organisation administrative du royaume

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Rappel de l’organisation administrative L’organisation administrative obéit en général à certains principes généraux dont la connaissance est nécessaire pour la compréhension des structures administratives. C’est pourquoi il faut présenter brièvement ces principes généraux (I) avant d’examiner l’organisation administrative(II) I/ les principes généraux de l’organisation administrative : Trois points seront retenus : - la théorie de la personne morale. - la centralisation et la décentralisation - le découpage des circonscriptions administratives. A -théorie de la personne morale : On est en présence d’un concept et il importe de savoir ce qu’il recouvre . cette démarche est importante (a) car elle permet d’envisager les conséquences qui découlent de l’existence ou de la reconnaissance de la personne morale (b) et enfin de dresser la liste des différentes personnes morales administratives (c) a)Notion de personne morale : On appelle personne morale une entité qui a des organes et un patrimoine propres. Le concept de personne morale est utilisé en droit privé pour distinguer la personne physique et la personne morale. La personne physique est l’homme ou la femme en chaire et en os considéré comme sujet de droit. En revanche une société commerciale ou une association est une personne morale de droit privé et en tant que telle, elle possède des organes (conseil d’administration, président directeur général, directeur général) qui agissent en son nom, comme elle possède un patrimoine (biens mobiliers et immobiliers). Cette société ou cette association est aussi sujet de droit. A côté des personnes morales de droit privé il y a des personnes morales de droit public (Etat, région…) Ces personnes possèdent des organes et un patrimoine et elles sont titulaires de droits et d’obligations c’est -à-dire, elles sont sujets de droit. Ce concept de la personne morale n’est pas admis par tous les auteurs . certains nient son existence(1) d’autres essayent de la justifier (2)

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Page 1: Organisation administrative du royaume

Rappel de l’organisation administrative

L’organisation administrative obéit en général à certains principes

généraux dont la connaissance est nécessaire pour la compréhension des

structures administratives. C’est pourquoi il faut présenter brièvement

ces principes généraux (I) avant d’examiner l’organisation

administrative(II) I/ les principes généraux de l’organisation administrative : Trois points seront retenus :

- la théorie de la personne morale.

- la centralisation et la

décentralisation

- le découpage des circonscriptions

administratives.

A -théorie de la personne morale : On est en présence d’un concept et il importe de savoir ce qu’il recouvre.

cette démarche est importante (a) car elle permet d’envisager les

conséquences qui découlent de l’existence ou de la reconnaissance de la

personne morale (b) et enfin de dresser la liste des différentes personnes

morales administratives (c)

a)Notion de personne morale :

On appelle personne morale une entité qui a des organes et un patrimoine

propres.

Le concept de personne morale est utilisé en droit privé pour distinguer la

personne physique et la personne morale. La personne physique est

l’homme ou la femme en chaire et en os considéré comme sujet de droit.

En revanche une société commerciale ou une association est une personne

morale de droit privé et en tant que telle, elle possède des organes (conseil

d’administration, président directeur général, directeur général) qui

agissent en son nom, comme elle possède un patrimoine (biens mobiliers

et immobiliers). Cette société ou cette association est aussi sujet de droit.

A côté des personnes morales de droit privé il y a des personnes morales

de droit public (Etat, région…) Ces personnes possèdent des organes et

un patrimoine et elles sont titulaires de droits et d’obligations c’est-à-dire,

elles sont sujets de droit.

Ce concept de la personne morale n’est pas admis par tous les auteurs.

certains nient son existence(1) d’autres essayent de la justifier (2)

Page 2: Organisation administrative du royaume

2

1)L.Duguit et la négation du concept

Pour le grand maître de bordeaux, cette idée de personne morale est

fausse .Dans ses leçons de droit public général en 1926 il déclare « les

croyances à des divinités ou des entités métaphysiques sont du domaine

de la conscience individuelle je les respecte profondément, je peux même

dire que je les envie, mais j’affirme qu’elles doivent être bannies du

domaine scientifique ».

Pour notre auteur la personne morale est l’une de ces notions

métaphysiques car les personnes morales n’existent pas .Il existe

seulement des individus et des patrimoines affectés à ces individus.

Un autre auteur (G. Jèse) a déclaré dans une formule ironique « je n’ai

jamais déjeuné avec une personne morale ».

2)Gény et richard et la réalité technique de la personne morale Pour ces deux auteurs la personne morale correspond bien à une réalité

mais pas à une réalité organique, corporelle .les intérêts collectifs, les

groupes ne participent pas de la même nature que la personne physique ;

ils postulent seulement la reconnaissance juridique c’est –à- dire

l’aptitude à être sujets de droit .la personne morale est une réalité du

monde et de la technique juridique.

La reconnaissance de la personnalité juridique a pour but d’assurer

certains droits, certaines protections .Tout individu possède la qualité de

sujet de droit en raison de la dignité de la personne humaine .De même

certains intérêts collectifs sont estimés dignes d’une telle attention, on

leur reconnait alors la personnalité morale ce qui entraîne certaines

conséquences.

b) Conséquences de la personnalité morale.

Les conséquences de la reconnaissance de la personnalité morale , sont

multiples .On se contentera d’en énumérer les principales.

- l’autonomie administrative et

financière,

- l’autonomie patrimoniale,

- le droit d’ester en justice,

- la possibilité de recevoir des

libéralités.

1-l’autonomie administrative et financières.

Conférer l’autonomie administrative à un organisme c’est, en réalité,

Page 3: Organisation administrative du royaume

3

instituer en son sein des organes ayant tous les pouvoirs nécessaires pour

décider de toutes les mesures concernant son activité et pour assurer la

responsabilité de ses engagements envers ses partenaires.

Conférer l’autonomie financières, c’est retirer du budget de la

collectivité étatique, tout ou partie des recettes et dépenses de

l’organisme et laisser à la disposition de cet organisme les excédents de

recettes réalisés .Cela lui permet de mener sa mission par ses propres

moyens sans faire appels pour le tout, à l’état.

L’autonomie administrative et financière constitue ainsi, l’avantage le

plus important qui résulte de la reconnaissance de la personnalité

morale à un organisme public.

2-l’autonomie patrimoniale :

Elle signifie que l’organisme à qui on reconnaît la personnalité morale sera

le propriétaire des biens qu’on lui confère ou qui seront acquis par lui

ultérieurement (échange, vente, achat ……).

3-le droit d’ester en justice :

La personnalité morale conférée à un organisme lui permet d’attaquer

ou de se défendre en justice sans passer par d’autres organes .En effet à

la différence des entités non personnalisées, l’organisme possédant la

personnalité morale peut ester en justice.

3-la possibilité de recevoir des libéralités :

Une personne morale administrative peut revoir directement, des dons

et legs. En revanche les organismes non personnalisés ne peuvent

recevoir de telles libéralités que par l’intermédiaire d’une collectivité

territoriale à laquelle ils sont rattachés, par ex :le centre de

documentation d’un ministère ne peut recevoir des libéralités que par

l’intermédiaire de l’Etat.

C)les différentes personnes administratives morales: Les personnes morales administratives sont l’Etat, les régions , les

préfectures et les provinces, les communes, les établissements publics.

Ces personnes morales peuvent faire l’objet de plusieurs classifications.

Ainsi selon une classification considérée comme traditionnelle on

distingue les personnes morales administratives générales et les

personnes morales administratives spécialisées. Selon une autre

Classification on distingue les personnes morales de types coopératifs et

celles de types fondatifs .Seule la 1er classifications sera retenue ici.

Page 4: Organisation administrative du royaume

4

1-les personnes morales administratives générales :

Ce sont des collectivités correspondant à une population donnée sur un

territoire déterminé. Dans le droit positif marocain on trouve l’état la

région, la préfecture, la province, la commune. Ces personnes disposent

d’organes propres qui agissent en leur nom :

. Pour l’Etat SM le roi, le chef du gouvernement,

.Pour la région : conformément à la constitution de juillet

2011 président du conseil régional est le représentant légal de la région

en tant que personne morale .

. Pour la préfecture et la province selon la constitution de

juillet 2011seul le présidant représente la préfecture ou la province en

tant que personne morale.

.Pour la commune urbaine ou rurale c’est le président du

conseil communal qui agit au nom de la collectivité.

Ces organes disposent d’une compétence générale à l’intérieur de la

circonscription qui constitue leur assise territoriale. Ils ont un budget

propre qui sert de base à leurs activités financières.

Il résulte de ce qui précède que toutes les décisions administratives

territoriales ne correspondent pas à des personnes morales.

Ainsi un ministère n’a pas de personnalité morale c’est une partie de

l’Etat, de même les 2 chambres du parlement ou ce dernier, n’ont pas la

personnalité morale .le ministre ou les présidents des deux chambres

agissent au nom de l’Etat par délégation du chef du gouvernement.

2-les personnes morales publiques spécialisées On désigne sous ce titre les établissements publics qui sont spécialisés

dans la gestion d’un service public ou d’une activité d’intérêt général.

Leur compétence ne couvre que l’activité correspondant au seul but

pour lequel ils ont été crée .Ils sont toujours rattachés à une personne

morale administrative générale (Etat, région, préfecture, province,

commune) qui exerce sur eux un contrôle de tutelle.

II -la centralisation et la décentralisation Les procédés de l’organisation administrative généralement répandus

sont la centralisation et la décentralisation avec quelques atténuations.

a)La centralisation :

Page 5: Organisation administrative du royaume

_ 5 _

Dans l’acception générale on entend par centralisation l’unicité et l’absence

de décomposition. Sur le plan administratif il s’agit de rassembler entre les

mains de l’Etat l’ensemble des activités. Concrètement il s’agira de charger

le gouvernement de toutes les activités d’intérêt général. Autrement dit

dans le régime de la centralisation administrative c’est au gouvernement

au niveau central et à ses représentants au niveau local de satisfaire les

besoins d’intérêt général .Il en résulte que ce régime se caractérise par la

concentration du pouvoir de décision au niveau central et la soumission des

fonctionnaires au pouvoir hiérarchique. Dans la pratique l’histoire nous montre que la centralisation peut se

présenter sous 2 variantes : la concentration et la déconcentration.

Par concentration administrative il faut entendre la réservation du

pouvoir de décision au seul pouvoir central, les représentants locaux

n’ont aucune compétence .Pour toute action à entreprendre, ils doivent

se référer au pouvoir central .En réalité ce système est impossible au

niveau d’un pays c’est pourquoi on adopte généralement un système qui

atténue les aspects négatifs. Il s’agit de la déconcentration .Ce système

consiste à conférer, aux représentants locaux du gouvernement, le

pouvoir d’agir dans certains secteurs mais sous le contrôle hiérarchique

du pouvoir central.

A cette fin on utilise le procédé de la délégation selon lequel le pouvoir

central délègue à ses représentants locaux le pouvoir d’agir pour gérer

les affaires sur le plan local au nom du pouvoir central .Mais il faut

distinguer la délégation de pouvoir et la délégation de signature en

raison des conséquences juridiques qui sont différentes.

La délégation de pouvoir signifie que le pouvoir central est dessaisi des

activités déléguées .Seul le représentant local délégataire est compétent

pour décider. Le pouvoir central ne peut agir dans le domaine délégué

que s’il rapporte la délégation .Par ailleurs c’est le délégatoire qui

assume la responsabilité pendant la délégation.

La délégation de signature signifie que le pouvoir central peut à tout

moment signer au lieu et place du représentant local délégataire sans

toucher la décision par laquelle il a délégué le pouvoir de signature, et

c’est le pouvoir central déléguant qui reste responsable malgré la

délégation.

Page 6: Organisation administrative du royaume

6

La délégation dans ces 2 formes obéit à certaines conditions en

particulierl’existence d’un texte l’autorisant et d’une décision

l’accordant. Ainsi présentée la centralisation comporte des avantages et

des inconvénients :

- avantages :

- renforce le pouvoir et la prééminence du gouvernement

central et assure l’unité juridique et politique.

- assure une certaine égalité entre les particuliers qui

peuvent bénéficier des mêmes avantages et de la même manière.

- réduit les dépenses.

- permet de réaliser les grands travaux grâce aux moyens

financiers importants mis à la disposition du pouvoir central .

- inconvénients :

- lenteur et routine administrative dans la fourniture des

prestations aux usagers du service public,

- les décisions prises au niveau central ne tiennent pas

compte des besoins réels et des particularismes locaux,

- existence d’un déséquilibre du développement

économique et social : quelques grandes villes prospères et le reste du pays

est un désert.

b) la décentralisation :

On entend par là la répartition des fonctions administratives entre le

gouvernement central et certains organismes auxquels on reconnaît la

personnalité morale et l’autonomie financière avec un contrôle de tutelle

de l’Etat.

Il en résulte que la décentralisation peut prendre 2 formes : la

décentralisation territoriale et la décentralisation technique ou par

service .

La décentralisation territoriale consiste dans la reconnaissance de la

personnalité morale et de l’autonomie financière à certaines collectivités

territoriales pour accomplir les tâches qui leur sont conférées par la loi

sous le contrôle de l’Etat .Au Maroc ces collectivités territoriales sont les

communes urbaines et rurales, les provinces, les préfectures et les

régions. On doit ajouter à cette catégorie les établissements publics

territoriaux à savoir les groupements de communes prévus par l’article

7

Page 7: Organisation administrative du royaume

La décentration technique ou par service est le procédé par lequel on

confère à une activité d’intérêt général de caractère national ,régional ou

local, la personnalité morale et l’autonomie financière pour être gérée de

manière autonome avec un contrôle de tutelle de l’Etat ou de la personne

publique de rattachement.( commune, province, préfecture, région ).

III) le découpage des circonscriptions :

Le découpage des circonscriptions présente une importance capitale .En

effet la réalisation d’un bon découpage est d’un intérêt considérable

ainsi les circonscriptions découpées permettent de tenir compte et de

tirer profit des techniques élaborées par les sociologues en matière de

gestion des services publics .En effet on considère qu’il existe une

étendue optimale pour la gestion des services et il faut que le découpage

réalisé permette cette gestion optimale des services publics.

Par ailleurs en ce qui concerne les petites unités administratives on ne

peut pas procéder à un recrutement et à une organisation de carrière

susceptible d’attirer des candidatures intéressantes.

Enfin l’application des méthodes modernes de gestion aux services d’une

collectivité nécessite un bon découpage administratif en terme

d’efficacité et d’efficience dans la gestion et notamment financière.

L’intérêt du découpage ne doit pas occulter son caractère délicat. En

effet, pour se limiter à l’essentiel, 3 questions se posent : 1) le découpage

doit-il être le même pour tous les services ?

2) quelles sont les dimensions optimales des circonscriptions

administratives ?

3) Doit-on admettre des modifications faciles des structures des

collectivités administratives ?

1- identités des circonscriptions administratives: Pour mieux cerner le problème il faut se placer d’une part du côté des

services et d’autre part du côté des administrés.

a-du côté des services :

Il est généralement admis que chaque service cherche l’organisation la

plus commode pour ses besoins particuliers et son personnel est réparti

en fonction des choix arrêtés .Il en résulte que les circonscriptions

peuvent varier d’un service à un autre .Mais en terme d’efficacité de la

gestion une certaine coordination est impérative .Dans la pratique cette

8

Page 8: Organisation administrative du royaume

coordination n’est pas possible car les circonscriptions sont différentes

les unes des autres .Par ailleurs cette différence entre les circonscriptions

ne permet pas une rationalisation au niveau de la gestion d’ensemble.

b -du côté des administrés :

Les administrés sont pour des circonscriptions petites qui leur

permettent des déplacements faciles et surtout la connaissance des

gestionnaires .En général l’administré n’aime pas l’anonymat quand il a

à régler des problèmes avec l’administration. Il est plus à l’aise s’il

connaît la personne qui va traiter son dossier .Par ailleurs l’administré

veut que le découpage des circonscriptions tienne compte des moyens de

communication disponibles et accessibles pour éviter les difficultés de

déplacement.

2-la dimension des circonscriptions :

a) du côté des services :

De nombreux paramètres qui sont parfois contradictoires interviennent.

Ainsi des raisons politiques peuvent imposer d’éviter la sous

administration et d’avoir des agents en quantité et en qualité suffisante

pour encadrer la population. D’autre part des raisons d’efficacité de

gestion interviennent. En effet il est incontestable que la bureaucratie

se développe à l’intérieur des grandes circonscriptions. Mais d’un point

de vue technique de grandes circonscriptions paraissent souvent

meilleures. Comme il a été souligné pour les techniciens la

centralisation absolue permettrait seule la rationalisation de

l’administration. Cette conception des techniciens n’est pas celle des

politiques qui préfèrent la petite circonscription pour rester en contacte

permanant avec la population.

b)du côté de l’administré : La position de l’administré rejoint celle du politique. En effet

l’administré réclame des circonscriptions petites qui lui permettent des

déplacements faciles tenant compte des moyens de communications

disponibles et la connaissance des administrateurs. Aussi pour tenir

compte de ces considérations doit-on procéder à des modifications des

circonscriptions.

9

Page 9: Organisation administrative du royaume

3)la modification des circonscriptions :

Ici se pose le problème de l’aptitude aux changements, en d’autres termes

faut –il que les circonscriptions soient faciles à changer ?

L’adoption de cette solution présente des avantages .En effet étant donné

que les besoins évoluent ou changent il parait tout à fait indiquer

d’adapter les circonscriptions aux besoins nouveaux .En réalité certains

facteurs peuvent résister à ce changement.

En 1er lien les habitudes des administrés et la pratique de

l’administration peuvent être un obstacle au changement.

En 2éme lieu le coût du service qui peut jouer contre le changement,

étant donné que toute modification peut entraîner des dépenses. Mais

avec le temps la modification peut aboutir à une diminution des

dépenses.

Enfin une question essentielle se pose : doit-on prendre toujours en

considération le facteur coût s’agissant de la commodité de l’administré.

Mais d’un autre coté parfois la modification s’impose devant les attentes

de la population.

II- L’organisation de l’administration de l’Etat :

L’administration de l’Etat comme toute administration publique se

caractérise par sa complexité et pour mieux comprendre son

organisation il y a lieu de procéder à certaines distinctions

fondamentales :

- La 1ère distinction est celle de l’administration d’Etat et

de l’administration locale.

L’administration d’Etat pourvoit aux besoins et aux intérêts de toute

la population d’où sa complexité.

En effet elle comprend l’administration centrale ou un pouvoir central et

c’est là ou le pouvoir politique et le pouvoir administratif se rejoignent.

Les ministres ne sont pas seulement des chefs d’administration mais ils

ont également un rôle politique (aspect administratif et aspect

gouvernemental)

Ainsi au sommet de l’administration d’Etat le pouvoir administratif se

confond avec le pouvoir exécutif.

10

Page 10: Organisation administrative du royaume

L’administration d’Etat est prolongée par des services extérieurs ou

déconcentrés car on ne peut pas administrer le pays à partir de rabat

Les différents départements ministériels ont leurs correspondants et

représentants qui sont implantés selon les cas dans les provinces ou dans

les régions.

A côté de l’administration centrale et des services extérieurs, il faut

ajouter les établissements publics nationaux qui constituent des

personnes publiques, ayant une personnalité distincte de l’Etat .Ils sont

chargés de certaines activités d’intérêt général ou de services publics et à

cette fin ils disposent de certaines autonomies (ex : O. N.E,O.N.C.F…)

L’administration d’Etat est distincte de l’administration locale .Celle –ci

se justifie par le fait qu’à coté des besoins communs à tous les citoyens

(ex : défense nationale), existent des besoins locaux propres aux

habitants d’une circonscription territoriale donnée, le transport urbain à

rabat par ex : intéresse plus particulièrement la préfecture de rabat.

D’un point de vue juridique on ne peut parler d’administration locale

que lorsque la circonscription territoriale concernée est dotée de la

personnalité morale.

L’administration locale est plus simple que l’administration d’Etat aussi

on ne trouve pas de services extérieurs mais on peut trouver des

établissements publics relevant de la collectivité territoriale.

-la 2ém distinction est celle entre l’administration générale et

l’administration spécialisée.

Certaines autorités administratives exercent leurs attributions dans tous

les domaines ex : le chef du gouvernement au niveau de l’Etat, le

gouverneur au niveau de la province.

Il s’agit d’autorités d’administration générale.

En revanche les ministres et les unités administratives qui en

dépendent forment l’administration spécialisée (différenciation

ministérielle).

-la 3ém distinction est celle entre l’administration active et

l’administration consultative.

11

L’administration active constitue l’administration proprement dit.

Elle est chargée de la gestion d’une activité et elle est compétente pour

prendre des décisions exécutoires.

Page 11: Organisation administrative du royaume

L’administration consultative est formée d’organes qui sont appelés

à donner des avis aux autorités administratives chargées de la gestion

d’une activité ex : conseil de discipline, commission préfectorale des

prix..

I- I °L’administration centrale les autorités de l’administration centrale

Ces autorités sont déterminées par la constitution ce sont SM le Roi et le

gouvernement.

I-I-1)SM le Roi : 1er magistrat du pays, il exerce certains pouvoirs dans de

nombreux domaines et notamment administratifs en période normale et

en période d’exception :

2 questions se posent : quels sont les pouvoirs du Roi et quel est la

nature juridique des actes royaux dans le droit positif marocain ?

A.les pouvoirs du Roi : Le Roi assure différentes tâches; certaines sont de nature politique

d’autres sont de nature religieuses, d’autres sont de nature administrative.

On se limitera à l’examen des pouvoirs de nature administrative et pour

cela il faut se placer dans 2 périodes avant 1962 c’est-à-dire l’ère

constitutionnelle et après 1962.

a- les pouvoirs du Roi avant 1962 : Avant 1962 les pouvoirs du Roi étaient plus étendus. On peut se placer à

3 stades pour le vérifier : avant le protectorat, sous le protectorat et

depuis l’indépendance.

. Avant le protectorat :

Conformément à la tradition musulmane, le Roi, qu’on appelait sultan,

était l’organe essentiel du système administratif. Il était le seul à détenir

le pouvoir exécutif. Il avait la charge d’assurer l’ordre dans la

communauté et par ce qu’il est Amir almouminine, toutes les autorités et

à tous les niveaux relevaient de lui et exerçaient les tâches en son nom.

Les collaborateurs et les ministres auxquels il avait recours n’avaient

12

aucun pouvoir propre .Ils agissaient en vertu d’une délégation du

sultan, délégation à durée provisoire et au contenu variable.

Tous les ministres ne constituent que des conseillers, ils préparaient les

Page 12: Organisation administrative du royaume

décisions et une fois que celles-ci sont prises par le sultan, les ministres

ont la charge d’en assurer l’exécution et de rendre compte au sultan.

.sous le protectorat :

L’instauration du protectorat le 30 mars 1912 aura pour effet de

modifier dans la pratique cette situation.

Le sultan demeure en principe la 1ere autorité administrative

surtout que la puissance protectrice s’était engagée de ne pas toucher

aux principes musulmans.

Les pouvoirs du sultan ont même augmenté dans la mesure où à

côté, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire qu’il détenait au par

avant s’ajoute le pouvoir législatif.

Dans la pratique on sait que cette confusion des pouvoirs n’a profité

qu’aux autorités du protectorat, en l’occurrence le résident général.

-Au lendemain de l’indépendance :

La disparition du protectorat a eu pour conséquence, pour ne retenir

que l’aspect qui nous intéresse ici, que le Roi retrouve les pouvoirs aussi

bien ceux qu’il détenait avant le protectorat que ceux qui se sont ajoutés

pendant le protectorat.

Le gouvernement qui a été formé avec un président du conseil

n’exerçait une partie du pouvoir exécutif que par délégation du Roi, il

n’avait pas de pouvoir propre.

b- les pouvoirs du Roi depuis 1962 : Depuis 1962 le Maroc est entré dans l’ère constitutionnelle

(1962, 1970, 1972,1992, 1996,2011).

Désormais le pays est doté d’une constitution qui est la loi fondamentale

mais qui a évolué avec le temps tenant compte des transformations

diverses qui ont marqué l’histoire politique du pays.

Le texte détermine et organise les pouvoirs publics en fixant les

attributions de chacun.

La constitution actuelle constitue une véritable révolution par

rapport aux autres textes sur tout en ce qui concerne les pouvoirs du Roi

en matière administrative. Mais il faut distinguer la période normale et

celle exceptionnelle.

13 1- compétences du Roi en période normale : L’article 42 al 3 de

constitution dispose « le Roi exerce ses missions par Dahirs en vertu des

pouvoirs qui lui sont expressément dévolus par la présente constitution».

Page 13: Organisation administrative du royaume

Si on parcourt la constitution on constate que sa compétence est limitée en

matière administrative.

Ainsi le pouvoir de nomination ne concerne plus que les emplois

militaires.

Pour la nomination des magistrats la constitution dans son art 67

précise « le Roi approuve par dahirs la nomination des magistrats par le

conseil supérieur du pouvoir judiciaire ».

S’agissant de la nomination à certains emplois civils l’art 49 de la

constitution prévoit une délibération du conseil des ministres présidé par

le Roi mais ne précise pas si ces nominations sont faites par Dahir du Roi

ou par décret du chef de gouvernement.

En tant qu’Amir Al mouminine, le Roi est compétent pour fixer par

dahir « les attributions la composition et les modalités de

fonctionnement du conseil supérieure des oulémas » (art 41al 4).

2-compétences du Roi en période exceptionnelle : L’état d’exception est prévu par l’art 59 de la constitution.

L’application de cet article se traduit par une concentration de tous

les pouvoirs entre les mains du Roi : que ces pouvoirs relèvent du

pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif ou du pouvoir judiciaire.

Sans doute cet article 59 dans son al 2 nous dit : que le parlement ne

peut être dissous pendant l’exercice des pouvoirs exceptionnels » mais

cela ne peut signifier que le parlement continuera à exercer ses

attributions et notamment contre la volonté du Roi.

De même s’agissant de l’exercice des droits et libertés l’art 59 al 3

prévoit que « les libertés et droits fondamentaux prévus par la présente

constitution demeurent garantis ».Cela ne peut signifier que les décisions

administratives limitant l’exercice de ces libertés pendant l’état

d’exception sont contraires à la constitution. Seul le juge administratif

peut en décider s’il est saisi.

B)- nature juridique des décisions royales. La question essentielle qui nous intéresse ici c’est de savoir si les

décisions royales peuvent être attaquées devant les juridictions soit pour

annulation soit pour indemnisation.

14

La jurisprudence a pris une position ferme sur cette question : les

décisions royales sont insusceptibles de recours juridictionnels car le Roi

n’est pas une autorité administrative.

Page 14: Organisation administrative du royaume

Le législateur est intervenu pour écarter cette position s’agissant des

agents nommés par Dahir. En effet l’art 11de la loi 41-90 instituant les

tribunaux administratifs a prévu que « le contentieux relatif à la

situation individuelle des personnes nommées par dahir ou par décret

….sont de la compétence du tribunal administratif de rabat ».

En vertu de ce texte les personnes nommées par Dahir peuvent saisir

le tribunal administratif de rabat .Mais est –ce pour demander

l’annulation ?

La réponse nous semble négative, les intéressés ne peuvent prétendre

qu’à une indemnité. Est-ce sur la base d’une faute ?non en vertu de

l’adage « le Roi ne peut mal faire », le fondement serait donc la

responsabilité sans faute en vertu du principe constitutionnel de l’égalité

de tous devant les charges publiques.

Avec la nouvelle constitution s’ouvrent de nouvelles perspectives.

Ainsi l’article 114 dispose « les décisions individuelles du conseil

supérieur du pouvoir judiciaire sont susceptibles de recours pour excès

de pouvoir devant la plus haute juridiction administrative du

Royaume ».

En vertu de ce texte une décision de nomination du conseil

supérieur du pouvoir judiciaire bien qu’approuvée par Dahir peut faire

l’objet d’un recours pour excès de pouvoir.

L’art.118 al 2 apporte de nouvelles perspectives également dans la

protection des droits et libertés puisqu’il dispose :

« Tout acte de nature réglementaire ou individuelle, pris en matière

administrative, peut faire l’objet de recours devant la juridiction

administrative compétente ».

On ne retient plus le critère organique pour déterminer la nature

juridique d’un acte mais le critère matériel. Il en résulte que les

décisions royales prises en matière administrative sont susceptibles de

recours juridictionnels.

I-I-2) le gouvernement : Aux termes de la nouvelle constitution de 2011 le gouvernement dispose

de nombreuses attributions.

15

Il « se compose du chef du gouvernement et des ministres et peut

comprendre aussi des secrétaires d’Etat ». (art 87)

Page 15: Organisation administrative du royaume

Il « exerce le pouvoir exécutif sous l’autorité du chef de gouvernement, le

gouvernement met en œuvre son programme gouvernemental, assure

l’exécution des lois, dispose de l’administration et supervise les entreprises

et établissements publics et en assure la tutelle »art 89.

Par ailleurs la constitution de 2011 a fixe les domaines sur lesquels

le conseil de gouvernement a reçu un pouvoir de délibération (art 92).

Ainsi il peut délibérer sur la politique générale de l’Etat, les politiques

publiques, sur la nomination de certains hauts responsables….

A° le chef du gouvernement : Il a vu ses pouvoirs étendus et précisés.

1° la direction du gouvernement : C’est la 1ère tâche de tout chef de gouvernement .En effet la

différenciation ministérielle et la division du travail gouvernemental

peut conduire à des divergences entre les différents responsables .Il est

donc nécessaire qu’une autorité soit placée aux dessus de ces

responsables pour coordonner et contrôler leurs actions afin qu’ils ne

s’éloignent pas des grands axes de la politique gouvernementale

délibérée en conseil du gouvernement et arrêtées en conseil des ministres

sous la présidence du Roi.

2° l’exercice du pouvoir réglementaire : c’est l’art 90 de la constitution de 2011 qui confère l’ exercice du pouvoir

réglementaire au chef de gouvernement .Ce dernier a la possibilité de

déléguer certains de ses pouvoirs précise le même article.

Ainsi grâce à ce pouvoir le chef de gouvernement est habilité à prendre

les mesures nécessaires à l’exécution des lois ainsi que celles qui sont du

domaine du règlement .Autrement dit le pouvoir réglementaire du chef

de gouvernement se décompose en 2 catégories :les règlements

d’application des lois et les règlements autonomes.

La 1ere catégorie trouve son fondement juridique dans l’article 89 al 2 de

la constitution qui dispose « sous l’autorité du chef de gouvernement le

gouvernement ….assure l’exécution des lois,…. ».

Il arrive en effet que des lois ne peuvent être mises en œuvre qu’après

l’intervention de décret du chef de gouvernement. Cette intervention est

prévue par la loi.

-16-

Page 16: Organisation administrative du royaume

La 2éme catégorie trouve son fondement juridique dans l’article 72 de la

constitution qui dispose « les matières autres que celles qui sont du

domaine de la loi appartiennent au domaine réglementaires ».

Le règlement autonome résulte en fait de la délimitation du

domaine de la loi opérée par la constitution qui a fait de la compétence

législative une compétence d’attribution et celle du pouvoir

réglementaire une compétence de droit commun.

Par ailleurs le chef de gouvernement peut intervenir dans le

domaine législatif dans 2 cas :

*il intervient par décret-loi lorsqu’il est habilité par la loi

pendant un délai limité et pour un objectif déterminé. Le cas est prévu

par l’article 70 al 3 de la constitution qui dispose « une loi d’habilitation

peut autoriser le gouvernement, pendant un délai limité et en vue d’un

objectif déterminé, à prendre par décrets des mesures qui sont

normalement du domaine de la loi .les décrets entrent en vigueur dès

leur publication, mais ils doivent être soumis au terme du délai fixé par

la loi d’habilitation, à la ratification du parlement ».

* le 2éme cas est prévu par l’article 81 al 1 de la constitution qui

dispose « le gouvernement peut prendre, dans l’intervalle des sessions,

avec l’accord des commissions concernées des deux chambres, des

décrets-lois qui doivent être, au cours de la session ordinaire suivant du

parlement, soumis à la ratification de celui-ci ».

Au total le chef de gouvernement intervient par décret soit pour la

mise en application d’une loi, soit pour exercer le pouvoir réglementaire

autonome, soit par habilitation d’une loi soit enfin dans l’intervalle des

sessions du parlement.

3° l’exercice de certaines attributions spéciales : A côté des attributions de direction du gouvernement, de l’exercice du

pouvoir réglementaire, de nomination à certains emplois civils, le chef de

gouvernement peut exercer certaines attributions d’ordre spécial :

3 explications se trouvent à la base de ces attributions : soit que les

domaines concernés intéressent tous les ministres soit qu’ils ne rentrent

pas dans la compétence des ministres soit que le chef de gouvernement

17

Page 17: Organisation administrative du royaume

se réserve un domaine étant donné son importance lors de la formation

du gouvernement .Ainsi par exemple l’histoire nous enseigne que le chef

de gouvernement peut exercer également la fonction de ministre des

affaires étrangères ou la fonction de ministre des affaires

administratives, des affaires générales ….

Pour remplir ses multiples fonctions le chef de gouvernement dispose de

nombreux collaborateurs.

Ainsi il peut faire appel à un ministre ou un secrétaire d’Etat ou un

haut commissaire (plan, anciens combattants…) .Il confie à ces autorités

certaines tâches qu’elles vont gérer sous sa direction.

Pour la gestion des affaires administratives et financières, le chef de

gouvernement dispose d’un secrétaire général et de certaines directions.

Pour son cabinet il dispose de collaborateurs conformément au

Dahir de 1994 qui fixe les conditions des membres de cabinet de tous les

membres du gouvernement.

B° les ministres : L’ampleur des tâches gouvernementales a imposé dans tous les pays

une division du travail.

Au Maroc de tout temps, il y a eu cette division du travail mais

l’existence de vizir n’impliquait pas par elle-même des autorités au sens

moderne du terme c’est-à-dire, avec une structure et des pouvoirs.

Même après la réforme de Moulay Hassan1er, le travail ministériel

restait rudimentaire et les vizirs n’étaient que de simples agents

d’exécution et quand ils bénéficiaient d’une délégation pour régler

certaines questions particulières, ils agissaient au nom du sultan. Cette

situation va être modifiée avec le protectorat. Les viziriats qui

continuent de relever du sultan ont été modernisés.

Parallèlement on crée des « administrations chérifiennes »qui

dépendent directement du résident général.

A côté de ces 2 institutions qui ont fini par être rapprochées pour

donner naissance à des conseils mixtes qui comprenaient les autorités

makhzen et les autorités néo chérifiennes, les directions françaises

dirigeaient les principaux secteurs de l’administration du pays.

Ainsi l’administration générale relevait de la direction de l’intérieur de

la sécurité publique et des affaires chérifiennes.

18

Page 18: Organisation administrative du royaume

De même l’administration financière dépendait de la direction des

finances.

L’administration économique relevait de la direction des travaux

publics, de la production industrielle et des mines, de l’agriculture et des

forêts du commerce et de la marine marchande, des postes, télégraphes

et téléphones.

L’administration sociale était confiée à la direction de l’instruction

publique, de la santé publique et de la famille, du travail et des questions

sociales.

Comme on peut le constater ces directions constituaient de véritables

ministères. Elles bénéficiaient de délégation en matière de pouvoir

réglementaire.

Après le retour de l’indépendance, le gouvernement formé dépendait

directement du Roi. Le président du conseil dans une circulaire du 13

mars 1956, fixe les bases des attributions des différents ministres et

décide que ces derniers héritent les attributions des anciennes directions.

Les structures ministérielles ont été progressivement mises en place

et modernisées depuis la constitution de 1962.

Le nombre de départements ministériels est fonction de nombreux

facteurs et notamment techniques et politiques.

Il y a lieu de notre qu’on distingue généralement par ordre de

préséance les ministres d’Etat (avec ou sans portefeuille) les ministres,

les ministres délégués, les secrétaires d’Etat ,les 2 dernières catégories

sont généralement rattachés soit au chef de gouvernement , soit à un

ministre pour une tâche bien précise et à ce titre ils bénéficient de

délégation .

l’art 87 de la constitution a fixé les membres du gouvernement puisqu’il

prévoit que « le gouvernement se compose du chef de gouvernement et

des ministres, et peut comprendre aussi des secrétaires d’Etat ».le même

texte a prévu qu’une loi organique viendrait définir les règles relatives à

l’organisation et à la conduite des travaux du gouvernement et au statut

de ses membres ».

Par ailleurs seuls peuvent siéger au conseil des ministres sous la

présidence du Roi « le chef du gouvernement et les ministres ».

Le ministre nommé par le Roi sur proposition du chef de

gouvernement exerce une fonction politique et une fonction

19

Page 19: Organisation administrative du royaume

administrative qui est seule retenue ici. Le ministre a pour tâche

essentielle la direction du département ministériel qui lui est confié et il

exerce à son égard tous les pouvoirs inhérents à la fonction de chef

hiérarchique et les pouvoirs prévus par des textes particuliers. Ses

différentes attributions peuvent être groupées sous les rubriques

suivantes :

1- le ministre exerce le pouvoir hiérarchique. Sur les agents de son département le pouvoir de nomination ne lui

appartient pas mais il peut bénéficier d’une délégation du chef de

gouvernement (sauf pour les emplois réservés au Roi).de même le

ministre contresigne les décrets du chef de gouvernement dont il est

chargé d’en assurer l’exécution (article 90 al 2 de la constitution).

Par ailleurs c’est le ministre qui fixe les emplois des agents et les

affecte ou les mute suivant les besoins du service.

De même il exerce le pouvoir disciplinaire selon les conditions prévues

par la loi.

2-le ministre exerce, à titre exceptionnel, le pouvoir réglementaire En principe le ministre n’est pas titulaire du pouvoir réglementaire qui

appartient au chef de gouvernement .Mais le ministre peut exercer ce

pouvoir réglementaire dans 3 cas :

*le 1 er cas est prévu par la constitution dans son article 90 al 1

qui dispose « le chef de gouvernement exerce le pouvoir réglementaire et

peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres ». Ainsi par

délégation du chef de gouvernement le ministre peut prendre certaines

mesures réglementaires.

*le 2 éme cas est prévu par des textes: le ministre peut exercer le

pouvoir réglementaire lorsque la loi le prévoit expressément ex : loi de

finance de l’année qui prévoit l’intervention du ministre des finances par

arrêtés.

*le 3éme cas dans lequel le ministre exerce le pouvoir

réglementaire a été admis par la jurisprudence (en France C.E

Jamart 7.2.1936,G AJA,au Maroc C S A E L H I H I 17.4.1961 R p 56 )

Il s’agit en réalité de tenir compte des raisons d’ordre pratique et c’est

pourquoi ce pouvoir admis pour le ministre est limité aux mesures que

20

Page 20: Organisation administrative du royaume

nécessitent l’organisation et le fonctionnement des services dont il a la

charge.

Il faut ajouter qu’en tant que responsable de la gestion administrative et

financière de son département, le ministre est ordonnateur principal .A

ce titre il prend les actes engageant les dépenses et signe les ordres de

paiement.

Par ailleurs, le ministre représente l’Etat pour tout ce qui touche

le département dont il a la charge : passation des contrats, gestion des

biens affectés au ministère, représentation en justice.

Enfin le ministre exerce un pouvoir de tutelle sur les

personnes décentralisées rattachées à son département ex : les offices

régionaux de mise en valeur agricole et le ministre de l’agriculture et de

la pèche maritime.

C° Les services centraux : Sous ce titre on désigne2 institutions le cabinet du ministre et les services

centraux qu’on appelle aussi l’administration centrale proprement dite.

1-le cabinet : composition et rôle

a*Composition : Le cabinet est formé d’une équipe de collaborateurs du ministre qu’il

choisit librement en fonction de la confiance qu’ils lui inspirent.

Ces collaborateurs peuvent être choisis aussi bien dans l’administration

qu’en hors d’elle. Cela peut comporter des risques de voir les cabinets

gonflés de personnes qui n’ont pas toujours les qualités nécessaires pour

assurer les tâches qui leur incombent.

Pour éviter ce risque différents textes sont intervenus pour

réglementer le nombre des membres du cabinet et les conditions qu’ils

doivent remplir.

Le texte essentiel est la circulaire royale du 23 Février 1966

modifiée par un Dahir de 1994.

Selon ce texte le nombre des membres du cabinet est fixé à 8 pour le chef

de gouvernement et à 6 pour les ministres.

Le même texte pose 2 conditions qui doivent être remplies par les

cabinards : l’honorabilité et la compétence .Il s’agit en fait de conditions

qui sont indispensables pour que le ministre puisse avoir à ses côtés des

ressources humaines possédant des qualités suffisantes pour l’aider à

assumer les tâches qui lui incombent .Parmi ces qualités on peut citer la

21

Page 21: Organisation administrative du royaume

connaissance de l’administration de façon générale et du département

ministériel en particulier . b-rôle du cabinet : Le cabinet remplit une double mission :

*il assure les liaisons nécessaires du ministre avec les services

de son ministère ainsi que les rapports avec les usagers des services ou

les autres administrations ou organismes publics et privés (ex :

parlementaires, syndicats, associations…..)

*il effectue des études dont le ministre aura besoin

(domaine politique, économique, sociale, technique ….)

Comme on peut le constater le rôle des cabinards n’implique pas

une ingérence dans la gestion administrative qui relève des bureaux

permanents du ministère .Dans la pratique l’ingérence des membres du

cabinet dans la gestion des services est inévitable.

Les services de l’adminstration centrale : Il s’agit d’organes permanents qui sont à la différence du cabinet,

composés de fonctionnaires de carrière(les ministres passent

L’administration reste).

En principe ces organes ne font que préparer les décisions qui

reviennent au ministre seul qui en assume la responsabilité.

Dans la pratique les hauts fonctionnaires des services centraux

possèdent des pouvoirs de fait considérables et ceci en raison de

différentes considérations :

La 1ere c’est la stabilité des bureaux : cette stabilité des bureaux

leur permet d’avoir une position de force par rapport au ministre qui est

instable même s’il possède les compétences pour diriger le département

dont il a la charge.

La 2éme considération qui peut être liée à la 1er est la

technicité des tâches à accomplir .En effet, les bureaux étant stables et

possédant les connaissances techniques et les compétences ainsi que

l’expérience, sont les seuls à connaître les dossiers comme il le faut .Face

à eux le ministre se voit dans la pratique contraint d’entériner leurs avis.

La 3éme considération est relative au volume des affaires à

traiter que le ministre ne peut connaitre en détails.

22

Page 22: Organisation administrative du royaume

Au total les bureaux sont les véritables maîtres à bord car ils disposent

de tous les atouts pour conduire le ministre à adopter leur vision quand

à la gestion des affaires. 2-Structures des services centraux

La structure des services centraux varie d’un ministère à un autre

tout en ayant le même schéma général. Cette structure est fixée par

décret hormis le cas du ministre des habouss et affaires islamiques dont

la structure est fixée par Dahir.

En général les services centraux qui sont coiffés par un secrétariat

général sont repartis entre différentes unités administratives.

a- le secrétaire général : Il s’agit d’un haut fonctionnaire, nommé en conseil du gouvernement,

qui est le gardien de la continuité administrative d’un département

ministériel .Devant l’instabilité du ministre ,le secrétaire général est

stable et assure donc la continuité par la connaissance des dossiers

(instabilité politique et continuité administrative )

Par ailleurs devant le cloisonnement qui existe entre les différents

services, le rôle du secrétaire général en matière de coordination est

capital .Il doit faire en sorte que les services ne perdent pas de vue

l’unité d’action indispensable dans la marche d’une administration.

Son statut est régi par un décret de 1993 qui le charge de seconder le

ministre sous son autorité, dans les tâches administratives, financières et

techniques.

Dans la pratique le rôle du secrétaire général est variable en

fonction de sa personnalité, de son expérience et de sa compétence

technique ainsi que de la personnalité du ministre.

b-les unités administratives : Les différentes unités administratives entre lesquelles sont réparties les

diverses tâches d’un ministère prennent des noms variables : direction,

division, service, bureau .leur nombre est également variable d’un

ministère à un autre .Mais d’une façon générale on peut distinguer 3

groupes :

*le 1er comprend les services chargés de questions qui touchent

l’ensemble des services ex : le personnel, le matériel, la gestion financière

les questions juridiques.

Il s’agit de ce qu’on appelle les services d’administration générale.

23

Page 23: Organisation administrative du royaume

* le 2éme groupe comprend les services chargés de tâches spécifiques

ex : au ministère des finances il y a une direction générale des impôts

indirects, au ministère de l’agriculture il y a une direction de l’élevage,

au ministère de l’intérieur il y a une direction générale des collectivités

locales. *Le 3e groupe comprend un service d’inspection qui est rattaché soit au

ministre directement soit au secrétaire général.

Au total, les différentes tâches du ministre sont réparties entre des

directions (parfois générales) qui coiffent (parfois des directions quand il s’agit de

direction générale) des divisions lesquelles coiffent des services de sorte qu’il ya

une hiérarchie organique.

c-les différentes catégories de personnel Le personnel est hiérarchisé suivant la structure pyramidale du département

ministériel. 4 catégories sont à distinguer :

- la 1ere comprend le personnel supérieur du ministère. Selon le

direct du 30-12-1975, il faut distinguer 4 niveaux : secrétaire général,

directeur et fonction de même niveau (inspecteur général, ingénieur

général, inspecteurs général des finances, inspecteur général de

l’administration térritoriale, médecin inspecteur général, vétérinaire

inspecteur général, chef de divisons, chef de service) .

Pour les fonctions des 2e catégories ( S.G , Dr et personnel

assimilé) la nomination se fait en conseil de gouvernement ( art 92 al 2 de

la constitution).

Pour les autres fonctions la nomination revient au ministre par

délégation du chef de gouvernement.

-La 2e catégorie comprend le personnel d’inspection. Elle n’existe

que dans 3 départements : Les finances, l’éducation nationale (pour

l’enseignement primaire et secondaire), l’intérieur.

-La 3e catégorie comprend le personnel commun des

administrations centrales : on doit distinguer ici les cadres

d’administration centrale et du personnel commun aux administrations

publiques, le corps des ingénieurs et adjoints techniques enfin le cadre des

agents publics de l’état et des municipalités. 24

Page 24: Organisation administrative du royaume

-La 4éme catégorie comprend les personnels propres aux différentes

administrations ex : agents d’autorité, administration pénitentiaire, eaux

et forêts, douane……

III°L’administration territoriale de l’Etat : Les organes de l’administration territoriale de l’Etat sont de 2 sortes :

- les unes sont chargées d’exécuter des tâches administratives

spécialisées. Il s’agit de ce qu’on appelle les services extérieurs des

différents ministères,

- les autres ont des compétences générales et à ce titre ils sont les

représentants locaux du pouvoir exécutif dans son ensemble : ce sont les

agents d’autorité.

III°-1-les services extérieurs des administrations

Centrales :(services déconcentrés) L’installation des services extérieurs constitue une nécessité car c’est à

eux que revient l’exécution des décisions prises à l’échelon central .Mais

cette nécessité n’est pas la même pour toutes les tâches administratives

autrement dit si certaines administrations centrales ont besoin d’un relai

sur l’ensemble du territoire, d’autres ont des besoins différents c’est le

cas par exemple du ministère des affaires étrangères et de la coopération

dont les services extérieurs sont à l’étranger.

De même l’administration des douanes n’a de services extérieurs que

dans les ports et les zones frontalières.

S’agissant des autres administrations il est incontestable que le

rapprochement de l’administration des administrés exige à ce qu’il y ait

pour chacun un relai plus proche que possible des intéressés. Mais d’un

autre coté, il faut tenir compte, pour la création de circonscriptions

administratives de 2 nécessités : le coût financier qu’engendre cette

création et la disposition de personnel suffisant quantitativement et

qualitativement.

Ces considérations ont dicté un découpage des circonscriptions

administratives dont il résulte que l’installation des services extérieurs

sur le territoire national n’est pas la même pour tous les services.

L’aire géographique d’intervention est constituée essentiellement par

la préfecture et la province qui servent de cadre à l’action de

l’administration centrale.

25

Page 25: Organisation administrative du royaume

Avec la multiplication des provinces, certaines administrations

centrales n’ont pas suivi le mouvement du ministère de l’intérieur. Il en

est résulté que certaines provinces étaient dépourvues de services

extérieurs .

S’agissant de l’organisation de ces services il y a lieu de noter quelle

dépend de chaque ministre qui peut en décider comme il l’entend.

Cette situation pose le problème de la coordination entre ces différents

services extérieurs dont certains opèrent dans 2 provinces.

Cette tâche délicate et difficile de la coordination à été confié au

gouverneur qui est le représentant de l’exécutif dans la province ou la

préfecture.

Avec le projet de la régionalisation avancée le schéma serait

complètement transformé.

La répartition des tâches entre l’Etat et les régions ainsi que les

autres collectivités conduirait incontestablement à une refonte des

découpages des circonscriptions.

III°-2 les autorités de l’administration générale :les agents

d’autorité.

Les agents d’autorités constituent un corps de

fonctionnaires doté d’un statut particulier et sont investis de compétence

générale dans les circonscriptions dont ils ont la charge.

Le statut des agents d’autorités est régi par un Dahir du 31 Juillet

2008 qui est venu remplacer le Dahir du 1er Mars 1963, en consacrant de

nombreuses garanties au profit de ces agents.

Les agents d’autorités exercent de nombreuses attributions dont le

fondement se trouve dans la constitution.

Ainsi l’article 145 dispose (al 1) « dans les collectivités territoriales, les

walis de région et les gouverneurs de préfectures et de provinces

représentent le pouvoir central.

(al 2) au nom du gouvernement, ils assurent l’application des lois,

mettent en œuvre les règlements et les décision gouvernementaux et

exerce le contrôle administratif ».

( al 3) « sous l’autorité des ministres concernés ils coordonnent les

activités des services déconcentrés de l’administration centrale et veillent

à leur bon fonctionnement ».

26

Page 26: Organisation administrative du royaume

Les agents d’autorités qui sont le wali, le gouverneur, le chef de

cercle, le pacha et le caïd occupent une place centrale dans

l’administration marocaine.

a -le chef de cercle

Comme tout agent d’autorité, le chef de cercle représente dans sa

circonscription le pouvoir central.

A ce titre il a pour tâche d’assurer l’exécution des lois et des règlements

au nom du gouvernement .Il a la charge du maintien de l’ordre public

dans les limites géographique du cercle relevant de son commandement.

Ainsi il bénéficie d’un pouvoir réglementaire ce qui lui permet de

prendre des décisions de portée générale et des décisions individuelles

dans le cadre de sa mission.

Ses attributions peuvent être groupées en 4 catégories :

1-il est le chef hiérarchique directe des agents d’autorités

inférieurs et à ce titre il contrôle leurs activités.

2 –à l’égard des services déconcentrés des différents ministères, il

constitue un échelon de coordination de leurs actions et de contrôle

administratif par délégation du gouverneur qui est chargé de cette mission

en vertu de la constitution.

3- à l’égard des collectivités territoriales, il peut favoriser et

développer la coopération entre ces collectivités.

4-à l’égard des administrés, il joue également un rôle : il informe

la population des programmes et de la politique générale du

gouvernement et surtout des projets à réaliser dans le cercle et à

l’inverse il informe le gouvernement par l’intermédiaire du gouverneur

de l’état de l’opinion de la population et ses réactions à l’égard des

différents problèmes.

b-le pacha et le caïd: En raison de leur contact avec la population et ses problèmes et avec les

élus ,les pachas et caïds exercent des attributions plus importantes et

plus variées que celles dévolues au chef de cercle.

1° à l’égard de l’administration : Par administration il faut entendre l’administration locale,

l’administration centrale et les services déconcentrés.

27

Page 27: Organisation administrative du royaume

*A l’égard des communes, ces agents d’autorité jouent un rôle

important .Ainsi en plus de l’aide et de l’assistance qu’ils peuvent

apporter aux élus, le pacha et le caïd assistent aux réunions du conseil

communal et peuvent faire des observations .Sur demande du président

du conseil communal, ils peuvent intervenir pour assurer

l’ordre au cours des réunions .Ils peuvent intervenir pour assurer

l’exécution des décisions du président du conseil ou celles du conseil

surtout lorsque le recours aux forces de l’ordre est nécessaire.

En cas de suspension ou de dissolution du conseil, le pacha ou le caïd

préside la commission chargée d’exercer les fonctions dévolues au

conseil communal en attendant soit la levée de la suspension soit de

nouvelles élections.

*le pacha et le caïd sont chargés d’informer leur supérieur

hiérarchique sur le fonctionnement des conseils communaux tout en

présentant les problèmes rencontrés dans le fonctionnement.

Ils dressent des rapports dans lesquels, ils doivent consigner tous les

problèmes qui se posent dans la circonscription tout en proposant des

solutions appropriées.

Ces informations qui sont envoyées au ministère de l’intérieur revêtent

une grande importance car ils permettent au ministre d’informer le

gouvernement sur les événements importants dans le pays et les

réactions de la population à leurs égards.

*le pacha et le caïd assurent un rôle de coordination des actions des

différents conseils communaux et celles des services déconcentrés

installés dans leur circonscription.

2 -à l’égard des administrés :

*ces agents d’autorité sont chargés du maintien de l’ordre

public et de la sécurité publique dans leur circonscription .En cas de

nécessité ils peuvent recourir aux forces de l’ordre pour rétablir la

tranquillité .

*le pacha et caïd veillent à l’application des lois et

règlements et des décisions du gouvernement .A ce titre ils disposent

d’un pouvoir réglementaire mais il faut préciser que ce pouvoir n’est pas

général en raison des limites tracées par la charte communale qui ne

laisse à ces agents qu’un pouvoir d’attribution, le pouvoir de droit

commun étant dévolu au président du conseil communal .

28

Page 28: Organisation administrative du royaume

*le pacha et le caïd sont officiers de police judiciaire. A ce titre , ils

constatent les infractions en recherchant les auteurs et les livrent aux

autorités judiciaires Il reçoivent les plaintes et dénonciations et

procèdent aux enquêtes préliminaires .Dans l’exercice de cette tâche

d’officier de police judiciaire, ils agissent sous le contrôle du procureur

du Roi .

b- Le gouverneur Le gouverneur occupe une place centrale au sein de l’administration

territoriale. Le principe de ces attributions est posé par la constitution

comme il a été déjà dit.

Il est le représentant du pouvoir central dans la préfecture ou la

province. A ce titre il est considéré comme la plus haute autorité

administrative dans la circonscription qu’il commande. Cela peut être

vérifié à travers les nombreuses et diverses attributions qui s’étendent à

tous les domaines politique, administratif, économique et social.

*dans le domaine politique : Le gouverneur assure une mission générale d’information du pouvoir

central et des administrés.

Ainsi il informe le gouvernement par l’intermédiaire du ministre

de l’intérieur, sur l’état et l’évolution de l’opinion publique à l’égard des

principaux problèmes qu’ils soient d’intérêt local ou national.

Dans la pratique le gouvernement accorde un intérêt particulier à cette

mission car elle lui permet de mieux connaître la réalité des attentes de

la population et de trouver la solution adéquate aux problèmes posés.

Dans le sens inverse, le gouverneur a la charge d’informer les

élus et la population sur les projets et les décisions du gouvernement en

proposant des réponses aux problèmes posés.

Pour assurer cette mission, le gouverneur utilise différentes

modalités : réunion avec les élus, les chambres professionnelles, contact

avec les représentants de la société civile, les partis politiques, les

syndicats.

*Dans le domaine administratif : En vertu de la constitution (art 145al 2), le gouverneur assure

l’application des lois et met en œuvre les règlements et les décisions

29

Page 29: Organisation administrative du royaume

gouvernementaux . Ce même texte lui confère le pouvoir d’exercer un

contrôle administratif.

Il dispose ainsi d’un pouvoir réglementaire lui permettant de

prendre toutes les mesures nécessaires de portée générale ou

individuelle.

Par ailleurs le gouverneur est responsable du maintien de l’ordre

public, il est donc une autorité de police administrative .En cas de besoin

il peut utiliser les forces de l’ordre et en particulier les forces

auxiliaires ; il peut même faire appel à la police, à la gendarmerie royale

et aux forces armées royales dans certains cas.

En vertu du code de procédure pénale, le gouverneur exerce un

pouvoir de police judiciaire, mais sa compétence est limitée aux seuls

crimes et délits contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat .Dans

l’exercice de cette mission il agit sous le contrôle du procureur général.

A l’égard des collectivités territoriales, le gouverneur exerce un

pouvoir de tutelle.

*Dans le domaine financier : Le gouverneur bénéficie de plusieurs attributions en vertu de différents

textes surtout en matière d’investissement depuis la lettre royale

adressée au 1er ministre en matière de déconcentration du pouvoir de

décision en matière d’investissement .Sur la base de cette lettre royale de

nombreux textes sont venus charger le gouverneur de plusieurs missions.

Au total le gouverneur occupe une place de choix dans l’administration.

Pour accomplir sa lourde tâche, il dispose de nombreux collaborateurs

en particulier le chef de cabinet, le chef de la direction des affaires

générales, le secrétaire général qui coiffe tous les services à caractère

administratif, financier ou technique.

En cas d’absence ou d’empêchement le gouverneur peut être

remplacé par le secrétaire général dans la plénitude de ses fonctions.

Il y a lieu de signaler que le gouverneur n’a aucune autorité sur les

autorités judiciaires, les autorités militaires et les services dépendant du

ministère des habous et des affaires islamiques.

30

III°Les institutions indépendantes

Le droit positif marocain connait l’existence de nombreuses

institutions indépendantes dont certaines ont été consacrées par la

Page 30: Organisation administrative du royaume

constitution. Elles interviennent dans des domaines variés soit en

donnant de simples avis soit en prenant certaines décisions exécutoires.

Cependant il faut attendre pour certaines d’entre elles l’intervention des

textes qui précisent surtout leur organisation et leur fonctionnement à la

lumière des dispositions constitutionnelles les concernant. On peut citer

à titre d’exemple le conseil national des droits de l’homme dont la

composition et le fonctionnement ont été déjà fixé et il est très actif

pendant la période électorale, la haute autorité de la communication

audiovisuelle, le conseil consultatif de la famille et de l’enfance, la haute

instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la

corruption, la conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le médiateur, le

conseil de la concurrence …….

Rabat le 17 / 11/ 2015

Prof : ANTARI