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— Newsletter # 3 — Septembre 2015 Rédactrice en chef Stéphanie Cuven Comité de rédaction : Stéphanie Cuven, AnneMarie Cousin et Georges Ceuleneer Vie du bureau IODP-France.................p 1 Actualités........................................p 1-2 Portrait............................................p 2-7 Nouvelles scientifiques...................p 7-20 Les Petites Antilles (Post-Cruise 340).........p 7-9 Hess Deep Plutonic Crust (Exp. 345)..... p 9-13 Expéditions récentes...................p 13-20 - Indian Monsoon Rainfall (Exp. 353) .....p 13-17 - Bengan Fan (Exp. 354) .................p 18-20 Publications récentes.................. p 20-21 Publications Clin d'oeil......................p 22 Soutien financier ..............................p 23 Calendrier ...................................p 23-24 Futures expéditions.........................p 23 Appels à candidatures......................p 24 Événements..................................p 24 Annonces diverses...........................p 24 Expédition 353 : Indian Monsoon Rainfall Clara Bolton : IODP/TAMU

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— Newsletter # 3 —

Septembre 2015

Rédactrice en chef Stéphanie Cuven

Comité de rédaction : Stéphanie Cuven, AnneMarie Cousin et Georges Ceuleneer

Vie du bureau IODP-France.................p 1Actualités........................................p 1-2Portrait............................................p 2-7Nouvelles scientifiques...................p 7-20

• Les Petites Antilles (Post-Cruise 340).........p 7-9• Hess Deep Plutonic Crust (Exp. 345)..... p 9-13• Expéditions récentes...................p 13-20

- Indian Monsoon Rainfall (Exp. 353) .....p 13-17- Bengan Fan (Exp. 354) .................p 18-20

Publications récentes.................. p 20-21Publications Clin d'oeil......................p 22Soutien financier ..............................p 23Calendrier ...................................p 23-24

• Futures expéditions.........................p 23• Appels à candidatures......................p 24• Événements..................................p 24

Annonces diverses...........................p 24

Expédition 353 : Indian Monsoon Rainfall Clara Bolton : IODP/TAMU

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Expédition 353, Indian Monsoon, Crédits Photos : Clara Bol-ton, Edmund Hathorne & IODP, Kate Littler & IODP

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Cette newsletter est un moyen de vous tenir informés des activités de la communauté IODP-France, des différents ap-pels à candidatures pour les expéditions de forage, de la tenue d’écoles d’été, d’actions vers le grand public et d’autres informations utiles. C’est aussi l’occasion de vous faire partager quelques avancées scientifiques auxquelles la France a contribué au cours d’expéditions récentes.

Réunion du comité IODP-France

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IODP-France - Newsletter #3 - Septembre 2015 - p 1 -

La dernière réunion du comité IODP-France s’est déroulée le 30 juin 2015 dans les locaux du GET à Toulouse. À l’ordre du jour, la pré-sentation des dernières actualités IODP-France, l’état des lieux sur les possibilités de financements Post-Doc, ainsi que le bilan des participa-tions françaises (passées et à venir) aux expéditions et aux écoles d’été depuis le début de la phase 2013-2023 du Programme IODP. On comptabi-lise pas moins de 31 participations françaises aux expéditions en 3 ans (futures expéditions jusqu’au prin-temps 2016 comprises). On compte également 18 participations fran-çaises aux écoles d’été depuis 2013 (écoles d’été confondues, Bremen : 8 et Urbino : 10) et l’attribution de 9 bourses (Summer School Grant Awar-dees – ECORD) pour aider les candi-

dats à y participer. Cette réunion a aussi permis de présenter les résultats majeurs des expéditions récentes et le bilan financier 2015 à mi-parcours. Concernant ce dernier point, la répar-tition des dépenses devrait être assez semblable à celle de 2014, avec une augmentation sensible des missions de type « Post-Cruise Sampling », car de plus en plus d’expéditions se pro-longent par une « Sampling Party » dans une des trois carothèques du pro-gramme (Texas, Allemagne, Japon). En outre, le comité s’est réuni pour l’évaluation des demandes de « Sou-tien financier Post-cruise ». Rappelons que l’appel d’offres « Soutien Financier Post-Cruise » IODP-France fonctionne pour l’instant sur le principe du dépôt des dossiers au fil de l’eau. Ce mode est très souple et destiné à permettre le plus de réactivité possible dans l’in-

térêt des embarquants. Un mode de fonctionnement intermédiaire, avec 2 ou 3 échéances par an pour le dé-pôt des dossiers, a néanmoins été envisagé, mais ce sujet sera tranché ultérieurement. Par ailleurs, le bu-reau IODP-France va mettre en place un formulaire de demande de cré-dits « Post-Cruise » similaire à ceux existant pour les programmes INSU, afin d’homogénéiser le mode de ré-daction des projets. Lors de cette dernière réunion du comité, 5 projets de financement Post-Cruise sur les Expéditions récentes (Exp. 346, 348, 353, 354 et 355) ont pu être évalués, sachant que 3 autres projets avaient été évalués depuis le début 2015 sur des expéditions anciennes DSDP 41 et DSDP 50 et sur l’Expédition ré-cente 352.

• « Tour de France IODP » : le bureau IO-DP-France, en association avec le bureau ECORD, projette l’organisation dans toute la France de séminaires d’infor-mation sur le Programme IODP dès l’automne 2015, ceci afin de sensibiliser davantage la communauté scientifique aux possibilités offertes par les forages océaniques.

• Le site internet IODP-France (http://www.iodp-france.org/) est actuelle-ment en cours de maintenance pour vous proposer une nouvelle interface. Veuillez nous excuser pour les troubles occasion-nés pendant les prochaines semaines. Pour toutes demandes d’information, vous pouvez nous contacter par mail à [email protected]

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Prochains évènements / infos utilesv

Nouveaux représentants français à des comités européens (depuis janvier 2015)w

• Nomination de Michel Diament (IPGP) à l’ECORD Council, avec Mireille Perrin (CEREGE) comme suppléante. Ce conseil est en charge

de l’harmonisation des politiques budgé-taires des 18 pays membres d’ECORD.

• Élection de Gilles Lericolais (IFREMER) à l’ECORD Facility Board, avec Benoit Ildefonse (Géosciences Montpellier) comme suppléant. Ce comité s’occupe de

la planification des Expéditions IODP utilisant les Mission-Specific Plat-forms opérées par ECORD.

• Le bureau IODP-France a mis en chan-tier l’organisation des prochaines « Jour-nées IODP-France » prévues en 2016. Affaire à suivre !

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School of Rock Post Meeting (1ère édition) à Toulouseu

C’est dans une ambiance studieuse et décontractée qu’une dizaine d’ensei-gnants de collège et de lycée se sont réunis au GET (Toulouse) pour la « School of Rock Post-Meeting » les 9 et 10 avril dernier. Cet événement fai-sait suite à la première édition de l’ « ECORD School of Rock » organisée à Valbonne Sophia Antipolis en 2014 à l’initiative de Jean-Luc Bérenguer. À cette occasion, une quarantaine d’enseignants a été formée aux dif-férentes thématiques de la croûte océanique (roches dure et sédiments) par cinq animateurs scientifiques (Maria-Angella Bassetti, Gilbert Ca-moin, Georges Ceuleneer, Benoit Ildefonse et Sébastien Migeon). Ils découvraient ainsi les ressources po-tentielles du programme IODP pour leurs élèves. Un an après cette toute première édition « ECORD School of Rock », ces mêmes enseignants se sont donc retrouvés à effectif réduit pour des journées de travail autour des ressources à vocation éducative (Fig. 1). Il s’agissait d’optimiser le workshop « ECORD School of Rock » pour qu’il devienne le point de départ de nombreuses ressources pédago-giques. Les missions de ces ensei-gnants étaient alors : (1) d’échanger sur une série d’activités issues du séminaire « ECORD School of Rock 2014 » et testées en classe depuis un an ; (2) de faire le point sur ces res-sources pédagogiques en mutuali-

sant leurs travaux ; (3) et d’éditer les futures ressources exploitables pour les collèges et les lycées (Fig. 2). Pen-dant ces 2 jours de réunion, les ensei-gnants ont alors décidé ensemble du choix des activités les plus pertinentes et les formes sous lesquelles elles se-raient disponibles. Ils ont aussi mis en forme et écrit les différents tutoriels qui seront disponibles très prochai-nement. Dans un premier temps, ces ressources seront hébergées sur le site internet IODP-France. Concrète-ment, ce petit groupe d’enseignants mobilisés et très énergiques a permis de produire des ressources simples et faciles à prendre en main, telles que : (1) accéder aux données de forages d’intérêt pédagogique (activités sur l’âge des sédiments et la vitesse

d’expansion des océans, étude du phénomène de la diagenèse en classe de 5ème à partir des données de po-rosité, masse volumique, etc.) ; (2) médiatiser un contenu scientifique en géosciences (montage vidéos sur la dérive des continents) ; (3) suivre une expédition par visioconférence avec les « Teacher at Sea » ou les scientifiques à bord ; (4) obtenir une réplique de carotte de forage océa-nique, comme par exemple celle où apparaît la crise K/T (ODP 171) pour expliquer les crises biologiques en classe de 3ème (retrouver ces niveaux sur le terrain, fabrication de lames minces et observations macro-mi-croscopiques); et (5) obtenir du ma-tériel consommable issu d’une ex-pédition (fabrication et observations de lames minces sur différents types de roches ou de sédiments).

Nous ne doutons pas que cette mo-bilisation d’enseignants bénéficiera à toute la communauté éducative. Le dernier workshop « School of Rock » s'est tenu les 8-10 juillet 2015 au Por-tugal. Nous aurons très certainement l’occasion d’en reparler dans la pro-chaine newsletter !

Les professeurs de collège et de lycée réunis lors de la première édition de la School of Rock Post-Mee-ting pour mutualiser leurs travaux et valider les activités à éditer pour la communauté éducative. Crédit Photo : Stéphanie Cuven.

Participants à la Réunion School of Rock Post-Meeting, de gauche à droite : Nathalie Romeuf (Aix), Jo-syane Ribet (Nice), Jean-Luc Berenguer (Valbonne), Jean Noël Puig (Pau), Alain Chartier (Gallardon), Anne Marie Cousin (IODP-France, Toulouse), Georges Ceuleneer (IODP-France, Toulouse), Stéphanie Cuven (IO-DP-France, Toulouse), Christophe Le Gall (Besancon), Christian Alliaga (Pau), Marion Burgio (Pau) et Agnès Mazza (Pau). Crédit Photo : Stéphanie Cuven.

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sée sur la presque-île de Crozon avant la réunion, et les 35 personnes parti-cipantes ont eu la chance d’admirer les magnifiques paysages bretons et

Pas moins de 5 « teachers at sea » réunis lors de cette seconde édition de ECORD School Of Rock : de gauche à droite Helder Pereira (Portugal), Susan Gebbels (UK), Marius Fingerle (Allemagne), Jean Luc Berenguer (France) et Norihito (Japon). Crédit Photo : Jean-Luc Bérenguer.

ECORD School of Rock 2015 du 08/07 au 10/07 au Portugal : présence de Jean-Luc Bérenguer (Education Officer sur l’Exp. 345)

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Un an après la première édition de ECORD School Of Rock (SOR), et conformément au souhait de ECORD, une seconde édition s’est tenue du 9 au 11 juillet à Loulé au Portugal. Une quarantaine d’enseignants du secon-daire a participé à ce meeting durant lequel se sont succédées conférences et activités pratiques. Le public at-tentif a particulièrement apprécié les interventions successives des scienti-fiques et des « Teachers at sea » qui ont su rendre plus concret le pro-gramme international de découverte des océans. Jean-Luc Berenguer (en-seignant au lycée international de Valbonne Sophia Antipolis, « Teacher at sea » sur IODP Exp. 345) organisa-teur de la première édition d’ECORD SOR, a été convié à ce meeting no-

tamment pour promouvoir la néces-saire production et mise en ligne des ressources éducatives. Le succès de

cette nouvelle édition de SOR laisse présager un bel avenir pour les fu-tures Schools Of Rock.

À gauche : Jamie Austin à la Pointe de Penhir lors de l’excursion sur la presqu’île de Crozon. À droite : repas du midi sur le parvis de l’IUEM à Plouzané. Crédit Photo : Marc-André Gutscher.

Interview Marie Python (avril 2015) : Illustration d’un parcours exceptionnel

Marie Python est un membre très actif d’IODP, enseignante-cher-cheuse (« jokyo ») à l’Université de Hokkaido au Japon depuis 2010, elle a participé récemment à trois expédi-tions IODP (Exp. 335, 345, 352). Comp-tabilisée dans les quotas japonais, mais formée en France, elle contribue

toujours au rayonnement de son pays d’origine grâce à ses nombreuses col-laborations ! Marie travaille au Japon depuis maintenant plus de 10 ans, et s’est totalement adaptée au modèle scientifique japonais, elle enseigne par exemple en japonais, et cela force le respect. Elle nous a fait le plaisir de

répondre à nos quelques questions sur ses thématiques de recherches, son parcours et ses motivations à être aussi active au sein d’IODP.

Marie s’intéresse à tout ce qui touche aux roches de la lithosphère océa-nique, actuelle et fossile (ophiolites).

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Organisation du dernier SEP (Science Evaluation Panel) Meeting à l'IUEM (Brest)par Marc-André Gutscher (Domaines Océaniques), membre du Panel

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La réunion d’été du Science Evalua-tion Panel (SEP) d’IODP a eu lieu du 29 juin au 1er juillet à l’Institut Univer-sitaire Européen de la Mer (IUEM) à Plouzané (près de Brest). C’est sous un soleil généreux et des tempéra-tures estivales (quasi caniculaires !), que les 67 membres du SEP, venus des quatre coins du monde, se sont réunis pour évaluer 15 propositions de forage. Malgré la menace de grèves des contrôleurs du trafic aé-rien qui pesait sur la logistique, la ré-union s’est parfaitement déroulée et le travail fut efficace. Une excursion géologique a également été organi-

les impressionnants affleurements de falaise en bord de mer. Merci à Marc-André de s’être investi dans l’or-ganisation de cet événement.

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Dans le jargon IODP, c’est une spécia-liste des roches « dures ». Elle étu-die les processus magmatiques, plus particulièrement sur la façon dont les magmas migrent dans le manteau et contribuent à la construction de la croûte océanique. Marie travaille également sur l’hydrothermalisme dans les zones très profondes, dans la croûte et dans le manteau. « En fait c’est une question mystérieuse, qui reste très controversée, jusqu’à quelle profondeur les fluides hydrothermaux pénètrent sous les dorsales, intera-gissent-ils avec la croûte profonde et le manteau ? » nous explique Marie.

Le parcours de Marie reste singulier avec des débuts de normalienne, une orientation en sciences fondamen-tales académiques en Géologie et une expatriation au Japon pour y dé-buter une nouvelle carrière. En fait, après une première sensibilisation à la géologie au lycée, Marie s’est littéralement prise d’amour pour la discipline en Prépa. Ainsi, après un début de parcours plutôt orienté biologie en prépa au Lycée du Parc à Lyon, elle s’est engagée en DEA pour travailler sur les « roches dures », les basaltes océaniques de la zone TAMMAR (ride médio-Atlantique, 21,5°N), sous la direction de Georges Ceuleneer au DTP à Toulouse (GET actuel). Marie a approfondi ses connaissances sur le sujet en soute-nant une thèse en 2002 sur les figures de migrations magmatiques dans les ophiolites d’Oman, toujours sous la direction de G. Ceuleneer au DTP. C’est à l’issue de sa thèse que Marie

a eu sa première expérience d’embar-quement. Elle a été invitée par Hen-ry Dick, un chercheur américain de Woods-Hole en 2000 pour participer à une campagne à bord du RV Knorr au niveau de la dorsale Sud-Ouest indienne, par plus de 50° de latitude sud. Cette expédition consistait à échantillonner par dragage une dor-sale ultra lente (taux d’ouverture de moins d’1cm/an), oblique par rap-port à la direction d’extension, et qui n’avait encore jamais été explorée. Marie a, par ailleurs, une expérience en télédétection avec une mission de télédétection aéroportée sur les ophiolites d’Oman en 2002, dont le but était de valider des méthodes de cartographie minéralogique utilisées en planétologie, ceci en collaboration avec Patrick Pinet (IRAP, Toulouse). C’est ensuite après plusieurs mois de recherche active de Post Doc que Marie Python a décroché une bourse JSPS (Japan Society for Promotion of Sciences) pour démarrer un contrat Postdoctoral (2004-2008) à l’Univer-sité de Kanazawa au Japon, sur l’hy-drothermalisme dans le manteau avec comme terrain principal les ophiolites d’Oman. Afin de se perfec-tionner, Marie a enchaîné un contrat Postdoctoral de 3 ans à l’Université de Kyoto sur l’étude des interactions « magmatisme et hydrotherma-lisme » toujours dans les ophiolites d’Oman. « C’est pendant ce post-doc que j’ai postulé sur ma première mis-sion IODP ! » nous dit-elle fièrement. Une candidature en 2010 pour un embarquement en 2011. Entre temps Marie a obtenu son poste actuel à

l’Université d’Hokkaido : « C’était quelque chose car je venais d’être em-bauchée et 2 mois après je partais pour l’Expédition 335 ! ».

Marie revient alors sur les circonstances qui l’ont amenée à quitter la France pour travailler à l’étranger : « La recherche d’emploi et le manque de poste en France. J’aimais bien le système fran-çais mais l’année où je suis partie, je n’ai pas eu l’occasion de candidater dans un laboratoire français car il n’y avait aucun poste correspondant à mes compétences en pétrologie. Et une fois en poste au Japon, je n’ai même plus envisagé de candidater ». Avant de rajouter : « J’estimais que si je de-vais faire le voyage du Japon pour ve-nir passer une audition, je devais avoir de vraies chances d’être embauchée, si l’on considère le coût du voyage et la durée du vol, d’autant plus que les dates d’audition tombent en pleine période d’examen pour les étudiants japonais ». Elle ajoute : « Une fois au Japon, c’était plus simple de trouver du travail où j’étais, ou encore de trouver un post-doc au Canada ou en Austra-lie plutôt qu’en France ». Après ces quelques précisions, Marie ajoute avoir conscience qu’une longue pé-riode passée loin de France était un pari risqué et n’augmentait pas nécessairement ses chances d’un recrutement en France. C’est ainsi qu’elle est restée au Japon, avec un avenir scientifique à long terme in-certain mais… « On verra bien ! ». Marie nous confie : « Parce que mine de rien, le Japon a mauvaise réputa-tion (les femmes au travail, le système de mandarinat, etc.), et je suis partie en ayant pleine conscience du modèle social japonais. Mais en même temps, je me disais qu’en cas d’inadaptation, je pourrais toujours revenir en France, n’ayant jamais cessé de collaborer avec mes collègues français ou partir ailleurs (Australie, Canada, Suisse, Al-lemagne), il y a toujours des possibili-tés ! Au moment du départ, je ne suis pas partie dans l’idée que j’y reste-rais éternellement, et c’est à l’usage que je me suis rendue compte que ça se passait finalement très bien ! ».

Marie s’est donc investie dans les programmes IODP au cours de son 2ème post-doc en 2010-2011 et elle a ensuite eu l’occasion de participer

Marie Python au travail dans l’ophiolite d’Oman, décrivant le contact entre une diopsidite (roche blanche), relique d’hydrothermalisme de très haute température, et les péridotites du manteau (roches à patine rouille). Crédit Photo : Georges Ceuleneer.

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IODP-France - Newsletter #3 - Septembre 2015 - p 4 -

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à 3 expéditions IODP en 3 ans. À la question « Quelles ont été les circons-tances qui t’ont conduite à candidater sur les Expéditions 335, 345 et 352 ? », Marie nous répond en toute simplici-té : « Pourquoi ? Parce que c’était sur mes thématiques ! » en rajoutant « Par exemple, L’Expédition 335 portait complètement sur mes objectifs scien-tifiques sur la formation de la croûte océanique. Je me suis ensuite lancée sur la 345, car n’ayant pas obtenu les roches escomptées au cours de la 335, je souhaitais obtenir des gabbros de dorsale rapide. Et l’Expédition 345 m’a apporté beaucoup de connaissances au niveau des gabbros de la croûte in-férieure in situ ». Elle rajoute « Il était aussi plus facile d’embarquer en tant que japonais qu’en tant que français (8 participants japonais contre 8 euro-péens par embarquement), j’en ai donc profité et cela m’a énormément appor-té pour mon travail ».

Rappelons le contexte de ces expédi-tions :

� L’Expédition 335 - Superfast Spreading Rate Crust 4 – qui s’est déroulée du 13/04 au 3/06 2011 dans l’océan Pacifique est-équatorial, avait pour objectif de forer le plus loin pos-sible dans les gabbros. Sachant qu’au cours de l’Expédition 312, les gabbros tout en bas de puits avaient déjà été forés, mais l’idée de la mission 335 était de forer les gabbros plus en avant afin de mieux comprendre le phénomène d’accrétion magma-tique au niveau d’une dorsale océa-nique rapide. Marie nous raconte les conditions et les perspectives de cette expédition : « Cela ne s’est pas très bien passé techniquement, il y a eu beaucoup de maintenance. Tout un tas de petits soucis, les roches étaient très dures et on a perdu une tête de forage. On a récupéré uniquement des cuttings (des esquilles de roches broyées par le forage), pas de carottes. Ce puits est bloqué à l’interface entre le complexe filonien et les gabbros où se trouvaient une formation extrêmement dure, une formation jugée mystérieuse d’ailleurs. Malgré cela, nous étions contents de l’échantillonnage même si ce n’était pas celui attendu ». Marie nous rap-pelle que cette expédition aurait pu être exceptionnelle avec une pre-mière possibilité de forage dans des

gabbros pour une dorsale rapide. La conclusion de la mission n’ayant pas été ce qui était prévu à l’origine, il a fallu réécrire un projet en cours de mission qui finalement convenait par-faitement à Marie Python : « C’était aussi dans mes thématiques, sur les interactions magmatisme-hydrother-malisme à l’interface du complexe fi-lonien et des gabbros. Donc j’ai réécrit un projet sur d’autres roches et j’ai ré-cupéré ces cutting qui représentent un échantillonnage unique, et je travaille toujours dessus ! ».

� L’Expédition 345 - Hess Deep Plutonic Crust – qui s’est déroulée du 11/12/2012 au 10/02/2012 dans l’océan Pacifique, dont le but était de forer dans la croûte océanique inférieure au niveau d’une zone de faille Hess Deep, ceci afin de tester les hypothèses sur l’accrétion mag-matique et les processus hydrother-maux au niveau d’une dorsale océa-nique rapide. Marie nous précise que « Les résultats sur la composition des gabbros ont été surprenants ». Aus-si l’échantillonnage de ces gabbros permet aujourd’hui à son étudiante en thèse de travailler sur l’origine des orthopyroxènes, très abondants dans ces gabbros.

� L’Expédition 352 - Izu-Bonin-Ma-riana Fore Arc : Testing subduction initiation and ophiolite models by drilling the outer Izu-Bonin-Maria-na fore arc – s’est déroulée du 30/07 au 29/09/2014 dans la fosse des Ma-riannes (Pacifique ouest), dont les ob-jectifs étaient de mieux comprendre les processus magmatiques, tecto-niques et le phénomène d’accrétion de la lithosphère en début de phase de subduction et de tester des hy-pothèses sur l’origine des ophio-lites. Ce forage s’effectuait dans les basaltes et les boninites d’avant-arc, mais les gabbros à l’affleurement donnaient bon espoir à Marie de re-trouver des gabbros d’avant-arc, ce qui aurait été une première en forage océanique ! Malheureusement, l’es-poir s’envola après un mois à bord et Marie révisa sa demande d’échantil-lons. « Il y avait dans les boninites et les basaltes forés, des veines hydro-thermales très riches en carbonates, ce qui est très surprenant à une si grande profondeur, en dessous de la limite où

le carbone est sensé être dissous dans l’eau et ne plus précipiter » nous ex-plique-t’elle. Marie a alors élaboré un projet sur la formation de ces veines riches en carbonates et sur l’activi-té hydrothermale dans une dorsale d’avant-arc en collaboration avec Eric C. Ferré (géologue structural de la Southern University, Illinois) et un autre embarquant autrichien de la 352, Walter Kurz (University of Graz) intéressé par l’idée de travailler sur l’hydrothermalisme. Ce travail est toujours en cours.

Comme les missions se sont enchai-nées, as-tu le temps de traiter l’en-semble de tes échantillons ? « J’ai effec-tivement beaucoup de choses à faire, et pour cela j’ai un peu mis l’Oman en berne même si j’ai des étudiants qui travaillent sur le sujet ». Pourquoi pour toi, IODP devient prioritaire par rap-port à ton travail en Oman ? « Ce sont des échantillons plus rares et les pro-jets IODP sont des projets communs avec obligation d’acquérir des résultats rapidement.… il faut ensuite publier. Au contraire, les projets en Oman sont plus individuels et plus légers à gérer. Les dernières missions IODP étaient sur les roches dures, alors qu’entre 2005 et 2011, il n’y en a pas eu une seule, donc c’était une occasion, une chance qu’il ne fallait pas rater ! A l’époque, on ne savait pas si la prochaine mission sur les gabbros serait dans 5 ans, dans 10 ans… il faut donc saisir les oppor-tunités quand elles se présentent ».Le programme IODP occupe ac-tuellement 70% de ses activités de recherche, contre 30% pour la part Oman, « Mais on peut aussi dire que la part IODP est actuellement à 100%, vu que mes activités sur l’Oman peuvent attendre, en comparaison à la pression imposée par les deadlines IODP » rajoute-t’elle.

Pourrais-tu nous parler de tes com-pétences complémentaires avec l’Oman, du fait que bien qu’ensei-gnante-chercheuse au Japon, tu en-tretiens toujours des coopérations avec la France. Comment résous-tu la quadrature du cercle Japon-France-Oman-IODP ? « Pour le moment, quand je dis que je mets un peu de côté de l’Oman, ce n’est pas tout à fait exact. En fait je continue d’y aller, mais je ne fais que du terrain, j’accumule

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IODP-France - Newsletter #3 - Septembre 2015 - p 5 -

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alors que là on travaille sur le même projet et on établit des liens, voir des collaborations futures qui se construisent très bien. Par exemple, j’ai trouvé un intérêt à collaborer avec un paléomagnéticien pour réaliser des analyses globales sur les mêmes échantillons, où pour ma part j’inter-venais sur la chimie des minéraux. C’était très complémentaire ! ». Rappelons aussi que le moratorium sur les données IODP s’appliquant la première année, les scientifiques sont amenés à établir des collaborations à bord s’ils ont besoin de compétences externes sur une autre discipline. « Il est vrai qu’il y a suffisamment de spé-cialités représentées à bord pour ne pas avoir besoin d’aide extérieure pour compléter les travaux » nous précise Marie. L’orientation des recherches évoluant aux vues des résultats, l’aide d’autres collaborateurs peut s’ajou-ter naturellement aux projets après le moratoire. « Par exemple, je ne pensais pas faire de la modélisation physique sur les données de l’Exp. 335, c’est venu avec le temps, en discutant des résultats avec Michel Rabinowicz (GET, Toulouse) ».

La part de collaborations françaises dans l’ensemble des collaborations étrangères de Marie Python est conséquente puisqu’elle nous précise que très peu de gens travaillent sur ses thématiques de recherche. Les possibilités de collaboration étant réduites, elle privilégie souvent ses contacts en France : Georges Ceule-neer, Mathieu Benoit, Bénédicte

Abily, Michel Rabinowicz (GET, Tou-louse) Lydéric France (CRPG, Nancy) ou encore Marguerite Godard (Géos-ciences Montpellier). « La France oc-cupe une très grande place dans mes collaborations étrangères, c’est un gros pôle. D’autant plus qu’avec Georges Ceuleneer, on collabore sur l’Oman et sur IODP (Exp. 345) ». Elle collabore aussi avec l’Allemagne, les États Unis, et avec beaucoup de ses collègues au Japon, notamment avec les gens des Universités de Kanazawa et de Kyoto, où elle a fait ses post-doc.

À la question : As-tu rencontré des difficultés particulières dans les dif-férentes étapes de ton parcours de géologue lié à ton statut de femme ? Dans le milieu des forages off shore, sur le terrain en Oman, dans les labos japonais, ... voire en France ? Marie nous répond franchement « Il y a le sexisme ordinaire, c’est une difficul-té qui n’est pas particulière au métier de géologue ». En précisant : « Je n’ai pas été confrontée à énormément de sexisme dans mon entourage mais il y a des idiots partout ! Si je n’ai pas trouvé de poste en France, c’est vrai-ment parce qu’il n’y avait pas de poste, mon statut de femme n’avait rien à voir là-dedans. En ce qui concerne le Japon, c’est bien parce que je suis étrangère avant d’être une femme, donc on ne me fait pas sentir que je suis une femme. Dans le milieu du forage, c’est particulier car les tech-niciens utilisent parfois un langage à double sens dont les non-anglophones ne captent pas toujours la « subtilité » (heureusement d’ailleurs !), d’où cer-tains quiproquos parfois gênants. Mais les rapports humains sont très surveil-lés à bord, les plaintes remontent à la direction et les problèmes de ce genre sont réglés très rapidement. Et puis en Oman, je dirai qu’il y a moins de pro-blèmes qu’en France ! C’est vrai que je n’ai pas de problèmes au niveau pro-fessionnel puisque je n’ai pas de colla-borations directes avec l’Oman. Quand je vais au Service Géologique d’Oman pour l’expédition de mes échantillons, je n’ai pas l’impression que mon statut de femme pose problème. Sur le ter-rain, les villageois ne comprennent pas vraiment ce que je fais, alors il y a par-fois des mecs qui viennent me tourner autour. Mais sur 15 ans en Oman, ça m’est arrivé 3 fois, donc moins sou-

l’échantillonnage. Ceci au cas où la si-tuation du pays deviendrait instable. Et si je ne peux plus y aller, alors je pense que j’en aurai pour plus de 10 ans de re-cherches avec la récolte de cailloux que j’ai actuellement ! ». Pour ce qui est de résoudre la quadrature du cercle Ja-pon-France-Oman-IODP, Marie nous répond en toute franchise : « Et bien je ne suis jamais chez moi ! » entre 1 mois en Oman, 1 mois au GET à Toulouse , 2 mois en mer, plus les conférences, etc., elle nous explique n’être chez elle que 6 mois de l’année, principale-ment pour dispenser ses cours à l’Uni-versité de Hokkaido sur notamment les ophiolites et les processus mag-matiques. La science ignore les fron-tières et les thématiques scientifiques de Marie l’amènent à conjuguer les missions IODP, les missions en Oman, et ses collaborations avec la France et le Japon sans se poser de questions !

Les motivations de Marie d’être un membre aussi actif au sein d’IODP sont, bien évidemment les moyens techniques et financiers, mais aussi et surtout la découverte de nou-velles roches et les surprises à bord : « L’océan c’est toujours l’inconnu ! Hon-nêtement, on a une quantité de mo-dèles sur la structure des océans, sur comment ça doit se passer, comment les magmas cristallisent, etc.. mais à chaque expédition, c’est la surprise. Et comme c’est rare, il faut y aller ! C’est une grande opportunité ». Concrè-tement, la participation de Marie aux programmes IODP a boosté ses activités de recherche tout en orientant son parcours profession-nel. Elle nous explique avoir élargi ses collaborations et amélioré ses compétences sur sa compréhen-sion de l’océan actuel par rapport à une ophiolite. Elle ajoute aussi à titre personnel que : « La vie à bord est quelque chose de formidable, il y a un dicton à bord qui dit que toutes les per-sonnes avec qui on a embarqué sur le JOIDES, on ne les oubliera jamais ! ». En ce qui concerne les bénéfices de participer aux Expéditions IODP, Marie ajoute « IODP implique d’avoir des collaborations à bord, les pro-jets sont communs et donc on côtoie des scientifiques ayant des spécia-lités différentes. Sans le programme IODP, on ne parlerait pas forcément avec eux en conférence par exemple,

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Crédit Photo : IODP/TAMU

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ES Post-Cruise Meeting 340 – Les petites Antillesu

Pour la première fois, et avec suc-cès, le JOIDES Resolution a foré des dépôts « chaotiques » interprétés comme des dépôts de glissements au large des édifices volcaniques de l’arc insulaire des Antilles, ceci au cours de l’Expédition 340 : « Lesser Antilles Volcanism and landslides » qui s’est déroulée du 3 mars au 17 avril 2012. Cette expédition a été co-dirigée par une scientifique française, Anne Le Friant (Institut de Physique du Globe de Paris).

En initiant cet ambitieux projet de forage dans des dépôts chaotiques, Anne Le Friant souhaitait : (1) offrir une meilleure connaissance des pro-cessus volcaniques dans la région, mais aussi (2) obtenir une chrono-logie complète des éruptions, et (3)

évaluer les risques associés aux insta-bilités des édifices volcaniques et leur potentiel tsunamigène. Les enjeux de cette expédition sont importants d’un point de vue scientifique, mais il y a aussi une réelle implication socié-tale en terme d’évaluation des aléas naturels puisque la population locale se concentre majoritairement près des côtes et se trouve donc directe-ment exposée aux évènements ca-tastrophiques de type éruptions vol-caniques ou tsunamis. Les séquences volcaniques connues à terre et qui permettent de reconstruire l’histoire des volcans sont souvent incomplètes car les dépôts peuvent avoir disparu à cause de l’érosion ou s’être épanchés en mer lors de grands glissements de flanc de volcans. Il devenait donc ur-gent de réaliser des forages en mer où les produits volcaniques vont être

piégés par la sédimentation marine et ainsi préservés afin d’avoir accès à une histoire complète des édifices, aux variations de composition des mag-mas au cours du temps, à l’influence des instabilités de flanc sur la dyna-mique éruptive ainsi que sur les pro-cessus complexes de sédimentation autour des édifices volcaniques. De plus, ce projet de forage visait à étu-dier les relations entre les processus volcaniques et la morphologie de l’arc à travers les Petites Antilles suivant un transect Nord-Sud. D’autres scien-tifiques français de l’IPGP (Georges Boudon, Sara Lafuerza Colas) et de l’Université Pierre et Marie Curie (Be-noît Villemant) ont pris part à cette expédition pour tester différentes hypothèses relatives à la composition et à l’origine des dépôts chaotiques et pour tenter d’estimer la magnitude

Expédition 340 à bord du JOIDES Resolution en 2012. De gauche à droite : Georges Boudon, Anne Le Friant, Teresa Greely (en charge pour IODP de la partie éducation), Sara Lafuerza. Crédit Photo : Georges Boudon.

Expédition 340 à bord du JOIDES Resolution en 2012. De gauche à droite : de gauche à droite : Anne le Friant, Georges Boudon, Sara Lafuerza, Benoît Villemant, les 4 participants français à l’expédition lors d’une audioconférence avec une école. Crédit Photo : Georges Boudon.

vent que dans le métro en France !! ».

La volonté d’intégration de Marie dans les laboratoires japonais, et dans la société japonaise en général, a connu récemment un dénouement heureux : Marie ne se fait plus de sou-cis pour son avenir. Elle a, en effet, obtenu un poste permanent depuis 2014, date à laquelle son contrat de 5 ans renouvelable a été modifié par le gouvernement japonais qui a fait machine arrière sur son engagement à copier le modèle américain. « Ils se sont aperçus que ce système de CDD

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n’était pas du tout adapté au modèle social japonais, et ils ont donc régula-risé tous les postes contractuels ». De plus, Marie nous explique qu’elle re-çoit automatiquement 4000€/an par l’Université pour faire sa recherche. « Au Japon, il y a davantage de pe-tits projets que d’ANR, sachant qu’en moyenne, 1 sur 4 est accepté, ce qui est beaucoup. Donc le jeu des colla-borations amène toujours à faire parti d’un projet accepté. Jusqu’à présent je n’ai pas eu de problème financier pour continuer mes recherches ». Marie nous avoue ne considérer un retour

en France que s’il y a avait un poste dans ses compétences. Mais comme elle dit souvent : « Je ne changerai pas pour moins bien que ce que j’ai ». Nous lui souhaitons donc une belle continuation dans ses aventures qui nous l'espèrons seront riches d'em-barquements sur les campagnes IODP !

D’après l’interview de Marie Python réalisé par Stéphanie Cuven

(mars 2015)

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d’un éventuel tsunami, ce qui est cru-cial pour mieux estimer les risques.

Rappelons le contexte de ce forage : au total, 484 carottes (2384 m de ma-tériel) ont été collectées, réparties sur 9 forages choisis stratégiquement au-tour de trois sites représentatifs des principaux processus volcaniques de l’arc antillais : Montserrat, la Mar-tinique et la Dominique. Les condi-tions à bord du JOIDES Resolution lors de la campagne 340 étaient glo-balement très bonnes à l’exception des sites localisés dans les zones à blocs où la récupération s’est avérée plus difficile. Malgré ce léger bémol, les objectifs du programme de forage ont pu être atteints. C’est à l’ouest de Montserrat qu’a été réalisé le fo-rage qui permet de remonter le plus loin dans le temps, plus de 4 millions d’années (taux de sédimentation de l’ordre de 2-3 cm/1000 ans), et offrant une reconstruction très complète de l’histoire éruptive dans la région. Le taux de sédimentation étant plus éle-vé au large de la Martinique du fait de l’abondance des turbidites d’origine volcanique (10-30 cm/1000 ans), les forages donnent accès à un enre-gistrement plus court, d’un million d’années, qui permet malgré tout de couvrir l’histoire complète de la Mon-tagne Pelée et d’édifices plus anciens de la Martinique (Mt Conil, Piton du Carbet, etc…). La grande découverte de cette expé-dition aura été de préciser la nature des grands dépôts chaotiques iden-tifiés sur les profils de sismique ré-flexion et qui s’étendaient à plusieurs dizaines de km des côtes. En effet, au vu des volumes importants de ces dé-pôts, les scientifiques s’attendaient à retrouver un mélange de produits volcaniques issus des déstabilisations de flancs de volcan et de sédiments marins, mais la description des ca-rottes a révélé l’absence de produits

venant du glissement aérien et la pré-sence d’une succession de turbidites, de sédiments hémipélagiques et de niveaux de cendres volcaniques pro-venant des éruptions. Les produits issus des glissements de volcans à terre ne se propagent donc pas aus-si loin que supposé précédemment. Les scientifiques ont alors imaginé un processus en cascade : lorsque le flanc d’un volcan se déstabilise, les pro-duits du glissement entrent en mer et vont s’arrêter à la rupture de pente sous-marine où ils vont déstabiliser et pousser les sédiments marins provo-quant des glissements sous-marins qui sont ceux que l’on observe sur plu-sieurs dizaines de kilomètres au large (jusqu’à 60-70 km).

En Martinique, les journaux locaux ont très vite été alertés des réalisations exceptionnelles de cette expédition, entre autres par le biais d’une confé-rence publique donnée par Anne Le Friant en janvier 2015, parallèlement à la réunion scientifique « Post-Cruise Meeting 340 ». Les scientifiques sont aussi intervenus dans des écoles (4 classes de CM2 de St Pierre et de Morne Rouge) afin d’échanger avec

les élèves sur le métier de géologue, en plus de leur présenter les travaux en cours sur le volcan de leur île. Ces échanges ont en partie été suivis par RCI.

La grande majorité des scientifiques embarqués sur l’Expédition 340, ac-compagnés de leurs collègues asso-ciés au projet, ont assisté à la réunion « Post-Cruise Meeting 340 » au Car-bet, en Martinique, pour y discuter des recherches en cours. C’était aus-si l’occasion pour les scientifiques étrangers de découvrir le volcan de la Montagne Pelée qu’ils avaient pu observer du bateau pendant l’expédi-tion 340. Les premiers résultats sont très prometteurs puisqu’ils suggèrent que les plus grands dépôts seraient dus à la propagation d’un décolle-ment des zones proximales chargées par une avalanche de débris volca-nique (Le Friant et al., 2015). L’équipe scientifique se félicite d’avoir pu aboutir à une meilleure compréhen-sion de l’origine de ces dépôts chao-tiques. Ils émettent même l’idée que ce phénomène peut-être généralisé, des volumes gigantesques de dépôts similaires ayant été mis en évidence dans d’autres sites. L’Expédition 340 a aussi permis l’ac-quisition de nouvelles données, ex-ceptionnelles du fait de la longueur des enregistrements, permettant la reconstruction en continu des érup-tions dans les Petites Antilles. Les études de téphrochronologie à venir offrent de nouvelles perspectives de travail pour revisiter le domaine d’étude. L’équipe française travaille

Réunion «Post-Cruise Meeting 340» à Carlet en Martinique en janvier 2015. Crédit Photo : Emmelyne Mitard.

Excursion organisée à la suite du Post-Cruise Meeting 340, en janvier 2015. Crédit Photo : Emmelyne Mitard.

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actuellement sur la corrélation entre les observations en mer et de la chro-nologie des éruptions à terre, notam-ment dans la région de la Dominique à la limite Martinique-Dominique où sont menées des études pétrolo-giques et chronologiques détaillées. En effet, la bonne connaissance des compositions des verres et des mi-néraux des produits échantillonnés à terre permet d’établir les ‘fiches d’identité’ de ces produits que l’on re-trouve sous forme d’esquilles de verre et de fragments de minéraux dans les téphras volcaniques carottés.

L’ensemble des résultats sur (1) l’as-pect instabilité et déformation des sédiments marins et sur (2) la téphro-chronologie ouvre donc de nouvelles perspectives quant à l’amélioration de la connaissance de l’histoire des volcans antillais et la compréhension des processus d’instabilité associés. Ces travaux en cours sont financés par l’ANR CARIB portée par les deux laboratoires des chercheurs embar-qués. Ainsi, lles études en téphro-chronologie se font conjointement à

l’IPGP et à l’Université Pierre et Marie Curie-Paris 6. Ce travail reste fasti-dieux car il y a 1km de séquence, mais les analyses avancent à bon rythme, notamment sur la stratigraphie à partir des analyses δ18O sur les fora-minifères et la reconnaissance des téphras. Le volet magmatologie et évolution des systèmes volcaniques de la Martinique et de la Dominique concerne majoritairement l’Univer-sité Pierre et Marie Curie-Paris 6, conjointement avec l’IPGP. Enfin, le volet déformation et avalanche de débris, se fait davantage à l’IPGP, où une étudiante termine actuellement sa thèse avec Anne le Friant. Ses tra-vaux portent sur l’étude des grandes instabilités au large de la Martinique à partir des corrélations sismique/fo-rage, de simulations numériques et analogiques des processus de glisse-ment. Une collaboration avec le la-boratoire Géosciences Rennes a ainsi vu le jour pour la modélisation analo-gique des glissements. Lors du Post-Cruise Meeting, les scientifiques ont également eu l’oc-casion de renforcer les collaborations

internationales déjà établies sur le bateau, notamment la collaboration avec les nombreux japonais ayant participé à l’Expédition. En effet, leurs spécialités et leurs travaux se complètent parfaitement pour les as-pects Géochimie-Téphras-Turbidites à partir du matériel collecté en Mar-tinique. Ce travail collaboratif a d’ail-leurs été récemment renforcé par un programme d’échange (CNRS-JSPS), qui a déjà permis aux français d’aller travailler au Japon en mars dernier. Les carottes sont disponibles et toute volonté de collaborer avec les 4 par-ticipants français embarqués sur l’Ex-pédition 340 est la bienvenue !

D’après l’interview de Georges Boudon, Anne Le Friant et Émelyne Mitard,

réalisé par Stéphanie Cuven (avril 2015).

Référence :

Le Friant, A., et al. (2015), Submarine record of volcanic island construction and collapse in the Lesser Antilles arc: First scientific drilling of submarine volcanic island landslides by IODP Expedition 340, Geochem. Geophys. Geosyst.,

16, doi:10.1002/ 2014GC005652.

La croûte océanique formée aux dor-sales rapides est composée aux trois-quarts de roches plutoniques dont la pétrologie, la composition chimique et la structure témoignent des pro-cessus de transport et de cristallisa-tion de magma entre le manteau et le plancher océanique. L’échantillon-nage de ces roches est en règle géné-rale difficile puisqu’elles sont recou-vertes de deux à trois kilomètres en moyenne de roches éruptives (filons et coulées basaltiques). L’alternative au forage d’une section intacte de croûte océanique pour accéder à ces niveaux profonds (objectif que l’on tâche d’atteindre au Puits 1256D; Leg ODP 309 et Expéditions IODP 312 et 335) est de les prélever dans les zones où ils sont exposés sur le plancher océanique du fait de mouvements

tectoniques. C’était l’objectif de l’ex-pédition IODP 345 (11 Déc. 2012 - 12 Fév. 2013), qui ciblait les gabbros in-férieurs affleurant à Hess Deep (point triple entre les plaques Cocos, Nazca et Pacifique). Les objectifs principaux de la campagne étaient de tester les hypothèses qui étayent les modèles d’accrétion crustale aux dorsales ra-pides, de confirmer la présence des gabbros lités dans la croûte infé-rieure, et de déterminer les variations structurales et compositionnelles de ces gabbros.

� Déroulement des opérations de forage et principaux résultats obte-nus

Hess Deep est une fenêtre tectonique à l’extrémité orientale du rift Co-

cos-Nazca ouverte dans une croûte jeune (~1 Ma), accrétée le long de la dorsale rapide Est-Pacifique (~130 mm/an). Des roches gabbroïques primitives y ont été identifiées lors de campagnes d’échantillonnage par submersible (Francheteau et al., 1990; Hekinian et al., 1993; Lissen-berg et al., 2013). Le Site IODP U1415 a été localisé sur un replat afin de permettre l’installation d’un cône de réentrée. Il est situé dans la partie inférieure du flanc sud de la ride in-trarift, entre 4575 et 4850 mètres de fond (Fig. 1 ; Gillis et al., 2014a,b). Au cours de l’Expédition 345, 16 puits ont été forés en ce site ; des avan-cées scientifiques majeures ont été permises grâce aux échantillons ré-coltés en deux puits d’environ 110 m de profondeur (U1415 J et U1415P) et

Par Benoit Ildefonse, Marguerite Godard et Norikatsu Akizawa (Géosciences Montpellier), Georges Ceuleneer (GET, Université Paul Sabatier, Toulouse) et Marie Python (Hokkaido University, Sapporo, Japon).

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Expédition 345 : Les gabbros primitifs de la croûte océanique formée aux dorsales rapides, Hess Deep, Pacifique Est

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d’une série de 5 puits sans réentrée (« single bit holes » ; U1415E et U1415G–U1415I). Malgré les difficiles conditions de fo-rage (profondeur d’eau importante, sommet des sections constituée de débris non consolidées, failles, …), une récupération de 15 à 30% dans 3 puits (U1415I, J et P, Fig. 2) a permis d’échantillonner pour la première fois par forage plusieurs sections de gab-bros primitifs de la croûte inférieure. Ces puits représentent l’échantillon-nage le plus complet à ce jour de la croûte inférieure formée aux dorsales rapides.

Les données paléomagnétiques ac-quises à bord (Fig. 2) montrent que ces sections proviennent de blocs de grande taille (plusieurs dizaines de mètres d’épaisseurs), basculés par rapport à leur position initiale dans la coûte, ce qui confirme l’hypothèse que le flanc sud de la ride intra-rift, où se trouvent les gabbros primitifs, est affecté par des glissements gravi-taires (Ferrini et al., 2013). Il est donc difficile de replacer ces carottes récu-pérées dans un contexte structural à grande échelle. Par contre elles sont exceptionnelles du point de vue pé-trologique et permettent d’avoir une vision quasi-continue de séquences

des gabbros primitifs de la croûte intérieure sur plusieurs mètres à plu-sieurs dizaines de mètres. Cet échan-tillonnage unique a fait l’objet d’une première publication dans la revue Nature (Gillis et al., 2014b).Les gabbros à olivines et les trocto-lites sont les lithologies dominantes (84%). Ils ont des textures cumula-tives similaires à celles décrites dans les intrusions litées où dans certaines ophiolites. Toutes les lithologies sont relativement primitives (Mg# com-pris entre 0.76 et 0.86). Des litages spectaculaires sont présents dans plus de 50% des carottes récupérées, confirmant pour la première fois qu’à

Figure 1 : Localisation du rift Hess Deep et du Site IODP U1415 (Gillis et al., 2014b). La croûte supérieure (laves et complexe filonien) affleure le long des escarpements nord et sud. Les gabbros supérieurs ont été échantillonnés il y a 20 ans sur le site ODP 894 au sommet de la ride intrarift. Le cadre blanc dans (a) indique la position de la carte (b).

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Figure 2 : Résumé des sections récupérées (Gillis et al., 2013a). Les colonnes montrent la récupération (entre 15 et 30%), les unités lithologiques, les principaux li-thotypes, le pendage des structures magmatiques et le pendage des vecteurs de rémanence magnétique. La carte (d) indique la localisation détaillée des trois puits U1415 I, J et P.

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l’instar de la croûte inférieure expo-sée dans la plupart des ophiolites comme celle d’Oman, la croûte océa-nique rapide est constituée, au moins en partie, de gabbros lités.Combiné à l’échantillonnage existant de la croûte supérieure basaltique et des gabbros supérieurs à Hess Deep, les roches récupérées pendant l’ex-pédition 345 permettent d’estimer, pour la première fois, une composi-tion globale en éléments majeurs de la croûte océanique formée aux dor-sales rapides (Gillis et al., 2014b). La composition globale ainsi calculée et les compositions des différentes li-thologies récupérées sont cohérentes avec un modèle simple de différentia-tion par cristallisation fractionnée de magmas ayant, en première approxi-mation, une composition de type MORB (tholeiite à olivine). Néan-moins, l’abondance (jusqu’à plus de 20%) d’orthopyroxène cumulatif dans ces roches chimiquement pri-mitives, témoignant de leur cristalli-sation précoce n’est pas entièrement compatible avec ce modèle simple ; il faut envisager soit l’existence de frac-tions magmatiques plus siliceuses que les MORB, soit une modification des conditions d’équilibre au cours de la cristallisation, soit une com-binaison de ces deux facteurs. Cela nous a conduit à proposer un scé-nario d’accrétion magmatique plus complexe, pouvant impliquer la réac-tion d’une partie des liquides MORB avec le manteau supérieur au cours de leur transport vers la croûte, et/ou l’hydratation au moins locale des magmas MORB produisant la croûte inférieure.Les sections forées sont altérées de façon extrêmement variable. Les sections les plus fraîches présentent malgré tout un certain degré d’alté-ration affectant notamment les oli-vines et les sections les plus altérées sont complètement transformées, la minéralogie ainsi que la texture originelles ayant totalement dispa-ru pour produire une roche hydratée cataclastique. L’assemblage minéra-logique secondaire, composé en ma-jorité de préhnite, chlorite, trémolite accompagné de plus ou moins de mi-néraux argileux (principalement de la famille des smectites), suggèrent que les températures d’altération sont in-férieures à 400°C. Les zones les plus

affectées étant également celles où les plus grandes difficultés techniques au forage ont été rencontrées (blo-cage de la rotation de la tête de fo-rage, effondrement des puits etc.), il est probable qu’elles soient associées à de grandes zones de faille. Cela tend à démontrer que la circulation hydrothermale peut pénétrer dans la croûte océanique profonde via les accidents tectoniques majeurs et ré-agir « à froid » (relativement !) avec les gabbros produisant des change-ments significatifs dans la composi-tion chimique et la rhéologie

� Nature et objectifs scientifiques des études post-campagnes me-nées par les équipes françaises

Les membres de l’équipe scientifique embarquée provenant des labora-toires français (Marguerite Godard, Benoît Ildefonse et Georges Ceule-neer), avec leurs collaborateurs directs (Marie Python, Norikatsu Akizawa, Romain Meyer et Mike Cheadle), ont entrepris plusieurs études détaillées des échantillons ré-coltés pendant l’Expédition 345. Côté français, les projets sont financés par IODP-France, par l’INSU/CNRS et par le JDESC (Japan Drilling Earth Science Consortium). Il s’agit, pour l’essentiel, de l’étude de séries d’échantillons spécifiques (gabbros lités, troctolites,

et gabbronorites), combinant les ap-proches géochimiques (composition roches totales, analyses in-situ des compositions minérales) et micros-tructurales (mesure et analyse des orientations préférentielles cristallo-graphiques). L’objectif est de carac-tériser (i) les litages modaux et leur(s) processus de formation, et (ii) les si-gnatures compositionnelles et textu-rales des processus de transport de liquide magmatique et d’interactions magma-roche, en documentant les équilibres et/ou déséquilibres locaux.

1) Étude détaillée d’une section de gab-bros litésLa récupération de sections de cumu-lats gabbroïques lités compte parmi les résultats majeurs de l’Expédition 345. Une section courte (1,5 m) mais particulièrement spectaculaire a été forée dans le puits U1415I (figure 3). De tels litages modaux n’ont jamais été échantillonnés dans le contexte, pourtant beaucoup mieux documen-té, des dorsales lentes. Leur présence dans la croûte formée aux dorsales rapides était soupçonnée, en particu-lier par analogie avec la section plu-tonique de certaines ophiolites dont celle d’Oman, mais n’avait jamais été démontrée. Les litages modaux échantillonnés témoignent des pro-cessus physico-chimiques élémen-taires ayant leur siège non loin de l’in-

Figure3 : (à gauche) - 70 premiers cm de la section de gabbros lités (Puits U1415I) étudiée en détail dans ce projet. Ol: olivine; GN: gabbronorite; G: gabbro; Tr: troctolite

Figure 4 (dessous)) - Exemples d’échantillons de roches gabbroiques pri-mitives récupérées pendant l’expédition IODP 345. A: Séquence litée de gabbro à olivine, troctolite et gabbronorite à olivine (puits U1415I); B: Troc-tolite à porphyroclastes de cpx (Puits U1415J), C: troctolite (Puits U1415P).

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terface manteau/croûte en contexte de forte alimentation magmatique et d’expansion rapide. La moitié de la lithosphère actuelle de la Terre s’est formée dans un contexte tectonique similaire à celui de la dorsale Est-Paci-fique. Déterminer la nature précise de ces processus est donc riche d’impli-cations pour la compréhension de la dynamique globale de notre planète et des grands cycles géochimiques. Par référence aux travaux dans les in-trusions litées et dans les ophiolites, il y a plusieurs lectures possibles du message porté par les litages mo-daux : ils sont témoins de processus purement pétrologiques (cristalli-sation fractionnée, mélanges, dif-fusion…) et/ou dynamiques (rem-plissages épisodiques de chambres magmatiques, compaction, tri mé-canique des minéraux lors de la mo-bilisation de bouillies cristallines…). L’analyse très détaillée, à haute ré-solution, de la section litée du puits U1415I permettra d’établir quelle combinaison de ces mécanismes a réellement opéré.

2) Genèse des roches gabbroiques pri-mitivesLes roches gabbroiques primitives récupérées lors de l’Expédition 345 comprennent une variété de litho-types, dominée par des roches riches en olivines (Figures. 3 et 4). L’objec-tif du travail post-campagne est de caractériser la signature pétro-géo-chimique et microstructurale de(s) processus de transport des magmas parents des basaltes océaniques et des interactions magma-roche dans les faciès les plus primitifs, en docu-mentant les équilibres et/ou désé-quilibres locaux dans les échantil-lons à l’échelle de l’agrégat minéral.

Les roches les plus riches en olivine (troctolites, troctolites à porphyro-clastes de clinopyroxène, gabbros à olivine, et gabbronorites à olivine) sont ciblées, ainsi que celles conte-nant de l’orthopyroxène. En principe, la cristallisation de l’orthopyroxène est tardive lors de la cristallisation fractionnée des tholéiites à olivine (composition des MORB primitifs). La découverte lors de l’Expédition 345 d’une part non négligeable de gabbronorites à olivine associées aux cumulats les plus primitifs à la base de la croûte océanique n’était donc pas prédite. On attend de l’étude de ces différents faciès des contraintes sur les processus de percolation de liquides magmatiques interstitiels dans les cumulats, et sur la cristalli-sation et l’évolution de ces derniers, ainsi que sur l’impact géochimique de l’ensemble de ces processus sur la composition chimique des basaltes mis en place en surface. Les relations d’équilibre et/ou de déséquilibres entre les phases minérales, couplées aux orientations préférentielles, sont

utilisées pour discuter de l’origine des lithologies étudiées : séquence de cristallisation fractionnée en sys-tème clos ou histoire magmatique plus complexe impliquant des inte-ractions magma-roche en système ouvert.

L’approche utilisée dans l’ensemble du travail post-campagne réalisé par les équipes françaises et leurs colla-borateurs est multidisciplinaire. Elle combine systématiquement pétro-graphie, pétrologie, analyses des compositions minérales in-situ (ma-jeurs et traces ; microsonde et LA-ICPMS dans les plagioclases, clinopy-roxènes, orthopyroxènes et olivines), et mesure des orientations préféren-tielles cristallographiques (EBSD). Cette approche a par exemple été uti-lisée avec succès pour montrer, dans la croûte plutonique des dorsales lentes (Expéditions IODP 304-305, Massif Atlantis, dorsale Atlantique), que les troctolites riches en olivine ne sont pas de simples cumulats et résultent probablement de l’assimi-lation de roches mantelliques (Drouin et al., 2009, 2010).

Références

Drouin, M., Godard, M., Ildefonse, B., Bru-guier, O., and Garrido, C.J., 2009. Geochemi-cal and petrographic evidence for magmatic impregnation in the oceanic lithosphere at Atlantis Massif, Mid-Atlantic Ridge (IODP Hole U1309D, 30°N). Chem. Geol., 264(1–4):71–88. doi:10.1016/j.chemgeo.2009.02.013

Drouin, M., Ildefonse, B., and Godard, M., 2010. A microstructural imprint of melt im-pregnation in slow spreading lithosphere: oli-

De gauche à droite : Marie Python (Hokkaido University, Sapporo, Japon ), Georges Ceuleneer (GET, Tou-louse), Jinichiro Maeda (Hokkaido University, Japan), et Yumiko Harigane (AIST, Japan).Crédit Photo : Bill Crawford, IODP/TAMU.

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Équipe participante française lors de l’Expédition 345 sur le JOIDES Resolution, de gauche à droite : Georges Ceuleneer (GET, Toulouse), Benoit Ildefonse et Marguerite Godard (Géosciences Montpellier), et Jean-Luc Bérenguer (Education officer). Crédit Photo : Bill Crawford, IODP/TAMU.

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Retours récents de mission : Expéditions 353 et 354w

Expéditions 353 : la mousson indienne, Clara Bolton, Philippe Marti-nez et Samuel Taylor

w�u

L’expédition 353 : “Indian Monsoon Rainfall” mise en œuvre par USIO (United States Implementing Orga-nization) s’est déroulée du 29 no-vembre 2014 au 29 janvier 2015 sur le JOIDES Resolution dans la Baie du Bengale. Dans cette région, les pré-cipitations d’été liées à la mousson indienne et les apports continentaux des nombreuses rivières modifient considérablement la salinité de l’eau de mer. Le navire, au départ de Sin-gapour, s’est dirigé vers le nord-est de la marge indienne (Mahanadi Basin), la mer d’Andaman (Andaman Basin), et le nord de la ride Ninetyeast au sud. Les objectifs principaux de ce projet étaient de déterminer : (1) la variabilité de la mousson indienne aux échelles de temps géologiques, orbitales et millénaires ; et (2) la ré-ponse de la mousson aux facteurs de forçage que sont l’insolation, le transfert d’humidité depuis l’hémis-phère sud, les changements du ni-veau marin et des gaz à effet de serre. Pour ce faire, l’équipe a récupéré des séquences sédimentaires couvrant la période Crétacé supérieur-Holocène qui enregistrent en particulier (1) l’éro-sion et le ruissellement continental (apport de matériel détritique par les rivières) ; ainsi que (2) le gra-dient de salinité nord-sud de l’eau de surface qui en résulte. L’expédition 353 fait suite à une série de forages DSDP (Deep Sea Drilling Project), ODP

(Ocean Drilling Program) et IODP (In-tegrated Ocean Drilling Program) dé-diés à l’étude de la mousson mais réa-lisés plus au nord (>9°N) et plus au Sud (5°-9°N : DSDP Leg 22 en 1974 et ODP Leg 121 en 1989) de la zone d’étude. L’étude des 6 sites forés et l’analyse de nombreux proxy (chimiques, phy-siques, isotopiques ou biologiques) vont permettre de découpler le signal tectonique du signal climatique à l’ori-gine des variations des précipitations, de la salinité, de la température, de la

circulation océanique, ou de l’érosion continentale dans la région (Fig. 1).

Cette expédition aura bénéficié d’une forte participation française, puisque pas moins de 3 français ont fait par-tie de l’équipe scientifique em-barquée : Clara Bolton, chercheuse CNRS au CEREGE à Aix en Provence a embarquée en tant que paléonto-logue des nannofossiles, Philippe Martinez, Professeur au laboratoire EPOC à Bordeaux a embarqué en tant

Figure. 1 : Zone d’étude et localisation des 6 sites de forage. Au total, 4280 m de sédiment ont été collectés. Profondeurs maximales : Site U1443 (344 m) ; Site U1444 : (330,6 m) ; Site U1445 : (672,6 m) ; Site U1446 : (182 m) ; Site U1447 : (738 m) ; Site U1448 (421 m). Âge des sédiments récupérés dans la Baie du Bengale : âge Paléocène dans sa partie sud, âge Miocène dans sa partie est (bassin de drainage Irrawaddy/Salween et Mer d’Andaman), âge Pliocène dans sa partie nord (bassin de Mahanadi) et âge Pléistocène à son cœur. Figure tirée du rapport préliminaire (http://publications.iodp.org/preliminary_report/353/353PR.PDF).

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vine-rich troctolites from the Atlantis Massif, Mid-Atlantic Ridge, 30°N, IODP Hole U1309D. Geochem., Geophys., Geosyst., 11(6):Q06003. doi:10.1029/2009GC002995

Ferrini, V.L., Shillington, D.J., Gillis, K., MacLeod, C.J., Teagle, D.A.H., Morris, A., Cazenave, P.W., Hurst, S., Tominaga, M., Party, T.J.S., 2013. Marine Geology. Ma-rine Geology, 339, 13–21. doi:10.1016/j.mar-geo.2013.03.006

Francheteau, J., Armijo, R., Cheminée, J.L., Hekinian, R., Lonsdale, P., Blum, N., 1990. 1 Ma East Pacific Rise oceanic crust and upper-most mantle exposed by rifting in Hess Deep (equatorial Pacific Ocean). Earth and Planetary

Science Letters 101, 281–295.

Gillis, K.M., Snow, J.E., Klaus, and the Ex-pedition 335 Scientists, 2014a. Proc. IODP, 345: Tokyo (Integrated Ocean Drilling Program Management International, Inc.). doi:10.2204/iodp.proc.345.2013

Gillis, K.M., Snow, J.E., Klaus, A., Abe, N., Akizawa, N., de brito Adrião, A., Ceuleneer, G., Cheadle, M.J., Faak, K., Falloon, T.J., Friedman, S.A., Godard, M., Guerin, G., Ha-rigane, Y., Horst, A.J., Hoshide, T., Ildefonse, B., Jean, M.M., John, B.E., Koepke, J.H., Machi, S., Maeda, J., Marks, N.E., McCaig, A.M., Meyer, R., Morris, A., Nozaka, T., Py-thon, M., Saha, A., Wintsch, R.P., 2014b. Pri-

mitive Layered Gabbros from Fast-Spreading Lower Oceanic Crust. Nature, 505, 204–207. doi:10.1038/nature12778

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Lissenberg, C.J., MacLeod, C.J., Howard, K.A., Godard, M., 2013. Pervasive reactive melt migration through fast-spreading lower oceanic crust (Hess Deep, equatorial Pacific Ocean). Earth and Planetary Science Letters 361, 436–447. doi:10.1016/j.epsl.2012.11.012

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que sédimentologue, et Samuel Tay-lor, étudiant en thèse au laboratoire IPGP à Paris a lui embarqué en tant que paléomagnéticien.

Cette expédition a débuté dans des conditions assez chaotiques pour des raisons administratives. Des inspec-tions et demandes d’autorisation de forage ont causé un retard de 2 se-maines ! Même si le programme de forage a été respecté pour ce qui est des sites étudiés, l’ordre de ces sites a néanmoins été modifié en cours d’expédition et le nombre de puits en chaque site fortement diminué. Ain-si, le sud de la baie a été foré en pre-mier lieu sur la ride Ninetyeast dans les eaux internationales (Site U1443), puis lorsque les autorisations ont été accordées le navire s’est dirigé vers le bassin de Mahānadī sur la marge in-dienne (Sites U1445-46) et enfin vers la Mer d’Andaman (Sites U1447-48).

� Plus en détails, au départ de Sin-gapour le 29 novembre et après quelques jours à quai, contraint et forcé, le JOIDES Resolution s’est di-rigé vers le Site U1443 sur la ride Ni-netyeast (ancien Site ODP 758), où 3 puits ont été forés. Ce site intéresse tout particulièrement Clara Bolton qui souhaite développer des proxys à partir de la géochimie des cocco-lites. Situé loin au large, ce site est moins sensible que les autres (U1444-45-46-47-48) aux effets locaux de la

mousson indienne et est idéal pour enregistrer les variations et les effets plus globaux des changements cli-matiques et de la mousson. « Le Site U1443, c’est vraiment l’ancre océa-nique du gradient mousson » nous confie Clara ! En effet, la salinité des eaux de surface au niveau du Site U1443 avoisine la salinité moyenne des océans, ce qui permet d’espérer que les changements de la circulation aux échelles orbitale et tectonique y sont enregistrés, en plus des varia-tions spatiales Nord-Sud (19°N-5°N) du gradient de salinité à travers le temps. Les propriétés paléomagné-tiques ont pu être mesurées jusqu’à l’Oligocène, ce qui est exceptionnel nous confie Samuel Taylor. « Les sites disponibles permettront sans aucun doute de faire des avancées signifi-catives sur les questions scientifiques qui ont été posées » ajoute Philippe.

� C’est en direction des Sites U1445-46 (sur la marge est-indienne), avant l’entrée dans les eaux territoriales in-diennes, que la campagne de forage a été retardée d’une semaine. En effet, les opérateurs du JOIDES Resolution ont tenté de négocier avec les auto-rités indiennes pour que le navire ne subisse pas une inspection de type « plate-forme pétrolière mobile », car même s’il y ressemble, il n’en est pas une. Le spectre d’une obligation de rester à quai et de devoir payer des indemnités si le bateau ne passait

pas l’inspection planait sur la mission. Des semaines avant l’expédition, 8 ministères Indiens et l’ambassade des EEUU à New Delhi étaient déjà en contact permanent pour faire avancer le dossier. Finalement, afin d’optimiser ce temps d’attente, la NSF (National Science Foundation) conseilla à l’équipage de forer un site alternatif dans les eaux internatio-nales, site qui était un des objectifs secondaires de l’expédition suivante (Exp. 354). Après beaucoup d’incom-préhensions de la part de l’équipage scientifique, le Site U1444 au cœur du système turbiditique de la Bengal Fan (Nord de la Baie) a donc été foré, avec l’aide des Co-chiefs de l’Exp. 354 qui ont fourni les données utiles à la réalisation du forage, tels les profils sismiques. Malgré les successions de centaines de turbidites à composante sableuse, un enfer pour des paléo-cli-matologues !, ce Site U1444 reste un point important dans la détermina-tion du gradient de salinité Nord-Sud et a somme toute beaucoup intéressé plusieurs scientifiques de l’Exp. 353.

� Après 3 semaines de campagne, le JOIDES Resolution a finalement passé l’inspection entre Noël et le Nouvel an (le jour de l’anniversaire de Clara !), et ceci avec succès ! Seul un instrument de sismique (non-in-dispensable) a du être enveloppé pour empêcher son utilisation en eaux territoriales. À ce moment, 3

Figure. 2 : Synthèse de la géodynamique de la zone d’étude, montrant la zone de subduction à travers le bassin d‘arrière-arc à 40 Km de profondeur. DF = Diligent fault, NAB = Nicobar Andaman Basin, ANF = Andaman-Nicobar fault. Figure tirée du rapport préliminaire (http://publications.iodp.org/preliminary_report/353/353PR.PDF).

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rigeait vers le nord de la Baie du Ben-gale, ce qui a retardé encore un peu la campagne. A la vue des retards accumulés, l’équipage scientifique a privilégié le nombre de sites aux dépens du nombre de puits. Ainsi, si l’on dé-compte le forage systématique d’un puits très court dédié à des analyses géochimiques haute-résolution, seuls 2 puits/site sont généralement dispo-nibles pour le « splice » (méthode de recouvrement permettant la corré-lation croisée des carottes), excepté sur le Site U1443 qui compte 3 puits disponibles. Cette stratégie a ainsi permis de respecter le programme, malgré les risques de compromettre le « splice » à bord du JOIDES Resolu-tion. Heureusement, l’omniprésence de téphras, surtout au large des îles Andaman, a permis la corrélation entre plusieurs sites et complète les datations de certaines séquences données par la biostratigraphie et la magnétostratigraphie. Parmi les dif-férentes équipes scientifiques, cer-taines ont travaillé en synergie pour construire les modèles d’âge. Ainsi, le travail à bord de Samuel Taylor et de Clara Bolton a montré que les données en magnétostratigraphie (paramètres NRM) soutenaient glo-balement bien la biostratigraphie, conduisant à l’établissement de mo-dèles d’âge robustes.En outre, quelques problèmes tech-niques sont venus perturbés la bonne cadence de travail, notamment sur les équipements en sédimentologie qui mesurent la réflectance et la sus-ceptibilité magnétique (MS), indis-

observateurs scientifiques indiens spécialisés en géochimie et en sédi-mentologie ont embarqué au port de Vizakhapatnam et ont été intégrés à la Science Party.

� Ensuite, le navire a cinglé vers les Sites U1445-46 dans le bassin de Mahānadī sur la marge indienne. Le Site U1445 s’est avéré être exception-nel pour l’étude de la mousson, avec de très belles séquences Mio-Pliocène qui ont enregistré la variabilité de la salinité répondant aux variations des précipitations et des apports conti-nentaux de la péninsule indienne, via les apports des fleuves Ganges-Brah-maputra et Mahanadi. Par ailleurs, ces séquences se sont révélées très intéressantes pour l’étude des varia-tions de la productivité océanique en relation avec la réorganisation de la disponibilité en nutriments, plus par-ticulièrement au cours de la transition Plio-Pléistocène.

� Le Site U1446 situé sur la pente continentale est l’un des plus beaux sites, avec un taux de sédimentation exceptionnel (de l’ordre de 15-20 cm/1000 ans) et permet d’échantil-lonner l’ensemble de la période Pléis-tocène-Holocène. Il permettra de retracer en continu sur 1.2 Ma et en haute résolution temporelle les va-riations des précipitations, en combi-nant de nombreux indicateurs.

� La campagne s’est achevée en Mer d’Andaman après le forage des sites U1447-48 où la variabilité de la sali-nité répond franchement aux précipi-tations de la mousson et aux apports continentaux des fleuves Irrawaddy et Salween à l’échelle suborbitale.

Le Site U1447 a permis d’atteindre des niveaux d’âge Miocène moyen, tandis que le forage du site U1448 a atteint le Miocène supérieur et com-porte un énorme hiatus de 7-14 ma. Le Site U1448 est moins exposé aux turbidites et offre une magnifique sé-quence continue Plio-Quaternaire.

Les conditions de forage ont été glo-balement satisfaisantes, malgré la destruction de plusieurs têtes de fo-rage. Aussi, la présence de gaz dans le sédiment au niveau de la marge indienne (Sites U1445-46) obligeait l’équipage à percer systématique-ment les carottes à leur sortie avant de les sectionner, ceci afin d’éviter toute perturbation dans la structure sédimentaire. Les conditions météo-rologiques et océaniques ont quant à elles été parfaites, avec un ciel bleu et une mer d’huile quasiment tout au long de l’expédition, excepté 3-4 jours de forte houle lorsque le navire se di-

Scientifiques en train de débattre pour trouver la limite Crétacé/Paléogène (plus connue sous le nom de Cré-tacé/Tertiaire) témoin de l’impact météoritique il y a 66 millions d’années qui serait responsable, en autre, de l’extinction des dinosaures. Crédit Photo : Kate Littler & IODP.

Clara Bolton (CEREGE) en plein travail à partir des lames minces par frottis. Credit: Bill Crawford, IODP JRSO.

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Samuel Taylor avait en charge l’étude magnétique des carottes. A terre, il va se concentrer sur la reconstitution des processus de dépôt, la détermination des contributions éoliennes ou conti-nentales (ruissellement), la variation du contenu minéralogique des sédiments. Son objectif est d’améliorer la com-préhension de l’origine des propriétés magnétiques des sédiments afin de per-mettre une meilleure intégration de ces données dans les modèles de circulation océanique. Tous ces paramètres donne-ront des informations cruciales sur les paléoclimats et contribueront à une meilleure compréhension de la réma-

nence des sédiments et, de l’histoire de la mousson indienne. Un programme prometteur ! D’origine anglaise, Sa-muel n’a, comme Clara, pas eu de dif-ficulté à communiquer et à trouver sa place dans cette expédition interna-tionale. Samuel s’est livré à une analyse comparative des différentes méthodes de recherche qu’il a pu relier aux spéci-ficités culturelles de chaque pays. Sa-muel a adoré chaque minute passée à bord et envisage déjà de postuler à de futures expéditions. Il a beaucoup ap-pris de cette expérience. Bel hommage au vieux dicton : « Les voyages forment la jeunesse » !

autres participants et s’intégrer plus ai-sément. Clara ne se sentait ni française, ni anglaise mais résolument membre du consortium européen. Quel bel hom-mage à ECORD !

Philippe Martinez (EPOC) and Takuto Ando (Hokkaido University, Japon) enregistrant les descriptions sédimentaires. Credit: Bill Crawford, IODP JRSO.

Clara Bolton (CEREGE). Credit: Bill Crawford, IODP/ JRSO.

Clara Bolton s’intéresse tout particu-lièrement aux reconstructions de la productivité primaire à long-terme. Elle souhaite valider l’utilisation des coccolites comme proxy de la stratifi-cation due à la mousson indienne sur la période Mio-Pliocène et répondre à la question du couplage de la mousson indienne avec la mousson asiatique à l’échelle orbitale et sub-orbitale. Pour ce faire, Clara se propose de comparer les résultats sur la variabilité d’abon-dance des coccolites au Pléistocène dans les 3 zones de la Baie du Bengale afin de vérifier un possible couplage à l’échelle de la Baie ou si d’autres for-çages entrent en jeu pour modifier la salinité ou les apports continentaux. Clara s’aidera des résultats d’autres proxy (alkénones, foraminifères) géné-rés lors de cette expédition grâce à des collaborations solides établies à bord. Elle travaillera notamment sur le Site

Philippe Martinez, a participé pour la 2ème fois à une expédition IODP. Il va se focaliser sur les aspects salinité-érosion continentale sur le Site U1446 où il réali-sera des analyses de fluorescence X (XRF

U1443, à caractère océanique et riche en carbonates, ce site est un doublon de l’expédition ODP 758 qui avait offert une magnifique séquence, dont l’enregistre-ment de la crise K/T, et pour laquelle il ne reste presque plus de matériel dis-ponible. Pour ce site, Clara collaborera avec Masanobu Yamamoto (Université de Sapporo) sur les alkénones et cocco-lithophoridés fossiles grâce à un finan-cement INSU, et avec Ed C. Hathorne sur la géochimie des foraminifères dans le Miocène (le sujet d’une future propo-sition de thèse). À titre personnel, Clara Bolton est ravie d’avoir été sélection-née pour participer à cette expédition. Elle estime que le travail d’analyse des échantillons, le dépouillement et l'in-terprétation des données l’occupera pendant les cinq prochaines années, un beau début de carrière ! Originaire d’An-gleterre, Clara avoue avoir eu des facili-tés à communiquer en anglais avec les

core-scanning) et isotopiques (δ13C et δD de biomarqueurs de cires végé-tales) afin de reconstruire l’histoire de la mousson à l’échelle centennale (tous les 300 ans) pour les derniers 75000 ans

(stade 3 et début stade 4), et à l’échelle millénaire à orbitale pour le dernier mil-lion d’années. Philippe se propose éga-lement de comparer ces données avec les données de pollens des Sites U1446-47 pour le dernier million d’années, ceci en collaboration avec ses collègues du laboratoire EPOC à Bordeaux. Pour ces mêmes sites et cette même période, il travaillera aussi sur les alkénones (col-laboration avec Clara Bolton). Philippe s’est senti… comme un poisson dans l’eau avec ses collègues de l’équipe sé-dimentologique de nuit. Il a apprécié la bonne répartition des tâches et l’excel-lente communication avec l’équipe de jour. Bel hommage à l’esprit d’équipe qui est l’âme du travail à bord des na-vires océanographiques.

Clara Bolton (CEREGE) et Samuel Taylor (IPGP). Credit: Clara Bolton.

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Rubrique insolites :

À chaque expédition, son lot d’aventures insolites et la mission 353 n’a pas échappé à la règle. En premier lieu, on soulignera le fait qu’ils ont foré un site de l’Ex-pédition 354 « Bengal Fan » pour occuper les temps d’attente ! Sa-chant que l’Exp. 354 privilégiait les sites avec une forte présence de turbidites, et que les turbidites sont justement maudites par les paléoclimatologues... Heureuse-ment, le Site U 1444 est un point important dans le gradient de sa-linité Nord-Sud et il intéresse fina-lement beaucoup les scientifiques de l’Exp. 353. Afin de remettre les choses en ordre, les archives des carottes sont restées à bord pour une nouvelle description sédi-mentaire par l’équipe scientifique de l’Exp. 354, qui seront en plus, conviés à la « sampling party de l’Exp 353 » en octobre prochain au Japon. Aussi, dans un tout autre registre, l’équipage a suivi une formation de protection contre la piraterie pour savoir comment réagir en cas d’at-taque. En effet, le JOIDES Resolu-tion a traversé des zones affectées par la piraterie, notamment dans le détroit de Malacca entre les îles Andaman et le continent. Le na-vire a été cerclé de barbelés pour l’occasion, mais bien heureuse-ment, il n’y a eu aucune attaque.

En outre, les participants nous confient qu’il y avait toujours quelque chose à fêter durant cette expédition, entre Noël et le Nou-vel An, et puis les anniversaires, ou encore l’arrivée en Inde. D’ailleurs à ce sujet, ils étaient encore très loin de l’Inde le jour où cette fête a eu lieu, donc le nom s’est transfor-mé en « Hopefully arriving to India Party ». Rappelons que l’alcool est interdit à bord, mais d’après Clara, l’abus de colorants des boissons gazeuses orange fluo fini par don-ner la pêche !Et pour finir sur une belle note, la visite d’une tortue le jour de Noël aura été une très belle surprise.

Crédit Photo : Kate Littler

Crédit Photo : Bill Crawford. IODP/JRSO

pensables pour permettre de réaliser ces fameux « splices ». Des analyses ultérieures (MS, radiographie et mi-cro-fluorescence X) à terre, permet-tront de pallier à ce problème et offri-ront des séquences stratigraphiques complètes. Quelques instruments en paléomagnétisme ont également souffert, compromettant certaines mesures AMS (Anisotropic Magnetic Susceptibility). Mais fort heureuse-ment, les problèmes techniques de l’Exp. 353 ne se sont pas répétés sur l’Exp. 354. Et malgré tous ces contretemps, l’ex-pédition 353 est un réel succès ! Les sites permettront sans aucun doute de faire des avancées significatives sur les questions scientifiques posées. La campagne de forage s’est faite au cœur des régions qui enregistrent le mieux la mousson indienne selon un gradient à la fois Nord-Sud et Est-Ouest, avec le minimum de salinité et le maximum d’apports continentaux. À l’heure actuelle, il est cependant difficile d’avancer des hypothèses sur l’intensification de la mousson indienne à partir des simples des-criptions sédimentaires, seules les futures analyses en géochimie per-mettront d’y répondre. De plus, la qualité de préservation des micro-fossiles est parfaite, même dans les sites les moins riches en carbonates sur la marge indienne. Ces sites ont aussi montré une grande quantité de pollens, de matière organique, de phytolithes, ou de diatomées ter-restres, offrant de belles perspectives de travail !

Une des grandes surprises à l’ouver-ture des carottes aura été l'observa-tion de changements brutaux de la productivité dans les séquences sé-dimentaires du Site U1445. Aussi, les scientifiques ont constaté un nombre non-négligeable de turbidites, no-tamment sur le site alternatif U1444 (succession de 600-700 turbidites) et le Site U1447 (une centaine), mal-gré un choix des sites minutieux pour tenter de les éviter. La dernière grande surprise de cette expédition est la limite très floue, à peine visible et bioturbée, de la crise Crétacé-Ter-tiaire (limite K/T) dans les séquences du Site U1443, qui ne présentent quasi-pas de changement particulier dans la sédimentation sur 50 cm.

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Les scientifiques vont donc unir leurs efforts afin d‘établir une temporalité dans les changements de la circula-tion de la mousson indienne relatifs aux forçages orbitaux et aux forçages internes de type transport de chaleur de l’hémisphère sud, volume de glace et concentration des gaz à effet de serre. Il sera également possible de mieux définir le couplage des précipi-tations et des vents liés à la mousson indienne et est-asiatique, du point de vue de son extension géographique, de son intensité et de sa temporalité. Aussi, l’ensemble du matériel collec-té permettra d’étudier les relations climat-tectonique conditionnant, en particulier, l’initiation et l’évolution de la mousson indienne en déconvo-luant, si possible, le signal tectonique

du signal climatique dans les enregis-trements de l’érosion et du ruisselle-ment. Enfin, une grande opportunité est offerte à la communauté scienti-fique de comparer les futurs résultats de cette expédition 353 avec d’autres forages sur le thème de la mousson, comme par exemple le Leg ODP117 en Mer d’Arabie, le Leg 184 en mer de Chine-Sud et l’Expédition IODP 346 en Mer du Japon.

Pour plus d’informations veuillez consulter le « Preliminary report ». (http://publications.iodp.org/preliminary_report/353/)

D’après l’interview de Clara Bolton, Philippe Martinez, et Samuel Taylor

réalisé par Stéphanie Cuven

(mai 2015)

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L’expédition 354 : “Bengal Fan” mise en œuvre par USIO (United States Implementing Organization) s’est dé-roulée du 29 janvier au 31 mars 2015 sur le JOIDES Resolution dans la Baie du Bengale avec des conditions cli-matiques et océanographiques ex-cellentes pour le forage (28°C, pas de vent, mer d’huile). C’est un scien-tifique français, Christian France-Lanord, directeur de recherche CNRS au CRPG de Nancy et spécialiste de géochimie sédimentaire, qui a co-dirigé cette expédition aux côtés de Volkhard Spiess (Université de Bre-men, Allemagne). Cette expédition est marquée par une très forte impli-cation française avec pas moins de trois autres « embarquants » : Albert J.B. Galy, géochimiste inorganique et Professeur au CRPG de Nancy, Pascale Huyghe, géochimiste sédi-mentaire et Maître de Conférence au laboratoire ISTerre à Grenoble, ainsi que Laure Meynadier, paléomagné-ticienne et Professeur à l’IPGP de Paris.

Cette expédition avait pour objectif principal de documenter les premiers stades de l’érosion de l’Himalaya afin de reconstituer la collision Inde-Eu-

rasie et l’évolution du soulèvement du système Himalaya/Tibet depuis plus de 40 millions d’années, en plus d’apporter des éléments de réponses sur le développement de la mousson asiatique. En effet, la Baie du Bengal réceptionne la quasi-totalité du ma-tériel issu de l’érosion de ce système qui se dépose sous la forme d’un cône sous-marin très profond (≈ 20 Km d’épaisseur). La campagne de fo-rage a ainsi permis d’investir ce cône sous-marin dans sa partie intermé-diaire selon un très large transect est-

ouest (320 km) à 8°N à travers 7 sites (Sites U1449-50-51-52-53-54-55, Fig. 1). La grande profon-deur des forages, jusqu’à 1200 m (Site U1451), rend pos-sible l’observation des produits d’éro-sion à différentes échelles de temps (0-40 Ma, 0-25 Ma, 0-2,5 Ma), et ceci avec une résolution spatiale de plus en plus détaillée au fur et à mesure que l’on remonte dans les formations plus récentes. Cette ex-pédition fait suite aux anciens Legs DSDP (Leg XXII, Sites 216, 217) et

ODP (Leg 121, Site 758) sur la ride Ninetyeast , au Leg DSDP XXII, Site 218 (sur le transect de l’Exp. 354, âges miocènes atteints) et au Leg ODP 116 sur la partie distale du cône). L’Expe-dition IODP 354, va maintenant per-mettre de calculer et de reconstituer les taux d’érosion, d’accumulation et les flux de matériel à l’échelle d’un transect est-ouest pour contraindre et quantifier l’impact de l’évolution néogène de la mousson asiatique sur les processus sédimentaires et la dis-ponibilité du matériel sédimentaire.

Rappelons les conditions de forage qui ont été parfaites, si ce n’est quelques difficultés liées notamment à la quan-tité importante de sable dans cer-tains intervalles et pour lesquels les méthodes classiques (forage rotatif ou par piston) ne convenaient pas. Le sable bloquait à l’avancée des pistons dès 50 m de profondeur alors même que le forage par piston était prévu pour les 300 premiers mètres. De plus, certaines formations atteignaient 20 m d’épaisseur de sable ! L’équipage a alors dû s’adapter et utiliser une mé-thode de forage « half-length APC » (par piston de demi-longueur), ca-pable de pénétrer suffisamment dans le sable avec assez d’énergie pour ra-mener le matériel utile, et ce jusqu’à 500 m de profondeur, devenant ainsi le « carottage par piston le plus pro-fond de toute l’histoire d’IODP » ! Néanmoins, cette technique étant très chronophage, il a été convenu

Discussion entre Co-Chefs : Volkhard Spiess (Co-chef , Université de Bremen, Allemagne) à gauche et Chris-tian France-Lanord (Co-chef, CRPG, Nancy, France) à droite. Crédit Photo : Michael Weber & IODP).

Figure 1 : Site d’étude de l’Expédition 354 et loalisation des forages. Figure tirée du rapport préliminaire (http://publications.iodp.org/preliminary_report/354/354PR.PDF)

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Expéditions 354 : « Bengal Fan » Christian France-Lanord, Albert Galy, Pascale Huygue et Laure Meynadier

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de réaliser des forages en « pointillé » (forage de 4 m, avancée de 9 m) pour un certain nombre de sites afin de ne pas compromettre l’avancée du pro-gramme. Finalement, 7 sites sur 6 ini-tialement prévus, ont pu être forés, et le site supplémentaire (U1454) a per-mis d’élargir le transect vers l’ouest. Il n’a par contre pas été possible de reconstituer la lithologie car le sable était toujours meuble à 900 m de pro-fondeur, ce qui empêchait toute opé-ration de logging (excepté sur un in-tervalle de 200 m pour le site U1453). Malgré des conditions laborieuses de forage, l’énorme quantité de sable s’est révélée être une excellente sur-prise pour l’avancée des recherches, notamment pour l’étude des miné-raux lourds utiles en thermochrono-logie pour reconstituer les vitesses d’exhumation, ou encore pour la dé-termination de la température diffé-rentielle en tant qu’indicateur de la tectonique himalayenne.

Sur les 7 sites investis, 3 forages profonds de 900 à 1 200 m (U1450-51-55) et 4 forages moins profonds de 100-200 m (U1449-52-53-54) ont été réalisés, les carottes y ont sys-tématiquement été doublées. Cette campagne de forage a atteint des formations d’âge Éocène composées d’argilites qui demanderont une in-terprétation ultérieure toute parti-culière, mais pour l’heure, l’équipe scientifique se concentre sur l’étude des formations actuelles jusqu’aux dépôts carbonatés d’âge Oligocène (26-28 Ma), les plus anciens com-portant des turbidites. L’ensemble

du matériel récolté va finalement permettre de reconstituer l’enregis-trement de l’érosion himalayenne à différentes échelles de temps (0-2 Ma et 0-25 Ma). En effet, l’objectif d’étudier la période 0-40 Ma sur le début de l’exhumation himalayenne n’est pas réalisable en l’état actuel des capacités de forage océaniques puisque les turbidites sont enfouies trop profondément dans le cône du Bengal. Néanmoins, cette campagne de forage a sans conteste amélioré la qualité des enregistrements dis-ponibles dans la région, avec des sé-diments très peu consolidés et des séquences qui ne présentent que très peu de phénomènes de diagenèse, ce qui est excellent pour les analyses prévues, notamment en bio-géo-chimie. Rappelons également que les scientifiques disposent de séquences issues d’un site dit « supplémentaire » (Site U1454), qui en plus d’étendre la gamme du transect vers l’ouest, élar-gira également l’échelle temporelle d’observation à travers le système de déposition Holocène, voir actuel très probablement (100-200 m de sédi-ment déposé en 50 000 ans). Cette séquence sédimentaire est primor-diale pour comprendre la transition entre les dépôts turbiditiques directs et les dépôts argileux plus distants en milieu hémipélagique.En outre, la qualité de caractérisa-tion des lithofaciès via les profils sismiques a été excellente, avec un profil sismique couvrant toute la longueur du transect, ce qui est très prometteur pour l’extrapolation des enregistrements entre eux. Aussi, le

très précieux « 200 m de logging » a véritablement confirmé la validité des niveaux sableux dans les forages et a conforté les scientifiques sur la démarche engagée à bord (forage en « pointillés » privilégiant le nombre de site).

Pour ce qui est des résultats prélimi-naires, les observations et analyses à bord ont d’ores et déjà pu mettre en évidence que les variations du régime d’érosion et d’altération très mar-quées dans le cône du Bengal profond (ODP Leg 116) ne se retrouvent ab-solument pas dans l’enregistrement du cône du Bengal intermédiaire (cette expédition). Ces observations confirment les hypothèses avancées jusqu’à présent, à savoir que ces varia-tions marquées dans le cône profond seraient davantage liées au transport sédimentaire plutôt qu’aux variations du régime d’érosion ou du régime cli-matique de la mousson dans le passé. De plus, les informations à bord laissent penser à un système relati-vement bien établi et des propriétés sédimentaires constantes sur tout le Néogène. Mais les scientifiques n’ex-cluent pas de faire de belles décou-vertes futures à partir d’analyses plus détaillées, par exemple en géochimie isotopique ou en thermochronologie. Seule l’abondance des carbonates détritiques montre des variations majeures au cours du temps, avec des valeurs atteignant les 10% au cours de la transition Plio-Miocène et de l’ordre de 5-10% à l’actuel. Ces nou-velles observations confirment donc le transfert des produits d’érosion des roches calcaires de l’Himalaya aux turbidites du cône du Bengal. En outre, l’équipe scientifique a été

Laure Meynadier (IPGP, Paris), Michael Weber (Geologisches Institut Universität, Allemagne), Valier Galy (Woods Hole Oceanographic Institution, USA), Pascale Huyghe (ISTerre, Grenoble, and Albert Galy (CRPG, Nancy) au départ de l’Expédition à Singapoure. Crédit Photo : Tim Fulton, IODP/JRSO).

Présentation des objectifs de l’Expédition 354 « Bengal Fan » par Christian France-Lanord au 11ème Meeting IODP-ICDP lors de l’EGU (European Geos-ciences Union General Assembly 2015). Crédit Pho-to : Stéphanie Cuven.

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surprise de constater la présence de fragments organiques macros-copiques, de taille centimétrique, prouvant le transport particulaire de bois au Miocène. Ces dépôts de frag-ments organiques ne se retrouvent plus dans les formations Plio-Pléis-tocène, et seul un intervalle de 10 cm de branchages a été observé au Site récent U1454. Cette découverte est prometteuse pour l’étude du cycle du carbone et des paléo-environne-ments, mettant probablement en relation une forêt et un événement catastrophique, peut-être en rapport avec une variation de la morphologie du delta. Rappelons que la présence de ce bois dans les turbidites est ob-servée à 1500 km du delta !Une autre surprise de cette expédition est la découverte d’injections de silt à 1200 m de profondeur, aujourd’hui lithifié mais qui montrent des évène-ments de réinjection de silt liquéfié. Il s’agira très certainement des plus anciennes turbidites disponibles. Il reste cependant à comprendre d’où proviennent ces injections : du des-sus, du dessous ou du côté (injections anciennes).

En tant que « Co-Chief » de l’Expé-dition 354, Christian France-Lanord avait une grande responsabilité quant au bon déroulement du programme. Il nous confie avoir eu beaucoup d’intérêt à interagir avec chacun des scientifiques à bord, leur expliquer les

objectifs scientifiques de l’expédition et comprendre leurs propres objec-tifs. Il est en effet primordial de sa-voir intégrer tout le monde et établir des convergences entre les scienti-fiques avertis, spécialistes de la zone d’étude et ceux moins expérimentés. Christian co-dirigeait l’expédition avec Volkhard Spiess, avec qui il inte-ragissait pendant 4 à 6h par jour. La présence de 2 Co-Chiefs européens a été favorable à la bonne intégration des scientifiques non-anglophones. N’oublions pas que les scientifiques doivent toujours s’adapter à la réalité des forages. Dans le cas de l’Exp. 354, l’équipe de paléomagnétisme n’a par exemple pas obtenu les carottes longues orientées qu’ils souhaitaient faute de ne pouvoir forer par piston à de grandes profondeurs. Ils ont néan-moins définis de nouveaux objectifs en fonction des possibilités offertes par le matériel récolté, notamment en intervenant sur des zones tempo-relles bien spécifiques.

La sampling party aura lieu au Japon en octobre prochain. L’étude des sé-diments récoltés permettra de docu-menter : (1) la chronologie du soulè-vement à partir des modèles de flux (érosion), schémas de déposition, et géochronologie des minéraux ; (2) l’évolution du relief himalayen à partir du traçage isotope sur les particules, et (3) les conditions environnemen-tales et climatiques à partir de la gra-

Rubrique insolites :

Les scientifiques de l’Expédition 354 ont suivi une formation pour savoir comment réagir en cas d’attaque de pirates. Bien heureu-sement, aucun événement de ce genre ne s’est produit et l’Expédi-tion s’est déroulée sans encombre. Dans ce contexte de quiétude et de conditions océanographiques par-faites, l’expédition a débuté avec un ballet de dauphins et s’est ache-vée par la visite d’une baleine !

nulométrie du sédiment, minéralo-gie, géochimie, matière organique, et des microfossiles (e.g. isotopes de l’oxygène). Ici, l’étude du plus grand bassin sédimentaire au monde va offrir l’opportunité d’approfondir les connaissances sur les processus mis en jeu dans la formation et l’évolu-tion des reliefs, et leurs relations avec le développement de la mousson en Asie et les processus affectant le cy-cle du carbone et le climat à l’échelle globale depuis plus de 30 millions d’années. On souhaite à Christian et à ses collègues de belles recherches fructueuses !

Pour plus d’informations veuillez consulter le « Preliminary report » : (http://publications.iodp.org/preliminary_report/354/)

D’après l’interview de Christian France-Lanord réalisé par Stéphanie Cuven (avril 2015)

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L’Expédition IODP 329 : “South Pacific Gyre” s’est déroulée du 9 oc-tobre au 13 décembre 2010 à bord du JOIDES Resolution. Cette expédi-tion associait 31 chercheurs des Etats Unis, du Japon, d’Europe, de Chine, de Corée, du Canada et d’Australie. L’objectif principal que s’était fixé les scientifiques était de déterminer s’il existe une vie dans les abysses et la croûte océanique sous forme mi-crobienne. Un français a participé à l’Expédition, Laurent TOFFIN (photo ci-dessous), cadre de recherche et écologue microbiologiste à l’Ifremer Centre Bretagne (Plouzané) au Labo-ratoire de Microbiologie des Environ-nements Extrêmes (LM2E). Laurent est un expert en la question car il a ré-alisé ses travaux de thèse en 2003 sur la biomasse dite « cachée » de sub-surface des sédiments marins pro-fonds dans le cadre du programme européen « DeepBUG » (Deep Bacte-

ria Underground). Rappe-lons que le Gyre subtro-

pical du Pacifique Sud est la plus grande ré-gion océanique oli-gotrophe de la pla-nète. Il n’existe pas dans les océans de

zone aussi éloignée des continents et de ses

apports en nutriments. En outre, dans cette zone, les sédiments s’accumulent très lentement, environ 0,1 à 1 m par millions d’années car la production primaire photosynthé-tique y est la plus faible connue, et les densités cellulaires microbiennes y sont les plus basses jamais rencon-trées dans les sédiments marins (103 cellules/cm3). De plus, les quelques micro-organismes qui y survivent ne sont pas capables de consommer tout l’oxygène. Dans ce contexte, les objectifs plus précis de l’Expédition 329 étaient (1) d’étudier la nature des communautés microbiennes et de tester les limites énergétiques de la vie dans les sédiments profonds les plus pauvres en nutriments et (2) de déterminer l’influence de l’âge de la croûte et de l’épaisseur des sédi-ments sur les communautés micro-biennes et la présence d’électrons donneurs et receveurs ainsi que sur

Les micro-organismes de subsurface : peu de nutriments, beaucoup d’oxygène

l’évolution hydrologique du substra-tum basaltique.Les résultats de cette expédition IODP ont récemment été mis à l’hon-neur à l’occasion de la sortie d’un article dans la revue Nature Geos-ciences le 16 mars dernier (D’Hondt et al., 2015). Dans cet article, les scien-tifiques embarqués montrent que les cellules microbiennes et la respiration aérobie persistent dans l’intégralité de la séquence sédimentaire (jusqu’à 75 m sous le plancher océanique). Ce sédiment et le basalte sous-jacent semblent exposés à l’oxygène depuis des millions d’années (> 120 millions d’années). Le résultat de ce travail a des conséquences importantes sur la nature et la distribution de la bio-masse microbienne cachée dans les fonds marins.

Texte : Laurent Toffin

Références:

S D’Hondt, F Inagaki, C A Zarikian, L J. Abrams, N Dubois, T Engelhardt, H Evans, T Ferdelman, B Gribsholt, R N. Harris, B W. Hoppie, J-H Hyun, J Kallmeyer, J Kim, J E. Lynch, S Mitsunobu, Y Morono, R W. Mur-ray, R Pockalny, J Sauvage, T Shimono, F Shiraishi, D C. Smith, C E. Smith-Duque, A J. Spivack, B O Steinsbu, Y Suzuki, M Szpak, L Toffin, G Uramoto, Y T. Yamaguchi, G Zhang, X-H Zhang, W Ziebis (2015). Microbial cells and aerobic respiration from seafloor to base-ment in the South Pacific Gyre. Nature Geos-cience, 8: 299-304. DOI:10.1038/NGEO2387.

S. D’Hondt, A.J. Spivack, R. Pockalny, T.G. Ferdelman, J.P. Fisher, J. Kallmeyer, L.J. Abrams, D.C. Smith, D. Graham, F. Hasiuk, H. Schrum, and A.M. Dtancin (2009). Subsea-floor sedimentary life in the South Pacific Gyre. PNAS, 106(8): 11651-11656.

Site blog l’expédition IODP 329. http://wwz.ifremer.fr/Decouvrir-les-oceans/Explorer/Cam-pagne-IODP-2010

Figure 1 : Zone d’étude de l’Expédition 329 dans le Pacifique Sud. Les niveaux de gris correspondent à la concentration moyenne de chlorophylle-a à la surface de la mer (Global SeaWiFS Chlorophyll) sur la base de la période sept. 1997 - déc. 2004). Les points et lignes colorées correspondent aux site de forages de l’Expé-dition 329. Figure tirée de D’Hondt et al., 2015).

IODP-France - Newsletter #3 - Septembre 2015 - p 22 -

Laurent Toffin (à gauche) à bord du JOIDES Resolution dans la zone de découpe des carottes. Crédit Photo : IODPTAMU).

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2016. Équipe en cours de constitu-tion.

• tds – Antarctic Cenozoic Paleocli-mate. 2017.

� Expéditions mises en œuvre par CEDEX (Center for Deep Earth Explo-ration) à bord du Chikyu :

• 365 – NanTroSEIZE Shallow Megas-play. Appel à candidature en cours.

Le bureau IODP-France, ECORD-France et l’INSU, dans le cadre de leur nouvelle politique de soutien aux chercheurs impliqués dans le programme IODP, lancent un appel à projets destiné spécifiquement au financement de l’exploitation des données et échantillons prélevés au cours des expéditions de forage. Les demandes seront examinées par le comité IODP-France constitué d’ex-perts des différentes thématiques couvertes par le programme IODP.

Les demandes éligibles concernent :

1) les expéditions récentes pour lesquelles aucun financement n’a encore été attribué (à partir de l’ex-pédition 347), ces demandes seront prioritaires.

2) les expéditions récentes (342-347) pour lesquelles un financement partiel a été attribué par l’INSU et dont le montant serait jugé insuffi-sant pour mener à bien les études post-campagnes.

3) les expéditions plus anciennes (pré-IODP 342, incluant les phases ODP et DSDP) pour des demandes de ré-échantillonnage dans la limite des fonds disponibles et si le retour à ces carottes anciennes est clairement argumentée.

Pour les campagnes réalisées après l’expédition 342, une seule demande par expédition doit être soumise, commune à l’ensemble des scienti-fiques français participants et à leurs éventuels collaborateurs à terre. Les demandes pour un ré-échantillon-nage pourront émaner de tout cher-cheur individuel ou de toute équipe rattachés à une UMR. Les crédits de-mandés pourront inclure (1) des frais de fonctionnement pour le traitement des échantillons et données ; (2) des frais de missions justifiés, entre autre, par l’accès à un instrument et par les liaisons entre les membres de l’équipe (hors participation à des congrès). Nous encourageons les demandeurs à faire état de leurs besoins pour un premier traitement efficace et rapide des données pendant la période com-prise entre la fin de l’expédition et le second post-cruise meeting.

Les demandes doivent comprendre au minimum les informations sui-vantes : 1) le numéro et le nom de l’expédition ; 2) la liste de l’ensemble des participants français et de leurs collaborateurs à terre participant à cette demande de soutien (post-IO-DP 342) ; 3) un bref rappel des objec-tifs scientifiques généraux de l’expé-dition ; 4) un résumé du déroulement des opérations de forage (nombre et profondeur des puits, taux de récupé-

ration, nature des carottes prélevées, données de logging, …) (post-IODP 342) ; 5) les objectifs scientifiques, et pour les demandes post-IODP 342, l’articulation des travaux projetés avec ceux des autres membres (non français) de l’équipe scientifique em-barquée ; 6) une liste de références sur la thématique de la demande ; 7) la demande budgétaire (incluant un rappel du budget attribué par l’INSU pour les expéditions 342 à 347). Un soin tout particulier devra être ap-porté à la justification des budgets demandés (nombre d’échantillons, coût unitaire des analyses, missions pour l’utilisation d’instruments, coût du traitement d’autres types de don-nées, etc.).

Il n’y a pas de date limite pour sou-mettre les projets. Ceux-ci seront traités périodiquement au gré des retours d’expédition. Merci de n’en-voyer qu’un seul fichier pdf au bureau IODP-France ([email protected]) et ([email protected]) avec copie à la char-gée de mission Géosciences Marines de l’INSU ([email protected]). Les dossiers devront comporter le visa de la direction de l’UMR à la-quelle la personne qui porte le projet est rattachée.

INFO

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IODP-France - Newsletter #3 - Septembre 2015 - p 23 -CA

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IER u Calendrier des prochaines ex-

péditions

� Expéditions mises en oeuvre par USIO (United States Implementing Organization) à bord du JOIDES Re-solution :

• 356 – Indonesian Throughflow. Du 31.07.15 au 30.09.15. En cours.

• 359 – Maldives Monsoon. Du 30.09.15 au 30.11.15. Équipe com-plète.

• 360 – Indian Ridge Moho. Du 30.11.15 au 30.01.16. Équipe com-plète.

• 361 – Southern African Climates (SAFARI). Du 30.03.16 au 31.05.16.

Équipe complète.

• 362 – Sumatra Seismogenic Zone. Du 31.07.16 au 30.09.16. Équipe en cours de constitution.

• 363 – Western Pacific Warm Pool. Du 30.09.16 au 30.11.16. Équipe en cours de constitution.

• 366 – Mariana Convergent Margin & South Chamorro Seamount. Équipe en cours de constitution.

� Expéditions mises en œuvre par ESO (ECORD Science Operator) :

• 357 – Atlantis Massif Seafloor Pro-cesses. 25/10/2015. Équipe complète.

• 364 – Chicxulub K-T Impact Crater. Crédit Photo : Samuel Taylor

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v Appels à candidatures

• 363 – Western Pacific Warm Pool. Du 30.09.16 au 30.11.16. Date limite de candidature : 31 août 2015.

• 366 – Mariana Convergent Mar-gin & South Chamorro Seamount. Date limite de candidature : 15 sep-tembre 2015.

• 365 – NanTroSEIZE Shallow Megas-play. Appel à candidature en cours.

Les appels à candidature sont actuel-lement clos pour les expéditions 362, 363 et 364, mais des appels urgents pour certaines spécialités et/ou en cas de désistements sont toujours envi-sageables. Stay tuned !

w Évènements

Workshops IODP & ICDP

• 8th International Conference on Asian Marine Geology (ICAMG-8): A Gate to the Future (October 5-10, 2015; Korea) http://www.icamg-8.org/ICAMG/index.jsp

• Workshop on Argentine Passive Volcanic Continental Margin: Basin Evolution, Deep Biosphere, Sedi-ment Dynamics and Ocean Evolution (September 8-10, 2015; Buenos Aires,

IODP-France - Newsletter #3 - Septembre 2015 - p 24 -

Argentina) http://usssp-iodp.org/workshop/apvcm/

• ICDP Training Course on Lacus-trine Sediment Drilling (September 14-16, 2015; Lake Ohrid, Macedonia) http://www.icdp-online.org/support/training/annual-training-course/ic-dp-2015-training-course-on-lacus-trine-sediment-drilling/

Workshops ou Congrès en rapport avec le programme IODP

• Polar Marine Diatom Workshop (July 19-24, 2015; Salamanca, Spain) http://polarmarinediatomworkshop.org/2015Salamanca.html

• 12th International Conference on Palaeoceanography (ICP) (August 29 - 2 September 2016; Utrecht, The Netherlands) http://icp12.uu.nl/

• XIX INQUA Congress:Quaternary Perspectives on Climate Change, Na-tural Hazards and Civilization ( July 26 - August 2, 2015; Nagoya, Japan) http://inqua2015.jp/

• AOGS 12th Annual Meeting (Au-gust 2-7, 2015; Singapore) http://www.asiaoceania.org/aogs2015/pu-blic.asp?page=home.htm

• Goldschmidt 2015 (August 16-21,

2015; Prague, Czech Republic) http://goldschmidt.info/2015/ • 3P Arctic (September 29 - Octo-ber 2; Stavanger, Norway)http://www.3parctic.com/

� Nouvelles publications IODP/ECORD

• Data report: rate- and state-de-pendent friction parameters of core samples from Site C0019, IODP Ex-pedition 343 (JFAST)» by Matt J. Ikari was published 15 June 2015, in Volume 343/343T of the Proceedings of the Integrated Ocean Drilling Pro-gram. http://publications.iodp.org/proceedings/343_343T/203/203_.htm

• Data report: anisotropy of magne-tic susceptibility measurement on samples from Sites C0004, C0006, C0007, and C0008, IODP Expedi-tion 316» by Yujin Kitamura, Xixi Zhao, and Toshiya Kanamatsu was published 6 July 2015, in Volume 314/315/316 of the Proceedings of the Integrated Ocean Drilling Program. http://publications.iodp.org/procee-dings/314_315_316/222/222_.htm

• Scientific Drilling Vol.19 online. http://www.sci-dril.net/volumes.html

DIV

ERS � Offres d’emploi, de thèse, de

master, de stage

Afin d’améliorer la diffusion de vos offres dans les domaines concernés par les programmes IODP (change-ments climatiques et environnemen-taux, dynamique des mouvements terrestres et biosphère profonde), vous pouvez nous contacter pour an-noncer une offre d’emploi, de thèses, de master ou de stage, et nous nous

ferons un plaisir de la diffuser sur le site web IODP-France et dans la newsletter.

� Appel à diffusion des publica-tions 2015 en rapport avec les pro-grammes IODP

Nous faisons ici appel à votre contri-bution pour alimenter la liste des publications en rapport avec un fo-rage IODP avec une participation française, notamment les articles, HDR, thèses, rapports de master ou de stage. Vous pouvez nous contac-ter dès la sortie de votre publication afin de nous permettre d’en faire état dans la newsletter IODP-France. la faire connaître. Recenser tous les travaux de master, de stages, thèses et HDR en rapport

avec les programmes IODP, n’est pas une tâche aisée ! Nous vous serions très reconnaissants de nous en te-nir informé. Pour ce faire, merci de contacter Stéphanie Cuven ([email protected])

� Messages aux lecteurs

Pour toutes autres informations (scientifique, pratique) que vous souhaiteriez voir apparaître dans la newsletter IODP-France ou sur le site web, faites nous part de vos sugges-tions. Nous nous ferons un plaisir de les diffuser.

Crédit Photo : Kate Littler

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Changements climatiques

Programme IODP (Phase 2013-2023)

JOIDES Resolution Mission-Specific Platforms Chikyu

IODP/TAMU ECORD / IODP JAMSTEC

Le JOIDES Resolution est un navire hauturier de forage conventionnel, dit "non riser", i.e. sans système de recirculation de boues de fo-rage. Il a été mis en service en 1985, année où il a succédé au Glomar Challenger. En 2009, les parties habitables ont été complètement rénovées. Il peut forer à toutes profondeurs d'eau supérieures à quelques centaines de mètres. Le JOIDES Resolution est opéré par l’U.S. National Science Foundation (NSF).

Les plates-formes spécifiques ou MSP (brises-glace, drilling barges, jack-up rigs, etc.) uti-lisées dès 2004 et permettent de forer des zones inaccessibles aux JOIDES Resolution ou au Chikyu (zones englacées ou sous faible profondeur d’eau). La diversité de ces moyens de forage donne accès à différentes zones du plancher océanique. Les MSP sont opérées par l’European Consortium for Ocean Research Drilling (ECORD).

Le Chikyu est un navire moderne mis en ser-vice en 2007 et équipé d’un système de riser. Il s'agit d'un navire spécifiquement adapté à la recherche scientifique. Il est conçu pour atteindre des profondeurs de 7500 m sous le plancher océanique. Actuellement, il ne peut forer par plus de ~3500 m d'eau. Le Chikyu est opéré par le Japan’s Ministry of Educa-tion, Culture, Sports, Science and Technology (MEXT)

Biosphère profonde

Dynamique planétaire

Risques naturels

IODP Forum est un lieu d’échange sur les avancées scientifiques du programme. Il gère le Science Plan et conseille les Fa-

cility Boards sur les activités des opérateurs de plates-formes. Ce forum est ouvert à l’en-semble des pays, consortium ou entités qui fi-nancent les opérations des plates-formes IODP.

Advisory Panels évaluent les propositions de forage (propo-sals) soumises à IODP pour l’ensemble des plates-formes. Le Science Evaluation Pa-nel (SEP) évalue la Science et la qualité des données de Site Survey. L’Environnemental Protection and Safety Panel (EPSP) évalue la sécurité, les technologies et les risques pour l’environnement.

La structure d’IODP (2013-2023) maintient un système d’évaluation scientifique international mais donne une plus grande indépendance aux opérateurs de plate-forme (NSF, MEXT et ECORD).

La Flotte :

Les priorités scientifiques pour les 10 ans à venir s’articulent autour de 4 thèmes :

Les différentes entités :

� U.S. National Science Foundation (NSF)� Japan’s Ministry of Education, Culture, Sports, Science, and Technology (MEXT)� European Consortium for Ocean Research Drilling (ECORD)� People’s Republic of China Ministry of Science and Technology (MOST)

L’International Ocean Discovery Program (IODP) est la nouvelle phase du programme scientifique de forage océanique dont l'origine remonte aux années 1950 (projet Mohole) et aux années 1960 (Deep Sea Drilling Project). IODP regroupe 27 nations autour des sciences marines.

Les financement : 8 agences internationales partenaires

Le programme IODP est essentiellement financé par la NSF, le MEXT et ECORD qui opèrent les plates-formes de forage. Les autres partenaires contribuent financièrement aux opérations d’une ou plusieurs plates-formes et prennent part aux discussions sur les opérations des plates-formes via les Facility Boards.

Platform Providerssont les opérateurs des plates-formes de forage. Chaque Platform Provider a son propre Facility Board (FB), un comité chargé d’utiliser les ressources de son opérateur pour rem-plir les objectifs identifiés dans le Science Plan du

programme. Les Facility Boards sont composés de représentants des agences de financement, des représentants des opérateurs et de scientifiques internationaux, et s’occupent, entre autres, de la programmation à long-terme des expéditions et de la planification des propositions de forage.

Support Office (SSO)est financé par l’U.S. Facility Board et est chargé d’assister les Advisory Panels et l’IODP Forum, de préparer la planification annuelle du programme, de gérer la base de données des Site Survey (Site Survey Data Bank) et le site web d’IODP, et de pu-blier le journal Scientific Drilling.

� Interim Asian Consortium, représenté par le Korea Institute of Geoscience and Mineral Resources (KIGAM)Australia-New Zealand IODP Consortium (ANZIC)� Ministry of Earth Science (MoES) : Inde� Coordination for Improvement of Higher Education Personnel (CAPES) : Brésil

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Crédit Photo : Bill Crawford. IODP/TAMU

IODP-France contacts

Pour toute information concernant le bureau IODP-France, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse :

: [email protected]

Bureau :

+ Géosciences Environnement Toulouse, UMR 5563, Observatoire Midi-Pyrénées, 14 Av. Édouard Belin, 31400 TOULOUSE

' Téléphone : (+33)5.61.33.29.60

Président IODP-France : Georges Ceuleneer ([email protected])Coordinatrice et gestionnaire : Stéphanie Cuven ([email protected])Communication et infographie : Stéphanie Cuven et AnneMarie Cousin ([email protected])