repère
aucune contradiction
u inexactitude
rave.
D'autres
sources
e con-
firment
'ailleurs
en bien
des
points,
donnant
à
la
personnalité
e
l'ermite
un relief
qui
dépasse
la
simple description éographique
de
son
parcours.
Un ascète
et son
chemin les lieux et les
temps
L'errance racontéepar le clerc Gautierfrapped'abord par son
ampleur
le
parcours
de
son
héros
embrasse oute
'Europe,
et
il
con-
vientdans un
premier
emps
d'en
prendre
a mesure.
Anastase
naquit
à Venise
de
parents
llustres,
ui
le firent
nstruire
ans
les lettres
rec-
ques
et latines. Convaincu
dès
son
jeune âge
de la vanité des choses
de ce
monde,
il
s'appliqua
à la
prière,
e
força
au
jeûne
et
se
mit
en
quête
d'un
lieu
adapté
aux
exigences
d'une vie
ascétique.
Parvenu
au
Mont-Saint-Michel,
l
s'y
fit moine. Peu
après,
instruit e l'élec-
tion
simoniaque
de son
abbé,
il
se
retira
ur un
îlot
voisin,
où
il
vécut
quelque
temps
en ermite.
Hugues,
abbé
de
Cluny, ayant
entendu
parler
de
lui,
voulut le
rencontrerorsde l'un de ses voyageset le ramena avec lui dans son
abbaye.
Anastase
y
vécut,
dmiré
de
ses frères
our
l'austérité e son
existence
chaque
année,
il
se
retirait
e la
communauté
pour
vivre
en solitaire e
temps
du Carême.
À
la demande du
pape Grégoire,
Hugues
l'envoya
en
Espagne pour
convertires
Sarrasins
ar
la
parole
et
par l'exemple
il
leur
proposa, pour
les
convaincre,
de cheminer
dans un
brasier,
mais les
infidèles e dérobèrent u
défi,
et
Anastase,
déçu, reprit
e chemin de
Cluny.
Sept
années
après
son
retour,
'abbé
Hugues
le
prit
avec lui
lors
d'un
voyage
dans la
région
de
Toulouse,
pour y organiser
un
nou-
veau monastère.Profitant e
la
proximité
es
Pyrénées,
Anastase
se
retira vec l'assentimente son abbé sur la montagneAbriscola pro-
che de
Pamiers,
pour y
célébrer
e Carême
dans la solitude.
l
y
vécut
trois
ans,
édifiant e
peuple par
sa
vie et
ses
paroles.
Rappelé par
une
lettre e l'abbé
Hugues,
l
se
mit en
route
vers son
abbaye. Après
une halte dans
l'église
de Fredelas
où
il
procéda
à la translation u
corps
de saint
Antonin,
l
parvint usqu'à l'église
de Saint-Martin
d'Oydes.
C'est là
qu'il
mourut,
ntouréde la vénération
e
tous,
et
son
corps
ne tarda
pas
à
y opérer
des
guérisons
miraculeuses.
Les
repères hronologiques
ont
peu
nombreuxdans
le récit du
(donation,ers 091) tn°13 récapitulationes donationseçues,eproduisantnpartieen°14,vers 100). ien ue 'abbayeeLézat it cquis cette ccasionne
moitié e
l'église
aint-Martin,
l
ne
paraît as
qu'elle
oit ntervenueans
e culte
renduu bienheureux
rmite,
ui pparaît
ans e
textexclusivementocal rien 'indi-
que
n
particulierue
Gautier,
uteure a
Vitasoit
moine,
t
a
provenance
umanus-
crit e
plaide as
non
pluspour
ne
omposition
n
milieu
monastique.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 62/164
UN VÉNITIEN
U MONT-SAINT-MICHEL
57
clerc
Gautier,
qui
ne connut sans doute
Termite
ue
dans les
derniè-
res
années de sa
vie.
En
les confrontant
d'autres
ources,
l
est
pour-
tant
possible
de dater
approximativement
es
principales
tapes
de
son
cheminement. on arrivéeau
Mont-Saint-Michel e
peut
être datée
de
manière ertaine. on
départ
vers
'ermitage
e Tombelaine
st sûre-
ment à mettre en
rapport
avec
l'élection de
l'abbé
Renouf,
en
1057-1058,
qui
mit en
crise
la
communauté
montoise.
On
est tenté
de
fixer e début de son
séjour
à une
date
beaucoup
plus
ancienne,
si
c'est
bien lui
qui figure
parmi
es témoinsde la charte de
fonda-
tion de
l'abbaye
de
Bernay,
en 1025 .
Quelle
que
soit
la
date
rete-
nue, l'arrivée d'Anastase est de toutesfaçons liée à la présenceau
Mont d'abbés
italiens,
Guillaume de
Volpiano,
abbé de
facto
entre
1024 et
1031
ou
Suppo, présent
ans
l'abbaye
de 1033 à
10484. Son
séjour
sur
l'îlot
voisin de Tombelaine
ne dut
pas
se
prolonger
u-delà
de
1066,
lorsque
son
compagnon
de solitude Robert devint bbé
de
Saint-Vigor-de-Bayeux.
lus sûre est
la date
de son
voyage
en
Espa-
gne,
à
la demande de
Grégoire
VII,
pape
à
partir
de 1073. Le
séjour
en
Aquitaine, sept
ans
après
son
retour,
ne
peut
donc être
antérieur
à
1080,
et sa mort Saint-Martin
'Oydes,
trois ns
plus
tärd,
1083.
Malgré
la
part
d'hypothèse
e cette
chronologie,
lle
nous conduit
à
situer
a
parcours
d'Anastase dans
l'Europe
de la
réforme
régorienne,
dont il connut 'un des protagonistes, uguesde Semur,et à laquelle
il
participa,
d'après
d'autres sources relatives son
séjour
en
Nor-
mandie.
Les amis
de
Tombelaine
Quelques
documentsnormands
recoupent
n
effet es informa-
tions fournies
ar
la Vita et
complètent
e
manière
uggestive
es traits
du
portrait
e l'ermite. es historiens u Mont-Saint-Michel
nt
depuis
longtemps
oté
le
caractère ontestable
e
l'électionen 1057 ou 1058
de Renouf, lu au siègenon encorevacant de son prédécesseur uppo,
abbé de
Fruttuaria,
ui
avait dû abandonner
son
abbaye
en 1048 à
la
suite
d'une
cabale montée
par
certains
de
ses moines5.
L'accusa-
tion
de simonie
portée
par
Anastase ne
nous
a
pas
été
transmise
ar
les sources
normandes,
mais elle n'a rien
qui puisse
surprendre.
et
épisode
trouble ntraînaun schismede la
communauté,
ont
certains
3. M.
Fauroux,
ecueiles
ctes
esducs e
Normandie
Mémoires
e a
Société
des
ntiquaires
e Normandiet.
36),
Caen, 961,
°
35,
p.
131
cf. la
fin
e
'arti-
cle
'analyse
e cetteource.
ette
ypothèse
e datationst
ncompatible
vec a
pro-
position
aite
ar
P. Golinelli
art.
ité
upra
ote
,
à la
p.
276)
de
fixeruxenvi-
rons e 1020a naissanceeTermitemais ette roposition'est tayée'aucunargument.
4. Sur a
mainmise
esclercstaliensu
Mont,
f.J.
Laporte,
L'abbaye
ux
Xe
t
XIe
iècles
,
dans
Millénaire
onastique
u
Mont-Saint-Michelt.
1,
pp.
53-80,
aux
pp.
75-78.
5.
Ibid.,
p.
79-80.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 63/164
58 M.
ARNOUX
moines se retirèrentn
signe
de
protestation
ur l'îlot voisin
de Tom-
belaine. La
présence
d'Anastase
parmi
eux ne
fait aucun
doute,
au
témoignage
'une lettre 'Anselme
du Bec à
son ami le moine
Robert,
où
il lui
fait
part
de son
désir de rencontrer
nastase,
dont
il
a
entendu vanter es
éminentes
ualités
«
Aussi
je
t'en
supplie
me
recommandant lui-même n
mon
absence,
fais
moi
connaître
e
ton ami
Anastase,
dont tu
partages
a désirable
société. De la
sorte,
tu
jouiras
avec
moi
de son
amitié,
t
vous vous
partagerez
e service
ue je
te dois
;
ainsi, de ce jour et tantque nous vivrons, vec toi et grâce à
toi,
e pourraipour
ma
part
vénérer n cet ami un autre
Robert,
tandis
que
lui-même
rouvera
ussi Anselme son service.
ndi-
gne
comme
e
suis,
je
n'ose te demander e
que j'ai pourtant
l'audace de
désirer,
d'en user à
l'égard
d'Anastase comme un
autre
Robert,
et
que
lui-même
gisse
avec moi
comme
l
le fait
avec Robert.
En
effet,
on
parfum
uave,
qui
a
déjà
enchanté
tant d'habitantsde ce
pays,
enchantemon
âme au
point
de
me
donner e désir ardent
d'être
connu et
aimé
de
lui comme
je
l'ai connu et aimé
dès
que j'ai
entendu
parler
de lui6.
»
Le destinataire e cette
déclaration
passionnée
d'amitié nous est
bien connu. Il s'agitde Robertde Tombelaine, 'un des théologienses
plus originaux
e
l'église
normande7.Moine au
Mont-Saint-Michel,
l
prit
ar
la suite e nom de l'îlot où
il
s'étaitretiré
n
compagnie
'Anas-
tase
et où
il
poursuivait
on œuvrede
théologien
t son
enseignement.
Lui-mêmenous
a
témoigné
de
sa révérence
l'égard
de
son
compa-
gnon,
lui
attribuant n rôle
important
ans
I3
composition
de
son
ouvrage
fondamental,
e Commentaire u
Cantique
des
Cantiques
.
6. Éd. F.
Schmitt,
.
Anselmi
antuariensis
rchiepiscopipera
mniat
.
3,
Édimbourg,
946,
.
102-103,
°
3 :
quod
ut
fficacius
fßcias,recort
bsecrot
lli
sancto
iro
Anastasio
cuius
esiderabiliocietate
rueris,
e
ommendando
quantum
absentem
otes
notum
acias.
Utet llum
micumuummecum
ommunicest me
seruumuumumlio articipes.uatenusx hacdie dum iuimus,er eettecum
et
go
llum enerer
micumlterumobertům
t
lle
ossideat
eruumumdemnsel
mum.
uia
nim
on um
ignus
non udeo
etere
quod
amen
elle
resumo
,
ut
go
uelut lter obertus
utar
nastasioet
pse
me
ruatur
uasi
ltero
oberto.
Cuius
onus
dor am
er
muitos
uius
atriae
uauiter
iffususuanto
electabilius
animaemeae
ragrat
anto
psa
d eius micitiamt
notitiam
lagrai.
uas
am
x
quo
uitam ius
udiui,
abeo
t
amplectoruantumossum.
7.
L'identificationu destinataire
e la
lettre,
obertus
onachusà Robert
e
Tombelaine,
st ournie
ar
ne
losemarginale
u
ms.
London,
ambethalace
24,
qui précise
oberto
e Tumba
elene
ui
scripsitxpositionem
uper
antica
anti-
corum elle stde
surcroîtohérente
vec
'ensemblees nformations
e la lettre.
La
qualification
e
moine
ui
ui stdonné
ar
Anselme
onduit donner la lettre
unedate ntérieure
1066,
nnée ù Robert evintbbé
de Saint-
igor-de-Bayeux.
Sur e séjour e Robertu Mont-Saint-Micheltà Tombelaine,f. PaulQuivytJosephhiron, Roberte Tombelainet son ommentaireureCantiqueesCan-
tiques
,
dansMillénaire
onastique
u
Mont-Saint-Michelt.
2,
pp.
347-356.
8.
PL,
t.
150,
ol.1363
lettre
édicatoire
l
abbé
Anlroy
e
Saint-Wandrille,
un
des
disciples
e
Robert)
...rogauit
e ominusnastasiusdilectissimus
ater
t
domi-
nus
meus...
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 64/164
UN VÉNITIEN
U
MONT-SAINT-MICHEL
59
Anastase
théologien.
La lettreDe
corpore
et
sanguine
Domini
Des
qualités
qui
firent'admiration
de ces
deux
grands
penseurs,
ne
subsiste
qu'un
court
témoignage,
une
lettre ur
le
problème
de
l'Eucharistie,
ditée en 1648
par
Luc
d'Achery
sous
le
titreDe ueri-
tate
corporis
et
sanguinis
Christi Domini
9.
L'auteur de ce
bref
exposé
de
doctrine,
moine
(frater
,
s'adresse à l'un de
ses
disciples
(
olim
karissimo
ilio),
devenu
abbé
(nunc,
Deo
propitio,
uenerabili
patri).
L'attribution
e cette œuvre à
Anastase,
généralement
ccep-
tée
par
les
historiens
ontemporains10,
ut
contestée u
xviie
siècle,
et mise en doute au siècle dernierpar les Bollandistes11.Aussi
convient-il
e
reprendre
'ensemble u
problème
ur de
nouveaux
frais,
en confrontant e
que
nous savons
d'Anastase avec
les
informations
données
par
le texte
ui-même t
par
sa tradition
manuscrite.
La
première
dition fut faite
par D'Achery,
dans une
annexe de
son édition des
œuvres
de
Lanfranc. Le
manuscrit
u'il
utilisa,
pro-
venant de
l'abbaye
Saint-Serge
t
Saint-Bacchus
d'Angers,
semble
aujourd'hui
perdu.
Sa
présentation
u texte
montre
qu'il
ignorait
l'existenceet la
biographie
de l'ermitede
Tombelaine12. ur la
foi
du
manuscrit,
l
fit
de l'auteur
un moine de
l'abbaye
Saint-Serge
t
proposa
de reconnaître ans
son destinataire n
abbé du
monastère
Saint-Aubin 'Angers,Girard. En 1665,un autreérudit,Du Boulay,
republia
a lettre
dans son histoire e
l'Université e
Paris,
à
partir,
semble-t-il,
u même
manuscrit13.
uelques
variantes
mineures,
ou-
vent
mauvaises,
par rapport
au texte
établi
par D'Achery
suggèrent
qu'il
s'était
reporté
u manuscrit
our
en
recopier
e
texte14
dans
l'ensemble
ependant,
on
interprétationlobale
du texte
t son attri-
bution
du texte à
un
certain
Anastase,
non
autrement
onnu,
con-
cordent vec les
hypothèses
e
son
prédécesseur.
On
peut
tenir
pour
probable que
le texte
ranscrit
ar
les deux
éditeurs
ortait
n
toutes
9.
PL,
t.
149,
ol. 433-434.
10. Cf. endernierieuM.Gibson,anfrancfBec>Oxford,978 la polémi-
que
sur
'authenticitést
voquée
p.
28)
par
J. de
Montclos,
anfranc
t
Bérenger
La
controverse
ucharistique
u
xi*
iècle
Spici
sacr.
ovan.y
7),
Louvain,
971,
ui
ne fait ucun
sage
u texte cf. aussi .
Ott,
Untersuchungen
ur
Theologischen
Briefliteratur
er
rühscholastik
Beiträge
ur
Geschichteer
hilosophie
nd
Theolo-
gie
des Mittelalterst.
34),
Münster,937,
.
11.
11.
Cf. sur e
point
es
remarques,
ouvent
ypercritiques,
aites
ar
es
Bollan-
distes
op.
cit.
pp.
1129-1130).
12. Beati
Lanfranchi
antuariensis
rchiepiscopl...
pera
mnia
Paris,1648,
«
Notae t
Obseruationesd vitam .
Lanfranchi
rchiepiscopi
,
pp.
21-23,
ote
(réédit.
.-P.
Migne,
L
t.
150,
ol.
63)
Elegantissimum
t
ectu
ignissimum
nti
quitatis
onumentume veritate
orporis
t
sanguinis
hristi
omini
n
venerabili
sacramento,
pistolam
icoAnastasiiuiusdam
onachi
si
conjecturae
iceatndul-
gere)
oenobiiS.
Sergii
t Bacchi
ndegavensistuafidem
uam
onfltetur,uveritevulgare.
13. C. E. du
Boulay,
Historia
Universitatisarisiens
s,
t.
1,
Paris,
1665,
pp.
462-463,
x ms.coenobii
ergiani.
14. Cf. n
particulier
a
leçon
antaque
lia
ntelligence
uce
ontre
autaque
ntel-
ligence
ance e
D'Achery.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 65/164
60
M. ARNOUX
lettres e nom Anastasius
rien en effet
ne
justifiait, lusieurs
décen-
nies avant la
publication
de la vie de
Termite,
u'on
attribuât rbi-
trairement n nom aussi
peu répandu
à un
personnage ui
n'eût
été
désigné
que par
son initiale.
La
lecturede dom
D'Achery
et de Du
Boulay
constitue
donc
pour
nous
une
lectio
difficilior
récieuse,
es
autresmanuscrits
e l'œuvrene
désignant
'auteur
que par
la
lettre .
Trois autres manuscrits
de la
lettre circulaient en
effet au
xviie
siècle,
dont un est
parvenu
usqu'à
nous. Le
premier, rovenant
de
l'abbaye
de
Saint-Ghislain,
ans le
Hainaut,
fut
utilisé
par
dom
Gerberon
qui plaça
la lettre
parmi
les
épîtres
nédites
d'Anselme de
Canterbury15.e texte ne portaiten effetque les initialesA et G
pour désigner
'auteuret le
destinataire,
ue
Gerberon
roposa
d'iden-
tifier
Anselmeet
à
l'abbé
de
Westminster ilbert
Crépin.
Un
autre
manuscrit u
XIIe
iècle
provenant
e la collection
de
Roger
de
Gai-
gnières,proche
du
précédent,
st
aujourd'hui
l'ultime
témoinmédié-
val du texte16. ne note
marginale joutée
au xvne
ou au xvnie
siè-
cle
y
fait
référence
l'édition
Gerberon17.
L'attribution Anselme
a,
par
la
suite,
été
repousséepar
la cri-
tique
anselmienne18. i
son
adresse G.
olim
karissimo
ilio
...nunc,
Deo
propitio,
uenerabili
atri
n'est
pas
sans
rapport
vec celle de
la
lettre
06
adressée
par
Anselme
Gilbert,
ors de
son élection
West-
minster olim diuinadispositione ilio... nuncDei gratiacoabbatiGis-
leberto,
raterAnselmus elle ne
présente
n aucun
cas la chaleur
de
sentiments
ui s'exprime
ans les
quelques
ettres
onservées 'Anselme
à
Gilbert.Le contenumême
et les
références
atristiques
e la
lettre,
étroitement
épendantes
de
Paschase
Radbert,
sont de
toutes
façons
15. Sancii nselmi...
pera
mnia
éd G.
Gerberon,aris, 675,
ettres
livre
IV,
n.
CV,
p.
452,
x ms.
Chisleniani.
f.
PL
t.
159,
ol.
254-255.
l
s'agit
u ms.
MMM
de la
bibliothèque
e
l'abbaye,
écrit
vec
précision
ans
e
catalogue
ressé
par
e
sous-prieurugustin
urot
ans a seconde
oitiéuxvme
iècle cf.
Katalog
der
Handschriftener Abtei on Saint-Ghislainm
Hennegau
,
dans
Serapeum
Cntelligenz-Blattn°5, 15mars 850), 850, ol.11,p.36.Cemanuscritembleis-
paru,
'après
es recherches'A.
Poncelet,
Annales e
l'abbaye
e
Saint-Ghislain
C
nnalesu Cercle
rchéologique
e Möns
t.
XXVI),
Möns, 897,
p.
387-388.
16.
Paris,
N
ms. at.
2707,
p.
119-123.
roche
u
ms.
de Saint-Ghislain
ar
sesvariantes
cf.
n
particulier
es
eçons
ante
blacionisontre
'Achery
antemmo-
lationis,
aptoquentelligencie
ontre
autaquentelligencie
ou
encore
n
diuino rtulo
contrendiuine
agine
rtulo
,
le manuscrit
arisien
'en
rapproche
ussi
ar
e choix
et a
disposition
esœuvres
u'il
ontient.es
deuxmanuscrits
ossèdent
neffetn
commune Liber e sacramentis
eophitorum
uquel
uccèdea lettree
corpore
t
sanguine
ominiuivie 'un hoix e sermons
'Yves e
Chartres,
t du De
archa
Noe
d'Hugues
e Saint-Victor.e manuscrit
arisien,pparemment
lus
ourt,
oint
des extes
'Augustin,
u
pseudo-
ugustin
t de.
aint
ernard,
andis
ue
e
manus-
crit e Saint-Ghislain
omprenait
nrecueile sentences
'Alcuin,
lusieurs
raitést
épîtrese saint érôme,tplurimaliaquaehicnimisrolixumoret.17. P. 119 Extat nterpera . (sic)Anselmipera D. Gab.Gerberondita
in
ib.
4
epistolarum,
pistola
05
p.
453.
18. Dès
1750,
nenotice e
V
Histoire
ittéraire
e
a France
t.
X,
p. 439)
vait
résumét
divulgué
es
remarques
e Mabillon
la
lettree
figureralus
ar
a
suite
dans ucune dition e la
correspondance
'Anselme.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 66/164
UN
VÉNITIEN
U
MONT-SAINT-MICHEL
61
incompatibles
vec une
date
postérieure
1085,
année de
l'élection
abbatiale de
Gilbert,
comme avec
l'attribution Anselme
à
cette
date,
la
polémique
eucharistique
vait
depuis
ongtemps
épassé
l'œu-
vre du
penseur arolingien
t l'abbé
du Bec-Hellouin
'aurait
pas
man-
qué
d'utiliser
'œuvre de son ami
et
prédécesseur
anfranc,
qui
avait
dès
1063 renouvelé
omplètement
a
problématique.
Ajoutons
qu'une
telle identification urait sûrement té
proposée par
Luc
D'Achery,
éditeurde
Lanfranc et
profond
connaisseurd'Anselme et
de
l'école
du
Bec,
si
elle avait été
compatible
avec le texte dont
il
disposait.
Mabillon
reprit
e
problème
dans le tome
IV
des
Annales
ordinis
sanciiBénédictin ù, s'appuyant ur a VitaAnastasi qu'il avaitaupa-
ravant
éditée,
et sur une autre
versionde la
lettre,
ontenue
dans
un
manuscrit e
la collectionde
Claude
Joly,
hanoine de
Notre-Dame-
de-Paris,
il
renouvelait a
question19.
Nous
ignorons
si le
nom
d'Anastase
était
porté
en
toutes lettresdans ce
manuscrit,
mais le
savant mauristene
proposa pas
de revenir
ur l'attribution
roposée
par
Luc
d'Achery.
Le
destinataire e
la
lettre tait
cette fois
désigné
par
la
lettreW ce
qui
détruisait es
hypothèses
aites
uparavant
par
D'Achery
et
Gerberon.Mabillon
proposa d'y
reconnaître
'abbé Guil-
laume
de
Cormeilles,
ncien moine du Bec.
Les
autres
nformations
transmises
ar
la
lettre u
sujet
de son
auteur,
a
qualité
d'enseignant
et sa conditionde simplemoine lui semblaient bsolument ohéren-
tes avec les
quelques
éléments vérés de la
biographie
de l'ermite.
La difficulté
rincipale osée par
ce texte st l'absence
d'éléments
chronologiques ui pourraient
ervir
e
guide pour
son
attribution t
sa datation.
L'hypothèse
de
Mabillon,
ouant
sur a très
grande
ncer-
tituderelative ux dates de la vie
d'Anastase
et de
l'abbatiat
de Guil-
laume
de
Cormeilles,
st
de
ce
fait
fragile
t
suspecte
entré
u Bec
en
même
tempsque
Lanfranc,
Guillaume
mourut eulement
n
1109,
et
n'est attesté
omme abbé
qu'en
1094,
après
la mort
d'Anastase20.
Il
faut en
outre,
pour que
soit
ustifiée
'adresseaffectueuse lim
filio
supposer qu'il
aurait
pu, lorsqu'il
était moine du
Bec,
accéder à
l'enseignemente l'ermite, ommeAnselme 'étaitproposéde le faire.
La
part
d'incertain st donc
importante,
ans
l'hypothèse
du
grand
historien.
Il
n'est
pourtant
pas
impossible
d'avancer une
propositionplus
convaincante,
t
plus
solide
en même
temps,
car tenant
compte
de
tous les éléments ransmis
ar
la
traditiondu texte. Bien
qu'aucun
des
manuscrits
ont
nous avons conservé es
leçons
ne
possède
une
véritable utoritésur les
autres,
on
doit mettre u
premier
ang
le
manuscrit
ngevin,
le
seul
à
nous avoir
conservé des noms
pour
19.
Annales
SB
éditione
1707,
.
IV,p.
513
le manuscritnquestionefigureas parmies manuscritse Claude olyt AntoineoiseldentifiésarLéo-
pold
Delisle
Le
cabinet
es
manuscritse a
Bibliothèque
ationale
Paris, 868,
.
1,
p.
538),
t ne
paraît as
être
arvenu
la
Bibliothèque
ationalevec e
fonds e
Notre-Dame-de-Paris
20. GalliaChristianat.
XIII,
col. 847.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 67/164
62
M. ARNOUX
l'auteur et le destinataire.Aucune motivation utre
qu'hypercritique
ne
peut
faire
rejeter
'attribution
u
texte un
certain
Anastase,
qui
est très
probablement
e moine
du
Mont-Saint-Michel.
n
ce
qui
con-
cerne e
destinataire,
a
leçon
W
fournie
par
le
manuscrit tilisé
par
Mabillon
conduit à
rejeter
ussi bien la
leçon
Gerardus,
relevée sur
le manuscrit
ngevin,
ue l'hypothèse
ilbertus
roposée
par
dom Ger-
beron.
La
conjecture
Willelmus
proposée
par
Mabillon,
outre son
caractère
aventuré,
oblige
à
négliger
a lecture faite
par D'Achery,
alors
qu'un
autre nom
permet
de tenir
compte
de toutes
les
leçons
tout en
fournissant
n destinataire
eaucoup plus
acceptable.
En
effet,
les initialesW et G pourraient iendésignerGariņus u Warinusabbé
de Saint-
igor-de-Cerisy
ès avant
1066,
alors
qu'
Anastase se
trou-
vait encore
dans
le
duché,
et
qui
avait
été
auparavant
moine au
Mont-
Saint-Michel21
même si l'on
ignore
à
peu près
tout de
sa
vie,
ces
quelques
informationsoïncident
arfaitement
vec
l'adresse de la let-
tre,
olim
filio
.. nunc
abbati.
Une
mélecture
ssez
simple
du nom
abrégé
de Gariņus
peut
en outre
expliquerpar
la
supposition
d'une
abréviation er
a
leçon
Gerardus
ransmise
ar D'Achery
et Du Boul-
lay.
L'hypothèse
d'une
lettre l'abbé de
Cerisy
permet
nfin,
sans
accumuler es
hypothèses,
e
proposer
une datation
assez
haute,
vers
le milieu du
XIe
siècle,
compatible
avec
le
contenu même du
texte,
indiscutablementié à la controverse ucharistique utourdes thèses
de
Bérenger
e
Tours,
mais
qui paraît
remonter
ux
premiers emps
de la
polémique.
Le court texte
rédigépar
Anastase ne
constitue
as
un
traité ur
l'Eucharistie,
mais une sorte de
confession,
omparable,
a
puissance
poétique
en
moins,
à celle contenue
dans
la
Confessio
theologica
de
Jean de
Fécamp22.
Refusant
es
garrula
Aristotelicorum el
Crisip-
peorum
argumenta
allusion
peut-être
ux
subtilités es théories éren-
gariennes,
ou les
prestiges
d'une
éloquence
cicéronienne,
Anastase
revendique
ne
approche
du
mystère ar
la
foi,
par
l'Écriture t
par
les
Pères,
sauvegardant
insi
la
simplicit
s,
clé du
jardin
de
la
parole
divine. La progression u texte est limpide.À l'exposé des paroles
de l'institution
ucharistique,
iréesdes
évangiles
t
brièvement om-
mentées,
uccèdent roiscitations
ttribuées trois
autorités
rrécusa-
bles
:
Cyprien,Augustin
t
Ambroise. Bien
que
tenant
es
témoigna-
ges pour
suffisants,
'ermiten'en
conseille
pas
moins à
son destina-
taireune
listede lectures
omplémentaires
Hilaire,
Grégoire
e
grand,
Cyrille,
éon le
grand,
Jérôme,
ède le
vénérable,
aschase
Radbert,
21.
D'après
obert
e
Torigni,
e immutatione
rdinis
onachorum.
e
abba-
tibus t abbatiis ormannorumt
aedificatione
aruméd.
L.
Delisle
dansChroni-
que
de Roberte
Torigni...
uivie e divers
pusculesistoriques
vol.
,
Rouen
Sociétéde L'histoireeNormandie)1873, . 195. 'abbéGarin igurearmiestémoinse
la fondatione a Trinitée Caen n
1066,
t
reçoit
ne
donation
our
'abbaye
e
Cerisy
ntre
035
t
1066
éd.
Fauroux,
ecueil
es actes
es ducsde Normandie
n° 169 t
231).
22. Pars
II,
51.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 68/164
UN
VÉNITIEN U MONT-SAINT-MICHEL
63
ainsi
qu'une
série d'autres textes
ugustiniens.
'abondance des réfé-
rences
patristiques
résentes
ans
un texte i
bref
mpressionne,
t
peut
faire llusion.
En
fait,
'ensemble
du dossier
utilisé
par
Anastase
pro-
vientdirectement
e Paschase
Radbert,
bbé de Corbie au
IXe
iècle,
dont
les
traités
eucharistiques,
isés
par
la
critique
de
Bérenger
de
Tours,
forment
'exposé
le
plus
complet
de
la doctrine
ucharistique
avant la
querelle
du
XIe
iècle.
L'usage
que
fait notre
auteur de cette
source
commune à
toute
la
polémique
anti-bérengarienne
'est
pourtant as
indifférentt nous
apporte
des
informations
mportantes.
e
Paschase, Anastase,
qui
ren-
voie son lecteur u traitéDe corporeet sanguineDomini pour une
information
lus
complète,
cite en fait
presqu'exclusivement
Epis-
tula
ad
Fridugardum
dans
laquelle
l'abbé
de Corbie
avait,
vers
856,
résumé
es
principaux
points
de
la doctrine
ucharistique
l'inten-
tion d'un
de ses
disciples,
moine de
Saint-Riquier23.
es
phrases
entières
de
ce court
traité
se
retrouvent insi dans le texte
¿'Anas-
tase.
Celui-ci
emprunte
n
particulier
u libellus
oint
à la
lettre,
ans
lequel
Paschase
avait rassemblé
'essentieldes textesdes Pères rela-
tifs
à
l'eucharistie,
a
plupart
de ses références. eules lès allusions
à
saint
Jérôme
t à
Bède le vénérable envoient u De
corpore
t san-
guine
Domini
que
l'ermiteutilise
peu,
bien
qu'il
l'ait
eu
sans
aucun
doute à sa disposition.La traditionmanuscrite e la lettrede Pas-
chase
est en
effet iée à celle des
troisième t
quatrième
ditions du
De
corpore
et
sanguine
Domini.
Le traité irculaitdans le duché de
Normandie
u
XIe
iècle,
et
servit
bondamment
Lanfranc et à
ses
disciples.
Le
texte
d'Anastase
permet
donc de
préciser
'édition
utili-
sée,
dont
subsistent ans
la
région
deux
témoinsdatés
du
XIIe
iècle,
provenant
des
abbayes
de
Jumièges
t Saint-Ouen
de Rouen24.
Il n'est d'ailleurs
pas
sûr
qu'Anastase
ait eu sous
les
yeux
un texte
correct
de Paschase
au
moment ù
il
composait
son texte des con-
fusions
de toutes
sortes
rendent es
citations nidentifiables
qui
ne
s'est
pas reporté
la source. C'est
ainsi
que
la citation
«
Hoc occi-
pite in pane quod pependitin ligno, et hoc occipite n calice quod
manauit
ex
latere
»,
deux fois
rapportée
saint
Augustin
dans la let-
tre de
Paschase,
se
trouve
par
Anastase attribuée
saint
Cyprien,
de
même
qu'il
donne à saint
Ambroise
a
phrase
«
Quia
ipsa
est caro
Christi n sacramento
t
sanguisque
in cruce
pependit
t
fluxit
latere
et
que
ex
uirgine
Maria
sumpta
est et
non
alia,
sed
ipsa
»,
qui appar-
tient u
commentaire
e l'abbé de
Corbie. Anastase n'est
guère
plus
fiable
quand
il cite le De
corpore
et
sanguine
Domini
: une lecture
trop
rapide
le
pousse
à inscrire ous
le
nom
ďExpositio
Exodi
une
23.PaschaseRadbert,e corpore
t
anguine
omini
t
Epistola
d
Fridugar-dum éd. B.Paul, TurnhoutCorpus hristianorum,ontinuatioedievais,16),
1969,
p.
2-131 t 145-173.
24.
Rouen,
ib.
mun.,
ms.1409 t
A 438 tous
es
ms.de
P
Epistola
d
Fridu-
gardum
ppartiennent
la famille
esms.
A,
C et
N
de a
classificatione B.
Paul,
op.
cit.
sur
ette lasse e
manuscrits,
f.
bid.,
p.
XXXII-XXXVI.
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64
M. ARNOUX
citation
de saint Jérôme xtraite
'un
sermon,
relatif
l
est
vrai à un
passage
de l'Exode. Le seul
apport particulier
e
l'ermite n matière
patristique
onsiste
eut-être
ans l'identification'une
citation e Bède
le Vénérable nsérée ans nom
d'auteur dans le
De
corpore
t
sanguine
Domini.
La contribution 'Anastase au débat
eucharistique
'est donc
pas
celle
d'un
théologien
udacieux,
encore moins celle d'un
lecteur
igoureux,
et
peut
sans
njustice
tre
ubliée u
profit
es
ouvrages
ien
plus
nova-
teurs de Lanfranc et de
Guimond d'Aversa. On
ne
peut
cependant
s'arrêter ce
point.
Parfaitement
ndépendant
e
l'enseignement
e Lan-
franc, ui s'appuie principalementur e traitéDe corpore tsanguine
Domini le texted'Anastase
lui
est
sûrement
ntérieur,
t la
référence
exclusive
l'
Epis
tuia ad
Fridugardum
ui confère ne
originalité
mar-
quée
dans
a
collection es textes
ntibérengariens.
e choix
solé
s'expli-
que
peut-être
ar
la
précocité
e la contribution
'Anastase,
'il est
vrai
qu'on peut
dater
son traitédes
années
1050,
avant
que
l'évolutionde
la
polémique
ait
permis
a mise
au
point
d'un
argumentaire
lus
effi-
cace. Plus
qu'une
étape
dans le
développement
u
débat,
l
marquerait
alors
un
point d'origine
de la réflexion
héologique,
la manièredu
texte,
rès
précoce
aussi,
de
la
Confession héologique
de l'abbé Jean
de
Fécamp.
Quoi
qu'il
en
soit,
l'élégance
de
la
construction e
l'épî-
tre, a clartéde son exposition t la puissancede conviction 'un rai-
sonnement
édigé
la manièred'un Credo
justifient
es
compliments
que
lui
adressa
son
premier
diteurLuc
D'Achery.
Les
sources
normandes
onnent onc
d'Anastase une
image
cohé-
rente,
e
situant ux côtés
de Jean de
Fécamp,
Lanfranc et Anselme
dans le
groupe
des clercs taliens
e
l'église
normande,
articulièrement
actifsdans
le
diocèse
d'Avranches,
ù l'abbé
Suppo
les avait
appelés
à
s'établir
ur es
bénéfices
u Mont-Saint-Michel. e
réseau extrême-
ment ctifmis en
place
dès les
premières
nnées du
XIe
siècle
par
Guil-
laume
de
Volpiano
à
partir
de
son
abbaye
de
Fécamp,
se
confondait
en de nombreux
oints
avec la zone
d'influence
lunisienne.Aussi le
départd'Anastasede son ermitage e Tombelaineet son adoption par
l'abbé de
Cluny
ne constituent-ils
as
tantune
rupture ue
le
prolon-
gement
d'une
expérience
monastique déjà
riche et féconde.
Anastase
et
Hugues
en
Aquitaine
Pour la
période qui
suit
e
départ
d'Anastase
de
Normandie ux
côtés de l'abbé de
Cluny,
a Vita
reste notre seule source. Une bio-
graphie
récente
d'Hugues
de
Semur,
tout en
déplorant
'absence de
repères hronologiquesprécis,accepte ou confirmees informationsdonnées
par
Gautier25. i le
voyage d'Hugues
en Normandie ou en
25. A.
Kohnle,
Abt
Hugo
von
Cluny
1049-1109
t
Sigmaringen,
993,
ux
pp.
191
t
301.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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66
M. ARNOUX
une notice
du
cartulairede
Lézat,
datable
des
années 1075-1081ne
faitmention
'aucune
abbaye
à
Predelas,
lors même
qu'elle
situe uc-
cessivementes biens-fonds
onnés aux moines in
uilla
Sancii Anto-
nini
de
Fredalez
in uilla de
Fredalez...
in
ipsa parrochia
Sancii
Antonini.
Des textes du
XIe
iècle
émergent
euls un
village
et une
paroisse
de
Predelas,
avec son
église paroissiale
dédiée à saint
Antonin29. e
voyage
de l'abbé
Hugues
et de l'ermite
Anastase
rap-
porté par
la
Vita
se
situe
ui aussi dans
les années
1080,
et
témoigne
de la volonté d'installer
ne
véritable
ommunauté
monastique
en
ce
lieu
:
«
Presque sept
années
s'étaient
écoulées
depuis
son retour
[à Cluny] quand
le
vénérable bbé voulut
se rendreen
Aqui-
taine à la
prière
de certains
rères,
aïcs
et
nobles,
qui
désiraient
renoncer u monde et
revêtir
'habit
monastique.
Aussi
prit-il
avec
lui
l'homme de Dieu
Anastase,
qui
était habile à
expliquer
l'écrituredivine et
savait exhorter t édifier
es frères.
Ayant
parcouru
a
plus
grande
partie
de
l'Aquitaine,
ls
parvinrent
nfin
dans la
région
de
Toulouse,
où le comte
du château de
Pamiers
s'apprêtait
adopter
'ordre
monastique
avec
sa
femme t
ses
fils.
»
Ce
que
fut
effectivement
e
prieuré
de
Fredelas ne nous est
pas
connu. l
apparaît
ependant
u'
Anastase
y reproduisit,
algré
es réti-
cences
de l'abbé
Hugues
le mode de
vie
qu'il
avait
adopté
à
Cluny
«
Déjà approchait
e
temps
où
l'homme de Dieu
Anastase
avait coutume de célébrer
e
Carême
dans la solitude de
lieux
escarpés.
Agité our
et nuit d'une
grande inquiétude,
l
jugea
les
montagnes
voisines
des
Pyrénées
convenables à son
projet
de célébrer e
Carême
et de
mener
uelque temps
a vie
d'ermite.
Cédant
malgré
ui à ses
prières,
ar
Anastase était comme le
bâton ou la colonnequi supportait es frères,'abbé donna son
accord.
Comme
il
savait sa constance
dans le
service
du
Sei-
gneur,
l
ne voulut
pas
retarder
'accomplissement
u vœu :
triste
et
contraint,
l
lui accorda ce
qu'il
demandait.
Comme
ils des-
cendaient tous
deux,
le
vénérable
abbé en larmes lui donna
l'accolade avec des
pleurs
et des
sanglots, 'adjurant
de ne
pas
oublier
les siens
et
d'intercéder
uprès
de
Dieu en faveur
des
autres
frères.
Puis,
le saluant une
dernière
fois,
il
rentraau
monastère.
La lettre nvoyéeà l'ermitepar son abbé, trois ans plus tard,semble refléter ne certaine
préoccupation
our
le moral de la com-
29. Cartulaire
e
'abbaye
e
Lézat
op.
cit.
note
,
t.
2,
pp.
393-394,
°
1547
les éditeurs'ont dentifiéucun es
toponymes
n
question.
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8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 73/164
68 M. ARNOUX
les.
Elle
est surtout
pour
nous
un
document
précis
sur
les
rapports
entre
érémitisme
t
vie
régulière
ans
le
monde
bénédictin,
'autant
plus
révélateur
ue
son auteurn'est
pas
un
moine,
et
qu'il
écrit
près
que
les Clunisiens ient abandonné
la
région
de
Pamiers34.
es der-
nières
ignes
de
son
texte
llustrent
ien la
synthèse
riginale
t
équi-
librée
que
constitue
pour
lui l'existence
d'Anastase :
«
Ayant
parfait
sa
course,
prêt
à ceindre a
couronne de
justice
dans
la communautédes
saints,
moine,
ermite
t con-
fesseur,
l
partit
vers
le
Seigneur
e
17e
our
des calendes de
novembre.
L'alliance
des deux
termes,
moine et
ermite,
mérited'être
scru-
tée,
car le récitde Gautier montre
u'il
s'agit
d'une
constantede la
vie
d'Anastase
et
son
parcours
fait revenir
égulièrement
'expérience
de la vie solitairecomme un élémentnécessaireà
son
accomplisse-
ment
spirituel.
Si
l'apprentissage
d'austérité
auquel
il
consacre les
années de sa
jeunesse
ne
paraît
pas
comporter
e
période
érémitique,
il
se
place
sous le
triple igne
du
jeûne,
de la
veilleet
des
prières
ieiu-
niis,
uigiliis
et
orationibus), xpression ui
ne revient
as
moins
de
quatre
fois dans le
texte,
oujours propos
de
périodes
de
vie solitaire.
Le jeûne est pour Anastase une seconde nature dès son jeune
âge,
il
a renoncé u
vin
et
se
prive
de nourritureu
moins deux
ours
par
semaine,
n
temps
rdinaire.
es
privations
ont
multiples
durant
son
agonie,
il
refusede
recourir
l'apaisement
d'un
bain,
parce que
du
jour
de
sa conversion
monastique
l
a
renoncé à cet
usage.
Les
veilles t les
prières
ont
probablement
a
marque
particulière
e
l'exis-
tence
érémitique
sans
programme
i
horaire,
elles
rompent
vec le
temps
récurrent e la
règle,
et
exigent
une
suspension
de la vie en
collectivité.
Moine
attentif
l'esprit
de la
règle
et au
sens
profond
du
cycle liturgique,
Anastase a élu le
temps
de Carême
comme
moment
es
privations
xtrêmes
t
de la vie
solitaire.C'est
alors
qu'illaisse ses frères our s'établirdans des lieuxescarpés praerupta oca)
où il mène
sa
vie de
méditation
t
d'ascèse.
Que
le
temps
même de
l'ermite oit délié de toute référence
ollective,
on
ultime
éjour
dans
les
montagnes
yrénéennes
n
témoigne
parti pour
célébrerdans la
solitude es
jours
du
Carême,
Anastase ne
revient ers
les siens
que
trois ans
plus
tard,
rappelé par
une
lettre
ressante
de son
abbé. La
description ue
Gautiernous a laissée
de la vie
montagnarde
'Anas-
tase
frappe par
son
pouvoir
d'évocation
«
L'homme de Dieu Anastase
qui
ne désirait
as
autre
chose
que d'accomplir on vœu, se mit oyeusement n route vers es
montagnes.
Comme il s'en
approchait
et
que,
aucun obstacle
34.
Il
n'est onc
as possible
'affirmer,
ommee fait . Golinelli
u'il 'agit
d'un
exte
rovenant
e la
sphère
lunisienne
art.
ité la
note
).
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UN
VÉNITIEN
U MONT-SAINT-MICHEL 69
ne
s'y opposant,
on
pouvait
en
noter
tous les
détails,
l
choisit
pour
y
habiterun
sommet rès
élevé,
qu'on appelait
Abriscola
parce que
dans sa
région
l dominait
toutes
les
autres cimes.
Laissant alors dans
une
église
au
pied
de la
montagne
e frère
qu'il
avait emmené vec
lui,
il
la
gravit
eul
et
y
construisitvec
des
branchages
une cabane
étroite
t un
autel
pour y
offrir e
sacrifice.
Alors,
entre e froidet les
neiges
éternelles,
l
servait
le
Seigneur
t s'adonnait aux
jeûnes,
aux veilles t
aux
oraisons.
Il
ne
se
nourrissait
ue
d'eau et de
pain
cuit
sous
la
cendre,
qu'il
recevait n
quantité
nsuffisante
u frère
u'il
avait
laissé
au pied de la montagne.
Sa
vie
n'est
donc
pas
abandonnée aux
caprices
de la nature au-
vage
: de la
vallée où
il
s'est
établi et où viennent
arfois
e
rejoin-
dre d'autres
religieux,
n frère
ourvoit
la
maigre
itance
de l'ermite
installé
ur
la
montagne.
Cette communauté
édoublée,
associant un
eremus
au sommet
t une cella vouée au travail
dans
la vallée évo-
que
de manière
frappante 'organisation
maginéepar
saint Romuald
pour
les
ermitesde
Camaldoli,
dont l'activité aborieuse
et
produc-
tive des
frères u cenobium nstallé u bas de la
montagne rotégeait
la
tranquillité 'esprit
t l'ardeur à la
prière.
A
l'instardes Camaldu-
les, la vie solitaire 'Anastasen'exclutd'ailleurspas la sociétéd'autres
anachorètes
à Tombelaine
déjà,
il
partageait
a
retraite vec
son
ami
Robert
peut-être
es
disciples
e celui-ci
ivaient-ilsussi
à
leurs ôtés.
Sa retraite
montagnarde
'est
pas
désertique
non
plus,
et les visites
sont
fréquentes
«
Un
jour, ayant
achevé sa
prière,
'homme de Dieu
Anas-
tase était
sorti
de
sa
cellule et s'était assis au dehors
en
compa-
gnie
de deux frères
ui
étaient enus
e voir. Son
antique
ennemi
fut
à,
et
mit e
feu
à
sa
cellule et à
l'autel
qu'il
avait construit
pour y
offrir e sacrifice.
Mais l'homme
de
Dieu
veillait,
et
voyant e feu,yreconnut ne ruse de l'infâme nnemi. e levant
et marchantvers
la
cellule,
il ordonna à celui-ci de
se
retirer
et
éteignit
e feu d'un
signe
de croix.
»
La solitude
n'impose pas
non
plus
le
silence,et,
s'il refuse oute
forme
de
donation,
qui
le ferait entrer ans le circuit
de
l'échange
et des
pratiques
séculières,
Anastase
est,
malgré
ui,
un
intercesseur
et un
prédicateur our
les
habitants
de la
montagne
«
Comme
il
demeurait
à et
que
dans les alentours
n
par-
lait de la vie qu'il menait,beaucoup venaient e voirpour rece-voir de lui les
paroles
de vie et connaître a vie admirable,et
en
échange
de la nourriture ivine
qu'il prodiguait,
ls tentaient
de
le
nourrir
e nourritures
emporelles.
ais
lui
n'acceptait
ien
pour
son
corps
et refusait
oute nourriture e
qui
ne voulait
pas
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UN VÉNITIEN
U MONT-SAINT-MICHEL
71
ses dernières
nnées la
rappelle
avec
précision,
ans user des
péri-
phrases vagues
habituellement tilisées
par
les habitantsde la
Gaule
pour
désigner
es
régions
'au-delà des
Alpes,
ou
d'Italie,
et leurs
habi-
tants
Anastase est
vénitien,
t non
italien ou
transalpin.
on nom
est rare
dans les sources
vénitiennes,
mais
il
n'est
pas pour
autant
étranger
la tradition
agiographique
ocale :
c'est celui d'un
martyr
d'Aquilée,
vénéré illeurs ous le nom d'Anastase
de
Salone,
et dont
les
habitants e la Vénétie
honoraient es
reliques Split36.
e
patro-
nage
peu
courant,
insi
que
la culture
recque ue
ses
parents
ui
firent
acquérir37 uggèrent
es
originesgrecques
ou
dalmates
qui explique-
raient ussi peut-êtreon attirance our les retraitesnsulaires u mon-
tagnardes,
i
caractéristiques
e la tradition
monastique
orientale.
Son
parcours
e
porte
vers
'Occident,
u
plus
loin de
la ville
qui
l'avait vu naître
plus
rien dans sa vie
ne
révèle
qu'un
lien
subsiste
avec le lieu
natal. Résonnent
pourtant
dans
le
récit
de
son errance
bien des échos
de l'histoirevénitienne.
'exil
hors de la cité
natale,
la mission
auprès
des
infidèles,
a
profession
énédictine t la
prati-
que
de
la vie solitaire ont
par exemple
autant d'éléments
qui rap-
prochent
Anastase
de
son
aîné, Gérard,
moine
puis
abbé
de San Gior-
gio
Maggiore,
évêque
de
Csanàd,
compagnon
du
roi Étienneet évan-
gélisateur
e
la
Hongrie,
martyr
n
104638.
Mais
surtout,
a
biogra-
phied'Anastase faitécho de manière roublante un épisodefameux
de
l'histoire
cclésiastique
de Venise.
En
septembre
79
en
effet,
e
doge
Pietro Orseolo
avait
abandonné
nuitamment
a cité
pour
se réfu-
gier,
près
un
long parcours,
ans
l'abbaye
bénédictine e Saint-Michel
de
Cuxa,
dans les
Pyrénées,
ù
il
mourut
peu après
en odeur de sain-
teté.
Sans
doute est-ce
par
une ironie du
sort
qu'Anastase,
comme
auparavant
'Orseolo,
trouva dans une
abbaye
de confins
placée
sous
l'invocation
à Saint-Michel
e locum idoneum
ubi
monachorum
us
ciperet
habitům
9.
La
coïncidence es
deux
parcours
st
pourtant
ai-
36.
Andreae anduliVenetiarum
ucis hronicon
enetuméd. E. Pastorello
(RIS,t.XII, 1),pp.15et29. Aucun ersonnageortante nom 'apparaîtans es
chartesénitiennes
es
Xe
t
xie
iècles
ubliées
ar
e
«
Comitato
er
a
pubblicazione
delle
onti elative
lla storia i Venezia.
37.
Vita,
ol.
427 a
primaeuo
tudiisitterahbus
parentibus
raditus
st n
qui-
bus
ta uram
dhibuit
t
am
raecisuam
atinis
itterismnibusd
unguem
idere-
tur mbutus.
38.
Pour 'histoirencienne
e
l'église
énitienne,
n se
reportera
la
synthèse
récente
e Daniela
ando,
Una hiesa
i
frontiera.
e
istituzioni
cclesiastiche
ene-
ziane
nei
ecoli
VI-XII,
ologne,
994. urGérard e
Csanàd,
f.
es
recherchese
J.
Leclercq,
San Gerardo
i
Csanàd
il
monachesimo
,
dansV. Branca
éd.,
Venezia
Ungheria
elRinascimento
Florence,
973,
p.
3-22
sur
a vie
rémitique
voir la
p. 6),
et S.
Tramontin,
Problemi
giografici
t
profili
i santi
,
dans
F.
Tonon
d.,
La
Chiesa i
Venezia
ei ecoli
XI-XII
Contributi
lla storia ella
chiesa enezianat.2), Venise, 988, p.153-177.39.Par-delàeshistoiresingulièrese Pietro rseolotdAnastase,n nepeut
qu'être rappé
e a récurrencees
anctuairesédiés
saintMichel ans
esvies e
Romualdtde
Guillaumee
Volpiano,
i 'on
ajoute
uxdeux anctuaires
éjà
cités
ceux e
Saint-Michel
e a
Cluse,
ans e Piémont
aujourd'hui
acra
i
San
Michele)
et
du Monte
argano.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 77/164
72 M. ARNOUX
sissante,
puisque
le sanctuaire
de
Fredelas et
l'ermitage
ù
Anastase
vint se retirer e trouvent ans les
Pyrénées,
proximité
e
l'abbaye
de
Lézat,
où futmoine
Guarin,
par
la
suite
abbé de Saint-Michel-de-
Cuxa,
guide
et
protecteur
u
doge fugitif.
armi
es
compagnons
'exil
de celui-ci
figurait
ussi
Romuald,
fondateur u
début du
XIe
iècle
de la
congrégation
e
Camaldoli,
dont
'ermitage
ondé
par
Anastase
reproduisait
i
exactement
'organisation.
On ne sait rien de
la formation e l'ermiteni
de
ses
éventuels
contacts avec les moines
vénitiens,
ortement
nfluencés
ar
l'ensei-
gnement
e Romuald.
Cependant,
'aspect
«
romualdien du
parcours
d'Anastase est particulièrementaractéristique du saint ravennate,
dont
il
partage
la
double culture atine
et
grecque,
il
se
rapproche
à la fois
par
son instabilité
ui
le
pousse
régulièrement
ur les
rou-
tes,
mais aussi
par
sa fidélité ffichée la
règle
de saint
Benoît,
en
particulier
on attachement l'autorité
abbatiale
et à
l'obéissance
monastique, par
son souci
d'inscrire a
vie solitaire
dans un
projet
cénobitique,
voire
par
son attirance
pour
les
sites
extrêmes40. e
cadre du Mont-Saint-Michelonvenait
donc à
merveille
son entrée
dans la vie
monastique.
L'isolement du
sanctuaire,
a
violence de la
mer,
'existence 'une
longue
tradition
rémitique
taient utant
d'élé-
ments
séduisants41.
l
reste
cependant
à
expliquer
es
liens
entre
e
monastèrenormand et l'église vénitienne.
Ouverte tous les courantsde la
réforme
cclésiastique,
'église
normande vait vu affluer
es clercs
provenant
e toute a
Chrétienté,
et
Anastase n'était
pas
le seul oriental
s'y
être
arrêté.
En
effet,
u
momentmême
où
il
séjournait
u
Mont,
l'église
rouennaise ccueil-
lait un autreclerc
méditerranéen,
'ermite
iméon,
venu
du Sinai
pour
recueillir
es aumônes faites u
monastère
ainte-Catherine
ar
le
duc
de
Normandie,
Richard I. Ce
n'est
pas
ici le
lieu de raconter n
détail
l'odyssée
du
moine
grec,
qui
devait
par
la suite
terminer
es
jours
comme
reclus
la
Porta
Nigra
de
Trêves.
Notons
cependant
a
place
importante
enue
dans son
périple par
des
marchands
vénitiens en-
contrésau Caire, qui l'emmenèrent ans une croisière ragiquesur
le
Nil.
Remarquons
urtout
e rôle
essentiel
'un
célèbre
réformateur
bénédictin,Richard,
abbé de
Saint-Vanne de
Verdun,
rencontré
Antioche et
suivi
usqu'à
Jérusalem,
râce auquel
Siméon avait
pu
40. Sur les
caractéristiques
e
l'érémitisme
omualdien,
f. G.
Tabacco,
«
Romualdoi Ravenna
gli
nizi
eireremitismo
amaldolese
,
dans
'eremitismo
in Occidente
ei ecoliXI-XII
Atti
ella
econda
ettimana
nternazionale
i
studi,
La
Mendola,
0
août-6
eptembre
962),
Milan, 965,
p.
73-119.
41.
Sur
a
tradition
rémitique
es les
normandes,
f.
'articlee L.
Musset,
«
Essai
ur 'ancien
onachisme
nsulaireutour es
ôtes
u
Cotentin
tde
'Avran-
chin, dansNédélèqueries.ecueil 'articlesffertsYvesNédélecSociété 'His-toiretd'Archéologiee a Manche1994),p.351-366,uirassembleoutea biblio-
graphie
écenteur
Anastase
t
'ermitage
e
Tombelaine.n
passage
e
Y
Histoire
desLombards
e
Paul
Diacre,
elatif
ux
phénomènes
arinses
côtes e
Séquanie
et
d'AquitaineLivre
,
6),
montre
ue
a
réputation
e
la
région
vait
épassé
es
limitese la
province
e Rouen.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 78/164
UN
VÉNITIEN
U
MONT-SAINT-MICHEL
73
parvenir
Rouen42.Rien
n'indique que
le
voyage
ďAnastase
depuis
Venise
ait
connu les même
péripéties,
mais on
y
trouve
vec la
même
fonction
d'intermédiaire n
autre Bénédictin
llustre,
Guillaume de
Volpiano.
L'abbé de
Saint-Bénigne
e
Dijon, qui exerça
de
facto
l'autorité
abbatialeau
Mont-Saint-Michele 1023
usqu'à
sa
mort n
1031,
oua
sans
aucun
doute un rôle
important
ans le
départ
d'Anastase
de
sa
ville natale.
Raoul Glaber
évoque
dans sa
Vita de
Guillaume es ami-
tiés vénitiennes
e
l'abbé de
Dijon
:
le
patriarche
de
Grado,
Orso
Orseolo,
demanda
ainsi à
suivre e réformateur
ans son
monastère
soucieuxdu bien de son évêché,Guillaume ui enjoignitde rester ur
le
siège patriarcal43.
'autres Vénitiensdurent
ubir la
même
fasci-
nation. Le
chroniqueur
de
Saint-Bénigne
de
Dijon, évoquant
l'influence
uropéenne
xercée
par
son illustre
bbé,
insiste
particu-
lièrement
ur les
relations
qu'il
avait
établies avec
l'église
italienne,
et en
particulier
vec
les
ermites
e Ravenne.
C'est
sans
trop
de
sur-
prise que
nous
voyons
apparaître
dans la liste
des
religieux
ubjugués
par
l'abbé de
Dijon
un
certain
Anastase
«
Des abbés venaient n
grand
nombrede toutes
parts
pour
se soumettre
lui,
prêts
à
obéir
il
y
eut
parmi
eux Jean
de
Capoue, un autreJean,abbé du monastère aint-Apollinaire e
Ravenne, Benoît,
abbé du monastère
aint-Severde
Ravenne,
ainsi
qu'Anastase,
et
Marc,
et tant
d'autres
bbés
qu'il
serait
ong
d'énumérer.
...]
Eux-mêmes
nfin,
es
plus
saints
pères
et
doc-
teursdes
ermites,
omuald,
Guillaume t
Martin,
ue
la ville
de
Ravenne tenait n
grande
vénération,
t tous les
autres
que
ren-
ferme
'Italie,
recherchaienta
société
du
père
Guillaume44.
42. Vita
.
Symeonis
eclusi
reuir.
BHL
7963)
Acta
SanctorumJuin
,
pp.
88-89
un
exte
ouennais,
a
Translatio
tMiracula
anctae atharinae
BHL
1679
B), témoigne
u souveniraissé n Normandie
ar
iméonson
passage
Rouen
st
liéaux
origines
u
monastère
e La
Trinité-du-Mont,
uquel
iméononfiaes
reli-
quesde sainte atherine'Alexandrie,uidevaientar a suite ervir dénommer
l'emplacement
u monastère
le Mont-Sainte-Catherine.es
originesermaniques
u
premier
bbé e a
Trinité,
sembard
enere
eutonicus
suggèrent
ue
e rôle
e Richard
de
Saint-anne ans a créationu
monastère
ouennaise e
réduisit
as
à
une im-
pleprotection
ccordée Siméonors e son
voyage
ers
a Normandie.eremercie
François ougard
'avoir ttirémon ttentionur
es
textes
mportants.
43.
Rodulfi
labriVita
omniWillelmibbatiséd. N.
Bulst,
dans
Rodulfus
Glaber
pera
Oxford
edieval
exts),
xford,989,
.
296
quis
nim
mquam
lius
preter
umVeneticorum
entem
ntam mica
amiliaritate
abuit
[...]
Siquidem
rsus
illorum
atriarchapsius
ancii
atris
ecreuit
ffici
onachus,
ed
quia pse ispen-
diumllius
entisquod oret ro
tantibsentia
iri,
onsidéronslli n
uo
proposito
permanere
uasit.
44. Abbates
tiam
erplures
x diuersis
artibus
enientes
ponte
e
ipsi
ubiicie-
bant bedirearati interuos ueruntbbasJoannes,ietus apua us, lteruo-queJoannes,bbasmonasterii.Apollinarisnurbe auenna,enedictusuoquebbas
monasterii
. Seueri rbis
lassis,
nastasiustiam t Marcus t alii
abbates
lures
quos
ongum
st numerare.
...] psi
denique
ancii iri
patres
t
doctores
remita-
rum
xistentes,
ama
anctitatis
ongueateque
otificati
Romualduscilicet
Willel-
mus
c
Mārtiņus,
uos
n
magna
eneratione
abebat rbs
auenna,
eteriqueuos
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8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 80/164
UN
VÉNITIEN
U MONT-SAINT-MICHEL
75
ment
vidente,
e même
que
la circulation
'une
communauté l'autre
de clercs
déléguéspar
l'abbé de
Fécamp pour
exercer 'autorité
bba-
tiale. C'est
ainsi
que
Thierry, uparavantprieur
de
Fécamp puis
abbé
de
Jumièges,
xerça
successivementa
charge
de
custos du
Mont-Saint-
Michel,
entre
1023 et
1025,
puis
d'abbé
de
Bernay
à
partir
de
1025
6
.
La
présence
de clercs liés
au
Mont-Saint-Michelors de la
dédicace
de
l'abbaye
de
Bernay
st donc
plus que
vraisemblable.Ces
trois
émoignages,
iés
au
personnage
e Guillaumede
Volpiano,
font
de l'erranced'Anastase
tout autre chose
qu'un
parcours
gyrovague
son arrivée
en Normandie llustre
e
fonctionnement
u
réseau créé
par l'abbé de Saint-Bénigne e Dijon, qui avait fait de l'église nor-
mande
le lieu
d'application
des
projets
réformateurs
maginéspar
les
clercs taliens.
Aux
côtés
de Jean de
Ravenne,
abbé de
Fécamp
et de
Dijon,
et de
Suppo,
abbé
de Fruttuaria t du
Mont-Saint-Michel,
l'ermite
vénitien enta
d'inculquer
aux clercs normands a culture t
les
idéaux
héritésde Romuald
et de
ses
compagnons47.
Il
est donc
possible
de
dessiner,
partir
de la Vita Anastasi un
portrait
ohérent e l'ermiteAnastase.
Tout au
long
de
son
parcours,
d'autres
documents
iennent onfirmer'exactitude u texte t en
pré-
ciser
les informations. e
personnagequi apparaît
à
la
lumière
de
l'ensembledes sourcesn'a pas grandien importance.Les historiens
de la
Normandie
u
ceux de
la
controverse
ucharistique
vaient
déjà
noté sa
présence
t
son
activité,
n le
reléguant
e
plus
souventdans
leurs notes
ou annexes.
À
le suivre
dans son
cheminement,
nastase
reste
un
personnage
e second
plan, toujoursplacé
en retrait
ar rap-
port
aux
grandspersonnages
ui
l'honorèrent
e leur
amitié. Promis
par
sa naissance
t sa culture
ux
plus
hautes
charges,
l
demeura
im-
ple
moine,
et ne connut
qu'une réputation
imitée,
malgré
une mort
exemplaire,
uivie
de miracles.
Cette
modestie
même fait le
prix
de
sa
biographie.
Malgré
son
originalité,
a carrière
monastique
d'Anas-
tase
n'est
pas
couronnée de succès éclatants
son
départ
du Mont-
Saint-Michel,près e retrait e l'abbé Suppo, marque 'échec des dis-
ciples
de
Guillaume de
Volpiano
dans la
grande abbaye
normande.
Moine clunisien
xemplaire,
l
ne fut
guèreplus
heureuxdans les mis-
sions
que
lui confia
Hugues
de
Cluny
les musulmans
d'Espagne
repoussèrent
a
prédication,
a communauté e
Fredelas ne
resta
pas
dans
l'obédience
clunisienne.L'obscurité
de
l'ermite
n'est donc
pas
imméritée
il ne fut
amais
qu'un
second
rôle dans la réforme.
46. N.
Bulst,
Untersuchungen...p.
cit.,
pp.
167-176.
47. La Vita
nastasi
pporte
onc ne
onfirmation
upplémentaire
uxremar-
quesde
Daniela ando
ce
sujet
«
unfilo
ottile
are
ttraversaree sceltemonas-
tiche i unPietroOrseolo,i unGiovanniradenigodi unMorosini,epropen-
sioni
eligiose
el
patriarca
rso
la viva ffezioneelducato ei onfrontiell'abate
di
San
Benigno,
n
filo
he
iunge
ino ll'ambiente
avennate,
eso ertilea un'aris-
tocraziaello
pirito
così icco i tradizioni
remitiche,
i
esperienze
onastichein-
novate
(op.
cit.
upra
ote
8,
à la
page135).
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 81/164
76
M.
ARNOUX
Sa
présence
dans la
plupart
des combats essentiels
e son siècle
n'en
prend
que plus
de
relief
aux côtés
de Guillaume de
Volpiano
et de
Lanfranc,
l
est
de ceux
qui
font de la
province
de Rouen le
laboratoire
de
l'Église
nouvelle
il
participepar
la suite
à l'encadre-
ment
religieux
e
la
Reconquista
spagnole
t à
la
recréation
u
réseau
monastique
d'Aquitaine.
Son rôle
d'enseignant,
a contribution
u
débat
eucharistique,
e
même
que
la
dissidence
u'il
mena au
Mont-
Saint-Michel,
ux
côtés
de Robert
de
Tombelaine,
témoignent
'un
engagement
ctif dans
les débats
internes
e
l'Église,
où
il
emploie
la
culture et
les
qualités
intellectuelles
ui
lui
valent
l'admiration
d'Anselme ou d'Hugues de Semur. Moine modeste, l figuredans
l'entourage
de deux des
plus
actifs
propagateurs
de la
réforme,
t
l'abbé
de
Cluny
n'hésite
pas
à
lui confier ne mission
reçue
du
pape
Grégoire
VII.
À
sa
suite,
nous
pénétrons
donc
dans
le
groupe
mal
connu des réformateurs
e
base,
sans autorité
ni
célébrité son
par-
cours
prend
alors
toute sa
cohérence
pirituelle.
nastase en
effetne
semble
pas
avoir
poursuivi
durant
on erranced'autre idéal
que
celui
d'un
perfectionnement
ndividuelmis
au
service
de sa
communauté.
Romualdien
e formation
t de
comportement,
lunisien
ar
son
enga-
gement,
Anastase
présente
a
figure
xemplaire
des
simples
combat-
tants de l'Église grégorienne,ans lesquelsn'auraientpu s'étendre
l'Europe
entière es innovationsmisesau
point
par quelques
ascètes
dans les
cloîtres
et les
ermitages
'Italie centrale.
Annexe texte
e la
lettre e
corpore
t
sanguine
omini
Manuscrits
t éditions
P. :
Paris, BN,
ms.
lat.
2711,
p.
119-122
xiie
iècle).
Al
: éd. Luc
d'AcheryBeati
Lanfranchi
antuariensis
rchiepiscopl...
Opera
omnia
Paris,1648,
Notae t Obseruationes
d vitam . Lanfranchi
archiepiscopi, pp.21-23, ote experuetustoodiceMS. coenobiiS. Sergii
et Bacchi
Andegauensis.
A2
: éd.
C.
E. du
Boullay,
HistoriaUniversitatis
arisiensis,
.
1,
Paris,
1665,
pp.
462-463,
x MS.
coenobii
ergiani.
G.
: éd. Gabriel
erberon,
anciiAnselmi antuariensis
rchiepiscopl...
Opera
Paris,
1675,
pp.
452-453,
x Ms.
monasterii hisleniani.
M. : codexJolianus
ind. Jean
Mabillon,
AnnalesOSB t.
IV,
Paris,
1707,
p.
513.
DominoG.
1
abbati2
limkarissimo3
ilio,
nunc,
Deo
propicio,
enera-
bili
patri,
rater .4
Domini,
ui
est,
quod
habet5.
De
corpore
t
sanguine
omini
ussisti,
enerande
ater6,
t
quicquid
paruitasmea sentit,mmo7 uod credit, ostre anctitati8atefaciat. ec9
breuiter
ro
modulo
meo,
salua
fidei
puritate,
ccipiat10.
redo sacrosanc-
tum
orpus
ominicum
uod
in
altari
otidie x sacerdotisfficio
onsecra-
tur,
mni xecrata
ubitacione,
eram
ius arnem
sse,
ue
passa
est
n
cruce
et uerum
anguinemui
manauit
latere11,
t
ipsa
ueritas12estatur Caro
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 83/164
78
M.
ARNOUX
de Doctrina hristiana
,
que
in
tricesimi
erti
salmi
itulo*
redictus
ater
Augustinus
xaminando
isputât48,
entilandoque49
xaminai.
Si
diligenter
uesieris,
nuenies
rocul
ubio,
ut
dixi,
mnes oncordare
et nullatenus iscordare.
euera
ui
ab
ubertate omus50 omini nebrian-
tur,
nichilmirum
i
eadem
ánete
t51
ure
mellito
utture
ructare
lorian-
tur. Ceterum
uper
his
que
te,
pater,
ubente,
ro
mea
quantulacumque
falcultacula52
ectore leno
fiducie
ixi,
humiliter
bsecro,
non mirerisi
garrula
ristotelicorumel
Cripsippeorum
rgumenta
rutinareel ex flumine
Tulliane
loquencie
iuulum
ucere
on53
erpendis,
ed memento
uia
sim-
pliciter
ructus
arpimus
n diuine
pagine54
rtulo
uorum
adices
loriose
fixe unt
n55
elo. Vale56.
Variantes
Geraldo
Al A2
;
W. M. 2abbati m.
P.
Carissimo m.
Al
A2. 4Anastasius
Al
A2. 5Domini... abet
om. G.
6pater
m. P. 7siueG.
8sanctitati
estrae
Al
A2. 9hoc A2.
10accipiet
2. nex latere
Al
A2. 12veritas
psa
Al
A2.
13sanguinem
eum . 14Et m.
Al A2.
15ergo
.
16hujusmodi
2
G. 17aliam
om. P. 18eum
. G. 19Christi
2. 20tanta
onsecrado .
Al A2.
21rationes
A2.
22complector
. 23uiuusm. G.
^dabo A2.
25uirtuten
marg.
al. ueri-
tate G.
26figura
l.
27aliud
om P. 28Christus
m.
P.
29quique
G.
30immolationis
l
A2.
31
um P.
32uel
igura
m. G.
33spiritu
anctoA2.
34uero m.
Al A2. 35uel m.
P.
36captoque
. G.
37tantaque
lia
intelligen-
ce luce A2. 38beatus
. 39doctor
2
^de latereG. 41est m.
Al
A2.
42Gerardel A2. 43ueracissimorumm A2, ^patribus m. P. Al A2. 45in
libro om. Al.
46
Augustinus
m. P.
Al
A2.
47quinto
.
48uentilat
.
49disputando
l
A2. 50domus
m. Al. 51et
m.
A2.
52facultate
2.
53nec .
54in iuinoP. G.
55in
m.
Al. 56valete
2.
Sources
EF
:
Paschase
Radbert,
Epistola
d
Fridugardum
éd. B.
Paul,
Turn-
hout
Corpus
Christ
anorum,
ontinuatio
edievalis,
6),
1969,
p.
145-173.
de
Corp.
Paschase
Radbert,
De
corpore
t
sanguine
omini
éd.
B.
Paul,
Turnhout
Corpus
Christianorum,
ontinuatiomedievalis
16),
1969,
p.
2-131.
alo.
6,
56 Mt.
26,
26
;
Me.
14,
22. *>Lc.
2,
19.
CEF,
21-24.
dEF,
69.
eIo.
6,
51.
fEF,
60-63.
EF,
145.
hEF,
148-149.
EF,
74.
*EF,
138-139.
EF,
140-143.
mEF,
52.
nEF,
205.
°EF,
224-225.
EF,
757.
Qde
Corp.
XXII,
15.
'de
Corp.
X,
27-54.
SEF 592.
lEF,
630.
«EF,
730.
VEF,
113-114.
WEF,
1.
XEF,
670.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 84/164
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 85/164
80
C. CABY
Parmi
ces fondations
à
l'image
de
Camaldoli,
celle
de
Santa
Maria
degli
Angeli
fournit,
n raison
de
l'exceptionnelle
onservation
de la
documentation,
n observatoire
rès
pertinent
ur
la
place
et
les formes
de
l'érémitisme
ans la
congrégation
amaldule
et
sur la
pérennité
'une
image
érémitique
e l'ordre
qui
constitue
'un
des fac-
teurs
du succès
des
Angeli
dans la
Florence de la
fin
du
Moyen
Âge.
Le
modèle
érémitique
de Camaldoli
Le 7 septembre293, e poèteGuittone 'Arezzoet le prieur éné-
ral de
Camaldoli,
Don
Frediano,
signent
un
compromis
par lequel
le
poète s'engage
à
verser
00 livres
pisanes
pour
la construction 'un
ermitage
ur
le
modèle
de celui
de Camaldoli4. La convention om-
porte
un ensemble
e
clauses,
définissant
récisément
es
rapports
ntre
la
nouvelle
fondation
t
l'ermitage
omualdin à la fois
une
identité
avec
le modèle
de
Camaldoli,
une
dépendance
irecte is-à-vis
u
caput
ordinis
mais
également
ne
certaine utonomie dans la
congrégation
du fait de la
spécificité
rémitique.
'attentiondu
poète pour
l'obser-
vance
érémitique
st d'ailleurs
oulignée ar
une
clause
précisant u'en
cas
de non
respect
de cette
condition,
e nouvel
ermitage
t ses
bâti-
mentsseraientconfiésaux « Frati della Continenza 5. Soumises à
l'approbation
du
majeur
et des
ermites e
Camaldoli,
ces conditions
sont
ratifiées e
14
uin
1295
après quelques
retouches6.
La
référence
Camaldoli
et l'affiliation
irecte
l'ermitage,
nvo-
quées
lors de la
plupart
des
fondations
rémitiques
ans
la
congréga-
tion,
témoignent
e la
pérennité
u
modèle de vie
solitaire
de l'ermi-
tage
des
Apennins,plusieurs
iècles
après
sa fondation t
alors
qu'il
est
devenu la
tête d'une
vaste
congrégation
à dominante
cénobitique7.
À
l'époque
où
est
fondé
le
«
romitorio de Santa
4. Ann. amald, V,App. 95-298surGuittone'Arezzot etteondation,oir
D.
M.
Federici,
storia
e Cavalieri audenti
Venise, 787, ,
pp.
335-336t
II,
pp.
135-137C.
Margueron,
echerches
urGuittone
'Arezzo
Paris,
966,
n
part,
pp.
71-75
L.
Ragusi,
Le
origini
el
monasteroi SantaMaria
egli
ngeli
ttra-
verso
documenti
iù
ntichi
,
dans
Ambrogio
raversariamaldolese
el
VI
cente-
nario ellanascita
Camaldoli,987,
p.
30-44.
5.
ASFirenze,
ipl.Angeli,
293
ept.
voir .
Ragusi,
Le
origini
el
monas-
tero
i Santa
Maria
egliAngeli
,
loc. cit.
n
part. p.
37-41.
6.
ASFirenze,
ipl.Angeli
ad datam.
7.
Par
xemple,
Santa
Maria
i
Camaldolino
rès
e
Bologne,
ieu e réclusion
donné
l'ermitage
e Camaldolians
esdernièresécenniesu
xiie iècle
our u'y
soientdifiésn
ermitage
t un
oratoiret dont
es
supérieurs,
ocumentés
ans a
première
écennieu
xiiie
iècle ont
n certain
anson,
majeur
e
l'église,
t
un
prieur,
inôme
alqué
ur
celuide
l'ermitage
es
ApenninsReg.
Camald.
III,n°1382-1383,p. -5 n°1415,p.20-21 n°1422, .22 n°1424, .23 n°1439-40,
pp.
31-32).
ur e monastère
G.
Gentili,
L'antico
comparso
remo
i S. Maria
di Camaldoli
resso
ologna»,
trenna
torica
olognese
14,
1964,
p.
117-135
C.
Piana,
«
Monasteri
enedettini
aschili ellacittà diocesi
i
Bologna
el
medioevo
,
Ravennatensiat
X,
Cesène, 981,
p.
271-331,
n
part. p.
290-291.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 86/164
ÉRÉMITISME T
«
INURBAMENTO
81
Maria
degli Angeli,
'observance
érémitique
st
déjà
clairement
éfi-
nie
par
un
corpus
égislatif,
odification es
règles
de vie
des
premiers
ermites
e
Camaldoli,
renouvelée u
XIIIe
iècle
par
les
prieurs
Mar-
tin
II
(1248-1259)
et
Gérard
I
(1274-1291).
Comblant
l'absence
de
toute nstructioncrite e la
part
du
fondateur e
Camaldoli,
e
prieur
Rodophe
Ier
1074-1089)
enregistré
ar
écrit
'observance n
vigueur
à Camaldoli une
soixantaine
d'années
après
la mort
de
Romuald8.
Il
décrit
une
vie
érémitique lus tempérée ue
celle
prônée par
Pierre
Damien
mais,
comme
ui,
il
n'assigne
à la vie
cénobitique
u'un
rôle
préparatoire
l'entréeà
l'ermitage.
l
insiste
d'ailleurs sur le statut
ambigude la fondation-sœur e Camaldoli, Fontebuonoà quelques
kilomètres
n
contrebasde
l'ermitage,
ont
il
rappelle qu'elle
ne doit
pas
être
transformée
n
monastèremais
toujours
rester
n
hospitium.
En
1113,
orsque
e
pape
Pascal
II
reconnaît
fficiellementa
congré-
gation
de
Camaldoli,
il
souligne
a dualité de
son
observance,
à
la
fois
érémitique
t
cénobitique,
out en confirmant
a
prééminence
e
principe
es ermites t du
prieur
e
l'ermitage,
galement rieur éné-
ral
de la
congrégation9.
raisemblablement
ous le
pontificat
e Pas-
cal
II,
le
Liber
eremiîice
egule
de datation
et
d'attribution rèscon-
troversées,
écrit
avec
précision
es coutumes et
«
ordinamenti de
la vie
pratique
à
Camaldoli
(chapitres
1
à
37),
avant
de
consacrer
six chapitres chapitres 8 à 53) au prieur,choisi parmi les ermites
ou dans d'autres
communautés conditiontoutefois
u'il
ait
prati-
qué
la vie
érémitique.
La
prééminence
es ermites t de
l'ermitage
de
Camaldoli,
où les
abbés
et
prieurs
e
l'ordredoivent
e rendre ha-
que
année,
est ainsi confirmée10. la
fin
du
XIIe
iècle,
en
1188,
un
autre
prieur énéral,
Placide,
rédige
une nouvelle
version
peu
nova-
trice
-
des
constitutions11.
En
revanche,
u milieu du
XIIIe
iècle,
la
législation rémitique
est renouvelée
ar plusieurs
nitiatives
énéralices.
a
première
mane
du
prieur
Martin
II,
par
ailleurs
responsable
d'un tournant
énobiti-
que
de la
législation
amaldule,
mais
qui, pour l'usage particulier
e
San Mattia de Murano,édictédes constitutionsrémitiques. n 1243,
en
effet,
eux
ermites
e Camaldoli
reçoivent
e
l'évêque
de
Torcello
un
petit
établissement,
ocumenté
depuis
1220
et
situé
sur l'îlot de
8. Selona
tradition,
e
prieurublia
eux éries
e
constitutions,
une ite cons-
titutionsrèves
(Ann.
amald.
III,
App. 42-551)
t
'autre,
e iber eremitice
egule
dite constitutions
ongues(ibid.,
12-542).
es
Annalesamaldulesccordent
'anté-
rioritéux onstitutions
ongues1080)
uiviese
quelques
nnées
ar
esbrèves
1085).
Cette
hronologie
été nversée
epuis
e début u siècle
uis
otalementemise
n
cause
ar
W. Kurze t récemment
ar
G. Vedovato
voir
nfra
ote
0).
9.
Reg.
Camald.,
,
n°
754 P.
Kehr,
Regestaontificum
omanorum
I
:
Ita-
lia
Pontificia
III, Rome-Berlin,906,
°
6,
p.
177.
10.Ann.Camald. II,App. 12-542commentaireinéaireans . Lugano, acongregazioneamaldoleseegliremitiiMonte oronaRome,e d.,1908,p. 5-53.
Sur a datationardiveuLiber remitice
egule
voirW.
Kurze,
Monasteri
nobiltà
op.
cit. en
part. p.
253-254tG.
Vedovato,
amaldolila sua
congregazione,p.
cit.,
p.
51-58 t 77-89.
11.
Ann.Camald
, IV,
127-129.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 87/164
82
C. CABY
Murano dans
la
lagune
proche
de
Venise.
Suivant
'exemple
des
pre-
miers
occupants
formés
l'ermitage
de
Camaldoli,
les
frères e San
Mattia
adoptent
un
style
de vie
érémitique,
econnu e
29
mai 1248
par
le
prieur
énéral
Martin
II
qui
décrète
olennellement
ue
S.
Mat-
tia sera désormais
ppelé
eremuset
qu'on y
mènera
une vie
érémiti-
que
dans la
réclusion,
auf
pour
la
récitation ommune des heures
à
l'église
c'est
cetteobservance
pécifique
u'il
fixedans des consti-
tutions
usage
local12.
Quelle
que
soit la
réalité
de l'observance
ré-
mitique
San Mattia
(les
sources
du
xivc
siècle aissent
peu
de doute
sur
la dérive
cénobitique),
cette
spécificité
istingue
es
Camaldules
de San Mattia aux yeuxdes Vénitiens, our esquels ls sont es « ermi-
tes
de Murano
»,
et leur vaut
une faveur
spéciale
de la
part
des
donateurs13.
e
succès
de la fondation
es ermites e Murano et
leur
autonomie au sein de
la
congrégation
amaldule se traduit
d'ailleurs
par
une
politique
d'essaimage
selon
un modèle
cistercien e filiation.
Les ermites
e Murano fondent
u réforment
uccessivementan Mat-
teo et Santa Caterina à Forlì
(1311)14,
San Giovanni
Battista de
Chiogga
(1322)
15,
San Giovanni Battista de Faenza
(1329)
16,
San
Giovanni Battista
de
la
Giudecca,
dans les
années
133017,
an Gio-
vanni Battista de
Bagnacavallo
(1336)
18,
et
enfin,
Santa Maria ou
San
Nicolò de Pesaro
(1360)
19.
Cette
intense ctivité
fondatrice,
la-
cée sous le signede l'ermitepar excellence,Jean-Baptiste,st recon-
nue,
le
3
juin
1370,
par
le
pape
Urbain
V
qui
confirme a
juridiction
de San Mattia
di Murano sur ses
suffragants20.
e constitue insi un
12.
Cité
par
F.
Corner,
cclesiae orcellanae
ntiquis
onumentisunc tiam
primum
ditisllustratae
désormais
ccl.
Tore.),
II,
Venise, 749,
p.
95-96
Ann.
Camal.
IV,
377.
ur
e
monastère,
oirMonasterienedettiniella
aguna
eneziana
éd. G.
Mazzucco,Venise, 983,
p.
80-82.
13. Voir es estamentsnfaveur
e S. Mattia
e
heremitanis
e
Murano,
u
con-
ventum
ratrum
eremitarume Muranodes
remitae san
Mathia
e
Murandes
fratres
eremitasanciiMathie
e Murano onservésans
ASVenezia,
. Mattia
i
Murano
Pergamene
-5.Au
xve
iècle,
es
formulese raréfient
rogressivement.
14. F.Corner, ccl. Tore, Ill, doc.N, pp.136-137.n 1311,e prieure
S.
Matteo
i
Murano
ublie
es onstitutions
articulières
our
ette
ondation,
odelées
sur elles e Martin
II :
Ann.Camald
, V,
282-286.
15. Ann.Camald
, V,
320 t
App.
38-441
Monasterienedettiniella
aguna
veneziana
pp.
93-94.
16.
A
l'origine
e cet
tablissement,
e
trouve
n
rmitee
Faenza,
imon e Pla-
nettis,
ui
fait on S. Mattia
i Murano e soi
et de sa
cellule,
ite
ella ancii
Eucleriiu Dioticleriiafin
u'y
oient ondés n oratoiret un cenobium..
For-
túnio,
Historiarum
amaldulensiumibri
res
Florence,575,
.
II,
lib.
II,
cap.
7
(d'après
n
actede
uin
1329,
nregistré
S.
Mattia)
Ann.Camald
, V,
339-341.
17. Voir
ASVenezia,
.
Michelen Isola
Pergamene
3B
;
F.
Corner,
ccl.
Veneti,
pp.
281-282
Ann. amald
, V,
368-372Monasterienedettiniella
aguna
veneziana
pp.
95-96.
18.Ann.Camald, V,App. 21-522la versioneFortúnioeprisearF. Cor-ner st rès onfuset nexacteF.Corner, ccl. Tore, III, p. 100.
19.Ann.Camald
,
VI,
59
App.
XII,
508-511.
20. Ann.Camald
,
VI, 107,
App.
XIX,
522-523F.
Corner,
ccl. Tore
, III,
doc.
P,
p.
139
Lettresommunes
'Urbain
,
éd. M. Hayez
t M. H.
Laurent,X,
Rome,
983,
°
26648,
.
247.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 88/164
ÉRÉMITISME
T
«
INURBAMENTO
83
réseau,
sinon
de réelle observance
érémitique,
u
moins de stricte
observance,
ue
les sources
vénitiennesonsacrent
omme
ordo Sancii
Mathie de
Muriano de Venetiis21. e
succès de ce
modèle se mesure
également
son
rayonnement
u
delà des
Apennins.
Ainsi,
e
7
juillet
1269,
e
majeur
de
Camaldoli
reçoit
dans
l'ordre
camaldule es ermi-
tes reclus
de S. Giovanni de Gaitanis et
leurs
cellules,
conformément
à
la
Règle
de saint
Benoît et aux
constitutions
amaldules,
mais l'acte
d'agrégation
précise
que
l'établissement era
soumis
à la
juridiction
de
l'ermitage,
des
ermites,
u
prieur
et de l'ordre
«
comme le sont
le lieu et les frères rmites
e San Mattia de
Venise
»
(sicut
unt
ocus
et fratresheremite ancti Mathie de Venetiis)12.
La seconde
nitiative e
mise
à
jour
des constitutions
rémitiques
est
due au
prieur
Gérard
I
qui place
au
premier lan
de son
généralat
la
réforme
e l'observance
rémitique
fin
de conserver
'ermitage
e
Camaldoli
«
tel un chef
doré,
splendide
t
étincelant ans son
antique
observance
t
pureté
23.
À
nouveau,
dans le
quatrième
ivrede
Mori-
bus
approuvé par
le
chapitre
e
Soci
(1279),
il
faitconsacrer
n
long
chapitre
e
statu sacre eremi
Camaldulensis
ui
cherche
protéger
a
quiétude
de
l'ermitage
e
toute
ntrusion xtérieuret de toutedéviance
intérieure24.
u
xive
siècle,
d'autres mesures
égislatives
isent
pro-
téger
t
à renforcera
spécificité
e la vocation
érémitique,
mais
der-
rière es mesures pparemmentonservatricese profilenta margina-
lisation
de
l'ermitage
e
Camaldoli,
bastion de l'érémitisme
ans une
congrégation
forte ominante
énobitique,
t e
renversementes
équi-
libres nternes
e l'ordre en faveurdes cénobites25.
Santa
Maria
degli Angeli
ou l'érémitisme n ville au
jour
le
jour.
En fait si les
constitutions,
orgées
ur
l'exemple
de Camaldoli
et
convergeant
vec
d'autres
données
documentaires,
ermettent
e
saisir e
mode de vie des habitants
de
l'ermitage
es
Apennins,
rmi-
tes
aperti
ou reclusenfermés
ans leur
cellule,
l
est extrêmementif-
ficilede mesurere degréd'observancedans les autres établissements
dits
érémitiques,
eux
que signalent
es actes
capitulaires
de
1360
et
ceux,
très
nombreux
par exemple
dans les
Marches,
que
révèle nci-
demment
a documentation26.
'un
des seuls
indices d'une obser-
21. Ann.Camald
,
V,
App.
26-529.
22.
ASFirenze,
iplomatico
amaldoli
1270
uillet
.
23. L'œuvre
e
divise
n deux
arties,
a
Vita
ratrum
remitarumamaldulensis
eremidatée u
13 ctobre
278
Ann.
amald
, VI,
App. 31-240)
t esMemoralia
eremitice
ite
atés
e 1278
Ann.
amald
, VI,
App.
12-223)
voir
.
Lugano,
a
congregazione
amaldolese
egli
remitii Monte orona
op.
cit.,
pp.
54-55.
24. Ann.Camald
,
VI,
App.
41-242.
25.
Voir e
tableau
ommaire
e cettevolutionans .
Pierucci,
Da "eremo"
a "cenobio"l'evoluzionenternaiFonte vellana,dans onte vellanaella ocietà
dei ecoli
V e XVI
Fonte
vellana,980,
p.
11-29,
n
part. p.
18-19.
26. Voir a
synthèsesouventonfuse)
u mode
e
vie
des
rmitese
'ermitage
de
Camaldolilaborée
ar
J.
Cacciamani,
La
réclusion
ans 'ordre
amaldule
,
Revue
'ascétique
t de
mystique
38, 1962,
p.
137-154t 273-287.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 89/164
84
C. CABY
vanee
plus rigoureuse
ar rapport
ux cenobio de
l'ordre est la fré-
quence
des
transferts,
n
provenance
de ces
établissements,
e moi-
nes ou
de convers
qui
n'en
supportent
lus
la
rigueur27.
'ermitage
de
Santa Maria
degli Angeli
de Florence
échappe
en
partie
à ce vide
documentaire
t constitue
e ce
fait un
point
d'observation
rès
per-
tinentde
l'érémitisme
amaldule au
XIVe
iècle28.
Par
son acte
de
fondation,
a communauté e Santa Maria
degli
Angeli
est contrainte u
respect
'une
réclusion évère
ui
exclut oute
sortie
de l'enceinte u
«
romitorio
. Peu à
peu,
cette
réclusion bso-
lue est
tempérée
t le
prieurgénéral
Bonaventure
utorise
même,
en
1320, les voyages à l'ermitagede Camaldoli29.Toutefois, l'obser-
vance
érémitique
emble avoir
été
respectée
vec
rigueur
u moins
jusqu'à
la fin du
XIVe
iècle,
ce
qui, compte
tenu du site urbain de
l'établissement,
nécessita
quelques
accommodements30. e site des
Angeli
fut aissé au choix
du
prieur
de
Camaldoli,
qui
confia à un
ermite,
on
Orlando,
'achat d'un
emplacement
u d'un
bâtiment
pte
à
l'installation
'un
ermitage31.
r,
le 31
mai
1295,
Don
Orlando sti-
pule
un contrat vec Alluodo
di
ChiarissimoAlluodo
auquel
il
achète
une
parcelleplantée
de
quelques
arbres,
dotée
d'un
puits,
d'une
petite
maison
et d'une
cabane,
située
dans les
marges
urbaines
de
Florence,
dans
la
paroisse
de S.
Michele Visdomini32. ien ne
perce
des
moti-
vations du choix insolitede l'ermite, inon la place de plus en plus
importante
e Florence dans la
congrégation
amaldule et un
phéno-
mène
d'adaptation
de
l'érémitisme
la ville
qui
fait de
l'ermiteun
modèle
religieux ompatible
vec la vie urbaine33. e
premier
ot est
progressivementgrandi
n
1295
et
1296,
afin
d'y
construire
e
novum
27. Les
registres
es
ettreses
prieurs
énéraux
ournissente
fréquents
xem-
ples
e
icence
e transfertn faveure moinesu de
converse
supportantlus
a
rigueur
t
a
réclusione
leur tablissement
le plus
ouventan
Mattia).
oir
ar
exemple
ASFirenze,RS,
Appendice
amaldoli
27,
f°
324
1333)
ibid.
27,
f°
342
(1332)
ibid., 9,
f°
79r°
1341)
ibid.
29,
f°
115v°-116r°
1343),
bid., 5,
f°
2r°
(1365)
ibid.,
5,
f°
9v°-10r°
1365).
28. La plupartes ourcesoncernant.Maria egli ngeliont onservéesux
archives'état e Florence
CRS,
86
et
Diplomatico
. Maria
egli
ngeli.
oir n
particulier
es
deux
ivrese mémoiresu monastère
ommencésu
xive
t
poursuivis
au
xve
iècle
CRS
86,
n° 95
et
96).
29. Ann.
Camald.,
,
312.
30. Le
métropolite
sidore,
acontant
on
éjour
Florence
our
e Concile e
1439,
crit
ncore
ue
esmoineses
Angeli
e ortent
amais,
mais e
fait
u'il joute
qu'aucun
aïcne es
pprocheinformation
ontredite
ar
a
plupart
es utresour-
ces)
nvite la
prudencePeregrinanoetropolitae
sidoři
d Concilium
lorentinům,
éd. L.
Krajcar,
Acta
lavica
oncila
lorentini,ome,
976,
p.
3-46,
n
part. .
28.
En
1431
ncore,
mbrogio
raversariésiste
ongtemps
ux
njonctions
u
pape
ui
ordonnante brisera clôture
our
e rendreu
chapitre
énéral
e Bertinoro
ui
l'élit
rieurénéral
A.
Traversari,
odoeporicon,
raduction
taliennee V.
Tam-
burini, lorence,985, .23.31.Ann.Camald, V,App. 00-301ASFirenze,ipl.Angeliad datam.
32. G.
Pampaloni,
irenze
l
tempo
i
Dante,Rome, 973,
p.
87-90.
33. G.
Casagrande,
Vita
eligiosa
emminile
n
talia entrale
,
dans
remi-
tismo el
rancescanesimo
edievale
Assise, 991,
p.
51-94,
ui
fournitne bon-
dante
ibliographie.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 90/164
ÉRÉMITISME
T
«
INURBAMENTO
85
locum
eremitichum
eremi Camaldulensisu
Comme le
rappelle
le
livrede
«
ricordanze
du
monastère,
outes es
parcelles
urent
nclo-
ses,
constituante
noyau
initialde la clôture
monastique,
ncore
très
réduit
par rapport
l'extension
u
monastère
l'époque
de
la rédac-
tion du
livre
1402)35.
En même
temps,
es ermites
èglent
es
pro-
blèmes
de
voisinage
concernant es murset les
fenêtres nvironnantes
ouvrant ur
leurs cloîtres36.
n
somme,
e
premier
éflexe
des frères
s installant
dans
une zone
récemment
ntégrée
ans la
terza
cerchia
florentine,
one de
peuplement
ncore
assez lâche mais
en
cours de
densification,
st
de
protéger
eur intimité
ar
la
constitution 'un
espace entièrementontrôlépar eux, entouréde murset d'un vaste
îlot
de verdure37. olontairement
égagés
sur des
parcelles
dont
on
supprime
oute
construction,
es
jardins
et
ces
vergers en
particulier
d'orangers)
contribuent
l'aménagement
n
ville d'un
espace
boisé
et
isolé,
reconstituant
e désert traditionnel es ermites38.
34.
ASFirenze,
ipl.Angeli
ad datam
3 documents)
G.
Pampaloni,
irenze
l
tempo
i Dante
pp.
90-92
Ann.Camaid.
V,
211.
35.
ASFirenze,
RS
86,
96,
f° 12r°-v°
«
Di
tutte
ueste eze
di
terra dorto
e
casefeciono
na
hiusura,
a uno ato rano
li
Alfani,
ioè ome
ggi
ira
l
muro
di sotto e volte
viene
er
esta
er
a barbiera
per ospitio
passava er
mezo
il pratelloelchiostrottraversonfinol muro he oggi ra a capella i sanctoBenedectola sagrestia,IIo orto isanctaMariaNuova, IIIo sopradettiinzo-
cheri
il s'agit
e maisonsnsuitechetées
ar
e monastèree Settimo'où
e
nom
de
Settimoonné
cette
one],
1111°
ia.
36.
En
1307,
e
prieur
on Romualdoonclutn accord t fraBartolomeo
i
Ugo
ldebrandini,
rèreu Tiers-Ordreranciscain
tmansionariusratoriiovellioci
de
Cafaggiuolo,
propos
'unmur
ntree
ardin
e SantaMaria
egliAngeli
t
le terrain
e
Y
ratorio
uovo e
Cafaggiolo
ASFirenze,ipl.
Angeli,
306 év.
0)
en
1322,
ccord
vec es
représentants
e
P
bbaye
isterciennee
Settimo,
ouveaux
propriétaires
es errains
ccupés
uparavant
ar
es
ertiaires,
ur
'ouverturee
qua-
tre enêtres
ans n
mur
on
ommun,
n lévationu-dessus'unmur
mitoyen
'envi-
ron
,70
m
de haut. ettimo
'engage
mureresfenêtresla demandee SantaMaria
degli ngeli
t à ne
pas percer
'autresuvertures
ans e mur
egardant
e
ardin
desCamaldules
ibid.,
322
uin
)
en
1360,
ccordvecBindo elfu
Lapo
Benini,
sonvoisin,'autorisantappuyerubois u des onstructionsontree muréparant
sa
propriété
e celle u
monastère,
e
ong
e a viadel
Castellaccio,
ans e
respect
de a
propriété
xclusiveu monastèreur
e
mur
ibid.,
359
anv.
2)
le 3 octobre
1368,
ccord
vec ra
Guido elfu
Báldese,
ospitalaríus
e S. Maria
uova,
ui
uto-
rise es
Camaldules
reconstruire,
leurs
rais,
nvieuxmur
ppartenantl'hôpital
et
séparant
on
ardin
e celui es
Camaldules,
condition
ue
a
propriété
u mur
reste
l'hôpital
ibid.,
368
ct.
).
37. La
politique
'acquisition
es errainsoisinse
poursuit
ans es nnées
330,
aidée
ar
esdonations
t es oblationsvoir
ASFirenze,
ipl.Angeli
1330 vr.
;
1331 ov.
1331
anv.
4
1331 év.
7 1331
uin
7. Elle
ontinue
un
rythme
moins
ffréné
ans a secondemoitié u
xive
iècle voir
ASFirenze,
RS
86, 96,
f°3r°-14r°t
ASFirenze,
ipl.Angeli
1358
uillet
3 1368
ept.
5. Le catasto e
1427
ffre
ne
hotographie
rès
arlante
e 'îlot amalduleonstitué
ar
es rmites
desAngelivoirASFirenze,atasto 85, °116r°-120v°).3». aur1 menagementes ardins,oirAbrirenze,ipt.Angeliîjuo rev.u
1322
uin
1368
ctobre
ibid.,
RS
86, 96,
f°
13v°
diffacemmogni
osa e
facemmo
rto).
es
ardins
es
Angelipparaissent
rès lairementur a
vignette
e
SantaMaria
egli ngeli
ans e codex ustici
Florence,
ibliotecaeminariorci-
vescovile,
°
17v°,
f.
Fig.1).
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 91/164
86
C. CABY
Fig.1 - Santa MariadegliAngeliFlorence).
Florence,
iblioteca el Seminariorcivescoville
Codex
Rustici,
°
17v°.
Outre ces
précautions
rchitecturales,
'organisation
e la
commu-
nauté est subordonnée
u
respect
de la
règle
de réclusion otale.
Les
frères
e
pouvant
entrer n contact vec
l'extérieur,
es
convers,
om-
mis ou
familiers,
niques
médiateurs vec le
monde,
sont très nom-
breux et
chargés
de
lourdes
responsabilités39.
En
fait,
au
quotidien,
a vie des ermites es
Angeli
ne se
distin-
gue
de
celle des
cénobitesde la
congrégation ue par
certaines
habi-
tudes spécifiques, ommel'usage de dortoirsdivisés en cellules ndi-viduelles,et surtoutpar une
conception
très austère des
règles
de
l'observance.
Lorsque,
en
1406,
à une date où
la réclusiondes
pre-
miers
emps
été
rompue,
es visiteurs e l'ordre
nterrogent
es moi-
nes,
il
s'en trouvedeux
pour
dénoncer
et
amollissement t en
parti-
culier a
prolifération
u
patrimoinemonastique,
ontraire,
elon
eux,
à la coutume des
origines
qui
était
de
vivre
d'aumônes40.
Ermitage
39. Enfévrier
406,
esvisiteurse 'ordrerouventS.
Maria
egli
ngeli
eFlo-
rence
9moinest13 onvers
ASFirenze,
R
,
Appendice
ama
doli, 0,
°
79r°-90r°)
en
1420,
'autres isiteurs
omptent
S. Mattia
moines, novices,
2
onverst
4
salariés
ibid.,
°
160v°-164v°)
et n
1481,
e
général
ietro
olfin
ompte
2
moines,
3 novicest9 laïcs ssociés des itresivers San Mattiaibid., °31Or-fin).
40.
ASFirenze,
RS,
Appendice
amaldoli
90,
°
80v°
t
84r°
quod
i
fieriotest
possessiones
endanturo
quod
e moremonasteriion st
ossessiones
abere
edde
elemosinis
ivere.
;
ou encore
quod
veliet
agismplectariaupertatemuam aciat
et
quod
non
n
tantumillatet
t n
possessionibus
t
bonis
mfmjobiliaribus
um on
sitde moremonasterii...
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 92/164
ÉRÉMITISME T
«
INURBAMENTO
87
sur le
modèle de Camaldoli
ou,
plutôt,
monastèrede stricte bser-
vance,
S. Maria
degli
Angeli inaugure
une formule
originale
dont
témoigne
a
terminologie
e
désignant
t
qui passe
indifféremmente
monasterium
heremitorium
pour
préférer
e
plus
souvent
monaste-
rium heremitarum41
Paradoxalement,
out en
protégeant
eur
solitude,
es
ermites es
Angeli développent
es
rapports
troits
vec la
ville et sa
population,
au
point
qu'on peut reprendre
leur
égard
a
formule
utilisée
par
Anna
Benvenuti
propos
de certaines
pinzochere
toscanes
-
de
«
réclusion
ouverte
42.
Ce choix
s'exprime
dès
les
premières
tapes
de la constructionu monastère ar l'aménagement 'une « chiesetta
di fuori
,
sorte
d'avant-corps
de
l'église
monastique
réservé aux
femmes43.
es ermites
des
Angeli
s'attirent
apidement
a bienveil-
lance des
Florentins celle
des familles
populaires
des
paroisses
de San
Michele
Visdomini,
San Lorenzo
et
San Felice et
celle de la
commune
de
Florence,
protectrice
e
la
première
eure,
qui,
à
partir
du dernier iers
du
XIVe
iècle,
manifeste a confiance aux
frères n
les
chargeant
de
certaines
opérations
fiscales,
du
dépouillement
es
élections
et
peut-être
e la
protection
es
registres
ommunaux44.
En
outre,
es moines
sont
en contact
permanent
vec
des
grou-
pes
de dévots sur
lesquels
ils
exercent,
des
degrés
divers,
une sorte
de magistère pirituel.Les groupes es mieuxdocumentés ont ceux
que
mentionnent
es Vies de deux
bienheureux,
e
conversfra
Silves-
tro et sa
fille
spirituelle
aola,
rédigées
à
la
fin
du XIVe
iècle
par
un moine des
Angeli,
Zanobi Tantini.
En
effet,
elon cette tradition
hagiographique,
ilvestro,
ncien fraticelle es
collines
florentines
on-
verti l'érémitismenstitutionneln
tant
que
convers,
t
Paola,
fille
d'artisans
de la laine devenue
«
pinzochera
dans
la
petite
commu-
nauté
fémininede S.
Margherita
réée
à
son initiative n
face de
l'ermitage
amaldule, deviennent,
râce
à leurs dons de
prophétie
t
d'omniscience,
e véritables irecteurs
pirituels our
la
communauté
religieuse, our
les femmes
réquentant
. Maria
degli Angeli
et
pourdes cerclesde dévots.Ainsi, aux Cisterciens e Settimo,au cénacle
religieux
réuni
à San
Gaggio
par
Tommaso Corsini et aux
frères
Simone
da Cascia et
Jacopo
Passavanti,
Silvestro,
bien
qu9
l it
era-
tus
explique
es
mystères
ivins,
es
Écritures t le
moyen
d'atteindre
la vraie
vie
spirituelle45.
41. Avec
a
correspondanceour
es
frères,
its antôt onaci
tantôt eremite
tantôtes
deux.
42. A.
Benvenuti
api,
In
Castro oenitentiae.
Santità
società
emminile
nell'Italia
edievale
Rome, 990,
.
340.Les
«
pinzochere
sont
ssimilablesux er-
tiaires éminineses différentsrdresu
aux
«
sœurs e la
pénitence
.
43.
ASFirenze,
RS
86,
96,
f°
12v°
«
La chiesetta
i
fuori
i
principio
llora
perchende i potesse arlareuando osse ecessitaondonne.44. R. C.Trexler, Honormonghieves. heTrust unctiont theUrban
Clergy
n the lorentine
epublic
,
dans
ssays resented
o
Myron
.
G
l
more,
d.
S.
Bertelli
t
G.
Ramakus,lorence,978, I,
pp.
317-334,
n
part.
p.
322-323.
45. Editiones Vies
ar
C.
Stolfi,
eggende
i
alcuni anti Beati
enerati
n
S. Maria
egli ngeli
i
Firenze
Scelta
i
curiositàetterarienedite rare al
secolo
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 93/164
88
C. CABY
À
partir
de l'élection comme
prieur
du
Florentin
Filippo
Nelli
en
1322,
cette
ouverture st
accélérée
par
une
intense ctivité rtisti-
que puis
intellectuelle,
ui
fait du
monastère n lieu de
référence e
la culture
florentine la
fin
du
xive
siècle
et
dans la
première
moi-
tié du
XVe
iècle.
À
partir
des
années
1370,
le
scriptorium
e met à
produire systématiquement
our
l'extérieur,
profitant
de
l'énorme
capacité
de commandede
la ville de
Florence,
et
il
exerce,
usqu'aux
années
1440,
une domination
presque
absolue sur le marchédu
livre
liturgique
florentin46.
r,
si l'activité
des enlumineurs e déroule
principalement
ans
l'enceinte u
monastère,
on
développement
une
échelle commerciale mène certains rtistes rompre a traditionnelle
réclusion
des
Angeli,
momentanément u
pour
une
plus longue
période.
Le
peintre
Lorenzo Monaco
exerce
ainsi
presque
toute
son
activitéhors de
la
clôture47.
Dans
la lancée de cette ctivité
'écriture
t
d'enluminure,
anta
Maria
degli Angeli
devient,
ous
l'impulsion
décisive
du
prieur
Mat-
teo
Guidone,
un
centre ntellectuel
e
référence,
ultivant 'étude
des
textes
acrés,
en
particulier
es Pères
antiques,
et,
grâce
à la
présence
d'Ambrogio
Traversari,
uvertaux
innovationsde
l'humanisme. Le
monastère ccueille
alors dans ses
murs es lettrés
es
plus
en
vogue
à
Florence selon
le
libraire
Vespasiano
da
Bisticci,
parmi
les hom-
mes dignesde Florence,rares étaient ceux qui ne fréquentaient as
Ambrogio48.
Érémitisme
t
réforme
ans l'ordre
camaldule au XVe iècle
Mais le succès de Santa Maria
degli Angeli
ne tient
pas
seule-
ment
à son
rayonnement
ulturel.Le
monastère
ncarneun idéal de
solitude diffusé
partir
du
xive
siècle
par
les milieux
ettrés,
n liai-
son avec
les
réflexions ur les valeurs
respectives
e la vie
active et
de la vie contemplative,déal dont 'expression riomphe ans les dis-
cussions
de l'Académie florentine éunie
Camaldoli et
que
rapporte
XIII
al
XVIII,
.
52-53),
ologne,
864 C.
Caby,
La
saintetééminine
amaldule
au
Moyen
ge
autour e la b. Gherardescae Pise
,
Hagiographica
1
(1994),
pp.
235-269.
46. VoirG.
Farulli,
storia...
egli ngioli
i
Firenze
Lucques,
710,
p.
6-11
M.
G. Ciardi
Dupré al
Poggetto,
ntroduction
Codici
iturgici
iniatieiBene-
dettinin Toscana
Florence,982,
p.
15-30 t
a
bibliographie
itée ans
Ambrogio
Traversari,
n
monaco un monasteroell'umanesimo
iorentino
éd. S.
Frigerio,
Camaldoli,
988.
47.Voir a monographieeM.Eisenberg,orenzo onacoPrinceton,989.48. Vespasianoa Bisticci, ite iuominillustriel ecolo V,éd.A.Greco,
Florence,970,
.
451 sur
Ambrogio
raversari
t e cénacle umanistees
Angeli,
je
renvoie
l'ouvrage
ité ote 6et uxderniers
olloques
Ambrogio
raversari
amal-
dolese el VI centenario
ellanascita
1386-1986,amaldoli,
987 t
Ambrogio
ra-
versariel
VI
centenarioellanascitaéd. G. C.
Garfagnini,lorence,
988.
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ÉRÉMITISME T
«
INURBAMENTO
89
Cristoforo
Landino
dans les
Dissertationes
Camaldulenses49 Ce
mythe
humaniste
e
la vie
solitaire,
dont
certains
spects
recoupent
une faveur
populaire
ndéniable
pour
les
formes ustères
t
solitaires
de vie
religieuse,
st
une
des
composantes
de
l'attachement e Coluc-
cio Salutati au monastère
de Santa Maria
degli Angeli50.
Arrêtons-
nous ici sur un seul
témoignage
e la faveur e Salutati
pour
les ermi-
tes des
Angeli,qui
résume,
vec
éloquence,
e
paradoxe
de la vie soli-
taire en
ville. Dans une lettre
du
17
uin
1381,
la
commune
de
Flo-
rence
crit,
par
la
plume
de
son
chancelier,
u cardinal
Tommaso
Fri-
gnani,
visiteur
postolique
de l'ordre
camaldule,
pour
lui recomman-
der le monastère lorentin. 'est le prétexte un hommage ans par-
tage
de ces
ermites,
ui quittèrent
e désertdes
Apenninspour
vivre
la
solitude
au milieu des hommes51
Nous avons
dans notreville
un
monastère e l'ordrecamal-
dule, vénérable,
elon
nous,
par
la vertu
des
frères,
t
qui
est
couramment
ppelé
monastère
es ermites es
Anges.
Et ceux-
ci,
loin de
pouvoir
tre
omparés, euvent
tre ans conteste
ré-
férés
aux
ermites
du même ordre
que protège
lih
ermitage
entouré
e
hêtres u sommet
es monts
des
Apennins,
mais aussi
aux anachorètes
que
l'amertumede la
pénitence, 'application
à la contemplationu l'amour du règnecélestedispersent ans
les vastes
olitudes.
n
effet,
uel
effort a-t-il
près
s'êtreretiré
dans les
déserts,
ù ne
se
trouvent
i
hommes
ni
même
traces
d'hommes,
à vivre sans la
compagnie
des mortels
En
revan-
che,
les
nôtres,
es admirables rmites
ivant u
cœur d'une ville
des
plus peuplées,
une fois entrés
ans
ces murs rès
acrés,
res-
pectent
ce
point
la clôture
que depuis déjà presque
un
siècle
aucun d'eux n'en a franchi es
portespour
en sortir.
En
outre,
vivantdans la
plus
grande
ustérité estimentaire
t
dans l'abs-
tinence e toute
nourriture
arnée,
ls subsistent
râce
aux
aumô-
nes
de
chaque jour,
ils
fabriquent
ux-mêmes eurs
tissus,
ils
cultiventeurs ardins, et, sans cesse, soit ils sont plongés en
prière,
soit,
pour
surmonter
a
fragilité
e la chair et ne
pas
49. Dans 'abondante
ibliographie
ur e
sujet,e
ne citerai
ue
A.M.
Voci,
Petrarcala Vita
eligiosa
il
mito manistaella ita remitica
Rome,
983 t
récem-
ment,
. O.
Kristeller,
Teorie
manistiche
ella ita ttiva della ita
ontempla-
tiva
,
dans
io
I
e la
cultura
el
uo
tempo
éd. L. Rotondi
ecchi
arugi,Milan,
1991,
p.
13-27.
50. Sur es
rapports
ntre oluccio
alutati
t SantaMana
degi
Angeli,
oir
B.
Ignesti,
Coluccio alutati
i
Camaldolesi
,
dans
Ambrogio
raversariamal-
dolese
op.
cit.,
amaldoli,987,
p.
55-88
t
G.
Spinelli,
Monachesimo
società
traXIVeXV ecolo ell'ambienteiAmbrogioraversari, dansAmbrogioraver-sari, p cit. Florence,988, p.49-68.
51.
G.
Pistoni,
Un
modenesemico elPetrarca.
l
card.
ommaso
rignani,
con etteranedita
i Coluccioalutati
,
Atti
Memorieell'Accademiai
Scienze
LettereArti
i
Modena
XII
1954), p.
82-96,
ditione a
lettre
p.
94-96,
n
part,
pp.
94-95
our
'extraitité t traduit.
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Médiévales
8,
printemps
995,
p.
93-112
Lucie GERNEZ
RELIQUES ET IMAGES DE SAINT GALGANO À SIENNE
(XIIIe-XVe SIÈCLE)
Le nom de
«
San
Galgano
»
évoque aujourd'hui
une
abbatiale cis-
tercienne
chouée ux
portes
e la
Maremme,
une
trentaine e kilomè-
tres u sud-ouest
e Sienne.
L'atmosphère
omantique
u
lieu a
inspiré
nombre
'artistes
t,
récemment,
e
cinéaste ndrei
arkovsky
emprunté
le cadre de
l'édifice
pour
poser
en
son
centre a
dernière
mage
de
son
filmNostalghia1 Depuis quelques années les bâtiments e l'abbaye2
accueillent 'anciens
drogués
la
sortie
e leur
cure
de
désintoxication.
La nef est
amarrée au
pied
d'une
colline,
le mont
Siepi3
dans
une
plaine
cernée
de
bois.
Sur le
mont
Siepi,
une
chapelle
ronde
abrite
une
épée plantée
dans
la
roche.
L'épée,
de
facture
écente,
st
a
repro-
duction
de celle de saint
Galgano.
L'ermite
du mont
Siepi
Galgano
Guidotti taitné
en
1
148 à
Chiusdino,
n
«
castello
»
situé
à quelques kilomètres u montSiepi, dans une famillede chevaliers4.
1. Andrei
arkovsky,
ostalghia
1983.
Andrei
arkovsky
aconte
voir oulu
faire n
film
ur n
Russe, ortchakov,
n
ong oyage
'étudesn talie. e
cinéaste
écrit ans
esmémoires
«
L'Italie
ue
Gortchakov
erçoit
u momente
son
ragi-
que
conflitvec a réalité...'étale evantui en ruines
ajestueuses,
ui
semblent
comme
urgies
u néant
,
dansAndrei
arkovsky,
e
temps
cellé
Paris,
ditions
de
l'
Étoile/Cahiers
u
cinéma,989,
.
190.
2. Antonio
anestrelli,
abbazia
i
San
Galgano. onografia
torico-artistica
condocumenti
nediti
numerose
llustrazioni
Florence,
ratellilinari
ditori,896,
rééd.
istoia,
ellini
ditore,
989. côté e
'église
bbatialeuverte
tous
es
vents,
ont ubsisté
lusieurs
arties
u
couvent.
3. Le mont
iepi, ujourd'hui
it
Poggio
ella
Cappella
,
culmine
une
lti-
tude e 345m la chapellest l'altitudee338m carteGM 1/2500Chiusdino).4. Franco ardini,eggendai SantoGalgano onfessoreSienne,982,
.
30.
Dans 'introductionl'éditionu
manuscrit,
'auteur
ignale,
ans a
marge
u
manuscrit
(f°
117v°),
ndessin e CelsoCittadini
eproduisant
es rmes
e a familleuidotti.
Franco ardiniesdécritinsi
«
campo
'oro lla
banda
i
rosso .
Cesarmesra-
duisentne
ppartenancehevaleresque.
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94
L. GERNEZ
Il
est
venu
planter
dans le
roc son
épée
pour
en
faireune
croix,
choi-
sissantainsi le mont
Siepi pour y
menerune
vie
érémitique ndépen-
dante,
sans se rallier
à un ordre
religieux.
l
meurt en
ce
lieu en
décembre 1181.
L'évêque
Ugo
de
Volterra,
'empresse
lors de
demander
u
pape
l'ouverture 'une
enquête5, our préparer
a
canonisation
e
l'ermite,
dont la
fama
était
déjà largement épandue
dans la
région.
Dès
1185,
trois
prélats
ont
dépêchés ar
la curie
papale.
Parmi
es
vingt
émoins,
paraît
Dionigia,
la mère de
Galgano.
Elle
raconte
a vie de
son
fils
unique,
en
insistant ur sa conversion.
Galgano
lui avait
rapporté
es
apparitions uccessivesde saint Michel l'archangeavait incité Gal-
gano
à
se faire
chevalier,
puis
l'avait
conduit
sur le
mont
Siepi,
là
où le
jeune
homme ficha
son
épée qui prit
figure
de
croix,
puis
il
renonça
u
monde
pour
vivre
une vie
érémitique
ans
le
désert
ylves-
tre
de la Maremme
oscane.
À
un
moment,
l
prit
conseil
auprès
des
disciples
de Guillaume
de
Maleval,
implantés
u
sud
de la
Maremme.
Puis,
il
partit
n
pèlerinage our
Rome.
Il
rendit
isite u
pape, peut-
être
pour
lui
demander
'autorisationde
fonderun
ordre
érémitique.
En
retournant u mont
Siepi,
Galgano
trouva
son
ermitage
accagé.
Avec
l'aide des
compagnons qui
l'avaient
rejoint,
l
construisit
ne
chapelle
ronde
où
il
replanta
son
épée.Selon AndréVauchez6, es témoignages ecueillis our démontrer
la sainteté
de
Galgano
constituente
premier
rocès
de
canonisation
conservé.
Toutefois,
rien ne
prouve
que l'enquête
ait
débouché sur
une
canonisation
ffective. e textea
été
rapporté
par
l'érudit
sien-
nois
Sigismondo
izio
dans ses Historiae
enenses
b initiourbisSena-
rum
usque
ad annum
15281.
Il
est
conservé la
Bibliothèque
Com-
munale de
Sienne.
En
1220,
Roland de
Pise,
moine
cistercien,
édige
ne
Vitade
saint
Galgano,
directement
nspirée
es
témoignages
e
l'enquête.
Puis la
fin
du
XIIIe
et surtout e
xive
siècle voient
la
multiplication
es
«
leg-
gende
».
Ces
textes
n
latin ou en
languevulgaire ont 'œuvre de reli-gieuxflorentinsu siennois,vallombrosans u augustins.L'originede
leurs
auteursconfirme e caractère
oscan du
culte de
saint
Galgano.
Après
Franco Cardini8
qui
a édité a
Vita
augustinienne
n
lan-
gue
vulgaire,Eugenio
Susi9 a édité la
Vita
cistercienne n latin.
Les
5. Le
texte e
'enquête
été
publié ar
Fedor
chneider,
Der
Einsiedleral-
gan
von
Chiusdinonddie
Anfänge
on .
Galgan
,
Quellen
nd
orschungen
us
italianischen
rchivennd
ibliotheken
XVIII,
914-24,
p.
71-77,
ans
esnotesui-
vantes,
brégé
Procès.
6.
André
auchez,
a saintetén
Occidentux
derniers
iècles u
Moyen
ge
d'après
es
rocès
e
canonisation
t es
extes
agiographiques
Rome, 988,
p.
41-42.
7. BibliothèqueommunaleeSienne,. III. 6-13 textedité arFedor chnei-der,Procès.
8. Franco
ardini,
p.
cit.y
p.
101-111.
9.
Eugenio
usi,
L'eremita
ortese.an
Galgano
ra
mito
storia
ell'agiogra-
fia
toscana elXII
secolo,
polète,
entro
talianoi
Studi ull'Alto
edioevo,
993.
pp.
185-213. u début
e son
ouvrage,
usi
épertorie
es
différentes
ourcescrites.
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RELIQUES
T IMAGES
DE
SAINTGALGANO
SIENNE 95
travaux
des
deux
auteurs
ont révélé es liaisons
de la
légende
de saint
Galgano
avec
la tradition
ourtoise
de
la littérature
hevaleresque
0
et avec
la tradition
folklorique11.
À
la
mortde
Galgano,
le
lieu de son
ermitage
st devenuun
pôle
sensible
de la
piété
populaire
ocale
;
les
guérisons,
es libérations e
prisonniers
2
réalisées
par
Termite,
ssociées
à son mode de
vie,
ont
concouru
à la
réputation
es lieux et assuré
la
fama
locale.
Bientôt,
les
compagnons
de
Galgano
se
dispersent
n
Toscane13,
l'exception
de trois
disciples
qui
se
joignent
aux
Cisterciens,
enus
fonder,
au
pied
du
mont,
un
monastère.
chevée n
1224,
'abbaye prend
e relais
de l'ermitage t s'intitule an Galgano. Le lieu, entre Chiusdino et
Monticiano,
est
en
position
frontière
ntre es terres
de la commune
de
Sienne
et celles
de
l'évêque
ou de la
commune de Volterra.
En
matière
cclésiastique,
l
relève
de
Volterra,
u
politique,
de Sienne14.
Le monastère
ui
investite lieu va tisser
es liens serrés
vec la
com-
mune de
Sienne15 'est-à-dire
a
puissance
montante,
t
jouer
un rôle
économique,
dministratif
t
religieux
roissant.Dans
le même
temps
les
ermitages
e
multiplient
ans la Toscane
méridionale16.
Dans
ce
contexte,
u culte
rural t
populaire
des
reliqües
du saint
ermite,
va
peu
à
peu
se
juxtaposer
'élaboration d'un
spectaculaire
10. Lesexemplesont ombreux,ous ncitonsn le nommême eGalgano,
Galvanus
n
atin,
e
rapproche
ingulièrement
u nom e Gau
ain.
Dans
es
textes
ils ont ous
eux
londst
eunes
t es
parents
e
Galganoppartiennent
la che-
valerie
u
«
castello
de Chiusdino.
'aspect
ourtois
e la
légende
e
Galgano
st
surtout
is nvaleur
ans estextes
ardifs,
ar xemple
ans
'épisode
e a fiancée
Polissenae
Ci itella
ui
vient endreisite
Galgano
ur
e lieude son
ermitage.
Cette
cène st
iselée
ur
e
reliquaire
e a tête e
san
Galgano
Fig.
)
puis eprise
sur
ne
ablettee
bois
peinte
ar
Andrea
i Bartolo.
n
abordant
e
reliquaire
ous
évoquerons
et
pisode
e la
légende
e saint
Galgano ui
n'est
apporté,
ans es
textesonservés
t
répertoriés,
u'à partir
u
xvie
iècle,
f.
Gregorio
ombardelli,
Vita
el
gloriosissimo
.
Galgano
enese a
Chiusdino
Sienne,
d. Luca
Bonetti,
577.
11.
Quelques
xemples
la
présence
u cheval e
Galgano, ui, pour
Hubert
Damisch,
st
'instrumente
sa
conversion
Séminaire
ur
a
conversion,HESS, aris,
1989) les roisunitionsnfligéesuxmoinesuiviennentaccager'ermitagel'eau,
la foudre
t e
oup.
Le
loup ppartient
u
folkloreural t
ylvestre
t
l
est
ouvent
présent
ans es
récits
agiographiques
t les récits
opulaires,
f. G.
Ortalli,
«
Natura,
toria
mitografía
el
upo
nel
Medioevo
,
La cultura
XI,
dèe. 1973.
pp.
19-20.
12. Lesdifférents
émoins
u
Procès,
utre
ionigia,
ont es
miraculésils ont
tous oscans.
13. Selon
Benigno
an
Luijk,
Gli
eremiti
erinel
Dugento
on
particolare
riguardo
l territorio
isano
toscano.
riginisviluppo
d unione
BibliotecaelBol-
lettinotorico
isano,
ollana
torica,, Pise,
1968.
14.
Cf. Odile
Redon,
Uomini comunità
el contado enese el
Duecentoy
Sienne,
982,
ad.
L'espace
'une ité.
ienne
t e
pays
iennois
xiw-xrviècle),
Rome,
994.
15. Particulièrementntre 215 t 1320 ommea montréauraNeri, Abba-ziadi SanGalgano Siena1181-1320).eruna toria eirapportira Cistercenci
e
la
città
«
Tesi
di aurea
dactylographiée,
niversità
egli
tudi
i
Siena,
acoltà
di lettere
filosofia,
991-1992.
16.
Lecceto
gli
remi
gostiniani
n
terra
i
Siena,
Monte eiPaschi i
Siena,
Sienne,
990.
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96
L. GERNEZ
Fig.
1
-
Reliquaire
e la têtede saint
Galgano,
Sienne,
Museo
dell'Opera
el Duomo
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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98
L. GERNEZ
tourelles
deux
étages
où
sont installésdes
anges.
Les
plaquettes
de
l'étage
inférieur,
hacune cadrée
dans
une
baie
gothique
rilobée,
ré-
sentent
es morceaux
hoisisde
la vie de
saint
Galgano que
nous étu-
dierons
plus
loin.
Entre
'étage
inférieur t
l'étage
médian des
demi-
plaquettes
présentent,
ans des
fenêtres
rilobées,
lternativemente
buste
de la
Vierge
u celui
du
Christ,
lanqué
du
buste
de deux
anges.
À
l'étage
médian,
derrière
es tablettes e verre
ransparent,
es édi-
cules
en
baie
gothique
accueillent
des
plaquettes
amovibles,
ciselées
de fenêtres
éminées.
Chaque
fenêtre
résente
eux
portraits
n
pied.
Seize
personnages
ont ainsi
ciselés en ronde bosse
;
on trouve
saint
Paul20, saint Pierre,deux saintes femmes t des saints apôtres. À
l'étage supérieur,
e
cycle
présente
e
parcours
de
l'âme
de l'ermite
après
sa mort.
Galgano y
est
présenté
uivi
par
des moines en habit
cistercien.
ette
fois
les différentescènes s'inscrivent ans des
fenê-
tres
trilobées.Les
plaques
du toit
qui
fermente
reliquaire
ont cou-
vertesd'ornements
n
filigrane
vec deux
séries de
plaquettes
trilo-
bées
présentant
es
têtes
d'ange
en émaux
champlevés
ui rappellent
les
miniatures
e Pietro
Lorenzetti.
Au
sommet
du
reliquaire
n
petit
temple
st
posé
sur
un nœud
plat
décoré de
filigranes,
l
est soutenu
par
une tribune ù sont
fixésdes oiseaux et d'autres
figures.
Ce
petit
édifice,
octogonal
comme
le
reliquaire,
st ouvert de
fenêtres
émi-
néesen arc aigu. Il estcouvert 'un toitpyramidal uquel a étéajouté
tardivement n crucifix.
La forme
octogonale
permet
une
lecturehorizontaledes
cycles
mais instaure
ussi une certaine
ontinuité ntre es
scènes
des diffé-
rents
tages.
La lecture
erticale es
images uperposées
évèle
n
effet
des
correspondances, articulièrement
ntre a vie de l'ermite
iselée
à
l'étage
inférieur t sa
glorification
résentée
l'étage
supérieur.
Comme nous
l'avons dit
plus
haut ce
reliquaire
est aussi une
monstrance.
es textes
rapportent
«
tous les
ans,
en
présence
d'un
grand
concours de
population,
a
tête est
respectueusementxposée
et offerte la
vénération, our qu'ils gardent
ans les
yeux
de
l'espritla mémoired'une telle vision>>21. es plaquettesde l'étage médian
du
reliquaire
ont amovibles.
Ôtées,
elles
laissaient entrevoir
a tête
du saint. De
plus lorsque
les
plaquettes
de
l'étage
médian sont
enle-
vées,
e
cadre
architectural
u
reliquaire
evient
égulier,
aisant lter-
ner en montantvers le
haut,
les
plaquettes
à
cadre
gothique
trilobé
simple
avec les
fenêtres
rilobées.
l
est
possible que
l'objet
ait
été
conçu
pour
rester
uvert
l'étage
médian,
car
d'autres éléments
eu-
vent confirmere rôle de monstrance
e ce
reliquaire,
n
particulier
20.
Saint aul tait n
«
guerrier
,
il a été
eté
ux
pieds
e son hevalors e
sa conversioncommeui,Galganooitmonterchevalourndescendre.on he-valpeuttrenvisagéomme'instrumente saconversion,f.Hubertamisch,émi-
naire
ur a
conversion,aris,
entre
homas
More,
991.
21.
Singulis
nnis,
ongregato
opulo
reverenter
stenditur
caput
ad hono-
remuttante
isionis...t habeant
n mentisculis
ircumscriptum
cité
ar
Eugenio
Susi,
p.
cit.,
p.
42.
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RELIQUES
T
IMAGES
DE SAINTGALGANO SIENNE 99
une couronne
conservée au musée
de l'Œuvre de la cathédrale de
Sienne. Constituée
e
huit
plaquettes
e cuivre maillées e bleu
foncé,
elle
porte
'inscription
«
S
Ghalgano
da
Chiuslino
. Cette couronne
pouvait
se
placer
autour
de
l'étage
médian du
reliquaire,
oit autour
du crâne22.
Ce
reliquaire
lui-même ait
'objet
de
représentations
ans les
années
postérieures,
t,
chaque
fois,
l
est
présenté
omme une
mons-
trance,
par
exemple
sur
un autre
objet
mentionné ans
l'inventaire
du trésor
de
l'abbaye
:
la crosse23
datée
des années
1330)
de l'abbé
de San
Galgano.
Dans le
décor de la base de
la
volute de
la
crosse,
l'artiste ciseléun reliquaire rchitecturalementimplifié, eprésenté
avec son
toit
ouvert24,
aissant
apercevoir
a tête du
«
santuccio
jusqu'aux
yeux,
figurés
rands
ouverts.Un siècle
plus
tard,
Giovanni
di Paolo
(1417-1482)
peint
un
portrait25
e saint
Galgano
en
pied,
portant
e
reliquaire
de sa
tête. Cette
fois,
l'objet
ressemble
out à
fait au
reliquaire
l'étage
médian
est
présenté
uvert,
sans les
pla-
quettes d'argent.
La
petite
aille
du tableau ne
permet
pas
de distin-
guer
si
le
peintre
cherché
représenter
es scènes ciselées sur les
diverses
plaquettes.
Revenons
au
programme
e
l'étage
inférieur e ce
«
reliquiario
tabernacolo
;
il
comporte
es scènes
suivantes,
n suivant
e
sens des
aiguillesd'une montre partir 'une première laquettedont e choix
s'impose
1
L'archange
saint
Michel
nvite e
jeune
chevalier entrer ans
une
maison,
qui peut figurer
a
chapelle
décrite
par
sa
mère
Dionigia
dans la seconde
vision.
La
Leggenda
a
repris
insi
le
passage
:
«
il
lui sembla
qu'il
entrait ous
terre t arrivait
u mont
Siepi
et,
sur
le
mont,
il
trouvait
douze
apôtres
dans une rotonde
26.
À
cette
scène
correspond
a
figure
iselée
l'étage
supérieur.
a
porte
de l'édi-
fice est
la
mêmemais
au dernier
tage,
c'est
la
porte
du
Paradis,
gar-
22.
Ce couronnement
e
a
relique
rouve
a
propremage
ur e
reliquaire
ême,
au troisièmeegistreù uneplaquetteontree Christosantne ouronneur a
tête
e
Galgano.
ette
laquette
e trouve
u-dessus
e a
scène
igurant
a visite
u
démon
ue
nous errons
lus
oin.Cf.
Catalogue,
l
gotico
Siena
op.
cit.,
iche
n°
68,
«
Corona
i
San
Galgano
,
par
Elisabettaioni
Liserani,
p.
195-196.
23. Antonio
anestrelli,
p.
cit.,
p.
102. La crosse
e San
Galgano
st
aujourd'hui
onservée
u musée e l'Œuvre
e la cathédrale
e
Sienne,
f. Catalo-
gue,
l
gotico
Siena
op.
cit.,
iche
°
71
«
Pastorale
i San
Galgano
,
par
Gio-
vanna
amiani,
p.
205-208.
24. Nous
n avons
as
vérifiéi le toit u
reliquaire
e la tete e saint
algano
peut
'ouvrir,
ependant
ucune errure
e emble
e
permettre.
notre
vis,
a
figu-
rationur
a crossellustre
e manière
implifiée
e rôle e monstranceu
reliquaire.
25. Ce
portraitppartient
un
pilastre
eint
'une Maestà
conservéela Pina-
cothèque
ationale
e
Sienne,
f.Piero
orriti,
a Pinacoteca
i Siena.
dipinti
al
XII al XV secoloGênes, 977, ° 575. urGiovanniiPaolo, oir eithhristian-sen,Laurence.Kanter, arlBrandontrehller, aintingn Renaissanceiena.
1420-1500
catalogue
e
l'exposition
u
Metropolitan
useum
f
Art,
NewYork
1988-1989,
p.
168-169,
rad,
tal.,
Monte ei
Paschi i
Siena,
989.
26.
«
Parvele
i entrareottoterra
venire
n
Monte
iepi,
el
uale
monte/tro-
vavadodici
ppostoli
n una casa ritonda
,
Franco
ardini,
p.
cit.,
.
103.
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RELIQUES
T
IMAGESDE
SAINTGALGANO SIENNE
103
Fig.
3
-
Reliquaire
e la têtede saint
Galgano,
détail
La
mort
de
l'ermite, ienne,
Museo
dell'Opera
el
Duomo.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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104
L.
GERNEZ
têtesbarbues
se
penchent
ers
e
corps
du mort. Derrière e
religieux
agitant
'encensoir,
n
moinetient
une croix de
procession
t un autre
un bâton
de
pèlerinage35.
Cette
huitième
laquette
rouveune
correspondance
irecte vec
celle
de
l'étage
supérieur,
ui
présente
es
anges
portant
'âme
de
saint
Galgano.
La lecture
scendante
des
registres
conographiques
st une
invitation
suivre
e
parcours
e l'âme
de l'ermite. a scène
de la mort
consacre
e culte des
reliques
de
Galgano
;
les différents
rotagonistes
du culte sont
rassemblés
d'un
côté
les
compagnons
de
Galgano,
de
l'autre
les
évêques36
t
les
délégués
pontificaux
ui
ont
procédé
à
l'enquêteen vue de la canonisation, t,partagés ans l'image,des moi-
nes
cisterciens
ppartenant
l'Ordre commanditaire
e ce
reliquaire.
Une série37 e
tablettes
e
bois
de
petit
format
45
cm
x 45
cm),
peintes
sans doute
pour
un
usage
privé par
Andrea
di Bartolo
(1389-1428)
montre
ien
la filiation es
images
du
XVe
iècle
par rap-
port
au
reliquaire.
Andrea
reprend,
ntre
utres
scènes38,
a mort de
saint
Galgano
(Fig.
4).
Au
premier
plan Galgano,
ici aussi
auréolé,
gît
sur
une civière.
La couleur
permet
e
distinguer
ettement
es
Cis-
terciens n habit
blanc,
les
compagnons
de
Galgano
en habit
gris
et
les
prélats,
dont
la
magnifique
vêture
est
rendue
par
le
peintrequi
emprunte
à les
techniques
de l'orfèvrerie.
L'organisationde la scèneévoque les représentationse la mort
de saint
François
d'Assise,
et,
notammenta
fresque eintepar
Giotto
dans
la
basilique
inférieure
'Assise39.
Le vêtement e
Galgano
res-
35.
Bâton urmonté'une
orte e
coussinet
rrondi,
uiévoque
e
bourdones
pèlerins.
ais e
pourrait
tre ussi
nbâton e
procession
u de
confrérie,
oir
bjets
religieux.
éthodes
'analyse
tvocabulaire.
anada rance
RéunionesMusées atio-
naux,
aris
994,
.
123.
36.
Eugenio
usi,
p.
cit.,
uit
ombardelli,
ui
mentionnees
vêques
eMassa t
deVolterra.
ntonio
anestrelli,
p.
cit.,
appelle
e rôle
rimordial'Ugo
ei ala-
dini,
vêque
e
Volterra,
ort
n
1
84,
ui compris'importance
u
ieu rontière
u'était
le mont
iepl.
aire anoniser
algano,
'était
agner
n
protecteurour
on
diocèse,
à la imitee on hampepouvoir.n rouveroisvêqueseintsfresqueans 'édi-
fice
jouté
la
chapelle
onde u
mont
iepi, gauche
'une
Maestà
eintear
'atelier
d'Ambrogio
orenzettin
1334,
f.
Chiara
rugoni,
ietrot
Ambrogio
orenzetti
Flo-
rence,
988.
p.
44-47.
ans on
ntroduction
u
Procès,
édor
chneider
dentifieutre
les
vêques
ocaux
e cardinal
onrad e
Wittelsbach,
rchevêque
e
Mayence.
37.
Il
reste
ujourd'huipanneaux.
elon nzo
Carli,
l
museo
i Pisa
Pise,
1974,
es tablettes
evaientonstituer
ne
boîte
eliquaire
ais
nousne
partageons
pas
cette
ypothèse.
n
effeta
restauration
écente'a fait
pparaître
ucune race
de charnière
i
de
fermeture.
estableaux
ppartiennent
la
phase
inale e 'œuvre
du
peintre
vivement
olorés,
ls
présentent
hacun nefrise
e dentelleorée.
38. Andrea
i Bartolo
peint
es cenesuivantes
le
cheval
e
Galgano
rrete
par 'archange,
a mort u
saint
Fig.
),
e
sac
de
'ermitage,
aint
Michel
onduisant
Galgano
ur e mont
iepi, algano
aillantnebranche
vec on
pée,
a visite es
parents
ur e mont
iepi appartenant
la National
allery
f
reland,
oir
lus
aut
note 1).La nouvellerésentationes ablettesuMuseo ivico ePise esordonne
en suivant
otre
noncé,
ar
trois,
uperposées
deux.
Réuniesvec a tablettee
Dublin,
lles onneraient
omme
eux
enêtresomanes.
39.
Nousn'aurions
u
faire ucun
e ces
rapprochements
ans
es umières
e
Chiara
rugoni.
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RELIQUES
T
IMAGESDE
SAINTGALGANO
SIENNE
105
Fig.
4
-
Andrea
di
Bartolo
1389-1428),
La mortde saint
Galgano vers 1400-1420),
ablette
einte
45,2
x
45,2
cm),
Pise,
Museo
Civico.
semble à celui de
François.
Comme à
Assise,
les
compagnons
arri-
vent
sur
la
gauche
de
l'image, portant
e
même
type
de croix de
pro-
cession. La
basilique
sert de décor. D'un
côté,
les similitudes ntre
la
fresque
dirigée
par
Giotto et le
petitpanneau peint par
Andrea di
Bartolo
rappellent
a formation es
artistes iennois ur
e
grand
chan-
tier des
basiliques
franciscaines.
e
l'autre,
en
relation vec
les thè-
mes franciscains
t
cisterciens,
'élabore
l'image
de
Galgano
cheva-
lier converti.
Le
reliquaire
de la tête de saint
Galgano apparaît
bien comme
le lieu centralet
l'étape
fondamentale ans la
construction e l'ico-
nographie e l'ermite, eliée ux thèmes cclésiastiques t folkloriques
de
sa
vie,
lui-même
elayépar
la
peinture.
Par
son caractère
mobile,
l'objet suggère
es
déplacements
du culte rural.
Les mêmes
images
trouvent nsuitedes
supports
ivers
t
se
fixent
ans
les
lieux du
pou-
voir
politique,
au cœur de la ville de Sienne.
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RELIQUES
T IMAGESDE SAINTGALGANO SIENNE 107
A
&
c*
3>
£
F
uoüiaooao
G
H
X
T
K
Fig.
5
-
Vecchietta
1400-1480),
ortes
e
PArliquiera
A :
saintAnsano
B : bienheureuxmbroise ansedoni C : saintBernardin
D :
bienheureux
gostino
Novello
E :
bienheureuxndréGallerani
F
: saintVictor
G : sainte
Catherine
e
Sienne
H : bienheureuxierre ettinaioI : bienheureuxorore J saintGalganoK : saintCrescent, ienne, inacotecaNazionale.
Sano
d'Andrea. Vecchietta
a
représenté Galgano
entre
deux
arbustes43
ui évoquent
la forêt et dessinent sur lui
une
ogive
(Fig. ó)44.
Le chevalier
gardé
ses
éperons,
mais
a converti
a
cape
43. Lesdeux rbres
appellent
eut-être
esdeux
rbres
e
'apparition
u démon
à
Galgano
sur e
reliquaire,
ablette
°
6,
cf.
plus
haut.
44.
Agostino
ovello,
'autre rmitee ces
portes
mort
n
1309)
st
posé
ur
un ol
neutre,
ans
aysage.
u
contraire,
imone artini
1284-1344),
ans a
partie
centraleu
«
Retable u bienheureux
gostino
ovello
(1324),
onservéla Pina-
cothèqueationaleeSienne,vait einteportraitnpied ubienheureuxans n
paysage
ylvestre.
l
était
eut-être
mportant,
n
1445,
our
es Cisterciens
t
pour
la
commune,
e
présenter
n rmitee chevaliere
Chiusdino,
andis
ue
'ermite
gos-
tinoNovellotait
éjàprésent
Sienne
ar
a
tombet
par
e
retablee Simoneans
l'église
es
Augustins.
f.
Lecceto
gli
remi
gostiniani
nterrai
SienaMonte aschi
di
Siena,
ienne, 990,
p.
37-38.
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RELIQUES
T
IMAGES
DE
SAINT
GALGANO SIENNE
109
rouge
en
scapulaire,
en la
tournant
ur son
épaule.
Le
cheval est
absent.
Le
personnagepresque
aérien semble à
peine
posé
sur
le sol
rocheux,
uquel
le retient
eulement on
épée, qu'il
tient
olidement
plantée
dans
le roc du mont
Siepl. Galgano
est
le
seul
saint
repré-
senté sur
cette
porte
dans un
paysage,
introduisant
insi
le
contado
siennois45. errière ette
mage manquaient
es
reliques,
lors
que
les
autres saints
du
panthéon
iennois46 taient
présents ar
des
vestiges
physiques
derrière e
panneau qui
les
représentait47.
omme
si,
pour
notre
saint,
l'image
était
déjà
à elle seule
relique.
En
1461,
au Palazzo
pubblico
de
Sienne,
Vecchietta
irige
a déco-
ration fresque e la salle dite« della segreteria. De partet d'autre
d'une
Vierge
du
Bon
Secours,
il
ordonne des
portraits
'ermites le
bienheureux ranco de
Grotti,
Bernard Tolomei48
t saint
Galgano.
Le
nom de
chaque
saint
figure
u-dessous de son
portrait.
Galgano,
auréolé comme dans les
images
précédentes, orte
sa
cape
de
cheva-
lier sur son
épaule
comme un
scapulaire
t tient
on
épée plantée
dans
le roc. Le titulus
tipule
«
San
Galgano
da Siena
»
;
comme 'il avait
été
adopté par
la
ville,
dans l'effacement e
ses
origines
maremmanes.
Revenons
l'abbaye
de
San
Galgano,
entreMonticiano t
Chius-
dino. L'inventaire49
u
trésor de
l'abbaye
mentionnait
n
polypty-
que, œuvre de Giovanni di Paolo ; il est aujourd'hui conservéà la
Pinacothèque
de Sienne
(Fig.
7).
Dans l'état actuel du
polyptyque,
quatre
saints encadrent ne crucifixion50
saint
Galgano
est à droite.
Il
est
vêtu de sa
cape
rouge
repoussée
sur son
épaule
et
l'archange
saint
Michel chuchote à
son
oreille la tête
de son cheval blanc
se
montrede l'autre côté de son
visage.
Il
tient on
épée plantée
dans
45.
La
précision
u
paysageour
aint
Galgano eut 'expliquerar
on
choix
érémitique.
e caractère
ylvestre
u
portraiteut
ussi tre ne
façon
e tenir al-
gano
part
ans e
panthéon
rbainu
encore
n
procédé
our
ntroduire
e
cheva-
lier
armi
es
«
confrères.
46.Jusqu'en260,epanthéoniennoisst ominéar aViergessistéeespro-
tecteurs
ntiques,
aint
nsano,
aint
ictort
aint rescentà la
fin
u
xnie
iècle
arriventndré
allerani,
mbroise
ansedoni,
ierre
ettinaio,
oachimiccolomini
et
Agostino
ovello,
f.
André
auchez,
La
Communee
Sienne. es
ordres en-
diantst
e culte es aints. istoiret
nseignements
'une rise
,
Mélanges
e
'École
Française
e
Rome.
Moyen ge
I,
1977.
p.
757-762.
47.
L'Arliquiera
ontenait
es
reliques
uxquelles
orrespondaient
es
mages
t
les
ffigies
eproduites
ur
es
portes.
n trouvait
n
fragment
e a croix u
Christ,
un morceauu voile
e a
Vierge,
esos
du
bienheureux
orore,
n
doigt
u
bien-
heureux
mbroiseansedonit
une
ertèbre
ubienheureux
gostino
ovello.
ppa-
remment
anquaient
es
reliques
e saint
algano
t,
dans e
cas,
ommea montré
Chiara
rugoni,'imageFig.
)
était elle eule
elique,
.
Frugoni,
na
ontana
città
Turin, 983,
p.
95-97.
48. Fondateurumonastèree Monte liveto aggiore.49. A.Canestrelli, p. cit p. 145.
50. La crucifixionstdatée e
1440,
andis
ue
es aints
n
pieds
t a
prédelle
sont
atés es nnées
470. ansune
disposition
ntérieure,
es
portraits
taient
la-
cés au-dessus
e l'élément
e
la
prédelleui
s'y
rapportaitparexemple,
a
vision
de saint
ernard
e trouvaitous e
portrait
e saint
ernard.
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RELIQUES
T
IMAGES
DE SAINTGALGANO
SIENNE
111
de
l'ermitage
e
Galgano (Fig.
8),
une scène
qui
avait
déjà
été retenue
par
Andrea
di Bartolo. Cet
épisode
entre
opos
hagiographique
t folk-
lore est
rapporté
vec des détails
plus
ou moins
précis
ur
'identité es
moines52.
Giovanni
di Paolo
choisit
a simultanéité ntre a
punition
des
coupables
et la reconstructione
l'ermitage.
l
peint
sur
la
droite
de
l'image
es
châtiments
nfligés
ux fauteurs e troubles. 'un est fou-
droyé,
'autre se
noie dans
le
ruisseau
et le
troisième
st
attaqué par
un
loup.
Les textes taient
moins
précis
que
ne l'est la
représentation
iconographique,
auf
le
texte de la
«
leggenda qui précise
«
l'un
tomba
dans un ruisseau
t se
noya,
'autrefut
frappé
'une flèche éleste
qui le tua, puis vint un loup qui se jeta sur l'autre et le saisit au
bras
»53,
mais
il
ne donnait
pas
l'identitédes
religieux54.
Sur le thème
du
sac
de
l'ermitage,
Giovanni di
Paolo a
innové,
mais
pour
le
portrait
de
Galgano,
il
reprend
es thèmes
déjà
cons-
truits.
l
reste
fidèle
la matricede
l'iconographie
de saint
Galgano,
c'est-à-dire
u
reliquaire
t aux
sources
hagiographiques.
a
peinture
s'inscrit
dans
la tradition
de miniature
e l'orfèvrerie t des émaux
gothiques
siennois*.
Nous
n'avons
abordé ici
que
des
morceaux hoisis de
l'iconogra-
phie
de
Galgano
entre e
xnie et le
xve
siècle.
Le
reliquaire
e la tête
est le premier ieu précisde l'élaboration conographiquede la Leg-
genda
de
saint
Galgano,
qui,
comme son
nom
l'indique
est
destinée
à être
ue et entendue.Les
fastes
de l'art
gothique
siennois naissant
créent
des
images
qui
assurent
e relais des
reliques
le
reliquaire-
monstrance
st
le lieu du transfert es
reliques
aux
images.
Par sa
nature
même,
et
objet
«
donne ieu
»
au culte. Ce lieu mobile
ymbo-
lise,
par
les
processions
ntreSan
Galgano
et
Sienne,
e
déplacement
du
culte
et de ses
images
du mont
Siepi
vers l'intérieur
e la
ville,
en
passant
par
l'abbaye
de San
Galgano,
la mutation 'un culte
popu-
laire rural
en un culte
civique
raffiné.
Si
aujourd'hui
le
personnage
de
Galgano
est effacé dans
la
majestédu lieu, sa renommée n Toscane est tout actuelle. Chaque
lundi
de
Pâques,
une
procession
est
organisée
entre Chiusdino
et
l'abbaye
de
San
Galgano.
Le curé de Chiusdino
a créé
une
associa-
tion
qui
publie
en
petits
fascicules a
légende
de saint
Galagno
et son
image
autocollante55.
52.
Andreai
Bartolo,
ar
e
détail es
ostumes,
ésignait
esmalfaiteursomme
des
Bénédictins.
53.
«
Ll'uno
adde
n
uno iumicello
'acqua
annegò,
all'altroennena aetta
da ccielo
uciselo,
oi
venne no
upo
aventossi
ddosso
ll'altro
preseloer
o
braccio
,
Franco
ardini,
p.
cit.,
.
108.
54.Eugeniousi, p. cit.,p.25.* Nous emercionsa maisonensinieSienne,uinous aimablementommu-
niqué
es clichés
es
figures
, 3,
6,
8.
55. Nombreux
ont eux tcelles
ans aidede
qui e
ne
erai
amais
llee
egar-
der e
soleil
l'ombre e la nef e
San
Galgano
je
tiens les
remercier,
t tout
particulièrement
dile
Redon,
hiara
rugoni
t André auchez.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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Médiévales8,printemps995, p.119-128
Élisabeth
HALNA-KLEIN
SUR LES TRACES DU
LYNX
La
célébrité
du
lynx
est récente. Jadis en effet l
a été
plutôt
méconnu
par
les
populations
qui
ont vécu
près
de lui
;
les contes et
les dictons
'ont oublié mais les
préfixes
uc-lux-lutz
ignalent
ertains
lieux où sa
présence
'imposa,
à une
date
indéterminée,
urtout
dans
l'Est
de la France.
Il
fut à certaines
périodes l'objet
d'une
chasse
intense
pour
la valeur
de sa
fourrure.
«
Le
lynx
n'a
pas disparu
à cause des
modifications u
milieu,
écritR. Hainard, mais par la persécution irecte...Répandu autre-
fois dans toutes es contrées
'Europe,
le
lynx
n'existait
lus
en
France
que
dans les
montagnes
dès le
XVIIe
iècle.
En
Allemagne,
'Électeur
de
Saxe,
Jean-Georges
er,
n aurait tué de sa main
217
de 1611 à
1655.
On en abattit ncore
191
de
1656 à
1680.
Il
a
disparu
définiti-
vement
de
l'Allemagne
à
la fin
du
XIXe
iècle »*.
La réintroduction
u
lynx
n
Europe
occidentale enrichi
onsi-
dérablement
a
connaissance
de ce
félidé,
mais
elle a suscité
aussi
d'innombrables
débats
et
polémiques.
Plus
encore,
«
le
succès
ou
l'échec
de ces
opérations
de réintroduction),
oin de
ne
dépendre ue
des
aspects
biologiques (adaptation
des
espèces
à leur
nouveau bio-
tope), sont bien souvent iés à la questionde leur acceptabilitépar
les
populations
humaines concernées
2.
À
l'idée
de voir introduits
des
lynx
en
Alsace,
la fédération e chasse
du
Haut-Rhin
protestait,
comparant
ces félins
à
des braconniers
parce qu'ils s'attaqueraient
(sans
permis)
aux cerfs et aux chevreuils.
Ici
le discoursde la
chasse
introduit
'idée
d'une antinomie
ntre
lynx
et
cervidés,
mais
R. Hainard cite
des
exemples opposés
:
«
En
Pologne
où le
lynx
vait été décimé
pendant
a
PremièreGuerremon-
diale,
en raison
de la valeur de
sa
fourrure,
es
mesuresde
protec-
1. R.Hainard,Mammifèresauvages'Europet.1, Neuchâtel-Paris,987-1989,
pp.
306-307.
2. A.
Vourc'h,
Représentations
e l'animalt
perceptions
ociales e sa réin-
troductionle cas
du
ynx
es
Vosges
,
Revue
'écologie
erre-Vie
supplément
,
1990.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 124/164
120
E.
HALNA-KLEIN
tion ont été
prises
et
il
n'est
permis
de
chasser
qu'un
mois
par
an,
en hiver.
l
semble
que,
grâce
à cette
mesure,
e
nombreen
ait
aug-
menté. On en tuait de
plus
en
plus
et il
en revint
ans
les forêts ù
on
n'en avait
pas
tiré
depuis
de
nombreuses nnées.
En
général,
es
propriétaires
ont
les forêts taient
fréquentées
ar
ces
carnassiers
n
étaient si
heureux
qu'ils
ne
regrettaient
as
leurs
chevreuils 3.
La lecture t le
recoupement
e
certains critsdu
Moyen Âge
et
de
l'Antiquité
éclairent es contradictions 'une
lumière
ntéressante
et inattendue.
Un territoire ien marqué
Dans la
mythologie
réco-latine,
ynchus,
roi de
Scythie,
ente
d'assassiner
e
messager
de
la
déesse des
moissons
pour
lui voler les
semences,
promesse
des moissons des
hommes la
déesse transforme
l'hôte malveillant
n
lynx4.
Au
quatrième
iècle avant notre
ère,
Aristotementionne
e
lynx
dans
Y
Histoiredes animaux et
il
précise
ue
le mâle
«
urine
par
der-
rière,
omme e
lion,
le chameau et le
lièvre 5. Pline l'Ancien6
rap-
porte que
l'urine
du
lynx,
«
dans le
pays
où naît cet
animal
»,
une
fois
émise,
se
cristallise
n
pierres
précieuses,
appelées
lyncurium« semblables des escarboucles, t qui jettent 'éclat du feu» : mais
ces
richesses ont
reprises
l'homme,
et
si elles
sont
recouvertes e
terre,
e n'est
pas
pour
les
faire
fructifier,
el le
grain,
mais
pour
les
cacher
«
Les
lynx
aventtrèsbien ce
que
devient eur urine et
par
jalousie,
ils la recouvrent e
terre,
e
qui
a
pour
effet e la
solidifier
plus
vite ». Cette
pratique
est
rappelée
de
manuscrit n
manuscrit,
du
Physiologus fin
du
IIe
siècle), prototype
es
bestiaires u
Moyen
Âge,
aux
Étymologies
vne
siècle)
d'Isidore de
Séville7,
n
des termes
presque
nchangésusqu'au
BestiaireAshmole
xnie-xive
iècle)
«
leur
haine toute
viscérale
pour
le
genre
humain
est telle
qu'ils
se
refusent
à
ce
que
l'homme
profite
de leur excrétion 8.
Chez
l'abbesse Hil-degarde de Bingen, au XIIe iècle, dans la Physica l'urine du lynx
n'est
pas
évoquée
dans le
chapitre
du
lynx,
mais bien au
livre
des
pierres,
dans le
chapitre
De
Ligurio
;
traduisons
3.
Op.
cit.,
p.
309.
4.
Ovide,
Métamorphoses
IV,
traduit
ar
Georges
afaye,
aris,
es
Belles et-
tres, 968,
p.
161-162.
5.
Aristote,
istoireesAnimaux
II, 1,
t.
1,
traduit
ar
Pierre
ouis,
Paris,
Les
Belles
ettres,969,
.
51.
6.
Pline
'Ancien,
istoireaturelle
VIII,
57,
raduit
ar
A.
Ernout, aris,
es
Belles
ettres,
952,
.
71.
7. Isidore e
Seville,
tymologiae
XII,
traduit
ar
Jacques
ndré,
aris,
es
Belles ettres,986, , 20,pp. 102-104.8. Le Bestiaired'aprèse manuscrituBestiaireshmole511 ela Bodleian
Library
'Oxford,
raduit
ar
Marie-France
upuis,
ylvain
ouis,
Paris,
hilippe
Lebaud,
988,
.
62.
9.
Hildegarde e
Bingen,
hysica,
ubtilitatum
iversarum
aturarum
reatura-
rum ibri ovem
Patrologie
atine
t.
197,
ol.1262-1263.
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SUR
LES TRACES
DU
LYNX
121
«
Le
ligure
est
chaud.
Il
naît
d'une certaine
urine du
lynx
et
non de
toute 'urine.
Car
le
lynx
n'est
pas
un animal
lascif,
ni
libidineux,
i
malpropre,
mais
il
est,
d'une
certaine
manière,
tempéré.
Et sa
vigueur
st
si
forte
u'il
pénètre
même es
pier-
res,
et aussi
qu'il
a une
vue
aiguë
et
que
ses
yeux
ne
s'obscur-
cissent
pas
facilement.
t cette
pierre
ne naît
pas
toujours
de
son
urine,
mais seulement
uand
le
soleil
chauffe
puissamment
et
que
l'air est
léger
et doux
et
bien
tempéré.
Car alors
cet ani-
mal
se
réjouit,
à
cause
de la
chaleur
et
de la
pureté
du
soleil
et
à cause
de la suavité
du
bel
air,
et
alors,
lorsqu'il
veut
émet-
tre son urine, l creuse la terre vec ses pieds et il émetcette
urine
dans
ce
trou,
et
ainsi,
par
l'ardeur
du
soleil,
le
ligure
est
coagulé
et
croît.
Car de
la
pureté
du soleil
et
de la douceur
de
l'air
qui
traverse
et
animal en
le
touchant,
t de la
joie
de son
âme
et
de la
grande
force
u'il
a,
son
urine e
réchauffe t
ainsi
quand
il
l'émet
elle
est
coagulée
en cette
pierre,
de telle sorte
que
cette
coagulation
fasse
une
belle
pierre
dans
la
terre,
qui
est
plus
tendre
que
les
autres
pierres
.
Le
lynx
du
textede
Hildegarde
st
donc
un animal
positif,
tta-
ché à
produire
une belle
pierre,
nullement
aloux
ou
ennemi de
l'homme.
Comment
omprendre
es récits
fférents
l'urine
du
lynx
Au
Moyen
Âge,
en
Occident,
es
chats étaient
elativement
eu
nombreux
et
rares
sont
ceux
qui
ont
pu
observer
es
moeurs
mictionnelles
es
félidés
le
lynx
enterre
es
déjections,
comme
les
autres
chats. Mais
pourquoi
cette
urine se
transforme-t-elle
n
pierre
ici
ligurius
là
lyncurius
u
lyncurium
Certains
pensent
que
cette
escarboucle
est
en réalité
a tourma-
line.
Pline10
a
rapproche
de
l'ambre
«
aussi
la
plupart
des
auteurs
disent-ils
ue
le succin
est
produit
de
même sorte
». Faut-il
admettre
avec RobertHainard11 ue
cette
explication
st
à
mettre n
relation
avec les
gisements
'ambrede Ligurie,ou avec le transit ans le port
de
Gênes
de
l'ambre
baltique
?
Proposons
une
autre
lecture
de ces
différents
écits
le
lynx y
est
assez
cohérent,
ans
sa
représentation
ymbolique
avec
les
réser-
ves
faites
plus
haut
pour
le
texte
de la
Physica)
ennemi
des dieux
et
des
hommes,
l veut
garder
alousement
ses
joyaux
qu'il
enfouit
dans
la terre.
on
urine ristallisée
st
inutile
ux
hommes,
l'inverse
du
grain,
ui
aussi
enfoui
dans
la
terre,
mais
qui
produit
de riches
moissons.
10.
Pline,
op.
cit., ,
p.
71.
11. R.
Hainard,
p.
cit.,
p.
321.
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122
E.
HALNA-KLEIN
Taxinomie
Le territoire
marqué,
il
serait
prématuré
e
croire
ainsi identifié
ce
lynx.
Pline12
e nomme
yncum
t le
range
avec les
sphynx
parmi
les
monstresvenus
d'Éthiopie
«
L'Éthiopie produit
des
lynx
qui
sont
répandus
partout
t
des
sphynx,
nimaux à
poil
roux
avec deux
mammelles ur
la
poitrine,
t
beaucoup
d'autres
animaux
monstrueux .
Deux
chapitres
plus
haut13,
un court
passage
évoque
le
loup-cervier
«
C'est aux
jeux
de
Pompée
le
Grand
qu'on
exhiba
pour
la
première
ois e chama
que
les
Gaulois
appellent
ufius lupus
cerudrius)
il
a la
forme du
loup,
les taches du
pard
».
Isidore de
Séville14 crit
«
Lincis vientde
ce
que
cet
animal
est
rangé
dans
l'espèce
des loups. La bête a le dos marquéde taches comme le pard,mais elle ressemble u
loup
;
aussi celui-ci e nomme-t-il
u/cof
et
celle-là lincis».
Les
bestiaires
reproduisent
es
mêmes
notions,
ainsi celui
d'Ashmole15
«
Il
est une bête
appelée
lincis,
qui
fait
partie
de la race
des
loups.
C'est une
bête au
pelage bigarré,
omme e
pard,
mais
qui
ressemble u
loup
».
Le Livre du Trésor le bestiairede BrunettoLatini, au xiiiesiè-
cle,
range
le
lynx
au
chapitre
des
loups
:
«
Il
existe une autre
espèce
de
loups que
l'on
appelle
cer-
viers,
ou
lynx,
ui
sont
pommelés
de
taches noires
tout
comme
le
léopard
mais
pour
le
reste,
ls
sont
semblables
u
loup
»16.
Or,
dans le
Bestiaire
Ashmole17
l
est
écrit
«
le
loup symbolise
le Diable
»
:
est-ce à dire
que
le
lynx
symbolise
e
Diable ?
12.
Pline,
op.
cit., 0,
p.
48.
13. bid.14. sidore e Séville,op. cit., , 20, pp.102-103.
15.Le
Bestiaire
op.
cit
,
p.
62.
16.
Bestiairesu
Moyen
ge
traduit
ar
Gabriel
ianciotto,aris,
tock
lus,
1980,
p.
234-235.
17. Le
Bestiaire,
p.
cit
,
p.
78.
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SUR LES TRACESDU LYNX
123
Le
lynx
a
peut-être
té confondu avec d'autres
bêtes féroces
«
L
once
désigne
au
Moyen Âge
diverses
bêtes
féroces. Forme
apo-
copée
de
lonce
où
«
1
»
a été
pris pour
l'article ainsi
Y
once chez
Rutebeuf,
u'on peut
aussi
bien
ire once
Lonce remonte une
forme
féminine,
uncea dérivée du latin
classique lynx
.. »18.
À
la
fin du
Moyen
Âge,
le
lynx
est
rangé parmi
es
chats,
mais
là
encore,
sa
spécificité
'est
pas
nettement tablie au
XIVe
iècle,
Gaston Phébus
note
«
Toutefois,
l
y
a
diverses
spèces
de chats
sauvages spéciale-
ment,
l
y
en a
qui
sont
grands
comme
des
léopards,
et
on les
appelletantôt oups-cerviers,antôt hats-loups et c'estmal dit,
car ils
ne sont
ni
loups-cerviers
i
chats-loups.
l
vaudrait
mieux
les
appelerchats-léopards u'autrement,
ar ils ont
plus
de
traits
communs
avec le
léopard qu'avec
aucune autre bête »19.
Au
xvic
siècle,
dans son
glossaire
e la
vénerie,
Jacques
du Fouil-
loux
rapporte
à son tour
«
Cerviers sont chats
sauvages grands
comme
léopards»20.
Le
Moyen Âge
semble voir
distingué,
n
pelleterie,
es
petits
ynx
rouges
d'Europe
occidentale,
ppelés
ici luserue là
luberne,
ucerne
ou lucróte
1
,
des
grands
ynxgris
venus
du nord et de
l'est du con-
tinent, pparus trèstard sur le marché,seulement ntre e xve et le
xvie
siècle,
et vendus
bien
plus
cher,
sous
l'appellation
de loss ou
loess, luhs,
lixinae
pelles
22
.
Robert Delort23 ssimile
e
petit
ynx
rouge
d'Europe
occidentale
au
Lynx
pardina
lynx pardelle
d'Espagne.
Le
lynx
du
Nord
et
de
Russie
est,
lui,
Lynx lynx
La situationn'est
pas simplepour
autant
«
Notons
que
le
lynx
e
dit
en catalan
lop
cervall d'où les mots
cir-
bal et cerval
ce
qui
n'exclut
pas
la
présence
ur
le
sol
espagnol
du
félidé,
ppelé
précisément
serval",
légèrement
lus
grand
que
le
lynx
et
vivant actuellement
n
Afrique
24.
Robert
Hainard
rapporte
'autres
précisions
«
On n'a
pas
assez
de matériauxpour décidersi les lynxdu Nord et des Alpes appar-
tiennent
la même
sous-espèce.
Néanmoins,
Lavauden estime
qu'on
peut toujours
les
distinguer...
nfin,
l
semble bien
qu'il
en existait
autrefois
eux
sortes n
Europe
centrale
Flemming,
n
1719,
distin-
gue
les
lynx-chats
.. et les
lynx-veaux
..
»25
selon
leur robe.
18.
Oscar
loch
et
W.
Von
Wartburg,
ictionnaire
tymologique
e a
langue
française
t.
I, Paris, UF,
1932,
.
106.
19.
Gaston
hébus,
e livre
e
a chasse
traduit
ar
Robertt André
ossu
t,
Paris,
hilippe
ebaud, 986,
.
69.
20.
Jacques
u
Fouilloux,
a Vénerie
Fac-similé,aris,
oger
acosta, 979,
glossaire
ors-texte.
21.Robertelort,Le commercees ourruresn OccidentlafinduMoyenÂge 2 vol.,Rome, coleFrançaiseeRome, 978, p.25 et 1085.
22.
bid.,
pp.
25,
156 t
172-173.
23.
bid.,p.
172.
24.
bid.,p.
173.
25.
R.
Hainard,
p.
cit
,
p.
306.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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124 E.
HALNA-KLEIN
De même
que
les
chimères ont
infécondes,
e
mal-classé
qu'est
le
lynx
ne se
reproduit
uère
«
Selon
Pline,
il
ne met
bas
qu'une
fois
»
peut-on
ire
aussi
bien chez Isidore
que
dans les
bestiaires mais
chez
Pline,
nulle trace de
cette
égende.
Chez
Gaston Phébus
:
«
Ils
portent
t sont
en amour
comme es autres
hats,
mais
ils
ne
font
que
deux chatons. Ils demeurent
ans
le creux
des
arbres
t
y
font
eurs
itsde
fougères
t
d'herbes,
t le
chat mâle
aide à
nourrir
es
chatons de la même
façon
qu'un
loup
»26.
Chez Hildegardede Bingen, e texten'évoque ni la répétition es
bestiaires,
ni
le
ton,
déjà
très
moderne,
de la
description
e Gaston
Phébus. Elle
ne
classe
pas
le
lynx,
elle ne le
rattache
ni
au
pard,
ni
au
loup,
mais le
chapitre
du
lynx
suit immédiatementelui du
chat.
Son
lynx
est
chaud,
joueur,
solaire,
indépendant,
mprévisible.
«
De Luchs Le
lynx
est chaud et suit
sa
volonté,
faisant
ce
qu'il
veut,
et
il
se
réjouit
de la belle ambiance
splendide
t
du soleil de
l'été,
et
il
se
réjouit
aussi de la
belle
ambiance et
de la
neige
en hiver
mais
il
n'a
presqu'aucune
stabilité,
auf
celle
qui
se fait selon
l'équilibre
de l'air. Et
parce
qu'il
suit sa
volonté,pour cela, ses yeuxbrillent omme une étoiledans la
nuit »27.
L'instabilité
du
lynx,
on caractère
mprévisible
t
labile,
lui
sont-ils
attribués illeurs Brunetto
Latini
écrit dans le
Livre du
Trésor
«
C'est l'être
le
plus
oublieux
du monde
car,
lorsqu'il
est
en
trainde
manger
on
repas,
s'il lui
arrive
par
hasard de
regar-
der autre
chose,
il
oublie aussitôt e
qu'il
étaiten
trainde man-
ger,
si bien
qu'il
est
incapable
de
retrouver
a nourrituret
qu'il
la
perd
entièrement.
Mais chez
Hildegarde,
'humeurdu
lynx
hange
selon
l'ambiance
et
selon sa
volonté,
non selon l'oubli : et
sa
volonté donne
l'éclat à
son
regard
le vouloir et le voir se
rencontrent Or
dans l'écriture
des
manuscrits e
Hildegarde,
certaines
formes
du
verbe
volo
pou-
vaient être
confondues vec
certaines ormesdu
verbe video.
Faut-il
croire ussi à une
confusion ntrevisus et virtus
au
chapitre
e
ligu-
rio
et lire
alors non
plus
«... et
sa vertu...
»
mais
«
...
sa
vue est
si
forte
u'elle pénètre
même es
pierres...
28
?
Méprises
ou
paradig-
mes
homophoniques ui
servent révéler
es récitsdans le
récit,
es
relationsdans la relation
26. Gaston
hébus,
p.
cit.,
pp.
69-70.
27. Hildegardee
Bingen,
hysica,
ivres
à
VIII
traduits
ar
Elisabeth
lein,
Bâle,
Basler
ildegard
esellschaft,988,
.
237.
28.
Cf.
Physica,
.L. t.
197,
ol.1262-1263.
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SUR LES TRACESDU
LYNX
125
Des
yeux
de
lynx
Car dans les
yeux
du
lynx
e lit une autre
étymologie,
ne autre
appartenance
la
brillance.
«
L'emprunt
u mot
grec
XvyÇ
ffre u nominatif e
nombreu-
ses
variances
orthographiques...
incis la forme
d'Isidore,
est
pro-
che de
l'ancien
espagnol
Lince .. Mot
indo-européen
arm. lusanunk
anglo-saxon
ox
lit.
lùsis,
etc.,
sans
rapport
vec le nom
grec
du
loup,
XvkoÇ
t rattaché
énéralement
la racine euk
«
briller
,
pour
l'éclat
des
yeux...
»29.
Dans la mythologie recque, Lyncée KvyvevÇ)ritpartà l'expé-
dition
des
Argonautes,
ù
il
fututilisé
pour
sa vue
perçante
il
voyait
par exemple
à traversune
planche
de
chêne)30.
En
irlandais,
e
lynx,
ug
est
l'homonyme
u dieu
Lug
:
«
il
est
donc
possible
qu'il
ait été
considéré,
cause de sa vue
perçante
omme
un
symbole
ou une
image
de
Lug.
Les cordes
des
harpes
étaient en
boyau
de
lynx.
Leurs sons
étaient considérés
comme
divins
31.
Chez Brunetto
Latini,
dans
le Livre du Trésor la
clairvoyance
du
lynx
est
exprimée
n ces termes
«
Et la vue de cet
animal est
si
perçante
que
ses
yeux
traversentes
murs
et les
montagnes.
Brillance, clat,
pénétrance.
riller
omme
une étoile
dans la
nuit,
est-ce a mêmevertuque percer es planchesde chêne, les pierres t
les
murailles
En
tous cas aux
yeux
du
lynx
e
rapporte
a seule
idée
persistante
ur
le
lynx
de nos
jours,
dans le
français
ourant celui
qui
ne
sait
riendu
lynx
ait
ce
que signifie
avoir des
yeux
de
lynx
.
Cette
qualité
contribue-t-elle
rendre e
lynxplaisant, sympathique
Rien n'est
moins
sûr,
puisque
à la
clairvoyance
e celui-ci
qui perce
les murs
et
les
masques, répond
l'humiliationde celui-là
qui
voit
déjouées
ses
parades,
et
qui
est
vu
sans
voir.
Au terme
de ces
lectures,
nterrogeons-nous
à
quoi
sert e
lynx
au
Moyen Âge
?
Usages
du
lynx
Le
lynx
est-il
bon
à
manger
Nulle
mentionn'est faite de
cet
usage
dans les sources consul-
tées,
pourtant
a
chair
«
passe pour
bonne
et tendre 32.
Hildegarde
de
Bingen,
ui
détaille
oujours
es différents
sages
possibles
des
ani-
maux,
végétaux
t
minéraux
u'elle
étudie dans la
Physica
n'en
pro-
pose
aucune utilisation limentaire.
Par
contre,
elle
décrit
'intérêt
médicinal
du
lynx.
29.J.André, ote °149,sidore eSeville, tymologiaeXII,op.cit., . 103.30. Pierrerimal, ictionnairee amythologierecquetromaineParis, UF,
1988,
.
270.
31. Jean hevaliertAlain
Gheerbrant,
ictionnaire
es
ymboles
Paris,
af-
font, 982,
.
596.
32. Charles
.
Cornish,
es
animauxivants
u
monde
p.
64.
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SUR LES TRACESDU
LYNX
127
Est-il
pour
autant
une
«
bonne chasse
»
?
Gaston
Phébus
rapporte39
«
On
les chasse
peu,
si ce n'est
par
hasard
et
si les
chiens
en
trouvent n
d'aventure,
l ne
se
fait
pas longtemps
hasser,
mais aussitôt
se met en défense
ou monte
sur
un
arbre et
comme
l
ne fait
pas longue
fuite,
'en parlerai eu,
car
sa chasse
n'a
guère
de maîtrise .
Plus
loin,
il
contredit es
premières
ffirmations40
« Et s'il trouve 'autresgrands hatsque j'ai dit,qui ressem-
blent ux
léopards
t
qu'on appelle
oups-cerviers,
l
en aura bonne
chasse
et bons
abois
;
car c'est une bête
qui
fuit
ssez
longtemps
et se laisse
aboyer
commeun
sanglier.
l
doit alors
eter
tous ses
lévriers
ans
le
bois
avec les chiens ourants
t
envoyer
es
gens
à
pied,
armés
de
glaives,pour
aider
es
chiens t les
lévriers, u,
s'il
en
a,
des archers
u
des arbalétriers.
insi ls
pourront
e
tuer .
Jacques
du Fouilloux ne cite
pas
le
lynx
comme
gibier,
et
il
ne
mentionne
e
loup-cervierue
dans son
glossaire
es termes e vénerie.
Réflexions
Et si le
lynx
conduisait à
penser
?
Il ne
s'agit pas
ici de faire a
part
du vrai et de l'erreurdans
les
traditions
elatées
aux savoirs
naturalistes ur le
lynx
se mêlent
des
traits
qui
le
qualifient
ymboliquement.
Et
si
nous arrivons
montrer
ue
l'environnement
aturel est saisi comme
une
pièce
du
cosmos
qui
exige
un
partage
du
bien
et du
mal,
du licite
t de l'inter-
dit,
du sacré
et
du
profane,
nous
pourrons
spérer
définir
vec
plus
d'exactitude
a
portée
exacte de ces récits
41.
Chez Hildegarde, e schéma p. 128)ne peutêtre ppliqué.Même
si
elle
reprend
plusieurs
ermes
de la
tradition crite
l'urine et
sa
transformation,
a
clairvoyance
t
la brillancedu
regard
,
son
lynx
est
utile,
e
«
ligure
se
déterre,
t elle en donne es indicationsmédi-
cales.
Est-ce
pour
cela
que
son
lynx
n'est
pas
connoté
péjorativement
Il n'est
pas
un
loup,
il
n'est
pas
ennemi de l'homme
ni
jaloux
de
son
bien,
l
est
libre,
mprévisible,
eureux t doué. C'est dans d'autres
sources
de cette
époque, germaniques
u
irlandaises,
qu'il
faudrait
chercher
es traces
d'un vaste courant
atin véhiculant 'idée
d'un
lynx
diabolique
et rencontrant
es traditions
ocales
qui
conservent
u
lynx
d'autres
caractéristiques
t des
usages
précis.
39.
Gaston
hébus,
p.
cit.,
p.
69.
40.
bid.,
p.
149.
41. Marlene
lbert-Llorca,
ordre
es
hoses
Pans,
ditionsu
CTHS,
1991,
p.
132.
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128
E.
HALNA-KLEIN
L'INUTILE
Ce
qui
ne
peut
être
ni
récolté,
ni
chassé,
ni
mangé
Le
Diable
Le
lynx
L'urine
Le
ligure
MATIÈRE
ESPRIT
Le
pain Le grain
Le cerf
Dieu
Ce
qui peut
être
récolté,
chassé,
mangé
L'UTILE
Revenons
quelques
instants
nos
autres
récits.
La terrecontient
-
le
grain, qu'elle
révèle ous formede
moisson et
qui
devient
nourriture, tile à l'homme sous forme de pain,
-
l'urine du
lynx, ue
le
lynx
cache,
et
qui
de
ce fait
reste
nu-
tile à
l'homme,
même dans sa transformationn
pierre précieuse.
Le
lynx, Lynchus
avant sa
métamorphose,
eut voler
le
grain,
devenant insi l'ennemi
de l'homme et
celui
qui
menace le
pain.
Le
pain,
c'est la
nourriture,
'est
aussi la
communion
es
chrétiens,
'est
le
corps
du
Christ.
Le
lynx
fait donc
doublement
bstacle,
à la santé
et au salut. Le
cerf, ui,
est
l'ennemi du
serpent, u'il
fait sortirde
son trou en
soufflant
igoureusement
toutes es sources
mentionnées
rapportent
et attribut
certaines,
omme
Pline ou le
BestiaireAsh-
mole
disent
également
a
propriété
e la viande
de cerf
de conférer
longévité t prévention es fièvres ceuxqui en consomment éguliè-
rement.Le cerf est une
image christique,
e
que
vient renforcere
rite de la
chasse,
qui
en fait le sacrifice.
Le
lynx,
ui,
est une
image
du
Diable,
par
son
appartenance
la famille des
loups,
et c'est
lui
qui
menace le
cerf
Où
se
place
e chasseur ans
cette
utte N'est-il
as
celui
qui
réserve
sa
«
bonnemort au
cerf,
u terme e la
grand-messeu'est
sa chasse
?
N'est-il
pas
celui
qui permet ue
la
communion-consommatione la
venaison
puisse
avoir lieu
?
Prêtre
t
serviteur e
l'animal
christique,
il
le
préserve
e l'infàmiede la morsure u
Mal-lynx.
Au-delà des arguments ynégétiques, aunistiques, conomiques,
écologiques que
certains
opposent
à la réintroduction u
lynx
dans
nos
pays, n'y
aurait-il
as
d'autres
réticences,
ui puisent
eurs sour-
ces dans ces
traditions,
nfouiesvoires
méprisées,
mais
part
construc-
tive
et
efficace de notre
maginaire
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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Médiévales8,printemps995, p.129-137
Simone ROUX
BORNES
ET
LIMITES DANS
PARIS
À LA FIN DU MOYEN ÂGE*
Le territoire
e la
ville,
en
général,
se
qualifie
aisément
omme
espace
social,
parce que
créé
par
l enceintebâtie
qui
le limite
maté-
riellement.
n
sait
que
cette
définition
st loin de
correspondre
la
réalité
de
chaque
ville, mais,
comme dans le cas de
Paris
l image
est
exacte,
les
quelques
réflexions
ui
suivent
vont
s y
fonder. Elles ne
cherchent
as
à
préciser
histoirede l établissement
u
rempart
mais
celle des espaces internes u il englobe, eursrapports t leurssignifi-
cations.
On
peut
cependant partir
de
l enceinte
pour poser
le
problème
des
différents
spaces
sociaux en
jeu.
Son tracé et donc
son
emplace-
mentconcret
furent e résultat accords
et
de
compromis assés,
fin
XIIe et
début
xnic
siècle,
entre outes es
autorités
mpliquées
dans le
projet
et dans
sa réalisation l autorité
du
roi,
celle de la
ville,
œu-
vrant
pour
définir
n
espace
à la mesure de
la
capitale
du
royaume
capétien,
celle
des
seigneurs
u
sol,
notamment es
grandes
abbayes,
dont les
terres ont
en
parties
ncorporées
dans la ville et dont
les
droits
fonciers ommandentes droitsdes
propriétaires
rdinaires,
eux
sur qui les autorités omptentpour remplir e territoire mmuraillé
si
largement
éfini
t
construire
a ville. Dans ce
jeu
complexe,
rete-
nons le rôle
des
seigneurs
du sol
qu un exemple précis
va
préciser.
L enceinte de
la rive
gauche
fut financée
par
le
roi,
à la diffé-
rencede
celle de la rive
droite,
payée
par
les
habitants.Dans son
par-
cours
occidental
enceinte
raversait
es
terres
de
l abbaye
de Saint-
Germain-des-Prés.
n
tant
que seigneur
oncier,
abbaye
fut
dédom-
magée
de la cession du terrain la
ville et le roi avaient
pu
fairebâtir
le
rempart,puis
en
assurer
par
la suite
le
réaménagement
dans
la
seconde moitié
du
xive
siècle)
et le contrôle.
Pourtant,
en
plein
xviie
siècle
P
abbaye/seigneur
a
toujours pas
admis son
expropria-
*
Cet rticle
eprend
e texte une
ommunication
rononcée
l Universitée
Paris-
III,
au séminairehistoire édiévalet moderne
Espaces
aturels,
spaces
sociaux
,
en 1994.
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130
S. ROUX
tion totale.
En
1647,
elle contesteencore
le
droit de la ville et du
roi1.
Le débat a donné
lieu à
enquête
contradictoire,
menée
par
douze docteurs en
droit,
qui
réunissent es
arguments
u roi
et de
la
ville
d une
part
et ceux de
l abbaye
d autre
part.
Les
premiers
sti-
ment
que,
après
la
compensation
n
argent
reçue
ors
de la
construc-
tion,
l abbaye
a
perdu
tous ses droits sur
le
sol où
était établie
la
vieille enceinte.
L abbaye
soutient
e
contraire elle n a
pas
cédé la
totale
propriété
t conserve
un droit éminent omme
seigneur
oncier
et
haut-justicier.
lle
explique
« L on a trouvé bon de construire es murailles,des fos-
sés,
des
portes
t des
remparts
ans
(leurs)
fief t domaine.
Les-
dits abbés
et
religieux
ont souffertt le souffrent
ncore cause
de
la commodité
publique...
Mais cet
usage
et
occupation
n a
pas
étouffé,
upprimé,
ffacé, boli,
prescrit
e droit de la véri-
table et
juste propriété
desdits lieux et
places
».
Le débat révèleune
opiniâtreté uelque peu
anachronique.
e
bon
sens
et
l usage
constant
de cette bande de terrain
depuis
quatre
siè-
cles
et demi
paraissaient
voir tranché a
question
pourtant
abbaye
ne renonce
pas
: elle défend sa censive.
En effet,e souci de maintenira censivea occupé constamment
les
seigneurs
cclésiastiques
ui
se
partageaient espace parisien.
l
fal-
lait éviter out
abrègement,
ans les
terres
u
cœur de la
seigneurie
(c est
le cas
du
parcours
e l enceinte
ans les terres e Saint-Germain-
des-Prés)
mais
aussi aux
limites,
plus
menacées encore. Toute dimi-
nution
peut
être une
brèche
par
où s insinuent
es contestations ur
les droits fonciers
du
seigneur
t donc
des
profits ui
en
résultent,
mais aussi
d autres contestations
ur les
droits
économiques
et
les
droitsde
justice.
À
terme,
aisser s amoindrir a
seigneurie
st affai-
blir tout l ordre
social. C est
pourquoi,
avec une
persévérance
nlas-
sable,
les
seigneuries
cclésiastiques arisiennes
eillent
conserver u
à faire rétablir ous leurs droits.Même un empiétementmineur ur
leurs
prérogatives
st source
de
procès
et de demande
de
rétablisse-
ment.
Ici,
nous nous intéresserons
ux
questions
des limitesde
censive.
L espace parisien
au
Moyen Âge
est clairement
marqué
par
le rem-
part,
mais
à l intérieur
e ce territoire
éfini,
d autres
espaces
orga-
nisent a
géographie
urbaine les
paroisses, qui
ont servi
également
de cadre à la
levée des
tailles,
t
plus
tard es
quartiers,
ivisions
dmi-
nistratives t militaires
out à la
fois. Les débats et
enjeux que
leurs
délimitations
nt suscités n ont
guère marqué
les
sources documen-
taires
ui
nous restent.
n
revanche,
es
limites
e
censive
posentrégu-
1. Cf.
Topographie
istorique
u
vieux aris désormais
brégé
HVP,
par
A.
Berty
t L.-M.
Tisserand,
ome
II,
Région
ccidentalee
l Université,aris,
1887,
.
590.
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BORNES
T
LIMITESDANSPARISÀ LA FIN
DU MOYENÂGE
133
Rue du Fouarre en
1391 un
conseiller en la Chambre
des
Comptes
achète
pour
800
livres
ournoisune belle
maison
qui
s étend
sur trois
censi es : celle du
roi,
celle du
Temple
et celle de la Sor-
bonne.
La transaction ntraîne
également
e
paiement
des droits de
vente
et d ensaisinement ux
seigneurs, ropriétaires
minents,
mais
comment
épartir
a somme totale
?
On
fait
appel
à des
experts,
eux
de
la ville de
Paris,
maçons
et
charpentiersurés qui
visitent
es
lieux,
prennent
ans doute connaissance es
actes divers
ue chaque
seigneur
exhibe
pour
fonder
es droits
et
proposent
une
répartition
insi con-
çue
:
la
maison
occupe
une surface
de 213
toises
et demie et
17
pieds,
le roi est seigneurde 90 toiseset 15 pieds, le Temple de 92 toises et
demie et
la Sorbonnede
31
toises et
2
pieds.
Puis
ils estiment
es
ven-
tes et saisines
pour
une toise
à
11
sous
et 3
deniers
t
proposent,
ur
cette
base,
la
part qui
revient
chaque seigneur.
Rue
Saint-
acques,
c est la maison
du
«
Saumon
»
qui
est
objet
de débat
entre e
chapitre
de Notre-Dame
et le roi8. En
1386,
la
maison,
vendue
et
revendue,
été considérée omme dans
la
censive
du roi
qui,
par
le receveur
e
Paris,
a
perçu
la totalitédes droitsde
vente. Mais le
chapitreproteste
t
s oppose
en
faisant
valoir
qu une
partie
de
l immeuble tait
sur
sa censive
et
seigneurie, pour
raison
d une
grande
salle, cour,
jardin
derrière
,
moyennant
sous
parisis
de fondsde terre redevance recognitive es droits éminents ue le
chapitre
peut
sans doute
prouverpar
ses
livres
ensiers
onservant a
trace
de ce
paiement).
Sur ordre
de la Chambre des
Comptes,
une
enquête
est
ouverte tant
par
lettres
omme
par
témoins
t
veues
fai-
tes des
lieux
par plusieurs
fois
».
Après
remise
des
conclusions des
experts,
es
deux
parties
accordent
our
considérer
a
seigneurie
ndi-
vise
et
pour
partager
es ventes n deux
parts égales.
On
devine,
avec
ce cas
concret,
a
politique d empiétement
menée
par
les officiers u
roi
qui grignotent
es
prérogativeseigneuriales
t œuvrent insi à
une
simplification
l avantage
du roi
et,
en
revanche,
a
politique
des
sei-
gneurs cclésiastiques ui
ne s inclinent
as
et obtiennent
être réta-
blisdans leursdroits.Evidemment,ls ne gagnent as toujours t nous
ne
conservons
a trace
que
de leurs réussites
ar
l acte obtenu de la
sorte
sert,
par
la
suite,
de
preuve.
Rue de la Huchette
en 1409
plusieurs
documentséclairent
un
conflitde ce
genre
qui oppose l évêque
et la Grande Confrérie
ux
Bourgeois,
à
propos
d un bel
hôtel s étendant sur leurs
deux
censi-
ves.
On avait
abouti à un accord : un tiersde l immeuble tait consi-
déré
comme
relevantde la censive de
l évêque
et les deux tiers res-
tants
étaient
attribués la Grande
Confrérie.Solution
simple pour
les
calculs mais
qui
n a
pas
entièrement
atisfait
a
Grande Confré-
rie. L année suivante, lle
fait
mesurer hôtel,
visiter
t
expertiser
fin
7.
AN
S 6225.
8.
AN
S 52
b,
n° 1.
9.
AN
S 879.
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134
S. ROUX
de calculer e nombreexact de
toises
qui
lui
revient t
donc la
part
exacte
des ventes
qu elle peut percevoir.
Sans
doute le
désaccord de
ce
côté
a-t-il
été surmonté
mais,
en
1414,
l évêque
entame un
autre
procès
avec un voisin dont une
partie
de la
maison avait
été
incorpo-
rée à l hôtelet
qui
refuse e
payer
e
fondsde
terre ur a
partie
ncor-
porée. L évêque
doit
défendre es droits d un
autre
côté.
Il
étaitdifficile e
maintenires
limites
récises
es
censives,
ffa-
cées
par
les
modifications
es
constructions,
mais les
seigneurs
es
défendaient vec
acharnement.C était au
moment
des
transferts e
propriété,
uand
les
seigneurs,
ortsde
leurs
droits
éminents,
écla-
maient es venteset saisines,que la question se découvraitet qu il
fallait ui trouver
ne
réponse.
Les
choses
étaient
plus
simplesquand
les limites
estaient isibles
l extérieur,
ans la
rue,
lorsque
des bor-
nes
pouvaient
en
conserver a
place
exacte.
Histoires de
bornes
La borne
Saint-Benoît
Dans la partiede la rue Saint-Jacques ù s étaitétabli le collègede Cambrai10, côté du cimetière
aint-Benoît,
abbaye
de Sainte-
Genevièveest en
procès
à
propos
d une
masure
oignant
le
collège.
Avec les
«
malheurs du
premier
XVe
iècle,
la
maison
ruinée avait
été transformée
n
jardin,
mais ce
qui
importe
ci
est
que,
à la
suite
de
remaniements
uccessifs,
ne borne
marquant
a
limite
des terres
de
Sainte-Geneviève
vait été ôtée.
L abbaye/seigneur
ravaille à
la
faire
rétablir
ans sa
position
ancienne.
Pour
ce
faire,
elle
rassemble
des
témoignages11.
n
1482,
un
prêtre,
Jean
Wattier,
«
certifie
que
depuis
trente
six
ans ou
environ... il
a
demouré n la paroissede SaintBenoist... et a toujoursveu queles chanoinesfaisaient eur
procession
ar
dedans
un
cimetière...
et
au bout
duquel
cimetière
une
petite
place
commune
assise
en la
justice
de Saint
Benoist... et
laquelle
place
s estend
us-
ques
à une tournelle
e
pierre
ontre
aquelle
est eslevé un
mar-
mouzet de
pierre
qui
regarde
ur
une
borne,
laquelle
borne de
tous tems et
ancienneté
coustume
d estre
sur le
bort de la
chaussée de la
dite rue Saint
Jehan,
esquels
marmouzet,
orne,
ainsi
que
ledit
Wattier
oy
dire,
faisant
eparación
des
hautes
justices
de Saint
Benoist et de Sainte
Geneviève .
10. Voir .-M.
isserandt C.
Platon,
THVP
région
entralee
Université
Paris,
897,
p.
45-47.
1 AN
S 897
A. Les uteurse a THVP
utilisent
n
partie
es ctes
mais
égli-
gent
e
problème
e la borne.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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BORNES
T LIMITESDANS PARISÀ LA FIN
DU MOYEN
ÂGE 135
Le
témoignage
dû être conforté
par
des
preuves
écritesdont
nous
conservons
ar
ailleurs
quelques
traces. Un acte de 1345
2
évo-
que
une maison de cette rue
«
devant la
pierre
Saint
Benoist
»,
et
un autre
de 1360
13
mentionne a tournelle
t le
marmouset.
Pourtant,
six ans
plus
tard,
les
parties
en
litige
n ont
toujours
pas réglé
leur
différend.
abbaye
ajoute
alors des
témoignages
n
sa
faveur.Trois autres
personnes récisent ue
la
«
borneest en
forme
de
caillou,
...
qu elle
estoithors du
pavé
haulte d un
pied
et
demi ».
En revanche es
témoins,
prudents,
éclarentne
pas
savoir
qui
a
ôté
la borne.
Ils fondent eurs affirmationsur des
souvenirs
ersonnels
Nicolas Blondeau, laboureur demeurant rue Alixandre Langlois,
raconte
que
«
lui estant
eune
enffant,
l
a
joué
à la
crosse et
autres
jeux esquiez
il
convenoit
rapper
a
borne
»,
Laurent
Regnault,
maçon
demeurant
u mont
Saint-Hilaire,
rapporte que
«
quand
il
vouloit aller s esbattreen
quelques
lieux avec-
ques
ses
compaignons,
fin
qu ils
se
retrouvassent,
l
leur
disoit
qu ils
se
trouvassent la
dicte borne Saint
Benoist et là
se
assembloient
.
François
Morreau,
aboureurdemeurant ue
Saint-Jacques
joute
quant à lui que
«
il
y
a
apporté
des
corps
en terre
u
cymetière
e Saint
Benoist
et
pour
ce, lors,
on entroit n
ycelui cymetière
ar
le
boult d en hault... et
près
de la dicte
borne,
l
s est,
en
ce fai-
sant,
plusieurs
fois
reposé
sur
la
dicte borne ».
L abbaye
a eu
gain
de
cause,
moyennant uelques
accommode-
ments
avec le
collège
et le
chapitre
de
Saint-Benoît.L affaire
nous
permet
d entrevoir es
aspects
ordinairesde
la vie
quotidienne
ù la
pierre
de Saint-Benoît
intègre
naturellement.
lle
sert
pour
des
jeuxd enfant,on la choisit omme ieu de rendez-vous ar chacunsait où
elle se
trouve,
on
l utilise
comme une sorte
de
repose-pied uand
les
paroissiens
mènent
un cercueil au
cimetière,
ref elle fait
partie
du
paysage
et de l environnement amilier de la rue et de
tout le
voisinage.
Poser les bornes
Droits et
pratiques
oncrètes
e marient
ans ces
opérations
fon-
damentales.
e
sujet
mériteraitne
enquête pprofondie.
our
l heure,
je
me contenterai
e citer
deux textes
qui
débordentdu
cadre
pari-
sien mais qui peuventamorcer une réflexion ltérieure largie.
12.
AN
S 890A.
13.
AN
S
900.
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136
S. ROUX
Celui de
Philippe
de
Beaumanoir
d abord,
dans
ses Coutumesdu
BeauvaisisH. Il vient
d évoquer
les
litiges
t
les délits
dus aux
dépla-
cements
de
bornes
et
il
en arrive donc aux
droits
éminentsdes sei-
gneurs
en
cette matière.
Lorsque
le
bornage
intéressedeux
ou
plu-
sieurs
eigneurs,
eur accord
préalable
est
indispensable
t
il
se donne
après que
les
seigneurs
ient été
appelés
en
justice.
Ce
qui suppose
que, lorsque
le
bornage
se fait dans les
terresd une
seule
seigneurie,
cet accord
n est
pas
nécessaire
puisqu il
ne
s agit
alors
que
de
pos-
session
ubordonnée,
ont a
répartition
xacte
ne
peut
nuire
ux
droits
éminents u
seigneur.
Paysans
ou
citadins
s entendent u se
dispu-
tent ntre ux. Mais, ajoute Beaumanoir, l y a des villesoù, y com-
pris
dans ce
cas,
l accord
seigneurial
st nécessaire t il
convientde
se
plier
à la
coutume de la ville. On voit à
l œuvre ici
une
logique
tout à fait
ordinaire la
fin
du
XIIIe
iècle,
et on la
retrouve ivante
dans les
arguments
e
l abbaye
de
Saint-Germain-des-Prés,
u
milieu
du
xviie
siècle.
Nicolas de Lamare15 u début du
xviiie
siècle,
évoque
la
ques-
tion
par
un
détail concret
qu il apporte
dans son
développement
ur
les
usages
du
charbon
de
bois.
Il
explique que
«
l on s en servait
pour
marquer
es
limites es
seigneuries,celles des juridictions u des terres es particuliers l on faisait
à
leur extrémité n
profond
rou,
on en
emplissait
e fond
de
charbon de
bois et l on mettait
dessus
une
grosse pierre
fort
enfoncée. S il
survenait
nsuite
une
contestation u
sujet
des
limites,
n
levait
cette
pierre
t
le charbon
que
l on
trouvait
es-
sous en
son
entier,
près plusieurs
iècles,
était un
témoignage
qu elle y
avait été
posée exprès
pour
borne ».
Je ne
sais si le
procédé
était
employé
au
Moyen
Âge,
mais son
évocation
par
de
Lamare
indique
bien
l importance
u
problème
on
notera
ue
les limites
es
propriétés articulièrese sontcitées u aprèscelles des seigneuriest des juridictions. a hiérarchie es droits om-
mande la
hiérarchie es
espaces,
dans une
remarquable
ontinuité
u
XIIIe
au
xviiie
siècle.
Revenons
à
Paris.
L espace
vécu
au
quotidien
par
la
plupart
des
Parisiens est bien celui de la
censive/seigneurie
arce qu il
est celui
du droit
sur le sol et
les immeubles.
14. Philippe e
Beaumanoir,
outumese
Beauvaisis
éd. A.
Salmon,
aris,
1889,
éédition,970,
ome
,
§
851
«
Toutes
ens
ui
requièrent
onnage
e
doivent
avoir t bien
uuent
es
parties,
eles
acordent,
onner
ans
ustice,
es
ue
ce ne
soit n divers
eignourages
ù
il
ait
pluseurseigneurs
car n
devise e
pluseurs
ei-
gneursitenantepuuentonnerans esseigneurspeler. epourquantl i a plu-seurs iles n a conteé,out oit equ ils iegnentun eignourage,ù ilnepour-
roientonnerans eur
eigneur
t s ils
bonnoient,
amende
eroit e
LX
s. et
pour
ce se convient
l
garder
n
chascune
ile
elonc a
coustume.
15.
Nicolas
e
Lamare,
raité
e
police
Paris, 705-1738,
ivre
V,
titre
LIX,
tome
II,
p.
931.
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Médiévales8,printemps995, p.139-141
ABSTRACTS
Sofía
Boesch
Gajano,
Terror
nd Tonnent. orms f
Hermitism
n
Cen-
tral
taly
Between he 12th nd the 13th
Century
The
article
xplores
wo
xpressions
f
hermitism,
wo
xperiences
f the
holy
life n theValleyof Subiaco,sanctifiedytheradiatingnfluencef the
Monastery
f SaintBenedict.
n the
ate
eleventh
entury young
irl
named
Chelidonia ettled
n
a
remote
nd
rugged
avern n
the Simbruini
oun-
tains
n the
lopeopposite
he
monastery,
here he had little
ontactwith
the
monasticnstitutionut was revered
y
the
population
or
her saintli-
ness
during
er ifetimend for enturieso come. n the hirteenth
entury,
themore
enowned orenzoLoricato lso settledn
a
cavern,
ut near
the
Sacro
Speco,
where aintBenedict nce ived s a hermit.
helidonia hose
to brave
lone,
with he
help
of fast nd
prayer,
he
terrorsnd
dangers
of
hernatural
nvironment,
n the
«
margins
of themonasticnstitution.
Lorenzo hose
«
protected
form
f
hermitismhe
severely
ortifiedis
body,
but
to do so
required
he
onstantssistance f themonks. he
story
of these wo aintlyermits,man nd a womanwho ived centurypart,
illustrates
he
many-sided
elationship
f hermitismith
he monasticnsti-
tution,
opular
worship,
nd nature.
Catherine
antschi,
The Solitude f the Hermits.
n
Investigation
n
the
Alpine
Regions
Were
hermits
eally
lone? To answer his
question,
he author
xamines
the
different
ignificationsiven
o the
term
olitudo
n
a number f hermi-
tical
nd monastic ules nd describeshe
alpine
andscapes
where he her-
mits
ived,
s
depicted
n
hagiographie
nd other exts
rom
he
High
Middle
Ages o thefifteenthentury.tmaybe deduced rom his tudyhathermi-tism an bestbe defined
y
the haracteristichoice f arid nd
nhospitable
retreats
ather han
by
the
fact
of
living
lone. For various easons f a
psychological
rder,
monastic ules
prohibited
otal
solation,
onsidereds
a source
f
egotism, ride,
nd acedia.
ndeed,
n
practice,
hehermits
ften
had
one,
f
not everal
ompanions,
ovices,
r servants.
oreover,
he
ruly
saintly
ttractedo
many
isitors
hat
meditation,
ilence,
nd
prayer
were
disturbed
nd
endangered.
he
choiceof
solitude hus
mplies quest
for
an
equitable
alancebetween onsecrationo the service f God alone and
charity
oward
ne s
neighbor.
Stéphane
i
Domenico,
The Pull of the
Mountain,
heCall of the
Village
Francoof Assergi, ermit f Gran Sasso (13th entury)
In
the ate
thirteenth
entury,
ranco f
Assergi
hose he
steep
nd
craggy
Abruzzimountains
s a
retreat
o attainhis deal
of the
solitary
ife.The
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140
ABSTRACTS
Benedictine onk
ecame
hermit,
nd themountain ecamehis desert. t
was,
n
fact,
muchvisited
esert,
where he hermit s
resence ppears
s
a
projection
f the civilized
world nto
a natural
nd
wild
expanse.
After
his
death,
he
pioneer-hermit
ecame
he ntercessor-saintf the
village
f
Assergi,
s well as its
patron
aint.
All
the
anger
nd the
anguish
elt
by
themountain
opulations
ranspire
n
theaccounts f
themiracles f
Saint
Franco.
The
popular aintings
hich ecorate he ltar edicatedo the aint
and
represent
hedifferent
laces
which ad beenvisited
y
him
give
n idea
of the
perception
en had
of thesewild or civilized reas.
MathieuARNOUX,A Venetiann the Mont-Saint-MichelAnastasius,
Monk,
a
Hermit nd a
Confessor
t
circa
1085)
The career f the
hermit nastasius
s known
olely
rom vitawritten
n
the
early
welfth
entury,
nd which
was
generally
ot
veryhighly hought
of
by
historians.
owever,
comparison
ith ther
ources
as attested o
its
credibility
nd thrown
ight
pon
the ifeof thisVenitian
ho settled
n
the
Mont-Saint-Michelround
1023
nd then ived s
a hermit n the slet
of
Tombelaine,
romwhere
e followed
ugh
f Semur o
Cluny
eforeeav-
ing
forthe
Pyrenees,
here e continued
is
hermiticalifeand where e
died around
1085. Like other talian
lerics,
nd
particularly
nselm,
who
washisfriend,eplayed n importantôle ntheNormanhurch,nd took
part
n
the ucharistie
ontroversyy writing
short
reatise,
is
only
xtant
work.His
origins,
is eventful
xistence,
nd his
predisposition
or he oli-
tary
ifemake
him
true
disciple
f Saint
Romuald,
who had
such
a
pro-
found
nfluencen
theVenitianhurch. nastasius^
resence
n
Normandy,
probably
n William f
Volpiano s
nstigation,
nd
subsequently
is com-
mitmento the
Clunisians,
onfirmhe
spreading
nfluencef the hermitic
and monasticmovement
eyond
taly,
where t
originated.
Cécile Cab
y,
Hermitismnd
inurbamento
n
the
Camaldulensian rder
n
the Late
Middle
Ages
SeveralCamaldulensian
stablishments
ounded n
the
thirteenthnd four-
teenth enturies
ut
nto
practice
he hermitical odelof
Camaldoli,
hus
creating
movementf observance.
lthough
he
Camaldulensianonstitu-
tions,
laborated
n
the welfth
entury
nd
completed
n the ast
three eca-
des of the
thirteenth,
xpound
ruleof
lifeforthe
hermits,
hey ive
no
clear ndications to the
practical
pplication
f
the
observance.
The abundant ocumentation
reserved
o us
concerning
heFlorentineer-
mitage
f Santa
Maria
degliAngeli
ffers
n
enlighteningay-to-dayicture
of Camaldulensian
ermitism.ounded
oward
he
very
nd of the hirteenth
century,
his rban
hermitage
xemplified
form f
open
réclusionmuch
n
favorwith lorentine
ociety
nd
especially
ith
he hancellor
oluccio alu-
tati. But thefragileompromiseetween ermitismnd urban ifebecame
evident
n
the
earlyyears
f thefifteenth
entury
hen he
communityplit
and the schismatic
roup
founded new
hermitage
a
sign
hat he return
to observance
n
the Camaldulensian
rder
ontinuedo be
perceived
s a
return
o
hermitism.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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ABSTRACTS 141
Lucie
Gernez,
Relics
and
Images
of Saint
Galgano
n
Siena
(13th-14th
centuries)
In
the
ate twelfth
entury,hirty
ilometerso the
southwestf Siena near
theconfines
f the
Maremma,
algano
Guidotti,
knight
rom
hiusdino,
plunged
is sword ntothe rockof Mount
Siepi
n the
manner f a
cross
and chose o
live
as
a hermit. fter is deathMount
iepi
became
popu-
lar center
f
worship
where he faithfulame to
venerate
he relics f the
saintly
ermit. he
newly-founded
ult
nspired
rtistsnd the
conographie
cycle
f
the aint s ife
ngraved
n
the
reliquarynclosing
ishead
was soon
echoed
n
paintings
y
artistsuch s Andrea
i
Bartolo, ecchietta,
nd Gio-
vanni i Paolo. The mages f theknightonvertedo hermitismlso found
favor
with he
ruling
ircles f theCommune f
Siena,
who
conjugated
ts
efforts
ith hose f the
Abbey
f San
Galgano
o
promote
hecultof the
saint nd
integrate
im
nto the
pantheon
f the
city s
protectors.
Élizabeth
Halna-Klein,
On
the Tracesof the
Lynx
Through
he
ages,
the
ynx
ived
n
the forests nd mountainsf
Europe,
but
ts
relationship
o man remained
mbiguous. lready resent
n
Greek
and Roman
mythology
nd scientific
reatises,
uring
he Middle
Ages
the
lynx
was often
erceived
s an
evil,
diabolical
nd
jealous
animal,
seless
to its nvironmentnd to man. tinspired an s maginationnd wasthought
for
example
o
bury
ts
urine n the
earth,
where t was transformednto
carbuncles.
ysterious
nd
misunderstood,
tsclassificationas uncertain
nd
it was most
ften ssimilatednto he
wolf
family.
et Gaston
Phébus las-
ses
the
ynx
with he felids nd
Hildegard
f
Bingen
onsiderst as a
posi-
tive,
ndependent
nd useful nimal.
Hunted nd
trapped
or ts
fur,
he
ynx
had
all but
disappeared
rom
uropeby
theend of thenineteenth
entury.
Today
the
ynx
s better
nown,
ut ts reintroductionnto
ts
natural abi-
tat
in
Western
urope
till
gives
rise
to contradictionnd
controversy.
Simone
Roux,
Limits
nd
Boundary
tones
n
Paris
in
the Later Middle
Ages
Among
heboundaries hich
emarcated
hevarious ocial areas nside he
city
walls of
Paris
n
the aterMiddle
Ages,
those
pertaining
o
seigniorial
territories,
alled
«
censi
es
»,
had a
particularly
mportantignificance
or
most
arisians. hese
imits,
ndicated
y
boundary
tones nd
signs
n hou-
ses,
determined
he
geography
f the
ystem
f the and
administrationnd
designated
n which minentandowner s
roperty
ach
building
as situat-
ed.
More thanother
imits,
hose f
the
«
censives have eft vidence
n
the
writtenecords
f
the
mportantart
hey
layed
n
the
daily
ife f
the
capital.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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144
NOTES
DE LECTURE
Le
travail,
rès urveillé
ar
la
communauté,
uit es
rythmes
u
calendrier
agricole.
a mine ait
partie
es biens ommunauxu
village
t son
exploi-
tation
n entraîne
i
spécialisation
i
division u
travail.
Le minerai xtrait est
pas
exploité
ur
place,
mais
transporté
ersdes
forges,
arfois
ssez
éloignées
il
n y
a
pas,
à
Beaumont,
n
plein
Bocage,
de
disponibilités
n
bois,
pour exploitation
e
fours. e
commerce
u
minerai
est une
activité,
lle aussi
réglementée
t
surveillée
e
près,
xercée
ar
un
monde
intermédiaires
ui
le
transportent,
e stockentt
spéculent
ur ui.
Les conditions exercicee la
métallurgiehangent
u
début u
xvie
iè-
cle,
avec
insertione
nouveaux
cteurs,
eigneurs
t
bourgeois.
usqu à
a
fin
du
xve
iècle,
n
effet,
es
aristocratesaïcs se
désintéressente cette cti-
vité t, s ils ne la gênent as, ils n yvoient as un secteur e profit u il
serait ntéressante
promouvoir.
ls
se
heurtent,
l
est
vrai,
la
solidité e
l organisation
es
férons,
apable
de
lutter,
ur
e
plan
uridique
entend,
contre oute entativee mainmise
ar
des
seigneurs.
e ce
point
de
vue,
l échecdes Cisterciensans eurs entatives
our
nstaller
n Normandie ne
économie omaniale ttentive
la
mise n valeur
u
sous-sol st
remarqua-
ble.
Pour
des
raisons
ifférentes,
ommunautés
aysannes
t
autorités
oya-
les se
liguent, ar exemple,
ontre es
Cisterciense
Mortemer,
ont
acti-
vité
dévastatriceans la forêt e
Lyons
est
entravée.
Il
existe
ependant,
n tout
petit roupe
e
six ou
sept
seigneurs,
es
barons
ossiers,
ont es
privilèges
ont
usceptibles
e
remettren cause e
caractère
xclusivement
aysan
e l activité. es
seigneurs
étiennentn effet
le droitde fabriquere charbon e bois sanspayerde taxe et aussi celui
d exploiter
ne
forge.
es
férons,
uant
eux,
doivent
ayer
e charbon e
bois
au
prix
ort.
avantage conomique
étenu
ar
es barons
ossierseur
permet,
la fin
du
xve
iècle,
évincere
groupe
es férons.
usque
à,
tou-
tefois,
eule a valorisationes massifs oisés
es ntéresse
les
premières
orges
seigneuriales
pparaissent
ard,
la
fin
du
xive
iècle.
La
sidérurgie
ormandemanifestene
grande
italité
ommerciale.e
fer st de
bonne
qualité
t
il
est
recherché
our
des
usagesspécifiques.
l
est
exporté
ers e
Beauvaisis,
es
îles
britanniques,
a
Bretagne
t la
région
parisienne,
hacune es
régions
e
production,
e
pays
d Ouche,
e
pays
de
Bray
t le
Bocage
ayant
a
propre
one
d écoulement.
L évolution rutale
es conditions
e
la
production
la
fin
du
xve
iè-
cle, vec apparitionuprocédéndirect,emetncause ensemblee l orga-
nisation
ntérieure.
equérant lus d investissements,
a
nouvelle
echnique
fissure unité u
groupe
es
férons,
l intérieur
uquel
un
processus
e
dif-
férenciation
ociale se fait
our.
Désormais,
es
maîtres
e
grosses
orges
s opposent
ux maîtres es
forgelles.
ans les
années
1480-1490,
ensemble
de
la
production
st
pris
n main
par
es
fossiers,
euls
apables
e
pratiquer
des
investissements
uffisants
our
allerde
l extraction
usqu à
la commer-
cialisation es
produits
inis u
à ouvrer. a
corporation
es
férons e
survit
à elle-même
elle
perd
toute utonomie
u début
du
xvic
iècle.
Le
grand
ntérêtu travail e M.
Arnoux st de
mettren
rapport
ech-
niques
t
structures
ociales travers
ne
étude
ui apparaît
omme nevéri-
table
rchéologie
e
la société.
a
présentation
u il
fait es
férons,
n déca-
pantunehistoriographiencienne,ui s étaitplusou moins olontairement
trompé
ur a
nature
u
groupe,
st des
plus
réussies.
auteur
montreussi
la
capacité
organisation
t de
résistancees
communautés
aysannes,
ors
de la
seigneurie.
e
seigneur
a
pas, usqu au
début
de
l époque
moderne,
le
monopole
de
l initiative
conomique,
même
i,
en
fin
de
période,
l
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NOTES
DE
LECTURE
145
l acquiert, ar
a médiatione
l innovation,
e
replaçant
insi n
position
e
leader
ocial.
L activité
idérurgique
sttoutefois
emeurée,
u
xie
au
xve
iè-
cle,
en
Normandie,
xclusivement
aysanne,
ans
que
la
seigneurie uisse
l annexer,
la fois
parce ue
les communautés
y opposaient,
t
aussi
parce
que
les
seigneurs
y
voyaient
as
un secteur
e
profit articulièrement
nté-
ressant u
important.
Laurent
eller
Jeuxsports tdivertissementsu MoyenÂgeet à l âge classique.Actesdu
116e
ongrès
ational es
Sociétés
avantes,
hambéry,
991,Paris,CTHS,
1993,
298
p.
Ce
livre,
ui
rassemblees actesdu
congrès
es sociétés avantes
ui
s est
déroulé
Chambéry
n
1991,
st
divisé
n
cinq
parties ui évoquent
ucces-
sivement
es
eux,
es
sports
t es divertissementsntree
xnie
t e xviie iè-
cle.
JeanMichel
Mehl
qui
avait a
charge
e
présenter
e
rapport
ntroductif
du
colloque,
xpose
dans un
premieremps uelques-uns
es
problèmesro-
pres
l histoire
es
eux
et retrace
a
genèse
es travaux
usqu alors
éalisés
(pp.
6-7).
Rappelant
existence
ouvragesionniers
t
pour
ertainse
grande
qualité l ouvrage
e J.
Huizinga
Homo ludens
par exemple)
t
soulignant
la variété es approches ethnologiques,ociologiques,inguistiques...),l
remarque
ombien
e terme
jeu
»
est rebelle toute
définition
imple
t
préfère
dopter
e
senstrès
général
ue suggérait
.
Cailloisà savoir elui
d activité
libre,
éparée,
ncertaine,
mproductive,églée
t
fictive
(p.
8).
Notantde semblables
ifficultés
our
es termes
sports
et
«
divertisse-
ment
,
il
évoque
es obstacles
lever
our
mener
bienune recherche
ur
ces
thèmes,
out
particulièrement
es lacunes
e la documentationrchivisti-
que
et a
difficulté
analysepp. 9-10).
Enfin,
ressant ne
présentation
ri-
tique
de
la
bibliographie
écente,
l constate
importance
es
monographies,
trace eurs
imites,
éplore
absence études e
synthèse
pp. 11-17)
t
sug-
gère lusieurs
oies ncore
eu
ou
mal
explorées
ar
es
chercheurs
pp. 18-21).
L ensemble
es communications
ui
suivent
llustre
es
propos.
n
effet,
les études e synthèse sontrares. eulsRobert avreau t René Germain
dressentn
aperçu énéral
es
eux
et
des fêtes la
fin
u
Moyen
Âge,
ncore
se
limitent-ils
des zones
géographiques
lus
ou moins tendues au Poitou
pour
e
premier
pp.
25-45),
u centre e
la France
Auvergne,
ourbonnais,
Berry,
elay
et
Forez)
pour
e second
pp. 45-61).
Par
ailleurs,
ombreux
ont es articles ondés
ur
étude
de documen-
tations
articulières.
lusieurs ravaux
menés travers
analyse
e
sources
judiciaires
évèlent
ne fois ncore a richesse
t l intérêt
e ces fonds
our
l histoire
es
eux
à la
fin
du
MoyenÂge,
mais aussi
eurdifficile
nterpré-
tation. es onze ettres
e rémissions
ubliées ar
Annie aulnier
pp. 67-95)
lui
permettent
e dresser
n
portrait
ivant es activités
udiques
es
sujets
de Charles
I. Utilisant
uelques
données
rovenant
es
archives e Lille
(magistrateLille, udience u duc deBourgogne,uxquelles ajoutentelles
fournies
ar
quelques
ettrese
rémissions),
sabelle
aresys résente
n
aperçu
des
pratiques
ociales
iées aux
jeux
dans cetteville et dans
ses environs
(pp. 95-111).
Michel emoine
our
a
part,
e
penchant
urun
choix oeuvres
littéraires,
assemble
ans un
premier
emps
es allusions ux
sports
t aux
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 148/164
146
NOTES
DE
LECTURE
divertissements
hez
quelques-uns
es
auteurs u
Haut
Moyen
Âge,
toutes
plus
ou moins
nspirées
ar
es
considérations
Isidore e
Séville ur es
eux
«
gymniques
,
ceux du
cirque
ou du théâtre
pp.
131-135).
uis
dans un
second
emps,
l
montreombienes mêmes
onsidérations
rennent
ne
place
particulière
ans œuvre
Hugues
de Saint
Victor
le
Didascaliconxiic
iè-
cle).
Les
remarques
ur e
sport
t les
jeux
théâtraux
insèrent
ans une
démarche
hilosophique,pistémologique.
es activités
portives
t
théâtra-
les ne sont
pas
condamnées,
ar ellesont
d une
part
une valeur
ivertissante
et
exemplaire
t,
d autre
art,
parce u elles
ont une
place
dans
a
connais-
sance t a classification
u savoir
pp.
139-141).
es
contributionse
Danièle
Alexandre-Bidon
pp.
143-156)
t de
Catherine
ouedo-Thomas
pp.
156-175)
présententtravers ne documentationssentiellementconographique,ais
aussi
archéologique,
outun ensemble activités
udiques
iées
oit à l hiver
(patinage,uge, ki...),
soit
l eau
(natation
t
outes
nautiques) our
a
fin
du
MoyenÂge
et
le débutde
l époque
moderne.
Toutefois,
e
colloque
assembleussi out n
ensemblee
monographies
et de mises u
point
ui
ne
manquent as
d intérêtt
tout
d abord,
a
con-
tribution
riginale
e
R.-H. Bautier
pp.
61-67).
En
effet,
appuyant
une
part
ur es
témoignages
e
contemporains
ui
désignaient
hilippe
Auguste
comme n
«
roi
chanceux
,
relisant autre
art
es
comptes
or et de
oyaux
du
chambrier,
autiere
Jeune,
uis
analysant
es
comportements
olitiques
du
souverain
l égard
e
ses
adversaires,
l
montre
ue
ce
prince
vraisem-
blablementté un
redoutable
oueur
d échec.
Succèdent
ce court
xposé,
deuxcommunicationsortantur a péninsulebérique,elle d Ana Maria
S.A.
Rodrigues
ui
trace n
portrait
es
eux
tauromachiques
n
Espagne
u
au
Portugal
la fin
du
MoyenÂge
pp.
181-193)
t
cellede
Maria-Joséalla
qui
décrit
es
eux
et
les
représentations
ratiquées
la
cour
d Espagne
la
même
poque pp.
281-289).
Jean-Pierre
eguay appelle
our
sa
part
ette
habitude^
ue prirent
es villesdu
royaume
e
France
d offrir,
la fin
du
MoyenÂge,
des
présents,
es
banquets
t des
fêtes
certains e
leurshôtes
(pp.
193-195). voquant
e
gouffreue représentaient
ien
ouvent
es
dépenses
pour
es
finances
rbaines,
l
dresse
n
tableaudes
différents
énéficiaires
de ces
largesses,
e roi
bien sûr mais
aussi tout
eux
qui
d une
manière
u
d une utre nt
pu
rendre n service la
ville
pp.
196-199).
l
s attarde
nsuite
sur es
préparatifs
es
réceptions
t
surtout
ur es
différents
adeaux t
les
repas, ccordant ne arge lace la descriptiones mets ervispp.200-214).
Autre
orme e
divertissement,
a danse st
évoquée
par
Catherine
ngrassia
dans un
article
ichementocumenté.
lle
retrace a
courte
histoire e la
«
basse
danse
qui
fut
pratiquée
ans les
milieux
ristocratiques
ntre e
xive
iècle t
e milieu
u
xvic
iècle.
tudiant
es
quelques
raités
e
«
basse-
dance
conservés,
lledécrit ne
chorégraphie
xtrêmement
récise
ui
était
coordonnée
ar
quelques
ccordsmusicaux
pp.
216-229).
lle
conclut
ue
la
connaissancees
pas
nécessitait
n
apprentissage
articulier
t
que
la
pra-
tique
de la
«
basse-danse
constituait
raisemblablementn
spectacle,
ne
représentation
e
choix
our
es
observateurs
pp.
233-234).
nfin,
.-P.Jour-
dan
évoque
e
rituel es fêtes
hevaleresques
n
Bourgogne.
l
présente
on
seulement
organisation
es
combats
t
eur
njeu
savoir
amour e la dame
- auquel e substituerogressivementa reconnaissanceu princeu du sei-
gneur
,
la fortune
t a
renommée
pp.
258-266),
mais
ussi e
prix
e
sem-
blables
ntreprises
pp.
267-273).
a
richesset a
variété e
ces
communica-
tions
et de celles
que je
n ai
pas
la
place
de citer
fontde
ces actes
de
colloque
un
ouvrage
éussi
ui
constitue ne
étape
sur e chemin
e la
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 149/164
NOTES
DE
LECTURE
147
connaissancees
eux,
des
sports
t des
divertissements,
elle
que
l a tracé
J.M.
Mehl dans son
rapport
ntroductif.
DidierBoisseuil
Chiara
Frugoni,
Francesco
l invenzione
elle stimmate. na storia
per
parole
immaginiino
a Bonaventura Giotto
Turin,
inaudi,
993
Saggi
780),
XXIII-431
.
et
180
llustrations
ors-texte.
Disons-le
ans
embages
le
gros
ivrede
Chiara
Frugoni
st un chef-
d œuvre.
out
d abord,
l
rassemblet
analyse
n énorme ossier ocumen-
taire ur
es
représentations
es
stigmates
t de
la
sainteté
e
François
Assise
durant
e siècle
ui
a
suivi
a mort
1226-
ers
330).
Ensuite,
l
propose
ne
réflexion
rofonde
ur es
rapports omplexes
ntre
extes,
mages
t tradi-
tion.
Enfin,
l
construit
ne
hypothèse
euve ur es sens
divergents
ttribués
à la
stigmatisation
e
François.
ans les limites
un
compte
endu,
e
me
cantonnerai
ce
dernier
spect,
ans
pouvoir
aire
n
uste
sort
ux minu-
tieuses
nalyses images
t de
textes
ui
apportent
n
grand
ombre indi-
cationsnouvelles
datations,
ttributions,
iliationse
modèles,
ypologies.
Le
livre onstitue
ésormais
encyclopédie
aisonnéet
critique
es
représen-
tations e François u xnie iècle.
Peu
après
a mort u
saint,
l automne
226,
e frère lie de
Cortone,
vicaire
énéral
e
l ordre,
nnonce
événement ses
frères,
ans une courte
lettre
ncyclique
t
fait onnaître n
«
miraclenouï
;
François
st
apparu
avant
a mort
vec es
cinqplaies
du Christ
ur on
propre
orps.
Le
phéno-
mène urnaturel
taitdemeuré
aché
par
la volonté
xpresse
e
François
seulsdeux
ou
trois
ompagnons
roches
uraient
u
apercevoir
u toucher
les
blessures
acrées.
a nouveauté
u miracle
st certaine comme
e note
l auteur,
a
contemplation
e la
Passiondu
Christ,
u
xiie
iècle,
impliquait
pas
d autre
hénomène
hysique
ue
les
armes e
compassion.
e motmême
de
stigmate,
epris
e Paul
(Gai.
6,
17),
étaitdemeuré
ratiquement
ans
emploi
urant
e
MoyenÂge.
Le
phénomène
e
fut
d ailleurs
as
accueilli
sansréticencesdesdoutes, es bruits e supercheriee développèrentapi-
dement
Grégoire
X,
qui
avait mis a
stigmatisation
ans
sa bullede
cano-
nisation
répondit
n
en affirmantolennellement
authenticité
iraculeuse
en
1237.Neuf
bulles
ontificales
a confirmèrent
u cours u
XIIIe iècle.Dès
lors,
e
miraclee
banalisa,
uisque
es
stigmatisés
e
comptèrent
ar
dizaines.
La
grande
écouvertee Chiara
rugoni
onsiste
n a mise
u
jour
d une
forte
ension
ans
interprétation
u
phénomène.
lle
distingue
eux
tradi-
tions
pposées
ès
l origine.
un
côté,
a traditionssued Elie
de Cortone
donneun
sens
mimétique
ux
stigmates
les
blessures
puncturae)
e
Fran-
çois reproduisent
assivement
elles
du Christ.
À
l opposé,
une autre radi-
tion,
ssue
du frère
éon,
proche
ompagnon
e
François,
aitdes
stigmates
une
mitation
ctive
es souffrances
e Jésus. our
Thomasde
Celano,
pre-
mier iographeu saint, l ne s agissait as de « blessurespuncturae) ais
de clous
eux-mêmes
aits e
sa chair . On
voit es
enjeux
de
ce
débat la
tendance
a
plus
nstitutionnellee l ordre
end
divinisere saint n le
dotant
d attributs
hristiques
onnés n
signe
élection,
andis
ue
les tendances
adi-
cales
les
futurs
zelanti
,
puis
es
«
spirituels
) privilégient
imitationolon-
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-28-printemps-1995pdf 150/164
148 NOTES
DE
LECTURE
taire t douloureusee
l Évangile.
ous avonsdonc
ffaire un élément
ré-
coce et essentiel e distinction
ntre es
tendances e
l ordre,
ien
antérieur
à la
question
e la
pauvreté
bsolue. Cette
polarité
tait
passée naperçue
jusqu aux
travaux e Chiara
Frugoni arce
qu elle
avait
été
soigneusement
expurgée
es sources ranciscaines.a
tradition
agiographique
ranciscaine
a fait
objet
d un
contrôle trict u
xiiic
iècle on
connaît
a décision
e
saint
Bonaventure,
ffectiven
1263,
de
réécrirea vie du
saint n
faisant
détruirees
biographies
récédentes
édigéesar
Thomas
e
Celano.Plus
géné-
ralement,
a
transmission
crite es
témoignages
ur
François
fait
objet
de contrôlest de censures
ystématiques.
a version
e
Léon sur a
stigma-
tisation est onnue
u indirectement,
ansdes
chroniques,
u
tardivement,
parun billet robablementutographecrit la findes années1250.Mais
comme e montre hiara
rugoni,
a tradition
icturale,
oins
ontrôlée,
ar
nature
lus
ocale t
donc
moins
érilleuse,
conservé
es traces
lus
nciennes
de
l interprétation
activiste
de
la
stigmatisation.
es
témoignagesermet-
tentde reconstituern
scénario
omplexe.
Seloncette
ersion,
a
stigmatisation
ut ieu ors
d une
retraitee Fran-
çois
ur e
mont
Arverne,
ansdoute n
1224,
u terme
une
ongue ngoisse.
Cette etraitee
40
ours,
de
l Assomption
la
SaintMichel
15
août-29
ep-
tembre),voque
la fois e
eûnechristique
t e
Carême. a scène
met ux
prises
e saint t le
séraphin,nge
de
rang uprême,
u cours
d une
appari-
tionet
d un
dialogue ui
renvoie la
transfiguration
u Christ u bien
à
la lutte e Jacob vec
ange et
en
ce
sens,
es
stigmates
appellent
a
clau-
dication ictorieuset humble eJacob). emessageuséraphinrône aban-
don à la volonté u
Père
et
suggère
n autre
parallèle
hristique,
elui
de
l angoisse
u
Mont des
Oliviers dès
lors,
es
stigmates
iennent
ieu de la
sueur e
sang,
xpression
urnaturelleun
désir
perdu
t
effrayé
e se
con-
former
la
providence
ivine. a version
ormalisée,
Élie
à
Bonaventure,
rectifie
outes es circonstances
ar
e texte t
par
image
le
séraphin rend
de
plus
en
plus
allure
d un
crucifié t tend
s identifier
u
Christ,
ans
une cènenon
plusd épreuve,
aisde
reconnaissance.
onaventure,
n fixant
la
stigmatisation
u
jour
de l Exaltation e la
croix
le
14
septembre)
chève
de
transférere modèledu moment e la
transfiguration
u
de la veillée
angoissée
u
Mont des Oliviers ers e
temps
u calvaire.
Les
représentations
icturales
es
panneaux
e Pescia
Bonaventure
er-
linghieri,235) t de la chapelle ardi Florence, ers1243)ontgardé race
de la version u frère
éon,mais,
la
fin
u xnie
iècle,
es
fresques
e
Giotto
achevèrent
imposer
a
version conventuelle
de la
stigmatisation.
hiara
Frugoni
découvertn artifice
emarquable
e
Giotto
our
figurer
a
concep-
tion
«
passive
des
stigmates.
ans les
fresques
e la
basilique upérieure
d Assise
vers
290)
t surun
panneau
onservéu
Louvre
vers
300),
Giotto
matérialise
impression
es
stigmates
ur e
corps
de
François
ar
des
rayons
issusdes
blessures u Christ
hérubinique.
es
rayons
e
croisent
par
exem-
ple
a blessure
u
pied
droit u Christ e
porte
ers e
pied
gauche
e Fran-
çois.
Or,
dans a
fresque
e la
chapelle
ardide
Florence
vers 330),
Giotto
choisit
e relier e
pied
droit u Christ u
pied
droit u saint.
La
première
solution
résentaitrançois
omme
image
u Christ
n
miroir,
lors
que
la
secondeuppose nesuperposition,npassage u moule, ui accentue idée
d une
conformité
iraculeuse.
l
ne
s agitpas
là d une
ubtilité
e
l interpré-
tation
ontemporaine
Chiara
Frugoni
relevé
ue
Catherine
e
Sienne,
n
peu plus
ard,
evendique
ne
tigmatisation
orale
n miroir
ui
fait
boutir
la
blessure
hristique
u flancdroit ers on
propre
œur,
gauche.
8/9/2019 Medievales - Num 28 - Printemps 1995.pdf
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NOTESDE
LECTURE
149
On
comprend
ès ors e titre e
l ouvrage
on
peut arler
une inven-
tion
des
stigmates
i l on saisit
ue
le
phénomène,apporté prèscoup,
ne
prenait
ens
que
dans
des
systèmes
interprétationomplexes,
ort
réci-
sément
eliés ux
débats nstitutionnelsans ordre ranciscaint
dans
Eglise.
La démonstration
st éblouissantet éclaire
un
our
nouveau ette
ameuse
question
ranciscaine,
i centrale u XIIIe
iècle.
On
pourrait
dosser
a
question
es
stigmates
un
ensemble
lus
vaste
de
questions
ui dépassent
e milieu ranciscain..
Frugoni
noté lle-même
que
la
stigmatisation
taitdans air du
temps Jacques
e
Vitry
arle
des
blessures
hristiques
e Marie
d Oignies
n
1215
mais,
malheureusement,
es
incertitudes
emeurent
uant
la
datation u
texte)
des
hérétiques,
ers
222,
sontcondamnés ours être nfligésolontairementes blessures l imita-
tion de
cellesdu Christ.
n
1201,
e
pape
Innocent
II,
dans sa
décrétale
Majores
construit
ne théorie u
baptême ui
use
de
l image
du
character
de
l impression
nvisibleaissée ur e
corps
du
baptisé.
lus
généralement,
au
xine
iècle,
e
multiplient
es
marques
élection,
e
ségrégation
u de
reconnaissance
signes
es
uifs
et des
prostituées,éveloppement
es noms
de
famille tables
omplétant
e nom
propre
nique
voir es travaux iri-
gés
par
Monique
Bourin naissance
e la
signature
voir es recherches
de Béatrice
raenkel
,
théories
colastiques
ur es
auréoles es saints u
paradis,
tc.).
Sans
glisser
ans
un
sémiologisme
acile,
n
peut
e
demander
si cet essor
du
marquage
e
désigne lus
émergence
une
conception
ou-
velledu
sujet
dans
tous
es sensdu
mot)
ur
e
modèle e la
personne
rini-
taire unenature otée ssentiellement,t nonaccidentellement,attributs.
Par
ailleurs,
e débat ur
origine
es
stigmates
uvrit e nouvelles
ers-
pectives
la findu
xmc
iècle
C.
Frugoni
relevé,
ansun
sermon e Jac-
ques
de
Voragine
vers 280)
une
esquisse
explication
aturalistee la
stig-
matisation,
ui
serait ue à
une véhémence
articulière
e
l imagination
e
François.
Mais cette
xplication
a riende réducteur
i
d hostile Fran-
çois.
On
en trouve
es
parallèles
hez es
théologiens
ranciscainses années
1270 t
1280
Roger
Mar
ton,
Jean
Peckham,
Matthieu
Acquasparta),
ui
expliquent
a mort u Christ
n termesurnaturels
la
véhémence
xception-
nelle
de
l imagination
e Jésus ccélère
e
processus
aturel e son
agonie.
Encore
ers
1320,
e
franciscaincotiste
t conventuel
ierre homas
prouve
la nécessité
e réfuter
explication
e la
stigmatisation
ar imagination
ur-
naturellee François. e qui se profilelors,dans un univers ù se rappro-
chent
urieusement
es savants aturalistes
t es
spirituels,
est
autonomie
du
sujet mystique,
pte
à
produire
es
miracles.
L histoire
résentéear
C.
Frugoni
arrête ur e
triomphe
e Bonaven-
ture,
relayéemagnifiquement
ar
les
images
de Giotto.
Mais on
peut
se
demander
i
les
aspirations
es
«
zelanti
,
illustrées
ar
des
mages
es années
1230et
1240
ne furent
as
poursuivies
ans e mondedes
Spirituels,
ans
les années
280 t
1290.J en
prendrai
n
seul
exemple
Pierre e JeanOlivi
(disciple
un Bonaventure
ue e
crois
rop ystématiquement
angé
u côté
de la
norme
onventuelle
ar
C.
Frugoni)
robablement
ers
1287,
rédigea
un commentaire
ur
Jean,
onnud Ubertin
e
Casai,
qui
affirmait
ue
la
cinquième laie
du
Christ,
rovoquée
ar
e
coup
de
lance,
pouvait
voir té
antérieuresa mort,malgréa lettre utexte e Jean.Cette ffirmationar-
die,
qui
devait
tre
ondamnée u concile
de Vienne n
1311,
vait
arge-
ment
irculé
on en trouve
race hezun
groupe
e laïcs
provençaux
e Mar-
seille
la findu
xnie iècle.
L enjeu
en
est clair
il
s agissait
e rattacher
l ensemble
es
plaies
du Christ
et
donc
a totalité es
stigmates
e
François)
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150
NOTES
DE
LECTURE
à la vie
active,
la véhémence
ropre
es deux
grands
ouffrants.'est dire
la
vigueur
e ce
grand
ébat i
magnifiquement
xhumé es archives
extuel-
les et
iconographiquesar
Chiara
Frugoni.
Alain Boureau
MichelColardelle et Éric
Verdel
(sous
la dir.
de),
Les
habitats
u
lac
de Paladru
Isère)
dans leurenvironnement.a
formation
'un
terroir
u
XIe iècle, Paris,Éditions e la Maison des Sciencesde l'Homme,1993,
416
p.,
ili.,
tabi.,
cartes
Documents 'archéologie
rançaise,
°
40).
Le livre
epuis ongtemps
ttendu
ur
e
lac
de
Paladruet les fouilles
de
Charavines st un monument
n
lui-même.
Monumental 'abord
par
l'importance
es fouilles
u'il rapporte20
ans,
une
équipe
d'une
cinquan-
taine
de
chercheurs,
2
collaborateurs
our
ce
volume),
monumental
ar
l'ampleur
matérielleu livre
416
p.
des
DAF,
près
de 300
figures,
artes
et
photos.
ous
es médiévistesonnaissent
éjà peu
ou
prou
e
sitede Pala-
dru,
pn
originalité
t
la relative
xhaustivitée la
fouille.Mais voicienfin
livrés 'ensemble es résultatses
recherches,
u
plus
précisément
e
récit e
ces
recherchesans eur
méthode,
eur
vancée,
eurs
données
rutes,
vec,
presque omme n supplément,eur nterprétationistorique.
Dès
l'avant-propos,
es
directeurs,
ichel
Colardelle t
Éric Verdel
ré-
cisent
e
propos
ils
ontfait netrès
rande lace
aux
sciences
e l'environ-
nement t ont eu le
souci d'étudier
on
pas
un
site mais un
terrain,
fin
de
comprendre
omment
'est
opérée
a
transformation
u milieu aturel
ui
a
mené l'Occident
ue
nousconnaissons. 'est
une étude e l'homme
ans
son
milieu,
ans son
écosystème,
ans sa
niche
cologique u'ils
ont
voulue
et
réalisée. ne substantielle
ntroduction
éographique,
rchivistique,résente
le
pays
de Paladru t
expose
a
méthodologiearticulière
ces
fouilles uba-
quatiques
20
p.).
Le
chapitre porte
ur
es
terroirs
t les climats
90 p.).
C'est en fait a
premièreartie,
ar on a fait
e
choix,
iscutable,
e
présen-
ter e texte
elon
a
numérotationécimale
u'affectionnent
es
sciences
ures...
La deuxième artie oncerne'habitat178p.), vient nsuite neévocation
des autres ites lentour
52 p.),
et enfin 5
pages
d'interprétation.
'histo-
rien
ue je
suis est
quelquepeu
désarçonné
ar
ce
plan
l'auteur
e
la
pré-
face,
Christian
oudineau,
ussi).
Mais,
d'avoir
résisté l'enviede
sauter
d'emblée
l'interprétation
e
la
fouillem'a
beaucoup ppris.
La
premièreartie
ur
es terroirst les climats st
une étude
des nom-
breux édimentst des
carottagesui
en ont
été tirés.
lle
met
n relief n
«
eut sédimentaire
pardon
M. Toubon
)
vers
'an Mil
qui
montre ne
rup-
ture
historique
ans
'écosystème
acustre. a
végétation
ctuelle st
ongue-
ment
tudiée,
insi
que
les
potentialités
es terroirs
dont
a
cartographie
st
d'utilisation
ifficile),
t e
chapitre
.4.1
estun
très tile
xposé
ur es
fon-
dements e
la
discipline
aléopalynologique.
'étudedes
macrorestes
récise
les espèces ultivées,elle des restes sseux, 'élevage,a consommatione
viande t de
poisson.
On
explique
ussi e
processus ui
permet
'inféreres
événements
limatiques partir
e la concentration
'180 et
l'on
apporte
ainsi
un nouvel
ndice
our
ffirmer
ne sécheresse
lus
grande
n l'an Mil
que
de
nos
jours.
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158 LIVRES
REÇUS
buch aus Süditalienvom
Beginn
des 16.
Jahrhunderts
Genève,
éd.
Droz
(Kölner
Romanistische
rbeitenNeue
Folge
-
Helf 70
herausgegeben
om Romanischen
eminarder
Universität
öln),
1994.
Maurizio Tuli
ani,
Osti,
avventori malandrini
Alberghi,
ocande
e
taverne Siena e nel suo contado tra
Trecento
Quattrocento
préface par
Giovanni
Cherubini
Sienne,
Protagon
editori
tos-
cani,
1994.
Voici Maître Eckhart études réunies
par
Émilie Zum Brunn :
Gre-
noble,
Jérôme
Milion,
1994.
WürzburgerMedizinhistorische itteilungen, and 12, hrsg.Michael
Holler et Gundolf
Keil
:
Würzburg,
önigshausen
Neumann,
1994.
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edex
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et Fax
33-20 91 03 95
Numéros
parus
1
Mass-mediaet
Moyen
Age.
1982).
Épuisé
2
Gautier de
Coinci
le texte
du Miracle.
1982).
Épuisé
3
Trajectoires
du
sens.
1983)
4
Ordres
t
désordres. tudes édiées
Jacques
e Goff.
1983).
Épuisé
5 Nourritures.1983). Épuisé^
6 Au
pays
d'Arthur.
1984).
Épuisé
7
MoyenAge,
mode
d'emploi.
1984).
Épuisé
8 Le
souci du
corps.
1985).
Épuisé
9
Langues.
1985).
Épuisé
10
Moyen
Age
et
histoire
politique.
Mots,
modes,
ymboles,
truc-
tures.
Avant-propos
e
Georges
Duby.
1986).
Épuisé
11 A
l'école de la lettre.
1986)
12
Tous les chemins mènent
Byzance.
Études dédiées
à Michel
Mollat.
1987)
13
Apprendre
e
Moyen
Age
aujourd'hui.
Épuisé
14 La culture
ur
le
marché.
1988)15 Le premierMoyenAge. 1988)
16/17
Plantes,
mets et mots :
dialogues
avec
A. -G.
Haudricourt.
(1989)
18
Espaces
du
MoyenAge.
1990)
19
Liens de famille.Vivreet choisir a
parenté.
1990)
20
Sagas
et
chroniques
u
Nord.
1991)
21 L'an mil
rythmes
t
acteursd'une croissance.
1991)
22/23
Pour
l'image.
1992)
24
La renommée.
1993)
25
La
voix
et l'écriture.
1993)
26
Savoirs d'anciens.
1994)
27 Du bonusagede la souffrance.1994)
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SOMMAIRE
N° 28 PRINTEMPS 1995
LE
CHOIX
DE LA
SOLITUDE
Parcours
érémitiques
dans
les
pays
d'Occident
Parcours
rémitiques
Odile REDON
5
Terreurs
t tourments.ormesd'érémitismen Italie centrale ntre
le XIIe
t e XIIIe iècle
Sofia BOESCH GAJANO
11
La solitude es ermites.
nquête
n
milieu
lpin
Catherine
ANTSCHI
25
Entre e désir de la montagne t les appels du village : Franco
d'Assergi,
rmite u Gran asso
(XIIIe iècle)
Stéphane
I DOMENICO
41
Un Vénitien
u Mont-Saint-Michel
Anastase, moine,
ermite t
confesseur
t
vers
1085)
MathieuARNOUX
55
Érémitisme t
«
inurbamento dans
l'ordre
amaldule à la
fin
du
MoyenÂge
Cécile
CAB Y
79