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Livre du professeur Français Sous la direction de Chantal Delannoy-Poilvé Formatrice en Lettres, IUFM-UPEC, académie de Créteil Sabine Adler-Carreaud Professeur de lycée professionnel, lycée Gaston-Darboux, Nîmes, académie de Montpellier Anissa Belhadjin Maître de conférences, université de Cergy-Pontoise, IUFM de l’académie de Versailles Benoît Dumény Professeur de lycée professionnel, lycée Étienne-Dolet, académie de Paris Nadia Gilard Professeur de lycée professionnel, lycée Jean-Caillaud, Ruelle-sur-Touvre, académie de Poitiers Alix Giraud Professeur de lycée professionnel, lycée Marcel-Desprez, académie de Paris Philippe Maurel Professeur de lycée professionnel, lycée Simone-Weil, Pantin, académie de Créteil Sandrine Philippe Inspectrice de l’Éducation nationale en Lettres, académie de Créteil Programme 2011

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Livre Du Professeur Francais Terminale Bac

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  • Livre du professeurFranais

    Sous la direction de Chantal Delannoy-Poilv

    Formatrice en Lettres, IUFM-UPEC, acadmie de Crteil

    Sabine Adler-CarreaudProfesseur de lyce professionnel,

    lyce Gaston-Darboux, Nmes, acadmie de Montpellier

    Anissa BelhadjinMatre de confrences,

    universit de Cergy-Pontoise, IUFM de lacadmie de Versailles

    Benot DumnyProfesseur de lyce professionnel,

    lyce tienne-Dolet, acadmie de Paris

    Nadia GilardProfesseur de lyce professionnel,

    lyce Jean-Caillaud, Ruelle-sur-Touvre, acadmie de Poitiers

    Alix GiraudProfesseur de lyce professionnel,

    lyce Marcel-Desprez, acadmie de Paris

    Philippe MaurelProfesseur de lyce professionnel,

    lyce Simone-Weil, Pantin, acadmie de Crteil

    Sandrine PhilippeInspectrice de lducation nationale

    en Lettres, acadmie de Crteil

    Programme 2011

  • Objet dtude 1

    Interrogation 1Interrogation 1

    Squence A Regards vers lAutre, regard de lAutre ? 5 valuation 10

    Squence B Rcits de voyages, rcits de rencontres ? 12 valuation 19

    ACTIVITS ET RECHERCHES 21

    Histoire des arts : Pierre Alechinsky 23

    Interrogation 2Interrogation 2

    Squence A Comment dire lenfance en pays domin ? 25 valuation 30

    Squence B Que transmettre de son histoire ? 32 valuation 40

    ACTIVITS ET RECHERCHES 42

    Histoire des arts : Manish Arora 44

    Interrogation 3Interrogation 3

    Squence A Socit moderne, socit multiculturelle ? 46 valuation 51

    Squence B Lettres parisiennes : entre ici et ailleurs ? 52 valuation 57

    ACTIVITS ET RECHERCHES 59

    Histoire des arts : Aziza Alaoui 62

    tude de la langue 53 Objectif Bac Pro 65

    Le code de la proprit intellectuelle nautorise que les copies ou reproductions strictement rserves lusage priv du copiste et non destines une utilisation collective [article L. 122-5] ; il autorise galement les courtes citations effectues dans un but dexemple ou dillustration. En revanche toute reprsentation ou reproduction intgrale ou partielle, sans le consentement de lauteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite [article L. 122-4]. La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confi au C.F.C. (Centre franais de lexploitation du droit de copie, 20, rue des Grands Augustins, 75 006 Paris), lexclusivit de la gestion du droit de reprographie. Toute photocopie duvres protges, excute sans son accord pralable, constitue une contrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code pnal.

    ditions Belin, 2011 ISBN 978-2-7011-5819-8

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    1Objet dtude 2

    Interrogation 1Interrogation 1

    Squence A Voies diffrentes, mme engagement ? 69 valuation 73

    Squence B Fminin et masculin 75 valuation 80

    AC T IVIT S E T RECHERCHE S 82

    Histoire des arts : J.-M. Basquiat 84

    Interrogation 2Interrogation 2

    Squence A La ngritude, une voix nouvelle ? 86 valuation 91

    Squence B La Peste, fl au mythique et symbolique ? 92 valuation 99

    AC T IVIT S E T RECHERCHE S 100

    Histoire des arts : Sudodh Gupta 102

    Interrogation 3Interrogation 3

    Squence A Promthe et le monde contemporain 103 valuation 108

    Squence B Cinma et mythes du pass 109 valuation 114

    AC T IVIT S E T RECHERCHE S 115

    Histoire des arts : Pierre et Gilles 116

    tude de la langue 118 Objectif Bac Pro 120

    Objet dtude 3

    Interrogation 1Interrogation 1

    Squence A Les mots expression de la volont ? 123 valuation 127

    Squence B Faire rire, une affaire de langage ? 129 valuation 134

    AC T IVIT S E T RECHERCHE S 136

    Histoire des arts : Thtre du Soleil 138

    Interrogation 2Interrogation 2

    Squence A La tlvision, une socit du spectacle ? 139 valuation 143

    Squence B Le Roi samuse, une pice qui drange ? 145 valuation 151

    ACTIVITS ET RECHERCHES 152

    Histoire des arts : Jenny Holzer 153

    Interrogation 3Interrogation 3

    Squence A Orateur et public, une mise en spectacle ? 154 valuation 158

    Squence B Daewoo, la parole sociale en spectacle 159 valuation 165

    AC T IVIT S E T RECHERCHE S 166

    Histoire des arts : Le Serment du jeu de Paume

    tude de la langue 168 Objectif Bac Pro 170

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    Objet dtude 1

    Identit et diversit pages 10 71 du manuel

    Interrogation 1Interrogation 1 En quoi lautre est-il semblable et diffrent ?

    SQUENCE ASQUENCE A Regards vers lAutre, regard de lAutre ? 5-111. art Pend, P. Picasso, A. Malraux, Chri Samba 2. D. Daeninckx, A. Kechiche valuation N. Delesalle, Y. Arthus-Bertrand SQUENCE BSQUENCE B Rcits de voyages, rcits de rencontres ? 12-20

    1. A. Cojean, M. Dozier 2. Titouan Lamazou, Abd Al Malik 3. M. Houellebecq, J.-P. Mari, H. Silvester valuation J. Ferrandez, I. Eberhardt

    ACTIVITS ET RECHERCHESACTIVITS ET RECHERCHES 21-22HISTOIRE DES ARTSHISTOIRE DES ARTS P. Alechinsky, Central Park 23-24

    Interrogation 2Interrogation 2 Comment transmettre son histoire, son pass, sa culture ?

    SQUENCE ASQUENCE A Comment dire lenfance en pays domin ? 25-311. P. Chamoiseau 2. B. Cyrulnik valuation G. Halimi SQUENCE BSQUENCE B Que transmettre de son histoire ? 32-41

    1. O. Lewis, L. Buuel 2. P. Michon, N. Renaude, F. Kahlo 3. Grand Corps Malade, Idir, A. Jacquard, G. Porte valuation Ayaan Hirsi Ali, Camara Laye

    ACTIVITS ET RECHERCHESACTIVITS ET RECHERCHES 42-43HISTOIRE DES ARTSHISTOIRE DES ARTS M. Arora, Robe Butterfl y 44-45

    Interrogation 3Interrogation 3 Doit-on renoncer aux spcifi cits de sa culture pour sintgrer dans la socit ?

    SQUENCE ASQUENCE A Socit moderne, socit multiculturelle ? 46-511. A. Ernaux 2. G. Kelman, O. Roy 3. A. Sefrioui valuation A. Djouder, A. Berthod SQUENCE BSQUENCE B Lettres parisiennes : entre ici et ailleurs ? 52-58

    1. L. Sebbar, N. Huston 2. L. Sebbar, H. Massoudy 3. N. Huston, L. Sebbar valuation N. Huston ACTIVITS ET RECHERCHESACTIVITS ET RECHERCHES 59-61HISTOIRE DES ARTSHISTOIRE DES ARTS A. Alaoui, Le chemin 62

    TUDE DE LA LANGUE TUDE DE LA LANGUE Grammaire - LexiqueGrammaire - Lexique 63-64

    OBJECTIF BAC PROOBJECTIF BAC PRO 65-67

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 5

    REGARDS VERS LAUTRE, REGARD DE LAUTRE ? pages 12-17 du manuelRpp

    S Q U E N C E A

    Interrogation 1 En quoi lautre est-il semblable et diffrent ?

    Introduction au travail de la squence

    Cette squence sinscrit dans lobjet dtude Identit et diversit . Squence douverture du livre, elle questionne le rapport lautre, et plus prcisment le regard sur lautre au travers notamment de productions artistiques et culturelles. Elle permet ainsi de se demander si lautre, si le point de vue que nous avons sur lautre, est constitutif de notre identit.

    De quelle nature est le regard que nous portons sur les autres ? Comment les considrons-nous ? Est-ce que cet exercice est rversible ? Comment les autres nous voient-ils ?

    Cette squence, propose au tout dbut de lanne, devrait per-mettre une confrontation des arts et des civilisations et permettre lou-verture de dbats partir des ractions et des opinions des lves.

    1. Lart : une passerelle vers lAutre ? p. 12-13 du manuel

    Cette premire sance traite du dialogue qui sest instaur au dbut du XXe sicle, puis sest dvelopp entre les arts dits premiers et lart moderne.On se demandera si lart africain, ocanien ou amrindien a tir bnfi ce de linfl uence quil a eue sur lart occidental, la peinture ou la sculpture, et sil sen est trouv reconnu son tour.

    Lecture

    tudier le masque et le tableau(document 1) Les Pend, ethnie dAfrique centrale, forment une soixantaine de petits royaumes au sud-ouest de la Rpublique dmocratique du Congo (ancien Congo belge). Les masques maladie mbangu, que lon retrouve ailleurs en Afrique, sont l pour repousser les maladies, tant physiques que les

    maux de lesprit. Ils exhortent aussi au courage devant laffl iction. Le masque mbangu reprsent p. 12 du manuel, sculpt au milieu du XXe sicle, est dit lensorcel . On notera la dformation faciale, le jeu sur la forme et la gomtrie du visage, les deux couleurs

    Le tableau Les Demoiselles dAvignon a t peint en 1907, son titre se rfre non pas la ville fran-aise mais au Carrer dAviny , littralement la

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    REGARDS VERS LAUTRE, REGARD DE LAUTRE ?

    Rue dAvignon, une rue chaude de Barcelone prs de laquelle vivait Picasso jeune. Ce tableau, considr comme le point de dpart du cubisme, en raison de la rupture stylistique et conceptuelle quil propose, a t acquis par le MoMA de New York en 1939.

    1. Le document 1a reprsente un masque afri-cain, le document 1b est une tude de Picasso, une peinture prparatoire son tableau. Le masque a une fonction rituelle ou sacre, le tableau nest quune uvre dart sans fonction particulire. Pourtant les traits du visage peints par le peintre espagnol possdent des contours simples, gomtriques, une proportion, un jeu dombre et de lumire, des couleurs presque brutes, qui montrent nettement linfl uence de Picasso, grand amateur dart africain.

    tudier le tmoignage (document 2)2. Les ractions de Picasso sont dabord lies une perception ngative : dans un premier temps, il trouve a dgotant et compare mme le muse dethnographie au march aux Puces (l. 1-2). Cependant, aprs stre attard, il est tou-ch : il marrivait quelque chose , dit-il (l. 3). Il peroit la nature magique (l. 5) des objets expo-ss, leur rle librateur. Finalement, dans ce muse affreux , il a la rvlation du sens de sa vocation : Jai compris pourquoi jtais peintre (l. 8-9).

    3. Pour Picasso les objets du muse ethnogra-phique ont une fonction magique : lors de cette visite, il a pris conscience que les masques, les ftiches taient des armes (l. 6), des outils pour donner une forme aux esprits (l. 8-9).Picasso fait ici un double lien avec son uvre : Jai compris pourquoi jtais peintre , dit-il lignes 9-10, faisant le parallle entre objets rituels et peinture : de la mme manire que les masques donnent forme aux esprits, la peinture donne forme, exprime linconscient , lmotion (cest pourquoi il parle de toile dexorcisme ).Dautre part, il considre que cette visite au muse ethnographique, o il rencontre pour la premire fois les arts premiers, est lorigine de lune de ses

    uvres les plus clbres, Les Demoiselles dAvi-gnon, dont nous proposons ici ltude prparatoire dun des personnages.

    tudier le tableau et lentretien (documents 3 et 4)4. Ce tableau est la deuxime partie dun trip-tyque intitul : Quel avenir pour notre art ? Sur ce tableau, deux peintres sont reprsents. En sappuyant sur le document 4, on peut penser quil sagit de Chri Samba et de Picasso en dpit de la chronologie qui rend cette rencontre impossible (Picasso est mort en 1973, Chri Samba a alors dix-sept ans et vit Kinshasa au Congo). Le parallle entre les deux hommes est accentu par le peintre : mme allure gnrale, mme expression des visages, mme pas dcid, mme type de tableau port de la mme faon, mme position des bras La couleur de peau de Picasso a t assombrie. Peut-tre se rendent-ils au muse dart moderne qui se trouve sur leur gauche ? Le tableau, fi guratif, marque des oppo-sitions fortes entre les couleurs avec des tonali-ts vives, chatoyantes.Chri Samba justifi e la prsence (symbolique) de Picasso ses cts par le fait que le peintre espa-gnol a t infl uenc par lart africain et que lui-mme souhaite lui rendre hommage. Mais cest aussi pour Chri Samba une manire de revendi-quer la place de lart africain dans un muse dart et non pas dans un muse dethnographie.

    criture et oral

    5. Il sagit dun rcit la 1re personne. On attend des lves quils racontent le muse et surtout ses visiteurs du point de vue du masque.Pour les aider, on rappellera rapidement le contenu des collections ethnographiques du muse du Trocadro. Dautre part, il peut tre utile dattirer leur attention sur le fait que cest lAutre, celui qui est habituellement dsign comme lAutre, qui dlivre son point de vue. Il sagit dun renversement de point de vue et on peut encou-rager les lves tenir compte de ce renverse-

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 7

    ment en soulignant ce qui peut tre surprenant ou choquant dans nos attitudes ou nos habitudes lgard des autres civilisations.

    6. Dans lextrait de Malraux (doc. 2), le tmoi-gnage de Picasso rvle combien la dcouverte ou la rencontre de ce quon appelle aujourdhui les arts premiers a t retentissante pour les artistes modernes, peintres ou sculpteurs. Le caractre sacr ou magique de ces uvres africaines, ocaniennes ou amrindiennes, a for-tement impressionn les crateurs occidentaux et on retrouve indiscutablement dans leurs

    uvres (comme le montre ltude pour le tableau Les Demoiselles dAvignon) les formes stylises et hiratiques des objets de ces arts lointains (doc. 1a et 1b).Chri Samba nous dit (doc. 3 et 4) que cette ren-contre est rversible, cest un aller et retour : ce que lart moderne a puis dans cet art des Autres, il le lui a rendu en le valorisant, en lui donnant une lgitimit. La culture ne sarrte pas aux fron-tires, et limage de ces deux crateurs, lAfricain et lOccidental, cte cte (toile de Chri Samba), est une parfaite illustration de cette rencontre russie ou partage.

    2. Quels regards sur une Vnus spectacle de foire ? pages 14-15 du manuel

    Cette seconde sance traite du regard port sur lAutre, son corps et sa reprsentation, un moment historique prcis, la colonisation, o lon considrait lhomme non occidental comme une curiosit et non comme lun de ses semblables. travers lexemple de Saarje Baartman, la Vnus noire , on sinterrogera sur la nature de ce regard et sur ce quil nous apprend de notre manire dapprhender lAutre.

    Lecture

    tudier le texte (document 1) Le roman Le retour dAta reprend le personnage principal dun roman prcdent de Didier Dae-ninckx, Cannibale (Verdier, 1998). Le vieux Gocn quitte la Nouvelle-Caldonie pour retrou-ver et rapporter dans sa tribu la tte dun guerrier kanak, prnomm Ata, tte expose dans un muse parisien. Saarje Baartman est ne en 1789 dans une tribu dleveurs et de chasseurs dAfrique du Sud. Victime dune hypertrophie des hanches, des fesses et du sexe, elle est arrache encore enfant sa terre natale par un fermier vnal et

    emmene en Europe o, revendue plusieurs fois, elle devient une bte de foire.

    1. Au fi l du texte, on apprend que Saarje Baart-man porte le nom de son propritaire (l. 12), quelle a t achete puis exile en Europe, exhi-be dans des foires et des salons, examine par des savants reconnus (l. 18) et force la prostitution (l. 20) ; aprs sa mort, le moulage de son corps a t plac dans un muse, pour lamu-sement des visiteurs (l. 6, 8-10).

    2. Le texte voque de la rpulsion et de la moquerie (l. 10) exprimes par les visiteurs, ainsi que des rfl exions idiotes (l. 3). Selon le narra-teur, ces ractions correspondent au sentiment de

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    REGARDS VERS LAUTRE, REGARD DE LAUTRE ?

    supriorit (l. 11) prouv par bon nombre de visiteurs europens.

    3. Mots entre guillemets : l. 7 : habille ; l. 12 : propritaire ; l. 18 : savants reconnus ; l. 24 : Vnus .Les mots et les expressions entre guillemets sont ceux que le narrateur ne reconnat pas comme les siens, quil met distance pour mieux sy opposer. Il sagit tout dabord du mot habille pour indiquer la faon dont le moulage du corps Saarje Baartman a t prpar en lui tant son humanit, afi n de retenir lattention du visiteur du muse. Puis, le mot propritaire mis entre guillemets insiste sur lillgitimit dfaut dil-lgalit dune telle possession. Les guillemets encadrant lexpression savants reconnus interrogent la validit de la dmarche scientifi que et la notorit de ceux-ci, dfaut dinterroger leur humanit. Enfi n, Vnus se rfre au sur-nom donn Saarje Baartman de son vivant ( la Vnus hottentote ) : le narrateur soppose aussi ce nom qui rduit cette femme ses particula-rits physiques et sexuelles.

    4. Les savants reconnus (l. 18) traitent Saarje Baartman comme un objet ou comme un animal quon observe, quon tudie afi n den tirer des conclusions sur ses particularits physiques ou psychologiques. arguments racialistes (l. 19) : dans racia-listes , il y a le substantif race, ce qui indique que ces savants tiraient de ces observations des arguments pour conclure lexistence de races , lingalit de ces dernires, et la supriorit de la race blanche.Le verbe conforter (l. 19) souligne que ce sont des ides que les savants avaient au pralable, avant dentreprendre leurs observations, qui nont donc consist qu confirmer leurs prjugs.

    tudier les images (document 2)5. Sur laffi che du fi lm dAbdellatif Kechiche, Saarje Baartman se prsente de dos, donc comme un tre anonyme, sans identit propre.

    Elle semble vtue simplement. Une main la dsigne et elle fait face au public dun salon, elle est au centre, elle est donc lobjet dune repr-sentation. Le public, compos en grande partie de femmes richement vtues, sourit, semble ravi du spectacle, applaudit. Le titre Vnus noire rap-pelle le nom dont fut affubl le moulage du corps de la jeune femme, prsent au public du muse de lHomme Paris : Vnus hottentote .

    6. Le photogramme du fi lm prsente un gros plan dune partie du visage de Saarje Baartman, les yeux clos, alors quun homme (probablement lun de ces savants reconnus dont parle le texte) semble prendre des mesures laide dun outil en bois. On peut rapprocher ce photogramme des lignes 18-19 du texte : elle tait aussi loue des savants reconnus qui lauscultaient, la mesuraient sous toutes les coutures .Effet produit : expression personnelle des lves. On pourra faire valoir, par exemple, quil est impressionnant de voir ainsi traiter un tre humain comme un objet dtude scientifi que, soumis (les yeux ferms) et qui na pas son mot dire (les lvres closes).

    criture et oralOn pourra laisser aux lves le choix du sujet dcriture (question 7 ou question 8).

    7. Quil sagisse de lune des reprsentations dans un salon parisien ou dune sance dobser-vation par les savants naturalistes, le travail demand aux lves implique un changement de point de vue : cest Saarje qui observe et com-mente le comportement de la socit des salons ou les agissements des savants ; celle qui est regarde son tour regarde, dcrit, raconte et nous invite partager ses sentiments. Une partie de ce quelle dit peut consister dans lexpression de sa souffrance ou de sa rvolte. On invitera les lves utiliser les formes ou les procds de la modalisation de lmotion.

    8. Lexercice commence par la prise en compte du contexte dnonciation contenu dans la

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    1Interrogation 1

    Objet dtude 1 - Identit et diversit 9

    consigne. Le travail doit, le plus possible, se conformer aux codes et aux usages habituels de larticle de presse (par exemple le fait de lui don-ner un titre). On peut aussi encourager les lves relater, au prsent, le spectacle , dans le dtail, comme sil sagissait dun vnement dactualit. La modalit ou la tonalit du discours du journaliste est fi xe par la consigne puisquon nous dit quil est scandalis , mais il peut tre productif dinciter les lves mnager une pro-

    gression dans le rcit et la nature des ractions ; aprs une brve description du public des salons, on peut imaginer, ainsi, que la premire raction de larticle pourrait tre de ltonnement, de la surprise devant la premire apparition de Saarje.

    9. On attend des lves une brve synthse des rponses aux questions de la sance, mais aussi des ractions de la classe.

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    REGARDS VERS LAUTRE, REGARD DE LAUTRE ?

    valuation des comptences de lecture 10 pointsDocument 11. (3 points) Nicolas Delesalle dvoile avec pr-cision lorigine et la prsentation de lexposition de Yann Arthus-Bertrand, 6 milliards dAutres. Lopi-nion du journaliste sur cette exposition peut sem-bler diffi cile cerner pour les lves qui peuvent se laisser tromper par le registre utilis (familier, et surtout moqueur, parfois mme ironique) et repor-ter sur lexposition lopinion du journaliste sur ltre humain et sa capacit extraordinaire se mfi er de ses six milliards de salauds de congnres .

    Il y a plusieurs exemples de ce ton ironique et moqueur dans le texte : axiome que lon peut vrifi er en sinvitant chez son voisin le soir de Nol (l .8-10), des tronches (l. 14), des quidams (l. 22), fougueux (l. 26), sonder les existences jusquau trfonds de leur trognon (l. 28), acabit (l. 31), quelques coups de boule lgitimes (l. 31), Que croyez-vous quil arriva ? (l. 32).

    En dpit de ce ton, la prcision apporte aux ori-gines de lexposition, ses buts, prouve lintrt du journaliste pour une exposition quil montre en continuit avec les photos antrieures dArthus-Bertrand, posters beaux mais dsincarns , mais auxquels il manquait de la chair, de la sueur, des rides, des tronches (l. 13-14). Visiblement, lexposition 6 milliards dAutres apporte aux pho-tos de Yann Arthus-Bertrand ce quil leur man-quait : des hommes .Nanmoins, on ne pnalisera pas les lves nayant pas peru cette dimension du texte condi-tion que les relevs effectus et les explications apportes soient cohrents. Pour les convaincre, on pourra effectuer une lecture de lintgralit de larticle, sur le site de Tlrama, partir du lien :

    http://www.telerama.fr/scenes/sons-et-lumieres-du-monde,37187.php.

    2. (3 points) Nicolas Delesalle donne la parole tout dabord Yann Arthus-Bertrand lui-mme (l. 22-25), puis Sybille dOrgeval qui est la cora-lisatrice de lexposition (l. 35-38). Le journaliste donne donc la parole aux auteurs et aux promo-teurs de lexposition, qui prsentent leur travail, leurs choix ou leur dmarche. Sont rvles ainsi les questions quont t amens poser les jour-nalistes envoys de par le monde pour rencontrer les hommes et les femmes que lon retrouve sur les images de lexposition. On sera sans doute impressionn par le gigantisme de lentreprise, sa dimension pique et lon peut tre sensible sa dimension universellement humaniste.

    3. (2 points) Sibylle dOrgeval insiste sur las-pect humaniste de lexposition ; en rencontrant toutes ces femmes et tous ces hommes sur len-semble de la plante, en coutant les histoires quils ont raconter, les six reporters sont alls vritablement la rencontre de lautre et, par l mme, ils sy sont attachs, en ont dvelopp des sentiments : la tendresse , lamour de lautre ce que cette exposition invite le visiteur partager.

    Document 2 6 milliards dAutres est un projet de Yann Arthus-Bertrand, mis en uvre par GoodPlanet, fonda-tion quil prside et qui a pour mission la sensibilisation et lducation pour lenvironne-ment. Lexposition continue tre itinrante tra-vers le monde ; ainsi en 2011, elle aura t prsente Bruxelles (Belgique), Rome (Italie), San Sebastian (Espagne), So Paulo (Brsil), Moscou (Russie), mais aussi lhpital euro-pen Georges-Pompidou de Paris qui aura t son ultime tape des centres hospitaliers franais. Ces portraits de lhumanit daujourdhui sont accessibles sur le site www.6milliardsdautres.org qui prsente aussi le projet, ses making-off.

    4. (2 points) Le panneau rassemble une multi-tude de visages photographis dans tous les

    S Q U E N C E A

    VALUATION VALUATION Sentraner au Bac Propages 16-17 du manuel

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 11

    Interrogation 1

    pays du monde pour lexposition 6 milliards dAutres. Ce panneau illustre directement la notion daltrit : ces visages sont la fois tous diffrents et singuliers mais semblent tous ga-lement humains. Lexposition nous invite par-tager, au-del de nos diffrences, notre commune humanit.

    valuation des comptences dcriture

    10 points5a. (5 points) Il est important de tenir compte du contexte dnonciation contenu dans les consignes. Il sagit de rdiger un texte destin dautres lves, ce dont on doit retrouver la trace dans le texte. Il sagit aussi de les convaincre du bien-fond de leur projet qui est, leur chelle, le mme que celui dArthus-Bertrand. Pour y par-venir, il importe de mettre en avant des argu-ments pertinents ; les lves pourront sappuyer sur le texte. Ils peuvent commencer par chercher ceux prsents dans le texte et, pour en trouver de nouveaux, lister, par petits groupes, ce que pourrait apporter, aux lves ou leur commu-naut, une telle initiative.

    5b. (5 points) LAutre cest celui qui est diff-rent, qui peut physiquement sembler diffrent, qui peut ltre par sa manire de vivre, par sa culture, ses valeurs ou sa religion. Faire lexp-rience de laltrit, cest reconnatre et accepter cette diffrence. Il peut tre intressant de sou-ligner quel point les expriences des sances 1 et 2 sont contraires.Les masques africains, comme ceux que Picasso a contempls au muse du Trocadro, ont un

    sens, une fonction qui peut nous chapper, ils constituent, lorsquon les porte, une manire de communiquer avec un monde magique et spi-rituel qui ne concide pas ncessairement avec les reprsentations occidentales. Lart occidental sest vertu pendant des sicles dabord reproduire le plus fi dlement possible la ralit ; pourtant, lorsquil pntre dans le muse deth-nographie, Picasso dcouvre quelque chose qui bouleverse sa pratique dartiste, au point que Chri Samba peut penser son tour que le peintre espagnol est redevable aux artistes africains pour le tournant qua pris lart moderne au dbut du XXe sicle et le peintre africain semble lui-mme vouloir reprendre le fl ambeau. On peut donc dire qu travers ses crateurs quelque chose a circul dun continent un autre.Dans le cas de Saarje Baartman, au travers du rcit de Didier Daeninckx comme du fi lm dAbdel-latif Kechiche, on peut dire que les spectateurs des salons parisiens ou anglais ont pris en compte sa diffrence, pour sen moquer, sen offusquer mais nullement pour reconnatre chez cette femme une mme humanit, une mme dignit. Pas plus que les savants reconnus qui nont, semble-t-il, aucun moment vu autre chose chez la jeune femme quun terrain dob-servation et dexprience pour la science.

    Quelques lments bibliographiques Benot de LEstoile, Le got des autres, Flam-marion, Champs essais , 2010. Marine Dgli et Marie Mauz, Arts premiers. Le temps de la reconnaissance, Gallimard, 2000. Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Botsch, ric Deroo, Zoos humains, au temps des exhibitions humaines, La Dcouverte, 2004.

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    RCITS DE VOYAGES, RCITS DE RENCONTRES ? pages 18-25 du manuel

    S Q U E N C E B

    Introduction au travail de la squence

    Depuis toujours, les hommes, curieux les uns des autres, se sont intresss aux rcits des voyageurs ; il suffi t de citer le grand pome dHomre, lOdysse, ou encore Le Priple dHannon, dHrodote, qui lun comme lautre interrogent laltrit et considrent ltranger comme un miroir de soi-mme.

    Au Moyen ge, Marco Polo fascinera ses contemporains par sa nar-ration, dans Le Devisement du monde, des coutumes la cour du grand Khan.

    Au XVIe sicle, Thomas More, dans Utopia, donne la parole un explorateur qui dcrit un monde imaginaire, occasion pour lhumaniste de proposer un projet trs personnel dorganisation sociale Pour les humanistes, voyager appartient la culture ncessaire, ce qui les conduira entreprendre des voyages, en particulier destination de lItalie, consi-dre, avec la Grce, comme la patrie de lart et de la culture antique.

    lpoque moderne, les crivains philosophes ont t abondam-ment inspirs par un dispositif qui interroge le monde dans lequel ils vivent, soit par lintermdiaire de voyageurs venus dailleurs (comme Rica, le personnage des Lettres persanes de Montesquieu), soit de voyageurs se dplaant dans de lointaines contres imaginaires (les pays des Contes de Voltaire ou ceux des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift), soit de navigateurs revenant de terres lointaines (Le Supplment au voyage de Bougainville de Diderot en est une illustration).

    Un sicle plus tard, des romanciers comme Gustave Flaubert on pense Salammb, rdige aprs un sjour Tunis , Eugne Fromentin ou encore Pierre Loti seront attirs par lOrient dont ils nourriront cer-taines de leurs uvres

    Au XXe sicle, les rcits de voyage abondent, cest un courant reconnu de la littrature, de nombreuses collections accueillent des cri-vains-voyageurs. On peut citer luvre dAlexandra David-Nel, premire femme europenne avoir pu pntrer dans la cit interdite de Lhassa en 1924, celle dElla Maillart, autre voyageuse photographe de nationa-lit suisse, ou encore Nicolas Bouvier, galement passionn dOrient, clbre pour son rcit LUsage du monde ; on trouve mme, en France, un festival tonnants Voyageurs initi par Michel Le Bris qui rassemble chaque anne Saint-Malo des crivains autour de ce thme.

    Interrogation 1 En quoi lautre est-il semblable et diffrent ?

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    1Interrogation 1

    Objet dtude 1 - Identit et diversit 13

    Le voyageur est parfois un explorateur despaces inaccessibles ou mal connus, cest le cas de Jean-Baptiste Charcot qui relate ses grandes expditions polaires, par exemple dans Le Pourquoi-Pas ? dans lAntarc-tique (ditions Arthaud, 2003 ; Pourquoi-Pas est le nom quil donna aux diffrents navires qui servirent ses expditions polaires.)

    Si lon considre prsent la presse crite, de nombreux journaux, de manire pisodique, accueillent sur des blogs le rcit de journalistes-voyageurs (Le Monde ou Libration, par exemple).

    Dans la squence propose, nous ne nous intresserons, confor-mment au programme, qu des rcits contemporains (XXe et XXIe sicles) et nous nous appuierons sur la lecture de textes qui mettent laccent sur la dcouverte de lautre.

    Pour entrer dans la problmatique En quoi lautre est-il semblable ou diffrent ?, il nous a paru intressant de nous dcentrer : la parole nest pas donne en premier aux Europens partis dcouvrir dautres peuples lointains, elle est prise par des Papous en visite en France. Dj Mon-taigne, dans Des Cannibales, avait donn la parole aux Indiens face aux Portugais ; ici, cette exploration nest pas sans rappeler celle du voyage de Rica, venu de Perse, dans Les Lettres persanes de Montesquieu : grce au dispositif du roman par lettres, le philosophe a pu prter sa voix son personnage pour critiquer les institutions de la socit dAncien Rgime.

    1. Quand lAutre se fait explorateur, que nous apprend-il ? pages 18-19 du manuel

    Le document 1 est extrait dun article du Monde qui relate en partie laventure de deux habi-tants de Papouasie Nouvelle-Guine, visitant la France linvitation dun ami photographe, Marc Dozier, auteur notamment de la photographie de la page 19 du manuel. Venus une pre-mire fois brivement en 2004, les deux Papous, Polobi Palia et Mudeya Kepanga, ont pu ensuite sjourner plusieurs semaines sur le territoire en 2006-2007. Ils ont t fi lms pendant leur priple par Jean-Marie Barrre et Marc Dozier ; ces squences ont t rassembles en dix pisodes, diffuss sur Canal+, que lon peut dsormais visionner sur Internet.

    Lecture

    tudier larticle (document 1)1. Ce titre fait rfrence la pratique des Euro-pens dans le domaine de lexploration ; ce sont eux, depuis le XVIIIe sicle, qui ont systmatis les

    voyages de dcouverte et dexploration des terres lointaines. De Bougainville Livingstone, ils ont parcouru les mers et les continents pour dcrire notre plante et ses habitants. Plus rcemment, au XXe sicle, des ethnologues et des anthropo-logues (Marcel Mauss, Bronislaw Malinowski,

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    RCITS DE VOYAGES, RCITS DE RENCONTRES ?

    Margaret Mead et Claude Lvi-Strauss, par exemple), ont tent de rendre compte de civilisa-tions quon a dabord appeles primitives , avant de les dire premires . On peut ici parler dexploration inverse puisque ce sont des repr-sentants des socits qui faisaient lobjet dtudes qui viennent tudier notre socit. Ceux qui ont si longtemps t traits de sauvages , qui apparaissent si exotiques, analysent cette fois la socit europenne.Linversion est ici patente : les reprsentants dune civilisation premire partent la dcou-verte de lEurope.

    2. Les critiques mises par les deux Papous por-tent sur la rpartition des richesses dans la socit des Blancs : ils leur reprochent davoir oubli la compassion et le partage (l. 27), dac-cepter quil existe des gens misrables et humi-lis (l. 30) qui ont froid et faim (l. 31), de maltraiter les trangers. Mais ils sinquitent aussi de la place dvolue la femme, trop ins-truite (l. 35) dans la socit occidentale. Ils semblent redouter que les femmes papoues, aprs avoir accd linstruction, mprisent de simples cultivateurs comme eux.

    3. Ils admirent lingniosit des Blancs : les voi-tures, les trains rapides, les avions, les impres-sionnent. Ils sont tout particulirement friands du tlphone portable : un tel outil faciliterait telle-ment les communications dans leur pays ! Les Papous souhaiteraient bnfi cier de laisance cre par un certain confort de la socit occiden-tale. Ponts, routes, tlphone, lectricit sont jugs positifs : cest a la libert ! (l. 22-23).

    4. Polobi revient dun priple au cours duquel, avec son ami Mudeya, il a t confront de nom-breux vnements extrmement surprenants ; pour les deux hommes, ce quils ont dcouvert peu peu de la socit franaise aurait paru

    incroyable avant leur dpart : cest pourquoi ils imaginent aisment que leurs compatriotes auront de la diffi cult les croire et quils auront besoin de preuves pour viter dtre traits de menteurs. Ses craintes sont synthtises dans lexpression proverbiale beau mentir qui vient de loin .

    tudier la photographie (document 2)5. Cette photographie prte instantanment sourire tant le dcalage entre les trois person-nages est immense : voir cte cte, au cur de la modernit souterraine dune des capitales du monde occidental, deux Papous en grande tenue et une femme vtue la manire citadine offre un contraste dautant plus irrsistible quaucun des personnages ne parat marquer dtonne-ment de la prsence incongrue de lautre. Il faut toutefois noter que Polobi et Mudeya affi chent une certaine fi ert davoir arbor leur grande tenue dapparat tandis que la Parisienne affecte poliment de ntre pas surprise.

    criture et oral

    6. Il ne peut tre question ici dun modle ; on attend des lves quils soulignent, dans les questions comme dans les rponses, ltonne-ment des interlocuteurs et quils reprennent les raisons dadmirer comme celles de critiquer notre socit.

    7. La synthse attendue porte sur leffet bn-fi que dun regard extrieur : lautre, libre de tout prjug, souligne ce qui parfois chappe au plus grand nombre ; il met librement en cause une organisation quil dcouvre et nous contraint reconsidrer nos habitudes, nos murs, nos certitudes.

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 15

    2. Le voyageur peut-il prter sa voix ceux quon nentend pas ? pages 20-21 du manuel

    Voyager, cest aller la rencontre de lautre, pour changer ; mais quand lautre na pas de voix (quil est assujetti, exclu, trop affaibli), comment faire pour quil soit entendu ? On pense au travail de certains romanciers, comme celui de Jack London rdigeant, aprs avoir vcu dans les bas-fonds de lEast End londonien, Le Peuple de labme, ou de journalistes comme Flo-rence Aubenas, passant six mois auprs des travailleurs prcaires dans la rgion de Caen avant dcrire Le Quai de Ouistreham, rcompens par le prix Joseph Kessel 2010 du festival tonnants Voyageurs.Dans cette sance, il sagit de confronter deux discours : celui dune femme en partance pour ce quelle espre tre un Eldorado, capable dendurer les pires misres, de risquer maintes fois la mort pour atteindre enfi n le pays de son choix et celui dun migrant de retour vers sa terre natale. Titouan Lamazou, connu pour ses trophes de navigateur (victoire dans le Vende Globe, la Route du Rhum, champion du monde de course au large pour la priode 1986-1990) est aussi un artiste et un crivain qui sest engag pour la dfense des droits des femmes et des enfants dans le monde. Dans cette perspective daide humanitaire envers les plus dmu-nis, il a cr une association but non lucratif, Lysistrata, pour prolonger son combat pour la dfense des femmes, dont il sefforce dtre le porte-parole.Ici, deux auteurs se font hrauts des exclus, reprsents par deux migrants, une femme, puis un homme (on oublie trop souvent que les femmes aussi quittent leur pays pour chercher du travail au loin) et chacun des deux emploie un canal diffrent pour accompagner la voix de ceux qui nen ont pas : ce sera pour le premier limage (dessins et photographie), pour le second la musique.

    Lecture

    tudier le texte et les images (document 1)

    1. Bien sr, il est ncessaire de comprendre que Blessing cherche migrer pour fuir la misre de son pays, le Nigeria, et que son voyage ne peut pas seffectuer de manire directe : il sagit dim-migration clandestine. Blessing ne peut pas cir-culer librement dAfrique vers lEurope, elle est oblige de sen remettre aux circuits des pas-seurs. Cest la raison pour laquelle Lamazou parle d escales son propos : la jeune femme a parcouru un itinraire chaotique (trois ans se sont couls depuis son dpart) pour arriver enfi n en Mauritanie ; elle a d circuler dune oasis lautre travers le Sahara, sans pouvoir contr-

    ler les diffrentes tapes de cet itinraire subi plutt que choisi.

    2. Pour Lamazou, les oasis du Sahara voquent certainement des instants de beaut et de plni-tude, tels que peuvent en rver les voyageurs ; mais pour Blessing, ces tapes forces ne peu-vent quvoquer le retard apport au projet, sans parler des diffrentes avanies subies a et l Enfi n, le dessinateur se rvolte la pense que les migrantes aujourdhui fi nancent elles-mmes leur propre traite (leur voyage) tandis que Bles-sing observe sobrement quaujourdhui le trafi c humain est devenu un vritable business .

    tudier les images (document 1)3. Lamazou a construit sa page dillustration autour de trois ides : deux dessins et une photo.

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    Les deux dessins, lencre et laquarelle, repr-sentent le visage de Blessing, mettant en valeur sa beaut, la fi nesse de ses traits, le dtail de sa physionomie, nous la rendant ainsi proche. Il cre de lempathie pour le personnage. La photo, sur fond de mur jaune, produit un effet diffrent et complte le portrait en soulignant sa pauvret et sa solitude : elle est couche sur une natte dans une pice au mobilier inexistant, avec pour seul bien apparent un baluchon de trs petite taille o lon imagine que sont resserrs ses maigres biens. La jeune femme apparat trs mince, bien seule et triste. Cette photo, aussi construite soit-elle, sapparente davantage un reportage sur la condition des migrantes tout en amenant le spectateur prouver de la piti pour Blessing.

    tudier le texte de la chanson (document 2)4. Le jeune noir de la chanson quitte lEurope pour lAfrique, plus prcisment le Maroc ; on sait quil est devant le dtroit de Gibraltar, la pointe sud de lEspagne, au lieu de passage maritime le plus proche du continent africain. Cest le contraire de Blessing : lui voyage du nord au sud et quitte lEurope pour lAfrique (il vogue vers le Maroc tout proche ). Ses sentiments au fi l de la chanson voluent de la peur et la haine vers un regain de courage (il crie comme les braves , il appelle au courage ), puis vers une immense joie ( il pleure de joie ). Les personnifi cations des lments illustrent cet enthousiasme fi nal : il voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras ; le jeune homme est nouveau en harmonie avec le monde qui lentoure.La premire partie de la chanson insiste sur tous les aspects ngatifs que le jeune homme a connus et quil laisse derrire lui pour retrouver lespoir et oublier la peur.On peut supposer quil exulte lide de retrou-ver sa terre, sa famille, ceux qui lattendent au pays ; on sait quil sest considr comme un esclave et quil fuit une vie quil avait en hor-

    reur (une vie bte de gangsta rappeur au milieu des tours ), quil rve dun foyer quil na en fait jamais eu .

    Mettre en relation des documents5. Les documents 1 et 2 font le portrait de Bles-sing, une jeune femme nigriane en partance pour lEurope ; ils insistent sur les tribulations accablantes qui attendent les candidats une immigration illgale.Le document 2 inverse le scnario puisquil dcrit avec lyrisme le retour dun jeune migrant sur la terre africaine. Ainsi, le mouvement est considr comme rversible, lhomme qui revient est jeune encore, il na pas gch sa vie en dsillusions, il porte en lui lespoir dune vie meilleure loin de lEurope et de ses mirages.

    criture et oral

    6. Il nest pas possible ici de donner un corrig prcis. On demandera aux lves quils prennent en compte la situation dcriture : leur texte doit rpondre aux exigences dun article de journal ; on pourra utilement les renvoyer la double page Capacits et attitudes : crire un article engag (p. 90 du manuel).Il est dautre part souhaitable de les inviter consulter le site de Titouan Lamazou (http://www.titouanlamazou.com/) pour quils aient accs une documentation qui puisse nourrir leur argumentation.

    7. Les diffrents documents rassembls dans cette sance visent montrer que certains voya-geurs donnent la parole ceux quils rencontrent. Il suffi t pour rpondre cette question de rca-pituler ce quon a observ sur la dmarche de Titouan Lamazou, qui se dit lui-mme dpass par lampleur de son projet de portraits de femmes, Zo-Zo, Femmes du monde.Ltude des paroles de la chanson dAbd Al Malik met galement en vidence cette possibilit : il prte sa voix ceux quon nentend pas.

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 17

    Interrogation 1

    Lecture

    tudier lextrait du roman (document 1)1. De nombreux titres sont possibles : en rf-rence au chapeau, le voyage organis pourrait convenir, mais il serait plus judicieux dinsister sur la place dvolue aux guides de voyage. Deux dentre eux sont voqus, Le Guide du Routard et le Guide Michelin, avec un traitement assez diffrent :Dans cet extrait, le premier fi nit la poubelle, car son rdacteur est, selon le narrateur, un maso-chiste manipulateur tout dispos gcher le plaisir des touristes en qute de destination paradisiaque . Le second, trs informatif, aligne des donnes chiffres sur lactivit co-nomique du pays visit. On notera que le narra-teur se rabat sur ce second ouvrage pour pouvoir affronter le circuit laide dun texte cran ; cette remarque renverse de manire brutale le prsuppos habituel selon lequel le guide de

    voyages permettrait daller la rencontre des populations puisquici il sert explicitement vi-ter les rencontres.

    2. Pour complter les rponses la question 1, on peut ajouter que pour le voyageur du rcit, le texte imprim permet de maintenir distance le monde extrieur qui est parcouru en autocar : jallais devoir affronter la fi n du circuit sans le moindre texte imprim pour faire cran le monde ext-rieur mapparaissait dun coup beaucoup plus proche . Le guide semble donc faire offi ce de pro-tection, de fi ltre entre le voyageur et le monde quil traverse ; ces textes auraient donc pour fonction de protger dventuelles rencontres ceux qui saventurent au loin sans tre disposs sinter-roger sur eux-mmes et les autres.

    3. Le voyageur du roman de Houellebecq fuit la rencontre qui ne fait que linquiter, le circuit consiste pour lui traverser des paysages, pro-fi ter de lieux paradisiaques, cest le touriste-type :

    3. Quels guides pour permettre les rencontres ? pages 22-23 du manuel

    Dans cette troisime sance, lobjectif consiste sinterroger sur les moyens dont dispose le voyageur pour faciliter les rencontres. Pour aller vers lautre il ne suffi t pas de rgler des moda-lits pratiques (quel pays, quel itinraire, quelle dure), la dmarche exige galement un tat desprit, une rceptivit adquate. Le passage du roman de Houellebecq, ironique sou-hait, fait un sort aux voyages organiss, tandis que larticle de Mari relate une exprience de rencontre relle. Le lien entre les deux textes porte sur la polysmie du mot guide , la fois livre pratique (le guide de voyages qui rassemble de prcieuses informations, par exemple Le Guide du Routard) et personne physique capable dintroduire le voyageur des expriences et des rencontres qui sans lui se seraient avres impossibles (ici, Mulu, le guide du photo-graphe Hans Silvester). Mari montre galement qualler vers lautre nest pas toujours facile, quil faut savoir se montrer patient, tre prt prendre des risques, y compris physiques, pour parcourir le chemin qui nous spare de ltranger.Le photographe Hans Silvester a ralis ce reportage auprs des peuples des rives du fl euve Omo : aux confi ns de lthiopie, il a photographi avec ardeur ces peuples cheval sur un triangle thiopie-Soudan-Kenya, la grande valle du Rift, une rgion volcanique qui leur fournit une immense palette de pigments. On pense au travail men par Leni Riefenstahl au Soudan dans les annes 1970, auprs des Nouba de Kau, et on comprend que ce sont de prcieux tmoignages sur des civilisations dont la survie est menace.

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    RCITS DE VOYAGES, RCITS DE RENCONTRES ?

    il veut profi ter des plaisirs dispenss ailleurs conformment au programme de la brochure des-criptive de son circuit. Le lecteur mesure rapide-ment que la Thalande nest quune destination parmi dautres possibles et que les habitants de ce pays nintressent nullement le narrateur.

    tudier larticle (document 2)4. Jean-Paul Mari manifeste une trs grande admi-ration pour ces peuples ( gnie , l. 1, art , l. 7) qui ont su inventer une culture de la beaut ph-mre. Le journaliste insiste sur limmense crativit de ces ethnies, dont il compare les uvres celles des plus grands noms de la peinture contempo-raine (Miro, Picasso, Pollock, Tpies, Klee).

    5. Pour parvenir approcher ces peuples, le pho-tographe a entrepris dix voyages en six ans. Voici ce quen rapporte le journaliste : trois jours de piste de la capitale thiopienne, des sicles de Khartoum ou de Nairobi, le pays est lointain et dur. Lt, la saison sche, il fait plus de cinquante degrs ; au printemps, la pluie rend les pistes impraticables, la rgion est infeste de lions, de lopards, dlphants et de buffl es tueurs. Restent les insectes tueurs, la malaria endmique et ces mouches Ts-Ts qui ont laiss sur les jambes du photographe des trous larges dun doigt, infects et douloureux. On comprend aisment quil a fallu beaucoup de patience et dcoute Hans Sil-vester avant de pouvoir approcher les villageois : il a march, comme eux, il a dormi sous la tente, il a appris leurs modes de communication (les for-mules de politesse ) et grce son guide a enfi n eu lide du partage. Lorsquil a suivi les conseils de Mulu, il a organis un banquet et a enfi n pu tre accept et faire son travail de photographe.

    tudier la photographie (document 3)6. Cette question ne vise qu laisser libre place lexpression de llve, elle linvite formuler son ressenti. nen pas douter beaucoup seront frapps par la beaut de limage, par le travail esthtique accompli par le modle. Viennent esprit les adjectifs de gracieux, lgant, raffi n, candide, naf, beau, charmant, etc. Diffi cile dimaginer que quiconque puisse ne pas tre tou-ch par une des photos de Silvester, moment de pure beaut, dune cration subtile et fragile (si phmre !), don de peuples qui estiment nces-saire le temps consacr la parure, aussi brve cette ralisation soit-elle.

    criture et oral

    7. Il sagit de rpondre la question pose en dbut de sance, mais aussi dattirer lattention des lves sur la polysmie du mot guide et sur ce qui peut ou non faciliter les rencontres. On attend donc une sorte de synthse mettant en vidence la diffrence entre un guide crit (sorte de mode demploi dun pays, fournisseur dinfor-mations pratiques) et une personne qui appar-tient aux cultures que lon prtend rencontrer. Dans les documents prsents, la diffrence def-fi cacit est nettement en faveur de la deuxime solution : le personnage du roman de Houelle-becq ne cherche en rien rencontrer lautre, il ne parcourt le monde que comme une carte de go-graphie, tandis que Silvester cherche gagner peu peu lestime de certains peuples pour mener bien son travail et tmoigner ainsi de son merveillement devant leur culture.

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    S Q U E N C E B RCITS DE VOYAGES, RCITS DE RENCONTRES ?

    Lvaluation porte sur un extrait de luvre dIsabelle Eberhardt, fi gure dune existence mto-rique : convertie lislam, aprs avoir parcouru lAlgrie sous un habit dhomme, elle soutient la lutte violente contre le pouvoir colonial et fait uvre de journaliste au cours de ses voyages vers le sud. Frappe par une crise de paludisme, elle se rfugie un temps An-Sefra o elle est trop affaiblie par la maladie pour parvenir senfuir quand loued, sur lequel se trouve sa maison, devient un torrent furieux et submerge la ville basse, noyant la jeune femme de vingt-sept ans. Le texte choisi provient de notes crites au cours dun voyage dans le sud oranais, occasion pour la journaliste de nous faire part de ses propres sentiments lgard du monde et de son got pour lailleurs.Le texte dIsabelle Eberhardt est prcd dune planche dune bande dessine de Jacques Ferran-dez. Cette planche est extraite des Fils du Sud, troisime volume dune srie intitule Carnets dOrient. Le dessinateur, n en 1955 en Algrie, y relate des moments de la vie de son grand-pre enfant sur la terre dAfrique et fait apparatre dans son rcit le personnage dIsabelle Ebe-rhardt au moment o, atteinte du paludisme, elle part pour An-Sefra o elle trouvera la mort.

    valuation des comptences de lecture 12 points Document 11. (3 points) Il est ais de voir que le personnage central de ces vignettes est Isabelle Eberhardt puisque le dessinateur concentre lintrt sur elle par de nombreux dispositifs. Il commence par un plan large avant de resserrer de plus en plus la vision, jusqu un gros plan sur le visage de la jeune femme qui montre sa beaut. Sur sept vignettes successives, elle est reprsente cinq fois et lorsquon ne la voit pas, elle est lobjet de lattention (les discours des enfants qui la regardent).Il installe galement un certain suspense son gard puisquil nous prsente dabord en plan moyen le chef de gare qui sadresse quelquun assis au sol, qui navait jusque-l pas t identi-fi , avant de procder au gros plan sur Isabelle Eberhardt.Elle est, en outre, le sujet voqu par les deux garons (dans les planches prcdentes, ils staient dj intresss cette femme habille en homme qui aiguisait leur curiosit ; ils lavaient surnomme la femme de la terrasse ), qui sin-

    terrogent sur elle et semblent stupfaits que le chef de la gare la connaisse. Cette reconnais-sance suppose une certaine clbrit qui ajoute au mystre du personnage. Les dialogues souli-gnent lintrt des enfants qui commentent une rencontre qui les tonne : Papa lui parle ! la connat. (2e vignette), Tu te rends compte ? Journaliste La Dpche algrienne ! Quand on va dire a la Antonio ! (dernire vignette).

    2. (1 point) On apprend que la jeune femme circule habille en homme, quelle porte la tenue traditionnelle algrienne, quelle voyage habi-tuellement cheval, quelle souffre de palu-disme, quelle connat une certaine notorit, quelle est journaliste La Dpche algrienne et enfi n quelle prend le train pour aller se soigner An-Sefra qui dispose dun hpital militaire.

    Document 23. (2 points) Pour rpondre cette question, on pourra admettre tant de possibilits que nous ne ferons que suggrer quelques titres : le voyage tanche la soif de bonheur, le voyage rpond un idal de dcouverte, le voyage per-met de remonter aux sources de la vie ou de manire plus succincte, voyager, cest vivre

    VALUATION VALUATION Sentraner au Bac Propages 24-25 du manuel

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    RCITS DE VOYAGES, RCITS DE RENCONTRES ?

    4. (3 points) Lauteur prsente de manire trs ironique ( calmer la soif de bonheur ) deux conceptions qui sopposent : elle commence par marquer son tonnement devant la premire qui, selon elle, consiste accumuler des biens mat-riels (chapeau, bottines, meubles, argenterie et porcelaine), dont elle met en valeur la vanit en employant des adjectifs ( la mode , correct , petit , petits , encombrants ) qui insistent sur la petite taille ou au contraire sur lencombre-ment dobjets lis une mode et donc dun int-rt particulirement fugace. cette accumulation, elle oppose une autre conception : lintrt pour la terre et les lointains, lattrait de la dcouverte quels que soient les dangers encourir pour prouver des sensations fortes.

    5. (3 points) Isabelle Eberhardt a appris esp-rer au milieu des dangers ( le moment du danger est aussi celui de lesprance ), elle a appris tirer des bienfaits de sa souffrance ( quand mon cur souffrait, il commenait vivre ), elle a galement pu apprhender lhumanit dans sa profondeur ( un voyage dans les profondeurs de lhumanit ), elle a ressenti des sensations fortes , en conclusion elle a vcu largement une existence voulue en tout point ( la courbe voulue de mon existence se dessinait largement ).

    valuation des comptences dcriture

    8 points6a. (8 points) On ne peut ici proposer un cor-rig-type de lexercice, mais il conviendra bien sr de rappeler quelques exigences : la forme de la lettre doit tre respecte, tout comme le des-tinataire du message (un ou une amie). Ce travail doit ncessairement employer les outils de lar-gumentation (mise en paragraphes darguments assortis dexemples). Pour traiter le sujet, il faut indiquer une destination ( travers un continent spcifi ), puis mesurer lintrt de lentreprise dans un premier temps avant de spcifi er son accord ou son dsaccord. Outre la qualit de lar-

    gumentation, on valuera la conviction de la lettre.

    6b. (8 points) Il est trs ais de rcapituler, sance aprs sance, les rponses qui ont t don-nes. Ainsi, pour la sance 1, adopter un regard dethnologue, cest aller sans conteste la ren-contre de lautre, sinon impossible denregistrer des informations son propos. Cest parce que Polobi et Mudeya sont curieux des tribus fran-aises quils peuvent rencontrer tant de personnes diffrentes qui, chacune sa manire, contribue-ront former limage dun ensemble appel France.Pour la sance 2, le projet de Lamazou lui-mme consiste en des rencontres de femmes de pays diffrents, femmes auxquelles il sefforce de don-ner une voix. Lors de la parution de son livre Afghanes, en octobre 2009, voici ce quil crit : Je me suis souvenu dune rfl exion dune jeune Berbre qui mavait troubl, il y a vingt ans, lors dun sjour dans le Haut Atlas marocain : Chez nous, le statut le plus envi en matire dautono-mie fminine est celui de veuve de guerre, car il confre, en plus dune vraie libert, le droit une pension ! Ici, il ny a pas proprement parler de vraie libert, et encore moins de pension, mais ce ne sont pas les veuves qui manquent. Si lon considre la chanson dAbd Al Malik, elle fait tat dune rencontre (imaginaire ou relle) avec un jeune noir qui voyage la rencontre de son pays natal et sadresse en chemin ceux quil croise (les autres, le pianiste) comme le chanteur sadresse nous.Pour la sance 3, sopposent deux manires de voyager, la premire empchant les rencontres, la seconde permettant daller au-devant dun peuple que lon admire. Hans Silvester met six ans rencontrer vraiment les peuples de lOmo, car pour lui cela signifi e pouvoir enfi n photogra-phier des modles consentants et coopratifs.Enfi n, lvaluation met en vidence, par les pro-pos dIsabelle Eberhardt, que voyager cest retrouver les gens du peuple et les nomades qui sont les meilleurs reprsentants de ce quest lhumanit, en quelque sorte lessence de lhomme.

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    A C T I V I T S E T R E C H E R C H E S

    Objet dtude 1 - Identit et diversit 21

    page 26 du manuel

    Squence AREGARDS VERS LAUTRE, REGARD DE LAUTRE ?S

    1. Selon Benot de lEstoile, rapportant les pro-pos du prsident de la Rpublique Jacques Chirac, le muse Branly rpond une triple mis-sion : il doit permettre daccueillir les arts pre-miers , arts lointains ; il doit servir rparer linjustice historique de la mconnaissance ; enfi n il est une invitation au voyage qui doit permettre la dcouverte de lAutre .

    2. On se rfrera au site offi ciel du muse, www.quaibrnly.fr, mais aussi aux articles ayant accom-pagns son ouverture et sinterrogeant sur la nature du muse : muse ethnographique ou muse dart ?

    3. Samuel Douhaire resitue tout dabord Vnus Noire dans la fi lmographie du ralisateur Abdel-latif Kechiche et note la prsence dun thme rcurrent : la diffi cult pour un individu trou-ver sa place dans une socit qui la lui refuse .Mais trs vite apparat la principale critique : le fi lm fait du spectateur un voyeur , position dnonce comme inconfortable . Cette asser-tion est justifi e par le fait que le ralisateur ne cherche pas susciter lempathie avec son hrone qui apparat rsigne, souvent abrutie par lalcool, tonnamment passive face aux humiliations .Il oppose Vnus Noire et Elephant Man, dans lequel David Lynch russit provoquer chez le spectateur une relle empathie pour le malheu-reux hros.Le fi lm Vnus Noire a t ralis en 2010 par Abdellatif Kechiche. Il raconte lhistoire dune jeune femme, Saartjie Baartman, aux formes cal-lipyges, conduite en France par son matre

    sud-africain qui lexhibe dans les foires et les salons. Elle est examine comme un animal par les savants de lpoque et sombre dans lalcool et la prostitution. Un moulage de son corps a longtemps t exhib au muse de lHomme Paris.

    Elephant Man, ralis en 1980 par David Lynch, est inspir par la vie de Joseph Merrick, sur-nomm Elephant Man en raison de son aspect physique dform. Lintrigue se droule Londres en 1884, o lhomme lphant est exhib dans des foires. Le docteur Treves, mdecin qui lexamine, sintresse son cas et essaie de le protger en le cachant du monde. Treves dcouvre alors la sensibilit et lintelligence de Merrick. Mais celui-ci est enlev et subit de nouveau humi-liations et mauvais traitements avant de russir senfuir pour retrouver lhpital.On voit donc le lien entre le destin de Saartjie Baartman et celui de Joseph Merrick, humilis, moqus, exhibs et traits comme des animaux de foire.

    Squence BSRCITS DE VOYAGES,SRCITS DE RENCONTRES ?S

    1. Tristes Tropiques fut publi en 1955. Claude Lvi-Strauss a alors quarante-sept ans et il est lun des ethnologues les plus reconnus de la pro-fession, spcialiste des socits traditionnelles amricaines. Tristes Tropiques est avant tout un rcit de voyages et une rfl exion sur le sens de ceux-ci, mais cest aussi une autobiographie intellectuelle, lhistoire de lapprentissage du mtier dethnologue. Lauteur y dcrit les parti-cularits culturelles des Indiens Bororos, Nam-bikwaras, Tupis vivant sur le plateau du Mato

    Interrogation 1 En quoi lautre est-il semblable et diffrent ?

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    Grosso (Brsil), quil a ctoys pendant des annes. Mais, au fi l des paragraphes, il passe inopinment dun continent lautre, de lAncien au Nouveau Monde ; il se rappelle son exode vers New York au moment de loccupation allemande en France, son passage par les Antilles En mme temps quil dpeint ses prgrinations passes, il propose sa vision du voyage. Le voya-geur doit garder lesprit le fait quil a certes chang de lieu, mais aussi de temporalit, puisque le progrs ne touche pas toutes les parties du monde la mme vitesse, et enfi n de classe sociale, car largent dont on dispose na plus la mme valeur en un autre point du globe. Toutefois, ce regard particulier est rarement de mise. Ainsi, la clbre phrase dintroduction du livre Je hais les voyages et les explorateurs doit se comprendre comme une critique de lexotisme et du sensationnel prsents dans tant de rcits daventures et qui dbouchent sur la fabrication de strotypes, dont se repaissent les touristes. De ce point de vue, les tropiques paraissent bien tristes , car les voyages nous montrent fi nalement notre ordure lance au visage de lhumanit

    2. Expression personnelle des lves.

    3. Titouan Lamazou parcourt le monde la ren-contre des gens. Il est particulirement inspir par les femmes. Il se lance donc dans les por-

    traits de ces muses fminines, de la ministre la paysanne, mettant en avant que la destine des femmes est aujourdhui beaucoup plus reprsen-tative de lvolution de nos socits que celle des hommes qui les dirigent depuis toujours. De plus, il recueille, grce un questionnaire simple et universel, les tmoignages bouleversants de femmes confrontes pour la plupart la guerre, la misre et la faim, qui se battent pour survivre et affronter leur quotidien. Il a fait une exposition de ses portraits raliss au cours de ses voyages sur les cinq continents, dont une partie est voir dans le livre Femmes du monde (Gallimard, 2007).

    4. Recherches personnelles des lves.

    5. Recherches et expression orale personnelles des lves.

    6. Recherches personnelles des lves : Ella Maillart (1903-1997) et Annemarie Schwarzen-bach (1908-1942) sont des voyageuses, cri-vains, photographes suisses. En 1939-1940, alors que lEurope senfonce de nouveau dans la guerre, profi tant de la neutralit de la Suisse, elles voyagent toutes les deux en Afghanistan.

    7.Recherches et expression personnelles des lves.

    Interrogation 1

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 23

    Histoire des arts Histoire des arts page 27 du manuelThmatique : arts, socits, cultures

    Pierre Alechinsky, n en 1927, est un peintre et un graveur belge qui runit dans son uvre des traits expressionnistes et surralistes. Il est lun des fondateurs du groupe Fauvisme et proche du groupe Cobra (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam), qui runit des artistes origi-naires de certains pays du Nord et prne en peinture la libert, la spontanit et lexpri-mentation . Sa peinture va se singulariser lors de sa rencontre avec le peintre chinois Wallace Ting, rencontre dcisive qui lamne abandonner progressivement lhuile pour lencre. Cest partir de son sjour New York, en 1965, quil se met employer lacrylique. Il y peindra Central Park, en 1965, avant dentourer son sujet par un cadre de dessins lencre : il inaugure ainsi une nouvelle forme de peinture remarques marginales qui sinspire de la bande dessine et dans laquelle linteraction entre les deux lments (toile et vignettes du cadre) cre un climat nigmatique.

    Premire impression1 Limpression gnrale produite par la toile appartient chacun. On peut nanmoins observer quelle est impressionnante, composite, quil y a un cadre au tableau, quon y aperoit comme un visage, assez effrayant, quil nat une atmosphre trange de cet assemblage de noir et blanc et de couleurs. On peut distinguer sur la toile deux yeux ronds cercls danneaux orange et la forme dun visage muni dune sorte de bouche rose.

    Analyse du tableau2 Le titre du tableau fait clairement rfrence au parc du mme nom situ Manhattan. On peut ds lors identifi er des routes et des chemins, des surfaces boises (en vert), peut-tre des plans deau en mauve violac (le parc en contient plu-sieurs). On pourrait apercevoir des espaces cou-verts en vert et dcouverts en orange (pelouses, espaces de jeux divers). La reprsentation sap-parenterait une vue arienne. Si lon sen tient linterprtation dune fi gure gante, les courbes reprsentent les diffrents traits de son visage (yeux, bouche).

    3 Le tableau est compos, nous lavons vu, de deux parties distinctes qui se rpondent lune lautre. Si le propos de lartiste consiste peindre Central Park, les vignettes voquent certaine-ment, elles aussi, le lieu ; on peut donc supposer

    quelles reprsentent des scnes relles ou ima-ginaires associes cet espace. Si lon tudie en dtail ces vignettes, force est de constater quelles voquent un univers trs violent : visages inquitants, expressions varies de la peur, scnes dagression.

    Mise en contexte4 Voici ce que dclare Alechinsky lui-mme pro-pos de son uvre, en 1977 : En bas, un monstre attendait, tapi dans la topographie du parc. Mandres de Cobra ? Anamorphose ? Terrible avec sa perruque en fouillis darbres, son profi l dessin par la dcoupe des chemins, joues glabres colo-ries en vrai. [] Revenir ce poste dobservation avec un pinceau charg dencre jusqu la gueule. Il ajoute vingt ans plus tard : En obser-vant, au printemps, les mandres des chemins, les rochers et les pelouses de Central Park, du haut de latelier new-yorkais de Wallace Ting, situ au 35e tage, jai cru entrevoir une gueule dbonnaire de monstre. Jai repris cette forme, venue de la topographie du parc, lacrylique, sur un rectangle de papier pos au sol. Lt suivant, jai punais cette image sur le mur de lancienne cole dun village de lOise, o javais un atelier. Et pendant plusieurs soires, en regardant cette image, je me suis mis dessiner au pinceau et lencre de chine sur des bandes de papier Japon, comme a, pour le plaisir, mais tout en pensant aux mythologies

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    RCITS DE VOYAGES, RCITS DE RENCONTRES ?

    citadines que ce parc ventral de New York sus-citait. (Hors-srie de Tlrama, 1998)On comprend mieux, ds lors, que sa toile voque une gueule de monstre, symbole de la peur que gnre le parc en 1965. Ladjectif dbonnaire associ monstre est assez inattendu, cest presque un oxymore ; il est ais de constater, en regardant attentivement le visage peint, quil assemble des lments effrayants (la taille du monstre, une gueule ouverte) avec une expres-sion plutt sereine (les yeux).

    5 Ce quAlechinsky interroge dans ce tableau, travers sa reprsentation dun espace central et despaces priphriques, cest le lien entre nature et culture, comme si le parc tait un espace de folie inclus dans une rationalit humaine. Andr Breton ne sy est pas tromp, puisquil affi rme admirer dans luvre ce pou-voir denlacement des courbes, ce rythme de toute vidence organique, cet heureux abandon de femme que vous obtenez des couleurs, de la lumire.

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 25

    COMMENT DIRE LENFANCE EN PAYS DOMIN ? pages 30-35 du manuel

    S Q U E N C E A

    Introduction au travail de la squence

    Le titre de cette squence est emprunt un ouvrage de Patrick Chamoiseau paru en 1997, crire en pays domin. la question gnrale pose : Comment transmettre son histoire, son pass, sa culture ? , cette squence rpond par la prsentation de textes qui mettent en scne des enfants dcouvrant loppression et sarmant, sans encore le savoir, pour la combattre avec des armes diverses. Patrick Chamoiseau fcon-dera la langue franaise par les ressources du crole, Boris Cyrulnik trans-mettra sa force de rsilience, Gisle Halimi mettra ses talents davocate au service des femmes et des opprims.

    Patrick Chamoiseau est n la Martinique en 1953. Il effectue une partie de ses tudes en France mtropolitaine, puis retourne en Marti-nique. Aprs un premier roman paru en 1986, Chronique des sept misres, il obtient le prix Goncourt, en 1992, pour Texaco, dont lintrigue se situe dans un bidonville aux abords de Fort-de-France. Patrick Chamoiseau place la crolit au centre de son uvre, tout en atteignant une dimen-sion universelle. Cet engagement le pousse participer la cration du manifeste de la crolit avec Jean Bernab et Raphal Confi ant. Il explique sa dmarche littraire et son inscription dans la crolit dans son essai, crire en pays domin.

    Il a par ailleurs particip lcriture de scnarios de fi lms. Depuis quelques annes, il publie de brefs manifestes, notamment en collabo-ration avec son ami douard Glissant : Quand les murs tombent ; lidentit nationale hors-la-loi ? (2007), Lintraitable beaut du monde adresse Barack Obama (2009), Manifeste pour les produits de haute ncessit (2010).

    Il est cofondateur de lInstitut du Tout-Monde qui milite pour un monde propice la rencontre des cultures (voir p. 79 du manuel).

    Cette sance propose deux extraits du tome 2 dUne enfance crole (1990), Chemin-dcole, consacr aux annes scolaires de celui que le narrateur nomme le ngrillon . On y voit lenfant dcouvrir la violence dune lcole qui interdit lidentit crole.

    Boris Cyrulnik est n en 1937 dans une famille de religion juive. Ses parents luttent contre le nazisme : son pre sengage dans la Lgion tran-gre, sa mre, rsistante, le confi e lAssistance publique pour lui viter dtre arrt. Ses deux parents mourront en dportation. Il est recueilli

    Interrogation 2 Comment transmettre son histoire, son pass, sa culture ?

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    COMMENT DIRE LENFANCE EN PAYS DOMIN ?

    par une institutrice Bordeaux, Marguerite Farge, mais, en 1943, six ans, alors quil est pris dans une rafl e, il russit svader. Il est ensuite plac dans une ferme. Aprs la guerre, il est recueilli par sa tante, Dora. Il dcide de devenir neurologue, puis psychiatre. Il est connu pour avoir thoris le concept de rsilience.

    Boris Cyrulnik revient sur son enfance et sur son vasion, en 2009, dans un bref rcit : Je me souviens

    Gisle Halimi est ne en Tunisie en 1927 dans une famille de religion juive. Elle devient avocate en 1949 au barreau de Tunis, puis Paris en 1956. Elle sengage aux cts des militants pour lindpendance de la Tunisie, dfend les nationalistes du No-Destour puis dnonce la torture pratique par larme franaise en Algrie. Elle prside galement une commission denqute sur les crimes de guerre amricains au Vietnam.

    Ds 1965, Gisle Halimi, participe la naissance des mouvements de lutte pour les droits des femmes, pour le droit la contraception et lavortement et pour la pnalisation du viol.

    Elle sera lue dpute de lIsre de 1981 1984 et ambassadrice de la France auprs de lUNESCO, en 1985 et 1986. Elle est membre de lassociation ATTAC et du comit de parrainage du tribunal Russell sur la Palestine.

    1. Comment Patrick Chamoiseau utilise-t-il dans son rcit les langues de son enfance ? pages 30-31 du manuel

    Lecture

    tudier le premier extrait (document 1)1. Lenfant prend conscience de la division lin-guistique de son univers ( Cette division de la parole navait jamais auparavant attir lattention du ngrillon ). Si sa mre ( Man Ninotte utilisait de temps autre des chiquenailles de franais, un demi-mot par-ci, un quart-mot par-l ) et son pre ( Le Papa lui, loccasion dun punch, droulait un franais dune manire crmo-nieuse qui nen faisait pas une langue, mais un outil sotrique pour crer des effets. ) utilisent parfois le franais, la quasi-totalit du monde de

    lenfant plonge dans le crole : Et tout le reste pour tout le monde (les joies, les cris, les rves, les haines, la vie en vie) tait crole.

    2. Lenfant ressent tout dabord un certain ton-nement devant la dcouverte souligne par lita-lique : Le Matre parlait franais . Puis se manifeste lincomprhension devant une langue quil a pourtant entendue utilise parfois par ses parents, mais quil ne reconnat pas : Et ce che-min franais se faisait tranger . Enfi n, lenfant assimile le Matre avec un groupe tranger son univers : Le Matre parlait franais comme les gens de la radio ou les matelots de la Transat .

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    Interrogation 2

    Lenfant, par une formule qui reprend en cho la premire phrase en italique de lextrait pour en accentuer lexclamation, renvoie le Matre un univers tranger : le Matre tait franais !

    3. Pour le Matre, la langue franaise permet dacqurir une ducation qui dlivrera dun ave-nir misrable dans les champs-de-canne, les dalots balays, les tambours-et-ti-bois , un ave-nir fait de petits mtiers fatigants et sales : charrier des sacs au bord-de-mer pour lapptit des bks, racler des coquillages sur la boue de Terres-Sainville, aller fouiller les canaux de la Lve . Plus encore, pour le Matre la matrise de la langue franaise permet de se dlivrer des chanes de lignorance et de la btise et de lobscurit bestiale : elle fait accder la condition dhumain clair, comme lui, dfen-seur des valeurs de lcole laque que les gens de sa gnration durent conqurir de haute lutte .

    4. Cette question ne sera pose que si les lves ny ont pas rpondu lors de la premire question. Litalique souligne les sentiments de lenfant et le cheminement de sa pense qui passe de la reconnaissance de la langue parle par le Matre son appartenance un groupe auquel lenfant nappartient pas. Au-del de ltonnement de lenfant, on peut imaginer la prise de position du narrateur/auteur devant un systme scolaire qui exclue la langue et lunivers vernaculaires et pro-pose/impose des modles dans lesquels les enfants ne se reconnaissent pas et qui nient leur culture voire leur identit.

    tudier le deuxime extrait (document 2)5. Le narrateur explique les comptences des trois lves, petits-revenus-de-France , par leur sjour en France et par leur insertion dans un monde do la crolit est bannie. Leurs parents veillent larticulation et aux manires de leurs rejetons ; pour eux, la cro-lit sapparente une maladie potentiellement contagieuse, face laquelle ils adoptent des comportements prophylactiques .

    Lcole privilgie les enfants vivant dans une socit lie de prs la France, utilisant la langue franaise et ne frayant pas avec le reste de la population : Leurs parents avaient maonn autour deux de hautes murailles dimages de France .La socit martiniquaise ainsi dcrite est un uni-vers hirarchis et cloisonn ; ceux qui dtien-nent un pouvoir fi nancier, administratif ou encore intellectuel, excluent de leur monde toute forme de crolit. Ils lvent leurs enfants dans un monde sgrg. Les enfants croles, eux, ston-nent dune cole qui leur semble trangre voire parfois hostile et qui nie leur identit.

    6. Le narrateur prend la parole la premire per-sonne dans cet extrait Parler devint hroque, voil ce dont je parle. pour dnoncer la vio-lence faite aux enfants. Il sagit bien du narrateur adulte qui prend directement la rgie de son dis-cours et martle ce quil veut dnoncer : une cole dans laquelle les enfants sont dpossds de leur langue, mprise et bannie. Mais, au-del de cette intervention directe, lensemble des scnes se rapportant lcole participent la dnonciation dune cole inculquant aux enfants la haine de soi, de sa culture, de sa langue, de ses racines.

    7. Pour plaire au Matre, les enfants se moquent les uns des autres et se divisent : Les enfants se mirent rire de ceux qui ne matrisaient pas leur u ou leur r. , quelles que soient par ailleurs leurs comptences linguistiques : une meute infernale dont les membres ntaient pourtant pas mieux lotis que quiconque face au franais .Lcole fabrique des bourreaux et des victimes : Au dtour dune rponse ou dune phrase, on pouvait basculer tout entier dans le grotesque et le barbare , mme si ces rles ne sont pas tou-jours partags de la mme faon. Au fur et mesure, les enfants plongent dans le silence : Prendre la parole fut dsormais dramatique , Parler devint hroque , Les silences spais-sissaient mesure que lon avanait dans les sons, les mots et les lettres .

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    COMMENT DIRE LENFANCE EN PAYS DOMIN ?

    Cette situation aboutit une inscurit des enfants : Chacun se sentait invalid , cest--dire la fois nul mais aussi rendu ltat dinva-lide . Les enfants mesurent lcart voire loppo-sition entre les attentes de lcole et ce quils sont.

    criture et oral

    8. On peut tout dabord procder un relev mon-trant la faon dont Chamoiseau mle le franais et le crole. On peut par exemple noter la juxta-position dune langue crite acadmique qui uti-lise le pass simple et un lexique recherch pour drouler un rcit denfance pris en charge par la rfl exion dun narrateur adulte et les insertions en crole qui enrichissent le texte, laniment, sans jamais gner la comprhension dun lecteur non antillais.

    Le crole, dans ces deux extraits, est utilis pour : lvocation dun univers crole : les dalots balays, les tambours-et-ti-bois ; quelques idiomes imags rapports : des chiquenailles de franais , lun tait marmaille dun gros docteur , lautre dun mchant ins-pecteur des contributions directes , une enra-ge du Matre ; mais cest aussi ainsi que la parole est donne aux enfants alors mme quils sont contraints : I f an kaw. I f an kaw .On pourra lire aux lves le texte de ces deux extraits dont on aura rtabli les coupes.Une fois ces relevs effectus, on attend des lves quils remarquent la juxtaposition de la langue franaise du narrateur adulte et du crole qui anime et illustre le rcit.

    2. Comment Boris Cyrulnik tmoigne-t-il dun pisode douloureux de son enfance ? pages 32-33 du manuelLecture

    tudier le premier extrait (document 1)1. Les enfants placs dans les fermes cette poque sont avant tout une force de travail, quel que soit leur ge : lpoque on ne parlait pas aux enfants, on les faisait travailler, ctait tout. Ils sont battus, mpriss, On ne nous adressait jamais la parole ; ils sont objets de moquerie : je faisais le pitre en buvant du vin, a les amu-sait beaucoup , mais, prcise Boris Cyrulnik, ils ne sont pas torturs nuance utile, compte tenu de lpoque o se situe le texte.

    2. Boris Cyrulnik compare le sort des enfants pla-cs dans des fermes celui des enfants des pays

    pauvres contraints actuellement de travailler : un peu comme le sont certains en Asie aujourdhui . Cette comparaison circonscrit la compassion du lecteur pour lorienter vers des combats qui perdurent. Il nest plus possible dai-der le petit Boris, mais il est toujours possible de sinquiter du sort actuel de millions denfants.

    3. Les trois premiers pronoms indfi nis on ligne 1 et ligne 2, se rfrent aux membres de la socit rurale dans laquelle volue le petit Boris mais aussi aux membres de la socit en gnral qui se soucient peu des enfants sans famille . Lutilisation du pronom prsente le sort alors rserv aux enfants comme un cadre gnral. Le silence quon leur oppose semble partag.

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 29

    Interrogation 2

    Les pronoms indfi nis on des lignes 6 et 7 ( cest--dire quon ne vaut quelque chose que si on a des anctres, que si on sait do on vient ) reprsentent les enfants placs dans les fermes, mais aussi tous les enfants sans famille donc considrs comme sans valeur . Lutilisation oppose dun mme pronom indique lopposition irrmdiable entre les deux mondes.

    tudier le deuxime extrait (document 2)4. Pour Boris Cyrulnik, son vasion est un exploit, une prouesse . Cette conscience davoir accompli un fait hors norme lui donnera confi ance et lui permettra de surmonter les obstacles quil rencontrera par la suite.

    5. Les paroles rapportes au discours direct : Tinquite pas, a va aller, il y a toujours une solution et si tu grimpes, tu pourras toujours ten sortir. La libert est au bout de ton effort nous donnent entendre le discours intrieur de Boris Cyrulnik. Ainsi le lecteur accde ses pen-ses et la faon dont il se motive et se donne du courage.

    Mettre en relation des documents (documents 2 et 4)6. Lencart rsume le concept de rsilience de faon trs concentre donc trs approximative. La photo montre Boris Cyrulnik adulte, dans un rle important et militant et ayant, apparemment, donn un sens ce qui lui est arriv.

    tudier lentretien (document 3)7. La formulation faire avec pourrait indiquer la rsignation ce quon ne peut changer. Las-sertion rectifi cative cest faire de indique au contraire la volont de lindividu dutiliser lv-nement douloureux dans sa construction et dans ses choix de vie.

    criture et oral

    8. On attend des lves quils aient observ, dune part, lopposition entre les vnements dramatiques vcus par Boris Cyrulnik enfant et la faon, presque conqurante, dont il les raconte, et dautre part, quils aient compris que Boris Cyrulnik fait de son exprience particulire une voie de gurison applicable dautres.

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    S Q U E N C E A COMMENT DIRE LENFANCE EN PAYS DOMIN ?

    valuation des comptences de lecture 10 pointsDocument 11. (2 points) Gisle Halimi prsente de faon trs ngative le milieu dans lequel elle nat : Je vivais dans un milieu pauvre, inculte, religieux, tradi-tionnel et colonis (la Tunisie des annes 1930). Elle narre la raction de dsespoir de son pre la naissance dune fi lle : mon pre dissimula ma naissance pendant trois semaines. Le temps de se faire cette maldiction absolue qui le frap-pait : tre le pre dune fi lle et voque le destin que sa famille avait prvu pour sa sur et pour elle : Nous marier au plus vite [] et passer dune autorit celle du pre une autre celle du mari . Ce destin faonn comporte trois volets : tout dabord Servir les hommes de la maison mon pre et mes deux frres , puis peu peu comprendre notre inessentialit par rapport eux , pour en somme accepter la totale dpen-dance dun avenir trac par lhomme .

    2. (2 points) Gisle Halimi intervient directement dans son rcit pour nous livrer tout dabord une interrogation rcurrente et laquelle le lecteur est invit implicitement rpondre : Je me suis sou-vent demand, je me demande encore, si la culture, en grande part, ne se reoit pas en hritage. Puis, elle analyse ce qui lui a permis de smanciper de son milieu familial : Si jai surmont, je crois, ce handicap originel cest que la blessure de linjus-tice avait libr en moi une force insouponne. Enfi n, elle rappelle quelle a dj racont et quelle rsume brivement : Jai dj racont comment douard, mon pre, dissimula ma naissance pen-dant trois semaines , rappel de la ngation fonda-trice dont elle aurait pu tre victime.Ces intrusions organisent le sens du rcit de Gisle Halimi et en font le rcit dun enfermement programm mais vit, dune rvolte et dune victoire.

    Document 23. (1 point) La mre de Gisle Halimi justifi e lorganisation de la famille par les diffrences sexuelles imposes par une socit et que lon ne peut remettre en cause : Ma mre arme de son parce que tu es une fi lle et de son puisquils sont des garons sentta. Le dter-minisme sexuel ne peut se discuter dans sa famille, et ne peut simplement pas mme se for-muler autrement.

    4. (2 points) Lhonneur de la mre consiste lever sa fi lle selon les principes en vigueur dans son milieu. Une fi lle qui refuse dobir remet en cause ces principes et donc prsente la mre comme ayant failli sa mission de transmission de lordre tabli. Par lincise le sien , Gisle Hamili insiste sur la subjectivit des choix de sa mre qui ne sait mme pas quelle pourrait com-prendre le combat de sa fi lle.

    Document 35. (3 points) Gisle Halimi compare lexclusion des femmes et la mise lcart des dcisions politiques des peuples coloniss : javais dj observ que le mpris montr lgard des Tuni-siens par ceux qui dtenaient le pouvoir les Franais avait quelques points communs avec le statut de lexclusion des femmes. La volont dasservissement de sa famille a prpar Gisle Hamili comprendre le dsir dmancipation des peuples en tutelle : Les femmes et les coloniss se trouvaient confronts une domination piges multiples dont elles (et eux) saisissaient mal la violence symbolique. Cette volont dasservissement des femmes et des coloniss ne correspond pas une relle observation mais des strotypes diffrents mais effi caces .Les liens que Gisle Halimi tablit entre la condi-tion des femmes et celle des peuples coloniss aboutiront son premier engagement politique. Ils seront mme parfois particulirement intriqus

    VALUATION VALUATION Sentraner au Bac Propages 34-35 du manuel

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    Objet dtude 1 - Identit et diversit 31

    Interrogation 2

    lors de la dfense de Djamila Boupacha, militante algrienne, arrte, torture et viole.

    valuation des comptences dcriture

    10 points

    6a. Vous pourrez tout dabord prsenter la squence, son sujet, sa problmatique. Puis vous rendrez compte de chaque sance et prcisant de quel pays domin il est question. Vous terminerez en choisissant le texte qui vous a le plus intress(e) et expliquerez votre choix.Les deux sujets proposs ne sont pas de diffi cults gales. Ce premier sujet requiert une comprhen-sion globale de la squence et des documents tu-dis et invite une criture synthtique.Il serait malais de proposer ce sujet sans un recours aux documents et notes de cours. Le clas-seur est alors considr par llve comme un usuel consultable. Bien entendu cet aspect du classeur doit avoir t prsent par le professeur.De plus, lcriture synthtique ici demande pr-pare la premire question du sujet propos lpreuve de franais du baccalaurat profession-nel (Prsentation du corpus). On pourra se rfrer la fi che 18 (la mthode de la synthse, pages 216 et 217 du manuel), en notant que lanalyse des documents a t faite lors des sances et que le plan adopter est ici propos.La rdaction de la comptence dcriture pourra tre prcde par llaboration dune fi che de critres, dont nous proposons un exemple (bien que cette fi che doive tre labore avec la classe pour tre vraiment utile). Respect du sujet et du plan propos :Le devoir rpond-il la question pose ?Le plan propos est-il suivi ? Si non, est-il rem-plac par un autre plan pertinent ?Le devoir est-il structur ? Rfl exion et implication :Les textes et auteurs sont-ils prsents de faon judicieuse ? Cette prsentation montre-t-elle la comprhension de llve de ce quil a tudi ?

    Le choix du texte est-il justifi de faon perti-nente ? Limplication du scripteur est-elle convaincante ? Forme du devoir :Les principales normes orthographiques sont-elles respectes ? Comment classer les erreurs rcurrentes ?La graphie est-elle lisible ?Le lecteur/correcteur peut-il ressentir un certain plaisir de la lecture ? Si non, quel es