mémoires pour demain

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Bullen n° 29 1 Mémoires pour demain Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Délégation de la Marne Bulletin n° 29 novembre 2018 Défendre, pérenniser, transmettre Cette devise de notre association, rappelée lors de notre assemblée générale de Nanterre, doit encore et toujours guider notre action. Défendre la mémoire de la Déportation ? On a beaucoup parlé de « dédiabolisation », mais il se trouve encore aujourdhui une conseillère munici- pale, élue à Agen sur une liste FN, pour déclarer que « les chambres à gaz sont un détail de lHistoire », reprenant ainsi les propos qui ont valu à J.-M. Le Pen une condamnation pour contestation de crime contre lHumanité. Pérenniser ? cest aussi ne pas oublier quà côté de lextermination systématique des Juifs, le nazisme a procédé, dans les camps de concentra- tion, à lélimination par le travail forcé de ses oppo- sants ; il ne sagit pas de tomber dans une vaine concurrence des mémoires, mais de rappeler quà Auschwitz, les 230 femmes du convoi du 24 janvier 1943, déportées pour faits de Résistance, nétaient plus que 70 le 10 avril 1943. Pérenniser, cest approfondir la connaissance de tous les aspects de la Déportation ; dans notre délégation de la Marne, par les « Mercredis de la Déportation », comme par notre traditionnel « voyage de mémoire », nous nous efforçons de mieux faire connaître à nos adhérents, comme à ceux qui nous rejoignent à ces occasions, la com- plexité de lunivers concentrationnaire. Transmettre ? cest ce qui doit nous animer constamment. Car cette connaissance ne vaut que si, transmise aux jeunes générations, elle contribue à forger leur esprit civique, à les éloigner des atti- tudes antisémites, racistes, xénophobes, de toutes les formes de la haine dautrui. Les interventions que nous pouvons mener dans les collèges et lycées, en nous appuyant sur les témoignages de déportés, y contribuent. Nous devons nous tourner résolument vers la jeunesse, en encourageant ceux qui, toujours plus nombreux, préparent avec laide de leurs pro- fesseurs le Concours National de la Résistance et de la Déportation. Pour nous adresser à eux, nous avons créé une page sur le réseau social Facebook à ladresse : www.facebook.com/AFMD51. Nous y annonçons nos actions. Ces objectifs, nous les atteindrons grâce à vous. Nous avons besoin de votre soutien, vous pouvez inviter vos amis, vos connaissances à nous rejoindre. Certains lont déjà fait, ce mouvement peut samplifier. De tout cela, nous pourrons débattre lors de notre assemblée départementale du samedi 2 fé- vrier. Nous aurons plaisir à vous y retrouver pour entendre vos suggestions. Car rien ne peut se faire sans vous. Hélène LEBREC Au camp du Struthof

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Bulletin n° 29 1

Mémoires pour demain

Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation

Délégation de la Marne

Bulletin n° 29 novembre 2018

Défendre, pérenniser, transmettre

Cette devise de notre association, rappelée

lors de notre assemblée générale de Nanterre, doit

encore et toujours guider notre action.

Défendre la mémoire de la Déportation ? On

a beaucoup parlé de « dédiabolisation », mais il se

trouve encore aujourd’hui une conseillère munici-

pale, élue à Agen sur une liste FN, pour déclarer que

« les chambres à gaz sont un détail de l’Histoire »,

reprenant ainsi les propos qui ont valu à J.-M. Le

Pen une condamnation pour contestation de crime

contre l’Humanité.

Pérenniser ? c’est aussi ne pas oublier qu’à

côté de l’extermination systématique des Juifs, le

nazisme a procédé, dans les camps de concentra-

tion, à l’élimination par le travail forcé de ses oppo-

sants ; il ne s’agit pas de tomber dans une vaine

concurrence des mémoires, mais de rappeler qu’à

Auschwitz, les 230 femmes du convoi du 24 janvier

1943, déportées pour faits de Résistance, n’étaient

plus que 70 le 10 avril 1943.

Pérenniser, c’est approfondir la connaissance

de tous les aspects de la Déportation ; dans notre

délégation de la Marne, par les « Mercredis de la

Déportation », comme par notre traditionnel

« voyage de mémoire », nous nous efforçons de

mieux faire connaître à nos adhérents, comme à

ceux qui nous rejoignent à ces occasions, la com-

plexité de l’univers concentrationnaire.

Transmettre ? c’est ce qui doit nous animer

constamment. Car cette connaissance ne vaut que

si, transmise aux jeunes générations, elle contribue

à forger leur esprit civique, à les éloigner des atti-

tudes antisémites, racistes, xénophobes, de toutes

les formes de la haine d’autrui. Les interventions que

nous pouvons mener dans les collèges et lycées, en

nous appuyant sur les témoignages de déportés, y

contribuent. Nous devons nous tourner résolument

vers la jeunesse, en encourageant ceux qui, toujours

plus nombreux, préparent avec l’aide de leurs pro-

fesseurs le Concours National de la Résistance et

de la Déportation.

Pour nous adresser à eux, nous avons créé

une page sur le réseau social Facebook à l’adresse :

www.facebook.com/AFMD51. Nous y annonçons

nos actions.

Ces objectifs, nous les atteindrons grâce à

vous. Nous avons besoin de votre soutien, vous

pouvez inviter vos amis, vos connaissances à nous

rejoindre. Certains l’ont déjà fait, ce mouvement peut

s’amplifier.

De tout cela, nous pourrons débattre lors de

notre assemblée départementale du samedi 2 fé-

vrier. Nous aurons plaisir à vous y retrouver pour

entendre vos suggestions.

Car rien ne peut se faire sans vous.

Hélène LEBREC

Au camp du Struthof

Bulletin n° 29 2

Le Concours National de la Résistance et de la Déportation

Les lauréats de la session 2018 lors de la cérémonie de remise des prix en Préfecture.

Sur la tombe du général de Gaulle

« Je suis heureux, pour notre République, pour la

Mémoire de celles et ceux qui ont péri sous l’op-

pression et la barbarie, mais aussi pour celles et

ceux qui se sont battus pour y survivre, de vous

voir aujourd’hui réunis.

J’éprouve également une grande satisfaction à ob-

server la participation toujours importante des collé-

giens et des lycéens à ce concours, qui participe au

devoir de mémoire. »

C’est par ces mots que Monsieur le Préfet de la

Marne a accueilli les 45 lauréats du Concours Na-

tional de la Résistance et de la Déportation lors de

la cérémonie de remise des prix, le 6 juin, en Pré-

fecture. Accompagnés de leurs parents et de leurs

professeurs ils se sont vu remettre des ouvrages

traitant de la Résistance et de la Déportation.

Ils furent également félicités par Monsieur Jean-

Paul Obellianne, Inspecteur d’académie directeur

académique des services de l’Éducation nationale,

qui a relevé la complexité du thème retenu

« S’engager pour libérer la France » : les modalités

étaient bien différentes selon les personnes, et les

motivations également. Ce thème permettait ainsi

de brosser un vaste tableau des engagements pour

la libération de la France.

En 2018 ce furent en 377 élèves, provenant de 11

collèges et 8 lycées marnais qui ont participé, ce

qui est une sensible progression par rapport à l’an

passé.

L’AFMD51, qui est associée au choix des sujets et

au jury de correction, est heureuse de voir tant de

jeunes, encouragés et aidés par leurs professeurs,

participer à ce concours. Elle leur a apporté son

soutien, en organisant par exemple à Reims une

rencontre des candidats avec MM. Roger Boulanger

et Henri Carminati. Ce fut l’occasion d’échanges

fructueux dont beaucoup de copies se sont souve-

nues.

Il faudrait par ailleurs relever la qualité des travaux

collectifs pour lesquels les candidats ont fait preuve

de beaucoup d’imagination : poèmes, valises conte-

nant le matériel du résistant, bande dessinée retra-

çant la vie et le combat d’Yvette Lundy.

Comme chaque année, les lauréats ont été invités

par l’ONAC à un voyage de mémoire, qui les a me-

nés cette année à Colombey les Deux Églises où le

Mémorial retrace magnifiquement la vie et l’œuvre

de celui qui incarne cet engagement pour la libéra-

tion de la France : le général de Gaulle.

Bulletin n° 29 3

Établissement Ville Élève Professeur

Lycée M. Chagall REIMS CAILLIEZ Garance M. F. FOY

Lycée Jean XXIII REIMS BOUARFA Fairouz Mme V. COLOMBO-GRAUX Mme A. LEGENVRE

Lycée Jean Jaurès REIMS BERSILLON Anatole M. C. BUTEAU

GUYOT Charles

HUMBERT Camille

LANNEZ Grégory

LE HINGRAT Mirabelle

LOEFFLER Flavie

MARCHAND Corentin

MONNEY Léa

Établissement Ville Élève Professeur

Lycée F. Ozanam CHÂLONS en CHAMPAGNE MOUY Morgane M. M. BERALDIN

GLUSZKOWSKI Clara

Établissement Ville Élève Professeur

Collège Yvette Lundy AŸ ANDRIEUX Lilou Mme F. DHERSE

DERVIN Solène

EMPEREUR Candice

HENNEQUIN Pierre-Hugo

LANGLOIS Alice

LELARGE M. Charlotte

MARNIQUET Ambre

Collège Jean Monnet ÉPERNAY ARULAMPALAM Kadesh M. E. ODANT

AUBRY Julie

LAUNAY Thimothé

RINVILLE Clara

Collège François Legros REIMS HEBERT Chloé Mme L. MANGEARD

HUON ÉThan

Rédaction d’un devoir individuel lycée

Réalisation d’un travail collectif lycée

Réalisation d’un devoir individuel collège

Liste des laure ats du CNRD 2018

Bulletin n° 29 4

Réalisation d’un travail collectif collège

Établissement Ville Élève Professeur

Collège St-Étienne CHÂLONS en CHAMPAGNE ANTUNES Emma Mme É. LÉCUYER

ARNOULT Sophie

BRET Mélissa

CELADINI Chiara

CHARABIE Auréline

COURROUX Léa

DUPONCHEL Axelle

FILALI Maxime

GÉRARD Léna

HEIOB Isaac

LANGE Antoine

MAURICE Maxance

NICAISE Zathis

PATIN-VALENTIN Chloé

PHILIPPE Léna

RAPIN Léa

Collège Jean Moulin SAINT-MEMMIE Mme I. SIMON

DOMANGE Maélie

HANCE Hannah

PALUSSIERE Baptiste

THOMAS Justine

En gras le nom de l’élève dont le travail a été retenu pour le jury national.

L’adaptation en bande dessinée de l’ouvrage d’Yvette Lundy : Le Fil de l’araignée. Les élèves ont joué sur le passage de la couleur au noir et blanc pour marquer la séparation entre les événements de 1939 et du début de l’année 1940 avec le 22 juin 1940, date de la signature de l’armis-tice par le maréchal Pétain et début de la collaboration. Oscar Debail, Angélique Decourty,

Léa Dervogne, Cécile Fournier, Julia

Franquet, Lucie Garcia, Carrie Ma-

guelonne, Adeline Mancier, Réoline

Raimond du Lycée Stéphane Hessel

d’Epernay

Exemple de travail collectif

Bulletin n° 29 5

Conférence de M. Roger Boulanger

L’Alsace et la Moselle dans l’histoire de l’Europe

Pour ce vaste sujet, qui embrassait plusieurs millénaires de

l’histoire de l’Europe, notre ami a su associer les grandes fresques et

les anecdotes personnelles, qui ont donné vie, émotion et humour à

son exposé.

C’est en Orient que se situe le berceau de notre civilisation :

les peuples qui parlaient la langue indo-européenne, entreprennent,

sans doute à la suite de bouleversements géographiques, de suivre la

course du soleil vers l’Ouest. Plusieurs rameaux se détachent : perse,

hellénique, slave, et, pour notre propos, teutonique, qui occupe l’es-

pace au nord de l’Europe ; les idiomes se différencient : francique, alé-

manique en Palatinat, Alsace et Moselle.

L’Empire romain entreprendra de les contenir au-delà du

« limes » qui passe par le Rhin. Les Vosges sont fortifiées, des voies

sont tracées pour garantir l’approvisionnement en sel ; les noms de

lieux en portent encore la trace. Mais cet empire prospère s’effondre

au IVe siècle sous le coup des « invasions barbares », que les histo-

riens allemands préfèrent appeler « migrations populaires ».

De 1618 à 1648 l’Europe est ravagée par la Guerre de Trente ans ; à l’origine conflit religieux, elle

devient une guerre entre la maison d’Autriche et le pouvoir royal en France, allié aux Suédois. Les destruc-

tions affligent l’Alsace et la Moselle, qui resteront durablement marquées par l’obsession de leur survie. Le

traité de Westphalie les livre au Saint Empire Romain Germanique.

Alors que la Révolution et l’Empire les avaient rattachées à la France, la défaite de 1870 et le traité

de Versailles les attribuent au Reich qu’a proclamé Bismarck. C’est alors une période marquée par la germa-

nisation totale, l’incorporation des jeunes gens dans l’armée allemande ; mais c’est aussi le temps d’un essor

économique qui voit se créer les dynasties industrielles comme les de Wendel ; la population bénéficie de la

sécurité sociale. Toutefois s’impose le style wilhelminien, fonctionnel et massif : gare de Metz, Haut Koenigs-

bourg.

Pour évoquer la dernière période, celle qui commence en 1939, Roger Boulanger fait appel à ses

souvenirs personnels, souvent douloureux : l’exode, et l’attitude peu accueillante des « Français de l’inté-

rieur » qui voient dans ces Alsaciens et Mosellans, dont beaucoup parlent mal le français, des « sales

Boches » ! Revenu à Forbach, il constate la germanisation forcée qui suit l’annexion de fait au IIIe Reich. Les

noms des villes et des rues sont modifiés, l’état civil est un temps bouleversé par la « traduction » des noms

de famille. Mais c’est surtout à partir de 1942, quand les nazis imposent aux jeunes l’incorporation dans l’ar-

mée allemande, que se développe, malgré une répression féroce, une tentative de résistance. Pour sa part, il

passe en Suisse, mais en est refoulé : emprisonné à

Sarreguemines, puis interné au camp du Struthof, il

connaît la brutalité des SS dans leur entreprise de

détruire toute humanité chez les détenus. Déporté

ensuite à Flossenburg, il participe à ces marches de

la mort où a péri le tiers des 614 000 déportés survi-

vants en 1945. Le courage, et la chance, favorise-

ront son évasion.

« Ce ne fut pas un long fleuve tranquille »,

cette formule qu’il applique à sa vie pourrait aussi

résumer l’histoire de l’Alsace-Moselle dont il a su

évoquer les traits les plus significatifs en captivant

son auditoire. Roger Boulanger dédicace son ouvrage Un fétu de

paille dans les bourrasques de l'Histoire

Bulletin n° 29 6

Francine Christophe à Reims

Tous les élèves de troisième du collège François Legros étaient là pour écouter Francine Christophe

Au lycée Marc Chagall

C’est toujours avec beaucoup d’émotion, et de re-

connaissance, que nous accueillons notre amie

Francine Christophe quand elle peut venir témoi-

gner dans les établissements de Reims.

Comme les années passées, en juin, les élèves du

collège François Legros ont pu bénéficier des le-

çons qu’elle a tirées de sa déportation. Elle est éga-

lement allée au lycée Marc Chagall, qui accueillait

aussi quelques élèves du lycée Jean Jaurès.

L’attention et l’intérêt sont toujours très grands chez

ces adolescents. L’émotion aussi, quand, par

exemple, Francine Christophe raconte l’anecdote du

« petit morceau de chocolat ».

Mais le témoignage sert à donner une leçon de vie :

mise en garde contre la renaissance de l’antisémi-

tisme, appel à la vigilance contre toutes les formes

de haine d’autrui.

Merci donc à Francine, et aux professeurs de Fran-

çois Legros qui avaient organisé sa venue : elle

s’inscrit dans un projet qui, notamment, conduit les

élèves au camp du Struthof.

Alors, à l’an prochain, à François Legros et à Jean

Jaurès, dont les élèves avaient été nombreux à par-

ticiper au CNRD, et à y être récompensés.

Bulletin n° 29 7

La mémoire de Jeannette GRYF au lycée Joliot-Curie

Le 24 mai 2018, les élèves de Terminales

Gestion administrative (TGA) du lycée Joliot-Curie

de Reims présentaient le travail mené tout au long

de l’année sous la conduite de leurs enseignantes

Hélène Lancelot et Nathalie Prat.

Ce travail répondait au projet proposé par la

Région Grand Est et par le Mémorial de la Shoah

dans le but de sensibiliser les jeunes à l’histoire de la

Shoah par le biais de l’histoire locale.

C’était un défi difficile à relever pour des

élèves qui avaient de vagues souvenirs de leurs

cours d’histoire de collège et qui devaient assumer

en parallèle la préparation du baccalauréat et de

nombreux stages. Mais la ténacité des enseignantes

et l’implication progressive des élèves vinrent à bout

des difficultés.

Peu à peu les élèves s’attachèrent à l’histoire

de Jeannette Gryf, jeune juive rémoise de 9 ans dé-

portée en juillet 1942 à Auschwitz avec sa mère et

ses trois jeunes frères. Les élèves furent accompa-

gnés dans leur cheminement par plusieurs interve-

nants : Frédéric Voulyzé (TéléCentreBernon-

Épernay) pour une approche de la Shoah par les

images d’archives, les documentaires et les films de

fiction ; Christine Dollard-Leplomb (AFMD-08) pour

l’histoire des juifs astreints au travail dans les fermes

des Ardennes ; Jocelyne Husson (AFMD-51) pour

l’histoire de la famille Gryf 1 ; Suzy et Claude Se-

croun (LICRA) et Ghislaine Lévy, demi-sœur de

Jeannette Gryf.

Des temps forts marquèrent cette année sco-

laire. Ce fut en décembre 2017 la visite du Mémorial

de la Shoah et la rencontre très émouvante avec

Yvette Dreyfus-Lévy, déportée à Auschwitz en juillet

1944 alors qu’elle avait 18 ans, leur âge…Un autre

moment fort aurait dû être le voyage à Auschwitz en

février 2018, annulé pour cause de neige à la grande

déception de tous. Il y eut aussi les restitutions du

travail sur le site du lycée, la réalisation d’une vidéo

avec l’aide de Christopher Ventura, assistant d’édu-

cation, et sa présentation le 15 mai 2018 à la Maison

de la Région Grand Est à Strasbourg, où les élèves

de Joliot-Curie confrontèrent leur travail avec celui

de lycéens venus de toute la région.

Encouragés par la reconnaissance de leur

travail à Strasbourg, les élèves ont tenu à le présen-

ter ce 24 mai 2018 à M. Oudin, proviseur de leur ly-

cée, aux enseignants, aux élèves, aux intervenants,

en présence de M. Obellianne, inspecteur d’acadé-

mie. L’assistance avait la gorge nouée devant la vi-

déo retraçant l’histoire de Jeannette jusqu’à sa der-

nière lettre, petit mot griffonné jeté du train de dépor-

tation. Et chacun a pu mesurer le chemin parcouru

par les élèves qui s’étaient impliqués, leurs progrès,

non seulement sur le plan historique ou littéraire,

mais aussi dans la prise de confiance, le travail en

équipe, le dépassement des difficultés.

L’histoire et la mémoire de la Shoah ont fait

l’objet de plusieurs travaux menés dans d’autres éta-

blissements de l’académie, en particulier au lycée

Colbert de Reims sur la famille Schwartzmann de

Tinqueux, la famille la plus nombreuse déportée de

France, et au collège Victor Duruy de Châlons-en-

Champagne, sur Solange Ast, élève de l’établisse-

ment déportée à Auschwitz en octobre 1943 2. Des

élèves du lycée Joliot Curie sont engagés pour cette

année scolaire 2018-2019 dans un nouveau projet…

à suivre et bravo !

Jocelyne Husson

1 Voir Mémoires pour demain, bulletin numéro 16,

mai 2014.

2 Le 19 octobre 2018 la salle Solange Ast a été inau-

gurée au collège Victor Duruy.

Les enfants Gryf

Bulletin n° 29 8

VOYAGE DE MÉMOIRE AU CAMP DU STRUTHOF

ET AU MUSÉE-MÉMORIAL D’ALSACE-MOSELLE DE

SCHIRMECK

Samedi 2 juin 2018

C'est par une belle matinée ensoleillée que nous

partons pour le camp du Struthof et le Musée-

Mémorial de Schirmeck. 32 personnes au départ de

Reims, 8 autres nous rejoignent à Châlons en

Champagne. Le voyage est long, Françoise Locre

et José Guillemin en profitent pour nous présenter

le programme de la journée, en particulier le camp

de Natzweiler Struthof.

Histoire du camp du Struthof

Il fut construit sous la direction d’A. Speer et du co-lonel SS Karl Blumberg qui arrivent à l'été 1940 et s'installent à l'hôtel du Struthof. Ce lieu a été choisi à cause du granit rose très recherché par le Reich. Un camp de concentration provisoire fonctionne à partir du 1er mai 1941, puis les 300 premiers déte-nus allemands doivent construire le camp, c’est-à- dire aménager les terrasses, car la pente est de 12%, tracer les routes et monter les baraques. Toutes les installations dans les enceintes du camp et les 17 baraques sont achevées en octobre 1943 : le crématoire qui était jusqu'alors un four ambulant, et les 13 blocks pour les détenus (de 150 à 200 dé-

tenus par block). L’ensemble occupe une superficie de 4 hectares. Au début, les déportés sont pour les deux tiers des triangles verts et noirs (asociaux) venant de Sach-senhausen. En juin 1942, on compte 900 déportés provenant d'autres camps en Allemagne. 200 à 300 d'entre eux travaillent à la carrière. En août 42, le camp de Natzweiler reçoit, pour la première fois, des détenus n'ayant jamais séjourné dans d'autres camps et devient un camp autonome : cette date correspond à l'arrivée de la Gestapo et l'application stricte du principe d'extermination par le travail. En 1942, arrivent des détenus polonais et sovié-tiques auxquels s’ajoutent en 1943, des déportés de toute l'Europe, des transferts d'Auschwitz (tziganes et juifs) et aussi des détenus NN. À l’origine, conçu pour 1 500 à 2 000 détenus, le camp finit par en compter plus de 6 000. Et 18 000 dans les komman-dos extérieurs.

L'historien R. Steegmann recense 4 800 entrées en 1943 et 23 200 en 1944, à la fois dans le camp et les 70 kommandos extérieurs. Il évalue à 52 000 le nombre de détenus passés dans le KL Natzweiler (camp mère et kommandos). 35 000 à 38 000 dépor-tés ne sont jamais passés par le camp principal. On estime le nombre total de décès de 19 000 à 20 000 soit 40% des effectifs. À partir du milieu de l'année 1943, en fonction des besoins de l'économie de guerre du Reich, l'extrac-tion du granit est peu à peu abandonnée. Un certain nombre de détenus construisent, dans l'enceinte de la carrière, des ateliers où des détenus plus spéciali-sés démontent et révisent des moteurs d'avion (usines Gunker). Puis, fin 43 et début 44, commence le creusement

Qui sont ces déportés NN ? : La mention NN est ins-tituée par le décret du 7 décembre 1941 signé par Keitel. Les premiers convois NN arrivent au camp en juin-juillet 1943 ; ce sont des Norvégiens, Néer-landais, Belges et Français. D'autres suivront. Leurs particularités : Des lettres NN peintes sur leurs vêtements, des rations alimentaires moindres, l'entassement dans leurs baraquements et ils sont longtemps privés de soins infirmiers. Ils sont utili-sés aux travaux les plus durs, soumis aux sévices des SS et des kapos, et aux stations interminables sur les places d'appel.

Bulletin n° 29 9

de trois galeries souterraines pour y installer les usines à l'abri des bombardements alliés. Ces tra-vaux sont interrompus en raison de l'avance des troupes alliées et de l'évacuation du camp qui a lieu dans les premiers jours de septembre 44. Les 4 et 6 septembre, 5 517 détenus venant de Natzweiler sont enregistrés à Dachau. Et, le 23 novembre 1944, c'est un camp entièrement abandonné qui est occu-pé par les Américains et la 1ère Armée française.

Notre visite

À notre arrivée au camp, à 11 heures, le temps est

couvert. Nous retrouvons Marie Josée Masconi, pré-

sidente de la DT67 qui, avec José, sera l’un des

guides pour cette visite. Le camp nous apparait dans

son ensemble, avec sa rugosité et sa minéralité ;

l'atmosphère est pesante malgré le soleil de juin et

nous imaginons avec bien du mal les détenus travail-

lant sur ce terrain escarpé, en plein hiver, peu vêtus

et peu nourris.

Le portail d'entrée franchi, nous nous divisons en

deux groupes pour la visite du camp. Évidemment,

beaucoup de bâtiments ont disparu. Restent la lan-

terne des morts, le portail, les deux baraques du

haut et leurs places d'appel avec les deux potences,

les terrasses et les stèles, le ravin de la mort, les

deux baraques du bas avec le four crématoire et la

prison, la double enceinte et les huit miradors, la

fosse avec le mur du souvenir, les escaliers montant

vers le mémorial. Les annexes ont disparu, sauf la

villa du commandant et l'inévitable piscine ainsi que

le jardin avec les cendres des déportés.

Après un passage rapide par la baraque du haut

transformée en musée, nous quittons le camp pour

le repas pris à La Claquette à Rothau, la gare où

arrivaient les déportés.

Le Musée-Mémorial de Schirmeck

À 15 h, nous pénétrons dans l’enceinte du musée

pour deux heures de visite. Le musée-mémorial de

l’Alsace-Moselle surplombe la vallée de la Bruche. Il

est situé sur le versant alsacien des Vosges, face à

ce petit village de Schirmeck. De la terrasse, nous

remarquons au loin, sur la montagne, la flèche du

camp du Struthof.

Ce musée est le fruit d’une volonté régionale. L’Al-

sace et la Moselle ont changé quatre fois de nationa-

lité en 75 ans et fait l’expérience d’un régime totali-

taire. Cela est très méconnu chez les Français. Elles

furent annexées deux fois par l’Allemagne, en 1871

et lors de la deuxième guerre mondiale par le IIIe

Reich.

Sous la conduite d’un guide nous passons de salle

en salle.

1ère salle : C’est par une « cathédrale d’images » que

nous commençons cette visite pour 70 ans de chaos

sur cette région de marge. Dans cette grande salle,

une galerie de portraits, des témoins, une scénogra-

phie, des documents. Le guide nous explique le con-

texte particulier de l’Alsace-Moselle dans les diffé-

rents conflits entre la France et l’Allemagne.

2e salle : Nous sommes le 1er septembre 1939. Hitler

hurle dans son micro et ses armées envahissent la

Pologne. Aux murs, des affiches touristiques, mais

un haut-parleur ordonne l’évacuation : La guerre est

déclarée. Nous avançons vers un compartiment de

Bulletin n° 29 10

train. Il est rempli de valises : Plus de 600 000 Alsa-

ciens-Mosellans sont évacués vers le Sud-Ouest de

la France. C’est l’exode. 200 000 ne reviendront pas.

Face au train, nous pénétrons dans une salle forti-

fiée, des portes blindées, des lignes électriques, des

rails au sol, un dortoir. Nous sommes dans la Ligne

Maginot et c’est « la drôle de guerre ».

3e salle : Après l’armistice, l’Alsace et la Moselle sont

annexées de force, commence la germanisation.

L’on change de monnaie, désormais c’est le mark.

L’on ne doit parler que la langue de Goethe. Les

plaques des rues passent du français à l’allemand,

de même pour les villes et les villages. Au plafond,

progressivement, les drapeaux français

s‘évanouissent au profit des croix gammées. En fond

sonore, des bruits de bottes.

4e salle : L’incorporation de force. Nous sommes

dans une salle oppressante, face à l’administration

nazie, dans une atmosphère carcérale.

Pour les Alsaciens-Mosellans, ce fut d’abord une

mise au pas, puis l’on passe, en février 1941, au tra-

vail obligatoire pour le Reich (le RAD qui sera un

échec). Les réfractaires se retrouveront au camp de

redressement de Schirmeck (1 400 en août 1941).

13 000 furent déportés dans les camps de concen-

tration, comme celui du Struthof. Pour finir, en août

1942, par l’incorporation de force dans l’armée alle-

mande, et même dans la SS. Environ 130 000

jeunes, les « Malgré-nous », seront envoyés sur le

front russe.

5e salle : L’univers concentrationnaire. Comme dans

tous les camps nazis, des baraques encerclées de

clôtures barbelées électrifiées et de miradors. Rè-

gnent la menace, la déshumanisation, la terreur, la

mort programmée pour tous ceux qui résistent aux

nazis, qu’ils soient de pays envahis ou d’Alsace-

Moselle.

6e salle : La libération du pays. Nous sommes dans

la forêt vosgienne, protection superficielle pour les

maquisards. La résistance s’organise partout, les na-

zis aussi. C’est la répression et l’élimination contre

les réseaux et les filières d’évasion pour les prison-

niers de guerre et les réfractaires ; malgré les repré-

sailles contre la famille de ces derniers (déportation

et confiscation de tous leurs biens). 12 000 s’enfui-

ront grâce aux réseaux (Sœur Hélène et le groupe

des Purs Sangs).

Nous sommes toujours dans la forêt, sur la passe-

relle, mais au sol, que des débris. L’on surplombe

une zone de combat. C’est la guerre. Les Allemands

ne font que reculer. Les combats tournent en faveur

des Alliés. Ce sera bientôt la libération et la paix. La

vie va reprendre son cours normal. Mais le bilan sera

très lourd, particulièrement, pour les 130 000 malgré-

nous, incorporés de force : 30% de tués ou disparus,

30 000 blessés et 10 000 invalides. Les Malgré-nous

(mais aussi les Malgré-elles) ont connu les moments

les plus noirs de l’Alsace-Moselle.

7e salle : L’espace Eu-Phoria. Au mur, des photogra-

phies de personnes souriantes. Ce sont des espaces

dédiés à l’Europe. Le chemin de la construction euro-

péenne avec toutes les étapes vers la paix. Les infor-

mations, les échanges, la culture, les sciences, le

progrès, la reconstruction du monde, la conquête de

l’espace…

Au détour d’un couloir, ces mots inscrits aux

murs : « Respect, Démocratie, Égalité, Solidarité,

Tolérance, Liberté, Dignité humaine, Justice, Droits

de l’Homme, Non-discrimination, Paix, … ».

« Les Français ont souvent reproché aux Alsaciens

et aux Mosellans d’avoir été soumis aux Allemands

deux fois. Pourtant, les Alsaciens avaient choisi l’Al-

lemagne pour sa culture mais gardé leur cœur pour

la France ». Propos tenus par un historien de l’Uni-

Bulletin n° 29 11

versité de Strasbourg lors d’une visite au Struthof.

Nous ne pouvons pas oublier les massacres perpétrés par les divisions allemandes, en particulier celui

d’Oradour sur Glane avec la Das Reich et ses treize Malgré-nous, et, plus proche de nous, le massacre des

trois villages de la vallée de la Saulx dans la Meuse.

À se souvenir aussi du Fort de Queuleu, près de Metz, une annexe du Struthof. Il fut utilisé par les SS et la

gestapo pour torturer les résistants (entre 1 500 et 1 800) avant de les déporter ou de les assassiner.

Aux Européens de ramener la paix comme cela a été fait avec la réconciliation franco-allemande.

« Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans

avenir ». Ferdinand Foch

Merci à notre ami Roger Boulanger, réfractaire, arrêté et déporté au Struthof, pour sa conférence du 23 mai,

en préparation à la visite de ce camp et au Musée-mémorial de Schirmeck, avec le cas particulièrement diffi-

cile des Malgré-nous. Merci aux organisateurs de ce voyage de mémoire 2018.

Rappel historique : le cas de l’Alsace avec ses Malgré-nous.

En 1870, c’est la défaite de l’Empire, et malgré le retour à la République, c’est, en 1871, la 1ère annexion

de l’Alsace-Moselle. Bismarck a cherché à unifier tous les territoires de la Prusse. En gagnant cette guerre,

il annexa l’Alsace et une partie de la Moselle à l’Allemagne lors du traité de Francfort. 50 000 personnes

quittent cette région. Après quelques années difficiles (Obligation de ne parler qu’allemand, les trains rou-

lent à droite, etc.), c’est l’apaisement et la prospérité économique. De plus, fut instaurée une législation so-

ciale moderne (par exemples, des jours fériés supplémentaires et les cultes rémunérés).

La guerre 1914-1918 : Au début du conflit, les civils alsaciens et mosellans sont suspectés par les Alle-

mands. Certains sont internés. Environ 380 000 Alsaciens et Mosellans sont incorporés dans l’armée alle-

mande (Ce sont les premiers « Malgré-nous » qui vont se retrouver sur le front russe). Beaucoup vont dé-

sertés et se ranger dans les forces françaises.

11 novembre 1918, c’est l’arrêt des combats, l’Allemagne est vaincue. Après le traité de Versailles, l’Alsace

et la Moselle redeviennent françaises. Les habitants ont l’obligation de ne parler que le français mais ils

gardent la plupart des avantages sociaux instaurés par les Allemands. Cependant, certains habitants très

germanisés doivent retourner en Allemagne en laissant tous leurs biens.

2e GM : À partir du 2 septembre 1939, 374 000 Alsaciens sont évacués, sur 1 219 000. Ils quittent leur mai-

son avec 30 kg de bagages et quatre jours de vivres, en laissant tous leurs biens, parmi eux, 115 000

Strasbourgeois. Les « réfugiés » ne sont pas les bienvenus. Souvent, ils ne parlent pas le français, ou mal.

Ils utilisent leur dialecte. Ils sont considérés comme des « sales boches ». Les autochtones s’estiment

Bulletin n° 29 12

Crédits photographiques : J.-F. Genesseau, E. Ro-

chette

Directrice de la publication : Hélène Lebrec, Prési-

dente de l’AFMD 51

58 avenue d’Épernay

51100 REIMS

Tél : 03 26 61 52 16

[email protected] http://www.afmd.org.

https://www.facebook.com/AFMD51/

ISSN : 2274-6013

La reproduction de tout ou partie de ce numéro est

interdite sans autorisation du directeur de la publica-

tion.

Sommaire

p. 1 Éditorial

p. 2-4 Le C.N.R.D.

p. 5 Conférence de M. Boulanger

p. 6 Francine Christophe à Reims

p. 7 La mémoire de Jeannette Gryf

p. 8-12 Notre voyage de mémoire

« envahis ». Néanmoins, Périgueux devient le se-

cond Strasbourg avec sa municipalité. Également,

l’université de Strasbourg s’installe à Clermont-

Ferrand.

Après l’armistice, 320 000 réfugiés reviennent en Al-

sace. Les nazis les aident même financièrement. La

plupart, parce qu’ils ont mal vécu leur évacuation.

Par contre, 16 000 Juifs ne seront pas autorisés à

revenir. En tout, de 50 à 60 000 Alsaciens seront

« indésirables ». Par contre, les soldats alsaciens,

faits prisonniers de guerre, seront libérés et considé-

rés comme Allemands, ce qui, par la suite, les con-

duira souvent à l’incorporation forcée dans la Wehr-

macht. C’est aussi zone interdite en Alsace-Moselle.

Entre temps, depuis le 16 août 1940, les Alsaciens

ont l’interdiction de parler le français, même avec

leur dialecte. Certaines vallées vosgiennes ont cinq

ans pour apprendre l’allemand. L’anneau nuptial doit

être porté à droite comme en Allemagne. De même,

les noms et les prénoms des habitants seront germa-

nisés ainsi que les villes, villages et rues. L’adminis-

tration et l’économie sont quadrillées par les nazis.

Les municipalités sont nommées par l’Allemagne.

En février 1941, pour les Alsaciens comme pour les

Mosellans, c’est l’instauration du service du travail

obligatoire du Reich, le RAD (Reichsarbeitsdienst).

Au début, c’est le volontariat, mais suite à l’échec, il

devient obligatoire. Pour les réfractaires, c’est le

camp de redressement de Schirmeck (1 400 déte-

nus en août 1941). Il y aura aussi 13 000 déportés.

En août 1942, il est décidé d’imposer le service mili-

taire obligatoire en Alsace-Moselle. C’est l’incorpo-

ration forcée. Jusqu’en novembre 1942, 12 000

jeunes s’échappent, aidés par la résistance et ses

filières d’évasion, malgré les représailles encourues

pour la famille des fuyards (Confiscation de leurs

biens et la déportation). Les « Malgré-nous » sont

envoyés sur le front russe.

Sur les 130 000 Alsaciens-Mosellans, plus de

40 000 seront tués, « morts pour la grande Alle-

magne », et 40 000 blessés. Il y aura aussi 15% de

déserteurs, souvent pour se retrouver dans les

camps de Staline, c’est dire !

À noter dans votre agenda

Samedi 2 février 2019 à 14 heures

Assemblée départementale de notre délégation de la Marne

Maison de la vie associative

7 rue Eugène Wiet

51100 Reims