mercredi 18 mars 2015 18 heures parcours · au titre de membre du comité de parrainage de ......

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ASSOCIATION DES AMIES ET AMIS DE LA COMMUNE DE PARIS (1871) · 2015 TRIMESTRE 1 61 NUMÉRO PARCOURS DU MÉTRO VILLIERS À LA PLACE D’ESTIENNE D’ORVES MERCREDI 18 MARS 2015 18 HEURES Voir en page 5

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ASSOCIAT ION DES AMIES ET AMIS DE LA COMMUNE DE PAR IS (1871) · 2015 TR IMESTRE 1

NUMÉRO

61NUMÉRO

PARCOURSDU MÉTRO VILLIERS À LA PLACE D’ESTIENNE D’ORVES

MERCREDI 18 MARS 2015 18 HEURES

Voir en page 5

Né en 1840, ingénieur, médecinet philosophe, adhérent à la 1ère

Internationale (AIT) depuis1867, Edouard Vaillant parti-cipa, lors du siège de Paris, à

la rédaction de nombreux manifestes révolu-tionnaires (il a signé l’affiche rouge : « Placeau peuple ! Place à la Commune! »). Il fut aussisoldat de la Garde nationale et l’un des insti-gateurs du Comité central de la Garde natio-nale.Élu membre de la Commune pour le VIIIe

arrondissement, il devint délégué à l’instruc-tion publique. Il décida que les écoles de Parisseraient gratuites, obligatoires et laïques ; il déclara « l’instruction intégrale, véritablebase de l’égalité sociale ». Il créa deux écolesprofessionnelles, dont une pour les filles. Il inspira plusieurs décisions de la Commune

(gestion ouvrière des ateliers abandonnés parexemple), et fut toujours parmi les rédacteursdes proclamations de principes ; il fut trèsutile aux relations entre le pouvoir politique etle pouvoir militaire.Après la semaine sanglante, il réussit à s’en-

fuir. Il est condamné à mort par contumace. Il rentrera en France après l’amnistie, devien-dra député de Paris en 1893 et le resterajusqu’à sa mort. Il œuvra pour l’unité socialisteet fut un ardent défenseur, entre autres, de lajournée de huit heures Pour lui rendre hom-mage, Les Amies et Amis de la Commune vont

organiser ou co-organiser de nombreuses ini-tiatives en 2015, notamment dans le Cher, àBourges et à Vierzon, ville natale d’ÉdouardVaillant où il est prévu trois conférences, uneexposition sur les communards berrichons etun café communard.À Paris, le 18 mars, nous parlerons d’Édouard

Vaillant à la mairie du VIIIe et fin 2015, nouslui consacrerons un bulletin.Nous organiserons avec l’institut de recherche

de la FSU une demi-journée d’étude sur lethème de l’école. Nous avons aussi prévu avecla Mairie de Paris et les auteurs du dictionnairebiographique du mouvement ouvrier français(Maitron), une journée sur Édouard Vaillant.Enfin, notre voyage en novembre aura lieu

dans le Berry sur les traces de Vaillant.MARIE-CLAUDE WILLARD

À l’heure où nous mettons sous presse, nousapprenons que la plaque à l’Hôtel-de-Ville seraapposée à la mi-mars. Nous rendrons comptede cet événement dans notre prochain numéro.

ÉDITORIAL

Centenaire du décès d’Édouard Vaillant

Édouard Vaillant est mort il y a cent ans, le 18 décembre 1915.

EN COUVERTURE

La chanteuse Rosa Bordas

Archives municipales Avignon

EN HOMMAGE AUX MORTS DES 7-8-9 JANVIER 2015, NOUS PUBLIONSCE DESSIN QUE CABU NOUS AVAIT GÉNÉREUSEMENT DONNÉ.

Jean Cabut, dit Cabu, un des parrains etadhérents de notre association, est mortdans l’attentat contre Charlie Hebdo le 7janvier, avec ses potes dessinateurs :

Charb, Honoré, Tignous, Wolinski. Il a été enterré,le 16 janvier, à Châlons-en-Champagne (Marne), saville natale. Anar rêveur derrière ses lunettes cer-clées, le bonhomme à l’éternelle coupe au boln’avouait qu’un regret, celui de n’avoir pas toujoursété assez féroce vis-à-vis du pouvoir, du confor-misme, des sportifs ou de la télé. Le dessinateur, quitravaillait pour les deux grands hebdomadaires sati-riques, expliquait leur différence : « Dans Le Canardenchaîné, il y a des limites (la mort, le sexe…), dansCharlie Hebdo, on peut tout dire, tout dessiner. » Sescaricatures de Mahomet, publiées en 2006, étaientles plus caustiques parmi celles qui avaient valu àl’équipe de Charlie des menaces de mort et l’incen-die de leur local en 2011. Ses soixante ans de car-rière et ses 35 000 dessins ont fait de lui l’un desplus grands caricaturistes français, dans la lignée deL’Assiette au beurre, journal satirique anarchiste dudébut du XXe siècle, anticolonialiste, anticlérical,antimilitariste et anticonformiste. « La caricature depresse est vraiment née au début du XIXe siècle, avecDaumier, Cham, puis un peu plus tard avec André Gill,sous le Second empire », dont certaines caricaturessont restées célèbres : Gambetta, Victor Hugo,Thiers, explique l’historien Christian Delporte, sansoublier « Mme Anastasie », incarnation de la censurede la presse jusqu’en 1881. En 1960, Cabu rejoint lajoyeuse bande d’Hara-Kiri, où sévissent Cavanna(membre lui aussi de notre comité de parrainage),Reiser, Topor, Fred, Wolinski… D’abord mensuel,puis hebdomadaire, Hara-Kiri sera interdit le 16novembre 1970, pour avoir annoncé le décès dugénéral de Gaulle sous le titre : « Bal tragique àColombey : 1 mort. » Charlie Hebdo est né.

« Deux marchands d’armes se partagent lapresse ». À Pilote, revue de BD dirigée parGoscinny, Cabu crée « le Grand Duduche », le can-cre révolté et sympa, qui l’accompagnera tout aulong de sa carrière. « C’est le seul personnage posi-tif que j’ai jamais dessiné, les autres sont des mons-tres », confiait-il. Parmi ses « monstres » les pluscélèbres figure « l’adjudant Kronenbourg », le mili-taire tortionnaire buveur de bière, souvenir de sesvingt-sept mois de service militaire pendant laguerre d’Algérie. Mais son coup de génie, sera son« Beauf », apparu en 1973 dans Charlie Hebdo.L’archétype du Français rouspéteur, alcoolique etraciste, inspiré d’un patron de bistrot, dont il faitune vedette. Au point de le faire entrer dans le dic-tionnaire Le petit Robert. « Beauf : beau frère(d’après une BD de Cabu). Français moyen aux idéesétroites, conservateur, grossier et phallocrate. »Travailleur compulsif, Cabu dessinait tout letemps. Dans la rue ou sur les nappes des tablesdes troquets de Saint-Germain-des-Prés où ils’était établi « à cause des boîtes de jazz ». Dugénéral de Gaulle à François Hollande, Cabu a cro-qué tous les présidents de la Ve République. Avecun petit faible pour Sarko, qu’il représentait enlutin frénétique avec des cornes de diablotin.« Les dessinateurs vivent de la bêtise et ça nerégresse pas », constatait-il en riant. Au titre de membre du comité de parrainage de

notre association, Cabu avait en 2005 dessiné l’in-vitation pour le 120e anniversaire de la mort d’AndréGill, célébré dans les jardins du Musée Montmartre.Cabu avait représenté les deux grands patrons depresse Dassault et Lagardère sur une paire deciseaux, avec cette légende : « La censure aujour-d’hui est économique. Deux marchands d’armes separtagent la presse en France ».

JOHN SUTTON

ILS ONT TUÉ CABU

MERCREDI 18 MARS 2015 - 18 HEURES

PARCOURSDU MÉTRO VILLIERS À LA PLACE D’ESTIENNE D’ORVES

SUR LES TRACES DE LA COMMUNE DANS LES VIIIE ET IXE ARRONDISSEMENTS

Comme chaque année nous célébrerons, le 18 mars, le début de la Commune par un par-cours à l’occasion du centenaire de la mort d’Édouard Vaillant, élu du VIIIe à la Commune.Membre de la Commission exécutive dès sa mise en place, Édouard Vaillant fut nommédélégué à l’enseignement et en charge des arts, le 21 avril 1871. Son action a consisté àjeter les fondements de l’école laïque, gratuite, obligatoire, pour les garçons et les filles.Ce sera aussi l’occasion de redécouvrir ce quartier d’une intense activité communarde et,aujourd’hui encore, lieu d’une concentration considérable de travailleurs des services,commerces et transports.

18 heures : rassemblement au métro Villiers. Nous rappellerons les massacres de lasemaine sanglante (Parc Monceau, Chaptal, Madeleine).

18 h 15 : mairie du VIIIe arrondissement. Nous évoquerons, Édouard Vaillant, déléguéà la commission exécutive, élu du VIIIe, et le lieu, l’actuelle mairie, ancien hôtel particulier Cail.

18h 35 : rue du Rocher, de la Bienfaisance. Nous nommerons les nombreux communardsqui ont habité ces lieux en parcourant cet ancien quartier populaire.

19h : cour de Rome de la gare Saint-Lazare. Nous décrirons le rôle du chemin de fer etdes cheminots pendant la Commune.

19h 20 : cour du Havre de la gare Saint-Lazare, au 4 de la rue d’Amsterdam. Nousinterviendrons sur le général La Cécilia et la Garde nationale ; au fil des rues Saint-Lazareet Caumartin, nous évoquerons les barricades du quartier Trinité.

19h 45 : place d’Estienne d’Orves et église de la Trinité, lieu du Club de la Délivrance.Nous soulignerons enfin l’importance du rôle des femmes et de leurs clubs pendant laCommune.

PATRICE MANIGAND

L e 5 avril 2011, l’Assembléenationale votait la levée dusecret sur les comptes rendusdes comités secrets duParlement qui s’étaient tenusen 1870-1871 *. La possibi-

lité de réunir l’Assemblée à huis clos —contraire au principe de publicité des séancesadopté par la Convention en 1793 — avait étéintroduite par Napoléon dans la constitutionde l’an XII et reconduite par tous les régimessuivants. C’est une procédure de crise, utiliséesurtout en temps de guerre. C’est ainsi que,pendant la guerre franco-allemande de 1870,le Corps législatif du Second Empire se réuniten comité secret à trois reprises, les 13, 25 et26 août 1870. Après la défaite, la chute del’Empire et la proclamation de la République,une Assemblée nationale est élue le 8 février1871. On sait qu’elle est largement dominéepar les monarchistes — les « ruraux » — quiveulent le retour à la paix et à l’ordre. MaisParis et le département de la Seine ont voté« républicain » (37 députés sur 43, dont 4socialistes révolutionnaires : Tolain, Malon,Millière et Delescluze).C’est cette Assemblée, siégeant à Versailles

depuis le 20 mars et présidée par Jules Grévy,

qui se saisit de l’attitude à observer face àParis. Rappelons le contexte : le 18 mars, lecoup de force tenté par Thiers pour désarmerParis échoue devant l’insurrection populaire etla défection d’une partie des troupes. Le 21mars, la Commune est proclamée et appelle àdes élections communales dès le 23 mars.L’Assemblée siège sans désemparer les 20, 21

et 22 mars. Elle est divisée sur l’opportunité dedonner des gages à Paris. Tandis que les dépu-tés républicains de Paris, par la voix deClemenceau, demandent l’élection d’un conseilmunicipal et d’un maire à Paris, l’Assembléepublie une proclamation qui stigmatise lesinsurgés. Jules Favre, ministre des Affairesétrangères, avertit que « si l’Assemblée est àVersailles…, c’est avec l’esprit de retour, pourcombattre l’émeute et la combattre résolu-ment ». Le 22 mars, le ministre de l’Intérieur,Ernest Picard, dévoile un projet de loi sur lesélections municipales qui auront lieu danstoute la France, sans pour autant qu’une datesoit annoncée. Mais Paris resterait sous latutelle du pouvoir : les maires et les adjointsd’arrondissement seraient nommés par le pou-voir exécutif ; il n’y aurait pas de maire deParis, et le conseil municipal se réunirait surconvocation du préfet. Ce projet est donc inac-

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22 mars 1871 : quand l’Assemblée préparait la guerre contre Paris

* Éric Bonhomme (éd.), De l’Empire à la République. Comités secrets du Parlement, 1870-1871, Perrin, Paris, 2011.Séance du mercredi 22 mars 1871, p. 179-249.

HISTOIRE

ceptable pour les députés de gauche parisiens,ce qui signifie que l’on va vers la confronta-tion. Jules Grévy, « à la nouvelle des affreux évène-

ments qui ensanglantent la capitale », décidede convoquer l’Assemblée en comité secret le22 mars au soir, à partir de 22 heures 30, enprésence d’Adolphe Thiers, député de la Seineet « chef du pouvoir exécutif », qui d’ailleursn’intervient que brièvement en début deséance pour fixer la ligne, et laisse Grévy à lamanœuvre. Avant d’entrer dans le détail du débat, il

convient de dire quelques mots de l’atmo-sphère. La séance, qui dure une partie de lanuit, est tendue, fébrile, ponctuée d’interrup-tions. La quasi-unanimité des députés sonthostiles à la Commune. Les « durs » réclamentune intervention rapide. Les modérés, qu’ils

soient monarchistes ou républicains, ne sontpas plus bienveillants vis-à-vis de la Commune.Deux des députés socialistes révolutionnairesparisiens tentent d’intervenir, en vain car laparole leur est refusée : Tolain d’abord, quiproteste contre les paroles d’un député stigma-tisant « l’élément guerrier venu de province…et qu’on appelle garibaldien » et « l’élémentdétestable qu’on appelle l’Internationale » ; etMillière, qui tente en vain de repousser le voteimmédiat d’une résolution hostile à laCommune.Dès le début de la séance deux propositions

de résolution sont soumises à l’Assemblée, l’uneprésentée par le comte de La Rochethulon,député légitimiste de la Vienne, l’autre parAdrien Léon, député orléaniste de la Gironde.Toutes deux demandent la levée de volontairesdans les départements pour protéger la repré-

7 HISTOIRE

sentation nationale et « défendre l’ordre, lasociété et l’unité de la Patrie ». Sur la sugges-tion de Thiers — ce sera sa seule intervention— ces deux résolutions sont fusionnées, reçoi-vent le soutien du pouvoir exécutif et sont ren-voyées en commission pour avis. S’engage alorsun débat sur la procédure d’urgence. Les dépu-tés veulent faire adopter la proposition gouver-nementale sur-le-champ.Charles Floquet, député de Paris et figure des

républicains, dépose alors une motion deconciliation avec les auteurs du « mouvementdéplorable qui a ensanglanté Paris ». Son argumentaire tient en deux points. Il est

« absolument convaincu que si, à diversesépoques de notre histoire contemporaine, onavait accordé à la population parisienne cequ’elle demandait toujours…, si on avaitaccordé à la population de Paris des électionsmunicipales, aucun des évènements funestesqui se sont produits dans ces derniers mois nese serait passé ». Il exprime là la vision desélus parisiens : la Commune, c’est le droitdonné à Paris de s’administrer lui-même. Il neconsidère pas la dimension sociale et politiquede la Commune. « En concédant la communeavec un petit « c », on évitera la Commune avecmajuscule » (Éric Bonhomme).Pour court-circuiter les communards, Floquet

propose que le gouvernement annonce desélections municipales à Paris dès le 26 mars,faisant le pari que, dans ce cas, les électionsconvoquées par la Commune ne mobiliseraientqu’une minorité d’électeurs : « Au lieu de150 000, 100 000 votants qui pourraient seprésenter au scrutin, il n’en viendra pas plus de15 000, de 10 000 », ce qui délégitimerait l’in-surrection… Ce faisant il exprime l’opinion de la grande

majorité des élus parisiens qui, à l’instar deTirard, maire radical du IIe arrondissement,

désapprouvent l’insurrection, mais veulent évi-ter la guerre civile. « Faire la guerre ou désar-mer. » Plutôt que de combattre l’insurrection,ils suggèrent de la désarmer en faisant lesconcessions nécessaires : doter Paris, commetoutes les communes de France, des libertésmunicipales.Ce que l’on doit souligner, c’est que cet argu-

mentaire trouve un écho auprès de certainsdéputés de droite. Ainsi l’amiral Saisset, hérosdu siège de Paris et député monarchiste de lacapitale, volontaire pour une mission de conci-liation, mais qui, au moment d’intervenir, enest dissuadé après un bref entretien avecThiers.La commission propose le rejet de la propo-

sition Floquet, au motif que des élections com-munales auront lieu dans toute la France auplus tard le 10 avril. Une bataille s’engagealors sur les dates : le 26 mars ? le 15 avril ?le 5 avril ? le 10 avril ? Après une longue bataille de procédure et

d’amendements, Jules Grévy, refusant un votecontradictoire entre la proposition Floquet etla proposition gouvernementale, finit par met-tre au vote une unique résolution :« L’Assemblée, considérant qu’un projet de loirelatif aux élections municipales de toutes lescommunes de France, y compris la ville de Paris,est actuellement soumis aux délibérations del’Assemblée, qui en a déclaré l’urgence, et quele gouvernement a pris l’engagement de faireprocéder aux élections avant le 10 avril en pro-posant un article additionnel au projet de loi,passe à l’ordre du jour ». C’est une manière declore le débat. Mise aux voix, cette résolutionest adoptée. Il est deux heures du matin.« Vous serez responsables de ce qui va suivre ! »

s’exclame alors Clemenceau, qui n’était pasintervenu dans le débat.

MICHEL PUZELAT

8HISTOIRE

La famille Cadolle est sans conteste domi-née par la figure d’Herminie Cadolle. Ellen’est pas seulement à l’origine du soutien-gorge moderne, elle est la première à avoiroccupé au début des années 1880 le poste detrésorière dans notre vénérable association.

UNE FAMILLE PENDANT LACOMMUNE DE PARIS. Enmai 1860, à Beaugency, citémédiévale sur la Loire situéeentre Blois et Orléans, estcélébré le mariage d’un

enfant du pays, Ernest Philippe Cadolle, ouvrierpeintre né en 1831 avec Eugénie HerminieSardon. La jeune mariée, âgée de 18 ans, estoriginaire du village de Saint-Fargeau, dans ledépartement voisin de l’Yonne, et elle est fillede couvreur. L’année suivante, naît leur filsunique, prénommé Alcide.Attirée par l’expansion économique de la

capitale, la famille monte à Paris, à une date

que nous ignorons. L’exode rural est alors unphénomène massif en France. La famille s’ins-talle dans le quartier populaire de la Villette,rue d’Aubervilliers. Le couple trouve facilementà s’embaucher. Lui est peintre dans l’industriedu bâtiment, prospère grâce aux grands tra-vaux d’aménagement d’Haussmann. Elle,ouvrière corsetière, est employée dans un desnombreux ateliers de confection de la capitalequi utilisent massivement une main-d’œuvreféminine et contribuent à la renommée de lamode parisienne.Le couple Cadolle ne joue qu’un rôle mineur

pendant la Commune de Paris, et limité à sonarrondissement. Herminie est visiblement laplus engagée. Sans doute fréquente-t-elle,depuis le siège, le comité de vigilance desfemmes du XVIIIe qu’anime Louise Michel dontelle devient l’amie. Surtout, elle participe àl’organisation féministe composée en grande

La saga familiale des Cadolle

Illustration : Modèle de « corselet-gorge »créé par Herminie Cadolle, 1898

9 HISTOIRE

HISTOIRE 10

partie d’ouvrières, l’Union des femmes pour ladéfense de Paris et les soins aux blessés 1. Sonmari, enrôlé dans la Garde nationale égalementdepuis le siège, est simple garde dans unecompagnie sédentaire du 238e bataillon. Jugépar le 5e conseil de guerre, il affirme avoirrepris son travail après l’armistice, et avoirréintégré son bataillon seulement le 25 avrilavant de rentrer chez lui au début de laSemaine sanglante. Il est condamné, malgrétout, en mai 1872 à deux ans de prison et dixans de privation de ses droits civiques, peineréduite de moitié en octobre. De même,Herminie Cadolle est arrêtée et détenue à laprison de Rouen, faute de places en régionparisienne, avant d’être transférée à la prison

des Chantiers à Versailles, où elle retrouveLouise Michel. Finalement, après six mois decaptivité, elle est relaxée.

LE RETOUR DES AMNISTIÉS. La répression ver-saillaise est implacable et Paris reste soumis àl’état de siège jusqu’en 1876. La campagne dif-ficile de l’amnistie à partir de 1875 redonneespoir à beaucoup de proscrits. Cependant, lemouvement se divise. Face au Comité desecours aux familles de détenus politiques 2,mis en place par Jean-Louis Greppo dès 1871,un Comité socialiste d’aide, favorable à uneamnistie plénière, se constitue au moment duvote de la loi d’amnistie partielle en 1879.Profondément marquée par les événements

Extrait du Radical du 3 décembre 1881

11 HISTOIRE

de 1871, Herminie Cadolle accepte le poste detrésorière et participe alors à l’accueil desdéportés de retour de Nouvelle-Calédonie. Ennovembre 1880, aux côtés d’H. Rochefort et deClemenceau, c’est elle qui avec Marie Ferréescorte, au milieu de la foule, Louise Michel, àsa descente du train en gare de Saint-Lazare.Elle sera présente à l’arrivée des convoisjusqu’en juin 1881. Ce jour-là, aux côtés du« comité bourgeois », elle reçoit à Montpar-nasse, dans l’indifférence, les derniers amnis-tiés à qui un petit pécule est distribué à cha-cun, et un souper est offert chez un marchandde vin.Au nom du Comité d’aide aux amnistiés,

H. Cadolle assiste aussi aux obsèques d’anciens

communards (A. Blanqui, Marie Ferré, A.Trinquet). Finalement, lorsque le comité sedissout en 1881, il est remplacé par la société,la Solidarité des proscrits de 1871, ancêtre denotre association et qui s’est constituée àParis, salle Marty, le 22 novembre 1881 3.Membre fondatrice avec son mari, elleconserve son poste de trésorière. Outre le sou-tien aux anciens communards en difficulté,l’association entend relayer le combat des sur-vivants de la Commune pour défendre lamémoire de leur révolution. A plusieursreprises déjà, Herminie Cadolle elle-même s’estillustrée.En 1880, lors d’une manifestation au cime-

tière de Levallois-Perret, pourtant interdite parle préfet L. Andrieux, elle est inculpée pouravoir proféré sur la tombe de T. Ferré : « Ferré,nous honorons ta mémoire ! Nous te venge-rons. ». Devant le tribunal et les dix autres pré-venus, Mme Cadolle surenchérit : « Nous vou-lons honorer nos morts comme vous honorez lesvôtres 4 ». Elle est remise en liberté. Par contre,son fils âgé de 19 ans, également inculpé, estcondamné pour outrage à agent. La mêmeannée, en 1880, elle inaugure par son témoi-gnage accablant une vigoureuse campagnemenée par L’Intransigeant contre le lieutenantMarcerou, ancien geôlier-chef accusé desévices sur les détenus de la prison desChantiers en 1871 5. Au final, le rapport de laCommission d’enquête chargée de l’affaire, etqui est remis au Garde des Sceaux en décem-bre 1880, conclut à l’annulation pure et simplede l’enquête.

LA CRÉATION D’UNE MAISON DE LINGERIE.En octobre 1886, Herminie Cadolle marie àParis son fils Alcide, ouvrier typographe. Jeunemilitant socialiste, il a choisi comme témoinsles anciens communards, Benoît Malon et

Extrait du Radical du 3 décembre 1881

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Zéphyrin Camélinat, récemment élu député deParis. Peu de temps après, au début de l’année1887, Herminie, probablement veuve, décidede quitter la France. Elle s’installe enArgentine, pays en plein boom économique quia accueilli des communards en exil.Rapidement à Buenos Aires, elle ouvre uneboutique de lingerie, avec un réel succès.Militante convaincue de l’émancipation fémi-nine, elle entend libérer les femmes de l’op-pression du corset. Elle est la première à avoirl’idée de le couper en deux sous la poitrine.Son invention est à l’origine du soutien-gorgemoderne. Le mot n’entrera dans le dictionnaireLarousse qu’en 1904, se substituant selontoute vraisemblance à « maintien-gorge », pro-posé initialement par Herminie Cadolle.

C’est à Paris au cours des Expositions univer-selles de 1889 et 1900 qu’elle présente sescréations. Son premier modèle baptisé « Bien-être » passe inaperçu. Plus tard, en 1898, elledépose le brevet sur le corselet-gorge. Deretour définitivement en France, elle ouvre en1910 un atelier et une boutique au 24 rue dela Chaussée-d’Antin, et fonde la maison de lin-gerie Cadolle, qui aujourd’hui encore est uneentreprise familiale prospère. Elle meurt à 82 ans, en janvier 1924, dans sa

propriété de Saint-Cloud. Politiquement, elleétait discrète, si ce n’est au moment del’Affaire Dreyfus où elle s’engagea en sa faveur,signant une pétition de soutien au colonelPicquart 6.

ÉRIC LEBOUTEILLER

(1) C. Rey, A. Gayat, S. Pepino, Petit dictionnaire des femmes de la Commune, Ed. Le bruit des autres, 2013; (2) M. Cerf, Le Comité de secourspour les familles des détenus politiques, La Commune, N° 16, janv. 1982; (3) Le Radical, 3 décembre 1881; (4) Le Rappel, 2 décembre 1880;(5) Mme Hardouin, La détenue de Versailles en 1871, Les Amis de la Commune 1871, 2005; (6) L’Aurore, 28 novembre 1898

HISTOIRE

Prison des chantiers de Versailles (août 1871). Photomontage d’Eugène Appert

Qui se souvient d’Auguste Bartholdi ? Quireconnaît en lui le sculpteur de la statue de laLiberté à New-York et du Lion de Belfort ?Pourtant sa vie tient du roman. Il rencontreGaribaldi et participe aux combats de 1870près de Colmar, sa ville natale, où un muséeretrace sa vie.

L e 13 septembre 1870, AugusteBartholdi est nommé adjudant majordu 1er bataillon. Les ordres du préfetdu Haut-Rhin sont précis : « Vous

prendrez les armes à trois heures du matin, sansbruit et sans donner l’éveil. Vous vous porterez surla route à Horbourg, à environ un kilomètre de laville. Si les forces ennemies sont trop nombreuses,vous vous replierez sur Colmar » 1. A la tête d’uneescouade, Bartholdi se précipite à leur rencontre.Le combat s’engage sur le pont de Horbourg, trèsvite en défaveur des Français, qui compterontplusieurs tués. « Les Badois vainqueurs de cent-cinquante francs-tireurs et d’une centaine degardes nationaux occupaient triomphalement laville de Colmar avec tout un corps d’armée »,écrit-il dans son journal. Le sculpteur édifiera lemonument funéraire des trois francs-tireursmorts au combat. En octobre 1870, Bartholdi est

nommé aide de camp de Garibaldi, commandantde l’armée des Vosges, composée de francs-tireurs volontaires. « Entre les deux hommes naîtune véritable amitié. Ils parlent de politique, dephilosophie et de religion. Ils se découvrent desconvictions communes » 1. Le 13 février 1871, à l’Assemblée repliée à

Bordeaux, Victor Hugo prend la défense du « seulgénéral ayant combattu pour la France, qui n’aitpas été vaincu ». Bartholdi accompagnera lecombattant à la chemise rouge jusqu’à sonretour en Italie. Le 15 février 1871, il note dans son journal : « Adieux émouvants.Garibaldi nous embrasse. »

UN LION COLOSSAL ET TERRIBLE DANS SA FUREURProche des républicains modérés comme Léon

Gambetta et Adolphe Crémieux, tous deux minis-tres du gouvernement de la Défense nationale,Bartholdi condamne la Commune qu’il accuse dediviser la France. Fin 1871, la ville de Belfortdécide d’ériger un monument commémoratif enhommage aux 103 jours de résistance de la

La vie tumultueused’Auguste Bartholdi

Dans la cour du Musée Bartholdi, à Colmar, le bronze

« Les Grands soutiens du monde », 1902.

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population face aux Prussiens 2. A la stupéfactionde la municipalité, Bartholdi lui propose de sculp-ter, sous la citadelle qui domine la ville, « un lioncolossal harcelé, acculé et terrible encore dans safureur ». Achevée en 1880, la statue mesure 11 mde haut sur 22 m de long. Dans la salle du Lionde Belfort, située au premier étage du musée deColmar, une vitrine présente plusieurs maquettesen terre cuite du monument. Après le Lion,Bartholdi s’attaquera à une statue encore plusdémesurée : La Liberté éclairant le monde, plusconnue sous le nom de statue de la Liberté, pourcélébrer le centenaire de l’indépendance des

États-Unis (1776-1876). Le musée de Colmarpossède la maquette la plus ancienne (1870)conservée à ce jour, ainsi que les photos origi-nales des différentes étapes de sa constructiondans l’atelier de la rue de Chazelles, près du parcMonceau, à Paris. « Mon œuvre sera gigantesque,exécutée avec des plaques de cuivre repoussé,martelées et rivées. (…) Vous, Gustave Eiffel, lemagicien du fer, pourrez-vous la réaliser ? luidemande le statuaire 1 ».

LA LIBERTÉ DOMINANT LES TOITS DE PARIS« J’ai déjà en projet une grande tour, qui viendra

se poser au centre de Paris, mais votre idée me plaît.Il faudra redouter les tempêtes et la corrosion de l’airmarin. La charpente intérieure sera difficile à édifier.Quelles seront les dimensions de l’œuvre ? » « LaLiberté fera 46 m de haut. Environ 100 m avec lesocle de 3 m de large, lui répond Bartholdi. La têtemesurera un peu plus de 5 m, le bras droit 13 m sansla torche ; l’index de la main 2,5 m. J’estime le poidsgénéral autour de 225 tonnes » 1. Bientôt le corps dela statue s’élève au-dessus des toits de Paris, atti-rant de nombreux curieux dans l’atelier. Parmi les-quels Victor Hugo qui effectuera sa visite une foisl’œuvre achevée, le 29 novembre 1884, quelquesmois avant sa mort. Malgré ses 82 ans, le poètevoulut gravir les dix étages à l’intérieur de la sta-tue, mais on l’en dissuada. Quelques mois plus tard,il écrira ces mots à Bartholdi : « La forme au sta-tuaire est tout et ce n’est rien. Ce n’est rien sans l’es-prit ; c’est tout avec l’idée » 2.

JOHN SUTTON

(1) Pierre Vidal et Christian Kempf, Bartholdi par l’esprit et

par la main, les créations du Pélican (2000). (2) La Toilette du

lion de Belfort, article paru dans le bulletin La Commune, n°44.

Musée Bartholdi : 30 rue des Marchands, 68000 Colmar

Tél : 03 89 41 90 60 www.colmar.fr et www.culture.fr

Études en terre cuite pour « Le Lion » de Belfort. Musée Bartholdi, Colmar

Le patriote et général italien GiuseppeGaribaldi a apporté son appui à la Républiquefrançaise pendant la guerre de 1870. Avecses fils Menotti et Riccioti, il a combattu etvaincu les Prussiens en Bourgogne, d’octobre1870 à janvier 1871.

Après la défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, les arméesprussiennes occupent rapide-ment tout l’est de la France.Giuseppe Garibaldi, héros des

guerres d’unification de l’Italie, et ardent répu-blicain, se met, dès le 4 septembre 1870 auservice de la République française. Il arrive àMarseille le 7 octobre et rencontre, à Tours,Gambetta qui le charge d’organiser l’armée desVosges dans l’est de la France. Garibaldi installe son état major à Dôle, dans le

Jura, le 14 octobre. Il est assisté de ses filsMenotti et Riccioti, de son gendre Stéfano Canzio,de Joseph Bordone, un Avignonnais d’origine ita-lienne qui avait participé avec lui aux guerresd’unification de l’Italie, du général Josef Bossak-Hacké qui avait participé, en 1863, à l’insurrec-tion polonaise contre l’empire russe. L’armée desVosges était composée de gardes mobiles, degardes nationaux originaires des Alpes-Maritimes

et de Savoie, de corps francs de l’est et du sud-estde la France, de volontaires étrangers : polonais,hongrois, espagnols américains et surtout ita-liens.Le 9 novembre, Garibaldi établit son quartier

général à Autun, à une soixantaine de kilomè-tres au sud-ouest de la capitale bourguignonne.Le 11 novembre, il organise son armée de 10 000hommes en quatre brigades. Quand l’armée des Vosges prend position, Dijon

est occupée depuis le 30 octobre par les arméesbadoises alliées aux Prussiens. Dans son avancéedans la vallée de la Saône vers Lyon, l’armée prus-sienne est stoppée par des francs-tireurs, le 5novembre, à Nuits-Saint-Georges. Elle se replie àDijon d’où elle doit se contenter d’effectuer des

1870-1871

Garibaldi et l’armée des Vosges

15 HISTOIRE

sorties souvent contrariées par l’action des francs-tireurs qui, bénéficiant du soutien de la popula-tion, tendent des embuscades comme à Vougeot,le 20 novembre.De novembre 1870 à janvier 1871, l’armée des

Vosges tente de reprendre la capitale de laBourgogne. Elle harcèle l’armée prussienne pardes opérations de guérilla qui immobilisent surplace le gros des troupes ennemies. Le 19 novem-bre, Riccioti Garibaldi fait 200 prisonniers alle-mands à Chatillon-sur-Seine, à 80 km au nord deDijon, et s’empare d’armes et de munitions. Le 14 janvier 1871, Giuseppe Garibaldi installe

son état-major à Dijon reconquise sur lesPrussiens. Du 21 au 23 janvier, 4 000 Prussienstentent de reprendre Dijon. Ils sont repoussés parles Garibaldiens qui ont la satisfaction, le 23 jan-vier, de s’emparer du drapeau du 61e régimentpoméranien. Ce drapeau, l’un des deux seuls prisaux Allemands pendant la guerre de 1870, seraexposé aux Invalides jusqu’en 1940 et sera alorsrécupéré par les occupants allemands. Le 26 jan-vier 1871, les Garibaldiens défilent dans Dijonpour célébrer l’une des rares victoires françaisesde la guerre de 1870. Aux élections législatives du 8 février 1871,

Giuseppe Garibaldi est élu député des Alpes-Maritimes, de la Côte-d’Or, de la Seine, du Doubset d’Algérie. Le 12 février, devant l’Assemblée sié-geant à Bordeaux, il renonce à ces mandats etdemande la parole pour proposer que le parlementhonore tous les volontaires étrangers qui avaientcombattu pour la France. Le président del’Assemblée refuse cette intervention et Garibaldisort sous les huées des députés versaillais majori-tairement monarchistes. Le 8 mars 1871, devantla même Assemblée, Victor Hugo proteste en cestermes : « Garibaldi est le seul des généraux quiont lutté pour la France, le seul qui n’ait pas étévaincu. Il y a trois semaines, vous avez refusé del’entendre. Aujourd’hui vous refusez de m’entendre.

Cela me suffit. Je donne ma démission ». Garibaldirentre alors en Italie et se retire dans l’île deCaprera, au large de la Sardaigne, où il meurt en1882.Dijon a honoré Giuseppe Garibaldi en érigeant

une statue à son effigie en 1900. Ce monument aété fondu par les occupants allemands en 1944.Un buste de Garibaldi a été érigé en 1961, rueJean-Jacques Rousseau. À la demande de l’AMAG(Association franco-italienne de mémoire de l’armée des Vosges) présidée par Anita Garibaldi-Jallet, arrière-petite-fille du héros des DeuxMondes, le buste de Garibaldi a été transféré etinauguré le 13 octobre 2014, dans le parc du château de Pouilly, près de l’endroit où lesGaribaldiens s’étaient emparés d’un drapeau allemand, le 23 janvier 1871 (notre photo).

YVES LENOIR

16HISTOIRE

A près sa participation, ledimanche 23 novembre2014, à la fête de

l’Humanité à Rouen, le comitéde Dieppe a appelé commechaque année à un rassemble-ment quai Henri IV devant laplaque commémorant le passagepar Dieppe de Louise Michel, lorsde son retour de déportation, le9 novembre 1880. Devant unetrentaine de personnes aux-quelles s’étaient joints cinqamies et amis de notre associa-tion nationale, Nelly Bault, laco-présidente du comité diep-pois, a rappelé les diversesactions locales, insistant sur laprochaine mise en vente d’unebrochure, Les Dieppois au tempsde la Commune de Paris, résultatdu travail de recherches de GuyDescamps, enrichies par GéraldMaisse, co-président. Ces docu-ments n’étaient consultablesjusqu’à présent que sous la

forme d’une exposition éponymeproposée maintes fois auxDieppois.Guilaine Maisse, la secrétaire,

a quant à elle rappelé l’œuvre dela Commune, ce gouvernementpar le peuple et pour le peuple,dans ses avancées démocra-tiques. Puis Françoise Bazire,secrétaire nationale, a pris laparole pour annoncer les événe-ments nationaux qui devraientmarquer l’année 2015, notam-ment la célébration du cente-naire de la mort d’ÉdouardVaillant, délégué à l’Instructionpublique.La cérémonie s’est terminée par

le chant révolutionnaire : LaCommune n’est pas morte ! et aété suivie du traditionnel ban-quet à la ferme aux chèvres duVal de Bures où les 17 partici-pants ont chanté la Communedans une atmosphère trèsconviviale. GUILAINE MAISSE

COMITÉ DE DIEPPE AUTOUR DU DÉVOILEMENT D’UNE PLAQUE EN L’HONNEUR DES ÉLUS DE LACOMMUNE DU IIIE

ARRONDISSEMENT

P our mieux connaîtrel’histoire de la Communede Paris, ses origines,

son œuvre, ses enjeux poli-tiques et sociaux, la mairie duIIIe a souhaité, à la faveur dudévoilement de la plaque enl’honneur des élus de laCommune en 1871 dans leurarrondissement, présenterdurant deux semaines, notreexposition générale sur laCommune ainsi que celle théma-tique sur la Commune et lesFemmes, et enfin, la tenued’une conférence de notre prési-dente d’honneur, Claudine Rey.Notre association est conviée

ce 13 novembre 2014 à l’inau-guration de la plaque des élusde l’arrondissement en 1871,ayant fait office de maires lorsde la Commune de Paris. Cette plaque permet d’honorer

les hommes élus le 26 mars1871 qui ont permis la réalisa-tion dans l’arrondissement d’uneécole élémentaire, de l’octroi defournitures gratuites auprès desinstituteurs, démontrant ainsiqu’on peut se passer de la reli-gion dans l’enseignement ; la

17 NOTRE ASSOCIATION

fin de l’aumône et pouvoirenfin soulager la misère dupeuple par la suppression desmaisons de secours et leurreprise par les services de lamairie ; un bureau de travail enmairie permettant de centrali-ser les propositions de travail ;les droits et la reconnaissancedes femmes légitimes ou nondes gardes nationaux et biend’autres réalisations. L’inauguration se poursuit par

le vernissage de l’exposition au1er étage et le discours d’YvesPeschet, maire adjoint en chargede la mémoire et des ancienscombattants, qui rappelle lecontexte et les grandes lignes del’action communarde.Puis vient la prise de parole de

Sylvie Pépino, responsable de la commission Patrimoine denotre association, remerciant lesédiles du IIIe de nous accueillir,ce soir, dans cette maison com-mune, pour honorer les commu-nards, élus démocratiquement le26 mars 1871 :Antoine Arnault participe à la

commission des relations exté-rieures. Antoine Demay est à lacommission de l’enseignementprésidée par Édouard Vaillant.Clovis Dupont est membre lacommission du travail que pré-side Léo Fränkel. Jean LouisPindy est membre de la com-mission militaire. Ils sont les représentants de

ce peuple de Paris qui a

résisté pendant les quatremois du siège prussien, deseptembre 1870 à janvier1871, aux bombardements, àla famine, aux épidémies.Une vie foisonnante anime le

IIIe arrondissement, à traversles clubs. Ces clubs populairess’installent dans les églises oùles assistants, nombreux, sontlargement dominés en nombre,par les femmes. Pas moins dequatre clubs dans cet arrondis-sement : Club Molière, ClubSaint Nicolas-des-Champs, ClubElisabeth, Club de l’Union répu-blicaine centrale à l’écoleTurgot.Des arrêtés furent pris dans

cet arrondissement : les bonsde pains remplacés par descartes personnelles ; ouvertureà la mairie, d’un bureau de pla-cement pour les ouvriers bou-langers ; création de dix four-neaux communaux et d’unepharmacie communale ; possi-bilité de bénéficier des consul-tations médicales gratuites àla mairie ; création d’une mai-son des orphelins avec uneinstruction morale et libreavec des professeurs laïques.

L’Association Internationaledes Travailleurs s’installe le 8janvier 1865, au 44 rue desGravilliers (IIIe arr.), puis àpartir de l’été 1869, au 6 ruede la Corderie (aujourd’hui 14).Y siégèrent : la Chambre fédé-rale des Sociétés ouvrières, leConseil fédéral des sectionsparisiennes de l’AssociationInternationale des travailleurs,le Comité central des 20 arron-dissements et le Comité centralde la Garde nationale.Je cite Jules Vallès dans

L’Insurgé : « Regardez bien cettemaison…voici le nouveau parle-ment…la Révolution en habitd’ouvrier ». Nous tenons à remercier la

municipalité d’avoir attribué àdeux places proches de la mairieles noms de : Élisabeth Dmitrieff,membre de l’Internationale,remarquable organisatrice, etde Nathalie Le Mel, elle aussimembre de l’Internationale, etcompagne de combat d’EugèneVarlin. Il est important que,dans chaque mairie d’arrondis-sement, des plaques telles quecelle-ci rappellent à tous lescitoyens, le combat de ces

NOTRE ASSOCIATION

NOTRE ASSOCIATION

hommes et ces femmes. Nousattendons avec impatienceque la plaque qui rappelle laprésence de la Commune de1871 à l’Hôtel-de-Ville de Parissoit inaugurée.En 72 jours, les élus de la

Commune et la population deParis ont réalisé une œuvredémocratique, sociale, culturelleet humaniste, considérable quipeut éclairer encore, par samodernité, les luttes d’au-jourd’hui. La clôture musicale estassurée par Malène et Fanchonqui avec leur talent habituelnous invitent à reprendre deschansons de la Commune.

CHARLES FERNANDEZ

COMMÉMORATION AU MUR DES FÉDÉRÉS DE VERSAILLES-SATORY

L’Association du Mur desFédérés de Versailles-Satory aorganisé, le 29 novembre 2014,une commémoration de l’exécu-tion de Bourgeois, Ferré etRossel, à Satory, cérémonie àlaquelle notre association étaitinvitée.Par une matinée froide et

ensoleillée, nous nous sommesretrouvés en lisière de forêt,devant la plaque commémorativeposée à proximité d’un tumulusarboré sous lequel reposent descadavres de communards. Unetrentaine de personnes étaient

présentes : des adhérents del’association versaillaise, desélus locaux et des membres denotre association dont ClaudineRey, notre présidente d’honneur.La plaque, abîmée par le temps

et quelques déprédations, estscellée sur le haut d’un mur depierre délimitant jadis leschasses de Versailles. LePrésident de l’Association du Murdes Fédérés de Versailles-Satory,Serge Defrance, par ailleursmembre des Amies et Amis de laCommune de Paris 1871, prendla parole pour rappeler les rai-sons de notre présence au piedde ce mur. Un historien retrace la période

de la fin du Second Empire, ladéfaite contre la Prusse, la pro-clamation de la Commune deParis et sa défaite fin mai 1871où tant de fédérés vont êtrefusillés, sans procès, et biend’autres condamnés à la reléga-tion ou à mort. Bourgeois, Ferréet Rossel seront fusillés. À lasuite de la prise de parole deCharles Fernandez au nom denotre association, un dernierintervenant va évoquer la biogra-phie des victimes et le déroule-ment tragique de leur exécution.Les différentes interventions

sont accompagnées de chants dela Commune. Puis vient l’heured’un dépôt de gerbe au pied dumur, suivi de La Marseillaise.La cérémonie se termine par le

fraternel verre de l’amitié. CF

COMITÉ DE MARSEILLEHOMMAGE À LOUISEMICHEL

Ce samedi 10 janvier 2015,nous avons été plus de cin-quante Marseillais à nous ras-sembler devant l’hôtel où estdécédée Louise Michel, dans leboulevard qui mène aux esca-liers de la gare Saint-Charles.Les prises de parole du présidentde notre comité de Marseille,ainsi que celles faites au nom dela Libre Pensée, d’un mouvementféministe des Bouches-du-Rhône, d’un parti, de Promémo(Association Provence, Mémoireet Monde ouvrier), du présidentdu Comité d’Intérêt de Quartier,prises de parole qui, précédéesde la minute de silence hono-rant les caricaturistes de CharlieHebdo et les autres victimes desodieux assassinats du 7 janvier,ont porté autant sur la vie decette indomptable militante quesur l’actualité de son combat.Puis nous nous sommes rendus

sur l’emplacement à proximité,que nous avions nommé PlaceLouise Michel, où nous atten-daient de jeunes architectes quiréalisaient un aménagement àleur idée, avec un superbe« Louise » sur un mur.Nous avons fini dans la convi-

vialité avec un thé à la menthepuis, pour certain(e)s, un cous-cous. MICHEL KADOUCH

19

LE COMITÉAUVERGNE EN 2014

Le 8 décembre 2014, àClermont Ferrand, se tenaitl'assemblée générale du comitéAuvergne des Amies et Amis dela Commune de Paris. Cette pre-mière année d'existence a étémarquée par plusieurs initiatives.Le jeudi 27 mars, Jean-Louis

Robert a tenu une conférence surle thème : « place au Peuple,place à la Commune ».Le samedi 15 novembre s'est

tenu le Salon du livre Histoire etactualité à la Maison du Peuplede Clermont-Ferrand, où nos amisJean-Claude Mairal et PhilippeBourdin ont présenté leurs livres.Plusieurs débats se sont dérouléset la journée s'est terminée parune table ronde sur la Communeavec Jean-Louis Robert, AndréChassaigne, député du Puy-de-Dôme, Pierre Juquin, universi-taire, et Éloi Valat, dessinateur.Environ 150 personnes étaient

présentes, qui ont ensuite visitéavec une grande attention lesdeux expositions présentées àcette occasion : « l'histoire de laCommune » et « la Commune etles femmes ». Quatre nouvellesadhésions ont été enregistréesce jour-là. Les projets de l'année 2015

seront consacrés au 110e anni-versaire de la mort de LouiseMichel avec l'organisation, aucours de l'année, de conférences

dans diverses communes. Unbanquet communard sera orga-nisé, dont la date n'est pasencore fixée, mais qui pourraitavoir lieu en septembre.Les idées ne manquent pas à

nos amis pour aller à la rencon-tre du public et lui faire décou-vrir la Commune. Nous leur sou-haitons un grand succès.

FRANÇOISE BAZIRE

AFFAIRE LOUISROSSEL

Samedi 29 novembre 2014 : aucimetière protestant de Nîmes, desmembres de l’association « LesAmies et Amis de la Commune deParis-1871 » et des Libres Penseursont rendu hommage à Louis Rossel.Louis-Nathaniel Rossel, né le 9

septembre 1844 à Saint-Brieuc(Côtes-du-Nord) et exécuté le 28novembre 1871 au camp de Satoryà Versailles, fut le seul officiersupérieur de l'armée française àavoir rejoint la Commune de Parisen 1871 (dès le 19 mars 1871) et ày avoir joué un rôle importantcomme délégué à la Guerre. Aprèsavoir rappelé qui était LouisRossel, nous avons déposé sur satombe trois roses, une pour laLiberté, une pour l’Egalité et unepour la Fraternité. Puis le trio «Paspour l’instant…», en s’accompa-gnant à la guitare et à l’accordéon,a interprété avec beaucoup d’émo-tion Le Temps des Cerises.

Cette cérémonie s’est dérouléesans beaucoup de publicité en rai-son d’un désaccord avec le prési-dent du conseil presbytéral quigère le cimetière privé (protestant)où se trouve la tombe de Rossel.Son refus s’appuie sur la loi de

1905 (!) qui, selon lui, précise quel’attribution de la propriété privéedu cimetière à une association cul-tuelle est faite « avec (son) affec-tation spéciale », c'est-à-dire pourl’exercice public du culte, que touteréunion politique est interdite etque notre demande de manifesta-tion n’ayant pas un caractère stric-tement cultuel, il lui est impossibled’y répondre favorablement. Ce que nous contestons puisque

notre association est indépendantedes partis politiques et reconnueMouvement d'Education Populaire. Pourtant, il est avéré que des

commémorations organisées pardes mouvements de droite, etmême d’extrême droite, ont déjà eulieu dans ce cimetière !

FRANCIS LABBÉ

20NOTRE ASSOCIATION

La tombe de Louis Rossel

21 NOTRE ASSOCIATION

HOMMAGE À UN AMI QUI S'EN EST ALLÉ

HOMMAGE À BERNARD ARRIO

Notre ami Bernard Arrio vient de nous quitter,avant les fêtes de fin d’année. Impliqué depuis dixans dans notre association, responsable un temps dela commission Culture et des parcours communards,il avait souhaité récemment pour des raisons desanté alléger ses interventions et participations. Nous avons encore en mémoire l’exposition et la

conférence sur la Commune qu’il avait organiséesdans sa ville de Saulx-Les-Chartreux, lors du 140e

anniversaire de la Commune de Paris de 1871.

L’hommage, qui lui a été rendu par une foule impor-tante au crématorium des Ulis (Essonne), témoignede l’amitié et du respect que Bernard a suscités aulong de son existence. Notre association, présenteaux obsèques, a rappelé ce chemin parcouru ensem-ble, avec en partage les valeurs de la Commune. Nousadressons avec émotion nos sincères condoléances àMartine, son épouse, et à ses enfants. CF

Notre Ami Jean Mawart s'en est allé. Sa vie fut bienremplie. Elle ne l’a pas épargné, mais il a lutté et tou-jours gardé l’espoir.Avec sa disparition, notre association perd un de ses

Amis qui ont façonné son histoire : un ami pour quiles idéaux de la Commune représentaient ce quedevait être une société plus juste pour les défavorisés.Fidèle parmi les fidèles à notre association et en

particulier à la commission fêtes et événements, il afait partie de ceux sur qui on pouvait compter pourtoutes nos manifestations : parcours du 18 mars,banquet, Mur des fédérés, fête de l’Humanité et fêtede la Commune, sans oublier les différentes exposi-

tions et les réunions où il donnait un avis très appré-cié par ses copains.Bon, chaleureux, profondément humain, voilà

Jean tel qu’il était et restera. Derrière sa convivialitése cachait un homme plein d’humanité, de sensibi-lité, bref un homme très attachant.Au-delà de notre peine, nous sommes heureux pour

les uns d’avoir compté au nombre de ses amis,réjouissons-nous pour les autres d’avoir eu le privi-lège de croiser son chemin.Jean s’en est allé, mais il restera vivant dans nos

pensées, dans nos cœurs et dans nos combats.JOËL RAGONNEAU

Christian Castro nous a quittés, nous avions fêtéses soixante-dix ans au mois de mai dernier. Il fut àl’initiative de la création de notre comité Rhône-Alpes, avec notre ami Roger Long (décédé en 2000).Nous perdons un ami passionné, attachant, qui nelaissait personne indifférent. Nous n’oublierons pastous ces rendez-vous communards à la ferme, chezlui, à Sainte-Croix-en-Jarez, où nous partagions la

tête de veau, en chantant tous ces airs de laCommune qu’il aimait tant. Je terminerai en plagiantle poète, certains diront que d’autres avaient égale-ment chanté Le Temps des Cerises, mais qu’ils avaientdepuis longtemps changé d’opinion, que d'autres quetoi ont chanté pour des prunes, toi, tu étais restéfidèle à l'esprit qu'on a vu paraître avec la Commune.

CHRISTIAN GAUTHIER

HOMMAGE À NOTRE AMI CHRISTIAN CASTRO

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AULNAY-SOUS-BOIS (93)

ACTUALITÉ

SUPPRESSION DE LA PLACE CAMÉLINAT

Le mercredi 15 octobre2014, était reçue à l’hôtelde ville d’Aulnay-sous-Bois,par Monsieur Beschizza,

nouveau maire depuis les munici-pales de mars 2014, une délégationcomposée de Messieurs Lantenant et Lefebvre représentant l’associa-tion « les Amis de Camélinat », deM. Hernandez, conseiller municipalPCF – Front de gauche et membre dela commission de dénomination desnoms de rues, et de MonsieurBougourd, professeur d’histoire à laretraite. Cette délégation demandait au maire,de renoncer à présenter le soir mêmele projet de délibération remplaçantle nom de « place Camélinat » en« place Jean-Claude Abrioux ». Soutenaient cette démarche un cour-rier des Amies et Amis de la Communede Paris 1871 et un autre des éluscommunistes. Plusieurs pétitions ont par ailleursété signées par les enseignants du collège le Parcsitué sur la place Camélinat et par les habitants dela ville. Il a été rappelé au maire qu’en 1936, lamunicipalité de l’époque avait décidé de donner lenom de Zéphirin Camélinat à cette petite place dusud d’Aulnay pour commémorer le militant ouvriermort en 1932. Beaucoup d’habitants de ce quartiertiennent à la dénomination ancienne, inscrite dansla mémoire collective. Le maire a persisté et faitvoter au conseil municipal le changement de nom.

Rappelons que Jean-Claude Abrioux était l’ancienmaire qui, en 1985, s’était signalé en faisantdébaptiser les rues Allende et Natha Caputo. Nousdénonçons cette volonté délibérée de supprimer laréférence faite à la mémoire d’un communard.Zéphirin Camélinat, ouvrier bronzier, était unhomme d’exception. Sous la Commune, il futnommé directeur de la Monnaie. Il incarnait l’hon-nêteté et l’intégrité dans la gestion municipale dela Commune de Paris.

SYLVIE PÉPINO

Zéphirin Camélinat en 1929

XIIE ARRONDISSEMENT DE PARIS

Du 13 au 18 janvier derniers, lamunicipalité du XIIe arrondissementde Paris et les Amies et Amis de laCommune de Paris ont uni leurs

efforts pour célébrer la Commune de Paris Deux expositions de notre association,

L’histoire, l’œuvre et l’actualité de la Commune etL’action des femmes ont été présentées dans lasalle des fêtes de la mairie et ont été appréciéespar de nombreux habitants de l’arrondissement.Samedi 17 janvier, une plaque a été apposée

dans le hall de la mairie. Elle rappelle que les élusde la Commune ont exercé les fonctions de mairede l’arrondissement du 26 mars au 28 mai 1871. Évoquant l’œuvre de la Commune, Mme Catherine

Baratti-Elbaz, maire du XIIe arrondissement affirmeque « la Commune a préfiguré aussi bien les com-bats d’hier que les défis de demain… Ces espoirsportés dans le passé sont les défis d’aujourd’hui : lecombat pour la République, la liberté, l’égalité et lafraternité doit continuer à être mené. »

Au nom de l’association des Amies et Amis de laCommune, Chantal Templéraud a présenté les élus dela Commune dans le XIIe arrondissement :Jean-Baptiste Hubert Géresmes, ouvrier chaisier,

délégué du 20e bataillon au comité central de laGarde nationale, condamné aux travaux forcés à per-pétuité. Julien Fruneau dit Dupetit, charpentier,membre de l’Internationale, signataire de l’appel desVingt arrondissements, « Place au peuple, place à laCommune ! » Condamné par contumace à la dépor-tation, il se réfugie à Genève. Alphonse Lonclas,ouvrier dans une fabrique de boutons rue de Bercy ;le 28 février, il a fait transporter les canons stockésgare de Lyon pour les mettre à l’abri des versaillaissur un terrain vague de la rue Crozatier. Condamné àmort par contumace, il se réfugie en Suisse. Jean-Philippe Fenouillas dit Philippe, négociant en vins,et à ce titre, maire délégué de Bercy et maire du XIIe

arrondissement. Condamné à mort par le conseil deguerre de Versailles, il est fusillé le 22 janvier 1873.Dimanche 18 janvier, un parcours historique sur

la Commune de 1871 dans le XIIe arrondissementétait présenté et commenté par Jean-PierreTheurier qui, de la place de la Bastille à la mairiedu XIIe, a évoqué l’histoire de la Commune dansl’arrondissement et l’action des communards quiont laissé une œuvre impérissable en matièrede démocratie, de progrès social, d’égalitéentre hommes et femmes, de reconnaissancedes étrangers comme citoyens à part entière,de laïcité et d’école laïque pour les jeunes gar-çons et filles. YL

LA COMMUNECÉLÉBRÉE

23 ACTUALITÉ

24CULTURE

Le 2 décembre 1851, Louis-NapoléonBonaparte dissout l’Assemblée natio-nale. Face à ce coup d’État, Victor Hugolance un appel aux armes. Le 4 décem-bre, les barricades dressées sur les bou-

levards sont prises d’assaut par l’armée qui tireégalement sur la foule. La révolte est répriméedans le sang. Victor Hugo, qui s’est rendu surplace, constate l’horreur du crime. Le lendemain,Juliette Drouet, sa maîtresse, emmène l’écrivainchez des amis, les Lanvin. Un plan de fuite estéchafaudé : Hugo utilisera le passeport deJacques-Firmin Lanvin, typographe, pour passer lafrontière. Alexandre Dumas vient prévenir Adèle, lafemme d’Hugo, que le gouvernement cherche à lefaire assassiner. Le 8 décembre, l’appartement deJuliette est perquisitionné et Lanvin interrogé parla police. Le 11, l’écrivain se rend à la gare du Nordet prend le train de nuit pour Bruxelles. Le 12décembre, il descend à la gare du Midi. Le lende-main, Hugo rend visite au ministre de l’IntérieurCharles Rogier, qui lui délivre un permis de librecirculation. Il lui fait part de son intention d’écrire« l’histoire immédiate et toute chaude du coupd’État » et s’engage à quitter la Belgique après lapublication de l’ouvrage. Sa maîtresse, JulietteDrouet, le suit. Par respect des convenances, ils nese voient pas en public. Juliette est logée au 11bis de la Galerie des Princes, au-dessus de l’ac-tuelle librairie Tropismes.

Napoléon le Petit fait Hugo le GrandLe 9 janvier 1852, Hugo est officiellement

expulsé de France. Les proscrits républicainsaffluent à Bruxelles et se réunissent pour assis-ter à des conférences au Cercle artistique et lit-téraire de Bruxelles dans la Galerie de la Reine(l’actuelle Taverne du Passage), auxquellesassistent Alexandre Dumas et Victor Hugo. Ce

VICTOR HUGOEN EXIL

L’exposition Victor Hugo en exil, présentée au Musée des lettres et manuscrits de Bruxellesjusqu’au 29 mars, retrace l’itinéraire de l’écrivain proscrit, de Bruxelles à Guernesey, à traversdes correspondances et des dessins exceptionnels.

dernier s’installe au n° 16 de la Grand place,dans la maison du Moulin à vent. À l’arrivée deson fils Charles, il déménage au n° 27, dans lamaison du Pigeon. Charles parle ainsi de celogement : « C’était tout juste le nécessaire,mais l’œil allait droit à la haute fenêtre ouvertesur l’Hôtel de Ville, et alors ce logis s’éclairait depoésie, d’art et d’histoire. » Le père et le filsapprécient là l’hospitalité belge. Grâce à Pierre-Jules Hetzel, qui deviendra l’éditeur de JulesVerne, un contrat d’édition est signé avec Jean-Baptiste Tarride, libraire-éditeur bruxellois. Ilest convenu que Napoléon le Petit sera publiéen deux formats, dont l’un, plus petit, faciliterala diffusion clandestine du pamphlet en France.Un exemplaire annoté par l’auteur et par sonéditeur est présenté dans l’exposition. « Il fautque cela tombe comme une bombe », écrit Hugoà sa femme. Le 1er août 1852, quelques joursavant la publication du livre, il honore sa pro-messe et quitte le sol belge. Depuis le portd’Anvers, Victor Hugo rejoint l’île de Jersey oùla famille est réunie au grand complet àMarine-Terrace, lourde bâtisse blanche sur lagrève d’Azette, entre ciel et mer.

Quand la liberté rentrera, je rentrerai« Nous sommes ici dans un ravissant pays (…)

De la côte on voit la France », s’exclame le poète.C’est le début de dix ans d’exil dans les îles anglo-normandes, dix ans pendant lesquels il n’oublierapas Bruxelles, où toutes ses œuvres serontpubliées. Pendant ce temps, Napoléon le Petit esttraduit en plusieurs langues : Napoleon elpequeno, Napoleon the little, si bien qu’un milliond’exemplaires circulent dans le monde ! VictorHugo proteste violemment à l’annonce de l’expul-sion de trois exilés français, éditeurs d’un journallocal de Jersey. Le résultat ne se fait pas attendre.Quelques jours plus tard, il est à son tour expulsépar le gouverneur. Le 31 octobre 1855, il s’em-

barque pour Guernesey. Grâce au succès desContemplations, il achète Hauteville House. « Mevoici proscrit français et landlord anglais », plai-sante-t-il. Le 16 août 1859, Napoléon III décrètel’amnistie pour tous les proscrits. Les deux tiers acceptent de rentrer en France.

Mais Victor Hugo ne transige pas et refuse d’enprofiter : « Fidèle à l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu’au boutl’exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je ren-trerai. » Le 30 juin 1861, le romancier achèvel’écriture des Misérables. À travers cette « épopéesociale de la misère », il se livre à un violent réqui-sitoire contre la « damnation sociale ».

Les trois problèmes du siècle« Tant que les trois problèmes du siècle, la dégra-

dation de l’homme par le prolétariat, la déchéancede la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant parla nuit, ne seront pas résolus (…) des livres de lanature de celui-ci pourront ne pas être inutiles »,écrit l’auteur dans la préface. Le 19 juillet 1870,la France déclare la guerre à la Prusse. Le 17 août,Hugo préparant son retour, arrive à Bruxelles. Il yapprend la défaite de Sedan et la capitulation deNapoléon III.Le 5 septembre, au lendemain de la proclama-

tion de la IIIe République, accompagné de safamille et de Juliette, il rentre en France aprèsdix-neuf années d’exil. Gare du Nord, lesParisiens, venus en masse, lui réservent unaccueil triomphal. « Citoyens, j’avais dit : le jouroù la République rentrera, je rentrerai. Me voici »,déclare Victor Hugo.

FRANÇOIS PERIN

• Musée des lettres et manuscrits :

1, Galerie du Roi, Bruxelles. Tél. (depuis la France) : 00 32 2

514 71 87 Site Internet : www.mlmb.be

• Lire « Belgique, terre d’asile », dans La Commune n°58, p. 11.

25 CULTURE

CULTURE 26

Les Amis berrichons de la Communede Paris-1871 ont rencontré unjeune ferronnier d'art qui a créé"l'origine", inspirée du tableau de

Courbet "l'Origine du monde".

Question : Julien de Vial, forgeron ? fer-ronnier ? Réponse : Je suis ferronnier d'art.Forgeron touche un ensemble de métiers sur letravail du fer par le feu. J'ai une formationd'apprenti ce qui permet vraiment de seconfronter au métier et d'apprendre sur le tas,en pratiquant.

Il est de tradition de dire que ceux qui tra-vaillent le fer appartiennent au milieu pro-gressiste : oui ? non ? Le métier du fer a per-mis le développement des métiers industriels.Sans le fer, il n'y aurait pas eu les usines, lesvoies de chemin de fer... Le Siècle desLumières est basé sur les métiers du fer, indus-triels ou artisanaux : l'industriel découle destechniques artisanales. Ferronnier est unmétier ancestral. Il mélange énormémentd'éléments : le fer qui provient de la terre, lefeu, l'air qui sort du soufflet de forge, l'eaupour les trempes. C'est un mélange de tous leséléments, plus la main de l'homme qui permetd'aboutir à quelque chose de fini, de partir dutrès brut pour arriver au fini.

Le fer fait penser à l'Enfer, au Diable ? Unpetit peu : la poussière, le feu, le bruit, celapeut s'en rapprocher. On ne peut pas être fer-ronnier sans aimer le feu.

Votre raison sociale s'appelle l'Atelierd'Enfer… L'enfer, c'est la chaleur, le feu, lavie, quoi ! C'est d'enfer = c'est super beau ! Etd'en faire = d'en fabriquer. C'est un mot qui

LA COMMUNE INSPIRE UN JEUNE ARTISTE-ARTISAN

27 CULTURE

m'est venu dès l'instant où je suis devenuapprenti. Je voulais devenir artisan. Dès ledébut de ma formation, j'avais le nom de monentreprise, cela regroupe mon état d'esprit, mafaçon de faire, cela me correspond bien.

Quelques Amis berrichons de La Communede Paris ont remarqué une de vos œuvres :« l'origine ». Est-ce l'équivalent en fer de« l'Origine du monde » de Courbet ?Complètement. C'est une interprétation libre.Je ne me suis pas permis de l'appeler "l'originedu monde", mais simplement "l'origine". C'estun travail sur une tôle, une tôle fendue etbombée.

Courbet ? C'est une de ses oeuvres qui m'amarqué, dans ma jeunesse, et qui me trottaitdans la tête depuis un bon moment. Un jour,je me suis levé et j'ai eu envie d'exprimer ceconcept de naissance. Je travaille beaucoupsur la déformation de la matière, pour créerl'ouverture. Il y a le galbe du ventre féminin...

Rappelez comment vous avez découvertcette "Origine du monde", alors que c'estune chose que l'on veut cacher? Quand onest petit, on aime bien voir ce qui est caché.Quand j'ai découvert cette oeuvre, je n'avaispas le même regard que maintenant, je lavoyais plus terre à terre, excitante. Tout jeuneadolescent, c'est quelque chose de mystérieux,c'est attirant, très représentatif : est-ce quej'ai vraiment droit de regarder ? Eh oui ! Nousavons le droit de regarder.

Et la Commune ? Elle a marqué l'Histoire,c'est sûr. Au collège, le prof d'histoire nous l'abien expliquée. Il avait une bonne sensibilité,il avait dépassé les bornes du programme. Il aexpliqué les tenants et les aboutissants, et leschangements créés, dans les mentalités, lescomportements et l'ouverture donnée par lasuite.

Revenons à « l'origine » C'est une pièce quidate de fin 2012.Elle s'est promenée d'exposi-tion en exposition. Elle suscite beaucoup d'in-térêt. Les gens ne font pas forcément le rap-prochement avec l'oeuvre de Courbet, ils lavoient comme avec mon premier regard, maisquand nous parlons, je rappelle la démarcheartistique ; les gens y sont très sensibles.

Propos recueillis par Michel Pinglaut qui a acquis

« l'origine » et... la montre aux Amis.

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QUELQUES VERS DE VOLITO

Le poète Volito a entrepris d’écrire une épopéeintitulée Le Temps des cerises qui comprendrasoixante chants. L’auteur dit lui-même qu’il achoisi « le décasyllabe (4/6 ou 6/4) que l’asymé-trie rend plus rebelle que l’alexandrin. » Voici pourvous un extrait du chant intitulé Le 18 mars :

Et le jour vient et Paris se réveille…Louise Michel prévient Ferré, Bourdeille,Le vieux Moreau dont l’âme est habitéePar le grand rêve humain. Le ComitéDe vigilance, à cette heure s’éclaireEt aussitôt, le drame populaireUnit d’un bloc espoir et tragédie,Farce et passion, effroi et comédie,Gouaille, héroïsme, insouciance et mémoireDans le complexe et truculent mémoireDes épopées qui ont fondé Paris !

RESTAURATION DE LACOLONNE VENDÔME

Le socle de la colonne, déboulonnée le 16 mai 1871 par la Commune, estactuellement entouré d'un caisson de boisportant, sur ses quatre côtés, des infor-mations concernant son histoire et saprochaine restauration. Sur l'un d'entreeux, nous pouvons voir des gravures mon-trant les communards à l'œuvre et lacolonne vacillant.Ce serait peut-être l'occasion de repar-ler de la réhabilita-tion de Courbet,victime d'un procèsrevanchard et tru-qué. ED

29 LECTURES

CLAUDINE REYNATHALIE LE MEL,RELIEUSE ET COMMUNARDE

Préfacé par Roger Martelli, his-torien, ce petit opus illustré deClaudine Rey est issu d’une confé-rence-débat à l’Institut CGT d’his-toire sociale du Livre parisien. Ilrevient sur le long parcours de vierévolutionnaire de Nathalie Le Mel

(1827-1921) et succède auxconférences déjà éditées sur JeanAllemane et Eugène Varlin.D’origine bretonne, elle monte

à Paris où elle devient relieuse.Adhérente de l’AIT, elle dirigeavec Varlin un mouvement degrève, avant de fonder ensembleune coopérative alimentaire « La Marmite ». Le succès aidant,plusieurs succursales serontouvertes. Pendant la Commune,elle est à l’origine de l’Union desfemmes pour la défense de Pariset les soins aux blessés et elle sebat sur les barricades. Jugée parles versaillais, elle est déportéeavec Louise Michel en Nouvelle-Calédonie. De retour en France,elle poursuivra son combat fémi-niste. À propos de la controversesur le travail de nuit des femmes(p. 26), précisons que le contra-dicteur Gustave Rouanet est unefigure du socialisme français.Disciple de Benoît Malon, il serapar la suite un député de Parisproche de Jaurès. Claudine Rey reconnaît que des

zones d’ombres sur sa vie existentencore. Cependant, elle réussit àréhabiliter cette femme au par-cours admirable, encore trop sou-vent méconnue.Cette brève et instructive bio-

graphie est suivie par un débatentre plusieurs acteurs du mouve-ment ouvrier actuel. Parmi lesthèmes abordés, les intervenantss’interrogent d’abord sur l’héri-tage du mouvement communa-

20152015

Il importe que la Révolution communale affirme son caractère essentiellement socialiste en assurant à chacun la véritable base de l’égalité sociale, l’instruction intégrale.ÉDOUARD VAILLANT (1840-1915), 17 MAI 1871

LA CARTE D’ADHÉRENT 2015

Adhésion à l’association Les Amies et les Amis de

la Commune de Paris 1871

• Cotisation annuelle : 35 €; soutien : 50 €; faibles ressources :à partir de 5 € ;• Collectivités (associations, syndicats, comités d’entreprises,partis politiques, etc.) : Cotisation annuelle : 150 €.

Paiement par chèque à adresser aux Amies et Amis de la Commune de Paris1871, 46, rue des Cinq-Diamants 75013 Paris, en précisant vos nom et prénom,adresse postale complète, n° de téléphone, année de naissance et profession(d’origine pour les retraités).

liste dans le mouvement syndicalqui se développe à partir desannées 1880. L’autre sujet traitéest le rôle des femmes durant laCommune, qui est réévaluédepuis plusieurs années mainte-nant. Le débat revient aussi surl’inévitable question de la réhabi-litation des communards qui esttoujours aujourd’hui une revendi-cation majeure. EL

Conférence-débat, Institut CGT d’histoire

sociale du Livre parisien, 2014

FRANÇOIS CHEVALDONNÉROSA, LA ROUGE DU MIDI

« C'est la canaille, eh bien j'ensuis ! » Le refrain de la célèbrechanson, repris tout au long desa vie par Rosa Bordas (1840-1901) a fait sa célébrité autantque son malheur. Le livre deFrançois Chevaldonné en retraceles épisodes avec une précisionuniversitaire et chaleureuse.Née Marie-Rosalie Martin à

Monteux, un village du Ventouxprès d'Avignon, elle chante,encore enfant, lors des fêtesvotives dans « Le café desRouges » familial, La Marseillaiseaussi bien que les cantiques.Elle est remarquée par FrédéricMistral et se marie avec EugèneBordas, un musicien ambulantqui l'accompagne à la guitare àtravers toutes les grandes villesdu midi jusqu'à Bordeaux. Elle

chante les chansons jusque làinterdites dont La Canailleécrite en 1865 et reprise enchœur aux funérailles de VictorNoir par 10 000 personnes. Ellea une voix puissante et chaude,et surtout, elle se met en scène,n'hésitant pas à se costumer ouà prendre la pose avec le dra-peau tricolore comme uneMarianne. Elle déchaîne l'en-thousiasme et le jeune couplese fait engager à Paris en jan-vier 1870, au Grand concert pari-sien (GCP), puis très vite, celleque l'on n'appellera plus que« La Bordas » se produit dans lesplus grandes salles parisiennes.Jacques Tardi, dans sa bande

dessinée de 2001, Le Cri du peu-ple, la met en scène, montrantses seins nus aux soldats, le 18mars 1871, et chantant LaCanaille. Avec la Commune et leprintemps, la censure étantabolie, tout le monde chante.Les théâtres ne sont plusexploités par un directeur ouune société, mais par laFédération artistique présidéepar Paul Burani, l'auteur du Sirede Fisch-Ton-Kan. Fin avril, laCommune ouvre les portes dupalais des Tuileries et décide d'yorganiser des concerts au profitdes blessés et des orphelins. Les4,11 et 18 mai, Burani accueilleAgar et Rosa avec une déléga-tion des membres de laCommune et l'état-major desFédérés encadrés par une dou-

ble haie de gardes nationauxprésentant les armes. A la fin durépertoire de Rosa, la sallereprend en choeur le refrain deLa Canaille cependant qu'ungarde fédéré lui apporte un dra-peau dont elle s'enveloppe len-tement. Le 21 mai, il faut faireun concert supplémentaire,cette fois-ci dans les jardins,tandis que commence l'avancéedes versaillais dans les beauxquartiers.Après la répression, Rosa

Bordas, héroïque, ose revenirchanter à Paris et se produit le9 juillet avec un répertoirepatriotique amputé des chan-sons révolutionnaires, cepen-dant que siègent les conseils deguerre ! Mais en septembre,c'est fini et elle disparaît pourtrois ans. Elle crée des chansonsqu'elle offrira au public quand

30LECTURES

une majorité républicaine seraélue à la chambre des députéset La Marseillaise adoptée. En1882, elle quitte étrangementParis pour Alger où elle se faitconstruire une petite maisonqu'elle occupera une quinzained'années dans le quartier deSaint-Eugène. Pourquoi Alger ?Peut-être parce qu'Agar, dont lacarrière a aussi été brisée, s'ytrouve depuis deux ans mariée àun notable. Elle y donnera unconcert avant de revenir mourirdans son village natal auprèsdes « rouges » de sa famille.

EUGÉNIE DUBREUIL

L'Harmattan, 2012

JEAN-BAPTISTE DUMAYSOUVENIRS D’UN MILITANTOUVRIER

Jean-Baptiste Dumay, ouvrier tour-neur (1841-1926), a rédigé ses sou-venirs sur des cahiers d’écolier à par-tir de 1902. Ces écrits portenttémoignage de la vie politique etsyndicale des ouvriers pendant le der-nier tiers du XIXe siècle. Né au Creusot, en Saône-et-Loire,

Jean-Baptiste Dumay est le fils pos-thume d’un mineur de charbon tuélors d’un coup de grisou. A treize ans,il entre aux usines Schneider commeapprenti mécanicien tourneur. En 1868, il anime un groupe de

jeunes ouvriers et de petits commer-çants intitulé « Cercle d’études

sociales » qui fait une active cam-pagne républicaine contre le SecondEmpire de Napoléon III. En 1869 et1870, il participe à l’organisation desgrèves des sidérurgistes et mineurs duCreusot et fonde une section del’Internationale. Il est licencié parEugène Schneider, propriétaire desusines, maire du Creusot et présidentdu Corps législatif. Après la déclara-tion de la guerre à la Prusse, la sectiondu Creusot de l’Internationale appelleà une manifestation pour la paix quirassemble 4 000 personnes. Le 4 sep-tembre 1870, la République est pro-clamée et Schneider s’exile enAngleterre. Les Prussiens approchantdu Creusot, un Comité de défensenationale se met en place, présidépar Dumay qui, le 24 septembre, estnommé maire provisoire du Creusot.Il se consacre à la défense de la villecontre les Prussiens et de laRépublique contre les agissementsréactionnaires.Après le 18 mars 1871, Dumay et

les républicains creusotins appor-tent leur soutien à la Commune deParis. Le 26 mars, ils proclament laCommune du Creusot. Mais, dès lelendemain, des troupes envoyéespar le gouvernement versaillaisquadrillent la ville. Dumay doit secacher pour échapper à l’arresta-tion. Le 29 juin, il est condamnépar contumace aux travaux forcés àperpétuité. Il se réfugie en Suissejusqu’à l’amnistie de 1879. Il rentre alors en France où il

milite au sein de la Fédérationdes travailleurs socialistes, puis

du Parti ouvrier socialiste révo-lutionnaire. Il est élu conseillermunicipal de Belleville en 1887et député du XXe arrondissementde Paris en 1889. De 1896 à1905, il est régisseur de laBourse du Travail de Paris.Durant toute sa vie militante,

Jean-Baptiste Dumay s’est définicomme républicain anticapita-liste, anticlérical et antimilita-riste. Il est toujours resté fidèleà ces principes. Ses souvenirssont un document historique degrande valeur sur les conditionsde vie des ouvriers à fin duSecond Empire et au début de laIIIe République. YL

Les Souvenirs d’un militant ouvrier de

Jean-Baptiste Dumay, parus en 1976

(Editions Cénomane), ont été récemment

mis à jour et réédités par l’Ecomusée du

Creusot-Montceau. Ils sont en vente au

prix de 30 € à l’Ecomusée, Château de la

Verrerie, 71206 Le Creusot. Une riche docu-

mentation sur la vie de Jean-Baptiste

Dumay peut être consultée sur place.

31 LECTURES

DANS CE NUMÉRO

Éditorial · 02

Hommage aux morts des 7-8-9- janvier 2015 · 03Ils ont tué Cabu · 04

Le parcours du 18 mars 2015 · 05

HistoireLe comité secret du 22 mars 1871 · 06La saga familiale des Cadolle · 09La vie tumultueuse d’Auguste Bartholdi · 13Garibaldi et l’Armée des Vosges · 15

Notre associationLe banquet de Dieppe · 17La Commune dans le IIIe arrondissement de Paris · 17Au Mur des Fédérés de Versailles-Satory · 19Hommage à Louise Michel à Marseille · 19Le Comité d’Auvergne en 2014 · 20Affaire Louis Rossel · 20Hommages à Jean Mawart, Bernard Arrio, Christian Castro · 21

ActualitéSuppression de la place Camélinat à Aulnay s/bois · 22La Commune dans le XIIe arrondissement de Paris · 23

CultureSur l’exil de Victor Hugo, exposition · 24Un forgeron d’art et son « origine du monde » · 26La Colonne Vendôme est en travaux · 28

LecturesNathalie Le Mel, relieuse et communarde · 29Rosas Bordas, rouge du Midi · 30Mémoires de Jean-Baptiste Dumay · 31

Le prochain bulletin (62) paraîtra fin avril 2015. Faire parvenir vos articles avant le 15 mars 2015

Erratum Patrick Fonteneau nous

signale une erreur de

photographie illustrant

l’article concernant Gustave

Flourens, dans le numéro 60

de La Commune, page 11.

Il s’agit en fait de la photo

d’Emile Flourens, le frère

cadet de Gustave.

La Commune

Ouvert du lundi au vendredi de 14 h à 17 h · Bibliothèque ouverte aux adhérents le mercredi de 14h à 17 h (sur rendez-vous)

Directeur de la publication : Claude WillardOnt participé à ce numéro : Françoise Bazire, Eugénie Dubreuil, Charles Fernandez, Christian Gauthier, Michel Kadouch,Françis Labbé, Eric Lebouteiller, Yves Lenoir, Guilaine Maisse, Patrice Manigand, Sylvie Pépino, François Perin, Michel Pinglaut,Michel Puzelat, Joël Ragonneau, John Sutton, Volito, Marie-Claude WillardCoordination : Michèle Camus · Graphisme et iconographie : Alain FrappierImpression : Imprimerie Maugein · ISSN : 1142 4524

46 RUE DES CINQ-DIAMANTS 75013 PARIS · TEL : 01 45 81 60 54 · FAX : 01 45 81 47 91courriel : [email protected] site internet : commune1871.org