mystère des cathédrales

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8/3/2019 Mystère des Cathédrales http://slidepdf.com/reader/full/mystere-des-cathedrales 1/117 Le MystPre des Cath  Jdrales [47] La plus forte impression de notre prime jeunesse, -- nous avions sept ans, -- celle dont nous gardons encore un souvenir vivace, fut l =Jmotion que provoqua, en notre >me d=enfant, la vue d=une cath  Jdrale gothique. Nous en f mes, sur-le- champ, transport  J, extasi  J, frapp  J d=admiration, incapable de nous arracher B l=attrait du merveilleux, B la magie du splendide, de l= immense, du vertigineux que d  Jgageait cette Éuvre plus divine qu=humaine. Depuis, la vision s=est transform  Je, mais l=impression demeure. Et si l=accoutumance a modifi  J le caractPre prime-sautier et [48]  path  Jtique du premier contact, nous n=avons jamais pu nous d  Jfendre d=une sorte de ravissement devant ces beaux livres d=images dress  Js sur nos parvis, et qui d  Jveloppent jusqu=au ciel leurs feuillets de pierre sculpt Js. En quel langage, par quels moyens pourrions-nous leur exprimer notre admiration, leur t  Jmoigner notre reconnaissance, tous les sentiments de gratitude dont notre cÉur est plein, pour tout ce qu=ils nous ont appris B goter, B reconna  Ttre, B d  Jcouvrir, mLme ces chefs-duvre muets, ces ma  Ttres sans paroles et sans voix? Sans paroles et sans voix? -- Que disons-nous! Si ces livres lapidaires ont leurs lettres sculpt  Jes, -- phrases en bas-reliefs et pens  Jes en ogives, -- ils n =en parlent  pas moins par l=esprit, imp  Jrissable, qui s=exhale de leurs pages. Plus clairs que leurs fr Pres cadets, -- manuscrits et imprim  Js, -- ils possPdent sur eux l=avantage de ne traduire qu=un sens unique, absolu, d=expression simple, d=interpr  Jtation naVve et pittoresque, un sens purg  J des finesses, des allusions, des  Jquivoques litt  Jraires. *La langue de pierres que parle cet art nouveau, dit avec beaucoup de v  Jrit  J J. F. Colfs 1 , est B la fois claire et sublime. Aussi, elle parle B l =>me des plus humbles comme B celle des plus cultiv  Js. Quelle langue path  Jtique que le gothique de pierres! Une langue si path  Jtique, en effet, que les chants d=un Orlande de Lassus ou d=un Palestrina, les Éuvres d=orgue d=un Haendel ou d=un Frescobaldi, l=orchestration d=un Beethoven ou d=un Cherubini, et, ce qui est  plus grand que tout cela, le simple et s  JvPre chant gr  Jgorien, le seul vrai chant  peut-Ltre, n=ajoutent que par surcro  Tt aux  Jmotions que la cath  Jdrale cause par 

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Le MystPre des Cath Jdrales

[47]

La plus forte impression de notre prime jeunesse, -- nous avions sept ans, -- celledont nous gardons encore un souvenir vivace, fut l=Jmotion que provoqua, ennotre >me d=enfant, la vue d=une cath Jdrale gothique. Nous en f f mes, sur-le-champ, transport J, extasi J, frapp J d=admiration, incapable de nous arracher  Bl=attrait du merveilleux, B la magie du splendide, de l= immense, du vertigineuxque d Jgageait cette Éuvre plus divine qu=humaine.Depuis, la vision s=est transform Je, mais l=impression demeure. Et sil=accoutumance a modifi J le caractPre prime-sautier et

[48]

 path Jtique du premier contact, nous n=avons jamais pu nous d Jfendre d=une sortede ravissement devant ces beaux livres d=images dress Js sur nos parvis, et quid Jveloppent jusqu=au ciel leurs feuillets de pierre sculpt Js.En quel langage, par quels moyens pourrions-nous leur exprimer notre admiration,leur t Jmoigner notre reconnaissance, tous les sentiments de gratitude dont notrecÉur est plein, pour tout ce qu=ils nous ont appris B gof ter, B reconna Ttre, Bd Jcouvrir, mLme ces chefs-d=Éuvre muets, ces ma Ttres sans paroles et sans voix?Sans paroles et sans voix? -- Que disons-nous! Si ces livres lapidaires ont leurs

lettres sculpt Jes, -- phrases en bas-reliefs et pens Jes en ogives, -- ils n=en parlent pas moins par l=esprit, imp Jrissable, qui s=exhale de leurs pages. Plus clairs queleurs fr Pres cadets, -- manuscrits et imprim Js, -- ils possPdent sur eux l=avantagede ne traduire qu=un sens unique, absolu, d=expression simple, d=interpr  JtationnaVve et pittoresque, un sens purg J des finesses, des allusions, des  Jquivoqueslitt Jraires.*La langue de pierres que parle cet art nouveau, dit avec beaucoup de v Jrit J J. F.

Colfs1, est B la fois claire et sublime. Aussi, elle parle B l =>me des plushumbles comme B celle des plus cultiv Js. Quelle langue path Jtique que le gothique

de pierres! Une langue si path Jtique, en effet, que les chants d=un Orlande deLassus ou d=un Palestrina, les Éuvres d=orgue d=un Haendel ou d=unFrescobaldi, l=orchestration d=un Beethoven ou d=un Cherubini, et, ce qui est

 plus grand que tout cela, le simple et s JvPre chant gr  Jgorien, le seul vrai chant peut-Ltre, n=ajoutent que par surcro Tt aux Jmotions que la cath Jdrale cause par 

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1 J. F. Colfs, La Filiation g  Jn Jalogique de toutes les Ecoles gothiques. Paris, Baudry, 1884.

[49]

elle-mLme. Malheur  B ceux qui n =aiment pas l=architecture gothique, ou, dumoins, plaignons-les comme des d Jsh Jrit Js du cÉur.+Sanctuaire de la Tradition, de la Science et de l=Art, la cath Jdrale gothique ne doit

 pas Ltre regard Je comme un ouvrage uniquement d Jdi J B la gloire du christianisme,mais plut^t comme une vaste concr  Jtion d=id Jes, de tendances, de foi populaires,un tout parfait auquel on peut se r  Jf  Jrer sans crainte dPs qu=il s=agit de p Jn Jtrer la

 pens Je des ancLtres, dans quelque domaine que ce soit: religieux, laVque, philosophique ou social.Les vof tes hardies, la noblesse des vaisseaux, l=ampleur des proportions et la

 beaut J de l=ex Jcution font de la cath Jdrale une Éuvre originale, d=incomparableharmonie, mais que l=exercice du culte ne para Tt pas devoir occuper en entier.Si le recueillement, sous la lumiPre spectrale et polychrome des hautes verriPres,si le silence invitent B la priPre, pr  Jdisposent B la m Jditation, en revanchel=appareil, la structure, l= ornementation d Jgagent et reflPtent, en leur extraordinaire puissance, des sensations moins Jdifiantes, un esprit plus laVque et,disons le mot, presque paVen. On y peut discerner, outre l=inspiration ardente n Jed=une foi robuste, les mille pr  Joccupations de la grande >me populaire,l=affirmation de sa conscience, de sa volont J propre, l=image de sa pens Je dans cequ=elle a de complexe, d=abstrait, d=essentiel, de souverain.

Si l=on vient B l=Jdifice pour assister aux offices divins, si l=on y p JnPtre B lasuite des convois funP bres ou parmi le joyeux cortPge des f Ltes carillonn Jes, ons=y presse Jgalement en bien d=autres circonstances. On y tient des assembl Jes

 politiques sous

[50]

la pr  Jsidence de l=JvLque; on y discute le prix du grain et du b Jtail; les drapiers yfixent le cours des  Jtoffes; on y accourt pour qu Jrir le r  Jconfort, solliciter le

conseil, implorer le pardon. Et il n=est guPre de corporations qui n=y fassent b Jnir le chef-d=Éuvre du nouveau compagnon et ne s=y r  Junissent, une fois l=an,sous la protection de leur saint patron.D=autres c Jr  Jmonies, fort attrayantes pour la foule, s=y maintinrent pendant la

 belle p Jriode m Jdi Jvale. Ce fut la  F Lte des Fous, -- ou des Sages, -- kermesseherm Jtique processionnelle, qui partait de l=Jglise avec son pape, ses dignitaires,ses fervents, son peuple, -- le peuple du moyen > ge, bruyant, espiPgle, fac Jtieux,

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d J bordant de vitalit J, d=enthousiasme et de fougue, -- et se r  J pandait dans la ville...Satire hilarante d=un clerg J ignorant, soumis B l=autorit J de la Science d  J guis Je, Jcras J sous le poids d=une indiscutable sup Jriorit J. Ah! la FLte des Fous, avec sonchar du Triomphe de Bacchus, tra Tn J par un centaure et une centauresse, nus

comme le dieu lui-mLme, accompagn J du grand Pan; carnaval obscPne prenant possession des nefs ogivales! Nymphes et naVades sortant du bain; divinit Js de l=Olympe, sans nuages et sans tutu: Junon, Diane, V Jnus, Latone se donnantrendez-vous B la cath Jdrale pour y entendre la messe! Et quelle messe! Compos Je

 par l=initi J Pierre de Corbeil, archevLque de Sens, selon un rituel paVen, et o j lesouailles de l=an 1220 poussaient le cri de joie des bacchanales: Evoh J! Evoh J! --Et les escholiers en d Jlire de r  J pondre:

 H F c est clara dies clararum clara dierum!

 H F c est festa dies festarum festa dierum1!

1 Ce jour est c JlP bre parmi les jours c JlP bres!Ce jour est jour de f Lte parmi les jours de f Lte!

[51]

Ce fut encore la  F Lte de l = Ane, presque aussi fastueuse que la pr  Jc J dente, avecl=entr  Je triomphale, sous les arceaux sacr  Js, de maT tre Aliboron , dont le sabotfoulait, jadis, le pav J juif de J Jrusalem. Notre glorieux Christophore y Jtait c Jl J br  J

dans un office sp Jcial o j l=on exaltait, apr Ps l=J p Ttre, cette puissante asine qui avalu B l =  Eglise l =or de l =  Arabie, l =encens et la myrrhe du pays de Saba.

Parodie grotesque que le pr Ltre, incapable de comprendre, acceptait en silence, lefront courb J sous le ridicule, vers J B pleins bords, par ces mystificateurs du pays de

Saba, ou Caba, les cabalistes en personne! Et c=est le ciseau mLme des ma Ttresimaigiers du temps, qui nous confirme ces curieuses r  J jouissances. En effet, dans la

nef de Notre-Dame de Strasbourg,  Jcrit Witkowski1, *le bas-relief d=un deschapiteaux des grands piliers reproduit une procession satirique o j l=on distingueun pourceau, porteur d=un b Jnitier, suivi d=>nes revLtus d=habits sacerdotaux

et de singes munis de divers attributs de la religion, ainsi qu=un renard enferm Jdans une ch>sse. C=est la  Procession du Renard ou de la  F Lte de l = Ane +.

Ajoutons qu=une scPne identique, enlumin Je, figure au folio 40 du manuscrit no

5055 de la BibliothPque nationale.Ce furent, enfin, ces coutumes bizarres o j transpara Tt un sens herm Jtique souventtr Ps pur, qui se renouvelaient chaque ann Je et avaient pour th J>tre l=Jglisegothique, comme la Flagellation de l = Alleluia, dans laquelle les enfants de chÉur 

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chassaient, B grands coups de fouet, leurs sabots2 ronflants hors des nefs de lacath Jdrale de Langres; le Convoi de Car Lme-Prenant ; la  Diablerie de Chaumont ;les processions et banquets de l = Infanterie dijonnaise, dernier  Jcho de la FLte desFous, avec sa M Pre Folle, ses dipl^ mes

1 G. J. Witkowski, L= Art profane B l = Eglise. Etranger. Paris, Schemit, 1908, p. 35.

2 Toupie au profil de Tau ou Croix. En cabale, sabot   Jquivaut B cabot ou chabot , le chat bott  J des Contes de ma

M Pre l =Oie. La galette de l=Epiphanie contient parfois un sabot au lieu d=une f Pve.

[52]

rabelaisiens, son guidon o j deux fr Pres, tLte-bLche, se plaisent B d Jcouvrir leurs

 fesses; le singulier  Jeu de Pelote, qui se disputait dans le vaisseau de Saint-Etienne,cath Jdrale d=Auxerre, et disparut vers 1538; etc.

II

La cath Jdrale est le refuge hospitalier de toutes les infortunes. Les malades quivenaient, B Notre-Dame de Paris, implorer Dieu pour le soulagement de leurssouffrances, y demeuraient jusqu=B leur gu Jrison complPte. On leur affectait unechapelle, situ Je vers la seconde porte, et qui  Jtait  Jclair  Je par six lampes. Ils y

 passaient les nuits. Les m Jdecins y donnaient leurs consultations, B l=entr  Je mLme

de la basilique, autour du b Jnitier. C=est encore lB que la Facult J de m Jdecine,quittant, au XIIIe siPcle, l=Universit J pour vivre ind J pendante, vint donner sesassises et se fixa jusqu=en 1454, J poque de sa derniPre r  Junion, provoqu Je par Jacques Desparts.C=est l=asile inviolable des gens poursuivis et le s J pulcre des d J funts illustres.C=est la cit J dans la cit J, le noyau intellectuel et moral de l=agglom Jration, lecÉur de l=activit J publique, l=apoth Jose de la pens Je, du savoir et de l=art.Par l=abondante floraison de son ornementation, par la vari Jt J des sujets et desscPnes qui la parent, la cath Jdrale appara Tt comme une encyclop Jdie tr Ps

complPte et tr Ps vari Je, tant^t naVve, tant^t noble, toujours vivante, de toutes lesconnaissances m Jdi Jvales. Ces sphinx de pierre sont ainsi des  Jducateurs, desinitiateurs au premier chef.

[53]

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Ce peuple de chimPres h Jriss Jes, de grotesques, de marmousets, de mascarons, degargouilles menaHantes, -- dragons, stryges et tarasques, -- est le gardien s Jculairedu patrimoine ancestral. L=art et la science, jadis concentr  Js dans les grandsmonastPres, s=Jchappent de l=officine, accourent B l=Jdifice, s=accrochent aux

clochers, aux pinacles, aux arcs-boutants, se suspendent aux voussures, peuplentles niches, transforment les vitres en gemmes pr  Jcieuses, l=airain en vibrationssonores et s=J panouissent sur les portails dans une joyeuse envol Je de libert J etd=expression. Rien de plus laVque que l=exot J risme de cet enseignement! riende plus humain que cette profusion d=images originales, vivantes, libres,mouvement Jes, pittoresques, parfois d Jsordonn Jes, toujours int Jressantes; rien de

 plus J mouvant que ces multiples t Jmoignages de l=existence quotidienne, du gof t,de l=id Jal, des instincts de nos pPres; rien de plus captivant, surtout, que lesymbolisme des vieux alchimistes, habilement traduit par les modestes statuairesm Jdi Jvaux. A cet  Jgard, Notre-Dame de Paris,  Jglise philosophale, est sans

contredit l=un des plus parfaits sp Jcimens, et, comme l=a dit Victor Hugo,*l=abr  Jg J le plus satisfaisant de la science herm Jtique, dont l=Jglise de Saint-Jacques-la-Boucherie Jtait un hi Jroglyphe si complet+.

Les alchimistes du XIVe siPcle s =y rencontrent, hebdomadairement, au jour deSaturne, soit au grand porche, soit au portail Saint-Marcel, ou encore B la petitePorte-Rouge, toute d Jcor  Je de salamandres. Denys Zachaire nous apprend quel=usage s=y maintenait encore l=an 1539, *les dimanches et jours de festes+, et

 NoNl du Fail dit que *le grand rendez-vous de tels acad Jmiques estoit B Nostre-

Dame de Paris1+.

1  NoNl du Fail, Propos rustiques, baliverneries, contes et discours d = Eutrapel (ch.X). Paris, Gosselin, 1842.

[54]

LB, dans l=J blouissement des ogives peintes et dor  Jes1, des cordons de voussures,des tympans aux figures multicolores, chacun exposait le r  Jsultat de ses travaux,d Jveloppait l=ordre de ses recherches. On y Jmettait des probabilit Js; on y discutaitles possibilit Js; on y Jtudiait sur place l=all Jgorie du beau livre, et ce n=Jtait pas la

 partie la moins anim Je de ces r  Junions que l=ex JgPse abstruse des myst Jrieuxsymboles.Apr Ps Gobineau de Montluisant, Cambriel et tutti quanti, nous allons entreprendrele pieux pPlerinage, parler aux pierres et les interroger. H Jlas! il est bien tard. Le

vandalisme de Soufflot a d Jtruit en grande partie ce qu=au XVIe siPcle lesouffleur pouvait admirer. Et, si l=art doit quelque reconnaissance aux Jminents

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architectes Toussaint, Geffroy Dechaume, BÉswillwald, Viollet-le-Duc et Lassusqui restaur Prent la basilique, odieusement profan Je par l=Icole, la Science neretrouvera jamais ce qu=elle a perdu.Quoi qu=il en soit, et malgr  J ces regrettables mutilations, les motifs qui subsistent

encore sont assez nombreux pour qu=on n=ait pas B y regretter le temps et la peine d =une visite. Nous nous estimerons donc satisfaits et largement pay J denotre effort, si nous avons pu Jveiller la curiosit J du lecteur, retenir l=attention del=observateur sagace et montrer aux amateurs de l=occulte qu=il n= est pasimpossible de retrouver le sens de l=arcane dissimul J sous l=Jcorce p Jtrifi Je du

 prodigieux grimoire.

1  Dans les cath Jdrales, tout Jtait dor  J et peint de couleurs vives. Nous avons le texte de Martyrius, JvLque et

voyageur arm Jnien du xve siPcle, qui en fait foi. Cet auteur dit que le porche de Notre-Dame de Paris resplendissaitcomme l=entr  Je du paradis. On y voyait le pourpre, le rose, l=azur, l=argent et l=or. On peut encore apercevoir 

des traces de dorure au sommet du tympan du grand portail. Celui de l=Jglise Saint-Germain-l=Auxerrois aconserv J ses peintures, sa vof te azur  Je constell Je d=or.

[55]

III

Auparavant, il nous faut dire un mot du terme de  gothique, appliqu J  B l=artfranHais qui imposa ses directives B toutes les productions du moyen >ge, et dont

le rayonnement s=Jtend du XIIe au XVe siPcle.

D=aucuns ont pr  Jtendu, B tort, qu=il provenait des Goths, ancien peuple de laGermanie; d=autres ont cru qu=on appelait ainsi cette forme d=art, dont

l=originalit J et l=extr Lme singularit J faisaient scandale aux XVIIe et XVIIIe

siPcles, par d Jrision, en lui imposant le sens de barbare: telle est l=opinion del=Ecole classique, imbue des principes d Jcadents de la Renaissance.La v Jrit J, qui sort de la bouche du peuple, a pourtant maintenu et conserv Jl=expression d= Art gothique, malgr  J les efforts de l=Acad Jmie pour lui substituer celle d=Art ogival . Il y a lB une raison obscure qui aurait df porter B r  Jflexion noslinguistes, toujours B l=aff f  t des Jtymologies. D=o j vient donc que si peu de

lexicologues aient rencontr  J juste? -- De ce fait tr Ps simple que l=explication doiten Ltre recherch Je dans l=origine cabalistique du mot plut^t que dans sa racine

litt  Jrale.Quelques auteurs perspicaces, et moins superficiels, frapp Js de la similitude quiexiste entre  gothique et  go Jtique, ont pens J qu=il devait y avoir un rapport Jtroitentre l= Art gothique et l= Art go Jtique ou magique.

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Pour nous, art gothique n=est qu=une d Jformation orthographique du motargotique, dont l=homophonie est parfaite, conform Jment B la loi phon Jtique quir  Jgit, dans toutes les langues et

[56]sans tenir aucun compte de l=orthographe, la cabale traditionnelle. La cath Jdraleest une Éuvre d=art goth ou d=argot . Or, les dictionnaires d Jfinissent l=argot 

comme Jtant *un langage particulier  B tous les individus qui ont int Jr Lt B secommuniquer leurs pens Jes sans Ltre compris de ceux qui les entourent+. C=estdonc bien une cabale parl  Je. Les argotiers, ceux qui utilisent ce langage, sontdescendants herm Jtiques des argo-nautes, lesquels montaient le navire  Argo,

 parlaient la langue argotique, -- notre langue verte, -- en voguant vers les rivesfortun Jes de Colchos pour y conqu Jrir la fameuse Toison d =Or . On dit encore

aujourd=hui d=un homme tr Ps intelligent, mais aussi tr Ps rus J: il sait tout, il entend l =argot . Tous les Initi Js s=exprimaient en argot , aussi bien les truands dela Cour des Miracles, -- le poPte Villon B leur tLte, -- que les Frimasons, oufrancs-maHons du moyen >ge, *logeurs du bon Dieu+, qui JdifiPrent les chefs-d=Éuvre argotiques que nous admirons aujourd=hui. Eux-mLmes, ces nautes

constructeurs, connaissaient la foute du Jardin des Hesp Jrides...De nos jours encore, les humbles, les mis Jrables, les m J pris Js, les insoumis avidesde libert J et d=ind J  pendance, les proscrits, les errants et les nomades parlentl=argot, ce dialecte maudit, banni de la haute soci Jt J, des nobles qui le sont si peu,

des bourgeois repus et bien pensants, vautr  Js dans l=hermine de leur ignorance etde leur fatuit J. L=argot reste le langage d=une minorit J d=individus vivant endehors des lois reHues, des conventions, des usages, du protocole, auxquels onapplique l=J pithPte de voyons, c=est-B-dire de voyants, et celle, plus expressiveencore, de Fils ou Enfants du soleil . L=art gothique est, en effet, l =art got ou cot 

(O@ ), l=art de la LumiPre ou de l=Esprit.

[57]

Ce sont lB, pensera-t-on, de simples jeux de mots. Nous en convenons volontiers.L=essentiel est qu=ils guident notre foi vers une certitude, vers la v Jrit J positive etscientifique, clef du mystPre religieux, et ne la tiennent pas errante dans le d Jdalecapricieux de l=imagination. Il n=y a, ici-bas, ni hasard, ni coVncidence, nirapport fortuit; tout est pr  Jvu, ordonn J, r  Jgl J, et il ne nous appartient pas de modifier B notre gr  J la volont J imperscrutable du Destin. Si le sens usuel des mots ne nous

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  permet aucune d Jcouverte capable de nous  Jlever, de nous instruire, de nousrapprocher du Cr  Jateur, le vocabulaire devient inutile. Le verbe, qui assure Bl=homme l=incontestable sup Jriorit J, la souverainet J qu=il possPde sur tout cequi vit, perd sa noblesse, sa grandeur, sa beaut J et n=est plus qu=une affligeante

vanit J. Or, la langue, instrument de l=esprit, vit par elle-mLme, bien qu=elle nesoit que le reflet de l=Id Je universelle. Nous n=inventons rien, nous ne cr  Jonsrien. Tout est dans tout. Notre microcosme n=est qu=une particule infime,anim Je, pensante, plus ou moins imparfaite, du macrocosme. Ce que nous croyonstrouver par le seul effort de notre intelligence existe d J jB quelque part. C=est la foiqui nous fait pressentir ce qui est; c=est la r  Jv Jlation qui nous en donne la preuveabsolue. Nous c^toyons souvent le ph JnomPne, voire le miracle, sans leremarquer, en aveugles et en sourds. Que de merveilles, que de chosesinsoupHonn Jes ne d Jcouvririons-nous pas si nous savions diss Jquer les mots, en

 briser l=Jcorce et lib Jrer l=esprit, divine lumiP re qu=ils renferment! J Jsus ne

s=exprimait qu=en paraboles; pouvons-nous nier la v Jrit J qu=elles enseignent?Et, dans la conversation courante, ne sont-ce pas des Jquivoques, des B peu pr Ps,des calembours ou des assonances qui

[58]

caract Jrisent les gens d =esprit , heureux d=Jchapper B la tyrannie de la lettre, et semontrant B leur maniPre cabalistes sans le savoir?Ajoutons enfin que l=argot est une des formes d Jriv Jes de la Langue des Oiseaux,

mPre et doyenne de toutes les autres, la langue des philosophes et des diplomates.C=est elle dont J Jsus r  JvPle la connaissance B ses ap^tres, en leur envoyant sonesprit, l= Esprit-Saint . C=est elle qui enseigne le mystPre des choses et d Jvoile lesv Jrit Js les plus cach Jes. Les anciens Incas l=appelaient   Langue de cour , parcequ=elle Jtait familiPre aux diplomates, B qui elle donnait la clef d=une double

 science: la science sacr  Je et la science profane. Au moyen >ge, on la qualifiait de

Gaie science ou Gay sHavoir, Langue des dieux, Dive-Bouteille1. La Tradition

nous assure que les hommes la parlaient avant l=Jdification de la tour de Babel 2,cause de sa perversion et, pour le plus grand nombre, de l=oubli total de cet

idiome sacr  J. Aujourd=hui, en dehors de l=argot, nous en retrouvons le caractPredans quelques langues locales telles que le picard, le provenHal, etc., et dans ledialecte des gypsies.

La mythologie veut que le c Jl P bre devin Tir  Jsias3 ait eu une parfaite connaissancede la Langue des Oiseaux; que lui aurait enseign Je Minerve, d Jesse de la Sagesse. Il

la partageait, dit-on, avec Thal P s de Milet, Melampus et  Apollonios de Tyane4,

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 personnages fictifs dont les noms parlent Jloquemment, dans la science qui nousoccupe, et assez clairement pour que nous ayons besoin de les analyser en ces

 pages.

1  La Vie de Gargantua et de Pantagruel , par FranHois Rabelais, est une Éuvre Jsot Jrique, un roman d=argot. Le bon cur  J de Meudon s=y r  JvPle comme un grand initi J doubl J d=un cabaliste de premier ordre. 2 Le tour , la tournure ba employ Je pour bel .

3 Tir  Jsias avait, dit-on, perdu la vue pour avoir d Jvoil J aux mortels les secrets de l=Olympe. Il v Jcut pourtant *sept,huit ou neuf >ges d=homme+ et aurait Jt J successivement homme et femme!

4 Philosophe dont la vie, bourr  Je de l Jgendes, de miracles, de faits prodigieux, semble fort hypoth Jtique. Le nom dece personnage quasi

[59]

IV

A de rares exceptions pr Ps, le plan des Jglises gothiques, -- cath Jdrales, abbatialesou coll Jgiales, -- affecte la forme d=une croix latine Jtendue sur le sol. Or, la croix

est l =hi Jroglyphe alchimique du creuset , que l=on nommait jadis cruzol, crucible

et croiset  (dans la basse latinit J, crucibulum, creuset, a pour racine crux, crucis,croix, d=apr Ps Ducange).C=est en effet dans le creuset que la matiPre premiPre, comme le Christ lui-mLme, souffre la Passion; c=est dans le creuset qu=elle meurt pour ressusciter 

ensuite, purifi Je, spiritualis Je, d J jB transform Je. D=ailleurs le peuple, gardienfidPle des traditions orales, n=exprime-t-il pas l=J preuve humaine terrestre par des paraboles religieuses et des similitudes herm Jtiques? -- Porter sa croix, gravir son calvaire, passer au creuset de l=existence sont autant de locutions courantes o jnous retrouvons le mLme sens sous un mLme symbolisme.

 N=oublions pas qu=autour de la croix  lumineuse vue en songe par Constantinapparurent ces paroles proph Jtiques qu=il fit peindre sur son labarum: In hoc signovinces; tu vaincras par ce signe. Souvenez-vous aussi, alchimistes mes fr Pres, quela croix porte l =empreinte des trois clous qui servirent B immoler le Christ-matiPre, image des trois purifications par le fer et par le feu. M Jditez pareillementce clair passage de saint Augustin, dans sa  Dispute avec Tryphon ( Dialogus cum

Tryphone, 40): *Le mystPre de l=agneau que Dieu avait ordonn J d=immoler BP>que, dit-il,  Jtait la figure du Christ, dont ceux qui croient teignent leursdemeures, c=est-B-dire eux-mLmes, par la foi qu=ils ont en lui. Or, cet agneau,

 

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fabuleux ne nous para Tt Ltre qu=une image mytho-herm Jtique du compost, ou rebis philosophal , r  Jalis J par l=union du fr Pre et de la sÉur, de Gabritius et de Beya, d= Apollon et de Diane. D Ps lors, les merveilles racont Jes par Philostrate, Jtant d=ordre chimique, ne sauraient nous surprendre.

[60]

que la loi prescrivait de  faire r ̂ tir en entier , Jtait le symbole de la croix que leChrist devait endurer. Car l=agneau, pour Ltre r ̂ ti, est dispos J de faHon B figurer une croix: l=une des branches le traverse de part en part, de l=extr  Jmit J inf  Jrieure

 jusqu=B la tLte; l=autre lui traverse les  J  paules, et l=on y attache les piedsant Jrieurs de l =agneau (le grec porte: les mains, O,\D,H).+La croix est un symbole fort ancien, employ J de tous temps, en toutes religions,chez tous les peuples, et l=on aurait tort de la consid Jrer comme un emblPme

sp Jcial au christianisme, ainsi que le d Jmontre surabondamment l=abb J Ansault1.

 Nous dirons mLme que le plan des grands  Jdifices religieux du moyen >ge, par adjonction d=une abside semi-circulaire ou elliptique soud Je au chÉur, J pouse laforme du signe hi Jratique Jgyptien de la croix ans Je, qui se lit ank , et d Jsigne la Vie

universelle cach Je dans les choses. On en peut voir un exemple au mus Je de Saint-Germain-en-Laye, sur un sarcophage chr  Jtien provenant des cryptes arl Jsiennes deSaint-Honorat. D=autre part, l=Jquivalent herm Jtique du signe ank  estl=emblPme de V  Jnus ou Cypris (en grec, 5ßBD4H l=impure), le cuivre vulgaireque certains, pour voiler davantage le sens, ont traduit par  airain et laiton.*Blanchis le laiton et br f le tes livres+, nous r  J pPtent tous les bons auteurs.5ßBD@H est le mLme mot que E@LND@H,  soufre, lequel a la signification

d=engrais, fiente, fumier, ordure. *Le sage trouvera notre pierre jusque dans lefumier, Jcrit le Cosmopolite, tandis que l=ignorant ne pourra pas croire qu= ellesoit dans l=or.+Et c=est ainsi que le plan de l=Jdifice chr  Jtien nous r  JvPle les qualit Js de lamatiPre premiPre, et sa pr  J paration, par le signe de la Croix; ce qui aboutit, pour les alchimistes, B l=obtention de la 1 M. l=abb J Ansault, La Croix avant J  J sus-Christ . Paris, V. R  Jtaux, 1894.

[61]

 PremiPre pierre, pierre angulaire du Grand Èuvre philosophal. C=est sur cette pierre que J Jsus a b>ti son Eglise; et les francs-maHons m Jdi Jvaux ont suivisymboliquement l=exemple divin. Mais avant d=Ltre taill  Je pour servir de base Bl=ouvrage d= art gothique aussi bien qu=B l=Èuvre d=art philosophique, on

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donnait souvent B la pierre brute, impure, mat Jrielle et grossiPre, l=image du

diable. Notre-Dame de Paris poss Jdait un hi Jroglyphe semblable, qui se trouvait sous le jub J, B l=angle de la cl^ture du chÉur. C=Jtait une figure de diable, ouvrant une

 bouche Jnorme, et dans laquelle les fidPles venaient Jteindre leurs cierges; de sorteque le bloc sculpt J apparaissait s ouill J de bavures de cire et de noir de fum Je. Le  peuple appelait cette image Maistre Pierre du Coignet , ce qui ne laissait pasd=embarrasser les arch Jologues. Or, cette figure, destin Je B repr  Jsenter la matiPreinitiale de l=Èuvre, humanis Je sous l=aspect de Lucifer (qui porte la lumiPre, - -

l =Jtoile du matin), Jtait le symbole de notre pierre angulaire, la  pierre du coin, lamaT tresse pierre du coignet . *La pierre que les  Jdifians ont rejett Je,  Jcrit

Amyraut1, a est J faite la maistresse pierre du coin, sur qui repose toute la structuredu bastiment; mais qui est pierre d=achoppement et pierre de scandale, contrelaquelle ils se heurtent B leur ruine.+ Quant B la taille de cette pierre angulaire, --nous entendons sa pr  J paration, -- on peut la voir traduite en un fort joli bas-relief del =J poque, sculpt J B l=ext Jrieur de l=Jdifice, sur une chapelle absidiale, du c^t Jde la rue du Clo Ttre-Notre-Dame.

1 M. Amysaut, Paraphrase de la PremiPre EpT tre de saint Pierre (ch. II, v. 7). Saumur, Jean Lesnier, 1646, p. 27.

[62]

Tandis qu=on r  Jservait au tailleur d =imaiges la d Jcoration des parties saillantes,

on attribuait au c Jramiste l=ornementation du sol des cath Jdrales. Celui-ci  Jtaitordinairement dall J, ou carrel J  B l=aide de plaques de terre cuite peintes etrecouvertes d=un Jmail plombif Pre. Cet art avait acquis au moyen >ge assez de

 perfection pour assurer aux sujets histori Js une suffisante vari Jt J de dessin et decoloris. On utilisait aussi de petits cubes de marbre multicolores, B la maniPre desmosaVstes byzantins. Parmi les motifs le plus fr  Jquemment employ Js, il convientde citer les labyrinthes, que l=on traHait sur le sol, au point d=intersection de ]anef et des transepts. Les Jglises de Sens, de Reims, d=Auxerre, de Saint-Quentin,de Poitiers, de Bayeux ont conserv J leurs labyrinthes. Dans celui d =Amiens, on

remarquait, au centre, une large dalle incrust Je d=une barre d=or et d=un demi-cercle de mLme m Jtal, figurant le lever du soleil au-dessus de l=horizon. Onsubstitua plus tard au soleil d=or un soleil de cuivre, et ce dernier disparut B sontour sans jamais Ltre remplac J. Quant au labyrinthe de Chartres, vulgairementappel J la lieue (pour le lieu), et dessin J sur le pav J de la nef, il se compose de touteune suite de cercles concentriques qui se replient les uns dans les autres avec uneinfinie vari Jt J. Au centre de cette figure se voyait autrefois le combat de Th Js Je et

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du Minotaure. C=est encore lB une preuve de l=infiltration des sujets paVensdans l=iconographie chr  Jtienne et, cons Jquemment, celle d=un sens mytho-herm Jtique  Jvident. Cependant, il ne saurait Ltre question d=Jtablir un rapportquelconque entre ces images et les constructions

[63]

fameuses de l=antiquit J, les labyrinthes de Gr Pce et d=Egypte.Le labyrinthe des cath Jdrales, ou labyrinthe de Salomon, est, nous dit Marcellin

Berthelot1, *une figure cabalistique qui se trouve en tLte de certains manuscritsalchimiques, et qui fait partie des traditions magiques attribu Jes au nom deSalomon. C= est une s Jrie de cercles concentriques, interrompus sur certains

 points, de faHon B former un trajet bizarre et inextricable+.L=image du labyrinthe s=offre donc B nous comme embl Jmatique du travailentier de l=Èuvre, avec ses deux difficult Js majeures: celle de la voie qu=ilconvient de suivre pour atteindre le centre, -- o j se livre le rude combat des deuxnatures, -- l=autre, du chemin que l=artiste doit tenir pour en sortir. C=est ici quele  fil d = Ariane lui devient n Jcessaire, s=il ne veut errer parmi les m Jandres del=ouvrage sans parvenir B en d Jcouvrir l=issue.

 Notre intention n=est point d=J crire, comme le Fit Batsdorff, un trait J sp Jcial pour enseigner ce qu=est le  fil d = Ariane, qui permit B Th Js Je d=accomplir sondessein. Mais, en nous appuyant sur la cabale, nous esp Jrons fournir auxinvestigateurs sagaces quelques pr  Jcisions sur la valeur symbolique du mythe

fameux. Ariane est une forme d=airagne (araign Je), par m JtathPse de l= I . En espagnol, Z se prononce  gn; •DVP<, (araign Je, airagne) peut donc se lire arahn J  , arahni,

arahgne. Notre >me n=est-elle pas l=araign Je qui tisse notre propre corps? Maisce mot se r  Jclame encore d=autres formations. Le verbe "\DT signifie  prendre,

 saisir, entraT ner, attirer ; d=o j "ÂD0<, ce qui prend, saisit, attire. Donc, "ÂD0<est l=aimant, la vertu renferm Je dans le corps que les Sages

1  La Grande Encyclop Jdie. Art. Labyrinthe. T. XXI, p. 703.

[64]

nomment leur magn J sie. Poursuivons. En provenHal, le fer est appel J aran et iran,suivant les diff  Jrents dialectes. C=est l=Hiram maHonnique, le divin  B Jlier,

l =architecte du Temple de Salomon. L=araign Je, chez les f  Jlibres, se dit aragno etiragno, airagno; en picard, ar P gni . Rapprochez tout cela du grec GÂ*0D@H, fer 

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et aimant. Ce mot a les deux sens. Ce n=est pas tout. Le verbe •DbT exprime lelever d =un astre qui sort de la mer : d=o j "DL"< (aryan), l=astre qui sort de la

mer, se l Pve; "DL"<, ou ariane est donc l=Orient , par permutation de voyelles. De  plus, •DbT a aussi le sens d=attirer ; donc "DL"< est aussi l=aimant . Si

maintenant nous rapprochons EÂ*0D@H, qui a donn J le latin sidus, sideris, Jtoile,nous reconna Ttrons notre aran, iran, airan provenHal, l="DL"< grecque, le soleil 

levant .Ariane, l=araign Je mystique, Jchapp Je d =Amiens, a seulement laiss J sur le pav Jdu chÉur la trace de sa toile...Rappelons, en passant, que le plus c JlP  bre des labyrinthes antiques, celui deCnossos en Cr Pte, qui fut d Jcouvert en 1902 par le docteur Evans, d=Oxford, Jtaitappel J  Absolum. Or, nous ferons remarquer que ce terme est voisin d= Absolu, quiest le nom paf lequel les alchimistes anciens d Jsignaient la pierre philosophale.

VI

Toutes les Jglises ont leur abside tourn Je vers le sud-est, leur faHade vers le nord-ouest, tandis que les transepts, formant les bras de la croix, sont dirig Js du nord-estau sud-ouest. C=est lB une orientation invariable, voulue de telle faHon quefidPles et

[65]

 profanes, entrant dans le temple par l=Occident, marchent droit au sanctuaire, laface port Je du c^te o j le soleil se l Pve, vers l= Orient, la Palestine, berceau duchristianisme. Ils quittent les t JnP bres et vont vers la lumiPre.Par suite de cette disposition, des trois roses qui ornent les transepts et le grand

 porche, l=une n=est jamais Jclair  Je par le soleil; c=est la rose septentrionale, quirayonne B la faHade du transept gauche. La seconde flamboie au soleil de midi;c=est la rose m Jridionale ouverte B l=extr  Jmit J du transept droit. La derniPres=illumine aux rayons color  Js du couchant; c=est la grande rose, celle du portail,qui surpasse en surface et en  Jclat ses sÉurs lat Jrales. Ainsi se d Jveloppent, aufronton des cath Jdrales gothiques, les couleurs de l=Èuvre, selon un processuscirculaire allant des t JnP bres, -- figur  Jes par l=absence de lumiPre et la couleur noire, -- B la perfection de la lumiPre rubiconde, en passant par la couleur blanche,consid Jr  Je comme Jtant *moyenne entre le noir et le rouge+.Au moyen >ge, la rose centrale des porches se nommait  Rota, la roue. Or, la roue

est l=hi Jroglyphe alchimique du temps n Jcessaire B la coction de la matiPre philosophale et, par suite, de la coction elle-mLme. Le feu soutenu, constant et Jgal

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que l=artiste entretient nuit et jour au cours de cette op Jration, est appel J, pour cette raison,  feu de roue. Cependant, outre la chaleur n Jcessaire B la liqu Jfactionde la pierre des philosophes, il faut, en plus, un second agent, dit  feu secret ou

 philosophique. C=est ce dernier  feu, excit J par la chaleur vulgaire, qui fait tourner 

la roue et provoque les divers ph JnomPnes que l=artiste observe dans sonvaisseau :

[66]

D=aller par ce chemin, non ailleurs, je t=avoue;Remarque seulement les traces de ma roue.Et pour donner partout une chaleur  Jgalle,Trop tost vers terre et ciel ne monte ny d Jvalle.Car en montant trop haut le ciel tu brusleras,Et devallant trop bas la terre destruiras.Mais si par le milieu ta carriPre demeure,

La course est plus unie et la voye plus seure1.

La rose repr  Jsente donc, B elle seule, l=action du feu et sa dur  Je. C=est pourquoiles d Jcorateurs m Jdi Jvaux ont cherch J  B traduire, dans leurs rosaces, lesmouvements de la matiPre excit Je par le feu  Jl J mentaire, ainsi qu=on peut leremarquer sur le portail nord de la cath J drale de Chartres, aux roses de Toul(Saint-Gengoult), de Saint-Antoine de CompiPgne, etc. Dans l=architecture des

XIVe et XVe siPcles, la pr  J pond Jrance du symbole ign J, qui caract Jrise nettementla derniPre p Jriode de l=art m Jdi Jval, a fait donner au style de cette J poque le nom

de Gothique flamboyant .Certaines roses, embl Jmatiques du compos J, ont un sens particulier qui soulignedavantage les propri Jt Js de cette  substance que le Cr  Jateur a sign J e de sa propremain. Ce sceau magique r  J vPle B l=artiste qu=il a suivi le bon chemin, et que lamixtion philosophale a Jt J pr  J par  Je canoniquement . C=est une figure radi Je, B six

 pointes (digamma), dite  Etoile des Mages, qui rayonne B la sur-face du compost,c=est-B-dire au-dessus de la cr Pche o j repose J Jsus, l= Enfant-Roi.Parmi les Jdifices qui nous offrent des roses Jtoil Jes B six p Jtales, -- reproduction

du traditionnel Sceau de Salomon2, --

1  De Nuysement, PoPme philosophie de la V  Jrit  J de la Phisique Mineralle, dans Traittez de l =  Harmonie et 

Constitution generalle du Vray Sel . Paris, P Jrier et Buisard, 1620 et 1621, p. 254.

2 La convallaire polygon Je, vulgairement Sceau de Salomon, doit son appellation B sa tige, dont la section est Jtoil Je comme le signe magique attribu J au roi des Isra Jlites, fils de David.

[67]

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citons la cath Jdrale Saint-Jean et l=Jglise Saint-Bonaventure de Lyon (roses des  portails); l=Jglise Saint-Gengoult B Toul; les deux roses de Saint-Vulfrand=Abbeville; le portail de la Calende B la cath Jdrale de Rouen; la splendide rose

 bleue de la Sainte-Chapelle, etc.Ce signe  Jtant du plus haut int Jr Lt pour l=alchimiste, -- n=est-ce point l= astre quile guide et lui annonce la naissance du Sauveur? -- on nous saura gr  J de r  Junir icicertains textes qui relatent, d Jcrivent, expliquent son apparition. Nous laisserons aulecteur le soin d=Jtablir tous rapprochements utiles, de coordonner les versions,d=isoler la v Jrit J positive combin Je B l=all Jgorie l Jgendaire dans ces fragments Jnigmatiques.

VII

Varron, dans ses  Antiquitates rerum humanarum, rappelle la l Jgende d=En Je,sauvant son pPre et ses p Jnates des flammes de Troie, et aboutissant, apr Ps de

longues p Jr  J grinations, aux champs de Laurente1, terme de son voyage. Il endonne la raison suivante:

 Ex quo de Troja est egressus Aeneas, Veneris eum per diem quotidie stellamvidisse, donec ad agrum Laurentum veniret, in quo eam non vidit ulterius; qua

recognovit terras esse fatales2. (Depuis son d J part de Troie, il vit tous les jours et 

  pendant le jour, l =Jtoile de V  Jnus, jusqu=B ce qu =il arriv>t aux champsLaurentins, o j il cessa de la voir, ce qui lui fit conna Ttre que c=Jtaient les terres

d  J sign Jes par le Destin.)

1 Cabalistiquement, l=or ent  J, greff  J.

2 Varro, dans Servius, Eneid , t. III, p. 386.

[68]

Voici maintenant une l Jgende extraite d=un ouvrage qui a pour titre le  Livre de

Seth, et qu=un auteur du VIe siPcle relate en ces termes1:*J=ai entendu quelques personnes parlant d=une Ecriture qui, quoique peucertaine, n=est pas contraire B la foi et est plut^t agr  Jable B entendre. On y litqu=il existait un peuple B l=Extr L me Orient, sur les bords de l=Oc Jan, chezlequel il y avait un Livre attribu J B Seth, qui parlait de l=apparition future de cette Jtoile et des pr  Jsents qu=on devait apporter B l=Enfant, laquelle pr  Jdiction Jtaitdonn Je comme transmise par les g Jn Jrations des Sages, de pPre en fils.

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  +Ils choisirent douze d=entre eux parmi les plus savants et les plusamateurs des mystPres des cieux et se constituPrent pour l=attente de cette Jtoile.Si quelqu=un d=entre eux venait B mourir, son fils ou le proche parent qui Jtaitdans la mLme attente, Jtait choisi pour le remplacer.

+On les appelait, dans leur langue, Mages, parce qu=ils glorifiaient Dieu dans le silence et B voix basse.+Tous les ans, ces hommes, apr Ps la moisson, montaient sur un mont qui, dansleur langue, s=appelait Mont de la Victoire, lequel renfermait une caverne taill  Jedans le rocher , et agr  Jable par les ruisseaux et les arbres qui l=entouraient. Arriv Jssur ce mont, ils se lavaient, priaient et louaient Dieu en silence pendant trois jours;c=est ce qu=ils pratiquaient pendant chaque g  J n Jration, toujours dans l=attentesi, par hasard, cette Jtoile de bonheur  ne para Ttrait pas pendant leur g Jn Jration.Mais B la fin, elle parut, sur ce Mont de la Victoire, sous la forme d =un  petit 

enfant , et offrant la figure d= une croix; elle leur parla, les instruisit et leur 

ordonna de partir pour la Jud Je.

l Opus imperfectum in Mattheum. Hom. II , joint aux Èuvres de saint Jean Chrysosome, Patr. grecque , t. LVI, p.637.

[69]

+L=Jtoile les pr  Jc Jda ainsi pendant deux ans, et le pain ni l=eau ne manquPrent jamais dans leurs courses.

+Ce qu=ils firent ensuite est rapport J en abr  Jg J dans l=Evangile.+La figure de l=Jtoile serait diff  Jrente, d=apr Ps cette autre l Jgende, d=J poque

inconnue 1:*Durant le voyage, qui dura treize jours, les Mages ne prirent ni repos ninourriture; le besoin ne s=en fit pas sentir, et cette p Jriode leur sembla n=avoir que la dur  Je d=un jour. Plus ils approchaient de Bethl Jem, plus l=Jtoile brillaitavec Jclat; elle avait la forme d =un aigle, volant B travers les airs et agitant sesailes; au-dessus Jtait une croix.+La l Jgende suivante, qui a pour titre Des choses qui arrivPrent en Perse, lors de la

naissance du Christ , est attribu Je B Jules Africain, chronographe du IIIe siPcle, bien qu=on ne sache B quelle J poque elle appartienne r  Jellement2:*La scPne se passe en Perse, dans un temple de Junon (/D¬H), b>ti par Cyrus. Un

 pr Ltre annonce que Junon a conHu. -- Toutes les statues des dieux dansent etchantent B cette nouvelle. -- Une  Jtoile descend  et annonce la naissance d=un

 Enfant Principe et Fin. -- Toutes les statues tombent le visage contre terre. -- LesMages annoncent que cet Enfant est n J B Bethl Jem et conseillent au roi d=envoyer 

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des ambassadeurs. -- Alors para Tt Bacchus ()\@<LF@H), qui pr  Jdit que cet Enfantchassera tous les faux dieux. -- D J part des Mages, guid Js par l=Jtoile. Arriv Js BJ Jrusalem, ils annoncent aux pr Ltres la naissance du Messie. -- A Bethl Jem, ilssaluent Marie, font peindre par un esclave habile, son portrait avec l=Enfant et le

 placent dans leur temple principal avec cette1  Apocryphes, t. II, p. 469.

2  Julius Africanus, dans Patr. grecque, t. X, p. 97 et 107. 

[70]

inscription:  A Jupiter Mithra ()\\ /8\T, -- au dieu soleil ), au Dieu grand, au Roi

 J  J sus, l =empire des Perses fait cette d  Jdicace.+*La lumiPre de cette Jtoile, Jcrit saint Ignace1, surpassait celle de toutes les autres;son Jclat Jtait ineffable, et sa nouveaut J faisait que ceux qui la regardaient en Jtaientfrapp Js de stupeur. Le soleil, la lune et les autres astres formaient le chÉur de cette

 Jtoile.+Huginus B Barma, dans la  Pratique de son ouvrage2, emploie les mLmes termes

 pour exprimer la matiPre du Grand Èuvre sur laquelle para Tt l=Jtoile: *Prenez dela vraie terre, dit-il, bien impr  J gn Je des rayons du soleil, de la lune et des autres

astres.+

Au IVe siPcle, le philosophe Chalcidius, qui, comme le dit Mullachius, le dernier de ses Jditeurs, professait qu =il fallait adorer les dieux de la Gr Pce, les dieux deRome et les dieux  Jtrangers, a conserv J la mention de l= Jtoile des Mages etl=explication que les savants en donnaient. Apr Ps avoir parl J d= une Jtoile appel Je

 Ahc par les Egyptiens, et qui annonce des mal heurs, il ajoute:*Il y a une autre histoire plus sainte et plus v Jn Jrable, qui atteste que  par le lever 

d =une certaine  Jtoile furent annonc Js, non des maladies ni des morts, mais ladescente d=un Dieu v Jn Jrable, pour la gr >ce de la conversation avec l=homme et

 pour l=avantage des choses mortelles.  Les plus savants des Chald Jens, ayant vu

cette Jtoile en voyageant  pendant la nuit , en hommes parfaitement exerc Js B lacontemplation des choses c Jlestes, recherchPrent, B ce que l=on raconte, lanaissance r  Jcente d =un Dieu, et ayant trouv J la majest J de cet Enfant, ils luirendirent les vÉux qui convenaient B un si grand Dieu. Ce qui vous est beaucoup

 plus connu qu=B d =autres3.+

1  EpT tre aux Eph J siens, c. XIX.

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2 Huginus B Barma, Le RP gne de Saturne chang  J en SiPcle d =or . Paris, Derieu, 1780.

3 Chalcidius, Comm. in Timuum Platonis, c. 125; dans les Frag. philosophorum greacorum de Didot, t. II, p. 210. --Chalcidius s=adresse, de toute Jvidence, B un initi J.

[71]

Diodore de Tarse1 se montre plus positif encore lorsqu=il affirme que *cette Jtoilen=Jtait pas une de celles qui peuplent le ciel, mais une certaine vertu ou  force

(*L<":\H) urano-diurne (2,\@JXD"<), ayant pris la forme d =un astre pour annoncer la naissance du Seigneur de tous+.

 Evangile selon saint Luc, II, v. 1 B 7:*Or, en la mLme contr  Je, se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans leschamps, veillant tour B tour B la garde de leurs troupeaux. VoilB qu=un Ange duSeigneur se pr  Jsenta devant eux, et une lumiPre divine les environna, et ils furent

saisis d= une grande crainte; mais l=Ange leur dit:* Ne craignez point, car voici que je vous apporte la  Bonne Nouvelle d=unegrande joie pour tout le peuple; c=est qu=il vous est n J aujourd=hui dans la villede David un Sauveur qui est le Christ-Seigneur; et ceci sera pour vous le  signe:Vous trouverez un Enfant envelopp J de langes et couch J dans une cr Pche.+Au mLme instant se joignit B l=Ange une multitude de la milice c Jleste, louantDieu et disant: Gloire B Dieu, au plus haut des cieux, et paix sur la terre auxhommes de bonne volont J.+

 Evangile selon saint Matthieu, II, v. I B II:

*Lors donc que J Jsus fut n J en Bethl Jem de Juda, aux jours du roi H Jrode, voilBque des Mages vinrent d=Orient B J Jrusalem, disant: O j est Celui qui est n J, roides Juifs, car nous avons vu son Jtoile en Orient et nous sommes venus l=adorer?+... Alors H Jrode, les Mages secr Ptement appel Js, s=enquit d=eux avec soin du

temps o j l =Jtoile leur  J tait apparue et, les envoyant B Bethl Jem, il dit:

1 Diodore de Tarse, Du Destin, dans Photius, cod. 233; Patr. grecque, t. CIII, p. 878.

[72]

+Allez, informez-vous exactement de l=Enfant, et, lorsque vous l=aurez trouv J,faites-le-moi savoir afin que, moi aussi, j=aille l=adorer.+Ceux-ci donc, apr Ps avoir entendu le roi, s=en allPrent; et voilB que l=Jtoilequ=ils avaient vue en Orient les pr  Jc Jdait, jusqu=B ce qu=elle v Tnt et s=arr Lt>tau-dessus du lieu o j  Jtait l=Enfant.

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+Or, voyant l=Jtoile, ils se r  J  jouirent d=une grande joie, et entrant dans lamaison, ils trouvPrent l=Enfant avec Marie, sa mPre, et, se prosternant, ilsl=ador Prent; puis, leurs tr  Jsors ouverts, ils lui offrirent des pr  Jsents: de l=or, del=encens et de, la myrrhe.+

A propos de faits si Jtranges et devant l=impossibilit J d=en attribuer la cause Bquelque ph JnomPne c Jleste, A. Bonnetty1, frapp J du mystPre qui enveloppe cesnarrations, interroge:*Qui sont ces Mages, et que faut-il penser de cette  Jtoile? C=est ce que sedemandent en ce moment les critiques rationalistes et autres. Il est difficile der  J pondre B ces questions, parce que le Rationalisme et l =Ontologisme anciens etmodernes, puisant toutes leurs connaissances en eux-mLmes, ont fait oublier tousles moyens par lesquels les anciens peuples de l =Orient conservaient les

traditions primitives.+ Nous retrouvons la premiPre mention de l= Jtoile dans la bouche de Balaam.Celui-ci, qui serait n J dans la ville de P Jthor, sur l=Euphrate, vivait, dit-on, versl=an 1477 av. J.-C., au milieu de l=empire assyrien B ses d J buts. ProphPte ouMage en M Jsopotamie, Balaam s=Jcrie:*Comment pourrai-je maudire celui que son Dieu ne maudit pas? Comment doncmenacerai-je celui que J Jhovah ne menace1 A. Bonnetty, Documents historiqu es sur la Religion des Romains, t. II, p. 564.

[73]

 pas? Ecoutez!... Je la vois, mais pas maintenant; je la contemple, mais pas de pr Ps... Une Jtoile se l Pve de Jacob et le sceptre sort d=IsraNl...+ ( Num., XXIV,47).Dans l=iconographie symbolique, l =Jtoile sert B d Jsigner aussi bien laconception que la naissance. La Vierge est souvent repr  Jsent Je nimb Je d=Jtoiles.Celle de Larmor (Morbihan), qui fait partie d=un fort joli triptyque interpr  Jtant lamort du Christ et la souffrance de Marie, -- Mater dolorosa , -- o j l=on peutremarquer, dans le ciel de la composition centrale, le soleil, la lune, les Jtoiles etl=Jcharpe d=Iris, tient de la main droite une grande  Jtoile, -- maris stella, --

 J pithPte donn Je B la Vierge dans une hymne catholique.G. J. Witkowski1 nous d Jcrit un vitrail tr Ps curieux, qui se trouvait pr Ps de lasacristie, dans l=ancienne  Jglise Saint-Jean B Rouen, aujourd=hui d Jtruite. Cevitrail figurait la Conception de saint Romain. *Son pPre, Beno Tt, conseiller deClotaire II, et sa mPre F Jlicit J, Jtaient couch Js dans un lit, entiPrement nus, selonl=usage qui dura jusqu=au milieu du xvie siPcle. La conception Jtait figur  Je par une Jtoile qui brillait sur la couverture en contact avec le ventre de h femme... Les

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 bordures de cette vitre, d J jB singuliPre par son motif principal, J taient orn Jes dem Jdaillons o j l=on distinguait, non sans surprise, les figures de Mars, Jupiter,

V  Jnus, etc., et pour qu=on n=ef t aucun doute sur leur identit J, la figure de chaqued Jit J  Jtait accompagn Je de son nom.+

1 G. J. Witkowski, L= Art profane B l = Eglise. France. Paris, Schemit, 1908, p. 382.

[74]

VIII

De mLme que l= >me humaine a ses replis secrets, de mLme la cath Jdrale a sescouloirs cach Js. Leur ensemble, qui s=Jtend sous le sol de l=Jglise, constitue lacrypte (du grec 5DLBJ`H, cach J).En ce lieu bas, humide et froid, l=observateur  J prouve une sensation singuliPre etqui impose le silence: celle de la puissance unie aux t JnP bres. Nous sommes icidans l=asile des morts, comme B la basilique de Saint-Denis, n Jcropole desillustres, comme aux Catacombes romaines, cimetiPre des chr  Jtiens. Des dalles de

 pierre; des mausol Jes de marbre; des s J pulcres; d J bris historiques, fragments du pass J. Un silence morne et pesant emplit les espaces vof t Js. Les mille bruits dudehors, ces vains Jchos du monde, n=arrivent plus jusqu=B nous. Allons-nousd J boucher dans les cavernes des cyclopes? Sommes-nous au seuil d=un enfer dantesque, ou sous les galeries souterraines, si accueillantes, si hospitaliPres aux

 premiers martyrs? -- Tout est mystPre, angoisse et crainte en cet antre obscur...Autour de nous, nombreux, des piliers  Jnormes, massifs, parfois jumel Js, dress Jssur leurs bases larges et chanfrein Jes. Chapiteaux courts, peu saillants, sobres,trapus. Formes rudes et frustes, o j l=Jl Jgance et la richesse cPdent le pas B lasolidit J. Muscles J pais, contract Js sous l=effort, qui se partagent sans d Jfaillance le

 poids formidable de l=Jdifice entier. Volont J nocturne, muette, rigide, tendue dansune r  Jsistance perp Jtuelle B l=Jcrasement. Force mat Jrielle que le constructeur sutordonner et r  J partir, en donnant B tous ces membres l=archaVque aspect

[75]d=un troupeau de pachydermes fossiles, soud Js les uns aux autres, arrondissantleurs dos osseux, creusant leurs ventres p Jtrifi Js sous la pouss Je d=une chargeexcessive. Force r  Jelle, mais occulte, qui s=exerce dans le secret, se d Jveloppedans l=ombre, agit sans tr Lve dans la profondeur des substructions de l=Éuvre.

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Telle est l=impression dominante qu=J  prouve le visiteur en parcourant lesgaleries des cryptes gothiques.Jadis, les chambres souterraines des temples servaient de demeure aux statuesd= Isis, lesquelles devinrent, lors de l=introduction du christianisme en Gaule, ces

Vierges noires que le peuple, de nos jours, entoure d=une v Jn Jration toute particuliP re. Leur symbolisme est d=ailleurs identique; les unes et les autresmontrent, sur leur soubassement, la fameuse inscription: Virgini paritur F; B la

Vierge qui doit enfanter . Ch. Bigarne1, nous parle de plusieurs statues d=Isisd Jsign Jes sous le mLme vocable. *D J jB, dit l=Jrudit Pierre Dujols, dans sa

 Bibliographie g  Jn Jrale de l =Occulte, le savant Elias Schadius avait signal J, dansson livre De dictis Germanicis; une inscription analogue: Isidi, seu Virgini ex qua

 filius proditurus est 2. Ces ic^nes n=auraient donc point le sens chr  Jtien qu=onleur pr Lte, du moins exot Jriquement. Isis avant la conception, c=est, dit Bigarne,

dans la th Jogonie astronomique, l=attribut de la Vierge que plusieurs monuments, bien ant Jrieurs au christianisme, d Jsignent sous le nom de Virgo paritura, c =est-B-dire la terre avant sa f  Jcondation, et que les rayons du soleil vont bient^tanimer. C=est aussi la mPre des dieux, comme l=atteste une pierre de Die: Matri

 Deum MagnF ideF .+ On ne peut mieux d Jfinir le sens Jsot Jrique de nos Vierges

noires. Elles figurent, dans la symbolique herm Jtique, la terre primitive, celle

1 Ch. Bigarne, Consid  Jrations sur le Culte d = Isis chez les Eduens. Beaune, 1862.

2 A Isis, ou B la Vierge de qui le Fils prendra naissance.

[76]

que l=artiste doit choisir pour  sujet  de son grand ouvrage. C=est la matiPre premiPre B l=Jtat de minerai, telle qu=elle sort des g Ttes m Jtallif Pres, profond Jment enfouie sous la masse rocheuse. C=est, nous disent les textes, *une

 substance noire, pesante, cassante, friable, qui a l=aspect d=une pierre et se peut broyer en menus morceaux B la faH on d=une pierre+. Il appara Tt donc r  Jgulier que l=hi Jroglyphe humanis J de ce min Jral en possPde la couleur sp Jcifique et

qu=on lui r  Jserve pour habitat les lieux souterrainsdes temples.De nos jours, les Vierges noires sont peu nombreuses. Nous en citerons quelques-unes qui, toutes, jouissent d=une grande c Jl J brit J. La cath Jdrale de Chartres est lamieux partag Je sous ce rapport; elle en possPde deux, l=une, d Jsign Je sous levocable expressif de  Notre-Dame-sous-Terre, dans la crypte, est assise sur un

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tr ̂ ne dont le socle porte l=inscription d J jB relev Je: Virgini paritur F ; l=autre,ext Jrieure, appel Je  Notre-Dame-du-Pilier , occupe le centre d=une niche remplied=ex voto sous forme de cÉurs embras Js. Cette derniPre, nous dit Witkowski, estl=objet de la d Jvotion d=un grand nombre de pPlerins. *Primitivement, ajoute cet

auteur, la colonne de pierre qui lui sert de support  Jtait *cav Je+ des coups delangue et de dents de ses fougueux adorateurs, comme le pied de saint Pierre, BRome, ou le genou d=Hercule que les paVens adoraient en Sicile; mais, pour la

 pr  Jserver des baisers trop ardents, elle fut entour  Je d=une boiserie en 1831.+ Avecsa Vierge souterraine, Chartres passe pour  Ltre le plus ancien de tous les

 pPlerinages. Ce n=Jtait d=abord qu=une antique statuette d=Isis *sculpt Je avantJ Jsus-Christ+, ainsi que le racontent d=anciennes chroniques locales. Toutefois,notre

[77]

image actuelle ne date que de l=extr Lme fin du XVIIIe siPcle, celle de la d JesseIsis ayant Jt J d Jtruite, B une J poque inconnue, et remplac Je par une statue de bois,tenant son Enfant assis sur les genoux, laquelle fut br f l Je en 1793.Quant B la Vierge noire de Notre-Dame du Puy, -- dont les membres ne sont pasapparents, -- elle affecte la figure d=un triangle, par sa robe qui la ceint au col ets=Jvase sans un pli jusqu=au pied. L=Jtoffe en est d Jcor  Je de ceps de vigne etd=J pis de bl J, -- all Jgoriques du pain et du vin eucharistiques, -- et laisse passer,au niveau de l=ombilic, la tLte de l =Enfant, aussi somptueusement couronn Je

que celle de sa mPre.  Notre-Dame-de-Confession, c JlP  bre Vierge noire des cryptes Saint-Victor, BMarseille, nous offre un beau sp Jcimen de statuaire ancienne, souple, large etgrasse. Cette figure, pleine de noblesse, tient un sceptre de la main droite et a lefront ceint d=une couronne B triple fleuron (pl. I).

 Notre-Dame de Rocamadour, but d=un pPlerinage fameux, d J jB fr  Jquent J l=an1166, est une madone miraculeuse dont la tradition fait remonter l=origine au juif Zach Je, chef des publicains de J Jricho, et qui domine l=autel de la chapelle de laVierge construite en 1479. C=est une statuette de bois, noircie par le temps,

envelopp Je dans une robe de lamelles d=argent qui en consolide les d J brisvermoulus. *La c Jl J brit J de Rocamadour remonte au l Jgendaire ermite, saintAmateur ou Amadour, lequel sculpta en bois une statuette de la Vierge B laquellede nombreux miracles furent attribu Js. On raconte qu=Amateur   Jtait le

  pseudonyme du publicain Zach Je, converti par J Jsus-Christ; venu en Gaule, ilaurait propag J le culte de la Vierge. Celui-ci est fort[78]

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ancien B Rocamadour; cependant, la grande vogue du pPlerinage ne date que du

XIIe siPcle1.+A Vichy, la Vierge noire de l=Jglise Saint-Blaise y est v Jn Jr  Je *de toute anciennet J

+, ainsi que le disait d J jB Antoine Gravier, pr Ltre communaliste au XVIIe siPcle.Les arch Jologues datent cette sculpture du XIVe siPcle, et, comme l=Jglise Saint-Blaise, o j elle est d J pos Je, ne fut construite, dans ses parties les plus anciennes,

qu=au XVe siPcle, l=abb J Allot, qui nous signale cette statue, pense qu=ellefigurait autrefois dans la chapelle Saint-Nicolas, fond Je en 1372 par Guillaume deHames.L=Jglise de Gu Jodet, nomm Je encore Notre-Dame-de-la-Cit J, B Quimper, possPdeaussi une Vierge noire.

Camille Flammarion2 nous parle d=une statue analogue qu=il vit dans les caves

de l=Observatoire, le 24 septembre 1871, deux siPcles apr Ps la premiPreobservation thermom Jtrique qui y fut faite en 1671. *Le colossal Jdifice de LouisXIV, Jcrit-il, qui JlPve la balustrade de sa terrasse B vingt-huit mPtres au-dessusdu sol, descend au-dessous en des fondations qui ont la mLme profondeur: vingt-huit mPtres. A l=angle de l=une des galeries souterraines, on remarque unestatuette de la Vierge, plac Je lB cette mLme ann Je 1671, et que des vers grav Js Bses pieds invoquent sous le nom de Nostre-Dame de dessoubs terre.+ Cette Vierge

  parisienne peu connue, qui personnifie dans la capitale le myst Jrieux  sujet 

d=HermPs, para Tt Ltre une r  J plique de celle de Chartres, la benoiste Dame

 souterraine.Un d Jtail encore, utile pour l=herm Jtiste. Dans le c Jr  Jmonial prescrit pour les processions de Vierges noires, on ne br f lait que des cierges de couleur verte.

1  La Grande Encyclop Jdie, t. XXVIII p. 761.

2 Camille Flammarion, L= AtmosphPre. Paris, Hachette, 1888, p. 362.

[79]

Quant aux statuettes d=Isis, -- nous parlons de celles qui  JchappPrent B lachristianisation, -- elles sont plus rares encore que les Vierges noires. Peut-Ltreconviendrait-il d=en rechercher la cause dans la haute antiquit J de ces ic ^nes.

Witkowski1 en signale une que logeait la cath Jdrale Saint-Etienne, de Metz. *Cettefigure en pierre d=Isis, Jcrit l=auteur, mesurant 0 m. 43 de haut sur 0 m. 29 delarge, provenait du vieux clo Ttre. La saillie de ce haut relief  Jtait de 0 m. 18; ilrepr  Jsentait un buste nu de femme, mais si maigre que, pour nous servir d=une

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expression imag Je de l=abb J Brant^me, *elle ne pouvoit rien monstrer que le bastiment+; sa tLte Jtait couverte d =un voile. Deux mamelles sPches pendaient Bsa poitrine comme celles des Dianes d=EphPse. La peau Jtait color  Je en rouge, etla draperie qui contournait la taille en noir ... Une statue analogue existait B Saint-

Germain-des-Pr  Js et B Saint-Etienne de Lyon.+Toutefois, ce qui demeure pour nous, c=est que le culte d=Isis, la C Jr Ps Jgyptienne,  Jtait fort myst Jrieux. Nous savons seulement qu=on f Ltaitsolennellement la d Jesse, chaque ann Je, dans la ville de Busiris, et qu =on luisacrifiait un bÉuf. *Apr Ps les sacrifices, dit H Jrodote, les hommes et les femmes,au nombre de plusieurs myriades, se portent de grands coups. Pour quel dieu ils sefrappent, j=estime que ce serait de ma part une impi Jt J que de le dire.+ LesGrecs, de mLme que les Egyptiens, gardaient un silence absolu sur les mystPres duculte de C Jr Ps, et les historiens ne nous ont rien appris qui p f t satisfaire notrecuriosit J. La r  Jv Jlation aux profanes du secret de ces pratiques Jtait punie de mort .

On consid Jrait mLme comme un crime de pr Lter l=oreille B la divulgation.L=entr  Je du temple de C Jr Ps, B l=exemple des sanctuaires

1 Cf. L= Art profane B l = Eglise. Etranger. Op. cit., p. 26.

[80]

 Jgyptiens d=Isis, Jtait rigoureusement interdite B tous ceux, qui n=avaient pointreHu l=initiation. Cependant, les renseignements qui nous ont Jt J transmis sur la

hi Jrarchie des grands pr Ltres nous autorisent B penser que les mystPres de C Jr P sdevaient Ltre du mLme ordre que ceux de la Science herm Jtique. En effet, noussavons que les ministres du culte se r  J partissaient en quatre degr  Js: l= Hi Jrophante,charg J d=instruire les n Jophytes; le  Porte-Flambeau, qui repr  Jsentait le Soleil ; le

 H  Jraut , qui repr  Jsentait Mercure; le Ministre de l = Autel , qui repr  Jsentait la  Lune.A Rome, les C J r  Jalies se c Jl J braient le 12 avril et duraient huit jours. On portait,dans les processions, un Éuf , symbole du monde, et l=on y sacrifiait des porcs.

  Nous avons dit plus haut qu=une pierre de Die, repr  Jsentant Isis, la d Jsignaitcomme  Jtant la mPre des dieux. La m Lme  J pithPte s=appliquait B Rh Ja ou

CybPle. Les deux divinit Js se r  JvPlent ainsi proches parentes, et nous aurionstendance B ne les consid Jrer qu=en tant qu=expressions diff  Jrentes d=un seul etmLme principe. M. Charles Vincens confirme cette opinion par la description qu=il donne d=un bas-relief figurant CybP le, que l=on a vu, durant des siPcles, Bl=ext Jrieur de l=Jglise paroissiale de Pennes (Bouches-du-Rh^ne), avec soninscription: Matri Deum. *Ce curieux morceau, nous dit-il, a disparu vers 1610seulement, mais il est grav J dans le  Recueil  de Grosson (p. 20).+ Analogie

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herm Jtique singuliPre: CybPle Jtait ador  Je B Pessinonte, en Phrygie, sous la formed=une  pierre noire que l=on disait Ltre tomb Je du ciel. Phidias repr  Jsente lad Jesse assise sur un tr ̂ ne entre deux lions, ayant sur la tLte une couronne muralede laquelle descend un voile. Parfois, on la Figure tenant une clef  

[81]

et paraissant Jcarter son voile. Isis, C Jr Ps, CybPle, trois tLtes sous le mLme voile.

IX

Ces pr  Jliminaires achev Js, il nous faut maintenant entreprendre l=Jtude herm Jtiquede la cath Jdrale, et, pour limiter nos investigations, nous prendrons pour type letemple chr  Jtien de la capitale, Notre-Dame de Paris.

  Notre t>che, certes, est difficile. Nous ne vivons plus au temps de messireBernard, comte de Tr  Jvise, de Zachaire ou de Flamel. Les siPcles ont laiss J leur trace profonde au front de l=Jdifice, les intemp Jries l=ont creus J de larges rides,mais les ravages du temps comptent peu au regard de celles qu=y imprimPrent lesfureurs humaines. Les r  Jvolutions y gravPrent leur empreinte, regrettablet Jmoignage de la colPre pl J b Jienne; le vandalisme, ennemi du beau, y assouvit sahaine par d=affreuses mutilations, et les restaurateurs eux-mLmes, quoique port Jsdes meilleures intentions, ne surent pas toujours respecter ce que les iconoclastesavaient J pargn J.

 Notre-Dame de Paris Jlevait jadis sa majest J sur un perron de onze marches. A peine isol Je, par un parvis Jtroit, des maisons de bois, des pignons aigus Jtag Js enencorbellement, elle gagnait en hardiesse, en  Jl J gance ce qu=elle perdait enmasse. Aujourd=hui, et gr >ce au recul, elle para Tt d=autant plus massivequ=elle est plus d Jgag Je, et que ses porches, ses piliers et ses contreforts portentdirectement sur le sol; les remblais successifs ont peu B peu combl J ses degr  Js etfini par les absorber jusqu=au dernier.

[82]

Au milieu de l=espace limit J, d=une part, par l=imposante basilique, et, del=autre, par l=agglom Jration pittoresque des petits h^tels garnis de flPches,d=J pis, de girouettes, perc Js de boutiques peintes aux poutrelles sculpt Jes, auxenseignes burlesques, creus Js sur leurs angles de niches orn Jes de madones ou desaints, flanqu Js de tourelles, d=Jchauguettes B poivri Pres, de bretPches, au milieude cet espace, disons-nous, se dressait une statue de pierre, haute et  Jtroite, qui

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tenait un livre d=une main et un serpent de l=autre. Cette statue faisait corps avecune fontaine monumentale o j se lisait ce distique:

Qui sitis, huc tendas: desunt si forte liquores,

Pergredere, Ftesnas diva paravit aquas.Toi qui as soif, viens ici: Si par hasard les ondes manquent,

 Par degr  J , la D Jesse a pr  J par  J les eaux Jternelles.

Le peuple l=appelait tant^t Monsieur Legris, tant^t Vendeur de gris, Grand 

 Jef neur ou Jef neur de Notre-Dame.

Bien des interpr  Jtations ont Jt J donn Jes sur ces expressions Jtranges, appliqu Jes par le vulgaire B une image que les arch Jologues ne purent identifier. La meilleure

explication est celle que nous en fournit Am Jd  Je de Ponthieu1, et elle nous sembled=autant plus digne d=int Jr Lt que l=auteur, qui n=Jtait point herm Jtiste, jugesans parti pris et prononce sans id Je pr  JconHue:*Devant ce temple, nous dit-il en parlant de Notre-Dame, se dressait un monolithe

 sacr  J que le temps avait rendu informe. Les anciens le nommaient PhÉ bigPne2, filsd=Apollon; le peuple le nomma plus tard MaT tre Pierre, voulant dire  Pierre

maT tresse,

1 Am Jd Je de Ponthieu, L J gendes du Vieux Paris. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, p. 91.

2 Engendr  J du soleil ou de l=or.

[83]

 pierre de pouvoir 1; il se nommait aussi messire Legris, alors que gris signifiait feu,et particuliPrement feu grisou, feu follet...+Selon les uns, ces traits informes rappelaient ceux d=Esculape, ou de Mercure,

ou du dieu Terme2;  selon d=autres, ceux d=Archambaud, maire du Palais sousClovis II, qui avait donn J le fonds sus lequel l=H^tel-Dieu Jtait b>ti; d=autres y

voyaient les traits de Guillaume de Paris, qui l=avait Jrig J en mLme temps que le portail de Notre-Dame; l=abb J LebÉuf y voit la figure de J J sus-Christ; d=autres,celle de sainte GeneviPve, patronne de Paris.+Cette pierre fut enlev Je en 1748, quand on agrandit la place du Parvis-de-Notre-Dame.+Vers la mLme J poque, le chapitre de Notre-Dame reHut l=ordre de supprimes lastatue de saint Christophe. Le colosse, peint en gris, s=adossait au premier pilier 

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de droite, en entrant dans la nef. Il avait  Jt J  Jrig J en 1413 par Antoine des Essarts,chambellan du roi Charles VI. On voulut l=enlever en 1772, mais Christophe deBeaumont, alors achevLque de Paris, s=y opposa formellement. Ce ne fut qu=Bsa mort, en 1781, qu=il fut tra Tn J hors de la m Jtropole et bris J. Notre-Dame

d=Amiens possPde encore le bon g Jant chr  J tien porteur de l=Enfant-J Jsus, mais ilne doit d=avoir  Jchapp J  B la destruction que parce qu=il fait corps avec lamuraille: c=est une sculpture en bas-relief. La cath Jdrale de S Jville conserve aussiun saint Christophe colossal et peint B fresque. Celui de l=Jglise Saint-Jacques-la-Boucherie p J rit avec l=Jdifice, et la belle statue de la cath Jdrale d=Auxerre, quidatait de 1539, fut d Jtruite, par ordre, en 1768, quelques ann Jes seulement avantcelle de Paris.

1 C=est la pierre angulaire dont nous avons parl J.

2Les Termes Jtaient des bustes d =HermPs (Mercure).

[84]

Pour motiver de tels actes, il est Jvident qu=il fallait de puissantes raisons. Bienqu=elles nous paraissent injustifi Jes, nous en trouvons cependant la cause dansl=expression symbolique tir  Je de la l Jgende et condens Je, -- trop clairement sansdoute, -- par l=image. Saint Christophe, dont Jacques de Voragine nous r  JvPle lenom primitif: Offerus, signifie, pour la masse, celui qui porte le Christ  (du grecOD\FJ@N`D@H); mais la cabale phon Jtique d Jcouvre un autre sens, ad Jquat et

conforme B la doctrine herm Jtique. Christophe est mis pour Chrysophe: qui portel =or (gr. ODLF@N`D@H). DPs lors, on comprend mieux la haute importance dusymbole, si parlant, de saint Christophe. C=est l=hi Jroglyphe du soufre solaire

(J Jsus), ou de l=or naissant , Jlev J sur les ondes mercurielles et port J ensuite, par l=Jnergie propre de ce Mercure, au degr  J de puissance que possPde l=Elixir.D=apr Ps Aristote, le Mercure a pour couleur embl Jmatique le gris ou le violet , cequi suffit B expliquer pourquoi les statues de saint Christophe  Jtaient revLtuesd=un enduit du mLme ton. Un certain nombre de vieilles gravures conserv Jes auCabinet des Estampes de la BibliothPque nationale, et repr  Jsentant le colosse, sont

ex Jcut Jes au simple trait et d= une teinte bistre. La plus ancienne date de 1418.On montre encore, B Rocamadour (Lot), une gigantesque statue de saintChristophe, Jlev Je sur le plateau Saint-Michel, qui pr  JcPde l=Jglise. A c^t J, onremarque un vieux coffre ferr  J , au-dessus duquel est fich J dans le roc, et retenu par une cha Tne, un grossier tronHon d=J p Je. La l Jgende veut que ce fragment aitappartenu B la fameuse Durandal , l=J p Je que brisa le paladin Roland en ouvrant la

 br Pche de Roncevaux. Quoi qu=il en soit,

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[85]

la v Jrit J qui se d Jgage de ces attributs est fort transparente. L=J p Je qui ouvre le

rocher, la verge de MoV

se qui fait jaillir l=

eau de la pierre d=

Horeb, le sceptre dela d Jesse Rh Je, dont elle frappe le mont Dyndime, le javelot d=Atalante sont unseul et mLme hi Jroglyphe de cette matiPre cach Je des Philosophes, dont saintChristophe indique la nature et le coffre ferr  J le r  Jsultat.

 Nous regrettons de n=en pouvoir dire plus sur le magnifique emblPme B qui la premiPre place Jtait r  Jserv Je dans les basiliques ogivales. Il ne nous reste pas dedescription pr  Jcise et d Jtaill Je de ces grandes figures, groupes admirables par leur enseignement, mais qu=une J poque superficielle et d Jcadente fit dispara Ttre sansavoir l=excuse d=une indiscutable n Jcessit J.Le xviiie siPcle, r Pgne de l=aristocratie et du bel esprit, des abb Js de cour, desmarquises poudr  Jes, des gentilshommes B perruques, temps b Jni des ma Ttres Bdanser, des madrigaux et des bergPres Watteau, le siPcle brillant et pervers, frivoleet mani Jr  J qui devait sombrer dans le sang, fut particuliPrement n Jfaste aux Éuvresgothiques.Entra Tn Js par le grand courant de d Jcadence qui prit sous FranHois Ier  le nom

  paradoxal de Renaissance, incapables d=un effort  Jquivalent B celui de leursancLtres, tout B fait ignorants de la symbolique m Jdi Jvale, les artistess=appliquPrent B reproduire des Éuvres b>tardes, sans gof t, sans caractPre, sans

 pens Je Jsot Jrique, plut^t qu=B poursuivre et B d Jvelopper l=admirable et saine

cr  Jation franHaise.Architectes, peintres, sculpteurs, pr  Jf  Jrant leur propre gloire B celle de l=Art,s=adressPrent aux modPles antiques contrefaits en Italie.

[86]

Les constructeurs du moyen >ge avaient en apanage la foi et la modestie. Artisansanonymes de purs chefs-d=Éuvre, ils JdifiPrent pour la V Jrit J, pour l=affirmationde leur id Jal, pour la propagation et la noblesse de leur science. Ceux de la

Renaissance, pr  Joccup Js surtout de leur personnalit J, jaloux de leur valeur, JdifiPrent pour la post J rit J de leur nom. Le moyen >ge dut sa splendeur  Bl=originalit J de ses cr  Jations; la Renaissance dut sa vogue B la fid Jlit J servile deses copies. Ici, une pens Je; lB, une mode. D=un c^t J, le g Jnie; de l=autre, letalent. Dans l=Éuvre gothique, la facture demeure soumise B l=Id J e; dansl=Éuvre renaissante, elle la domine et l=efface. L=une parle au cÉur, au cerveau,B l=>me: c=est le triomphe de l=esprit; l=autre s=adresse aux sens: c=est la

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glorification de la matiPre. Du XIIe au XVe siPcle, pauvret J de moyens mais

richesse d=expression; B partir du XVIe, beaut J plastique, m Jdiocrit J d=invention.Les ma Ttres m Jdi Jvaux surent animer le calcaire commun; les artistes de laRenaissance laissPrent le marbre inerte et froid.

C=est l=antagonisme de ces deux p Jriodes, n Jes de concepts oppos Js, quiexplique le m J pris de la Renaissance et sa r  J pugnance profonde pour tout ce qui Jtait gothique.Un tel Jtat d=esprit devait Ltre fatal B l=Éuvre du moyen >ge; et c =est B lui, eneffet, que nous devons attribuer les mutilations sans nombre que nous d J ploronsaujourd=hui.

Paris

[89]

La cath Jdrale de Paris, ainsi que la plupart des basiliques m Jtropolitaines, est plac Jesous l=invocation de la beno Tte Vierge Marie ou Vierge-MPre. En France, le populaire appelle ces Jglises des Notre-Dame. En Sicile, elles portent un nom plusexpressif encore, celui de Matrices. Ce sont donc bien des temples d Jdi Js B laM Pre (lat. mater, matris), B la Matrone dans le sens primitif, mot qui, par corruption, est devenu la Madone (ital. ma donna), ma Dame, et, par extension,

 Notre-Dame.Franchissons la grille du porche, et commenHons l=Jtude de la faHade par legrand portail, dit porche central ou du Jugement.

[90]

Le pilier trumeau, qui partage en deux la baie d=entr  Je, offre une s Jrie derepr  Jsentations all Jgoriques des sciences m Jdi Jvales. Face au Parvis, -- et B la placed=honneur, -- l=alchimie y est figur  Je par une femme dont le front touche lesnues. Assise sur un tr ̂ ne, elle tient de la main gauche un sceptre, -- insigne desouverainet J, -- tandis que la droite supporte deux livres, l=un ferm J ( Jsot Jrisme),l=autre ouvert (exot Jrisme). Maintenue entre ses genoux et appuy Je contre sa

 poitrine se dresse l=Jchelle aux neuf degr  Js, -- scala philosophorum, -- hi Jroglyphe

de la patience que doivent poss Jder ses fidPles, au cours des neuf op Jrationssuccessives du labeur herm Jtique (pl. n). *La patience est l= eschelle des

Philosophes, nous dit Valois1, et l=humilit J est la porte de leur jardin; car quiconque pers Jv Jrera sans orgueil et sans envie, Dieu lui fera mis Jricorde.+Tel est le titre du chapitre philosophal de ce mutus Liber  qu=est le templegothique; le frontispice de cette Bible occulte aux massifs feuillets de pierre;

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l=empreinte, le sceau du Grand Oeuvre laVque au front du Grand Oeuvre chr  Jtien.Il ne pouvait Ltre mieux situ J qu=au seuil mLme de l=entr  Je principale.Ainsi, la cath Jdrale nous appara Tt bas Je sur la science alchimique, investigatricedes transformations de la substance originelle, de la Mati Pre  Jl Jmentaire (lat.

materea, racine mater , mP re). Car la Vierge-MPre, d J pouill Je de son voilesymbolique, n=est autre chose que la personnification de la substance primitivedont se servit, pour r  Jaliser ses desseins, le Principe cr  Jateur de tout ce qui est. Telest le sens, d=ailleurs fort lumineux, de cette  J p Ttre singuliPre qu=on lit B lamesse de l=Immacul Je-Conception de la Vierge, et dont voici le texte:

1 Èuvres de Nicolas Grosparmy et Nicolas Valois. Mss. biblioth. de l=Arsenal, no 2516 (166 S.A.F.), p. 176.

[91]

*Le Seigneur m=a poss Jd Je au commencement de ses voies. J=Jtais avant qu=il 

 form>t aucune cr  Jature. J=Jtais de toute Jternit J avant que la terre f f t cr  JJe. Lesab Tmes n=Jtaient pas encore, et d J jB j=Jtais conHue. Les fontaines n=Jtaient pasencore sorties de la terre; la pesante masse des montagnes n=Jtait pas encoreform Je; j=Jtais enfant Je avant les collines. Il n=avait cr  JJ ni la terre, ni les fleuves,ni affermi le monde sur ses p^les. Lorsqu=il pr  J parait les Cieux, j=Jtais pr  Jsente;lorsqu=il environnait les ab Tmes de leurs bornes et qu=il prescrivait une loiinviolable; lorsqu=il affermissait l=air au-dessus de la terre; lorsqu=il donnait

leur  Jquilibre aux eaux des fontaines; lorsqu=il renfermait la mer dans ses limiteset lorsqu=il imposait une loi aux eaux afin qu=elles ne passassent point leurs

 bornes; lorsqu=il posait les fondements de la terre,  j=Jtais avec lui et je r  Jglaistoutes choses.+Il s=agit visiblement ici de l=essence mLme des choses. Et, en effet, les Litaniesnous apprennent que la Vierge est le Vase qui contient l = Esprit des choses: Vas

 spirituale. *Sur une table, B hauteur de la poitrine des Mages, nous dit Etteilla1, Jtoient, d=un c^t J, un livre ou une suite de feuillets ou lames d=or (le livre deThot) et, de l=autre cot J, un vase plein d=une liqueur c Jleste-astrale, compos Je

d=un tiers de miel sauvage, d=une part d=eau terrestre et d=une part d=eauc Jleste... Le secret, le mystPre Jtoit donc dans le vase.+Cette Vierge singuliPre, -- Virgo singularis , comme la d Jsigne express Jmentl=Eglise, -- est, au surplus, glorifi Je sous des  J pithPtes qui d Jnotent assez sonorigine positive. Ne la nomme-t-on pas aussi le Palmier de la Patience ( Palma

 patientiae); le Lis entre les J pines2 (Lilium inter spinas); le Miel symbolique deSamson; la Toison de G Jd  Jon; la Rose mystique; la Porte du Ciel ;

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1 Etteilla, Le Denier du Pauvre, dans les Sept nuances de l =Oeuvre philosophique, s.l.n.d. (1786), p. 57.

2  C=est le titre de mss. alchimiques c JlP  bres d=Agricola et de Ticinensis. Cf. biblioth. de Rennes (159); deBordeaux (533); de Lyon (154); de Cambrai (919).

[92]

la Maison de l =Or , etc.? Les m Lmes textes appellent encore Marie le SiP ge de la

Sagesse, en d=autres termes le Sujet de la Science herm Jtique, de la sapienceuniverselle. Dans le symbolisme des m Jtaux plan Jtaires, c=est la Lune, qui reHoitles rayons du Soleil et les conserve secr Ptement dans son sein. C=est ladispensatrice de la substance passive, que l=esprit solaire vient animer. Marie,Vierge et MPre, repr  Jsente donc la forme; Elie, le Soleil, Dieu le PPre estl=emblPme de l=esprit vital. De l=union de ces deux principes r  Jsulte la matiPre

vivante, soumise aux vicissitudes des lois de mutation et de progression. C= estalors  J  J sus, l=esprit incarn J, le feu corporifi J dans les choses telles que nous lesconnaissons ici-bas:

ET LE VERBE S=EST FAIT CHAIR, ET IL A HABITI PARMI NOUS.

D=autre part, la Bible nous enseigne que Marie, mPre de J Jsus, Jtait de la tige de Jess J. Or, le mot h J breu Jes signifie le  feu, le  soleil , la divinit J. Etre de la tige deJess J, c=est donc Ltre de la face du soleil, du feu. Comme la matiPre tire son

origine du  feu solaire, ainsi que nous venons de le voir, le nom mLme de  J  J susnous appara Tt dans sa splendeur originelle et c Jleste: feu, soleil, Dieu.

Enfin, dans l= Ave Regina, la Vierge est appel Je proprement Racine (Salve, radix)

 pour marquer qu=elle est le principe et le commencement du Tout. *Salut, racine par laquelle la LumiPre a brill J sur le monde.+Telles sont les r  Jflexions sugg Jr  Jes par l=expressif bas-relief qui accueille levisiteur sous le porche de la basilique. La Philo-

[93]

sophie herm Jtique, la vieille Spagyrie lui souhaitent la bienvenue dans l=Jglisegothique, le temple alchimique pas excellence. Car la cath Jdrale tout entiPre n=estqu=une glorification muette, mais imag Je, de l= antique science d=HermPs dontelle a su, d=ailleurs, conserver l=un des anciens artisans. Notre-Dame de Paris,en effet, garde son alchimiste.

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Si, pouss J par la curiosit J, ou pour donner quelque agr  Jment B la fl>nerie d=un jour d=Jt J, vous gravissez l=escalier en h Jlice qui accPde aux parties hautes de l=Jdifice, parcourez lentement le chemin, creus J comme une rigole, au sommet dela seconde galerie. Arriv J pr Ps de l=axe m Jdian du majestueux J difice, B l=angle

rentrant de la tour septentrionale, vous apercevrez, au milieu du cortPge dechimPres, le saisissant relief d =un grand vieillard de pierre. C=est lui, c=estl=alchimiste de Notre-Dame (pl. III).

Coiff  J du bonnet phrygien, attribut de l=Adeptat1, n Jgligemment pos J sur lalongue chevelure aux boucles  J  paisses, le savant, serr  J dans la cape l JgPre dulaboratoire, s=appuie d=une main sur la balustrade, tandis qu=il caresse, del=autre, sa barbe abondante et soyeuse. Il ne m Jdite pas, il observe. L=oeil estfixe; le regard, d=une Jtrange acuit J. Tout, dans l=attitude du Philosophe, r  JvPleune extr Lme Jmotion. La courbure des J paules, la projection en avant de la tLte etdu buste trahissent, en effet, la plus forte surprise. En v Jrit J, cette main p Jtrifi Jes=anime. Est-ce illusion? On croirait la voir trembler...

Quelle splendide Figure que celle du vieux ma Ttre qui scrute, interroge, anxieux etattentif, l=Jvolution de la vie min Jrale,

1 Le bonnet phrygien, qui coiffait les sans-culottes et constituait une sorte de talisman protecteur, au milieu desh Jcatombes r  Jvolutionnaires,  Jtait le signe distinctif des Initi Js. Dans l=analyse qu=il fait d=un ouvrage deLombard (de Langres), intitul J:  Histoire des Jacobins, depuis 1789 jusqu=B ce jour, ou Etat de l = Europe en

novembre 1820 (Paris, 1820), le savant Pierre Dujols Jcrit qu=au grade d=Epopte (dans les Myst Pres d = Eleusis)*on demandait au r  Jcipiendaire s=il se sentait la force, la volont J et le d Jvouement requis pour mettre la main au

GRAND OEUVRE. Alors, on lui posait

[94]

 puis contemple enfin, J bloui, le prodige que sa foi seule lui laissait entrevoir!Et qu=elles sont pauvres, les statues modernes de nos savants, -- qu=elles soientcoul Jes dans le bronze ou taill Jes dans le marbre, -- aupr Ps de cette imagev Jn Jrable, d=un si puissant r  Jalisme en sa simplicit J!

II

Le stylobate de la faHade, qui se d Jveloppe et s=Jtend sous les trois porches, esttout entier consacr  J B notre science; et c=est un v Jritable r  Jgal pour le d Jchiffreur des  Jnigmes herm Jtiques que cet ensemble d=images aussi curieusesqu=instructives.

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C=est lB que nous allons trouver le nom lapidaire du sujet des Sages; lB que nousassisterons B l=Jlaboration du dissolvant secret; lB, enfin, que nous suivrons pas B

 pas le travail de l=Elixir, depuis sa calcination premiPre jusqu=B son ultimecoction.

Mais, afin de garder quelque m Jthode en cette Jtude, nous observerons toujoursl=ordre de succession des figures, en allant de l=ext Jrieur vers les vantaux du porche, comme le ferait un fidPle p Jn Jtrant dans le sanctuaire.Sur les faces lat Jrales des contreforts qui limitent le grand portail, nous trouverons,B hauteur de l=oeil, deux petits basreliefs encastr  J s chacun dans une ogive. Celuidu pilier gauche nous pr  Jsente l=alchimiste d Jcouvrant la Fontaine myst  Jrieuse quele Tr  Jvisan d Jcrit dans la Parabole finale de son livre sur la Philosophie naturelle

des M  Jtaux1,

un bonnet rouge sur la tLte, en prononHant cette formule: *Couvre-toi de ce bonnet, il vaut mieux que la couronne d=un roi.+ On Jtait loin de se doutes que cegenre de p Jtase, nomm J  lib Jria dans les Mithriaques, et qui d Jsignait autrefois lesesclaves affranchis, f f t un symbole maHonnique et la marque supr Lme del=Initiation. On ne sera donc plus Jtonn J de le voir figurer sur nos monnaies et nosmonuments publics.+

1 Cf. J. Mangin de Richebourg, BibliothPque des Philosophes Chimiques. Paris, 1741, t. II, trait J VII.

[95]

L=artiste a chemin J longtemps; il a err  J par les voies fausses et les cheminsdouteux; mais sa joie Jclate enfin! Le ruisseau d=eau vive coule B ses pieds; il

sourd, en bouillonnant, du vieux chLne creux1. Notre Adepte a frapp J le but. Aussi,d Jdaignant l=arc et les flPches avec lesquelles, B l=instar de Cadmus, iltransper Ha le dragon, il regarde ondoyer la source limpide dont la vertudissolvante et l= essence volatile lui sont attest Jes par un oiseau perch J sur l=arbre(pl. IV).Mais quelle est cette Fontaine occulte? De quelle nature est ce puissant dissolvant

capable de p Jn Jtrer tous les m Jtaux, -- l=or en particulier, -- et d=accomplir, avecl=aide du corps dissous, le grand ouvrage en entier? -- Ce sont lB des Jnigmes si

 profondes qu=elles ont rebut J un nombre consid Jrable de chercheurs; tous, ou presque, se sont bris J le front contre ce mur imp Jn Jtrable, Jlev J par les Philosophes pour servir d=enceinte B leur citadelle.

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La mythologie la nomme Lib Jthra2 et nous raconte que c=Jtait une fontaine deMagn J sie, laquelle avait, dans son voisinage, une autre source nomm J e la Roche.Toutes deux  sortaient d = une grosse roche dont la figure imitait le sein d=unefemme; de sorte que l=eau semblait couler de deux mamelles comme du lait . Or,

nous savons que les anciens auteurs appellent la matiPre de l=Oeuvre notreMagn J sie et que la liqueur extraite de cette magn Jsie est dite Lait de la Vierge. Il ya lB une indication. Quant B l=all Jgorie du m Jlange ou de la combinaison de cetteeau primitive issue du Chaos des Sages, avec une seconde eau de nature diff  Jrente(quoique de mLme genre), elle est assez claire et suffisamment expressive. Decette combinaison r  Jsulte une troisiPme eau qui ne mouille point les mains, et queles Philosophes ont appel Je tant^ t1 * Note ce chLne+, dit simplement Flamel au Livre des Figures hi Jroglyphiques.

2 Cf. NoNl, Dictionnaire de la Fable. Paris, Le Normant, 1801.

[96]

Mercure, tant^t Soufre, selon qu=ils envisageaient la qualit  J de cette eau ou sonaspect physique.Dans le trait J de l= Azoth1, attribu J au c JlP bre moine d=Erfurth, Basile Valentin, etqui serait plut^t l=oeuvre de Senior Zadith, on remarque une Figure sur boisrepr  Jsentant une nymphe ou sir Pne couronn Je, nageant sur la mer et faisant jaillir,de ses seins rebondis, deux jets de lait qui se m Jlangent avec les flots. Chez les

auteurs arabes, cette Fontaine porte le nom d= Holmat ; ils nous enseignent, de plus, que ses eaux donnPrent l=immortalit J au prophPte Elie (/8\@H, soleil). Ils placent la source fameuse dans le Modhallam, terme dont la racine signifie Mer obscure et t  Jn Jbreuse, ce qui marque bien la confusion Jl Jmentaire que les Sagesattribuent B leur Chaos ou matiPre premiPre.Une r  J plique peinte de la fable que nous venons de citer se trouvait dans la petite Jglise de Brixen (Tyrol). Ce curieux tableau, d Jcrit par Misson et signal J par 

Witkowski2, para Tt Ltre la version religieuse du mLme thPme chimique. *J Jsusfait couler dans un grand bassin le sang de son c^t J, ouvert par la lance de Longin;

la Vierge presse ses mamelles, et le lait qui en jaillit tombe dans le mL

me r  J

cipient.Le trop-plein s=Jcoule dans un second bassin et se perd au fond d=un gouffre deflammes, o j les >mes du Purgatoire, des deux sexes, en bustes nus, s=empressentB recevoir cette pr  Jcieuse liqueur qui les console et les rafra Tchit.+Au bas de cette vieille peinture, on lit une inscription en latin de sacristie:

 Dum fluit e Christi benedicto Vulnere sanguis,

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 Et dum Virgineum lac pia Virgo premit,

1  Azoth ou Moyen de faire l =Or cach J des Philosophes, par Fr Pre Basile Valentin. Paris, Pierre MoNt, 1659, p. 51.

2 G. J. Witkowski, L= Art profane B l = Eglise. Etranger, p. 63.

[97]

 Lac fuit et sanguis, sanguis conjungitur et lac,

 Et sit Fons Vitae, Fons et Origo boni1.

Parmi les descriptions qui accompagnent les Figures symboliques d = Abraham le

 Juif , dont le livre, dit-on, appartint B Nicolas Flamel2, et que cet Adepte tenaitexpos Jes dans sa boutique d=Jcrivain, nous en relP verons deux qui ont trait B la

 Fontaine myst  Jrieuse et B ses composants. Voici les textes originaux de ces deuxl Jgendes explicatives:*TroisiPme figure. -- Est d J peint et repr  Jsent J un jardin clos de hayes, o j y a

 plusieurs quarreaux. Au milieu, y a un vieil creux de chesne, au pied duquel, Bcost J, y a un rosier B  feuilles d =or et de roses blanches et rouges, qui entoure leditchesne jusqu=au haut, proche de ses branches. Et au pied dudit creux de chesne

bouillonne une fontaine clere comme argent, qui se va perdant en terre; et parmy plusieurs qui la cherchent, estoient quatre aveugles qui la houent et quatre autresqui la cherchent sans fouiller, estant ladite fontaine devant eux, et ne peuvent la

trouver, except J

un qui la pP

se en sa main.+

C=est ce dernier personnage qui forme le sujet du motif sculpt J de Notre-Dame deParis. La pr  J paration du dissolvant en question est relat Je dans l=explication quiaccompagne l=image suivante:*QuatriPme figure. -- Est d J peint un champ, auquel y a un roy couronn J , habill  J de

rouge B la Juifve, tenant une esp Je nue; deux soldats qui tuent des enfans de deux

mPres, qui sont assises B terre, pleurans leurs enfans; et deux autres soldats qui jettent le sang dans une grande cuve pleine dudit sang, o j  le soleil et la lune,descendans du ciel ou des nues, se viennent baigner . Et sont

1 *Tandis que le sang s=Jcoule de la blessure b Jnie du Christ, et que la Vierge sainte presse son sein virginal, le laitet le sang jaillissent et se m Jlangent, et deviennent la Fontaine de Vie et la Source du Bien.+

2  Recueil de Sept Figures peintes. Bibl. de l=Arsenal, no 3047 (153 S.A.F.).

[98]

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six soldats armez d=armure blanche, et le roy fait le septiesme, et  sept innocens

morts, et deux mPres, l=une vestue de bleu, qui pleure, s=essuiant la face d=unmouchoir, et l=autre, qui pleure aussi, vestue de rouge.+Signalons encore une figure du livre de Trismosin1, qui est, B tr Ps peu pr Ps,

semblable B la troisiPme d=Abraham. On y voit un chLne dont le pied, ceintd=une couronne d=or, donne naissance au ruisseau occulte qui s=Jcoule dans lacampagne. Dans les frondaisons de l=arbre, des oiseaux blancs s=J battent, Bl=exception d=un corbeau, qui semble endormi, et qu=un homme, pauvrementhabill J, dress J sur une Jchelle, s=appr L te B saisir. Au premier plan de cette scP nerustique, deux sophistes, vLtus avec recherche d=Jtoffes somptueuses, discutent etargumentent sur ce point de science, sans remarquer le chLne plac J derriPre eux, nivoir la Fontaine qui coule B leurs pieds...Disons enfin que la tradition  Jsot Jrique de la   Fontaine de Vie ou  Fontaine de

 Jouvence se retrouve mat Jrialis Je dans les  Puits sacr  J s que poss Jdaient, au moyen>ge, la plupart des  Jglises gothiques. L =eau qu=on y puisait passait le plussouvent pour avoir des vertus curatives, et on l=employait dans le traitement decertaines maladies. Abbon, dans son poP me sur le siPge de Paris par les

 Normands, rapporte plusieurs traits qui attestent les propri Jt Js merveilleuses del=eau du puits de Saint-Germain-des-Pr  Js, lequel Jtait for  J au fond du sanctuaire dela c JlP bre abbatiale. De mLme, l=eau du puits de Saint-Marcel, B Paris, creus Jdans l=Jglise, pr Ps de la pierre tombale du v Jn Jrable JvLque, se r  Jv Jlait, d=apr PsGr  Jgoire de Tours, comme un puissant sp Jcifique de plusieurs affections. Il existeencore aujour-

1 Cf. Trismosin, La Toyson d =Or . Paris, Ch. Sevestre, 1612, p. 52.

[99]

d=hui, B l=int Jrieur de la basilique ogivale Notre-Dame de L J pine (Marne), un puits miraculeux, dit Puits de la Sainte-Vierge, et, au milieu du choeur de Notre-Dame de Limoux (Aude), un puits analogue dont l=eau gu Jrit, dit-on, toutes lesmaladies; il porte cette inscription:

Omnis qui bibit hanc aquam, si fidem addit, salvus erit.Quieonque boit cette eau, s=il y joint la foi, sera bien portant.

 Nous aurons bient^t l=occasion de revenir sur cette eau pontique, B laquelle lesPhilosophes ont donn J une foule d=J pithPtes plus ou moins suggestives.

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En face du motif sculpt J traduisant les propri Jt Js et la nature de l=agent secret,nous allons assister, sur le contrefort oppos J, B la cuisson du compost philosophal.L=artiste, cette fois, veille sur le produit de son labeur. RevLtu de l=armure, les

 jambes bard Jes de gr Pves et l=Jcu au bras, notre chevalier est camp J sur la terrasse

d=une forteresse, si nous en jugeons par les cr  Jneaux qui l=entourent. Dans unmouvement d Jfensif, il menace du javelot une forme impr  Jcise (quelque rayon? unegerbe de flammes?), qu=il est malheureusement impossible d=identifier, tant lerelief en est mutil J. DerriPre le combattant, un petit  Jdifice bizarre, form J d=unsoubassement cintr  J, cr  Jnel J et port J sur quatre piliers, est recouvert d=un d^mesegment J  B clef sph Jrique. Sous la vof te inf  Jrieure, une masse acul Jiforme etflamm Je vient en pr  Jciser la destination. Ce curieux donjon, burg en miniature,c=est l=instrument du Grand Oeuvre, l=Athanor, l=occulte four aux deuxflammes, -- potentielle et virtuelle, --

[100]

que tous les disciples connaissent et que nombre de descriptions, de gravures ontcontribu J B vulgariser (pl. v).Imm Jdiatement au-dessus de ces figures sont reproduits deux sujets qui en

 paraissent former le compl Jment. Mais, comme l=Jsot Jrisme se cache ici sous desdehors sacr  Js et des scPnes bibliques, nous Jviterons d=en parler, afin de ne pointencourir le reproche d=une interpr  Jtation arbitraire. De grands savants, parmi lesma Ttres anciens, n=ont pas craint d=expliquer alchimiquement les paraboles des

saintes Ecritures, tant le sens en est susceptible de versions diverses. LaPhilosophie herm Jtique invoque fr  Jquemment le t Jmoignage de la GenPse pour servir d=analogie au premier travail de l=Oeuvre; quantit J d=all Jgories du vieuxet du nouveau Testament prennent un relief impr  Jvu au contact alchimique. De tels

 pr  Jc Jdents devraient B la fois et nous encourager et nous servir d=excuse; nous pr  Jf  Jrons cependant nous en tenir exclusivement aux motifs dont le caract Pre profane est indiscutable, laissant aux investigateurs b Jn Jvoles la facult J d=exercer leur sagacit J sur les autres.

III

Les sujets herm Jtiques du stylobate se d Jveloppent sur deux rangs superpos Js, Bdroite et B gauche du porche. Le rang inf  Jrieur comporte douze m Jdaillons, et lerang sup Jrieur douze figures. Ces derniPres repr  Jsentent des personnages assis sur des socles orn Js de cannelures B profil tant^t concave, tant^t angulaire, et plac Jsdans les entre-colonnements d=arcades trilob Jes.

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[101]

Tous pr  Jsentent des disques garnis d=emblPmes vari Js ayant trait au labeur 

alchimique.Si nous commenHons par le rang sup Jrieur, c^t J gauche, le premier bas-relief nous montrera l=image du corbeau, symbole de la couleur noire. La femme qui letient sus ses genoux symbolise la Putr  J faction (pl. VI).Qu=il nous soit permis de nous arr Lter un instant sur l=hi Jroglyphe du Corbeau,

 parce qu=il cache un point important de notre science. Il exprime, en effet, dans lacuisson du  Rebis philosophal, la couleur noire, premi Pre apparence de lad Jcomposition cons J cutive B la mixtion parfaite des matiPres de l=Oeuf. C=est,au dire des Philosophes, la marque certaine du succPs futur, le signe Jvident del=exacte pr  J paration du compost. Le Corbeau est, en quelque sorte, le sceau

canonique de l=Oeuvre, comme l=Jtoile est la signature du sujet initial.Mais cette noirceur que l=artiste espPre, qu=il attend avec anxi Jt J, dontl=apparition vient combler ses voeux et le remplir de joie, ne se manifeste passeulement au cours de la coction. L=oiseau noir para Tt B diverses reprises, etcette fr  Jquence permet aux auteurs de jeter la confusion dans l=ordre desop Jrations.

Selon Le Breton1, *il y a quatre putr  J factions dans l=Oeuvre philosophique. La premiPre, dans la premiPre s J paration; la seconde, dans la premiPre conjonction; latroisiPme, dans la seconde conjonction, qui se fait de l=eau pesante avec son sel;

la quatriPme, enfin, dans la fixation du soulphre. Dans chacune de ces putr  Jfactions, la noirceur arrive.+ Nos vieux ma Ttres ont donc eu beau jeu pour couvris l=arcane d=un voile J pais,en m Jlangeant les qualit Js sp Jcifiques des 1 Le Breton, Clefs de la Philosophie Spagyrique. Paris, Jombert, 1722, p. 282.

[102]

diverses substances, au cours des quatre op Jrations qui manifestent la couleur noire. Aussi devient-il tr Ps laborieux de les s J parer et de distinguer nettement cequi appartient B chacun d=elles.Voici quelques citations qui pourront  Jclairer l=investigateur et lui permettre dereconna Ttre sa route dans ce t Jn J breux labyrinthe.

*Dans la seconde op Jration,  Jcrit le Chevalier Inconnu1, le prudent artiste fixel=>me g Jn Jrale du monde dans l=or commun et rend pure l=>me terrestre et

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immobile. Dans cette dite op Jration, la putr  Jfaction, qu=ils appellent la T Lte du

Corbeau, est tr Ps longue. Celle-ci est suivie d=une troisiPme multiplication enadjoutant la matiP re philosophique ou l=>me g Jn Jrale du monde.+Il y a lB, clairement indiqu Je, deux op Jrations successives, dont la premiPre se

termine et la seconde commence apr Ps l=apparition de la coloration noire, ce quin=est pas le cas de la coction.

Un pr  Jcieux manuscrit anonyme du XVIIIe siPcle2 parle ainsi de cette putr  J faction premiPre, qu=il ne faut pas confondre avec les autres: *Si la matiPre n=est pascorrompue et mortifi J, dit cet ouvrage, vous ne pourrez pas extraire nos Jl Jmens etnos principes; et pouf vous aider en cette difficult J, je vous donnerai des signes

 pour la connoistre. Quelques Philosophes l=ont aussi marqu J. Morien dit: il fautqu=on y remarque quelque acidit  J et qu=elle ait quelque odeur de s J pulcre.PhilalPthe, dit qu=il faut qu=elle paroisse comme des  yeux de poisson, c=est-B-dire des petites bouteilles sur la superficie, et qu=il paroisse qu=elle Jcume; car c=est une marque que la mati Pre se fermente et qu=elle bout. Cette fermentationest fort longue et il faut avoir une grande

1  La Nature B d  Jcouvert , par le Chevalier Inconnu. Aix, 1669.

2  La Clef du Cabinet herm Jtique. Mss. du xviiie siPcle. Anon., s. 1. n. d.

[103]

 patience, parce qu=elle se fait par notre feu secret , qui est le seul agent qui puisseouvrir, sublimer et putr  Jfier.+Mais, de toutes ces descriptions, celles qui se rapportent au Corbeau (ou couleur noire) de la coction sont de beaucoup les plus nombreuses et les plus fouill Jes,

 parce qu =elles englobent tous les caractPres des autres op Jrations.

Bernard Tr  Jvisan1 s=exprime de cette maniPre:* Notez donc que, quand nostre compost. commence B estre abreuv J de nostre eau

 permanente, lors est tout le compost tourn J en maniPre de poix fondue, et est toutnoircy comme charbon. Et en cet endroit est appel J nostre compost: la poix noire,le sel brusl  J, le plomb fondu, le laton non net , la Magn J sie et le Merle de Jean. Car lors est veuN une nu Je noire, volant par la moyenne r  Jgion du vaisseau, en belle etsouNfve maniPre, estre eslev Je au-dessus du vaisseau; et au fonds d=iceluy est lamatiPre fondue en maniPre de poix, et demeure totalement dissoulte. De laquellenuN parle Jaques du bourg S. Saturnin, disant: O benoiste nuN qui t=envoles par 

nostre vaisseau! LB est l=Jclipse du soleil, dont parle Raymond 2. Et quand cestemasse est ainsy noircie, adonc elle est dicte morte et priv Je de sa forme... Lors est

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manifest Je l=humidit J en couleur d=argent vif noir et puant, lequel estoit premiPrement sec, blanc, bien odorant, ardent, d J pur  J de soulphre pas la premiPreop Jration, et maintenant B d J purer par ceste seconde op Jration. Et pour ce, est priv Jce corps de son >me, qu=il a perdue, et de sa resplendeur et merveilleuse lucidit J

qu=il avoit premiPrement, et maintenant est noir et enlaidy... Ceste masse ainsynoire ou noircie est la clef 3, le commencement et le signe de la parfaicte inventionde la maniPre

1 Bernard Tr  Jvisan, La Parole d  Jlaiss Je. Paris, Jean Sara, 1618, p. 39.

2 L=auteur, sous ce seul pr  Jnom, entend parler de Raymond Lulle (Doctor Illuminatus).

3  On donne le nom de Clef   B toute dissolution alchimique radicale (c=est-B-dire irr  Jductible), et l=on  Jtend parfois ce terme aux menstrues ou dissolvants capables de l=effectuer.

[104]d=oeuvrer du second r  Jgime de notre pierre pr  Jcieuse. Pourquoi, dict HermPs, veutla noirceur, croyez que vous avez est pat une bonne sente et tenu bon chemin.+Batsdorff, auteur pr  Jsum J d=un ouvrage classique1, que d=autres attribuent BGaston de Claves, enseigne que la putr  Jfaction se d Jclare quand la noirceur appara Tt, et que c=est lB le signe d=un travail r  Jgulier et conforme B la nature. Ilajoute: *Les Philosophes lui ont donn J divers noms et l=ont appel Je Occident,

T  JnPbres, Eclypse, LP pre, Teste de Corbeau, Mort, Mortification du Mercure... Il

appert donc que par cette putr  Jfaction on fait la s J paration du pur et de l=impur.Or, les signes d=une bonne et vraye putr  Jfaction sont une noirceur tr Ps noire outr Ps profonde, une odeur puante, mauvaise et infecte, dite des Philosophes toxicum

et venenum, laquelle odeur  n=est pus sensible  B l=odorat, mais seulement Bl=entendement.+Arr Ltons ici ces citations, que nous pourrions multiplier sans autre profit pour l=Jtudiant, et revenons aux figures herm J tiques de Notre-Dame.Le second bas-relief nous offre l=effigie du Mercure philosophique: un serpentenroul J sur la verge d=or. Abraham le Juif, connu aussi sous le nom d=El Jazar, enfit usage dans le livre qui Jchut B Flamel, -- ce qui n=a rien de surprenant, car 

nous rencontrons ce symbole durant toute la p Jriode m Jdi Jvale (pl. vii).Le serpent indique la nature incisive et dissolvante du Mercure, qui absorbeavidement le soufre m J tallique et le retient si fort que la coh Jsion n=en peut Ltreult Jrieurement vaincue. C=est lB ce *ver empoisonn J qui infecte tout par son

venin+, dont parle l= Ancienne Guerre des Chevaliers2. Ce reptile est le type duMercure

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1 Le Filet d = Ariadne. Paris, d=Houry, 1965, p. 99.

2  Augment Je d=un commentaire par Limojon de Saint-Didier, dans le Triomphe herm Jtique ou la  Pierre

 philosophale victorieuse . Amsterdam, Weitsten, 1699, et Desbordes, 1710.Cet ouvrage rare a Jt J r  JJdit J par  Atlantis ; le frontispice symbolique et son explication y compris, qui manquentsouvent aux exemplaires anciens.

[105]dans son premier  Jtat , et la verge d=or, le soufre corporel qui lui est ajout J. Ladissolution du soufre ou, en d=autres termes, son absorption par le mercure, afourni le pr  Jtexte d=emblPmes tr Ps divers; mais le corps r  Jsultant, homogPne et

 parfaitement pr  J par  J, conserve le nom de Mercure philosophique et l=image ducaduc Je. C=est la matiPre ou le compos J du premier ordre, l=Éuf vitriol  J quin=exige plus qu=une cuisson gradu Je pour se transformer d=abord en  soufre

rouge, ensuite en  Elixir , puis, au troisiPme p Jriode, en M  Jdecine Universelle.*Dans notre Èuvre, affirment les Philosophes, le Mercure seul suffit.+Une femme, aux longs cheveux mouvants comme des flammes, vient ensuite.Personnifiant la Calcination, elle presse sur sa poitrine le disque de la Salamandre*qui vit dans le feu et se nourrit du feu+ (pl. VIII). Ce l Jzard fabuleux ne d Jsigne

 pas autre chose que le sel central , incombustible et fixe, qui garde sa nature jusquedans les cendres des m Jtaux calcin Js, et que les Anciens ont nomm J  Semence

m Jtallique. Dans la violence de l=action ign Je, les portions adustibles du corps sed Jtruisent; seules les parties pures, inalt Jrables, r  Jsistent et, quoique tr Ps fixes,

 peuvent s=extraire par lixiviation.Telle est, du moins, l=expression  spagyrique de la calcination, similitude dontusent les Auteurs pour servir d=exemple B l=id Je g Jn Jrale que l=on doit avoir dutravail herm Jtique. Cependant, nos ma Ttres dans l=Art ont soin d=attirer l=attention du lecteur sur la diff  Jrence fondamentale existant entre la calcinationvulgaire, telle qu=on la r  Jalise dans les laboratoires chimiques, et celle quel=Initi J opPre dans le cabinet des philosophes. Celle-ci ne se fait par aucun feuvulgaire, ne n Jcessite point le secours du r  JverbPre,

[106]

mais demande l=aide d=un agent occulte, d=un  feu secret , lequel, pour donner un aper Hu de sa forme, ressemble plus B une eau qu=B une flamme. Ce  feu, oucette eau ardente, est l=Jtincelle vitale communiqu Je par le Cr  Jateur B la matiPreinerte; c=est l=esprit enclos dans les choses, le rayon ign J, imp Jrissable, enferm Jau fond de l=obscure substance, informe et frigide. Nous touchons ici au plus hautsecret de l=Èuvre; et nous serions heureux de trancher ce nÉud gordien en faveur 

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des aspirants B notre Science, -- nous souvenant, h Jlas. que nous f f mes arr Lt J nous-mLme par cette difficult J pendant plus de vingt ans, -- s=il nous Jtait permis de

 profaner un mystPre dont la r  Jv Jlation d J pend du  P Pre des LumiPres. A notregrand regret, nous ne pouvons faire plus que signaler l=Jcueil et conseiller, avec

les plus Jminents philosophes, la lecture attentive d =Artephius1, de Pontanus2 etdu petit ouvrage intitul J:   Epistola de Igne Philosophorum3. On y trouvera de

 pr  Jcieuses indications sur la nature et les caract Jristiques de ce feu aqueux ou decette eau ign Je, enseignements que l=on pourra compl Jter par les deux textessuivants.L=auteur anonyme des Pr  Jceptes du PPre Abraham dit: *Il faut tirer cette eau

 primitive et c Jleste du corps o j elle est, et qui s=exprime par sept lettres selonnous, signifiant la semence premiPre de tous les Ltres, et non sp J cifi Je nid Jtermin Je dans la maison d=AriPs pour engendrer son fils. C=est B cette eau que

les Philosophes ont donn J tant de noms, et c=est le dissolvant universel, la vie et lasant J de toute chose. Les Philosophes disent que c=est dans cette eau que le soleilet la lune se baignent, et qu=ils se r  Jsolvent d=eux-mLmes en eau, leur premiPreorigine. C=est par cette r  Jsolution qu=il est dit qu=ils meurent, mais leurs

1  Le Secret Livre d = Artephius, dans Trois Traitez de la Philosophie naturelle. Paris, 1612.2 Pontanus, De Lapide Philosophico. Francofurti, 1614.

3 Manuscrit de la BibliothPque nationale, 19969.

[107]

esprits sont port Js sur les eaux de cette mer o j ils estoient ensevelis... Quoy qu=ondise, mon fils, qu=il y a d=autres maniPres de r  Jsoudre ces corps en leur premiPrematiPre, tiens-toy B celle que je te d Jclare, parce que je l=ay connuN par l=exp Jrience et selon que nos Anciens nous l=ont transmis.+Limojon de Saint-Didier  Jcrit de m Lme: * ... Le  feu secret des Sages est un feuque l=artiste pr  J pare selon l=Art, ou du moins qu=il peut faire pr  J parer par ceuxqui ont une parfaite connoissance de la chimie. Ce feu n=est pas actuellementchaud, mais il est un esprit ign J introduit dans un sujet d=une mLme nature que laPierre; et, Jtant m Jdiocrement excit J par le feu ext Jrieur, la calcine, la dissout, lasublime et la r  J soud en eau seiche, ainsi que le dit le Cosmopolite.+D=ailleurs, nous d Jcouvrirons bient^t d=autres figures se rapportant soit B lafabrication, soit aux qualit Js de ce feu secret enclos dans une eau, qui constitue ledissolvant universel. Or, la matiPre qui sert B le pr  J parer fait pr  Jcis Jment l=objetdu quatriPme motif: un homme expose l=image du B Jlier et tient, de la dextre, un

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objet qu=il est malheureusement impossible de d Jterminer aujourd=hui (pl. IX).Est-ce un min Jral, un fragment d=attribut, un ustensile ou encore quelque morceaud=Jtoffe? Nous ne savons. Le temps et le vandalisme ont pass J par lB. Toutefois,le  B Jlier  demeure, et l=homme, hi Jroglyphe du principe m Jtallique m>le, en

 pr  Jsente la figure. Cela nous aide B comprendre ces paroles de Pernety: *LesAdeptes disent qu=ils tirent leur acier du ventre d= AriP s, et ils appellent aussi cetacier leur aimant .+L= Evolution succPde et montre l=oriflamme aux trois pennons, triplicit J desCouleurs de l =Èuvre, que l=on trouve d Jcrites dans tous les ouvrages classiques(pl. X).

[108]

Ces couleurs, au nombre de trois, se d Jveloppent selon l=ordre invariable qui va

du noir au rouge en passant par le blanc. Mais, comme la nature, d= apr Ps le vieiladage, --  Natura non facit saltus, -- ne fait rien brutalement, il y en a beaucoupd=autres interm Jdiaires qui apparaissent entre ces trois principales. L=artiste entient peu de cas parce qu=elles sont superficielles et passagPres. Ellesn=apportent qu=un t Jmoignage de continuit J et de progression des mutationsinternes. Quant aux couleurs essentielles, elles durent plus longtemps que cesnuances transitoires et affectent profond Jment la matiPre mLme, en marquant unchangement d=Jtat dans sa constitution chimique. Ce ne sont point lB des teintesfugitives, plus ou moins brillantes, qui jouent B la surface du bain, mais bien des

colorations dans la masse qui se traduisent au dehors et r  Jsorbent toutes les autres.Il Jtait bon, croyons-nous, de pr  Jciser ce point important.Ces phases color  Jes, sp Jcifiques de la coction dans la pratique du Grand Èuvre, onttoujours servi de prototype symbolique; on attribua B chacune d=elles unesignification pr  Jcise, et souvent assez  Jtendue, pour exprimer sous leur voilecertaines v Jrit Js concr Ptes. C=est ainsi qu=il exista, de tous temps, une langue

des couleurs, intimement unie B la religion, ainsi que le dit Portal1, et quirepara Tt, au moyen >ge, dans les vitraux des cath Jdrales gothiques.La couleur noire fut donn Je B Saturne qui devint, en spagyrie, l=hi Jroglyphe du

 plomb, en astrologie une planPte mal Jfique, en herm Jtique le dragon noir ou Plombdes Philosophes, en magie la Poule noire, etc. Dans les temples d=Egypte, lorsquele r  Jcipiendaire Jtait sur le point de passer les J preuves initiatiques, un

1  Fr  Jd  Jric Portal, Des Couleurs Symboliques. Paris, Treuttel et Whrtz, 1857, p. 2.

[109]

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 pr Ltre s=approchait de lui et lui glissait B l=oreille cette phrase myst Jrieuse:*Souviens-toi qu=Osiris est un dieu noir !+ C=est la couleur symbolique desT JnP bres et des Ombres cimm Jriennes, celle de Satan, B qui l=on offrait des roses

noires, et aussi celle du Chaos primitif, o j les semences de toutes choses sontconfuses et m Jlang Jes; c=est le  sable de la science h Jraldique et l=emblPme del=Jl Jment terre, de la nuit et de la mort .De mLme que le jour, dans la GenP se, succPde B la nuit, la lumiPre succPde Bl=obscurit J. Elle a pour signature la couleur  blanche. Parvenue B ce degr  J, lesSages assurent que leur matiPre est d Jgag Je de toute impuret J, parfaitement lav Je ettr Ps exactement purifi Je. Elle se pr  Jsente alors sous l=aspect de granulationssolides ou de corpuscules brillants, B reflets adamantins et d =une blancheur  Jclatante. Aussi, a-t-on appliqu J le blanc B la puret J, B la simplicit J, Bl=innocence. La couleur blanche est celle des Initi Js, parce que l=homme qui

abandonne les t JnP bres pour suivre la lumiPre passe de l=Jtat profane B celuid= Initi J, de  pur . Il est, spirituellement, r  Jnov J. *Ce terme de  Blanc, dit PierreDujols, avait Jt J choisi pour des raisons philosophiques tr Ps profondes. La couleur 

 blanche, -- la plupart des langues l=attestent, -- a toujours d Jsign J la noblesse, lacandeur , la  puret  J. Suivant le c JlP bre  Dictionnaire-Manuel h Jbreu et chald  Jen deGesenius, hur , heur , signifie Ltre blanc; hurim, heurim, d Jsigne les nobles, lesblancs, les purs. Cette transcription de l=h J breu plus ou moins variable (hur, heur,

hurim, heurim) nous conduit au mot heureux. Les bienheureux, -- ceux qui ont Jt Jr  Jg Jn Jr  Js et lav Js par le sang de l=Agneau, -- sont toujours repr  Jsent Js avec des

robes blanches. Nul n=ignore que bienheureux est encore l=Jquivalent, le syno-

[110]

nyme d= Initi J, de noble, de  pur . Or, les  Initi J s  Jtaient en blanc. Les nobless=habillaient de mLme. En Egypte, les M >nes  Jtaient aussi vLtus de blanc.Phtah, le  R J g  Jn Jrateur ,  Jtait de mLme gain J de blanc, pour indiquer la nouvellenaissance des Purs ou des Blancs. Les Cathares, secte B laquelle appartenaient les

 Blancs de Florence, Jtaient les Purs (du grec 5"2"D`H). En latin, en allemand, en

anglais, les mots Weiss, White, veulent dire blanc, heureux; spirituel, sage. Par contre, en h J breu, schher caract Jrise une couleur noire de transition, c=est-B-direle profane cherchant l =initiation. L=Osiris noir, qui para Tt au commencement duRituel fun Jraire, dit Portal, repr  Jsente cet Jtat de l=>me qui passe de la nuit au

 jour , de la mort  B la vie.+Quant au rouge, symbole du feu, il marque l=exaltation, la pr  Jdominance del=esprit sut la matiPre, la souverainet J, la puissance et l=apostolat. Obtenue sous

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forme de cristal ou poudre rouge, volatile et fusible, la pierre philosophale devient p Jn Jtrante et idoine B  gu Jrir les l  J preux, c=est-B-dire B transmuer en or les m Jtauxvulgaires que leur oxydabilit J rend inf  Jrieurs, imparfaits, *malades ou infirmes+.Paracelse, au Livre des Images, parle ainsi des colorations successives de l=Èuvre:

*Quoiqu=il y ait, dit-il, quelques couleurs  Jl Jmentaires, -- car la couleur azur  Jeappartient plus particuliPrement B la terre, la verte B l= eau, la jaune B l=air, larouge au feu, -- cependant, les couleurs blanche et noire se rapportent directementB l=art spagyrique, dans lequel on trouve aussi les quatre couleurs primitives,sHavoir le noir , le blanc, le jaune et le rouge. Or, le noir est la racine et l =origine

des autres couleurs; car toute matiPre noire peut Ltre r  Jverb Jr  Je pendant le tems quilui

[111]

est n Jcessaire, de maniPre que les trois autres couleurs paro Ttront successivementet chacune B son tour. La couleur blanche succPde B la noire, la jaune B la

 blanche et la rouge B la jaune. Or, toute matiPre parvenue B la quatriPme couleur au moyen de la r  Jverb Jration est la teinture des choses de son genre, c=est-B-direde sa nature.+Pour donner quelque id Je de l=extension que prit la symbolique des couleurs, -- etsp Jcialement des trois majeures de l=Èuvre, -- notons que la Vierge est toujoursrepr  Jsent Je drap Je de bleu (correspondant au noir , ainsi que nous le disons par lasuite), Dieu de blanc et le Christ de rouge. Ce sont lB les couleurs nationales du

drapeau franHais, lequel, d=ailleurs, fut compos J par le maHon Jcribouille LouisDavid. Dans celui-ci, le bleu fonc J ou le noir  repr  Jsente la bourgeoisie; le blanc estr  Jserv J au peuple, aux  pierrots ou paysans, et le rouge B la baillie ou royaut J. EnChald Je, les Ziguras, qui furent ordinairement des tours B trois  Jtages, et B lacat Jgorie desquelles appartenait la fameuse Tour de babel , sont revLtues de troiscouleurs: noire, blanche et rouge-pourpre.

 Nous avons jusqu=ici parl J des couleurs en th Joricien, et, comme les Ma Ttresl=ont fait avant nous, afin d=ob Jir B la doctrine philosophique et B l=expressiontraditionnelle. Peut-Ltre conviendrait-il maintenant d=Jcrire, en faveur des Fils deScience, plut^t en praticien qu=en sp Jculatif, et de d Jcouvrir ainsi ce quidiff  Jrencie la similitude de la r  Jalit J.Peu de Philosophes ont os J s=aventurer sur ce terrain glissant. Etteilla1, en nous

signalant un tableau herm Jtique2 qu=il aurait eu en sa possession, nous a conserv Jquelques l Jgendes plac Jes

1 Cf. le Denier du Pauvre ou la Perfection des m Jtaux. Paris (vers 1785), p. 58.

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2 Ce tableau aurait Jt J peint vers le milieu du XIIe siPcle.

[112]

au-dessous; parmi celles-ci, on lit, non sans surprise, ce conseil digne d=Ltre suivi: Ne vous en rapportez pas trop B la couleur . -- Qu=est-ce B dire. Les vieuxauteurs, de propos d Jlib Jr  J, auraient ils tromp J leurs lecteurs? Et quelle indicationles disciples d=HermPs devraient-ils substituer aux couleurs d Jfaillantes pour reconna Ttre et suivre la voie droite?Cherchez, fr Pres, sans vous rebuter, car ici comme en d=autres points obscurs ilvous faut faire un gros effort. Vous n=Ltes pas sans avoir lu, en plusieurs endroitsde vos ouvrages, que les Philosophes ne parlent clairement que lorsqu=ils veulent Jcarter les profanes de leur Table ronde. Les descriptions qu=ils donnent de leursr  J gimes, auxquels ils attribuent des colorations embl Jmatiques, sont d=unelimpidit J parfaite. Or, vous en devez conclure que ces observations si bien d Jcritessont fausses et chim Jriques. Vos livres sont ferm Js, comme celui de l=Apocalypse,

 par des sceaux cabalistiques. Il vous faut les briser un B un. La t>che est rude,nous le reconnaissons, mais B vaincre sans p Jril on triomphe sans gloire.Apprenez donc, non en quoi une couleur diff Pre d=une autre, mais plut^t en quoiun r  J gime se distingue du suivant. Et d=abord, qu=est-ce qu=un r  J gime? -- Toutsimplement la maniPre de faire v J g  Jter , d=entretenir et d=accro Ttre la vie quevotre pierre a reHue dPs sa naissance. C=est donc un modus operandi, lequel nese traduit pas, forc Jment, par une succession de couleurs diverses. *Celui qui

conno Ttra le  R J gime, Jcrit PhilalPthe, sera honor  J des princes et des grands de laterre.+ Et le mLme auteur ajoute: * Nous ne vous cachons rien que le  R J gime.+Or, pour ne point attirer sur notre tLte la mal Jdiction des Philosophes, en r  Jv Jlant

[113]

ce qu=ils ont cru devoir laisser dans l=ombre, nous nous contenterons d=avertir que le R J gime de la pierre, c=est-B -dire sa coction, en contient plusieurs autres,

entendez plusieurs r  J p Jtitions d=une mLme maniPre d=op Jrer. R  Jfl Jchissez, ayezrecours B l=analogie et, surtout, ne vous Jcartez jamais de la simplicit J naturelle.Pensez qu=il vous faut manger tous les jours, afin d=entretenir  votre vitalit  J; quele repos vous est indispensable parce qu=il favorise, d=une part, la digestion etl=assimilation de l=aliment, et, d=autre part, le renouvellement des cellules us Jes

  par le labeur quotidien. Bien plus, ne devez-vous pas expulser fr  Jquemmentcertains produits h Jt JrogP nes, d Jchets ou r  Jsidus non assimilables?

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De mLme, votre pierre a besoin de nourriture pour augmenter sa puissance, et cettenourriture doit Ltre gradu Je, voire chang Je B certain moment. Donnez d=abord dulait; le r  Jgime carn J, plus substantiel, viendra ensuite. Et n=omettez pas, apr Pschaque digestion, de s J  parer les excr  Jments, car votre pierre pourrait en Ltre

infect Je... Suivez donc la nature et lui ob Jissez le plus fidPlement qu=il vous sera possible. Et vous comprendrez de quelle faHon il convient d=effectuer la coctionlorsque vous aurez acquis la parfaite connaissance du R  Jgime. Ainsi, vous saisirez

mieux l=apostrophe que Tollius1 adresse aux souffleurs, esclaves de la lettre:*Allez, et vous retirez pr  Jsentement, vous qui cherchez avec une applicationextr Lme vos diverses couleurs dans vos vaisseaux de verre. Vous qui me fatiguezles oreilles avec votre noir corbeau, vous Ltes aussi fous que cet homme del=antiquit J qui avoit coutume d=applaudir au th J>tre, quoyqu=il y fust seul,

 parce qu=il s=imaginoit toujours avoir devant les yeux

1  J. Tollius,  Le Chemin du Ciel Chymique. Trad. du Manuductio ad C F lum Chemicum. AmstelFdami, Janss.Waesbergios, 1688.

[114]

quelque spectacle nouveau. De mesme en faites-vous, lorsque, versant des larmesde joye, vous vous imaginez voir dans vos vaisseaux votre blanche colombe, votreaigle jaune et votre faysan rouge! Allez, vous dis-je, et vous retirez loin de moy, sivous cherchez la pierre philosophale dans une chose fixe; car elle ne p Jn Jtrera pas

 plus les corps m Jtalliques que feroit le corps d=un homme les murailles les plussolides...+VoilB ce que j=avois B vous dire des couleurs, afin qu=B l=avenir vousquittiez vos travaux inutiles; B quoy j=ajouteray un mot touchant l=odeur.+La Terre est noire, l=Eau est blanche; l=air, plus il approche du Soleil, et plus il

 jaunit; l=aNther est tout B fait rouge. La mort de mLme, comme il est dit, estnoire, la vie est pleine de lumiPre; plus la lumi Pre est pure, plus elle approche dela nature ang Jlique, et les anges sont de purs esprits de feu. Maintenant, l=odeur d=un mort ou d=un cadavre n=est-elle pas f > cheuse et d Jsagr  Jable B l=odorat?

Ainsi, l=odeur puante, chez les Philosophes, d Jnote la fixation; au contraire,l=odeur agr  Jable marque la volatilit J, parce qu= elle approche de la vie et de lachaleur.+Revenant au soubassement de Notre-Dame, nous trouverons, en sixiPme lieu, la

 Philosophie, dont le disque porte l=empreinte d=une croix. C=est lBl=expression du quaternaire des  Jl Jments et le manifeste des deux principes

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m Jtalliques, soleil et lune, -- celle-ci, martel Je, -- ou soufre et mercure, parents dela pierre, selon HermPs (pl. XI).

[115]

IVLes motifs ornant le c^t J droit sont de lecture plus ingrate; noircis et rong Js, ilsdoivent surtout leur d Jt Jrioration B l=orientation de cette partie du porche.Balay Js pat les vents d=ouest, sept siPcles de rafales les ont effrit Js jusqu=au

 point de s Jduire certains d=entre eux B l=Jtat de silhouettes mousses et floues.Sur le septiPme bas-relief de cette s Jrie, -- le premier  B droite, -- nousremarquerons une coupe longitudinale de l=Athanor et l=appareillage internedestin J B supporter l=oeuf philosophique; de la main droite, le personnage tientune pierre (pl. XII).

C=est un griffon que l=on voit inscrit dans le cercle suivant. Le monstremythologique dont la tLte et la poitrine sont celles de l=aigle, et qui emprunte aulion le reste du corps, initie l=investigateur aux qualit Js contraires qu=il fautn Jcessairement assembler dans la matiPre philosophale (pl. XIII). Nous trouvonsen cette image l=hi Jroglyphe de la premiPre conjonction, laquelle ne s=opPre que

 peu B peu, au fur et B mesure de ce labeur p Jnible et fastidieux que les Philosophesont appel J leurs aigles. La s Jrie d=op Jrations dont l=ensemble aboutit B l=unionintime du soufre et du mercure porte aussi le nom de Sublimation. C=est par lar  Jit Jration des Aigles ou Sublimations philosophiques que le mercure exalt J se

d J  pouille de ses parties grossiPres et terrestres, de son humidit J superflue, ets=empare d=une portion du corps fixe, qu=il dissout, absorbe et assimile.  Paire

voler l =aigle, selon l=expression herm Jtique, c= est  faire sortir la lumiPre dutombeau et la  porter  B la surface, ce qui est le propre de toute v Jritable

 sublimation. C=est ce

[116]

que nous enseigne la fable de Th Js Je et d=Ariane. Dans ce cas, Th Js Je est2,F-,\@H, la lumiPre organis Je, manifest  Je, qui se s J pare d= Ariane, l=araign Jequi est au centre de sa toile, le caillou, la coque vide, le cocon, la d  J pouille du

 papillon (Psych J). *Sachez, mon fr Pre, Jcrit PhilalPthe1, que l=exacte pr  J parationdes  Aigles volantes est le premier degr  J de la perfection, et pour le conna Ttre ilfaut un g Jnie industrieux et habile... Pour y parvenir, nous avons beaucoup su J ettravaill J; nous avons mLme pass J des nuits sans dormir. Ainsi, vous qui ne faites

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que commencer, soyez persuad J que vous ne r  Jussirez pas dans la premiPreop Jration sans un grand travail...+Comprenez donc, mon fr Pre, ce que disent les Sages, en masquant qu=ilsconduisent leurs aigles pour d Jvorer le lion; et moins on emploie d=aigles, plus le

combat est rude et plus on trouve de difficult J B remporter la victoire. Mais pour   perfectionner notre Èuvre, il ne faut pas moins de  sept aigles, et l=on devraitmLme en employer jusqu=B neuf . Et notre Mercure philosophique est l =oiseau

d = HermP s, B qui l=on donne aussi le nom d=Oie ou de Cygne, et quelquefoiscelui de Faysan.+Ce sont ces sublimations que d Jcrit Callimaque, dans l= Hymne B D Jlos (v. 250,255), lorsqu=il dit, en parlant des cygnes:

...,PLP8@F"<J@ 8ÂB@<J,H+&*@:"PÂH B,DÂ )08@<...

?(*@@< @LP ,J ",ÂF"<, @ *z,P2@D,<.

+(Les cygnes) tournPrent sept fois autour de D Jlos... et ils n=avaient pas encorechant J la huitiPme fois, lorsque Apollon naquit.+

1 Lenglet-Dufresnoy, Histoire de la Philosophie Herm Jtique. -- L= Entr  Je au Palais Ferm J du Roy , t. II, p. 35.Paris, Coustelier, 1742.

[117]C=est une variante de la procession que Josu J fit faire sept fois autour de J J richo,dont les murs tombPrent avant le huitiPme tour (Josu J, c. VI, 16).Afin de marquer la violence du combat qui pr  JcPde notre conjonction, les Sagesont symbolis J les deux natures par l= Aigle et le Lion, de puissance Jgale, mais decomplexion contraire. Le lion traduit la force terrestre et fixe, tandis que l=aigleexprime la force a Jrienne et volatile. Mis en pr  Jsence, les deux championss=attaquent, se repoussent, s=entre-d Jchirent avec Jnergie jusqu=B ce qu=enfinl=aigle ayant perdu ses ailes, et le lion son chef, les antagonistes ne fassent plusqu=un mLme corps, de qualit J moyenne et de substance homogPne, le Mercure

anim J.Au temps d J jB lointain o j, Jtudiant de la sublime Science, nous nous penchions sur le mystPre tout rempli de lourdes Jnigmes, il nous souvient d= avoir vu construireun bel immeuble dont la d Jcoration, refl Jtant nos pr  Joccupations herm Jtiques, nelaissa pas de nous surprendre. Au-dessus de la porte d=entr  Je, deux jeunes enfants,

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gar Hon et fille, enlac Js,  Jcartent et soulPvent un voile qui les recouvrait. Leurs bustes  Jmergent d=un amoncellement de fleurs, de feuilles et de fruits. Sur lecouronnement d=angle, un bas-relief domine; il offre le combat symbolique del=aigle et du lion, dont nous venons de parler, et l=on devine ais Jment que

l=architecte eut quelque peine B loger l=emblPme encombrant, impos J par unevolont J intransigeante et sup Jrieure1 ...Le neuviPme sujet nous permet de p Jn Jtrer davantage le secret de fabrication du

  Dissolvant universel . Une femme y d Jsigne, -- all Jgoriquement, -- les mat Jriauxn Jcessaires B la construction du vaisseau herm Jtique; elle JlPve une planchette de

 bois, ayant 1  Cet immeuble, construit en pierres de taille et Jlev J de six Jtages, est situ J dans le XVIIe arrondissement, Bl=angle du boulevard P Jreire et de la rue de Monbel. De mLme, B Tousson, pr Ps Malesherbes (Seine-et-Oise), une

vieille maison du XVIIIe siPcle, d=assez grand air, porte sur sa faHade, grav Je en caractPres de l=J poque,

l=inscription suivante, dont nous respectons la disposition et l=orthographe:

[118]

quelque apparence d=une douve de tonneau, dont l=essence nous est r  Jv Jl Je par la branche de chLne que porte l=Jcusson. Nous retrouvons ici la source myst Jrieuse,sculpt Je sur le contrefort du porche, mais le geste de notre personnage trahit laspiritualit J de cette substance, de ce feu de nature sans lequel rien ne peut cro Ttreni v Jg J ter ici-bas (pl. XIV). C=est cet esprit, r  J pandu B la surface du globe, que

l=artiste subtil et ing Jnieux doit capter au fur et B mesure de sa mat Jrialisation.  Nous ajouterons encore qu=il est besoin d=un corps particulier servant der  Jceptacle, d=une terre attractive o j il puisse trouver un principe susceptible de lerecevoir et de le *corporifier +. *La racine de nos corps est en l=air, disent lesSages, et leurs chefs en terre.+ C=est lB cet aimant enferm J au ventre d=AriPs,qu=il faut prendre au moment de sa naissance, avec autant d =adresse qued=habilet J.*L=eau dont nous nous servons,  Jcrit l=auteur anonyme de la Clef du Cabinet 

 Herm Jtique, est une eau qui renferme toutes les vertus du ciel et de la terre; c=est pourquoi elle est le Dissolvant g  Jn Jral de toute la Nature; c=est elle qui ouvre les

 portes de notre cabinet herm Jtique et royal; en elle sont renferm Js notre Roy etnotre Reine, aussi est-elle leur bain.... C=est la Fontaine de Tr  Jvisan o j le Roi sed J pouille de son manteau de pourpre pour se vestir d=un habit noir... Il est vrayque cette eau est difficile B avoir; c=est ce qui fait dire au Cosmopolite, dans sonEnigme, qu=elle  Jtoit rare dans l=isle... Cet auteur nous la marque plus

 particuliPrement par ces paroles: elle n=est pas semblable B l=eau de la nhe,

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mais elle en a toute l=apparence. En un autre endroit, il nous la d Jcrit sous le nomd=acier et d=aimant, car c=est v Jritablement un aimant qui attire B lui toutes lesinfluences du

Par un Laboureur  je fus construite.sans int Jr Lt et d=un don zell J,

il m=a nomm Je PIERRE BELLE.

1762.

(L=alchimie portait encore le nom d= Agriculture c Jleste, et ses Adeptes celui de Laboureurs.)

[119]

ciel, du soleil, de la lune et des astres, pour les communiquer B la terre. Il dit quecet acier se trouve dans AriP s, qui marque encore le commencement du Printems,lorsque le soleil parcourt le signe du B Jlier ... Flamel nous en fait une peinture assez

 juste, dans les Figures d = Abraham le Juif ; il nous d J peint un vieux chesne creux1,d=o j sort une fontaine, et de la mLme eau un jardinier arrose les plantes et lesfieurs d=un parterre. Le vieux chesne, qui est creux, marque le tonneau qui est faitdu bois de chesne, dans lequel il faut corrompre l=eau qu=il r  Jserve pour arroser 

les plantes, et qui est bien meilleure que l= eau crue... Or, c=est ici le lieu de d Jcouvrir un des grands secrets de cet Art, que les Philosophes ont cach J, sans lequelvaisseau vous ne pourrez pas faire cette putr  Jfaction et purification de nos Jl Jmens,de mLme qu=on ne sHauroit faire le vin sans qu= il ait bouilli dans le tonneau.Or, comme le tonneau est fait de bois de chesne, de mLme le vaisseau doit Ltre en

 bois de vieux chesne, tourn J en rond en dedans, comme un demi-globe, dont les bords soient fort J pais en quarr  J; B faute de ce, un baril, un autre pareil pour lecouvrir. Presque tous les Philosophes ont parl J de ce vaisseau absolumentn Jcessaire pour cette op Jration. PhilalPthe le d Jcrit par la fable du serpent Python,

que Cadmus per Ha d=outre en outre contre un chesne. Il y a une figure dans lelivre des Douze Clefs2 qui repr  Jsente cette mLme op Jration et le vaisseau o j elle sefait, d=o j il sort une grande fum Je, qui marque la fermentation et l=J bullition decette eau; et cette fum Je se termine B une fenestre, o j l=on voit le ciel, o j sont d J peints le soleil et la lune, qui marquent l=origine de cette eau et les vertus qu=ellecontient. C=est notre vinaigre mercuriel qui descend du ciel en terre et monte dela terre au ciel.+

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1 Vide supra, p. 96.

2 Cf. les  Douze Clefs de Philosophie de Fr Pre Basile Valentin. Paris, MoNt, 1659, clef 12. (R  JJdit Jes par LesEditions de Minuit (1956).

[120]

 Nous avons donn J ce texte parce qu =il peut Ltre utile, B condition toutefoisqu=on sache le lire avec prudence et le comprendre avec sagesse. C=est ici le casde r  J p Jter encore la maxime chPre aux Adeptes: l=esprit vivifie, mais la lettre tue.

 Nous voici maintenant en face d=un symbole fort complexe, celui du  Lion.Complexe, parce que nous ne pouvons, devant la nudit J actuelle de la pierre, nouscontenter d=une seule explication. Les Sages ont adjoint au lion diversqualificatifs, soit afin d=exprimer l=aspect des substances qu=ils travaillaient,

soit pour en d Jsigner une qualit J sp Jciale et pr  J pond Jrante. Dans l=emblPme duGriffon (huitiPme motif), nous avons vu que le Lion, roi des animaux terrestres,repr  Jsentait la partie fixe, basique d=un compos J, fixit J qui perdait, au contact de lavolatilit J adverse, la meilleure partie d=elle-m Lme, celle qui en caract Jrisait laforme, c=est-B-dire, en langage hi Jroglyphique, la tLte. Cette fois, nous devons Jtudier l =animal seul, et nous ignorons de quelle couleur il Jtait originairementrevLtu. En g Jn Jral, le  Lion est le  signe de l =or , tant alchimique que naturel; iltraduit donc les propri Jt Js physico-chimiques de ces corps. Mais les textes donnentle mLme nom B la matiPre r  Jceptive de l=  Esprit universel , du  feu secret dans

l=Jlaboration du dissolvant. Dans ces deux cas, il s=agit toujours d=uneinterpr  Jtation de puissance, d=incorruptibilit J, de perfection, comme l=indiqueassez, d=ailleurs, le preux B l=J p Je haute, le chevalier couvert du haubert demailles, qui pr  Jsente le roi du bestiaire alchimique (pl. XV).Le premier agent magn Jtique servant B pr  J parer le dissolvant, -- que certains ontd Jnomm J  Alkaest , -- est appel J  Lion vert , non pas tant parce qu=il possPde unecoloration verte, que parce qu

[121]

n=a point acquis les caractPres min Jraux qui distinguent chimiquement l=Jtatadulte de l=Jtat naissant. C=est un fruit vert et acerbe, compar  J au fruit rouge etmf r . C=est la jeunesse m Jtallique, sur laquelle l=Evolution n=a pas ouvr  J, maisqui contient le germe latent d=une Jnergie r  Jelle, appel Je plus tard B se d Jvelopper.C=est l=arsenic et le plomb B l=Jgard de l=argent et de l=or. C=estl=imperfection actuelle d=o j sortira la plus grande perfection future; le rudiment

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de notre embryon, l=embryon de notre pierre, la pierre de notre Elixir. CertainsAdeptes, Basile Valentin est de ceux-lB, l=ont nomm J Vitriol vert , pour d Jceler sanature chaude, ardente et saline; d=autres,  Emeraude des Philosophes, Ros Je de

mai, Herbe saturnienne, Pierre v J g  Jtale, etc. *  Nostre eau prend les noms des

feuilles de tous les arbres, des arbres mesmes, et de tout ce qui pr  Jsente une couleur verte, afin de tromper les insens Js+, dit Ma Ttre Arnaud de Villeneuve.Quant au  Lion rouge, ce n=est autre chose, selon les Philosophes, que la mLmematiPre, ou  Lion vert , amen Je par certains proc Jd Js B cette qualit J sp Jciale quicaract Jrise l=or herm Jtique ou  Lion rouge. C=est ce qui a engag J Basile ValentinB donner ce conseil: *Dissous et nourris le vray Lion du sang du Lion vert, car lesang fixe du Lion rouge est fait du sang volatil du vert, parquoy ils sont tous deuxd=une mesme nature.+De ces interpr  Jtations, quelle est la v Jritable? -- C=est lB une question que nousavouons ne pouvoir r  Jsoudre. Le lion symbolique Jtait, sans aucun doute, peint ou

dor  J. Quelque trace de cinabre, de malachite ou de m Jtal viendrait aussit^t noustirer d=embarras. Mais il ne subsiste rien, rien que le calcaire rong J, gris>tre et fruste.Le lion de pierre conserve son secret!

[122]

L=extraction du Soufre rouge et incombustible est manifest Je par la figure d=unmonstre tenant B la fois du coq et du renard. C=est le mLme symbole dont se

servit Basile Valentin dans la troisiPme de ses  Douze Clefs. *C=est ce superbemanteau avec le Sel des Astres, dit l =Adepte, qui suit ce soulfre c Jleste, gard Jsoigneusement de peur qu=il ne se gaste, et les faict voller comme un oyseau, tantqu=il sera besoin, et le coq mangera le renard, et se noyera et estouffera dansl=eau, puis, reprenant vie par le feu,sera (afin de jouer chacun leur tour) d Jvor  J par le renard+ (pl. XVI).Au renard-coq succPde le Taureau (pl. XVII).Envisag J comme signe zodiacal, c=est le second mois des op Jrations pr  J paratoiresdans le premier oeuvre, et le premier r  Jgime du feu  Jl Jmentaire dans le second.Comme figure de pratique, le taureau et le boeuf  Jtant consacr  Js au soleil, de mLmeque la vache l=est B la lune, il figure le Soufre, principe m>le, puisque le soleilest dit m Jtaphoriquement, par HermPs, le PPre de la pierre. Le taureau et la vache,le soleil et la lune, le soufre et le mercure sont donc des hi Jroglyphes de sensidentique et d Jsignent les natures primitives contraires, avant leur conjonction,natures que l=Art extrait de mixtes imparfaits.

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V

Des douze m Jdaillons ornant le rang inf  Jrieur du soubassement, dix retiendrontnotre attention; deux sujets ont, en effet, souffert de mutilations trop profondes

 pour qu=

il soit possible[123]d=en r  Jtablir le sens. Nous passer ons donc, B regret, devant les restes informes ducinquiPme m Jdaillon (c^t J gauche) et du onziPme (c^t J droit).Aupr Ps du contrefort qui s J pare le porche central du portail nord, le premier motif nous pr  Jsente un cavalier d Jsar Honn J se cramponnant B la criniPre d=un chevalfougueux (pl. XVIII). Cette all Jgorie a trait B l=extraction des parties fixes,centrales et pures, par les volatiles ou  Jth Jr  Jes dans la  Dissolution philosophique.C=est proprement la rectification de l=esprit obtenu et la cohobation de cet esprit

sur la matiPre grave. Le coursier, symbole de rapidit J et de l JgPret J, marque lasubstance spirituelle; son cavalier indique la pond Jrabilit J du corps m Jtalliquegrossier. A chaque cohobation, le cheval jette bas son cavalier, le volatil quitte lefixe; mais l=Jcuyer reprend aussit^t ses droits, et cela tant que l =animal ext Jnu J,vaincu et soumis, consente B porter ce fardeau obstin J et ne puisse plus s=end Jgager. L=absorption du fixe par le volatil s=effectue lentement et avec peine.Pour y r  Jussis, il faut employer beaucoup de patience et de pers Jv Jrance et r  Jit Jrer souvent l=affusion de l=eau sur la terre, de l=esprit sur le corps. Et c=estseulement par cette technique, -- longue et fastidieuse, en v Jrit J, -- que l=on

 parvient B extraire le  sel  occulte du  Lion rouge avec le secours de l=esprit  du Lion vert . Le coursier de Notre-Dame est le mLme que le  P  J gase ail J de la fable(racine B0(Z,  source). Comme lui, il jette ses cavaliers B terre, qu=ilss=appellent Pers Je ou Bell Jrophon. C=est lui encore qui transporte  Pers Je, autravers des airs, chez les Hesp Jrides, et fait jaillir, d=un coup de pied, la  fontaine

 Hippocr Pne, sur le mont H Jlicon, laquelle fut, dit-on, d Jcouverte par Cadmos.

[124]

Au second m Jdaillon, l=Initiateur nous pr  Jsente d=une main un miroir , tandis quede l=autre il JlPve la corne d=Amalth Je; B ses c^t Js se voit l= Arbre de Vie (pl.XIX). Le miroir symbolise le d J but de l=ouvrage, l=Arbre de Vie en marque laFin, et la corne d=abondance le r  Jsultat.Alchimiquement, la matiPre premiPre, celle que l=artiste doit  Jlire pour commencer l=Èuvre, est d Jnomm Je Miroir de l = Art . a Commun Jment entre les

Philosophes, dit Moras de Respour  1, elle est entendue par le Miroir de l = Art ,

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 parce que c=est principalement par elle que l=on a appris la composition desm Jtaux dans les veines de la terse... Aussi est-il dit que la seule indication de nature

nous peut instruire.+ C=est Jgalement ce qu=enseigne le Cosmopolite 2, lorsque, parlant du Soufre, il dit: *En son royaume, il y a un miroir dans lequel on voit tout

le monde. Quiconque regarde en ce miroir peut voir et apprendre les trois partiesde la Sapience de tout le monde, et, de cette maniPre, il deviendra tr Ps sHavant ences trois r Pg nes, comme ont Jt J Aristote, Avicenne et plusieurs autres, lesquels,aussi bien que leurs pr  Jd Jcesseurs, ont veu dans ce miroir comment le monde a Jt Jcr  JJ.+ Basile Valentin, dans son Testamentum, Jcrit de mLme: *Le corps entier duVitriol  ne doit Ltre reconnu que pour un Miroir de la Science philosophique...C=est un Miroir o j l=on voit briller et para Ttre notre Mercure, notre Soleil etLune, par o j l =on peut montrer en un instant, et prouver B l=incr  Jdule Thomasl=aveuglement de son ignorance crasse.+ Pernety, dans son Dictionnaire Mytho-

 Herm Jtique, n=a point cit J ce terme, soit qu=il ne l=ait pas connu, soit qu=ill=ait volontairement omis. Ce sujet, si vulgaire et si m J pris J, devient par la suitel= Arbre de 

1 De Respour, Rares Exp Jriences sur l = Esprit min Jral . Paris, Langlois et Barbin, 1668.

2  Nouvelle LumiPre chymique. Trait J du Soufre, p. 78. Paris, d=Houry, 1649. [125]

Vie, Elixir ou Pierre philosophale, chef-d=oeuvre de la nature aid Je par l=industrie humaine, le pur et riche joyau alchimique. SynthPse m Jtalliqueabsolue, elle assure B l=heureux possesseur de ce tr  Jsor le triple apanage dusavoir, de la fortune et de la sant J. C=est la corne d=abondance, sourceintarissable des f  Jlicit Js mat Jrielles de notre monde terrestre. Rappelons enfin quele miroir est l=attribut de la V Jrit J, de la Prudence et de la Science chez tous les

 poPtes et mythologues grecs.Voici maintenant l=all Jgorie du  poids de nature: l=alchimiste retire le voile quienveloppait la balance (pl. XX).Tous les Philosophes n=ont guPre  Jt J prolixes sur le secret des poids. Basile

Valentin s=est content J de dire qu= il fallait * bailler un cygne blanc B l =hommedouble ign J+, ce qui correspondrait au Sigillum Sapientum d=Huginus B Barma,o j l=artiste tient une balance dont un plateau entra Tne l=autre selon le rapportapparent de deux B un. Le Cosmopolite, dans son Trait  J du Sel , est moins pr  Jcisencore: *Le poids de l=eau, dit-il, doit estre pluriel, et celui de la terre feuill Je

 blanche ou rouge doit estre singulier.+ L=auteur des  Aphorismes Basiliens, ou

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Canons Herm Jtiques de l =  Esprit et de l = Ame1,  Jcrit au canon XVI: * NouscommenHons notre oeuvre herm Jtique par la conjonction des trois principes

 pr  J par  Js sous une certaine proportion, laquelle consiste au poids du corps, qui doit Jgaler l=esprit et l=>me presque de sa moiti J.+ Si Raymond Lulle et PhilalPthe

en ont parl J, beaucoup ont pr  Jf  Jr  J se taire; certains ont pr  Jtendu que la nature seuler  J partissait les quantit Js selon une harmonie myst Jrieuse que l=Art ignorait. Cescontradictions ne r  Jsistent guPre B l=examen. En effet, nous savons que lemercure philosophique r  Jsulte de1 Imprim Js B la suite des Èuvres tant M  Jdicinales que Chymiques, du R. P. de Castaigne. Paris, de la Nove, 1681.

[126]

l=absorption d=une certaine partie de soufre par une quantit J d Jtermin Je de

mercure; il est donc indispensable de conna Ttre exactement les proportionsr  Jciproques des composants, si l=on opPre par l=ancienne voie. Nous n=avons  pas besoin d=ajouter que ces proportions sont envelopp Jes de similitudes etcouvertes d=obscurit J, mLme chez les auteurs les plus sincPres. Mais on doitremarquer, d=autre part, qu=il est possible de substituer l=or vulgaire au soufrem Jtallique; dans ce cas, l=excPs de dissolvant pouvant toujours Ltre s J par  J par distillation, le poids se trouve ramen J B une simple appr  Jciation de consistance. La

 balance, on le voit, constitue un indice pr  Jcieux pour la d Jtermination de la voieancienne, de laquelle l=or para Tt devoir  Ltre exclu. Nous entendons parler del=or vulgaire qui n=a souffert ni l=exaltation ni la transfusion, op Jrations qui, en

modifiant ses propri Jt Js et ses caractPres physiques, le rendent propre au travail.Une dissolution particuliPre et peu employ Je nous est exprim Je par l=un descartouches que nous  Jtudions. C=est celle du vif-argent vulgaire, afin d=enobtenir le mercure commun des Philosophes, que ceux-ci appellent *notre+mercure, pour le diff  Jrencier du m Jtal fluide dont il provient. Quoique l=on puisserencontrer fr  Jquemment des descriptions assez  Jtendues sur ce sujet, nous necacherons pas qu=une telle op Jration nous para Tt hasardeuse, sinon sophistique.Dans l=esprit des auteurs qui en ont parl J, le mercure vulgaire, d J barrass J de touteimpuret J et parfaitement exalt J, prendrait une qualit J ign Je qu=il ne possPde pas, et

serait capable de devenir dissolvant B son tout. Une reine, assise sus un tr ̂ ne,renverse d=un coup de pied le valet

[127]

qui, une coupe B la main, vient lui offrir ses services (pl. XXI). On ne doit doncvoir en cette technique, B supposer qu=elle puisse fournir le dissolvant attendu,

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qu=une modification de la voie ancienne, et non une pratique sp Jciale, puisquel=agent reste toujours le mLme. Or, nous ne voyons pas quel avantage on pourraitretirer d=une solution de mercure obtenue B l=aide du solvant philosophique,celui-ci Jtant l=agent majeur et secret par excellence. C=est pourtant ce que pr 

 Jtend Sabine Stuart de Chevalier 1. *Pour avoir le mercure philosophique, Jcrit cetauteur, il faut dissoudre le mercure vulgaire sans rien diminuer de son poids, car toute sa substance doit Ltre convertie en eau philosophique. Les Philosophesconnaissent un feu naturel qui p JnPtre jusqu=au coeur du mercure et qui l=Jteintint Jrieurement; ils connaissent aussi un dissolvant qui le convertit en eau argentine

 pure et naturelle; elle ne contient ni ne doit contenir aucun corrosif. Aussit^t quele mercure est d Jlivr  J de ses liens, et qu=il est vaincu par la chaleur, il prend laforme de l=eau, et cette mLme eau est la chose la plus pr  Jcieuse qui soit dans lemonde. Il faut bien peu de temps pour faire prendre cette forme au mercurevulgaire.+ On nous pardonnera de n=Ltre pas du mLme avis, ayant de bonnesraisons, appuy Jes sur l=exp Jrience, de croire que le mercure vulgaire, d J pourvud=agent propre, pourrait devenir une eau utile B l=Èuvre. Le   servus fugitivus

dont nous avons besoin est une eau min Jrale et m Jtallique, solide, cassante, ayantl=aspect d=une pierre et de liqu Jfaction tr Ps ais Je. C=est cette eau coagul  Je sousforme de masse pierreuse qui est l= Alkaest  et le  Dissolvant universel . S=ilconvient de lire les Philosophes, -- selon le conseil de PhilalPthe, -- avec un grainde sel, il con

1  Sabine Stuart de Chevalier,   Discours philosophique sur les Trois Principes; ou la Clef du Sanctuaire

 philosophique. Paris, Quillau, 1781.

[128]

viendrait d=utiliser la saliPre entiPre B l=Jtude de Stuart de Chevalier.Un vieillard transi de froid, et courb J sous l=arc du m Jdaillon suivant, s =appuie,las et d Jfaillant, sur un bloc de pierre; une sorte de manchon enveloppe sa maingauche (pl. XXII).Il est facile de reconna Ttre ici la premiPre phase du second Èuvre, alors que le

 Rebis herm Jtique, enferm J au centre de l=Athanor, souffre la dislocation de ses parties et tend B se mortifier. C=est le d J but, actif et doux, du   feu de roue

symbolis J par le froid et par l=hiver, p Jriode embryonnaire o j les semences,encloses au sein de la terre philosophale, subissent l=influence fermentative del=humidit J. C=est le r P gne de Saturne qui va para Ttre, emblPme de la dissolutionradicale, de la d Jcomposition et de la couleur noire. *Je suis vieil, d J bile et malade,lui fait dire Basile Valentin; pour cette cause, je suis enferm J dans une fosse... Le

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feu me tourmente grandement, et la mort rompt ma chair et mes os.+ Un certainD Jm Jtrius, voyageur cit J par Plutarque, -- les Grecs ont tout d J pass J, mLme dans lagasconnade, -- raconte s Jrieusement que, dans l=une des T les qu=il visita sur lac^te d=Angleterre, Saturne s=y trouve emprisonn J et enseveli dans un profond

sommeil. Le g Jant Briar  Je (Eg Jon) est le ge^lier de sa prison. Et voici comment, Bl=aide de fables herm Jtiques, de c JlP bres auteurs ont Jcrit l=Histoire!Le sixiPme m Jdaillon n=est qu=une r  J p Jtition fragmentaire du second. L=Adeptes =y retrouve, mains jointes, dans l=attitude de la priPre, et semble adresser desactions de gr >ces B la Nature, figur  Je sous les traits d=un buste f  Jminin quereflPte un miroir . Nous reconnaissons lB l=hi Jroglyphe du sujet des Sages,

[129]

miroir dans lequel *on voit toute la nature B d Jcouvert+ (pl. XXIII).

A droite du porche, le septiPme m Jdaillon nous montre un vieillard pr Lt Bfranchir le seuil du Palais myst  Jrieux. Il vient d=arracher le v Jlum qui en d Jrobaitl=entr  Je aux regards profanes. C=est le premier pas accompli dans la pratique, lad Jcouverte de l=agent capable d=op Jrer la r  Jduction du corps fixe, de ler  Jincruder , selon l=expression reHue, en une forme analogue B celle de sa primesubstance (pl. XXIV). Les alchimistes font allusion B cette op Jration lorsqu=ils

 parlent de r  Janimer les corporifications, c=est-B-dire de rendre vivants les m Jtauxmorts. C=est l= Entr  Je au Palais ferm J du Roy, de PhilalPthe, la premiPre porte deRipley et de Basile Valentin, qu=il faut savoir ouvrir. Le vieillard n=est autre que

notre Mercure, agent secret dont plusieurs bas-reliefs nous ont r  Jv J l J la nature, lemode d=action, les mat Jriaux et le temps de pr  J paration. Quant au  Palais, ilrepr  Jsente l=or vif, ou philosophique, or vil, m J pris J de l=ignorant, et cach J sousdes haillons qui le d Jrobent aux yeux, bien qu=il soit fort pr  Jcieux B celui qui enconna Tt la valeur. Nous devons voir en ce motif une variante de l=all Jgorie des

 Lions vert et rouge , du dissolvant et du corps B dissoudre. En effet, le vieillard,que les textes identifient B Saturne, -- lequel, dit-on, d  Jvorait ses enfants, -- Jtait

 jadis peint en vert , tandis que l=int Jrieur visible du Palais offrait une coloration pourpre. Nous dirons plus loin B quelle source on peut se r  Jf  Jrer pour r  Jtablir,

gr >ce au coloris original, le sens de toutes ces figures. Il est B noter  Jgalement quel=hi Jroglyphe de Saturne, envisag J comme dissolvant, est tr Ps ancien. Sur unsarcophage du Louvre, ayant contenu

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la momie d=un pr Ltre hi Jrogrammate de ThP bes, nomm J Po Jris, on peut observer au c^t J gauche le dieu S^ou, soutenant le ciel par le secours du dieu Chnouphis(l=>me du monde), tandis qu=B leurs pieds est le dieu SPr (Saturne), couch J, etdont les chairs sont de couleur verte.

Le cercle suivant nous permet d=assister  B la rencontre du vieillard et du roicouronn J, du dissolvant et du corps, du principe volatil et du sel m Jtallique fixe,incombustible et pur. L=all Jgorie se rapproche beaucoup du texte parabolique deBernard Tr  Jvisan, o j le * prestre ancien et de vieil >ge+ se montre si bien instruitdes propri Jt Js de la fontaine occulte, de son action sur le *roy du pays+ qu=elleaime, attire et engloutit. Dans cette voie, et lors de l=animation du mercure, l=or ou roi est dissous peu B peu et sans violence; il n=en est pas de mLme dans laseconde o j, contrairement B l=amalgamation ordinaire, le mercure herm Jtiquesemble attaquer le m Jtal avec une vigueur caract Jristique et qui ressemble assez auxeffervescences chimiques. Les sages ont dit B ce propos qu=en la Conjonction il

s=Jlevait de violents orages, de grandes tempLtes, et que les flots de leur mer offraient le spectacle d=un *aigre combat+. Certains ont repr  Jsent J cette r  Jaction

 par la lutte B outrance d=animaux dissemblables: aigle et lion (Nicolas Flamel);coq et renard (Basile Valentin), etc. Mais, B notre avis, la meilleure description, --la plus initiatique surtout, -- est celle que nous laissa le grand philosophe deCyrano Bergerac du duel effroyable que se livr Prent, sous ses yeux, la R Jmore et laSalamandre. D=autres, et ce sont les plus nombreux, puisPrent les  Jl Jments deleurs figures dans la genPse primaire et traditionnelle de la Cr  Jation; ceux-lB ont

[131]

d Jcrit la formation du compos J philosophal en l=assimilant B celle du chaosterrestre, issu des bouleversements et des r  Jactions du feu et de l=eau, de l=air etde la terre.Pour Ltre plus humain et plus familier, le style de Notre-Dame n=en est ni moinsnoble, ni moins expressif. Les deux natures y sont figur  Jes par des enfants agressifset querelleurs qui, en venant aux mains, ne se m Jnagent point les horions. Au plusfort du pugilat, l=un d=eux laisse choir un pot, l=autre une pierre (pl. XXV). Iln=est guPre possible d=Jcrire avec plus de clart J ni de simplicit J l=action del=eau pontique sur la matiPre grave, et ce m Jdaillon fait grand honneur au ma Ttrequi l=a conHu.En cette s Jrie de sujets paf laquelle nous terminerons la description des figures dugrand porche, il appara Tt nettement que l=id Je directrice eut pour objectif legroupement des points variables dans la pratique de la Solution. Elle seule suffit,en effet, B identifier la voie suivie. La dissolution de l=or alchimique par le

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Dissolvant Alkaest caract Jrise la premiPre voie; celle de l =or vulgaire par notre

mercure indique la seconde. Par celle-ci on r  Jalise le mercure anim J.Enfin, une solution seconde, celle du Soufre, rouge ou blanc, par l=eau

 philosophique, fait l=objet du douziPme et dernier basrelief. Un guerrier laisse

tomber son  J p Je et s=arr Lte, interdit, devant un arbre au pied duquel surgit unb Jlier ; l=arbre porte trois Jnormes fruits en boules, et l=on voit Jmerger de ses branches la silhouette d=un oiseau. On retrouve ici l=arbre solaire que d Jcrit leCosmopolite dans la Parabole du Trait  J de la Nature, arbre duquel il faut extrairel=eau. Quant au guerrier, il repr  Jsente l=artiste qui vient d=accomplir le travail 

d = Hercule qu=est

[132]

notre pr  J paration. Le b Jlier  t Jmoigne qu=il a su choisir la saison favorable et la

substance propre; l=oiseau pr  Jcise la nature volatile du compos J * plus c Jleste queterrestre+. D Jsormais, il ne lui restera plus qu=B imiter Saturne, lequel, dit leCosmopolite, * puisa dix parties de cette eau, et incontinent prit le fruit de l=arbresolaire et le mit dans cette eau... Car cette eau est l= Eau de vie, qui a puissanced=am Jliorer les fruits de cet arbre, de faHon que d Jsormais il ne sera plus besoind=en planter ni enter; parce qu=elle pourra, par sa seule odeur, rendre tous lesautres six arbres de la mLme nature qu=elle est+. Au surplus, cette image est uner  J plique de l=exp Jdition fameuse des Argonautes; nous y voyons Jason aupr Ps du

 b Jlier B la toison d=or et de l=arbre aux fruits pr  Jcieux du Jardin des Hesp Jrides.

Au cours de cette Jtude, nous ef mes l=occasion de regretter, et les d Jt Jriorationsd=iconoclastes stupides, et la disparition complPte du revLtement polychrome que poss Jdait jadis notre admirable cath Jdrale. Il ne nous reste aucun document bibliographique capable d=aider l=investigateur et de rem Jdier, ne f f t-ce qu=en partie, B l=outrage des siPcles. Cependant, il n=est point n Jcessaire de compulser de vieux parchemins, ni de feuilleter vainement d=anciennes estampes: Notre-Dame conserve elle-mLme le coloris original des figures de son grand porche.Guillaume de Paris, dont nous devons b Jnir la perspicacit J, sut pr  Jvoir le pr  J judiceconsid Jrable que le temps porterait B son Éuvre. En ma Ttre avis J, il fit reproduire

minutieusement les motifs des m Jdaillons sur les vitraux de la rose centrale. Leverre vient ainsi compl J ter la pierre et, gr >ce au secours de la matiPre fragile,l=Jsot Jrisme reconquiert sa puret J primitive.

[133]

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On d Jcouvrira lB l=intelligence des points douteux de la statuaire. Le vitrail, par exemple, dans l=all Jgorie de la Cohobation (premier m Jdaillon), nous pr  Jsente,non un vulgaire cavalier, mais un prince couronn J d=or, B veste blanche et basrouges; des deux enfants batailleurs, l=un est vert, l=autre violet gris; la reine

terrassant le Mercure porte une couronne blanche, une chemise verte et un manteau pourpre. On sera mLme surpris d=y rencontrer certaines images disparues de lafaHade, t Jmoin cet artisan, assis B une table rouge et qui extrait d=un sac de larges

 piPces d=or; cette femme, au corsage vert et vLtue d=un bliaut Jcarlate, lissant sachevelure devant un miroir; ces G Jmeaux, du zodiaque inf  Jrieur, dont l =un est derubis et l=autre d=Jmeraude, etc.En son harmonie, en son unit J, quel profond sujet de m Jditation nous offrel=ancestrale Id Je herm Jtique! P Jtrifi Je sur la faHade, vitrifi Je dans l=orbe Jnormede la rose, elle passe du mutisme B la r  Jv Jlation, de la gravit J B l=enthousiasme,de l =inertie

B l=expression vivante. Fruste, mat Jrielle et froide sous la lumiPre crue du dehors,elle surgit du cristal en faisceaux color  Js et p JnPtre sous les nefs, vibrante, chaude,diaphane et pure comme la V Jrit J mLme.Et l=esprit ne peut se d Jfendre de quelque trouble en pr  Jsence de cette autreantithPse, plus paradoxale encore: le flambeau de l=alchimique pens Je illuminantle temple de la pens Je chr  J tienne!

[134]

VI

Quittons le grand porche et venons au portail nord ou de la Vierge.Au centre du tympan, sur la corniche m Jdiane, regardez le sarcophage, accessoired=un J pisode de la vie du Christ; vous y verrez sept cercles: ce sont les symbolesdes sept m Jtaux plan Jtaires (pl. XXVI):

Le soleil marque l=or, le vif argent Mercure;Ce qu=est Saturne au plomb, V Jnus l=est B l=airain;La Lune de l=argent, Jupiter de l=Jtain,

Et Mars du fer sont la figure

1

.

Le cercle central est d Jcor  J d=une faHon particuliPre, tandis que les six autres ser  J pPtent deux B deux, -- ce qui n= a jamais lieu dans les motifs purementd Jcoratifs de l=art ogival. Bien plus, cette sym Jtrie s=Jtend du centre vers lesextr  Jmit Js, ainsi que l=enseigne le Cosmopolite. *Regarde le ciel et les sphPres

des planettes, dit cet auteur 2, tu vois que Saturne est le plus haut de tous, auquel

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succPde Jupiter, et puis Mars, le Soleil, V Jnus, Mercure et enfin la Lune.ConsidPre maintenant que les vertus des planettes ne montent pas, mais qu=ellesdescendent; mesme l=exp Jrience nous apprend que le Mars se convertit facilementen V Jnus, et non le V Jnus en Mars, comme plus basse d=une sphPre. Ainsi le

Jupiter se transmue facilement en Mercure, pource que Jupiter est plus haut queMercure; celuy-lB est le second apr Ps le Firmament, celuy-cy le second au-dessusde la

1  La Cabale Intellective. Mss. de la biblioth. de l=Arsenal, S. et A. 72, p. 15.

2  Nouvelle LumiPre chymique. Trait  J du Mercure, chap. IX, p. 41. Paris, Jean d=Houry, 1649.

[135]

terre; et Saturne le plus haut, la Lune la plus basse; le Soleil se mesle avec tous,mais il n=est jamais am Jlior  J par les inf  Jrieurs. Or, tu noteras qu=il y a une grandecorrespondance entre Saturne et la Lune, au milieu desquels est le Soleil, commeaussi entre Mercure et Jupiter, Mars et V Jnus, lesquels tous ont le soleil au milieu.+La concordance de mutation des planPtes m Jtalliques entre elles est donc indiqu Je,sur le porche de Notre-Dame, de la maniPre la plus formelle. Le motif centralsymbolise le Soleil; les rosaces des extr  Jmit Js indiquent Saturne et la Lune; puisviennent respectivement Jupiter et Mercure; enfin, de chaque c^t J du Soleil, Mars

et V Jnus.Mais il y a mieux. Si nous analysons cette ligne bizarre qui semble relier lescirconf  Jrences des roses, nous la versons form Je par une succession de quatre croixet de trois crosses, dont l=une B spire simple et les deux autres B double volute.Remarquez, en passant, que s=il s=agissait encore ici d=une volont J ornementale,il faudrait n Jcessairement six ou huit attributs, toujours afin de conserves une

  parfaite sym Jtrie; il n=en est rien, et ce qui achPve de prouver que le senssymbolique est voulu, c =est qu=un espace, celui de gauche, demeure libre.Les quatre croix, de mLme qu=en la notation spagyrique, repr  Jsentent les m Jtaux

imparfaits; les crosses B double spirale, les deux parfaits, et la crosse simple, lemercure, demi-m Jtal ou semi-parfait.Mais si, quittant le tympan, nous abaissons le regard vers la partie gauche dusoubassement, divis J en cinq niches, nous remarquerons entre l=extrados dechaque arcature de curieuses figurines.

[136]

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Voici, en allant de l=ext Jrieur vers le pied-droit, le chien et les deux colombes (pl.XXVII), que nous rencontrons d Jcrits dans l=animation du mercure exalt J; cechien de CorascPne, dont parlent Artephius et PhilalPthe, qu=il faut savoir s J parer 

du compost B l=Jtat de poudre noire, et ces Colombes de Diane, autre  Jnigmed Jsesp Jrante, sous laquelle la spiritualisation et la sublimation du mercure  philosophal sont cach Jes. L=agneau, emblPme de l=Jdulcoration du principearsenical de la MatiPre; l=homme retourn J, qui traduit au mieux l =apophtegmealchimique solve et coagula, lequel enseigne B r  Jaliser la conversion Jl Jmentaire envolatilisant le fixe et fixant le volatil (pl. XXVIII):

Si le fixe tu sHays dissouldre,Et le dissoult faire voller,Puis le vollant fixer en pouldre,

Tu as de quoy te consoler.

C=est dans cette partie du porche que se trouvait sculpt J autrefois l=hi J roglyphemajeur de notre pratique: le Corbeau.Principale figure du blason herm Jtique, le corbeau de Notre-Dame avait, de touttemps, exerc J une attraction tr Ps vive sur la tourbe des souffleurs; c=est qu=unevieille l Jgende le d Jsignait comme l=unique repPre d=un d J p^t sacr  J. On raconte,en effet, que Guillaume de Paris, * lequel, dit Victor Hugo, a sans doute Jt J damn J

  pour avoir attach J un si infernal frontispice au saint poPme que chante

 Jternellement le reste de l=Jdifice+, aurait cach J la pierre philosophale dans l=undes piliers de l= immense nef. Et le point exact de cette logette myst Jrieuse setrouvait pr  Jcis Jment d Jtermin J par l=angle visuel du corbeau...

[137]

Ainsi, d=apr Ps la l Jgende, l=oiseau symbolique fixait jadis, du dehors, la placeinconnue du pilier secret o j le tr  Jsor serait scell J.Sur la face externe des piliers sans imposte qui supportent le linteau et la naissancedes voussoirs, sont repr  Jsent Js les signes du zodiaque. On rencontre en premier lieu, et de bas en haut,  AriP s, puis Taurus, et, au-dessus, Gemini. Ce sont les mois

 printaniers indiquant le d J but du travail et le temps propice aux op Jrations.On nous objectera sans doute que le zodiaque peut ne pas avoir une port Je occulteet repr  Jsenter tout uniment la zone des constellations. C=est chose possible. Mais,dans ce cas, il nous faudrait retrouver l=ordre astronomique, la successioncosmique des figures zodiacales que nos Anciens n=ont point ignor  Je. Or, B

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Gemini succPde Leo, lequel usurpe la place de Cancer , rejet J sur le pilier oppos J.L=imaigier a donc voulu indiquer, par cette habile transposition, la conjonction duferment philosophique, -- ou Lion, -- avec le compos J mercuriel, union qui se doitaccomplir vers la fin du quatriPme mois du premier Èuvre.

On remarque encore, sous ce porche, un petit bas-relief quadrangulaire vraimentcurieux. Il synth Jtise et exprime la condensation de l = Esprit universel , lequelforme, aussit^t mat Jrialis J, le fameux   Bain des astres o j le soleil et la lunechimiques doivent se baigner, changer de nature et se rajeunir. Nous y voyons unenfant tomber d=un creuset, grand comme une jarre, que maintient un archangedebout, nimb J, l=aile Jtendue, et qui para Tt frapper l=innocent. Tout le fond de lacomposition est occup J par un ciel nocturne et constell J (pl. XXIX). Nousreconnaissons

[138]

en ce sujet l=all Jgorie tr Ps simplifi Je, chPre B Nicolas Flamel, du Massacre des

 Innocents, que nous verrons bient^t sur un vitrail de la Sainte-Chapelle.Sans entrer par le menu dans la technique op Jratoire, -- ce qu=aucun Auteur n=aos J faire, -- nous dirons cependant que l= Esprit universel , corporifi J dans lesmin Jraux sous le nom alchimique de Soufre, constitue le principe et l=agentefficace de toutes les teintures m Jtalliques. Mais on ne peut obtenir cet  Esprit , ce

 sang  rouge des enfants qu=en d Jcomposant ce que la nature avait d=abordassembl J en eux. Il est donc n Jcessaire que le corps p Jrisse, qu=il soit crucifi J et

qu=il meure si l=on veut extraire l=>me, vie m Jtallique et  Ros Je c Jleste, qu=iltenait enferm Je. Et cette quintessence, transfus Je dans un corps pur, fixe,  parfaitement dig Jr  J, donnera naissance B une nouvelle cr  Jature, plusresplendissante qu =aucune de celles dont elle provient. Les corps n=ont pointd=action les uns sur les autres; l=esprit, seul, est actif et agissant.C=est pourquoi les Sages, sachant que le sang min Jral dont ils avaient besoin pour animer le corps fixe et inerte de l=or n=Jtait qu=une condensation de l=Esprituniversel, >me de toute chose; que cette condensation sous la forme humide,capable de p Jn Jtrer et rendre v Jg Jtatifs les mixtes sublunaires, ne s=accomplissaitque la nuit, B la faveur des t JnP bres, du ciel pur et de l=air calme; qu=enfin lasaison pendant laquelle elle se manifestait avec le plus d=activit J et d=abondancecorrespondait au printemps terrestre, les Sages, pour ces raisons combin Jes, lui

donnPrent le nom de Ros Je de Mai. Aussi, Thomas Corneille1 ne nous surprend-il pas lorsqu=il assure qu=on appelait les grands ma Ttres

1  Dictionnaire des Arts et des Sciences, art. Rose-Croix. Paris, Coignard, 1731.

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de la Rose-Croix  Fr Pres de la Ros Je-Cuite, signification qu=ils donnaient eux-

mL

mes aux initiales de leur ordre: F. R. C. Nous voudrions pouvoir en dire davantage sur ce sujet d=extr Lme importance etmontrer comment la  Ros Je de Mai (MaVa  Jtait mPre d=HermPs), -- humidit Jvivifiante du mois de Marie, la Vierge mPre, -- s= extrait ais Jment d=un corps

 particulier, abject et m J pris J, dont nous avons d J jB d Jcrit les caract Jristiques, s=iln=Jtait des bornes infranchissables... Nous touchons au plus haut secret del=Èuvre et d Jsirons tenir notre serment. C=est lB le Verbum dimissum duTr  Jvisan, la  Parole perdue des francs-maHons m Jdi Jvaux, celle que toutes lesFraternit Js herm Jtiques esp Jraient retrouver, et dont la recherche constituait le but

de leurs travaux et la raison d=Ltre de leur existence1. Post tenebras lux. Ne l=oublions pas. La lumiPre sort des t JnP bres; elle est diffusedans l=obscurit J, dans le noir, comme le jour l=est dans la nuit. C=est del=obscur Chaos que la lumiPre fut extraite et ses radiations assembl Jes, et si, au

  jour de la Cr  Jation, l =Esprit divin se mouvait sur les eaux de l=Ab Tme, --Spiritus Domini ferebatur super aquas, -- cet invisible esprit ne pouvait d=abordLtre distingu J de la masse aqueuse et se confondait avec elle.Enfin, souvenez-vous que Dieu employa six jours B parfaire son Grand Èuvre; quela lumiPre fut s J par  Je le premier jour et que les jours suivants se d JterminPrent,comme les n^tres, par des intervalles r  Jguliers et alternatifs d=obscurit J et de

lumiPre:

A minuit , une Vierge mPre,Produit cet astre lumineux;En ce moment miraculeux Nous appelons Dieu notre fr Pre.

1 Parmi les plus c JlP bres centres d=initiation de ce genre, nous citerons les ordres des Illumin J s, des Chevaliers de

l = Aigle noir , des  Deux Aigles, de l= Apocalypse; les  Fr Pres Initi J s de l = Asie, de la  Palestine, du  Zodiaque; lesSoci Jt Js des Fr Pres noirs, des Elus CoNns, des Mopses, des ept-Ep Jes, des Invisibles, des Princes de la Mort ; lesChevaliers du Cygne, institu J s par Elie, les Chevaliers du Chien et du Coq, les Chevaliers de la Table ronde, de la

Genette, du Chardon, du Bain, de la BLte morte, de l=Amarante, etc.

[140]

VII

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Revenons sur nos pas et arr Ltons-nous au portail sud, appel J encore porche deSainte-Anne. Il ne nous offre qu=un seul motif, mais l=int Jr Lt en est consid Jrable,

 parce qu=il d Jcrit la pratique la plus courte de notre Science et m Jrite d=Ltre, Bcet Jgard, class J au premier sang des paradigmes lapidaires.

*Vois, dit Grillot de Givry1, sculpt J sur le portail droit de Notre-Dame de Paris,l=JvLque juch J sur l=aludel o j se sublime, encha Tn J dans les limbes, le mercure philosophal. Il t=enseigne d=o j provient le feu sacr  J; et le chapitre laissant, par une tradition s Jculaire, cette porte ferm Je toute l=ann Je, t=indique que c=est ici lavoie non vulgaire, inconnue B la foule, et r  Jserv Je au petit nombre des Jlus de la

Sapience2.+Peu d=alchimistes consentent B admettre la possibilit J de deux voies, l=unecourte et facile, nomm Je voie sPche, l=autre plus longue et plus ingrate, dite voie

humide. Cela peut tenir B ce fait que beaucoup d=auteurs traitent exclusivement

du proc Jd J le plus long, soit parce qu=ils ignorent l=autre, soit parce qu=ils pr  Jf Prent garder le silence plut^t qu=en enseigner les principes. Pernety refuse decroire B cette duplicit J de moyens, tandis que Huginus B Barma affirme, aucontraire, que les ma Ttres anciens, les Geber, les Lulle, les Paracelse, avaientchacun un proc Jd J qui leur  Jtait propre.Chimiquement, rien ne s=oppose B ce qu=une m Jthode, employant la voiehumide, ne puisse Ltre remplac Je par une autre utilisant des r  Jactions sPches pour aboutir au mLme r  Jsultat. Herm Jtiquement, l=emblPme qui nous occupe en est une

 preuve.

1 Grillot de Givry, Le Grand Èuvre. Paris, Chacornac, 1907, p. 27.

2 A Saint-Pierre de Rome, la mLme porte, nomm Je Porte sainte ou jubilaire, est dor  Je et mur  Je; le pape l=ouvre Bcoups de marteau tous les vingt-cinq ans, soit quatre ann Jes par siPcle.

[141]

 Nous en trouvons une seconde dans l=Encyclop Jdie du XVIIIe siPcle, o j l=onassure que le Grand Èuvre peut s =accomplir par deux voies, l=une dite voiehumide, plus longue mais plus en honneur, et l=autre, ou voie sPche, beaucoup

moins appr  Jci Je. Dans celle-ci, il faut *cuire le Sel c Jleste, qui est le mercure desPhilosophes, avec un corps m Jtallique terrestre, dans un creuset et B feu nu,

 pendant quatre jours+.

Dans la seconde partie d=un ouvrage attribu J B Basile Valentin1, mais qui serait plut^t l=oeuvre de Senior Zadith, l=auteur para Tt envisager la voie sPche,lorsqu=il  Jcrit que, * pour parvenir  B cet Art, il n=est requis grand travail ny

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 peine, et les despens sont petits, les instruments de peu de valeur. Car cet Art peutestre appris en moins de douze heures, et de l=espace de huict jours men J  B

 perfection, quand il a en soy son propre principe+.PhilalPthe, au chapitre XIX de l= Introitus, dit, apr Ps avoir parl J de la voie

longue, qu=il assure ennuyeuse et bonne seulement pour les personnes riches:*Mais, par notre voie, il ne faut pas plus d=une semaine; Dieu a r  Jserv J cette voierare et facile pour les pauvres m J pris Js et ses saints couverts d=abjection. + Ausurplus, dans ses  Remarques sur ce chapitre, Lenglet-Dufresnoy pense que *cettevoie se fait par le double mercure philosophique. Par lB, ajoute-t-il, l=Èuvres=accomplit en huit jours, au lieu qu=il faut pr Ps de dix-huit mois pour la

 premiPre voye+.Cette voie abr  Jg Je, mais couverte d=un voile J pais, a Jt J nomm Je par les Sages le

 R J gime de Saturne. La cuisson de l=Èuvre, au lieu de n Jcessiter l=emploi d=unvase de verre, ne r  Jclame que le secours d=un simple creuset. *Je brouilleray ton

corps dans

1  Azoth, ou Moyen de faire l =Or cach J des Philosophes. Paris, Pierre MoNt, 1659, p. 140.

[142]

un vase de terre o j je l=enseveliray+, Jcrit un auteur c JlP bre1, lequel dit encore plus loin: *Fais un feu dans ton verre, c=est-B-dire dans la terre qui le tientenferm J. Cette briefve m Jthode, dont nous t=avons lib Jralement instruit, me

semble la plus courte voie et la vraye sublimation philosophique pour parvenir B la  perfection de ce grave labeur.+ C=est ainsi qu=on pourrait expliquer cettemaxime fondamentale de la Science: un seul vaisseau, une seule matiPre, un seul 

 fourneau.

Cyliani, dans la Pr  Jface de son livre2, relate les deux proc Jd Js en ces termes:*Je crois pr  Jvenir ici de ne jamais oublier qu=il ne faut que deux matiPres demLme origine, l=une volatile, l=autre fixe; qu=il y a deux voies, la voie sPche etla voie humide. Je suis cette derniPre, de pr  Jf  Jrence, par devoir , quoique la

 premiPre me soit tr Ps familiPre: elle se fait avec une matiPre unique.+

Henri de Lintaut apporte  Jgalement un t Jmoignage favorable B la voie sPchelorsqu=il Jcrit3. *Ce secret icy surpasse tous les secrets du monde, car vous pouv Jsen  peu de tems, sans grand soin ny travail, parvenir B une grande projection, delaquelle voy Js Isaac Hollandois qui en parle plus amplement.+ Notre auteur,malheureusement, n=est pas plus prolixe que ses confr Pres. *Quand je pense, Jcrit

Henckel4, que l=artiste Elias, cit J par Helv Jtius, pr  Jtend que la pr  J paration de la

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 pierre philosophale se commence et s=achPve en quatre jours de temps, et qu=ila montr  J en effet cette pierre encore adh Jrente aux tessons du creuset , il me semblequ=il ne seroit pas si absurbe de mettre en question si ce que les alchymistesappellent des grands mois ne seroit pas autant de jours, ce qui seroit un espace de

temps tr Ps1 Salomon Trismosin, La Toyson d =Or . Paris, Ch. Sevestre, 1622, p. 72 et 110.

2 Cyliani, HermP s d  Jvoil  J. Paris, F. Locquin, 1832.3 H. de Lintaut, L= Aurore. Mss. bibl. de l=Arsenal, S.A.F. 169, no 3020.4 J.-F. Henckel, Trait J de l = Appropriation. Paris, Thomas H Jrissant, 1760, p. 375, ' 416.

[143]

 born J; et s=il n=y auroit pas une m Jthode dans laquelle toute l=op Jration neconsiste qu=B tenir longtemps les matiPres dans le plus grand degr  J de fluidit J, cequ=on obtiendroit par un feu violent, entretenu par l=action des soufflets; maiscette m Jthode ne peut pas s =ex Jcuter dans tous les laboratoires, et peut-LtremLme tout le monde ne la trouveroit-il pas praticable.+L=emblPme herm Jtique de Notre-Dame, qui avait d J jB, au XVIIe siPcle, fix Jl=attention du sagace de Laborde1, occupe le trumeau du porche, du stylobate Bl=architrave, et s=y trouve sculpt J par le d Jtail sur les trois c^t Js du pilier engag J.C=est une haute et noble statue de saint Marcel, au chef mitr  J, surmont J d=un dais

B tourelles et d J pourvue, selon nous, de toute signification secr Pte. L=JvLque setient debout sur un d J oblong finement fouill J, orn J de quatre colonnettes et d=unadmirable dragon byzantin, le tout support J par un socle bord J d=une frise et querelie au soubassement une moulure B talon renvers J. D J et socle ont, seuls, uner  Jelle valeur herm Jtique (pl. XXX).Malheureusement ce pilier, si magnifiquement d Jcor  J, est presque neuf: douzelustres nous s J parent B peine de sa r  Jfection, car il a Jt J refait et... modifi J.

  Nous n=avons pas B discuter ici l =opportunit J de telles r  J  parations, et ne pr  Jtendons point soutenir qu=il faille laisser cro Ttre, sans soins, la lP pre du temps

sur un corps splendide; cependant, et en tant que philosophe, nous ne pouvons queregretter la d Jsinvolture qu=affectent les restaurateurs vis-B-vis des cr  Jationsogivales. S=il convenait de remplacer l=JvLque noirci et de refaire sa base ruin Je,la chose Jtait facile; il suffisait de copier le modPle, de le transcrire fidPlement.Qu=il cont Tnt un sens cach J,

1 De Laborde, Explications de l = Enigme trouv Je B un pilier de l = Eglise Notre-Dame de Paris . Paris, 1636.

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[144]

 peu importait: l=imitation servile l=ef t conserv J. On voulut faire mieux encore et,

si l=

on s=

en tint aux lignes du saint J

vL

que et du joli dragon, par contre onornementa le socle de rinceaux et d=entrelacs romans, aux lieu et place des besants et des fleurs qui s=y voyaient autrefois.Cette seconde Jdition, revue, corrig Je et augment Je, est, certes, plus riche que la

 premiPre, mais le symbole en est tronqu J, la science mutil Je, la clef perdue,l=Jsot Jrisme Jteint. Le temps corrode, use, d Jsagr Pge, effrite le calcaire; la nettet Jen souffre=re, mais le sens demeure. Survient le restaurateur, le gu Jrisseur de

 pierres; en quelques coups de ciseau il ampute, rogne, oblitPre, transforme, faitd=une ruine authentique un artificiel et brillant archaVsme, blesse et panse,retranche et surcharge, Jlague et contrefait au nom de l=Art, de la Forme ou de la

Sym Jtrie, sans le moindre souci de la pens Je cr  Jatrice. Gr >ce B cette prothPsemoderne, nos v Jn Jrables dames seront toujours jeunes!H Jlas! en touchant B l=enveloppe on a laiss J s=exhaler l=>me.Disciples d=HermPs, aller B la cath Jdrale reconna Ttre la place et l=ordonnancedu pilier neuf, et prenez ensuite le chemin que suivit l=original. Traversez laSeine, entrez au mus Je de Cluny et vous aurez la satisfaction de l=y trouver,aupr Ps de l=escalier d =accPs au frigidarium des Thermes de Julien. C=est lBqu=est venu s=Jchouer le beau fragment1.Cette Jnigme du travail alchimique, solutionn Je d=une maniPre exacte, -- au moins

en partie, -- par FranHois Cambriel, lui valut d=Ltre cit J par Champfleury dans ses Excentriques, et par Tcherpakoff dans ses Fous litt  Jraires. Nous fera-t-on le mLmehonneur?

1 L=itin Jraire n=est plus valable, puisque, depuis quelque six ans, le pilier symbolique, faisant l=objet d=unev Jn Jration tant justifi Je, est revenu B Notre-Dame, non loin de la place qui fut sienne durant plus de cinq centsann Jes. En effet, on le trouvera, dans une piPce, au plafond haut et en crois Je d=ogives surbaiss Jes, de la tour nord,laquelle sera, t^t ou tard, dispos Je en mus Je et possPde, au sud, sa r  J plique, sus le plan mLme et de l=autre c^t J dela plate-forme du grand orgue.Provisoirement, la curiosit J, quelle qu=en soit la nature, n=est plus aussi facilement satisfaite, qui, n Janmoi ns, poussera le visiteur jusqu=au nouveau refuge de la sculpture initiatique. H Jlas! une surprise l=y attend, qui

l=attristera tout aussit^t et qui r  Jside dans l=amputation,

[145]

Sur le socle cubique vous remarquerez, au c^t J droit, deux besants en relief,massifs et circulaires; ce sont les matiPres ou natures m Jtalliques, -- sujet etdissolvant, -- avec lesquelles on doit commencer l=Èuvre. A la face principale, ces

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substances, modifi Jes par les op Jrations pr  Jliminaires, ne sont plus repr  Jsent Jes sousla forme de disques, mais comme des rosaces B p Jtales soud Js. Il convient, en

 passant, d=admirer sans r  Jserve l=habilet J avec laquelle l=artiste a su traduire latransformation des produits occultes, d Jgag Js des accidents externes et des mat

 Jriaux h Jt JrogPnes qui les enrobaient dans la miniPre. Au c^t J gauche, les besants,devenus rosaces, affectent cette fois la forme de fleurs d Jcoratives B p Jtales soud Js,mais B calice apparent. Quoique bien rong Jes et presque effac Jes, il est facilecependant d=y retrouver la trace du disque central. Elles repr  Jsentent toujours lesmLmes sujets ayant acquis d=autres qualit Js; le graphique du calice indique queles racines m Jtalliques ont Jt J ouvertes et sont dispos Jes B manifester leur principes Jminal. Telle est la traduction Jsot Jrique des petits motifs du socle. Le d J va nousfournir l=explication compl Jmentaire.Les matiPres pr  J par  Jes et unies en un seul compos J doivent subir la sublimation ouderniPre purification ign Je. Dans cette op Jration, les parties adustibles se

d Jtruisent, les matiPres terreuses perdent leur coh Jsion et se d Jsagr Pgent, tandis queles principes purs, incombustibles, s=JlPvent sous une forme tr P s diff  Jrente decelle qu=affectait le compos J. C=est lB le Sel des Philosophes, le Roi couronn J degloire, qui prend naissance dans le feu et doit se r  J jouir dans le mariage subs Jquent,afin, dit HermPs, que les choses occultes deviennent manifestes.   Rex ab igne

veniet ,

infiniment regrettable, de presque tout le corps du dragon, maintenant r  Jduit B sa partie ant Jrieure encore pourvue de ses deux pattes.

La bLte monstrueuse, avec la gr >ce d=un gros l Jzard,  Jtreignait l=athanor, ylaissant dans les flammes le petit soi triplement couronn J, qui est le fils de sesÉuvres violentes sur la morte adultPre. Seul est apparent le visage de l=enfantmin Jral subissant les *laveures ign J es+ dont parle Nicolas Flamel. Il est iciemmaillot J et ficel J, selon la mode m Jdi Jvale, comme on le trouve encore sous lafigure en porcelaine du tout petit * baigneur + qui est inclus dans la galette du jour de la f Lte des Rois. (Conf. Alchimie, op. cit ., p. 89.)

[146]

ac conjugio gaudebit et occulta patebunt . De ce roi, le d J ne montre que le chef, Jmergeant des flammes purifiantes. Il ne serait pas certain, B l=heure pr  Jsente, quele bandeau frontal grav J sur la tLte humaine appartienne B une couronne; on

 pourrait aussi bien y discerner, d=apr Ps le volume et l=aspect du cr >ne, une sortede bassinet ou de berruier. Mais nous poss Jdons, heureusement, le texte d=EspritGobineau de Montluisant, dont le livre fut  Jcrit *le mercredy 20 de may 1640,

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veille de la glorieuse Ascension de Nostre Sauveur J Jsus-Christ1+, et qui nousapprend positivement que le roi porte une triple couronne.Apr Ps l=Jl Jvation des principes purs et color  Js du compos J philosophique, le r  Jsiduest pr Lt, dPs lors, B fournir le sel mercuriel, volatil et fusible, auquel les vieux

auteurs ont souvent donn J l= J pithPte de Dragon babylonien.L=artiste cr  Jateur du monstre embl Jmatique a produit un v Jritable chef-d =oeuvre,et, quoique mutil J, -- le pennage gauche est bris J, -- il n=en demeure pas moins unmorceau de statuaire remarquable. L=animal fabuleux Jmerge des flammes et saqueue para Tt sortir de l=Ltre humain dont elle entoure, en quelque sorte, la tLte.Puis, dans un mouvement de torsion qui le cambre sur la voussure, il vient Jtreindrel=athanor de ses griffes puissantes.Si nous examinons l=ornementation du d J, nous y remarquerons des canneluresgroup Jes, l JgPrement creuses, B sommet curviligne et base plane. Celles de la paroigauche sont accompagn Jes d=une fleur  B quatre p Jtales d Jgag Js, exprimant lamatiPre universelle, quaternaire des  Jl  Jments premiers, selon la doctrined=Aristote r  J pandue au moyen > ge. Directement au-dessous, le duo des naturesque l=alchimiste travaille et dont la r  Junion four-

1   Explication tr P  s curieuse des Enigmes et Figures hi Jroglyphiques, Physiques, qui sont au grand portail de

l = Eglise Cath Jdrale et M  Jtropolitaine de Notre-Dame de Paris.

[147]

nit le Saturne des Sages, d Jnomination anagrammatique de natures. Dans l=entre-colonnement de face, quatre cannelures, allant en d Jcroissant, selon l=obliquit J dela rampe flamm Je, symbolisent le quaternaire des  J l  Jments seconds; enfin, dechaque c^ t J de l=athanor, et sous les serres m Lmes du dragon, les cinq unit Js dela quintessence, comprenant les trois principes et les deux natures, puis leur totalisation sous le nombre dix *auquel tout finit et se termine+.

L.-P. FranHois Cambriel1 pr  Jtend que la multiplication du Soufre, -- blanc ourouge, -- n=est pas indiqu Je dans l= hi Jroglyphe Jtudi J; nous n=oserions nous

 prononcer aussi cat Jgoriquement. La multiplication, en effet, ne se peut r  Jaliser 

qu=B l=aide du mercure, qui joue le r ̂ le de patient dans l=Èuvre, et par coctions ou fixations successives. C= est donc sur le dragon, image du mercure,que nous devrions chercher le symbole repr  Jsentatif de la nutrition et de la

 progression du Soufre ou de l=Elixir. Or, si l=auteur avait apport J plus de soin Bl=examen des particularit Js d Jcoratives, il ef t certainement remarqu J:11 Une bande longitudinale partant de la tLte et suivant la ligne des vertP bres

 jusqu=B l=extr  Jmit J de la queue;

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21 Deux bandes analogues, pos Jes obliquement, une sur chaque aile;

31 Deux bandes plus larges, transversales, ceignant la queue du dragon, la premiPre au niveau du pennage, l=autre au-dessus de la tLte du roi. Toutes ces bandes sont orn Jes de cercles pleins se touchant en un point de leur circonf  Jrence.

Quant B leur signification, elle nous sera fournie par les cercles des bandescaudales: le centre en est tr Ps nettement indiqu J sur 

1 L.-P.-FranHois Cambriel, Cours de Philosophie herm Jtique ou d = Alchimie en dix-neuf leHons. Paris, Lacour etMaistrasse, 1843.

[148]

chacun d=eux. Or, les herm Jtistes savent que le roi des m Jtaux est figur  J par lesigne solaire, c=est-B-dire une circonf  Jrence avec ou sans point central. Il nous

 para Tt donc vraisemblable de penser que, si le dragon est couvert B profusion dusymbole aurique, -- il en porte jusque sus les serres de la patte droite, -- c=estqu=il est capable de transmuter en quantit J; mais il ne peut acqu Jrir cette puissanceque par une s Jrie de cuissons ult Jrieures avec le Soufre ou Or philosophique, ce quiconstitue les multiplications.Tel est, aussi clairement expos J que possible, le sens Jsot Jrique que nous avons crureconna Ttre sur le beau pilier de la porte Sainte-Anne. D=autres, plus Jrudits ou

 plus savants, en donneront peut-Ltre une interpr  Jtation meilleure, car nous ne pr  Jtendons imposer  B personne la thPse d Jvelopp Je ici. Il nous suffira de dire

qu=elle concorde en g Jn Jral avec celle de Cambriel. Mais, en revanche, nous ne  partageons pas l=opinion de cet auteur, qui voulut  Jtendre, sans preuve, lesymbolisme du d J B la statue elle-mLme.Certes, il est toujours p Jnible d=avoir B reprocher une erreur manifeste, et plusaffligeant encore de relever certaines affirmations pour les d Jtruire en bloc. Il lefaut pourtant, quelque regret que nous en ayons. La science que nous Jtudions estaussi positive, aussi r  Jelle, aussi exacte que l=optique, la g Jom Jtrie ou lam Jcanique; ses r  Jsultats aussi tangibles que ceux de la chimie. Si l=enthousiasme,la foi intime y sont des stimulants, des auxiliaires pr  Jcieux; s=ils entrent pour une

 part dans la conduite et l=orientation de nos recherches, nous devons cependant en J viter les Jcarts, les subordonner B la logique, au raisonnement, les soumettre aucrit Jrium de l=exp Jrience. Souvenons-nous que ce

[149]

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sont les friponneries des souffleurs avides, les pratiques insens Jes des charlatans,les inepties d =Jcrivains ignares et sans scrupule qui ont jet J le discr  Jdit sur la v Jrit Jherm Jtique. On doit voir juste et bien dire. Pas un mot qui ne soit pes J, pas une

 pens Je qui n=ait Jt J pass Je au crible du jugement et de la r  Jflexion. L=Alchimie

demande B Ltre J pur  Je; d Jgageons-la des macules dont ses partisans mLmes l=ont parfois souill Je: elle en sortira plus robuste et plus saine, sans perdre rien de soncharme ni de sa myst Jrieuse attraction.FranHois Cambriel, B la trente-troisiPme page de son livre, s=exprime ainsi: *Dece mercure, il r  Jsulte la Vie repr  Jsent Je pas l=JvLque qui est au-dessus duditdragon... Cet JvLque porte un doigt B sa bouche, pour dire B ceux qui le voient etqui viennent prendre connaissance de ce qu=il repr  Jsente... taisez-vous, n=en ditesrien!...+Le texte est accompagn J d=une planche grav Je, d=un bien mauvais dessin, -- cequi est peu de chose, -- mais notoirement truqu Je, -- ce qui est plus grave. Saint

Marcel y tient une crosse, courte comme un drapeau de garde-barri Pre; la tLte estcoiff  Je d=une mitre B d Jcoration cruciforme, et, superbe anachronisme, l=JlPvede Prudence est barbu! D Jtail piquant: dans le dessin de face, le dragon a la gueulede profil et ronge le pied du pauvre JvLque qui semble, d=ailleurs, s=en soucier fort peu. Calme et souriant, il s=applique, de l=index, B clore ses lPvres dans legeste du silence command J.Le contr ̂ le est ais J, puisque nous poss Jdons l=oeuvre originale, et la supercherie Jclate au premier coup d=Éil. Notre saint est, selon la coutume m Jdi Jvale,absolument glabre; sa mitre, tr Ps

[150]

simple, n=offre aucune ornementation; la crosse qu=il soutient de la main gauche,s=applique par son extr  J mit J inf  Jrieure sur la gueule du dragon. Quant au gestefameux des personnages du Mutus Liber et d=Harpocrate, il est sorti tout entier del=imagination excessive de Cambriel. Saint Marcel est repr  Jsent J b Jnissant, dansune attitude pleine de noblesse, le front inclin J, l=avant bras repli J, la main auniveau de l=J paule, l=index et le m Jdius lev Js.

Il est tr Ps difficile de croire que deux observateurs aient pu Ltre le jouet d=unemLme illusion. Cette fantaisie Jmane-t-elle de l=artiste ou fut-elle impos Je par letexte? La description et le graphique ont entre eux une telle concordance qu=onnous permettra d=accorder peu de cr  Jance aux qualit Js d=observation manifest Jesdans cet autre fragment du mLme auteur.*Passant un jour devant l=Jglise Notre-Dame de Paris, j=examinai avec beaucoupd=attention les belles sculptures dont les trois portes sont orn Jes, et je vis B l=une

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de ces trois portes un hi Jroglyphe des plus beaux, duquel je ne m=Jtais jamaisaper Hu, et  pendant plusieurs jours de suite j=allai le consulter  pour pouvoir donner le d Jtail de tout ce qu=il repr  Jsentait, B quoi je parvins. Par ce qui suit, lelecteur s=en convaincra, et mieux encore en se transportant de lui-mLme sur les

lieux.+VoilB qui ne manque, en v Jrit J, ni de hardiesse ni d=impudence. Si le lecteur deCambriel se rend B son invitation, il ne trouvera sur le trumeau de la porte Sainte-Anne que l=exot Jrisme l Jgendaire de saint Marcel. Il y verra l=JvLque tuant ledragon en le touchant de sa crosse, ainsi que le rapporte la tradition. Qu=ilsymbolise, au surplus, la vie de la matiPre,

[151]

c=est lB une opinion personnelle que l=auteur est libre d=exprimer; mais qu= il

r  Jalise en fait le tacere de Zoroastre, cela n=est pas et ne fut jamais.De telles incartades sont regrettables et indignes d=un esprit sincPre, probre etdroit.

VIII

Edifi Jes par les Frimasons m Jdi Jvaux pour assurer la transmission des symboles etde la doctrine herm Jtique, nos grandes cath Jdrales exerc Prent, dPs leur apparition,une influence marqu Je sur nombre de sp Jcimens plus modestes de l=architecture

civile ou religieuse.Flamel se plaisait B revLtir d=emblPmes et d=hi Jroglyphes les constructionsqu=il Jlevait de tous c^t Js. L=abb J Villain nous apprend que le petit portail deSaint-Jacques-la-Boucherie, que l=Adepte fit ex Jcuter en 1389,  Jtait couvert defigures. *Au jambage occidental du portail, dit-il, on voit un petit ange en sculpturequi tient en ses mains un cercle de pierre; Flamel y avait fait enclaver un fond de

marbre noir avec un filet d=or fin en forme de croix1... + Les pauvres devaient Jgalement B sa g Jn Jrosit J deux maisons, qu=il fit construire B leur intention ruedu CimetiPre-de-Saint-Nicolas-des-Champs, la premiPre en 1407, l=autre en

1410. Ces immeub les pr  Jsentaient, assure Salmon, *quantit J de figures grav Jesdans les pierres, avec un N et une F gothiques de chaque cost Js+. La chapelle del=h  ̂pital Saint-Gervais, reconstruite B ses frais, ne le c Jdait en rien aux autres

fondations. *La faHade et le portail de la nouvelle chapelle, Jcrit Albert Poisson2,1 Abb J Villain, Histoire critique de Nicolas Flamel . Paris, Desprez, 1761.

2 Albert Poisson, Histoire de l = Alchimie. Nicolas Flamel . Paris, Chacornac, 1893.

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[152]

 Jtaient couverts de figures et de l Jgendes B la maniPre ordinaire de Flamel.+ Le

 portail de Sainte-GeneviP

ve-des-Ardents, situ J

rue de la Tixeranderie, conservason int Jressant symbolisme jusqu=au milieu du XVIIIe siPcle; B, cette J poque,l=Jglise fut convertie en maison et les ornements de la faHade d J truits. Flamel Jleva encore deux arcades d Jcoratives au charnier des Innocents, l=une en 1389, laseconde en 1407. Poisson nous apprend qu=on voyait sur la premiPre, parmid=autres plaques hi Jroglyphiques, un Jcusson que l=Adepte *semble avoir imit Jd=un autre attribu J  B saint Thomas d =Aquin+. Le c JlP bre occultiste ajoutequ=il figure B la fin de l= Harmonie Chymique de Lagneau. Voici, d=ailleurs, ladescription qu=il nous en donne:*L=Jcusson est partag J en quatre par une croix; celle-ci porte au milieu unecouronne d=J pines renfermant en son centre un coeur saignant d=o j s=Jl Pve unroseau. Dans un des quartiers, on voit IEVE en caractPres h J braVques, au milieud=une foule de rayons lumineux, au-dessous d=un nuage non; dans le secondquartier, une couronne; dans le troisiPme, la terre est charg Je d=une amplemoisson, et le quatriPme est occup J par des globes de feu.+Cette relation, conforme B la gravure de Lagneau, nous permet de conclure quecelui-ci a fait copier son image d=apr Ps l= arcade du charnier. Il n=y a lB sien d=impossible, puisque, sur quatre plaques, il en restait trois du temps de Gohorry, --c=est-B-dire vers 1572, -- et que l= Harmonie chymique parut chez Claude Morel

en 1601. Cependant, il ef t  Jt J pr  Jf  Jrable de s=adresser  B l=Jcusson type, assezdiff  Jrent de celui de Flamel et beaucoup moins obscur. Il existait encore Bl=J poque de la R  Jvolution,

[153]

sur une verriPre Jclairant la chapelle de Saint-Thomas-d=Aquin, au couvent desJacobins. L=Jglise des Dominicains, -- qui y logeaient et s=y Jtaient Jtablis versl=an 1217, -- dut sa fondation B Louis IX. Elle Jtait situ Je rue Saint-Jacques et

 plac Je sous le vocable de Saint-Jacques le Majeur. Les Curiositez de Paris, paruesen 1716 chez Saugrain l=a Tn J, ajoutent qu=B c^t J de l=Jglise se trouvaient les Jcoles du Docteur ang  Jlique.L=Jcusson, dit de saint Thomas d=Aquin, fut tr Ps exactement dessin J et peint en1787, et d=apr Ps le vitrail mLme, par un hetm Jtiste nomm J Chaudet. C=est cedessin qui nous permet de le d Jcrire (pl. XXXI).

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L=Jcu franHais, Jcartel J, tient pas son chef B un segment arrondi qui le domine.Cette piPce suppl Jmentaire montre un matras d=or renvers J, entour  J d=unecouronne d=J pines de sinople sur champ de sable. La croix d=or porte trois globesd=azur en pointe, bras dextre et s Jnestre, avec un cÉur de gueules au rameau de

sinople au centre. Sur ce coeur, des larmes d=argent tombant du matras serassemblent et se fixent. Au canton du chef dextre, biparti d=or aux trois astres de pourpre, et d=azur aux sept rayons d=or, est oppos Je en pointe s Jnestre une terrede sable aux J pis d=or sur champ tann J. Au canton dg chef s Jnestre, une nu Jeviolette sur champ d= argent, et trois flPches du mLme, penn Jes d=or, dardentvers l=ab Tme. En pointe dextre, trois serpents d=argent sur champ de sinople.Ce bel emblPme a d=autant plus d=importance pour nous qu=il d Jvoile lessecrets relatifs B l=extraction du mercure et B sa conjonction avec le soufre,

 points obscurs de la pratique sur lesquels tous les auteurs ont pr  Jf  Jr  J garder unsilence religieux.

[154]

La Sainte-Chapelle, chef-d=oeuvre de Pierre de Montereau, merveilleuse ch>ssede pierre  Jlev Je, de 1245 B 1248, pour recevoir les reliques de la Passion,

 pr  Jsentait aussi un ensemble alchimique fort remarquable. Aujourd=hui encore, sinous regrettons vivement la r  Jfection du portail primitif, o j les Parisiens de 1830

 pouvaient avec Victor Hugo admirer *deux anges, dont l=un a sa main dans unvase, et l= autre dans une nu Je+, nous avons, malgr  J tout, la joie de poss Jder 

intactes les verriPres sud du splendide  Jdifice. Il semble difficile de rencontrer ailleurs une collection plus consid Jrable, sur les formules de l=Jsot Jrismealchimique, que celle de la Sainte-Chapelle. Entreprendre, feuille B feuille, ladescription d=une telle for Lt de verre, serait une besogne  Jnorme, capable defournir la substance de plusieurs volumes. Nous nous bornerons donc B en offrir un sp Jcimen extrait de la cinquiPme baie, premier meneau, et qui a trait auMassacre des Innocents dont nous avons donn J plus haut la signification (pl.XXII). Nous ne saurions trop recommander aux amateurs de notre vieille science,ainsi qu=aux curieux de l=occulte, l=Jtude des vitraux symboliques de la

chapelle haute; ils y trouveront largement B glaner, de mLme que dans la granderose, incomparable cr  Jation de couleur et d=harmonie.Amiens

[157]

A l=instar de Paris, Amiens nous offre un remarquable ensemble de bas-reliefsherm Jtiques. Le fait singulier et qu=il convient de noter, c= est que le porche

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central de Notre-Dame d=Amiens, -- porche du Sauveur, -- est la reproduction B peu pr Ps fidP le, non seulement des motifs qui ornent le portail de Paris, maisencore de la succession qu=ils y affectent. Seuls, de l Jgers d Jtails les diff  J rencient;B Paris, les personnages tiennent des disques, ici ce sont des  Jcus; l=emblPme du

mercure est pr  Jsent J par une femme B Amiens, tandis qu=il l=est par un hommeB Paris. Sur les deux Jdifices, mLmes symboles, mLmes attributs,

[158]

mouvements et costumes semblables. Nul doute que l=oeuvre herm Jtique deGuillaume le Parisien n=ait exerc J une influence r  Jelle sur la d Jcoration du grand

 porche d=Amiens.Au demeurant, le chef-d=oeuvre picard, magnifique entre tous, reste l=un des

 plus purs documents que le moyen >ge nous ait l Jgu Js. Sa conservation, d=

ailleurs, permit aux restaurateurs de respecter la majeure partie des sujets; aussi,l=admirable temple df au g Jnie de Robert de Luzarches, de Thomas et Renault deCormont, demeure-t-il ajourd=hui dans sa splendeur originelle.Parmi les all Jgories propres au style d=Amiens, nous citerons en premier lieul=ing Jnieuse traduction du   feu de roue. Le philosophe, assis et accoud J sur legenou droit, para Tt m Jditer ou veiller (pl. XXXIII).Ce quatre-feuilles, fort caract Jristique B notre point de vue, a cependant reHu dequelques auteurs une interpr  Jtation toute diff  Jrente. Jourdain et Duval, Ruskin (The

 Bible of Amiens), l=abb J Roze et, apr Ps eux, Georges Durand1, en ont d Jcouvert le

sens dans la proph Jtie d=Ez Jchiel, lequel, dit G. Durand, *vit quatre animaux ail Js,comme plus tard saint Jean, puis des roues l=une dans l=autre. C=est la visiondes roues qui est ici figur  Je. Prenant naVvement le texte au pied de la lettre,l=artiste a r  Jduit la vision B sa plus simple expression. Le prophPte est assis sur unrocher et semble endormi sur son genou droit. Devant lui apparaissent deux rouesde voiture et c=est tout+ .Cette version renferme deux erreurs. La premiPre t Jmoigne d=une  JtudeincomplPte de la technique traditionnelle, des for-

1 G. Durand, Monographie de l = Eglise cath Jdrale d = Amiens. Paris, A. Picard, 1901.[159]

mules que respectaient les latomi dans l=ex Jcution de leurs symboles. La seconde, plus lourde, relPve d=une observation d Jfectueuse.En effet, nos imagiers avaient coutume d=isoler, ou tout au moins de souligner leurs attributs surnaturels B l=aide d=un cordon de nu Jes. Nous en trouvons une

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 preuve Jvidente sur la face de trois contreforts du porche; rien de semblable ici.D=autre part, notre personnage a les yeux ouverts; il n=est donc point endormi,mais para T t veiller, tandis que s=exerce aupr Ps de lui la lente action du  feu de

roue. Davantage, il est notoire que, dans toutes les scPnes gothiques figurant des

apparitions, l=illumin J est toujours repr  Jsent J face au ph JnomPne; son attitude, sonexpression t Jmoignent invariablement la surprise ou l=extase, l=anxi Jt J ou la b Jatitude. Ce n= est pas le cas dans le sujet qui nous occupe. Les deux roues nesont donc et ne peuvent Ltre qu=une image, de signification obscure pour le

 profane, plac Je tout expr Ps dans le dessein de voiler une chose tr Ps connue, tant del=initi J que de notre personnage. Aussi ne le voyons-nous point absorb J par quelque pr  Joccupation de ce genre. Il veille et surveille, patient mais un peu las.Les p Jnibles travaux d = Hercule achev Js, son labeur se r  Jduit au ludus puerorum

des textes, c=est-B-dire B l=entretien du feu, ce qu=une femme filant quenouille peut facilement entreprendre et mener B bien.

Quant B la double image de l=hi Jroglyphe, nous devons l=interpr  Jter comme lesigne des deux r  Jvolutions qui doivent agir successivement sur le compos J pour luiassurer un premier degr  J de perfection. A moins qu=on ne pr  Jf Pre y voir l=indication des deux natures dans la conversion, laquelle s =accomplit aussi par 

[160]

une cuisson douce et r  JguliPre. Cette derniPre thPse est adopt Je par Pernety.En fait, la coction lin Jaire et continue exige la double rotation d=une mLme roue,

mouvement impossible B traduire sur la pierre et qui a justifi J la n Jcessit J des deuxroues enchevLtr  Jes de maniPre B n=en former qu=une. La premiPre rouecorrespond B la  phase humide de l=op Jration, -- d Jnomm Je  Jlixation, -- o j  lecompos J demeure fondu, jusqu=B formation d=une pellicule l JgPre, laquelle,augmentant peu B peu d=J  paisseur, gagne en profondeur. La seconde p Jriode,caract Jris Je par la s Jcheresse, -- ou assation, -- commence alors, par un second tour de roue, se parfait et s=achPve lorsque le contenu de l=Éuf, calcin J, appara Ttgranuleux ou pulv Jrulent, en forme de cristaux, de sablon ou de cendre.

Le commentateur anonyme d=un ouvrage classique1 dit B propos de cette

op Jration, qui est v Jritablement le sceau du Grand Èuvre, que ale philosophe faitcuire B une chaleur douce et solaire, et dans un seul vaisseau, une seule vapeur quis=J  paissit peu B peu+. Mais quelle peut Ltre la temp Jrature du feu ext Jrieur convenable B cette coction? Selon les auteurs modernes, la chaleur du d J but nedevrait pas exc Jder la temp Jrature du corps humain. Albert Poisson donne la basede 50/ avec augmentation progressive jusque vers 300/ centigrades. PhilalPthe,

dans ses  RP gles2 , affirme que *le degr  J de chaleur qui pourra tenir du plomb

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(327/) ou de l= Jtain en fusion (232/), et mLme encore plus forte, c=est-B-diretelle que les vaisseaux la pourront souffrir sans se rompre, doit Ltre estim Je unechaleur temp Jr  Je. Par lB, dit-il, vous commencerez votre degr  J de chaleur propre

 pour le r Pgne o j la nature vous a laiss J+. Dans sa quinziPme r Pgle, PhilalPthe

1 La LumiPre sortant par soy-mesme des T JnP bres. Paris, d=Houry, 1687, chap. III, p. 30.

  2  RP gles du  Philal Pthe pour se conduire dans l =Èuvre herm Jtique, dans  Histoire de la Philosophie

herm Jtique, par Lenglet-Dufresnoy. Paris, Coustelier, 1742, t. II.

[161]

revient encore sur cette question importante; apr Ps avoir fait remarquer quel=artiste doit op Jrer sur des corps min Jraux et non sur des substances organiques, il

 parle ainsi:

*Il faut que l=eau de notre lac bouille avec les cendres de l=arbre d=HermPs; jevous exhorte de faire bouillir nuit et jour sans cesse, afin que dans les ouvrages denotre mer temp Jtueuse la nature c Jleste puisse monter et la terrestre descendre. Car 

 je vous assure que si nous ne faisons bouillir, nous ne pouvons jamais nommer notre ouvrage une cuisson, mais une digestion.+ 

A c^t J du feu de roue, nous signalerons un petit sujet, sculpt J B droite du mLme porche et que G. Durand pr  Jtend Ltre une r  J plique du septiPme m Jdaillon de Paris.Voici ce qu=en dit l =auteur (t. I, p. 336):*MM. Jourdain et Duval avaient appel J Inconstance ce vice oppos J  B la Pers J

v Jrance; mais il nous semble que le mot Apostasie propos J par l=abb J Rozeconvient mieux au sujet repr  Jsent J. C=est un personnage nu-tLte, imberbe ettonsur  J, clerc ou moine, vLtu d=une robe descendant B mi-jambe, munie d=uncapuce, et qui ne diff Pre de celle que nous avons vue port Je par le clerc du groupede la ColPre que par la ceinture dont elle est serr  Je. Jetant B c^t J de lui ses braieset ses chaussures, sortes de demi-bottes, il semble s=Jloigner d=une jolie petite Jglise aux fenLtres longues et Jtroites, au clocher cylindrique et en porte B faux,que l=on aper Hoit dans le lointain (pl. XXXIV).+ Dans un renvoi, Durand ajoute:*Au grand portail de Notre-Dame de Paris, c=est dans l=Jglise mLme que

l=Apostat laisse ses vLtements; dans le vitrail de la mLme Jglise, il est dehors etfait bien le geste d=un homme qui s=enfuit. A Chartres, il s=est d J pouill J entiPre

[162]

ment et n=est plus couvert que de sa chemise. Ruskin remarque que le fou infidPle

est toujours, dans les miniatures du XIIe et du XIII e siPcle, repr  Jsent J nu-pieds.+

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Quant B nous, nous ne trouvons aucune corr  Jlation entre le motif de Paris et celuid=Amiens. Tandis que celui-lB symbolise le d J  but de l=Èuvre, celui-ci, aucontraire, en traduit l=ach Pvement. L=Jglise est plut^t un athanor, et sonclocher  Jlev J en d J pit des r Pgles les plus Jl Jmentaires de l=architecture, le four 

secret renfermant l=Éuf philosophal. Ce four est muni d= ouvertures par lesquelles l=artisan observe les phases du travail. Un d Jtail important et biencaract Jristique a  Jt J oubli J: nous voulons parler du cintre  Jvid J dans lesoubassement. Or, il est difficile d=admettre qu=une Jglise puisse Ltre b>tie sur vof tes apparentes et semble ainsi reposer sur quatre pieds. Il n=est pas moinshasardeux d=assimiler B un vLtement la masse souple que l=artiste montre audoigt. Ces raisons nous ont conduit B penser que le motif d=Amiens relevait dusymbolisme herm Jtique et repr  Jsentait la coction ainsi que l=appareil ad hoc.L=alchimiste d Jsigne, de la main droite, le sac au charbon, et l=abandon de seschaussures montre assez jusqu=o j doivent Ltre pouss Js la prudence et le souci du

silence dans cette besogne cach Je. Quant B la tenue l JgPre que revLt l=artisandans le motif de Chartres, elle se justifie par la chaleur d Jgag28 Je du four. AuquatriPme degr  J de feu, en op Jrant par la voie sPche, il devient n Jcessaired=entretenir une temp Jrature voisine de 1200/, indispensable aussi dans la

 projection. Nos ouvriers modernes, dans l=industrie m Jtallurgique, sont vLtus B lamaniPre sommaire du souffleur chartrain. Nous serions, certes, heureux deconna Ttre la raison pour laquelle

[163]

les apostats  J  prouveraient le besoin de quitter leurs habits en s=Jloignant dutemple. C=est cette raison, pr  Jcis Jment, qu=il ef t fallu nous donner, afin desoutenir et d=Jtayer la thPse propos Je par les auteurs cit Js.

 Nous avons vu qu=B Notre-Dame de Paris l=athanor prend  Jgalement la formed=une tourelle Jlev Je sur vof tes. Il va de soi qu=on ne pouvait, Jsot Jriquement, lereproduire tel qu=il existait au laboratoire. On se borna donc B lui donner uneforme architectonique, sans toutefois en abolir les caract Jristiques, capables d=enr  Jv Jler la v J ritable destination. On y retrouve les parties constituantes du fourneau

alchimique: cendrier, tour et d^me. D=ailleurs, ceux qui ont consult J les estampesanciennes, -- et en particulier les bois de la  Pyrotechnie que Jean Li J baut ins Jradans son trait J1, -- ne s=y tromperont point. Les fours sont figur  Js comme desdonjons avec leurs glacis, leurs cr  Jneaux, leurs meurtriPres. Certainescombinaisons de ces appareils vont jusqu=B prendre l=aspect d=Jdifices ou de

 petites forteresses d=o j s=Jchappent des becs d=alambics et des cols de retortes.

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Contre le pied-droit du grand porche, nous retrouvons, en un quatre-feuillesengag J, l=all Jgorie du coq et du renard, chPre B Basile Valentin. Le coq se tient

 perch J sur une branche de chLne que le renard essaie d=atteindre (pl. XXXV). Les profanes y d Jcouvrent le sujet d=une fable populaire au moyen >ge, laquelle,

d=apr Ps Jourdain et Duval, serait le prototype du corbeau et du renard. *On nevoit pas, ajoute G. Durand, le ou les chiens qui sont le compl Jment de la fable.+Ce d Jtail typique ne para Tt pas avoir  Jveill J l=attention des auteurs sur le sensocculte du symbole. Et pourtant nos aVeux, traducteurs exacts et m Jticuleux,

1 Cf. Jean Li J baut, Quatre Livres des Secrets de M  Jdecine et de la Philosophie Chimique. Paris, Jacques du Puys,

1579, I7a et 19a .

[164]

n=eussent pas n Jglig J de figurer ces acteurs s=il se f f t agi d=une scPne connue defabliau.Peut-Ltre conviendrait-il en ce lieu de d Jvelopper le sens de l=image en faveur desfils de science, nos fr Pres, un peu plus que nous avons cru devoir le. faire B proposdu mLme emblPme sculpt J sur le porche de Paris. Nous expliquerons sans doute

 plus tard l=Jtroite relation qui existe entre le coq et le chLne, et trouverait sonanalogie dans le lien familial; car le fils est uni B son pPre comme le coq B sonarbre. Pour l=instant, nous dirons seulement que le coq et le renard ne sont qu=un

mLme hi Jroglyphe recouvrant deux Jtats physiques distincts d=une mLme matiPre.Ce qui appara Tt tout d=abord, c=est le coq ou la portion volatile, cons Jquemmentvivante, active, pleine de mouvement, extraite du  sujet, lequel a pour emblPme lechLne. C=est lB notre source fameuse dont l=onde claire coule B la base del=arbre sacr  J, si v Jn Jr  J des Druides, et que les anciens philosophes ont nomm JeMercure, quoiqu=elle n=ait aucune apparence du vif-argent vulgaire. Car l=eaudont nous avons besoin est sP che, ne mouille pas les mains et jaillit du rocher sousle choc de la verge d=Aaron. Telle est la signification alchimique du coq,

emblPme de Mercure chez les paVens et de la r  J surrection chez les chr  Jtiens. Ce

coq tout volatil qu=il soit, peut devenir le  Ph Jnix. Encore doit-il, auparavant,  prendre l=Jtat de fixit J provisoire que caract Jrise le symbole du  goupil, notrerenard  herm Jtique. Il est important, avant d=entreprendre la pratique, de savoir que le mercure contient en soi tout ce qui est n Jcessaire au travail. *B Jni soit leTr Ps-Haut, s=Jcrie Geber, qui a cr  JJ ce Mercure et lui a donn J une nature Blaquelle rien ne r  Jsiste! Car sans lui, les alchimistes auraient beau

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[165]

faire, tout leur labeur deviendrait inutile.+ C=est l=unique matiPre dont nousavons besoin. En effet, cette eau sPche, quoique entiPrement volatile, peut, si

l=on d Jcouvre le moyen de la retenir longtemps au feu, devenir assez fixe pour r  Jsister au degr  J de chaleur qui aurait suffi B l=Jvaporer en totalit J. Elle changealors d=emblPme, et son endurance au feu, sa qualit J pond Jreuse lui font attribuer le renard comme enseigne de sa nouvelle nature. L=eau est devenue terre et lemercure soufre. Cette terre, cependant, malgr  J la belle coloration qu=elle a priseau long contact du feu, ne servirait de rien sous sa forme sPche; un vieil axiomenous apprend que toute teinture sPche est inutile en sa siccit  J; il -convient donc deredissoudre cette terre ou ce sel dans la mLme eau qui lui a donn J naissance, ou, cequi revient au mLme, dans son propre sang, afin qu=elle devienne une secondefois volatile, et que le renard reprenne la complexion, les ailes et la queue du coq.

Par une seconde op Jration semblable B la pr  Jc Jdente, le compos J se coagulera denouveau, il luttera encore contre la tyrannie du feu, mais cette fois dans la fusionmLme et non plus B cause de sa qualit J sPche. Ainsi na Ttra la premiPre pierre, nonabsolument fixe ni absolument volatile, toutefois assez permanente au feu, tr Ps

 p Jn Jtrante et tr Ps fusible, propri J t Js qu=il vous faudra augmenter B l=aide d=unetroisiPme r  Jit  Jration de la mLme technique. Alors le coq, attribut de saint Pierre,

 pierre v Jritable et fluente sur laquelle repose l=Jdifice chr  Jtien, le coq aura chant  Jtrois fois. Car c=est lui, le premier Ap^tre, qui d Jtient les deux clefs entrecrois Jes

de la solution et de la coagulation; c=est lui qui est le symbole de la pierre volatile

que le feu rend fixe et dense en la pr  Jcipitant. Saint Pierre, nul ne l=ignore, futcrucifi J la t Lte en bas...

[166]

Dans les jolis motifs du portail nord, ou de Saint-Firmin, presque entiPrementoccup J par le zodiaque et les scPnes champLtres ou domestiques qui ycorrespondent, nous signalerons deux int Jressants bas-reliefs. Le premier repr  Jsenteune citadelle dont la porte, massive et verrouill Je, est flanqu Je de tours cr  Jnel Jesentre lesquelles s=JlPvent deux Jtages de constructions; un soupirail grill J en ornele soubassement.Est-ce lB le symbole de l=Jsot Jrisme philosophique, social, moral et religieux quise r  JvPle et se d Jveloppe tout au long des cent quinze autres quatre-feuilles? Ou

 bien devons-nous voir, en ce motif de l=an 1225, l=id Je mPre de la  Forteresse

alchimique, reprise et modifi Je par Khuntath en 1609? Serait-ce plut^t le  Palais,

myst Jrieux et ferm J, du roi de notre Art, dont parlent Basile Valentin et PhilalPthe?

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Quoi qu=il en soit, citadelle ou demeure royale, le b>timent, d=aspect imposantet r  J barbatif, produit une r  Jelle impression de force et d=inexpugnabilit J. B>ti

 pour conserver quelque tr  Jsor ou rec Jler quelque important secret, il semble qu=onne puisse y p Jn Jtrer qu=en poss Jdant la clef des puissantes serrures qui le

garantissent contre toute effraction. Cela tient de la prison et de la caverne, etl=huis d Jgage ce quelque chose de sinistre, de redoutable qui fait songer B l=entr  Je du Tartare:

Vous qui entrez ici laissez toute esp Jrance.

Le second quatre-feuilles, plac J imm Jdiatement au-dessous de celui-ci, montre desarbres morts, tordant et entrelaHant leurs branches noueuses sous un firmamentd Jgrad J, mais o j l=on peut

[167]

encore discerner les images du soleil, de la lune et de quelques Jtoiles (pl. XXXVI).Ce sujet se rapporte aux matiPres premiPres du grand Art, planPtes m Jtalliquesdont le feu, nous disent les Philosophes, a caus J la mort, et que la fusion a renduesinertes, sans pouvoir v Jg Jtatif, comme les arbres le sont pendant l=hiver.C=est pourquoi les Ma Ttres nous ont tant de fois recommand J de les r  Jincruder enleur fournissant, avec la forme fluide, l =agent propre qu=elles ont perdu dans lar  Jduction m Jtallurgique. Mais o j trouver cet agent? C= est le grand mystPre que

nous avons fr  J quemment touch J au cours de cette Jtude, en le morcelant au hasarddes emblPmes, afin que, seul, -l=investigateur perspicace puisse en conna Ttre lesqualit Js et en identifier la substance. Nous n=avons pas voulu suivre la vieillem Jthode par -laquelle on donnait une v Jrit J, exprim Je paraboliquement,accompagn Je d=une ou de plusieurs all Jgations sp Jcieuses ou frelat Jes, pour  Jgarer le lecteur incapable de s J parer le bon grain de l=ivraie. Certes, on peut -discuter etcritiquer ce travail, plus ingrat qu=on ne saurait le croire; nous ne pensons pasqu=on nous reprochera jamais d=avoir  Jcrit un seul -mensonge. Toutes les v Jrit Js,assure-t-on, ne sont pas bonnes B dire; nous estimons, en d J pit du proverbe, qu=ilest possible de les faire -comprendre en employant quelque finesse de langage.* Notre Art, disait jadis Artephius, est entiPrement cabalistique+; la cabale, eneffet, nous a toujours Jt J d=une grande utilit J. Elle nous a permis, sans truquer la-v Jrit J, sans d Jnaturer l=expression, sans falsifier la Science ni nous -parjurer, dedire plusieurs choses qu=on chercherait vainement dans les livres de nos

 pr  Jd Jcesseurs. Parfois, en pr  Jsence de l=impossi-

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[168] 

 bilit J o j nous nous trouvions d =aller plus loin sans violer notre serment, nousavons pr  Jf  Jr  J le silence aux allusions d Jcevantes, le mutisme B l=abus de

confiance.Que pouvons-nous donc dire ici mLme, en face du Secret des Secrets, devant ceVerbum dimissum dont nous avons d J jB fait mention, et que J Jsus confia B ses

Ap^tres, comme le t Jmoigne saint Paul1:*J=ai Jt J fait ministre de l=Eglise par la volont J de Dieu, lequel m=a envoy J versvous pour accomplir SA PAROLE. C=est-B-dire le SECRET qui a Jt  J cach J de

tout temps et de tout age, mais qu=il manifeste maintenant B ceux qu=il en jugedignes.+Que pouvons-nous dire, sinon all Jguer le t J moignage des grands ma Ttres qui ont,eux aussi, cherch J B l=expliquer?*Le Chaos m Jtallique produit des mains de la nature contient en soy tous lesm Jtaux et n=est point m Jtail. Il contient l=or, l=argent et le mercure; il n=est

 pourtant ni or, ni argent, ni mercure2.+ -- Ce texte est clair; pr  Jf Pre-t-on le langage

symbolique? Haymon3 nous en donne un exemple lorsqu=il dit:*Pour obtenir le premier agent, il faut se rendre B la partie post Jrieure du monde,

lB o j l=on entend gronder le tonnerre, souffler le vent, tomber la gr Lle et la pluie;c=est lB qu=on trouvera la chose si on la cherche.+Toutes les descriptions que nous ont laiss Jes les Philosophes de leur   sujet, ou

matiPre premiPre qui contient l=agent indispensable, sont fort confuses et tr P smyst Jrieuses. En voici quelques-unes, choisies parmi les meilleures.L=auteur du commentaire sur la  LumiPre sortant des T  JnPbres Jcrit, page 108: al=essence en laquelle habite l =esprit que nous

1 Saint Paul, EpT tre aux Colossiens, chap. I, V. 25 et 26.

2  Le Psautier d = Hermophile, dans Trait  J s de la Transmutation des M  Jtaux. Mss. anon. du XVIIIe siPcle, strophexxv.

3 Haymon, Epistola de Lapidibus Philosophicis. Trait J 192, t. VI du Theatrum Chemicum. Argentorati, 1613.

[169]

cherchons est ent Je et grav Je en lui, quoy qu=avec des traits et des lin Jamentsimparfaits; la mLme chose est dite par Ripleus Anglois au commencement de ses

 Douze Portes; et Egidius de Vadis, dans son   Dialogue de la Nature, fait voir clairement et comme en lettres d=or qu=il est rest J, dans ce monde une portion dece   premier Chaos, connue, mais m J pris Je d=un chacun, et qui se vend

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 publiquement.+ Le mLme auteur dit encore, page 263, que *ce sujet se trouve en  plusieurs lieux et dans chacun des trois r Pgnes; mais si nous regardons B la possibilit J de la nature, il est certain que la seule nature m Jtallique doit Ltre aid Jede la nature et par la nature; c=est donc dans le r P gne min Jral seulement, o j r  Jside

la semence m Jtallique, que nous devons chercher le sujet  propre B notre art+.*Il est une pierre de grande vertu, dit B son tour Nicolas Valois1, et est dite pierreet n=est pas pierre, et est min Jrale, v Jg Jtale et animale, qui est trouv Je en tous lieuxet en tout temps, et chez toutes personnes.+Flamel2  Jcrit de mLme: Il y a une pierre occulte, abscons Je et ensevelie au plus

 profond d=une fontaine, laquelle est vile, abjecte et nullement pris Je; et si estcouverte de fiens et excr  Jmens; B laquelle combien qu=elle ne soit qu=une, onluy baille tous noms. Parquoy, dict le Sage Morien, ceste pierre non pierre estanim Je, ayant vertu de procr  Jer et engendrer. Ceste pierre est molle, prenant son

commencement, origine et race de Saturne ou de Mars, Soleil et V Jnus; et si elleest Mars, Soleil et V Jnus... +*Il y a, dit Le Breton3, un min Jral connu des vrais SHavans qui le cachent dansleurs Jcrits sous divers noms, lequel contient abondamment le fixe et le volatil.+

1 Èuvres de N. Grosparmy et Nicolas Valois, ms. cit J supra, p. 140.

2  Nicolas Flamel, Original du D J sir d  J sir  J , ou Thr  J sor de Philosophie. Paris, Hulpeau, 1629, p. 144.

3 Le Breton, Clefs de la Philosophie Spagyrique. Paris, Jombert, 1722, p. 240.

[170]

*Les Philosophes ont eu raison, J crit un auteur anonymel, de cacher ce mystPreaux yeux de ceux qui n=estiment les choses que par les usages qu=ils leur ontdonn Js; car s=ils connoissoient, ou si on leur d Jcouvroit ouvertement la MatiPre,

que Dieu a pris plaisir de cacher dans les choses qui leur paroissent utiles, ils n=en

auroient plus d=estime.+ C=est lB une pens Je analogue B celle de l = Imitation2, par laquelle nous achPverons ces citations abstruses: *Celui qui estime les choses

ce qu=elles valent, et n=en juge pas selon le m Jrite ou l=estime des hommes, possPde la vraie Sagesse.+Revenons B la faHade d=Amiens.Le ma Ttre anonyme qui sculpta les m Jdaillons du porche de la Vierge-MPre a tr Pscurieusement interpr  Jt J la condensation de l=esprit universel; un Adepte contemplele flot de la ros Je c Jleste tombant sur une masse que nombre d=auteurs ont prise

 pour une toison. Sans infirmer cette opinion, il est tout aussi vraisemblable d=y

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soupHonner un corps diff  Jrent, tel que le min Jral d Jsign J sous le nom de Magn J sie

ou d=Aimant philosophique. On remarquera que cette eau ne tombe pas ailleursque sur le sujet consid Jr  J, ce qui confirme l=expression d=une vertu attractive

cach Je dans ce corps, et qu=il ne serait pas sans importance de chercher B  Jtablir 

(pl. XXXVII).C=est ici, croyons-nous, le lieu de rectifier certaines erreurs commises B proposd=un v Jg Jtal symbolique, lequel, pris B la lettre par d=ignorants souffleurs,contribua fortement B jeter le discr  Jdit sur l=alchimie et le ridicule sur ses

 partisans. Nous voulons parler du Nostoc. Ce cryptogame, que connaissent tous les paysans, se rencontre partout B la campagne, tant^t sur l=herbe,

1  La Clef du Cabinet herm Jtique, ms. cit J supra, p. 10.

2  Imitation de J 

 J sus-Christ 

, liv. II, ch. I, V. 6.

[171] tant^t sur le sol nu, dans les champs, au bord des chemins, B la lisiPre des bois.De bon matin, au printemps, on en trouve de volumineux, gonfl Js de ros Jenocturne. G Jlatineux et tremblotants, -- d=o j leur nom de tr  Jmelles, -- ils sont le

 plus souvent verd>tres et se dessPchent si rapidement sous l=action des rayonssolaires, qu=il devient impossible d=en retrouver trace B l=endroit mLme o j ilss=Jtalaient quelques heures auparavant. Tous ces caractPres combin Js, --

apparition soudaine, absorption d=eau et gonflement, coloration verte, consistancemolle et gluante, -- ont permis aux Philosophes de prendre cette algue comme typehi Jroglyphique de leur matiPre. Or, c=est tr Ps certainement un amas de ce genre,symbole de la Magn J sie min Jrale des Sages, que l=on voit, dans le quatre-feuillesd=Amiens, absorber la ros Je c Jleste. Nous passerons vite sur les noms multiplesappliqu Js au nostoc et qui, dans l=esprit des Ma Ttres, ne d Jsignaient que leur 

 principe min Jral:  Arch Je c Jleste, Crachat de Lune, Beurre de terre, Graisse de

ros Je, Vitriol v J g  Jtal, Flos C Éli, etc., selon qu=ils le regardaient comme r  Jceptaclede l=Esprit universel, ou comme matiPre terrestre exhal Je du centre B l=Jtat de

vapeur, puis coagul Je par refroidissement au contact de l=air.Ces termes  Jtranges, qui ont cependant leur raison d=Ltre, ont fait oublier lasignification r  Jelle et initiatique du  Nostoc. Ce mot vient du grec <Û>, <LiJ`H,correspondant au latin nox, noctis, nuit. C=est donc une chose qui naT t la nuit, a

 besoin de la nuit pour se d Jvelopper et ne se peut travailler que la nuit. Aussi, notre

 sujet  est-il admirablement d Jrob J aux regards profanes, quoiqu=il puisse Ltre

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facilement distingu J et ouvr  J par ceux qui ont une exacte connaissance des loisnaturelles. Mais combien

[172]

  peu, h Jlas! prennent la peine de r  Jfl Jchir et demeurent simples dans leur raisonnement!Voyons, dites-nous, vous qui avez d J jB tant labour  J , que pr  Jtendez-vous faireaupr Ps de vos fourneaux allum Js, de vos ustensiles nombreux, vari Js, inutiles?Esp Jrez-vous accomplir de toutes piPces une v Jritable cr  Jation? --  Non, certes,

 puisque la facult J de cr  Jer n=appartient qu=B Dieu, l=unique Cr  Jateur. C=estdonc une  g  Jn Jration que vous d Jsirez provoquer au sein de vos mat Jriaux. Mais ilvous faut, dans ce cas, l=aide de la nature, et vous pouvez croire que cette aidevous sera refus Je si, par malheur ou par ignorance, vous ne mettez pas la nature en

 Jtat d=appliquer ses lois. Quelle est donc la condition primordiale, essentielle, pour qu=une g Jn Jration quelconque puisse Ltre manifest Je? Nous r  J pondrons pour vous: l =absence totale de toute lumiPre solaire, mLme diffuse ou tamis Je.Regardez autour de vous, interrogez votre propre nature. Ne voyez-vous pas que,chez l=homme et l es animaux, la f  Jcondation et la  g  Jn Jration s=opPrent, gr >ceB certaine disposition des organes, dans une obscurit  J compl Pte, maintenue

 jusqu=au jour de la naissance? -- Est-ce B la surface du sol, -- en pleine lumiPre,-- ou dans la terre mLme, B l=obscurit J, -- que les graines v Jg Jtales peuventgermer et se reproduire? Est-ce le jour ou la nuit que tombe la ros Je f  Jcondante qui

les alimente et les vitalise? Voyez les champignons; n=est-ce pas la nuit qu=ilsnaissent, croissent et se d Jveloppent? Et vous-mLme, n=est-ce point aussi la nuit,dans le sommeil nocturne, que votre organisme r  J  pare ses pertes,  Jlimine sesd Jchets, reforme de nouvelles cellules, de nouveaux tissus aux lieu et place de ceuxque la lumiPre du jour a br f l Js, us Js et d Jtruits?

[173]

Il n=est pas jusqu=au travail de la digestion, de l=assimilation de latransformation des aliments en sang et substance organique, qui ne s=accomplissedans l=obscurit J. Voulez-vous tenter une exp Jrience? -- Prenez des Éufs f  Jcond Js,faites-les couver dans une piPce bien Jclair  Je; B la fin de l=incubation tous vos Éufs contiendront des embryons morts, plus ou moins d Jcompos Js. Si quelque

  poussin vient B na Ttre, il sera aveugle, ch Jtif et ne vivra point. Telle estl=influence n Jfaste du soleil, non pas sur la vitalit J des individus constitu Js, maissur la g  Jn Jration. Et ne croyez pas qu=il faille limiter aux seuls r Pgnes organiques

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les effets d=une loi fondamentale dans la nature cr  JJe. Les min Jraux mLmes,malgr  J leur r  Jaction moins visible, y sont soumis comme les animaux et lesv Jg Jtaux. On sait assez que la production de l=image photographique est bas Je sur la propri Jt J que possPdent les sels d=argent de se d  Jcomposer B la lumiPre. Ces

sels reprennent donc leur  Jtat m Jtallique inerte, tandis qu=ils avaient acquis, aulaboratoire noir, une qualit J active, vivante et sensible. Deux gaz m Jlang Js, lechlore et l=hydrogPne, conservent leur int Jgrit J tant qu=ils sont tenus Bl=obscurit J; ils se combinent lentement B la lumiPre diffuse et avec explosion

 brutale si le soleil intervient. Un grand nombre de sels m Jtalliques en solution setransforment ou se pr  Jcipitent en plus ou moins de temps B la lumiPre du jour. Lesulfate ferreux se change ainsi rapidement en sulfate ferrique, etc.Il importe donc de retenir que le soleil est le destructeur par excellence de toutesles substances trop jeunes, trop faibles pour r  Jsister B son pouvoir ign J. Et cela estsi r  Jel qu=on a bas J sur cette action sp Jciale une m Jthode th Jrapeutique pour la

gu Jri-

[174]

son d=affections externes, la cicatrisation rapide des plaies et blessures. C=est le pouvoir mortel de l=astre sur les cellules microbiennes d=abord, et les cellulesorganiques ensuite, qui a permis d=instituer le traitement phototh Jrapique.Et maintenant, travaillez de jour si bon vous semble; mais ne nous accusez pas sivos efforts n=aboutissent jamais qu=B l=insuccPs. Nous savons, quant B nous,

que la d Jesse Isis est la mPre de toutes choses, qu=elle les porte toutes dans sonsein, et qu=elle seule est la dispensatrice de la  R Jv Jlation et de l = Initiation.

Profanes qui avez des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne pointentendre, B qui adresserez-vous donc vos priPres? Ignorez-vous qu=on ne

 parvient B J Jsus que par l=intercession de sa M Pre; sancta Maria ora pro nobis?

Et la Vierge est figur  Je, pour votre instruction, les pieds pos Js sur le croissantlunaire, toujours vLtue de bleu, couleur symbolique de l=astre des nuits. Nous

 pourrions dire beaucoup plus, mais nous estimons avoir assez parl J.Finissons donc l=Jtude des types herm Jtiques originaux de la cath Jdraled=Amiens, en relevant, B gauche du mLme porche de la Vierge-MPre, un petitmotif d=angle offrant une scPne d=initiation. Le ma Ttre d Jsigne B trois de sesdisciples l =astre herm Jtique sur lequel nous nous sommes d J jB longuement  Jtendu, l=Jtoile traditionnelle qui sert de guide aux Philosophes et leur indique lanaissance du fils du soleil (pl.. XXXVIII). Rappelons ici, B propos de cet astre, ladevise de Nicolas Rollin, chancelier de Philippe le Bon, qui fut peinte en 1447 sur le carrelage de l=h  ̂pital de Beaune, dont il  Jtait le fondateur. Cette devise,

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 pr  Jsent Je B la mani Pre d=un r  J bus, -- Seule *, -- manifestait la science de son possesseur par le signe caract Jristique de l=Èuvre, l=unique, la seule Jtoile.

Bourges

[177]

I

Bourges, vieille cit J berrichonne, silencieuse, recueillie, calme et grise comme unclo Ttre monastique, d J jB fiPre B juste titre d=une admirable cath Jdrale, offreencore aux amateurs du pass J d=autres  Jdifices Jgalement remarquables. Parmiceux-ci, le palais Jacques-Coeur et l=h^tel Lallemant sont les plus purs joyaux desa merveilleuse couronne.Du premier, qui fut jadis un v Jritable mus Je d=emblPmes herm Jtiques, nous dirons

 peu de chose. Le vandalisme a pass J sur lui. Ses affectations successives en ont

ruin J la d Jcoration int Jrieure, et, si la faHade ne nous Jtait conserv Je dans son Jtat

[178]

 primitif, il nous serait impossible d=imaginer aujourd=hui, devant les parois nues,les salles d Jlabr  Jes, les hautes galeries vof t Jes en car Pne, la magnificence originellede cette somptueuse demeure.

Jacques CÉur, grand argentier de Charles VII, qui la fit construire au XVe siPcle,eut la r  J putation d=un Adepte J prouv J. David de Planis-Campy le cite, en effet,

comme poss Jdant *le don pr  Jcieux de la pierre au blanc+, en d=autres termes dela transmutation des m Jtaux vils en argent. D=o j, peut-Ltre, son titre d =argentier.

Quoi qu=il en soit, nous devons reconna T tre que Jacques CÉur mit tout en Éuvre pour accr  Jditer, par une profusion de symboles choisis, sa qualit J vraie ou suppos Jede philosophe par le feu.Chacun conna Tt le blason et la devise de ce haut personnage: trois cÉurs formantle centre de cette l Jgende, pr  Jsent Je comme un r  J bus,  A  vaillans cuers riens

impossible. FiPre maxime, d J bordante d=Jnergie, qui prend, si nous l=Jtudionsselon les r Pgles cabalistiques, une signification assez singuliPre. En effet, lisons

cuer avec l= orthographe de l=J poque, et nous obtiendrons B la fois: 1/ l=Jnonc Jde l=Esprit universel (rayon de lumiPre); 2/ le nom vulgaire de la matiPre basiqueouvr  Je (le fer); 3/ les trois r  Jit Jrations indispensables B la perfection totale des deuxMagistPres (les trois cuers). Notre conviction est donc que Jacques CÉur a pratiqu Jlui-mLme l=alchimie, ou du moins qu=il a vu Jlaborer sous ses yeux la pierre au

blanc par le fer *essencifi J+ et trois fois cuit.

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Parmi les hi Jroglyphes favoris de notre argentier, la coquille Saint-Jacques tient,avec le cÉur, une place pr  J pond Jrante. Les deux images en sont toujours accoupl Jesou dispos Jes sym Jtri-

[179]quement, ainsi qu=on peut le voir sur les motifs centraux des cercles quadrilob Jsdu fenestrage, des balustrades, des panneaux et du marteau de porte, etc. Sansdoute y a-t-il, dans cette dualit J de la coquille et du cÉur, un r  J bus impos J sur lenom du propri Jtaire, ou sa signature st Jganographique. Cependant, les coquilles dugenre peigne (Pecten JacobÉus des naturalistes) ont toujours servi d=insigne aux

 pPlerins de Saint-Jacques. On les portait soit au chapeau (ainsi qu=on le remarquesur une statue de saint James B l=abbaye de Westminster), soit autour du col, soitenfin agraf  Jes sur la poitrine, toujours de faHon tr Ps apparente. La M  Jrelle de

Compostelle (pl. XXXIX), sur laquelle nous aurions bien des choses B remarquer,sert, dans la symbolique secr Pte, B d Jsigner le principe Mercure1, appel J encoreVoyageur ou P Plerin. Elle est port Je mystiquement par tous ceux qui entreprennentle travail et cherchent B obtenir l=Jtoile (compos stella). Rien de surprenant, dPslors, que Jacques CÉur ait fait reproduire, B l=entr  Je de son palais, l=icon

 peregrini si  populaire chez les souffleurs du moyen >ge. Nicolas Flamel ne d Jcrit-il pas de mLme, dans ses  Figures Hi Jroglyphiques, le voyage parabolique qu=ilentreprit afin, dit-il, de demander B *Monsieur Jacques de Galice+ aide, lumiPreet protection? Tous les alchimistes B leur d J but en sont lB. Il leur faut accomplir,

avec le bourdon pour guide et la m Jrelle pour enseigne, ce long et dangereux parcours dont une moiti J est terrestre et l=autre maritime. P Plerins d=abord, pilotes ensuite.La chapelle, restaur  Je, entiPrement peinte, est peu int Jressante. Si nous exceptonsle plafond, sur crois Je d=ogives, o j une vingtaine d=anges trop neufs portent aufront le globe et d J roulent

1 Le. Mercure est l=eau benoT te des Philosophes. Les grandes coquilles servaient autrefois B contenir l=eau

b Jnite; on les rencontre encore fr  Jquemment dans beaucoup d=Jglises rurales.

[180]

des phylactPres, et une Annonciation sculpt Je sur le tympan de la porte, il ne resterien du symbolisme d=antan. Venons donc B la piPce la plus curieuse et la plusoriginale du Palais.

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C=est un joli groupe, sculpt J sur un cul-de-lampe, qui orne la chambre dite duTr  J sor. On assure qu=il repr  Jsente la rencontre de Tristan et d=Yseult. Nous n=ycontredirons pas, le sujet ne changeant rien, d=ailleurs, B l=expressionsymbolique qu=il d Jgage. Le beau poPme m Jdi Jval fait partie du cycle des romans

de la Table ronde, l Jgendes herm Jtiques traditionnelles renouvel Jes des fablesgrecques. Il se rapporte directement B la transmission des connaissancesscientifiques anciennes, sous le voile d=ing Jnieuses fictions popularis Jes par leg Jnie de nos trouvPres picards (pl. XL).Au centre du motif, un coffret creux et cubique fait saillie au pied d=un arbretouffu dont le feuillage dissimule la tLte couronn Je du roi Marc. De chaque c^t Japparaissent Tristan de L Jonois et Yseult, celui-lB coiff  J du chaperon B bourrelet,celle-ci d=une couronne qu=elle assujettit de la main droite. Nos personnagessont figur  Js dans la for Lt de Morois, sur un tapis de hautes herbes et de fleurs, etfixent tous deux leurs regards sur la myst Jrieuse pierre Jvid Je qui les s J pare.

Le mythe de Tristan de L Jonois est une r  J plique de celui de Th Js Je. Tristan combatet tue le Morhout, Th Js Je le Minotaure.  Nous retrouvons ici l=hi Jroglyphe defabrication du Lion vert, d=o j le nom de L Jonois ou L Jonnais port J par Tristan, --laquelle est enseign Je par Basile Valentin sous la lutte des deux champions,l =aigle et le dragon. Ce combat singulier des corps chimiques dont lacombinaison procure le dissolvant secret (et le vase

[181]

du compos J), a fourni le sujet de quantit J de fables profanes et d=all Jgories sacr  Jes.C=est Cadmos per Hant le serpent contre un chLne; Apollon tuant B coups deflPches le monstre Python et Jason le dragon de Colchide; c=est Horus combattantle Typhon du mythe osirien; Hercule coupant les tLtes de l=Hydre et Pers Je cellede la Gorgone; saint Michel, saint Georges, saint Marcel terrassant le Dragon, r  J

 pliques chr  Jtiennes de Pers Je, tuant le monstre gardien d=AndromPde, mont J sur son cheval P Jgase; c=est encore le combat du renard et du coq, dont nous avons

 parl J en d Jcrivant les m Jdaillons de Paris; celui de l=alchimiste et du dragon(Cyliani), de la r  Jmore et de la salamandre (de Cyrano Bergerac), du serpent rouge

et du serpent vert, etc.Ce dissolvant peu commun permet la r  Jincrudation 1 de l=or naturel, sonamollissement et le retour B son premier  Jtat sous la forme saline, friable et tr Psfusible. C=est lB ce rajeunissement du roi, que signalent tous les auteurs, d J butd=une phase Jvolutive nouvelle, personnifi Je, dans le motif qui nous occupe, par Tristan, neveu du roi Marc. En fait, l=oncle et le neveu ne sont, chimiquement

 parlant, qu=une mLme chose, de mLme genre et d=origine semblable. L=or perd

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sa couronne, -- en perdant sa couleur, -- durant un certain laps de temps, et s=envoit d J pourvu jusqu= B ce qu=il soit parvenu au degr  J de sup Jriorit J o j l=art et lanature peuvent le porter. Il en h Jrite alors d=une seconde, *infiniment plus nobleque la premiPre+, ainsi que nous l=assure Limojon de Saint-Didier. Aussi,

voyons-nous se d Jtacher nettement les silhouettes de Tristan et de la reine Yseult,tandis que le vieux roi demeure cach J dans les frondaisons de l=arbre central,lequel sort de la pierre comme l=arbre de Jess J sort de la poitrine

1 Terme de technique herm Jtique qui signifie rendre cru, c=est-B-dire remettre dans un Jtat ant Jrieur B celui quicaract Jrise la maturit J, r  Jtrograder.

[182]

du Patriarche. Remarquons encore que la reine est B la fois l= J pouse du vieillard

et du jeune h Jros, afin de maintenir la tradition herm Jtique qui fait du roi, de lareine et de l=amant la triade min Jrale du Grand Èuvre. Enfin, signalons un d Jtailde quelque valeur pour l=analyse du symbole. L=arbre situ J derriPre Tristan estcharg J de fruits Jnormes, -- poires ou figues g Jantes, -- en telle abondance que lefeuillage dispara Tt sous leur masse. Etrange for Lt, en v Jrit J, que celle de Mort-Roi,

et combien nous serions port J B l=assimiler au fabuleux et mirifique Jardin desHesp Jrides!

II

Plus encore que le Palais Jacques-CÉur, l=H^tel Lallemant retiendra notreattention. Demeure bourgeoise, de dimensions modestes et de style moins ancien,il offre le rare avantage de se pr  Jsenter  B nous dans un  Jtat de parfaiteconservation. Aucune restauration, aucune mutilation ne lui ont ^t J le beaucaractPre symbolique que d Jgage une d Jcoration abondante aux thPmes d Jlicats etminutieux.Le corps de logis, b>ti B flanc de talus, montre le pied de sa faHade en contre-basd=un Jtage environ par rapport au niveau de la cour. Cette disposition n Jcessitel=emploi d=un es calier construit sous vof te ascendante en plein cintre. SystPmeing Jnieux autant qu=original, qui permet l=accPs de la cour int Jrieure, o j s=ouvrel=entr  Je des appartements.Sur le palier vof t J, au seuil de l=escalier, le gardien, -- dont nous devons louer l=exquise affabilit J, -- pousse B notre droite

[183]

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une petite porte. *C=est ici, nous dit-il, qu=est la cuisine.+ PiPce assez vaste,creus Je en sous-sol, mais basse de plafond, qu=une seule fenLtre, ouverte enlargeur et coup Je d=un meneau de pierre, Jclaire B peine. Chemin Je minuscule et

sans profondeur: telle est la *cuisine+. A l=appui de son affirmation, notrecicerone d Jsigne un cul-de-lampe de retomb Je d=arcs, lequel figure un clerc qui Jtreint le manche d=un pilon. Est-ce vraiment lB l=image d=un g>te-sauce du

XVIe siPcle? Nous demeurons sceptique. Notre regard va de la petite chemin J e, --o j l=on pourrait B peine r ̂ tir un dindon, mais qui suffirait B contenir la tour d=un athanor, -- au marmouset promu cuisinier, puis se reporte B la cuisine elle-mLme, si triste, si sombre en ce lumineux jour d=Jt J...Plus nous r  Jfl Jchissons et moins l=explication du guide nous semblevraisemblable. Cette salle basse, obscure,  Jloign Je de la salle B manger par unescalier et une cour  B ciel ouvert, sans autre appareil qu=une chemin Je Jtroite,insuffisante, d J  pourvue de contre-cÉur forg J et de support B cr  Jmaill Pre, nesaurait logiquement convenir au moindre office culinaire. En revanche, elle nous

  parait admirablement adapt Je au travail alchimique, d=o j la lumiPre solaire,ennemie de toute g Jn Jration, doit Ltre exclue. Quant au marmiton, nous connaissons assez la conscience, le soin, le scrupule d=exactitude qu=apportaient lesimaigiers d=autrefois dans la traduction de leur pens Je pour qualifierpilonl=instrument qu= il pr  Jsente au visiteur. Nous ne pouvons croire que l=artiste ef tn Jglig J de figurer  Jgalement le mortier, sa contrepartie indispensable. D=ailleurs,la forme seule de l=ustensile est caract Jristique; ce que tient le marmouset en

question est en

[184]r  Jalit J  un matras a long col, semblable B ceux qu=emploient nos chimistes, etqu=ils nomment encore ballons, B cause de leur panse sph Jrique. Enfin,l=extr  Jmit J du manche de ce  pilon suppos J est Jvid Je et taill Je en sifflet, ce qui

 prouve bien que nous avons affaire B un ustensile creux, vase ou fiole (pl. XLI).Ce vaisseau indispensable et fort secret a reHu des noms divers, choisis demaniPre B  J carter les profanes, non seulement de sa v Jritable destination, mais

encore de sa composition. Les Initi Js nous comprendront et sauront de quelvaisseau nous entendons parler. G J n Jralement, il est appel J Éuf philosophique et Lion vert. Par le terme d =Éuf, les Sages entendent leur compos J, dispos J dans sonvase propre, et pr Lt B subir les transformations que l=action du feu y provoquera.C=est, dans ce sens, positivement un Éuf, puisque son enveloppe, ou sa coque,renferme le rebis   philosophal, form J de blanc et de rouge dans une proportionanalogue B celle de l=Éuf des oiseaux. Quant B la seconde  J pithPte, son

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interpr  Jtation n=a jamais  Jt J fournie par les textes. Batsdorff, dans son  Filet 

d = Ariadne, dit que les Philosophes ont appel J  Lion vert  le vaisseau servant B lacoction, mais sans en fournir aucune raison. Le Cosmopolite, insistant davantagesur la qualit J du vase et sa n Jcessit J dans le travail, affirme qu=en l=Èuvre *il y a

ce seul Lion verd qui ferme et ouvre les sept sceaux indissolubles des sept espritsm J talliques, et qui tourmente les corps jusqu=B ce qu=il les ait entiPrement perfectionn Js, par le moyen d=une longue et ferme patience de l=artiste+. Le

manuscrit de G. Aurach1 montre un matras de verre, rempli B moiti J d=uneliqueur verte, et ajoute que tout l=art repose sur l=acquisition de ce seul  Lion

verd  et que son nom mLme indique sa couleur.

1 Le Tr Ps pr  Jcieux Don de Dieu. Manuscrit de Georges Aurach, de Strasbourg, escript et peint de sa propre main,l=an du Salut de l=Humanit J rachett Je, 1415

[185]

C=est le vitriol  de Basile Valentin. La troisiPme figure de la Toison d=Or est presque identique B l=image de G. Aurach. On y voit un philosophe habill J derouge, sous un manteau pourpre, et coiff  J d=un bonnet vert, qui montre de ladextre un matras de verre contenant un liquide vert. Ripley s=approche plus de lav Jrit J lorsqu=il dit: *Il n=entre qu=un seul corps immonde dans notre magistPre;les Philosophes l=appellent commun Jment Lion vert. C=est le milieu ou moyen

 pour joindre les teintures entre le soleil et la lune.+

D=apr Ps ces renseignements, il appert que le vase est doublement envisag J, etdans sa matiPre et dans sa forme, d=une part B l=Jtat de vase de nature, del=autre comme vase de l =art. Les descriptions, -- peu nombreuses et peulimpides, -- que nous venons de traduire, se rapportent B la nature du vase; quantit Jde textes nous  Jclairent sur la forme de l=Éuf. Celui-ci peut, B volont J, Ltresph Jrique ou ovoVde, pourvu qu=il soit en verre clair, transparent, sans soufflure.Ses parois exigent une certaine J paisseur, afin de r  Jsister aux pressions internes, et

quelques auteurs recommandent de choisir B cet effet le verre de Lorraine1. Enfinle col en est long ou court, selon l=intention de l=artiste ou sa commodit J;

l=essentiel est qu=on puisse facilement le souder B la lampe d=Jmailleur. Maisces d Jtails de pratique sont suffisamment connus pour nous dispenser de plusamples explications.Quant B nous, nous voulons surtout retenir que le laboratoire et le vase del=Èuvre, le lieu o j besogne l=Adepte et celui o j la nature agit, sont les deuxcertitudes qui frappent l=initi J au d J but de sa visite et font de l=H^tel Lallemantl=une des plus s Jduisantes et des plus rares demeures philosophales.

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1 Le vocable verre de Lorraine servait autrefois B distinguer le verre moul  J du verre souffl  J. Gr >ce au moulage, leverre de Lorraine pouvait avoir des parois tr Ps J paisses et r  Jguli Pres. 

[186]

Pr  Jc Jd J du guide, nous voici maintenant sur le pav J de la cour. Quelques pas nousamPnent B l=entr  Je d=une loggia largement Jclair  Je par un portique form J de trois

 baies cintr  Jes. C=est une grande salle, au plafond ray J d=J paisses solives. Desmonolithes, stPles et autres d J bris antiques y trouvent place et lui donnent l=aspectd= un mus Je d=arch Jologie locale. Pour nous, l=int Jr Lt n=est pas lB, mais biensur la muraille du fond, o j se trouve enclav J un magnifique bas-relief de pierre

 peinte. Il repr  Jsente saint Christophe d J posant le petit J Jsus sur la berge rocheuse dutorrent l Jgendaire qu=il vient de lui faire traverser. Au second plan, un ermite, la

lanterne au poing, -- car la scPne se passe la nuit, -- sort de sa cabane et marchevers l=Enfant-Roi (pl. XLII).Il nous a souvent  Jt J donn J de rencontrer de belles repr  Jsentations anciennes desaint Christophe; aucune, cependant, n=a serr  J d=aussi pr Ps la l Jgende que celle-ci. Il semble donc hors de doute que le sujet de ce chef-d=Éuvre et le texte deJacques de Voragine contiennent le mLme sens herm Jtique, avec, en plus, certaind Jtail qu=on ne saurait trouver ailleurs. Saint Christophe prend, de ce fait, uneimportance capitale sous le rapport de l=analogie existant entre ce g Jant, qui portele Christ, et la matiPre qui porte l=or (ODLF@N`D@H) en jouant le mLme r ̂ le

dans l=Èuvre. Comme notre intention est d=Ltre utile B l=Jtudiant sincPre et de bonne foi, nous en d Jvelopperons bient^t l=Jsot Jrisme, que nous avons r  Jserv J en parlant des statues de saint Christophe et du monolithe dress J sur le Parvis Notre-Dame, B Paris. Mais, d Jsirant nous faire mieux comprendre, nous transcrirons

d=abord le r  Jcit l Jgendaire rapport J par Am Jd Je de Ponthieu1 d=apr Ps

1 Am Jd Je de Ponthieu, L J gendes du Vieux Paris. Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, p. 106.

[187]

Jacques de Voragine. Nous soulignons B dessein les passages et les noms qui serapportent directement au travail, aux conditions et aux mat Jriaux, afin qu=on

 puisse s=y arr Lter, y r  Jfl Jchir et en tirer profit.*Avant d=Ltre chr  Jtien, Christophe se nommait Offerus; c=Jtait une espPce deg Jant, esprit tr Ps J pais. Quand il eut l=>ge de raison, il se mit B voyager en disantqu=il voulait servir le plus grand roi de la terre. On l=envoya B la cour d=un roi

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  puissant qui fut bien r  J joui d=avoir un  serviteur  aussi fort. Un jour, le roi,entendant un chanteur prononcer le nom du diable, fit le signe de la croix avecterreur. *Pourquoi cela? demanda aussit^t Christophe. -- Parce que je crains lediable, r  J pondit le roi. -- Si tu le crai ns, tu n=es donc pas si puissant que lui?

Alors je veux servir le diable.+ Et lB-dessus Offerus partit.Apr Ps une longue marche B la recherche de ce puissant monarque, il vit venir Blui une grande troupe de cavaliers vLtus de rouge; leur chef  Jtait noir et lui dit:*Que cherches-tu?+ -- Je cherche le diable pour le servir. -- Je suis le diable, suis-moi.+ Et voilB Offerus enr ̂ l J parmi les domestiques de Satan. Un jour, dans unegrande course, la troupe infernale rencontre une croix au bord du chemin; le diableordonne de faire volte-face. *Pourquoi cela? dit Offerus, toujours curieux des=instruire. -- Parce que je crains l=image du Christ. -- Si tu crains l=image duChrist, c=est que tu es moins puissant que lui; alors je veux entrer au service du

Christ.+ Offerus passa seul devant la croix et continua sa route. Il rencontra un

bon ermite et lui demanda o j l= on pourrait voir le Christ. *Partout, r  J ponditl=ermite. -- Je ne comprends pas, dit Offerus mais si vous dites la v Jrit J, quelsservices peut

[188]

lui rendre un gaillard robuste et alerte comme moi? -- On le sert, r  J pondit l=ermite, par la priPre, les jef nes et les veilles.+ Offerus fit la grimace. * N=y a-t-il pas uneautre maniPre de lui Ltre agr  Jable? demanda-t-il.+ Le solitaire comprit B qui il

avait affaire, et, le prenant par la main, le conduisit au bord d=un torrent fougueux, qui descendait d =une haute montagne, et lui dit: *Les pauvres gens quiont travers J cette eau se sont noy Js; reste ici, et porte B l=autre bord, sur tes fortes J paules, ceux qui te le demanderont. Si tu fais cela pour l=amour du Christ, il tereconna Ttra pour   son serviteur. -- Je le ferai bien pour l=amour du Christr  J pondit Offerus.+  Il se b>tit donc une cabane sur le rivage et transporta nuit et

 jour les voyageurs qui le demandaient.Une nuit, accabl J de fatigue, il dormait profond Jment; des coups frapp Js B sa portel=JveillPrent, et il entendit la voix d=un enfant qui l=appela trois fois  par sonnom! Il se leva, prit l=enfant sur ses larges J paules et entra dans le torrent. Arriv Jau milieu, il voit tout B coup le torrent devenir furieux, les vagues s=enfler et se

 pr  Jcipiter sur ses jambes nerveuses pour le renverser. Il r  J siste de son mieux, maisl=enfant pesait comme un lourd fardeau; c=est alors que, dans la crainte de laisser choir le petit voyageur, il d Jracina un arbre pour s=y appuyer; mais les flotsgrossissaient toujours, et l=enfant devenait de plus en plus pesant. Offerus,

craignant de le noyer, leva la tLte vers lui et lui dit: *Enfant, pourquoi te fais-tu si

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lourd? Il me semble que je porte le monde.+ L=enfant r  J pondit: * Non seulementtu portes le monde, mais celui qui a fait le monde. Je suis le Christ, ton Dieu et tonma Ttre. En r  Jcompense de tes bons services, je te baptise au nom de mon PPre, enmon nom propre et en celui du Saint

[189]

Esprit; d Jsormais, tu t=appelleras Christophe.+ Depuis ce jour, Christophe parcourut la terre pour enseigner la parole du Christ.Cette narration suffit B montrer avec quelle fid Jlit J l=artiste a observ J et rendu lesmoindres d Jtails de la l Jgende. Mais il a fait mieux encore. Sous l=inspiration du

savant herm Jtiste qui lui avait command J l=Éuvre1, il a plac J le g Jant, les piedsdans l=eau, le vLtant d=une Jtoffe l JgPre nou Je sur l=J paule et serr  Je par unelarge ceinture au niveau de l=abdomen. C=est cette ceinture qui donne B saintChristophe son v Jritable caractPre Jsot Jrique. Ce que nous allons en dire ici nes=enseigne pas. Mais, outre que, pour beaucoup, la science ainsi r  Jv Jl Je n=endemeure pas moins t Jn J  breuse, nous estimons d=autre part, qu=un livre quin=apprend rien est inutile et vain. Pour cette raison, nous allons nous efforcer ded J  pouiller le symbole autant qu=il nous sera possible, afin de montrer auxinvestigateurs de l=occulte le fait scientifique cach J sous son image.La ceinture d=Offerus est piqu Je de lignes entre-crois Jes semblables B celles que

 pr  Jsente la surface du dissolvant lorsqu=il a Jt J canoniquement  pr  J par  J. Tel est leSigne, que tous les Philosophes reconnaissent pour marquer, ext Jrieurement, la

vertu, la perfection, l=extr Lme puret J intrinsPques de leur substance mercurielle. Nous avons d J jB dit plusieurs fois, et nous le r  J p Jtons encore, que tout le travail del= art consiste B  Jvertuer ce mercure jusqu=B ce qu=il soit revLtu du  signe

indiqu J. Et ce  signe, les vieux auteurs l=ont appel J  Sceau d = HermP s, Sel des

Sages (Sel mis pour Scel), -- ce qui jette la confusion dans l=esprit des chercheurs,-- la marque et l =empreinte du Tout-Puissant, sa signature, puis encore  Etoile des

Mages, Etoile polaire, etc. Cette disposition g Jom Jtrique

1 D=apr Ps certains documents conserv Js dans les archives de l=H^tel Lallemant, nous savons que Jean Lallemant

appartenait B la Fraternit J alchimique des Chevaliers de la Table ronde. 

[190]

subsiste et appara Tt avec plus de nettet J lorsqu=on a mis l=or B dissoudre dans lemercure pour le ramener B son premier  Jtat, celui d=or jeune ou rajeuni, en unmot d =or enfant. C=est la raison pour laquelle le mercure, -- loyal serviteur  et

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Scel de la terre, -- est nomm J  Fontaine de Jouvence. Les Philosophes parlent doncclairement lorsqu=ils enseignent que le mercure, dPs la dissolution effectu Je,

 porte l =enfant, le Fils du Soleil, le Petit Roi (Roitelet), comme une mPre v Jritable, puisque en effet l =or renaT t dans son sein. *Le vent, -- qui est le mercure ail J et

volatil, -- l=a port J dans son ventre+, nous dit HermPs dans sa Tabled = Emeraude. Or, nous retrouvons la version secr Pte de cette v Jrit J positive dans leG>teau des Rois, qu=i l est d=usage de partager en famille le jour del=Epiphanie, f Lte c JlP bre qui rappelle la manifestation de J Jsus-Christ enfant auxRois Mages et aux Gentils. La Tradition veut que les Mages aient  Jt J guid Js

 jusqu=au berceau du Sauveur par une  Jtoile, laquelle fut, pour eux, le  signe

annonciateur, la Bonne Nouvelle de sa naissance. Notre galette est sign Je commela matiPre elle-mLme et contient dans sa p>te le petit enfant populairementd Jnomm J  baigneur. C=est l=Enfant-J Jsus port J par Offerus, le   serviteur ou levoyageur; c=est l  =or dans son bain, le baigneur; c=est la  f Pve, le  sabot, leberceau ou la croix d=honneur, et c=est aussi le poisson *qui nage dans notre mer 

 philosophique+, selon l=expression mLme du Cosmopolite1. Notons que, dansles basiliques byzantines, le Christ Jtait parfois repr  Jsent J comme les Sir Pnes, avecune queue de poisson. On le voit ainsi figur  J sur un chapiteau de l=Jglise Saint-Brice, B Saint-Brisson-sur-Loire (Loiret). Le poisson est l=hi Jroglyphe de la pierredes Philosophes dans son premier  Jtat, parce que la pierre, comme le poisson, na Ttdans l=eau et vit

l Cosmopolite ou Nouvelle LumiPre chymnique. Trait  J du Sel , p. 76. Paris, J. d=Houry, 1669.

[191]

dans l=eau. Parmi les peintures du poLle alchimique ex Jcut J en 1702 par P.-H.

Pfau 1, on voit un pLcheur B la ligne sortant de l=eau un beau poisson. D= autresall Jgories recommandent de le saisir B l=aide d=un filet ou d=un rets d Jli J, ce quiest une image exacte des mailles, form J es de fils entre-crois Js, sch Jmatis Jes sur nos

 galettes2 de l=Epiphanie. Signalons cependant une autre forme embl Jmatique plusrare, mais non moins lumineuse. Dans une famille amie o j nous f f mes invit J  B

 partager le g>teau, nous v Tmes sur la crof te, non sans quelque surprise, un chLne

d Jvelopper ses branches, au lieu des marques en losange qui y figurentd=ordinaire. Au baigneur on avait substitu J un poisson de porcelaine, et ce

 poisson  Jtait une  sole (lat.   sol, solis, le soleil). Nous donnerons bient^t lasignification herm Jtique du chLne en parlant de la Toison d=Or. Ajoutons encoreque le fameux  poisson du Cosmopolite, qu=il appelle  Echin Jis, est l=oursin

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(echinus), l =ourson, la petite ourse, constellation dans laquelle se trouve l =Jtoile

 polaire. Les tests d=oursins fossiles, que l=on rencontre en abondance dans tousles terrains, pr  Jsentent une face rayonn Je en forme d=Jtoile. C=est pourquoiLimojon de Saint-Didier recommande aux investigateurs de r  Jgler leur route * par 

la vue de l=Jtoile du nord+.Ce poisson myst Jrieux est le poisson royal par excellence; celui qui le d Jcouvredans sa part de galette est par  J du titre de roi et f Lt J comme tel. Or, on donnaitautrefois le nom de  poisson royal au dauphin, B l=esturgeon, au saumon et B latruite, parce que ces espPces Jtaient r  Jserv Jes, disait-on, pour la table royale. Enfait, cette d Jnomination avait seulement un caractPre symbolique, puisque le  fils

aT n J des rois, celui qui devait ceindre

1 Conserv J au mus Je Winterhur (Suisse).

2 L=expression populaire avoir de la galette Jquivaut B Ltre  fortun J. Celui qui est assez heureux pour trouver la f Pve au g >teau n=a plus besoin de rien; jamais l=argent ne lui fera d Jfaut. Il sera doublement roi,  par la science et

 par la fortune.

[192]

la couronne, portait toujours le titre de  Dauphin, nom d=un poisson, et, qui mieuxest. d=un  poisson royal. C=est, d=ailleurs, un dauphin que les pLcheurs en

 barque du Mutus Liber  cherchent B capturer au filet et B l=hameHon. Ce sont Jgalement des dauphins que l=on remarque sur divers motifs d Jcoratifs de

l=H^tel Lallemant: B la fenLtre m Jdiane de la tourelle d=angle, au chapiteaud=3un pilier, ainsi qu=au couronnement de la petite cr  Jdence, dans la chapelle.

L= Ichtus grec des Catacombes romaines n= a pas d=autre origine. Martigny1

reproduit, en effet, une curieuse peinture des Catacombes qui repr  Jsente un poisson, nageant dans les flots et portant sur son dos une corbeille dans laquellesont des pains et un objet rouge, de forme allong Je, qui est peut-Ltre un vase pleinde vin. La corbeille que porte le poisson est le mLme hi Jroglyphe que la galette; satexture procPde Jgalement de brins entre-crois Js. Pour ne pas Jtendre davantage cesrapprochements, contentons-nous d=attirer l=attention des curieux sur la

corbeille de Bacchus, appel Je Cista, que portaient les Cistophores aux processionsdes bacchanales et *dans laquelle, nous dit Fr. Noel2,  Jtait renferm J ce qu=il yavait de plus myst Jrieux+.Il n=est pas jusqu =B la p>te de la galette qui n=ob Jisse aux lois de lasymbolique traditionnelle. Cette p>te est  feuillet  Je, et notre petit baigneur y estinclus B la faHon d=un signet de livre. Il y a lB une int Jressante confirmation dela matiPre repr  J sent Je par le g>teau des Rois. Sendivogius nous apprend que le

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mercure pr  J par  J offre l=aspect et la forme d=une masse pierreuse, friable et feuillet  Je. *Si vous l=observez bien, dit-il, vous remarquerez qu=elle est toutefeuillet Je.+ Les lames cristallines qui en composent la substance se trouvent, eneffet, superpos Je s comme les

1 Martigny, Dictionnaire des Antiquit  J s chr  Jtiennes, art. Eucharistie, 2e  Jd., p. 291.

  2 Fr. Noel, Dictionnaire de la Fable. Paris, Le Normant, 1801.

[193]

feuillets d=un livre; pour cette raison, elle a reHu l=J pithPte de terre feuill  Je,

terre des feuilles, livre aux feuillets, etc. Aussi, voyons-nous la premiPre matiPrede l=Èuvre exprim Je symboliquement par un livre tant^t ouvert, tant^t ferm J,

selon qu=elle a Jt J travaill Je ou seulement extraite de la mine. Parfois, lorsque celivre est figur  J ferm J, -- ce qui indique la substance min Jrale brute, -- il n=est pasrare de le voir scell J par sept bandes; ce sont les marques des sept op Jrationssuccessives qui permettent de l =ouvrir, chacune d=elles brisant un des sceaux defermeture. Tel est le Grand Livre de la Nature, qui renferme en ses pages lar  Jv Jlation des sciences profanes et celle des mystPres sacr Js. Il est de style simple,de lecture ais Je, B condition, toutefois, qu=on sache o j le trouver, -- ce qui est fortdifficile, -- et qu=on puisse surtout l=ouvrir, -- ce qui est plus laborieux encore.Visitons maintenant l=int Jrieur de l=H^tel. Au fond de la cour s=ouvre la porte,en arc surbaiss J, qui donne accPs aux appartements. Il y a lB de fort belles choses,

et les dilettanti de notre Renaissance y trouveraient amplement de quoi satisfaireleur gof t. Traversons la salle B manger, dont le plafond cloisonn J et la hautechemin J e, aux armes de Louis XII et d=Anne de Bretagne, sont des merveilles, etfranchissons le seuil de la chapelle.V Jritable bijou, cisel J et guilloch J avec amour par d=admirables artistes, cette

 petite piPce en longueur, si nous en exceptons la fenLtre aux trois arcaturesredent Jes conHues dans le style ogival, est B peine une chapelle. Toutel=ornementation est profane, tous les motifs qui la d Jcorent sont emprunt Js B lascience herm Jtique. Un superbe bas-relief peint, ex Jcut J dans la maniPre du saint

Christophe de la loggia, a pour sujet le mythe paVen de la

[194]

Toison d=or. Les caissons du plafond servent de cadres B de nombreuses figures

hi Jroglyphiques. Une jolie cr  Jdence du XVIe siPcle propose une  Jnigmealchimique. Pas une scPne religieuse, pas un verset de psaume, pas une parabole

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 Jvang Jlique, rien que le verbe myst Jrieux de l=Art sacerdotal... Se peut-il qu=onait offici J dans ce cabinet de parure si peu orthodoxe, mais, par contre, Si propice,en son intimit J mystique, aux m Jditations, aux lectures, voire B la pri Pre duPhilosophe? -- Chapelle, studio ou oratoire? Nous posons la question sans la

r  Jsoudre.Le bas-relief de la Toison d =or, que l=on remarque tout d= abord en entrant, estun tr Ps beau paysage sur pierre, rehauss J de couleur, mais faiblement Jclair  J, remplide d Jtails curieux que la patine du temps rend difficiles B  Jtudier. Au centre d=uncirque de rochers moussus, aux parois verticales, une for Lt, dont le chLne forme la

 principale essence, dresse ses troncs rugueux et d Jveloppe ses frondaisons. DesclairiPres laissent apercevoir divers animaux d =identification malais Je, --dromadaire, bÉuf ou vache, grenouille au sommet d=un rocher, etc., -- quiviennent animer l=aspect sauvage et peu engageant du site. Sur le sol herbeuxcroissent des fleurs et des roseaux du genre phragmites. A droite, la d J pouille dub Jlier est pos Je sur un quartier de roche en saillie, et gard Je par un dragon dont onvoit la silhouette menaHante se d Jcouper sur le ciel. Jason Jtait lui-mLme figur  J au

 pied d=un chLne, mais cette partie de la composition, sans doute peu adh Jrente, s=est d Jtach Je de l=ensemble (pl. XLIII).La fable de la Toison d =or est une Jnigme complPte du travail herm Jtique qui doit

aboutir B la Pierre Philosophale1 . Dans le langage des Adeptes, on appelle Toison

d =or la matiPre pr  J par  Je

1 Conf. Alchimie, Op. Cit.

[195]  pour l=Èuvre, ainsi que le r  J sultat final. Ce qui est tr Ps exact, puisque cessubstances ne se diff  Jrencient qu=en puret J, fixit J et maturit J. Pierre desPhilosophes et Pierre Philosophale sont donc deux choses semblables, en espPce eten origine, mais la premiPre est crue, tandis que la seconde, qui en d Jrive, est

 parfaitement cuite et dig J r  Je. Les poPtes grecs nous racontent que *Zeus fut sicontent du sacrifice fait en son honneur par Phryxos, qu=il voulut que ceux chezqui serait cette toison v Jcussent dans l=abondance tant qu=ils la conserveraient, et

qu=il f f t cependant permis B tout le monde d=essayer d=en faire la conquLte+.On peut assurer, sans risque d=erreur, que ceux-lB ne sont guPre nombreux quiusent de l=autorisation. Ce n=est point que la t>che soit impossible ni mLmeextr Lmement p Jrilleuse, -- car quiconque conna Tt le dragon sait aussi comment levaincre, mais la grosse difficult J g Tt dans l=interpr  Jtation du symbolisme.Comment Jtablir une concordance satisfaisante entre tant d=images diverses, detextes contradictoires? C=est pourtant le seul moyen que nous ayons de

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reconna Ttre la bonne route parmi tous ces chemins sans issue, ces impassesinfranchissables, qui nous sont propos Js et tentent le n Jophyte impatient decheminer. Aussi bien ne nous lasserons-nous jamais d= exhorter les disciples Bdiriger leurs efforts vers la solution de ce point obscur, quoique mat Jriel et

tangible, pivot autour duquel tournent toutes les combinaisons symboliques quenous Jtudions.Ici, la v Jrit J appara Tt voil Je sous deux images distinctes, celle du chLne et celle dub Jlier, lesquelles ne repr  Jsentent, comme nous venons de le dire, qu=une  mLme

chose sous deux aspects diff  Jrents. En effet, le chLne a toujours Jt J pris, par lesvieux auteurs, pour 

[196]

d Jsigner le nom vulgaire du sujet initial, tel qu=on le rencontre dans la mine. Et

c=est par un B-peu-pr Ps, dont l=Jquivalent r  J pond au chLne, que les Philosophesnous renseignent sur cette matiPre. La phrase dont nous nous servons peut sembler  Jquivoque; nous le regrettons, mais on ne saurait parler mieux sans outrepasser certaines bornes. Seuls, les initi Js au langage des dieux comprendront sans aucune

 peine, parce qu=ils possPdent les clefs qui ouvrent toutes les portes, que ce soientcelles des sciences ou celles des religions. Mais, pour quelques pr  Jtenduscabalistes, juifs ou chr  Jtiens, plus riches de pr  Jtention que de savoir, combien y a-t-il de Tir  Jsias, de ThalPs ou de M Jlampus capables de comprendre ces choses? Non,certes, ce n=est point pour ceux-lB, dont les combinaisons illusoires ne conduisent

B rien de solide, de positif ni de scientifique, que nous prenons la peine d=Jcrire.Laissons donc ces docteurs en kabbale dans leur ignorance et revenons B notresujet, caract Jris J herm Jtiquement par le chLne.

Personne n=ignore que le chLne porte souvent sur ses feuilles de petitesexcroissances rondes et rugueuses, parfois perc Jes d=un trou, appel Jes noix de

 galle (lat.  galla). Or, si nous rapprochons trois mots de la mLme famille latine: galla, Gallia, galluls, nous obtenons galle, Gaule, coq. Le coq est l=emblPme de

la Gaule et l=attribut de Mercure, ainsi que le dit express Jment Jacob Tollius1; ilcouronne le clocher des  Jglises franHaises, et ce n=est pas sans raison que la

France est dite Fille a Tn Je de l=Eglise. Il n=y a plus qu=un pas B faire pour d Jcouvrir ce que les ma Ttres de l=art ont cach J avec tant de soin. Poursuivons. Non seulement le chLne fournit la galle, mais il donne encore le KermP s, qui a,

1 Manductio ad CÉlum chemicum. Amstelodami, ap. J. Waesbergios, 1688.

 [197]

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dans la Gaye Science, la mLme signification que  HermP s, les consonnes initiales Jtant permutantes. Les deux termes ont un sens identique, celui de Mercure.

Toutefois, tandis que la  galle donne le nom de la matiPre mercurielle brute, le

kermP s (en arabe  girmiz, qui teint en Jcarlate) caract Jrise la substance pr  J par  Je. Ilimporte de ne pas confondre ces choses pour ne point s =Jgarer lorsqu=on passeraaux essais. Rappelez-vous donc que le mercure des Philosophes, c=est-B-dire leur matiPre pr  J par  Je, doit poss Jder la vertu de teindre, et qu=il n=acquiert cette vertuqu=B l=aide de pr  J parations premiPres.Quant au  sujet  grossier de l =Èuvre, les uns le nomment Magnesia lunarii;

d=autres, plus sincPres, l=appellent   Plomb des Sages, Saturnie v J g  Jtable.

PhilalPthe, Basile Valentin, le Cosmopolite le disent  Fils ou  Enfant de Saturne.

Dans  ces d Jnominations diverses, ils envisagent tant^t sa propri Jt J aimantine etattractive du soufre, tant ^t sa qualit J fusible, sa liqu Jfaction ais Je. Pour tous,

c=est la Terre sainte (Terra sancta); enfin, ce min Jral a pour hi Jroglyphe c Jlestele signe astronomique du B Jlier (Aries). Gala, en grec, signifie lait, et le mercure

est encore appel J  Lait de Vierge (lac virginis). Si donc, fr Pres, vous faites attentionB ce que nous avons dit de la  galette des Rois, et si vous savez pourquoi lesEgyptiens avaient divinis J le chat vous n= aurez plus lieu de douter du sujet qu=ilvous faut choisir; son nom vulgaire vous sera nettement connu. Vous poss Jderezalors ce Chaos des Sages *dans lequel tous les secrets cach Js se trouvent en

 puissance+, ainsi que l=affirme PhilalPthe, et que l=artiste habile ne tarde guPreB rendre actifs. Ouvrez, c=est-B-dire d Jcomposez cette matiPre, t>chez d=en

isoler la portion pure, ou son

[198]

>me m Jtallique, selon l=expression consacr  Je, et vous aurez le KermPs,l=HermPs, le mercure teingeant  qui porte en soi l =or mystique, de mLme quesaint Christophe porte J Jsus et le b Jlier sa propre toison. Vous comprendrez

 pourquoi la Toison d =or est suspendue au chLne, B la maniPre de la galle et dukermPs, et vous pourrez dire, sans offenser la v Jrit J, que le vieux chLne herm

 Jtique sert de mPre au mercure secret. En rapprochant l Jgendes et symboles, lalumiPre se fera dans votre esprit et vous conna Ttrez l=Jtroite affinit J qui unit lechLne au b Jlier, saint Christophe B l=Enfant-Roi, le Bon Pasteur  B la brebis,r  J plique chr  Jtienne de l=HermPs criophore, etc.Quittez le seuil de la chapelle et placez-vous en son milieu; levez alors les yeux etvous pourrez admirer l=une des plus belles collections d=emblPmes que l=on

 puisse rencontrer 1. Le plafond, compos J de caissons dispos Js sur trois rangs

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longitudinaux, est soutenu, vers la moiti J de sa port Je, par deux piliers carr  Jsaccot Js aux murs et creus Js sur leur face de quatre cannelures.Celui de droite, en regardant l=unique fenLtre qui Jclaire cette petite piPce, porteentre ses volutes un cr >ne humain, plac J sur une console de feuilles de chLne et

 pourvu de deux ailes. Traduction expressive d=une g Jn Jration nouvelle, issue decette putr  Jfaction, cons Jcutive B la mort, qui survient aux mixtes lorsqu=ils ont  perdu leur >me vitale et volatile. La mort du corps laiss e appara Ttre unecoloration bleu fonc J ou noire, affect Je au Corbeau, hi Jroglyphe du caput mortuum

de l=Èuvre. Tel est le signe et la premiPre manifestation de la dissolution, de las J paration des Jl Jments et de la g Jn Jration future du soufre, principe colorant et fixedes m Jtaux. Les deux ailes sont plac Jes lB pour enseigner 

1 Deux inestimables soffites, B sujets initiatiques, peuvent lui Ltre compar  Js: l=un, B Dampierre-sur-Boutonne,

 Jgalement sculpt J, du XVIe siPcle (Les Demeures Philosophales); l=autre, au Plessis-Bourr  J, compos J de peintures,

du XVe siPcle (Deux logis Alchimiques)

[199]

que, par abandon de la partie volatile et aqueuse, la dislocation des partiess=opPre, la coh Jsion se trouve rompue. Le corps, mortifi J, tombe en cendre noireayant l=aspect du poussier de charbon. Puis, sous l=action du feu intrinsPqued Jvelopp J par cette d Jsagr  Jgation, la cendre, calcin Je, abandonne ses impuret JsgrossiPres et adustibles; il na Tt alors un sel  pur, que la cuisson colore peu B peu et

revLt de la puissance occulte du feu (pl. XLIV).Le chapiteau de gauche montre un vase d Jcoratif dont l=embouchure est flanqu Jede deux dauphins. Une fleur, qui semble sortir du vase, s=J panouit sous une formerappelant celle des lis h Jraldiques. Tous ces symboles se rapportent au dissolvant,ou mercure commun des Philosophes, principe contraire au soufre, dont nousavons vu l=Jlaboration embl Jmatique sur l=autre chapiteau.A la base de ces deux supports, une large couronne de feuilles de chLne, travers Jeverticalement d=un faisceau d Jcor  J du mLme feuillage, reproduit le signegraphique correspondant, dans l=art spagyrique, au nom vulgaire du sujet.

Couronne et chapiteau r  Jalisent de la sorte le symbole complet de la matiPre premiPre, ce globe que Dieu, J Jsus et quelques grands monarques sont repr  Jsent Jstenant dans leur main.

 Notre intention n=est point d=analyser par le menu toutes les images qui d Jcorentles caissons de ce plafond modPle dans le genre. Le sujet, fort Jtendu, n Jcessiteraitune Jtude sp Jciale et nous obligerait B de fr  Jquentes redites. Nous nous bornerons

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donc B en donner une rapide description et B r  Jsumer ce qu=expriment les plusoriginaux. Parmi ceux-ci, nous signalerons tout

[200]

d=

abord le symbole du soufre et son extraction hors de la matiP

re premiP

re, dontle graphique est fix J, ainsi que nous venons de l=apprendre, sur chacun des piliersengag Js. C=est une  sphPre armillaire,  pos Je sur un foyer ardent, et qui offre la

 plus grande ressemblance avec l=une des gravures du trait J de l=Azoth. Ici, le brasier tient la place d=Atlas, et cette image de notre pratique, tr Ps instructive par elle-mLme, nous dispense de tout commentaire. Non loin de lB, une ruche

commune, en paille, est figur  Je entour  Je de ses abeilles, sujet fr  J quemmentreproduit, particuliPrement sur le poLle alchimique de Winterthur. Voici, -- quelsingulier motif pour une chapelle! -- un jeune enfant urinant B plein jet dans son

 sabot. LB, le mLme bambin, agenouill J pr Ps d =une pile de lingots plats, tient unlivre ouvert, tandis qu=B ses pieds g Tt un  serpent mort. -- Devons-nous nousarr Lter ou poursuivre? -- Nous h Jsitons. Un d Jtail, situ J dans la p Jnombre desmoulures, d Jtermine le sens du petit bas-relief; sur la plus haute piPce de l=amasfigure le sceau Jtoil  J du roi mage Salomon. En bas, le mercure; en haut, l = Absolu.

Proc Jd J simple et complet qui ne comporte qu=une voie, n=exige qu=une

matiPre, ne r  Jclame qu=une op Jration. *Celui qui sait faire l=Èuvre par le seulmercure a trouv J tout ce qu=il y a de plus parfait.+ Tel est du moins cequ=affirment les plus c JlP bres auteurs. C=est l=union des deux triangles du feuet de l=eau, ou du soufre et du mercure assembl Js en un seul corps, qui g JnPre

l=astre B six pointes, hi Jroglyphe de l=Èuvre par excellence et de la PierrePhilosophale r  Jalis Je. A c^t J de cette image, une autre nous pr  Jsente un avant-brasenflamm J dont la main saisit de grosses ch> taignes ou marrons;  plus loin lemLme hi Jroglyphe, sortant du roc, tient une torche

[201]

allum Je; ici, c=est la corne d=Amalth Je, toute d J bordante de fleurs et de fruits, quisert de perchoir B la  g  Jline ou perdrix, l=oiseau en question Jtant peu caract Jris J;mais, que l=emblPme soit la poule noire ou la perdrix rouge, cela ne change rienB la signification herm Jtique qu=il exprime. Voici maintenant un vase renvers J , Jchapp J, par rupture de lien, B la gueule d=un lion d Jcoratif qui le tenait en Jquilibre: c=est une version originale du solve et coagula de Notre-Dame de Paris;un second sujet, peu orthodoxe et assez irr  Jv Jrencieux, suit de pr Ps: c=est unenfant essayant de briser un rosaire sur son genou; plus loin, une large coquille,

notre m Jrelle, montre une masse fix Je sur elle et ligatur  Je au moyen de phylactPres

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spiral Js. Le fond du caisson qui porte cette image r  J pPte quinze fois le symbolegraphique permettant l=identification exacte du contenu de la coquille. Le mLmesigne, -- substitu J au nom de la matiPre, -- appara Tt dans le voisinage, en grandcette fois, et au centre d=une fournaise ardente. Dans une autre figure, nous

retrouvons l=enfant, -- qui nous para Tt jouer le r  ^le de l=artiste, -- les pieds pos Js dans la concavit J de la fameuse m Jrelle, et jetant devant lui de minusculescoquilles issues, semble-t-il, de la grande. Nous remarquons aussi le livre ouvert 

d Jvor  J par le feu; la colombe aur  Jol  Je, radiante et flamboyante, emblPme del=Esprit; le corbeau ign J, juch J sur le cr >ne qu= il becquPte, figures assembl Jesde la mort et de la putr  Jfaction; l=ange *qui fait tourner le monde+  B la faHon

d=une toupie, sujet repris et d Jvelopp J dans un petit livre intitul J: Typus Mundi1,Éuvre de quelques PPres J Jsuites; la calcination philosophique, symbolis Je par une

 grenade soumise B l=action du feu dans un vase d = orfevrerie; au-dessus ducorps calcin J, on distingue le chiffre 3 suivi de la lettre R, qui

1 Typus Mundi in quo ejus Calamitates et Pericula nec non Divini, humanique Amoris antipathia. Emblematice proponuntur a RR. C. S. I. A. AntuerpiF. Apud Joan. Cnobbaert, 1627.

[202]

indiquent B l=artiste la n Jcessit J des trois r  Jit  Jrations du mLme proc Jd J, sur laquelle nous avons d J jB plusieurs fois insist J. Enfin, l=image suivante repr  Jsentele ludus puerorum comment J dans la Toison d >or de Trismosin et figur  J d=une

maniPre identique: un enfant fait caracoler son cheval de bois, le fouet haut et lamine r  J jouie (pl. XLV).

 Nous en avons fini avec la nomenclature des principaux emblP mes herm Jtiquessculpt Js sur le plafond de la chapelle; terminons cette Jtude par l=analyse d=une

 piPce tr Ps curieuse et singuliPrement rare.

Creus Je dans la muraille, aupr Ps de la fenLtre, une petite cr  J dence du XVIe siPcleattire le regard autant par la joliesse de sa d Jcoration que par le mystPre d=une Jnigme consid Jr  Je comme ind Jchiffrable. Jamais, au dire de notre cicerone, aucunvisiteur n=est parvenu B en fournir l=explication. Cette lacune provient sans

doute de ce que personne n=a compris vers quel but Jtait orient J le symbolisme detoute la d Jcoration, ni quelle science se dissimulait sous ses multiples hi Jroglyphes.Le beau bas-relief de la Toison d =or, qui aurait pu servir de guide, n=a pas Jt Jconsid Jr  J dans son v Jritable sens; il est demeur  J, pour tous, une Éuvremythologique o j l=imagination orientale se donne libre carriPre. Notre cr  Jdence

 porte cependant elle-mLme l=empreinte alchimique dont nous n=avons fait, encet ouvrage, que d Jcrire les particularit Js (pl. XLVI). En effet, sur les piliers

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engag Js qui supportent l=architrave de ce temple en miniature, nous d Jcouvronsdirectement au-dessous des chapiteaux les emblPmes consacr  Js au mercure

 philosophal; la m Jrelle, coquille de saint Jacques ou b Jnitier, surmont Je des ailes etdu trident, attribut

[203]

du dieu marin Neptune. C=est toujours la mLme indication du principe aqueux etvolatil. Le fronton est constitu J par une large coquille d Jcorative servant d=assiseB deux dauphins sym Jtriques li Js dans l=axe B leur extr  Jmit J. Trois grenadesenflamm Jes achPvent l=ornementation de cette cr  Jdence symbolique.L=Jnigme par elle-mLme comporte deux termes: RERE, RER, qui semblentn=avoir aucun sens et sont, tous deux, r  J p Jt Js trois fois sur le fond concave de laniche.

 Nous d Jcouvrons d J jB, gr >ce B cette disposition simple, une indication pr  Jcieuse,celle des trois r  J p Jtitions d=une seule et mLme technique voil Je sous lamyst Jrieuse expression RERE, RER. Or, les trois grenades ign Jes du frontonconfirment cette triple action d=un unique proc Jd J, et, comme elles repr  Jsentent le

 feu corporifi J dans ce sel rouge qu=est le Soufre philosophal, nous comprendronsais Jment qu=il faille r  Jit  Jrer trois fois la calcination de ce corps pour r  Jaliser lestrois Éuvres  philosophiques, selon la doctrine de Geber. La premiPre op Jrationconduit d=abord au Soufre, ou m Jdecine du premier ordre; la seconde op Jration,absolument semblable B la premi Pre, fournit l = Elixir, ou m Jdecine du second

ordre, lequel n=est diff  Jrent du Soufre qu=en qualit J et non pas en nature; enfin, latroisiPme op Jration, ex Jcut Je comme les deux premiPres, donne la  Pierre

 philosophale, m Jdecine du troisiPme ordre, laquelle contient toutes les vertus,qualit Js et perfections du Soufre et de l=Elixir multipli Jes en puissance et en Jtendue. Si l=on demande, au surplus, en quoi consiste et comment s=ex Jcute latriple op Jration dont nous exposons les r  Jsultats, nous renverrons l=investigateur au bas-relief du plafond o j l=on voit r ̂ tir une grenade dans un certain vase.

[204]

Mais comment d Jchiffrer l =Jnigme des mots vides de sens? D=une maniPre tr Pssimple. RE, ablatif latin de res, signifie la chose, envisag Je dans sa matiPre;

 puisque le mot RERE est l=assemblage de RE, une chose, et RE, une autre chose,

nous traduirons deux choses en une, ou bien une double chose, et RERE Jquivaudraainsi B RE BIS. Ouvrez un dictionnaire herm Jtique, feuilletez n=importe quelouvrage d=alchimie et vous trouverez que le mot REBIS, fr  Jquemment employ J

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  par les Philosophes, caract Jrise leur  compost , ou  compos J pr Lt B subir lesm Jtamorphoses successives sous l=influence du feu. R  Jsumons. RE, une matiPresPche, or philosophique; RE, une matiPre humide, mercure philosophique; REREou REBIS, une matiPre double, B la fois humide et sPche, amalgame d=or et de

mercure philosophiques, combinaison qui a reHu de la nature et de l=art unedouble propri Jt J occulte exactement Jquilibr  Je. Nous voudrions Ltre aussi clair dans l=explication du second terme RER, mais ilne nous est pas permis de d Jchirer le voile de mystPre qu=il recouvre. N Janmoins,afin de satisfaire, dans la mesure du possible, la l Jgitime curiosit J des enfants del=art, nous dirons que ces trois lettres contiennent un secret d=une importancecapitale, qui se rapporte au vase de l =Èuvre. RER sert B cuire, B unir radicalement et indissolublement, B provoquer les transformations du compostRERE. Comment donner de suffisantes indications sans devenir parjure? -- Nevous fiez pas B ce que dit Basile Valentin dans ses  Douze Clefs, et gardez-vous de

  prendre ses paroles B la lettre lorsqu=il pr  Jtend que *celui qui a la matiPretrouvera bien un pot pour la cuire+. Nous affirmons au contraire, -- et l=on peutavoir foi en notre sinc Jrit J,

[205]

qu=il sera impossible d =obtenir le moindre succPs dans l=Èuvre si l=on n=a pas une connaissance parfaite de ce qu=est le Vase des Philosophes ni de quellematiPre il faut le fabriquer. Pontanus avoue qu=avant de conna Ttre ce vaisseau

secret il avait recommenc J, sans succPs, plus de deux cents fois le mLme travail,quoiqu=il besogn>t sur les matiPres propres et convenables, et selon la m Jthoder  JguliPre. L=artiste doit faire lui-mLme son vaisseau; c=est une maxime de l=art.

 N=entreprenez rien, en cons Jquence, tant que vous n=aurez pas reHu toute lalumiPre sur cette coquille de l=Éuf qualifi Je   secretum secretorum chez lesma Ttres du moyen >ge.Qu=est-ce donc que RER? -- Nous avons vu que RE signifie une chose, une

matiPre; R. qui est la moiti J de RE, signifiera une moiti J de chose, de matiPre.

RER  Jquivaut donc B une matiPre augment Je de la moiti J d=une autre ou de la

sienne propre. Notez qu=il ne s=agit point ici de proportions, mais d=unecombinaison chimique ind J pendante des quantit Js relatives. Pour nous faire mieuxcomprendre, prenons un exemple et supposons que la matiPre repr  Jsent Je par REsoit le r  Jalgar ou sulfure naturel d=arsenic. R, moiti J de RE, pourra donc Ltre le

 soufre du r  Jalgar ou son arsenic, lesquels sont semblables, ou diff  Jrents, selonqu=on envisage le soufre et l=arsenic s J par  Jment ou combin Js dans le r  Jalgar. Detelle sorte que RER sera obtenu par le r  Jalgar augment  J du soufre, qui est consid Jr  J

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comme formant la moiti J du r  Jalgar, ou de l=arsenic, envisag J comme l=autremoiti J dans le mLme sulfure rouge.Quelques conseils encore; cherchez tout d=abord RER, c=est-B-dire le vaisseau.

RERE vous sera ensuite facilement connaissable.

[206]

La Sibylle, interrog Je sur ce qu=J tait un Philosophe, r  J pondit: * C=est celui quisait faire le verre. + Appliquez-vous B le fabriquer selon notre art, sans trop tenir compte des proc Jd J s de verrerie. L=industrie du potier vous serait plus instructive;

voyez les planches de Piccolpassi 1, vous en trouverez une qui repr  Jsente une

colombe dont les pattes sont attach Jes B une pierre. Ne devez-vous pas, d=apr Psl=excellent avis de Tollius, chercher et trouver le magistPre dans une chosevolatile? Mais si vous ne poss Jdez aucun vase pour la retenir, commentl=empLcherez-vous de s=Jvaporer, de se dissiper sans laisser le moindre r  Jsidu?Faites donc votre vase, puis votre compos J; scellez avec soin de maniPrequ=aucun esprit ne puisse s=exhaler; chauffez le tout selon l=art jusqu=BcomplPte calcination. Remettez la portion pure de la poudre obtenue dans votrecompos J, que vous scellerez dans le mLme vase. R  Jit Jrez pour la troisiPme fois, etne nous remerciez point. C=est au Cr  Jateur seul que doivent aller vos actions degr >ces. Pour nous, qui ne sommes qu=un jalon pos J sur la grande voie de laTradition Jsot Jrique, nous ne r  Jclamons rien, ni souvenir ni reconnaissance, sinonque vous preniez pour d=autres la mLme peine que nous avons prise pour vous.

 Notre visite est achev Je. Une fois encore, pensive et muette, notre admirationinterroge ces merveilleux et surprenants paradigmes, dont l=auteur est demeur  J silongtemps inconnu des n^tres. Existe-t-il quelque part un livre Jcrit de sa main? --Rien ne semble l=indiquer. Sans doute, B l=exemple des grands Adeptes dumoyen >ge, pr  Jf  Jra-t-il confier  B la pierre, plut^t qu=au v Jlin, le t Jmoignageirr  Jcusable d=une science immense dont il poss Jdait tous les secrets. Il est donc

 juste, il est Jquitable que sa m Jmoire

1  Claudius Popelin,   Les Trois Livres de l =  Art du Potier, du cavalier Cyprian Piccolpassi. Paris, Librairie

Internationale, 1861. [207]

revive parmi nous, que son nom sorte enfin de l=obscurit J et brille, comme unastre de premiPre grandeur, au firmament herm Jtique.

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Jean Lallemant, alchimiste et chevalier de la Table Ronde, m J rite de prendre placeautour du saint Graal, d=y communier avec Geber (Magister magistrorum), avecRoger Bacon (Doctor admirabilis). Egal, pour l=Jtendue du savoir, au puissantBasile Valentin, au charitable Flamel, il leur est sup Jrieur par l=expression de

deux qualit Js,  Jminemment scientifiques et philosophiques, qu=il porta au plushaut degr  J de perfection: la modestie et la sinc Jrit J.La Croix cyclique d= Hendaye

[211]

Petite ville frontiPre du pays basque, Hendaye groupe ses maisonnettes au pied des premiers contreforts pyr  Jn Jens. L=oc Jan vert, la Bidassoa large, brillante et rapide,les monts herbeux l=encadrent. L=impression premiPre, au contact de ce sol> pre et rude, est assez p Jnible, presque hostile. A l=horizon marin, la pointe que

Fontarabie, ocr  Je sous la lumiPre crue, enfonce dans les eaux glauques etmiroitantes du golfe, rompt B peine l=aust Jrit J naturelle d=un site farouche. Sauf le caractPre espagnol de ses maisons, le type et l=idiome de ses habitants,l=attraction toute sp Jciale d=une plage r  Jcente, h Jriss Je d= orgueilleux palaces,

[212]

Hendaye n=a rien qui puisse retenir l=attention du touriste, de l=arch Jologue oude l=artiste.

En quittant la station, un chemin agreste longe la voie ferr  J e et conduit B l=Jglise paroissiale, situ Je au centre de la ville. Ses murs nus, flanqu Js d=une tour massive,quadrangulaire et tronqu Je, se dressent sur un parvis exhauss J de quelques marcheset bord J d=arbres aux J paisses frondaisons. Edifice vulgaire, lourd, remani J, sansint Jr Lt. Pr Ps du transept m Jridional, cependant, une humble croix de pierre, aussisimple que curieuse, se dissimule sous les masses vertes du parvis. Elle ornaitautrefois le cimetiPre communal, et c=est seulement en 1842 qu=on la transporta

 pr Ps de l=Jglise, B la place qu=elle occupe aujourd=hui. Telle est. du moins,l=assurance que nous en donna un vieillard basque, lequel avait rempli, durant delongues ann Jes, les fonctions de sacristain. Quant B l=origine de cette croix, elleest inconnue et il nous fut impossible d=obtenir le moindre renseignement sur l=J poque de son Jrection. Toutefois, en prenant pour base de supputation la formedu soubassement et celle de la colonne, nous pensons qu=elle ne saurait Ltre

ant Jrieure B la fin du XVIIe siPcle ou au commencement du XVIIIe. Quoi qu=ilen soit de son anciennet J, la croix d=Hendaye, par la d Jcoration de son pi Jdestal, semontre bien le plus singulier monument du mill Jnarisme primitif, la plus rare

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traduction symbolique du chiliasme, que nous ayons jamais rencontr  Js. On sait quecette doctrine, accept Je tout d=abord puis combattue par OrigPne, saint Denysd=Alexandrie et saint J Jr ̂ me, bien que l=Eglise ne l=ef t point condamn Je,faisait partie des traditions Jsot Jriques de l=antique philosophie d=HermPs.

[213]

La naVvet J des bas-reliefs, leur ex Jcution malhabile mPnent B penser que cesemblPmes lapidaires ne sont pas l=Éuvre d=un professionnel du ciseau et du

  burin; mais, abstraction faite de l=esth Jtique, nous devons reconna Ttre quel=obscur artisan de ces images incarnait une science profonde et de r  Jellesconnaissances cosmographiques.Sur le bras transversal de la croix, -- une croix grecque, -- on relPve l=inscriptioncommune, bizarrement taill Je en saillie sur deux lignes parallPles, aux mots

 presque soud Js, et dont nous respectons la disposition:

OCRUXAVESPESUNICA

Certes, la phrase est ais Je B r  Jtablir et le sens bien connu: O crux ave spes unica.

Cependant, si nous traduisions comme un apprenti, on ne comprendrait guPre cequ=il faudrait d Jsirer, du pied ou de la croix, et une telle invocation aurait lieu desurprendre. Nous devrions, en v Jrit J, pousser la d Jsinvolture et l=ignorance

 jusqu=au m J  pris des r Pgles  Jl Jmentaires de la grammaire;  pes, au nominatif masculin r  Jclame l=adjectif  unicus, qui est du mLme genre, et non le f  Jmininunica. Il semblerait donc que la d Jformation du mot  spes, esp Jrance, en  pes, pied,

 par ablation de la consonne initiale, soit le r  Jsultat involontaire d=un manqueabsolu de pratique chez notre lapicide. Mais l=inexp Jrience justifie-t-elle vraimentune Jtranget J semblable? Nous ne pouvons l=admettre. En effet, la comparaisondes motifs ex Jcut Js par la mLme main et de la mLme maniPre, d Jmontre l=Jvident

[214]souci d=une mise en place normale, le soin apport J dans leur disposition et leur  Jquilibre. Pourquoi l=inscription aurait-elle Jt J trait Je avec moins de scrupule? Unexamen attentif de celle-ci permet d=Jtablir que les caractPres en sont nets, sinon Jl Jgants, et ne chevauchent pas (pl. XLVII). Notre artisan sans doute les traHa pr  Jalablement avec la craie ou le charbon, et cette esquisse doit n Jcessairement Jcarter toute id J e d=une erreur survenue pendant la taille. Or, puisqu=elle existe,il faut cons Jquemment, que cette erreur apparente ait Jt J voulue en r  Jalit J. La seule

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raison que nous puissions invoquer est celle d= un  signe mis expr P s, voil J sousl=aspect d=une inexplicable malfaHon et destin J  B piquer la curiosit J del=observateur. Nous dirons donc que, selon nous, c=est sciemment etvolontairement que l=auteur disposa ainsi l=J pigraphe de son Éuvre troublante.

L=Jtude du pi Jdestal nous avait d J jB  Jclair  J, et nous savions de quelle maniPre, Bl=aide de quelle clef, il convenait de lire l=inscription chr  Jtienne du monument;mais nous d Jsirions montrer aux investigateurs quels secours peuvent apporter,dans la r  Jsolution des choses cach Jes, le simple bon sens, la logique et leraisonnement.La lettre S qui emprunte la forme sinueuse du serpent, correspond au khi (X) de lalangue grecque et en prend la signification Jsot Jrique. C=est la trace h JlicoVdaledu soleil parvenu au z Jnith de sa courbe B travers l=espace, lors de la catastrophecyclique. C=est une image th Jorique de la bLte de l = Apocalypse, du dragon quivomit, aux jours du Jugement, le feu et le soufre sur la cr  Jation macrocosmique.

Gr >ce B la valeur symbolique de la lettre S. d J plac Je B dessein, nous comprenonsque l=ins-

[215]

cription doit se traduire en langage secret, c=est-B-dire dans la langue des dieux

ou celle des oiseaux, et qu=il faut en d Jcouvrir le sens B l=aide des r Pgles de la Diplomatique. Quelques auteurs, et particuliPrement Grasset d =Orcet, dansl=analyse du Songe de Polyphile, publi Je par la Revue Britannique, les ont donn Jes

assez clairement pour nous dispenser d=en parler apr Ps eux. Nous lirons donc, en franHais, langue des diplomates, le latin tel qu=il est Jcrit, puis, employant lesvoyelles permutantes, nous obtiendrons l=assonance de mots nouveaux composantune autre phrase dont nous r  Jtablirons l=orthographe et l=ordre des vocables,ainsi que le sens litt Jraire. Ainsi, nous recevons ce singulier avertissement:  Il est 

 Jcrit que la vie se r  J fugie en un seul espace,1 et nous apprenons qu=il existe unecontr  Je o j la mort n=atteindra point l=homme, B l =J poque terrible du doublecataclysme. Quant B la situation g Jographique de cette terre promise, d=o j les Jlusassisteront au retour de l=>ge d=or, c=est B nous de la rechercher. Car les Jlus,

enfants d=Elie, seront sauv Js selon la parole de l=Ecriture. Parce que leur foi profonde, leur inlassable pers Jv J rance dans l=effort leur auront m Jrit J d=Ltre Jlev Js au rang des disciples du Christ-LumiPre. Ils en porteront le signe etrecevront de lui la mission de renouer  B l=humanit J r  Jg Jn Jr  Je la cha Tne destraditions de l=humanit J disparue.La face ant Jrieure de la croix, -- celle qui reHut les trois clous horribles fixant au

  bois maudit le corps douloureux du R  J dempteur, -- est d Jtermin Je par 

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l=inscription INRI, grav Je sur son bras transversal. Elle correspond B l=imagesch Jmatique du cycle que porte le soubassement (pl. XLVIII). Nous avons donc icideux croix symboliques, instruments du mLme supplice: en

1  Latin  spatium, avec la signification de lieu, place, emplacement, que lui donne Tacite. Correspond au grecOTD\@< , racine OfD", pays, contr  Je, territoire.

[216]

haut, la croix divine, exemple du moyen choisi pour l=expiation; en bas, la croixdu globe, d Jterminant le p^le de l =h JmisphPre bor  Jal, et situant dans le tempsl=J poque fatale de cette expiation. Dieu le PPre tient en sa main ce globe surmont Jdu signe ign J , et les quatre grands si Pcles, -- figures historiques des quatre >gesdu monde, -- ont leurs souverains repr  Jsent Js avec le mLme attribut: Alexandre,

Auguste, Charlemagne, Louis XIV1. C=est lB ce qu=enseigne l=J pigraphe INRI,que l=on traduit exot Jriquement par   Iesus Nazarenus Rex Iud Éorum, mais quiemprunte B la croix sa signification secr Pte:  Igne Natura Renovatur Integra. Car c=est B l=aide du feu et dans le feu mLme que notre h JmisphPre sera bient^t J prouv J. Et de mLme qu=on s J pare, B l=aide du feu, l=or des m Jtaux impurs, demLme, dit l=Ecriture, les bons seront s J par  Js des m Jchants au grand jour duJugement.Sur chacune des quatre faces du pi Jdestal, on remarque un symbole diff  Jrent.L=une porte l=image du soleil, l=autre celle de la lune; la troisiPme montre une

grande Jtoile et la derniPre une figure g Jom Jtrique qui, nous venons de le dire,n=est autre que le sch Jma adopt J par les initi Js pour caract Jriser le cycle solaire. C=est un simple cercle que deux diamPtres, se coupant B angle droit, partagent enquatre secteurs. Ceux-ci sont charg Js d=un A qui les d Jsigne comme les quatre>ges du monde, dans cet hi Jroglyphe complet de l=univers, form J des signesconventionnels du ciel et de la terre, du spirituel et du temporel, du macrocosme etdu microcosme, o j l=on retrouve, associ Js, les emblPmes majeurs de la r  Jdemption(croix) et du monde (cercle).A l=J  poque m Jdi Jvale, ces quatre phases de la grande p Jriode cyclique, dont

l=antiquit J exprimait la rotation continue B l=aide1 Les trois premiers sont des empereurs; le quatriPme est seulement roi, le Roi-Soleil, marquant ainsi le d Jclin del=astre et son ultime rayonnement. C=est le cr  J puscule avant-coureur de la longue nuit cyclique, pleine d=horreur et d=J pouvante, *l=abomination de la d Jsolation+.

[217]

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d=un cercle divis J par deux diam Ptres perpendiculaires, sont g Jn Jralementrepr  Jsent Jes par les quatre  Jvang Jlistes ou par leur lettre symbolique qui  Jtaitl=alpha grec, et, plus souvent encore, par les quatre animaux  Jvang Jliques

entourant le Christ, figure humaine et vivante de la croix. C=est la formuletraditionnelle que l=on rencontre fr  Jquemment sur les tympans des porchesromans. J Jsus y est expos J assis, la main gauche appuy Je sur un livre, la droite lev Jedans le geste de b Jn J diction, et s J par  J des quatre animaux qui lui font cortPge par l=ellipse dite   Amande mystique. Ces groupes, g Jn Jralement isol Js des autresscPnes par une guirlande de nu Jes, ont leurs figures toujours plac Jes dans le mLmeordre, ainsi qu=on peut le remarquer aux cath Jdrales de Chartres (portail royal) etdu Mans (porche occidental), B l=Jglise des Templiers de Luz (Hautes-Pyr  Jn Jes),B celle de Civray (Vienne), au porche de Saint Trophime d=Arles, etc. (pl.XLIX).

*Il y avait aussi devant le tr ̂ ne, Jcrit saint Jean, une mer de verre semblable B ducristal; et au milieu du tr ̂ ne et autour du tr ̂ ne, il y avait quatre animaux pleinsd=yeux devant et derriPre. Le premier animal ressemblait B un lion; le secondressemblait B un veau; le troisiPme avait le visage comme celui d=un homme, et

le quatriPme ressemblait B un aigle qui vole1.+ Relation conforme B celled=Ez Jchiel: *Je vis donc... une grosse nu Je et un feu qui l=environnait, et unesplendeur tout au tour, au milieu de laquelle on voyait comme un m Jtal qui sort dufeu; et au milieu de ce feu on voyait une ressemblance de quatre animaux... Et laressemblance de leurs faces Jtait une face d=homme; et tous quatre avaient une

face de lion B la droite; et tous quatre

1  Apocalypse. Ch. IV, V. 6 et 7.

[218]

avaient une face de bÉuf B la gauche; et tous quatre avaient une face d=aigle au-

dessus1.+Dans la mythologie hindoue, les quatre secteurs  Jgaux du cercle que partage la

croix servaient de base B une conception mystique assez singuliP re. Le cycleentier de l=Jvolution humaine s=y incarne sous la forme d=une vache,symbolisant la Vertu, dont les quatre pieds reposent chacun sur un des secteursfigurant les quatre >ges du monde. Au premier >ge, qui r  J pond B l=>ge d=or des Grecs et que l=on nomme Cr  Jdayougam ou > ge d =innocence, la Vertu setient ferme sur la terre: la vache pose en plein sur ses quatre pieds. Dans leTr  Jdayougam ou second >ge, lequel correspond B l=>ge d=argent, elle

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s=affaiblit et ne se tient plus que sur trois pieds. Pendant la dur  Je duTouvabarayougam, ou troisiPme >ge, qui est celui d=airain, elle est r  Jduite Bdeux pieds. Enfin, dans l=>ge de fer, qui est le n^tre, la vache cyclique ou Vertuhumaine touche au supr Lme degr  J de faiblesse et de s Jnilit J: elle se soutient avec

 peine, en  Jquilibre sur un seul pied. C=est le quatriPme et dernier  >ge, leCalyougam, >ge de misPre, d=infortune et de d Jcr J pitude.L=> ge de fer n=a point d=autre sceau que celui de la Mort. Son hi Jroglyphe estle squelette pourvu des attributs de Saturne: le sablier vide, figure du temps r  Jvolu,et la faux, reproduite dans le chiffre sept, qui est le nombre de la transformation, dela destruction, de l=an Jantissement. L=Evangile de cette J poque n Jfaste est celuiqui fut Jcrit sous l=inspiration de saint Matthieu. MatthÉeus, en grec 9"J2"Â@H,vient de 9V20:", 9V20:"J@H, qui signifie  science. Ce mot a donn J 9V20F4H,:V20F,TH,  Jtude, connaissance, de :"<2V<,4<, apprendre, s=instruire. C=estl=Evangile

1 Ch. I, V. 4, 5, 10 et 11.

[219]

selon la Science, le dernier de tous, mais le premier pour nous, parce qu=il nousenseigne que, sauf un petit nombre d=Jlus, nous devons collectivement p Jrir. Aussil=ange fut-il attribu J  B saint Matthieu, parce que la science, seule capable de

 p Jn Jtrer le mystPre des choses, celui des Ltres et de leur destin Je, peut donner B

l=homme des ailes pour qu=il s= JlPve jusqu=B la connaissance des plus hautesv Jrit Js et qu=il parvienne jusqu=B Dieu.

Conclusion

[223]

Scire. Potere. Audere. Tacere.ZOROASTRE.

La Nature n=ouvre pas B tous, indistinctement, la porte du sanctuaire.Dans ces pages, le profane d Jcouvrira peut-Ltre quelque preuve d=une sciencev Jritable et positive. Nous ne saurions nous flatter cependant de le convertir, car nous n=ignorons pas combien les pr  J jug Js sont tenaces, combien est grande laforce des pr  Jventions. Le disciple en tirera plus de profit, B condition, toutefois,

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qu=il ne m J prise point les Éuvres des vieux Philosophes, qu=il J tudie avec soin et p Jn Jtration les textes classiques,

[224]

 jusqu=B ce qu=il ait acquis assez de clairvoyance pour discerner les pointsobscurs du manuel op J ratoire.

 Nul ne peut pr  Jtendre B la possession du grand Secret, s=il n=accorde sonexistence au diapason des recherches entreprises.Ce n=est pas assez qu=Ltre studieux, actif et pers Jv Jrant, si l=on manque de

 principe solide, de base concr Pte, si l=enthousiasme immod Jr  J aveugle la raison, sil=orgueil tyrannise le jugement, si l=avidit J s=J panouit aux lueurs fauves d=unastre d=or.La Science myst Jrieuse r  Jclame beaucoup de justesse, d=exactitude, de

 perspicacit J dans l=observation des faits, un esprit sain, logique et pond Jr  J , uneimagination vive sans exaltation, un cÉur ardent et pur. Elle exige, en outre, la plusgrande simplicit J et l=indiff  Jrence absolue vis-B-vis des th Jories, des systPmes,des hypothPses que, sur la foi des livres ou la r J putation de leurs auteurs, on admetg Jn J ralement sans contr ̂ le. Elle veut que ses aspirants apprennent B penser davantage avec leur cerveau, moins avec celui des autres. Elle tient, enfin, B cequ=ils demandent la v Jrit J de ses principes, la connaissance de sa doctrine et la

 pratique de ses travaux B la Nature, notre mPre commune.Par l=exercice constant des facult J s d=observation et de raisonnement, par la

m Jditation, le n Jophyte gravira les degr  Js qui mPnent au

SAVOIR.

L=imitation naVve des proc Jd Js naturels, l=habilet J jointe B l=ing Jniosit J, leslumiPres d=une longue exp Jrience lui assureront le

POUVOIR.[225]

R  Jalisateur, il aura encore besoin de patience, de constance, d=in J branlablevolont J. Audacieux et r  Jsolu, la certitude et la confiance n Jes d=une foi robuste lui

 permettront de tout

OSER.

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Enfin, quand le succPs aura consacr  J tant d=ann Jes laborieuses, quand ses d Jsirsseront accomplis, le Sage, m J  prisant les vanit Js du monde, se rapprochera deshumbles, des d Jsh Jrit Js, de tout ce qui travaille, souffre, lutte, d JsespPre et pleureici-bas. Disciple anonyme et muet de la Nature  Jternelle, ap^tre de l=Jternelle

Charit J, il restera fidPle B son vÉu de silence.Dans la Science, dans le Bien, l=Adepte doit B jamais

SE TAIRE.