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NUNNY, L’OISEAU AUX MILLE COULEURS

Avec élégance, créativité et introspection, l’artiste Nunny nous livre une musique teintée d’une aura aux multiples influences passant de la bossa-nova, de la pop, du jazz et de la musique classique à son héritage culturel bassa. Née à Douala, au Cameroun, Nunny quitte son pays natal pour s’installer à Paris avec sa famille à l’âge de 8 ans. Elle étudie la musique classique pendant près de 10 ans, s’imprégnant fortement des univers sonores de Puccini, Debussy ou Rachmaninov, entre autres. Elle se spécialise, dès lors, dans la pratique du chant lyrique, ce qui lui permet de se produire aux quatre coins du monde (Afrique du Sud, Inde, Costa Rica…) avec le chœur d’enfants de l’Opéra de Paris. Elle a commencé d’ailleurs par vouloir faire entendre sa voix en tant que chanteuse d’opéra. Elle se rend compte cependant de la nécessité pour elle de faire sonner ce qu’elle a en elle en composant, avec Stefano Genovese, ses propres chansons, renouant ainsi avec sa formation initiale de musicienne.

« L’Opéra m’aura appris l’importance d’être musicienne, c’est-à-dire l’importance pour la voix d’être non pas au-dessus, mais en parfaite harmonie avec l’orchestre. Ce qui sous-entend qu’une bonne chanteuse doit être capable de se mettre en retrait, pour permettre au public d’apprécier à sa juste valeur la beauté du son qui émane des instruments. »

Sa musique est alors la caisse de résonance de sa singularité aux croisées de ses cultures française et camerounaise. Habitée tant par sa langue maternelle, le bassa, une des nombreuses langues du Cameroun, et les rythmes traditionnels d’Afrique subsaharienne que par les caractéristiques de la musique classique, la musicalité de Nunny est l’union possible et sans hiérarchisation d’une culture occidentale et africaine à l’image de ce qu’est l’artiste.

« Ma musique/musicalité n’est que l’expression de ce que je suis, l’expression de ma double culture. Elle est le reflet de mon identité. »

Une authenticité se dégage donc naturellement aux premières notes d’une chanson de Nunny. Elle réussit à nous embarquer aisément dans son univers déployant majestueusement ses ailes d’oiseau pour un voyage unique. Un voyage unique, en effet, pour un auditeur plutôt « anglocentré », car la langue bassa, vecteur d’interprétation de l’artiste, nous fait entendre des sonorités nouvelles, des intonations nouvelles. Un voyage singulier également grâce à ce mélange savamment élaboré entre tradition et contemporanéité. L’importance de l’héritage, de ce qui la fonde, est d’ailleurs nécessaire à l’artiste, par exemple pour la tradition orale qui nourrit sa chanson « Mañnge Ni Lép », conte africain écrit et composé par elle-même. Cependant, sa musique contient également le souffle d’une vitalité nouvelle qui lui donne un ancrage tout à fait contemporain.

Son nom de scène, Nunny (qui, en bassa, veut dire « l’oiseau »), est le surnom que lui a donné sa mère. Et cette dernière disait d’elle : « Nunny a kahal sômbôl puwe », autrement dit « L’oiseau prend son envol ». Ce message d’espoir inspire le titre de son premier album et retranscrit les valeurs qui l’habitent. Animal migratoire, l’oiseau est souvent synonyme de liberté, de légèreté et d’indépendance du fait qu’il sait voler. Riche des souvenirs de contrées lointaines, il revient néanmoins au point de sa fondation. L’artiste Nunny, au même titre, nous révèle ses mille couleurs au gré de la progressive écoute de ses différentes chansons qui constituent son envol à elle, sa force de liberté.

Marie-Julie Chalu, écrivaine et biographe

ENTRETIEN // Boum ! Bang ! magazine

• Comment l’oiseau a-t-il commencé à faire son nid ? Autrement dit, quel a été ton parcours jusque-là ?J’ai une formation classique. J’ai commencé à étudier le chant lyrique en entrant dans le chœur d’enfants de l’Opéra de Paris à l’âge de 15 ans, et j’y suis restée 6 ans. Puis j’ai pris mes distances avec la musique pendant 2 ans. J’ai décidé de reprendre mes études de langues que j’avais interrompues pendant que j’étudiais à l’Opéra, juste au cas où... La musique était dans un coin de ma tête, mais je ne savais pas vraiment comment j’allais m’y prendre. J’avais énormément perdu confiance en moi. Ça devait me rassurer d’aller à l’école tout en réfléchissant à un avenir artistique. Une fois ma licence en poche, j’ai fait mes valises pour Londres, et c’est dans cette ville que j’ai écrit les chansons de mon album. J’ai un petit pincement au cœur chaque fois que j’y repense.

• Quelles sont tes influences musicales et autres?La musique classique, bien sûr ! Mais aussi le jazz, la bossa-nova, la pop. Et puis, je suis une inconditionnelle de la mode des années 30, 40, 50. À cette époque, les femmes étaient d’une élégance à vous couper le souffle. J’aime également beaucoup le cinéma italien des années 50, Vittorio De Sica, Federico Fellini…

• Que veux-tu transmettre avec ta musique ?La richesse culturelle qui est la mienne.

• Quel est ton rêve artistique le plus fou ?Enregistrer avec le Berliner Philharmoniker (sourire). Vous avez dit « rêve artistique le plus fou » et puis... l’espoir fait vivre, non?

• Avec quels artistes voudrais-tu collaborer ?Il y en a tellement dont j’admire le travail! Le premier nom qui me vient à l’esprit est Bobby McFerrin, j’aimerais tellement qu’il m’apprenne tous ces sons qu’il est capable de produire avec sa voix. Non seulement il est talentueux, mais, en plus, il a l’air d’être quelqu’un de très humble. Et puis il y a bien sûr Tom Jobim. J’aurais adoré pouvoir au moins l’écouter en concert, malheureusement je ne suis pas née à la bonne époque.

• Parle-nous de ton premier album, « Nunny hi puwe ».Mon album aborde beaucoup de sujets, sauf celui des ruptures amoureuses ! (rires). Il parle de l’amour d’une mère, du doute de soi, de l’incertitude du lendemain, ou encore du pardon. Il y a beaucoup d’instruments que j’adore, comme la guitare basse et le piano. Il y a des musiques écrites pour quatuor à cordes et il y a des instruments assez improbables, comme le psaltérion. Je n’arrive toujours pas à croire qu’il est entièrement écrit et composé. D’ailleurs, j’en profite pour remercier mon directeur musical sans qui tout cela n’aurait pas été possible.

• Peux-tu nous expliquer le titre de ton album ? En quoi s’inscrit-il dans ton parcours et ton évolution ?« Nunny hi puwe » signifie « l’oiseau s’est envolé ». Je me suis posé beaucoup de questions sur la manière dont je voulais faire de la musique, je m’en suis tellement posé que j’ai beaucoup tardé à me lancer. Je me suis pas mal cherchée. Je crois qu’avec cet album je me suis trouvée (rires). Ou du moins, j’ai trouvé mon identité artistique. Je fais les choses comme j’ai envie de les faire avec un mot d’ordre: authenticité. Cela ne m’intéresse pas d’être dans la tendance musicale. Je veux être juste, je veux être dans le vrai et je prendrai le temps qu’il faudra pour être dans le juste et le vrai. De cette manière, je ne me trahis pas, et je pense que je ne trompe pas le spectateur.

• Qu’est-ce qu’être une artiste française et africaine en France ? Cela est-il d’ailleurs une spécificité ?Je crois que c’est faire avec sa double culture, si double culture il y a, car nous avons tous des parcours différents. Moi, je suis née au Cameroun et j’ai grandi en France. Je suis franco-camerounaise et je ne me pose pas de questions d’appartenance à une nation plus qu’à une autre. Je ne pense pas que cela soit une spécificité. La vie a fait que, pour moi, c’est comme ça, c’est tout.

• Raconte-nous un de tes souvenirs musicaux. La Messe de Bernstein (Mass) à la Cité de la musique sous la direction de David Levi. De la préparation de la représentation à la représentation elle-même. Un moment inoubliable. J’étais fascinée par l’orchestre, les chanteurs, et puis le chef d’orchestre ! Un homme très passionné qui a ce don de vous communiquer instantanément sa passion et, surtout, qui vous traite comme son égal, ce qui est quand même très rare dans le milieu. Vous savez, il y a des rencontres dans la vie qui sont comme un déclic. David Levi en a été un pour moi.

www.nunnymusic.com