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Décembre 2006N o t r e N e w s l e t t e r > w w w. e m n . f r
l e m a g a z i n e d e l ’ E c o l e d e s M i n e s d e N a n t e s
Talentsdes mines
n°72
La démarche d’investigation fait école !>
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La démarche d’investi gation fait école !
p 4 à 6p 7 à 9
p 10 et 11p 12
Talents des Mines
La dynamique La Main à la Pâte
Enseignement des sciences et apprentissage
de la citoyenneté
L’accompagnement... A développer !
10 ans, et déjà une carrière internationale...
>Sommaire
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La démarche d’investi gation fait école !Lire, écrire, compter... et raisonner
N’y a-t-il pas aujourd’hui une dose certaine de naïveté à croire qu’une rénovation de l’enseignement
des sciences, à l’école et au collège, puisse contribuer au “libre exercice de la citoyenneté” (loi de programmation d’avril 2005) et au recul des intolérances ? Car notre monde, déchiré de violence, semble parfois nous offrir, ces temps-ci, plus de sujets de désespérance que de raisons d’espérer. Beaucoup alors se tournent vers l’école, et souhaitent pour elle un retour vers le passé, paré de toutes les couleurs d’un âge d’or révolu et regretté. Autorité et compétence quasi infaillible des maîtres, enfants disciplinés et respectueux du savoir, méthodes éprouvées d’un apprentissage centré sur le lire-écrire-compter sont autant de requêtes, voire d’injonctions,
adressées à notre système éducatif. Ce retour au passé n’a pas été le choix de La main à la pâte, ni de tous ceux qui s’y sont engagés depuis une décennie et dont ce numéro publie les témoignages. Sans rien nier de l’importance de ces facteurs -autorité, respect, compétence, qualité de la langue- pour une éducation réussie, nous avons fait le pari que chaque génération devait repenser la façon de transmettre sa culture à celle qui la suit, et que pour partie cette tâche nous incombait. Scientifiques, ingénieurs, il nous a donc fallu réfléchir aux valeurs portées par l’activité scientifique, à notre mode contemporain de travail et d’assimilation de l’information innombrable qui nous entoure, aux raisons profondes qui, dans le monde d’aujourd’hui, plaident pour introduire les enfants à la science. Nous n’avons pu faire cela tout seuls : dans un contexte de diversité et d’interdépendance des cultures, dans la recherche de critères éthiques universels, notre entreprise fut, depuis dix ans, en constant dialogue avec les quatre coins du monde -du Brésil à la Chine, d’Haïti à l’Afghanistan, de la Grande-Bretagne à la Suède, de la Palestine à Israël-, pour y partout constater que chacun était, bon gré mal gré, contraint de faire ce même effort : repenser la façon de transmettre sa culture.Plus de 200 millions d’enfants de par le monde ne sont pas scolarisés, les migrations entre nations ou au sein des grands pays rompent des équilibres séculaires dans la transmission de l’identité et du savoir, l’explosion des connaissances paraît en rendre l’acquisition et la maîtrise réservées au petit nombre, l’uniformité culturelle et mercantile menace. Ces urgences, nous les
avons partout rencontrées, et partout nous avons perçu combien les principes simples -certains disent naïfs- de La main à la pâte sont porteurs de changement, pour peu qu’ils soient appliqués. Lire, écrire, compter fut l’objectif du siècle écoulé, demeure indispensable, mais ne suffit plus. “Lire, écrire, compter, raisonner” est désormais le motto qui doit guider l’éducation de base, tant la complexité du monde, le rôle qu’y jouent science et technique demandent à chacun d’user de sa raison, donc d’en avoir appris le bon usage. Le chantier est à peine ouvert. La décennie écoulée nous a appris que notre vieille éducation nationale pouvait bouger, si des forces extérieures s’y appliquaient. Pourtant, la moitié des enfants de France, dans leurs écoles primaires, ne font pas encore de science, tant de maîtres pensant encore que “ce n’est pas pour eux que de l’enseigner”. Depuis la rentrée dernière, La main à la pâte engage une action dans une poignée de collèges, en classe de sixième : atténuer la transition brutale entre école et collège, qui met de côté les plus défavorisés ; développer l’investigation, en jouant, au-delà des cloisons disciplinaires, sur l’unité de la science et sur le va-et-vient constant entre science et technologie ; ne rien abandonner du lien entre science et langage, que le cahier d’expériences a si fortement mis en avant dans le primaire, tels sont quelques uns des objectifs que nous nous fixons, pour que ces enfants, ces adolescents aiment ce qu’ils étudient, comme nous l’aimons nous-mêmes. Les écoles d’ingénieurs, les Académies des sciences ou des technologies et tant d’autres partenaires ont leur rôle irremplaçable à jouer dans ces transformations. Pourtant, rien ne se fera sans l’adhésion et la qualité des professeurs. Pendant ces dix années, la confiance qu’ils ont témoignée, en acceptant et recherchant les accompagnements proposés, fut exceptionnelle. Au collège comme à l’école, puissions-nous parvenir, par les témoignages ici rassemblés comme par leurs expériences personnelles, à les convaincre qu’eux aussi, dans ce monde bouleversé, ont à repenser la façon de transmettre la culture qu’ils ont reçue. Réfléchir à l’éducation revient à réfléchir aux générations à venir ; il s’agit bien d’un acte de générosité, enraciné dans l’espérance, et ces vertus ne manquent pas.
Pierre LÉNAMembre de l’Académie des Sciences,
délégué à l’éducation et à la formation
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> La démarche d’investigation fait école !
Dix ans déjà ! Les promoteurs, animateurs, accompagna-
teurs -donc tous admirateurs- de La Main à la Pâte ont fêté
le 29 novembre les dix ans de cette méthode pédagogique
initiée en 1996 dans trois départements pilotes, dont la
Loire-Atlantique. “Fêté“ n’est pas le mot, car la journée
organisée à l’Ecole des Mines de Nantes -qui, on le sait,
prend depuis le début une part active à cette démarche- a
surtout été l’occasion de tracer de nouvelles perspectives.
Certes, les intervenants aux différentes tables rondes
et ateliers n’ont pas boudé leur plaisir, exprimant la
légitime satisfaction tirée d’une expérience réussie, dont
l’audience n’a cessé de croître au cours de ces dix années.
“Si nous sommes ici, c’est que nous avons tous, un jour ou
l’autre, été conquis par La Main à la Pâte“, a résumé dans
sa conclusion Michel Laguës, directeur de l’Espace des
Sciences de Paris.
Cependant, loin d’être un regard sur le passé, la journée
nantaise se voulait tournée vers de nouvelles ambitions.
L’objectif est non seulement d’assurer la présence de
la démarche dans un maximum d’écoles primaires,
mais aussi désormais au collège, où une expérience
est en cours “Dans le sillage de La Main à la Pâte“. La
rencontre a également permis de faire un point sur le
développement international de la démarche : au Brésil,
en Colombie, au Sénégal, en Chine et en Afghanistan
notamment, les enseignants adaptent la méthode, sous
l’impulsion notamment de l’Interacademy Panel, le
réseau international des Académies des Sciences. Pierre
Léna, membre de l’Académie des Sciences française, et
Edith Saltiel, de l’équipe nationale de La Main à la Pâte,
ont donné sur ce point des informations extrêmement
encourageantes.
L’enjeu est connu. Au cours des débats animés le matin
par Carl Rauch et Ludovic Klein, a été souvent rappelé
le rôle social et citoyen de La Main à la Pâte. Méthode
reconnue de lutte contre l’échec scolaire dans les milieux
défavorisés, elle est aussi un outil de développement de
l’esprit critique et de la tolérance, et par là un rempart
contre les intégrismes, un moyen de conquête des droits
démocratiques.
L’après-midi a permis aux débats de se poursuivre
sur certains points précis et à des professeurs d’école
d’exposer en différents ateliers leurs propres expériences et
résultats. On y a montré des éoliennes, une montgolfière,
on y a décrit l’envol d’un ballon stratosphérique, tout cela
réalisé par des enfants de cours moyen. Il fallait le voir
pour le croire !
La Main à la Pâte est repartie de plus belle. Stéphane
Cassereau, le directeur de l’Ecole des Mines de Nantes,
a annoncé que la ville accueillerait fin 2007 un nouveau
colloque sur l’accompagnement, pour prolonger et
enrichir celui de 2004. La Main à la Pâte est, comme
l’a déclaré Michel Laguës, “une dynamique qui envahit
tout le domaine de l’éducation, une aventure scientifique
immense.“ L’aventure continue...
Un anniversaire tourné vers l’avenir
Fabrication d’une montgolfière à l’école Louis Armand à Carquefou.
La dynamique La Main à la Pâte
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Les raisons d’un enthousiasme
Entre l’Ecole des Mines de Nantes et La
main à la pâte, c’est une vieille histoire, en
tout cas une vieille complicité. Si elle s’est
tout de suite sentie en harmonie avec cette
méthode alternative d’apprentissage des
sciences, et s’est fortement impliquée dans
son développement, c’est qu’elle a pu en
mesurer l’apport auprès de deux populations
très différentes : ses propres élèves et ceux
des écoles primaires.
C’est en effet il y a dix ans également que l’Ecole
innovait dans la formation des ingénieurs
en créant APA, l’apprentissage par l’action.
Le but était, au-delà de l’acquisition des
connaissances, de faire développer aux futurs
ingénieurs des compétences scientifiques et
des qualités professionnelles : autonomie,
• 22 janvier 1996 : Georges Charpak et Robert Germinet
donnent une conférence de presse à l’Académie des Sciences.
• 12 juin 1996 : réunion d’instituteurs à l’Ecole des Mines de
Nantes en présence de Georges Charpak et Karen Worth.
• Année 1996-1997 : 35 instituteurs du public et 10 du privé
sont concernés en Loire-Atlantique. L’Ecole en accompagne 14
et élabore 7 mallettes pédagogiques. Participants : 2 membres
du personnel, une stagiaire de l’École Polytechnique, 20
étudiants.
• Année 1998-1999 : accompagnement de 26 classes dans 16
écoles, dont 3 en ZEP (650 enfants).
• Année 2000-2001 : accompagnement de 78 classes dans 32
écoles, dont 4 en ZEP et 12 en milieu rural (1 900 enfants) ;
formation de 190 instituteurs.
• Octobre 2001 : signature de conventions de partenariat
avec la Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique et
l’Inspection Académique de Loire-Atlantique.
• Année 2004-2005 : accompagnement de 88 classes dans
35 écoles (2 300 enfants) et de 6 classes dans 5 collèges.
• Mars 2006 : accueil d’une délégation d’enseignants brésiliens
pour le développement de La main à la pâte dans l’État de Rio.
• Année 2005-2006 : accompagnement de 107 classes de
40 écoles (2 700 enfants) et de 4 classes dans 2 collèges.
Participation de 5 doctorants et 39 élèves ingénieurs.
10 ANNÉES MAIN DANS LA MAIN
Dès le début, l’Ecole des Mines de Nantes a adhéré à la démarche
d’investigation scientifique, pour ses propres élèves comme pour les
enfants du primaire. Et les premiers, de plus en plus nombreux, en ont fait
profiter leurs cadets.
responsabilité, réactivité, créativité. La
logique de l’observation, de l’investigation,
du tâtonnement expérimental était donc
la même que celle de La main à la pâte, et
l’inspiration commune : la méthode “Hands
On“, qui commençait à s’implanter aux
Etats-Unis. C’est en décembre 1996 qu’une
mission d’étude composée d’enseignants de
l’Ecole, d’un instituteur et d’un stagiaire de
Polytechnique s’y est rendue.
Le 22 octobre 1997, sous l’impulsion de son directeur, Robert Germinet et de Georges Charpak, l’Ecole des
Mines de Nantes s’investit dans le développement de La Main à la Pâte en Loire-Atlantique.
La dynamique La Main à la Pâte
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La dynamique...> La démarche d’investigation fait école !
Pour en savoir plus
www.emn.fr/x-de/malp-10ans/
www.emn.fr/x-de/science-peda/
www.inrp.fr/lamap/
Après dix ans de participation à La main à la pâte, l’Ecole des Mines
de Nantes affiche le bilan suivant.
• Accompagnement en primaire
- 250 étudiants (une vingtaine d’heures chacun : 7 à 8 séances d’une heure
plus une dizaine d’heures de préparation).
- 75 scientifiques (20 enseignants-chercheurs, 50 doctorants, 15 stagiaires
de l’Ecole Polytechnique).
- 500 classes réparties dans 250 écoles ; un total de 12 500 élèves (60 %
dans le public, 40 % dans le privé).
- 700 enseignants accueillis à l’Ecole dans le cadre de formations continues
organisées par l’IUFM, l’Inspection Académique ou la Direction Diocésaine
de l’Enseignement Catholique.
• Accompagnement dans le secondaire
- 18 scientifiques de l’Ecole (3 enseignants-chercheurs et 15 doctorants).
- 5 collèges publics et privés de l’agglomération nantaise, 15 classes et 400
élèves.
- 20 enseignants ont participé à des activités scientifiques de l’Ecole des
Mines de Nantes dans le cadre d’une formation organisée par le rectorat.
DES CHIFFRES ÉLOQUENTS
Très vite, l’Ecole des Mines de Nantes a pu
mesurer aussi ce que l’accompagnement
de La main à la pâte dans les classes du
primaire apportait à ses propres élèves. Les
volontaires reviennent toujours enrichis
par cette expérience, conscients qu’elle
représente un vrai “plus“ dans leur formation
en développant leur aptitude à communiquer.
Enfin, l’Ecole des Mines de Nantes a compris
qu’il lui incombait comme à tous les
scientifiques de diffuser l’esprit critique, et
qu’elle tenait là une excellente façon de le
faire à un âge décisif.
Trois types d’actions
Pour toutes ces raisons, à la fois internes
et externes, il était naturel que l’École des
Mines de Nantes accompagne cette initiative
dans son environnement, le département
de la Loire-Atlantique. Deux responsables
pédagogiques, Carl Rauch et Ludovic Klein, lui
ont tout de suite été dédiés ; dix ans plus tard,
ils sont toujours là, avec un enthousiasme
intact. Impliquée en tant que partenaire
institutionnel, L’Ecole fait partie du groupe
de pilotage académique sur les sciences,
est membre de la commission Sciences de
Loire-Atlantique et participe à un groupe de
recherche-action pour la formation continue.
Établissement support de La main à la pâte,
l’Ecole a imaginé depuis 1996 des formes
d’accompagnement spécifiques. Au fil du
temps, trois types d’actions ont émergé : le
soutien aux enseignants, la participation à
des actions de formation et le développement
d’outils pédagogiques, en particulier les
mallettes d’expériences.
Depuis 10 ans, son investissement n’a
jamais faibli. Aujourd’hui, l’Ecole participe
aux expériences menées depuis 2003 pour
étendre cette démarche d’investigation au
collège. Et ce n’est pas sans plaisir qu’elle a
vu d’autres établissements d’enseignement
supérieur de la région, notamment
l’Université de Nantes, l’IUT de Saint-Nazaire
et l’ICAM, envoyer eux aussi des étudiants de
filière scientifique accompagner des classes.
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Enseignement des>
On ne présente plus La main à la pâte.
Quoique... Même si, dix ans après, le principe
est connu, il n’est jamais superflu de faire la
chasse à certains malentendus. “La démarche
d’investigation a parfois été comprise comme
un bricolage, déplore Éric Brachet, inspecteur
de l’Education Nationale, Président de la
Commission Sciences de Loire-Atlantique. Or,
d’une part elle répond à une vraie motivation
des enfants, d’autre part elle est bien plus large
que la simple expérimentation ; l’investigation,
c’est aussi la recherche documentaire, tout
ce qui contribue à structurer les masses
d’informations qui arrivent...“
Pour regrettable qu’il soit, ce scepticisme
amusé de certains s’explique sans doute
par la simplicité du matériel utilisé, ces fa-
meuses mallettes qu’un regard superficiel
imaginerait peu propres à développer l’esprit
scientifique. “Pourtant, nous avons fait beau-
coup de choses avec des verres en plastique
et des bouts de ficelle !“, rétorque Josiane
Hamy, conseillère pédagogique à la direction
diocésaine de l’enseignement catholique de
Loire-Atlantique. Comme le rappelle en effet
le site officiel (www.lamap.fr), la démarche
“privilégie la construction des connaissances
par l’exploration, l’expérimentation et la dis-
cussion. C’est [...] une construction collec-
tive qui est visée, et non pas l’apprentissage
d’énoncés figés à mémoriser.“
Sur un thème défini, pour répondre à des
questions données, les élèves réalisent eux-
mêmes des expériences, pensées par eux,
et discutent pour en comprendre l’apport.
L’enseignant, éventuellement assisté d’un
accompagnateur, guide les enfants sans
fournir sa propre réponse, ni bien sûr
manipuler à leur place. La formulation des
hypothèses, donc la maîtrise du langage
nécessaire à la confrontation des points de
vue, est essentielle. D’où l’importance du
cahier d’expériences, qui rassemble écrits
individuels et collectifs.
“Une démarche vraie“
Bouts de ficelle ou pas, on aurait donc tort
de ramener La main à la pâte à une activité
manuelle. Ce qui est visé, c’est l’appropriation
progressive de concepts scientifiques -sur
la base des programmes existants- et de
techniques opératoires, accompagnée d’une
consolidation de l’expression écrite et orale.
C’est aussi, et le prix Nobel Georges Charpak
L’expérience a fait ses preuvesPour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, petit rappel des principes de La
main à la pâte, de ce qu’elle est... et de ce qu’elle n’est pas.
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sciences et apprenti ssage de la citoyenneté> La démarche d’investigation fait école !
a toujours insisté sur ce point en introduisant
la méthode à partir de 1996, une manière
d’apprendre à discuter, à écouter les avis des
autres, à argumenter dans le respect mutuel
sans user ni de la force ni de l’autorité. Il
n’est pas exagéré de le dire, c’est une forme
d’apprentissage de la citoyenneté.
Le terme “d’expérience“ est lui aussi à
l’origine de certaines confusions. “La
démarche d’investigation est une démarche
vraie, explique Marima Hvass-Faivre d’Arcier,
créatrice et animatrice de l’association 1, 2,
3, sciences. Au lycée, l’expérience cherche
plutôt la vérification que l’investigation ; à la
limite, on donne un coup de pouce pour qu’elle
réussisse. Là, c’est une autre logique, celle de
l’expérience démonstrative ; et si elle rate, elle
n’en est pas moins extrêmement riche.“ Son
association, créée en 1999 pour intéresser les
adultes à la démarche scientifique, témoigne
d’ailleurs que La main à la pâte répondait à
une demande en train d’émerger : les futurs
promoteurs de 1, 2, 3, sciences pratiquaient
quelque chose d’analogue dans une école de
pédagogie active et en novembre 1996, au
moment même où parut le livre de Georges
Charpak, ils publiaient un guide du maître
intitulé... Des mains à la tête. “La démarche
d’investigation commence par le sensoriel,
analyse Marima Hvass-Faivre d’Arcier.
Jusqu’à 10 ou 12 ans, c’est un point d’entrée
très important. “
“Le savoir se construit à plusieurs“
De l’avis général, les démarches
d’investigation sont venues heureusement
corriger les imperfections d’un système
scolaire trop théorique, où l’on avait oublié le
rôle capital de l’observation. “L’enseignement
des sciences en France est beaucoup trop
mathématisé, juge ainsi Michel Rousseau,
de l’Université du Maine. On confond niveau
d’abstraction avec compréhension ; or le
premier peut être très élevé et la seconde,
nulle.“
Ce besoin de revenir et de faire revenir
les enfants aux sources de la démarche
scientifique explique le succès de La main
à la pâte. La Loire-Atlantique, l’un des
cinq départements pilotes au début de
l’opération, est passée de 10 % de classes
concernées à 50 % aujourd’hui. “Au-delà
des chiffres, on sent bien que les enseignants
se sont réintéressés aux sciences, constate
Josiane Hamy. L’enseignement a gagné
quelque chose à la démarche expérimentale
d’investigation. Pourquoi d’ailleurs la borner
aux sciences ? L’investigation peut aussi bien
concerner d’autres disciplines comme le
français ou l’histoire-géographie.“
Si quelque chose a bougé dans l’éducation
grâce à La main à la pâte, c’est aussi que la
méthode repose sur la notion essentielle
d’accompagnement : la présence en classe
et l’aide, au moins au début, d’une personne
extérieure, souvent un étudiant disposant
d’un bagage scientifique. Ce renfort, qui
bousculait des habitudes, a fait l’objet
d’une charte qui la formalise en précisant
les rôles de chacun. L’importance de cette
Le 29 novembre 2006, les futurs ingénieurs ont présentés des animations scientifiques.
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sciences et apprenti ssage de la citoyenneté
““
Les obstacles institutionnels et psychologiques y sont nombreux, mais La main à la pâte a déjà un pied dans le collège.
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Depuis plusieurs années déjà, les adeptes de
La main à la pâte réfléchissent à son extension dans le secondaire. Ils font même
davantage, puisque dans une vingtaine de collèges est tentée une expérience
en 6ème et 5ème, avec des enseignements regroupés de sciences et vie de la terre,
technologie, physique et chimie. Un même professeur les assure tous pendant
trois mois chaque année. Preuve cependant que les résistances sont nombreuses,
on cherchait au départ 50 volontaires dans l’ensemble des départements : on est
loin du compte.
“Les enseignants hésitent encore à s’impliquer dans un cours de sciences associant
plusieurs disciplines où ils doivent expliciter des notions qui ne sont pas de leur
spécialité, explique Ludovic Klein, le “Monsieur La main à la pâte” de l’Ecole des
Mines de Nantes, par crainte peut être de devoir en faire toujours plus.“
Obstacle bien connu d’un enseignement secondaire “saucissonné“, quand les
démarches d’investigation scientifique cherchent précisément à décloisonner.
“Les profs sont très formatés pour un programme et craignent de ne pouvoir le
terminer, observe Josiane Hamy, de la Direction Diocésaine de l’Enseignement
Catholique de Loire-Atlantique. Difficulté supplémentaire, les élèves arrivent à
l’âge où l’on fait volontiers le contraire de ce qui est demandé. Le prof doit donc
faire preuve d’autorité ; or La main à la pâte lui fournit des occasions de moins
maîtriser sa classe...“ L’implantation semble plus difficile encore au lycée, où,
comme le dit Marima Hvass-Faivre d’Arcier (1, 2, 3, sciences), “on a très vite le
bac en ligne de mire“. Plus généralement, l’évaluation constitue une contrainte
de taille : “En France, explique Michel Rousseau (Université du Maine), tout est
basé sur elle ; or il est plus facile d’évaluer un problème classique qu’une activité de
type La main à la pâte.“
Si la démarche a pu fissurer le moule de la transmission frontale des connaissances,
faut-il donc se résigner à y revenir ensuite ? Marie-Odile Lafosse-Marin, de l’ESPCI
(Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de Paris), ne le croit pas.
Sollicitée par Georges Charpak pour élaborer un programme, l’Ecole a déjà bouclé
celui de 6ème et expérimente en ce moment celui de 5ème à l’école active bilingue
Jeanine Manuel. “On a osé bousculer les programmes et les horaires, assure-t-elle,
ce qui n’empêche pas l’initiative d’être appréciée par l’académie de Paris“.
DEMAIN, LE SECONDAIRE AUSSI ?
petite révolution, sur le plan psychologique,
n’échappe à personne : “Ces dix années
ont permis de faire naître autre chose que
le modèle pédagogique traditionnel d’un
adulte enfermé dans une classe avec des
enfants, explique encore Josiane Hamy. Elles
ont imposé l’idée que le savoir se construit à
plusieurs.“
Des obstacles
Éric Brachet confirme le changement des
mentalités côté enseignement public : “À
entendre les jeunes profs, on peut affirmer
qu’une autre méthode d’enseignement des
sciences est entrée dans les esprits. C’est
perceptible aussi dans les IUFM ; l’intérêt de
la démarche d’investigation passe au niveau
des étudiants qui préparent le concours.“ Il
faut dire que l’Éducation Nationale, après
un temps de flottement, l’a officialisée. “Les
nouveaux programmes, qui datent de 2002,
sont construits sur sa logique“, assure-t-il.
Tout n’est pas parfait pour autant, comme
en témoignent les difficultés que rencontre
l’extension de la démarche dans le secondaire.
Dans le primaire même, on butte encore sur
des obstacles aussi prosaïques que la pénurie
en mallettes d’expérience. L’investigation
scientifique peut encore progresser dans les
classes, comme ses valeurs dans la société.
Il est d’ailleurs regrettable qu’aucune
statistique fiable n’existe à l’échelle
nationale. Pas plus que n’existe d’évaluation
rigoureuse des bénéfices pour les élèves. Ils
sont pourtant bien réels, et Yves Querré, de
l’Académie des Sciences, a raison d’en appeler
à la recherche. “Il faudrait qu’un thésard se
consacre au sujet, dit-il. Ce serait une belle
preuve supplémentaire de l’implication de la
communauté scientifique.“
Séance de formation d’instituteurs à l’Ecole des Mines de Nantes.
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L’accompagnement... A développer ! >Les joies de l’accompagnement
La main à la pâte a innové aussi en instituant dans la classe un duo. A l’usage,
tout le monde y trouve son compte : les enfants, l’enseignant et le nouveau
venu lui-même.
La démarche d’investigation fait école !
Le caractère innovant de La main à la pâte tient aussi au fonctionnement des séances, en duo, avec un accompagnateur. “Cette façon de mettre en contact le monde scientifique et l’école n’existait pas auparavant, note Josiane Hamy, de la Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique de Loire-Atlantique. De la sorte, on construit une culture commune à différents acteurs de la société.“ Avec ces séances, on sortait, pour la première fois aussi nettement, du face à face entre un maître et ses élèves.
À vrai dire, cet accompagnement prend plusieurs formes. Il y a d’abord l’équipe nationale qui gère le site (www.lamap.fr) et met des ressources à la disposition des enseignants. Elle est issue de la volonté de trois organismes : l’Institut National de la Recherche Pédagogique (INRP), l’Académie des Sciences et l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de mettre en commun des compétences pédagogiques et scientifiques.
Il y a ensuite les moyens mis à disposition par l’Inspection Académique. “Sur ce plan, le département dispose d’une certaine marge de manœuvre, observe Éric Brachet, président de la commission Sciences en Loire-Atlantique. Ici, nous avons vraiment mis le paquet, avec six postes de maîtres animateurs sciences qui vont sur le terrain, apportent le matériel et accompagnent les séances. L’inspecteur d’académie a même été le premier à mettre à disposition de tels moyens.“
Il y a enfin l’aide que certains établissements d’enseignement supérieur choisissent de fournir. On sait qu’en ce domaine l’Ecole des Mines de Nantes a dès le début été en pointe. “Elle a fait le choix, et c’est rare, de dédier une personne à temps plein“, rappelle Carl Rauch. D’autres ont suivi, notamment
“
“
Depuis les débuts de La main à la pâte, l’Ecole des Mines de Nantes fait appel chaque
année à des polytechniciens, dans le cadre de leur “stage de formation humanitaire“.
Pierre-Jean Spaenlehauer a été l’un d’eux d’octobre 2005 à avril 2006. Témoignage.
“Pendant sept mois, j’ai à la fois préparé les activités, accompagné le travail dans la
classe et imaginé de nouvelles manipulations. J’en ai développé sur le comportement
des vers de farine : ils semblent craindre la lumière, mais comment les observer pour le
vérifier à coup sûr ?“
“Ce qui m’a frappé, c’est la grande motivation des élèves. Les séances avaient lieu une
semaine sur deux, mais certains revenaient la semaine suivante après avoir réfléchi,
fait des recherches, pour proposer de nouvelles réponses. J’ai été surpris de voir à quel
point l’observation demande à être développée. Quand on demande à des enfants de
dessiner le niveau de l’eau dans un verre penché, ils le représentent perpendiculaire aux
parois ; ils sont très longs à s’apercevoir qu’ils ne dessinent pas ce qu’ils voient. Mais j’ai
surtout découvert que les enfants n’acceptent aucune notion sans la comprendre.“
“Ce stage m’a conduit dans des établissements variés de Loire-Atlantique, notamment
des classes difficiles de ZEP. Des élèves en grande difficulté se retrouvent, réussissent au
contrôle qui suit. Ils adorent les expériences, par exemple sur l’électricité, s’approprient
les notions et les retiennent mieux. Et le travail en groupe est très formateur. Au début,
c’est difficile, ils se disputent autour du matériel. Puis ils apprennent à partager, à
échanger des idées. En deux mois, on voit les progrès. C’est vraiment une méthode qui
marche !“
C’EST VRAIMENT UNE MÉTHODE QUI MARCHE
Les électro-aimants à l’école Roger et Renée Jolivot
à Joué sur Erdre.
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L’accompagnement... A développer !
enfants, à l’enseignant, mais aussi à lui-même. Les accompagnateurs apprennent à écouter l’avis des enfants sans imposer le leur, à laisser progressivement émerger la vérité ; et aussi à s’exprimer avec des mots simples pour rester à la portée de tous. Une discipline qui leur servira tout au long de leur vie. “Il y a eu parfois mauvaise compréhension des rôles, note cependant Ludovic Klein. L’implication scientifique complète ce que fait l’enseignant, mais ne remplace pas sa mission.“
dans le département, l’Université de Nantes, l’ICAM et l’IUT de Saint-Nazaire. Parfois l’accompagnement reste une activité bénévole, parfois il participe de l’obtention d’un diplôme. C’est le cas dans les parcours métiers de l’enseignement à l’Université du Maine où, en 3ème année de licence, une quinzaine d’étudiants se joignent à des initiatives du type La main à la pâte.
Une charte
À Paris, l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles (ESPCI) a noué depuis l’année 1999-2000 un partenariat privilégié avec les écoles voisines du 13ème arrondissement. Ils sont plus de trente volontaires cette année, une centaine depuis le début. “Ils le font sur leur temps libre, mais l’Ecole réfléchit à un mode de reconnaissance“, explique Marie-Odile Lafosse-Marin. Toujours à Paris, l’Ecole des Arts et Métiers fait faire aussi de l’accompagnement à ses élèves, mais dans le cadre d’une unité de valeur.
Tout le monde le reconnaît, la présence d’un étudiant possédant une légitimité scientifique est non seulement utile aux
“
“
Si La Main à la Pâte, dix ans après sa création, n’est pas gagnée par la lassitude, c’est
qu’elle n’a jamais été une démarche figée. De nouvelles expériences sont inventées en
permanence. “Chaque année, des activités inédites viennent se greffer sur la méthode“,
observe ainsi Jean-Luc Leroux, animateur sciences, qui la pratique depuis le début à
l’école des Marsauderies à Nantes, où un programme complet sur cinq ans a été mis
au point. Dernièrement, c’était la fabrication d’une éolienne.
Il note d’ailleurs que les notions d’environnement et de développement durable
prennent une place de plus en plus importante dans la démarche. “C’est une
préoccupation des enseignants, ajoute-t-il, et ils cherchent à la décliner auprès des
élèves. Or les quatre pôles d’intérêt liés au développement durable -énergie, déchets,
eau, biodiversité- s’y prêtent à merveille.“
L’ENVIRONNEMENT, UN THÈME DE CHOIX
“Dès le début, nous avons vu les dérives possibles, confirme Richard-Emmanuel Eastes, professeur agrégé à Normale Sup et consultant pour le réseau : que l’élève, emporté par son enthousiasme, se mette à raconter sa vie, ou qu’il prenne la place de l’enseignant... “ C’est pour y parer qu’il a organisé en 2003, avec Marie-Odile Lafosse-Marin, une rencontre sur l’accompagnement, qui a débouché l’année suivante sur une charte qui rationalise les pratiques. Ses dix principes de base, rappelés sur le site, sont toujours en vigueur. “Il faut repenser l’intervention en terme de co-élaboration, construire en commun des séances de co-accompagnement, explique Richard-Emmanuel Eastes, car ce sont deux compétences qui se croisent et se renforcent. Par exemple l’enseignant est compétent pour la formulation, le maniement du langage, ou tout simplement pour faire taire une classe ; j’admire toujours qu’il y parvienne d’un geste, alors que j’en suis incapable...“ L’Ecole Nationale Supérieure, elle aussi, fait de l’accompagnement dans le primaire, en dehors du cursus, en fonction des disponibilités des élèves.
Curieusement, aucun texte n’est jamais venu officialiser cet accompagnement. “Dix ans après, note malicieusement Carl Rauch, cela reste une innovation...“
Talents des Mines l e m a g a z i n e d e l ’ E c o l e d e s M i n e s d e N a n t e s - D é c e m b r e 2 0 0 6 - n ° 7 2
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>Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.Lettre d’information n°72 - Décembre 2006 - 4 numéros par anEditeur : Ecole des Mines de Nantes - Service de la communication - 4, rue Alfred Kastler - La ChantrerieB.P. 20722 - 44307 Nantes cedex 3 - Tél. 02 51 85 81 92 - Fax 02 51 85 81 99 - e-mail : [email protected] de la Publication : Stéphane Cassereau - Responsable de la Publication : Nathalie Le CalvezRédaction : Didier Husson - Fabienne Millet-Dehillerin - Maquette : Céline QuerniardImpression : Imprimerie LNG / Sainte-Luce
10 ans, et déjà une carrière internationale...
DE NANTES A RIO...
En avril 2006, l’Ecole a reçu une délégation brésilienne
du Secrétariat d’Etat à l’Education, constituée de
futurs coordinateurs de centres de ressources “Mao
na massa“ -La main à la pâte au Brésil.
La Main à la Pâte a toujours affiché une dimension sociale, et même politique. Plus encore qu’enseigner les sciences, son but était et reste de développer l’esprit critique, d’apprendre aux futurs citoyens, dès leur jeune âge, à confronter des idées. “Les écoles d’ingénieurs ne peuvent rester insensibles aux problèmes de la société, explique Robert Germinet, l’ancien directeur de l’Ecole des Mines de Nantes, qui s’était particulièrement investi dans le projet. Les violences, les intégrismes, la désaffection pour les études scientifiques, tout cela leur confère un rôle particulier dans l’alphabétisation scientifique. On compte sur elles pour apprendre aux enfants à dire “Pourquoi ?” et à écouter la réponse, ce qui constitue le début du respect.“
Aujourd’hui directeur de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, il reste plus que jamais persuadé que les démarches du type La Main à la Pâte constituent un rempart contre l’intolérance. Toujours
avec Georges Charpak et les membres de l’Académie des Sciences, il a créé le prix “purkwa“ (transcription phonétique de “Pourquoi ?“). Doté de 80 000 euros, il récompense à l’échelle mondiale des initiatives propres à développer le questionnement scientifique chez l’enfant. La Commission Européenne finance de son côté, sous le nom de Seed Cities (en français, Pollen) un projet visant à répandre ces pratiques dans le monde à partir de douze villes européennes.
Les adultes aussi
Cette carrière internationale du concept ne doit pas faire oublier qu’en France même de nombreuses initiatives existent pour intéresser aux sciences d’autres populations que les enfants. Outre 1, 2, 3, sciences, qui touche un public d’adultes susceptibles de servir de relais vers les enfants, mais d’abord désireux pour eux-mêmes de découvrir le plaisir des sciences, les établissements d’enseignement supérieur jouent un rôle important.
Ainsi Normale Sup a-t-elle créé un service baptisé “La Diffusion des Savoirs“, qui partage d’ailleurs ses locaux avec l’équipe nationale de La Main à la Pâte. C’était à l’origine un groupe de travail créé pour réfléchir à des actions de vulgarisation scientifique. Le service
L’avenir d’une méthodeLa Main à la Pâte est un état d’esprit. Des initiatives de la même veine éclosent
en France et à l’étranger pour combattre l’intolérance et recréer le lien entre
la science et la société.
prépare aujourd’hui des conférences et des séminaires qui sont mis en ligne. De son côté, l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de Paris n’envoie pas seulement des accompagnateurs dans les classes, elle a créé en son sein un Espace Sciences, passerelle entre le monde scientifique et la cité. Lancé par Pierre-Gilles de Gennes lorsqu’il dirigeait l’Ecole, il organise conférences et expositions. À l’Université du Maine, Michel Rousseau, qui est vice-président du CEVU (conseil de l’enseignement et de la vie universitaire), essaie d’implanter l’investigation scientifique dans des formations supérieures qui y semblent a priori peu réceptives. “Nous disposons d’une petite ligne budgétaire pour favoriser des projets, explique-t-il. L’un d’eux vient d’un collègue qui enseigne dans un DEUST d’acoustique ; un domaine où l’on peut facilement expérimenter, à condition de disposer de matériel...“
Elle a montré toute sa valeur à l’école, espère s’implanter dans le secondaire, trouve à l’occasion un écho favorable dans le supérieur : l’investigation scientifique a vocation à s’étendre à tous les niveaux de formations, et bien sûr aussi à passionner les adultes comme en témoignent les manifestations organisées chaque année avec succès. Puisque ce type de démarche joue un rôle social éminent, elle ne saurait oublier personne. >