numéro 1 janvier 2010

40
Société Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture Page 4 Economie agricole Développement du système des paiements directs Page 10 Production animale Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux Page 18 Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Janvier 2010 | Numéro 1

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numéro 1 janvier 2010

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Page 1: numéro 1 janvier 2010

Société Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture Page 4

Economie agricole Développement du système des paiements directs Page 10

Production animale Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux Page 18

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RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

J a n v i e r 2 0 1 0 | N u m é r o 1

Page 2: numéro 1 janvier 2010

3 Editorial

Société

4 Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture

Hans Wydler et Rachel Picard, Station de

recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART,

8356 Ettenhausen

Economie agricole

10 Développement du système des paiements directs Simon Lanz et al. Office fédéral de

l’agriculture OFAG, 3003 Berne

Production animale

18 Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux

Isabelle Morel et André Chassot, Station de

recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP,

1725 Posieux

Environnement

24 Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique

Stefan Mann, Station de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Eclairage

30 Nouveau paysage de l’agriculture mondiale

Urs Gantner, Office fédéral de l’agriculture

OFAG, 3003 Berne

34 Portrait

35 Actualités

39 Manifestations

SommaireJanvier 2010 | Numéro 1

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Department of agricultural and foodscience

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Secrétariat Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)

Abonnement Revue: CHF 61.–* TVA et frais de port compris, (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou

[email protected]

Imprimerie Glasson Imprimeurs Editeurs SA, 1630 Bulle

ISSN infosISSN 1663-7917 (imprimé)ISSN 1663-7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Haute école spécialisée bernoiseBerner FachhochschuleHaute école suisse d’agronomie HESASchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHL

Office fédéral de l’agriculture OFAGDépar tement fédéral de l ’économie DFE

AgroscopeDépar tement fédéral de l ’économie DFE

Les prestations sociales dispensées à la ferme, dans le cadre de la multifonctionnalité de l’agriculture, ont une qualité toute particulière, liée au contact avec la famille paysanne, les animaux et les plantes. En Suisse, 550 exploitations familiales au moins fournissent aujourd’hui des prestations sociales rétribuées. Un projet de recherche d’ART explore les avantages, les difficultés et les perspectives des entreprises agricoles familiales dans le secteur des prestations sociales. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

Page 3: numéro 1 janvier 2010

Chère lectrice, cher lecteur

Les enquêtes menées auprès des clients montrent que le travail d’Agroscope

est apprécié et utile. Il permet d’anticiper des réponses à des défis d’ordre

existentiel. Nos ressources naturelles, surtout le sol et l’eau, ainsi que les

agents énergétiques fossiles, sont limités. Une utilisation durable des fac-

teurs de production est indispensable pour que le secteur agroalimentaire

dans l’espace rural puisse prospérer à l’avenir. Agroscope l’avait perçu bien

avant que la crise alimentaire ne fasse la une des journaux. En effet, celui qui

maîtrisera au mieux la gestion des ressources et la mettra en œuvre avec le

plus d’efficacité fera partie des leaders du futur.

Des projets à multiples facettes

Les projets d’Agroscope sont très variés: préserver les pâturages en région

de montagne, stocker dans le pergélisol des variétés provenant de la banque

de gènes, promouvoir les nutriments sains contenus dans les fruits et

légumes, créer une plateforme d’information sur les denrées alimentaires

sûres, promouvoir un élevage chevalin durable, rendre la culture des champs

compétitive, réduire les émissions d’ammoniac en provenance des étables…

Ces projets ont au fond le même objectif : assurer une production durable de

denrées alimentaires saines et utiliser le moins de ressources possible. Car il

s’agit en définitive de mettre en œuvre notre vision d’un secteur agroali-

mentaire respectueux de l’être humain et de l’environnement.

L’information est indispensable

Le temps de la recherche enfermée dans sa tour d’ivoire appartient au passé.

Fais du bien et parles-en: Agroscope doit encore mieux présenter ses presta-

tions. L’information et la communication sont indispensables et font au-

jourd’hui partie intégrante du travail de la recherche. A cet égard, Agroscope

est sur la bonne voie et progressera encore. Ceci grâce à son site Internet

unique, son nouveau rapport annuel et, last but not least, grâce à sa nou-

velle revue bilingue «Recherche Agronomique Suisse», qui présente les ré-

sultats de la recherche dans des articles clairs et objectifs, de concert avec

nos principaux partenaires dans les domaines de la recherche et de l’échange

de connaissances.

Agroscope cherche et entretient le contact avec les différents groupes de

clients et s’intègre aussi avec succès sur le plan international. Les activités

d’Agroscope ont un caractère de plus en plus intersectoriel et multidiscipli-

naire, par exemple grâce aux programmes de recherche NutriScope, Agri-

Montana, ProfiCrops et Profilait. Il s’agit de renforcer encore cette tendance

à l’avenir.

C’est le seul moyen pour Agroscope de rester le partenaire indispensable

dans le domaine agroalimentaire. Sa recherche doit contribuer à trouver vite

des réponses aux questions actuelles urgentes et anticiper les défis liés à la

mondialisation, au changement climatique et à la sécurité alimentaire. Cela

suppose une volonté constante d’apprendre et de s’améliorer, ce qui est exi-

geant, mais aussi motivant.

La communication est la clé du succès

Manfred Bötsch

Directeur de l’Office fédéral

de l’agriculture OFAG

Editorial

3Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 3, 2010

Page 4: numéro 1 janvier 2010

I n t r o d u c t i o n

Les aspects multifonctionnels de l’agriculture font ac-

tuellement l’objet d’intenses discussions dans la sphère

politique. Les prestations sociales favorisent largement

l’intégration, la participation, le bien-être et la qualité

de vie des personnes encadrées. Les services offerts par

l’agriculture dans ce domaine ont été jusqu’ici trop peu

pris en considération. Il est clair que ces prestations socia-

les peuvent aussi être fournies par d’autres branches

que l’agriculture, mais leur rattachement à une exploita-

tion agricole familiale leur confère une qualité toute

particulière (encadré 1). A l’avenir, il faut s’attendre à un

élargissement du marché et à une augmentation de la

demande de prestations sociales. A l’heure actuelle, les

interventions socio-pédagogiques se multiplient forte-

ment, tout comme le nombre de retraits de garde. Dans

le domaine des soins aux personnes âgées et de leur

encadrement, une forte augmentation de la demande

de lieux de placement est à prévoir en raison l’évolution

démographique. De profonds changements s’opèrent

également dans le domaine des soins aux personnes

handicapées et de leur encadrement. En Suisse aussi, les

«budgets personnels d’assistance», par le biais de l’AI,

Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture

S o c i é t é

4 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 4–9, 2010

Hans Wydler et Rachel Picard, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Renseignements : Hans Wydler, e-mail : [email protected], tél. +41 52 368 32 06

1 Traduction libre du «Memorandum of Understanding for the implementation of a European Research Action designated as COST 866 ’Green Care in Agriculture’, 164th CSO Meeting, 29 – 30 March 2006».

On entend par prestations sociales dans les exploitations

agricoles familiales toutes les offres d’encadrement, de

soins, d’éducation et de formation qui sont fournies par

les familles d’agriculteurs. Ces offres ont une valeur par-

ticulière, car elles englobent tout le contexte de la vie à

la campagne ainsi que le milieu rural et l’environnement

social liés à l’apport de ces prestations. Le partage de la

vie et du travail dans une ferme exerce un effet spéci-

fique. Le contact avec les animaux et les plantes, l’effet

du paysage, le vécu du rythme quotidien et saisonnier

ainsi que la participation aux travaux (selon les forces et

les aptitudes) revêtent une grande importance. Cet envi-

ronnement est caractérisé par le nombre et la présence

des membres de la famille, par l’évidence et la nécessité

des travaux à effectuer, par la possibilité d’adapter les

tâches aux aptitudes de la personne encadrée et donc de

lui offrir la chance de réussir et de trouver un sens à son

travail. Une autre particularité réside dans l’approche

des membres de la famille envers les personnes prises en

charge. Cette approche est marquée par la disponibilité

à accepter la personne et à l’intégrer dans le cadre fami-

lial. Les pays anglophones utilisent souvent le terme de

«Green Care». Cette notion englobe non seulement le

«Care Farming» mais aussi d’autres activités dans le do-

maine de la promotion de la santé et de la thérapie.

Braastad (2006) nous en propose une définition: «le

Green care» consiste à utiliser une exploitation agricole

familiale, les animaux et les plantes, un jardin, la forêt et

le paysage comme base pour promouvoir la santé phy-

sique et psychique ainsi que la qualité de vie de divers

groupes cibles».1 Cela signifie qu’en plus de l’agriculture,

le Green care intègre aussi d’autres activités profession-

nelles dans le domaine de la thérapie et de la réhabilita-

tion (p. ex. la zoothérapie ou le jardinage thérapeutique).

D’autres expressions, souvent synonymes de Care Far-

ming, sont également utilisées: Farming for Health, mais

aussi Social Farming (l’agriculture sociale, Soziale Land-

wirtschaft, l’agricoltura sociale).

Encadré 1 | Prestations sociales: Care Farming et Green Care

Page 5: numéro 1 janvier 2010

En Suisse, une exploitation agricole familiale

sur cent fournit des prestations sociales. La

Suisse fait donc partie des pays européens

précurseurs en «Care Farming» (ensemble des

prestations sociales fournies par les familles

agricoles). Ces prestations sont par exemple un

logement surveillé et un travail encadré offert

à des personnes handicapées accueillies dans

une ferme, le placement en famille d’accueil

d’enfants en difficulté sociale ou des soins

prodigués à des personnes âgées dans des

exploitations familiales. Dans divers pays euro-

péens, ces activités sont encouragées et soute-

nues de façon ciblée; divers projets de recher-

che sont consacrés à ce thème. Les formes, les

groupes-cible et le genre de prestation sont

d’une grande diversité. En Suisse aussi, les

prestations sociales offrent aux exploitations

familiales une stratégie de diversification riche

d’un large potentiel. La diversité de l’offre et

de la demande, tout comme les diverses

formes de soutien à apporter aux familles

d’accueil posent de multiples questions aux-

quelles le projet de recherche d’Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART tente de répondre.

Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture | Société

font l’objet de débats. Ces prochaines années, tous les

cantons seront invités à créer un plan directeur pour

l’encadrement des personnes handicapées. Les presta-

tions sociales, en tant que services spécifiques fournis-

sant des qualités particulières, peuvent représenter une

offre répondant aux attentes des groupes cibles.

Combler le manque de savoir

La base de données sur la diversification structurelle –

les prestations sociales en font partie – est actuellement

insuffisante. Il y manque des données significatives, no-

tamment si l’on considère non seulement l’exploitation,

mais aussi le ménage dans sa globalité. La para-agricul-

ture et les prestations sociales ont peu occupé le centre

d’intérêt de l’agronomie jusqu’à présent. Quelques indi-

cations peuvent être puisées dans le Dépouillement cen-

tralisé des données comptabilisées (DC) d’ART: un pour

cent des exploitations agricoles fournissent des presta-

tions de conseils et de soins. Lorsque de telles presta-

tions sont assurées, les recettes (soit le produit brut dési-

gné dans le DC) entrent dans le cadre d’autres stratégies

de planification, comme l’agrotourisme ou la vente di-

recte (fig. 1). D’après le résultat d’un relevé complémen-

taire au recensement des exploitations agricoles, réalisé

en 2005 par l’Office fédéral de la statistique (OFS), la

répartition de la para-agriculture varie largement d’une

région à l’autre (fig. 2).2 Les prestations sociales n’ont

pas été recensées dans ce sondage, mais leur répartition

régionale apparaît aussi inégale.3

M é t h o d e s e t p r e m i e r s r é s u l t a t s

Sondage auprès de «toutes» les exploitations

fournissant des prestations sociales

Un projet en cours d’ART a pour but de dresser le bilan

actuel de telles lacunes dans l’agronomie et de mieux

mettre en lumière le domaine des prestations sociales

en Suisse. L’analyse porte sur l’apport (rétribué) de pres-

tations sociales fournies par les exploitations agricoles

familiales. Les prestations non rétribuées, comme le bé-

Les prestations de soins demandent beaucoup de patience, de temps et de compétences sociales

5Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 4–9, 2010

2 Les données de cette représentation proviennent du recensement des exploitations agricoles de l’Office fédéral de la statistique (OFS) qui a réalisé, en 2005, un relevé complémentaire sur les activités accessoires des familles paysannes.

3 Cette affirmation est déduite des données recueillies dans le projet ART sur les réseaux et les exploitations familiales.

Rés

um

é

Page 6: numéro 1 janvier 2010

Société | Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture

6 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 4–9, 2010

névolat ou l’aide entre voisins, ne seront pas prises en

compte, bien qu’elles soient très répandues à la cam-

pagne (Schmid 2001). Selon l’état actuel des connais-

sances, 550 exploitations familiales (au moins) four-

nissent des prestations sociales rétribuées.4 La plupart

de ces ménages et exploitations collaborent avec une

organisation de mise en réseau et de soutien (appelée

réseau ci-après). Le canton de Berne compte un nombre

relativement élevé d’exploitations actives en la matière.

Le domaine des prestations sociales est extrême-

ment varié. Il compte souvent, entre autres, l’enca-

drement de personnes handicapées ou le placement

d’enfants ou d’adolescents confrontés à des problèmes.

Ces placements se font fréquemment en coopération

avec une école spécialisée ou une organisation offrant

sa propre formation scolaire. Les personnes ayant un

passé de dépendance à la drogue vivent une phase de

stabilisation physique et psychique dans une exploita-

tion familiale. Ces familles soignent aussi des personnes

âgées et s’occupent de malades atteints de démence.

La parfaite qualité du travail accompli (et sûrement

aussi son prix raisonnable) conduit actuellement à une

forte demande de familles partenaires.5 Pour les familles

agricoles, les prestations sociales représentent en même

temps un défi de taille, car cette tâche exige beaucoup

d’engagement, de compétence sociale et d’aptitude

d’encadrement. Pour que cette lourde tâche ne soit pas

trop astreignante, il importe que le réseau fournisse

25000

20000

15000

10000

5000

0

2003

Commerce, transformation, vente directe (sans vinification), pensionnaires

Agrotourisme (vacances, nuits sur la paille, restauration, école d’équitation)

Prestations de soins et de conseils

Ecole à la ferme

2004 2005 2006

Pres

tati

ons

brut

es (C

HF)

Figure 1 | Prestations brutes sous quatre formes de diversification structurelle : médiane des exploitations ayant fourni des prestations de 2003 à 2006.

4 On peut en déduire que d’autres exploitations familiales pourront être trouvées.5 Résultats de divers entretiens avec des délégués /es de réseaux.

Source des données : Dépouillement centralisé des données comptables, Station de recherche Reckenholz-Tänikon ART; n = de 2663 à 3270, échantillon non pondéré, calcul personnel.

70

60

50

40

30

20

10

0ZH BE

Diversification structurelle

Diversification agricole

LU UR SZ OW NW GL ZG FR SO BL SH AR AI SG GR AG TG TI VD VS NE GE JU

Part

s (%

)

Figure 2 | Répartition de la diversification selon le canton.

Diversification structurelle : vente directe : 22,9 %, transformation des produits de la ferme: 17 %, agrotourisme: 6,8 %, artisanat : 2,9 %, transformation du bois : 2,8 %, autres : 4,9 %; diversification agricole : travaux contractuels : 18,7 %, énergie : 3,5 %, aquaculture : 0,2 %. Source de données : relevé complémentaire au recensement des entreprises agricoles, 2005; n = 9849, échantillon non pondéré, propre évaluation.

Page 7: numéro 1 janvier 2010

Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture | Société

7Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 4–9, 2010

l’appui d’une personne spécialisée. Le projet de recher-

che d’Art examine quelles sont les difficultés, les oppor-

tunités et le potentiel liés à l’offre de prestations socia-

les pour les exploitations agricoles familiales.

Une histoire à succès: les «Zorgboeren» aux Pays-Bas

A côté de la Suisse, il existe de nombreux pays européens

où le Care Farming est très répandu: par exemple en Bel-

gique, aux Pays-Bas et en Norvège. Dans ces pays, les

centres de soutien promeuvent systématiquement le

Green Care. Nous citerons ici un exemple des Pays-Bas,

car c’est celui qui est le mieux documenté dans la littéra-

ture.

Le Care Farming est l’histoire d’une réussite aux Pays-

Bas. Un Centre national de soutien y a été fondé, il y a

dix ans déjà.6 Ce centre a accompli un travail considéra-

ble en matière d’appui et de relations publiques, notam-

ment au début. Il a en outre conseillé les familles intéres-

sées. La garantie de la qualité est actuellement au cœur

de ses activités. Au fil du temps, de nombreux réseaux

locaux ont été créés dans diverses régions où ils ont re-

pris une importante part des activités. Il ressort d’une

comparaison des diverses prestations para-agricoles en

Hollande que l’agriculture y est extrêmement efficace

dans le cadre de telles stratégies de diversification; elle

affiche en effet non seulement les taux de croissance les

plus élevés, mais elle est aussi en tête des revenus moy-

ens par exploitation (Hassink et al. 2007). Divers fac teurs

ont contribué à ce développement. Aux Pays-Bas, l’aide

sociale est conçue de façon à permettre aux gens souff-

rant de maladies chroniques et de handicaps d’obtenir

les prestations de l’assurance sous forme d’un budget

personnel et «d’acheter» eux-mêmes les prestations qui

s’y rapportent. Diverses études ainsi que les estimations

d’une banque engagée en faveur de Green Care parlent

d’un potentiel considérable pour le Green Care néerlan-

dais.

Plateformes européennes novatrices

pour le Green Care

Diverses racines historiques et particularités propres aux

pays marquent l’évolution des prestations sociales dans

les pays et les régions d’Europe. Afin de répandre cette

forme d’innovation en Europe, la «Community of Prac-

tice (CoP) Farming for Health» crée actuellement une

plateforme ouverte à des échanges d’expérience à

l’échelle européenne ainsi qu’à des lobbies et à Green

Care. Créée en 2004, la CoP réunit des chercheurs, des

praticiens et des personnes représentant divers intérêts.

Différentes formes de thérapie sont aussi largement re-

présentées dans la CoP. Des rencontres régulières favo-

risent le dialogue et la formation de réseaux. La CoP a

Les diverses prestations sociales varient largement en

fonction de l’offre et du groupe-cible. La prise en charge

de personnes handicapées est une activité assez fré-

quente en Suisse. Ici, la plupart de ces prestations sont

fournies en collaboration avec un réseau; elles

concernent aussi l’encadrement de personnes handica-

pées. Ainsi, par exemple, le réseau «Agriculture et Han-

dicap» (A & H) recherche pour ses clients une famille par-

tenaire répondant au mieux aux conditions requises. Des

journées de visite et des semaines de stage sont organi-

sées pour que les parties apprennent à se connaître mu-

tuellement. Ce premier stade est suivi d’une période

d’essai. La personne prise en charge vit alors à la ferme

24 heures sur 24, sept jours sur sept. Un contrat est géné-

ralement signé pour une durée déterminée. Par la suite,

A & H soutient les exploitations familiales par diverses

prestations et s’assure que les mesures nécessaires

soient prises en cas d’urgence. En outre, tous les 15 jours,

A & H organise un week-end pour sa clientèle dans un

centre régional. Ces personnes ont alors l’occasion d’en-

tretenir des rapports conviviaux et d’échanger leurs ex-

périences. Une sortie ou autre activité est généralement

organisée (par exemple, la visite d’un lieu en commun).

Ce week-end offre à la famille d’accueil la possibilité de

passer du temps sans son hôte. Un / e assistant / e du ré-

seau visite régulièrement la famille et la personne prise

en charge. A cette occasion, ils s’entretiennent des objec-

tifs fixés lors de la dernière visite, ils dressent le

bilan de ce qui a été atteint et définissent les objectifs

pour la période suivante.

Encadré 2 | Un exemple: personnes handicapées prises en charge par une exploitation familiale

6 www.landbouwzorg.nl

Page 8: numéro 1 janvier 2010

pour but de scruter et promouvoir le Green Care dans

divers pays (Hassink et van Dijk (éd.) 2006; Dessein (éd.)

2008). La CoP a mis en œuvre les deux activités suivantes:

– le «Social Farming SoFar»,7 un projet réalisé dans le 6e

programme-cadre de recherche européenne. Ses

grands objectifs étaient de favoriser les conditions

nécessaires à l’agriculture sociale et d’améliorer les

échanges entre la recherche et la pratique (voir

http://sofar.unipi.it). Ce projet est aujourd’hui achevé

(Di Iacovo et O’Conner (éd.) 2009);

– la CoP a aussi engagé la «Cost Action 866 Green Care

in Agriculture» dans le contexte de l’appel d’offres

du 7e programme-cadre de recherche européenne.

Dans cette action, trois groupes de travail s’occupent

des thèmes suivants:

• le recensement des effets de Green Care

(évidences empiriques)

• l’évaluation économique de ces prestations

• l’élaboration de politiques de promotion

de Green Care.

L’action COST866 a notamment pour mission de créer

des coopérations de recherche et des projets de recher-

che européens (Gallis (éd.) 2007).

C o n c l u s i o n s

• En Suisse, les prestations sociales occupent une place

plus importante que ce que laisse croire le niveau plu-

tôt faible de popularité qu’elles suscitent. Environ un

pour cent des exploitations agricoles du pays fournit

des prestations sociales. Bien qu’assez peu répandues –

par rapport à d’autres activités para-agricoles –, les

prestations sociales permettent aux familles d’exercer

une activité accessoire intéressante.

• Les différences régionales dans l’apport de presta-

tions sociales révèlent l’historique des évolutions et

des particularités locales. Mais elles montrent aussi

les potentiels existants. Pour pouvoir exploiter ces

potentiels, le principal critère à remplir résiderait

dans la qualité des prestations fournies. Car il en va

non seulement du bien-être de la clientèle, mais aussi

de celui des familles en charge. Les réseaux déjà exis-

tants sont un instrument très approprié à cet effet.

Toutefois, les exploitations familiales doivent être

soutenues, aussi bien dans leurs prises de décision

que dans le choix des réseaux avec lesquelles elles

coopèrent.

• Le Green Care est pris très au sérieux en tant qu’objet

de recherche, mais aussi comme objet de politique

étatique. Dans certains pays, il existe une politique

intersectorielle pour gérer le Green Care.

• En dehors des pays où les prestations sociales sont

déjà bien établies (Belgique, Angleterre, Finlande,

Pays-Bas, Norvège), un élan se constate dans

quelques pays (formation de réseaux, mise en œuvre

de projets de recherche, travaux des lobbies et

autres; c’est le cas en Allemagne, Irlande, Italie, Au-

triche et Ecosse).

• Ces évolutions, ainsi que les premiers résultats de la

recherche d’ART, permettent de conclure que le

poten tiel offert par le Green Care est considérable en

Suisse aussi. Il existe ici des exploitations familiales en

mesure de fournir ces prestations et une demande en

la matière importante. L’encouragement à fournir

des prestations sociales, tout comme le soutien qui

les accompagne, méritent d’être mieux connus et de

disposer de solides bases. ART veut contribuer à l’éla-

boration de ces bases à l’aide du projet sur les presta-

tions sociales. n

8 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 4–9, 2010

Société | Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture

7 Le titre complet est le suivant : «Social Services in Multifunctional Farms SoFar». Dans le 6e programme-cadre de recherche européenne, SoFar a été considéré comme une part de la priorité de recherche 8.1.B.1.1 – «Modernisation and Sustainability of Agriculture and Forestry, including their multifunctional role in order to ensure the sustainable development and promotion of rural areas». Le projet a démarré en 2006.

Page 9: numéro 1 janvier 2010

Care Farming: prestations sociales dans l’agriculture | Société

9Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 4–9, 2010

Bibliographieb Braastad B., 2006. COST ACTION 866 Green Care in Agriculture –

Draft Memorandum of Understanding. COST Office, Brussels.b Dessein J. (Ed.), 2008. Farming for Health. Proceedings of the

Community of Practice Farming for Health, November 2007, Ghent, Belgium. Erasmus-Euroset, Merelbeke (BE).

b Di Iacovo F. & O Conner D. (Eds.), 2009. Supporting policies for Social Farming in Europe – Progressing Multifunctionality in Responsive Rural Areas. Edited by ARSIA Ed. 37 LCD, Firenze.

b Gallis C. T. (Ed.), 2007. Green Care in Agriculture: Health effects, Economics and Policies. Proceedings of the 1st European COST Action 866 conference. Herausgegeben von COST Ed. University Studio Press, Thessaloniki.

b Hassink J. & van Dijk M. (Eds.), 2006. Farming for Health: Green Care Farming across Europe and the United States of America. Wageningen University and Research Center Ed. 13 Frontis, Wageningen.

b Hassink J., Zwartbol C., Agricola H. J., Elings M. & Thissen J. T. N. M., 2007. Current status and potential of care farms in the Netherlands. NJAS Wageningen Journal of Life Sciences 55 (1), 21 – 36.

b Schmid B., 2001. Wer ist in der Schweiz freiwillig tätig? Ergebnisse des Moduls 2000 «Unbezahlte Arbeit». Office fédéral de la statistique OFS, Neuchâtel.

Care farming: prestazioni sociali

nell’agricoltura

In Svizzera l’un per cento circa delle

aziende agricole a gestione familiare

fornisce prestazioni sociali. La Svizzera

risulta essere tra i paesi europei

precursori nel «care farming». Tra

questi servizi sociali rientrano, ad

esempio; la possibilità per i disabili di

vivere e lavorare, assistiti, all’interno

di una fattoria, l’affidamento a fami-

glie contadine di bambini con difficoltà

sociali alle spalle e la cura di anziani

presso aziende agricole a conduzione

familiare. In diversi paesi europei que-

ste attività sono inco raggiate e soste-

nute in modo mirato e diversi progetti

di ricerca sono dedicati a questo tema.

Le forme, i gruppi target e il tipo di

prestazioni sono particolarmente

variati. Anche in Svizzera le prestazioni

sociali offrono alle aziende a gestione

familiare un note vole potenziale in

termini di diversificazione. La varietà

dell’offerta e della domanda, come

pure le diverse forme di sostegno alle

aziende a gestione familiare che forni-

scono simili servizi, pone numerosi

interrogativi ai quali il progetto

di ricerca di Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART cerca di rispondere.

Care Farming: Social Services

in Agriculture

Around one per cent of Swiss family

farms provide social services, making

Switzerland one of the leading

countries in Europe for care farming.

Among the services offered, for

example, are assisted living and super-

vised work on a farm for people with

disabilities, the placement of children

from difficult social backgrounds in

farming foster families, and the care

of the elderly on family farms. These

activities are deliberately promoted

and supported in various European

countries, and different research plans

deal with this subject. The forms,

target groups and type of services

provided are exceptionally varied. In

Switzerland as in other places, social

services offer family farms a possible

diversification strategy with great

potential. The diversity of supply and

demand as well as the different man-

ners in which family farms are sup-

ported in providing their services

prompt a whole range of questions

which are currently being examined

in an Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART research project.

Key words: care farming, green care,

farming for health, social farming,

farm-household, pluriactivity, agricul-

tural and structural diversification.

Sum

mar

y

Ria

ssu

nto

Page 10: numéro 1 janvier 2010

I n t r o d u c t i o n

Le rapport du Conseil fédéral sur le développement du

système des paiements directs (2009) a eu pour origine

la motion du 10 novembre 2006 de la Commission de

l’économie et des redevances du Conseil des Etats. Celle-

ci demandait au Conseil fédéral de présenter au plus

tard en 2009 un rapport qui permette de juger si le

système des paiements directs doit être adapté dans le

cadre de la prochaine étape de la réforme agricole.

Réduction et découplage du soutien agricole

La réforme de la politique agricole entamée au début

des années nonante (fig. 1) a permis, progressivement,

de réduire le soutien agricole et de le découpler de la

production.

Le soutien total a baissé, passant plus de 8 milliards

de francs au début de la réforme à environ 6 milliards

aujourd’hui. Si la part du soutien liée aux produits (pro-

tection douanière et soutien du marché, subventions à

l’expor tation comprises) représentait encore plus de

80 % du soutien total durant les années 1990 / 92, elle est

tombée à quelque 50 % en 2009. En faisant abstraction

de la protection douanière pour ne considérer que le

soutien financé par les fonds fédéraux, le découplage

est même plus marqué. Au début des années nonante,

60 % du budget de l’agriculture et de l’alimentation

étaient affectés au soutien du marché; aujourd’hui, cet-

Développement du système des paiements directsSimon Lanz, Lukas Barth, Christian Hofer et Samuel Vogel, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne

Renseignements : Simon Lanz, e-mail : [email protected], tél. +41 31 322 26 02

E c o n o m i e a g r i c o l e

Le développement du système des paiements directs a pour objectif de mieux concilier les interêts de la production et ceux de l’écologie. (Photo : Julien Berberat, Fondation Rurale Interjurassienne)

10 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

Page 11: numéro 1 janvier 2010

Les paiements directs doivent à l’avenir

être nettement orientés sur les presta tions

d’intérêt public fournies par l’agriculture,

souhaitées par la population. Dans un

rapport adopté le 6 mai 2009, le Conseil

fédéral propose un développement du

système actuel des paiements directs.

Les mesures non liées à un objectif spéci-

fique doivent être remplacées par des instru-

ments ciblés sur les objectifs. L’efficacité

et l’efficience du système des paiements

directs s’en trouveront améliorées.

Développement du système des paiements directs | Economie agricole

te part ne s’élève plus qu’à 15 %. En même temps, le

pourcentage des paiements directs non liés aux produits

dans les dépenses fédérales est passé d’environ 25 à plus

de 70 %.

Une réforme actuelle porteuse d’améliorations

La stratégie cohérente de diminution du soutien interne

des marchés et de réallocation des fonds aux paiements

directs a entraîné de nettes améliorations (cf. fig. 2) :

• la part des surfaces exploitées dans le respect de la

nature (compensation écologique, agriculture

biologique) a fortement augmenté et le recul des

oiseaux nicheurs a pu être enrayé;

• les répercussions négatives de la production

agricole sur l’environnement ont été réduites

(p. ex. pertes d’azote: – 15 %);

• en même temps, la production des calories a aug-

menté (+ 5 %), c’est-à-dire que l’efficacité de

l’utilisation des ressources a nettement progressé;

• l’élevage respectueux des animaux de rente

s’est développé;

• l’agriculture continue de contribuer substantielle-

ment à l’occupation décentralisée du territoire, en

particulier dans les régions rurales périphériques;

• les exploitations agricoles ont pu effectuer les inves-

tissements nécessaires. Le taux de renouvellement du

capital s’est même amélioré.

Le découplage ne suffit pas

L’expérience montre que le découplage du soutien de la

production a conduit à des améliorations notables

(OFAG 2009). Toutefois, il ne suffit pas à garantir seul

que les prestations d’intérêt public soient effectivement

fournies de manière efficiente et dans la mesure atten-

due par la société. Sans un rapport clairement défini

avec des prestations, les paiements directs ne per-

mettent pas d’atteindre les objectifs de la politique agri-

cole s’ils n’ont qu’un caractère compensatoire. L’OCDE

( 2 0 0 8 )

affirme que le découplage ne signifie pas la fin de la ré-

forme de la politique agricole, car il existe encore un

potentiel d’optimisation sur le plan de l’efficacité et de

l’efficience grâce à une meilleure orientation en fonc-

tion des objectifs («targeting») et à un réglage minu-

tieux des instruments («tailoring»; cf. encadré 2).

Afin de parvenir à maximiser dans toute la mesure du

possible l’efficacité et l’efficience de la politique agri-

cole et des paiements directs, il faut absolument définir

des objectifs concrets et vérifiables et établir un rapport

clair entre les objectifs et les instruments utilisés.

Figure 1 | Evolution du soutien à l’agriculture selon l’OCDE (PSE) de 1990 à 2008.

11Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

10 000

9000

8000

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

Aide liée aux produits (protectiondouanière et soutien du marché)

Autres aides (avant tout, paiements directs)

Rés

um

é

Source: ocDe

Page 12: numéro 1 janvier 2010

rables la culture des champs, qui revêt une importance

cruciale pour la sécurité de l’approvisionnement. Tertio,

tous les paiements directs sont aujourd’hui liés aux pres-

tations fournies par rapport aux critères surface exploi-

tée et nombre d’animaux, alors qu’une partie des ces

paiements directs ne vise pas à rétribuer la fourniture de

prestations, mais à assurer une évolution supportable au

plan social. Cela conduit à la constitution de rentes et

freine l’évolution structurelle (cf. encadré 5). En outre,

les contributions liées aux animaux, notamment, devrai-

ent évaluées de façon critique quant à leur compatibilité

avec la Boîte verte de l’OMC.

M é t h o d e s

Proposition du Conseil fédéral

Compte tenu de cette analyse, le Conseil fédéral estime

qu’il faut poursuivre le développement du système des

paiements directs. Dans son rapport, il définit des objec-

tifs concrets et vérifiables pour toutes les prestations

d’intérêt public selon l’art. 104 de la Constitution fédé-

rale (sécurité d’approvisionnement, préservation des

ressources naturelles, paysage rural, occupation décen-

tralisée du territoire et bien-être des animaux) et pro-

pose un concept d’un système de paiements directs axé

Economie agricole | Développement du système des paiements directs

Faiblesses du système actuel

Le système actuel des paiements directs ne satisfait que

partiellement à ces exigences. D’une part, les objectifs

ne sont pas toujours clairement définis pour différentes

prestations d’intérêt public et, d’autre part, le rapport

entre les mesures et les objectifs est parfois incertain.

Alors que les paiements directs écologiques ont un rap-

port clair avec les objectifs dans les domaines de la pré-

servation des ressources naturelles et du bien-être des

animaux, les mesures visant à promouvoir la sécurité

d’approvisionnement et l’entretien du paysage rural ou

à assurer le revenu dans le cadre des paiements directs

généraux sont très peu spécifiques.

Le ciblage insuffisant des mesures sur les objectifs

entraîne des fausses incitations indésirables: Primo, les

contributions pour la garde d’animaux consommant des

fourrages grossiers (contributions UGBFG) et les contri-

butions pour la garde d’animaux dans des conditions dif-

ficiles (contributions GACD) incitent à accroître les effec-

tifs de bétail. Il s’ensuit une intensification de l’élevage,

avec des répercussions négatives sur la préservation des

ressources naturelles. Le cheptel bovin augmente ainsi

de nouveau depuis 2003 (+ 4 %). Secundo, les contribu-

tions UGBFG concurrencent dans des proportions indési-

Dans le débat politique, on affirme souvent que les

paiements directs doivent rémunérer les prestations

fournies par l’agriculture dans l’intérêt public, soit les

prestations non marchandes. La rétribution des agricul-

teurs est le produit des ventes des biens privés tels que

le lait ou les céréales, tandis que les paiements

directs rétribuent les biens publics tels que le paysage

ou la biodiversité. Toutefois, cette séparation nette

entre les marchés des biens privés et des biens publics

n’existe pas dans la réalité. La multifonctionnalité de

l’agriculture se caractérise précisément par un couplage

étroit entre ces deux types de biens. La production de

biens agricoles (privés) est à l’origine des externalités

positives considérées comme des biens publics (presta-

tions d’intérêt public). Aux conditions du marché, l’offre

de prestations d’intérêt public serait inférieure à la

demande sociétale. La production indigène serait nette-

ment plus basse et concentrée dans des régions pro-

pices (Hättenschwiler et Flury 2007), avec des répercus-

sions négatives sur le paysage, la biodiversité et l’occu-

Encadré 1 | Quelle est la fonction des paiements directs?

12 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

pation décentralisée du territoire. Les instruments de

politique agricole en général et les paiements directs en

particulier ont pour objectif de corriger cette défaillance

du marché. Si les prestations d’intérêt public

étaient fournies sans l’intervention de l’Etat, elles au-

raient certes une valeur pour la société, mais personne

ne paierait pour leur utilisation. Cette différence entre

l’offre privée et la demande sociétale rend nécessaire

l’intervention de l’Etat. Ainsi, les paiements directs ne

sont pas des indemnités, mais des incitations (aides)

financières pour la fourniture des prestations d’intérêt

public (Huber 2003). Cela signifie aussi que le niveau des

paiements directs n’est pas indépendant du prix des

produits agricoles. Si les prix sont élevés, le marché

contribue par exemple plus au maintien d’un paysage

rural ouvert que s’ils sont bas. Selon la situation

des prix, les paiements directs doivent être plus ou

moins élevés pour que les prestations d’intérêt

public soient fournies.

Page 13: numéro 1 janvier 2010

tion (capital, savoir-faire) est réalisé si les ressources na-

turelles sont utilisées de manière optimale et si le niveau

de production de calories reste le même. Cet objectif ne

pourrait pas être atteint par le seul effet des contribu-

tions au paysage cultivé. Les contributions encouragent

une production agricole qui va au-delà de la pure ex-

ploitation extensive. Il faut pour cela que des exigences

minimales soient fixées aussi bien pour la culture des

champs que pour les surfaces herbagères (p. ex. charge

minimale en bétail). En outre, les contributions à la sécu-

rité de l’approvisionnement compensent les difficultés

et les désavantages comparatifs des coûts liés aux gran-

des cultures et contribuent au maintien des cultures stra-

tégiquement importantes;

les contributions à la biodiversité contribuent à pré-

server et à promouvoir la biodiversité. L’incitation à ex-

ploiter des surfaces de qualité comme surfaces de pro-

motion de la biodiversité (appelées aujourd’hui surfaces

de compensation écologique) doit être renforcée, afin

que les objectifs concernés puissent être atteints par ces

contributions volontaires. L’exigence selon laquelle une

part minimale par exploitation doit être affectée aux

surfaces de compensation écologique, prévue dans le

cadre des prestations écologiques requises (PER), peut

ainsi être progressivement supprimée. Seront en outre

Développement du système des paiements directs | Economie agricole

d’une manière conséquente sur ces objectifs. L’idée maî-

tresse de ce système consiste à définir une mesure spéci-

fique pour chaque objectif. Le tableau 1 donne un aper-

çu des objectifs et des instruments correspondants ainsi

que les indicateurs permettant de vérifier la réalisation

des objectifs.

D i s c u s s i o n

Prestations d’intérêt public

Cinq instruments de paiements directs doivent per-

mettre de promouvoir et d’assurer à long terme les

prestations d’intérêt public de l’agriculture:

les contributions au paysage cultivé visent à mainte-

nir un paysage rural ouvert, grâce à l’exploitation de

l’ensemble des surfaces agricoles (y compris les régions

d’estivage). Cette condition est essentielle à la fourni-

ture des autres prestations d’intérêt public. Le montant

des contributions doit être calculé de façon à ce qu’une

exploitation extensive soit possible. Les contributions

sont différenciées en fonction des conditions naturelles

difficiles et selon la zone et la déclivité du terrain;

les contributions à la sécurité de l’approvisionne-

ment visent à maintenir la capacité de production dans

le cas d’impasses. Le maintien de la capacité de produc-

13Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

Efficacité: une mesure est qualifiée

d’efficace lorsqu’elle permet d’atteindre

les objectifs définis.

Efficience: une mesure est considérée comme

efficiente lorsqu’elle permet de ré duire au

mieux le coût de la réalisation des objectifs.

Targeting (ciblage sur les objectifs):

un paiement est donc considéré comme

ciblé lorsque les valeurs spécifiques à un

objectif défini sont poursuivies et que les

transferts non intentionnels et les consé-

quences négatives sur des tiers (ce qu’on

appelle des retombées économiques) sont

réduits (OCDE 2007).

Tailoring (conception sur mesure): le montant et

la durée d’un paiement doivent être cal culés

avec précision afin que l’objectif défini soit

atteint. Les incitations qui dépassent le niveau

nécessaire à la réalisation de l’objectif sont

superflues (OCDE 2003).

110

105

100

95

90

85

80

75

70

Indi

ce (1

990

/92

= 1

00)

1990/92 1995/97 2000/02 2005/07

Production de denrées alimentaires

Oiseaux nicheurs des terres cultivées

Pertes de N

Figure 2 | Evolution de la production alimentaire et des atteintes à l’environnement.

Encadré 2 | Définitions

Sources: uSP, ART, Station omithologique

Page 14: numéro 1 janvier 2010

Economie agricole | Développement du système des paiements directs

14 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

Tableau 1 | Prestations, objectifs, mesures et indicateurs

Prestations et objectifs Mesures Indicateurs

Approvisionnement sûr de la population

Maintenir la capacité de production à son niveau actuel grâce à une production de calories dans le pays

Contributions à la sécurité de l’approvisionnement: • Contributiondebase:montantunique,quellequesoitlazone,parhadesurface

agricole utile (SAU).• Composanteexploitationenconditionsdifficiles :contributiondifférenciée

selon la zone par ha SAU.• Composantegrandescultures:montantunique,parhadeterresouvertes.

Térajoules (TJ) produits en Suisse comme critère de disponibilité de l’infrastructure et du savoir-faire.

Mainteniruntauxminimaldeculturesd’importance stratégique

• Composantecultureparticulière:montantunique,quellequesoitlazone,parhaSAU de culture particulière.

Cultures d’importance stratégique (p.ex.oléagineux,betteravessucrières,semences) en ha.

Préserver des sols fertiles et cultivables en quantité suffisante

Protection quantitative du sol: • Exclusiondespaiementsdirects(PD)pourlessurfacessituéesenzoneàbâtir.• ObligationdescantonsoudescommunesàparticiperaufinancementdesPDencasde

forte consommation de terres agricoles.• Intégrationdelaprotectionquantitativedusoldansleconceptdesprojetssurlaqualité

du paysage.

Sol arable en ha.

Conservation des ressources vitales naturelles

L’agriculture apporte une contribution essentielle à la préserva tion et à la promotion de la bio diversité. Objectif partiel 1: diversité des espèces et diversité des habitats. Objectif partiel 2: diversité génétique au sein des espèces. Objectif partiel 3: biodiversité fonctionnelle.

Contributions à la biodiversité: • Versementspermanentspourlessurfacesfavorablesàunebiodiversité

de qualité, par ha SAU et dans la région d’estivage.• Versementuniquepourdesmesuresdevalorisationdéfinies.• Versementsuniquesetpermanentspourdesmesuresdeprotectiondéfiniesdesespèces.• Versementspermanentspourlabiodiversitéfonctionnellesurlessurfaces

de production (y compris pour les approches globales telles que l’agriculture biologique ou la production intégrée).

Surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) de qualité en ha.

Inventaire et sauvegarde des anciens types de culture et espèces.

Fertilitédusol(p.ex.teneurenhumus, organismes vivant dans le sol) sur les surfaces de production.

Utilisation durable des ressources naturelles (sol, air, eau).

• MaintiendesprestationsécologiquesrequisesPERetdesautresdispositionslégales.• Poursuitedelapromotiondeprojetsenvironnementauxfacultatifs

(régionauxousectoriels).• Contributionstemporairesàl’efficiencedesressources(auniveaunational).• RéductiondeseffetssecondairesdesinstrumentsPDpermanents.

Sol : substances polluantes, érosion et tassement.

Eau: nitrates, phosphore, produits phytosanitaires et médicaments.

Climat et air : gaz à effet de serre, sub-stances polluantes azotées et suie diesel.

Entretien du paysage rural

Maintenir un paysage rural ouvert grâce àl’exploitationdetoutelasurfaceagri-cole (aspect quantitatif).

Contributions au paysage cultivé: • Contributiondebase:montantunique,quellequesoitlazone,parhaSAU.• Composanteexploitationenconditionsdifficiles :contributionselonlazone

et la pente du terrain par ha SAU.• Composanteestivage:contributionparpâturagenormalestivé.

Surfaces agricoles (ha).

Préserver et promouvoir la variété des paysagesruraux(aspectqualitatif). Les cantons ou d’autres organismes régionauxpeuventfixerdesobjectifsqualitatifs correspondants selon les prescriptions de la Confédération.

Contributions à la qualité du paysage: • VersementsenfonctiondesprestationsparhadesurfacecontractuellesurlaSAU

et dans la région d’estivage.

Paysagesrurauxdiversifiésmarquésparl’exploitationagricole.

Définition concrète des objectifs et indicateurs sur le plan régional par les responsables de projet.

Occupation décentralisée du territoire

Au titre de la subsidiarité, les cantons possédant des régions qui se dépeuplent doivent définir leurs propres objectifs en matière d’occupation décentralisée.

• Base:promotionpassantpard’autresinstrumentsPD.• Encouragementspécifiqueparlebiaisdesaidesàl’investissement.

Définition concrète d’objectifs et d’indicateurs sur le plan régional par les cantons.

Bien-être animal

Participation aussi importante que pos si-ble pour les systèmes de stabulation par-ticulièrementrespectueuxdesanimaux (valeur indicative: 80 %).

Contributions au bien-être animal:• SST:paiementspermanentsparUGB.• SRPA:paiementspermanentsparUGB.Aides à l’investissement plus élevées pour les SST.

Tauxdeparticipationauxprogrammes:

– Systèmes de stabulation particulièrement respectueuxdesanimaux(SST).

– Sorties régulières en plein air (SRPA).

Garantie du revenu

Assurer à long terme la fourni ture des prestations d’intérêt public.

PilotageparlebiaisdumontantdesPDliésauxprestations. Tauxdurenouvellementducapital.

Stabilité financière.

Prévention des situations de détresse socialeduesauxchangementsdes conditions-cadre de la politique agricole.

Contributions à l’adaptation: • PaiementstemporairesliésàlapersonneàhauteurdeladifférencedesPDperçusavant

et après la réforme.

Changement de structures (modification dunombred’exploitationsetdelamain-d’œuvre).

Nombre de ménages d’agriculteurs en dessous du minimum vital.

Page 15: numéro 1 janvier 2010

encouragés des mesures de revalorisation et des pro-

grammes de promotion des espèces axés sur les espèces-

cibles. Les contributions à la biodiversité seront versées

pour l’ensemble de la surface agricole utile et, fait nou-

veau, pour la zone d’estivage. L’application à ces surfaces

des dispositions figurant dans les inventaires nationaux

sera dorénavant mise en œuvre au travers des contribu-

tions à la biodiversité. En outre, les exploitants doivent

être encouragés à renoncer à certains produits phyto-

sanitaires et engrais minéraux, pour maintenir la biodi-

versité fonctionnelle (fertilité du sol, régulation natur-

elle des organismes nuisibles) sur la surface de produc-

tion. Il est ainsi possible de promouvoir comme jusqu’à

présent des approches conformes au principe de la glo-

balité, qui impliquent l’abandon de certains moyens de

production à long terme (comme dans l’agriculture bio-

logique ou en production intégrée, par exemple).

Les contributions à la qualité du paysage sont desti-

nées à la préservation, à la promotion et au développe-

ment de la diversité des paysages cultivés, avec leurs ca-

ractéristiques régionales spécifiques (p. ex. les pâturages

boisés). Les objectifs liés au paysage sont fixés à l’échelon

régional par les promoteurs dans le cadre d’un processus

participatif et suprasectoriel. Les exploitants agricoles

concluent des conventions avec les promoteurs sur le

mode d’exploitation des surfaces; ces conventions sont

examinées par la Confédération et, le cas échéant,

ap prouvées. La Confédération verse une contribution

unitaire au promoteur, qui effectue lui-même la

redistribu tion au sein du projet selon fonction des presta-

tions fournies;

les contributions au bien-être des animaux visent à

obtenir une participation la plus importante possible

aux programmes de promotion des systèmes de garde

particulièrement respectueux des animaux. Le program-

me de stabulation particulièrement respectueux des

animaux (SST) et celui des sorties régulières en plein air

(SRPA), qui tous deux ont fait leurs preuves, doivent être

poursuivis. Le montant des contributions est fixé en

fonc tion du coût unique et des frais permanents engen-

drés par les stabulations particulièrement respectueuses

des animaux, en tenant compte des recettes supplémen-

taires pouvant être réalisées sur le marché grâce à ce

type d’élevage;

l’occupation décentralisée du territoire sera encou-

ragée indirectement par le biais des autres paiements

directs. Les contributions au paysage cultivé et les con-

tributions à la sécurité de l’approvisionnement sont, à

cet égard, particulièrement importantes vu qu’elles

comprennent chacune une composante destinée à com-

penser les conditions naturelles difficiles. Il est prévu

que le soutien spécifique, le cas échéant, ne passe pas

par les paiements directs, mais par les mesures d’amé-

liorations structurelles, celles-ci étant mieux adaptées

pour encourager les initiatives locales d’augmentation

de la valeur ajoutée.

Utilisation durable des ressources

Pour que les ressources naturelles soient utilisées de

manière durable, la fourniture des PER restera la condi-

tion d’octroi des paiements directs. En outre, il est prévu

de poursuivre les projets régionaux facultatifs visant à

prévenir les externalités négatives et à augmenter l’ef-

ficience de l’utilisation des ressources, selon l’art. 62a de

la loi sur la protection des eaux et les art. 77a et 77b de

la loi sur l’agriculture. Un nouvel instrument clé est in-

troduit: les contributions temporaires à l’efficience des

ressources, destinées à réduire, voire à combler, les la-

cunes concernant la réalisation des objectifs dans le do-

maine de l’environnement. Cet instrument vise à pro-

mouvoir l’introduction à large échelle de nouvelles tech-

niques préservant les ressources. L’impact sur l’en-

vironnement doit durer au-delà du versement des

contributions. Une possibilité permettant d’y parvenir

consiste à ajouter, au terme de la période d’en-

couragement, l’utilisation de la technique concernée

En dehors des paiements directs octroyés

aux exploitations biologiques à travers diffé-

rents instruments particuliers, il est prévu

de continuer à soutenir l’approche globale de

l’agriculture biologique. L’utilité supplémen-

taire essentielle du principe de la globalité

bio concerne la biodiversité fonctionnelle.

La renonciation aux produits phytosanitaires

chimiques de synthèse et aux engrais miné-

raux est favorable à la fertilité du sol sur

les surfaces de production. Il en va de même

pour d’autres systèmes de production où l’on

renonce à long terme à l’utilisation de ces

moyens de production, tels que la production

intégrée. La Confédération doit donc conti-

nuer à promouvoir des formes de production

particulièrement en accord avec la nature et

respectueuses de l’environnement et des

animaux par des incitations présentant

un intérêt économique. Les contributions

bio sont entièrement intégrées dans le nou-

veau concept.

Développement du système des paiements directs | Economie agricole

15Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

Encadré 3 | Le bio est-il pris en considération?

Page 16: numéro 1 janvier 2010

aux PER en tant que bonne pratique agricole.

Le maintien de terres cultivables fertiles dans une op-

tique qualitative et quantitative revêtira une importance

capitale à l’avenir. Les paiements directs et les instru-

ments de l’aménagement du territoire pourraient donc

être combinés afin de réduire l’incitation au bétonnage

des surfaces agricoles (p. ex. par l’exclusion des surfaces

se trouvant dans la zone à bâtir des paiements directs).

Développement socialement acceptable

Les contributions à l’adaptation visent à garantir une

évolution socialement supportable de l’agriculture. Les

contributions sont calculées sur la base de la différence

entre les paiements directs octroyés avant et après la

réforme de l’agriculture; elles sont complètement

décou plées de la production et liées à la personne. Limi-

tées dans le temps, elles seront progressivement ré-

duites, à un rythme socialement supportable. La nette

sépara tion entre les instruments destinés à promouvoir

les prestations et ceux visant à garantir une évolution

socialement supportable permettra de réduire forte-

ment les fausses incitations engendrées par le système

actuel des paiements directs et freinant l’évolution

structurelle.

C o n c l u s i o n s

Par rapport au système actuel des paiements directs,

le régime proposé offre les avantages suivants:

• un ciblage clair sur les objectifs permet d’augmenter

l’efficacité des paiements directs;

• l’amélioration de l’efficience permet de mieux

atteindre les objectifs définis ;

• l’attribution rigoureuse des prestations, objectifs,

mesures et indicateurs augmente la transparence et,

donc, le pilotage politique;

• la communicabilité des paiements directs augmente.

Les contribuables comme les paysans comprennent

mieux pourquoi les paiements directs sont versés;

• la claire distinction entre les instruments axés sur

les prestations et axés sur le transfert financier

(contributions à l’adaptation) permet d’éliminer les

fausses incitations structurelles du système actuel,

ce qui augmente la mobilité des surfaces et améliore

la compétitivité;

• la compatibilité du système des paiements directs

avec la Boîte verte de l’OMC s’améliore. En outre,

la proposition va dans la même direction que le déve-

loppement de la politique agricole au sein de l’UE.

Un meilleur ciblage sur les objectifs comporte toute-

fois le risque d’une augmentation des tâches d’exécution.

Il convient donc d’accorder à l’exé cution une attention

particulière lors de la mise en œuvre du concept.

Dans un prochain avenir

Le rapport et le concept proposé sont actuellement dis-

cutés au sein des commissions parlementaires com-

pétentes. Le 16 octobre 2009, la commission du Conseil

des Etats a présenté une motion chargeant le Conseil

fédéral de concrétiser la proposition de concept et de

soumettre au Parlement avant fin 2011 un message

concernant la modification de la loi sur l’agriculture

(mo tion 09.3973). n

Economie agricole | Développement du système des paiements directs

16 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

Selon des comparaisons internationales, l’agriculture

suisse possède toujours un potentiel d’amélioration

de l’efficience et de réduction des coûts (Schmid 2009).

La politique agricole doit créer des conditions-cadre

permettant d’utiliser ce potentiel d’amé lioration. Le

concept prévoit à cet effet de séparer clairement la

promotion des prestations d’intérêt public d’une part

et la garantie d’une évolution socialement supportable

d’autre part. C’est la fonction des nouvelles contribu-

tions à l’adaptation. Elles seront réduites par étape et

les fonds devenus disponibles seront réalloués, grâce

aux futures ouvertures du marché, à d’autres instru-

ments liés aux prestations. Le Conseil fédéral a l’inten-

tion de continuer à soutenir l’agriculture par

des moyens financiers de l’ordre du niveau actuel.

Encadré 4 | Potentiel d’amélioration de l’efficience et contributions à l’adaptation

Page 17: numéro 1 janvier 2010

Développement du système des paiements directs | Economie agricole

Ulteriore sviluppo del sistema

dei pagamenti diretti

In futuro, i pagamenti diretti saranno

orientati in maniera più coerente verso

le prestazioni d’interesse pubblico

fornite dall’agricoltura e auspicate

dalla popolazione. In un rapporto

varato il 6 maggio 2009 il Consiglio

federale propone uno sviluppo dell'at-

tuale sistema dei pagamenti diretti.

Le misure senza finalità specifiche

saranno sostituite da nuovi strumenti

mirati con conseguente miglioramento

dell’efficacia e dell’efficienza del

sistema.

Development of the

Swiss Direct Payments System

In the future, direct payments shall

target consistently the public services

provided by agriculture as requested by

society. In its report of 6th May 2009,

the Federal Council proposed a modi-

fication of the current system of direct

payments. Measures without specific

aims are to be replaced by targeted

tools. Thus the effectiveness and

efficiency of the direct payments

system will be improved.

Key words: agricultural policy,

multifunctionality, direct payments,

targeting, reform

Bibliographieb Conseil fédéral, 2009. Développement du système des paiements

directs, Berne.b OFAG, 2009. L’agriculture suisse en mouvement, La nouvelle loi sur

l’agriculture–unbilandixansaprès.b Hättenschwiler P. & Flury C., 2007. Beitrag der Landwirtschaft

zur Ernährungssicherung. Agrarforschung 14 (11 – 12), 554 – 559.b Huber A. J., 2003. Direktzahlungen sind Subventionen.

Blätter für Agrarrecht 37.

b Mann S., 2008. Was hat es auf sich mit der Flächenmobilität? Agrarforschung 15 (9), 464 – 469.

b OCDE, 2003. Multifunctionality – The Policy Implications. Paris.b OCDE, 2007. Policy Design Characteristics for Effective Targeting: Paris.b OCDE, 2008. Synthesis Report: Policy Design and Implementation. Paris.b Schmid D., 2009. Schweiz – Baden-Württemberg:

Ein Produktivitätsvergleich. Agrarforschung 16 (4) 52 – 57.

Selon Mann (2008), le principal facteur influant sur la

mobilité des surfaces est le montant total du soutien

agricole (protection douanière, soutien du marché,

paiements directs), c’est-à-dire la question de l’intérêt

que présente l’exploitation d’un hectare de terres.

Toute baisse du soutien promeut donc la mobilité des

surfaces. Les paiements directs actuels sont avant tout

versés en fonction de la surface. Vu la limite d’octroi

prévue pour les contributions UGBFG et GACD, plus de

90 % des paiements directs actuels sont liés à la surface.

La proposition du Conseil fédéral ne renforce pas le lien

entre paiements directs et surface. Certains milieux

préconisent l’introduction d’un paiement par unité de

main-d’œuvre standard (UMOS). Cependant, cela

renforcerait les flux financiers vers les branches de pro-

duction exigeant beaucoup de main-d’œuvre (cultures

spéciales, lait). Le renforcement du soutien bénéficiant

à ces branches attiserait la concurrence pour les surfaces

dans ces domaines, de sorte que la mobilité des surfaces

ne s’améliorerait pas. Le critère de l’octroi (surface,

animaux, UMOS) est moins important que le fait de cal-

culer correctement les paiements directs et de les cibler

sur les objectifs. C’est précisément ce que propose le

Conseil fédéral dans son concept. L’introduction des

contributions à l’adaptation permet en outre de réduire

fortement les fausses incitations et les rentes existant

dans le système actuel, ce qui augmente globalement

la mobilité des surfaces.

17Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 10–17, 2010

Encadré 5 | Le lien entre paiements directs et surfaces entrave-t-il la mobilité des surfaces?

Ria

ssu

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Sum

mar

y

Page 18: numéro 1 janvier 2010

I n t r o d u c t i o n

La viande de veau produite en Suisse est issue essen-

tiellement de veaux de vaches laitières engraissés en ate-

liers spécialisés ou dans des exploitations laitières pour

utiliser les excédents de lait. En raison de la spécialisation

accrue des vaches pour la production laitière, la confor-

mation des carcasses est souvent insuffisante. De plus, ce

mode de production est parfois critiqué par les consom-

mateurs en raison de l’utilisation accrue d’antibiotiques.

Face à cette problématique, l’association Vache mère

suisse et ses principaux partenaires commerciaux ont mis

en place un projet visant à développer la production de

viande de veau sous la mère dans les exploitations d’éle-

vage de vaches allaitantes. Bien que relativement courant

en France, ce mode de production a dû être adapté aux

conditions suisses à partir d’expériences récoltées auprès

d’une vingtaine d’exploitations pilotes et d’un essai réa-

lisé à la station de recherche Agroscope Liebefeld-Po-

sieux ALP. L’essai d’ALP avait pour but de comparer les

performances zootechniques des veaux selon leur type

génétique et d’évaluer leur statut nutritionnel.

Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Agés tous deux de 3½ mois, ces veaux sont de même père Charolais et de mère F1 (Red Holstein x Limousin) pour celui de gauche et Angus pour le veau de droite.

18 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 18–23, 2010

Isabelle Morel et André Chassot, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux

Renseignements : Isabelle Morel, e-mail : [email protected], tél. +41 26 407 71 11

Page 19: numéro 1 janvier 2010

M é t h o d e s

Réalisation du projet

Les conditions expérimentales de l’essai réalisé à ALP

sont données dans le tableau 1.

R é s u l t a t s

Déroulement des vêlages

Les vêlages se sont déroulés dans 84 % des cas sans assis-

tance, dans 9 % des cas avec une légère traction et dans

L’essai avait pour but de tester, dans les condi-

tions suisses, la faisabilité d’une production de

viande de veau issue d’élevage sous la mère.

Il s’agissait de comparer les performances des

veaux selon le type génétique des mères et

d’évaluer leur statut nutritionnel selon les possi-

bilités d’accès à la ration des mères. L’essai a

été réalisé avec 45 paires «vache-veau» réparties

également en trois types génétiques (race

mère x race père) : Angus x Charolais (AN), F1

(Red Holstein x Limousin) x Charolais (F1) et

Limousin x Charolais (LI). Les animaux ont été

gardés soit dans un système de stabulation libre

à aires multiples, dans lequel les veaux n’avaient

pas accès aux crèches des mères, soit en stabulati-

on libre à aire unique, où les veaux pouvaient

consommer la ration des mères.

Les veaux ont été abattus en moyenne au poids

vif de 249 kg, à l’âge de cinq mois et dix jours

en ayant réalisé un accroissement journalier

moyen de 1250 g. Plus de 90 % des animaux ont

été attribués aux classes de charnure C et H de la

CH-TAX pour une couverture moyenne de 2,3. La

couleur de la viande était rosée chez 44 % des

veaux et rouge pour le reste. Le système de garde

a influencé sensiblement la consommation jour-

nalière moyenne de foin et de céréales ainsi que

l’accroissement journalier des veaux. Des

différences tendancielles ou significatives

ont également été constatées entre groupes

génétiques. Les résultats zootechniques sont

positifs quant à la faisabilité de ce nouveau mode

de production paraît applicable pour la pratique.

Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux | Production animale

19Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 18–23, 2010

Tableau 1 | Conditions expérimentales

Facteurs Système de garde (voir figure 1)CF = stabulation libre

à aires multiples avec Crèches des mères Ferméespourlesveaux

CO = stabulation libre à aire unique avec Crèches des mères Ou-vertes pour lesveaux

Types génétiques(race mère x race père)AN =AngusxCharolaisF1 =F1(RH*xLimou-

sin)xCharolaisLI =Limousinx

Charolais

*RH = Red Holstein

Nombre d’animaux CF = 15 paires «vache-veau» CO = 30 paires «vache-veau»

AN, F1 et LI : pour chaque type 15 paires «vache-veau»

Mères Toutes en 2e lactation et suivantesRation: mélange ensilage d’herbe et foin, en proportions variant en fonction du stade de lactation moyen du troupeau, ad libitum

Veaux: rations LibreaccèsauxmèresFoin ad libitum dans râteliers disposés dans un espace réservé. Mélange de céréales (flocons maïs: orge, 50 : 50) ad libitum donné au DAC*Pierreàlécherpourapportdeminérauxetdevitamines

*DAC = distributeur automatique de concentrés

Veaux: santé Traitement prophylactique contre la maladie du muscle blanc. Apport différencié de fer (Fe) sous forme de pâte selonletauxd’hémoglobine(Hb)àlanaissanceetà 4 semaines, si Hb < 9 g/dl (jusqu’à 4 semaines au maximum)

Abattages Moment défini selon:• poidsmortmaximalsansdéduction,estiméàpartir

du poids vif • âgede6moisaumaximum

Paramètresexpérimentaux

Ingestion de foin (hebdomadaire par groupe), de céréales (journalièreindividuelle)etdeminéraux(pargroupe)Poids vif : à la naissance, puis toutes les 2 semaines et à l’abattageQualitédecarcasse:résultattaxationselonCH-TAX à l’abattoir Santé et vitalité: suivi de l’approvisionnement en fer (Hb) et autres paramètres sanguins; protocoles de vêlage; protocoles des traitements vétérinaires

Figure 1 | Dans un des systèmes de garde comparés (CF), seules les vaches, équipées d’une chips, avaient accès aux crèches (à gauche) alors que dans le système de stabulation libre à aire unique (CO), les veaux pouvaient se servir dans la crèche des mères (à droite).

Rés

um

é

Page 20: numéro 1 janvier 2010

20 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 18–23, 2010

1800

1600

1400

1200

1000

800

600

400

200

0

9 (5

8)

23 (7

6)

37 (9

2)

51 (1

06)

65 (1

21)

79 (1

36)

93 (1

50)

107

(169

)

121

(189

)

135

(204

)

149

(220

)

163

(230

)

177

(239

)

AJ,

g

Age, j (poids vif moyen, kg)

AN

F1

LI

3

2.5

2

1.5

1

0.5

0109 116 124 132 140 148 156 165 174 184 194 204 214 224 235

Céré

ales

, kg

/jou

r

Poids vif, kg

CF

CO

Figure 2 | Evolution de l’accroissement journalier (AJ) en fonction du type génétique.

Figure 3 | Consommation de céréales en fonction du poids et par système de garde.

Production animale | Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux

7 % des cas avec une traction moyenne. Un seul veau a

péri dans le cas d’une naissance gémellaire, l’autre ju-

meau ayant survécu. Le poids moyen des veaux à la nais-

sance était de 47,2 kg, sans différence significative entre

les types génétiques.

Croissance des veaux

De la naissance à l’abattage au poids vif moyen de

249 kg, les veaux ont réalisé en moyenne un accroisse-

ment journalier de 1250 g en 163 jours (cinq mois et dix

jours). Un effet significatif du système de garde, avec

(CO = crèche ouverte) ou sans accès (CF = crèche fermée)

à la ration des mères a été mis en évidence, le système

CO s’étant révélé plus favorable avec 1280 g contre

1188 g pour le système CF (P = 0,005) et une durée d’en-

graissement de 13 jours inférieure. En revanche, comme

on peut le constater à la figure 2, le type génétique n’a

pas influencé la vitesse de croissance de manière signifi-

cative. Les courbes d’évolution des accroissements

montrent qu’au cours des trois premières semaines de

vie, les accroissements se situent entre 1200 et 1300 g par

jour en moyenne pour régresser par la suite à 1000 – 1100

g/j en moyenne jusqu’à un peu plus de 3 mois, soit entre

80 et 160 kg PV en moyenne. A partir du quatrième mois

(environ 170 kg) et jusqu’à l’abattage, les accroissements

ont été particulièrement élevés (1400 – 1500 g/j).

Ingestion

Le foin distribué était de type G7 selon les indications

fournies par les Apports alimentaires recommandés et

Page 21: numéro 1 janvier 2010

tables de la valeur nutritive des aliments pour les rumi-nants (ALP, 2008) et présentait une faible valeur nutritive

(dans la MS: 72 g MA, 341 g CB, 4,7 MJ NEL). Sa teneur en

fer était de 269 mg/kg MS. L’ingestion, mesurée par

groupe, a été influencée par le système de garde: les

veaux n’ayant pas accès aux crèches des mères (CF) ont

davantage consommé de foin, avec en moyenne 580 g par

veau et par jour contre 220 g pour ceux qui avaient égale-

ment la possibilité de consommer la ration des vaches.

Le mélange de céréales était composé de maïs et

d’orge floconnés (50 : 50). Les teneurs de ce mélange

étaient les suivantes: 107 g MA, 30 g CB, 30 g MG, 8,3 MJ

NEL dans la MS. Sa teneur en fer était de 26 mg/kg MS.

Avec le DAC (distributeur automatique de concen-

tré), l’ingestion de céréales a pu être enregistrée indivi-

duellement. Toutefois, les veaux ont mis beaucoup de

temps avant de commencer à en consommer. Les pre-

miers veaux étaient déjà âgés de plus de trois mois

lorsque la consommation a véritablement débuté.

L’ingestion a ensuite rapidement progressé, surtout

dans le système CF où la consommation moyenne finale

s’est finalement élevée à 722 g par veau et par jour.

L’écart par rapport au système CO (523 g/veau, j) est

moins important que pour le foin, mais reste significatif

(P = 0,017). La consommation de céréales en fonction du

poids et par système de garde est donnée à la figure 3.

Les deux systèmes ne se distinguent sensiblement qu’à

partir de 200 kg PV environ.

Les veaux F1 ont consommé moins de céréales (P =

0,003) que ceux des deux autres types génétiques Angus

(AN) et Limousin (LI). La consommation totale de céréa-

les par veau sur l’ensemble de l’engraissement s’est éle-

vée à 100 kg en moyenne, avec des variations individuel-

les importantes (min. 2 kg; max. 250 kg). Le fait que les

céréales aient été distribuées au DAC peut expliquer en

partie le démarrage tardif de la consommation.

Abattage et qualité de carcasse

Le système de garde n’a pas influencé la qualité de car-

casse, évaluée selon la CH-TAX (Proviande, 2005). Le fait

que les veaux aient eu accès à la ration des mères a aug-

menté quelque peu la proportion de veaux rouges (62 %

contre 43 %), mais sans que la différence ne soit significa-

tive.

L’effet du type génétique s’est manifesté principale-

ment sur la charnure, les veaux LI étant à plus de 70 % en

classe C contre moins de 20 % pour les deux autres types

qui se situaient en majorité en classe H (tabl. 2). Pour ce

qui est du rendement, le résultat des AN est tendanciel-

lement d’un point pourcent inférieur à celui des F1 et LI

(n. s.) alors que pour la couverture et la couleur, ce sont

les F1 qui ont présenté tendanciellement la meilleure

note et la proportion la plus élevée de veaux rosés.

Pour les paramètres rendement, couverture et cou-

leur, l’effet du genre n’est pas négligeable. Par rapport

aux mâles, les femelles ont un rendement d’un point

pourcent inférieur (55,0 vs 56,3 %) mais une couverture

presque optimale de 2,7 en moyenne (75 % de note 3)

contre moins de 2,0 en moyenne chez les mâles. En outre,

les femelles ont eu une forte tendance (P = 0,085) à être

plus rouges (70 % de rouges) que les mâles (43,5 %).

Approvisionnement en fer

Avec une valeur hémoglobine (Hb) moyenne de 12,8 g/ l

à la naissance (fig. 4), l’approvisionnement en fer corres-

pond aux valeurs obtenues chez des veaux de race

laitière nés à ALP (Morel, 1996). A la naissance, seuls

deux veaux ont reçu un supplément de fer de 230 mg

pour des valeurs Hb de respectivement 8,3 et 9 g/dl. A

l’âge de quatre semaines, la moyenne générale a chuté

de 2,7 points. Dix veaux ont reçu le supplément mini-

mum prévu, soit 230 mg de Fe et quatre veaux un apport

de 690 mg pour des valeurs Hb situées entre 6 et 8 g/dl.

21Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 18–23, 2010

Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux | Production animale

1 Test non paramétrique de Kruskal-Wallis. ; 2NotesdecharnureselonCH-TAX :5=C ;4=H ;3=T ;2=A ;1=X. 3Notedecouverture :optimum=3(1=noncouvert ;5=couvertureexcessive). 4 Test de chi.

Tableau 2 | Résultats d’abattage selon le type génétique

AN F1 LI P

PVabattage,kg 249,5 248,6 249,1 0,916

Poids mort, kg 136,6 140,0 139,0 0,199

Rendement, % 54,9 56,3 55,9 0,2711

Charnure, note2 4,10b 4,14b 4,68a 0,0261

Couverture, note3 2,33 2,50 2,07 0,241

Couleur, % rouge% rosé

60,0 40,0

42,9 57,1

64,3 35,7

0,4844

Page 22: numéro 1 janvier 2010

22 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 18–23, 2010

En raison du mode d’alimentation différent de celui des

veaux à l’engrais conventionnels, les valeurs hémoglo-

bine ont à nouveau augmenté à partir de la quatrième

semaine pour atteindre une valeur de 12,3 g/dl à l’abat-

tage contre une moyenne située entre 8 et 9 g/dl chez

des veaux conventionnels. Ceci explique également les

proportions élevées de veaux rouges atteintes avec ce

mode de production.

Santé des veaux

La santé des veaux durant tout l’essai peut être qualifiée

de bonne. Quelques cas de diarrhées et de pneumonies

ont été enregistrés.

Avec le système de garde CF, le nombre total de jours

de traitement s’élève à 42 jours pour 14 veaux, soit

en moyenne 3,0 jours par veau. On obtient la même

moyenne de 3,0 jours de traitement par veau (87/29)

avec le système de garde CO.

C o n c l u s i o n s

• Les performances d’engraissement et d’abattage

peuvent être considérées comme bonnes.

• Entre types génétiques, les F1 se sont distingués

tendanciellement des deux autres types par un

meilleur rendement à l’abattage, une meilleure

couverture, une couleur de viande plus favorable

et la croissance moyenne la plus élevée. Ils ont

en outre consommé significativement moins

de céréales. Les LI ont quant à eux présenté la

meilleure charnure.

• Le système CO, où les veaux ont accès aux crèches

des vaches et qui est semblable aux conditions de la

pratique, a entraîné une amélioration significative

de l’accroissement journalier de quelque 100 g/j et

une réduction de la durée d’engraissement d’environ

13 jours par rapport au système avec crèches fermées

(CF). La proportion de veaux rouges y est en revanche

tendanciellement plus importante (62 % contre

43 %).

• Avec le système CO, la consommation de foin et

du mélange de céréales était de respectivement 220

et 520 g/veau, jour en moyenne (contre 580

et 720 g en moyenne dans l’autre système).

• 75 % des veaux femelles ont obtenu une note de

couverture optimale (contre 13 % seulement chez

les mâles). La couleur est en revanche tendancielle-

ment plus favorable chez les mâles.

• Sur la base de ces résultats, ce système de production

est applicable dans la pratique. n

Production animale | Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux

14

13

12

11

10

9

8Naissance 4 sem. 8 sem. 12 sem. Abattage*

*Abattage = 22 semaines

AN

LI

F1

Figure 4 | Evolution du taux d’hémoglobine (Hb) selon le type génétique.

Page 23: numéro 1 janvier 2010

Bibliographieb ALP, 2008 : Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur

nutritive des aliments pour les ruminants. Edition en ligne. Editeur : StationderechercheAgroscopeLiebefeld-PosieuxALP,Posieux

b Morel I., 1996. Le fer dans l’alimentation du veau à l’engrais. Revue suisse Agric. 28 (2), 65 – 69.

bProviande,2005.CH-TAX.Systèmed’estimationpourlebétail de boucherie et les carcasses (bovins, ovins). Proviande, Berne, 19 p.

Produzione di carne di vitello

allevato insieme alla madre:

rendimento dei vitelli

Lo scopo della prova era quello di veri-

ficare la fattibilità, nelle condizioni

svizzere di una produzione di carne

di vitello proveniente da capi allevati

insieme alla madre. Si trattava di

confrontare lo sviluppo dei vitelli, a

dipendenza del tipo genetico delle

madri e di valutarne lo stato nutrizio-

nale secondo la loro possibilità, o

impossibilità, di accedere alla razione

materna. La prova è stata condotta

con 45 coppie di animali (vacca +

vitello), suddivise in tre gruppi genetici

(razza della madre x razza del

padre): Angus x Charolaise (AN), F1

(= Red Holstein x Limousine) x Charo-

laise (F1) e Limousine x Charolaise

(LI). Gli animali sono stati allevati sia

all’interno di un sistema di stabula-

zione libera a compartimenti multipli,

dove i vitelli non avevano accesso alle

razioni materne, sia in un sistema di

stabulazione libera a compartimento

unico, dove questi potevano consuma-

re le razioni materne. I vitelli sono stati

abbattuti all’età di 5 mesi e 10 giorni,

facendo registrare un peso vivo medio

di 249 kg e una crescita giornaliera

media di 1250 g. Le categorie d’ingras-

so C e H della CH-TAX, corrispondenti

a una copertura media del 2,3, sono

state attribuite a più del 90% dei capi.

Il colore della carne è risultato roseo

nel 44% degli esemplari e rosso nel

restante 66%. Il sistema d‘allevamento

ha sensibilmente influenzato il consu-

mo medio giornaliero di fieno e cerea-

li, nonché la crescita giornaliera dei

vitelli. Tra i diversi gruppi genetici

sono pure state riscontrate differenze

tendenziali o significative. Sulla base

di questi dati zootecnici, la modalità di

produzione sembra essere applicabile

nella pratica.

Production of veal from suckled beef

calves: calf performance

The purpose of this study was to test

the feasibility of veal production from

suckled beef calves under Swiss condi-

tions. The performances of the calves

were compared as a function of the

genetic type of the mother and their

nutritional status was evaluated as

a function of their access to the

mothers’ diet. The test was carried

out with 45 «cow-calf» pairs divided

equally between three genetic types

(mother breed X father breed): Angus

X Charolais (AN), F1 (Red Holstein X

Limousin) X Charolais (F1) and Limou-

sin X Charolais (LI). The animals were

kept either in a multiple surface free

stall system where the calves did not

have access to the mothers’ mangers

or in a single surface free stall system

with access to the mothers’ ration.

On average, the calves were slaugh-

tered at a live weight of 249 kg, at 5

months and 10 days of age after an

average daily increase of 1250 g. More

than 90 % of the animals were allotted

to the CH-TAX carnosity classes C and

H with an average fat tissue cover of

2.3. The meat colour was pink in 44 %

of the calves and red in the remainder.

The stable system appreciably influ-

enced the average daily consumption

of hay and cereals as well as the daily

weight gain. Significant differences or

trends were also noted between the

genetic groups. On the basis of these

fattening and carcass performances,

this system of production appears to

be applicable in practice.

Key words: veal, suckled beef calves,

performance.

23Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 18–23, 2010

Production de viande de veau sous la mère : performances des veaux | Production animale

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Page 24: numéro 1 janvier 2010

I n t r o d u c t i o n

Avec l’Ordonnance sur la qualité écologique (OQE) adoptée en 2001, la Suisse s’est aventurée en terre inconnue, même au niveau international. Les program-mes agro-écologiques classiques dédommagent les ag-riculteurs qui limitent l’utilisation de certains facteurs (par exemple les engrais minéraux) ou qui fournissent des éléments du paysage (par exemple des arbres à haute-tige). Les deux volets «mise en réseau» et «qua-lité» de l’OQE ont plutôt mis l’accent sur les retombées écologiques. L’objectif de cette étude est d’identifier clairement les points faibles dans la configuration insti-tutionnelle de ces deux volets et, sur cette base, de for-muler des recommandations d’optimisation de l’OQE.

Architecture de l’OQE

A la fin du dernier millénaire, la perception du public

était que la multitude de programmes agro-écologiques

établis n’avait pas amélioré de manière sensible la diver-

sité des espèces (OFEV 1998). C’est ce constat qui a moti-

vé le développement de l’OQE, en réponse à la pression

du public demandant la création d’un instrument orien-

té de manière ciblée sur les résultats en termes de diver-

sité des espèces.

Pour la flore, cela s’est fait par le biais du volet «qua-

lité». Un critère de qualité relativement simple a été dé-

fini pour les surfaces herbagères annoncées dans un

programme agro-écologique: la surface présente une

qualité élevée lorsqu’on peut y trouver au moins six des

près de 40 plantes caractéristiques d’une surface her-

bagère riche en espèces. Le choix de ces taxons indica-

teurs s’est fait sur une base scientifique. Les cantons ont

pu les reprendre directement ou les adapter à leurs par-

ticularités régionales. Les modifications ont dû être exa-

minées quant à leur équivalence avec les listes fédérales

et acceptées par la Confédération.

Pour la faune, un autre procédé a été choisi, du fait

que les animaux sont mobiles et que leur présence sur

une surface donnée peut varier d’un jour ou d’une sai-

son à l’autre. Les conditions météorologiques rendent

également l’identification de la présence des animaux

plus difficile. Le législateur s’est donc basé ici sur la con-

naissance que l’on a du besoin des animaux, pour survi-

vre, de disposer d’un habitat d’une surface minimale,

exprimée en termes de flore et de structure. La Confédé-

ration exige par conséquent la mise en réseau de certai-

nes surfaces définies en termes de flore et de structure,

et dont l’exploitation doit permettre de ménager ou

favoriser la faune (dates de fauche, échelonnement des

coupes, outils utilisés pour la fauche etc.), dans le but de

maintenir (ou d’établir) certaines espèces sur ces sur-

faces. Seules les surfaces déjà annoncées comme sur-

faces de compensation écologique dans le cadre de

l’Ordonnance sur les paiements directs peuvent être in-

tégrées dans les projets de mise en réseau. Chaque pro-

jet doit faire l’objet d’un concept décrivant l’état initial

et l’état souhaité des espèces cibles et principales en ter-

mes de flore et de faune (OFEV et OFAG, 2008), ainsi

qu’un plan de mesures.

L’affectation à long terme des surfaces est une autre

condition d’encouragement: la période de subvention-

nement dure en principe plus de six ans, la plupart des

Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique

E n v i r o n n e m e n t

La gentiane est l’une des plantes indicatrices de la qualité biologique. (Photo: Lisa Eggenschwiler, ART)

24 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 24–29, 2010

Stefan Mann, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Renseignements : Stefan Mann, e-mail : [email protected], tél. +41 52 368 31 31

Page 25: numéro 1 janvier 2010

A l’aide d’une vaste palette de méthodes,

les deux volets «qualité» et «mise en réseau»

de l’Ordonnance sur la qualité écologique

ont été examinés pour en identifier les points

faibles au niveau des coûts de transaction,

des configurations institutionnelles dans les

cantons et des modifications d’exploitation

du terrain liées aux programmes. Les résul-

tats débouchent sur la proposition d’établir

des niveaux de subventionnement échelon-

nés pour le volet «qualité» et de remplacer

les primes fixes à l’hectare par des projets

soumis ou mis au concours de manière indi-

viduelle pour le volet «mise en réseau».

Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique | Environnement

surfaces devant être annoncées une nouvelle fois à

l’issue de cette période.

Le montant des subventions s’est longtemps situé à

500 francs par hectare et par volet de programme, de

manière à obtenir 1000 Fr. /ha en respectant les exigen-

ces des deux volets du programme. Avec la révision de

l’ordonnance en 2008, ces montants ont évolué nette-

ment à la hausse pour se situer maintenant entre 300 Fr. /

ha (pour les prairies extensives en zone de montagne III

et IV) et 2000 Fr. /ha (pour les haies de qualité et les bos-

quets champêtres) en fonction de la zone et du type de

surface. L’indemnisation pour les prairies et les terres

assolées (ces dernières ne participent qu’aux projets de

mise en réseau) se monte à 1000 Fr. /ha par programme

jusqu’en zone de montagne II. Des critères de qualité

ont en outre désormais été définis pour les prairies ex-

tensives, les pâturages boisés et pour les surfaces viti-

coles présentant une biodiversité naturelle. Il est ainsi

également possible d’allouer des subventions pour la

qualité biologique de ces éléments.

On voit donc que les moyens qui peuvent être mis à

disposition pour l’application de l’OQE à raison de 80 %

par la Confédération et 20 % par les cantons ou les com-

munes n’ont cessé d’augmenter. Le volet «mise en ré-

seau» exigeant plus de travail préalable de la part des

cantons que le volet «qualité», ce n’est que ces dernières

années que certains cantons ont abordé cette partie du

programme: il faut donc s’attendre à ce que la progres-

sion des mises en réseau continue à dépasser celle de la

qualité ces prochaines années, ou à ce que de plus en

plus de surfaces du programme qualité soient intégrées

dans les projets de mise en réseau.

M é t h o d e s

Méthode d’évaluation

Dans les sciences sociales, il faut en principe toujours

choisir entre les méthodes quantitatives et qualitatives.

Les méthodes quantitatives permettent d’examiner le

degré de probabilité des hypothèses et de modéliser des

optimisations, tandis que les méthodes qualitatives ai-

dent à faire apparaître de nouvelles corrélations et, ain-

si, à développer des hypothèses.

Il a fallu recourir à une palette de méthodes relative-

ment étendue afin d’examiner les nombreux aspects no-

vateurs du programme et de déterminer à quels endroits

des deux programmes il est possible d’optimiser et de

rendre plus efficace le maintien de la diversité des es-

pèces du point de vue des perspectives institutionnelles

et économiques. Le caractère très hétérogène des pro-

jets de mise en réseau rendant les standardisations dif-

ficiles, il a fallu se rabattre sur des méthodes qualitatives.

Ainsi que cela a été clairement confirmé par des dis-

cussions avec des décideurs politiques, les mesures liées

aux outputs sont généralement soupçonnées de géné-

rer des coûts de transaction plus élevés. Vatn (1998) et

Vatn et al. (2002) soutiennent la thèse que des program-

mes politiques spéciaux, très orientés sur les objectifs,

occasionnent proportionnellement des coûts de tran-

saction plus élevés que des interventions sur le marché.

Dans ce contexte théorique, il était indiqué de se faire

une idée du montant des coûts de transaction occasion-

nés par les deux volets de l’OQE. Pour ce faire, il a fallu

recourir à une méthode différenciée: pour le volet «qua-

lité» du programme, il est judicieux de prendre en consi-

dération les coûts de transaction moyens par hectare.

Les projets de mise en réseau sont en revanche trop hé-

térogènes par leur taille et leurs exigences pour pouvoir

tirer une quelconque valeur moyenne pertinente. Il

s’agit plus ici de savoir où et dans quel ordre de grandeur

des coûts de transaction peuvent survenir.

La marge de manœuvre conceptuelle des cantons

pour le volet «qualité» du programme est limitée. Dans

le volet «mise en réseau» en revanche, le degré de liber-

té des administrations cantonales est bien plus étendu. Il

s’agit là de décider par quelles organisations les projets

vont être initiés, quelles sont les exigences à poser, qui

conclut les contrats avec les exploitants concernés et qui

contrôle le respect du contrat. Une comparaison des règ-

lements cantonaux permet de tirer des conclusions sur

les structures incitatives et l’efficacité du programme du

point de vue de l’application.

Il fallait enfin connaître les effets concrets des deux

programmes sur l’exploitation de la terre et la diversité

des espèces. Même si on ne peut en toute rigueur ré-

pondre à cette question décisive qu’en répertoriant sur

place les différentes espèces, on peut toutefois se faire

une idée en observant les adaptations faites au niveau

25Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 24–29, 2010

Rés

um

é

Page 26: numéro 1 janvier 2010

de l’exploitation agricole. Si la participation aux pro-

grammes n’a entraîné aucune modification dans le type

et dans l’intensité de l’exploitation agricole, la probabi-

lité que le programme contribue de manière positive à

augmenter (ou au moins à maintenir) la diversité des es-

pèces est faible.

Toutes ces considérations ont conduit à retenir une

très large palette de méthodes d’évaluation, allant de la

comparaison des directives cantonales au relevé des

coûts de transaction aux différents échelons, en passant

par des interviews. Les interviews, qui ont peut-être re-

présenté la partie la plus importante de l’évaluation, se

sont déroulées à l’Office fédéral de l’agriculture, dans

dix administrations cantonales (AI, AR, FR, GR, JU, NE,

SO, VD, VS, ZH), dans un bureau de planification et aup-

rès d’une conseillère communale chargée de la coordina-

tion. Elles ont été transcrites et partiellement évaluées à

l’aide de la méthode d’herméneutique objective, c’est-

à-dire par l’analyse approfondie de certaines séquences

de textes (Oevermann 2001; Mann et Schweiger 2009).

Elles ont également, en combinaison avec les autres

sources, servi de base aux tableaux comparatifs qui ont

permis de délimiter la fourchette institutionnelle.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Coûts de transaction de l’OQE

Il est très important de différencier les deux volets de

l’OQE déjà au niveau des coûts de transaction. Pour le

volet «qualité», il y a des coûts de transaction pour le chef

d’exploitation, qui doit s’informer sur le programme au-

près de l’autorité cantonale, pour l‘autorité elle-même,

qui traite les demandes et contrôle la présence des indi-

cateurs de qualité sur les surfaces herbagères, et enfin,

dans une bien moindre mesure (< 1 pour mille), pour

l’administration fédérale où un poste à temps partiel est

dévolu à l’OQE. La quantification de ces coûts de transac-

tion (Bernhard 2006) permet cependant de constater

qu’ils représentent moins de cinq pourcent des montants

qui reviennent à l’exploitation pour le volet «qualité» du

programme, ce qui les situe ainsi au niveau des autres

programmes agro-écologiques.

Les coûts de transaction des projets de mise en réseau

n’avaient pas encore été étudiés. On retrouve les mêmes

postes que pour le volet qualité, mais leur part du coût

total ne peut pas être calculée en pourcentage du fait de

l’hétérogénéité des projets. En outre, l’ordonnance impo-

se encore l’intégration d’autres services qui occasionnent

des coûts. Il est par exemple exigé d’élaborer un concept

au lancement de chaque projet de mise en réseau, con-

cept présentant l’état écologique initial et l’évolution vi-

sée. Ces coûts sont très hétérogènes. La plupart des con-

cepts coûtent 10 000 à 20 000 francs, mais certains ont pu

engendrer des frais de 70 000 à 200 000 francs. La part des

coûts de transaction au transfert d’hectares annuel varie

par conséquent également beaucoup, d’autant plus

qu’elle dépend aussi de la durée du projet, qui peut

s’étendre sur six ans, sur douze ans ou plus, ainsi que des

surfaces qui y sont intégrées. Et cela quelle que soit

l’instance qui prend en charge les coûts de transaction. A

ce niveau, on rencontre selon les cantons de nombreuses

variantes de financement, partiel ou parfois intégral, des

collectivités locales aux exploitants eux-mêmes, en pas-

sant par l’OFEV, l’OFAG et l’administration cantonale.

Un dernier point à relever est que les coûts de transac-

tion ne permettent pas de mesurer l’efficacité d’un projet

de mise en réseau. Du point de vue écologique, l’argent

est probablement moins bien investi dans un projet de

mise en réseau bon marché et mal planifié que dans un

projet planifié avec soin, où par conséquent la part des

coûts de transaction est comparativement plus élevée.

Configuration institutionnelle

La marge de manœuvre conceptuelle est également très

limitée dans le volet «qualité» du programme. Hormis

les différences organisationnelles qui existent aussi dans

les mesures d’économie agricole traditionnelles (par ex.

la possibilité de déléguer les contrôles sur site), la marge

de manœuvre se limite surtout à la définition des cri-

tères divergents, qui doivent être équivalents à ceux de

la Confédération. Les cantons ont en outre la liberté de

ne pas participer à l’OQE. Le canton de Genève a ainsi

décidé au cours des premières années (2001 – 2008) de

ne pas cofinancer des projets de mise en réseau d’après

l’OQE. Aucun canton n’a en revanche recouru à la possi-

bilité théorique de ne pas participer au volet «qualité»

du programme.

Environnement | Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique

26 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 24–29, 2010

Figure 1 | Configuration institutionnelle de l’OQE en Appenzell Rhodes-Extérieures.

Station fédérale de recherche

Travail de conception sur

mandat

Intégration des habitats appropriées

Paiements, définition des modifications

d'exploitation de la terre

Administrationcantonale

Agriculteurs

Page 27: numéro 1 janvier 2010

Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique | Environnement

La marge de manœuvre des cantons pour la concepti-

on des projets de mise en réseau est beaucoup plus

étendue que pour le volet «qualité» du programme. Cinq

cantons (Appenzell Rhodes-Intérieures et Extérieures,

Thurgovie, Argovie et Bâle-Campagne) ont décidé

d’entreprendre un seul grand projet de mise en réseau

dans le canton, choisissant ainsi une approche classique

top-down. Tous les autres cantons participants ont privi-

légié une approche bottom-up, dans laquelle

l’administration cantonale s’est bornée à apporter un

soutien informel aux projets de mise en réseau.

Les illustrations représentent la structure d’une ap-

proche top-down ou bottom-up, ainsi que celle d’une

approche conçue plutôt de manière synoptique et d’une

solution institutionnelle plus complexe. Ces schémas ex-

pliquent les solutions disponibles pour les cantons. Rien

ne permet de juger que les différences entre cantons

puissent être d’une manière ou d’une autre en relation

avec la situation écologique de la région concernée: elles

sont plutôt dues à la constellation politique. En Appen-

zell Rhodes-Extérieures, l’administration cantonale a eu

nettement plus d’influence sur le caractère du réseau

qu’à Soleure.

Les bureaux de planification ont pris une importance

toute particulière dans les cantons qui ont choisi une ap-

proche bottom-up, Dans de nombreux cas, ce sont eux

qui ont défini les modifications d’exploitation des sur-

faces à effectuer pour que les responsables d’exploitation

puissent se qualifier pour les subventions. De facto, une

toute nouvelle configuration institutionnelle s’est ainsi

créée, avec des entreprises privées définissant la mesure

des biens publics mis à disposition pour une somme

préalablement donnée. Les dangers qui en résultent sont

toutefois relativisés par le fait que c’est toujours

l’administration cantonale qui signe le contrat.

Modification de l’exploitation des surfaces

Les deux volets du programme se différencient nette-

ment aussi par les modifications engendrées par l’OQE

dans l’exploitation des surfaces. Si l’on demande aux

exploitants quelles sont les pratiques qu’ils ont modi-

fiées pour les surfaces du volet «qualité» du programme,

ils répondent habituellement qu’ils n’ont rien changé

(Bernhard 2006). D’autre part, les exploitants qui ont

annoncé des surfaces dans l’OQE restreignent ou aban-

donnent très rarement leur participation à d’autres pro-

grammes agro-écologiques (Mann 2008). Il semble donc

que les versements effectués dans le cadre du volet

«qualité» du programme agissent presque comme une

sorte de filtre: les surfaces de qualité élevée (avec des

contributions supplémentaires) restent dans les pro-

grammes agro-écologiques, alors que les surfaces qui

présentent une plus faible diversité des espèces, et ne

reçoivent par conséquent pas de versements dans le

cadre de l’OQE, ne pourront bientôt plus recourir aux

moyens publics.

Mais la conception institutionnalisée du volet «quali-

té» constitue un problème pour les surfaces présentant

une très grande richesse d’espèces. Ainsi, par exemple,

s’il n’y a pas six, mais 15 plantes qui donnent de la valeur

aux surfaces, il n’y a actuellement pas la moindre incita-

tion pour l’exploitant à faire quelque chose pour garan-

27Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 24–29, 2010

Figure 2 | Configuration institutionnelle de l’OQE à Soleure.

Bureau de planification local

Autorité responsable régionale

Groupe de travail accompagnant

le projet

Agriculteur mandaté

Administration cantonale

Agriculteur

Mandat etpaiement

Constitution,mandat

Soumissiondu projet

Elaboration du projet;définitiondesexigencesd'exploitation

Soutien

Soutien

Conseil, conclusion du contrat, coordinationet contrôle

Mandat et paiement Paiement

Soumission du projet

Approbation du projet

Page 28: numéro 1 janvier 2010

tir la diversité des espèces. Dans ce contexte, il est clair

qu’a priori seules les surfaces de compensation écolo-

gique sont autorisées à participer au volet «qualité» du

programme. On évite ainsi que les exploitants intensifi-

ent l’exploitation de surfaces de très grande valeur

jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que six taxons qui leur don-

nent de la valeur.

On pourrait envisager que le volet «mise en réseau»

du programme soit également subventionné en fonc-

tion de la qualité écologique des surfaces. Il faudrait

pour cela disposer de suffisamment d’indices que les sur-

faces dans ce volet du programme possèdent également

une qualité élevée supérieure à la moyenne. Dans le vo-

let «qualité» du programme, les six plantes indicatrices

ou plus présentes sur la surface parlent d’elles-mêmes;

un tel indicateur net manque pour les projets de mise en

réseau. En 2007, environ 40 % des surfaces de mise en

réseau ont également obtenu des subventions pour la

qualité. Les jachères, qui ne reçoivent pas de subven-

tions pour la qualité, ont généralement une valeur éle-

vée avérée (Herzog et Walter 2005). La part des surfaces

de «qualité» dans les mises en réseau pourrait ainsi att-

eindre 50 %. Des surfaces sont certes intégrées aux pro-

grammes agro-écologiques par le biais des projets de

mise en réseau, mais dans 50 à 60 % des cas, on ne pré-

cise pas s’il s’agit de surfaces de qualité particulièrement

élevée. L’expérience montre que la qualité et la fonction

effectives des surfaces mises en réseau – comme par ex-

emple leur effet tampon le long des cours d’eau, autour

des marais, des prairies et pâtures sèches – dépendent

beaucoup des personnes qui participent au programme.

Dans la plupart des cas, les différences par rapport

aux retombées écologiques ne peuvent pas être scienti-

fiquement prouvées entre les surfaces des projets de

mise en réseau et les autres surfaces de compensation

écologique. En raison du manque de contrôle du résultat

par rapport aux espèces cibles et principales, la question

se pose de savoir s’il y a une différence dans l’input,

c’est-à-dire dans le mode d’exploitation des surfaces.

A ce sujet, les projets de mise en réseau peuvent être

empiriquement répartis en trois groupes, d’après

l’évaluation:

• Des conditions d’exploitation qui augmentent de

manière nette la qualité écologique ont parfois été

formulées, occasionnant des coûts ponctuels. Les

exemples les plus fréquents sont l’étagement des

dates de fauche ou la mise en place de murs de pierre.

• Dans d’autres projets de mise en réseau, très peu

de conditions d’exploitation efficaces avaient été

formellement définies, comme par exemple

certaines hauteurs de coupe, qui étaient

cependant obligatoires seulement pour certains

dispositifs de coupe choisis.

• Il y avait enfin des projets de mise en réseau où

l’argument était un potentiel écologique élevé

ou une situation particulière, mais sans définir la

moindre condition d’exploitation.

Un point faible a été constaté dans les contrôles de

l’exécution ou du succès des projets de mise en réseau.

Les contrôles de l’exécution ne sont en général pas ef-

fectués dans le cadre des contrôles PER; d’autres sys-

tèmes ont été mis en place, mais dans lesquels les contrô-

les ne sont généralement pas significatifs. Seule une

petite minorité des projets a examiné si les espèces cibles

et principales avaient effectivement pu être maintenues

ou favorisées à la fin des six ans du projet.

C o n c l u s i o n s

L’évaluation de l’OQE a montré que les volets du pro-

gramme présentaient des points faibles très différents

par rapport à leur efficacité institutionnelle. Le volet

«qualité» du programme est un instrument politique

aussi novateur que futuriste, qui contribue très proba-

blement à garantir des habitats précieux au niveau éco-

logique et à inciter à une exploitation extensive. La

structure d’incitation pour les surfaces de très grande

valeur serait pourtant bien meilleure si les versements

étaient effectués de manière échelonnée, c’est-à-dire

s’il y avait une certaine relation entre le montant des

versements et le nombre d’espèces donnant de la valeur.

Dans le volet «mise en réseau», le degré d’innovation

est également élevé, car on a pour la première fois tenu

compte du fait que les habitats devaient avoir une cer-

taine taille minimale. Les écologistes ont recensé toute

une série de projets réussis qui conféraient une protec-

tion efficace de l’habitat (Spiess, sans indication d’année).

Cependant, il est possible qu’il y ait trop de pertes dues

aux frictions entre les exigences de la Confédération et

la mise en application sur site. Les administrations canto-

nales fixent parfois des exigences minimales, qui sont

ensuite revues à la baisse dans certaines communes et

aucun système de contrôle efficace n’a été mis en œuvre

de manière constante. Il peut ainsi y avoir des projets qui

ne méritent certainement pas de bénéficier des fonds

publics.

Où se trouve donc l’erreur dans la construction des

projets de mise en réseau? Les variables en présence

sont vraisemblablement trop complexes: il y a d’abord

une grande marge de manœuvre dans la conception des

objectifs dans les projets de mise en réseau. D’autre part,

Environnement | Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique

28 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 24–29, 2010

Page 29: numéro 1 janvier 2010

Analyse des points faibles de l’Ordonnance sur la qualité écologique | Environnement

il y a l’enracinement dans la politique agricole de la Con-

fédération, qui applique le principe de «one size fits all»

dans la rémunération des mesures. La promotion des

différentes espèces cibles et prédominantes exige ce-

pendant des mesures différenciées qui occasionnent des

coûts différents: pour protéger le tarier des prés en En-

gadine, il faut probablement d’autres moyens financiers

que pour assurer la présence du damier noir à Ebnat-

Kappel.

Afin de mieux tenir compte de ces différences, il faut

voir si l’administration fédérale peut proposer égale-

ment des mesures d’encouragement financier plus indi-

vidualisées. Une alternative à l’encouragement financier

global existant serait par exemple d’inscrire par le biais

de l’administration fédérale les projets de mise en ré-

seau sur tout le territoire pour garantir la présence de

certaines espèces rares, de préférence en fixant des ob-

jectifs quantitatifs. On pourrait de cette manière égale-

ment lancer un concours d’idées, par exemple sur la ma-

nière de protéger le plus avantageusement les oiseaux

qui nichent au sol. Une autre variante consisterait à

prendre le modèle américain US Conservation Reserve

Enhancement Programme (Khanna et Ando 2009) et de

donner aux cantons la possibilité de soumettre à la Con-

fédération des demandes de cofinancement pour des

projets de mise en réseau. Une institutionnalisation plus

individualisée de la mise en réseau permettrait de ga-

rantir – peu importe que ce soit au prix de coûts de tran-

saction plus élevés – que les moyens d’encouragement

puissent «acheter» la diversité des espèces de manière

bien plus ciblée. n

29Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 24–29, 2010

Analisi dei punti deboli dell’Ordinanza

sulla qualità ecologica

Servendosi di una vasta combinazione

di metodi è stata effettuata un’analisi

delle parti «qualità» ed «interconnes-

sione» dell’ordinanza sulla qualità

ecologica, per esaminarne i punti

deboli riguardo ai costi di transazione,

all’impostazione istituzionale nei

Cantoni ed alle modifiche di destina-

zione del suolo correlate ai program-

mi. Sulla base dei risultati, per l’ambito

«qualità» è stata proposta una

graduazione dell’importo dei contribu-

ti e per l’ambito «interconnessione»

una sostituzione dei contributi fissi

all’ettaro con progetti individualmente

richiesti o pubblicati.

Critical-point analysis of the Ordinance

on Ecological Quality

Using a wide range of methods, both

parts of the Ordinance on Ecological

Quality, «Quality» and «Networking»,

were examined with respect to their

critical points regarding transaction

costs, institutional configuration in

the cantons, and land-use changes

associated with the programmes. The

results suggest graded contributions

for the «Quality» sphere and a replace-

ment of the fixed contributions per

hectare by individually submitted or

tendered projects.

Key words: biodiversity, networks,

policy evaluation, agri-environmental

programmes.

BibliographiebOFEVetOFAG,2008.Objectifsenvironnementauxpourl’agriculture.

Berne:OFEVb Bernhard S., 2006. Die Transaktions- und die technischen Kosten des

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Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Page 30: numéro 1 janvier 2010

La 27e Conférence internationale des économistes agri-

coles (International Association of Agricultural Econo-

mists IAAE) s’est tenue à Pékin du 16 au 22 août. Elle

était consacrée au Nouveau paysage de l’agriculture

mondiale («The New Landscape of Global Agriculture»).

Les discussions, sous-tendues par la crise alimentaire,

ont porté sur des sujets tels que la sécurité alimentaire,

l’autosuffisance, les réserves de céréales, le protection-

nisme, le soutien agricole, les biocarburants, la vulnéra-

bilité des ménages ruraux, etc. La conférence a été mar-

quée par un intérêt renouvelé pour le secteur agroali-

mentaire et la question de savoir comment nourrir du-

rablement la population mondiale.

Le présent article relate un choix de thématiques et d’exposés.

De nouvelles forces vont influencer les marchés

agricoles des pays en développement

Dezio Zylbersztajn (Université de São Paulo) a parlé du

rôle des réglementations institutionnelles dans l’agri-

culture, en mettant l’accent sur le Brésil. Des adapta-

tions macro-institutionnelles influencent l’agriculture à

l’échelle mondiale, au Brésil ou ailleurs (réformes écono-

miques en Chine, évolution de la politique agricole de

l’UE, OMC, développement des normes européennes

relatives aux denrées alimentaires et système internatio-

nal de la propriété intellectuelle). La Chine joue un rôle

tout particulier: elle contribue fortement au commerce

mondial à la suite de l’ouverture du marché, ce qui ouvre

des possibilités de production au Brésil. Selon Zylber-

sztajn, le Brésil n’utilise qu’une petite partie de ses terres

agricoles et a suffisamment d’eau.

Nouveau paysage de l’agriculture mondiale

E c l a i r a g e

Rizières en Chine. (Photo : Urs Gantner, OFAG)

30 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 30–33, 2010

Urs Gantner, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne

Renseignements: Urs Gantner, e-mail: [email protected], tél. +41 31 322 25 74

Page 31: numéro 1 janvier 2010

Les modes de production durables bénéficient globale-

ment d’un soutien. Les défis à relever dans les forêts tro-

picales brésiliennes sont uniques; le pays est conscient

de la fragilité de sa biomasse dans l’Amazonie et dans le

Cerrado. Zylbersztajn indique cependant que l’expan-

sion de l’agriculture mondiale n’a été possible que parce

que les surfaces agricoles ont gagné du terrain par rap-

port aux régions sauvages. C’est le cas en Europe, en

Amé rique du Nord, en Asie et en Afrique. Le même phé-

nomène se produit aujourd’hui en Amérique latine. La

surface se prêtant à l’exploitation agricole au Brésil est

estimée à 851 millions d’hectares; pour l’instant, seuls

33 % sont utilisés pour la production agricole. Zylber-

sztajn souligne que le gouvernement brésilien doit trai-

ter l’utilisation des terres en relation avec l’environne-

ment. Il doit (1) définir et mettre en œuvre les limites de

l’expansion de l’agriculture et (2) fixer les droits de pro-

priété en Amazonie.

La bioénergie est l’une des forces vives du changement

qui se produit à l’échelle mondiale dans l’agri culture. Dans

ce domaine, le Brésil produit de l’éthanol (à base de canne

à sucre) et du biodiesel (90% à base de soja).

Zylbersztajn souligne que les trois forces à l’œuvre –

la demande mondiale, la durabilité et la bioénergie –

ont des répercussions au nivau national et mondial et

qu’elles interagissent. Les systèmes agricoles organisés à

l’échelle mondiale s’adapteront aux nouvelles normes

en matière de qualité et aux exigences socio-écolo-

giques; dans ces systèmes, les coûts de production se-

ront abordables pour les pays à bas revenus.

Agriculture chinoise en mutation

L’économie chinoise connaît de profondes transforma-

tions provoquées par des réformes initiées en 1978: les

marchés ont été partiellement libéralisés, le taux de

change a été réduit et des zones économiques ont été

créées pour attirer les investisseurs étrangers. Les ré-

formes ont contribué à une progression de près de 10 %

par an du produit intérieur brut (PIB) entre 1979 et 2008.La croissance macroéconomique rapide s’est tra-

duite par une évolution structurelle dynamique dans l’économie. La part de l’agriculture au PIB a passé de 40 % en 1970 à 11 % en 2007. Les revenus croissants et l’urbanisation ont aussi conduit, durant cette période, à des modifications considérables dans la consommation des biens agricoles.

Si la Chine connaît une croissance économique de 6 à 7% par an de 2010 à 2020, l’économie chinoise sera en 2020 environ quatre fois plus grande qu’en 2000. La croissance économique entraîne une diminution des

Nouveau paysage de l’agriculture mondiale | Eclairage

31Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 30–33, 2010

• 1,3 milliard d’êtres humains, 21 % de la

population mondiale, 9 % des terres

assolées mondiales, 6 % des réserves

mondiales d’eau douce

• développement économique: croissance

économique d’environ 10 % par an depuis

2000, mais de 4,5 % dans l’agriculture

• transformation de l’exportateur net en

importateur net: cinquième exportateur

et quatrième importateur mondial

• importation de produits exigeant beaucoup

de terres: soja destiné à la production de

viande, coton destiné aux usines textiles

• exportations surtout de produits exigeant

beaucoup de main-d’œuvre: poissons,

fruits, légumes et produits transformés

• objectif politique: autosuffisance en

céréales et en riz

• enjeux:

• disparités de revenu croissantes entre

ville et campagne malgré les contre-

mesures telles que l’exemption fiscale

et les paiements directs en faveur

des paysans; risque croissant de

tensions sociales

• pertes de terres cultivées en raison

d’une forte extension des surfaces bâties

(0,18 % ou 1 mio. ha par an)

• défis écologiques: pénurie d’eau, érosion,

atteintes à l’environnement

• problèmes pour le respect des normes re-

latives à la sécurité des

denrées alimentaires: réputation

parfois mauvaise des produits chinois

et problèmes d’exportation

Encadré 1 | Le secteur agricole chinois

en quelques mots

Page 32: numéro 1 janvier 2010

précieuses surfaces cultivées, en raison de l’urbanisation, de la construction de routes et de l’industrialisation. Face à cette évolution, la Chine mise sur les nouvelles techno-logies de pointe pour continuer d’augmenter le rende-ment par unité de surface. Mis à part la productivité des surfaces, la Chine tablera surtout sur ses propres possibi-lités et atouts, en augmentant les importations dans les domaines où ses ressources (sol et eau) sont limitées. Se-lon les pronostics, les importations d’oléagineux et de céréales fourragères ainsi que de viande de porc et de volaille devraient donc augmenter. La part de produc-tion intérieure d’oléagineux devrait passer de 70% en 2001 à 45% en 2020. En revanche, la Chine continuera d’exporter du riz; selon les pronostics, les quantités ex-portées devraient même légèrement augmenter. En outre, la Chine pourrait exporter davantage de produits exigeant beaucoup de main-d’œuvre tels que légumes, fruits, poissons et produits agricoles transformés. Le pays se concentrera progressivement sur des domaines exi-geant beaucoup de main-d’œuvre dans le secteur agro-alimentaire, ce qui offre des avantages comparatifs à l’échelle mondiale. Le taux d’autosuffisance devrait di-minuer pour certains produits, mais la part de céréales indigènes (sauf les céréales fourragères) et le taux d’autosuffisance global seront toujours élevés. Dans l’ensemble, les importations de la Chine devraient conti-nuer à augmenter, se répercutant sur la demande et donc les prix du marché mondial, notamment dans le domaine des oléagineux et des céréales.

Biens publics mondiaux et agriculture du 21e siècle

Dans son exposé, John Quiggin (University of Queens-

land) se penche sur le thème «L’agriculture et la stabili-

sation du climat mondial». Le rapport 2007 du Groupe

d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

(GIEC) montre que, malgré des stratégies offensives

pour limiter la concentration de CO2 dans l’atmosphère

à 400 – 500 ppm (parties par million), on arrivera à une

hausse de la température d’au moins 2°C au 21e siècle

(comparativement au 20e siècle). Le rapport du GIEC pré-

sente des projections allant de 2 à 6,4°C. Le secteur agri-

cole devra faire face aux coûts d’adaptation.

Le climat et l’atmosphère sont des biens publics. Les

nations de cette terre doivent développer les mesures

politiques appropriées dans ce domaine. Pour stabiliser

le climat mondial, il faut investir chaque année 1 à 3 % du

revenu mondial. Quiggin plaide en faveur d’une réparti-

tion égale des quotas d’émissions par personne au plan

mondial, avec la possibilité de négocier ces quotas.

L’exposé de M. Prabhu Pingali (Fondation Gates) traite de la recherche et du développement ainsi que du

32 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 30–33, 2010

Figure 1 | Paysanne au marché. (Photo: Urs Gantner, OFAG)

Eclairage | Nouveau paysage de l’agriculture mondiale

Page 33: numéro 1 janvier 2010

soutien aux pays en développement, qui est en train de changer. Au cours des cinquante dernières années, la recherche agronomique et la technologie, dépassant les frontières, ont apporté une contribution significative à l’amélioration de la productivité agricole dans les pays en développement. Les variétés modernes de riz, de blé et d’autres denrées alimentaires de base sont souvent citées comme exemple d’une utilisation réussie de la science mondiale pour combattre la faim et la pauvreté. Les premiers investissements de recherche ont été opé-rés par des fondations internationales (Ford et Rockefel-ler). Ensuite, une coalition de bailleurs de fonds publics et privés a assuré, dans le cadre du CGIAR (Consultative Group on International Agricultural Research), que la recherche dans l’intérêt public se poursuive sur le long terme. Aussitôt que le savoir développé par le CGIAR a été rendu public, des institutions nationales publiques et privées ont investi dans l’adaptation de la technolo-gie, ainsi que dans la diffusion et la transmission de ce savoir. Les résultats de la recherche menée au plan inter-national font toujours l’objet d’une forte demande. Il s’agit avant tout, dans les pays les moins avancés (PMA), d’augmenter la productivité de systèmes agricoles tradi-tionnels. Dans les pays en développement, par contre, c’est l’augmentation durable de la productivité et le renforcement de la compétitivité qui sont importants. Dans les pays industrialisés, l’accent est mis davantage sur le rôle multifonctionnel de l’agriculture. L’adaptation au changement climatique gagne en importance pour les trois systèmes de production.

Dans les systèmes de production des pays en déve-loppement, toujours plus axés sur le marché, les investis-sements privés dans la recherche et le développement agronomiques ont augmenté. Les grandes multinatio-nales et les entreprises nationales constituent de plus en plus une solution de rechange aux institutions pub-liques de transfert technologique, surtout en ce qui con-cerne les produits de haute valeur comme le coton, le maïs, les légumes, les animaux, etc. La possibilité de réa-liser des gains à partir de la recherche et du développe-ment agronomiques grâce à la propriété intellectuelle (droits de propriété intellectuelle, DPI) et au développe-ment d’hybrides a conduit à un glissement de la recher-che agronomique vers le secteur privé. Les conditions-cadre comme les DPI, l’ouverture des frontières et la transparence des réglementations concernant la sécuri-

té biologique vont amener une augmentation des in-vestissements privés dans les systèmes de production commerciaux des pays en développement. Pourtant, certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne, ne sont pas au centre de l’intérêt du secteur privé. Celui-ci ne va pas investir dans la recherche de solutions pour les conditions de production difficiles comme celles des ré-gions particulièrement sèches ou chaudes.

De plus, il deviendra indispensable à l’avenir de lier la recherche et le développement agronomiques mon-diaux aux besoins nationaux. Le CGIAR doit se concen-trer sur les domaines où une défaillance du marché frei-ne la recherche et le développement. Cela concernera avant tout les systèmes de production servant à assurer la subsistance dans des conditions environnementales difficiles et les cultures négligées jusqu’à présent comme le sorgho, le manioc, les légumes tropicaux, etc. La re-cherche internationale doit se concentrer sur les résul-tats de recherche ayant un caractère de biens publics; en outre, elle doit soutenir les partenaires nationaux dans l’adaptation locale et la diffusion de la recherche et du développement agronomiques. Selon Pingali, les fonds verticaux et les programmes mondiaux doivent désor-mais gagner en importance. Les programmes mondiaux doivent se concentrer sur des questions spécifiques, sig-nificatives au plan multinational. Pour réussir, il est né-cessaire de définir clairement les outputs, d’en évaluer ex ante les effets et de définir des indicateurs clairs qui permettent d’apprécier le progrès réalisé et de mesurer les conséquences. Il est urgent de développer des syner-gies entre les fonds verticaux, générateurs d’innovations, et les fonds horizontaux au plan national, qui se focali-sent sur les adaptations de la technologie, la diffusion et la transmission des résultats de la recherche et du déve-loppement agronomiques.

Croissance des échanges internationaux

La conférence a offert aux scientifiques une excellente

occasion de présenter leurs travaux de recherche et elle a

donné un bon aperçu des questions sur lesquelles les agro-

économistes travaillent, au niveau mondial. Quatre cent –

un exposés ont été présentés lors de la conférence; 43%

de ces exposés ont été rédigés en commun par des auteurs

de différents pays, ce qui montre le développement des

réseaux et l’accroissement des échanges internationaux

dans le domaine du développement et de la recherche. n

Nouveau paysage de l’agriculture mondiale | Eclairage

33Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 30–33, 2010

BibliographieLa bibliographie peut être obtenue auprès de l’auteur.

Page 34: numéro 1 janvier 2010

Hans Wydler: sociologue jusqu’au bout des ongles

Publications dans Recherche Agronomique Suisse

• Care Farming: prestations sociales dans

l’agriculture, Recherche Agronomique Suisse

1 (1), 4 – 9

«A quinze ans, je rêvais de devenir enseignant», se sou-

vient le sociologue Hans Wydler. «Plus tard, ma participa-

tion aux démarches citoyennes et aux initiatives de quar-

tier a éveillé mon intérêt pour les évolutions sociales et

m’a conduit à la sociologie. Le mouvement anti-nucléaire

m’a montré que l’on pouvait provoquer des change-

ments.» Et Hans Wydler de rajouter pensivement: «Certes,

il faut y consacrer beaucoup de temps et d’énergie. Au-

jourd’hui, je m’intéresse à la recherche fondamentale.»

Elle l’a d’ailleurs conduit à travailler comme sociologue à

Agroscope: «Les thèmes prioritaires du secteur agricole

sont en train de changer. L’agriculture n’est plus associée

à sa seule fonction de production. Le point de vue sur le

secteur s’élargit et englobe les aspects d’écologie et d’ur-

banisation décentralisée. La société doit prendre conc-

sience du fait que les structures sociales changent dans les

zones périphériques.»

Espaces de thérapie et de santé

Hans Wydler suppose «qu’à l’avenir, l’espace rural va

devenir de plus en plus un espace de détente, de théra-

pie et de santé. C’est pourquoi l’engagement

d’Agroscope à ce niveau est fondamental.» Cette décla-

ration peut intriguer. Il y a deux ans, Hans Wydler a été

chargé par ART de s’occuper du projet Green Care: «Le

projet a pour but d’établir des prestations sociales en

zone rurale. En font partie, par exemple, l’encadrement

des personnes handicapées et dépendantes dans les

fermes, ou l’intégration des jeunes au comportement

hors norme. Certes, le Care Farming, c’est la traduction

anglaise, existe déjà à plusieurs endroits dans l’agricul-

ture, mais il manque les structures pour spécifier l’offre

et définir les standard de qualité du point de vue des

exploitations familiales.» C’est pourquoi Hans Wydler

souhaiterait mettre en place une plate-forme Internet,

une place d’échange pour améliorer la visibilité de

l’offre et de la demande. «Il existe de nombreux parte-

naires possibles pour ce projet dans le secteur de la santé

et du paysage. On peut également envisager des ap-

proches thérapeutiques par le jardinage ou avec l’aide

des animaux. L’agriculture est tout à fait en mesure de

proposer des prestations sociales, car le travail permet

de voir directement le résultat de l’activité entreprise, et

il existe à la fois des structures fixes et une grande capa-

cité d’adaptation. Pour les handicapés, il est important

et satisfaisant de pouvoir participer à l’élaboration du

cadre de vie et de constater que le travail effectué a un

sens.»

Eveiller l’intérêt du public pour le Green Care

Le projet ne représente pas la panacée économique pour

l’agriculture, mais pour les exploitations qui envisagent

la diversification, il offre l’opportunité de s’engager.

Hans souhaite une large application du projet: «Le but

est que le Green Care soit établi en Suisse, aussi bien que

dans de nombreux pays nordiques. Là-bas, l’opinion pu-

blique soutient fortement l’intégration sociale dans l’es-

pace rural.»

Façonner la vie urbaine

Sur le plan privé, ce Winterthourois de souche cherche

également à innover en ville, comme le montre son inté-

rêt actuel pour un grand projet coopératif de construc-

tion d’une maison multigénérations à Winterthour. A

l’opposé des maisons de retraite, ce projet d’urbanisa-

tion doit permettre à plusieurs générations de vivre en-

semble. L’architecture favorise le contact et la commu-

nauté tout en garantissant la sphère privée de chaque

habitant. La construction moderne en bois associe un

confort d’habitation maximal à un concept énergétique

écologique. Ce projet lui offrira la chance de vivre sous

le même toit que ses deux filles adultes, leurs enfants

ainsi que ses deux plus jeunes filles. Il pourra à la fois

s’occuper de ses petits-enfants et se consacrer entière-

ment à la nouvelle phase de sa vie.

34 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 34, 2010

Hans Wydler (Photo : Etel Keller-Doroszlai, ART)

Etel Keller-Doroszlai, Station de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

P o r t r a i t

Page 35: numéro 1 janvier 2010

Actualités

35Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 35–39, 2010

A la mémoire d'Ernst R. KellerC’est avec beaucoup de regret que nous avons appris le

décès de Ernst Robert Keller, professeur émérite en pro-

duction végétale, survenu peu avant son 88e anniver-

saire, après une vie bien remplie.

Après ses études à la section d’agriculture de l’EPF de

Zurich et deux séjours à l’étranger, Ernst R. Keller a fait sa

thèse sous la direction du Professeur F.T. Wahlen, alors à

l’EPF de Zurich et futur Conseiller Fédéral.

Ensuite, Ernst R. Keller est devenu directeur de la sec-

tion «pommes de terre» à la station de recherche de Zu-

rich-Oerlikon. Il a été nommé professeur en production

végétale à l’EPF en 1968. Les points forts de ses recher-

ches étaient l’amélioration de la culture des pommes de

terre, la production durable et l’utilisation de la biotech-

nologie dans la production végétale.

La recherche agronomique, l’agriculture suisse, l’EPF

de Zurich et les étudiants ont largement profité des con-

tacts nationaux et internationaux d’Ernst R. Keller. Du-

rant ses deux décennies à l’EPF de Zurich, le Professeur

Keller a formé toute une génération d’agronomes.

Même pendant sa retraite, Ernst R. Keller a continué

à s’investir en faveur de l’agriculture que ce soit comme

éditeur du nouveau manuel d’agronomie ou comme in-

terlocuteur toujours ouvert aux idées nouvelles.

A c t u a l i t é s

5e Journée d’information sur la recherche bio: «Quoi de nouveau sur le bœuf bio?»La 5e Journée sur la recherche bio aura lieu le 22 avril

2010, à Posieux, à la Station de recherche Agroscope Lie-

befeld-Posieux ALP. La journée sera consacrée au bovin

dans l’agriculture bio. Des résultats actuels issus de tra-

vaux de recherche et concernant les cultures fourragères,

l’affouragement, l’élevage, la santé animale ainsi que la

qualité des produits seront présentés sur des posters et

lors d’exposés, qui ne manqueront pas d’intéresser les

participants. Les chercheurs d’Agroscope (ACW, ART,

ALP), du FiBL et de l’EPFZ aborderont les sujets suivants,

essentiellement en allemand (d) ou en français (f) :

• récolter de l’azote et du fourrage en une fois:

comparaison de mélanges graminées-trèfle

avec des cultures pures (d);

• pâture mixte: jouer sur la complémentarité entre

les espèces animales (f) ;

• effets de cultures intercalaires florissantes (sarrasin,

phacélie, chicorée) distribuées comme fourrage

sur la consommation des vaches laitières et la qualité

du lait (d);

• pâture intégrale avec différents types de vache:

du fourrage à la qualité du fromage (d);

• élevage du bétail laitier adapté aux conditions

locales: Résultats du projet «Elevage bio dans les

Grisons» – Sélection pour des caractéristiques

fonctionnelles dans le projet européen LowInput-

Breed (d);

• propriétés, diffusion et lutte contre S. uberis en tant

qu’agent pathogène responsable de mammites (d);

• planification sanitaire dans les troupeaux de bétail

laitier bio – stratégies et méthodes innovatrices de

sept pays européens (d).

Page 36: numéro 1 janvier 2010

De la documentation sur les exposés sera disponible

dans les deux langues. La 5e Journée sur la recherche bio

s’adresse aux personnes actives dans la recherche agro-

nomique, l’enseignement et la vulgarisation, qui

s’intéressent aux questions touchant à l’agriculture bio-

logique. Les agriculteurs ainsi que les représentants des

associations agricoles et des autorités sont également

les bienvenus. Le groupe de coordination bio d’Agro-

scope et du FiBL se réjouit de vous accueillir le 22 avril

prochain à Posieux.

Renseignements:

Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP

Martin Lobsiger

Rte de la Tioleyre 4

Case postale 64

1725 Posieux

Tél. +41 (0)26 407 71 11

Autour de la traite: dernières nouveau-tés de la science et de la pratique La Société scientifique des conseillers des producteurs lai-

tiers (Wissenschaftliche Gesellschaft der Milcherzeuger-

berater e.V., WGM) organise chaque année une confé-

rence sur l’actualité concernant la traite, qui présente les

derniers résultats scientifiques et les informations de ter-

rain des conseillers des producteurs laitiers. Les thèmes

suivants ont été traités dans le cadre de trois exposés ma-

jeurs: facteurs d’influence mécaniques et chimiques sur

les propriétés des trayons, indications pour l’aménage-

ment ergonomique des postes de traite et pour la planifi-

cation des systèmes de traite automatique. Enfin, diffé-

rents séminaires ont permis de discuter des normes DIN

ISO actuelles et des mesures prélevées dans les conditions

pratiques de la traite, aussi appelées mesures dynamiques.

16 et 17 septembre 2009, Dresde

Pascal Savary, Bâtiments, animaux et travail, Station de

recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Actualités

Informations actuelles de la recherche

pour le conseil et la pratique:

Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois

par année et informe sur les avancées en

production végétale, production animale,

économie agraire, techniques agricoles,

denrées alimentaires, environnement et

société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line sous

www.rechercheagronomiquesuisse.ch

Commandez un numéro gratuit!

AgRARfoRSchung Schweiz

RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch

NOUVEAU

Nom / Société

Prénom

Rue/N°

Code postal / Ville

Profession

E-Mail

Date

Signature

Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publica-

tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

naires sont l’office fédéral de l’agriculture

ofAg, la haute école suisse d’agronomie de

zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne &

Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de

zurich eTh zürich, Department of agricultural

and foodscience. Agroscope est l’éditeur.

cette publication paraît en allemand et en

français. elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.

Page 37: numéro 1 janvier 2010

37Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 35–39, 2010

Monitoring économique de la consom-mation d’énergie fossile dans l’agri-culture européenne

Cahiers d’ARTLa production agricole en Europe est soumise à une

pression publique constante; et ce, non seulement à

cause des paiements directs élevés octroyés au secteur

agricole. Dans ce contexte, des effets externes négatifs,

comme l’émission de gaz à effet de serre issus de la

consommation d’énergie non renouvelable requièrent

une attention particulière. Ceci demande de disposer

d’un instrument permettant d’estimer la consommation

énergétique de la production agricole de manière mé-

thodique, consistante, complète et spécifique à la ré-

gion. Sans cet instrument, les questions liées à la consom-

mation efficiente d’énergie ou à l’attribution d’objectifs

de réduction d’émission efficaces, spécifiques à l’espace

géographique et aux procédés ne peuvent être résolues.

Le but de la thèse de Tim Kränzlein est d’obtenir, sur

la base d’un modèle, une estimation régionalement dif-

férenciée de la consommation et de l’efficience énergé-

tiques de la production agricole primaire dans l’ensemble

de l’Union européenne et de calculer les émissions de

gaz à effet de serre qui en résultent. L’étape suivante

consiste à analyser les instruments politiques existants

et nouveaux par rapport à leur consommation énergé-

tique, aux émissions liées à l’énergie et à leur effet sur le

bien-être général. L’évaluation énergétique de tous les

composants de la consommation est basée sur l’analyse

des procédés et utilise la méthode de l’analyse du cycle

de vie. Un modèle sectoriel agricole est employé à la fois

pour la représentation à l’échelle européenne et pour

l’analyse des instruments politiques.

Cette thèse s’adresse notamment aux chercheurs et

aux décideurs politiques, qui s’occupent des externali-

tés liées au climat et ébauchent des mesures sectorielles,

pour lesquelles ils ont besoin d’inspiration et

d’informations de fond systématiques.

ISSN 1661-7584 Cahiers d’ART

ISBN 978-3-905733-14-3

Tim Kränzlein,

Station de recherche

Reckenholz-Tänikon ART

Tänikon, 8356 Ettenhausen

[email protected], www.agroscope.ch

Actualités

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Page 38: numéro 1 janvier 2010

38 Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 35–39, 2010

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

www.agroscope.ch

14.12.2009 / ACWOisillons et produits phytosanitaires: de nou-velles prévisions des risques en 2010Une révision de la directive européenne relative à l’éva-

luation des risques que les produits phytosanitaires re-

présentent pour les oiseaux doit être publiée au début

de l’année 2010. La Suisse va examiner la nouvelle direc-

tive au cours des prochains mois. L’objectif est d’adopter

les mesures qui contribuent à optimiser les modèles de

prévision que nous appliquons, ainsi que la précision du

contrôle des produits phytosanitaires. L’un des aspects

est d’ores et déjà considéré comme très essentiel : les

nouvelles méthodes prévisionnelles devraient notam-

ment offrir la possibilité d’évaluer l’effet des produits

phytosanitaires sur les oisillons. Ce nouveau modèle de-

vrait permettre d’étendre la protection des oiseaux

adultes à leur progéniture bien plus sensible.

11.12.2009 / ACWConditions climatiques et vendanges 2009Les vendanges 2009 débutées en septembre se sont gé-

néralement terminées durant la première quinzaine

d’octobre dans des conditions exceptionnelles. Une ex-

cellente matière première est désormais entre les mains

des oenologues. Le bilan des vendanges des domaines

expérimentaux de la Station de recherche Agroscope

Changins-Wädenswil ACW dans les différentes régions

viticoles de Suisse est très positif, la vigne ayant particu-

lièrement bien valorisé les conditions climatiques durant

la maturation.

08.12.2009 / ACWDe nouvelles approches dans l’étude des pommes – un avenir aromatiqueL’aspect d’une pomme est le premier critère d’achat,

mais un arôme savoureux peut compenser une mauvaise

impression initiale. C’est ce que les scientifiques spéciali-

sés en analyse sensorielle de la station de recherche

Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont découvert,

grâce à une nouvelle méthode de recherche. L’objectif :

intégrer le comportement et les désirs des consomma-

teurs dans la création de nouvelles variétés de pommes.

07.12.2009 / HNSLe cheval et l’éthique: sensibiliser sans accuserOrganisée par le Haras national suisse HNS en collabora-

tion avec l’Observatoire de la filière cheval (OFiChev),

une table ronde ayant pour thème «Le cheval et

l’éthique» s’est tenue le 18 novembre 2009 à Avenches.

L’objectif était de poser les bases d’un consensus visant à

sensibiliser le public, mais sans porter de jugement accu-

sateur. Cette démarche visait également à faire prendre

conscience de l’impact de nos actes lors des contacts

avec les chevaux.

03.12.2009/ ARTRéseau social dans le solLes champignons sont très importants pour nos plantes.

Ils leur apportent des éléments nutritifs et les aident à se

développer. On a également remarqué qu’ils se compor-

taient de façon très sociale dans ce contexte.

Pour beaucoup de plantes, il n'est pas toujours facile de

puiser les éléments nutritifs dans le sol. C'est pourquoi

elles ont besoin de l'aide de champignons appelés myco-

rhizes. Ces derniers absorbent le phosphore diffus dans

le sol et l'azote et le redistribuent contre « paiement »

aux racines des plantes.

La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART a découvert que ces champignons avaient apparem-

ment une fibre très sociale. Il semble qu'il leur soit sou-

vent égal de savoir quelle quantité d'hydrate de carbone

et de sucre ils obtiennent de quelle plante en contrepar-

tie: leur apport d'éléments fertilisants reste le même.

01.12.2009 / ACWAssez de jus de pomme suisse malgré le feu bactérien!Le feu bactérien touche de plus en plus d’arbres à haute-

tige et menace directement la production de pommes à

cidre. Afin que les consommateurs de notre pays puissent

continuer de savourer du bon jus de pomme suisse, il est

nécessaire d’avoir des variétés qui, notamment, résistent

aux maladies telles que le feu bactérien. La station de

recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, en col-

laboration avec les cidreries et différents partenaires, a

lancé un projet dans ce but.

Page 39: numéro 1 janvier 2010

39Recherche Agronomique Suisse 1 (1): 35–39, 2010

Actualités

M a n i f e s t a t i o n sL i e n s I n t e r n e t

2010: Année de la biodiversité

www.biodiversite2010.ch

Le 20 décembre 2006, l’Assemblée générale des Nations-

Unies a proclamé 2010 Année internationale de la biodi-

versité (AIB) et désigné le secrétariat de la CDB comme

centre de liaison. C’est l’occasion de faire le bilan sur la

protection de la biodiversité et de voir quels sont les

enjeux futurs.

Activités de la Suisse durant l’Année internationale de la biodiversité La Suisse participera activement, sur le plan intérieur

comme sur le plan international, à l’année 2010 dédiée à

la biodiversité. Dans le cadre de ses activités ayant pour

but la préservation de la biodiversité, la Confédération,

plus précisément l’OFEV, a mis l’accent sur la conserva-

tion des espèces, domaine dans lequel la Suisse n’excelle

pas selon les rapports de l’OCDE. La Confédération éva-

lue régulièrement la situation par son programme de

suivi de la biodiversité. Des rapports sont prévus, l’un

pour 2009 au niveau national et l’autre pour 2010, sur les

actions que la Suisse mène au niveau international.

Février 2010

5.2.2010Journée d’information «Produire de la viande au pâturage»Agroscope Changins-Wädenswil ACW Nyon

8 – 12.2.2010Winterbesuchswoche ART Tänikon 2010 Woche 6Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon

22 – 26.2.2010Winterbesuchswoche ART Tänikon 2010 Woche 8Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon

Mars 2010

4.3.2010Journée phytosanitaire pour les cultures maraîchères 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACWWädenswil

19.3.2010Journée d’information ARTAgroscope Teckenholz-Tänikon ARTReckenholz, Zurich

Avril 2010

22.4.20105e Journée d’information sur la recherche bioStation de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALPPosieux

30.4.20105e réunion du réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNS Avenches

Février 2010 / Numéro 2

• Projet Isafruit : préférences des consommateurs

de pommes en Suisse, S. Egger ACW

• Projet Isafruit : comparaison internationale de la production de pommes, E. Bravin ACW

• Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait, I. Morel ALP

• Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques, J. Schweiger ART

• Listes recommandées des variétés de soja, tournesol et pois protéagineux pour la récolte 2010

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

Une chercheuse d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW mesure la qualité interne d'une pomme par spectroscopie proche de l'infrarouge. (Photo: Carole Parodi, ACW)

Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Page 40: numéro 1 janvier 2010

Janvier - février 2010

La biodiversité vaut de l’or!Stations de recherche Agroscope

La biodiversité, c’est notre patrimoine naturel, le fondement de toute vie et notre avenir. Agroscope présente des solutions optimales pour promouvoir la diversité.

Qui dit diversité naturelle, dit plaisir: passez vous régalerà notre bar des saveurs!

Agroscope fait de la recherche pour les Hommes, les animaux et l’environnement!

Visitez le stand de la recherche agronomique suisse!

Swiss’expo 14 -17 janvier 2010Halle 9, Stand n° 923, Beaulieu, Lausanne

Tier & Technik 25 -28 févier 2010Halle 1.1, Stand n° 22, Halles de l’Olma Messen, St-Gall

www.agroscope.ch

Stations de rechercheAgroscope Changins-Wädenswil ACWAgroscope Liebefeld-Posieux ALPAgroscope Reckenholz-Tänikon ART

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Vendredi 5 février 2010

Produire de la viande au pâturageJournée d’information 2010 - Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Changins

Objectifs de la journée• Présenter les résultats d’essais et les connaissances actuelles en

ce qui concerne la production de viande à partir d’herbe pâturée. Favoriser les échanges sur ce sujet entre les chercheurs et les différents acteurs de la filière.

Public cible• La journée s’adresse à toutes les personnes concernées par la

thématique de la production de viande au pâturage : agriculteurs, conseillers agricoles, enseignants, chercheurs, etc.

Vendredi 5 février 20109h00 à 16h15, Aula de Changins Exposition de posters sur le thème de la journéeou sur les grandes cultures

Information et inscriptionwww.agroscope.ch, rubrique « Manifestations »Inscription obligatoire jusqu’au 21 janvier 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACWGrandes cultures et systèmes [email protected]@acw.admin.ch

Département fédéralde l'économie DFEStation de rechercheAgroscope Changins-Wädenswil ACW

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