Expérience innovante menée par l’association Multi’Colors, le Refuge Urbain Python est un jardin

destiné à encourager les enfants et adolescents à s’initier au jardinage écologique, ainsi qu’à

ramener de la biodiversité et de l’animation dans une zone délaissée par ses habitants.

Mots-clés : association, logements sociaux, jardin pédagogique

Paris

Profil du quartier

Le quartier de Porte de Bagnolet est identifié comme zone d’aménagement prioritaire par la Ville de Paris (Politique de la Ville). Le jardin se situe entre deux grands immeubles de logements sociaux gérés par un même bailleur.

NOM Refuge urbain Python

STRUCTURE PORTEUSE DU PROJET Association Multi’colors

PERSONNE RÉFÉRENTESylvie Faye, directrice de l’association

DESCRIPTIONAménagement et animation d’un jardin pédagogique en pied de logements sociaux

SURFACE 380 m²

CULTURES en pleine terre

ÉQUIPEMENTSpotager, serre, haie, plates-bandes, spirale, nichoirs

ADRESSE 40 rue Joseph Python, 75020 Paris

FRÉQUENTATION 12 enfants/semaine

BUDGET nc

Plan de situationFiche d’identité du projet

*Source : Data Paris

DONNÉES

Revenu moyen net par foyer fiscal (euros)

Densité de population (hab/km²)

Taux de chômage (%)

QUARTIER

22 600

32 950

10,6

MOYENNE PARISIENNE*

39 800

23 560

8,3

ObservatoireSOCIO-ÉCOLOGIQUE DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE

UN JARDIN PÉDAGOGIQUE EN PIED DE LOGEMENTS SOCIAUX

PORTE DE BAGNOLET, PARIS

Des projets innovants, source d’inspiration pour les villes de demain

Jardinpédagogique

Reconnecter les enfants des cités avec la nature

Alors qu’elle se promenait en forêt à quelques minutes de grandes tours urbaines, Sylvie Faye eut une idée : créer un lien entre les enfants de ces quartiers dits sensibles et la nature qui les entoure grâce à des activités pédagogiques. C’est ainsi qu’est née en 2003 l’association Multi’colors, qui a depuis aménagé 14 jardins urbains avec près de 900 enfants. Pionnière dans ce domaine, l’association reçoit aujourd’hui des commandes de bailleurs sociaux pour faire vivre les espaces verts délaissés des cités et permettre aux enfants de s’initier au jardinage et au contact avec la biodiversité. Multi’colors bénéficie de subventions publiques, mais est financée à 50% par des acteurs privés et des prix la récompensant pour son innovation.

Le Jardin du Python Duvernois est situé en pied d’immeuble dans le 20e arrondissement de Paris et accueille toutes les semaines les enfants du quartier pour co-construire un lieu de verdure et de partage. On découvre dans ce jardin ouvert sur la rue un potager, une spirale en pierres sèches, une serre et des bancs en bois imaginés et confectionnés par une douzaine d’enfants volontaires. Petits et grands se retrouvent aux ateliers après l’école, et Sylvie s’attache à n’exclure personne : « Les enfants ont entre 5 et 10 ans et on accueille des fratries :

si les grands ont la charge de garder leurs petits frères et sœurs, ils peuvent tous venir jardiner au lieu d’en être empêchés ». Alors qu’elle ne disposait que de 2 000 euros pour s’équiper en outils et matériaux à la création de ce projet il y a 5 ans, Sylvie a su animer ce lieu et faire naître une émulation autour de cet espace auparavant négligé. Un local proche du jardin a récemment été libéré par le bailleur, où Sylvie encourage les enfants à cuisiner et déguster les légumes qu’ils ont fait pousser.

De la biodiversité au cœur du quartier Python

Quand la parcelle a été mise à disposition en 2008 dans le cadre d’une convention avec la Ville de Paris, seuls quelques arbres ornaient une pelouse et une terre pauvres. Désireuse de créer un refuge pour la biodiversité dans un environnement très minéral, Sylvie Faye a fourni un effort particulier pour aménager le jardin écologiquement. Après l’application de méthodes issues de la permaculture (paillage, cultures en lasagnes), la plantation d’une haie et l’enrichissement progressif du sol, le jardin a pris vie sous ses yeux et ceux des enfants. Insectes, hérissons et passereaux sont revenus peupler la parcelle, occupant les nichoirs et les tas de bois et de pierres sèches prévus pour eux. Une récompense pour les enfants qui se sont investis. Les alentours du jardin étant peu éclairés, la biodiversité nocturne s’est aussi invitée dans le quartier.

« Quand les enfants ont vu les passereaux entrer dans le nichoir, ils étaientémerveillés. Il s’agit de leur faire comprendre que c’est grâce à leur travail dans le jardin que les insectes reviennent et ensuite les oiseaux ! »

Sylvie Faye

Des obstacles restentencore à franchir

Le quartier Python est touché par des enjeux sociaux et sécuritaires forts, mais les équipements du jardin sont rarement dégradés. Forte de son expérience en tant qu’éducatrice et consciente de la nécessité de faire connaître son travail auprès de ceux qui n’auraient pas la curiosité de venir jusqu’au jardin, Sylvie organise des évènements de quartier qui rassemblent les habitants. Le projet mené par l’association est fédérateur et se prolonge malgré les difficultés rencontrées régulièrement dans le quartier. Mais le Refuge Urbain Python n’a pas encore trouvé d’adultes relais pour participer à l’organisation des activités et des évènements et soutenir durablement l’investissement de Sylvie et des enfants. Le projet nécessite encore un temps de maturation et d’animation pour être réellement approprié par les habitants du quartier. En effet, les jets de détritus par les fenêtres salissent la parcelle et attirent les rats, pourtant craints par les habitants. Sylvie a tenté de mettre en place un lombricompost mais cette expérimentation n’a pas plu aux enfants et a été abandonnée.

Pour un quartier vivant, porté par ses habitants

Comment Sylvie Faye a-t-elle réussi à mettre en place un tel projet ? En termes de compétences techniques, elle avoue s’être formée toute seule, au fil de ses activités : « Les enfants expérimentent et font, il se posent moins de questions que les adultes en termes de savoir-faire. On essaye et si ça marche, tant mieux ! Sinon, on s’y prend autrement, et on avance comme ça. ». Sylvie tire aujourd’hui parti de la complémentarité entre les projets menés par Multi’colors : les graines récoltées sur la parcelle du Jardin Python Duvernois sont semées par les enfants dans des pots ensuite installés sur des potelets anti-stationnement dans le quartier Saint-Blaise, lui aussi situé dans le 20e arrondissement de Paris. Ce projet animé depuis 2012 et intitulé Trame Verte Multi’Colors a reçu le soutien de nombreux élus mais aussi d’artistes de street-art qui ont accompagné enfants, adultes et adolescents en situation de décrochage scolaire dans la décoration des pots. Originale dans sa forme et son animation, la Trame Verte réinstaure le végétal en ville pour le bonheur des habitants du quartier. Sylvie Faye n’a pas fini d’enrichir la plus grande ville française des innovations socio-écologiques de son association.

Prévoir une animation spécifique en lien avec les

déchets (compostage)

Constituer un noyau d’habitants du quartier

capables de relayer l’animation du

projet

Inviter élus et entreprises de l’arrondissement aux

évènements conviviaux

Le réinvestissement du Jardin Python Duvernois par Multi’colors répond donc à plusieurs objectifs : aménager un espace propice à la restauration de la biodiversité urbaine, impliquer les enfants dans la co-construction d’un projet bénéficiant à tout le quartier, leur proposer une activité de jardinage et les sensibiliser aux problématiques environnementales. Dans un contexte de difficultés économiques et sociales, le travail de l’association permet aussi aux enfants de reconnaître les légumes, se familiariser avec leur saisonnalité, leur diversité, et la façon dont on les cultive. C’est pourquoi les semences utilisées par Multi’colors proviennent exclusivement de l’association Kokopelli (www.kokopelli-semences.fr), qui favorise la biodiversité semencière et potagère : une solution écologique et pédagogique.

Offre des activités aux enfants du quartier

Favorise le retour de la faune dans le jardin grâce à

des pratiques écologiques

Améliore la vie de quartier par l’organisation

d’évènements conviviaux

POINTS FORTS

RECOMMANDATIONS DE NOÉ

Association d’intérêt général, Noé a pour mission de sauvegarder et de restaurer la biodiversité pour le bien-être de tous les êtres vivants, et en particulier de l’humanité. Dans ce cadre, la mission « Restaurer la Biodiversité Urbaine » a pour objectif de proposer des solutions avec la biodiversité comme porte d’entrée, en réponse aux préoccupations environnementales et sociales de nos villes comme la pollution de l’air et de l’eau, la gestion des déchets, les nuisances sonores, la santé, la cohésion sociale, et la qualité de la vie en général.

L’OSÉ-BU en quelques mots

L’Observatoire Socio-Écologique de la Biodiversité Urbaine (OSÉ-BU) a pour objet de mieux comprendre les relations qu’entretiennent les citadins avec la nature de proximité, afin de favoriser le retour de la biodiversité en ville. L’OSÉ-BU

apporte un point de vue complémentaire aux recommandations techniques existantes en se focalisant sur l’usager et les questions sociales de représentation et d’appropriation de la nature urbaine.

Les fiches retours d’expériences réalisées par l’OSÉ-BU sont destinées à faire connaître des projets urbains innovants en matière d’accueil de la biodiversité qui bénéficient aux citadins. Elles sont le fruit d’un travail de terrain et d’un recueil d’information au plus près des porteurs de projets. Mises à disposition des aménageurs et des acteurs de la ville, ces fiches visent à encourager les projets en faveur de la biodiversité urbaine et être un outil d’aide à la décision pour les collectivités, les entreprises et les associations.

Témoignages recueillis et synthèses réalisées par Lisa Bertrand, chargée d’études responsable de l’Observatoire Socio-Écologique de la Biodiversité Urbaine.

Contact : 01 82 83 34 33 • osebu@noe.org

47 rue Clisson75013 • Paris • France

www.noe.org

Cette fiche a été réalisée grâce à l’aimable participation de Sylvie Faye et de l’association Multi’colors, que nous remercions. Pour davantage d’informations : www.multicolors.org

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