montage, mixage : Émilie ruby

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Page 1: Montage, mixage : Émilie Ruby
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Enregistré par Little Tribeca au Théâtre Saint-Bonnet (Bourges) les 16 et 17 janvier 2017

Remerciements au Palazzetto Bru Zane

Production exécutive et son : Little Tribeca

Direction artistique, prise de son : Maximilien Ciup

Montage, mixage : Émilie Ruby

Texte d’Hélène Cao

Traduction de Charles Johnston

Photos © Fonds La Tombelle

Design © 440.media

AP148 © p Little Tribeca - Palazzetto Bru Zane 2017

1, rue Paul Bert 93500 Pantin, France

apartemusic.com

Page 3: Montage, mixage : Émilie Ruby

Fernand de La Tombelle (1854-1928)

1. Hier au soir, Victor Hugo 3’09

2. Les Larmes, Auguste Dorchain 2’11

3. Il me l’a dit, auteur inconnu 2’57

4. Ischia, Alphonse de Lamartine 5’39

5. Croyez-moi !, Pierre Barbier 2’49

6. La Croix de bois, Paul Harel 3’51

7. Les Papillons, Théophile Gautier 3’17

8. Passez nuages roses, Georges Boutelleau 3’16

9. Cavalier mongol, Marcel de Lihus 2’56

10. Souvenir, auteur inconnu 2’40

11. Promenade nocturne, Théophile Gautier 2’59

12. Elle est loin, Pierre Barbier 3’12

13. Sans toi, Élie Brachet et Paul de Montverdun 2’48

14. Sonnet, Estienne de La Boétie 4’20

15. Veux-tu les chansons de la plaine ?, auteur inconnu 3’24

16. Ha ! les bœufs, Henri Darsay 3’30

17. Chant-Prière pour les Morts de France, Léon Chadourne 5’14

18. Vieille Chanson, Guy Le Coat, Vicomte de Kervéguen 1’37

19. Si le roi m’avait donné, auteur inconnu 1’38

20. La Pernette, Horace de Callias 4’58

21. Couplets de Chérubin, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais 2’27

22. Ballade, André Theuriet 2’55

23. Pourquoi ?, Georges Boutelleau 2’47

Page 4: Montage, mixage : Émilie Ruby

Si les mélodies de Fernand de La Tombelle

apparaissent de temps à autre dans les

programmes des concerts, elles firent surtout le

bonheur des salons (celui de son hôtel de la rue

Newton, de son château périgourdin de Fayrac,

chez ses amis de la haute société ou artistes

parisiens). En témoignent de nombreuses

chroniques mondaines, comme celle du Matin

du 11 juin 1892 : « Les programmes musicaux

sont toujours fort beaux chez la baronne de

La Tombelle, le maître de la maison étant un

compositeur de talent. […] Gros succès aussi

pour Mlle Martini, de la Monnaie de Bruxelles,

dans un air de Sigurd, et pour M. Bourdouresque,

de l’Opéra-Comique, dans l’air de l’ivresse de la

Jolie Fille de Perth et Cavalier mongol, de M. F. de

La Tombelle. Ajoutons que la chambrée était des

plus brillantes. » Point de détails sur la musique

dans ce type de compte rendu, où l’on s’attarde

davantage sur les toilettes des élégantes…

La Tombelle dédia plusieurs mélodies à

des proches, telle sa cousine la marquise de

Maleville (Sonnet, d’Estienne de la Boétie). Il les

offrit surtout à des chanteurs, parfois amateurs

d’un excellent niveau si l’on en croit la presse,

qui couvre ainsi d’éloges Nathalie Kirewski,

dédicataire de Ballade et de Larmes, dont la mère

tenait un salon réputé pour sa qualité artis-

tique. La majorité des dédicaces s’adressent

à des professionnels, côtoyés dans la sphère

publique et privée : la soprano Caroline Salla,

applaudie dans La Traviata (Passez, nuages roses) ;

Ada Adiny, interprète des rôles de Donna Anna,

Aïda et Isolde (Veux-tu les chansons de la plaine) ;

le baryton Numa Auguez, qui se produisit à

l’Opéra de Paris avant d’enseigner au Conser-

vatoire (Cavalier mongol)  ; le ténor Albert

Mazalbert, l’un des premiers Français à chanter

des extraits d’opéras de Wagner (Elle est loin) ;

Alexandre Talazac, qui participa à la création

de Jean de Nivelle, Les Contes d’Hoffmann, Lakmé, Manon et Le Roi d’Ys (Hier au soir).

Ces dédicataires eurent-ils une incidence sur

le style vocal de La Tombelle ? Des passages

en récitatif alternent avec de larges envolées

lyriques. L’opéra s’immisce alors dans le monde

intime de la mélodie. Le piano cultive la même

Les mélodies de La Tombelle

Page 5: Montage, mixage : Émilie Ruby

diversité, d’une écriture grêle (stylisant la

guitare d’un donneur de sérénade dans Sans

toi et le clavecin dans Couplets de Chérubin)

à une ampleur orchestrale  ; il exploite les

ressources de la modalité et celles d’un chroma-

tisme erratique. En dépit de quelques coupes

strophiques et d’un rondo (Ha ! les bœufs), c’est

la forme durchkomponiert qui prédomine : à

l’écart de tout schéma préétabli, les nombreux

changements d’écriture nuancent les senti-

ments et suivent leur évolution. Geste fréquent

chez La Tombelle, la musique s’anime peu à peu,

crée un effet de surprise quand un début calme

ne laisse pas augurer ces emportements, et

mène à un climax situé peu avant la section

conclusive.

Comme la plupart des compositeurs français,

La Tombelle trouve son bien chez des poètes

mineurs et des écrivains célèbres, anciens

ou contemporains  : La Boétie (né à Sarlat,

où La Tombelle passa une partie de sa vie),

Beaumarchais, Lamartine, Hugo, Gautier.

Établir semblable hiérarchie, c’est toutefois

projeter le jugement de la postérité sur la fin

du XIXe siècle, où l’on tenait en haute estime

des auteurs oubliés aujourd’hui. On songera

par exemple à André Theuriet, membre de

l’Académie française ; à Pierre Barbier, auteur

de livrets d’opéra (certains en collaboration

avec son père Jules) ; ou encore à Élie Brachet

et Paul de Montverdun qui écrivirent le

livret de Supercherie, comédie en un acte de

La Tombelle. Quelques mélodies ne comportent

pas de nom de poète. Mais le texte de Souvenir

inspira également Bourgault-Ducoudray (pour

une mélodie titrée Mélancolia), lequel révéla

l’identité de l’auteur : la baronne de La Tombelle,

qui publia pièces de théâtre, romans et poèmes

sous le pseudonyme de Camille Bruno.

Aurait-elle également écrit Veux-tu les chansons

de la plaine et Il me l’a dit ?

Prolongeant la tradition romantique, La Tombelle

mit aussi en musique de nombreux poèmes

d’amour, qui donnent parfois la parole à une

femme (Ischia, Il me l’a dit). Mais il traita paral-

lèlement d’autres sujets. Cavalier mongol, qui

sacrifie à la mode de l’exotisme, prolonge la

fascination romantique pour le brigand en

marge de la société, « pillard endurci », belli-

queux et dominateur. L’intérêt pour le fonds

populaire s’inscrit davantage dans des préoc-

cupations fin de siècle. Si le roi m’avait donné,

sur un poème attribué à Henry IV, et La Pernette

(dont la variante Ne pleure pas, Jeannette, est

Page 6: Montage, mixage : Émilie Ruby

bien connue du grand public) sont des chansons

anciennes harmonisées par La Tombelle, qui

ajoute quelques précisions ethnographiques sur

ses partitions. Pour La Pernette, il signale qu’il

s’agit d’une mélodie recueillie dans la Nièvre

mais probablement originaire du Cantal, et il

justifie implicitement ses harmonies modales

par le fait qu’« à cette époque les chansonniers

s’inspiraient encore des chants de l’église, et

[que] leurs productions portaient, comme

celle-ci, l’empreinte des gammes grégoriennes ».

À côté de ses préoccupations quasi scienti-

fiques, La Tombelle exalte une image idéalisée

de la paysannerie, perceptible dans Ha ! les

bœufs. L’utilisation d’un bourdon à la basse et

d’accords parallèles à la main droite renforce

le parfum de terroir de cette « Scène rustique

pour baryton ». À d’autres moments, la couleur

populaire reste plus distanciée, comme dans

Vieille chanson (héritière de la Villanelle des Nuits

d’été de Berlioz), ou les Couplets de Chérubin

chantés sur l’air de Malbrough s’en va-t-en

guerre (La Tombelle reprend en fait l’idée de

Beaumarchais, qui demandait de chanter ses

vers sur la célèbre mélodie populaire).

Ballade condense en revanche les attributs

d’un chant populaire archaïsant  : ambitus

réduit, écriture dépouillée, esprit d’une vieille

complainte. Le poème provient de Jean-Marie,

pièce de théâtre dont l’héroïne Thérèse (rôle

créé en 1872 par Sarah Bernhardt) a épousé

Joël après que son amoureux Jean-Marie

a disparu en mer. En narrant le miracle de

sainte Azénor protectrice des marins, Thérèse

témoigne d’une piété fervente. Ce sentiment

imprègne aussi La Croix de bois et Chant-Prière

pour les Morts de France publié en 1917 : en

pleine guerre, cette mélodie, à la fois marche

funèbre héroïque et élégie intime, donne au

sacrifice du soldat une dimension christique. Si

La Tombelle consacra l’essentiel de ses mélodies

à l’expression de sentiments intemporels, il

se montra ainsi également en prise avec les

tragédies de son temps.

Hélène Cao

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Although the mélodies of Fernand de

La Tombelle appeared in concert programmes

from time to time, they were most popular in

salons (those the composer held in his town

house at rue Newton in Paris and his castle

of Fayrac in Périgord, and those of his friends

in high society or of Parisian artists). Traces

of these are to be found in many a society

gossip column, as in Le Matin dated 11 June

1892: ‘The musical programmes are always

extremely fine at the salon of the Baronne de

La Tombelle, since the master of the house is

himself a talented composer . . . There was also

much applause for Mlle Martini, of La Monnaie

in Brussels, in an aria from Sigurd, and for

M. Bourdouresque, of the Opéra-Comique, in

the Drinking Song from La Jolie Fille de Perth and

Cavalier mongol by M. F. de La Tombelle. It may

be added that the company was of the most

sparkling.’ There are no details concerning the

music in this type of report, in which much more

space is devoted to the finery of the elegant

lady guests . . .

La Tombelle dedicated several mélodies to close

relatives, such as his cousin the Marquise de

Maleville (Estienne de la Boétie’s Sonnet).

But he inscribed them above all to singers,

sometimes amateurs of an excellent standard

if one is to believe the press, which was full of

praise for, say, Nathalie Kirewski, the dedicatee

of Ballade and Larmes, whose mother held a

salon noted for its artistic quality. The majority

of his dedications were addressed to profes-

sionals, whom the composer frequented in

both public and private spheres: the soprano

Caroline Salla, much applauded in La Traviata

(Passez, nuages roses); Ada Adiny, who sang the

roles of Donna Anna, Aida and Isolde (Veux-tu les chansons de la plaine); the baritone Numa

Auguez, who appeared at the Opéra de Paris

before teaching at the Conservatoire (Cavalier mongol); the tenor Albert Mazalbert, one of the

first French singers to perform excerpts from

Wagner operas (Elle est loin); and Alexandre

Talazac, who took part in the premieres of Jean de Nivelle, Les Contes d’Hoffmann, Lakmé, Manon

and Le Roi d’Ys (Hier au soir).

The mélodies of La Tombelle

Page 10: Montage, mixage : Émilie Ruby

Did these dedicatees have any effect on the

vocal style of La Tombelle? Passages of recitative

alternate with broad flights of lyricism, so that

opera intrudes into the intimate world of the

mélodie. The piano parts cultivate the same

diversity, from pinched textures (stylising a

serenader’s guitar in Sans toi and the harpsi-

chord in Couplets de Chérubin) to orchestral

amplitude; they exploit the resources both

of modality and of an intermittent chromat-

icism. Though there are occasional strophic

structures and a single rondo (Ha! les bœufs),

it is through-composed form that predomi-

nates: avoiding any pre-established design,

the numerous changes of style nuance the

sentiments and follow their evolution. In a

gesture frequently found in La Tombelle, the

music gradually gets faster, creating a surprise

effect when a calm opening has done nothing to

portend such outbursts, and leading to a climax

situated shortly before the concluding section.

Like most French composers, La Tombelle

drew on both minor poets and famous writers,

whether of the past or of his own time:

La Boétie (born in Sarlat, where the composer

spent part of his life), Beaumarchais, Lamartine,

Hugo, Gautier. To establish a hierarchy of this

kind, however, is to project the judgment of

posterity onto the late nineteenth century,

when now-forgotten authors were held in high

esteem. One might point, for example, to André

Theuriet, a member of the Académie Française;

Pierre Barbier, an author of operatic librettos

(some written with his father Jules); or Élie

Brachet and Paul de Montverdun, who collab-

orated on the libretto of La Tombelle’s one-act

comic opera Supercherie. A few mélodies bear

no poet’s name at all. But the text of Souvenir

also inspired Bourgault-Ducoudray (for a song

entitled Mélancolia), who revealed the identity

of its author: the Baronne de La Tombelle

herself, who published plays, novels and poems

under the pseudonym of Camille Bruno. Did

she perhaps also write Veux-tu les chansons de

la plaine and Il me l’a dit?

Prolonging the Romantic tradition, La Tombelle

too set many love poems, in some of which

the persona is feminine (Ischia, Il me l’a dit).

But he treated other subjects alongside this.

Cavalier mongol, which yields to the vogue for

exoticism, pursues the Romantic fascination

with the brigand on the margins of society, a

‘hardened plunderer’, warlike and dominating.

The interest in the popular heritage is more

Page 11: Montage, mixage : Émilie Ruby

characteristic of the preoccupations of the late

nineteenth century. Si le roi m’avait donné, on

a poem attributed to Henri IV of France, and

La Pernette (a variant of which, Ne pleure pas,

Jeannette, is widely known in modern France)

are old songs harmonised by La Tombelle,

who adds some ethnographic details to his

scores. He indicates that La Pernette is a tune

collected in the Nièvre département (Burgundy

region) but which probably originated in the

Cantal (Auvergne), and implicitly justifies his

modal harmonies by stating that ‘at this period

songwriters still took their inspiration from

ecclesiastical chant, and their productions,

like this one, bore the stamp of the Gregorian

modes’.

Alongside these quasi-scientific concerns,

La  Tombelle exalts an idealised image of

country folk, perceptible in Ha! les bœufs. The

use of a drone bass and parallel chords in the

right hand strengthens the terroir flavour of

this ‘Scène rustique pour baryton’. At other

moments, the popular coloration remains more

distant, as in Vieille chanson (a descendant of the

Villanelle in Berlioz’s Nuits d’été) or the Couplets

de Chérubin set to the tune of Malbrough s’en

va-t-en guerre (in fact La Tombelle takes this idea

from Beaumarchais, who asked for his verse to

be sung to the melody of the famous folksong).

By contrast, Ballade condenses the attributes of

an archaising song in the folk vein: the narrow

vocal compass, the austerity of style, the spirit

of an old complainte. The poem comes from

the play Jean-Marie, whose heroine Thérèse (a

role created by Sarah Bernhardt in 1872) has

married Joël after her sweetheart Jean-Marie

is lost at sea. In relating the miracle of St Azenor,

the patron saint of sailors, Thérèse shows her

fervent piety. The same sentiment imbues La

Croix de bois and Chant-Prière pour les Morts

de France. The latter, published in 1917 at the

height of the Great War, is at once a heroic

funeral march and an intimate elegy that gives

the soldier’s sacrifice a Christlike dimension.

While La Tombelle devoted most of his mélodies

to the expression of timeless sentiments, he

showed here that he was also attuned to the

tragedies of his time.

Hélène Cao

Page 12: Montage, mixage : Émilie Ruby
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FERNAND DE LA TOMBELLEMÉLODIES

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1. Hier au soir Poème de Victor Hugo

Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse,

Nous apportait l’odeur des fleurs qui

s’ouvrent tard ;

La nuit tombait ; l’oiseau dormait sous

l’ombre épaisse.

Le printemps embaumait, moins que votre

jeunesse ;

Les astres rayonnaient, moins que votre

regard.

Moi, je parlais tout bas. C’est l’heure

solennelle

Où l’âme aime à chanter son hymne le plus

doux.

Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle,

J’ai dit aux astres d’or : « Versez le ciel sur

elle ! »

Et j’ai dit à vos yeux : « Versez l’amour sur

nous ! »

1. Yesterday evening Victor Hugo

Yesterday, the evening breeze, with its

caressing breath,

Brought us the scent of the late-opening

flowers;

Night was falling; the birds were sleeping in

the deep shadow.

Spring diffused its fragrance, but less so than

did your youth;

The stars were resplendent, but less so than

your gaze.

I spoke very softly. It was the solemn hour

When the soul loves to sing its gentlest hymn.

Seeing the night so pure and seeing you so

beautiful,

I said to the golden stars: ‘Pour heaven down

upon us!’

And I said to your eyes: ‘Pour love down upon

us!’

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2. Tears Auguste Dorchain

We have wept many tears,

And those tears, just as a storm

Flattens ears of corn or flowers,

Have overwhelmed our courage.

Then we felt, in the night,

Clouds heavy with anger . . .

But look: a star twinkles,

Another . . . all is illuminated . . .

And for our overwhelmed hearts,

For the exhausted flower of love,

The tears of tomorrow, you see,

Will be pearls of dew!

3. He said to me Author unknown

His eyes shone, his gentle voice said to me: ‘I

adore you!’

He spoke the truth, I believe him. O radiant

dawn!

Divine happiness will crown

My beautiful youth.

2. Les Larmes Poème d’Auguste Dorchain

Nous avons pleuré bien des pleurs,

Et ces larmes, comme un orage

Verse les épis ou les fleurs,

Ont abattu notre courage.

Alors, nous sentions dans la nuit

Des nuages lourds de colère…

Mais regarde : une étoile luit,

Une autre… tout s’éclaire…

Et pour notre cœur abattu,

Pour la fleur d’amour épuisée,

Les larmes de demain, vois-tu,

Seront des perles de rosée !

3. Il me l’a dit Auteur inconnu

Ses yeux ont brillé, sa douce voix m’a dit : « Je

t’adore ! »

Il dit vrai, je le crois, radieuse aurore,

Un bonheur divin va couronner

Ma belle jeunesse.

Page 16: Montage, mixage : Émilie Ruby

Oh ! douce ivresse !

Je vis enfin !

Amour ! divine ivresse !

Bonheur divin !

Ah ! pour nous mon bien-aimé

Pour nous même bonheur !

Toi ! dont le cœur m’est donné

Je t’ai donné mon cœur.

Ah ! divin enchantement !

Ah ! quel ravissant échange !

Quel trouble étrange !

Ne fuis pas de mes bras !

Ne fuis pas !

Ah ! parle encore à mon âme oppressée !

Viens ! je suis à toi, prends mon âme et ma

pensée !

Ses yeux ont brillé, sa douce voix m’a dit : « Je

t’adore ! »

Il dit vrai, je le crois, radieuse aurore,

Un bonheur divin va couronner

Ma belle jeunesse.

Oh ! douce ivresse ! Je vis enfin !

Amour ! divine ivresse ! bonheur divin !

Oh, sweet rapture!

I live at last!

Love! Divine rapture!

Divine happiness!

Ah, for us, my beloved,

For us the same happiness!

To you, whose heart is given to me,

I have given my heart.

Ah, divine enchantment!

Ah, what a ravishing exchange!

What strange turmoil!

Do not fly from my arms!

Do not fly!

Ah, speak once more to my breathless soul!

Come! I am yours, take possession of my soul

and my thoughts!

His eyes shone, his gentle voice said to me: ‘I

adore you!’

He spoke the truth, I believe him. O radiant

dawn!

Divine happiness will crown

My beautiful youth.

Oh, sweet rapture! I live at last!

Page 17: Montage, mixage : Émilie Ruby

Il ma dit : « Je t’adore ! »

Il dit vrai.

Il me l’a dit !

4. Ischia Poème d’Alphonse de Lamartine

Viens ! L’amoureux silence occupe au loin

l’espace ;

Viens le soir près de moi respirer la fraîcheur !

C’est l’heure ; à peine au loin la voile qui

s’efface

Blanchit en ramenant le paisible pêcheur !

Depuis l’heure où ta barque a fui loin de la rive,

J’ai suivi tout le jour ta voile sur les mers,

Ainsi que de son nid la colombe craintive

Suit l’aile du ramier qui blanchit dans les airs !

Tandis qu’elle glissait dans l’ombre du rivage,

J’ai reconnu ta voix dans la voix des échos ;

Et la brise du soir, en mourant sur la plage,

Me rapportait tes chants prolongés sur les flots.

Maintenant sous le ciel tout repose, ou tout

aime :

Love! Divine rapture! Divine happiness!

He said to me: ‘I adore you!’

He spoke the truth.

He said it to me!

4. Ischia Alphonse de Lamartine

Come! Loving silence occupies space as far as

the eye can see;

Come beside me to breathe the cool of the

evening!

This is the hour; the sail that vanishes in the

distance

Barely grows pale as it takes the peaceful

fisherman home!

Since the hour when your boat fled far from

the coast,

I have followed your sail on the sea all day,

Just as, from her nest, the anxious dove

Follows the wing of her mate as it whitens in

the air!

As the sail glided in the shadow of the shore,

I recognised your voice in the voice of the

echoes;

Page 18: Montage, mixage : Émilie Ruby

La vague, en ondulant, vient dormir sur le

bord ;

La fleur dort sur sa tige, et la nature même

Sous le dais de la nuit se recueille et s’endort.

Vois ! La mousse a pour nous tapissé la

vallée,

Le pampre s’y recourbe en replis tortueux,

Et l’haleine de l’onde, à l’oranger mêlée,

De ses fleurs qu’elle effeuille embaume mes

cheveux.

À la molle clarté de la voûte sereine

Nous chanterons ensemble assis sous le

jasmin,

Jusqu’à l’heure où la lune, en glissant vers

Misène,

Se perd en pâlissant dans les feux du matin.

And the evening breeze, as it died away on

the beach,

Brought your songs back to me, prolonged

over the billows.

Now beneath the sky all reposes, or all loves:

The rippling wave comes to sleep at the

water’s edge;

The flower slumbers on its stem, and Nature

herself

Beneath the canopy of night meditates and

falls asleep.

See! The moss has covered the valley for us,

The vine branch bends there in tortuous coils,

And the breath of the waters mingles with the

orange blossom,

As it perfumes my hair with the flowers it

sheds.

In the soft light of the serene firmament

Wa shall sing together, seated beneath the

jasmine,

Until the moon, gliding towards Miseno,

Pales and vanishes in the rays of morning.

Page 19: Montage, mixage : Émilie Ruby

5. Croyez-moi ! Poème de Pierre Barbier

Croyez-moi, si j’étais abeille,

Malgré tant de fleurs sous le ciel,

C’est sur votre bouche vermeille

Que je butinerais le miel !

Si j’étais la brise, je jure

Qu’à dessein de tout embaumer,

C’est dans votre ample chevelure

Que je viendrais me parfumer !

Si j’étais l’étoile amoureuse,

C’est au pur cristal de vos yeux

Que ma flamme irait langoureuse,

Sonder l’immensité des cieux !

Las ! je ne suis qu’un pauvre hère

Et vous un astre sans pareil !

Mais le plus humble ver de terre

Vit des feux lointains du soleil !

5. Believe me! Pierre Barbier

Believe me, if I were a bee,

Despite all the flowers that exist under the

heavens,

It is on your crimson lips

That I would gather my honey!

If I were the breeze, I swear

That to scatter fragrance everywhere

It is in your thick tresses

That I would come to perfume myself!

If I were the star of love,

It is in the pure crystal of your eyes

That my languorous flame would go

To fathom the immensity of the heavens!

Alas! I am but a poor wretch

And you a matchless star!

Yet even the humblest earthworm

Is nourished by the distant splendour of the

sun!

Page 20: Montage, mixage : Émilie Ruby

6. La Croix de bois Poème de Paul Harel

Au temps lointain des Confréries,

« Du temps que j’étais écolier »,

Ami, je suis venu prier,

Près de l’humble croix où tu pries.

Entre les champs et les prairies,

Dans le mystère du hallier,

Ses deux bras ont l’air de plier

Sous le poids des mousses fleuries.

Mais, droite au-dessus des sillons,

Elle s’habille de rayons

Aussitôt que paraît l’aurore,

Et devant le jour finissant

Mystérieuse, elle offre encore

Sa pierre aux genoux du passant.

7. Les Papillons Poème de Théophile Gautier

Les papillons couleur de neige

Volent par essaims sur la mer ;

Beaux papillons blancs, quand pourrai-je

6. The Wooden Cross Paul Harel

In the far-off days of the Confraternities,

‘When I was a schoolboy’,

My friend, I came to pray

By the humble cross where you are praying

now.

Among the fields and meadows,

In the darkness of the thicket,

Its two arms seem to bend

Under the weight of the flowered moss.

But, rising above the furrows,

It is draped in sunbeams

As soon as dawn breaks,

And as day closes,

Mysterious, it still offers

Its stone to the knees of passers-by.

7. Butterflies Théophile Gautier

The snow-coloured butterflies

Flutter in swarms over the sea;

Beautiful white butterflies, when will I be able

Page 21: Montage, mixage : Émilie Ruby

Prendre le bleu chemin de l’air ?

Savez-vous, ô belle des belles,

Ma bayadère aux yeux de jais,

S’ils me pouvaient prêter leurs ailes,

Dites, savez-vous où j’irais ?

Sans prendre un seul baiser aux roses,

À travers vallons et forêts,

J’irais à vos lèvres mi-closes,

Fleur de mon âme, et j’y mourrais.

Les papillons couleur de neige

Volent par essaims sur la mer ;

Beaux papillons blancs, quand pourrai-je

Prendre le bleu chemin de l’air ?

8. Passez nuages roses Poème de Georges Boutelleau

Passez, passez, nuages roses,

Sur le ciel que vous fleurissez !

J’aime les automnes moroses ;

Passez, passez…

Volez, volez, feuilles ailées,

Que chassent les vents affolés :

To follow the blue path of the skies?

Do you know, O fairest of the fair,

My jet-eyed bayadère?

If they would lend me their wings,

Say, do you know where I would go?

Without stealing a single kiss from the roses,

Across valleys and forests

I would fly to your half-closed lips,

Flower of my soul, and would die there.

The snow-coloured butterflies

Flutter in swarms over the sea;

Beautiful white butterflies, when will I be able

To follow the blue path of the skies?

8. Float on, pink clouds Georges Boutelleau

Float on, float on, pink clouds,

From the sky that you adorn!

I like gloomy autumns;

Float on, float on . . .

Fly off, fly off, winged leaves,

Chased by the blustery winds:

Page 22: Montage, mixage : Émilie Ruby

J’aime les forêts désolées ;

Volez, volez…

Séchez, séchez, gerbes fleuries,

Pavots, bleuets des blés penchés ;

J’aime les campagnes flétries ;

Séchez, séchez…

Mourez, mourez, gaités et charmes,

Rêves brillants, espoirs déçus :

J’aime les cœurs emplis de larmes !

Mourez, mourez, ah ! mourez…

9. Cavalier mongol Poème de Marcel de Lihus

Au galop fou de mon cheval

Je vais par la plaine et le val

Trouvant dans chaque homme un rival

Bon à soumettre ;

Tout sera mongol ici-bas ;

Invincible dans les combats,

Ce qui me gêne, je l’abats ;

Je suis le maître !

La peur pas plus que le remords

I like desolate forests;

Fly off, fly off . . .

Dry up, dry up, flowery sprays,

Leaning poppies and cornflowers;

I like withered countryside;

Dry up, dry up . . .

Die, die, gaieties and charms,

Brilliant dreams, disappointed hopes:

I like hearts filled with tears!

Die, die, ah, die . . .

9. The Mongol Horseman Marcel de Lihus

On my madly galloping horse

I ride over hill and vale

Finding in each man a rival

Fit to be subjected.

All will be Mongol here below;

Invincible in battle,

I strike down all that gets in my way;

I am the master!

Neither fear nor remorse

Page 23: Montage, mixage : Émilie Ruby

Au cœur sourdement ne me mord,

Je sème et je brave la mort

Sans épouvante ;

Mon apanage et mon souci,

C’est la bataille sans merci ;

Je suis un pillard endurci

Et je m’en vante !

J’ai l’amour et j’en suis heureux ;

Le ciel de l’Inde est langoureux ;

Tout rendez-vous est savoureux

Sous les platanes ;

J’ai l’amour et je lui souris ;

Mes jardins d’amour sont fleuris

Je vis au milieu des houris

Et des sultanes.

J’ai l’amour et j’en suis heureux ;

Le ciel de l’Inde est langoureux ;

Au galop fou de mon cheval etc.

Silently gnaws at my heart;

I deal out death and brave it

Without fear.

My privilege and my concern

Is merciless combat;

I am a hardened plunderer

And proud of it!

I have love and I am glad of it;

The sky of India is languorous;

Each assignation is delightful

Beneath the plane trees.

I have love and I smile on it;

My gardens of love are rich with flowers;

I live amid houris

And sultanas.

I have love and I am glad of it;

The sky of India is languorous.

On my madly galloping horse etc.

Page 24: Montage, mixage : Émilie Ruby

10. Souvenir Auteur inconnu

C’était dans les bois, en avril,

Nous marchions, les mains enlacées,

Mêlant nos rêveuses pensées,

T’en souvient-il ?

Des muguets le parfum subtil

Pénétrait nos âmes ravies ;

Nous avions échangé nos vies…

T’en souvient-il ?

Ô bel ange de mon exil

Reverrai-je encor ton visage ?

Ce temps sans regrets, sans orage

Reviendra-t-il ?

11. Promenade nocturne Poème de Théophile Gautier

La rosée arrondie en perles

Scintille aux pointes du gazon ;

Les chardonnerets et les merles

Chantent à l’envi leur chanson ;

Les fleurs de leurs paillettes blanches

10. Recollection Author unknown

It was in the woods, in April:

We were walking hand in hand,

Mingling our dreamy thoughts;

Do you remember?

The subtle fragrance of lily of the valley

Permeated our ravished souls;

We had exchanged our lives . . .

Do you remember?

O beautiful angel of my exile,

Will I see your face again?

That time without regrets, without storms,

Will it return?

11. Walking at Night Théophile Gautier

The round and pearly dewdrops

Glisten on the blades of grass;

The goldfinch and blackbirds

Ceaselessly sing their song;

The flowers adorn the green border of the path

Page 25: Montage, mixage : Émilie Ruby

Brodent le bord vert du chemin ;

Un vent léger courbe les branches

Du chèvrefeuille et du jasmin ;

Et la lune, vaisseau d’agate,

Sur les vagues des rochers bleus

S’avance comme la frégate

Au dos de l’Océan houleux.

Jamais la nuit de plus d’étoiles

N’a semé son manteau d’azur,

Ni, du doigt entr’ouvrant ses voiles,

Mieux fait voir Dieu dans le ciel pur.

Prends mon bras, ô ma bien-aimée,

Et nous irons, à deux, jouir

De la solitude embaumée,

Et, couchés sur la mousse, ouïr

Ce que tout bas, dans la ravine

Où brillent ses moites réseaux,

En babillant, l’eau qui chemine

Conte à l’oreille des roseaux.

With their specks of white;

A light breeze bends the branches

Of the honeysuckle and jasmine;

And the moon, a vessel of agate,

Glides over the waves of the blue rocks

As a frigate sails

On the crest of the stormy ocean.

Never has Night scattered more stars

On her azure mantle,

Nor, drawing her veils half aside with her finger,

Better revealed God in the pure sky.

Take my arm, O beloved,

And we shall go together to enjoy

The balmy solitude

And, lying on the moss, listen

To what, in the ravine

Where its moist confluences glitter,

The babbling, flowing brook

Softly murmurs in the ear of the reeds.

Page 26: Montage, mixage : Émilie Ruby

12. Elle est loin Poème de Pierre Barbier

Oh ! le délicieux visage !

Les jeunes traits délicieux !

Dieu sait les maux que me présage

Le plaisir qu’ont goûté mes yeux !

Cette fraîche et mignonne tête,

Regard, sourire, air enfantin,

Exhale un parfum d’âme honnête,

Frais au cœur comme un frais matin.

M’a-t-elle accusé d’insolence ?

Je la regardais fixement,

Et l’amour, glissant en silence,

M’entrait dans l’âme lentement !

Elle est loin ! Mon cœur l’a suivi !

Mon cœur sur ses pas s’est enfui !

Hier j’étais maître de ma vie

Je ne le suis plus aujourd’hui !

12. She is far away Pierre Barbier

Oh, that delightful face!

Those delightful young features!

Lord knows what woes are presaged for me

By the pleasure my eyes have tasted!

That fresh and pretty head,

That glance, that smile, that childlike air,

Exhale the fragrance of an honest soul,

Refreshing the heart like a cool morning.

Did she accuse me of insolence?

I fixed my gaze on her,

And love, silently gliding,

Slowly entered my soul!

She is far away! My heart has followed her!

My heart has fled away in her footsteps!

Yesterday I was master of my life;

I no longer am today!

Page 27: Montage, mixage : Émilie Ruby

13. Sans toi Poème d’Élie Brachet

et Paul de Montverdun

Quand je vois tes beaux yeux, mignonne,

Je voix en eux tout mon bonheur

Et les baisers que je te donne

Sont brûlants puisqu’ils sont du cœur.

Je voudrais sans cesse

Vivre près de toi ;

Tu seras pour moi

Toute mon ivresse

Car tu le sais bien

Le monde n’est rien

Sans toi, ma maîtresse !

Quand la brise du soir, ma mie,

Souffle en ta chevelure d’or,

Je sens un parfum d’ambroisie,

Et de volupté qui m’endort.

Je voudrais sans cesse

Vivre près de toi ;

Tu seras pour moi

Toute mon ivresse

Car tu le sais bien

Le monde n’est rien

Sans toi, ma maîtresse !

13. Without You Élie Brachet

and Paul de Montverdun

When I see your lovely eyes, my darling,

I see therein all my happiness,

And the kisses I give you

Are burning, for they come from the heart.

I desire to live

Constantly by your side;

You will be for me

All my rapture,

For well you know

That the world is nothing

Without you, my mistress!

When the evening breeze, my sweetheart,

Wafts through your golden tresses,

I scent a fragrance of ambrosia

And voluptuous delight that lulls me to sleep.

I desire to live

Always by your side;

You will be for me

All my rapture,

For well you know

That the world is nothing

Without you, my mistress!

Page 28: Montage, mixage : Émilie Ruby

Allons vers le pays des roses,

Vers le pays des oiseaux bleus

Je te dirai de douces choses,

Fuyons, fuyons vers d’autres cieux ;

Je vivrai sans cesse

Toujours près de toi.

Tu seras pour moi

Toute mon ivresse

Car tu le sais bien

Le monde n’est rien

Sans toi, ma maîtresse.

14. Sonnet Poème d’Estienne de La Boétie

Hélas ! combien de jours, hélas ! combien

de nuits

J’ai vécu loin du lieu, où mon cœur fait

demeure !

C’est le vingtième jour qu’absente je la pleure,

Mais j’ai souffert, vingt jours, plus d’un siècle

d’ennuis.

Je n’en veux mal qu’à moi, malheureux que

je suis,

Si je soupire en vain, si maintenant j’en pleure ;

C’est que, mal avisé, je laissai en mal’heure,

Let us go to the land of roses,

To the land of bluebirds.

I will say sweet things to you.

Let us fly, let us fly to other climes.

I will live constantly,

Always by your side.

You will be for me

All my rapture,

For well you know

That the world is nothing

Without you, my mistress!

14. Sonnet Estienne de La Boétie

Alas, how many days! Alas, how many nights

I have spent far from the place where my heart

resides!

This is the twentieth day that I mourn her

absence,

But in twenty days I have suffered more than a

century of afflictions

I can blame only myself, wretch that I am,

If I sigh in vain, if now I weep;

For, foolishly, I abandoned in misfortune

Her whom I cannot forget anywhere I go.

Page 29: Montage, mixage : Émilie Ruby

Celle-là qu’oublier nulle part je ne puis.

J’ai honte que déjà mon front décoloré

Se voie par mes soucis de rides labouré ;

J’ai honte que déjà les douleurs inhumaines

Me courbent sous leur poids sans le congé

du temps.

Encor jeune je suis au compte de mes ans,

Et déjà je suis vieux au compte de mes

peines.

15. Veux-tu les chansons de la plaine ? Auteur inconnu

Veux-tu les chansons de la plaine,

Veux-tu les concerts des grands bois ?

M’a dit l’écho de la fontaine…

« À quoi bon, puisque j’ai sa voix ! »

Veux-tu mon vol et ses ivresses,

Mes ailes qu’on ne peut briser,

Dit le vent ; veux-tu mes caresses ?

« Que m’importe, j’ai son baiser ! »

Veux-tu, dit la comète ardente,

Veux-tu mes rayons et mes feux,

I am ashamed that already my pale brow

Is furrowed by wrinkles of care;

I am ashamed that already cruel torments

Make me bend under their weight without the

leave of time.

I am still young in the reckoning of my years,

But am already old in the reckoning of my

sorrows.

15. Would you have the songs of the plain? Author unknown

‘Would you have the songs of the plain?

Would you have the concerts of the tall woods?’

Said the echo of the fountain to me.

‘What would that avail me, since I have her

voice?’

‘Would you have my flight and its exhilaration,

My wings that cannot be broken?’

Said the wind; ‘would you have my caresses?’

‘What does it matter to me? I have her kiss!’

‘Would you have,’ said the blazing comet,

‘Would you have my rays and my flames?

Page 30: Montage, mixage : Émilie Ruby

Veux-tu ma crinière éclatante ?

« Qu’en ferais-je ? J’ai ses cheveux ! »

Veux-tu, dit le chœur des étoiles,

Des clartés qui peuplent les cieux,

Le soleil brillant et sans voiles ?

« Ne sais-tu pas que j’ai ses yeux ? »

Veux-tu, me dit le Dieu de l’onde,

Ces trésors que garde toujours

La mer inquiète et profonde ?

« Je ne veux rien, j’ai son amour ! »

16. Ha ! les bœufs Poème d’Henri Darsay

Ha ! les bœufs ! marchez droit !

Broyez le sol motte par motte,

Sous vos pas, par endroits,

Faites fuir la perdrix qui trotte.

Quand nous serons au bout du champ…

Là-haut, d’où nous verrons la plaine,

Au déclin du soleil couchant,

Viendra la fin de votre peine.

Would you have my dazzling mane?’

‘What would I do with it? I have her hair!’

‘Would you have,’ said the chorus of stars,

‘Amid the lights that people the heavens,

The bright sun, devoid of its veils?’

‘Don’t you know that I have her eyes?’

‘Would you have’, said the god of the watery

realm,

‘Those treasures that the deep and troubled

sea

Always guards in its bosom?’

‘I would have nothing, I have her love!’

16. Ho there, oxen! Henri Darsay

Ho there, oxen! Walk straight!

Break up the soil clod by clod!

Beneath your hoofs, here and there,

Chase away scurrying partridges.

When we get to the end of the field,

Up yonder, from whence we can see the plain

In the rays of the setting sun,

You will be at the end of your labours.

Page 31: Montage, mixage : Émilie Ruby

Ha ! les bœufs ! marchez droit !

Bien serrés et d’un pas semblable ;

Grâce à vous le blé croît,

Et son or paiera votre étable.

Le sol est dur mais c’est un jeu

Pour vous de tirer la charrue.

Sans se rebuter pour si peu

Que votre force en soit accrue.

Ha ! les bœufs ! marchez droit !

Que plus tard, la moisson soit belle,

Et nous donne, en surcroît,

Récolte et semence nouvelle.

Ha ! les bœufs ! marchez droit !

17. Chant-Prière pour les Morts de France Paroles de Léon Chadourne

Sanglants ils sont tombés Seigneur, dans la

bataille,

Nos pères, nos enfants, nos frères, nos

époux ;

Et la fosse est étroite et creusée à leur taille,

Où nous viendrons demain prier à deux

genoux.

Ho there, oxen! Walk straight,

Close together and keeping step;

Thanks to you the corn grows,

And its gold will pay for your byre.

The soil is hard, but it is child’s play

For you to draw the plough.

Without being discouraged for so little.

Let your strength be all the greater.

Ho there, oxen! Walk straight,

That, in time, the harvest may be a fine one,

And give us, in addition,

New crop and seed.

Ho there, oxen! Walk straight!

17. Prayer for the Dead of France lyrics by Léon Chadourne

Bloodied they fell, O Lord, in battle,

Our fathers, our children, our brothers, our

husbands;

And the grave is narrow and dug to fit them tightly,

Where we will come tomorrow to pray on both

knees.

Page 32: Montage, mixage : Émilie Ruby

Vers la tombe sans fleurs où nos aimés

reposent,

Vers la fragile croix veillant celui qui dort

Volez, chers souvenirs, et sur ces lèvres

closes,

Bien doucement, donnez notre baise, aux

morts.

Jésus, toi qui marchas sans peur vers l’agonie

Et, loin de fuir la mort, la reçus dans tes bras,

Accueille dans la paix de ta gloire infinie

Les héros endormis face au ciel bleu… là-bas.

Dis-leur : « Debout ! venez, ô vous morts

pour vos frères,

– Toute tache est lavée aux flots purs de mon

sang –

Et montez, embrassant la croix de vos

calvaires,

Vers le ciel qui s’entr’ouvre et Dieu qui vous

attend ».

Towards the unflowered tomb where our

loved ones lie,

Towards the frail cross watching over him who

sleeps,

Fly, dear memories, and upon those closed lips,

Very gently, place our kiss to the dead.

Jesus,

thou who didst walk without fear towards

thine Agony

And, far from fleeing death, didst receive it in

thine arms,

Welcome to the peace of thine infinite glory

The heroes who fell asleep facing the blue sky

– over yonder.

Say to them: ‘Rise up! Come, O you who died

for your brothers!

All stains are washed away in the pure stream

of my blood.

Mount now, kissing the cross of your calvaries,

Towards heaven as it opens and God who

awaits you.’

Page 33: Montage, mixage : Émilie Ruby

18. Vieille Chanson Poème de Guy Le Coat,

Vicomte de Kervéguen

Lucette allait chantant,

Dans le pré verdoyant,

Ramassant violettes,

Liserons pâquerettes ;

Puis au bord des ruisseaux

Là-bas près des ormeaux,

Lucette sur les ondes

Voyait ses tresses blondes

Et du fond des buissons

S’envolaient des chansons.

Toute chose sur terre

Se parait pour lui plaire,

Le soleil radieux

Qui scintillait aux cieux,

Par sa clarté si pure,

Éclairait la nature.

Et Lucette chantant,

Dans le pré verdoyant,

Revenait au village,

Le cœur doux et volage.

18. An Old Song Guy Le Coat,

Vicomte de Kervéguen

Lucette went out singing

Into the verdant meadow,

Gathering violets,

Bindweed and daisies;

Then, on the edge of the stream

Over yonder, near the elms,

Lucette saw her blonde tresses

In the water,

And from within the bushes

Songs soared upwards.

All things on earth

Put on their finery to delight her,

The radiant sun

Shining in the skies

With its pure brightness

Illuminated Nature.

And Lucette, singing

In the verdant meadow,

Returned to the village,

Her heart sweet and flighty.

Page 34: Montage, mixage : Émilie Ruby

19. Si le roi m’avait donné Auteur inconnu

Si le roi m’avait donné

Paris sa grand’ ville

Et qu’il m’eût fallu quitter

L’amour de ma mie

J’aurais dit au roi Henri

Reprenez votre Paris

J’aime mieux ma mie,

Ô gué

J’aime mieux ma mie !

Or le roi n’m’a pas donné

Paris sa grand’ ville

Mais il m’a fallu quitter

L’amour de ma mie

Et j’ai dit au roi Henri

Laissez-moi mourir ici

J’ai perdu ma mie

Ô gué

J’ai perdu ma mie.

19. If the King had given me Author unknown

If the King had given me

His great city of Paris

And I had been obliged to abandon

My darling’s love,

I would have said to King Henry,

Take back your Paris!

I prefer my darling,

Oh woe,

I prefer my darling!

Now the King has not given me

His great city of Paris,

But I have had to abandon

My darling’s love,

And I said to King Henry,

Let me die here!

I have lost my darling,

Oh woe,

I have lost my darling.

Page 35: Montage, mixage : Émilie Ruby

20. La Pernette Recueilli par Horace de Callias

La Pernette se lève,

La la la la la la

La Pernette se lève,

Plus matin que le jour.

Ell’ prend sa quenouillete,

La la la la la la

Ell’ prend sa quenouillete,

Son joli petit tour.

Chaque tour qu’elle mène,

La la la la la la

Chaque tour qu’elle mène,

Pousse un soupir tout doux.

Ne soupirez pas belle,

La la la la la la

Ne soupirez pas belle,

Car nous vous marierons.

Avec le fils d’un prince,

La la la la la la

Avec le fils d’un prince,

Ou celui d’un baron.

20. Pernette folksong collected by Horace de Callias

Pernette gets up,

La la la la la la

Pernette gets up

Early in the morning.

She takes up her distaff,

La la la la la la

She takes up her distaff,

Her pretty little spindle.

Every time she turns it,

La la la la la la

Every time she turns it

She utters a gentle sigh.

Don’t sigh, fair one,

La la la la la la

Don’t sigh, fair one,

For we’ll marry you off,

With the son of a prince,

La la la la la la

With the son of a prince

Or the son of a baron.

Page 36: Montage, mixage : Émilie Ruby

J’ne veux ni l’fils d’un prince,

La la la la la la

J’ne veux ni l’fils d’un prince,

Ni celui d’un baron.

Je veux mon ami Pierre,

La la la la la la

Je veux mon ami Pierre,

Qui est dans la prison.

Tu n’auras pas ton Pierre,

La la la la la la

Tu n’auras pas ton Pierre,

Nous le pendolerons.

Si vous pendolez Pierre,

La la la la la la

Si vous pendolez Pierre,

Pendolez-moi aussi.

Au chemin de Saint-Jacques,

La la la la la la

Au chemin de Saint-Jacques,

On nous enterrera.

Couvrez Pierre de roses

La la la la la la

Couvrez Pierre de roses

I want neither the son of a prince,

La la la la la la

I want neither the son of a prince

Nor the son of a baron.

I want my sweetheart Pierre,

La la la la la la

I want my sweetheart Pierre,

Who is in prison.

You won’t have your Pierre,

La la la la la la

You won’t have your Pierre,

We’ll hang him.

If you hang Pierre,

La la la la la la

If you hang Pierre,

Then hang me too.

On the Way of St James,

La la la la la la

On the Way of St James

They will bury us.

Cover Pierre with roses

La la la la la la

Cover Pierre with roses

Page 37: Montage, mixage : Émilie Ruby

Et moi de toutes fleurs.

Chaque passant qui passe

La la la la la la

Chaque passant qui passe

Y prendra une fleur.

21. Couplets de Chérubin Poème de Pierre-Augustin Caron

de Beaumarchais

Auprès d’une fontaine,

Que mon cœur, mon cœur a de peine,

Songeais à ma marraine,

Sentais mes pleurs couler.

Sentais mes pleurs couler,

Prêt à me désoler :

Je gravais sur un frêne,

Que mon cœur, mon cœur a de peine,

Sa lettre dans la mienne,

Le roi vint à passer.

Le roi vint à passer,

Ses barons, son clergé,

Beau page, dit la reine,

Que mon cœur, mon cœur a de peine,

And me with all kinds of flowers.

Each passer-by that passes,

La la la la la la

Each passer-by that passes

Will take a flower there.

21. Cherubino’s Song Pierre-Augustin Caron

de Beaumarchais

Beside a fountain

(How my heart, my heart is sorrowful!)

I was thinking of my godmother

And felt my tears flow.

I felt my tears flow,

Was ready to grieve:

I carved on an ash tree

(How my heart, my heart is sorrowful!)

Her initial in mine,

When the King passed by.

The King passed by,

His barons, his clergy.

Fair page, said the Queen,

(How my heart, my heart is sorrowful!)

Page 38: Montage, mixage : Émilie Ruby

Qui vous met à la gêne ?

Qui vous fait tant pleurer ?

Qui vous fait tant pleurer ?

Nous faut le déclarer.

Madame et souveraine,

Que mon cœur, mon cœur a de peine,

J’avais une marraine,

Que toujours adorais.

22. Ballade Poème d’André Theuriet

Le brick n’eut pas sitôt sombré

Avec ses grands mâts et ses voiles

Que tout le ciel fut éclairé

À la lueur de mille étoiles.

On vit sainte Azénor volant

Sur mer ainsi qu’un goéland ;

La sainte prit dans l’algue verte

Le capitaine à demi-mort.

Et sur son aile large ouverte

Le conduisit droit jusqu’au port ;

Réveille-toi beau capitaine

Voici ta ville et ton domaine !

Sitôt qu’il fût dans son château

Who torments you so?

Who makes you weep so?

Who makes you weep so?

You must tell us.

My Sovereign Lady,

(How my heart, my heart is sorrowful!)

I had a godmother,

Whom I always adored.

22. Ballad André Theuriet

The brig had no sooner foundered

With its tall masts and its sails

Than the whole sky shone

With the light of a thousand stars.

St Azenor was seen, flying

Over the sea like a gull;

The saint plucked from the green seaweed

The half-dead captain.

And on her wide extended wing

She bore him to harbour:

Awake, handsome captain,

Here is your town and your estate!

As soon as he came to his castle,

Page 39: Montage, mixage : Émilie Ruby

Trois fois sur la porte fermée

Sa main fit sonner le marteau,

Sèche tes pleurs ma bien-aimée.

Celui que tu croyais perdu

Sainte Azénor te l’a rendu.

23. Pourquoi ? Poème de Georges Boutelleau

La rose à l’aube qui se dore

S’ouvre pleine d’un vague effroi ;

Va-t-elle survivre à l’aurore ?

Fleurir…

Pourquoi ?

Les lèvres disent les tendresses

Des nids qu’avril met en émoi ;

Octobre éteindra ces ivresses

Chanter…

Pourquoi ?

Le cœur se livre au cœur qui passe

Et rêve l’immortelle foi ;

La foi meurt et le cœur se glace

Aimer…

Pourquoi ?

Three times against the locked door

Her hand struck the knocker:

Dry your tears, my beloved.

He whom you thought lost

Is restored to you by St Azenor.

23. Why? Georges Boutelleau

The rose that is gilded by dawn

Opens full of vague dread;

Will it survive daybreak?

Flower?

Why?

Lips express the tenderness

Of the nests that April stirs;

October will extinguish those raptures.

Sing?

Why?

The heart gives itself to another heart that passes

And dreams of immortal fidelity;

Fidelity dies and the heart grows chill.

Love?

Why?

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Considéré comme un des meilleurs interprètes

de sa génération, Tassis Christoyannis est

particulièrement apprécié pour ses qualités de

musicien et de comédien. Né à Athènes, il étudie

le piano, le chant, la direction d’orchestre et la

composition au Conservatoire d’Athènes et se

perfectionne ensuite auprès d’Aldo Protti.

Après avoir été membre de la troupe de l’Opéra

d’Athènes, il intègre celle du Deutsche Oper am

Rhein de Düsseldorf, où il chante Monteverdi,

Mozart, Rossini, Verdi, Puccini... Il poursuit

actuellement sa carrière en « freelance » et se

produit sur les grandes scènes européennes :

opéras de Paris, Vienne, Berlin, Genève,

Bruxelles, Amsterdam, Strasbourg, Bordeaux,

Francfort, Londres et New York, Festival de

Glyndebourne... et ce dans les grands rôles des

répertoires italien, français et russe.

Tassis Christoyannis est un interprète

recherché pour le répertoire de la mélodie et

du lied. Il est également compositeur (concerts,

théâtre, danse).

Regarded as one of the finest baritones of his

generation, admired for his acting skills and his

musicality, Athens-born Tassis Christoyannis

studied piano, singing, conducting and com-

position at the Athens Conservatory, before going

on to specialise in the Italian repertoire with the

baritone Aldo Protti.

After several years as a member of the Greek

National Opera in Athens, he joined the Deutsche

Oper am Rhein in Düsseldorf, where he took major

roles in works by Monteverdi, Mozart, Rossini,

Verdi, Puccini and others. Now freelance, he sings

the principal baritone roles in Italian, French and

Russian works at opera houses and festivals all over

Europe, including Paris, Vienna, Berlin, Geneva,

Glyndebourne, Brussels, Amsterdam, Strasbourg,

Bordeaux, Frankfurt, London, New York.

Tassis Christoyannis is also much in demand for

his skills as a song recitalist. He is also a composer

(concerts, dance, theatre).

Tassis Christoyannis

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Pianiste et compositeur, Jeff Cohen (né à

Baltimore) mène une carrière où se mêlent

des répertoires et des genres habituellement

séparés. Il se produit et enregistre avec des

artistes tels Roberto Alagna, June Anderson,

Jane Birkin, Angela Gheorghiu, Ivry Gitlis, Ute

Lemper ou Mady Mesplé. Il a travaillé avec de

prestigieux chefs d’orchestre (Myung Whun

Chung, Mark Elder, Christopher Hogwood,

Michel Plasson, Georg Solti…) et metteurs en

scène (Peter Brook, Patrice Chéreau, Roman

Polanski, Giorgio Strehler). Il compose des

musiques de scène et de cinéma, et a conçu et

animé une émission télévisée pour les enfants

(Jeff d’orchestre). Il est actuellement professeur

au Conservatoire de Paris et directeur artistique

des Saisons de la Voix à Gordes, dans le Luberon.

Il a été nommé Officier des Arts et des Lettres

en 2013.

Jeff Cohen

The pianist and composer Jeff Cohen (born in

Baltimore) devotes his talents to an impressively

wide variety of genres and repertoires. As a pianist

he has worked and recorded with singers Roberto

Alagna, Angela Gheorghiu, June Anderson, Mady

Mesplé, Jane Birkin and Ute Lemper, amongst

others, and with instrumentalists including

violinist Ivry Gitlis. He has worked with well-known

conductors such as Myung Whun Chung, Mark

Elder, Christopher Hogwood, Michel Plasson and

Georg Solti, and with prominent stage directors

Peter Brook, Patrice Chéreau, Roman Polanski and

Giorgio Strehler. He also composes original music

for stage and screen. A few years ago he devised and

presented a children’s television programme (Jeff

d’Orchestre). Jeff Cohen is currently professor

at the Paris Conservatoire and artistic director of

Les Saisons de la Voix, held in Gordes (Vaucluse).

He became an Officer of the French Order of Arts

and Letters in 2013.

Page 46: Montage, mixage : Émilie Ruby

Le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique

romantique française a pour vocation de

favoriser la redécouverte du patrimoine musical

français du grand XIXe siècle (1780-1920) en lui

assurant le rayonnement qu’il mérite. Installé

à Venise, dans un palais de 1695 restauré

spécifiquement pour l’abriter, ce centre est

une réalisation de la Fondation Bru. Il allie

ambition artistique et exigence scientifique,

reflétant l’esprit humaniste qui guide les actions

de la fondation. Les principales activités du

Palazzetto Bru Zane, menées en collaboration

étroite avec de nombreux partenaires, sont la

recherche, l’édition de partitions et de livres, la

production et la diffusion de concerts à l’interna-

tional, le soutien à des projets pédagogiques et la

publication d’enregistrements discographiques.

bru-zane.comBru Zane Classical Radio – the French Romantic music webradio:

classicalradio.bru-zane.comBru Zane Mediabase – digital data on the nineteenth-century French repertory:

bruzanemediabase.com

The vocation of the Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française is to favour the rediscovery of the French musical heritage of the years 1780-1920 and obtain international recognition for that repertoire. Housed in Venice in a palazzo dating from 1695, specially restored for the purpose, the Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française is one of the achieve-ments of the Fondation Bru. Combining artistic

ambition with high scientific standards, the Centre reflects the humanist spirit that guides the actions of that foundation. The Palazzetto Bru Zane’s main activities, carried out in close collaboration with numerous partners, are research, the publication of books and scores, the production and international distribution of concerts, support for teaching projects and the production of CD recordings.

PALAZZETTO BRU ZANECENTRE DE MUSIQUE ROMANTIQUE FRANÇAISE

Page 47: Montage, mixage : Émilie Ruby

Il Tempo che rapisce la Verità, Sebastiano Ricci – Palazzetto Bru Zane © ORCH_Chemollo

Page 48: Montage, mixage : Émilie Ruby

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