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Mémoire de fin d'études Présenté pour l'obtention du diplôme d’ingénieur AgroParisTech Spécialité : RESAD (Ressource, système agraire et développement) Coexistence des dynamiques agricoles à l’heure de l’agroécologie : Analyse-diagnostic de l’agriculture du territoire d’Hasparren Par Guillemette Boiron Année de soutenance : 2017 Organisme d'accueil : INRA-UMR Innovation ; CNRS

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Mémoire de fin d'études

Présenté pour l'obtention du diplôme d’ingénieur AgroParisTech

Spécialité : RESAD (Ressource, système agraire et développement)

Coexistence des dynamiques agricoles à l’heure de l’agroécologie : Analyse-diagnostic de l’agriculture

du territoire d’Hasparren

Par Guillemette Boiron

Année de soutenance : 2017

Organisme d'accueil : INRA-UMR Innovation ; CNRS

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Mémoire de fin d'études

Présenté pour l'obtention du Diplôme d’ingénieur AgroParisTech

Spécialité : RESAD (Ressource, système agraire et développement)

Coexistence des dynamiques agricoles à l'heure de l'agroécologie : analyse-diagnostic de l’agriculture

du territoire d'Hasparren

Par Guillemette BOIRON

Année de soutenance : 2017

Mémoire préparé sous la direction de :

Claire Aubron

Présenté le : 10/11/2017

Devant le jury :

Claire AUBRON

Charles-Henri MOULIN

Jacques LASSEUR

Pierre GASSELIN

Organisme d'accueil : INRA-UMR

Innovation, CNRS

Maîtres de stage :

Xavier Arnauld de Sartre,

Pierre Gasselin,

Véronique Lucas

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RESUME

L’analyse diagnostic agraire du territoire d’Hasparren répond à une demande du projet IDAE dans

l’identification des initiatives d’insertion de l’agroécologie dans les territoires et des formes de

coexistences que cette insertion crée. A travers l’étude du milieu physique, la reconstitution de

l’histoire agraire, la caractérisation de la diversité des systèmes de production, de leur

fonctionnement et performances technico-économiques, elle permet une analyse et discussion sur

les évolutions en cours et à venir des dynamiques agricoles de la région ainsi que sur la contribution

des exploitations à un mouvement agroécologique et des interactions que cela engendre.

L’étude met en avant une différenciation historique des systèmes de production aboutissant sur

une diversité actuelle et des modifications récentes des logiques de fonctionnement. Ces

modifications peuvent se rapprocher de mise en œuvre de principes agroécologiques qui sont alors

diversement appliqués. Elles ont pu s’ancrer dans le territoire par les performances économiques

et la réponse à des demandes de la société qu’elles apportent. Ces nouvelles initiatives imposent

un recours à l’action collective plus important qui crée alors des situations d’interactions entre des

mode de production différents et soulève des enjeux de gestion de ces coexistences.

Mots clés : Diagnostic agraire, Hasparren, Pays Basque, AOP, élevage, élevage ovin,

action collective, agroécologie, coexistence

ABSTRACT

The analysis of the Hasparren territory’s agriculture responds to the request of the IDAE project for

the identification of agroecological integration initiatives in territories and identification of forms

of coexistences that this integration creates. Through the study of the physical environment, the

reconstruction of the agrarian history, the characterization of the farming systems diversity, the

characterization of their functioning, technical and economical performances, it allows an analysis

and discussion on current and future developments of the agricultural dynamics as well as farms

contributions to the agroecological movement.

The analysis put in relieve an historical differentiation of the farming systems leading to a current

diversity and recent modifications of the operating logics. Theses modification seems to be

applications of agroecological principles that are applied in different ways. They have been

embedded in the territory by the economic performance they bring and the demand they request

for. They also appeal to a greater collective action which generate situations of interactions among

different production models and raise management issues of the coexistence.

Keywords: Agrarian analysis, Hasparren, Pays Basque, PDO, livestock farming, sheep

farming, collective action, agroecology, coexistence

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REMERCIEMENTS

Je tiens avant tout à remercier toutes les agricultrices et tous les agriculteurs

rencontrés, pour leur disponibilité, leur très grande sympathie, leur accueil, le temps

accordé, et sans lesquels rien n’aurait pu être réalisé.

Je souhaitais également remercier tous les membres du centre ovin, de BLE, de

l’InterAMAP, d’IDOKI, de l’AOP, de la chambre d’agriculture, d’EHLG, de la communauté de

commune d’Hasparren avec lesquels j’ai pu échanger, pour ces longs entretiens accordés,

leurs précieuses informations et conseils.

Merci à mes maitres de stage, Xavier Arnauld de Sartre, chargé de recherche au

CNRS et coordinateur du projet IDAE, Pierre Gasselin, chercheur SAD INRA et responsable

du WP5 d’IDAE pour la France, Véronique Lucas en thèse au sein de la FN CUMA, impliquée

dans le Projet Cap Vert, pour leur accompagnement et leur confiance tout au long de cette

période de stage, pour leurs conseils avisés et relectures intermédiaires qui m’ont bien

aiguillé. Merci aussi à Marion Charbonneau pour sa connaissance du terrain, ses indications

et suggestions nombreuses.

Merci à Claire Aubron, enseignante à Montpellier SupAgro et tutrice de ce stage

pour ces relectures et remarques toujours pertinentes.

Enfin, un immense merci à la famille Frachou et aux bastidots pour leur si

chaleureux accueil, leurs attentions, leur soutien, leur joyeuse compagnie réellement

porteuse pendant ces 5 mois de terrain.

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TABLE DES MATIERES

1 Introduction et contextualisation de la demande de diagnostic .................................................. 10

2 Le diagnostic agraire comme outil de compréhension du contexte agricole du territoire

d’Hasparren. ......................................................................................................................................... 11

2.1 Etude des contraintes et opportunités héritées du milieu physique. ................................... 11

2.2 Etude de l’histoire agraire qui a façonné les différenciations actuelles. ............................... 12

2.3 Caractérisation du fonctionnement des exploitations actuelles et leurs performances

économiques. ................................................................................................................................... 12

2.3.1 Fonctionnement des systèmes de production. ............................................................. 12

2.3.2 Analyse du contexte socio-économique. ...................................................................... 13

2.3.3 Mesure des performances économiques. .................................................................... 14

3 Une région d’étude marquée par sa particularité de zone intermédiaire entre cote et montagne

Basque. ................................................................................................................................................. 15

3.1 Une zone d’étude englobant des communes liées par leurs caractéristiques de piémont

basque, un contexte économique et des mouvements coopératifs communs. ............................... 15

3.2 Incidences des caractéristiques du milieu physique de la région sur l’intégration des

exploitations dans leur territoire. ..................................................................................................... 17

3.2.1 Un climat océanique déterminant pour les spécialisations agricoles du Pays

d’Hasparren .................................................................................................................................. 17

3.2.2 Un contexte géologique caractéristique du piémont basque. ...................................... 17

3.2.3 Des contraintes pédologiques héritées du climat et de l’histoire géologique du

territoire. 18

3.3 Caractérisation d’unités agroécologiques et de l’hétérogénéité du milieu. ......................... 21

3.3.1 Une organisation paysagère alliant prairies, landes et forets. ...................................... 21

3.3.2 Trois entités hétérogènes déterminantes pour l’implantation et le développement des

structures agricoles. ..................................................................................................................... 22

3.3.3 Articulation des entités et importance de la topographie. ........................................... 26

4 Evolution de l’agriculture et du contexte socio-économique du pays d’Hasparren des années 50

à nos jours. ........................................................................................................................................... 28

4.1 Systèmes agraires au sortir de la guerre : de petites exploitations familiales en polyculture-

élevage diversifié. ............................................................................................................................. 28

4.1.1 Des systèmes de culture à destination domestique et animale.................................... 29

4.1.2 Une conduite des troupeaux optimisant les ressources de l’exploitation en reposant

sur la complémentarité des ressources alimentaires et de la reproduction de la fertilité par des

flux spatio-temporels. .................................................................................................................. 29

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4.1.3 Une rentabilité acquise par la valorisation diversifiée des produits et l’importance de

l’autoconsommation. ................................................................................................................... 31

4.2 Réorganisation des systèmes de production avec la diffusion de la motomécanisation et la

mutation du contexte socio-économique des année 70 à 90. .......................................................... 32

4.2.1 Motomécanisation, agrandissement des surfaces et défrichement des terres

communales : prémisses d’une réorganisation des exploitations agricoles des années 60 à 70. . 32

4.2.2 Mutation du contexte socio-économique et spécialisation : début de différenciation

des exploitations par inégalité d’accès aux ressources et voies de commercialisation des années

70 à 80. 33

4.2.3 Relocalisation de la production ovine et nationalisation du marché bovin : vers une

intensification des exploitations et accélération de la différenciation des systèmes des années 80

à 90. 37

4.3 Entre crise agricoles, modernisation et diversification commerciales et productives des

années 90 à aujourd’hui. .................................................................................................................. 40

4.3.1 Crises de surproduction, perte de rentabilité économique et diversifications

productive et commerciale : des changements à l’origine de la reconfiguration des systèmes

agricoles des années 90 à 2000. ................................................................................................... 40

4.3.2 Processus de concentration-élimination (Mazoyer 1982) dans un contexte mondial

d’instabilités et poursuite de l’augmentation de la production en filière protégée depuis les

année 2000. .................................................................................................................................. 42

4.3.3 Autonomie et Valorisation : deux réponses aux problématiques de charge de travail et

charges d’exploitation des systèmes actuels. ............................................................................... 45

5 Une diversification récente aboutissant sur une diversité très liée à la taille des exploitations et

leur localisation. ................................................................................................................................... 46

5.1 Systèmes ovins laitiers et différenciation de logiques technico-économiques de

fonctionnement. .............................................................................................................................. 48

5.1.1 Eléments communs d’organisation de la conduite du troupeau ovin laitier ................ 48

5.1.2 Fonctionnement commun des systèmes de culture associes ....................................... 49

5.1.3 Points communs de gestion de l’alimentation du troupeau ovin ................................. 51

5.1.4 Eléments commun sur la valorisation des produits issus de l’atelier ovin .................... 51

5.1.5 Eléments commun sur le capital fixe des exploitations ................................................ 51

5.1.6 Eléments communs déterminants pour les résultats économiques ............................. 52

5.1.7 Fonctionnement des ovins lait spécialisés entre optimisation de l’usage des intrants et

technologies et intensification de l’utilisation des ressources propres. ....................................... 53

5.1.8 Spécificités relatives aux ovin lait+bovin allaitant et différence de logique technico-

économiques en fonction de la taille de l’exploitation : ............................................................... 57

5.1.9 Influence des variations de logiques de fonctionnement sur les niveaux d’autonomie

des types 1 et type 2 en ovin spécialisés et ovins lait+bovin allaitant .......................................... 59

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5.1.10 Influence des variations de logiques de fonctionnement sur les résultats économiques

des types 1 et type 2 en ovin spécialisés et ovins lait+bovin allaitant .......................................... 61

5.2 Systèmes bovins laitiers et diversifications actuelles. .......................................................... 62

5.2.1 Gestion similaire du système d’élevage bovin laitier .................................................... 63

5.2.2 Différenciations apportées par l’introduction d’un atelier complémentaire. ............... 67

5.2.3 Influence de la diversification sur les résultats économiques ....................................... 69

5.3 Systèmes allaitants et stratégies de maintien sur la zone. ................................................... 71

5.3.1 Gestion commune du système d’élevage bovin allaitant ............................................. 71

5.3.2 Réorganisation impliquée par la diversification du système de production : cas de la

commercialisation par vente directe. ........................................................................................... 75

5.3.3 Influence de la diversification sur les résultats économiques ....................................... 77

5.4 Systèmes en transformation fermière. ................................................................................. 78

5.4.1 Fonctionnement du système d’élevage ........................................................................ 79

5.4.2 Fonctionnement des systèmes de culture associés ...................................................... 79

5.4.3 Alimentation du troupeau ............................................................................................ 80

5.4.4 Valorisation des produits .............................................................................................. 80

5.4.5 Capital fixe d’exploitation ............................................................................................. 81

5.4.6 Résultats économiques ................................................................................................. 81

5.5 Cas des installations hors cadre familial : acteurs de la diversification des productions. ..... 82

5.5.1 Système de culture ....................................................................................................... 83

5.5.2 Valorisation des produits .............................................................................................. 84

5.5.3 Résultats économiques ................................................................................................. 84

6 Comparaison des résultats économiques et discussions sur les dynamiques actuelles et

perspectives d’avenir. .......................................................................................................................... 85

6.1 Comparaison des résultats actuels et perspectives d’avenir. ............................................... 85

6.1.1 Les systèmes en transformation, circuits courts et vente directe, des systèmes

créateurs de valeur ajoutée sur de petites surfaces par actifs, portés par le contexte

intermédiaire du Pays d’Hasparren. ............................................................................................. 88

6.1.2 Les systèmes positionnés sur un marché spécifique, des systèmes créateurs de

richesse par la présence de l’AOP Ossau-Iraty tournés vers deux logiques de performance

technico-économique................................................................................................................... 89

6.1.3 Les systèmes positionnés sur des marchés non spécifiques, des systèmes à faible

valeur ajoutée poussés à se diversifier. ........................................................................................ 91

6.2 Agroécologie et changement de pratiques dans le territoire du pays d’Hasparren. ............ 92

6.2.1 Une reconfiguration des logiques technico-économiques favorable à un mouvement

vers l’agroécologie. ...................................................................................................................... 93

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6.2.2 Ancrage de l’agroécologie dans le territoire : nécessité d’une efficience économique,

d’une légitimité sociale et d’un maintien dans le temps par la transmission ............................... 97

6.3 Coexistence de modèles : complémentarités ou concurrences pour l’insertion de

l’agroécologie ? .............................................................................................................................. 100

6.3.1 Diversité des modèles de production et interactions entre ces modèles sur le territoire

d’Hasparren. ............................................................................................................................... 100

6.3.2 Enjeu porté par la coexistence des modèles pour les évolutions en cours et futures :

Gestion de l’hétérogénéité et établissements de normes communes. ...................................... 101

6.3.3 Place des diversifications agroécologiques dans le paysage socio-économique :

apprentissages mutuels et complémentarité dans la mise en valeur du territoire. ................... 102

7 Conclusion. ................................................................................................................................. 103

8 Références Bibliographiques. ..................................................................................................... 105

9 Tables des illustrations. .............................................................................................................. 107

10 Sommaire des annexes. .......................................................................................................... 109

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SIGLES ET ACRONYMES

AFOCG : Association de formation collective à la gestion

AOP : Appellation d’origine protégée

BLE : Biharko Lurraren Elkartea (pour la terre de demain)

CA : Chambre d’Agriculture

CCDEO : Centre départemental de l’élevage ovin

CI : Consommation intermédiaire

CUMA : Coopérative d’utilisation de matériel agricole

EHLG : Euskal Herriko Laborantza Ganbara (en français : chambre d’agriculture du Pays Basque)

INRA : Institut national de recherche agronomique

JAC : Jeunesse agricole chrétienne

MAT : Matière azoté totale

MS : Matière sèche

OP : Organisation de producteurs

PB : Produit brut

RA : Revenu agricole

RS : redistribution sociale

SC : Système de culture

SE : système d’élevage

TR : Tête rousse

UF : Unité fourragère

UGB : Unité gros bovin

VAB : Valeur ajoutée brute

VAN : Valeur ajoutée nette

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1 Introduction et contextualisation de la demande de diagnostic La demande s’inscrit dans le cinquième pilier du projet IDAE (Institutionnalisation des

Agroécologies) retenu par l’Agence Nationale de la Recherche. Selon le projet, l’agroécologie est la

seule réaction au modèle de la révolution verte qui a pu passer de la contestation à une diffusion à

large échelle et une appropriation politique. Elle s’est traduite par des courants divers qui renvoient à

une grande variété de systèmes de production (1). IDAE vise donc à comprendre le processus

d’institutionnalisation de ces agroécologies et la diversité des formes que cette institutionnalisation

peut prendre à travers cinq piliers. L’objectif du pilier 5 est de comprendre l’insertion des agroécologies

dans les territoires par leur efficience productive et leur légitimité sociale.

Pour atteindre son objectif, le pilier 5 assuré par une équipe de l’UMR Innovation, a

choisis de contextualiser des dynamiques agroécologiques et d’identifier les formes de coexistence

entre des modèles de production différents sur plusieurs terrains qui présentent une recomposition

nouvelle des dynamiques agricoles. Le territoire d’Hasparren a été choisi comme cas d’étude selon ce

critère. Le diagnostic donne suite à l’étude menée par Le Projet Cap Vert (projet CASDAR) qui a permis

de mettre en évidence une recomposition de l’action collective et une tendance au regroupement

entre pairs pour la recherche de plus d’autonomie, participant à l’ancrage de principes de

l’agroécologie dans leur environnement et donnant place à des coexistences entre différents

« modèles » de production au niveau du territoires. Dans un même temps, le projet agroécologique

pour la France lancé en 2012 par Stéphane le Foll donne de la visibilité à des dynamiques agricoles

émergentes, appliquées de manière très hétérogène selon les différents acteurs et leur contexte. Ces

dynamiques créent dans les territoires des interactions nouvelles par participation aux mêmes

structures d’action collectives pour répondre à la complexité de mise en pratique de l’agroécologie

(Lucas 2013). Les coexistences engendrées peuvent alors être à l’origine de tensions, concurrences ou

au contraire coopérations, complémentarités.

Le diagnostic agraire de la région d’Hasparren vise donc à identifier les formes de coexistence

entre modèles de production différents ainsi que les initiatives d’insertion de l’agroécologie dans les

territoires afin de mieux comprendre les dynamiques actuelles et recompositions à l’œuvre. Devant

l’hétérogénéité des initiatives agroécologiques, une contextualisation préalable est nécessaire afin de

mettre en lumière les conditions passées et actuelles de la différenciation et les facteurs de

changement qui ont poussés à la différenciation. L’étude des coexistences passe ensuite par une

caractérisation des différentes formes de mode de production présentes à travers les profils d’acteurs

impliqués dans chaque modèle, leurs pratiques et logiques productives, pour ensuite comprendre la

combinaison de ces différents modèles agricoles à l’échelle du territoire. Les questions auxquelles nous

nous attacherons à répondre à travers cette étude sont donc les suivantes :

• Quelle diversité sur le territoire d’Hasparren ? A partir de quels mécanismes de

différenciation ? Pour quelles logiques technico-économiques et performances

économiques ?

• Quels sont ceux qui mettent en place des pratiques agroécologiques et comment sont-

elles mises en place ?

1 http://www.agence-nationale-recherche.fr/Projet-ANR-15-CE21-0006

Page 11: Mémoire de fin d'étudesgis-id64.org/wp-content/uploads/2018/05/5.4.5.pdf · Mots clés : Diagnostic agraire, Hasparren, Pays Basque, AOP, élevage, élevage ovin, action collective,

11

• Quels enjeux de coexistence et interactions au sein de ceux qui appliquent les

principes agroécologiques et entre les différents modèles de production

agroécologiques ou non ?

Après l’explication de la méthodologie du diagnostic agraire et la description de la zone d’étude

et des critères de son choix, nous caractériserons les opportunités et contraintes apportées par le

milieu physique à la production agricole puis retracerons les transformations agricoles survenues

depuis les années 50 pour pouvoir identifier les différents systèmes de productions présents sur leur

territoire et caractériser leur fonctionnement et performances technico-économiques. La comparaison

de ces résultats nous permettrons de lancer une discussion sur les évolutions en cours et à venir de

ces systèmes ainsi que sur les questions d’intégration de l’agroécologie et de coexistence des modes

de production sur le territoire.

2 Le diagnostic agraire comme outil de compréhension du contexte

agricole du territoire d’Hasparren. La mise en place d’un diagnostic agraire a pour objectif la compréhension de l’agriculture à

l’échelle d’une petite région agricole et des dynamiques agraires de cette région. Elle permet d’en

identifier les systèmes de production, leurs trajectoires, leurs performances et leurs perspectives

d’avenir. Pour se faire, le diagnostic vise à simplifier la complexité concrète du terrain tout en restant

représentatif sur sa diversité. La méthodologie mise en place est donc une démarche systémique à

plusieurs échelles d’analyse englobant trois concepts différents :

• Le système agraire : analysé à l’échelle de la petite région agricole. Il englobe le mode

d’exploitation du milieu (plusieurs écosystèmes), issues des formes d’artificialisation

historiquement constituées de la région agricole concernée, ainsi que les rapports sociaux de

production et d’échanges aboutissant à des conditions économiques, sociales et politiques

spécifiques. Le système agraire comprend un nombre limité de systèmes de production qui

interagissent (Cochet 2011).

• Le système de production : analysé à l’échelle de l’exploitation agricole. Il se caractérise par

un certain nombre de ressources telles que la terre, la main d’œuvre, le capital d’exploitation.

Un système de production est donc mis en œuvre par des exploitations qui présentent la

même gamme de ressource (même superficie, même niveau d’équipement, même gamme de

travail). Le système de production est une combinaison particulière de systèmes d’élevage et

systèmes de culture (Cochet and Devienne 2004).

• Les systèmes de culture (SC) et systèmes d’élevage (SE) : analysés à l’échelle de la parcelle et

du troupeau. Les systèmes de culture sont caractérisés par une succession de cultures et

l’ensemble des pratiques qui leurs sont appliquées. Le système d’élevage est caractérisé par

le fonctionnement démographique du troupeau et l’ensemble des pratiques qui lui sont

appliquées.

Qui sont trois niveaux d’organisation fonctionnelle interdépendants (Cochet 2011) reliés par des flux.

2.1 Etude des contraintes et opportunités héritées du milieu physique. L’analyse du paysage est indispensable à l’étude des systèmes de production d’une région et

leur intégration dans le territoire. Cette analyse passe par une observation détaillée de celui-ci afin

d’en délimiter des sous-zones qui permettent de mieux le caractériser. Cette « lecture de paysage »

permet également d’émettre des hypothèses sur les opportunités et contraintes que le milieu

physique offre aux systèmes de production, leurs incidences sur l’intégration des exploitations dans

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12

leur territoire, sur les pratiques d’adaptation à ce contexte physique et les modifications de systèmes

qui l’ont forgé (Cochet and Devienne 2004).

Le milieu physique sera caractérisé par les éléments de compréhension des différentes

formations géomorphologiques, les conditions pédoclimatiques qu’il offre à la production agricole,

ainsi que l’organisation de ce paysage et l’implantation des structures agricoles dans ce contexte.

2.2 Etude de l’histoire agraire qui a façonné les différenciations actuelles. La diversité actuelle des systèmes de production est, entre autres, le fruit de dynamiques

historiques qui ont modelé le système agraire et fait évoluer les exploitations agricoles. Pour mieux

appréhender les dynamiques actuelles, il est donc indispensable d’étudier l’évolution historique de la

zone. La reconstitution de l’histoire et des transformations agricoles est faite par enquêtes semi-

directives et entretiens auprès d’agriculteurs retraités ou proches de l’être. Cette démarche permet

de comprendre l’évolution des systèmes de production et des mécanismes de différenciation

technique et économique en jeu à chaque étape et phase de transition qui ont structuré le contexte

socio-économique de la zone. Afin d’accompagner les informations obtenues d’une compréhension

des modifications plus globale du contexte socio-économique, les enquêtes sont complétées par des

éléments issus de la littérature grise.

La lecture de paysage et la reconstitution historique des transformations survenues au cours des

années et des mécanismes de différenciation permettent donc d’identifier les différents systèmes de

production présents sur le territoire

2.3 Caractérisation du fonctionnement des exploitations actuelles et leurs

performances économiques.

2.3.1 Fonctionnement des systèmes de production. Le terme de système de production indique que l’on s’intéresse à la fois à sa structure et son

organisation (Cochet and Devienne 2004). La compréhension du fonctionnement du système de

production passe par celle de chacun des systèmes d’élevage et de cultures associés ainsi que l’analyse

de la combinaison de ces sous-systèmes. Pour chacun des systèmes de production analysés dans cette

étude, nous rendrons donc compte du fonctionnement des systèmes d’élevage et de culture qui leur

sont associés. La caractérisation de la logique de fonctionnement globale du système de production

passe par l’analyse de l’affectation des ressources de l’exploitation (terre, travail, capital) et le recours

aux ressources extérieures entre les différents sous-systèmes. La représentation de l’utilisation de ces

ressources dans le temps (itinéraires techniques, calendrier de travail, calendrier alimentaire, …)

permet de repérer les limites techniques du système de production (Cochet and Devienne 2006). Ce

travail se fonde sur la réalisation d’entretien d’exploitation approfondis auprès d’une quarantaine

d’agriculteurs mettant en œuvre les systèmes de production identifiés.

Devant l’importance accordée par les éleveurs ovins rencontrés à l’amélioration de l’autonomie

de l’exploitation dans leur recours aux achats extérieurs, l’analyse de fonctionnement des systèmes de

production sera complétée par une évaluation des niveaux d’autonomie atteints pour les systèmes

ovins en fonction de leur logique de fonctionnement technico-économique. Pour se faire,

• D’une part la comparaison des consommations intermédiaires (recours aux intrants)

permettra d’évaluer un niveau d’autonomie au marché amont. Dans ce cas, les CI seront

ramenés à l’UGB afin de permettre une comparaison plus précise.

• D’autre part, la comparaison des taux d’autonomie massique en fourrage et en concentré, des

taux d’autonomie protéique et énergétique permettront d’évaluer un niveau d’autonomie

alimentaire.

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13

o Pour l’autonomie massique, les quantités distribuées, produites sur l’exploitation,

achetées de fourrage (pâture non comprise) et concentré ont été ramenées à des Kg

de Matière sèche par UGB (figure 1).

Figure 1: quantités distribuées, produites et achetées en fourrage et concentrés exemple ovin

Le taux d’autonomie massique s’obtient alors par division de la quantité produite par

la quantité distribuée en fourrage, concentré, fourrage+concentré (point 5.1.9.1)

o Pour l’autonomie protéique et énergétique, les indicateurs choisis sont les UFL pour

l’énergie et la MAT pour la protéine. Les valeurs alimentaires des différents aliments

ont été calculées (CREOM 1996) puis sommées par catégorie (aliments produits,

aliments achetés, aliments distribués) en fonction des quantités concernées.

Figure 2: valeur alimentaire des aliments distribués, produits et achetés exemple ovin laitier

Les taux d’autonomie protéique et énergétiques, exprimés en pourcentage sont

obtenus par la valeur produite sur l’exploitation divisée par la valeur distribuée.

2.3.2 Analyse du contexte socio-économique. Par la spécialisation des exploitations, le cantonnement de certaines à une production

primaire, la globalisation du contexte économique, l’externalisation d’une part plus importante de

l’activité agricole, mais aussi par les modifications de comportement des consommateurs, les

évolutions de structurations des filières, … Les systèmes de production sont incorporés à un contexte

socio-économique avec lequel ils interagissent étroitement et selon lequel ils modifient les logiques

de fonctionnement et d’affectation des ressources. Les éléments extérieurs à l’exploitation

contribuent largement à expliquer les choix des producteurs. Sur la zone d’étude, les dynamiques

collectives et la diversité des chaines de distribution des produits alimentaires ayant une grande

importance, il a été choisi d’approfondir cette connaissance des acteurs, participants au contexte

socio-économique des exploitations, par des entretiens semi-directifs (annexe guide d’entretien

acteur) avec des responsables de certains de ces organismes. Dans l’objectif de mieux comprendre les

choix réalisés sur les exploitations, l’organisation du système de production et d’alimenter la discussion

sur la coexistence des modèles et l’intégration de l’agroécologie, les acteurs rencontrés ont été choisis

en fonction de leur pertinence pour le rayon de la zone d’étude sur les questions de coexistence et

produit acheté produit acheté produit acheté

222200 17300 0 55782 222200 73 082

Produit/UGB Acheté/UGB Produit/UGB Acheté/UGB produit/UGB Acheté/UGB

4475,32729 348,439074 0 1123,50453 4475,32729 1471,94361

4823,766365

Fourrage (Kg MS) concentré (Kg MS) total (Kg MS)

total (Kg MS) total (Kg MS) total (Kg MS)

239500 55782 295 282

5947,270896

fourrage distribué/UGB concentré distribué/UGB total distribué/UGB

1123,504532

MS(Kg) %MS UFL PDIN (g) PDIE (g) MAT (g)

Total récolte fourrage 222200 165062 18536200 19301000 29044800

Total récolte grain 0 0 0 0 0

achat 73082 73711,4 10702480 9539156 15162638

Total distribué 295282 238773,4 29238680 28840156 44207438

produit 75% 23% 69% 63% 67% 66%

acheté 25% 31% 37% 33% 34%

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14

agroécologie et à partir des discours des agriculteurs sur leurs participations aux différents réseaux

(annexe guide d’entretien acteur).

2.3.3 Mesure des performances économiques. Le calcul des performances économiques des systèmes de production est indispensable et

complémentaire de la caractérisation des logiques de fonctionnement du système pour comprendre

la présence de ces systèmes sur le territoire et poser des hypothèses sur les évolutions futures.

Afin de rendre compte des dynamiques agricoles en cours et à venir sur le territoire, les performances

économiques des systèmes de production seront évaluées à travers les indicateurs économiques

suivant :

• La Valeur Ajoutée nette du système de production (VAN) qui traduit la richesse créée par

l’activité agricole, rendue disponible pour la société. Cette valeur ajoutée nette dépend des

valeurs ajoutées brutes (VAB) de chacun des systèmes de culture et d’élevage qu’englobe le

système de production et qui elles-mêmes traduisent la richesse créée par chacun des sous-

systèmes.

• Le revenu Agricole (RA) qui représente ce qui revient à l’agriculteur après que la société ait

prélevée une partie de la richesse créée à travers les impôts, les salaires, les cotisations, … et

que le producteur ait touché les aides et subventions à l’activité de production.

Ces indicateurs économiques s’obtiennent par les calculs détaillés dans la figure 3 :

Figure 3: Calcul des indicateurs économiques

Dans l’activité agricole, l’agriculteur, par sa force de travail, le recours à des intrants extérieurs et à des

moyens matériels de production, transforme les ressources naturelles en une richesse disponible pour

la collectivité sous forme de biens et services agricoles (biens alimentaires, tourisme, …).

➢ Calcul de la valeur ajoutée

o Calcul de la productivité de la terre et de la productivité du travail des SC et SE

L’efficacité économique de cette activité de production est accessible par les calculs de valeur

ajoutée brute des systèmes de culture et d’élevage. Celles-ci s’obtiennent en retirant à la valeur

économique de la production (produit brut PB) les biens et services consommés au cours du cycle de

production (consommation intermédiaires CI), qui traduisent ce recours aux intrants et prestations

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extérieures. Ramenées à la surface cultivée et au nombre de jours de travail (jW) nécessaires à la

production, elles donnent accès à la productivité de la terre (VAB/ha) du SC ou SE, c’est-à-dire à la

richesse créée pour un hectare de surface agricole et à la productivité du travail (VAB/jW) soit la

richesse créée par jour de travail.

o Calcul du temps de travail

Le temps nécessaire à la réalisation de chaque opération du cycle de production a été évalué

en heure de travail. Pour les chantiers de saison, cette évaluation est passée par le calcul du nombre

d’heures totales nécessaires au chantier (ex : la fauche de 31 ha de prairie nécessite à l’éleveur 120

heures de travail). Pour les travaux d’astreinte ou réguliers (commercialisation, transformation,

entretien, …), le nombre d’heures a d’abord été déterminé en heures de travail par jour pour chaque

période (ex : 6 heures de travail par jour en pic de lactation pour un troupeau de 300 brebis), puis

calculé sur l’ensemble de l’année. Nous avons ensuite considéré des journées moyennes de travail sur

l’année de 10 heures par jours pour pouvoir calculer le nombre de jours nécessaires sur l’ensemble du

cycle de production.

o Calcul de la valeur ajoutée nette

Pour obtenir la richesse créée réellement disponible à la société, il faut retirer à la VAB la perte de

valeur des biens pluriannuels (moyens matériels utilisés pour la production). Cela passe par le calcul

des amortissements économiques des bâtiments et du matériel, soit la division de la valeur d’achat de

l’outil de production par la durée d’utilisation effective de cet outil de production (figure3), qui sont

ensuite soustraits à la VAB pour obtenir la VAN. Le calcul de la VAN par actif travaillant sur le système

de production permet d’évaluer la richesse qu’un actif peut créer par le système de production donné

à travers le recours aux biens et services extérieurs que sont les intrants et prestations, sa force de

travail et l’utilisation d’un capital d’exploitation (bâtiment, matériel).

➢ Calcul du Revenu Agricole

De la création de richesse issues de la production agricole, une partie est prélevée par la collectivité

qui traduit les conditions d’accès aux ressources mobilisées (Cochet and Devienne 2004). Le revenu

agricole disponible pour l’agriculteur s’obtient donc en retirant à la VAN les redistributions sociales

(transfert opéré par la société) qui permettent de rémunérer la force de travail (salaires), l’accès à des

surfaces agricoles (fermages) et à des moyens techniques ou économiques de soutenir la production

(cotisation au CCDEO, à Interbev, à l’AOP, …), et autres services offerts par la société (impôts et taxe,

assurance, …).

3 Une région d’étude marquée par sa particularité de zone

intermédiaire entre cote et montagne Basque.

3.1 Une zone d’étude englobant des communes liées par leurs caractéristiques de

piémont basque, un contexte économique et des mouvements coopératifs

communs. Le diagnostic agraire répond à une demande du WP5 du projet IDAE qui cherche à s’appuyer

sur les observations cap vert (structuration de l’action collective, expérimentations collectives sur de

nouvelles pratiques, quête d’autonomie) pour étudier les coexistences entre différents « modèles » de

production au niveau des territoires et comprendre comment les acteurs de l’agroécologie s’ancrent

dans leur environnement. Il vise également à enrichir la réflexion sur la recomposition de l’action

collective mise en place autour de la CUMA Elgarrekin, à travers la mise en place d’un GIEE sur le projet

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de séchage en grange, en en retraçant le contexte. Le choix de la zone d’étude a donc été porté par la

recherche d’un territoire présentant des situations d'interaction entre des porteurs d'initiatives

agroécologiques et les acteurs d’autres modèles de production agricole et pouvant englober les

dynamiques de la CUMA.

Le Pays Basque offre des opportunités favorables à ces interactions entre modèles de

production très différents. La diversité des produits d’appellation d’origine contrôlée, la grande densité

des exploitations agricoles par rapport au reste de la France, la présence de nombreuses entreprises

agroalimentaires, l’existence d’un réseau d’organisme de développement agricole fort et reconnu par

les producteurs, la petite taille des exploitations poussant à l’action collective, … sont autant

d’éléments qui créent une dynamique agricole importante dans la région. A ces facteurs, s’ajoutent le

caractère intermédiaire du pays d’Hasparren. Situé entre plaine et montagne basque, il est ouvert à

plus de possibilités de diversification que la montagne basque trop éloignée de la cote et reste un

territoire agricole, contrairement aux zones urbanisées du bord du littoral et de l’Adour. Le choix de la

zone d’étude a donc été à l’origine tourné vers les communes de la communauté des communes

d’Hasparren, permettant d’englober autant que possible les dynamiques liées à l’action collective de

la CUMA Elgarrekin et de prendre en compte les éléments cités précédemment. La zone ne s’étendra

pas plus au nord de Briscous qui commence déjà à montrer quelques traits de la plaine basque ni au

sud d’Hélette où les monts Ursuya et Baïgura sont les premiers massifs de la chaine pyrénéenne. Elle

se tiendra aux limites des communes de Macaye et Hasparren à l’ouest pour ne pas empiéter sur le

rayon d’AOP du piment d’Espelette qui introduirait de nouvelles logiques de fonctionnement et une

trop grande complexité des dynamiques agricoles. La limite nord s’est, après l’étape de lecture du

paysage, restreint à la fin des collines du flysch (fin des landes d’Hasparren, formation vert foncé sur

la figure 5) afin de conserver une certaine unité de milieu physique.

Historiquement, ces communes ont également en commun d’être fortement liées au pôle

économique que représente Hasparren dès le XVIIIème siècle par les échanges de travailleurs ruraux

et urbains, les points de commercialisations de matières agricoles développés aux cours du temps, les

industries transformatrices de produits animaux… Leurs évolutions ont donc été marquée

conjointement par cette influence.

Figure 4: localisation de la zone d’étude

Limite de la zone

d’étude :

Communauté de

commune

d’Hasparren

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3.2 Incidences des caractéristiques du milieu physique de la région sur l’intégration

des exploitations dans leur territoire.

3.2.1 Un climat océanique déterminant pour les spécialisations agricoles du Pays

d’Hasparren La position géographique du Pays Basque entre océan et montagne lui confère un climat

océanique typique. Les hivers y sont doux et humides, les étés chauds mais également humides. Au

sud, les Pyrénées bloquent les vents et l’influence océanique de l’ouest assure des précipitations et

une humidité importante sur toute l’année. Les températures restent douces avec de faibles écarts

des moyennes thermiques extrêmes. Il est très rare qu’elles descendent en dessous de 0°. Sur la zone

étudiée, les diagramme ombrothermiques sont globalement similaires même si l’on observe une

diminution de précipitations vers le Sud-Est et de la température au sud qui coïncide avec

l’augmentation de l’altitude. Cependant, ces variations n’impactent pas cycles de développement des

cultures principales (prairies et mais) pour lesquelles les précipitations et températures sont

favorables. (Annexe : Caractérisation du climat du territoire d’Hasparren).

3.2.2 Un contexte géologique caractéristique du piémont basque. Le contexte géologique du massif pyrénéen est issu d’un raccourcissement nord-Sud par

convergence puis collision des plaques ibériques et européennes entre le crétacé supérieur et le

miocène. Ces événements ont engendré en Pays Basque une alternance de massifs et bassins plissés

dont la lithologie est constituée de formations sédimentaires et métamorphisées d’âge primaire à

quaternaire.

Sur la zone d’étude, l’on retrouve plusieurs entités témoins de cette histoire géologique :

• Les monts Ursuya et Baïgura, extrémités nord-occidentale de la chaine des Pyrénées où le

primaire émerge. Ces terrains sont caractérisés par une alternance de schistes et quartzites

sur le Baïgura et de formations cristallines de gneiss et métamorphiques sur l’Ursuya (Allorge

1941).

• Le croissant d’Arberoue : interprétée comme une écaille de chevauchement plongeant vers

l’est. Il est formé de terrain jurassiques et crétacé inférieur composé d’une série marno-

calcaire, alternance entre formation marneuse et calcaire. Plus on monte dans la série, plus les

calcaires y sont importants donnant lieu à des réseaux karstiques comme celui des grottes

d’Isturits.

• Le flysch de mixe : emblématique du pays basque, il est constitué d’une alternance de grès et

de niveau plus tendre souvent argileux. Cela donne au piémont basque un relief de collines

taillées dans des molasses gréso-argileuses très sensibles à l’érosion et creusée par des

ruisseaux sinueux (SUDMINE SAS & GéoPlusEnvironnement 2014).

• La cuvette entre les monts qui correspond à l’évidement d’une couche plus tendre entre les

terrains durs du croissant d’Arberoue et les massifs d’Ursuya et Baïgura. Entre les monts du

croissant et les derniers reliefs du socle du Baïgura, on y retrouve des formations calcaires du

crétacé supérieur qui laissent place aux terrains caractéristiques du flysch sur les monts qui la

ferment. Le reste de la cuvette, supportée par les formations du socle du Baïgura est

caractérisée par des terrains permo-triasiques de grès ocre.

• Les alluvions des cours d’eau principaux.

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Figure 5: contexte géologique de la zone d’étude

3.2.3 Des contraintes pédologiques héritées du climat et de l’histoire géologique du

territoire. Sous ce climat océanique chaud et humide, sans grande variations de température, le trait

essentiel de l’ensemble de la zone est la dominance de sols acides et décalcifiés par la lixiviation. On

y retrouve ainsi la série allant du rankosol au brunisol sur les roches mères silicatées des monts et de

leur socle ainsi que des luvisols sur les grandes étendues du flysch et dans les fonds humides de vallées.

3.2.3.1 Series des rankosols sur facies schisto-gréseux d’entre les monts.

Colline du flysch

de mixe

Noyau

cristallin du

mont Ursuya

Socle permo-trias du

Baigura

Données cartographiques :©IGN BRGM Planet Observer MAA

ASP

Cuvette entre les

monts

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Figure 6: évolution des rankosols en brunisol

3.2.3.2 Les rankosols

Sols peu évolués situés sur les hauteurs des sommets des monts de la zone. La faible évolution est

dû au ravinement par les eaux sur les pentes de ces sommets ainsi qu’à une faible activité biologique.

Leur faible profondeur n’assure pas une grande rétention de l’eau et ils ont une réserve utile très faible.

Ce sont des sols pauvres couverts de landes sèches typique des landes de pâturage : ajoncs épineux,

bruyère et fougère.

3.2.3.3 Les alocrisols

En descendant dans la pente, avec l’altération des minéraux de la roche, le sol s’approfondit. Un

horizon sal s’intercale entre la roche mère et l’horizon humifère. Par altération, l’horizon sal présente

une teneur argileuse plus importante. De couleur ocre, il est enrichi en aluminium, présente une

structure polyédrique ou grumeleuse fine. Son ph reste toutes fois acide. Par l’effet du climat chaud et

humide, l’activité microbienne et l’humification s’accélèrent, l’horizon Ah est recouverts d’un mull

décomposé plus chargé en bases. Par sa profondeur, l’acrolisol a une meilleure rétention en eau. Si la

pente le permet, il peut être cultivé en prairie.

3.2.3.4 Les brunisols

En bas de pente, la forte humidité résultant des précipitations mais également du réseau de cours

d’eau descendant des hauteurs continue d’altérer les roches en profondeur et d’approfondir le profil.

Le brunisol, sous un horizon humifère A, présente un horizon S développé à macroporosité importante

lui conférant une bonne rétention d’eau. Cet horizon, reste acide et décarbonaté et présente une

teneur en argile plus importante que les 2 précédents.

Roche mère silicatée (gneiss,

granite, grès…)

Humus peu

décomposé, acide Horizon humifère

acide

sal

Ah

R

O

R

A

h

O

R

S

A

O

Horizon structural

argileux

Mull

Rankosol Alocrisol Brunisol

L’altération de la roche libère des

cations (Ca, Al, fe…) qui remonte par

remonté biologique

Le sol s’approfondit et s’enrichi

Les remontées biologiques augmentent la

fertilité chimique des horizons superficiels et

élèvent le pH

Le sol continu de s’approfondir et l’humus

acide évolue vers un humus doux

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Les horizons A et Ah présents sur les 3 sol sont des horizons humifères brun épais, de structure

granuleuse ou polyédrique. La macroporosité y est importante. Les éléments y sont de plus en plus

décomposés en évoluant vers le brunisol, la texture de plus en plus fine et l’horizon de plus en plus

chargé d’argile et saturé en cation (Massenet 2006). De manière générale, la profondeur des sols sera

surtout déterminée par leur position dans la pente. Plus les sols sont exposés et plus l’altitude s’élève,

moins ils seront profonds et plus leurs horizons inférieurs seront chargés de débris rocheux ou cailloux.

3.2.3.5 Les luvisols : Cas particulier du flysch

Les roches du flysch, par altération donnent une boue de particules très fines qui confère une

très faible porosité aux sols du flysch. La redistribution qui trie les particules et les accumule sous

forme de plus en plus fine fait que les sols rencontrés font très peu de réserves et leur structure, qui

ne dépend alors que de l’activité biologique, est saisonnière. Ce manque de porosité est de plus en

plus marqué en descendant dans la pente. Dans les zones basses et petites vallées, Les particules les

plus fines sont entrainées vers les horizons profonds où elles colmatent. L’hydromorphie ou

engorgement saisonnier s’installe et dégrade le sol laissant peu de possibilités pour la valorisation

agricole et limitant les entrées dans les parcelles en périodes pluvieuses. Les sols formés sont des

luvisols qui ont également subi un processus important de lessivage sous le climat atlantique humide.

L’absence de carbonate accélère ce lessivage

dynamique car rien ne coagule les colloïdes

(Gaussen 1941). C’est en période de repos

végétatif (hiver) et de pluie que le lessivage est le

plus fort. Il affecte d’autant plus les ions et les

particules. Les bases sont lessivées tandis que le

fer et l’aluminium moins mobiles s’accumulent

(Hérody 2012). L’horizon humifère est souvent

épais et présente les mêmes caractéristiques que

les Ah et A des acrisols et brunisols. Sous cet

horizon se trouve un horizon appauvri et décoloré :

l’horizon lessivé, peu structuré. Les argiles

lessivées sont accumulées dans l’horizon Bt très

compact et peu drainant. La porosité y diminue

largement.

Une des caractéristiques des sols du flysch est la présence d’aluminium. Il provient de la

destruction des silicates d’alumine présentes dans les argiles en feuillet du flysch. Il forme de fines

particules qui immobilisent le phosphore, le bore, les matières organiques et certains autres oligo-

éléments. Principalement présent sous forme d’oxyde, son altération est toxique pour beaucoup de

plantes mais bien toléré par les fougères. Les sols du flysch sont également riches en fer qui,

facilement oxydé, donne naissance à des oxydes plus ou moins complexés de fer et manganèse. Ce

fer et ce manganèse sont facilement lessivés en milieu acidifié et cela entraine la destructuration des

sols et la perte de porosité. Par érosion en pente, le fer et le manganèse peuvent se déposer dans

divers sites du sol où ils forment des taches, concrétions. Ces milieux de re précipitations sont alors

généralement toxiques pour les légumineuses (Hérody 2012).

3.2.3.6 Sols sur substrat calcaire

Sur substrats calcaire comme sur le croissant d’Arberoue, malgré une lixiviation importante

l’humus saturé en carbonate est plus doux et peu atteindre des pH basiques. On observe donc souvent

des brunisols.

Horizon humifère

A ou Ah

Horizon lessivé E

jaune clair à gris

Horizon

d’accumulation Bt

Cailloutis

E

Bt

Ah

Figure 7: profil schématisé d’un luvisol

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En somme, dans cette partie du pays basque le climat océanique a tant d’importance sur la génèse

des sols que la diversité des sous-sols influe peu sur leurs caractéristiques. En revanche, dans ce

contexte de terrains plissés par les convergences et collisions, elle a tout son rôle dans la topographie

de la zone qui est déterminante pour l’implantation des structures agricoles. Etant donné le relief et

la spécialisation en élevage de la zone d’étude, les différences de valorisation des sols par les cultures

dominantes (prairies temporaires, prairies permanentes, mais) seront déterminées par la position

dans le paysage plus que par les caractéristiques du substrat. Les sommets et flanc pentus des monts

où la roche mère affleure et les sols sont ravinés seront principalement laissés en landes d’ajonc

épineux et fougeraies. Les pentes caillouteuses au sol peu profonds seront valorisées en prairies

permanentes. Enfin, les terrains les plus plats où les sols sont plus profonds porteront des prairies

temporaires ou parcelles de maïs.

3.3 Caractérisation d’unités agroécologiques et de l’hétérogénéité du milieu.

3.3.1 Une organisation paysagère alliant prairies, landes et forets. La lecture de paysage sur l’ensemble de la zone révèle un relief complexe de landes et collines

entrecoupées de nombreux cours d’eau qui viennent alimenter les 2 rivières principales : la joyeuse et

l’Arberoue. L’altitude moyenne augmente depuis Briscous jusqu’Hélette témoignant de ce caractère

de zone intermédiaire entre plaine et montagne.

Une première différenciation peut être faite par une ligne qui rejoindrait les bourgs d’Hasparren,

Ayherre, Isturits et saint Martin d’Arberoue au nord de laquelle le paysage est caractérisé par les

formations caractéristiques du flysch de mixe (figure 5) : des collines plates aux flancs escarpées et

boisés creusées par d’étroits talweg. Au sud, une alternance de collines moles et de monts pâturés.

Malgré les différences d’organisation du paysage qui seront abordées par la suite, on observe un

étagement similaire de la végétation déterminant pour la valorisation agricole actuelle. Dans les 2

divisions, le déboisement opéré au cours de l’histoire a créé un paysage de prairies où la végétation

arborée est peu étendue en surface, disperse sur les versants escarpés et essentiellement constituées

de feuillus. Toute surface plane ou moyennement pentue semble avoir été colonisée par la prairie

tandis que les sommets inexploitables des monts sont restés à l’état de landes de fougères et d’ajonc.

On y trouve un habitat dispersé en petits hameaux ou maisons seules : historiquement, la maison

(exte) est à la fois habitation, grange et bergerie : les brebis au rez-de-chaussée faisaient office de

chauffage central. Sa position dans les collines est liée à la qualité de la terre, la commodité d’accès à

la pente. La façade ouest, en pierre et opaque (peinte à la chaux en blanc) s’oppose aux précipitations.

La maison apparait souvent solitaire mais est parfois regroupées en tas « quartier » entre les bourgs

(organisés autour de l’église et du fronton). Son implantation dépend également de l’étagement de la

végétation. Au niveau basal, ont été implantées les maisons de famille (exte) sur les collines et autour

des bourgs, entourées des prairies et terres cultivées. Au niveau des landes, les bordes, anciennes

granges intermédiaires pour la transhumance se dispersent milieux des fougeraies (figure 15). Sur les

estives, les cabanes aujourd’hui abandonnées ou utilisées pour stocker des foins et fougères servaient

d’enclos pour les brebis.

La lecture de paysage a permis de partager la zone en 3 entités représentatives de la diversité des

conditions du milieu physique.

• Les collines du flysch

• la Vallée de l’Arberoue

• Entre-les-monts

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3.3.2 Trois entités hétérogènes déterminantes pour l’implantation et le développement des

structures agricoles.

3.3.2.1 Les collines du Flysch

Ces collines situées sur les terrains du flysch de mixe, sont issues d’un plateau d’altitude

alternant entre 100 et 150 m, incliné vers le Nord-Ouest ou Nord et creusé par des talwegs Sud-

Est/Nord-Ouest ou Sud/Nord qui dessinent des collines aux crêtes planes orientées Sud-Est/Nord-

Ouest ou Sud/Nord et aux versants pentus.

Les bancs durs gréseux, calcairo-gréseux, calcairo-marneux et des schistes argileux tendres (semi-

perméables à imperméables) s’alternent et il en résulte une série de bosses et cuvettes confuses

(SUDMINE SAS & GéoPlusEnvironnement 2014). Ces collines ont été creusées par des cours d’eau qui

prennent source dans ces Landes et descendent vers le nord (figure 8, 5). Ils se rejoignent en ruisseau

(à faible débit) qui creusent des vallées à fond plat et versants escarpés, très encaissés (figure 8, 5).

Les ruisseaux débouchent sur des rivières qui coulent en méandres jusque l’Adour dans des vallées à

fond plat larges et très humides.

Figure 8: Coupe schématisée des collines du Flysch

Du fait de cette formation, Les collines offrent plus de facilités à leurs sommets que sur les bas de

pente. Les fonds de vallées étroits sont recouverts de boisements denses et humides, au sols argileux

voire tourbeux. Seules les vallées à fonds assez plats et étroits sont exploitables et accueillent

quelques petites parcelles de prairies. De même, les bas de pente des versants sont inexploitables

car trop escarpés. Ils sont couverts de feuillus ou landes. Les crêtes planes, au contraire, abritent

habitats, cultures, voies de communication. Les parcelles y sont grandes et séparées par des haies

bocagères. L’habitat (anciennes bordes) est dispersé le long des quelques axes routiers sur les zones

les plus plates ou le haut des versants.

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Au nord d’Hasparren, à l’origine lande communale au substrat pauvre du quartier des bordes où

on venait faire pacager en été, elles ont été défrichées dans les années 60. Elles sont très mal

desservies sans axes routiers principaux et les axes secondaires sur les crêtes finissent presque tous

en cul-de-sac. Au nord, elles semblent désertiques, couvertes de landes ouvertes pâturées par des

pottoks (petits poneys). Au sud, les prairies sont plus humides, et certaines parcelles y sont cultivées

en maïs. C’est sur cette partie que les anciennes bordes servent d’habitat pour les quartiers

d’habitations de l’extension urbaine d’Hasparren. Les bâtiments agricoles y sont rares et remplacés

par des lotissements récents. La coexistence avec ces nouveaux urbains devient compliquée et limite

le champ d’action des agriculteurs. Il faut limiter le bruit, les odeurs, les nuisances, etc. qui leur

imposent de laisser une distance autour des nouveaux lotissements. La surface pâturable se réduit.

Sur les hauteurs de la Bastide-Clairence, les crêtes sont toutes desservies par des axes routiers et

les bâtiments agricoles y sont nombreux. Plus on s’approche d’Hasparren (ouest, figure 5), plus les

maisons d’habitation non agricoles y sont nombreuses. Mais du côté est de la Bastide, malgré les

contraintes que représentent cette formation complexe du flysch, les exploitations agricoles sont

encore bien maintenues. Du nord au sud, les collines sont coupées par la vallée au fond plate de la

joyeuse où sont généralement implantées les parcelles de maïs. Les versants de cette vallée comme

pour les autres rivières creusant le flysch sont très abruptes.

3.3.2.2 Entre les monts

D’une altitude moyenne de 200 à 300 m, la zone entre les monts est une zone de transition entre

les collines basses et la montagne. C’est une cuvette agricole fermée cernée par des monts arrondis

(Ursuya, Baïgura, Abarratia) (figure 9). Le centre de la cuvette est supporté par les formation du socle

du Baïgura et caractérisée par des terrains permo-triasiques de grès ocre (figure 5) qui en fait un terrain

relativement plat vallonné par de petites collines rondes et moles. Les pentes n’y sont pas abruptes et

les sols y ont évolués en brunisol. Les cours d’eau prennent naissance sur les monts Ursuya et Baïgura

et creusent de quelques petites vallées ces collines. Cependant, le réseau hydrographique y est moins

dense que dans les entités précédentes ce qui en fait une cuvette moins humide que le reste de la

zone. Le caractère plane de la zone permet une implantation des villages et fermes éparses à flanc de

versants, sur crêtes de collines ou parfois fonds de vallées larges et une exploitation de la quasi-totalité

de la surface en prairies, grandes parcelles labourées et cultivées, serres maraichères, pépinières

(figure 9). Les petites surfaces boisées y sont en effet éparses le long des cours d’eau, sur les versants

pentus ou entre les collines mais ne représente qu’une petite proportion de la surface.

Prairies

fauchées

Fougeraies Bois de fond

de vallée

Photographie 1: Illustration des replats sommitaux des collines du flysch

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Figure 9: représentation schématisée de l’entité entre les monts.

Les monts sont le lieu des pacages. Leurs flancs très pentus sont couverts de prairies permanentes

en bas de pente puis de fougeraies et landes (figure 10). On y distingue très clairement l’évolution de

la série du rankosol au brunisol depuis les sommets jusqu’au bas des monts.

PP : prairie permanente ; PT : Prairie temporaire ; M : maïs ; FA : lande de fougère et ajonc ; R : axe routier

Mont Ursuya

Mont Garralda

Mont Baigura

Collines douces

entres les monts

Flancs des monts

Photographie 2: Illustration de la cuvette d’entre les monts

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Figure 10: coupe schématisé des flancs des monts

La cuvette est ouverte au niveau de Bonloc, Hélette et Macaye laissant passer les axes routiers

majeurs vecteurs de l’influence de la région d’Irissarry et Iholdy au sud sur l’intensification des

pratiques agricoles et de l’affluence touristique de Cambo les bains (à l’ouest) et d’Hasparren.

3.3.2.3 La vallée de l’Arberoue

L’entité se décline en 3 unités (figure 11) : les monts du croissant d’Arberoue qui repose sur les

formations marno-calcaires du jurassique, la vallée de l’Arberoue dont le substrat est composé

d’alluvions fluviales et les collines de flysch qui surmontent la vallée.

Figure 11: Coupe schématisée de la vallée d’Arberoue

Le fond de la vallée est plat et large. Les alluvions ont évolué en brunisol du fait du climat

océanique. Il est majoritairement cultivé en maïs et prairies artificialisées sur des parcelles bien

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dessinées et clôturées. L’Arberoue, alimentée par de nombreux ruisseaux qui descendent des

montagnes y coule en méandres.

Les hauteurs (étage des bordes) de la vallée correspondent à d’anciennes landes communales

défrichées sauf sur les versants trop pentus et fonds de petites vallées restées en bois qui présentent

les mêmes

caractéristiques

que les landes

d’Hasparren.

Autrefois

recouvertes

d’estives pour les

troupeaux de la

vallée, elles sont

aujourd’hui

marquées par des

étendues de landes

pastorales et des

prairies de fauche sur les crêtes. Les versants y sont restés en bois ou fougères (photographie 3). Les

anciennes bordes et cabanes ont été remplacées par de grandes bergeries ou hangars pour stocker les

foins.

Sur les versants de la

vallée, les terres

exploitables sont

majoritairement valorisées

en prairies permanentes.

Des bourgs en terrasse

occupent les milieux de

pente et des quartiers de

maisons s’égrainent au-

dessus.

Les monts du croissant

sont très similaires à ceux

de l’entité précédente.

Même si les sols, sur substrat calcaire sont plus doux, la pente impose de les valoriser en prairies

permanentes en bas de pente puis fougeraies et landes d’ajoncs.

3.3.3 Articulation des entités et importance de la topographie. La présentation des différentes zones révèle l’importance de la topographie dans la valorisation

du paysage. La zone est marquée par un relief très variant par les différentes formations

géomorphologiques issues d’un contexte de compression complexe qu’elle présente.

Photographie 3: Illustration des hauteurs de la vallée

d’Arberoue

Photographie 4: Illustration des versants et fond plat de d’Arberoue

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Figure 12: articulation des entités et définition de coupes topographiques de la zone

Du nord au sud (figure 13) on passe du relief bas mais creusé par les cours d’eau et aux pentes

abruptes difficilement valorisables des landes d’Hasparren (collines du flysch), aux flancs raides de

l’Ursuya, puis aux collines hautes mais molles d’entre-les-monts pour finir sur les flancs pentus du

Baïgura.

Figure 13: Coupe schématisée Nord-Sud de la zone d’étude

1 Km

1 Km

Mont

Ursuya

681 m

d’altitude

Mont Baigura

872m

Croissant

d’Arberoue

300 à 340 m

Zone : Collines

du Flysch

Zone : Vallée

d’Arberoue

Zone : Entre les

monts

Nord Sud

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De l’est à l’ouest (figure 14) on part des landes basses également de l’Arberoue, très similaires à

celles d’Hasparren pour traverser, en descendant les versants pentus de la vallée, le fond plat et cultivé

de l’Arberoue et ensuite remonter sur les monts du croissant et terminer sur les collines douces d’entre

les monts puis les flancs abrupts de l’Ursuya.

Figure 14: Coupe schématisée Est-Ouest de la zone d’étude

On observe donc une sorte de plateforme plane en hauteur, les collines d’entre-les-monts, bordée

par une couronne de monts puis une gouttière, la vallée d’Arberoue, se prolongeant jusqu’à la cuvette

d’Hasparren. L’ensemble est entouré des landes caractéristiques des collines du flysch. La zone d’étude

présente donc des potentialités différentes pour les systèmes agricoles qui vont jouer sur le

développement ou non des systèmes agraires sur chaque unité au cours de l’histoire ainsi que sur les

spécialisations et dynamiques actuelles. Les surfaces les plus convoitées et propices au développement

des exploitations seront les plus facilement cultivables donc les plus planes et accessibles.

4 Evolution de l’agriculture et du contexte socio-économique du

pays d’Hasparren des années 50 à nos jours.

Même si les exploitations ont connu des transformations certaines du fait de l’abolition au XIXe

siècle des droits coutumiers qui régissaient le système à la maison et de la veine pâture ainsi que

l’augmentation démographique et industrielle des grands pôles économiques dont celui d’Hasparren,

il semblerait que les facteurs les plus importants ayant poussés à une évolution vers l’état actuel se

soient manifestés au sortir de la deuxième guerre mondiale. Nous analyserons de manière plus

approfondi l’histoire de la région et l’évolution de l’exploitation du milieu à partir des années 50.

4.1 Systèmes agraires au sortir de la guerre : de petites exploitations familiales en

polyculture-élevage diversifié. Jusque dans les années 60, le monde rural Basque est resté prédominé par des systèmes de

production en polyculture-élevage, très largement tournés vers l’autoconsommation. La SAU moyenne

par exploitation est de 10 ha et exploitée en polyculture élevage. Les familles nombreuses vivent à 2

voire 3 générations dans l’exte, grande ferme basque qui est à la fois habitation, grange et bergerie.

Est Ouest

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La main d’œuvre y est donc nombreuse est permet la réalisation d’un travail important, encore manuel

et attelé.

L’exte, située sur les flancs des collines et bas de versant des vallées ou de flancs des monts est

entourées de quelques parcelles de terres cultivées. Le cœur de la maison abrite un petit potager et

une bassecour pour la consommation de la famille. Autour, les parcelles les plus plates et proches de

la maison sont réservées aux cultures céréalières tandis que les plus pentues et éloignées sont

valorisées en prairies permanentes pour la pâture et cultures arboricoles comme la vigne ou les

pommiers pour le cidre ou vin de famille. Les bois de pentes trop fortes ou fonds humides permettent

l’approvisionnement en bois de chauffage et ressources alimentaires. Chaque exploitation possède un

petit troupeau d’une cinquantaine de brebis de race locale : la xasi ardia, quelques vaches blondes des

Pyrénées, une jument comme moyen de transport, 4-5 truies reproductrices ainsi qu’une basse-cour

de volaille : poules pondeuses, canards et oies gavées sur l’exploitation. Avec les terres de bas de

vallées, les familles possèdent un droit sur des landes communales et une borde, grange intermédiaire,

sur lesquelles elles envoient les bêtes en mai pour décharger les prairies pâturées tout l’hiver. Sur les

zones plus pastorales (monts Ursuya et Baigura) la famille avait un cayolar : petite cabane de berger.

4.1.1 Des systèmes de culture à destination domestique et animale. Sur les parcelles de culture, le blé et maïs roux basque cultivés en rotation sont destinés à

l’alimentation animale et humaine. Les grains non distribués aux bêtes sont livrés au meunier de village

pour la conception de farine qui servait au pain (de blé et de maïs) du foyer. Des plantes sarclées

comme la rave, le radis, la betterave sont intégrées à la rotation l’hiver entre le blé et le maïs. Semées

après le blé, elles sont récoltées pour être distribuées en complément aux animaux puis pâturées par

les brebis dont les déjections restituent une partie de la fertilité sur les parcelles. Le maïs roux, variété

locale de grande taille (2-3 m), est beaucoup plus couvrant que les maïs hybride et possède des racines

qui se développent en profondeur ce qui en facilite le sarclage réalisé à la pioche. Les récoltes, tris,

dépiautages sont effectués à la main et tous les résidus valorisés sur l’exploitation pour l’alimentation

des animaux.

Malgré leur petite taille, les exploitations atteignent l’autonomie fourragère. Le stock de

fourrage est la ressource limitante en hiver. Les foins sont donc fauchés une fois l’année, tardivement

(en juin) pour une plus grande quantité. Par le travail manuel, il était possible de valoriser en prairies

fauchées même les parcelles les plus pentues et ainsi de ne perdre aucune surface autour de

l’exploitation. Toutes les prairies sont fauchées à la faux et le foin ramassé au râteau. On abimait ainsi

moins les foins et surtout, cela permettait de récolter les semences qui étaient conservées pour être

ressemées en sur-semis (elles étaient alors très rarement retournées). Dans un souci de valorisation

de toutes les ressources, le foin le plus grossier est donné aux vaches ainsi que les refus des brebis. Les

foins ratés sont distribués aux chevaux. Autour des bordes, les prairies sont également fauchées le

stock est redistribué aux brebis en complément du pâturage estival.

4.1.2 Une conduite des troupeaux optimisant les ressources de l’exploitation en reposant

sur la complémentarité des ressources alimentaires et de la reproduction de la fertilité

par des flux spatio-temporels. Par leur petite taille, les ressources alimentaires sont le facteur limitant de ces systèmes

familiaux. L’organisation au court de l’année et la gestion de la conduite des troupeaux sont donc

réalisées de manière à optimiser la complémentarité de ces ressources. Une rotation du pâturage « 3

dents » permet à la fois d’assurer la récolte suffisante de fourrage pour les différents troupeaux mais

aussi d’exploiter au maximum les ressources disponibles. Ces 3 dents sont les brebis, premières à

pâturer sur les prairies en hiver et printemps, les vaches laitières et de traction qui passent ensuite et

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valorisent les refus des brebis puis les chevaux, avant le retour d’estive qui terminent de nettoyer les

parcelles. Le petit troupeau de brebis est gardé en pâturage sur les prairies autour de la maison et

alimenté grâce aux ressources de la ferme (regain, rave, mais) en saison hivernal. Dès le 1er mai il est

envoyé en estive de manière à favoriser la pousse de l’herbe et pouvoir faire les stocks de foin pour

l’hiver complétés par la fauche des prairies à l’étage des bordes. En effet, moins alimentées et en lutte

naturelle, elles mettent bas tardivement et de manière peu groupée. Les familles peuvent donc les

laisser plus longtemps à l’étage des bordes le temps de terminer sur l’exploitation les travaux des

champs. La fougère récoltée sur les terres de landes sert à la litière des animaux et permet de conserver

les pailles et chaumes céréaliers pour l’alimentation hivernale. En fin d’hiver, lorsque l’herbe se fait

plus rare mais que les besoins des brebis qui entrent en traite augmentent, la rave est pâturée offrant

un complément énergétique. Les vaches sont gardées en étables en période hivernale pluvieuse afin

d’éviter le ravinement des prairies par piétinement. Les cochons sont gardés au foyer familial et nourris

grâce aux résidus domestiques et ressources forestières. La volaille de même est alimentée par les

céréales de la maison.

La grande humidité de la région permet la présence de nombreuse sources et ruisseaux dans

lesquels on fait boire les troupeaux. Chaque foyer possède une citerne pluviale mais il faut toutefois

aller parfois chercher à une dizaine de km de l’eau de ruisseau pour la famille et les troupeaux.

Seul le fumier, les déjections en pâturage et la chaux permettent une fertilisation des surfaces

cultivées. La reproduction de la fertilité est organisée, de même que pour les ressources fourragères,

autour d’une optimisation maximale des sources rares de fertilité grâce à la gestion de flux spatio-

temporels. En hiver, le pâturage des brebis sur les terres cultivées et prairies permet de fumer

naturellement ces surfaces consacrées à l’alimentation humaine et animale mais n’assure pas

complétement une restitution de la fertilité puisqu’une partie de ce qui est prélevé est ingérée par les

animaux. Le fumier, venant des étables et bergeries est épandu au printemps sur les parcelles autour

de l’exploitation, assurant un transfert de fertilité des zones de landes vers les terres de l’exploitation.

En effet, la litière, à partir de laquelle les familles obtenaient leur fumier, est constituée des fougères

et ajonc ramassés sur les landes. La litière d’été des bordes est également descendus sur des charrettes

en bois pour les besoins des terres de bas de pente.

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Figure 15: schéma récapitulatif des flux de fertilité et complémentarité de l’usage des ressources alimentaires

4.1.3 Une rentabilité acquise par la valorisation diversifiée des produits et l’importance de

l’autoconsommation. Sur le territoire d’Hasparren, il n’y avait historiquement pas d’aptitudes particulières à l’élevage

de brebis. Le troupeau ovin assurait un transfert de fertilité depuis l’étage des bordes jusqu’au terres

de l’exploitation par le fumier produit à partir de la litière des landes. Il était également plus adapté

aux pentes et à la transhumance. Sur les zones les plus proches de la plaine, la présence d’un atelier

ovin ne s’est d’ailleurs fait que tardivement. Cependant, le climat océanique assurant une pousse de

l’herbe plus abondante qu’ailleurs et donc des capacités laitières favorisées, avait permis de

développer une très ancienne tradition fromagère qui n’était pas une spécificité productive en soi mais

plus une manière de conserver et valoriser le lait avant l’ouverture de centres de collectes.

En 1904, un industriel de roquefort qui commençait à prospecter les possibilités de production de

lait de brebis hors de leur bassin s’était naturellement tourné vers la région où les chances de produire

de lait étaient plus élevées et avait trouvé dans les basses Pyrénées un fort potentiel du fait de ses

ressources fourragères. C’est en 1925 qu’il obtient l’autorisation de fabrication de pains de fromages

frais dans les Pyrénées Occidentales à destination des caves d’affinage de Roquefort (Lerat1968). Des

usines de fabrications s’implantent alors en Basses Pyrénées (principalement en Basse-Navarre) et y

collectent le lait de toute la région par l’intermédiaire de petites laiteries de communes. La production

de brebis laitière en est donc encouragée. Sur la zone d’étude, il n’est pas étonnant de constater que

cette influence est plus marquée sur les communes directement connectées à l’aire d’influence de la

société des caves par l’ouverture d’Hélette sur le canton d’Iholdy où les troupeaux de brebis étaient

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plus importants que sur les parties nord de la zone. Le lait de brebis dans les année 50 est donc déjà

collecté par de petits livreurs communaux chez qui les paysans livrent régulièrement des bidons de 5L

qui était ensuite transformé en pain de fromage frais pour être envoyé à l’affinage dans les caves

d’Aveyron ainsi qu’un agneau vendu sur les marchés. Ce qui n’est pas collecté car produit en estive

sert à la confection d’un fromage local : tomme de lait de brebis pur à la croute dure et grise.

Le petit troupeau de blondes utilisées pour les travaux agricoles permet l’élevage d’un veau qui se

vend aux maquignons du marché à 150 Kg ainsi que la production de lait qu’un laitier récolte au coin

des quartiers de maison. Les cochons valorisaient le petit lait issu de la transformation du lait de brebis

lorsqu’il y avait transformation, ainsi que tous les déchets de cultures et domestiques et les porcelets

étaient également vendus à 4-5 mois au marché. Les chevaux servaient de moyen de transport des

produits agricoles jusqu’à la ville ou des parcelles à l’exploitation pour les cultures céréalières.

Une grande partie de ce qui est produit sur la ferme reste sur la ferme pour la consommation

familiale. La main d’œuvre est nombreuse et l’autoconsommation des productions participe à la

rentabilité économique du foyer. En plus de la main d’œuvre familiale, les familles embauchaient des

domestiques, enfants de familles urbaines qui venaient travailler sur la ferme et vivaient à la maison.

Cela permettait d’assurer par les différentes taches un équilibre en utilisation et régénération des

ressources dans ce contexte de petites exploitations aux terres pentues.

Jusqu’au début des années 60, les systèmes de production étaient des systèmes autonomes

fonctionnant sur différents systèmes de culture et d’élevage liés par des relations fonctionnelles

étroites. L’usage de la complémentarité des ressources internes (herbe, fougère et ajonc, céréales)

assure une production suffisante aux besoins de la famille et une préservation des moyens de

production de l’exploitation (renouvellement de la fertilité, entretien des prairies, …). Des années 60 à

70, les exploitations connaissent une certaine évolution technique et organisationnelle poussée par un

aménagement du territoire et l’introduction de la mécanisation.

4.2 Réorganisation des systèmes de production avec la diffusion de la

motomécanisation et la mutation du contexte socio-économique des année 70 à

90.

4.2.1 Motomécanisation, agrandissement des surfaces et défrichement des terres

communales : prémisses d’une réorganisation des exploitations agricoles des années

60 à 70. A partir des années 60, les communes les plus isolées sont reliées au réseau électrique, hydrique

et routier. Conjointement, la loi d’orientation agricole de 1962 permet aux premières exploitations

d’investir dans des petits tracteurs de 35 cv, la mécanisation se généralise rapidement grâce aux

politiques nationales de modernisation de l’agriculture. D’une part les terres les plus en pentes sont

abandonnées car inexploitables mécaniquement, d’autre part, le tracteur et la moto mécanisation

permet de défricher toute surface plate accessible. Poussés par des volontés politiques les agriculteurs

commencent à défricher les landes de touyas des crêtes grâce à des aides au défrichement. Ces terres

sont chaulées pour en diminuer l’acidité, plantées en rave pendant une ou deux années afin

d’améliorer la structure de ces sols de landes (point 3.2.3.5) puis semées en prairies. Les haies

bocagères sont également arrachées pour pouvoir faire entrer les machines dans les parcelles et

agrandir la taille de celles-ci. A partir de 1965, les collectivités locales lancent un plan d’amélioration

de l’espace rural. Les familles sont aidées dans la rénovation de leur habitat et de leurs bâtiments

d’élevage. Toutes sont désormais reliées à l’eau de la ville et à l’électricité. C’est à cette époque que le

père Adrien, un moine de l’Abbaye de Belloc ingénieur agronome formé en production ovine dans les

établissements de fontainebleau, se lance dans la production laitière sur les collines de la Bastide-

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Clairence. Il est précurseur dans le défrichement et la conduite du troupeau sur d’anciennes terres de

lande et bois passées en prairies et réunis autour de lui de nombreux agriculteurs de toutes communes

confondues (jusqu’aux communes d’entre les monts) curieux des pratiques qu’il met en œuvre. Il se

forme alors de petits groupes de travaux autour de ses conseils qui diffusent sur l’ensemble de la

région à partir des participants. Aidés par cette diffusion de savoir technique, les subventions

accordées par les collectivités et la moto mécanisation, les exploitants agrandissent leur surface

fourragère et accroissent l’efficacité de leur travail. La réorganisation du paysage par l’abandon des

terres difficilement accessibles, la rénovation des bâtiments d’élevage et l’accès à l’eau et l’électricité

participent à cette amélioration de la productivité physique du travail (quantité de biens produite par

actif (Charroin et al. 2012) sur les exploitations en facilitant les différentes taches agricoles. Ces

évolutions permettent de repousser les limites de production imposées par le travail manuel et attelé

et donc d’augmenter le nombre d’animaux qu’un actif peut prendre en charge (Charroin et al. 2012).

Sur les exploitations la production augmente.

Le contexte économique de la zone est porteur. D’un côté, la production de roquefort ne cesse

d’augmenter et les prix d’achat du lait ont été multiplié par 2 entre 1950 à 1966 (Lerat 1968). De l’autre,

la collecte de lait de vache réalisée par de petits centres dans chaque commune augmente grâce à

l’augmentation de la demande et des capacités de traitement des usines de transformations. De

nombreux centres de collecte se développent issus de l'activité d'éleveurs décidés à collecter le lait de

leurs voisins. Le développement industriel, de l'urbanisation, du tourisme permettent de traiter des

quantités plus importantes. Les centres grossissent et le plus grands absorbent les plus petits

collecteurs. On observe alors un début de concentration de la collecte sur la zone (Charles 1979).

A la fin des années 60, la motomécanisation généralisée et l’amélioration des conditions de vie

(accès à l’eau, rénovations, …) ont permis d’agrandir les surfaces des exploitations et de

considérablement faciliter le travail agricole, augmentant ainsi la production de biens alimentaires

sur les exploitations. Cette augmentation a été soutenue par une réorganisation de l’aval offrant alors

des débouchés stables à la production non consommée sur l’exploitation. Le défrichement s’accélère

dans les années 70 grâce à l’autorisation de vente et partage des communaux en 1971. Les barbelés

arrivés après la guerre permettent de privatiser les prairies. Pour pouvoir rembourser les

investissements il faut augmenter la production de biens commercialisables par le travail d’un même

nombre d’actifs et donc se spécialiser (Annexe 5). Les influences de la 1ere révolution fourragère

réalisée quelques temps auparavant dans le lyonnais finissent de transformer le paysage rural et

l’organisation des exploitations.

4.2.2 Mutation du contexte socio-économique et spécialisation : début de différenciation

des exploitations par inégalité d’accès aux ressources et voies de commercialisation

des années 70 à 80. La 1ere révolution fourragère se concrétise notamment par une introduction du maïs grain

hybride. Les semences, d’abord fournies par les américains par l’intermédiaire du plan Marshall se

répandent rapidement et leur diffusion est toujours associée à la diffusion d’intrants de synthèse

(engrais, produits de traitement) assurant une implantation de ces semences uniformisées

(sélectionnées afin d’être utilisées dans tous contextes), avec succès quelques soient les

caractéristiques pédoclimatiques locales. La vente par les conseillers de gros sacs de 100 Kg obligeait

les exploitations à se trouver un voisin avec qui le partager. L’innovation se répand rapidement et

d’autant plus que les rendements en maïs permis par cette nouvelle variété et l’utilisation des intrants

doublaient. Elle s’accompagne également d’un retournement des prairies traditionnelles qui sont

ressemées en prairies temporaires à partir de semences achetées plus productives. Ces prairies, dès

lors considérées comme des cultures à part entière, sont également fertilisées à partir du fumier de

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ferme mais aussi d’engrais introduits sur le marché et de correcteurs de sol comme les scories pour

enrichir les substrats pauvres des landes défrichées. L’introduction des engrais permet alors de faucher

plus tôt qu’avant voire réaliser une deuxième coupe. L’introduction des semences et intrants

permettent d’augmenter le rendement des cultures et surtout d’abandonner les complémentarités

entre espèces jusqu’alors nécessaires pour limiter l’impact des maladies, contrôler la prolifération des

adventices et ravageurs. Avec l’augmentation du nombre d’animaux par actif, il faut produire plus

d’herbe et de fourrage mais aussi simplifier les taches sur l’exploitation. Face à la difficulté du travail

des terres de la zone, leur moindre qualité pour des cultures céréalières, et surtout face à l’évolution

céréalière des zones de plaine, les cultures vivrières sont abandonnées pour ne garder que le maïs, qui

est alors uniquement consacré à l’élevage, et la prairie. La production des exploitations repose donc

sur des itinéraires techniques s’appuyant sur un recours aux intrants extérieurs plus importants et un

capital fixe par actif de plus en plus élevé (par les investissements réalisés). Les exploitations perdent

en partie leur autonomie (décrite en 4.1.2) et la spécialisation se présente comme la manière de

rentabiliser les achats extérieurs.

La spécialisation prend alors forme dans les familles par l’abandon d’ateliers d’élevage pour n’en

garder qu’un ou deux ainsi que par une modification d’utilisation des surfaces visant à accroitre les

rendements tout en simplifiant le travail. Les agriculteurs se concentrent uniquement sur les parcelles

exploitables mécaniquement où ils font le choix d’intensifier leur ressource la plus abondante, l’herbe.

Le facteur limitant l’agrandissement des cheptels restent la quantité de fourrage que la famille peut

récolter en une année et stocker pour redistribuer durant les mois d’hiver. Ceux qui ont accès à des

terres labourables et facilement mécanisables sont alors avantagés (tout particulièrement ceux, sur

les crêtes des collines du flysch qui ont le plus de possibilités de défrichement). Ils peuvent, grâce aux

intrants commercialisés, augmenter les rendements de leurs surfaces fourragères et ainsi accroitre les

stocks, donc le nombre de têtes sur l’exploitation. Alors que les pentes non accessibles sont

abandonnées ou conservées uniquement pour le pâturage, toutes les surfaces planes sont défrichées,

les landes qui servaient de parcours pour désengorger les prairies l’été disparaissent et laissent place

à de grandes parcelles d’un seul tenant réservées à la fauche ou la culture du maïs. Dans ces années

de croissance économique post seconde guerre mondiale, le lait assure des recettes régulières dans le

temps et à des prix "qui payent" comparés à ceux de la viande dont les prix ne sont plus négociables

sur les marchés mais déterminés par des coopératives qui viennent chercher le bétail. La

consommation et le pouvoir d’achat des français augmentent rapidement et la demande en lait ne fait

que suivre ce mouvement (Charles 1979). Beaucoup de producteurs préfèrent utiliser leurs blondes

pour la production laitière puis les remplacent par des frisonnes, meilleures laitières tout en gardant

pour certains quelques vaches à viande. Pour ceux qui avaient recours aux zones intermédiaires de

l’étage des bordes et qui ont des parcelles accidentées, l’élevage ovin répond le mieux aux contraintes

exiguë et à l’étagement de la production par la transhumance. Ceux-là gardent en plus de la production

bovine un petit troupeau ovin ou se spécialisent en ovin.

Dans la plaine, naissent en lait de vache, de grands groupes nationaux ou régionaux (Union Laitière

des Pyrénées, Danone) par fusion entre petites laiteries qui traitent directement avec les centrales

d'achat des GMS en croissance et rend difficile le maintien des autres petites structures. La loi de 1969

rend obligatoire le paiement sur la qualité du lait qui doit alors être refroidit avant la collecte. En 1975,

Le CILAISUD se crée pour suivre les normes qualités imposées par les pouvoirs publics et mettre en

place des prix indicatifs (Charles 1979). Pour suivre ces normes, ce sont les laiteries elles-mêmes qui

réalisent les analyses et paient directement les producteurs selon une grille définie. Alors qu’avant, le

collecteur était un opérateur qui achetait le lait aux producteurs et le revendaient aux laiteries, il ne

devient finalement qu’un simple transporteur rémunéré par les laiteries. Pour répondre à ces

évolutions, la concentration de la collecte s’accélère et passe aux mains d’un nombre de plus en plus

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réduit d’acteur (majoritairement les grands groupes nationaux). Par le passage au paiement direct par

les laiteries et la diminution du nombre de collecteurs, ce ne sont plus les laiteries qui entrent en

concurrence auprès des producteurs pour le prix qu’elles paient à la collecte mais les producteurs qui

sont en concurrence les uns avec les autres en fonction de leurs performances techniques et capacités

à répondre aux exigences des laiteries (Charles 1979). Pour éviter l'acidité, les laiteries commencent à

distribuer des refroidisseurs à bidon aux éleveurs et ceux qui ne produisent pas de quantités

suffisantes ne sont plus collectés. Les paysans qui avaient gardés un petit troupeau de laitières à coté

de leur production ovine et bovine allaitante sont forcés d’arrêter. Petit à petit les collecteurs

indépendants disparaissent, la concentration des moyens financiers permet aux laiteries la réalisation

d'investissements pour produire à moindre cout et en quantité. Face à l’irrégularité saisonnière de la

production laitière alors que la demande est constante, elles encouragent la production hivernale

grâce à des contrats favorisant la spécialisation. En effet, la production hivernale exige un effort

technique et des investissements importants, plus accessibles à des producteurs spécialisés (Charles

1979). Ceux qui n'ont pas arrêté doivent accroitre leur production. Poussés par l'appui technique des

laiteries, ils investissent petit à petit dans des salles de traite et tank refroidisseurs. Beaucoup de

producteurs décident alors d'abandonner l’atelier bovin lait devant l'investissement couteux que cela

représente.

De la même manière, la production de roquefort ne cesse de croitre face à la demande qui

augmentent depuis le début des années 70. Face à cette demande, les professionnels agricoles locaux

se retrouvent devant le choix d’aider au développement ovin à partir d’une race déjà améliorée pour

pouvoir se mettre à produire vite (la Lacaune était alors en plein schéma de sélection) ou prendre le

pari de fonder la production laitière sur des races locales. Un petit groupe de la JAC en Soule ainsi que

des membres INRA prirent alors la décision forte de lancer un travail sur les races locales. Un choix qui

sera déterminant pour l’avenir de la production ovine en Pays Basque puisqu’il permettra de

développer la production laitière tout en préservant les pratiques locales de transhumance, pâturage,

.... Les troupeaux de brebis existants s’orientent alors de plus en plus vers le lait et augmentent en

taille grâce au maintien des prix offerts par roquefort. Les éleveurs du nord de la zone d’étude qui

n’étaient pas forcément des éleveurs ovins, et encore moins des bergers, profitent de cette

opportunité pour aller chercher clandestinement sur les crêtes basques franco-espagnoles la lancha

(ou manech tête rousse) bien meilleure laitière (50-60 l/brebis) que la xasi ardi locale (inférieur à

30L/brebis). Localement, les premiers à investir dans un troupeau espagnol sont les frères de Belloc.

Ils décident de se lancer dans l’amélioration des brebis et rassemblent un groupe d’éleveurs en têtes

rousses autour de ce projet pour mettre en place un système d’échange de béliers et d’amélioration

des brebis mères. Les apprentissages techniques diffusent sur les éleveurs de la zone qui, grâce à la

possibilité d’acquisition de la lancha, agrandissent leur troupeau et augmentent leur production.

L’augmentation de la production des brebis se fait par le décalage à des agnelages précoces afin

d’allonger la lactation, l’amélioration sanitaire du troupeau (mise en place de pédiluves, bain à

mouton, désinfections) et la sélection génétique collective. L’ouverture en 1976 du syndicat de

contrôle laitier, de l’association garant des races locales ainsi que de la mise en place d’un schéma de

sélection basé sur la productivité des 3 races locales : la tête rousse, la tête noire et la basco-béarnaise

va rapidement permettre à ces exploitations spécialisées d’accroitre leur productivité et d’intensifier

la production.

Cependant, rapidement en Aveyron, Roquefort connait une période de surproduction. Les progrès

de sélection réalisés sur la Lacaune assurent un volume de lait plus que suffisant aux industriels des

caves et la société ne sait plus quoi faire du lait du bassin basque. Il se désengage auprès de leurs

producteurs corses et Pyrénéens dont Belloc et beaucoup d’éleveurs des communes alentour en

stoppant précocement la collecte en 1969. La société des caves propose aux éleveurs d’arrêter de les

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collecter pour les pains de fromage roquefort mais de faire de leurs lait un produit dérivé local plus

proche de leur tomme d’estive. Ces évènements poussent les éleveurs à questionner la stabilité à venir

du débouché et à développer des alternatives permettant d’écouler les volumes de lait produits sur la

zone devenus plus importants. Localement, Belloc, avec le groupement d’éleveur, se lance alors dans

la création en commun d’une marque de fromage basque, selon les recettes traditionnelles basques.

En 72, La fromagerie ouvre et commence avec 2 producteurs puis une dizaine pour enfin regrouper de

nombreux producteurs de toutes les communes alentour. Ils mettent au point un fromage similaire au

« vrai fromage basque », fait à partir de lait cru selon un process mécanisé adapté. La fromagerie

investie dans le matériel petit à petit, la production prend de l’ampleur et Belloc organise également

des cessions de discussions et formations entre les éleveurs de la fromagerie, le père Adrien et le père

Ignace qui perpétuent cet effet de diffusion au sein des éleveurs des savoirs techniques de 2 moines-

ingénieurs agronomes. Cette initiative sera suivie plus tard par la création de deux autres petites

fromageries dans les années 80, Berria à Macaye et Agour à Hélette. Sur l’ensemble du Pays Basque,

d’autres industriels comme Bongrain (via la fromagerie des chaumes déjà installée pour la collecte du

lait de vache dans la région) profitent de cette opportunité pour lancer une collecte locale et la

valoriser sous la forme de cette fameuse tomme d’estive qu’ils nomment Etorki.

En somme, dans les année 70, le pays d’Hasparren connait une spécialisation et augmentation

des volumes produits assez poussées en élevages bovin lait et ovin lait (Annexe 5). Les opportunités

offertes par les dynamiques existantes autour de la valorisation du lait de brebis, l’arrivée de la manech

tête rousse espagnole et le lancement d’un schéma ont appuyé cette spécialisation majoritaire en

brebis laitières. Les producteurs arrêtant la production bovine pour les contraintes évoquées

précédemment se tournent également vers la brebis. Avec le défrichement des terres communales,

une nouvelle catégorie de producteurs rejoint les autres. Celles des cadets de zones de montagne à

qui la SAFER avait accordé des terres défrichées sur lesquelles ils se sont installés. Pour eux comme

pour les autres, l’augmentation de la production de lait de brebis est surtout passée par

l’augmentation du nombre de têtes par exploitation par le trafic transfrontalier de brebis têtes

rousses. Le territoire d’Hasparren, à l’origine peu orienté sur la brebis laitière se spécialise rapidement

vers la production ovine. En ovin comme en bovin, l’augmentation de la taille des troupeaux et de la

production des bêtes s’est réalisée par les possibilités d’augmentation des rendements des prairies

(augmentation de la productivité de la prairie par coupes et du nombre de coupe) et céréales

requérant cependant des investissements de plus en plus lourds à rembourser. A ce stade, le facteur

limitant l’augmentation des troupeaux et de la production sur les exploitations est donc la quantité de

fourrage récolté par actif pendant l’année. Les exploitations étant alors équipées et assez fournies en

main d’œuvre, les vraies limites sont donc celles imposées par la surface fauchable et celles imposées

par les fenêtres météos aléatoires dans cette région océanique. Jusqu’alors, les exploitations

favorisées étaient celles qui avaient pu agrandir suffisamment leur surface par la reprise de terrains

communaux sur les collines du flysch. Pour les autres, la possibilité d’accroitre la quantité de fourrage

ne pouvait se faire que, soit par l’augmentation du nombre de coupes, soit par un mode de stockage

adapté aux conditions humides. L’ensilage d’herbe se présenta comme solutions aux deux dès la fin

des années 70. Les éleveurs purent considérablement augmenter, par ce levier, la quantité de fourrage

à distribuer en récoltant et stockant en humide plus tôt dans l’année quelles que soient les conditions

météo. Le développement des CUMA autour des ensileuses dès 1975 facilita l’adoption de cette

nouvelle pratique par la majorité des exploitations grâce à l’opportunité de mutual isation de

l’investissement. Les avantages hérités du milieu s’inversent donc. Les plus favorisés ne sont plus

ceux qui ont le plus de superficie mais ceux qui ont les sols les plus propices à la pousse et des terres

labourables accessibles (majoritairement dans la vallée d’Arberoue et sur les collines d’entre-les-

monts). Dans les zones planes comme les fonds de vallées larges de l’Arberoue et de la joyeuse ainsi

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que les collines douces d’entre les monts, tout s’ensile. Les savoirs acquis et investissements réalisés

confortent de plus en plus les éleveurs dans leur spécialisation. La reconversion dans d’autre systèmes

se fait difficile et face aux évolutions économiques qui surgissent, la stratégie dominante adoptée reste

l’intensification.

4.2.3 Relocalisation de la production ovine et nationalisation du marché bovin : vers une

intensification des exploitations et accélération de la différenciation des systèmes des

années 80 à 90. En bovin comme ovin, l’ensilage de maïs se répand rapidement dans les différentes exploitations.

Dans les zones planes comme les fonds de vallées larges de l’Arberoue et de la Joyeuse ainsi que les

collines douces d’entre-les-monts, le nombre de parcelles de maïs à ensilage augmente comme

présenté sur la figure 16 (Ayherre, La Bastide Clairence : vallée d’Arberoue et de la Joyeuse ;

Mendionde, Hélette, Macaye : entre-les-monts).

Figure 16: Evolution du nombre d'exploitations avec maïs ensilage par communes

En Vaches laitières, ceux qui ont pu passer en culture de maïs leurs surfaces labourables basent

la ration des animaux sur l’ensilage. L’intensification fourragère obtenue par cette nouvelle

technique leur permet d’augmenter le nombre de vaches et la production par vache. Grace à la

rentabilité obtenue par le maintien des prix indicatifs et sous les incitations des industriels, ils

réinvestissent dans du matériel de traite plus performant, des tanks à lait, … et adaptent leur

système pour produire en quantité toute l’année. Les vaches sont maintenues en stabulation et

alimentées à ration constante toute l’année. Du fait de la faible possibilité d’augmenter les surfaces

fourragères des exploitations dans un territoire où la pression foncière se fait de plus en plus forte et

la nécessité de rentabiliser les investissements, leur recherche d’augmentation des rendements

laitiers se poursuit. Le recours à des fourrages énergétiques (ensilage de maïs) complétés par des

concentrés achetés riches en protéines permet d’assurer cette augmentation de volume cherchée.

Sur les surfaces difficilement exploitables en maïs et prairies de fauche (Collines du flysch aux vallées

étroites et fonds humides ; cf. point 3.2.3), ceux qui ont peu eu la possibilité d’intensifier la

production en fourrage par manque de terres cultivables ne peuvent se maintenir face au niveau de

production des autres et abandonnent les vaches laitières. Ils se reconvertissent aux vaches

allaitantes, système d’élevage qui permet de maintenir un troupeau sur des prairies de fond de

0

10

20

30

40

50

60

1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

64086 - Ayherre

64147 - Briscous

64256 - Hasparren

64259 - Hélette

64289 - La Bastide-Clairence64364 - Macaye

64377 - Mendionde

64476 - Saint-Esteben

source: RA 1970,1977,2000,2010

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vallées humides et les pentes. La transition, pour eux, ne demande pas d’investissement car les

bâtiments sont réutilisés. Les veaux sont vendus aux maquignons pour être engraissés ailleurs.

La France entière suit la même évolution et dans ce schéma ambiant soutenu par les conseils des

organismes entourant la profession agricole, une nouvelle génération d’éleveurs basques s’organise.

Conscients que le Pays Basque n’a pas les outils pour entrer en compétition avec le modèle breton

sur les vaches laitières ou le modèle aveyronnais en brebis laitière, ils ne se retrouvent pas dans cette

logique d’augmentation des volumes et d’intégration des producteurs aux entreprises de

transformation nationales. Leurs revendications prendront formes dès 1982 par la création d’un

nouveau syndicat agricole qui se sépare de la FDSEA, le syndicat ELB, afin de doter le Pays Basque de

structures qui correspondent à la réalité spécifique de leur territoire. Cette volonté de relocalisation

d’une agriculture basque et de contrôle des filières se concrétisent en premier lieu, en 1981 par la

fondation d’une AOP en fromage de brebis : l’Ossau-Iraty. Devant la mainmise de Bongrain

(fromagerie des chaumes) et Roquefort (pyrénéesfrom) sur la collecte et la valorisation du lait de

brebis produit sur le territoire, un groupe de producteurs se réunissent pour trouver le moyen

d’éviter que cette richesse (le lait de brebis), produite sur près d’une ferme sur deux du territoire

basque, soit captée, valorisée et commercialisée par des industriels étrangers au territoire. Ils

déterminent un fromage basque traditionnellement confectionné en estive et établissent un cahier

des charges pour l’ancrer dans le territoire en lien avec quelques laiteries qui s’étaient ouvertes

après la rupture avec Roquefort : la fromagerie de Belloc, Berria de Macaye, Agour d’Hélette. La mise

en place de l’AOP se fait très vite grâce au soutien financier des pouvoirs publics. Le premier cahier

des charges d’origine est donc très ouvert et aucune structuration de l’ensemble des acteurs

(syndicat, interprofession, entreprises de transformation) n’est discutée. Ce nouveau débouché offre

cependant aux éleveurs des prix rémunérateurs et des possibilités de gains de productivité qui les

poussent à augmenter les troupeaux et s’intensifier.

L’amélioration de la production, se fait alors par une plus grande participation des éleveurs au

schéma de sélection qui est d’autant plus mis en avant avec cette opportunité de relocalisation de la

production, l’intensification fourragère par le recours à l’ensilage, l’amélioration continu de l’état

sanitaire du troupeau et l’amélioration de la productivité du travail par l’investissement dans des

équipements de traite et d’alimentation plus performants. Le centre ovin d’Ordiarp est fondé en

1983, il est le responsable de la mise en œuvre du programme de sélection des trois races locales

chargé d’augmenter le potentiel laitier des races locales en restants au plus proches des pratiques

traditionnelles : pâture toute l’année, transhumance, etc. Plusieurs éleveurs de la zone rejoignent

ceux qui s’étaient lancés dans le schéma de sélection dès 1976 et diffusent la génétique à travers les

petits béliers qu’ils revendent. La tête rousse, unique race présente sur le territoire d’Hasparren, est

la race qui prend le mieux est le plus rapidement. En effet, les éleveurs de têtes rousses sont

généralement des éleveurs de zones intermédiaires comme celle d’Hasparren, pratiquant la

transhumance sur les landes à proximité et pour lesquels il est plus aisé d’adapter leur calendrier aux

contraintes de l’insémination artificielle. Cependant, il faudra attendre les années 90 pour une

progression du schéma plus généralisée. De la même manière que pour les vaches laitières, les

exploitations qui ont accès à des surfaces facilement cultivables basent leur ration sur l’ensilage de

maïs. Le recours à ce fourrage énergétique complété par des concentrés énergétiques permet

d’exprimer au mieux le potentiel génétique et d’augmenter encore la taille du troupeau ainsi que la

production par brebis sur des surfaces limitées. Le recours au CUMA pour les travaux d’ensilage et

donc aussi de fenaison prend de l’importance et les groupements locaux de partage de matériel se

structurent. Cela n’empêche pas les éleveurs, grâce à la rentabilité offerte par l’augmentation des

prix AOP, d’investir dans leur propre matériel de fenaison afin d’être plus autonome sur leur

stockage de fourrage, élément déterminant pour la production laitière. Ils agrandissent leur surface

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afin de maximiser ces stocks par une nouvelle vague de défrichement. Par la spécialisation (même s’il

garde encore un petit troupeau de vaches allaitantes) et l’agrandissement des troupeaux, le temps

d’astreinte nécessaire au soin des animaux devient un vrai facteur limitant les capacités de

production des exploitations. Les éleveurs y répondent en investissant dans du matériel de traite et

d’alimentation des troupeaux permettant de réaliser plus rapidement des opérations qui prennent

de l’ampleur par le nombre de brebis en croissance.

Jusqu’alors, la zone connait un déclin des exploitations agricoles bien moins élevé que pour

nombre d’autres régions françaises. L’agrandissement des surfaces s’est surtout réalisé par

défrichement des terres non cultivées (figure 17). Les années 80 orientent donc les systèmes de

production vers l’intensification de leur système d’élevage face à de faibles possibilités

d’agrandissement. En vache laitière, cela se traduit par l’uniformisation du mode de production qui

s’affranchit au maximum des aléas du milieu physique (vache en stabulation, mais ensilage

majoritaire, ration constante sur l’année). En brebis laitière, l’apparition d’un marché spécifique de

valorisation de la production conforte la spécialisation déjà en place et soutient une augmentation

de la production sur les exploitations. En bovin comme en ovin, les évolutions engrangées (perte de

complémentarité des ressources, agrandissement des troupeaux, abandon des rotation, …) obligent

les éleveurs à recourir à des achats extérieurs d’aliments concentrés pour équilibrer la ration et

répondre aux besoins des troupeaux en croissance. L’accroissement de la production se traduit par

un poids des consommations intermédiaires et un capital par actif important qui les fragilise par la

perte d’autonomie. La fin des années 80 et début des années 90 vont être des périodes de

reconfiguration des systèmes de productions majoritaires de la zone confrontés à des crises de

surproduction.

Figure 17: Evolution du nombre d'exploitations et de la surface agricole

source : Agreste, RA 1970, 1979, 1988, 2000, 2010

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1970 1979 1988 2000 2010

SAU

(H

a)

Nb

exp

loit

atio

ns

Nombre Exploitations agricoles dans le canton Hasparren

Nb d'exploitations agricoles en France (millier d'exploitations)

SAU moyenne (Ha)

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40

4.3 Entre crise agricoles, modernisation et diversification commerciales et

productives des années 90 à aujourd’hui.

4.3.1 Crises de surproduction, perte de rentabilité économique et diversifications

productive et commerciale : des changements à l’origine de la reconfiguration des

systèmes agricoles des années 90 à 2000. La régulation mise en place par la politique agricole commune sur le lait en 1960 a engrangé une

forte augmentation de la production de lait au-delà des capacités du marché européen et une

explosion des dépenses PAC pour maintenir des prix garantis (Trouvé et al. 2016). Sont donc mis en

place en 1984 des quotas laitiers visant à réguler les volumes de lait produits en Europe pour éviter la

surproduction connue jusqu’alors. Avec la mise en place des quotas laitiers, les moyennes

exploitations n’ayant pas la possibilité d’augmenter leur production mais ayant la main d’œuvre

disponible sur la ferme se retrouvent bloquées. La diversification dans des ateliers à haute valeur

ajoutée alors en expansion et la transformation des produits laitiers sont les moyens de continuer à

vivre du lait de vache (Annexe 5). Les investissements supplémentaires sont peu lourds à supporter

car réalisés progressivement et peu réglementés. Les ateliers secondaires installés sont plutôt des

ateliers peu gourmands en temps de travail et rémunérateurs à l’époque : porcs à l’engraissement et

élevage-gavage de canards. Ces exploitations sont surtout situées sur les flancs des monts ou les

replats sommitaux des crêtes des collines du flysch, deux localisations limitant le potentiel

d’agrandissement des surfaces cultivables par les pentes qu’elles présentent. Les plus petites

exploitations et celles qui avaient conservées un atelier ovin lait abandonnent la vache laitière,

voyant leurs potentialités d’évolution bloquées par l’attribution d’un petit quota, pour se reconvertir

en brebis laitière et bovin allaitant ou bovin allaitant seul. Les exploitations de plus grandes tailles ou

possédant le plus de potentiel cultivable, surtout situées dans les fonds de vallées plates (vallée

d’Arberoue et de la joyeuse) ainsi que sur les collines douces d’entre les monts, profitent alors de la

libération de moyens de production en rachetant les quotas de ceux qui abandonnent.

En ovin lait, les évolutions, dans les systèmes de production, ont été principalement tournées vers

l’amélioration du système fourrager. En revanche, les travaux d’améliorations initiés par le centre ovin

et les pratiques d’inséminations n’ont pris que dans une toute petite proportion des exploitations, de

telles sortent que la tête rousse n’a pas encore connu de grandes évolutions de ces capacités

productives. Face à cela, et poussés par une politique de races exogènes de la laiterie des chaumes,

certains préfèrent importer d’Aveyron des troupeaux de Lacaune pour lesquelles l’amélioration

génétique est poussée, qu’ils gardent en bergerie et nourrissent par des stocks de fourrage et

concentrés internes et achetés. La production de ces troupeaux est bien plus importante et fait

concurrence à la Manech. La pression est d’autant plus forte sur le centre ovin qui souhaite montrer

qu’il est possible de vivre économiquement avec les races locales en développant le potentiel de

production des animaux mais en conservant les pratiques. Dans le même temps, En 1991, l’AOP

connait une crise, un bras de fer s’installe entre les industriels et les éleveurs autour de la discussion

sur les prix. Sous prétexte de risque de surproduction les laiteries veulent diminuer les prix payés aux

producteurs. Les années 90 sont aussi les années de libéralisation des marchés et uniformisations des

normes européennes pour les exploitations agricoles. Ces évènements qui surviennent en suivant

d’une envolée des couts de production (hausse des prix du pétrole en 1990-1991 après l’invasion

irakienne du Koweït) finissent d’instaurer un climat de tension au sein de l’Interprofession et la

nécessité de repenser l’AOP. De nombreux débats se mettent en place au sein de l’interprofession

entre ceux qui souhaitent resserrer le cahier des charges afin d’éviter les dérives productivistes de

l’appellation et ceux qui tirent vers un mode de production cohérent avec les tendances

d’intensification qui ont eu lieu sur la zone. Le cahier des charges est finalement révisé pour une mise

en application en 2007. Il prévoit une restriction de l’AOP aux 3 races locale, les Manech têtes rousses

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et têtes noires ainsi que la basco béarnaise, une limitation de la production à 300litres par brebis et

280Kg de matière sèche par brebis d'achats extérieurs autorisés. Il anticipe un arrêt complet des

fourrages fermentés pour 2018. Ce passage de crise participe à convaincre certains de se détacher du

système de livraison en laiterie pour une plus grande autonomie de décision. Une première vague de

fermiers profitent du débouché offert par l’AOP et suivent les précurseurs de la transformation

fermière sur la zone qui s’étaient lancés dans fabrication de la tomme dans les année 70. D’un autre

côté, les travaux d’amélioration prennent de l’ampleur sur la tête rousse. Favorisés par les politiques

de relance ovine, ils permettent de dépasser les 100 l/brebis pour les précurseurs alors que la

production plafonnait à 60l/brebis pour les autres. Cela suffit à convaincre nombre d’éleveurs qui

s’associent alors au centre ovin et commencent à pratiquer l’insémination.

Cette crise au sein de l’AOP traduit cependant une séparation plus généralisée au sein des

éleveurs du Pays basque. D’un côté, des exploitations qui continuent à fonctionner en lien avec les

industries transformatrices de fromages AOP et non AOP. Le prix garanti par l’AOP leur permet de

continuer à se moderniser afin d’avoir un outil fonctionnel qui leur permettent de dépasser les

limites imposées par le temps de travail. Ils renouvèlent le matériel de fenaison, automatisent la

récolte et la distribution des fourrages, améliorent les troupeaux sur des critères de productivité et

qualité du lait. Ils agrandissent encore leur troupeau et les surfaces fourragère par une nouvelle

vague de défrichement et arrêtent la transhumance pour contrôler l’état sanitaire des bêtes et

l’adaptation de l’alimentation aux objectifs de production. L’externalisation de certaines taches

agricoles, comme les opérations culturales par les CUMA et entrepreneurs, leur permettent de

spécialiser le capital d’exploitation dans les opérations d’élevage et d’accroitre la limite maximale de

nombre de brebis par actif. Par ces évolutions, les exploitations perdent leur autonomie alimentaire

et se voient obligées d’aller acheter de la luzerne en bouchon de Champagne puis, plus tard du foin

de luzerne en Espagne ainsi que la majorité de leur concentrés (tourteau, pulpe de betterave,

aliments complets) pour compléter les rations. D’un autre côté, dans la mouvance d’autonomisation

et relocalisation de l’agriculture du pays basque, des exploitations qui décident de s’écarter des voies

de commercialisation conventionnelles qu’ils considèrent non adaptées à leurs structures, à la

recherche d’une meilleure valeur ajoutée à leurs produits. Ces éleveurs mutualisent leurs forces, en

réponse notamment à l’unification des normes aux normes européennes en 1992, par la création

d’un réseau de 13 associations : la fédération arrapitz (renouveau en basque). Ces structures sont

elles même nées conjointement, dans différentes zones du Pays Basque, pour répondre à la

demande des agriculteurs de continuer sur une agriculture qualitative face aux incitations à produire

et d’avoir des organismes gérés par les producteurs eux même. Ils considèrent que la spécificité de

leurs exploitations basques n’est pas prise en compte par les organismes de développement agricole

départementaux avec lesquels ils sont en conflits sur le modèle à favoriser pour leur territoire.

De manière générale, la mise en place en 1992 des primes compensatoires ovines au nombre de

têtes sans plafonnement a incité d’autant plus à l’agrandissement des troupeaux, participant à la

perte d’autonomie des exploitations. La prime allaitante sans condition pousse également à garder

les blondes. On observe alors, avec les abandons en vaches laitière, une spécialisation encore plus

étroite de la zone qui présente majoritairement des systèmes intensifiés de type ovin lait ou bovin

allaitant ou ovin lait+bovin allaitant (Annexe 5). Ces exploitations continuent à intensifier leur système

fourrager et à tendre vers une modernisation de leur exploitation. L’émulation autour des CUMA

s’accentue. En 1998, la mise en place des ICHN plafonne cependant le chargement à 1,7 UGB/ha pour

le premier palier et 2,3 UGB/ha pour le deuxième. Les sommes accordées sont suffisamment

importantes pour inciter les producteurs à ne pas surcharger leurs surfaces et continuer à entretenir

les fougeraies qu’ils déclarent en zones pâturées. Les aides à l’investissement en bâtiments accordés

par le classement des communes en zone de montagne (montants allant de 40 à 50% de

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l’investissement) permettent aux exploitations qui ont accumulées assez de capital pour investir

d’améliorer leurs outils de production par des équipements de traite, alimentation, … plus

performants. La politique agricole, par ces dernières mesures, tend alors à renforcer les inégalités

entre les exploitations en permettant à ceux qui ont la capacité d’investir, de continuer à investir. Ce

sont les exploitations les moins bien équipées et les moins productives (par leur nombre de brebis et

le manque d’équipements performants), qui n’ont donc pas pu réinvestir, qui sont les moins

subventionnées (Mazoyer 1982) et celles qui ont pu agrandir le troupeau le plus tôt et atteindre une

valeur ajoutée leur permettant d’investir donc d’augmenter la productivité de leur travail qui

bénéficieront des crédits préférentiels et subventions à la production les plus importants.

4.3.2 Processus de concentration-élimination (Mazoyer 1982) dans un contexte mondial

d’instabilités et poursuite de l’augmentation de la production en filière protégée

depuis les année 2000. Au cours des années 90, les abandons en vache laitières n’ont cessé de s’accentuer. Pour les

exploitations qui ont pu se maintenir, Cela se traduit par des opportunités d’agrandissement grâce

aux terres libérées par les voisins. Celles-ci continuent à investir dans des équipements améliorant les

conditions de travail par des recours aux Plans d’Amélioration Matériel afin de faciliter l’astreinte qui

augmente du fait de l’augmentation des troupeaux. Pour les éleveurs passés en bovin lait et atelier

secondaire, très rapidement, les deux filières concernées (canard et porc) se transforment en filières

intégrées, contrôlées par les acheteurs-transformateurs. Pour certains c’est l’opportunité d’une

simplification encore plus poussée du travail sur le deuxième atelier. D’autres s’en écartent pour

transformer une partie eux même (profitant de la vague de transformation survenu un peu plus tôt)

et vendre dans les circuits longs ce qu’ils n’arrivaient pas à écouler en direct. La zone, comme partout

a connu une concentration des opérateurs de collecte en très peu de temps. Les nombreux

collecteurs répartis sur l’ensemble du pays basque ont rapidement laissé place à des structures

souvent nationales. La majorité des éleveurs sont collectés par danone, sodiaal et onetik. Ce

glissement du local au national entraine la mise en concurrence des systèmes basques avec ceux des

autres régions de France et la diminution du nombre de structure déséquilibre le rapport de force au

sein de la filière. Déséquilibre accéléré à partir des années 2004 par la diminution des prix garantis

puis l’augmentation des quotas à partir de 2006-2007. L’augmentation du prix d’achat des engrais et

carburants (figure 18) à partir des années 2008 jusque 2013, se fait alors d’autant plus sentir qu’ils

ont gardés des surfaces en maïs bien plus importantes, que les vaches sont souvent maintenues à

l’intérieur et que la ration est constituée d’une quantité importante d’achats extérieurs. En 2014,

dans un contexte instable d’augmentation de la production européenne en prévision de l’arrêt des

quotas et de l’augmentation de la demande mondiale, les éleveurs se prennent de plein fouet

l’embargo russe et la baisse des importations chinoises qui provoque une rapide dégringolade des

prix payés du lait. A la fin des quotas de 2015, les systèmes bovin laitier ont déjà connu une érosion

certaine de leur revenu par des pertes de valeur de production considérables et n’ont aucune

visibilité sur l’avenir. Les fermes disposant de main d’œuvre installent un ou plusieurs ateliers

complémentaires de productions relocalisées (porc basque AOP, chèvres livrées en laiterie locale,

poules pondeuses en vente directe) ou à fort potentiel par la qualité que le produit représente

(canard gras) pour faire face à la volatilité des prix et aux problèmes de rentabilité rencontrés. Celles

qui ne disposent pas de main d’œuvre familiale cherchent à améliorer la productivité du travail sur

l’exploitation en augmentant la production tout en simplifiant le travail par l’abandon de tout atelier

complémentaire et l’augmentation du troupeau. D’autre encore sont forcés d’arrêter et sortent de la

profession agricole. La projection d’un système de prix garantis dans lequel les exploitations se sont

construites à un contexte de commerce mondial marqué par la volatilité entraine un accroissement

supplémentaire des inégalités qui existaient initialement entre les différentes exploitations. Tous

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sont soumis aux mêmes incertitudes face à la volatilité de l’amont et l’aval mais seuls ceux qui ont eu

l’opportunité de s’agrandir sur des surfaces facilement cultivables, leur permettant de rester

compétitifs face à la concurrence des autres régions, se maintiennent en bovin spécialisé. Ceux qui

ont accumulés assez de capital pour investir ou acquis une résilience face aux variations des marchés

se maintiennent, les autres sont éliminés et la production se concentre au sein d’un nombre de plus

en plus réduit d’éleveurs.

Figure 18: indice de prix d'achat des intrants agricoles

Pour les ovins, en 2003, le découplage des aides et donc la perte de la prime maïs vient soutenir la

décision d’arrêt d’ensilage pour les exploitations en AOP. La mise en culture du maïs coute cher pour

des rendements très aléatoires selon les aléas climatiques et passages de sangliers. Les systèmes en

ovin lait et bovin allaitant qui avaient souvent peu d’hectares en maïs préfèrent abandonner ou

diminuer la culture et passer les terres de maïs en herbe. A partir des années 2007-2008, Le prix de

l’AOP continue à progresser mais avec une allure bien plus lente que la progression des prix d’achat

des moyens de production agricole (figure 18, annexe évolution des prix agricoles). Le prix des agneaux

et des réformes a dégringolé également depuis le début des années 2000 affectant une partie du

revenu agricole. Face à cette perte de rentabilité, trois stratégies se distinguent sur les exploitations

en ovins.

• Celles qui prennent part au schéma de sélection génétique à travers une participation au

control officiel pour essayer d’atteindre un niveau de production par brebis supérieur et

l’accompagne d’un raisonnement de la ration adapté afin d’obtenir quantité et qualité du lait.

La participation au control officiel leur permet de mieux valoriser une partie de leurs agneaux

qui seront cédés au centre ovin ou vendus comme reproducteurs à d’autres éleveurs.

• Celles qui se dirigent vers une démarche de diminution des intrants et achats extérieurs pour

limiter les charges. Ils abandonnent progressivement les produits de traitements des prairies

et engrais de synthèse, limitent les achats d’aliments complets et concentrés ainsi que le

recours aux engrais chimiques. La reproduction se fait souvent par lutte naturelle grâce à des

béliers achetés chez adhérents au centre ovin. Ces éleveurs prennent plus facilement la voie

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de la valorisation en produits BIO à travers l’association BLE-Biharko Lurraren Elkartea (pour la

terre de demain) crée en 1995, ou encore passent par de nouvelles laiteries valorisant la

qualité et rémunérant au prix de revient comme la laiterie des bergers de St Michel.

• Celles qui se lancent dans la transformation fermière. La même recherche de valorisation face

à l’augmentation des charges se traduit chez les plus petites structures avec main d’œuvre

disponible (installation d’une épouse ou arrivé d’un fils) sur l’exploitation par la mise en place

d’un atelier de transformation qui concerne la plupart du temps 100% de la production. La

commercialisation se fait en vente directe et grâce à des réseaux de circuits courts tels que les

AMAP, magasins de producteurs, foires et marchés, restaurateurs, etc. Ces systèmes impliqués

dans la transformation suivent, après la mise en place de l’atelier, souvent une démarche de

diminution des intrants et achats extérieurs en allant pour certains jusqu’à la valorisation en

BIO ou pratiques de transhumance en Hautes Pyrénées. Les brebis ne sont pas poussées aux

plus hauts litrages pour diminuer le travail de transformation, les pratiques d’agnelage à 2 ans

se développent également pour valoriser les ressources plus lointaines et diminuer le travail

d’entretien.

De manière générale, les systèmes ovins, intensifs en travail, sur de petites surfaces et frappés par

le manque de main d’œuvre disponible, augmentent rapidement leur recours aux CUMA jusqu’à

chercher les prestations complètes pour certains. Ils favorisent, grâce aux suppléments accordés par

le fait d’être en démarche AOP aux aides investissement en bâtiment des zones de montagne, la

recherche d’installation améliorant les conditions de travail (salle de traites plus performantes,

systèmes de détection automatique pour le suivi des brebis, labyrinthes et broyeurs pour la gestion

des effluents, …) plutôt que l’investissement en matériel. Avec la révision des conditions de la prime

allaitante en 2015, les exploitations sur plus petites surfaces, n’atteignant pas une production bovine

suffisante (contrainte exigée de 0,8 veau par vache sur les 15 mois) ou possédant des troupeaux

inférieur à 15 vaches, abandonnent le troupeau bovin par soucis d’économie de travail et d’autonomie

fourragère. De manière globale, avec les progrès génétiques, l’augmentation de la production par

troupeau, l’augmentation des troupeaux par exploitation, la croissance des ventes de fromages en

fermiers, les progrès de la campagne de communication sur les tommes laitières et fermières d’Ossau-

Iraty, la croissance importante de l’affluence touristique sur la zone et des métiers de la restauration,

la production de lait conforme au cahier des charges Ossau-Iraty augmente plus rapidement que les

années précédentes.

Pour les bovins allaitants, l’augmentation des couts de production pour des prix du broutard qui

n’augmentent pas et une reprise des veaux à un stade plus avancé par les maquignons (250 kg

aujourd’hui pour 140-150 Kg avant) oblige les éleveurs concernés à trouver d’autres façons de valoriser

leur production. Certains se lancent dans la vente de reproducteurs et participation à des concours

tandis que d’autres tentent de commercialiser la majorité de leur production par vente directe en

caissette. D’autres encore installent un atelier complémentaire comme l’élevage de chevaux pour la

commercialisation de la viande en Italie, la mise en place de bâtiments de gavage de canards, plus

récemment l’installation d’atelier de poules pondeuses pour la vente directe. De la même manière

qu’en bovin lait, beaucoup abandonnent d’activité devant la conjoncture défavorable ou maintiennent

l’activité agricole à côté d’une activité professionnelle extérieure (Annexe 5).

Les années 2000 ont donc été marquées par une dérégulation du contexte économique et une

volatilité amont comme aval à l’origine de la fragilisation des systèmes de production intensifiés de

la zone d’étude. Ces évolutions de contexte donnent place, en ovin comme en bovin, à des

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différenciations entre exploitations sur les logiques de fonctionnement technico-économiques

aboutissent à une diversification productive (introduction ou réintroduction de nouvelles productions)

et commerciale (diversification des voies de commercialisation développées sur le territoire) qui vont

demander une réorganisation du travail sur l’exploitation dans un contexte de diminution de la main

d’œuvre.

4.3.3 Autonomie et Valorisation : deux réponses aux problématiques de charge de travail et

charges d’exploitation des systèmes actuels. Les transformations historiques qui ont marqué les systèmes de production et modifié le

paysage par défrichement, agrandissement des terres, spécialisation, augmentation des troupeaux par

exploitation, abandon des céréales et autres cultures, … ont contribué à la perte de complémentarité

des ressources telles qu’elle était pratiquée dans le système des années 50 (point 4.1.2, figure 19,

annexe 4). Le développement au cours du temps de mode de conduites dépendants d’achats

alimentaires extérieurs et d’intrants pour l’entretien des surfaces cultivées positionnent les éleveurs

dans un contexte économique d’approvisionnement instable.

Figure 19: schéma récapitulatif des flux de fertilité et de l’usage des ressources de l’exploitation

L’augmentation des couts de l’aliments et des intrants sur les années 2010-2013 a participé au

grignotage de la valeur ajoutée crée sur les systèmes d’élevage. D’un autre côté, quel que soit la

production, à l’exception faite des petits ateliers complémentaires prometteurs (porc basque, chèvre,

poules pondeuse, …), l’évolution des débouchés actuels semblent imprévisible. En bovin lait, La fin

définitive des quotas et les difficultés de discussion au sein des OP sur la mise en place des contrats

avec l’aval n’apportent aucune visibilité sur l’avenir. En bovin allaitant, la diminution de la

consommation de viande suite aux discours de plus en plus présents des méfaits environnementaux,

sanitaires des produits carnés se fait ressentir. La crise sanitaire désastreuse pour la filière palmipède

en développement ne permet plus de compter sur cet atelier complémentaire comme source de

revenu supplémentaire. En ovin lait, l’alignement de la filière lait de brebis au paquet lait de 2012

implique l’interdiction de la fixation des prix dans les interprofessions agricoles. L’évocation même

d’un prix minimum conseillé peut être sanctionné. L’interprofession se charge juste de donner une

grille qualité indicatrice que les entreprises de transformation peuvent s’approprier ou rejeter et les

prix sont fixés par chaque entreprises indépendamment les unes des autres, par discussion avec leurs

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OP, selon leur politiques et les proportions d’AOP transformé par rapport aux dérivés. La refonte du

système d’organisation du bassin roquefort engendre des inquiétudes sur la concurrence future

potentielles. Les exploitations se tournent vers la recherche d’autonomie par rapport aux achats

extérieurs et/ou de valorisation des produits commercialisés pour conserver leur rentabilité. La

recherche d’autonomie se concrétise par une modification de la conduite des troupeaux comme le

passage à l’herbe dans les systèmes bovin laitiers, la mise en culture de quelques hectares de luzerne

en ovin lait, l’abandon des engrais de synthèse et produit de traitement des produits, le partage de

matériel, le travail génétique sur la valorisation des fourrages et la résistance aux parasites,

l’adaptation plus fine des rations à chaque brebis. La valorisation se fait par une relocalisation d’une

partie de la production en implantant un atelier secondaire commercialisé sur des marchés locaux :

chèvres laitières, porc basque, poules pondeuses en vente directe, le passage en transformation et

vente directe afin de capter au maximum la valeur ajoutée crée sur l’exploitation, la valorisation par le

BIO ou la commercialisation en lait cru…

Cependant, ces mêmes systèmes connaissent également les limites imposées par le manque de

main d’œuvre sur les exploitations. Par rapport à la génération précédente où les actifs agricoles

étaient souvent 2 sur la ferme, les exploitations actuelles reposent souvent sur un seul actif familial

aidé par les parents en retraite. La mise en place des solutions abordées précédemment reste alors

compliquée pour ces structures d’un actif. Le meilleur moyen de capter au maximum la valeur ajoutée

créée reste d’aller le plus loin possible dans la commercialisation mais seuls les GAEC et exploitants

installés en couple peuvent assurer la mise en place d’ateliers supplémentaires en vente directe ou de

transformation. De manière générale, ces recherches d’autonomie et de valorisation requiert temps

et savoir-faire spécifique. Temps car ils nécessitent d’aller plus loin dans les processus de production

(engraissement, transformation, commercialisation, entretien des cultures implantées, récoltes…) et

savoir-faire car ils impliquent des changements de pratiques (passage à l’herbe, culture de luzerne,

savoir-faire fromager, gestion de la reproduction, observation des troupeaux, …). Pour résoudre ce

conflit entre temps et valorisation/autonomie, les agriculteurs se tournent vers l’action collective à

travers la mise en place de points de vente ou ateliers de transformation collectifs, les CUMA, le respect

d’un schéma de sélection, et la construction commune d’un savoir spécifique qui leur permet

d’accélérer la création de connaissances par les groupes d’échanges d’expérience, les formations sur

exploitations, la participation aux mêmes organismes de développement, … Ils s’entourent d’un

maillage dense d’organismes (AFOCG, CCDEO, BLE, IDOKI, CA, EHLG, …) qui leur permettent de

construire ce savoir-faire et de partager leurs moyens de production et de commercialisation. Le

développement d’un réseau dynamique de circuit court et vente directe à travers les points de vente

collectifs, les AMAP, permet la mise en place d’ateliers de diversification et l’installation d’hors cadre

familiaux qui répondent à une demande croissante en biens alimentaires diversifiés de la côte basque

et du pôle urbain d’Hasparren en expansion.

La dérégulation évoquée précédemment et les incertitudes sur l’évolution des marchés amont

et aval poussent à une recherche d’autonomie sur les exploitations agricoles et de meilleure

valorisation des produits. Ces évolutions s’accompagnent d’un recours important à l’action collective

qui permet alors de diminuer le poids des investissements nécessaires aux diversifications et la charge

de travail imposées par ces modifications des systèmes.

5 Une diversification récente aboutissant sur une diversité très liée à

la taille des exploitations et leur localisation. Dans cette partie nous essaierons de caractériser la diversité actuelle des systèmes de production

issus de la différenciation historique évoquée précédemment. Cette caractérisation passera par une

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description des logiques technico-économiques de fonctionnement de chacun des systèmes ainsi que

leurs résultats économiques pour la collectivité et les agriculteurs eux-mêmes.

Comme explicité dans les points 3 et 4, les contraintes et opportunités héritées du milieu physique

et les évolutions historiques du contexte socio-économiques et technique ont entrainé une certaine

différenciation qui se traduit aujourd’hui par une diversité des systèmes de production selon la taille

des exploitations et leur localisation. Les trajectoires historiques, la localisation et l’accès aux

différentes ressources, la taille des exploitations ont été des facteurs déterminants dans l’adoption de

logiques technico-économiques différentes. On trouve donc sur le territoire étudié des exploitations

qui se différencient par la production, le nombre d’actifs présents, leur taille, leur logique de

production, leur localisation et que nous les avons regroupés en 10 types et sous-types :

➢ Un groupe d’exploitations en système ovin laitier majoritaire dans lequel se trouvent

o Un type d’exploitations spécialisées en ovin laitier, surtout situées sur les collines

d’entre-le-monts et la vallée d’Arberoue, sur des surfaces inférieures à 30 ha pour

1 actif, qui se subdivisent, par leur logique de fonctionnement, en :

▪ Un sous-type d’exploitations livrant le lait en laiterie sous des critères AOP

standards.

▪ Un sous-type d’exploitations livrant le lait en laiterie sous des critères AOP

différentiés (BIO, Lait cru).

o Un type d’exploitations en ovin laitier et bovin allaitant (atelier complémentaire),

livrant le lait de brebis en laiterie sous critère AOP qui regroupe :

▪ De grandes exploitations de superficie supérieure à 40 ha pour 1 ou 2

actifs. Elles sont surtout présentes sur les collines du flysch où

historiquement il a été plus facile d’agrandir les surfaces.

▪ De moyennes exploitations de superficie inférieure à 35 ha pour 1 actif.

Elles sont souvent présentes sur les versants de la vallée d’Arberoue ou

les flancs des monts.

➢ Un groupe d’exploitations en système bovin laitier majoritaire en livraison laiterie dans

lequel se trouvent :

o Un type d’exploitations spécialisées en bovins laitier, sur des surfaces supérieures

à 40 ha pour 1 actif. Situées sur le fond plat des vallées larges (Arberoue et

Joyeuse) ou les collines douces d’entre les monts.

o Un type d’exploitations en bovin laitier mixtes, récemment diversifiées ou

diversifiées depuis la mise en place des quotas, sur des surfaces supérieures à 40

ha pour plus de 2 actifs. Situées sur les replats sommitaux des collines du flysch de

la bastide ou au pied des monts.

➢ De grandes exploitations en bovin allaitant sur plus de 40 ha pour 1 actif, généralement

situées sur les collines du flysch où il a été possible d’agrandir la surface totale mais difficile

d’implanter des parcelles en maïs donc de se spécialiser en production laitière.

➢ Un type d’exploitations en transformation fermière, à 2 actifs sur des surfaces inférieures

à 30 ha des flancs des monts et des versants, regroupant

o Des exploitations en transformation de lait de vache

o Des exploitations en transformation de lait de brebis

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➢ Les installations très récentes d’hors cadres familiaux. Installés sur de très petites surfaces

à 2 actifs, orientés vers des productions à très forte productivité de la terre : maraichage,

arboriculture.

5.1 Systèmes ovins laitiers et différenciation de logiques technico-économiques de

fonctionnement. Les systèmes ovins laitiers regroupent toutes les exploitations ayant un atelier ovin laitier

majoritaire et prioritaire, qui construisent donc l’organisation de l’exploitation en fonction de ce

troupeau ovin. Il s’agit des exploitations spécialisées en ovin laitier pour la livraison en laiterie ainsi

que des exploitations qui ont gardé un troupeau de vaches allaitantes avec le troupeau ovin. Par la

taille différente des exploitations, ce groupe rassemble 2 types que sont les ovins lait spécialisés sur

les plus petites superficies et les ovin lait + bovin allaitant sur de moyennes à grandes surfaces. Par leur

localisation et leur historique, ces 2 types se subdivisent eux même en deux sous types qui traduisent

deux logiques de fonctionnement différentes. Ces sous types se sont différencié face aux évolutions

socio-économiques et la perte de rentabilité en AOP Ossau-Iraty évoqués précédemment (point 4.3.2)

dans une recherche d’une plus grande autonomie. Les différences de logiques technico-économiques

mises en œuvre ont et auront des conséquences sur les enjeux que chacun des sous types doivent

affronter et sur les évolutions en cours ou futures, par interactions entre eux, de ces modes de

production (explicité en dernière partie). Nous traiterons donc d’abord des points de fonctionnement

communs puis détaillerons des différenciations entre les sous types de logiques technico-économique

différentes (sur le cas des ovins spécialisés) et des spécificités des ovins avec troupeau bovin allaitant

pour enfin évaluer l’influence de ces divergences sur les niveaux d’autonomies et les résultats

économiques.

5.1.1 Eléments communs d’organisation de la conduite du troupeau ovin laitier Les brebis sont des brebis de race Manech Tête rousse. La reproduction se fait soit par

insémination sur une partie du troupeau et lutte naturelle, soit par lutte naturelle uniquement. Ceux

qui ont recours à l’insémination sont souvent ceux qui sont inscrits au contrôle officiel et ont obligation

d’inséminer au moins 40% de leur troupeau. Ils profitent par ce biais des progrès génétiques du centre

ovin qui, par l’action collective permet des avancées plus rapides sur le schéma de sélection.

L’insémination leur permet de grouper les agnelages et d’avoir assez d’agneaux avant fin décembre

pour, d’une part pouvoir les valoriser en agneaux de noël, et d’autre part commencer la traite dès

décembre avec des volumes conséquents. Le groupage permet également d’éviter la surcharge de

travail en janvier et février lorsque la traite commence et que le temps d’astreinte est important. En

effet, dans ce cas, la concentration des agnelages se fait en novembre et décembre, période où le

travail de saison est terminé et les éleveurs peuvent ne se consacrer qu’à cela. Ceux qui ne

fonctionnent qu’en lutte naturelle recherchent au contraire à limiter les jumeaux et le groupage des

naissances. N’étant pas au contrôle laitier officiel, l’étalement des naissances leur permet d’avoir un

meilleur suivi des agneaux et des lignées.

La totalité des agnelles de renouvellement sont issus des agneaux nés sur l’exploitation. Elles

sont mises à la reproduction à 8 mois ou 19 mois. La reproduction à 19 mois permet, de diminuer le

travail de suivi des agnelles pendant la période de lactation et d’entretenir des parcelles éloignées, peu

pratiques pour le pâturage du troupeau en lactation. Sur ces prairies acquises trop loin du siège ou

trop pentues pour être fauchées, les agnelles y rejoignent les brebis vides à partir du mois de mars et

y restent jusqu’à être saillies ou inséminées l’année d’après.

La période de reproduction commence début juin pour les brebis en insémination, juillet pour

les agnelles ou antenaises. Les retours sont assurés par des béliers manech provenant de l’exploitation

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ou achetés (au centre ovin ou autres éleveurs) et renouvelés tous les 3 ans pour la consanguinité.

Certains, par recherche de meilleurs prix payés à la vente des agneaux (vendus plus chers lorsqu’ils

sont croisés) achètent quelques béliers de race à viande pour saillir les brebis à partir de fin aout. Les

filles croisées ne servant pas au renouvellement, ils peuvent garder ces béliers jusqu’à 7-8 ans puis les

revendre en réforme. Les béliers sont retirés fin novembre-début décembre au plus tard pour éviter

d’avoir des agneaux après le 1er avril. Les mises bas commencent début novembre. Après une période

d’allaitement de 3 à 4 semaine, les brebis sont mises à la traite début décembre et la période de

lactation s’étend jusqu’à fin juillet voire mi-aout à fin aout pour ceux qui sont collectés par la laiterie

des chaumes pour laquelle la collecte s’arrête au 31 aout.

Figure 20: calendrier de reproduction du troupeau ovin

5.1.2 Fonctionnement commun des systèmes de culture associes La sole des exploitations est constituée de prairies principalement, de parcelles cultivées en

céréales et d’une superficie variable de « landes », des fougeraies exploitées pour la litière. La majorité

en est conservée en prairie permanente. Sur les terres labourables, sont implantées des prairies

temporaires renouvelées tous les 5-7 ans ainsi que 5 à 15% de surfaces cultivées en maïs grain,

ensilage, méteil ou luzerne. Certaines exploitations ont fait le choix de tout laisser en herbe et

d’acheter les concentrés et fourrages complémentaires à l’extérieur. Les proportions consacrées à

chaque culture varient selon la localisation des exploitations et leur positionnement dans la pente. Les

prairies permanentes sont laissées sur les surfaces les plus pauvres et les plus difficilement exploitables

(terrains trop en pente, caillouteux ou à sols peu profonds). Les plus pentues ne sont pas fauchées

mais juste pâturées et broyées pour l’entretien. Sur les collines du flysch par exemple, les parcelles en

pentes sont compliquées à faucher. Les sols peu structurés forment une croute de battance en

condition sèche qui fait des parcelles pentues des terrains très glissants. En condition humide, la terre

est collante l’herbe s’arrache par passage des tracteurs. Les fenêtres profitables pour la réalisation de

la fenaison sont donc d’autant plus réduites et celles-ci seront généralement gardées pour la pâture.

Les autres peuvent être fauchées de 1 à 2 fois l’année entre juin et aout. Les prairies temporaires sont

situées sur les zones les plus plates et les sols les plus faciles à travailler (crêtes des collines du Flysch,

bas des versants de vallées plates et des flancs des monts). Elles sont fauchées de 2 à 3 fois selon les

conditions climatiques de l’année. En fonction de leur éloignement au siège d’exploitation, certaines

sont pâturées toutes l’année, d’autres uniquement pâturées entre aout et novembre après que les

stocks fourragers y aient été faits et une fois que les brebis ne sont plus en lactation.

Toutes les prairies sont amendées au printemps et/ou en automne avec du fumier composté à

10-20T/ha et celles qui sont fauchées, généralement fertilisées avant la fauche par de l’urée. Les

parcelles les plus pentues reçoivent de l’engrais de synthèse pulvérisé par l’impossibilité d’y épandre

le fumier. La fauche donne un rendement de 4 Tonnes de Matière sèche en moyenne sur la première

coupe et 1,5 à 2 Tonnes de Matière sèche en deuxième coupe. Sur les flancs de l’Ursuya et du Baïgurra,

les rendements de fauche sont très dépendants des conditions climatiques avant fauche. La grêle et le

vent couchent l’herbe qui devient alors très difficile à récolter. La sécheresse vient également jouer

sur les terres les plus hautes à rétention hydrique faible (point 3.2.3) et affecte de manière importante

les rendements. Pour les exploitations concernées, la solution se trouve alors par l’achat d’herbe sur

nov dec janv fev mars avr mai juin juillet aout sept oct

lutte sufolk <10 dec 5 et 10 juin IA+lutte bélier viande

brebis groupé: 250 avant mi dec

antenaises lutte manech jusque aout puis lutte belier viande

mi dec fin juillet

mise bas reproduction lactation

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pied auprès de propriétaires qui n’exploitent plus leurs terres dans les zones de déprise agricole

(proximité d’Hasparren, commune de Briscous) ou la réalisation des travaux de fenaison chez des

voisins âgés sans suite avec partage de la récolte.

De manière générale, les différentes exploitations essaient de ne pas forcer le renouvellement

pour éviter les problèmes de salissement par les adventices et notamment le rumex. Les semences de

rumex perdurent dans le sol plusieurs dizaines d’années. Il suffit d’un choc physique pour les faire

sortir de dormance. La richesse en matière organique permise par l’amendement de fumier, lessivée

et accumulée dans les horizons profonds est captée par cette mauvaise herbe aux racines profondes

qui peut alors prendre le dessus sur les jeunes prairies semées. Lorsqu’elles sont renouvelées, elles

sont semées en automne, après un travail superficiel du sol. Le travail profond est évité pour ne pas

raviner la terre dans les pentes, diminuer les remontées d'acidité et de cailloux, conserver un horizon

superficiel riche en MO à la surface et gagner du temps de travail.

Le maïs est implanté sur les terrains les plus plats et/ou parcelles planes éloignées du siège

d’exploitation : terres alluviales des fonds plats de petites vallées, crêtes des collines du flysch, bas de

flancs de mont. Les parcelles favorables à sa mise en culture sont assez restreintes car, cultivé sur de

la pente il favorise la formation de rigoles qui ravinent la terre lorsqu’il pleut et autour des rivières

descendant de l’Ursuya, du Baïgurra et des collines du flysch, les contraintes Natura 2000 imposent un

respect des bandes enherbées et les rendements y sont très affectés par les ragondins. Il est donc

souvent cultivé sur les mêmes parcelles, semé après une dérobée suivant le maïs de l’année

précédente. Le semis est réalisé en mai après un labour (nécessaire en terres argileuses) et

amendement par fumier puis fertilisé de nouveau au stade 8 feuilles. Le maïs ensilage est ensilé en

septembre octobre selon la précocité de la variété et permet de stocker 14 Tonnes/ha de matière

sèche de fourrage. Le maïs grain récolté début octobre, donne un rendement de 8 à 9 Tonnes/Ha.

Après les maïs, certains implantent une dérobée de ray-grass ou ray-grass et trèfle en semi direct qui

restera sur place tout l’hiver jusqu’au printemps suivant. Celle-ci est récoltée (enrubannée) ou pâturée

puis enfouie. Devant la grande variabilité des rendements en mais en fonction des conditions de

l’année, des aléas météos des semaines avant récolte, des ravages causés par les ragondins, sangliers,

… ainsi que le cout impliqué par les intrants, les semences, le recours aux entrepreneurs, les éleveurs

réfléchissent cependant à abandonner complétement les surfaces en maïs et à l’acheter.

Figure 21: Itinéraires techniques des différentes cultures

Sur les terres de landes, la fougère est récoltée au roundballeur dans les pentes les plus accessibles et

à la motofaucheuse dans les plus pentues. A l’automne lorsque les feuilles sont bien sèches, elle est

conditionnée en balles et descendues sur le siège de l’exploitation où elle sera utilisée pour la litière

des animaux. Devant le travail que cela représente, le manque de main-d’œuvre sur les exploitations

et le danger que cela engendre, l’exploitation des fougeraies se perd de plus en plus. La nécessité

d’entretien pour pouvoir les déclarer en surface ICHN pousse alors les éleveurs à recourir à l’écobuage.

janv fev mars avr mai juin juillet aout sept octobre nov decembre

Mais Pd/Ed/End

4TMS/haL+H+F

S+starter

200Kg/haN 30 unités

M 8T/ha/En

14TMS/haD+F+Sd

Orge/méteilM 3T/ha

L+H+F 10-

20T/ha

S+starter

200Kg/ha

prairie

P P

F

20T/ha+cha

ulage

P P

C1

4TMS/ha+N

150 kg/ha

C2 2TMS/ha P D+C+S F 10-20T/ha P P

luzerne C1 4TMS/ha C2 4TMS/ha C3 4TMS/ha C4 4TMS/ha (C5 4TMS/ha) D+C+S

L+H Labour+herse M moisson

S semis En ensilage

N fertilisation azoté Cn coupe n

F apport fumier (et/ou lisier) P pature

D+C travail superficiel d dérobé

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5.1.3 Points communs de gestion de l’alimentation du troupeau ovin Les brebis sont nourries avec une ration à base de foin et regain produits sur l’exploitation

complétée par l’achat de foin de luzerne. Pendant la lactation, les fourrages sont complétés par des

concentrés énergétiques et protéiques. A partir de mars-avril, lorsque les ressources herbagères

deviennent abondantes et que la météo permet des temps de pâture plus longs, les concentrés

diminuent jusqu’à atteindre un niveau d’entretien au tarissement. Les brebis sont en pâture toute

l’année avec des temps de sortie qui diminuent en hiver selon les conditions climatiques. En été, elles

sont rentrées la nuit après la traite et sorties le matin après la traite également.

5.1.4 Eléments commun sur la valorisation des produits issus de l’atelier ovin Le lait est commercialisé en laiterie. Toutes les exploitations sont collectées en lait AOP par 3

opérateurs : la laiterie des chaumes à Mauléon (du groupe Bongrain), la fromagerie Onetik à Macaye

(SAS de la coopérative Berria) et la fromagerie Agour de Hélette. Depuis l’interdiction de fixation des

prix au sein de l’interprofession, le lait est payé à un prix oscillant autour de 1095 €/1000l en AOP selon

une grille qualité et de bonifications-pénalités définie par les fromageries. L’écart de prix accordé en

ou hors cahier des charges AOP est également défini au sein de chaque entreprise et évolue de

50€/1000l à 100€/1000l selon les industriels. La valorisation apportée par le débouché AOP est due au

maintien de prix garantis par la labélisation mais aussi à la dynamique rassemblant des acteurs aux

fonctions diverses qui s’est créée autour de l’AOP. Cette dynamique, qui met en réseau

transformateurs, restaurateurs, collectivités territoriales, organismes de sélection génétique,

organismes d’appui aux éleveurs, structures collectives de collecte et mise en commun des moyens de

production a permis la promotion du produit à l’origine de la demande actuelle, l’accompagnement

des éleveurs dans ses performances technico-économiques, la conservation et l’adaptation de

pratiques traditionnelles d’élevage pour la production d’un fromage autant valorisé par sa qualité que

par l’image qu’il véhicule.

Les agneaux sont gardés 20 jours sous la mère et commercialisés le plus rapidement possible par

l’intermédiaire de maquignons qui les prennent à 11-12 kg à 3,5-3,9 €/kg en décembre pour qu’ils

soient envoyés sur le marché espagnol comme agneaux de noël et à 12-14 Kg à 2,5 €/kg en avril pour

le marché français. L’objectif étant la production laitière, ils ne sont jamais trop gardés sur

l’exploitation. Il y a très peu de recherche de valorisation des agneaux autre que dans le circuit

classique. Ceux qui sont au contrôle officiel valorisent cependant certains agneaux par la génétique. Ils

sont diffuseurs des progrès génétiques par les petits béliers qu’ils élèvent puis vendent aux autres

éleveurs.

5.1.5 Eléments commun sur le capital fixe des exploitations La taille de la superficie en herbe est déterminante pour l’investissement en matériels de

fenaison et de préparation du sol. Les exploitations ont d’autant plus tendance à recourir aux CUMA

que leur superficie est petite. Elles s’assurent de pouvoir profiter pleinement des fenêtres météo

favorables pour réaliser la fenaison en gardant en propriété, la plupart du temps, un tracteur de 90 cv

et le petit matériel de fenaison (faucheuse, faneuse, andaineur). Ils ont recours à la CUMA pour le

matériel de travail du sol, implantation et entretien des prairies, roundballer, fertilisation et à

l’entrepreneur pour le semis du maïs et sa récolte. Dans ces exploitations, où le manque de main

d’œuvre peut être problématique, le recours à la prestation complète proposée par certaines CUMA

permet d’abaisser les pics de travail. La CUMA de Mendionde par exemple, qui a ses propres salariés,

propose aux éleveurs de déléguer la fauche et se libérer du temps de travail pour le soin au troupeau.

Ils apprécient le fait d’avoir un matériel performant et entretenu par des ouvriers bien formés. D’autres

CUMA se lancent dans le partage de tracteurs avec chauffeur en option pour laisser plus de liberté à

l’adhérent sur le service complet. Ces services dissuadent également d’investissements dans des

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tracteurs ou autres matériels neufs. Ainsi, les investissements récents sont plutôt tournés vers

l’amélioration des conditions de travail sur la traite (salle de traite plus performante) et les travaux en

bergerie (tapis d’alimentation, pailleuses, bergerie plus fonctionnelle). Ce sont des investissements qui

permettent d’augmenter la productivité directe du troupeau (état du troupeau, rapidité de la traite,

adaptation de l’alimentation) et perdent moins valeur avec le temps. A l’inverse, les investissements

en matériel qui augmentent la productivité du système fourrager donc ne touchent qu’indirectement

à l’amélioration de la production et qui perdent rapidement de la valeur sont délaissés.

Dans un contexte de fenêtres météo compliquées, il est difficilement possible d’augmenter le

nombre de coupes et donc la quantité de fourrage récoltée sans modifier le mode de stockage. Dans

une recherche d’autonomie fourragère, certaines exploitations se tournent donc vers un

investissement en séchage en grange collectif (pour répartir l’importance de l’investissement total) ou

individuel. La mise en place d’un séchoir permet de récolter plus tôt (avril) et plus tard (septembre)

tout en conservant en sec, donc de réaliser plus de coupes par an afin d’augmenter le rendement total

des prairies et d’assurer la valeur alimentaire des fourrages stockés. Cet investissement offre

également un moyen de récolte en sec de la luzerne et des prairies multi espèces, donc de dépasser le

principal frein à l’implantation de légumineuses dans les mélanges de prairies et/ou l’intégration de

luzerne sur l’exploitation afin d’atteindre une meilleure autonomie protéique.

5.1.6 Eléments communs déterminants pour les résultats économiques Comme nous allons le voir dans le détail des types et sous-types, les systèmes ovins sont des

systèmes créateurs de richesse pour la collectivité grâce à la rentabilité offerte par l’organisation de

l’AOP, les performances techniques acquises avec le soutien des organismes d’accompagnement et

l’appui financier des collectivités territoriales. Cependant, il est important de garder à l’esprit qu’une

partie de cette richesse créée est due, avant même le versement aux éleveurs de subventions, à un

poids important des politiques européennes, nationales et régionales. Ainsi, le fonctionnement actuel

de l’AOP et donc la rentabilité des éleveurs repose sur l’aide financière départementale de soutien aux

signes de qualité en général et à la filière ovin lait en particulier par financements aux différents

organismes entourant la production : CCDEO, Syndicat ossau-Iraty, Interprofession du lait de brebis

(BONNEMAIRE, ARRANZ, and CLEMENT 2008).

Le revenu disponible pour l’éleveur après redistributions sociales est également soutenu par

des politiques européennes, nationales et régionales à travers notamment le rôle important des aides

montagnes ICHN et de la prime ovine. Classées en zone de montagne, les exploitations reçoivent un

montant proportionnel à la surface, plafonné à 50 ha et majoré à 50% sur les 25 premiers, versé en

fonction du chargement. Les montants des deux premiers paliers (en dessous de 1,7 UGB/ha et de 1,7

à 2,3 UGB/ha) sont assez incitateurs et poussent à ne pas intensifier plus sous peine de perdre la quasi-

totalité des aides touchées. Le fait d’être classé en zone de montagne donne également accès à des

aides à l’investissement sur les bâtiments et équipements de traite réhaussées pour les éleveurs en

AOP. En plus des aides du premier pilier, les éleveurs touchent la prime compensatoire ovine perçue

par tête à partir de 0,5 agneaux commercialisés par brebis et par an. Elle est majorée de 6€/brebis

pour les producteurs en AOP. L’ensemble de ces aides donne une proportion importante des

subventions dans le revenu des éleveurs (presque 100% du revenu agricole aide comprise en ovin +

bovin et 60 à 70% pour les ovins spécialisés).

Les exploitations construisent également leur rentabilité par le capital fixe qu’elles ont pu

acquérir grâce aux aides investissement. Celles qui se transmettent sont fonctionnelles car les parents

ont eu les opportunités d’investir et d’assurer à leurs repreneur un outil gérable à un actif alors qu’eux

étaient souvent deux. La DJA incitant à investir au maximum dès l’installation (9000€ en plus pour des

investissements supérieurs à 100 000€ et 12 000€ en plus pour plus de 250 000€) et les plans AREA

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bonifiés pour les démarches de qualité et origine facilitent également cette tendance par l’aide

financière et l’accompagnement technique qu’ils apportent.

5.1.7 Fonctionnement des ovins lait spécialisés entre optimisation de l’usage des intrants et

technologies et intensification de l’utilisation des ressources propres. Les ovins laits spécialisés sont plus souvent localisés sur les collines douces d’entre les monts

et la vallée d’Arberoue. Ils présentent une superficie utile allant de 25 à 30 ha sans les fougeraies.

L’exploitant est seul actif à travailler sur l’exploitation et le recours à la main-d’œuvre bénévole

(parents retraités et épouse) a une place importante dans l’organisation du travail. Le chargement

déclaré est inférieur à 1,7 UGB/ha (en intégrant les terres de fougères) mais en reste proche. Le réel

facteur limitant déterminant pour la structure de l’exploitation est le temps qu’un actif peut consacrer

à son troupeau quotidiennement et à la récolte de fourrage. Ainsi, la taille du cheptel par actif varie

peu.

Parmi ce groupe, on rencontre deux types d’exploitations, similaires sur les caractéristiques de

l’exploitation, mais qui diffèrent par leur logique technico-économique de fonctionnement. Les

premières (que nous appellerons ovin spécialisé type 1), sont des exploitations qui historiquement

associaient les ovins lait à des vaches allaitantes mais qui ont récemment abandonné les vaches

allaitantes par souci d’autonomie fourragère et simplification du travail. Face aux évolutions du

contexte socio-économiques évoquées en points 4.3.2 et 4.3.3, elles se sont tournées vers une plus

grande efficacité technique, économique et environnementale de leur mode de production . Cela se

traduit notamment par une recherche d’augmentation de la valeur ajoutée par le niveau de production

global en quantité et en qualité ainsi que l’optimisation du recours aux intrants extérieurs pour

atteindre les niveaux de production désirés. Il s’agit d’augmenter l’efficacité des intrants et

technologies utilisés pour atteindre une plus grande autonomie, une meilleure performance

économique et diminuer son impact environnemental. Elles livrent le lait en laiterie selon les critères

AOP standards. Les deuxièmes (que nous appellerons ovin spécialisé type 2), sont souvent issues d’une

reconversion d’exploitation après l’abandon d’un atelier présent (atelier bovin lait souvent) pour se

spécialiser en brebis laitière, la séparation de l’exploitation familiale reprise par un ainé pour monter

une nouvelle exploitation, le changement total de production… Elles sont tournées vers

l’autonomisation vis-à-vis des marchés amonts, dans une recherche d’économie sur les charges

d’exploitation, et la valorisation des produits de l’exploitation par des modes de commercialisation

différentiels (BIO, lait cru). Il s’agit alors d’intensifier l’utilisation des ressources propres de

l’exploitation et des services que les processus biologiques de ces ressources peuvent fournir à

l’activité agricole.

5.1.7.1 Variations dans la conduite du troupeau dans les deux sous-types en ovin spécialisé

Dans le type 1, les exploitations sont très souvent inscrites au contrôle officiel depuis les débuts

du schéma. Elles présentent des capacités de production de lait des brebis plus élevées et font

inséminer plus de 40% du troupeau. L’insémination permet, par le recours au centre ovin qui gère le

schéma de sélection, une plus grande efficacité sur l’amélioration génétique puisque, par l’action

collective et l’utilisation de mêmes béliers sur des filles de différents groupes d’éleveurs, les progrès

génétiques sont plus rapides et fiables. L’insémination est alors un moyen de maintenir un niveau de

production élevé mais également de conserver la richesse du lait produit et à l’avenir, de sélectionner

des brebis plus résistantes au parasitisme et qui valorisent mieux les ressources de l’exploitation afin

de diminuer le recours aux produits vétérinaires et achats alimentaires extérieurs.

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Figure 22: Schéma de fonctionnement démographique en ovin spécialisé de type 1

Dans le type 2, les brebis sont en lutte naturelle uniquement avec, pour certaines exploitations,

agnelage à deux ans. Dans leur optique de diminution des charges, les agnelages à deux ans évitent

d’avoir à assurer la croissance des agnelles par des aliments jeunes achetés la première année. Celles-

ci s’alimentent des ressources de l’exploitation et entretiennent des parcelles plus éloignées. Les

antenaises sont plus robustes à la saillie et leur cycle est callé, à la reproduction, sur celui des brebis

afin d’homogénéiser le troupeau.

Figure 23; Schéma de fonctionnement démographique en ovin spécialisé de type 2

IA

150 brebis

400 agneaux

0-20j

75 Agnelles

20j-8 mois

320 Agneaux de

20j

300 Brebis Têtes

rousses

3 béliers pour le

CO

2 vendus

6-7

Béliers Manech

et à viande

70 réformes

1 bélier

400 agneaux

0-20j

70 Agnelles

20j-8 mois

320 Agneaux de

20j

300 Brebis Têtes

rousses

6-7

Béliers Manech

et à viande

70 réformes

70 Agnelles

8 mois-19 mois

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5.1.7.2 Spécificités relatives au fonctionnement des systèmes de culture associes en ovin spécialisé et

éléments de gestion du pâturage.

En ovin spécialisés, les cultures de maïs et/ou de luzerne tournent en rotation avec les prairies

temporaires sur les terres labourables. Dans le cas de la présence de luzerne (en développement sur

la zone), celle-ci est implantée après une prairie et maintenue 4 à 5 ans. Les rotations courantes sont

donc :

Prairie (5 ans)/Mais/orge ou méteil

Prairie (5ans) /Ray-grass-(trèfle) (2 ans)

Prairie (5ans)/(Maïs)/Luzerne (4 ans)

Elles permettent de lutter contre le salissement des

parcelles, d’améliorer la structure du sol, de fixer de

l’azote disponible pour les plantes et d’augmenter la

teneur en matière organique, donc diminuer les

amendements apportés, ainsi que de répondre en partie

aux besoins des animaux.

Certaines exploitations ont fait le choix de tout laisser en

herbe et d’acheter les concentrés et fourrages

complémentaires à l’extérieur pour se concentrer sur les

activités d’élevage. Dans ce cas, les prairies temporaires sont gardées 4-5 ans puis cassées pour y

implanter une dérobée de rey-grass et trèfles qui sera ensuite pâturée en deux tours et enrubannée.

On observe chez plusieurs un travail récent sur les mélanges prairiaux afin d’obtenir une bonne

teneur azotée en pâture sachant les difficultés à récolter les légumineuses en sec et le cout de la

protéine à l’extérieur. L’introduction de légumineuse permet également une diminution de la

fertilisation des prairies grâce à la fixation d’azote naturelle exercée au niveau des nodosités racinaires

de la plante. Ces prairies plus riches en légumineuses sont enrubannées même si les éleveurs tendent

à privilégier la récolte en sec.

Les exploitations de type 1 gardent rarement des cultures de céréales gourmandes en intrants

et aux rendements incertains. Elles préfèrent intégrer des légumineuses sur l’exploitation (luzerne) et

dans les prairies afin de produire la protéine nécessaire à l’équilibration de la ration mais couteuse et

acheter l’énergie que la baisse des prix des céréales rend plus accessible. Les exploitations de type 2

sont souvent marquées par l’introduction d’une plus grande diversité à l’échelle de l’exploitation (plus

d’espèces cultivées à l’échelle de l’exploitation par la mise en rotation de méteil et maïs avec les

prairies) et dans les rotations (mélanges prairiaux diversifiés, introduction de maïs dans la rotation

prairie/luzerne ou de trèfles dans la dérobée de ray-grass) qui permet de préserver les services de

support de la production agricole rendus par les ressources naturelles (structure du sol, cycle des

nutriments, fixation de la matière organique). Par la composition des mélanges de semences de prairie,

le travail sur l’alternance entre pâturage et fauche, l’abandon des engrais de synthèse, elles préservent

dans le temps une plus grande diversité floristique et faunistique des prairies, stimulant ainsi les

processus écologiques internes qui assurent des services de régulation (contrôle des adventices et des

pathogènes, résistance aux bio agresseurs, au gel, longévité des prairies). Ces effets sont détaillés dans

l’annexe changement de pratiques et adéquation aux principes agroécologiques.

Le pâturage est organisé au filet en hiver pour garder du stock sur pied pour le printemps. Ce

mode de gestion de la pâture demande un travail quotidien de déplacement des clôtures peu

56%

15%

9%

5%

15%

PP PT mais luzerne landes

Figure 24: Assolement d'une exploitation ovin lait spécialisée

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important et valorise mieux la pâture qu’un pâturage permanent, surtout en période de pousse rapide

où le permanent implique un pâturage hétérogène et des problèmes de refus à faucher. En été, pour

les exploitations possédant un parcellaire assez groupé, le pâturage est organisé en pâturage

tournant : Les éleveurs mettent en place des paddocks (blocs de parcelles) fixes ou mobiles sur lesquels

les brebis restent de 2 à 4 jours avec un temps de retour de 20-28 jours avant qu’elles ne pâturent le

même paddock. Les paddocks mobiles seront enlevés pour faucher la prairie tandis que ceux qui sont

fixes ne sont consacrés qu’au pâturage. Le pâturage tournant permet de maximiser la pousse de

l’herbe tout en maintenant un équilibre graminée-trèfle de la prairie (Garambois and Devienne 2012).

Ceux qui ont un parcellaire très regroupé autour du siège de l’exploitation peuvent pratiquer un

pâturage tournant dynamique par lequel les brebis ne restent qu’un jour sur la parcelle, la vitesse de

rotation est plus rapide et cela demande un travail quotidien de déplacement des clôtures et mise en

place des paddocks. Enfin, ceux qui ont un parcellaire morcelé restent en pâturage au filet toute

l’année.

5.1.7.3 Variation des stratégies d’alimentation du troupeau ovin entre les deux sous-types en ovin

spécialisé.

Pour les exploitations de type 1, le travail sur l’équilibre de la ration et la valeur alimentaire

des aliments apportés leur permettent de maintenir des volumes de lait produit importants pendant

la lactation sans perdre sur la qualité (ETP, ETB selon les exigences de qualité des collecteurs aval) du

lait par dilution. Par cette stratégie d’alimentation, les exploitants doivent se tourner vers des achats

extérieurs spécifiques (pulpe, tourteau, minéraux) soumis à la fluctuation des prix des marchés de

l’aliment. L’abandon des céréales chez certains, par soucis de simplification du travail déjà important

et d’économie sur les charges végétales, augmentent d’autant plus la quantité de concentrés à acheter

à l’extérieur et la perte d’autonomie alimentaire.

Figure 25: évolution de la ration journalière chez les ovins type 1

Les exploitations de type 2 vont apporter une quantité réduite de concentré dans la ration

journalière. L’objectif est d’optimiser au maximum l’herbe sur pied en faisant en sorte que les brebis

prélèvent plus en pâture. Pour cela il faut diminuer la quantité de concentrés distribués à l’intérieur

mais également faire en sorte que la ressource sur pied soit suffisante pour les brebis en lactation. Les

agnelles et les brebis vides puis les taries sont envoyés sur les parcelles les plus éloignées afin de

décharger les pâtures autour de l’exploitation. Ils recherchent également une certaine homogénéité

au sein du troupeau et au cour de l’année, obtenant ainsi des volumes de lait produits moins

importants que les types 1 sur l’ensemble de la lactation et pour chacune des brebis.

0

200

400

600

800

dec

jan

v

fev

mar

s

avr

mai

juin

juill

et

aou

t

sep

t

oct

ob

re

gr d

e M

S/b

reb

is/j

ou

r

mais grain pulpe tourteau

0

500

1000

1500

2000

2500

dec

jan

v

fev

mar

s

avr

mai

juin

juill

et

aou

t

sep

t

oct

ob

re

no

vgr d

e M

S/b

reb

is/j

ou

r

pature foin foin luzerne

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Figure 26: évolution de la ration journalière chez les ovins type 2

5.1.7.4 Différenciation des logiques de valorisation des produits :

Pour les exploitations les plus anciennes, souvent de type 1, l’inscription au contrôle laitier

officiel dès les premières années de celui-ci a permis un travail sur la génétique qui leur assure

d’atteindre un litrage de 270 à 300 litres par brebis à l’année. Le travail sur l’alimentation et

l’équilibre de la ration décrit plus haut leur permet donc de valoriser leur lait auprès des fromageries

en quantité et qualité. Pour les exploitations de type 2, il y a eu amélioration également mais qui peut

être moins poussée et leur accorde des litrages moins importants. Dans cette démarche de diminution

des charges, il est complémentaire de chercher à valoriser le lait par des voies différentielles pour

compenser les rendements en lait moindre et les dernières années montrent une recherche de

valorisation par des modes de commercialisation alternatifs tels que le lait BIO ou le lait cru. La

demande en essor des laiteries favorise cette démarche qui prend de plus en plus d’importance.

5.1.8 Spécificités relatives aux ovin lait+bovin allaitant et différence de logique technico-

économiques en fonction de la taille de l’exploitation : Les exploitations en ovin lait et bovin allaitant sont des exploitations dont l’atelier majoritaire

et prioritaire est l’ovin lait mais qui ont gardé un troupeau de blondes pour la production de broutards

vendus aux négociants. On retrouve les mêmes logiques de fonctionnements que précédemment qui

évoluent, dans ce type, par les différences de taille entre les exploitations.

D’un côté, des structures de grande taille, de superficie supérieure à 40 ha, situées sur les

collines du flysch où elles ont pu plus facilement agrandir leur surface. Les actifs, familiaux, sont au

nombre de 1 ou 2 selon les possibilités de reprises de l’exploitation. En effet, en cas de suite prévu par

un fils, celui-ci s’installe souvent alors que son père est encore sur l’exploitation. Dans le cas où

l’exploitant est seul, le recours à la main d’œuvre familiale bénévole est important (parents à la

retraite, enfants en formation, épouse en travail extérieur). Le revenu sur la ferme est souvent

complété par le revenu extérieur des épouses. Les plus grandes exploitations, qui profitent des

ressources plus importantes apportées par la taille de l’exploitation adoptent généralement la même

logique de fonctionnement que le type 2. De l’autre les structures de taille moyenne, de superficie

inférieure à 30-35 ha, situées sur les versants des vallées et les flancs des monts. L’exploitant est

souvent le seul actif sur l’exploitation. Les exploitations de moyennes surfaces, qui présentent les

chargements les plus élevés et des difficultés à atteindre l’autonomie alimentaire et l’optimisation

du pâturage par la petite taille de la surface disponible et les contraintes qu’elle présente

(morcèlement, pentes, …) s’orientent vers une logique de fonctionnement similaire à celle du type

1. Le fonctionnement du système d’élevage ovin est donc très similaire à ce qui a été décrit dans les

parties précédentes (ovin spécialisé) et nous ne détaillerons que les changements relatifs au troupeau

bovin.

0

500

1000

1500

2000

2500

dec

jan

v

fev

mar

s

avr

mai

juin

juill

et

aou

t

sep

t

oct

ob

re

no

vgr d

e M

S/b

reb

is/j

ou

r

pature foin

0

100

200

300

400

500

600

dec

jan

v

fev

mar

s

avr

mai

juin

juill

et

aou

t

sep

t

oct

ob

re

no

vg d

e M

S/b

reb

is/j

ou

r

mais grain aliment complet

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58

Malgré les différences liées à la superficie, le réel facteur limitant déterminant pour la structure

de l’exploitation est le temps qu’un actif peut consacrer à son troupeau et à la récolte de fourrage

lors des deux périodes de pointes que sont les périodes d’agnelage et de travail de fenaison. Ainsi, La

taille du cheptel par actif (environ 80 UGB/actif) est assez similaire quelle que soit la superficie

concernée. Concrètement, un actif seul sur 60 ha aura un cheptel de 310 brebis et une vingtaine de

vaches similaire à un actif travaillant seul sur 30 ha. Sa gestion sera plus extensive avec un temps de

récolte des fourrages et d’entretien des surfaces en herbes par rapport au temps d’astreinte plus

équilibré que dans le système sur 30 ha.

5.1.8.1 Conduite du troupeau bovin.

Les vaches sont des blondes d’aquitaines. La reproduction se fait, en fonction de l’effectif, par

insémination artificielle ou monte naturelle. Les exploitations possédant un taureau sont les plus

grandes exploitations. Les autres réalisent la reproduction par insémination tout au long de l’année en

fonction des chaleurs. Cela leur permet d’étaler le temps de travail et d’avoir des veaux régulièrement.

Les génisses sont groupées et inséminées pour renouveler la génétique.

Figure 27: Schéma de fonctionnement démographique bovin allaitant en système ovin laitier

5.1.8.2 Alimentation du troupeau bovin.

Pour toutes les exploitations, Tout ce qui est donné aux vaches, à part les minéraux et l’aliment

génisse (voir aliment d’engraissement en cas d’engraissement des réformes) est produit sur la ferme.

Les mères sont nourries avec une ration sur base de maïs ensilage (10 à 15 Kg), du foin à 4 Kg et un

correcteur azoté. Les vaches sont rentrées en stabulation d’octobre à mars et mises en pâture le reste

de l’année. Elles permettent de valoriser les mauvais fourrages et les refus des brebis.

5.1.8.3 Valorisation des produits bovins :

En bovin allaitant, sachant la faible valeur ajoutée de l’atelier, les exploitants tentent de valoriser

au mieux leur production secondaire en engraissant les vaches de réforme ou en vendant une partie

des veaux en vente directe. La vente directe qui permet de rehausser les prix de la viande ne peut se

réaliser qu’à condition d’avoir de la main d’œuvre disponible sur l’exploitation car elle demande une

surcharge de travail importante (point 5.3).

5 réformes

engraissées

6 génisses

5 mois-12 mois

20 veaux

0-5 mois

20 vaches blondes

1 taureau

acheté

6 génisses

24 mois-30 mois

10 broutards de

250 Kg 5-6mois

6 génisses

12 mois-24 mois

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59

5.1.9 Influence des variations de logiques de fonctionnement sur les niveaux d’autonomie

des types 1 et type 2 en ovin spécialisés et ovins lait+bovin allaitant Les variations de logiques de fonctionnement (récapitulées dans le tableau suivant) sur

l’alimentation, la conduite du troupeau et des surfaces fourragères aboutissent, comme le montre les

figures suivantes, à des niveaux d’autonomie alimentaire et au contexte amont différents selon les

types.

Tableau 1: éléments de variation entre les ovins type 1 et ovin type 2

Ovin type 1 Ovin type 2

Reproduction IA (40%) et lutte naturelle Renouvellement à la reproduction à 8 mois

Lutte naturelle Renouvellement à la reproduction à 19 mois

Gestion de la surface fourragère

Légumineuse en culture ou introduite dans les prairies. Abandon des céréales.

Préservation de la diversité floristique des prairies Rotation Prairie/céréales/(luzerne)

Alimentation du troupeau Complémentation des fourrages par des concentrés spécifiques achetés en quantité importante

Production de la majorité des aliments sur l’exploitation Diminution de la quantité de fourrage et concentrés distribués Pâture favorisée

Stratégie de Valorisation des produits

Obtention d’un litrage important et d’un lait de qualité par amélioration génétique Vente de béliers

Voies de commercialisation différentielles : BIO, lait cru

5.1.9.1 Autonomie alimentaire :

Les taux d’autonomie suivants : taux d’autonomie massique en fourrage et concentrés (basé

sur la quantité de matière sèche distribuées), taux d’autonomie énergétique (basé sur les UF

distribués) et taux d’autonomie protéiques (basé sur les grammes de MAT distribués) mettent bien en

évidence une plus grande autonomie alimentaire des ovins type 2 par rapport au type 1 (figure 28).

Cela se justifie par des quantités de fourrage et concentrés distribuées moins importante dans le

deuxième type dans cette volonté de favoriser le prélèvement en pâture et la réduction des achats

extérieurs à des aliments protéinés (foin de luzerne, correcteurs, …) difficiles à cultiver et récolter sur

l’exploitation. L’introduction de légumineuse dans les prairies pâturées permet de diminuer encore la

dépendance aux achats protéinés extérieurs et intrants nécessaires à la production de fourrage, en

atteignant une meilleure teneur protéique de la pâture (non prise en compte dans les calculs

d’autonomie protéique) et favorisant une auto-alimentation en azote des systèmes fourrager (par la

fixation symbiotique et la disponibilité des résidus pour les graminées et cultures suivantes). Pour les

types 1, par la composition de la ration des brebis laitières, les achats extérieurs sont plus importants.

Il s’agit alors de fourrage protéiné (foin de luzerne) pour compléter les stocks de fourrage produits et

d’aliments riches en protéine (tourteau, aliments complets, …). L’introduction de luzerne dans les

rotations (cas présenté dans le tableau) permet de diminuer considérablement cette dépendance

protéique. Pour ceux qui n’en cultivent pas, près de 60% de la protéine consommée est acheté à

l’extérieur sous forme de concentrés et foin de luzerne.

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60

T de MS/UGB Quantités distribuées Quantités produites sur l’exploitation

Autonomie

Ovin laitier spécialisé type 1

Fourrage 4,824 4,475 93%

Concentré 1,123 0 0%

Fourrage+concentré 5,947 4,475 75,5%

T de MS/UGB Quantités distribuées Quantités produites sur l’exploitation

Autonomie

Ovin laitier spécialisé type 2

Fourrage 3,769 3,769 100%

Concentré 1,082 0,571 48%

Fourrage+concentré 4,851 4,286 88%

T de MS/UGB Quantités distribuées Quantités produites sur l’exploitation

Autonomie

Ovin laitier + bovin allaitant type 2

Fourrage 4,470 4,272 96%

Concentré 0,710 0,319 55%

Fourrage+concentré 5,182 4,662 90% Figure 28: Autonomie massique en fourrage et concentrés des systèmes de production ovins laitiers

Figure 29: Autonomie énergétique et protéique des systèmes ovin (% sur la base des UF et g de MAT)

5.1.9.2 Autonomie au marché amont :

L’autonomie alimentaire évoquée précédemment participe largement à la diminution de la

dépendance au marché amont fluctuant. La diminution des consommations de carburants, intrants,

achats alimentaires, … est clairement traduite par la très nette diminution des charges du côté des

ovins du deuxième type (ovin spécialisé et ovin+bovin). Cette diminution permet notamment de

compenser la moindre production en volume de ceux-ci et peut s’expliquer par plusieurs pratiques

(annexe couts de production et travail). La diminution des achats alimentaires est le plus gros facteur

justifiant cette nette diminution du cout de production. Les agnelages à deux ans participent

également à cet effort de diminution des achats alimentaires. Les agnelles sont laissées en pâture une

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%

ovin+bovin type 2

ovin spé type1

ovin spé type2

MAT UF

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61

année entière avant d’être mises à la reproduction. Elles ont alors acquis une conformation favorable

et ont été moins alimentées en concentrés pour prendre à la saillie. La diminution ou l’arrêt complet

du recours aux engrais de synthèse et produits de traitement des cultures participent également à

cette diminution globale des charges même si le cout total des surfaces en culture est plus élevé que

dans le premier puisque ces exploitations présentent souvent une plus grande proportion de cultures

céréalières. Le recours à la fougère pour la litière permet aux exploitants d’économiser l’achat de

paille, et on observe souvent une diminution des charges vétérinaires qui peut être due à un meilleur

état de santé global des brebis. La conduite dynamique du pâturage et la répartition des animaux dans

l’espace et dans le temps permettent de perturber les cycles hôtes-pathogènes (Thomas et al. 2014).

5.1.10 Influence des variations de logiques de fonctionnement sur les résultats économiques

des types 1 et type 2 en ovin spécialisés et ovins lait+bovin allaitant Les résultats économiques des différents types d’exploitations sont assez similaires. Les ovins

(spécialisés et ovin+bovin) du deuxième type atteignent cependant une VAB moins élevée que les

types 1 (figure 30). Dans tous les cas, les ovins+bovins présentent des VAB totales donc des VAN

inférieures à celles des ovins lait spécialisés (la VAB des ovin+bovin type1 est inférieur à celle des ovins

spécialisés et de même pour les types 2). Cela est dû au fait que la productivité de la terre de l’atelier

bovin allaitant peut être très faible (inférieure à 350 €/ha) voire négative. Selon le poids qu’a cet atelier

secondaire dans l’exploitation et la valorisation des produits de l’élevage bovin, son effet réducteur

sera plus ou moins important. La valorisation en vente directe des veaux permet de diminuer cet effet

réducteur de l’atelier bovin sur la productivité de la terre. En revanche, par la complexité que cela

apporte, la productivité du travail en est largement diminuée.

Figure 30: Productivité de la terre et du travail en systèmes ovin lait

Tous présentent une productivité du travail faible, due à des temps d’astreinte quotidiens en

période de lactation consacrés à l’alimentation du troupeau, les traites (deux par jours), le soin aux

brebis, la conduite au pâturage, le paillage de la bergerie, importants. Par la saisonnalité de la

production, les exploitations connaissent deux pics de travail sur l’année déterminants pour la

production : de Novembre à janvier, les agnelages et de mai-juin à juillet, les travaux de fenaison et

récolte des ressources alimentaires (fourrages, céréales). Le temps d’astreinte lors de ces deux

périodes est donc l’un des facteurs limitants de l’accroissement de la production. Un actif peut

difficilement agrandir son troupeau au-delà d’un certain nombre de bêtes qui l’obligerait à ne pas

pouvoir suivre les agnelages et avoir toujours trop de travail d’astreinte en fin de lactation lorsque le

ovin spétype 1

ovin spétype 2

grandesexploitations

moyennesexploitations

ventedirecteviande

VAB/ha 1615,4 1377,5 782,4 1251,5 1153,7

VAB/jW 155,3 133,0 140,0 127,1 77,7

0,0

200,0

400,0

600,0

800,0

1000,0

1200,0

1400,0

1600,0

1800,0

Titr

e d

e l'a

xe

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travail de saison devient intense. L’autre facteur limitant est la quantité de fourrage qu’un actif peut

récolter en une année. Pour 30 ha il faut à peu près 15 jours de fauche en juin (période de lactation)

donc en partant du principe qu’il n’y a jamais un mois entier de beau temps, il semble compliqué de

faucher seul plus de 30-35 ha. La forte mécanisation sur de toutes petites surfaces, aidée par les

subventions aux investissements est une réponse à cette contrainte. Par les choix techniques

différentiels entre les types 1 et les types 2, la répartition du travail se fait différemment. Alors que le

pic d’agnelage sera très important chez les types 1 du fait du groupement des naissances, il est plus

réparti pour les types 2. Le temps consacré aux surfaces de culture est, à l’inverse souvent plus

important chez les types 2. La structure de l’exploitation est au même titre déterminant pour le travail.

Pour les exploitations de grande taille, le temps de travail est mieux réparti entre le temps consacré

au troupeau et le temps de travail de saison (annexe cout de production travail). Dans tous les cas, les

exploitations de type 1 ont souvent une conduite des troupeaux plus intensive avec une proportion

d’insémination artificielle plus importante donc des agnelages plus groupés et un nombre de têtes par

actif plus important ce qui se traduit par une meilleure productivité de la terre mais une productivité

du travail amoindrie par le surplus de travail d’astreinte (figure 30). La présence de main d’œuvre

bénévole (parents, épouse) est cruciale dans ces systèmes et permet de gérer les tensions sur le temps

pour des taches agricoles qui ne peuvent être déplacées mais entrent en compétition (exemple des

travaux de fenaison en juin, par jour de beau temps qui entrent en compétition avec le travail auprès

du troupeau encore en lactation.). Dans une recherche d’autonomie, des stratégies de recours à

l’action collective avec prestation complète donnent les moyens de dépasser cette limite mais les

exploitations ne cherchent pas forcément à rentrer dans le cercle de vicieux du plus de terres implique

plus de travail et plus de charge donc une augmentation de la production qui elle-même implique plus

de travail.

Ainsi, par les différences de logiques technico-économiques, chaque type arrive à construire

une rentabilité économique qui passe par

• Une meilleure productivité de la terre en ovin lait spécialisés et ovin lait+bovin allaitant

de type 1, en assurant des volumes de lait suffisants et de qualité constante tout au

long de la lactation pour couvrir les couts d’approvisionnements et investissements,

complétée par les recettes dues à la génétique des béliers vendus.

• Une nette diminution des consommations intermédiaires et une plus grande résilience

aux variations du contexte extérieur par la diminution des intrants et la valorisation

des produits via des voies de commercialisation différentielles.

Les VAN par actif sont donc assez élevés pour les surfaces par actifs sur lesquelles elles sont

générées. Elles évoluent, en spécialisé, de 25 500€/actif à 36 000€/actif en type 1 et 15500€/actif à

32 000 €/actif en type 2 et, en ovin+bovin, de 13 500 €/actifs à 34 400 €/actif. La différence entre les

deux types est d’autant plus marquée par le passage au revenu : 39 000€/actif à 50 000 €/actif en type

1 et 17 000 €/actif à 40 000 €/actif en type 2.

5.2 Systèmes bovins laitiers et diversifications actuelles. Les systèmes bovins laitiers regroupent toutes les exploitations ayant un atelier bovin laitier

majoritaire et prioritaire, qui construisent donc l’organisation de l’exploitation en fonction du

troupeau bovin. Il s’agit des exploitations spécialisées en bovin laitier pour la livraison en laiterie ainsi

que des exploitations qui ont mis en place un atelier secondaire avec le troupeau bovin. Le

fonctionnement du système d’élevage bovin laitier et des cultures associées (prairies, maïs ensilage)

est similaire en spécialisés et mixtes. Nous traiterons donc d’abord de ces points de fonctionnement

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63

communs concernant la gestion de l’atelier principal puis détailleront les différenciations relatives à

l’introduction d’un atelier complémentaire.

5.2.1 Gestion similaire du système d’élevage bovin laitier Les exploitations présentent des troupeaux allant de 50 à 70 vaches laitières, de 1 à 2 actifs par

structure, sur des chargements ne dépassant pas les 1,7 UGB/ha

La reproduction se fait, selon les chaleurs, par Insémination artificielle en race pure pour le gros du

troupeau et Insémination en race à viande (Blanc Bleu beige) ou monte naturelle avec un taureau blanc

bleu pour les génisses et/ou le reste du troupeau. Dans la plupart des cas, la totalité des génisses sont

issues de l’exploitation et mise à la reproduction pour un premier vêlage à 24 mois.

Figure 31: Schéma de fonctionnement démographique en système bovin laitier

5.2.1.1 Fonctionnement des systèmes de culture associes

La majorité de la sole des exploitations est conservée en prairie permanente. Sur les terres

labourables est implanté du maïs ensilage. L’alimentation des bovins étant sur base d’ensilage, la

culture de maïs représente 30 à 40% de la surface totale. Par

manque de terres labourables, le maïs est toujours replanté sur des

terres de maïs qui sont les meilleures terres avec mise en place

d’une dérobée entre les deux cycles.

La gestion des prairies est très similaire à celle décrite dans

les systèmes ovin laitier et nous ne détaillerons pas plus.

Le maïs suit le même itinéraire technique que décrit précédemment

(figure 20). Tout le maïs sur l’exploitation est destiné à l’ensilage. Les

travaux d’implantation et de récolte sont réalisés par des

entrepreneurs. Par souci d’économies, la prestation n’est pas

commandée en rendu silo et les exploitants s’organisent

collectivement (par petits groupes de quartiers quand il y a des

vaches allaitantes) pour mutualiser les remorques. Les chantiers

d’ensilage sont donc des chantiers collectifs reposant sur l’entraide du groupe pour que tous puissent

ensiler en temps voulu avec les remorques des groupes de CUMA. Après l’ensilage qui a lieu fin

septembre-début octobre, la parcelle est passée aux disques, amendées en fumier et semée en

dérobé, la plupart du temps en rey-grass Italien-trèfle. On trouve également du vesce-seigle –trèfle ou

avoine. Cette culture dérobée est laissée sur place tout l’hiver, pâturée si l’exploitant accueille en

13 réformes

20 génisses

10 jours -12 mois

60 veaux

0 – 10 jours

60 vaches

Holstein

IA

6 vaches

vendues en

lait

23 veaux

10 jours

20 génisses

12 mois-24 mois

15%

53%

32%

PP PT mais ensilage

Figure 32: Assolement d'une exploitation bovin lait

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64

pension des brebis en hivernage ou enrubannée. Les résidus sont enfouis et le sol est de nouveau

travaillé pour y implanter la nouvelle culture de maïs.

5.2.1.2 Gestion similaire de l’alimentation du troupeau bovin :

La base de la ration alimentaire est l’ensilage de maïs qui est distribué toute l’année,

complété par du foin, des concentrés protéiques (tourteaux) et énergétiques (maïs), minéraux en deux

repas. L’ensilage de mais permet d’assurer des stocks de fourrages importants sur des surfaces

réduites (14 T de MS /ha contre 4 T de MS/ha en fourrage sec d’herbe) et de haute valeur énergétique

donc d’atteindre des niveaux de production suffisants malgré les petites surfaces (relativement à la

surface moyenne française en bovin laitier) des exploitations du territoire. Cependant il nécessite

d’être équilibré par un apport protéiné. Lorsqu’il y a eu investissement dans un robot, la quantité de

concentré est adaptée par la machine à la production de chaque vache. Les génisses sont nourries par

l’achat de paille et d’aliment jeune ou de maïs grain produit sur l’exploitation et correcteurs azotés.

Pour ceux qui ont recours à la pâture, la quantité de maïs ensilage distribuée diminue en période

estivale (avril à octobre). D’autres lâchent également les vaches quelques heures en été mais ne

modifient pas la ration. Les vaches ne prélèvent alors que très peu en pâture. L’investissement dans

un robot complexifie souvent la possibilité de sortir les vaches car il faut suffisamment de parcours à

proximité de l’étable pour que les vaches puissent rentrer et qu’elles viennent effectivement se faire

traire. De 15% à 20% de l’alimentation est achetée à l’extérieur. Il s’agit des concentrés, minéraux et

correcteurs. Les éleveurs qui produisent du maïs grain en plus du maïs ensilage diminuent leurs achats

extérieurs en assurant les besoins énergétiques par autoproduction. Cependant le maïs est couteux à

produire et les éleveurs tendent à diminuer leurs surfaces en maïs grain ou les abandonner totalement.

Les rendements ne sont jamais certains du fait des sangliers et des probabilités de fortes pluies ou

vents avant les récoltes et il est souvent plus rentable d’acheter la céréale plutôt que de la produire.

L’abandon de la production de concentrés sur l’exploitation permet également de simplifier le travail

et le spécialiser sur les travaux d’élevage. Cette tendance à l’abandon de la production céréalière

augmente la dépendance des éleveurs aux achats alimentaires extérieurs et le poids des

consommations intermédiaires dans la valeur ajoutée de la production.

Figure 33: ration alimentaire en bovin laitier sans pâture

étable

mache soja-pulpe de betterave 4 kg

mais farine 2kg

luzerne deshydraté 2Kg

mais ensilage 35 Kg

foin

Hiver Eté

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65

Figure 34: Ration alimentaire en bovin laitier avec pâture

5.2.1.3 Valorisation similaire des produits issus de l’élevage bovin.

Ces systèmes laitiers produisent un lait standard collecté par 3 opérateurs sur la zone : Danone,

Sodiaal et Onetik (SAS de transformation fromagère de la Coopérative Berria). Les exploitations

atteignent des niveaux de production de 8000l-9000l/vaches voir 10 000l avec l’introduction d’un

robot. La discussion sur les prix et les clauses des contrats se fait entre les laiteries et les OP. Selon le

périmètre d’action de la laiterie (nationale pour Sodiaal et Danone, régional pour Onetik), les

producteurs de la zone sont plus ou moins en concurrence, dans la discussion avec les laiteries, avec

d’autres producteurs n’ayant pas les mêmes potentiels de production qu’eux. Dans le cas des groupes

nationaux, les discussions sur les contrats entre la laiterie et les OP se fait à niveau régional.

L’organisation de producteurs basques se retrouve donc à discuter avec d’autres organisations de

producteurs de la nouvelle aquitaine sur des questions de couts de production et prix payés.

Les veaux sont vendus aux négociants à 8 jours. Les veaux de race pure partent à des prix variant

de 50 à 100€/tête. L’insémination d’une partie du troupeau en Bleu Blanc Beige permet de mieux

valoriser les veaux qui se vendent alors de 250 à 350€/tête. Une partie des réformes sont vendues en

lait au deuxième ou troisième veau. Cependant, avec les cessations laitières, la demande française en

vache en lait diminue et il devient difficile d’en vendre et de trouver acquéreur à plus de 1000€/vache

alors qu’elles partaient à 1200€/vache auparavant. Le reste des reformes sont vendues maigres. Les

pensions d’agnelles sur les prairies non exploitées l’hiver sont un complément de revenu qui rapporte

0,23 centimes par agnelle et par jour pour des troupeaux de 200 à 400 agnelles sur une période de 210

jours.

La volatilité des cours depuis le milieu des années 2000 puis l’incertitude des marchés et la baisse

des prix payés avec la fin des quotas laitiers et la diminution de la demande globale ont poussés les

exploitations qui le pouvaient à chercher des débouchés stables et sûrs par une diversification

commerciale ou productive. La diversification commerciale s’est concrétisée sur quelques

exploitations ayant de la main-d’œuvre disponible par l’indépendantisation aux marchés non

spécifiques (dans ce cas, débouché classique par commercialisation d’un lait standard en laiterie) par

la transformation. Pour d’autres qui n’avaient pas les moyens en main-d’œuvre, cette diversification

commerciale s’est traduite par le recours en partie à d’autres voies de commercialisation du lait

fonctionnant sur le même système que la voie classique (collecte réalisée par une industrie de

transformation et commercialisation) mais ayant une politique de répartition de la valeur ajoutée

différente. C’est le cas de Bastidarra, une petite laiterie spécialisée dans la fabrication de yaourts

ouverte récemment sur la Bastide-Clairence. Dans une volonté de répartition de la valeur ajoutée, elle

collecte deux éleveurs bovin laitiers et un ovin laitier à des prix supérieurs à ceux des autres laiteries

0

1

2

3

4

5

1

Ration journalière constante en concentrés

(KgMS/vache/jour)aliment

pulpe

maisgrain

02468

10121416

KgM

S/V

ach

e/jo

ur

pature foin ensilage herbe mais ensilage

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66

de la zone selon un contrat d’engagement qui implique un cahier des charges précis. Les producteurs,

engagés dans une démarche Haute Valeur Environnementale, ont dû adapter leurs pratiques pour

répondre aux critères de qualité (gustative, environnementale) fixés par Bastidarra.

La diversification productive se réalise sur les exploitations ayant de la main-d’œuvre disponible

par l’introduction d’un atelier complémentaire à haute productivité de la terre dans des contextes de

possibilité d’agrandissement limitée.

Dans tous les cas, ces diversifications requièrent une réorganisation du fonctionnement de

l’exploitation. Nous aborderons le cas de la transformation plus tardivement dans le point 5.5 et ci-

dessous le cas de l’introduction d’un atelier complémentaire.

5.2.1.4 Capital fixe de l’exploitation en bovin laitier et bovin mixte

Les politiques d’aide aux investissements et la garantie apportée aux prix agricoles ont donné les

moyens aux producteurs de réaliser des investissements permettant d’accroitre la productivité du

travail et donc de repousser la limite de nombre de vaches par actif. Ils ont pu acquérir des bâtiments

permettant de réduire le temps de travail nécessaire à l’alimentation des animaux et des équipements

plus performants (fosses à lisier, désileuse-pailleuses, bol, robots, …). L’externalisation de certaines

taches par le recours aux entrepreneurs, CUMA pour les opérations culturales permet une

spécialisation du capital de l’exploitation dans des équipements d’élevage. Les stratégies

d’investissements sont cependant très hétérogènes selon les exploitations, leur localisation et le

nombre d’actifs sur la ferme. Les exploitations avec main-d’œuvre disponible auront plus tendance à

investir dans leur propre matériel de fenaison et préparation du sol et auront recours à l’entrepreneur

pour le gros matériel comme l’ensileuse, la moissonneuse, le semoir à maïs. Les exploitations de plus

petites surfaces (45-50 ha) auront un recours à la CUMA beaucoup plus important pour les travaux de

saison, d’implantation et feront faire à l’entrepreneur le travail d’ensilage avec les remorques de la

CUMA.

Récemment, le recours à un robot est une solution pour ceux qui se trouvent seul actif sur le travail

d’astreinte (un seul actif sur l’exploitation ou un associé qui réalise des travaux de mise en culture,

entretien des terres, travaux de saison sur d’autres exploitations). Il permet un meilleur suivi de la

production et sanitaire de chacune des vaches ainsi qu’une adaptation de l’alimentation pour chaque

vache afin d’optimiser son potentiel laitier. Le robot ne diminue pas le temps d’astreinte mais le

répartit mieux dans le temps en évitant une astreinte fixe matin et soir. Dans ces cas, la fenêtre de

rentabilité reste très petite. Il faut un minimum 55 vaches à la traite pour rentabiliser l’investissement

et au maximum 65 vaches à la traite pour ne pas le saturer. Au-dessus de 65, il est préférable d’investir

dans un deuxième robot. La charge représentée par l’amortissement du robot pèse alors d’autant plus

sur les résultats de ces structures qui vont alors chercher à augmenter la production par vache pour le

rentabiliser. Cela se traduit souvent par une augmentation de l’achat des concentrés qui sont adaptés

par le robot à la production de chacune. Si la production augmente car la vache peut aller se faire traire

plus souvent et que sa ration est plus ajustée, sa consommation augmente également. Le robot

nécessite un suivi technique et d’entretien assez régulier qui lui permet une vie utile assez longue mais

représente des charges en plus pour l’exploitation.

La diversification par mise en place d’un atelier supplémentaire impose un poids plus important

des investissements nécessaires. Les exploitations mixtes présentent des amortissements nécessaires

de l’ordre de 25 000€ contre 16-17 000€ en spécialisé.

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5.2.2 Différenciations apportées par l’introduction d’un atelier complémentaire. Les systèmes bovins mixtes sont des systèmes qui ont dû, par manque de rentabilité en vache

laitière, installer un ou plusieurs autres ateliers d’élevage à plus forte productivité de la terre

(canards, cochons, chèvres) afin d’assurer un complément de revenus qui ne soit pas sensible aux

fluctuations du marché aval. Les systèmes qui ont réalisé cette transition le plus tôt se sont tournés

préférentiellement vers des ateliers de canards gras ou d’engraissement de porcins en intégration. Les

plus récents s’orientent actuellement vers des productions pour lesquelles la demande est en

expansion et certaine : atelier caprin livreur du fait de la demande en lait des laiteries voisines et/ou

porc basque à l’engraissement grâce à l’expansion de la filière Kintoa depuis quelques années. Les

ateliers mis en place sont des ateliers qui requièrent peu de surface en plus car les animaux sont

souvent élevés à l’intérieur (dans le cas des chèvres, canard gras et porcs en intégration) et nourris par

des achats extérieurs. Certaines nécessitent la mise en place de parcours qui valorisent alors les terres

disponibles mais non mécanisables (bois ou prairies naturelles pentus) comme les porcs basques et les

canards d’élevage dont les tout petits parcours sont souvent situés à proximité des bâtiments.

5.2.2.1 Introduction d’atelier caprin laitier livreur :

Ces installations sont les plus récentes des installations d’ateliers complémentaires. Elles se

développent nouvellement sur la zone pour répondre à une demande de certaines industries de

transformation qui collectent le lait de vache et de brebis et réalisent elles-mêmes la transformation

et la commercialisation en fromages divers (comme la SAS Onetik). Cette diversification concerne donc

les exploitations déjà collectée en bovin par Onetik, qui cherchaient à apporter un complément stable

au revenu de l’exploitation face au manque de rentabilité de l’atelier bovin. L’installation d’un nouvel

atelier caprin livreur se fait dans ces cas par aménagement de bâtiments anciennement destinés aux

bovins laitiers afin de limiter les investissements nécessaires. Les chèvres sont gardées à l’intérieur,

reproduites par lutte naturelle et alimentées par recours à des achats extérieurs. Seul le foin provient

de la ferme.

Figure 35 : évolution de la ration journalière en caprin laitier livreur

C’est un atelier qui nécessite un travail important sur toute l’année pour le temps d’astreinte qu’il

présente et une intensification de ce travail en février-mars par le pic des mises bas. Il permet

cependant de dégager une forte valeur ajoutée sans avoir à agrandir la surface de l’exploitation.

nov dec janv fev mars avr mai juin juillet aout sept oct

chèvres batiment paillé

2kg

1kg800 1Kg800

800 gr 1Kg aliment acheté proteine 20 en 4x/j

foin matin et soir

500 luzerne matin et soir 1 ballot tous les 10j (350-400kg)

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Figure 36: calendrier de travail bovin lait-caprin laitier

5.2.2.2 Introduction d’atelier porc-basque à l’engraissement :

Ces installations sont également récentes et en pleine expansion du fait du développement de

la filière Kintoa. Cette filière crée en 1987 a pu obtenir la certification AOC et s’est positionnée sur du

haut de gamme (critères qualités exigeants sur le produit fini) qui offre aux producteurs un prix payé

élevé favorisé par la demande importante des métiers de la restauration pour ce produit local et de

haute qualité. La filière est en fin de phase de structuration des lignées génétiques et la demande

croissante permet l’augmentation du nombre d’engraisseurs. L’organisation des flux d’animaux est

réalisée par la filière qui répartie elle-même les porcelets des naisseurs aux engraisseurs. Les prix sont

discutés au sein du conseil d’administration de la filière en fonction d’une grille qualité établie. Un

partenariat avec SANDERS sur les aliments adaptés aux différents stades de croissance a été également

établis afin de se détacher des fluctuations des prix du marché amont et de remplir la contrainte de

70% d’alimentation locale imposée par le cahier des charges. Il s’agit d’un contrat rediscuté tous les

ans avec l’entreprise d’aliment qui intègre des céréaliers du pays basque dans la confection de

l’aliment, leur assure un prix stable sur leurs céréales commercialisées et un prix stable aux éleveurs

sur l’aliment acheté. Les ateliers de porc basque nécessitent très peu de travail et peu

d’investissement. Le partenariat SANDERS permet de se détacher des fluctuations du marché amont

et de simplifier les taches d’engraissement par l’achat d’un aliment près à la distribution.

5.2.2.3 Introduction d’atelier poules pondeuse :

L’installation d’atelier poule pondeuse se développe grâce à l’existence de nombreux réseaux

de vente directe (AMAP, marchés locaux) et de points de vente collectifs de producteurs qui ont

émergé dans ce contexte intermédiaire de la zone d’Hasparren. L’installation d’un atelier poule

pondeuse se fait souvent sur des cheptels de 200 à 400 poules achetées à 18 semaines et gardées

jusqu’à 24 semaines. Elle requiert la mise en place d’un bâtiment aux normes et d’un petit parcours.

L’aliment est acheté, préparé à l’extérieur afin de simplifier les tâches d’élevage et ne pas avoir à

produire sur l’exploitation de la céréale. Le travail d’élevage est peu important, il consiste surtout à la

collecte des œufs, l’alimentation et l’entretien du parcours mais le temps de commercialisation peut

être très important, surtout en début d’activité par la nécessité de démarchage, d’intégration des

réseaux de vente pour écouler la production. C’est un atelier qui assure un complément de revenu

régulier dans le temps.

0

10

20

30

40

50

60

70

janvier fev mars avril mai juin juillet aout spet oct nov dec

Jou

rs d

e tr

avai

l par

mo

is

TA vaches TA chevres SF entretien

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5.2.2.4 Introduction d’atelier de canard gras.

Ces ateliers sont ceux qui ont été installés les plus tôt (mise en place des quotas laitiers). Les

crises et abattages successifs H5N8 posent question sur le développement de cette production comme

opportunité à la mise en place d’atelier complémentaires. Les installations se sont faites sous deux

formes : des ateliers gaveurs intégrés dans une filière qui structure les liens entre reproducteurs,

éleveurs, gaveurs et transformateurs, des ateliers éleveurs-gaveurs avec découpe de la viande, des

foies, transformation des foies et des co-produits et commercialisation sur la ferme. L’installation de

ces deux types d’ateliers se fait également sans besoin d’agrandissement. Le maïs utilisé pour le gavage

est produit sur l’exploitation ou acheté à l’extérieur.

En atelier gaveur, les animaux sont reçus d’éleveurs de la filière à 81 jours, gavés pendant 11j

puis vendus vivants et envoyés aux transformateurs de la filière qui s’occupent de la découpe et

préparation des foies. Cette simplification du travail permet d’augmenter le nombre d’animaux par

augmentation du nombre de bandes par an (20 bandes par an) et du nombre d’animaux par bande

(1000 animaux par bande). Elle permet de diminuer le travail total consacré aux animaux (48 h sur 11

jours de soin des animaux et nettoyage) et à la commercialisation (3 heures de ramassage des canards

et chargement en camion) par rapport à des systèmes éleveurs-gaveurs. La mise en place de l’atelier

requiert un bâtiment de plus en plus lourd en investissement avec les mises aux normes sanitaires

successives, une salle de gavage et une gaveuse pour diminuer le temps consacré au gavage.

En atelier élevage-gavage-transformation, les poussins sont reçus à 1 jour, mis en poussinière

pendant 1 mois et demi puis en parcours jusqu’à l’âge de 3 mois et demi et gavés durant 14 jours.

L’abattage et la découpe sont ensuite réalisés sur l’exploitation. Une partie des foies sont vendus en

cru et le reste mis en conserve. La viande est transformée sur l’exploitation, elle permet la confection

de confits et de rillette de canard (chichon). La commercialisation se fait sur la vente en directe, via

des magasins de producteurs, des circuits de restauration. L’alimentation est souvent produite sur

l’exploitation (maïs grain pour le gavage) et achetée à l’extérieur (aliment complet pour les poussins).

Le temps nécessaire à l’élevage et le travail important induit par la transformation sur place imposent

un nombre d’animaux limité par un nombre de bandes limité (8 bandes par an) et un nombre

d’animaux par bande diminué (200 animaux par bande). Le temps consacré à la transformation (76

heures par semaines) et la commercialisation (8 heures par semaine) qui entre en compétition avec

les travaux d’astreinte en bovin laitier impose la nécessaire présence de plusieurs actifs sur

l’exploitation. Les investissements sont importants car ils comprennent la poussinière, la salle de

gavage avec gaveuse électrique, la salle d’abattage et la salle de découpe et cuisson.

5.2.3 Influence de la diversification sur les résultats économiques Le système bovin laitier spécialisé est celui qui a la plus grande productivité du travail pour

une productivité de la terre la plus faible. Ceci s’explique par une plus grande spécialisation des

tâches et une concentration du capital de l’exploitation sur l’élevage bovin qui ont permis un gain de

productivité du travail d’un côté mais la commercialisation sur un marché peu rémunérateur et

l’érosion de la valeur ajoutée par l’importance des consommations intermédiaires de l’autre. On

observe également une différence entre les bovins laitiers avec robot de traite. En effet, le robot de

traite permet une meilleure productivité par augmentation de la quantité de lait produite par vache

tout en optimisant les achats alimentaires en adaptant la distribution à la production de chaque vache.

La productivité de la terre des différents ateliers complémentaires rencontrés (figure 37) explique la

mise en place de ces ateliers dans un contexte de pression foncière importante et de faibles possibilités

d’agrandissement. La très faible productivité du travail de ceux-ci traduit cependant le fait qu’ils

nécessitent la présence d’une main d’œuvre disponible sur l’exploitation.

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Figure 37: productivité de la terre et productivité du travail des ateliers complémentaires

La figure suivante montre que plus il y a d’actifs disponibles sur l’exploitation, plus la richesse créée

par hectare est importante. Cela s’explique par le fait que par la présence de main-d’œuvre disponible,

le choix se tourne vers des ateliers à haute valeur ajoutée même si ce sont des ateliers lourds en travail

qui nécessitent des actifs qui y soient consacrés à temps complet. Ce peut aussi être du fait d’une

création de richesse par accumulation de plusieurs ateliers d’élevages (vaches laitières + porcs basques

+ chevres+brebis) assez économes en temps chacun mais qui démultiplient le temps d’astreinte total.

Dans les deux cas, les investissements que cela implique sont souvent importants (23 000-25000 €

d’amortissement) mais la présence d’un plus grand nombre d’actifs diminue leur poids sur la VAN par

actif. Au vu du temps d’astreinte et de gestion des différents ateliers, il devient difficile dans ces

systèmes d’avoir une superficie par actif très élevée. La complexité engendrée par la multiplication

des tâches fait du temps de travail un vrai facteur limitant à l’augmentation de la production de

chacun des ateliers. Les producteurs se positionnent donc plutôt sur des marchés qualitatifs (porcs

basque, canards gras, …) afin de compenser la faible productivité du travail.

chevre transfo chevre porc basque canard transf canard gavage poule

VAB/jW 93 188 939 34 259 57

VAB/ha 7355 6026 11265 14153 33700 6939

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

40000

VAB/jW VAB/ha

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Figure 38: productivité de la terre et productivité du travail des systèmes bovins laitiers

5.3 Systèmes allaitants et stratégies de maintien sur la zone. Les systèmes allaitants sont plutôt situés sur les collines du flysch où les pentes sont

importantes et les vallées humides, sur la commune de St Esteben coincée entre les monts du

croissants d’arberoue et le Garralda et sur la commune de Mendionde entre le mont Ursuya et le

Baigura. Ils sont souvent issus de cessations laitières par manque de terrains cultivables, spécialisation

en bovin par abandon d’un atelier ovin lait par manque de terres à proximité valorisables en pâture,

de pluriactifs qui conservent un troupeau allaitant sur des terres familiales. Les systèmes bovins

allaitants, de la même manière que les bovins laitiers, connaissent une diversification depuis quelques

années pour pouvoir répondre à la perte de rentabilité vécue par la filière. Diversification qui peut

être productive, par l’introduction d’un atelier d’élevage complémentaire, ou commerciale par une

valorisation différente d’une partie de la production. Dans tous les cas de diversification, une

réorganisation du système de production est nécessaire. L’introduction d’un atelier complémentaire

est très similaire à ce qui a été décrit en bovin laitier (point 5.2.2) et nous ne reviendrons pas dessus

dans cette partie. La diversification commerciale peut se faire par la commercialisation en vente

directe d’une partie des veaux ou la vente d’une partie des veaux en tant que reproducteurs. Nous

aborderons en premier lieu le fonctionnement commun de l’atelier bovin allaitant puis développerons

le cas de la vente directe pour rendre compte de la réorganisation du travail engendrée.

5.3.1 Gestion commune du système d’élevage bovin allaitant Les exploitations possèdent des troupeaux supérieurs à 30 mères de race blonde d’aquitaine. La

reproduction se fait par Insémination artificielle ou lutte naturelle. En lutte naturelle, l’exploitation

possède un ou deux taureaux qui laissent avec les vaches toute l’année. Les taureaux sont gardés 3

ans et vendus en réforme ou reproducteur sur des génisses pour ne pas qu’ils ne reviennent sur leurs

filles. Toutes les génisses sont issues de l’exploitation et seront mis à la reproduction pour un premier

vêlage à 3 ans. La reproduction se fait souvent par insémination, en synchronisé. Le reste des veaux

sont vendus à 5-6 mois en broutards.

bovin lait robot bovin laitBovin lait+canard

transfo

bovinlait+chevre+cocho

ns+brebisbovin+caprin

VAB/jW 129 100 75 116 108

VAB/ha 818 679 1337 1320 1103

Nb actifs 1 1 3,5 3 2

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

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Figure 39:Schéma de fonctionnement démographique en système bovin allaitant

Les vaches sont sorties d’avril à octobre, selon le climat de la saison. Elles sont entrées en hiver pour

ne pas raviner les terres.

5.3.1.1 Fonctionnement des systèmes de culture associes

On observe deux stratégies déterminantes pour l’assolement de l’exploitation. Les systèmes

intégrant du maïs ensilage dans la ration pour la période d’hivernage et les systèmes basant

l’alimentation d’hiver sur l’achat de céréales à l’extérieur afin de conserver toutes les terres de

l’exploitation pour la pâture.

L’arret du maïs se retrouve chez les producteurs

recherchant une certaine autonomie sur

l’exploitation et visant à limiter les intrants. Le recours au maïs ensilage, oblige une distinction bien

marquée des saisons estivales et hivernales et un manque de flexibilité sur la sortie en pature et la

fermeture du silo. Un silo d’ensilage refermé chauffe. Il vaut donc mieux le finir avant de sortir les

betes, donc garder les vaches plus longtemps à l’intérieur et ne pas profiter de la ressource en herbe

qui pousse alors trop et perd en qualité. Cet arret se fait également chez ces meme producteurs par

soucis de salissement des parcelles en céréales qu’ils ne veulent pas traiter. Il est plus économe

d’acheter le maïs grain à l’extérieur pour compléter la ration.

Pour les autres, les parcelles de maïs représentent de 5% à 10% de la surface totale selon la

localisation de l’exploitation. Les exploitations en vaches allaitantes ont souvent peu d’accès à des

8 réformes

engraissées

15 génisses

5 mois-12 mois

45 veaux

0-5 mois

45 vaches blondes

1 taureau

acheté

15 génisses

24 mois-30 mois

30 broutards de

250 Kg 5-6mois

15 génisses

12 mois-24 mois

43%

19%

14%

14%

10%

PP PT mais ensilage fougeraie bois-landes

Figure 41: Assolement d’une exploitation fonctionnant à base d’ensilage

PP Landes-bois

Figure 40: Assolement d’une exploitation sans ensilage

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terres labourables valorisables en maïs et n’arrivent à en mettre en culture qu’une petite proportion.

Dans ce cas là, elles sont rarement intégrées en rotation. Pour les exploitations des collines

d’Hasparren, ce sont les parcelles des fonds plats de grandes vallées ou des terres plus éloignées

aquises sur les bords de l’Adour qui sont alors trop éloignées pour en faire des terres de prairies pour

la fauche ou la pature. Pour les exploitations qui ont plus de terres labourables, les parcelles de maïs

sont mises en rotation avec des prairies temporaires. Le maïs est suivi d’une dérobée implantée sur les

parcelles pour toute la période d’hiver qui est ensuite ensilée ou enrubannée pour compléter les stocks

fourragers.

Pour ces éleveurs, le facteur limitant la production est la quantité de fourrage que l’exploitant

peut récolter à l’année. Avec les fenetres météo aléatoires et donc la difficulté à stocker en sec et les

limites des parcelles auxquelles ils ont accès (pente, impossibilité d’y implanter du maïs, faibles

rendements) il est peu possible d’assurer une quantité de fourrage suffisante au troupeau sans

modifier le mode de stockage. Les producteurs ont donc recours à une première coupe en enrubannée

ou ensilage d’herbe en avril-mai puis une première fauche en sec au mois de juin et une coupe de

regain en juillet ou aout. Le maïs ensilé en octobre, assure aux exploitations qui en ont, une ressource

alimentaire importante permettant d’augmenter le nombre de têtes sans avoir à augmenter la surface.

Au contraire, par souci d’autonomie, ceux qui se basent sur une alimentation sans ensilage de maïs,

restant limités sur les surfaces, présentent des chargements moins élevés et peuvent avoir recours à

la transhumance pour décharger l’exploitation en période estivale.

Les fougeraies sont toujours exploitées pour en faire la litière des vaches.

5.3.1.2 Différence de stratégies sur l’alimentation du troupeau bovin.

L’objectif des différents producteurs est de profiter au maximum de la ressource en herbe sur

pied par la pature, de bonne valeur énergétique et protéique, en période estivale pour conserver au

maximum les stocks fourrager pour l’hiver. Les vaches sont sorties le plus tot possible dès mars-avril

et la gestion du paturage se fait par rotation des animaux sur les différentes parcelles accessibles.

Différentes stratégies se démarquent pour l’hivernage.

D’un coté les exploitations qui basent leur ration hivernale sur l’ensilage de maïs ou l’ensilage

d’herbe. L’ensilage permet d’assurer des stocks de fourrages importants et de haute valeur

énergétique. En sortie d’hiver, l’ensilage complète la pature jusqu’à terminer le silo et permet

d’assurer une transition au passage à l’herbe. Le recours à l’ensilage de maïs est complété en saison

hivernale par des concentrés riches en protéines (tourteaux) pour compenser sa faible valeur

protéique et celui à l’ensilage d’herbe par des concentrés énergétiques comme le maïs grain. La fin de

période estivale, lorsque l’herbe se fait plus rare, est complétée par de l’enrubanné et foin au ratelier

dans les prairies. Les génisses de moins d’1 an et les veaux sont sortis avec les mères en avril. La tétée

et la pature sont complétées par des concentrés énergétiques et protéiques jusqu’à ce qu’ils soient

vendus en broutards de 6 mois. Les génisses de renouvellement sont sevrées à 6 mois et alimentées

par le même mélange en concentré énergétique (maïs) et protéique (tourteau) ou de l’aliment jeune

ainsi que du foin pature en belle saison. A 1 an, elles reçoivent la meme ration que les mères.

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Figure 42: évolution de la ration journalière (KgMS/j) en bovin allaitant à base d’ensilage de maïs

De l’autre celles qui ne fonctionnent qu’en ration sèche. La ration hivernale est constituée de

fourrages en secs ou semi-sec de l’exploitation (foin et enrubanné ou regain) complétés par des

minéraux et du foin de luzerne achetés. Les vaches sont sorties le plus tot possible en pature et restent

dehors nuit et jour. Le déprimage effectué par ce paturage précoce diminue les stocks en foin qui

pourront etre réalisés mais améliore la qualité de l’herbe qui sera stockée. Le temps consacré à la

fauche est souvent moins important sur ces exploitations que sur celles sortant les vaches moins

longtemps. Cette conduite du troupeau permet de diminuer la consommation des stocks fourragers

en belle saison, compensant ainsi la quantité perdue par un paturage plus important, de diminuer le

temps de distribution d’alimentation, de gagner du temps de travail sur le paillage et l’épandage des

fumiers sur les parcelles puisque les restitution en été se font directement sur les parcelles nuits et

jours. Les veaux et génisses sont sorties avec les mères à la belle saison jusqu’au sevrage. Ces

exploitations ont parfois recours à la transhumance pour désengorger les terres en été et pouvoir y

réaliser les stocks d’hiver. Les vaches ainsi que les génisses de plus de 1 an sont envoyées avec un

berger dans les hautes Pyrénées de juillet à octobre. Ne sont gardées sur l’exploitation que les jeunes

génisses et les vaches ayant un veau. Pour les veaux, lorsqu’ils sont engraissés, la tétée et la pature est

complétée par un mélange réalisé sur l’exploitation à partir de matières premières achetées à

l’extérieur (céréales, luzerne).

Figure 43: évolution de la ration journalière (KgMS/jour) en bovin allaitant en ration sèche

0

5

10

15

20

pature foin enrubanné mais ensilage

0

0,2

0,4

0,6

0,8

dec

jan

v

fev

mar

s

avr

mai

juin

juill

et

aou

t

sep

t

oct

ob

re

no

v

KgM

S/jo

urs

tourteau CMV

0

2

4

6

8

10

12

14

KgM

S/jo

ur

pature foin enrubanné

Transhumance

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75

5.3.1.3 Capital fixe de l’exploitation en bovin allaitant

Les éleveurs possèdent un batiment pour les mères et les veaux avec boxes à veaux pour ceux

qui gardent les veaux à l’intérieur en période estivale et un batiment génisse, un hangar à foin et une

fumière pour stocker le fumier. Les batiments sont souvents anciens (peu renouvelés depuis la reprise

de l’exploitation) mais représentent la plus grosse proportion du capital fixe de l’exploitation. Ces

exploitation possèdent un tracteur et le petit matériel de fenaison et ont recours important à la CUMA

pour les enrubanneuses et roundballer. Celles qui cultivent une partie de leurs terres en maïs font

appel à l’entrepreneur pour les travaux du sol et d’implantation de la culture ainsi que la récolte en

grain ou en ensilage. La présence d’exploitation bovin laitier à proximité facilite la mise en commun de

remorque à ensilage et d’entre aide pour les travaux de transport et mise en silo.

Les ateliers complémentaires requiert d’importants investissements batiments (cas des bovins

mixtes en 5.3) lorsque les structures ne sont pas présentes avant.

5.3.1.4 Valorisation de la production en circuit classique

La production est basée sur la vente de broutards de 6 mois de 250 Kg de poids vifs à des prix

qui évoluent entre 1000 et 1200 €/broutard pour les mâles et 850 et 900 €/broutardes pour les

femelles. Les vaches de réformes sont habituellement vendues en maigre à 1000 €/vaches. Certains

engraissent une partie des réformes pour une meilleure valorisation. Cependant l’engraissement

génère des couts qui ne sont pas forcément rentabilisés par la vente en grasse, selon les opportunités

du marché.

Dans un contexte où la possibilité d’agrandissement des terres donc des troupeaux est assez

limitée par la pression foncière, les producteurs, pour maintenir leur revenu se tournent soit vers une

valorisation du produit final par des voies de commercialisation différentielles, soit la mise en place

d’un atelier complémentaire comme vu précédemment avec les bovins laitiers. Ces diversifications

commerciales et productives sont permises par la flexibilité laissée par l’organisation du travail sur une

exploitation allaitante. Contrairement aux exemples précédents, il peut être possible de chercher la

valorisation sans s’appuyer sur l’installation d’un autre actif. Les diversifications peuvent être

commerciales, par la vente directe d’une partie des veaux et vaches de réforme en colis de viande

sous-vide livrés aux particuliers, ou par le travail sur la génétique du troupeau afin de valoriser une

partie des veaux obtenus en reproducteurs. Les diversifications peuvent également être productives,

par la mise en place d’un atelier complémentaire à forte productivité de la terre afin de créer sur peu

de surfaces disponibles une richesse suffisante à la complémentation du revenu. Pour les exploitations

les plus proches de pôles urbains comme Hasparren, la flexibilité du travail permet d’associer à

l’activité d’élevage une activité professionnelle autre. Nous ne développerons pas ici ce cas des

pluriactifs. Les ateliers complémentaires introduits sont surtout des ateliers de volailles : poulets de

chair, canard gras, poules pondeuses, qui ne demandent pas de travail d’astreinte aussi exigeant que

pour des systèmes laitiers comme celui de chèvres livreuses.

5.3.2 Réorganisation impliquée par la diversification du système de production : cas de la

commercialisation par vente directe. La valorisation en vente directe passe par une mise sous vide puis en colis d’une partie des

veaux après découpe pour pouvoir les livrer à un réseau de particuliers. Pour cela, il faut que l’éleveur

ait pu s’être constitué une clientèle fiable et stable qui lui permettra d’écouler tout au long de l’année

une quantité suffisante de veaux. La reproduction se fait plus souvent par insémination afin de pouvoir

contrôler les naissances et étaler l’arrivée des veaux sur toute l’année. L’objectif est de pouvoir vendre

en continu, au moins 1 veau tous les mois. Les commandes sont passées avant d’envoyer à la découpe.

Les animaux sont amenés à l’abattoir de Mauléon qui s’occupe de la découpe et la mise sous vide des

morceaux. Les éleveurs s’occupent ensuite de la confection des colis puis de la livraison aux

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particuliers. La livraison doit se faire par camion frigorifique afin de ne pas couper la chaine du froid.

Cela passe la plupart du temps par le partage entre plusieurs producteurs transformateurs (viande de

veaux, produits laitiers frais, viande de volaille, …) d’un camion en CUMA ou copropriété afin de

mutualiser l’investissement nécessaire. La valorisation par vente directe se traduit donc par une

intensification du travail assez importante. Les livraisons monopolisent 2 jours entiers par mois, et le

travail de prise des commandes avant la commercialisation est assez gourmand en temps également.

Les périodes de travaux de saison (enrubannage en avril et fauche en été) sont des périodes de tension

sur le travail entre le temps nécessaire aux taches agricoles d’élevage et culturales et les journées

passées en préparation des colis et livraison. Cette tension sur le travail est dépassée par une conduite

des animaux en ration sèche comme expliquée en 5.3.1.2 et le recours à la transhumance qui

permettent de diminuer le temps d’astreinte et le temps consacré aux surfaces fourragères en période

estivale. Les veaux en revanche sont sortis un mois-un mois et demi après la naissance afin de renforcer

leurs défenses immunitaires puis rentrés en étable paillée jusqu’à leur 6 mois pour y être engraissés.

En pâture, l’alimentation et l’activité physique ne leur permettent pas d’atteindre assez rapidement le

poids de 300 Kg (poids vif) auquel ils sont abattus (rendus de 150 kg de viande commercialisée par

veau). Les mères doivent donc être rentrées tous les soirs pour la tétée des veaux et ressorties en

pâture ensuite.

Figure 44: calendrier de travail bovin allaitant vente directe

Avec la diminution de la consommation, les éleveurs se voient obligés de commercialiser une

proportion plus importante des veaux par la voie classique faute de demande de leur clientèle. Ils

sont donc également constamment obligés de continuer à démarcher pour s’assurer un débouché

suffisant en vente directe et réaliser des livraisons plus disperses pour pallier au manque de clients.

Les veaux sont valorisés à 15€/Kg en vente directe contre 3,2€/kg en broutard de 6 mois.

On observe bien que la diminution de la consommation, donc de la proportion des veaux

vendus en directe par rapport à ceux vendus en broutards et donc du produit animal par kilo

commercialisé (qui serait de 15€/kg si 100% des veaux étaient vendus en vente directe) met en

difficultés ces exploitations sur la marge qu’elles arrivent à tirer de l’activité. Elles sont actuellement

forcées de trouver d’autres sources de revenu (tourisme, énergie, revenu extérieur…) qui permettent

de compenser cette perte de valeur ajoutée due aux difficultés de commercialisation rencontrées

auprès des restaurateurs et particuliers. Devant ce changement de comportement alimentaire, Les

0

5

10

15

20

25

30

nov dec janv fev mars avr mai juin juillet aout sept oct

Jou

rs d

e tr

avai

l par

mo

is

TA paillage transhumance SF commercialisation

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producteurs en vente directe peuvent difficilement survaloriser leur produit, qui est déjà considéré

comme cher, en passant par des certifications (BIO, Label rouge). En effet, le fait même de vendre en

directe impose déjà au consommateur un surcout sensé couvrir les frais de commercialisation

(découpe, mise sous vide) et matériel (carburant et location de véhicule pour la livraison). Les

producteurs se tournent donc vers des stratégies de diminution des charges par la diminution des

intrants (abandon du maïs ensilage, diminution des intrants sur les prairies par la recherche d’une plus

grande diversité floristique) fortement liées à leur mode de conduite du troupeau.

Figure 45: cout de production et produit animal en bovin viande-vente directe

5.3.3 Influence de la diversification sur les résultats économiques Les systèmes bovins allaitants sont des systèmes économes et qui exploitent des surfaces

difficilement valorisables. La productivité de la terre faible (255€/ha) sensible aux variations des

marchés amont et aval pour des systèmes spécialisés du fait d’un positionnement sur le marché du

maigre et l’impossibilité d’agrandissement ont poussé les exploitations à se diversifier par d’autres

voies de commercialisation (transformation ou reproducteurs), qui rehaussent la VAB (figure 46) par

un meilleur prix payé au veau, ou en installant un atelier complémentaire créateur de richesse sur peu

d’hectare qui contribuent à relever la productivité de la terre également.

€0,99 0,73

€0,87

0,36

€0,29

0,38

€2,32

1,33

€0,54

0,82

€1,59

€0,14

€8,41

4,29

€0,00

€1,00

€2,00

€3,00

€4,00

€5,00

€6,00

€7,00

€8,00

€9,00

bovin transfo bovin allaitant

€/K

g co

mm

erc

ialis

és

transhumance

commercialisation

Autres charges

Charges matériel

Charges végétales

alimentation

Charges animales

Total produits animaux

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78

Figure 46: productivité de la terre et productivité du travail des systèmes bovins allaitants

La crise des canards actuelle et les opportunités de vente directe offertes par la proximité

d’Hasparren, oriente la diversification vers des ateliers de volailles (poules pondeuses ou poulets de

chair) plutôt que palmipèdes qui étaient avant privilégiés par la richesse créée pour peu de temps et

peu de surface. En volaille, la productivité du travail diminue de manière importante du fait du temps

consacré à la commercialisation des produits (démarchage, livraison, présence aux points de ventes,

…) mais les débouchés restent sûrs et stables.

Les valeurs ajoutées nettes restent faibles du fait du poids des investissements nécessaires et de la

faible productivité de l’atelier majoritaire. Elles évoluent entre 2500 €/actif pour des systèmes

spécialisés, 4000€/actif pour de la vente directe et 17 500 €/actif à 30 000€/actif pour des systèmes

mixtes. Les revenus s’élèvent de 5000€/actifs en spécialisé à 30 000 €/actif pour des systèmes mixtes.

Ils sont réhaussés par la prime allaitante accordée au nombre de vaches mères pour des troupeaux

supérieurs à 10 vaches mères et des performances de 0,8 veaux par vache dans les 15 derniers mois.

L’ICHN, plafonné à 50 ha complète également largement ce qui revient à l’agriculteur. Le passage en

vente directe ou installation d’ateliers complémentaire ne permet pas de toucher plus d’aides (les

productions installées ne sont pas des productions aidées) mais le projet d’investissement en bâtiment

pour cette diversification est soutenu par des subventions accordées à l’investissement dans le cadre

des aides montagne. Les éleveurs touchent donc un total équivalent à 25 000 à 30 000 € d’aide pour

des revenus (aide comprises) souvent inférieurs à ce montant

5.4 Systèmes en transformation fermière. Les exploitations en transformation laitières sont issues des deux vagues, évoquées dans la

partie historique (point 4.3), de passage d’un système de commercialisation classique en laiterie à un

système transformant la totalité de sa production en lait sur la ferme. Ces deux vagues sont marquées

par la même volonté d’autonomisation vis-à-vis du marché aval afin d’atteindre une plus grande

autonomie de décision sur la production agricole et une moindre sensibilité aux fluctuations du

bovin allaitantbavin allaitant vente

directebovin allaitant+canard

grasbovin allaitant+poules

pondeuses

VAB/ha 255 324 978 349

VAB/jW 40 44 118 33

0

200

400

600

800

1000

1200€/

ha

et €

/jo

urs

de

trav

ail

VAB/ha VAB/jW

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79

contexte socio-économique. Ces exploitations sont plutôt situées sur les flancs des monts, les versants

de la vallée d’arberoue ou les crêtes des collines du flysch. Le passage à la transformation fermière a

également été accompagné d’une stratégie de diminution des charges et de la dépendance aux

intrants extérieurs par diminution des achats alimentaires, des engrais et traitements de synthèses.

La transition a été réalisée la plupart du temps par diminution des troupeaux pour en ajuster la taille

aux capacités fourragères de l’exploitation de manière à minimiser les achats de fourrage et adapter

le travail aux capacités de travail des actifs.

5.4.1 Fonctionnement du système d’élevage En brebis, les troupeaux sont majoritairement des troupeaux de Manech tête rousse. On

trouve également quelques fermiers en Lacaune. Non éligibles pour la livraison du lait en AOP, la

transformation fermière est pour ces éleveurs en Lacaune un moyen de mieux valoriser leur

production. Le lait plus doux permet des produits transformés (breuil, crottin, yaourts, …) attractifs et

recherchés par une clientèle non locale. La reproduction se déroule de la même manière que décrit en

5.1.1. Elle est faite par insémination ou lutte naturelle selon des stratégies fortement liées à la force

de travail sur l’exploitation. Pour les exploitations employant des salariés permanents ou apprentis

l’insémination artificielle, et donc les agnelages groupés, permettent d’avoir une quantité de lait

suffisante dès les débuts de la lactation et une qualité des fromages qui ne varient pas trop entre les

débuts de lactation et le pic de lactation. La présence d’un actif en plus permet d’assurer la surcharge

de travail occasionnée par le pic de travail des agnelages et le début de la transformation. Pour les

exploitations où la main d’œuvre est limitante, la lutte naturelle permet d’espacer les agnelages et

ainsi de pouvoir concilier transformation et agnelages en début de lactation. Ces dernières suivent

également souvent les mêmes stratégies d’agnelage à deux ans rencontrées chez les ovins type 2. On

observe cependant, dans un souci de diminution des charges ou de passage en BIO, une tendance

globale à l’abandon de l’Insémination artificielle.

En vache laitière, le fonctionnement herbager des exploitations pousse à l’adoption de

montbéliardes qui valorisent mieux le pâturage et sont moins fragiles que des Holstein. La

reproduction se fait par Insémination artificielle comme décrite dans la section bovin lait spécialisé, en

fonction des chaleurs.

Au troupeau laitier est toujours associé un troupeau porcin qui permet de valoriser le petit lait

issu de la transformation du lait. Les cochons sont achetés au stade porcelets et engraissés sur

l’exploitation.

5.4.2 Fonctionnement des systèmes de culture associés

Les systèmes en transformation fermière ont une conduite

des troupeaux qui tente d’optimiser les ressources de

l’exploitation tout

en diminuant les

charges et

intrants

extérieurs. On

observe donc

chez ces

exploitations un

fonctionnement

global de la

57%32%

11%

PP PN méteil

Figure 48: Assolement d'une exploitation en transformation bovin lait transformation

59%29%

9%4%

PP PT Mais/méteil landesFigure 47 : Assolement d'une exploitation en

transformation ovin lait transformation

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80

production qui s’appuie au maximum sur les services que les ressources propres peuvent offrir à

l’activité agricole : structure du sol, capacité à fixer la matière organique et les nutriment, réserve en

eau des sols dans le cas d’accès à des terres propices aux cultures, cycle des nutriments, régulations

biologiques par la biodiversité floristique et d’habitats, ressources alimentaires des prairies et flore

spontanée (estive),… Cela se traduit d’une part par une minimisation des perturbations physiques et

biologiques sur ces ressources, d’autre part par la gestion de la biodiversité présente afin d’optimiser

les processus biologiques bénéfiques pour l’exploitation. Les prairies sont majoritairement

permanentes afin de diminuer les perturbations mécaniques et chimiques pouvant déstabiliser les

processus naturels. La pâture a une place importante dans l’alimentation du troupeau et un soin est

accordé à la composition et la gestion des prairies afin qu’elles soient résistantes aux attaques de

ravageurs, au salissement par des adventices et qu’elles répondent aux besoins alimentaires du

troupeau (cf. gestion des prairies en systèmes ovin spécialisés en points 5.1.7.2). Dans cette même

recherche d’autonomie et d’optimisation des ressources propres, si les terres le permettent (accès

suffisant à des terres labourables), les concentrés énergétiques et protéique seront produit par

l’implantation de céréales et méteil en rotation avec les prairies temporaires de l’exploitation

introduisant ainsi une plus grande diversité sur l’exploitation. Les itinéraires techniques suivis sont les

mêmes que ceux décrits dans la section ovin lait (point 5.1) avec, dans la plupart des cas, un abandon

des engrais et traitements de synthèse.

5.4.3 Alimentation du troupeau L’alimentation des troupeaux s’appuie fortement sur les ressources de l’exploitation :

ressources en herbe sur pied directement accessibles, ressources fourragères et céréalières produites

et stockées par l’exploitant. En ovin comme en bovin, les animaux sont laissés aussi longtemps que

possible en pâture selon les contraintes de l’exploitation. Dans des contextes de prairies pentues

comme sur les flancs de l’Ursuya et en bovin, les animaux seront rentrés en hiver afin d’éviter le

ravinement et retournement des prairies. A la belle saison, les animaux sont sortis jours et nuits

diminuant ainsi le travail de paillage et épandage du fumier sur les prairies. L’alimentation est

complétée par du foin de l’exploitation ou du foin de luzerne acheté si les surfaces ne sont pas

suffisantes aux besoins fourragers du troupeau ainsi que les céréales et méteil produits sur la ferme.

En ovin lait, le recours à la transhumance sur des estives des Hautes-Pyrénées permet d’assurer

cette autonomie fourragère de l’exploitation en déchargeant les prairies à partir de mi-juin afin de

pouvoir réaliser des stocks en quantité suffisante pour la période hivernale et de lactation. Une partie

des brebis sont taries plus tôt et envoyées, fin juin, par transporteurs sur les terres d’estives où elles

seront gardées par un berger jusqu’à la mi-octobre. Les producteurs s’organisent généralement par

groupements pastoraux afin de mutualiser les frais de transport et de gardiennage. Le recours à la

transhumance permet également de diminuer le travail d’astreinte et de transformation pour la

période de réalisation des stocks fourragers puisqu’une petite partie seulement des brebis reste en

lactation jusque fin juillet.

Les cochons sont engraissés par le petit lait issu de la transformation qui est complété par des

céréales produites sur l’exploitation et les ressources alimentaires des sous-bois en propriété (gland,

châtaignes, …).

5.4.4 Valorisation des produits Dans ces systèmes en transformation fermière, la volonté d’autonomisation par rapport au

marché amont aboutit sur de plus faibles volumes de production (140l/brebis et 5000 L/vache) du fait

d’une diminution de la période de traite en ovin lait, d’une production moins poussée génétiquement

et alimentairement et d’une gestion plus extensive (des animaux à l’herbe mis à la reproduction plus

tardivement). Cette diminution de la productivité physique du travail (moins de volume produit pour

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plus de travail) est largement compensée par les stratégies d’autonomisation au contexte fluctuant

du marché aval qui permettent une captation plus grande de la richesse produite (les producteurs

vont plus loin dans la finition du produit et sa commercialisation) et une meilleure valorisation de la

production (commercialisation de produits pour lesquels la demande est plus importante). Par des

voies de commercialisation en direct (marchés de producteurs, vente à la ferme, points de vente

collectifs) ou en circuits courts (épiceries BIO, restauration, lien direct avec la GMS), ils arrivent ainsi à

doubler le prix du lait de brebis et de vache par la transformation en fromage voir quadrupler le prix

du lait de vache dans le cas de la transformation en produits frais. Cette recherche de valorisation sur

la production principale s’accompagne systématiquement d’une recherche de valorisation des

différents co-produits de la production laitière. Ainsi, une partie des réformes et veaux ou agneaux

ainsi que les porcs sont transformés et commercialisés grâce à la clientèle des produit laitiers offrant

une diversification de la gamme de produits proposés aux consommateurs. Le développement de la

transformation fermière et la formation de réseaux de producteurs fermiers comme celui portant la

marque IDOKI ont permis la mise en place de structures collectives favorisant la mutualisation des

moyens de transformation des co-produits et de commercialisation diminuant ainsi les

investissements nécessaires à l’activité fermière. La transformation et la commercialisation en directe

des co-produits participent à la richesse crée sur ces exploitations en permettant de quadrupler le prix

des réformes et jeunes vendus. La mutualisation par la mise en place de structures collectives diminue

les charges de transformation et commercialisation participant ainsi à l’augmentation de la valeur

ajoutée.

Les possibilités de valorisation de la plupart de ces exploitations se sont développées depuis

les années 1990 grâce à la création de l’association des producteurs fermiers du Pays basque et la mise

en place d’une marque, IDOKI, souhaitant labéliser les fermes en production fermière afin de leur

donner une place sur le marché. Selon la chartre IDOKI, un producteur fermier est un producteur qui

transforme et vend lui-même ses produits. D’autres ne sont pas passés par ce réseau et ont appuyé la

construction de leur clientèle sur le développement du tourisme dans la région d’Hasparren en

associant à la production fermière des propositions touristiques (visites de la ferme, accueil en gite ou

camping-car, ferme auberge, …).

5.4.5 Capital fixe d’exploitation Par l’activité de transformation mise en place, ces exploitations présentent un capital

d’exploitation plus important. Les mises aux normes successives ont obligé des investissements en

bâtiments (salle de transformation, caves) et matériels (cuves, presse, moules, saloir, claies, autoclave,

machines à laver, …) couteux. Les investissements ont été plus tournés vers les moyens de valorisation

des produits : salle de transformation, agrandissement des surface pâturées, introduction d’un nouvel

atelier complémentaire pour compléter la vente directe, magasin de producteurs, camions

frigorifiques. Ces exploitations possèdent généralement le petit matériel de fenaison et ont un grand

recours au CUMA pour le roundballer, matériel de travail du sol, semis de prairie et recours à

l’entrepreneur pour l’implantation et la récolte des céréales.

5.4.6 Résultats économiques Les systèmes en transformation, par une productivité de la terre élevée (1750 €/ha en ovin

transformation, 2200 €/ha en bovin transformation produits frais et 1514 €/ha en bovin

transformation fromage), sont des systèmes créateurs de richesse sur des surfaces similaires aux

autres mais partagés par plus d’actif (2 actifs minimum pour une exploitation en transformation). Cette

productivité de la terre est à la fois due à la meilleure valorisation du produit final et à une diminution

des charges par limitations des intrants extérieurs et achats alimentaires (annexe cout de

production). Le choix de circuits permettant aux producteurs fermiers d’aller le plus loin possible

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dans la commercialisation leur assure également de capter au maximum cette richesse crée par

l’activité agricole. Les VAN par actif sont donc assez élevées (11 000 €/actif à 28 000 €/actif) pour les

surfaces par actif exploitées (10 ha/actif à 20 ha/actif).

Le temps de travail dans ces exploitations est le facteur limitant l’augmentation de la

production. La complexification induite par la recherche d’un système s’appuyant sur les services

apportés par les ressources de l’exploitation et par la diversification des taches agricoles (production

céréalière et fourragère, conduite du troupeau, transformation, commercialisation, animation des

réseaux collectifs, …) est à l’origine d’une productivité du travail faible (170 €/ha en ovin, 70€/ha en

bovin). L’extension des surfaces par actif en est rapidement limitée. Le pic de travail des mois de juin,

juillet (annexe cout de production travail) pendant lequel la lactation donc la transformation n’est pas

finie pour les ovins, les travaux de fenaison sont lancés, la population touristique est plus importante

et celui de janvier et février, en ovin, où il faut concilier agnelage et début de transformation sont

déterminants sur, à nombre d’actif fixe, la taille du troupeau et des surfaces fourragères. Pour

optimiser ce temps de travail, les producteurs essaient de limiter la vente aux particuliers qui prend

beaucoup plus de temps de gestion que par des circuits de proximités en restauration, magasins de

producteurs, GMS. En bovin, la demande est telle, notamment en produits frais qu’un développement

de la clientèle, que ce soit en particuliers ou professionnel se fait assez facilement. En ovin en revanche,

la présence de transformateurs industriels AOP et la multiplication des producteurs fermiers oblige

chaque exploitation à trouver les moyens de se démarquer par le passage en BIO, la diversification de

la gamme (confection de breuil, yaourts, autres types de fromage).

Les aides et subventions représentent au plus la moitié du revenu (aides comprises) des

exploitations en transformation. Le montant des subventions et aides par actif est largement plus

faible que pour des systèmes similaires mais non fermiers par le fait que le nombre d’actif est plus

important, que les troupeaux sont plus petits et l’historique de l’exploitation souvent moins favorable.

Cependant, par les aspects décrits précédemment sur la captation de valeur, le revenu total généré

permet de sortir au moins deux salaires nécessaires pour ces familles qui ne peuvent compléter

l’activité agricole par une profession extérieure. Les revenus par actifs évoluent de 16 000€/actif à

37 000 €/actif.

5.5 Cas des installations hors cadre familial : acteurs de la diversification des

productions. Les dernières années ont vu l’émergence de nouvelles productions par des installations hors

cadre familial sur de toutes petites surfaces. Ces installations se font après une reconversion

professionnelle, sur des terres familiales restreintes à quelques hectares car héritées de parents qui

n’étaient de profession agricole ou sur des terres acquises indépendamment de tout héritage familial

donc de petite superficie également et pour certaines difficilement exploitables (terres anciennement

à l’abandon). Pour ces nouveaux actifs agricoles sans capitaux propres à l’arrivée ni aide familiale sur

le travail (parents non présents), il faut mettre en place des systèmes de productions qui permettent

de créer de la richesse rapidement et sur une petite surface afin de rembourser les emprunts

indispensables à l’installation, générer un ou plusieurs salaires, et réinvestir pour mettre en route

l’outil de production. Les productions développées sont donc souvent des productions peu ou plus

présentes sur la zone qui répondent à une demande en croissance des consommateurs et peut

s’inscrire dans des circuits de commercialisation permettant de capter au maximum la valeur ajoutée

créée par l’activité agricole (circuits courts, vente directe). Il s’agit alors de maraichage, arboriculture

et transformation, systèmes caprins fromagers dont les produits sont généralement certifiés en BIO et

commercialisés grâce aux réseaux AMAP, IDOKI, marchés de producteurs, vente à la ferme, …

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Ce sont des systèmes intensifs en travail qui se tournent vers une démarche similaire à celle

décrite dans les systèmes en transformation : se baser sur les services rendus par les ressources

propres pour diminuer les charges de l’exploitation et augmenter la résilience du système de

production.

Nous illustrerons ce fonctionnement à partir de la description des systèmes maraichers.

5.5.1 Système de culture Basées sur de petites superficies ne dépassant pas les 2 hectares par actif, les exploitations

cultivent 95% de la surface en plein champ et 5% sous serres. Pour pouvoir répondre à la demande et

fidéliser les clients, une quarantaine d’espèces de légumes sont cultivées à l’année et commercialisés

via des voies diversifiées (vente à la maison, en AMAP, sur les marchés, à des commerçants, en

restauration collective).

En certification BIO, ils tentent d’optimiser les services (ou éviter les perturbations) rendus

par les ressources auxquelles ils ont accès pour diminuer le recours aux intrants qui sont couteux et

augmenter le volume produit sur l’année. En termes de rendement de production, cela passe par la

mise en culture précoce de certaines espèces grâce aux serres.

Au niveau de l’entretien et de la protection des cultures,

• La structuration des zones cultivées en planches surélevées et la réalisation de fossés

permettent d’éviter les surplus d’eau et ainsi la prolifération de champignon due au

climat de la région donc de diminuer le recours aux fongicides.

• Le soin accordé à la biodiversité des habitats naturels entourant les parcelles (haies,

bosquets, arbres fruitiers, …), aux rotations ainsi que le recours à des auxiliaires,

bactéries (Bt), produits végétaux (purin d’ortie, de sauge) pour stimuler des processus

écologiques à l’origine de la régulation des bio agresseurs et des défenses naturelles

des plantes cultivées.

• Le travail mécanique du sol, les faux semis et le recours à des techniques de couverture

(plastique en période de culture, couvert végétal en hiver) afin d’intensifier les

processus du sol (circulation et réserve en eau, structure et fixation des nutriments) et

d’éviter la prolifération des adventices.

En termes de fertilisation :

• Utilisation des fumiers compostés et lisiers d’éleveurs ainsi que d’engrais vert pour

favoriser un effet sur le long terme des mécanismes de fertilisation.

La diversité du système de production, la complexité réintroduite par les opérations culturales et la

nécessité de varier les voies de commercialisation imposent un travail important qui pousse presque

systématiquement à l’embauche pour pouvoir augmenter la production.

La production maraichère, intensive en travail requiert un capital important dès les débuts de l’activité

afin d’assurer des volumes de production en quantité suffisante, sur de toutes petites surfaces.

CAPITAL FIXE DES EXPLOITATIONS MARAICHERES

BATIMENT Stockage de matériel

Serres

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84

Chambre froide

MATERIEL DE CULTURE

Tracteur

Semoir Cultivateur Broyeur Bineur Atomiseur Motoculteur Arracheuse plastique

Débrousailleuse Vison Enrouleur Planteuse Botteleuse Sarcleur

EQUIPEMENT Goutte à goutte Buse a aspersion Cagettes Balance Matériel de marché

5.5.2 Valorisation des produits En maraichage comme arboriculture, l’activité vise une grande diversité de produits pour

pouvoir s’insérer dans les réseaux d’AMAP et répondre à la demande des consommateurs urbains qui

est le moteur de la création de valeur ajoutée de ces exploitations. La diversité recherchée augmente

d’autant plus la complexité du système de production donc le temps nécessaire à la production.

Ces nouvelles productions ont pu se développer grâce à la présence et la demande des

urbains vivant autour d’Hasparren, de la présence de pôles touristiques autour de la zone (Cambo,

Espelette, Itxassou) et la création de réseaux comme celui des InterAMAP apportant soutien financier

(les paniers sont payés à l’avance) et débouchés stables (en comparaison aux marchés de producteurs)

aux producteurs. Elles introduisent (ou réintroduisent) de la diversité sur la zone en offrant des

produits jusqu’alors non produits localement (fromage de chèvre) ou qui avaient été abandonnés

(légumes et fruits).

5.5.3 Résultats économiques Ces systèmes sont créateurs de richesse (VAN de 7500 €/actif à 16 700 €/actif) sur de toutes

petites surfaces (1 ha à 3,25ha) par une productivité de la terre très importante (12 000€/ha en

maraichage, 8000 €/ha en arboriculture diversifiée, 7300 €/ha en caprin fromager) qui tient d’une

valorisation des produits par des circuits de commercialisation très localisés et de la diminution des

charges par un mode de conduite économe en intrants. Cette forte valeur ajoutée nécessite

cependant un travail important requérant au minimum deux actifs pour une exploitation afin de gérer

les différentes taches de la production, transformation ou conditionnement et commercialisation. Les

investissements dans des équipements qui permettent de simplifier le travail (cultirateau, planteuse,

plastiqueuse, lignes d’irrigation plus adaptées, …) viennent améliorer la faible productivité du travail

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85

et l’échange de matériel ou la copropriété permettent d’alléger des investissements déjà importants.

L’amélioration de la productivité du travail et les stratégies de diminution des intrants requièrent pour

ces exploitants installés sur des productions nouvelles l’acquisition d’un savoir-faire qui les implique

dans des réseaux existants d’aide à la construction du projet et d’accompagnement au changement

(BLE, EHLG).

A part pour les systèmes caprins qui sont éligibles à l’ICHN et la prime caprine, les exploitations

reçoivent peu de subventions (10 à 30% du revenu net). Le poids des salaires dans ces systèmes

intensifs en travail rabaisse les revenus de manière assez hétérogène selon les stratégies

d’exploitations (de 5000€/actif à 21 000 €/actifs).

6 Comparaison des résultats économiques et discussions sur les

dynamiques actuelles et perspectives d’avenir.

6.1 Comparaison des résultats actuels et perspectives d’avenir. Pour pouvoir comparer les résultats économiques des différents types évoqués précédemment,

nous avons choisis de les positionner les uns par rapport aux autres en fonction :

• De la richesse créée par le processus de production et disponible pour la collectivité

sous forme de biens alimentaires, services monétarisés, … représentée par la Valeur

Ajoutée Nette (VAN) défini en point 2.3.3

• De ce qui revient à l’agriculteur lui permettant de faire perdurer l’outil de production

d’une part et de s’attribuer un salaire d’autre part, représenté par le Revenu Agricole

(RA) défini en point 2.3.3

Afin de pouvoir analyser les résultats économiques en fonction de la surface et du travail

mobilisé dans la création de richesse, ces indicateurs seront ramenés à l’actif et représentés sur un

graphique en fonction de la superficie exploitée par un actif. Ainsi, les résultats traduisent la

performance économique qu’un actif peu atteindre dans les systèmes étudiés sur une surface donnée.

En représentant par un point chaque exploitation (la superficie par actif en abscisse et la

richesse crée par un actif en ordonnée), la situation de chacun des points sur le graphique montre les

inégalités de répartition de la surface cultivée par travailleur et les inégalités de valeur ajoutée et

revenu engendrés. La représentation de ces points montre également que la VAN/actif et le RA/actif

augmentent avec la surface cultivée, pour un système de production donné, et que les points

d’exploitations se regroupent autour d’une droite plus ou moins pentue. Il est donc possible de

modéliser linéairement les résultats économiques de chacun des types en fonction de la surface

cultivée par un actif. Cela s’explique par le fait que la VAN et le RA sont en partie proportionnels à la

surface. Les modélisations sont donc de la forme, pour la VAN :

VAN/actif =A*SAU/actif - B/actif

Avec A représentant les composantes de la VAN proportionnels à la surface et B, les composantes non

proportionnelles à la surface.

Suivant le calcul de la VAN détaillé en partie 2.3.3, on obtient donc

De même avec le revenu agricole :

VAN/actif = (PB/ha-CI/ha)*SAU/Actif – Amort/Actif+(PBnonprop/act - CInonprop/act)

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86

Où PB/ha, CI/ha, Aide/ha représentent les composantes du produit brute, des charges intermédiaires

et des subventions proportionnelles à la surface et PBnonprop, CInonprop et Aide, celles qui sont non

proportionnelles. RS représente les redistributions sociales et Amort les amortissements.

Dans la représentation graphique de la VAN/actif, on observe bien que le coefficient de

proportionnalité A = (PB-CI)/ha illustre la productivité de la terre (VAB/ha) du système de production

associé (dans la plupart des cas, le PB et les CI dans leur intégralité sont proportionnels à la surface. Et

que l’ordonnée à l’origine B donne accès à la valeur des amortissements divisée par le nombre d’actif.

Le graphique permet donc, en plus de la comparaison de la richesse crée et disponible pour la

collectivité, d’évaluer la productivité de la terre du système de production en fonction de la surface,

du travail et du capital mobilisés dans le processus de production.

Dans la représentation graphique du revenu agricole, les courbes sont rehaussées verticalement et

obliquement (redressement de la pente) par les aides non proportionnelles à la surface et les aides

proportionnelles à la surface. Les modifications d’allure de courbe entre le graphique 1 et le

graphique 2 traduisent donc le poids des subventions apportés à chaque système.

Les courbes représentant chaque système de production sont bornées dans un espace d’existence

défini par une surface cultivée minimale et une surface cultivée maximale. La surface minimale

représente la limite économique en dessous de laquelle le système n’existe pas dans le territoire et la

surface maximale donne la limite technique, calculée, au-delà de laquelle, un actif, dans le système de

production donné pour le capital fixe correspondant, ne peut plus exploiter seul. Sur les graphiques,

seront donc représentés les courbes de modélisation de chacun des types abordés en point 5 ainsi

que les surfaces maximales et minimales (représentées par des points) les bornant.

Sachant la grande variabilité de superficie en fougeraies et de possibilité d’exploitation de ces

fougeraies, les surfaces cultivées utilisées pour la représentation graphique sont les SAU des

exploitations auxquelles ont été enlevées les surfaces en fougère.

RA/actif = (PB/ha-CI/ha + Aide/ha)*SAU/Actif – Amort/Actif – RS/Actif + Aide/actif +(PBnon prop/act - CInon prop/act)

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87

Figure 49:comparaison des VAN/actif

Dans le deuxième graphique, le revenu agricole par actif de chacun des systèmes de

production est comparé au cout d’opportunité de la force de travail (ici représenté par le SMIC) afin

d’en évaluer les perspectives d’avenir. En effet, par son caractère intermédiaire et le développement

de ses activités industrielles, la région d’Hasparren offre des opportunités d’emplois proches,

rémunérées au moins au SMIC. Les possibilités de maintien qu’un système de production présent

dépendent donc du revenu qu’il permet de dégager. Au vu des opportunités de la région, un

producteur dégageant un revenu inférieur au SMIC a d’autant plus de chances d’abandonner.

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

40000

45000

0 10 20 30 40 50 60 70

VA

N/a

ctif

SAU/actif (fougeraies non comprises)

Graphique 1: VAN/actif en fonction de la surface cultivée

maraichage bovin lait transfo ovin lait transfo ovin lait type1 ovin lait type2

bovin lait mixte bovin lait bovin allaitant bovin allaitant mixte ovin+bovin

Transformation

Ovin laitier AOP

Bovins

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88

Figure 50: comparaison des RA/actif

Dès le premier graphique, sont distinguables 3 groupes se ressemblant sur les résultats économiques

pour des surfaces par actifs proches. Ces groupes sont

• Celui des systèmes en transformation de l’intégralité (ou la majorité) de leur production

et/ou commercialisation en vente directe, circuit courts (à l’exception des bovins allaitants)

• Celui regroupant les exploitations en ovin laitier pour la livraison en laiterie sous critère AOP.

• Celui des bovins regroupant les bovins lait et bovins allaitant.

Pour chacun des groupes, nous analyserons les résultats présentés par les graphiques et discuterons

sur les évolutions en cours et futures.

6.1.1 Les systèmes en transformation, circuits courts et vente directe, des systèmes

créateurs de valeur ajoutée sur de petites surfaces par actifs, portés par le contexte

intermédiaire du Pays d’Hasparren. Les systèmes situés les plus à gauche du graphique sont des systèmes dont l’intégration dans

le territoire a été possible par le caractère intermédiaire de la zone. Il s’agit des exploitations en

transformation ou vente directe ou des systèmes de maraichage et arboriculture. L’expansion du pôle

urbain d’Hasparren et la diffusion de l’influence sur la cote leur ont permis dans le temps de se

construire une clientèle stable par le biais d’un réseau de structures (IDOKI, InterAMAP, magasins de

producteurs). Aujourd’hui ils répondent à une demande croissante en produits locaux (légumes,

fromage, produits laitiers frais, canards transformés, porc basque…). Malgré une production en volume

par actif moins importante que dans d’autres systèmes (18 500 litres de lait transformé par actif contre

60 000 à 80 000 litres commercialisé par actif en ovin et 60 000 litres transformés par actif contre

400 000 à 550 000 litres commercialisés par actif en bovin), la richesse crée par actifs et disponible

pour la collectivité (VAN/actif) est importante sur de petites surfaces (comme le montre la pente

importante du graphique 1) et chaque structure est capable de générer au moins deux salaires par

l’activité agricole. La diversification des voies de commercialisation et des produits mis en marché par

0

10000

20000

30000

40000

50000

60000

0 10 20 30 40 50 60

RA

/act

if

SAU/actif

Graphique 2: RA/actif en fonction de la surface cultivée

maraichage bovin lait transfo ovin lait transfo ovin lait type1ovin lait type2 ovin+bovin bovin lait mixte bovin laitbovin allaitant bovin allaitant mixte Linéaire (SMIC)

Ovin laitier AOP

Bovins Transformation

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la valorisation des sous ou co-produits (petit lait, merguez d’agneaux, charcuteries, …) et la

multiplication des débouchés (magasins de producteurs, GMS, vente directe, restaurateurs, …)

participent notamment à cette création de valeur ajoutée. Leur indépendance aux contextes extérieurs

par le fait de capter la majorité de la valeur ajoutée créée en allant le plus loin possible dans le

processus de commercialisation et leur faible dépendance aux intrants leur assure une certaine

autonomie de décision et une résilience sur le temps long.

Le vrai facteur limitant pour ces exploitations est la disponibilité de main d’œuvre. Ce sont

des exploitations qui reposent sur des investissements lourds (salle de transformation, magasins de

producteurs, camions de livraison, etc.) et l’action collective leur permet de ne pas avoir à investir et

de répondre à la surcharge de travail qu’implique les ateliers de transformation. En transformation, en

bovin ou ovin, les résultats économiques peuvent être hétérogènes. En effet, le produit brut n’est pas

entièrement proportionnel à la surface. Tout dépend des produits choisis, des stratégies de diminution

de la période de traite pour alléger le travail de transformation, de la proportion de salariés par rapport

aux actifs familiaux, …

En ovin et bovin, le passage de la VAN au RA montre bien que les aides représentent une

proportion beaucoup moins importante de leur revenu que pour des livreurs (les droites sont moins

réhaussées que pour les ovins et bovin livreurs). Cependant, la question de la reprise de ces

exploitations se posent. Sachant qu’il faut être au moins deux la plupart du temps pour pouvoir

supporter la charge de travail, il faudra à un repreneur trouver un associé avant de pouvoir s’installer.

Les démarches actuelles croissantes d’installations d’hors cadre familiaux pourraient répondre à cette

problématiques grâce au réseau de formation existant autour du lycée agricole d’Hasparren.

En maraichage, Les débouchés et les porteurs de projets sont là mais le foncier reste un vrai

frein. Un maraicher, hors cadre familial, ne peut commencer que sur quelques hectares de ce qui est

considéré comme les meilleures terres sur la zone : sols peu argileux, sans pendage, …. Or les terres en

reprise actuellement sont des lots de terres d’élevage (20-30ha), hétérogènes. Il est très peu probable

qu’un exploitant cédant son exploitation accorde à un maraicher 3ha de ses meilleures terres et qu’il

trouve repreneur pour le reste (pentues, non labourable...). En s’installant, les maraichers ont un fort

potentiel de services rendus aux communes alentour. Dans un contexte de recherche de systèmes

économes et autonomes et de diversification, les expériences de complémentarité entre un éleveur et

un maraicher déjà expérimenté sur le secteur pourraient être un moyen de faciliter l’introduction de

systèmes de maraichage dans la zone et de promouvoir de nouvelles pratiques d’indépendance en

intrant en élevage.

6.1.2 Les systèmes positionnés sur un marché spécifique, des systèmes créateurs de

richesse par la présence de l’AOP Ossau-Iraty tournés vers deux logiques de

performance technico-économique. Le système ovin laitier sur des exploitations de taille petite à moyenne est un système qui a un

fort potentiel de création de richesse sur peu de surfaces avec un VAN/actif qui augmente

rapidement quand la superficie augmente. Il a permis, par sa rentabilité héritée de l’existence du

débouché AOP, de maintenir les exploitations sur la zone, d’installer des jeunes et de créer une

dynamique territoriale par tous les organismes qui l’entourent, impliquant des profils d’acteurs très

différents (laiteries, éleveurs, agents de développement, restaurateurs, commerçants, activités

touristiques, …). La mise en place de l’AOP, les organismes d’accompagnement des éleveurs et les

politiques européennes, nationales et régionales sont en grandes partie les facteurs de maintien de

ces systèmes performants et respectueux des pratiques de pâturage sur le territoire. Les prix garantis,

le cahier des charges, l’adaptation des pratiques aux contraintes imposées (race, pâture, alimentation

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locale, …) par le soutien technique et la redistribution sociale opérée par les primes, subventions

accordées et soutien financier de l’organisation de l’AOP sont en effet autant de leviers de la rentabilité

économique des exploitations et de la conservation de pratiques traditionnelles d’élevage.

La différence de pente lorsqu’on passe de la VAN au revenu entre les ovin+bovin sur de

moyennes surfaces (18 à 35 ha sur les graphes 1 et 2) et les ovin+bovin sur de grandes surfaces (40 à

62 sur les graphes 1 et 2) témoignent du poids non négligeable qu’ont les aides sur ce système. En

effet, seuls les 50 premiers hectares sont primés par l’ICHN et les 25 premiers hectares sont majorés à

50% (EHLG 2014). L’extension de la superficie dilue donc la répercussion sur le revenu. La pente du

revenu agricole des ovin+bovin sur de moyennes surfaces est plus relevée par le fait qu’au total, le

montant des aides proportionnelles à la surface par hectare (montant ICHN/ha) est plus important.

Ces ICHN ont également contribué à maintenir un caractère extensif de l’élevage local par la fixation

de paliers de chargements. On n’assiste pas à une intensification (redressement de la pente) vraiment

plus d’importante de l’un ou l’autre des types de production d’élevage hors transformation. Vu le

plafonnement et la majoration des ICHN qui favorise les petites et moyennes structures Il n’y a pas

forcément de course à l’agrandissement. Avec deux fois plus de surface, il est possible d’avoir un

revenu inférieur. Les limites imposées par le travail et le manque de main d’œuvre (1 seul actif par

exploitation) ainsi que les seuils naturels dus en partie aux aléas météo participent également à ce

ralentissement des stratégies d’agrandissement. La prime ovine et les aides investissement viennent

gonfler ces subventions et participer au fait que les aides accordées aux ovins par actif sont parmi les

plus importantes entre tous les systèmes rencontrés sur la zone. L’aide financière départementale de

soutien aux signes de qualité en général et à la filière ovin lait en particulier fait en sorte qu’avant

même le passage au revenu, dans la VAN est incorporée une part de redistribution sociale qui, par

l’aide à l’organisation de la filière, participe au contexte favorable des exploitations ovin lait. Les

aides à l’investissement ont un impact également sur la VAN des systèmes actuels et futures. Avec la

diminution de la main-d’œuvre, ces investissements ont permis la reprise à 1 actif d’une structure qui

fonctionnait souvent à 2. Les subventions poussent à des systèmes performants techniquement,

facilitant l’émergence des systèmes recherchant une meilleure productivité du travail.

Avec le temps, l’élevage ovin est entré dans une division horizontale et verticale du travail en

croissance qui augmente le poids des consommations intermédiaires et questionne sur leur

résilience en cas de crise. Horizontale par la séparation des ateliers ovin et bovin, l’externalisation des

travaux de saisons à des opérateurs extérieurs, etc… Verticale par la délégation des fonctions de

production alimentaire, de la fertilisation, des semences, de transport, transformation à des agents

extérieurs etc. L’Ossau Iraty est une AOP qui s’est formée rapidement dans un soucis de protection du

bassin donc sur un critère de provenance mais sans référence qualité sur le produit ni mesure

restrictive pour contrôler cette qualité. Cela laisse place à une grande hétérogénéité de la production

de fromage qui risque d’en desservir la promotion. La collecte du lait de brebis a connu le même

phénomène de concentration que ce qui s’est passé avec le lait de vache. Alors que le lait était collecté

par des laitiers communaux, les fusions et acquisitions ont restreint la tache de collecte à 3 gros

opérateurs sur la zone fonctionnant en concurrence dans une AOP qui pâtie d’un manque de

structuration. L’interdiction récente de fixation des prix au sein de l’interprofession laisse place à des

incertitudes sur le pouvoir de rémunération que le débouché offrira. Tous ces facteurs questionnent

sur la stabilité du système si la demande en AOP plafonne ou que les prix payés diminuent.

Avec l’interdiction des fourrages fermentés prévu pour 2018 en AOP, les contraintes qualité

de certaines productions (lait bio, transformation, lait cru, …), la recherche d’autonomie, notamment

protéique sur les exploitations et la difficulté à augmenter la récolte en sec dans un contexte de

fenêtres météo compliquées, la différenciation peut se faire sur la capacité à investir dans du

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matériel ou bâtiment de stockage et séchage performants. De même, face au manque de main

d’œuvre, la capacité d’investissement dans des salles de traites performantes, des bâtiments

fonctionnels peut se révéler discriminant. On observe cependant dès la VAN une différence entre les

ovins spécialisés de type 1 et de type 2 qui découle des logiques de fonctionnement différentes. Cette

différence est exacerbée avec le passage au revenu où les aides (aides ovines) remontent d’autant plus

celle des premiers. L’écart de pente traduit un degré d’intensification moindre chez les types 2

(agnelage à deux ans, place de la pâture, …) qui implique que les deux modèles de production n’auront

pas à affronter les mêmes enjeux de développement à l’avenir. Les premiers auront à chercher une

plus grande efficacité dans l’utilisation des intrants (génétique, achat alimentaire, produits végétaux,

…) pour une plus grande performance économique et environnementale disponible pour la collectivité

(richesse crée et impact moindre sur l’environnement) et pour eux même (revenu agricole et

conservation de leurs ressources naturelles). Les seconds auront à enrichir un savoir-faire autour de

l’intensification des services écologiques fournis par les ressources naturelles et rencontrer les voies

de commercialisation valorisant leur production et leur pratiques là encore pour la collectivité

(richesse crée dans la réponse à la demande de produits différentiels et multifonctionnalité de

l’agriculture par la stimulation de services autres que des biens alimentaires) et pour eux même

(revenu agricole et stimulation des processus écologiques utiles pour la production agricole).

6.1.3 Les systèmes positionnés sur des marchés non spécifiques, des systèmes à faible

valeur ajoutée poussés à se diversifier. A droite des graphiques, on retrouve les systèmes qui demandent une extension de surfaces

la plus élevée et sont les moins créateurs de valeur ajoutée à l’hectare. Ce sont les systèmes dont la

commercialisation s’inscrit dans des marchés de produits génériques qui ne sont pas reconnus pour

des critères qualités spécifiques (viande bovine et lait de vache). La commercialisation dans ces

marchés s’appuie sur une chaine de distribution qui a pu augmenter sa productivité par le recours à

des procédés industriels standardisés à large échelle (nationale voir mondiale, point 4.2.2 sur les

marchés laitiers) visant ainsi l’augmentation de l’offre pour des denrées bon marché. Dans ce contexte

de produit sans caractéristiques spécifiques, la compétition est centrée sur les prix, diminuant la

valeur ajoutée crée par l’activité agricole (traduit par la faible inclinaison de la pente des droites)

(Therond et al. 2017). Cette faible valorisation est en partie compensée par les aides qui y sont

importantes mais ne suffisent pas à atteindre des revenus à la hauteur des autres.

Le fait d’être positionnés sur un marché non spécifique et national voir international pour les

bovin lait entraine un accroissement des inégalités initiales d’accès aux ressources (terre labourable,

main-d’œuvre,) par sélection en fonction des avantages comparatifs. Tous sont soumis aux mêmes

incertitudes face à la volatilité de l’amont et l’aval et seuls ceux qui ont eu l’opportunité de s’agrandir

sur des surfaces facilement cultivables en maïs, leur permettant de rester compétitifs face à la

concurrence des autres régions se maintiennent en bovin spécialisé. Les résultats entre ceux-là restent

tout de même assez hétérogènes selon la localisation des exploitations et leur disponibilité en main-

d’œuvre. Les conditions du milieu obligent certains à garder les vaches en stabulation à cause de la

pente tandis que d’autres peuvent s’appuyer sur la pâture en complément de l’alimentation et

diminuer leurs charges, d’autre encore doivent investir dans des équipements plus performants pour

faciliter le travail d’astreinte.

En bovin allaitant, la production se maintient grâce aux aides compensatrices et la recherche

de valorisations autres vers laquelle se tournent les producteurs (vente de reproducteurs, vente

directe, …). Les exploitations ont orienté leurs modes de production vers une conduite économe qui

exploite de relativement grandes surfaces de manière extensive. La spécialisation en ovin avec

abandon de l’atelier bovin et la faible valeur ajoutée de l’atelier bovin, le peu de reprises en bovin

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viande et le manque d’installation qui demande un lourd investissement en bâtiment menacent

cependant la présence à venir des blondes sur le territoire. Les producteurs lancés depuis plusieurs

années dans les circuits de vente directe sentent la diminution de la consommation s’accroitre et la

difficulté de valorisation de la viande autrement que par ce circuit. Une marque locale a été créée pour

en faciliter la commercialisation en circuit court et pourrait donner une force au réseau pour toucher

le secteur de la restauration et grande distribution, voire, agrandir le marché au-delà des frontières du

Pays Basque.

Ces deux types de production se confrontent au même problème de manque de visibilité sur

l’avenir du fait d’un contexte mouvant. Les marchés restent incertains et beaucoup y répondent par

la mise en place, en complément, d’une production localisée, répondant à une demande certaine et

exprimée du territoire (chèvres, porc basque, poules pondeuses, …). Ils sont acteurs ainsi d’une

certaine re-diversification sur la zone par la mise en place de production qui avaient été abandonnées.

Cette démarche permet de rehausser la richesse créée par les exploitations par la valeur ajoutée créée

par hectare importante des ateliers complémentaires installés. Les bovins (laitier et allaitant) mixtes

sont déplacés vers la gauche du graphique par rapport à une situation spécialisée puisque qu’ils

requièrent d’installer un jeune en plus, une épouse pour assumer la surcharge de travail, donc

d’augmenter le nombre d’actifs sur une même superficie.

6.2 Agroécologie et changement de pratiques dans le territoire du pays d’Hasparren. Dans cette partie, au regard de la caractérisation de la diversité des systèmes de production, de

leurs logiques de fonctionnement, de leurs performances économiques et des processus qui ont

conduit à cette diversité, nous nous pencherons sur les évolutions en cours pour montrer que, face

aux évolutions des dernières années évoquées dans la partie historique (point 4.3), un mouvement

favorable à l’agroécologie est diversement enclenché dans les différents systèmes de production.

Devant la multiplicité des définitions, interprétations et concrétisation de l’agroécologie, nous ne

définirons pas dans cette partie ce qu’est l’agroécologie ou quelles sont les pratiques agroécologiques

mais nous nous baserons sur la définition de principes communs comme référentiel agroécologique

qui permettent de respecter son caractère polysémique (Stassart et al. 2012). Ces principes sont

inspirés d’une part des travaux récents de la recherche sur l’agroécologie comme alternative pour des

systèmes agricoles plus durables :

• Des « principes historiques » proposés par Altieri et socio-économiques par le groupe GIRAF

(Stassart et al. 2012).

• Des principes agroécologiques adaptés aux productions animales (Thomas et al. 2014)

D’autre part, depuis 2012, Stéphane le Foll a défini l’agroécologie comme le modèle d’avenir pour

l’agriculture en France permettant d’atteindre la triple performance économique, sociale et

environnementale. Le projet a été structuré autour d’un plan d’action et de la définition d’indicateurs

de réalisation, de résultat et d’impact permettant le suivi du développement de l’agroécologie en

France. Ce projet, par inscription dans le code rural, définition de politiques publiques de soutien et la

mise en place d’indicateurs de suivi peut être facteur d’orientation des initiatives territoriales en

émergences. Nous avons donc pris en comptes les domaines cités pour la mise en place des indicateurs

qui sont la sensibilisation et mobilisation des agriculteurs, la biodiversité dans les exploitations et les

territoires agricoles, l’efficacité dans l’utilisation des intrants et des ressources, la préservation des

sols, des agroécosystèmes et la lutte contre le réchauffement climatique, la performances

économiques des exploitations, l’Amélioration de l’autonomie et la performance sociale de

l’agriculture (Chevassus-au-Louis 2016).

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A partir des différentes sources citées, les principes agroécologiques retenus sont donc les suivants :

• Réduire l’usage d’intrants extérieurs en optimisant l’usage des ressources naturelles et de

leurs services rendus à la production. Cela implique également la gestion intégrée de la santé

animale afin de diminuer le recours aux intrants médicamenteux et aux services vétérinaires.

• Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin de permettre des

processus biologiques à l’origine des services écosystémiques. Cela implique également

d’assurer le renouvellement des ressources biologiques de manière à conserver un potentiel

d’adaptation du système.

• Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production. Par la gestion spatio-temporelle de la diversité des ressources et de

la complémentarité des animaux afin de renforcer la résilience aux aléas climatiques et

économiques.

• Optimiser le fonctionnement des systèmes de production pour réduire les pollutions et

l’impact environnemental.

• Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation par la création d’un

environnement favorable. Le système d’acteurs (producteur, distributeur, transformateur,

consommateur, …) et les interactions qu’ils établissent entre eux est déterminant pour les

possibilités de valorisation des produits.

6.2.1 Une reconfiguration des logiques technico-économiques favorable à un mouvement

vers l’agroécologie. Comme le montre l’analyse historique du territoire, on assiste depuis quelques années à une

reconfiguration des logiques technico-économiques de production, favorable à la mise en pratique

de principes agroécologiques, face aux évolutions du contexte socio-économique et la perte de

rentabilité sur les exploitations agricoles. Cette reconfiguration a en fait commencé dès les années

1980 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui comme une réaction à un modèle qui serait devenu la norme

mais dans laquelle certaines exploitations du territoire ne considéraient pas avoir les moyens de se

maintenir et qui, pour elles, semblait avoir touché à ses limites. Les crises agricoles successives, la

diminution du nombre d’agriculteurs, les enjeux environnementaux, les regards critiques de la société

posés sur le milieu agricole (et tout particulièrement l’élevage), … sont autant de signaux qui ont

poussés les agriculteurs à repenser leur manière de produire.

Pour mieux rendre compte de ces variations des modes de productions et comprendre en quoi

elles peuvent participer à une transition agroécologique, il est important de pouvoir d’abord définir la

norme à partir de laquelle nous considérons que les producteurs tendent à se différencier . Nous

considérons alors comme norme le modèle agricole dominant (celui qui représente le plus

d’agriculteurs et la majorité des volumes de produits agricoles commercialisés) et promu au niveau

national depuis les années 1970. A partir de cette norme nous déterminerons les vagues de

différenciation dans le temps et les moteurs poussant à l’évolution, puis nous confronterons les

variations impliquées par ces évolutions avec les principes agroécologiques énoncés plus tôt afin de

comprendre qui met en place des principes agroécologique, par quelles motivations et quels sont les

freins à leur application.

6.2.1.1 Définition de la norme à partir de laquelle les systèmes de production évoluent : Une

production de biens non spécifiques à travers des itinéraires standardisés et simplifiés.

Le caractère familial de l’agriculture a fait en sorte que les producteurs se sont toujours

adaptés au contexte économique et politique en privilégiant avant tout l’augmentation de la

productivité de leur travail (Charroin et al. 2012). Pour augmenter cette productivité du travail il a fallu

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dépasser les seuils naturels de production imposés par les limites des ressources naturelles et la

complexité des processus écologiques sur lesquels reposait la production agricole. L’investissement

dans des équipements et le recours à des intrants extérieurs ont été les moyens efficaces de repousser

les barrières de production par actif (nombre d’animaux par actif et quantité fourragère récoltée par

actif dans nos cas). L’accroissement de la productivité du travail a donc reposée sur une

augmentation du capital fixe par actif et de la mise en place d’itinéraires techniques et conduites

d’élevage fondés sur un recours en intrants de plus en plus élevé (Charroin et al. 2012). La mise en

concurrence de producteurs de différentes régions par la concentration des acteurs de l’aval a imposé

à tous un alignement nécessaire au mode de production le plus productif pour pouvoir se maintenir

sur le marché. Il a fallu s’affranchir des conditions du milieu pour s’assurer une compétitivité quel que

soit l’environnement de production et les aléas potentiels. Les équipements et intrants transférables

donc standardisés, développés pour réduire au maximum l’effet des facteurs de production

limitants, l’hétérogénéité du milieu physique et permettre un accroissement de la productivité se

sont alors imposés comme solution.

Dans un même temps, l’industrialisation des process des industries agroalimentaires ont

permis de répondre à la demande croissante de la population et des circuits de distributions en biens

alimentaires génériques et bon marchés d’une part mais également à l’augmentation de la production

agricoles d’autre part. Là encore, pour ces acteurs de l’aval engagés dans des processus de fusions

donc dans la nécessité de gagner en productivité, des outils industriels standardisés se développent et

permettent de traiter de plus gros volumes, gommant ainsi les spécificités qualitatives des produits

agricoles approvisionnés. Pour les producteurs, dans un marché non spécifique et globalisé (à l’échelle

nationale ou internationale), si le milieu ne présente pas un avantage particulier permettant une

meilleure compétitivité, il vaut mieux s’en affranchir. Depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui, le

modèle agricole dominant est donc un modèle de production de biens non spécifiques pour un

marché standardisé et globalisé. Comme évoqué dans la partie historique, le mode de production qui

permet de se maintenir dans ce modèle dominant est un mode de production standardisé, dans le

sens où la production repose des itinéraires techniques communs avec recours important en intrants

et technologies génériques (races et outils de sélection compris), et simplifié par une spécialisation

dans une seule production et l’abandon d’une conduite qui reposait sur la complexité des services

rendus par les ressources naturelles.

6.2.1.2 Les vagues de différenciation par rapport à cette norme : Des évolutions poussées par les

limites rémunératrices de la norme et la recherche d’une plus grande autonomie des

systèmes.

La première manifestation de cette volonté de se détacher d’un modèle global a été la mise

en place de l’AOP Ossau Iraty. Devant la prise en main de la transformation du lait de brebis par des

groupes industriels extérieurs au pays basque (Bongrain, roquefort) et conscients que le pays basque

n’avait pas les outils pour concurrencer le modèle aveyronnais en expansion, le recours au local a été

la clé pour conserver une certaine autonomie de décision et capter sur le territoire la valeur ajoutée

créée par la production de lait. Le premier cahier des charges mis en place n’est pas contraignant sur

les pratiques de production du lait. L’objectif étant plutôt de se positionner face aux risques

d’accaparement par des acteurs étrangers au territoire, la démarche inclusive vise à fédérer le plus

grand nombre de producteurs pour se réapproprier le produit et n’implique donc pas de limites

vraiment restrictives (Millet 2017). Elle permet cependant de faire de l’un des produits, en voie de

devenir majoritaire du territoire, un produit à qualité spécifique par son origine sous contrôle des

différents acteurs territoriaux (producteurs, transformateurs, industriels).

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En fin des années 1980-début des années 1990, en ovin comme en bovin, les crises de

surproduction du fait du développement de ce modèle de production standardisé et simplifié (point

4.3.1) provoquent des réactions de certains producteurs qui aboutissent sur la révision du cahier des

charges, la création du réseaux Arrapitz et de l’association de transformation fermière. En bovin lait,

conscients qu’ils sont dans l’incapacité à concurrencer le modèle breton, certains se détachent du

fonctionnement standard de la production laitière. En ovin lait, malgré la spécificité du produit, le

mode de conduite s’est également standardisé et simplifié (fort recours aux intrants, arrêt de la

transhumance, diminution de la pâture, apparition des lacaunes) poussant aux débats sur le

resserrement du cahier des charges et à la décision d’une partie des producteurs de s’écarter des voies

de commercialisation conventionnelles qu’ils considèrent non adaptées à leurs structures (point 4.3.1).

On assiste donc à un deuxième détachement de ces producteurs qui s’orientent vers une conduite plus

économe en intrant et indépendante des aléas du marché aval, souvent en transformation fermière

(point 5.4).

Depuis le milieu des années 2000, la fluctuation des contextes économiques amont et aval, les

enjeux environnementaux, l’évolution des exigences de consommation sont autant de facteurs qui ont

poussés de nombreuses exploitations à modifier leurs logiques de fonctionnement dans une recherche

de plus grande autonomie et optimisation de l’usage des intrants (point 4.3.3 ; point 5.1.7). A ceux-là

s’ajoutent les installations hors cadre familial nécessitant des systèmes créateurs de richesse sur peu

de surface qui offre une meilleure productivité de la terre au détriment de la productivité du travail.

A dire d’acteurs, ces vagues de modification des logiques technico-économiques de fonctionnement

des exploitations ont été enclenchées par les facteurs suivants :

• Fluctuation des cours et instabilités des marchés amont et aval qui poussent à chercher plus

d’autonomie du système en l’ancrant dans des contextes socio-économiques plus stables et

en diminuant sa dépendance en produits et technologies.

• Distanciation entre les producteurs et l’aval par la collecte et la transformation des produits

par des groupes nationaux. Les producteurs ne sont alors plus partie prenante de la destination

des produits mais fournisseurs de matière première et la recherche d’autonomie de décision

les pousse à chercher des modes de commercialisation par lesquels la relation au produit fini

est plus proche (filiale de coopérative, petite laiterie locale, transformation à la ferme).

• Besoin de renforcer la légitimité d’une voie de commercialisation spécifique par des stratégies

de différenciation par rapport aux standards. Un produit ne peut se démarquer que s’il est

considéré comme différentiel par les consommateurs, par l’image qu’il renvoie. La mise en

avant de pratiques spécifiques participant à l’image de qualité renvoyée par le produit permet

de mieux valoriser ce produit donc, pour le producteur, d’obtenir un meilleur prix payé malgré

les contraintes que cela peut engendrer.

• La faible productivité de la terre des productions non spécifiques (du territoire) qui pousse à

introduire une autre production à haute valeur ajoutée ou à aller plus loin dans la valorisation

de ce produit par la transformation, le passage en BIO.

• La surface par actif qui peut pousser à une moindre intensification lorsque celle-ci est

importante et une plus grande autonomie par rapport au marché amont (point 5.1.8)

• L’impact sur l’environnement des systèmes concernés et les pressions sociétales sur ce point.

6.2.1.3 Mise en œuvre de principes agroécologiques dans les systèmes de production, moteurs et

freins à leur application.

La confrontation des évolutions en variation au modèle de production considéré comme la

norme, pour les différents systèmes de production, avec les principes énoncés (annexe changement

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de pratique et adéquation aux principes agroécologiques) permet bien de montrer une concrétisation

de principes agroécologiques en réaction à des évolutions des contextes. Le tableau montre également

une diversité de mise en œuvre de ces principes entre les différents types étudiés dépendante des

voies de commercialisation. Ceux qui sont impliqués dans des voies de commercialisation à haute

valeur ajoutée comme la transformation et la vente directe, sont également ceux qui vont le plus loin

dans l’application des principes par une conduite des troupeaux et des surfaces qui tente d’optimiser

l’utilisation des ressources de l’exploitation et de leurs services tout en diminuant les charges et

intrants extérieurs (point 5.4 ; point 5.5). Ceux qui sont situés sur des marchés non spécifiques, quant

à eux, semblent moins aptes à leur mise en pratique. Le suivi d’un fonctionnement donné du système

de production pour s’assurer une compétitivité face aux concurrences sur un marché globalisé et donc

se maintenir ne leur laisse pas forcément beaucoup de marge de manœuvre. C’est le cas en bovin lait

par exemple où le nécessaire recours à l’ensilage de maïs pour s’assurer des volumes de lait produits

suffisants à l’obtention d’un revenu sur leurs petites structures, leur impose une surface en maïs

importante, gourmande en intrant et source de peu de services écosystémiques sur lesquels ils

pourraient s’appuyer (point 5.2.1). La mise en place de pratique agroécologique dans ces exploitations

se fait plutôt par la diversification de la production. De même, au sein des filières spécifiques (AOP

Ossau Iraty), on observe que l’agroécologie est diversement mise en œuvre. Alors que certains seront

dans l’optimisation des intrants pour une augmentation de l’efficience technique, économique et

environnementale (type1), d’autre se tournent vers l’intensification de l’utilisation des ressources et

des services rendus par ces ressources pour une autonomisation aux marchés amont et aval (type2)

(point 5.1.7).

Dans tous les cas, Les producteurs eux même ne font pas référence à l’agroécologie en tant que

telle mais ils mettent en marche des changements sur l’exploitation afin d’atteindre des objectifs qui

rencontrent sur de nombreux points les principes évoqués précédemment. Ces objectifs sont les

suivants :

• Réduire les couts de production et atteindre une certaine autonomie au contexte économique

fluctuant par la réduction de l’utilisation des intrants extérieurs.

• Sécuriser les revenus de l’exploitation et assurer une meilleure résilience sur le long terme face

aux aléas potentiels (environnementaux et économiques)

• Limiter les impacts environnementaux et sanitaires des systèmes de production (face aux

pressions de la société, aux exigences des consommateurs, aux réglementations sur la gestion

des effluents…)

• Atteindre une certaine autonomie de décision et être acteur d’une dynamique (face à la

distance croissante entre aval et producteur et la perte de main mise sur la destination des

produits).

Les producteurs se confrontent cependant à plusieurs freins à la mise en pratique de ces principes.

Le temps de travail et le manque de main d’œuvre en sont les principaux. Les principes

agroécologiques réintroduisent de la complexité dans le système qui impose une réorganisation du

travail. L’observation, l’acquisition de nouvelles compétences, l’adaptation constante font, comme

détaillé avec les bovins mixtes (point 5.2.2) et fermiers (point 5.4, annexe cout de production et travail),

que le temps nécessaire consacré à la production est plus important. Les résultats économiques sont

donc à moduler par la disponibilité de main d’œuvre. Une surcharge de travail peut conduire à une

mauvaise gestion de la complexité apportée par l’application de ces principes agroécologiques et donc

une dégradation de l’outil de production qui ne sera alors plus efficace économiquement. La prise de

risque en est un autre. Dans l’application de ces principes qui s’appuient sur les ressources locales, les

solutions et décisions ne sont plus génériques mais propres à chaque exploitation et doivent être

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adaptées en continue. Cela engendre un risque gonflé par le fait que, malgré l’acquisition d’une plus

grande autonomie au contexte économique, la production devient plus dépendante aux conditions et

aléas du milieu physique (Thomas et al. 2014). Enfin, le frein social et relationnel peut également être

une barrière notamment dans des exploitations à plusieurs actifs (retraités ou non) où les uns ont

toujours fonctionnés ainsi, dans tel cercle relationnel (coopérative, syndicat, …) et qu’il peut être

difficile de s’en détacher.

6.2.2 Ancrage de l’agroécologie dans le territoire : nécessité d’une efficience économique,

d’une légitimité sociale et d’un maintien dans le temps par la transmission Pour que ces évolutions s’ancrent et se maintiennent comme alternative dans le territoire, il

est nécessaire qu’elles prouvent d’une performance économique pour la collectivité et l’agriculteur,

d’une légitimité sociale en répondant à une demande de la société et puissent se transmettre dans le

temps. A partir des observations portées sur le territoire d’Hasparren, nous développerons ces trois

conditions.

6.2.2.1 Construction d’une efficience économique par l’amélioration de la valeur ajoutée des

productions, la diversification des sources de revenu et le recours à l’action collective.

En se reportant aux parties résultats économiques de chacun des types (point 5.), on observe

3 stratégies majeures vers lesquelles se tournent les différents systèmes de production pour

construire leur rentabilité économique face aux modifications du contexte socio-économique.

L’Amélioration de la valeur ajoutée brute et valeur ajoutée nette par diminution des charges et/ou

augmentation en valeur du produit brut (sans augmenter le volume produit). Le recours important à

la copropriété ou les CUMA permet à ces exploitations de diminuer leurs amortissements donc de

rehausser la VAN. La transition peut alors se faire par

• L’optimisation du mode de fonctionnement, en augmentant l’efficacité de l’usage des

intrants dans l’espace et dans le temps et, tout en restant dans les mêmes voies de

commercialisation, valorisant mieux les produits par la qualité qu’ils présentent. Cela permet

de diminuer la quantité d’intrants mis en œuvre dans le processus de production mais

d’augmenter le produit brut final de la production, améliorant ainsi les résultats économiques

des exploitations. C’est par exemple, l’adaptation des apports alimentaires dans le temps et

pour chaque brebis par l’utilisation d’un DAC (système de distribution automatique d’aliment

concentré en fonction de la production par reconnaissance de boucle électronique),

l’utilisation d’engrais microencapsulé pour la fertilisation du mais qui assure la diffusion sur

3 mois et évite le lessivage. La valorisation des agneaux par leur génétique (critère qualitatif)

en les vendant comme petits béliers, la vente de réformes ou génisses en lait, la distribution

de concentrés alimentaires spécifiques (drèche de maïs) en pic de lactation chez les brebis

pour éviter le phénomène de dilution du lait.

• La réorganisation des logiques de fonctionnement pour une plus grande autonomie au

marchés amont et aval et une valorisation du produit principal par un marché spécifique (BIO,

lait cru, label). De même, cela conduit à une nette diminution des charges (point 5.1.7.5 ;

point 5.1.8.5, point 5.4.6 ; annexe cout de production travail) et une augmentation du produit

brut. C’est par exemple, le passage en ration sèche en bovin allaitant, le recours aux

agnelages à 2 ans, le fonctionnement en système herbager en bovin laitier.

La captation au maximum de la valeur ajoutée en allant au plus loin dans le processus de production

(transformation) et de commercialisation. Il s’agit alors de maitriser la plupart des étapes conduisant

au produit commercialisable et à la mise en marché de celui-ci. Cela passe par la transformation à la

ferme et/ou la vente directe, la commercialisation par des réseaux de circuits courts. Le

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positionnement des courbes en transformation (bovin lait et ovin lait sur les graphiques 1) par rapport

aux courbes des livreurs témoigne de cette amélioration de l’efficacité économique (augmentation

plus rapide de la VAN/actif avec la surface) de ces systèmes.

La diversification des sources de revenu par la mise en place de productions dont les débouchés sont

porteurs de haute valeur ajoutée (forte demande, filière en croissance). Il s’agit alors d’améliorer sa

performance économique sans modifier le mode de production de l’atelier majoritaire mais en

installant une production dont les produits sont spécifiques et demandés. Là encore, le redressement

des courbes (VAN/actif et RA/actif) permet de montrer l’efficacité économique de cette modification

pour la collectivité et l’agriculteur.

Cependant, ces changements impliquent un détachement à deux tendances du modèle de

production dominant depuis les années 1970 : la spécialisation et l’externalisation qui permettaient

une plus grande simplification du système pour une amélioration de la productivité du travail (LUCAS

and GASSELIN 2016). La réintroduction de complexité par ces stratégies de diversification, captation

et amélioration de la valeur ajoutée requiert un temps de travail plus important (point 5.3.2 ; point

5.2.3; point 5.4) et pose des freins techniques qui nécessitent la construction d’un savoir-faire

spécifique. Temps car ils nécessitent d’aller plus loin dans les processus de production (engraissement,

transformation, commercialisation, entretien des cultures implantées, récoltes…) et savoir-faire car ils

impliquent des changements de pratiques (passage à l’herbe, culture de luzerne, savoir-faire fromager,

gestion de la reproduction, observation des troupeaux, …). Ces exploitations connaissent également

les limites imposées par le manque de main d’œuvre. Par rapport à la génération précédente où les

actifs agricoles étaient deux sur la ferme, les exploitations actuelles reposent souvent sur un seul actif.

La mise en place des solutions abordées précédemment reste alors compliquée pour ces structures

d’un actif. Pour résoudre ce conflit, les agriculteurs se tournent vers l’action collective à travers la

mise en place de points de vente ou ateliers de transformation collectifs, les CUMA, l’adhésion au

schéma de sélection, etc. et la construction commune d’un savoir spécifique qui leur permet

d’accélérer la création de connaissances par les groupes d’échanges d’expérience, les formations sur

exploitations, la participation aux mêmes organismes de développement.

6.2.2.2 Légitimation sociale des changements de pratiques par la formation de contextes socio-

économiques favorables répondant aux demandes des consommateurs, des politiques

agricoles et des producteurs.

L’ancrage dans le territoire passe en partie par les performances économiques qui permettent

aux systèmes d’exister malgré les modifications des logiques technico-économiques de

fonctionnement mais également par l’acquisition d’une légitimité sociale. L’exemple développé avec

les bovins allaitants en vente directe sur le besoin de repasser une partie de la production dans des

circuits classiques (point 5.3.2), montre bien qu’il faut que le contexte socio-économique soit porteur

pour que la mise en place de pratiques nouvelles soit durable. Les changements occasionnés auront

d’autant plus de chances de se maintenir s’ils rencontrent une demande des consommateurs pour des

biens alimentaires, le fonctionnement de la chaine de distribution et l’image qu’ils renvoient, des

pouvoirs publics pour les services rendus à la société et des acteurs de l’aval pour la qualité et le cout

de la matière première. Il est nécessaire que le modèle développé paraisse viable et prometteur même

s’il est variant par rapport à la norme. Selon les productions, les contextes socio-économiques et

notamment la nature du lien avec ceux qui légitiment le changement de pratiques sont plus favorables

que d’autres. C’est l’exemple de la révision du Cahier des Charges de l’AOP par exemple. Le fait d’être

positionné sur un produit spécifique porteur d’une image de pratiques d’élevage traditionnelles, au

sein d’une interprofession rassemblant tous les acteurs de la filière, a permis de déterminer un cadre

garant de la crédibilité du produit auprès des consommateurs (donc de la promotion de ce produit),

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du maintien de pratiques (maintien des races, de la pâture,…) et de l’organisation de la filière en

fonction des attentes des acteurs (qualité sanitaire pour les industriels, prix payé pour les producteurs).

De la même manière que l’agroécologie est diversement mise en œuvre, ces contextes favorables sont

multiples. Sur le territoire d’Hasparren, les circuits de valorisation et commercialisation comme la

laiterie bastidarra qui a accompagné le changement de pratiques auprès des éleveurs associés par

valorisation des yaourts en HVE3, L’association des producteurs fermiers à travers la chartre Idoki qui

a déterminé le statut de producteur fermier et a permis à ces producteurs de se démarquer,

l’interAMAP qui a concrétisé une demande des consommateurs (des pôles urbains alentour :

Hasparren, Cambo, Espelette,…) et soutenu le développement de production non présentes à l’origine,

la demande de certaines coopératives en produits BIO sont autant d’exemples d’interactions entre des

producteurs impliqués dans un processus de modification de pratiques et des acteurs qui légitiment

ce changement par des circuits répondant à une demande (demande en produits locaux, produits à

qualité environnementale, produits fermiers,…). La construction du fonctionnement global de la

chaine agroalimentaire déterminera également l’évolution des possibilités de maintien des systèmes

de production impliqués (ex des ovin laitier point 6.1.2 et de leur perte de résilience)

Les aides et subventions apportées par les politiques européennes, nationales, régionales

jouent également un rôle dans l’établissement d’un contexte favorable. Les ICHN (point 6.1.2) qui ont

freiné une intensification des exploitations qui rendrait plus difficile l’application de principes

agroécologiques, le soutien financier à l’AOP, à sa promotion et aux organismes technique qui ont

accompagnés l’adaptation des pratiques en sont des exemples. Là encore, les changements

occasionnés auront d’autant plus de chances de se concrétiser et se maintenir s’ils rencontrent un

intérêt, une demande de la part des collectivités territoriales ou des orientations nationales. C’est le

cas par exemple de l’aide à la mise en place de GIEE suite au projet Agroécologique du gouvernement.

Sur le territoire d’Hasparren, grâce aux financements accordés aux GIEE, un groupement de 4 éleveurs

ont pu investir dans un séchoir en grange permettant l’amélioration de la diversité florale des prairies

et l’introduction de légumineuse (luzerne) dans les rotations.

Enfin, l’existence d’un maillage dense d’organismes (AFOCG, CCDEO, BLE, IDOKI, CA, EHLG,

CUMA, etc.) qui permettent de construire ce savoir-faire et de partager les moyens de production et

de commercialisation est également un élément favorable à l’ancrage et la diffusion des changements

dans le territoire d’Hasparren. Il légitime, par l’obtention d’une maitrise technique de l’ensemble du

processus de production et commercialisation, le changement de pratiques auprès des autres

producteurs et répond à la demande des agriculteurs de production de connaissances autour de ces

nouvelles pratiques.

6.2.2.3 Transmission des systèmes de production et maintien dans le temps de changements de

pratiques par le soin accordé à l’équilibre revenu-travail-préservation des ressources.

Le maintien dans le territoire et dans le temps de la mise en œuvre de ces principes

agroécologiques, en plus de dépendre fortement de la construction socio-économique qui les

entourent, sera facilité par la transmission des exploitations qui les appliquent. La reprise des

exploitations est donc un point clé. Du fait du besoin en travail plus important, l’équilibre revenu-

travail-préservation des ressources est un facteur déterminant pour la reprise de l’exploitation. Si ce

travail sur l’exploitation est trop important, cela peut dissuader un repreneur de prendre la suite ou

accélérer la dégradation des ressources et moyens de production (perte de clientèle par manque de

temps de démarchage, dégradation du troupeau ou des prairies par manque de temps d’entretien,

dégradation du capital fixe, …) qui seront transmis, mettant à mal la performance économique et la

légitimité sociale de l’exploitation à l’avenir.

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Comme développé dans les parties précédentes, les évolutions des logiques de

fonctionnement technico-économiques par introduction de principes agroécologiques conduisent à

une diversité de systèmes de production ancrés dans des contextes socio-économiques différents

qui soutiennent leurs évolutions et leur permettent de construire leur performance économique et

leur légitimité sociale. L’intégration de cette diversité est donc à l’origine d’une coexistence de

modèles de production différents par leur localisation dans le territoire et leur positionnement dans

les mêmes démarches (AOP, CUMA, etc.). Nous évaluerons dans la prochaine partie les effets

impliqués par ces interactions.

6.3 Coexistence de modèles : complémentarités ou concurrences pour l’insertion de

l’agroécologie ?

6.3.1 Diversité des modèles de production et interactions entre ces modèles sur le territoire

d’Hasparren. La diversité de systèmes de production ancrés dans des contextes socio-économiques différents

peut être caractérisée par plusieurs groupes dans le territoire. Les systèmes en transformation ou

vente directe et hors cadre familial qui se sont positionnés sur des marchés de niches par la

production de biens spécifiques par l’origine (fromages AOP fermiers, viande de veaux locale) et le

savoir-faire (fromages de chèvres, foies de canards fermiers, fruits transformés) destinés à des

consommateurs spécifiques (les réseaux AMAP qui rassemblent des consommateurs impliqués dans

une démarche bien particulière, les consommateurs BIO ou recherchant du local). Les ovins laitiers

qui sont positionnés sur un produit spécifique (AOP Ossau-Iraty) à large diffusion (GMS, laiteries de

capacités et stratégies qualité différentes) rassemblant un grand nombre d’éleveurs du fait de la

généralisation de la production sur le territoire. Les bovins laitiers et allaitants qui sont restés sur des

marchés non spécifiques (produits génériques de grande consommation), standardisés (sans

caractéristiques propre à la région ou au savoir-faire) qui répondent à une demande en bien

alimentaires génériques. Tous sont impliqués diversement (point 6.2.1) dans une évolution du mode

de production qui implique une réorganisation du travail (point 5.3.2 ; point 5.2.3; point 5.4) et des

apprentissages techniques spécifiques. De ce fait, les modifications nécessaires des systèmes de

production ont été réalisées en s’appuyant sur des réseaux collectifs locaux de création de

connaissances, de technologies ou de moyens organisationnels (commercialisation) pour mutualiser

les efforts et diminuer la prise de risque et l’appui sur des structures d’accompagnement (statut

juridique, promotion, voie de commercialisation, appui technique, construction d’un savoir-faire

propre…). A l’échelle du Pays basque, la création de l’association Arrapitz dans le années 1990, par

exemple, a fédéré 13 structures d’accompagnement des producteurs qui avaient le souhait d’unir

leurs efforts pour définir un modèle de développement agricole et rural commun. On retrouve alors

dans ces organismes des exploitations au mode de fonctionnement très différents qui interagissent

sur le territoire sur plusieurs niveaux :

• Coexistence spatiale : La proximité géographique permet des échanges entre les différentes

exploitations. Cela se concrétise par exemple par la mise en commun de matériel à travers

les groupes de quartier des CUMA. Avec l’extension géographique des CUMA, des groupes de

quartier se sont organisés pour gérer indépendamment du matériel partagé dans un groupe

restreint de membres proches géographiquement les uns des autres. La mise en place de

groupes permet de faciliter la logistique sur des machines moins couteuses mais

intensivement utilisées à une certaine saison (ex : roundballer, tracteur, charrue, machines à

bois). Le groupe facilite et officialise également l’entraide sur des gros chantiers requérant

plus de main d’œuvre (ensilage) et qui donc sont faits en commun.

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• Coexistence technique : Les producteurs participent en coopération à la construction d’une

ressource technique (ressource génétique par le centre ovin, ressource en matériel par les

CUMA, ressource alimentaire par le réseau éleveur-céréalier). Cette coopération permet

d’adapter de manière plus efficace l’outil de production aux contraintes économiques et

environnementales.

• Coexistence socio-économique : l’implication dans les mêmes structures économiques

(coopératives, laiteries, syndicat AOP, point de vente collectif, GIE) ou dans les mêmes

organismes d’accompagnement (IDOKI, BLE, EHLG) qui permettent de construire la

rentabilité des différentes exploitations. Ces organismes sont autant d’opportunités

d’échanges, de partages d’expériences lors des formations, des démarches de promotions,

de discussions sur la valorisation ou le fonctionnement de l’outil de commercialisation.

6.3.2 Enjeu porté par la coexistence des modèles pour les évolutions en cours et futures :

Gestion de l’hétérogénéité et établissements de normes communes. La multiplicité de ces agricultures, apportée par les diversifications agroécologiques actuelles

pose des enjeux pour les évolutions en cours ou futures au sein des structures collectives à travers

lesquelles elles interagissent. Comment faire évoluer et accompagner conjointement des systèmes

divers ?

Pour les organisations collectives regroupant des producteurs autour de la gestion d’une

ressource commune (ex : CUMA, CCDEO), cette ressource (machines, génétique) est un bien dont

l’accès n’est pas ou peu limité mais dont l’usage peut faire objet de compétition (Ostrom1990). En

prenant l’exemple du schéma de sélection, dont la mise en œuvre est confiée au CCDEO, la ressource

génétique est peu limitée mais une divergence trop importante dans les objectifs de production peut

mettre en péril le potentiel de sélection future (Labatut et al. 2012). Il devient alors nécessaire de

fixer des règles pour cadrer les comportements au sein du collectif et externaliser les conflits par le

suivi d’une même démarche fixée. Pour reprendre l’exemple du schéma de sélection, un bon

fonctionnement passe par un accord sur les objectifs de sélection, la définition des standards des

races, l’utilisation raisonnée des reproducteurs pour éviter la consanguinité, le contrôle de la

diffusion des béliers non pris par le centre, etc. qui sera figé par la mise en place de règles collectives.

La multiplicité des stratégies d’exploitation en termes de sélection et de conduite du troupeau est

donc facteurs de tensions sur l’établissement de ces règles et sur l’usage des outils qui permettent

d’atteindre les objectifs fixés (ici l’insémination artificielle, le contrôle laitier, les indices génétiques)

et risque de rendre, à l’avenir, plus difficile le fonctionnement du collectif et la gestion de la

ressource (ici la génétique).

Dans les cas où ces collectifs ont aussi une visée commerciale et donc une image à véhiculer aux

consommateurs, la fixation de règles prend une importance majeure puisqu’elle détermine la

manière dont le collectif arrivera à prendre place dans le contexte socio-économique. On observe sur

le territoire deux stratégies pour l’accompagnement :

• Une stratégie inclusive visant à intégrer le plus grand nombre d’exploitations dans leur

diversité. Les règles sont alors assez lâches et les évolutions se font par l’adaptation de

certaines pratiques existantes afin de répondre à un cahier des charges donné.

• Une stratégie exclusive visant à former un collectif homogène d’un nombre limité d’acteurs

qui se ressemblent. L’évolution vise la transition du système de production dans son

intégralité vers un modèle défini.

La diversité impliquée dans la stratégie inclusive permet l’accompagnement d’un plus grand nombre

dans le changement de pratiques. Les différences de modèles sont à l’origine de tensions et conflits

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102

sur l’établissement des règles à suivre et le pouvoir rémunérateur de la démarche peut en pâtir du

fait de l’hétérogénéité de l’image renvoyée par les producteurs et la difficulté à établir une

structuration commune. L’équilibre est constamment à trouver pour que le contexte économique

reste porteur (rémunérateur) mais que les règles soient assez strictes pour impliquer une évolution

et renvoyer une image qui réponde aux attentes des consommateurs. C’est le cas notamment de

l’AOP Ossau Iraty. Les signes de qualités sont des constructions collectives qui nécessitent la

coopération des différents acteurs dans la mise en place de normes communes, la création d’une

image et d’une légitimité. Le développement et le maintien de prix rémunérateurs ne peut s’obtenir

que par la légitimité que le produit a face aux consommateurs. La révision du cahier des charges,

avec temps d’adaptation, a permis de freiner les écarts trop importants à des pratiques préservant

les ressources locales chez un grand nombre d’éleveurs supportés par un contexte économique aval

stable. La perte du pouvoir de rémunération et la faible différence entre AOP et non AOP pour

certaines entreprises de collecte risque cependant d’inciter certains à sortir de l’AOP et créer, à

l’avenir, des concurrences entre produits dérivés et produits AOP.

Dans la stratégie exclusive, un petit collectif évolue ensemble vers un marché de niche bien défini. La

dynamique collective est facilitée par l’homogénéité qui permet également d’être plus en cohérence

avec l’image renvoyée par le collectif. Cependant, les possibilités d’évolutions ne sont accessibles

qu’à un nombre restreint de membres et ne permettent pas de soutenir le projet de changement de

ceux qui n’ont pas atteints les contraintes fixées. Elle permet de créer une niche qui, si elle rencontre

la demande de consommateurs, sera favorable aux maintiens et évolutions des systèmes de

production. Cependant, en restreignant trop le nombre de membres, elle risque de perdre la

puissance du collectif dans la construction d’une reconnaissance auprès des acteurs aval. La

mutualisation des forces (temps de travail bénévole, compétences diverses) est moteur de

dynamisme dans un collectif et indispensable à l’obtention d’une légitimité sociale. La transmission

risque également de se révéler compliquée si les critères d’exclusion requièrent une technicité

élevée, difficilement atteignable en premières années par des jeunes en reprises, ou ne permettent

pas de dégager un revenu capable de supporter les investissements d’installation (dans le cas des

hors cadre familial notamment).

6.3.3 Place des diversifications agroécologiques dans le paysage socio-économique :

apprentissages mutuels et complémentarité dans la mise en valeur du territoire. Les différents types décris et la différenciation des logiques de fonctionnement organisent

sur le territoire d’Hasparren un paysage divers dans lequel les différents modèles de production,

associés à un niveau socio-économique dans lequel ils s’insèrent, rencontrent l’ensemble des

attentes sociales des différentes catégories de consommateurs ou acteurs aval. Les modèles de

productions positionnés sur un marché non spécifique permettent de répondre à une demande en

biens de consommation bon marché de la majorité des consommateurs (lait, viande) par

l’intermédiaire des GMS. La démarche AOP (marché spécifique) et les différenciations de logiques

technico économiques entre les types 1 et les types 2, assurent à la fois une standardisation du

produit (par recours au mélange de lait qui gomme l’hétérogénéité et à des processus industriels

standardisés) pour répondre aux besoin de la grande distribution et la demande d’une partie des

consommateurs, et une différenciation par la commercialisation en laiterie de fromage BIO, d’estive,

au lait cru répondant à une demande en produit plus qualitatif. Il y a complémentarité dans la mise

en valeur de l’Ossau Iraty et donc du territoire à travers cette diversité puisqu’elle permet une

diffusion plus large du produit, à travers des voies de distribution diverses. Les modèles de

production positionnés sur des marchés de niche (Vente directe, AMAP, marchés de producteurs,

circuits courts…) participent à la recherche de proximité et de produits locaux de certains

consommateurs, restaurateurs, portée notamment par le développement touristique et

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103

démographique de la côte, … Certaines niches existent par la présence d’un niveau socio-

économique sans lequel elles n’auraient pas pu se développer. Les producteurs fermiers Ossau-Iraty

profitent, par exemple, de la reconnaissance de l’AOP pour s’ancrer dans le territoire d’Hasparren,

elle-même construite par la promotion à large échelle autour du marché AOP. Inversement, l’AOP

dans sa globalité, profite de l’image renvoyée au consommateur par la production fermière qu’ils

associent alors à l’ensemble de la production Ossau-Iraty. Il pourrait exister ainsi des concurrences

entre les niches issues d’un marché spécifique et les produits standards issus de ce même marché

spécifique mais qui sont souvent levées par le fait que les voies de distribution sont différentes. Par

cette diversité de valorisation et voies de distribution, il se produit une certaine stratification qui fait

que les modèles de production différents ne rentrent pas forcément en concurrence les uns avec les

autres. Au contraire, ces modèles différents interagissent dans les structures collectives comme

évoqué précédemment et c’est par ces interactions que se construit un savoir-faire spécifique

commun. La coexistence multiplie les sources de connaissances, les apprentissages mutuels et les

dynamiques d’innovation dans ces structures. Avec le développement de pratiques plus

dépendantes de leur contexte, les partages d’expériences et observations par contact entre des

systèmes qui appliquent diversement les principes agroécologiques permettent l’adaptation

particulière des modes de production et participent à leur résilience.

Cependant, dans une forme d’évolution privilégiant les services rendus par les ressources

naturelles locales, les systèmes de production nécessiteront une organisation du paysage qui puisse

offrir les services écosystémiques utiles à la production agricole. Le développement des usages du

territoire pour des activités extérieures à la profession agricole (tourisme, habitat, zones

industrielles) et les différences de stratégies sur la gestion de l’assolement des exploitations et

l’utilisation des intrants risquent de créer des concurrences entre les acteurs du territoire. Une

construction commune de l’espace devient nécessaire pour accorder aux producteurs, dans leur

diversité, les ressources suffisantes et adaptées à leurs modèles de production agricole (gestion du

foncier, valorisation des landes communales, coexistences entre les différentes activités en

développement, …).

7 Conclusion. En conclusion, cette étude diagnostic agraire du pays d’Hasparren a permis de montrer que, par

les contraintes et opportunités héritées du milieu et de l’histoire agraire, le territoire s’est fortement

tourné vers l’élevage. Il a connu une différenciation des systèmes de production par des étapes de

spécialisation en premier lieu puis intensification et enfin diversifications productives et

commerciales, aboutissant sur une diversité de systèmes de production mis en œuvre par les

exploitations agricoles. Face aux évolutions de contexte actuelles, ces exploitations modifient, depuis

quelques années, leurs logiques de fonctionnement technico-économiques en recherche de plus

d’autonomie et d’une meilleure valorisation de leurs produits. La compréhension des modifications

récentes des systèmes de production révèle un mouvement vers l’agroécologie diversement mis en

œuvre par les exploitations mais communément liée à cette recherche d’autonomies : autonomie sur

les ressources et intrants nécessaires à la production, autonomie financière, autonomie de décision.

Ce mouvement a pu s’insérer dans le territoire en asseyant une rentabilité économique par

l’insertion dans des environnements socio-économiques porteurs, des apprentissages techniques et

en répondant à une demande de la société. Ainsi, Il n’y a pas (sur le territoire d’Hasparren) de

relation univoque entre milieu physique et système d’élevage par laquelle le milieu seul serait

physiquement plus favorable à un système d’élevage. Les contextes socio-économiques régional,

national et international (mise en concurrence des systèmes sur des marchés mondiaux) ont eu un

rôle déterminant dans la spécialisation de la région. L’émergence récente d’alternatives au modèle

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104

de production dominant s’est réalisée et maintenue par la présence de contextes socio-économiques

qui ont supporté leur insertion. A l’inverse, d’autres contextes sont moins favorables à l’évolution et

au maintien de systèmes de production qui étaient avant bien présents sur la zone.

Les évolutions actuelles sont à l’origine de coexistences et d’interactions entre les acteurs de

l’agroécologie eux même mais également entre les différents modèles de production. Interactions

qui permettent une complémentarité de mise en valeur du territoire et des apprentissages collectifs

mais qui soulèvent des enjeux dans la gestion de cette hétérogénéité à l’échelle du territoire.

L’analyse diagnostic a pu soulever ces enjeux qui risquent de prendre de l’importance à l’avenir :

➢ L’importance du contexte socio-économique abordée pose des enjeux de structuration des

filières et dépendance aux aides. Le maintien durable d’une production repose fortement sur

l’organisation des différents acteurs impliqués dans l’ensemble de la chaine de distribution et

des relations qu’ils entretiennent. La résilience des systèmes de production (exemple des

ovins laitiers en AOP) dans le temps sera donc largement influencée par la structuration des

liens entre les acteurs pour la fixation des règles de production, des prix, de la promotion et

distribution du produit, de la répartition de la valeur ajoutée. D’un autre côté, les aides ont

été un bon outil de maintien des exploitations sur la zone mais, sur le long terme, dans un

contexte d’incertitude sur l’attribution des subventions, cette dépendance pourrait se

révéler néfaste. Enfin, la place des exploitations positionnées sur des marchés non

spécifiques et le contexte qui pourrait les supporter pose question. Elles participent

également à la valorisation du territoire, d’une part parce qu’elles produisent des biens

génériques (qui représentent la majorité de nos besoins de consommation), d’autre part

parce qu’elles réintroduisent une certaine diversité.

➢ Comme abordé précédemment, les modifications des systèmes de production et la diversité

qui en résulte pose des enjeux de gestion de l’hétérogénéité notamment dans

l’accompagnement au changement de pratiques et la construction d’un savoir spécifique qui

imposent de chercher un équilibre ajusté entre stratégie inclusive et stratégie exclusive.

➢ Enfin, la pérennité des exploitations et des nouvelles manières de produire sur le territoire

pose la question de la transmission. L’équilibre travail-revenu-ressources de l’exploitation

sera déterminant dans les conditions de reprise des exploitations et de perpétuation des

systèmes de production, face aux opportunités offertes par les autres secteurs d’activité.

En somme, le contexte agricole du territoire d’Hasparren, dans lequel l’histoire, la structure des

exploitations et leur forte densité a permis une importance de l’action collective, a été favorable à

l’apparition d’un mouvement vers l’agroécologie. L’action collective et ce mouvement

agroécologique sont à l’origine d’enjeux pour les évolutions en cours et à venir auxquels seul un

travail commun d’acteurs du secteur agricole mais pas uniquement pourra répondre.

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105

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107

9 Tables des illustrations. Figure 1: quantités distribuées, produites et achetées en fourrage et concentrés exemple ovin ........ 13

Figure 2: valeur alimentaire des aliments distribués, produits et achetés exemple ovin laitier ........... 13

Figure 3: Calcul des indicateurs économiques...................................................................................... 14

Figure 4: localisation de la zone d’étude .............................................................................................. 16

Figure 5: contexte géologique de la zone d’étude ............................................................................... 18

Figure 6: évolution des rankosols en brunisol ...................................................................................... 19

Figure 7: profil schématisé d’un luvisol ................................................................................................ 20

Figure 8: Coupe schématisée des collines du Flysch ............................................................................ 22

Figure 9: représentation schématisée de l’entité entre les monts. ...................................................... 24

Figure 10: coupe schématisé des flancs des monts .............................................................................. 25

Figure 11: Coupe schématisée de la vallée d’Arberoue........................................................................ 25

Figure 12: articulation des entités et définition de coupes topographiques de la zone ....................... 27

Figure 13: Coupe schématisée Nord-Sud de la zone d’étude ............................................................... 27

Figure 14: Coupe schématisée Est-Ouest de la zone d’étude ............................................................... 28

Figure 15: schéma récapitulatif des flux de fertilité et complémentarité de l’usage des ressources

alimentaires ......................................................................................................................................... 31

Figure 16: Evolution du nombre d'exploitations avec maïs ensilage par communes ........................... 37

Figure 17: Evolution du nombre d'exploitations et de la surface agricole ............................................ 39

Figure 18: indice de prix d'achat des intrants agricoles ........................................................................ 43

Figure 19: schéma récapitulatif des flux de fertilité et de l’usage des ressources de l’exploitation ..... 45

Figure 20: calendrier de reproduction du troupeau ovin ..................................................................... 49

Figure 21: Itinéraires techniques des différentes cultures ................................................................... 50

Figure 22: Schéma de fonctionnement démographique en ovin spécialisé de type 1 ......................... 54

Figure 23; Schéma de fonctionnement démographique en ovin spécialisé de type 2 ......................... 54

Figure 24: Assolement d'une exploitation ovin lait spécialisée ............................................................ 55

Figure 25: évolution de la ration journalière chez les ovins type 1 ...................................................... 56

Figure 26: évolution de la ration journalière chez les ovins type 2 ...................................................... 57

Figure 27: Schéma de fonctionnement démographique bovin allaitant en système ovin laitier ......... 58

Figure 28: Autonomie massique en fourrage et concentrés des systèmes de production ovins laitiers

............................................................................................................................................................. 60

Figure 29: Autonomie énergétique et protéique des systèmes ovin (% sur la base des UF et g de MAT)

............................................................................................................................................................. 60

Figure 30: Productivité de la terre et du travail en systèmes ovin lait ................................................. 61

Figure 31: Schéma de fonctionnement démographique en système bovin laitier ............................... 63

Figure 32: Assolement d'une exploitation bovin lait ............................................................................ 63

Figure 33: ration alimentaire en bovin laitier sans pâture.................................................................... 64

Figure 34: Ration alimentaire en bovin laitier avec pâture................................................................... 65

Figure 35 : évolution de la ration journalière en caprin laitier livreur .................................................. 67

Figure 36: calendrier de travail bovin lait-caprin laitier ........................................................................ 68

Figure 37: productivité de la terre et productivité du travail des ateliers complémentaires ............... 70

Figure 38: productivité de la terre et productivité du travail des systèmes bovins laitiers .................. 71

Figure 39:Schéma de fonctionnement démographique en système bovin allaitant ............................ 72

Figure 40: Assolement d’une exploitation sans ensilage ...................................................................... 72

Figure 41: Assolement d’une exploitation fonctionnant à base d’ensilage .......................................... 72

Figure 42: évolution de la ration journalière (KgMS/j) en bovin allaitant à base d’ensilage de maïs ... 74

Figure 43: évolution de la ration journalière (KgMS/jour) en bovin allaitant en ration sèche .............. 74

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108

Figure 44: calendrier de travail bovin allaitant vente directe ............................................................... 76

Figure 45: cout de production et produit animal en bovin viande-vente directe ................................. 77

Figure 46: productivité de la terre et productivité du travail des systèmes bovins allaitants .............. 78

Figure 47 : Assolement d'une exploitation en transformation ovin lait transformation ...................... 79

Figure 48: Assolement d'une exploitation en transformation bovin lait transformation ..................... 79

Figure 49:comparaison des VAN/actif .................................................................................................. 87

Figure 50: comparaison des RA/actif .................................................................................................... 88

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109

10 Sommaire des annexes.

Annexe 1: Guide d’entretien acteur ................................................................................................... 110

Annexe 2: Caractérisation du climat du territoire d’Hasparren .......................................................... 112

Annexe 3: Illustration des différents types de sol .............................................................................. 113

Annexe 4: Evolution de l’utilisation des ressources de l’exploitation et des flux de fertilité .............. 115

Annexe 5: Schématisation de l’histoire agraire de la zone d’étude .................................................... 116

Annexe 6: Evolution des prix agricoles ............................................................................................... 117

Annexe 7: Principales caractéristiques des systèmes de production ................................................. 118

Annexe 8: Couts de production et travail ........................................................................................... 119

Annexe 9: Changement de pratiques et adéquation aux principes agroécologiques……………………….123

Logos Partenaires ............................................................................................................................... 132

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110

ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN ACTEUR

Plusieurs rencontres avec des organismes entourant les producteurs agricoles pour les

débouchés ou l’accompagnement technique qu’ils offrent ont été réalisées afin d’approfondir la

compréhension des choix de pratiques, d’organisation, de commercialisation sur les exploitations

agricoles et alimenter la discussion sur les questions de coexistence et d’intégration de l’agroécologie.

Parmi l’ensemble des acteurs participant à la dynamique agricole de la région, nous en avons

sélectionnés 8 :

➢ L’association des producteurs fermiers du Pays Basque et la marque IDOKI

➢ Le syndicat de défense AOP Ossau-Iraty

➢ L’association Biharko Lurraren Elkartea (pour la terre de demain) de développement de

l’agriculture BIO en Pays Basque

➢ Le centre départemental de l’élevage ovin (CCDEO), garant du schéma de sélection des 3 races

locales

➢ L’InterAMAP : réseau des AMAP du Pays Basque

➢ La communauté de commune d’Hasparren

➢ L’antenne d’Hasparren de la chambre d’agriculture départementale Pyrénées Atlantique

➢ L’organisme de développement Euskal Herriko Laborantza Ganbara (en Français, chambre

d’agriculture du Pays Basque).

Le choix de ces acteurs s’est fait sur deux critères principaux :

➢ L’importance que l’acteur représente et que les producteurs lui accordent en tant que

débouché pour les produits agricoles du territoire. Par exemple l’AOP, IDOKI

➢ L’accompagnement technique et organisationnel que l’acteur apporte et la légitimité que les

producteurs lui accordent (basé sur leur discours). Par exemple BLE, le CCDEO.

➢ Les ressources historiques de compréhension de l’évolution du territoire par implication de

l’acteur dans les dynamiques agricoles au cours du temps. Par exemple la chambre

d’agriculture, de EHLG, la communauté de commune.

➢ Les modifications en cours et à venir risquant de jouer sur les enjeux de coexistence et

d’application de principes agroécologiques. Par exemple IDOKI, InterAMAP

Les entretiens ont été des entretiens semis-directifs axés autour :

• De l’histoire et du développement de l’organisme :

o Date de la création ? Pourquoi cette création ? Sous la demande de qui ? A l’initiative

de quels acteurs ?

o Quel développement ? Qui ont été ceux qui ont rejoint ou ce sont intéressés à

l’organisme ? Quel profil d’agriculteurs dans les premiers temps ? Evolution de ce

profil dans le temps ? Où (au sein du Pays Basque) est ce que ça s’est le mieux

développé ?

o Evolution du rôle et fonctionnement de l’organisme ? Pourquoi ? Comment ?

Génération de tensions à l’établissement de ces changements ?

• Du rôle actuel de l’organisme auprès des producteurs :

o Quel rôle ? Quelles actions ? Comment ? Auprès de qui ?

o Quelle influence de l’organisme sur les évolutions des systèmes de production ?

• Du profil des producteurs associés à l’organisme :

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111

o Quels profils de producteurs actuellement associés à l’organisme ? Quels sont ceux

qui les rejoignent récemment ? Pourquoi ?

o Quelles évolutions de systèmes de production parmi ceux qui sont

adhérents/membres depuis longtemps ? Pourquoi ?

o Quelles interactions entre les exploitations de mode de production différent ?

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112

ANNEXE 2 : Caractérisation du climat du territoire d’Hasparren

Source : climate-data.org

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Diagramme ombrothermique caractéristique de la zone d'étude

Précipitations (mm) Température moyenne (°C)

variation des températures et précipitations

Source : climate-data.org

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113

Rankosol-sommet du mont Garralda sous

lande d’ajonc et bruyère Alicrosol-milieu de flanc du mont Garralda

sous prairie permanente

Brunosol-Pied du mont garralda sous prairie

temporaire

ANNEXE 3 : ILLUSTRATION DES DIFFERENTS TYPES DE SOLS

D’HASPARREN

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114

Luvisol-fond de vallée des collines du flysch

Page 115: Mémoire de fin d'étudesgis-id64.org/wp-content/uploads/2018/05/5.4.5.pdf · Mots clés : Diagnostic agraire, Hasparren, Pays Basque, AOP, élevage, élevage ovin, action collective,

115

ANNEXE 4 : Evolution de l’utilisation des ressources de l’exploitation et des flux de fertilité

Figure 15: schéma récapitulatif des flux de fertilité et complémentarité de l’usage des ressources

1950

Figure 17: schéma récapitulatif des flux de fertilité et de l’usage des ressources de l’exploitation

2000

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116

Spécialisation

Abandon des systèmes

de cultures

Collines du

flysch

Versants

vallée

Arberoue,

flancs des

monts

Entre les

monts,

vallée

d’Arberoue

Collines du

Flysch,

Entre les

monts

Entre les

monts,

vallée

d’Arberoue

Replats

sommitau

x, flancs

des monts

1960 1970 1980 1990 2000 2010

1881:création AOP crise des prix, uniformisation normes

Mais Hybride

investissem

ent

équipemen

t traite

envolée

couts

production

2007-2008:

envolée

couts

production

fin quotas

aide à renovation batiments Pac 92: aides compensatoire 1998:ICHN1 2003:découplage aide 2009:ICHN2

collines du flysch

Ovin laitier

+ vaches

allaitantes

Ovin laitier

+ vaches

allaitantes

Ovin laitier

+ vaches

allaitantes

SAU>20ha SAU<30 ha SAU>40 ha

Ovin laitier

+ vaches

allaitantes

SAU 20-30 ha

Ovin laitier

+ vaches

allaitantes

Ovin laitier

+ vaches

allaitantes

Ovin laitier

AOP

SAU=15 ha SAU< 30 ha

Ovin laitier

transformat

ion

Ovin laitier

AOP

Vaches

allaitantes+

atelier 2nd

Ovin laitier

AOP +

(porc)

Ovin laitier

transformat

ion

Ovin laitier

AOP +

valorisation

Vaches

allaitantes

Bovin Lait

spécialisé

Bovin Lait

spécialisé

Bovin Lait

spécialisé

Bovin Lait

mixte/trans

fo

Bovin Lait

mixte/trans

fo

révision

primes

PETITE

STRUCTURE

S EN

POLYCULTU

RES-

ELEVAGE

mise en place quotas

Mécanisation+intrants de synthèse

amélioration matériel

fenaison

Ovin laitier

(50-100

brebis) +

vaches

laitières

(10n

vaches) (+

allaitantes)

début CUMA ensilage

remembrement, défriche des communaux

ANNEXE 5 : Schématisation de l’histoire agraire de la zone d’étude

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117

ANNEXE 6 : Evolution des prix agricoles

750

800

850

900

950

1000

1050

1100

Evolution des prix payés au lait de brebis en livraison AOP

Prix AOP en € courant

prix AOP corrigéde l'inflation,2005=indice 100

200

250

300

350

400

450

Evolution des prix payés au lait de vache

prix en € courant

prix corrigé del'inflation,2002=indice100

700

750

800

850

900

950

1000

1050

janv-08 janv-09 janv-10 janv-11 janv-12 janv-13 janv-14 janv-15 janv-16

Evolution des prix du broutard blond

Prix en € courant

prix corrigé del'inflation,2008=indice100

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118

ANNEXE 7 : Principales caractéristiques des systèmes de production

Ovin spécialisés

type 1

Ovin+bovin type 1

Ovin spécialisé

type 2

Ovin+bovin type 2

Bovin lait spé

Bovin lait mixte

Bovin allaitant

Bovin allaitant

mixte

Ovin en transformati

on

Bovin en transformati

on

Caractéristiques générales du système de production

30 ha 1 actif 310 TR

35 ha 1 actif 320 TR 20 vaches

30 ha 1 actif 310 TR

40-60 ha 1 à 2actifs 300 à 400 TR 20-30 vaches

50 ha 1 actif 60-70 vaches Holstein

50-60 ha >2 actifs 50-60 vaches 1 atelier secondaire

>40 ha 1 actif 50-60 blondes

>40 ha 1 actif 50-60 blondes 1 atelier secondaire

30 ha 2 actifs 310 TR

30 ha 2 actifs 25 vaches montbéliardes et Holstein

Gestion de la reproduction

IA + lutte 1er agnelage à 1 an

IA + lutte IA en bovin

Lutte 1er agnelage à 2 ans

Lutte IA en bovin

IA IA IA ou monte naturelle

IA ou monte naturelle

Lutte 1er agnelage à 2 ans

IA

Gestion de l’alimentation

Fourrages produits+foin de luzerne acheté Maïs grain, tourteaux, pulpe, minéraux

Brebis : idem ovin type 1 Vaches : ensilage de maïs, aliment

Fourrage produit Céréales produites et achetées Minéraux

Brebis : idem ovin type 1 Vaches : ensilage de maïs,

Ensilage de maïs, fourrage sec Maïs humide, tourteaux

Ensilage de maïs, fourrage sec Maïs humide, tourteaux achetés

Ensilage de maïs Tourteaux achetés Ou Fourrage sec produits

Ensilage de maïs Tourteaux achetés Ou Fourrage sec produits

Fourrages produits Céréales produites Minéraux

Fourrages produits Céréales produites Minéraux

Valorisation des produits

AOP lait standard Vente de béliers

AOP lait standard Vente de béliers Broutards

AOP lait bio, lait cru

AOP lait bio, lait cru Broutards

Lait standard Vache en lait

Lait standard Produit de l’atelier 2aire à haute VA

Broutards Et/ou VD Et/ou reproducteurs

Broutards Produit de l’atelier 2aire à haute VA

Fromage Charcuteries Viande d’agneau en colis ou transformé

Fromage ou produits frais Charcuteries

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119

ANNEXE 8 : Couts de production et travail

310 Brebis TR

37 ha, 1 actif 310 Brebis TR

33 ha, 1 actif 310 Brebis TR

35 ha, 2 actifs

195,4 €

92,7 €41,0 €

423,0 €

210,0 €

30,0 €

67,3 €

139,5 €

146,0 €

340,4 €

279,3 €

317,1 €

60,4 €

94,9 €

55,1 €

26,1 €

69,8 €

97,2 €

0,0 €

200,0 €

400,0 €

600,0 €

800,0 €

1 000,0 €

1 200,0 €

ovin type 1 ovin type 2 ovin transfo

cout de production comparaison ovin spécialisés (€/UGB)

transhumance

transformation

commercialisation

Autres charges

Charges matériel

Charges végétales

alimentation

Charges animales

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Calendrier de travail ovin type 1 et 2 (jours de travail/mois)

TA brebis SF entretien

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Calendrier de travail ovin transformation

TA transhumance SF

transformation commercialisation entretien

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120

450 Brebis TR, 20 mères blondes

39 ha, 1,5 actif 450 Brebis TR, 55 mères blondes

90 ha, 2 actifs

35,8 € 51,0 €69,1 € 30,4 €

76,2 €35,4 €

484,7 €

138,7 €

91,9 €

75,6 €

283,0 €

301,4 €

67,0 €

109,5 €

0,0 €

200,0 €

400,0 €

600,0 €

800,0 €

1 000,0 €

1 200,0 €

ovin+bovin Type 1 ovin+bovin type 2

Cout de production (€) comparaison ovin + bovin

Autres charges

Charges matériel

Charges végétales

alimentation ovin

charges ovins

alimentation bovin

charges bovins

0

10

20

30

40

50

60

70

80

calendrier de travail sur les grandes exploitations

cas 1 actif, 60 ha, 320 brebis, 20 blondes

TA brebis TA vaches SF entretien

0

10

20

30

40

50

60

70

80

calendrier de travail sur les moyennes exploitations

cas 1 actif, 30 ha, 310 brebis, 15 blondes

TA brebis TA vaches SF entretien

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121

€338 €256

€1 045

€228

€210

€282

€381

€572

€101

€184

€196

€0

€500

€1 000

€1 500

€2 000

€2 500

Bovin spé Bovin transfo

Couts de production comparaison bovin lait (€/UGB)

Transformation

Autres charges

Charges matériel

Charges végétales

alimentation

Charges animales

60 Holstein

50 ha, 1 actif 10 000l/vaches

25 Montbéliardes

28 ha, 2 actifs

5000l/vaches transfo

0

10

20

30

40

50

60

70

Calendrier de travail bovin lait transformation (Jours de travail/mois)

TA SF transformation commercialisation entretien

0

10

20

30

40

calendrier de travail bovin lait spé (Jours de travail par mois)

TA SF entretien

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122

30 Vaches blondes

41 ha, 1,5 actif

45 Vaches blondes

42 ha, 1 actifs

127 144

112 71

37 74

297 262

70161

204

18

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

bovin transfo bovin allaitant

Cout de production comparaison bovin allaitant(€/UGB)

transhumance

commercialisation

Autres charges

Charges matériel

Charges végétales

alimentation

Charges animales

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123

ANNEXE 9 : Changement de pratiques et adéquation aux principes agroécologiques

Le tableau 1 présente les pratiques communes aux ovins laitiers issues de la mise en place de l’AOP. Sachant la généralisation de la production de

lait en critère AOP sur le territoire d’Hasparren, ces pratiques sont acquises comme faisant partie de la norme en ovin laitier mais peuvent déjà être

considérées comme des variations agroécologiques répondant à la mise en place d’un contexte socio-économique différentiel (l’AOP). Elles sont considérées

comme variation à la norme dans le sens où elles sont variations par rapport à ce qui aurait pu être le mode de production majoritaire si l’AOP n’avait pas

été mise en place et que la filière ovin laitier avait suivi la même direction que les filières standardisées non spécifiques (homogénéisation des races sur une

référence nationale productive, simplification maximale, recours accru à des intrants extérieurs).

Le tableau 2 présente les pratiques, en variation à la norme définie en point 6.2.1.1, qui ont été mise en place pour répondre aux évolutions du contexte

socio-économique (point 6.2.1.2)

Tableau 1 : pratiques mises en œuvre par les ovins laitiers par la mise en place de l’AOP et adéquation aux principes agroécologiques

Type concerné Principe agroécologique Pratique mise en place

Ovin laitier spé et ovin laitier+bovin

allaitant types 1 et 2

Réduire l’usage d’intrants extérieurs par une amélioration

de la santé animale et l’optimisation des ressources

naturelles propres

Arrêt de l’ensilage de maïs. La suppression de l’ensilage de maïs dans la ration des brebis permet d’améliorer l’état sanitaire de celles-ci donc de diminuer le recours aux intrants médicamenteux et interventions vétérinaires. L’abandon de la culture de maïs pour l’ensilage assure également une diminution importante des intrants végétaux nécessaires et couteux. La culture de maïs est une culture gourmande en énergie pour le travail du sol, traitements et engrais et son abandon permet d’étendre la surface pâturable et fauchable

Valoriser la diversité des ressources pour renforcer la résilience des systèmes de

production

Le choix de la manech tête rousse comme race pour la production de lait de brebis. Le choix raisonné d’une race et l’adaptation du schéma de sélection aux pratiques d’élevage locales permet une capacité d’adaptation du troupeau à l’environnement d’élevage donc de limiter les intrants médicamenteux, les interventions vétérinaires, la sensibilité aux variations climatiques, …

Recours au pâturage comme ressource alimentaire disponible sans travail de récolte, facteur de stimulation de l’immunité des jeunes agneaux. L’herbe pâturée est un fourrage équilibré et économique, qui demande peu de travail et est peu dépendant d’intrants extérieurs. Dans le contexte climatique océanique du Pays Basque, c’est un atout pour l’élevage qui s’appuie sur les ressources naturelles (eau, sol, soleil, flore) propres à l’exploitation et les services rendus par des processus biologiques entre ces ressources

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124

Tableau 2 : pratiques mises en œuvre par les différents types et adéquation aux principes agroécologiques

Type concerné Principe agroécologique Pratique mise en place

Ovin laitier spé et ovin

laitier+bovin allaitant types 1

Réduire l’usage d’intrants extérieurs par une amélioration de la santé

animale et l’optimisation des ressources naturelles propres

Recours au compostage via la CUMA agricompost pour diminuer les doses d’engrais de synthèse et faciliter l’épandage du fumier. Par la stabilisation, Les nutriments nécessaires sont plus vite assimilables par les systèmes racinaires et la fertilisation en est plus efficace. Le compostage de fumier permet donc de stimuler les processus écologiques à l’origine des services rendus par les sols à la production agricole et d’augmenter l’efficacité de l’usage des fumiers sur le court et long terme tout en diminuant le recours aux engrais de synthèse.

L’introduction de légumineuses dans des prairies de graminées ou en rotation avec les prairies (luzerne). Cela permet de diminuer les achats protéiques à l’extérieur par la réalisation d’un foin de luzerne sur l’exploitation et une meilleure teneur protéinée des foins et de la pâture.

Mise en place d’un séchage en grange pour optimiser la récolte et Augmenter l’efficience des intrants nécessaires à la mise en place des surfaces fourragère. En permettant d’augmenter le nombre de coupe et de favoriser une meilleure qualité du fourrage par une meilleure conservation, le séchage augmente l’efficacité des intrants (semences, traitements, fumure) impliqués dans la production du fourrage. On Produit plus de fourrage de meilleure qualité pour une même dose (voir moins en traitements et engrais) d’intrant.

Amélioration génétique des brebis selon des critères de meilleure ingestion des ressources alimentaires (produire le même volume de lait voir plus tout en diminuant les rations alimentaires) et de plus grande résistance aux parasites internes afin de limiter les intrants médicamenteux

Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin

de permettre des processus

Introduction de cultures dérobées (rey grass-trèfles, vesce-trèfle-avoine) sur les terres de maïs qui n’entrent pas en rotation. La culture de dérobée permet d’enrichir la ration en protéine et la parcelle en azote.

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125

biologiques à l’origine des services écosystémiques

L’introduction de légumineuses dans des prairies de graminées afin de favoriser la diversité floristique des prairies et à l’échelle de l’exploitation pour atteindre une meilleure teneur protéique de la pâture et des fourrages, favoriser une auto-alimentation en azote des systèmes fourrager (par la fixation symbiotique et la disponibilité des résidus pour les graminées et cultures suivantes), la résistance des prairies aux bio agresseurs

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

Mise en place d’un séchage en grange pour intensifier le système fourrager en réalisant des coupes plus précoces et plus tardives sans être gênés par les aléas climatiques et se détacher de l’achat de fourrage donc des aléas économiques

Optimiser le fonctionnement des systèmes de production pour

réduire les pollutions et l’impact environnemental.

Recours au compostage via la CUMA agricompost. Le compost mur stimule la vie microbienne des sols et améliore la structure des sols favorisant ainsi une meilleure capacité de rétention d’eau et de fixation des nutriments (moins de perte par lessivage).

Amélioration génétique des brebis selon des critères de plus grande résistance aux parasites internes afin de limiter les intrants médicamenteux et éviter la génération de résistantes et résidus de molécules qui affectent les milieux

Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation

par la création d’un environnement favorable

Prise de responsabilités et investissement dans des réseaux collectifs visant à la mise en place d’un contexte sociotechnique et socio-économique plus favorable : adhérents de laiteries coopératives (Onetik, Agour) et investissement dans les prises de décisions au sein des OP, adhérents AFOCG pour un plus grand control de ses performances économiques, Adhérents CUMA dans une optique d’autonomisation aux investissements

Ovin laitier spé et ovin

laitier+bovin allaitant types 2

Réduire l’usage d’intrants extérieurs par une amélioration de la santé

animale et l’optimisation des ressources naturelles propres

Recours au compostage via la CUMA agricompost pour diminuer les doses d’engrais de synthèse et faciliter l’épandage du fumier. Par la stabilisation, Les nutriments nécessaires sont plus vite assimilables par les systèmes racinaires et la fertilisation en est plus efficace. Le compostage de fumier permet donc de stimuler les processus écologiques à l’origine des services rendus par les sols à la production agricole et d’augmenter l’efficacité de l’usage des fumiers sur le court et long terme tout en diminuant le recours aux engrais de synthèse.

Préservation de la diversité floristiques et faunistiques des prairies par une conduite raisonnée de leur utilisation et composition (pâturage, fauchage, perturbations mécaniques ou chimiques). Assurer une valeur alimentaire de la pâture et du fourrage équilibrée

Mise en place de rotations favorisant une plus grande diversité d’espèces à l’échelle de l’exploitation (rotations à 3 cultures). La mise en rotation permet d’optimiser les effets précédents-suivants (comme la fixation d’azote par la luzerne, disponible pour la prairie suivant

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126

cette culture de luzerne ou l’augmentation de la teneur en matière organique après une prairie multi-espèce assurant des rendements supérieurs au maïs) et donc de diminuer le recours aux intrants de traitement et de fertilisation pour chacune des cultures.

Réduction des quantités d’aliments complémentaires apportés en plus des fourrages produits et de la pâture. Diminuer les achats alimentaires en basant le système alimentaire sur la ressource apportée par l’herbe sur pied.

Mise à la reproduction des agnelles à 19 mois pour un agnelage à 2 ans. Diminuer les achats alimentaires en laissant les agnelles en pâture sur des terres non destinées au lot principal car trop éloignées

Reproduction par lutte naturelle. Pas d’achat de semences fraiches ni d’intervention d’IA

Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin

de permettre des processus biologiques à l’origine des services

écosystémiques

Introduction de cultures dérobées (rey grass-trèfles, vesce-trèfle-avoine) sur les terres de maïs qui n’entrent pas en rotation. La culture de dérobée permet d’enrichir la ration en protéine et la parcelle en azote.

Préservation de la diversité floristiques et faunistiques des prairies par une conduite raisonnée de leur utilisation et composition (pâturage, fauchage, perturbations mécaniques ou chimiques). Conserver un potentiel intrinsèque de résistance aux perturbations, d’adaptation aux aléas et de stimuler les processus écologiques à l’origine de leur productivité.

Mise en place de rotations favorisant une plus grande diversité d’espèces à l’échelle de l’exploitation (rotations à 3 cultures). La mise en rotation permet de casser les cycles des adventices et agents pathogènes ou ravageurs pour les cultures.

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

Mise en place de rotations favorisant une plus grande diversité d’espèces à l’échelle de l’exploitation (rotations à 3 cultures). Une plus grande diversité d’espèce apporte au système des ressources alimentaires diverses (prairie, luzerne, mais, méteil) permettant l’équilibration énergétique et protéique de la ration donc de diminuer les achats alimentaires extérieurs.

Réduction des quantités d’aliments complémentaires apportés en plus des fourrages produits et de la pâture pour favoriser un meilleur prélèvement des animaux en pâture et une gestion de la ressource en herbe par une action des brebis elles-mêmes.

Recours à la transhumance sur des terres de landes des monts proches (Baïgurra, Ursuya) ou dans les hautes Pyrénées afin de permettre un déchargement des terres de l’exploitation en période estivale afin de pouvoir y réaliser les stocks fourragers pour l’hiver.

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127

Mise à la reproduction des agnelles à 19 mois pour un agnelage à 2 ans. Décharger les terres de l’exploitation destinées au lot en lactation pour plus de disponibilité de la ressource pour les brebis productives.

Optimiser le fonctionnement des systèmes de production pour

réduire les pollutions et l’impact environnemental.

Recours au compostage via la CUMA agricompost. Le compost mur stimule la vie microbienne des sols et améliore la structure des sols favorisant ainsi une meilleure capacité de rétention d’eau et de fixation des nutriments (moins de perte par lessivage).

Recours à des méthodes de soin aux huiles essentielles

Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation

par la création d’un environnement favorable

Prise de responsabilités et investissement dans des réseaux collectifs visant à la mise en place d’un contexte sociotechnique et socio-économique plus favorable : adhérents de laiteries coopératives (Onetik, Agour) et investissement dans les prises de décisions au sein des OP, adhérents AFOCG pour un plus grand control de ses performances économiques, Adhérents CUMA dans une optique d’autonomisation aux investissements

Valorisation de la production en BIO ou lait cru afin de compenser les pertes de volumes dus à une conduite plus extensive.

Bovin lait Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin

de permettre des processus biologiques à l’origines des SE

Introduction de dérobée derrière le maïs ensilage qui peut être enrubannée. La dérobée souvent composée de graminée et légumineuse ou céréale fourragère et légumineuse permet d’enrichir le sol en azote et matière organique avant la mise en place d’un nouveau cycle de maïs.

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

Recours à la pâture pour certains, leur permettant de diminuer les quantités d’ensilage de maïs couteux économiquement et aux rendements incertains.

Diversification de la production par introduction d’un atelier complémentaire qui vise à se détacher, pour une partie de la production, d’un contexte économique trop fluctuant. Elle pousse à la participation à la création de nouveaux marchés ou nouveaux réseaux.

Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation

par la création d’un environnement favorable

Prise de responsabilités et investissement dans des réseaux collectifs visant à la mise en place d’un contexte sociotechnique et socio-économique plus favorables: investissement dans les prises de décisions au sein des OP, Adhérents CUMA dans une optique d’autonomisation aux investissements

Bovin allaitant Réduire l’usage d’intrants extérieurs

par une amélioration de la santé Faible recours aux achats alimentaires extérieurs par production sur l’exploitation de la majorité des aliments.

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128

animale et l’optimisation des ressources naturelles propres

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

Recours au pâturage comme ressource alimentaire disponible sans travail de récolte. L’herbe pâturée est un fourrage équilibré et économique, qui demande peu de travail et est peu dépendant d’intrants extérieurs. Dans le contexte climatique océanique du Pays Basque, c’est un atout pour l’élevage qui s’appuie sur les ressources naturelles (eau, sol, soleil, flore) propres à l’exploitation et les services rendus par des processus biologiques entre ces ressources

Bovin allaitant en ration sèche

Réduire l’usage d’intrants extérieurs par une amélioration de la santé

animale et l’optimisation des ressources naturelles propres

Arrêt de l’ensilage de maïs. Améliorer l’état sanitaire des vaches donc de diminuer le recours aux intrants médicamenteux et interventions vétérinaires. L’abandon de la culture de maïs pour l’ensilage assure également une diminution importante des intrants végétaux nécessaires et couteux. La culture de maïs est une culture gourmande en énergie pour le travail du sol, traitement et engrais et son abandon permet d’étendre la surface pâturable et fauchable.

Réduction des quantités d’aliments complémentaires apportés en plus des fourrages produits et de la pâture en basant le système alimentaire sur la ressource apportée par l’herbe sur pied.

Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin

de permettre des processus biologiques à l’origine des services

écosystémiques

Un pâturage tournant jour et nuit en période estivale qui permet de perturber les cycles hôtes-pathogènes par la répartition des animaux dans l’espace et dans le temps donc de diminuer le recours aux intrants médicamenteux.

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

Arrêt de l’ensilage de maïs. Permet une mise à la pâture plus précoce et un prélèvement plus important dès les débuts (pas de silo à terminer donc pas de transition en ensilage) qui permet un bon équilibre de la composition des prairies et une plus grande qualité alimentaire de celles-ci.

Réduction des quantités d’aliments complémentaires apportés en plus des fourrages produits et de la pâture. Favoriser un meilleur prélèvement des animaux en pâture et une gestion de la ressource en herbe par une action des vaches elles-mêmes.

Le recours à la transhumance en Hautes Pyrénées. Permettre un déchargement des terres de l’exploitation en période estivale afin de pouvoir y réaliser les stocks fourragers pour l’hiver

Optimiser le fonctionnement des systèmes de production pour

réduire les pollutions et l’impact environnemental.

Recours au compostage via la CUMA agricompost. Le compost mur stimule la vie microbienne des sols et améliore la structure des sols favorisant ainsi une meilleure capacité de rétention d’eau et de fixation des nutriments (moins de perte par lessivage).

Recours à des méthodes de soin aux huiles essentielles

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Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation

par la création d’un environnement favorable

Diversification de la production par introduction d’un atelier complémentaire qui vise à se détacher, pour une partie de la production, d’un contexte économique trop fluctuant. Elle pousse à la participation à la création de nouveaux marchés ou nouveaux réseaux.

Prise de responsabilités et investissement dans des réseaux collectifs visant à la mise en place d’un contexte sociotechnique et socio-économique plus favorables : adhérents AFOCG pour un plus grand control de ses performances économiques, Adhérents CUMA dans une optique d’autonomisation aux investissements

Valorisation de la production en vente directe.

Ovin laitier et bovin laitier en transformation

fermière

Réduire l’usage d’intrants extérieurs par une amélioration de la santé

animale et l’optimisation des ressources naturelles propres

Recours au compostage via la CUMA agricompost pour diminuer les doses d’engrais de synthèse et faciliter l’épandage du fumier. Par la stabilisation, Les nutriments nécessaires sont plus vite assimilables par les systèmes racinaires et la fertilisation en est plus efficace. Le compostage de fumier permet donc de stimuler les processus écologiques à l’origine des services rendus par les sols à la production agricole et d’augmenter l’efficacité de l’usage des fumiers sur le court et long terme tout en diminuant le recours aux engrais de synthèse.

Préservation de la diversité floristiques et faunistiques des prairies par une conduite raisonnée de leur utilisation et composition (pâturage, fauchage, perturbations mécaniques ou chimiques). Assurer une valeur alimentaire de la pâture et du fourrage équilibrée

Mise en place de rotations favorisant une plus grande diversité d’espèces à l’échelle de l’exploitation (rotations à 3 cultures). La mise en rotation permet d’optimiser les effets précédents-suivants (comme la fixation d’azote par la luzerne, disponible pour la prairie suivant cette culture de luzerne ou l’augmentation de la teneur en matière organique après une prairie multi-espèce assurant des rendements supérieurs au maïs) et donc de diminuer le recours aux intrants de traitement et de fertilisation pour chacune des cultures.

Réduction des quantités d’aliments complémentaires apportés en plus des fourrages produits et de la pâture. Diminuer les achats alimentaires en basant le système alimentaire sur la ressource apportée par l’herbe sur pied.

Mise à la reproduction des agnelles à 19 mois pour un agnelage à 2 ans. Diminuer les achats alimentaires en laissant les agnelles en pâture sur des terres non destinées au lot principal car trop éloignée

Reproduction par lutte naturelle. Pas d’achat de semences fraiches ni d’intervention d’IA

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En bovin, choix raisonné de la race pour l’adaptation au pâturage par la production à partir de montbéliardes moins fragiles. Les montbéliardes valorisent mieux le prélèvement en pâture et permettent de limiter les interventions vétérinaires et recours aux produits médicamenteux.

Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin

de permettre des processus biologiques à l’origine des services

écosystémiques

Introduction de cultures dérobées (rey grass-trèfles, vesce-trèfle-avoine) sur les terres de maïs qui n’entre pas en rotation. La culture de dérobée permet d’enrichir la ration en protéine et la parcelle en azote.

Préservation de la diversité floristiques et faunistiques des prairies par une conduite raisonnée de leur utilisation et composition (pâturage, fauchage, perturbations mécaniques ou chimiques). Conserver un potentiel intrinsèque de résistance aux perturbations, d’adaptation aux aléas et de stimuler les processus écologiques à l’origine de leur productivité.

Mise en place de rotations favorisant une plus grande diversité d’espèces à l’échelle de l’exploitation (rotations à 3 cultures). La mise en rotation permet de casser les cycles des adventices et agents pathogènes ou ravageurs pour les cultures.

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

Mise en place de rotations favorisant une plus grande diversité d’espèces à l’échelle de l’exploitation (rotations à 3 cultures). Une plus grande diversité d’espèce apporte au système des ressources alimentaires diverses (prairie, luzerne, mais, méteil) permettant l’équilibration énergétique et protéique de la ration donc de diminuer les achats alimentaires extérieurs.

Réduction des quantités d’aliments complémentaires apportés en plus des fourrages produits et de la pâture. Favoriser un meilleur prélèvement des animaux en pâture et une gestion de la ressource en herbe par une action des brebis elles-mêmes.

Recours à la transhumance sur des terres de landes des monts proches (baigurra, Ursuya) ou dans les hautes Pyrénées. Permettre un déchargement des terres de l’exploitation en période estivale afin de pouvoir y réaliser les stocks fourragers pour l’hiver.

Mise à la reproduction des agnelles à 19 mois pour un agnelage à 2 ans. Décharger les terres de l’exploitation destinées au lot en lactation pour plus de disponibilité de la ressource pour les brebis productive.

Adaptation de la taille du troupeau aux limites de l’exploitation agricole pour éviter de perdre en autonomie du système : limite de main d’œuvre, limite fourragère, limite topographique.

Diversification de la production et valorisation des co-produits de transformation par la présence d’un petit atelier porcin et de la transformation de la viande d’agneaux ou veaux.

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Optimiser le fonctionnement des systèmes de production pour

réduire les pollutions et l’impact environnemental.

Recours au compostage via la CUMA agricompost. Le compost mur stimule la vie microbienne des sols et améliore la structure des sols favorisant ainsi une meilleure capacité de rétention d’eau et de fixation des nutriments (moins de perte par lessivage).

Recours à des méthodes de soin aux huiles essentielles

Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation

par la création d’un environnement favorable

Prise de responsabilités et investissement dans des réseaux collectifs visant à la mise en place d’un contexte sociotechnique et socio-économique plus favorable : investissement dans les prises de décisions au sein des organismes d’accompagnement, adhérents AFOCG pour un plus grand control de ses performances économiques, Adhérents CUMA dans une optique d’autonomisation aux investissements

Une valorisation par transformation et vente directe ou en circuits courts qui permet de capter au maximum la valeur ajoutée crée sur l’exploitation et de se détacher de contextes économiques fluctuants ou incertains.

Multiplication des voies de commercialisation par la vente directe, les circuits courts, la restauration, la GMS.

Maraichage

Réduire l’usage d’intrants extérieurs par une amélioration de la santé

animale et l’optimisation des ressources naturelles propres

Soin accordé à la biodiversité des habitats entourant les parcelles, à la diversité des espèces cultivées, au recours à des engrais verts, à l’abandon de perturbation chimiques par des traitements de synthèse, au travail mécanique du sol, à des insectes auxiliaires ou bactéries. Diminuer le recours aux intrants extérieurs de lutte contre les adventices, ravageurs, pathogènes en s’appuyant sur les régulations opérées par les services de l’écosystème.

Préserver et favoriser la biodiversité à l’échelle des agroécosystèmes afin

de permettre des processus biologiques à l’origines des SE

Soin accordé à la biodiversité des habitats entourant les parcelles, à la diversité des espèces cultivées, au recours à des engrais verts, à l’abandon de perturbation chimiques par des traitements de synthèse, au travail mécanique du sol, à des insectes auxiliaires ou bactéries. Permettre de cultiver une diversité à l’échelle des parcelles et de l’ensemble de l’exploitation et de stimuler les processus écologiques à l’origine de services de support de la production et de régulation.

Valoriser la diversité et complémentarité des ressources pour renforcer la résilience des

systèmes de production.

L’organisation des rotations et l’aménagement des zones de cultures pour assurer une bonne structure du sol, éviter les excès, perturber les cycles des pathogènes, …

Favoriser les possibilités d’autonomisation et d’adaptation

Une valorisation par transformation et vente directe ou en circuits courts qui permet de capter au maximum la valeur ajoutée crée sur l’exploitation et de se détacher de contextes économiques fluctuants ou incertains.

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Logos Partenaires

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Résumé

Pour citer cet ouvrage : Boiron, Guillemette, 2017, Coexistence des dynamiques agricoles à

l’heure de l’agroécologie : Analyse-diagnostic de l’agriculture du territoire d’Hasparren.

Mémoire de fin d’étude, diplôme AgroParisTech, Spécialité RESAD.

Montpellier Sup Agro, Centre international d'études supérieures en sciences agronomiques de

Montpellier, 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier cedex 02. http://www.supagro.fr

L’analyse diagnostic agraire du territoire d’Hasparren répond à une demande du projet IDAE dans

l’identification des initiatives d’insertion de l’agroécologie dans les territoires et des formes de

coexistences que cette insertion crée. A travers l’étude du milieu physique, la reconstitution de

l’histoire agraire, la caractérisation de la diversité des systèmes de production, de leur

fonctionnement et performances technico-économiques, elle permet une analyse et discussion sur

les évolutions en cours et à venir des dynamiques agricoles de la région ainsi que sur la contribution

des exploitations à un mouvement agroécologique et des interactions que cela engendre.

L’étude met en avant une différenciation historique des systèmes de production aboutissant sur

une diversité actuelle et des modifications récentes des logiques de fonctionnement. Ces

modifications peuvent se rapprocher de mise en œuvre de principes agroécologiques qui sont alors

diversement appliqués. Elles ont pu s’ancrer dans le territoire par les performances économiques

et la réponse à des demandes de la société qu’elles apportent. Ces nouvelles initiatives imposent

un recours à l’action collective plus important qui crée alors des situations d’interactions entre des

mode de production différents et soulève des enjeux de gestion de ces coexistences.

Mots clés : Diagnostic agraire, Hasparren, Pays Basque, AOP, élevage, élevage ovin,

action collective, agroécologie, coexistence

Mots clés : Diagnostic agraire, Hasparren, Pays Basque, AOP, élevage, élevage ovin,

action collective, agroécologie, coexistence

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