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Ministère de l’Emploi, de la cohésion sociale et du logement Ministère de la Santé et des Solidarités Les projections de démographie des pharmaciens en activité à l'horizon 2030 s'appuient sur un scénario central fondé sur la poursuite des comportements observés en 2005 en termes de flux de formation, d'entrée dans la vie active, de mobilité professionnelle et de cessation d'activité. Sous l'hypothèse d'un numerus clausus maintenu constant à 2 790 étudiants, la densité des pharmaciens augmenterait en France entre 2005 et 2015 de 114 à 118 pour 100 000 habitants, avant de diminuer et de retrouver en 2030 son niveau actuel. Les entrées dans la vie active devraient croître puis se stabiliser à partir de 2010-2015. En revanche, les cessations d'activité seraient plus nombreuses que les entrées projetées entre 2020 et 2025. La tendance au vieillissement de la profession persisterait ainsi jusqu'en 2015. À comportement identiques à ceux d'aujourd'hui, la croissance du nombre de pharmaciens se concentrerait sur les salariés d'officine et des établissement de santé. En revanche, le maintien du nombre de médecins biologistes ne compenserait pas la perte de 3 000 pharmaciens dans ce secteur. Ce scénario est complété par deux catégories de variantes : la première s'intéresse aux effets d'un changement du niveau du numerus clausus, la seconde à l'impact de modifications concernant l'entrée dans la vie active ou la mobilité sur le profil de la profession et la répartition des pharmaciens selon le secteur d'activité. N° 438 • octobre 2005 La démographie des pharmaciens à l'horizon 2030 Un exercice de projection au niveau national C ette étude présente les résultats d'un exer- cice de projection à moyen terme de la démographie des pharmaciens en activité, effectué par la Drees, à l'horizon 2030. La plupart des hypothèses de projection – tant sur les flux de formation, les comportements d'en- trée dans la vie active, la mobilité professionnelle et la cessation d'activité – restent ici fondées sur la poursuite des comportements observés dans le passé récent 1 . Les projections présentées ne dessi- nent donc pas forcément les perspectives les plus probables, mais retracent davantage des évolutions tendancielles « à comportements et contexte inchangés ». Aussi ne constituent-elles pas des pré- visions mais des scénarios permettant d'apprécier l'impact potentiel de telle ou telle décision ou hypo- thèse de comportement. Ces projections « à com- portements constants » peuvent toutefois être ventilées par sexe, âge et grands secteurs d'activité Marc COLLET Ministère de l’Emploi, de la cohésion sociale et du logement Ministère de la Santé et des solidarités Drees ••• 1. COLLET Marc, 2005, « Les pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles », Études et Résultats, n° 347, octobre, Drees. Pour une analyse plus poussée sur la méthodologie employée, voir COLLET Marc, 2005, Document de travail, Série études, à paraître, Drees.

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  • Ministère de l’Emploi, de la cohésion sociale

    et du logement

    Ministère de la Santé et des Solidarités

    Les projections de démographie des pharmaciens en activité à l'horizon 2030 s'appuient sur un scénario central fondé sur la poursuite des comportementsobservés en 2005 en termes de flux de formation, d'entrée dans la vieactive, de mobilité professionnelle et de cessation d'activité. Sous l'hypothèse d'un numerusclausus maintenu constant à 2 790 étudiants, la densité des pharmaciens augmenterait en France entre 2005 et 2015 de 114 à 118 pour 100 000 habitants,avant de diminuer et de retrouver en 2030 son niveau actuel. Les entréesdans la vie active devraient croîtrepuis se stabiliser à partir de 2010-2015. En revanche, les cessations d'activité seraient plus nombreuses que les entréesprojetées entre 2020 et 2025. La tendance au vieillissement de la profession persisterait ainsijusqu'en 2015. À comportementidentiques à ceux d'aujourd'hui, la croissance du nombre de pharmaciens se concentrerait sur les salariés d'officine et des établissement de santé. En revanche, le maintien du nombrede médecins biologistes ne compenserait pas la perte de 3 000 pharmaciens dans ce secteur.Ce scénario est complété par deuxcatégories de variantes : la premières'intéresse aux effets d'un changementdu niveau du numerus clausus, la seconde à l'impact de modifications concernant l'entréedans la vie active ou la mobilité sur le profil de la profession et la répartition des pharmaciensselon le secteur d'activité.

    N° 438 • octobre 2005

    La démographie des pharmaciensà l'horizon 2030

    Un exercice de projection au niveau national

    Cette étude présente les résultats d'un exer-cice de projection à moyen terme de ladémographie des pharmaciens en activité,effectué par la Drees, à l'horizon 2030.

    La plupart des hypothèses de projection – tantsur les flux de formation, les comportements d'en-trée dans la vie active, la mobilité professionnelle etla cessation d'activité – restent ici fondées sur lapoursuite des comportements observés dans lepassé récent1. Les projections présentées ne dessi-nent donc pas forcément les perspectives les plusprobables, mais retracent davantage des évolutionstendancielles « à comportements et contexteinchangés ». Aussi ne constituent-elles pas des pré-visions mais des scénarios permettant d'apprécierl'impact potentiel de telle ou telle décision ou hypo-thèse de comportement. Ces projections « à com-portements constants » peuvent toutefois êtreventilées par sexe, âge et grands secteurs d'activité

    Marc COLLETMinistère de l’Emploi, de la cohésion sociale et du logementMinistère de la Santé et des solidaritésDrees

    • • •

    1. COLLET Marc, 2005, « Les pharmaciens en France : situationdémographique et trajectoires professionnelles », Études etRésultats, n° 347, octobre, Drees. Pour une analyse plus pousséesur la méthodologie employée, voir COLLET Marc, 2005,Document de travail, Série études, à paraître, Drees.

    G01

    G01 évolution du nombre et de la densité de pharmaciens entre 1980 et 2030 selon les hypothèses du scénario central

    EffectifsDensité pour 100 000 hbts

    198037,82068

    198139,53371

    198241,14974

    198342,76576

    198443,96578

    198545,52180

    198647,53183

    198749,82887

    198850,65788

    198951,36188

    199051,97789

    199152,21989

    199254,89893

    199355,94395

    199457,22596

    199558,33998

    199659,675100

    199761,289102

    199863,164105

    199964,551107

    200066,042109

    200167,286110

    200268,300111

    200369,323113

    200470,389114

    200571,075115

    200671,714115

    200772,314116

    200872,866116

    200973,393117

    201073,934117

    201174,464117

    201274,904118

    201375,246118

    201475,514118

    201575,660118

    201675,744118

    201775,743117

    201875,688117

    201975,596116

    202075,445116

    202175,277115

    202275,107115

    202374,958114

    202474,862114

    202574,813114

    202674,809113

    202774,861113

    202874,999113

    202975,193113

    203075,443114

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G02

    G02 nombre des entrées et sorties d'activité des pharmaciens prévues d'ici à 2050 (scénario central)

    Solde entrées-sorties hors primo-entrantsPrimo-entrantsEstimation du nombre de diplômés (83 % du nc 5 ans avant + 17 % du nc 8 ans avant)

    2005150321892250

    2006156422052250

    2007165022542375

    2008177623342375

    2009190724402541

    2010202025662724

    2011212126572724

    2012225927052758

    2013237027182790

    2014244827252790

    2015254026982790

    2016259126902790

    2017264926682790

    2018269826682790

    2019273726702790

    2020279326702790

    2021280426702790

    2022280126702790

    2023277226702790

    2024271426702790

    2025266526702790

    2026261326702790

    2027254626702790

    2028245526702790

    2029239626702790

    2030233826702790

    2031228626702790

    2032229126702790

    2033226326702790

    2034229526702790

    2035230726702790

    2036233026702790

    2037236826702790

    2038240426702790

    2039245626702790

    2040248826702790

    2041253026702790

    2042256326702790

    2043257326702790

    2044259126702790

    2045259126702790

    2046259626702790

    2047259926702790

    2048261726702790

    2049262126702790

    2050263226702790

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G03

    G03 évolution de la pyramide des âges des pharmaciens entre 2005 et 2030 (scénario central)

    2005

    HommesFemmes

    - de 30 ans-1,1763,844

    30 à 34 ans-2,1955,674

    35 à 39 ans-2,6345,994

    40 à 44 ans-3,6627,595

    45 à 49 ans-4,8788,703

    50 à 54 ans-4,2066,901

    55 à 59 ans-3,5404,961

    60 à 64 ans-1,5361,695

    65 ans et plus-633584

    2015

    HommesFemmes

    - de 30 ans-1,3044,216

    30 à 34 ans-2,4336,224

    35 à 39 ans-3,4187,538

    40 à 44 ans-2,7946,149

    45 à 49 ans-2,6965,698

    50 à 54 ans-3,1826,781

    55 à 59 ans-4,2777,720

    60 à 64 ans-3,1704,748

    65 ans et plus-1,7601,613

    2030

    HommesFemmes

    - de 30 ans-1,2694,331

    30 à 34 ans-2,3706,392

    35 à 39 ans-3,4257,703

    40 à 44 ans-3,5337,638

    45 à 49 ans-3,5067,449

    50 à 54 ans-3,3697,452

    55 à 59 ans-2,5625,525

    60 à 64 ans-1,9273,482

    65 ans et plus-2,1192,164

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G04

    G04 évolution de l'âge moyen et du taux de féminisation des pharmaciens entre 1980 et 2050 (scénario central)

    Age moyen% Féminisation

    19803954%

    19854157%

    19904160%

    19954262%

    20004464%

    20054565%

    20104666%

    20154767%

    20204668%

    20254668%

    20304668%

    20354669%

    20404669%

    20454669%

    20504669%

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G05

    G05 évolution du nombre et de la part des pharmaciens actifs selon le secteur d'activité et le poste occupé, d'après le scénario central

    Titulaires officineSalariés officineSalariés hors officinePharmaciens biologistesTitulaires officineSalariés officineSalariés hors officinePharmaciens biologistes

    % relatif% relatif% relatif% relatifEffectifsEffectifsEffectifsEffectifs

    199049%27%10%13%25,77014,2485,3096,892

    199546%28%13%13%26,96116,3987,5717,409

    200042%30%16%12%27,79719,94510,4437,857

    200540%32%16%11%28,50223,05611,5777,919

    201039%34%16%10%29,11325,29811,9877,536

    201538%35%17%9%28,88526,97812,8546,943

    202037%36%18%8%28,18527,52313,4646,272

    202536%36%18%7%27,63227,67513,8675,639

    203036%36%18%7%27,83228,05414,2115,345

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ans

    Sources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G06

    G06 évolution du nombre et de la part des salariés non biologistes selon le type d'établissement, d'après le scénario central

    Salariés officineSalariés étab. SantéSalariés entrep. MédicamentSalariés autresSalariés officineSalariés étab. SantéSalariés entrep. médicamentSalariés autres

    % relatif% relatif% relatif% relatifEffectifsEffectifsEffectifsEffectifs

    199027%4%5%1%14,2482,2282,485595

    199528%5%5%3%16,3982,7402,8162,014

    200030%5%5%5%19,9453,4903,4443,508

    200532%6%5%5%23,0564,4543,8473,284

    201034%8%5%4%25,2985,5803,6882,718

    201535%8%5%4%26,9786,2683,7612,826

    202036%9%5%4%27,5236,7593,7852,920

    202536%9%5%4%27,6757,0873,7972,983

    203036%9%5%4%28,0547,3903,8203,001

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G07

    G07 évolution du nombre de médecins et pharmaciens biologistes (scénario central) et de la densité entre 1990 et 2050

    Pharmaciens biologistesMédecins biologistesEnsemble biologistesDensité pour 100 000 hbts

    19906,6651,9508,61515

    19957,4092,81210,22118

    20007,8572,97410,83118

    20057,9193,16711,08618

    20107,5363,08510,62117

    20156,9433,0449,98716

    20206,2723,1279,39915

    20255,6393,0518,69014

    20305,3452,8198,16413

    20355,3902,7378,12713

    20405,4452,8348,27913

    20455,4602,9408,40013

    20505,4673,0398,50613

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ans, médecins de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790) ; Adeli redressé, projections Drees (nc =7 000)

    G08

    G08 évolutions et projections du nombre de pharmaciens pour 100 000 habitantsselon plusieurs hypothèses d'évolution du numerus clausus - France métropolitaine1

    Scénario central (nc = 2 790)nc = 2 900nc = 3 000nc = 3 500nc tel que densité stable à partir de 2010Scénario central (nc = 2 790)nc = 2 900nc = 3 000nc = 3 500nc tel que densité stable à partir de 2010

    198070707070702,8002,8002,8002,8002,800

    198583838383832,5002,5002,5002,5002,500

    199092929292922,2502,2502,2502,2502,250

    19951011011011011012,2502,2502,2502,2502,250

    20001121121121121122,2502,2502,2502,2502,250

    20051181181181181182,7902,7902,7902,7902,790

    20101211211211211212,7902,9003,0003,5002,455

    20151221231231251202,7902,9003,0003,5003,150

    20201211221231281202,7902,9003,0003,5003,060

    20251191211231311202,7902,9003,0003,5002,665

    20301191221241361202,7902,9003,0003,5002,335

    20351211251281421202,7902,9003,0003,5002,575

    20401231271311481202,7902,9003,0003,5002,575

    20451241291331531202,7902,9003,0003,5002,600

    1. En l'absence de projections de population au-delà de 2030 pour les Dom, les populations utilisées pour les calculs de densité portent sur la seule France métropolitaine.Champ : France métropolitaine, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    T01

    T01 effectifs et répartition par secteur d'activité en 2030 selon les variantes comportementales envisagées

    en %

    Effectifs total en 2030Répartition selon les secteurs d'activité

    Titulaire officineAdjoint officineBiologisteSalarié hors officineEn établissement de santéEn entreprise du médicamentAutre établissement

    Scénario central7544335.736.06.918.29.54.93.9

    Scénario 57890839.536.69.114.87.33.63.9

    Scénario 6740969.859.67.523.09.06.37.8

    Scénario 77544340.632.97.219.210.05.24.0

    Scénario 87544339.535.66.818.19.44.93.9

    Scénario 97544334.935.112.217.99.34.83.8

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    E1

    Graphique encadré 1 : Évolutions du nombre de diplômés et du numerus clausus

    Nombre de diplômes délivrésNumerus clausus (nc)Estimation du nombre de diplômés (83 % du nc 5 ans avant + 17 % du nc 8 ans avant)

    1961906

    19621051

    19631027

    19641091

    19651158

    19661326

    19671383

    19681561

    19691549

    19702270

    19712526

    19723254

    19732905

    19742666

    19752629

    19762878

    19773126

    19783243

    19793448

    19803931

    198121502800

    198227682800

    198330652800

    198436902500

    198538392500

    198636342250

    198730642250

    198826652250

    1989209722502551

    1990227022502551

    1991219922502343.5

    1992233722502292.5

    1993231922502292.5

    1994227222502250

    1995216222502250

    1996223022502250

    1997207222502250

    1998216022502250

    1999212422502250

    200022502250

    200122502250

    200224002250

    200324002250

    200426002250

    200527902250

    tbettyFichier en pièce jointeTélécharger les données

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    ÉTUDES et RÉSULTATS

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    2

    pharmaceutique (officine, laboratoired'analyse de biologie médicale, établis-sement de santé, entreprise du médica-ment…).

    Cet exercice prospectif a été réaliséà partir des effectifs recensés par lesfichiers du Conseil national de l'Ordredes pharmaciens (CNOP) au 1er janvier2005. Il concerne les « pharmaciensactifs », c'est-à-dire les diplômés exer-çant une activité pharmaceutique stricto

    sensu inscrits à l'Ordre des pharmaciens.Cette définition exclut notamment lesdiplômés de pharmacie occupant, au seindes entreprises du médicament, des pos-tes qui sortent du cadre de la fabrication(marketing, management…) ou encoreles enseignants et chercheurs universitai-res. En revanche, les personnes exerçantune activité régie par le Code de la Santésont tenues de s'inscrire à l'Ordre et sontdonc prises en compte2.

    À l'heure actuelle, le nombre depharmaciens continue à croître

    mais à un rythme nettementmoins soutenu que dans les

    précédentes décenniesAu 1er janvier 2005, on recense un

    peu plus de 70 500 pharmaciens actifs,soit 1,5 % de plus que l'année précéden-te, 35 % de plus qu'en 1990 et 125 % deplus qu'au 1er janvier 1976. On assiste

    E•1

    • Organisation du cursus de pharmacieAvant 1980, l'entrée dans les études de pharmacie était libre. Depuis cette date,

    l'accès à la 2e année du cursus (et donc à la profession de pharmacien) est soumis àun numerus clausus (pour les études de médecine, dès 1971). Depuis la mise enplace d'une année hospitalo-universitaire (AHU), les études de pharmacie durentdésormais 6 ans pour les étudiants qui empruntent le cycle court et 9 ans pour ceuxqui effectuent l'internat — en vue d'obtenir un diplôme d'études spécialisées(DES) —, avec dans les deux cas l'obligation de soutenir une thèse pour accéder audiplôme d'État de docteur en pharmacie. Les candidats reçus au concours de l'inter-nat (concours préparé en 5e année) ont la possibilité de suivre quatre DES distincts :

    - Le DES de biologie médicale, dont la formation est commune à celle desmédecins biologistes. Cette formation constitue une condition obligatoire à la pra-tique de la biologie que ce soit en laboratoire d'analyse de biologie médicale deville, dans le secteur hospitalier ou encore dans les laboratoires spécialisés (contrô-le des eaux, agroalimentaire, environnement…) ;

    - Le DES de pharmacie hospitalière et des collectivités, comme son nom l'in-dique, oriente plutôt vers des carrières hospitalières ou de santé publique. Il permetnotamment de passer le concours de pharmaciens des hôpitaux (pour devenirPraticien hospitalier)1 ainsi que d'autres concours administratifs (inspection de lapharmacie…) ;

    - Le DES de pharmacie industrielle et biomédicale oriente vers un corpus demétiers de l'industrie du médicament (contrôle des processus de fabrication desbiens médicaux…) ;

    - Le DES de pharmacie spécialisée propose des études pointues sur des domai-nes peu couverts. Il oriente, a priori, vers l'enseignement et la recherche dans leslaboratoires publics ou le secteur Recherche et Développement des entreprises dumédicament.

    Le passage par l'internat influe sur le métier exercé par la suite, en facilitant enparticulier les carrières de pharmacien hospitalier, d'enseignant ou de chercheur.Cependant, et contrairement au cursus de médecine, ce cycle de spécialisation neconstitue pas une barrière à l'entrée pour la majorité des métiers que peuvent exer-cer les pharmaciens, puisque seul l'exercice de la biologie médicale est condi-tionné par la détention du DES correspondant.

    • Évolutions du numerus clausus et impact sur le nombre de diplômésLe numerus clausus au même titre que le nombre de postes fournis à l'internat

    est, chaque année, fixé par arrêté du ministère de l'éducation nationale, de l'ensei-gnement supérieur et de la recherche et du ministre des solidarités, de la santé etde la famille.

    Depuis sa mise en place, le numerus clausus, institué à 2 800 postes pour lesétudiants en pharmacie a connu trois principaux changements. Le nombre de pla-ces proposées en 2e année a été réduite à 2 500 en 1983 puis à 2250 en 1985 (soit19 % de moins qu'en 1980). Ce niveau est resté inchangé jusqu'à 2002, date à par-

    tir de laquelle il a été décidé de le remonter progressivement à 2 400 places en2003, 2 600 en 2004 et 2 790 pour 2005 (cf. graphique). La part du nombre de pos-tes offerts à l'internat relativement au numerus clausus est, quant à elle, demeuréetrès stable dans le temps. Chaque année, la spécialisation est ainsi permise à envi-ron 17 % d'une promotion (le taux de remplissage étant très proche de 100 %). Enrevanche, la ventilation par spécialisation a connu quelques modifications au coursdes dernières années. La biologie médicale, après un recul assez sensible (au pro-fit des postes ouverts au médecin), retrouve à partir de 2001 son niveau historique(un peu moins de 40 % des postes proposés à l'internat). Les places offertes en « pharmacie hospitalière et des collectivités » ont, en raison d'une forte demande,vu leur poids s'accroître sensiblement ces dernières années (un quart des postesau début des années 90 pour un peu plus d'un tiers actuellement) aux dépens desplaces proposées dans les DES de « pharmacie industrielle et biomédicale » et de« pharmacie spécialisée » (qui représentent respectivement 13 % des postesactuellement contre 15 à 20 % au début des années 90).

    Enfin, il faut souligner que le fort phénomène de féminisation des diplômesobservé semble se stabiliser ces dernières années à hauteur de deux femmesdiplômées pour un homme.

    Les études de pharmacie et le devenir des diplômés

    0

    500

    1000

    1500

    2000

    2500

    3000

    3500

    4000

    4500

    1961

    1965

    1969

    1973

    1977

    1981

    1985

    1989

    1993

    1997

    2001

    2005

    Nombre de diplômes délivrés

    Numerus clausus (nc)

    Estimation du nombre de diplômés (83 % du nc 5 ans avant + 17 % du nc 8 ans avant)

    Évolutions du nombre de diplômés et du numerus clausus

    1. L'obligation d'avoir suivi l'internat pour passer ce concours a été instaurée en 1991.

    Sources : DGS et DEP

    2. On peut considérer aujourd'hui que cette obligation est remplie par les pharmaciens, ce qui n'a probablement pas toujours été le cas par le passé.

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    donc à un fléchissement de la croissan-ce démographique de la profession quiest passée de plus de 4 % par an avantla seconde moitié des années 80 à unrythme plus modéré de +1,5 % à +2 %par an – à rapprocher de l'instaurationdu numerus clausus puis de son resser-rement au cours des années 80 (enca-dré 1). Ce ralentissement demeuretoutefois moins marqué que pour lesmédecins, du fait d'une propensioncroissante des diplômés en pharmacie àexercer effectivement une activité phar-maceutique nécessitant leur inscriptionà l'Ordre. Depuis les deux dernièresdécennies, on assiste en conséquence àune hausse de l'âge moyen de la profes-sion qui est passé de 39 ans en 1980 à45 ans en 2005. Ce phénomène devieillissement – dû aussi, pour une fai-ble part, à l'allongement des études depharmacie – a, pour partie, motivé lerelèvement progressif du numerus clau-sus de 2 250 en 2000-2001 à 2 790 pourl'année universitaire 2004-2005.

    Un scénario central de projection démographique

    à numerus clausus constant et comportements d'entrée,

    de sortie et de mobilitéprofessionnelle inchangés

    Le relèvement à 2 790 du numerusclausus avant l'accès à la deuxièmeannée des études de pharmacie ayantété décidé pour 2004-2005 (encadré 1),le scénario central retient l'hypothèsed'un numerus clausus maintenu à ceniveau les années suivantes. Il prendégalement pour hypothèse que les com-portements des pharmaciens actifsseront dans l'avenir identiques à ceuxactuellement observés3 (caractéristiquessociodémographiques et modalitésd'entrée sur le marché du travail desdiplômés, cessations, reprises d'activitéet mobilités professionnelles des actifs)et, par conséquent, qu'ils varient enfonction de la génération, du sexe et dutype de poste occupé (titulaire d'offi-cine, pharmacien biologiste, pharma-cien adjoint d'officine, salarié d'unétablissement de santé, d'une entreprise

    du médicament ou encore d'une autrestructure [encadré 2]). Enfin, on suppo-se que les migrations internationalesdemeurent quasiment inexistantes4.

    Deux grandes catégories de scéna-rios alternatifs, obéissant au même typede logique seront ensuite envisagées.La première analysera les effets d'unchangement du niveau du numerusclausus et la seconde étudiera l'impactd'éventuelles limitations concernant lesentrées dans la vie active ou la mobilitéprofessionnelle, quant à la répartitiondes professionnels entre les différentssecteurs.

    Les résultats de l'exercice prospectifsur la démographie des pharmacienssont, dans cette étude, centrés sur lemoyen terme (horizon 2030). Toutefois,des prolongements à plus long terme(horizon 2050) seront aussi abordésafin de mieux éclairer l'analyse.

    • La densité de pharmaciens en activité en France augmenteraitjusqu'en 2015 avant de diminueret de retrouver en 2030 un niveau équivalent à celui de 2005

    À court terme, l'évolution du nom-bre de pharmaciens ne dépend quasi-

    E•2

    Le modèle de projections démographiques des pharmaciens : méthode, hypothèses retenues et limites

    Le modèle de projections démographiques des pharmaciens élaboré par la Drees permet d'établirdes projections d'effectifs de pharmaciens actifs. Il simule l'évolution des effectifs, année après année,à moyen terme jusqu'en 2030 et propose des résultats à plus long terme jusqu'en 2050. Il s'inspire pourpartie des modèles déjà réalisés par la Drees sur les médecins et les masseurs-kinésithérapeutes1.

    Les projections sont réalisées à partir des données du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens(CNOP). Elles sont détaillées selon le sexe, l'âge, le secteur (officine, laboratoire d'analyse de biologiemédicale, établissements de santé, entreprises du médicament, autres structures) et le type d'activité(titulaire d'officine, pharmacien adjoint, pharmacien biologiste). Elles sont effectuées au niveau national(Dom compris), sans que le modèle ne permette de déclinaison régionale. Tant pour les étudiants enpharmacie que pour les pharmaciens en activité, les projections sont effectuées " par composante ",dans le sens où l'on fait évoluer dans le temps et où l'on affecte des probabilités d'événements à desgroupes d'individus ayant des caractéristiques identiques, et non à chaque individu pris isolément.

    Les différents scénarios envisagés se fondent sur l'hypothèse de décisions publiques inchangéeset/ou de maintien des comportements individuels actuellement observés.

    Le scénario central pose ainsi pour hypothèses que :· L'organisation du cursus de pharmacie reste inchangée et le numerus clausus fixé pour l'année

    2004-2005 (2 790 places) tout comme le nombre de places mises au concours de l'internat (475 dont180 dans le DES de biologie médicale) sont maintenus à ce niveau sur toute la période de projection.

    · Partant des données fournies par la Direction de l'évaluation et de la prospective (DEP) de l'Édu-cation Nationale, le nombre de diplômés est estimé comme étant égal à l'addition de 83 % du numerusclausus 5 ans auparavant (diplômés non spécialisés) et de 17 % du numerus clausus 8 ans avant(diplômés spécialisés) ;

    · et les caractéristiques d'âge, de sexe et de taux d'utilisation du diplôme sont considérées commeidentiques à celles observées dans la période récente2.

    · Les comportements des pharmaciens actifs (caractéristiques sociodémographiques et modalitésd'entrée sur le marché du travail, sortie temporaire ou définitive d'activité3, mobilité professionnelle) sontles mêmes que ceux observés au cours des trois dernières années. Ils sont calculés par génération,sexe et type de poste occupé.

    1. BESSIÈRE Sabine, BREUIL-GENIER Pascale, DARRINÉ Serge, 2004, « La démographie médicale à l'horizon 2025 : une actualisationdes projections au niveau national », Études et Résultats, n° 352, novembre, Drees ; DARRINÉ Serge, 2003, « Les masseurs-kinési-thérapeutes en France : situation en 2002 et projections à l'horizon 2020 », Études et Résultats, n° 242, juin, Drees.2. COLLET Marc, 2005, « Les pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles », Études et Résultats,n° 437, octobre, Drees.3. L'ensemble de ces comportements sont décrits et analysés de manière détaillée dans l'article précédemment cité.

    3. Sur les trois dernières années.4. Elles sont implicitement prises en compte à leur niveau passé, par le biais des taux d'entrée dans la profession.

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    ment que des seuls comportements decessation d'activité des pharmaciensaujourd'hui actifs. En effet une nouvellemodification du numerus clausus nepeut avoir d'impact sur la démographiede la profession avant 2010, comptetenu de la durée des études de pharma-cie (encadré 1).

    D'après le scénario central, le nom-bre total de pharmaciens en activitécontinuerait de croître sensiblementjusqu'en 2017 (mais à un rythme nette-ment moins soutenu que dans le passé)pour aboutir à près de 76 000 profes-sionnels actifs (graphique 1), soit 8 %de plus qu'en 2005 (70 500) et deux foisplus qu'en 1980. À compter de cettedate, le nombre de pharmaciens tendrait

    à se stabiliser jusqu'en 2030, suite à unelégère diminution jusqu'en 2025 puis àune reprise de croissance modérée.

    La densité (France entière), c'est-à-dire le nombre de pharmaciens pour100 000 habitants, ainsi projetée aug-menterait alors entre 2005 et 2015 pas-sant de 114 à 118 pharmaciens pour100 000 habitants. Puis, après unepériode de stagnation, la densitémoyenne tendrait à diminuer pourretrouver en 2030 un niveau proche decelui observé en 2005. Il faut toutefoisrelativiser cette tendance à la baisse. Eneffet, du fait d'un possible déclin de lapopulation française à compter de 2040et d'une reprise concomitante de lacroissance du nombre de pharmaciens,

    dans les hypothèses retenues, la densitéde pharmaciens devrait reprendre sacroissance au moins jusqu'en 2050 pouratteindre à cette date un niveau supé-rieur de 5 % à celui enregistré actuelle-ment (cf. graphique 8).

    • Les sorties d'activité seraient plus nombreuses entre 2020 et 2025

    Ces évolutions démographiquesfutures sont à la fois liées à celles desentrées et des sorties de la profession.Compte tenu des hypothèses retenuesquant à la constance du numerus clau-sus, les entrées se stabiliseraient à partirde 2010-2015, après un accroissementassez sensible entre 2005 et 2010,directement lié à l'augmentation dunumerus clausus au cours des trois der-nières années. En effet, par hypothèse,le nombre d'entrées dépend directementdu numerus clausus mis en œuvre 5 à 8ans plus tôt (avec un écart estimé àenviron 5 %).

    En revanche, le nombre de pharma-ciens qui cessent leur activité est ap-pelé à fortement augmenter dans lesquinze années à venir et devrait passerde 1 500 en 2005 à 2 800 au début desannées 2020 (graphique 2). Les promo-tions de pharmaciens entrées en facultédans les années 70 et au début desannées 80, très nombreuses (étantissues du « baby-boom » et n'ayant pasété soumises au numerus clausus),atteindront en effet l'âge de la retraitependant cette période. Ainsi, le nombrede cessations d'activité devrait rattraperpuis dépasser le nombre d'entrées proje-tées entre 2020 et 2025, expliquant letassement puis la légère décroissancedu nombre de pharmaciens projetés surcette période. Une fois ce mouvementmassif de départs en retraite passé, lenombre de sorties s'infléchirait sensi-blement jusqu'en 2035, date à partir delaquelle les diplômés issus des promo-tions plus nombreuses des années 2000parviendront à leur tour à l'âge de laretraite.

    • La tendance au vieillissement de la profession persisterait jusqu'en 2015 avant de se stabiliser

    Compte tenu des entrées et sortiesainsi projetées, la pyramide des âges

    évolution du nombre et de la densité de pharmaciens entre 1980 et 2030 selon les hypothèses du scénario centralG•01

    30 000

    35 000

    40 000

    45 000

    50 000

    55 000

    60 000

    65 000

    70 000

    75 000

    80 000

    1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030

    nom

    bre

    70

    80

    90

    100

    110

    120

    dens

    ité

    Effectifs Densité pour 100 000 hbts

    observé projeté

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    nombre des entrées et sorties d'activité des pharmaciens prévues d'ici à 2050 (scénario central)G•02

    1 0001 2001 4001 6001 8002 0002 2002 4002 6002 8003 000

    2005

    2008

    2011

    2014

    2017

    2020

    2023

    2026

    2029

    2032

    2035

    2038

    2041

    2044

    2047

    2050

    Solde entrées-sorties hors primo-entrantsPrimo-entrantsEstimation du nombre de diplômés (83 % du nc 5 ans avant + 17 % du nc 8 ans avant)

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

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    des pharmaciens actifs suivrait doncdeux tendances différentes entre 2005et 2015 puis entre 2015 et 2030 (gra-phique 3). En effet, si le nombre depharmaciens actifs de moins de 40 ans,alimenté par les entrées des nouveauxdiplômés, devrait rester relativementstable tout au long de la période étu-diée, il en va autrement pour les plusâgés. Entre 2005 et 2015, le nombre depharmaciens actifs de plus de 55 ansaugmenterait ainsi de plus de 80 % (de13 000 à 23 000 pharmaciens). Enrevanche, en 2030, les générations lesplus âgées ayant pris leur retraite, onassisterait à une forte diminution despharmaciens âgés de plus de 50 ans – eten particulier des 50 à 60 ans (de 20 000à 13 500) – compensée par un accroisse-ment du nombre d'actifs de 40 à 50 ans(de 17 000 à 22 000). Sous ces hypothè-ses, l'âge moyen des pharmaciens conti-nuerait donc à croître jusqu'en 2015 pouratteindre presque 47 ans puis se stabili-serait aux alentours de 46 ans dans lesdécennies suivantes (graphique 4), contre41 ans en 1990.

    La féminisation de la professiondevrait également se poursuivre dansles années à venir (graphique 4) mais demanière de plus en plus modérée (pas-sant de 65 % au 1er janvier 2005 à66,5 % en 2010, 67 % en 2015, 68 % en2025 et 69 % à partir de 2040). L'âgemoyen des femmes et des hommesdevrait suivre pendant cette périodedes évolutions très proches si bienqu'un écart d'âge subsisterait dans lesannées à venir : en 2030, l'âge moyenprojeté serait ainsi de 47,5 ans pour leshommes et de 45 ans pour les femmes,contre respectivement 47 et 45 ansactuellement.

    • À comportements identiques à ceux d'aujourd'hui, la croissancedu nombre de pharmaciens se concentrerait sur les salariésd'officine et des établissements de santé

    Si l'évolution du nombre total depharmaciens est largement déterminéepar des phénomènes démographiqueslourds et est donc très peu susceptiblede varier à numerus clausus constant,leur répartition par fonction et secteurd'activité est plus difficile à estimer.Dans le scénario central, on considère

    évolution de la pyramide des âges des pharmaciens entre 2005 et 2030 (scénario central)G•03

    2005

    6 000 4 000 2 000 0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000

    - de 30 ans

    30 à 34 ans

    35 à 39 ans

    40 à 44 ans

    45 à 49 ans

    50 à 54 ans

    55 à 59 ans

    60 à 64 ans

    65 ans et plus

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    évolution de l'âge moyen et du taux de féminisation des pharmaciens entre 1980 et 2050 (scénario central)G•04

    3839404142434445464748

    1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050

    50%

    55%

    60%

    65%

    70%

    Age moyen % Féminisation

    observé

    projeté

    2015

    6 000 4 000 2 000 0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000

    - de 30 ans

    30 à 34 ans

    35 à 39 ans

    40 à 44 ans

    45 à 49 ans

    50 à 54 ans

    55 à 59 ans

    60 à 64 ans

    65 ans et plus

    2030

    6 000 4 000 2 000 0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000

    - de 30 ans

    30 à 34 ans

    35 à 39 ans

    40 à 44 ans

    45 à 49 ans

    50 à 54 ans

    55 à 59 ans

    60 à 64 ans

    65 ans et plus

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    Hommes Femmes

    Âge moyen Part des femmes

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    évolution du nombre et de la part des pharmaciens actifs selon le secteur d'activité et le poste occupé, d'après le scénario central

    49,3 %

    40,1%38,0 %

    35,7 %

    27,3 %

    32,4 %35,5 %

    36,0 %

    10,2 %

    16,3 %16,9 %

    18,2 %

    13,2 %

    11,1 % 9,1 %6,9%

    0,0%

    5,0%

    10,0%

    15,0%

    20,0%

    25,0%

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    nom

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    Titulaires officine % relatif Salariés officine % relatif Salariés hors officine % relatifPharmaciens biologistes % relatif Titulaires officine Effectifs Salariés officine EffectifsSalariés hors officine Effectifs Pharmaciens biologistes Effectifs

    observé projeté

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    évolution du nombre et de la part des salariés non biologistes selon le type d'établissement, d'après le scénario centralG•06

    0,0%

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    1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030

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    Salariés officine % relatif Salariés étab. Santé % relatif Salariés entrep. Médicament % relatif

    Salariés autres % relatif Salariés officine Effectifs Salariés étab. Santé Effectifs

    Salariés entrep. médicament Effectifs Salariés autres Effectifs

    observé projété

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    G•05

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    ÉTUDES et RÉSULTATS

    N° 438 • octobre 2005

    7

    que les trajectoires professionnellesfutures, et notamment les mobilités,s'inscrivent dans le prolongement descomportements actuellement observéspar âge, sexe et secteur d'activité. Sousces hypothèses, la part des pharmaciensexerçant en officine demeurerait stabledans les 25 prochaines années, oscillantautour de 75 % (graphique 5). Enrevanche, la tendance à la stagnation dunombre de titulaires d'officine et à l'ac-croissement du nombre de salariés (ou« pharmaciens adjoints »), déjà consta-tée au cours des dernières décennies, sepoursuivrait pour aboutir en 2030 à uneparité entre titulaires et salariés d'offi-cine (environ 37 % dans les deux cascontre respectivement 40 % et 32 %actuellement). À compter de 2005, lenombre de pharmaciens biologistesdevrait en outre diminuer de manièrecontinue, passant de près de 8 000 à5 300 en 2030. Ils ne représenteraientalors plus que 7 % de l'ensemble despharmaciens actifs en 2030, contre11 % aujourd'hui. Il faut toutefois noterque cette évolution, pour être interpré-tée, doit être rapprochée de celle dunombre de médecins biologistes. Enfin,toujours sous ces hypothèses, la partdes pharmaciens salariés non-biologis-tes, exerçant dans des structures nonofficinales, poursuivrait son essor etreprésenterait un cinquième des actifsen 2030 contre 16 % en 2005. Cettecroissance serait essentiellement le faitdes salariés exerçant en établissementsde santé dont le nombre croîtrait régu-lièrement jusqu'en 2030 pour représen-ter 10 % de la profession (graphique 6),contre 6 % actuellement. L'évolutiontendancielle ainsi projetée rend comptede la forte attractivité du secteur hospi-talier au cours des années récentes, enlien avec l'augmentation régulière dunombre de postes ouverts au diplômed'étude spécialisé (DES) de pharmaciehospitalière et des collectivités (enca-dré 1).

    • La stabilisation du nombre de médecins biologistes ne compenserait pas la perte de près de 3 000 pharmaciens dans ce secteur

    La France est un des rares paysd'Europe où la formation des biologis-tes est commune aux pharmaciens etaux médecins, dans le cadre de l'inter-nat5 qui réserve un nombre donné deplaces à chacun des deux cursus, aprèscinq années d'étude pour les pharma-ciens et six pour les médecins.L'exception française repose égalementsur le fait que les biologistes disposent,en France, d'un monopole sur les analy-ses ambulatoires qui doivent être réali-sées dans un laboratoire d'analyses sousla responsabilité de son ou de ses direc-teurs, ou, subsidiairement, de leursdirecteurs adjoints6. Comme pour lesofficines, la France présente une densi-té élevée de laboratoires d'analyse debiologie médicale comparée aux autrespays européens7.

    Il est donc nécessaire de rapprocherl'évolution projetée du nombre de pharma-ciens biologistes de celui des médecinsbiologistes (graphique 7). Ces derniers ontégalement connu une augmentation deleurs effectifs entre 1990 et 2005. Cettecroissance s'est avérée nettement plus sou-tenue que celle enregistrée chez les phar-maciens (+62 % contre +19 %)8, la partdes médecins parmi les biologistes étaitainsi passée de 22,5 % à 28,5 %. Cela s'ex-plique notamment par le fait que, entre lafin des années 80 et le milieu des années90, la forte diminution du nombre de pos-tes ouverts en biologie médicale (418 en1984-1985 contre un peu moins de 200 àla fin des années 90 et entre 250 et 300 àl'heure actuelle) s'est principalementconcentrée sur les étudiants en pharmacie.La répartition des postes de biologistes aainsi évolué de 70 à 80 % de postesouverts aux pharmaciens à une quasi-parité entre les deux cursus, avant de reve-nir à l'heure actuelle à un partage troisquarts/un quart, plus favorable aux étu-diants en pharmacie.

    5. Désormais des Épreuves Classantes Nationales pour les médecins.6. Pour une étude détaillée sur ce domaine, voir ULMANN Philippe, MORGADO Philippe, 1999, « Comparaison internationale des conditions d'exercice etde rémunération des biologistes », Rapport d'étude pour la direction de la Sécurité sociale, décembre.7. Cf. in Études et Résultats, n° 437, octobre 2005, Encadré 2 : « Éléments de comparaison européenne sur la formation et les conditions d'exercice de la pro-fession de pharmacien ».8. Plus encore, depuis le début des années 80, le nombre de médecins biologistes a été presque multiplié par 3 contre environ par 1,5 pour les pharmaciens bio-logistes. Pour plus de détails sur ces points, voir VILAIN Annick, 1999, « Les biologistes médicaux : environ 10 000 biologistes en activité jusqu'en 2010 »,Études et Résultats, n° 6, février, Drees.

    évolution du nombre de médecins et pharmaciens biologistes (scénario central) et de la densité entre 1990 et 2050G•07

    0

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    Pharmaciens biologistes Médecins biologistes

    Ensemble biologistes Densité pour 100 000 hbts

    observé projeté

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ans, médecins de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790) ;Adeli redressé, projections Drees (nc =7 000)

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    La récente actualisation des exerci-ces de projections démographiques réali-sés par la Drees pour les médecins – surla base d'un numerus clausus passant à7 000 en 2006, d'une hypothèse de pari-té entre spécialistes et généralistes et derépartition par spécialité proche de celleactuellement observée9 –, fait état d'unevraisemblable stagnation du nombre demédecins biologistes, qui oscilleraitautour de 3 000 entre 2005 et 205010.

    Compte tenu des évolutions proje-tées, à la fois pour les pharmaciens etpour les médecins, la densité de biolo-gistes, après avoir crû entre 1990 et2005 de 15 à 18,5 pour 100 000 habi-

    tants, devrait connaître une diminutionsensible à un peu moins de 13 pour100 000 habitants à l'horizon 2030-2035(soit un niveau équivalent à celui observéau début des années 80). À compter decette date et du fait d'une possible dimi-nution de la population française, ladensité de biologistes devrait toutefoislégèrement remonter pour atteindre 13,3pour 100 000 habitants en 2050. Aprèsun accroissement continu de la part desmédecins parmi les biologistes, la répar-tition entre les deux professions se stabi-liserait à partir de 2030 à hauteur dedeux tiers de pharmaciens, contre envi-ron 80 % au début des années 80.

    • Une féminisation accrue des pharmaciens biologistes et des salariés des entreprises du médicament

    Le vieillissement de la professionde pharmacien devrait, d'après les pro-jections réalisées, toucher de manièrehomogène l'ensemble des secteurs d'ac-tivité. En revanche, si la poursuite duphénomène de féminisation devraitconcerner l'ensemble des pharmaciens,il devrait être plus ou moins marquéselon le type de fonction occupée : res-treint pour les pharmaciens titulaires etadjoints d'officine (dont les taux deféminisation passeraient respective-ment de 54 % et 83 % en 2005 à 56 %et 84,5 % en 2030), il serait en revanchetrès marqué pour les salariés des entre-prises du médicament (de 38 % à 53 %)et les pharmaciens biologistes (de 48 %à 56 % entre 2005 et 2030).

    Un jeu de neuf scénariosalternatifs concernant

    le numerus claususet les comportements d'entrée et de mobilité professionnelle

    Comme cela a été rappelé en intro-duction, les résultats issus du scénariocentral n'ont de valeur que par les hypo-thèses qui les sous-tendent. C'est pour-quoi il est important d'analyser leursensibilité en introduisant des scénariosde projection alternatifs. Pour chacund'entre eux, une seule hypothèse estmodifiée par rapport au scénario deréférence afin de mieux en isoler leseffets, et donc de tester « les variablesde commande » qui, au-delà des ten-dances de fond, sont susceptibles d'a-voir le plus d'influence sur l'évolutionde la démographie des pharmaciensdans le futur.

    Deux grands types de variantes ont,à cet égard, été considérés (encadré 3).Les premières envisagent l'impact devariations du niveau du numerus clau-sus et permettent donc d'approcher,

    9. BESSIÈRE Sabine, BREUIL-GENIER Pascale, DARRINÉ Serge, 2004, " La démographie médicale à l'horizon 2025 : une actualisation des projections auniveau national ", Études et Résultats, n° 352, novembre, Drees.10. Plus précisément, interviendrait une légère diminution des effectifs de médecins biologistes entre 2005 et 2030 suivie par une faible augmentation.

    E•3

    Les neuf scénarios alternatifs de projectionÀ partir du scénario central dont les résultats s'appuient sur le maintien du niveau du numerus clausus

    et des comportements d'entrée dans la vie active des diplômés d'une part, de sortie et de mobilité despharmaciens actifs, d'autre part, sont construits neuf scénarios alternatifs, en faisant varier à chaquefois une et une seule hypothèse pour en isoler l'effet. Les hypothèses sur lesquelles portent ces varian-tes sont présentées ci-dessous. Les autres hypothèses, lorsqu'elles ne sont pas précisées, sont lesmêmes que celles du scénario central.

    Scénarios 1 à 3 : le numerus clausus est respectivement porté à 2 900, 3 000 et 3 500 places dès 2006.Scénario 4 : le numerus clausus est chaque année fixé de manière à ce que la densité de pharma-

    ciens en France reste stable.Scénario 5 : les mobilités professionnelles ne sont pas ici prises en compte et la répartition des

    entrants dans les différents secteurs d'activité et postes occupés correspond à celle observée au 1er jan-vier 2005, pour l'ensemble de la population des pharmaciens en activité.

    Scénario 6 : les mobilités professionnelles ne sont pas prises en compte et on considère que larépartition des entrants est strictement identique à celle observée sur les dernières promotions de diplô-més.

    Scénario 7 : les mobilités professionnelles sont prises en compte mais l'on suppose que la réparti-tion des pharmaciens est contrainte par une stabilité de la densité des pharmaciens d'officine (titulaireset adjoints)1.

    Scénario 8 : les mobilités professionnelles sont prises en compte mais l'on considère que, à l'hori-zon 2030, la densité d'officines (et, par voie de conséquence, de titulaires) sera telle qu'elle correspon-de strictement aux règles d'implantation actuellement en vigueur (1 officine pour 2 500 habitants dansles communes de moins de 30 000 habitants, 1 pour 3 000 dans les agglomérations de plus de 30 000habitants et 1 pour 3 500 dans les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, de la Moselle et leGuyane).

    Scénario 9 : le nombre de places ouvertes au concours de l'internat de biologie pour les étudiants enpharmacie est telle que la densité de biologistes (médecins et pharmaciens confondus) demeure stableà horizon 2030, sans modification du nombre de places ouvertes pour les étudiants en médecine.

    1. Les autres pharmaciens sont ensuite répartis par secteur d'activité selon les mêmes règles que celles observées dans le scénariocentral (il en va de même pour les scénarios 8 et 9).

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    à comportements et trajectoires profes-sionnelles inchangés, les effets de déci-sions des pouvoirs publics dans cechamp (variantes 1 à 4), même si laquestion de l'offre en pharmaciens et deson adéquation aux besoins des patientsdans le futur11 dépasse largement celledu nombre de professionnels en activité.Les seconds types de variantes étudient,à numerus clausus maintenu constant,les répercussions qu'auraient diversesmodifications des choix professionnelsdes diplômés et des pharmaciens actifs– cette dynamique de changement pou-vant relever de choix individuels ou deréactions à la situation du marché dutravail, du système de soins ou demesures prises par les pouvoirs publics(variantes 5 à 9).

    • Quels numerus claususpour quelles densités de pharmaciens sur le territoire ?

    Par rapport au scénario central quipostule un maintien du niveau du nume-rus clausus actuel (2 790 étudiants for-més chaque année), on peut simulerl'impact qu'aurait une augmentation dunombre de places ouvertes en pharma-cie à partir de 2005. Un relèvement à2 900 étudiants minorerait la baisse dela densité programmée entre 2015 et2030, date à laquelle la densité de phar-maciens serait encore de 2 points supé-rieure à celle constatée en 2005(graphique 8). Un numerus claususporté à 3 000 étudiants parviendrait àmaintenir une densité stable entre 2015et 2025 à hauteur de 122 pharmacienspour 100 000 habitants (France métro-politaine). Dans le cas où il serait aug-menté très sensiblement, à hauteur de3 500 places, la croissance de la densitése révélerait forte et continue sur l'en-semble de la période de projections.Dans les trois cas, la densité de pharma-ciens en 2050 s'avérerait largement plusélevée qu'à l'heure actuelle (respective-ment +9 %, +12,5 % et +30,5 %) et unetelle évolution s'inscrirait davantagedans le prolongement du passé. Demanière générale, une augmentation de100 places du numerus clausus sur

    toute la période aboutirait à un accrois-sement d'environ 2,25 % de la densitéde pharmaciens à l'horizon 2030 et de3,5 % en 2050.

    Deux enseignements peuvent êtretirés de cette première série de varian-tes. Le premier tient à la relative inertiede la démographie des pharmaciensface aux variations du numerus clausus.Le second est que l'évolution du nume-rus clausus doit tenir compte non seule-ment des niveaux souhaités de densitéde pharmaciens, mais également de ladate à partir de laquelle on désire attein-

    dre cet objectif. Ainsi, quel que soit lenumerus clausus fixé pour ces prochai-nes années, les projections à comporte-ments constants aboutissent à uneaugmentation de la densité de pharma-ciens jusqu'en 2010, où elle atteindraitenviron 120 pour 100 000 habitants (enFrance métropolitaine). Si on souhaitaitpar exemple maintenir à partir de cettedate la densité de pharmaciens à ceniveau, les fluctuations du numerusclausus devraient alors être trèscontrastées : réduction immédiate à unpeu moins de 2 600, puis forte augmen-

    11.Si la question des besoins interroge le vieillissement de la population, le développement de certaines pathologies ou encore les éventuels progrès techniqueset organisationnels dans la prise en charge des patients à venir, elle soulève également des réflexions et des incertitudes sur les rôles respectifs des différentesprofessions de santé et sur leur coordination (délégation de tâches, substitution…).

    évolutions et projections du nombre de pharmaciens pour 100 000 habitantsselon plusieurs hypothèses d'évolution du numerus clausus - France métropolitaine1G•08

    60

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    observé projeté

    1. En l'absence de projections de population au-delà de 2030 pour les Dom, les populations utilisées pour les calculs de densitéportent sur la seule France métropolitaine.Champ : France métropolitaine, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    2 000

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    1980

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    2005

    2010

    2015

    2020

    2025

    2030

    2035

    2040

    2045

    Scénario central (nc = 2 790)nc = 2 900nc = 3 000nc = 3 500nc tel que densité stable à partir de 2010

    Numerus clausus correspondants

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    tation à hauteur de 3 150 places entre2010 et 2015, date à laquelle le nume-rus clausus devrait entamer une baissecontinue pendant 15 ans jusqu'à attein-dre 2 450 en 2030, puis, pour compen-ser les départs à la retraite induits par laforte hausse du nombre d'étudiants dansles années 2000, à nouveau connaîtreune hausse puis se maintenir à hauteurde 2 650 places.

    • Une modification des comportements d'entrée dans la vie active et de mobilitémodulerait la place occupée par les pharmaciens titulaires et adjoints d'officine

    L'analyse de différentes variantesportant sur les trajectoires des diplôméset actifs (encadré 3) montre que desmodifications dans les comportementsd'activité des professionnels auraientrelativement peu d'impact sur le nom-bre et donc la densité de pharmaciens àl'horizon 2030 (tableau 1). En effet, lesvariantes envisagées aboutiraient à deseffectifs très comparables en 2030 àceux observés dans le scénario central.Les différences restent comprises entre-2 % pour le scénario 6 et +5 % pour lescénario 5, sachant en outre que ces dif-férences sont liées à des effets desecond ordre12. En revanche, des chan-gements de comportements d'activitépourraient avoir des répercussionsimportantes sur le profil de la profes-sion, la répartition des pharmaciensselon les secteurs d'activité se révélantpotentiellement fluctuante selon le scé-nario envisagé (tableau 1).

    Les deux variantes ne prenant pasen compte les mobilités professionnel-les sont, à cet égard, celles qui diffèrentle plus du scénario central à l'horizon2030. Dans le cas où on suppose que lesfuturs diplômés se ventileraient entreles différents secteurs d'activité de lamême façon que l'ensemble des phar-maciens actuellement en activité (scé-nario 5), la part des professionnelsexerçant en officine en 2030 seraitsupérieure de 4 points à celle estimée

    dans le scénario central (76 % contre72 %) ; et ce, essentiellement du faitdes titulaires d'officine. De la mêmemanière, la part des pharmaciens biolo-gistes serait de 2 points supérieure en2030 (atteignant alors 9 %). Au contrai-re, les salariés exerçant en dehors del'officine ne représenteraient en 2030que 15 % des actifs contre 18 % dans lescénario central et 16 % actuellement.Si l'on suppose, toujours en l'absence demobilité professionnelle, que les futursdiplômés entreront dans la vie activeselon les mêmes modalités que les nou-veaux diplômés actuels (scénario 6), leprofil de la profession se trouverait pro-fondément modifié. Les pharmaciensexerçant en officine représenteraient en2030 toujours près de 70 % de la pro-fession mais la structure des métiersserait fortement transformée : 10 % detitulaires pour 60 % d'adjoints. Lessalariés exerçant hors officine représen-teraient en outre presque un quart deseffectifs, cette croissance bénéficiant demanière homogène aux établissementsde santé, aux entreprises du médica-ment et aux autres structures. Ce scéna-rio, qui prolonge les comportementsdes nouveaux diplômés actuels maissans anticiper la mobilité en cours decarrière, aboutirait donc à une fortediminution du nombre d'officines – au

    moins trois fois moins puisque l'onaurait seulement 7 300 titulaires enexercice –, atteignant sans doute large-ment les limites de la vraisemblance.

    Les modèles qui, au contraire pren-nent en compte la mobilité au cours dela carrière, aboutissent à des différencesmoindres, mais qui demeurent poten-tiellement notables par rapport au scé-nario central. Ainsi, si les densités detitulaires, d'une part, et de salariés d'of-ficine, d'autre part, restaient stablesentre 2005 et 2030 (scénario 7), la partreprésentée par les pharmaciens d'offi-cine serait proche de celle observéedans le scénario central (73,5 %), maisles titulaires se trouveraient en nombreplus élevé que dans le scénario centralpar rapport aux pharmaciens adjoints(respectivement +5 points et -3 points).Les biologistes et les salariés exerçantdans d'autres structures seraient, pourleur part, en nombre identique dans lesdeux scénarios. Cependant, à l'heureactuelle, on assiste à une tendance à lastagnation voire même à la diminutiondu nombre d'officines en France quipeut être liée à l'existence d'une densitésupérieure aux quotas imposés par la loide 1999 ou à des problèmes de viabilitééconomique dans certaines zones.Aussi le scénario 8 envisage-t-il l'hypo-thèse que le nombre d'officines évolue

    effectifs et répartition par secteur d'activité en 2030 selon les variantes comportementales envisagéesT•01

    Titulaire officine

    Adjoint officine

    BiologisteSalarié hors

    officine

    En établissement

    de santé

    En entreprise

    du médicament

    Autre établissement

    Scénario

    central75 443 35,7 36,0 6,9 18,2 9,5 4,9 3,9

    Scénario 5 78 908 39,5 36,6 9,1 14,8 7,3 3,6 3,9

    Scénario 6 74 096 9,8 59,6 7,5 23,0 9,0 6,3 7,8

    Scénario 7 75 443 40,6 32,9 7,2 19,2 10,0 5,2 4,0

    Scénario 8 75 443 39,5 35,6 6,8 18,1 9,4 4,9 3,9

    Scénario 9 75 443 34,9 35,1 12,2 17,9 9,3 4,8 3,8

    Répartition selon les secteurs d'activité

    Effectifs

    total

    en 2030

    en %

    Champ : France entière, pharmaciens de moins de 80 ansSources : Fichier du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) au 1er janvier 2005, projections Drees (nc = 2 790)

    12. Ainsi, les sorties sont minorée dans le scénario 5 par sur-représentation des jeunes titulaires d'officine tandis qu'elles sont majorées dans le scénario 6 parsur-représentation des salariés d'officine, davantage enclins à cesser prématurément leur activité.

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    11

    moins vite que la population, demanière à atteindre en 2030 la densitéattendue par la loi de 1999 – soit unpeu moins de 24 000 officines en203013 – tandis que le nombre de titu-laires par officine demeure stable parrapport à son niveau actuel (1,25).Cette variante aboutirait à une réparti-tion intermédiaire entre le scénarioprécédent et le scénario central, les

    parts respectives des titulaires d'offi-cine et des pharmaciens adjoints étantalors de l'ordre de 40 % et 36 %. Lesparts représentées par les biologistes etles salariés des autres établissementsseraient similaires à celles observéesdans les deux autres scénarios. Enfin,pour maintenir la densité de biologis-tes constante en France entre 2005 et2030 sans modifier le nombre de pla-

    ces offertes aux étudiants en médecine,il faudrait augmenter sensiblement lenombre de postes ouverts à l'internatpour les étudiants en pharmacie. Lesbiologistes représenteraient alors 12 %de la profession (contre 7 % selon lescénario central), principalement auxdétriments des officines qui demeure-raient néanmoins le lieu d'exerciceprépondérant (70 %).

    13. Ce nombre est calculé à partir des projections de population de l'Insee à l'horizon 2030 et en supposant constantes la répartition des habitants par tailled'unité urbaine ainsi que les règles d'implantation des officines

    Pour en savoir plus

    • BERNADET Sabine, COLLET Marc, 2004, « L'activité des officines pharmaceutiques et les revenus de leurs titulaires », Études et Résultats, n° 303, avril, Drees.

    • BESSIÈRE Sabine, 2005, « La féminisation des professions de santé en France : données de cadrage », Revue française des Affaires sociales, n° 1, janvier-mars, La Documentation française.

    • BESSIÈRE Sabine, BREUIL-GENIER Pascale, DARRINÉ Serge, 2004, « La démographie médicale à l'horizon 2025 : une actualisation des projections au niveaunational », Études et Résultats, n° 352, novembre, Drees.

    • BUI Dang Ha Doan, LÉVY Danièle, 1991, « L'avenir démographique de la profession pharmaceutique (1990-2020) », Cahiers de sociologie et de démographiemédicales, n° 3, juillet-septembre.

    • CÈBE Dominique, 2001, « Pharmacie d'officine et division sexuelle du travail », in Femmes et hommes dans le champ de la santé. Approches sociologiques, ouvra-ge collectif sous la direction de AÏACH P., CÈBE D., CRESSON G., PHILIPPE C., Éditions ENSP Recherche Santé Social.

    • COLLET Marc, 2005, « Les pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles », Études et Résultats, n° 437, octobre, Drees.

    • COLLET Marc, 2005, « La démographie des pharmaciens à moyen et long terme : présentation et méthodologie de construction des modèles de projection auniveau national », Document de travail, Série études, à paraître, Drees.

    • Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), 2005, « Les pharmaciens : panorama au 1er janvier 2005 ».

    • Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), 2002, « Démographie pharmaceutique française - Étude prospective sur 20 ans - », mai.

    • ULMANN Philippe, MORGADO Philippe, 1999, « Comparaison internationale des conditions d'exercice et de rémunération des biologistes », Rapport d'étude pourla direction de la Sécurité sociale, décembre.

    • VILAIN Annick, 1999, « Les biologistes médicaux : environ 10 000 biologistes en activité jusqu'en 2010 », Études et Résultats, n° 6, février, Drees.

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    ÉTUDES et RÉSULTATS

    N° 438 • octobre 2005

    12

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    grandes tendances dans quelques pays européens »n° 2, avril - juin 2005

    Dossiers Solidarité et Santérevue thématique

    derniers numéros parus :« Études diverses »n° 2, avril - juin 2005

    des ouvrages annuels :

    Données sur la situation sanitaire et sociale en France

    Comptes nationaux de la santé

    Comptes de la protection sociale

    et aussi...

    Statiss, les régions françaisesRésumé des informations disponibles dans les services statistiques des DRASS

    consultable sur Internet :www.sante.gouv.fr/drees/statiss/default.htm

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