otan - natoles 20 et 21 septembre, le secrétaire général de l’otan,lord robertson, a effectué...

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Interview de Martti Ahtisaari pages 24 et 25 La réforme militaire en Europe centrale et orientale pages 30-33 OTAN L’évolution des partenariats de l’OTAN DEPOT ANTWERPEN X OTAN Revue de l’ AUTOMNE 2001 L’évolution des partenariats de l’OTAN

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  • InterviewdeMartti Ahtisaaripages 24 et 25

    La réforme militaireen Europe centraleet orientalepages 30-33

    OTANL’évolution des partenariats

    de l’OTAN

    DE

    PO

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    OTANRevue de l’organisation du traité de l’atlantique nord

    allemagnebelgiquecanada

    danemarkespagne

    états-unisfrancegrèce

    hongrieislandeitalie

    luxembourgnorvègepays-baspologneportugal

    république tchèqueroyaume-uni

    turquie

    AUTOMNE 2001

    L’évolution des partenariatsde l’OTAN

  • L'objectif de cette revue, publiée sousl'autorité du Secrétaire général, est decontribuer à une discussion constructi-ve des thèmes atlantiques. Les articlesqui y figurent ne représentent donc pasnécessairement l'opinion ou la politiqueofficielle des gouvernements des paysmembres ou de l'OTAN.

    RÉDACTEUR EN CHEF : Christopher BennettRÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Vicki NielsenASSISTANTE DE PRODUCTION: Felicity BreezePRÉSENTATION : Studio graphique OTAN

    Editeur responsable: Directeur de l'informationet de la presse OTAN, B-1110 Bruxelles

    Imprimé en Belgique par Les Editions Européennes© OTAN

    [email protected]@hq.nato.int

    Les articles peuvent être reproduits sous réservede l'autorisation de la Rédaction et de la mentionde leur origine. La reproduction des articles signésdoit porter le nom de l'auteur.

    La Revue de l'OTANest publiée périodiquementen français ainsi qu'en allemand - NATO Brief; enanglais - NATO Review; en danois - NATO Nyt; enespagnol - Revista de la OTAN; en grec - DeltioNATO; en hongrois - NATO Tükör; en italien -Rivista della NATO; en néerlandais - NAVOKroniek; en norvégien - NATO Nytt; en polonais -Przeglad NATO; en portugais - Noticias da OTAN;en tchèque - NATO Reviewet en turc - NATODergisi.

    Un numéro en islandais est disponible une fois paran - NATO Fréttir, et des numéros sont aussipubliés occasionnellement en russe et en ukrainien.

    La Revue de l'OTANse trouve également sur le siteweb de l'OTAN, à l'adresse:www.nato.int/docu/review.htm

    On peut se procurer gratuitement des exemplairesde la Revue en s'adressant au:

    Bureau de l'information et de la presse de l'OTAN1110 Bruxelles, BelgiqueTélécopie: (32-2)707.4579Courrier électronique: [email protected]

    POUR LE CANADA , l'adresse est la suivante:

    Direction des communications sur la politiqueétrangèreMinistère des Affaires extérieureset du commerce internationalPromenade Sussex, 125OTTAWA, ONTARIO K1A OG2

    Dans la présente publication, toute référence àl'ex-République yougoslave de Macédoine estaccompagnée d'un astérisque (*) renvoyant à lanote de bas de page suivante: La Turquie recon-naît la République de Macédoine sous son nomconstitutionnel.

    Revue de l’ OTAN2 Automne 2001

    sommaire

    EN COUVERTURE:

    Des soldats des pays alliés et despays partenaires défilent ensemble

    © O

    TAN

    INFOS OTAN4Brèves nouvelles de l’Alliance

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATSDE L’OTAN6Construire la sécurité par le partenariatRobert Weaver analyse l’évolutiondes partenariats de l’OTAN.

    10Conduire Cendrillon au balRobert E. Hunter examineles potentialités du Conseilde partenariat euro-atlantique.

    13Promouvoir la sécurité régionaleJames Appathurai analyse la façondont l’OTAN favorise la coopérationrégionale en matière de sécurité.

    16Le partenariat dans la pratique:l’expérience de la GéorgieIrakli Menagarichvili décrit la relationde la Géorgie avec l’OTAN.

    ESSAI18Imaginer l’OTAN en 2011Michael Rühle imagine à quoil’Alliance et l’environnement desécurité euro-atlantique pourraientressemblerdans dix ans.

    ANALYSE22Surveiller la contaminationau Kazakhstan

    23Faciliter le passage à la viecivile

    INTERVIEW24Maarti Ahtisaari,médiateur international

    OTANOTANRevue de l’

  • Automne 2001 Revue de l’ OTAN 3

    avan

    t-pr

    opos

    Durant la production du présent numéro de la Revue del’OTAN, les Etats-Unis ont été victimes d’une attaque terro-riste dévastatrice dont les effets ont été ressentis dans lemonde entier. La réaction des alliés de l’Amérique auxattentats barbares du 11 septembre a été immédiate: unesolidarité totale avec les Etats-Unis en des heures difficiles.Le 12 septembre, les membres de l’OTAN ont clairementmontré cette solidarité en convenant que s’il était établi quecette attaque contre les Etats-Unis avait été dirigée del’étranger, elle devrait être considérée comme tombant sousle coup de l’Article 5 du Traité de Washington, qui stipulequ’une attaque contre l’un ou plusieurs des Alliés sera consi-dérée comme une attaque contre eux tous. Le 2 octobre, legouvernement des Etats-Unis a confirmé que les attaquesavaient effectivement été lancées de l’étranger, par des terro-ristes du réseau Al Quaeda d’Oussama Ben Laden.

    La base essentielle de l’OTAN a toujours été l’Article 5,l’engagement de défense collective. Certes, cet engagementremonte à 1949, où il a été pris dans des circonstances trèsdifférentes. Il reste pourtant, aujourd’hui, tout aussi valableet tout aussi indispensable face à cette nouvelle menace. Parleur décision d’invoquer l’Article 5, les membres de l’OTANont prouvé, une fois encore, que l’Alliance n’est pas unsimple cadre de conversations. C’est une communauté denations, unies par leurs valeurs et pleinement résolues à agirensemble pour les défendre.

    Le 12 septembre, on aussi pu constater que la commu-nauté euro-atlantique s’étend à présent bien au-delà des19 membres de l’OTAN. Dans les heures qui ont suivi ladécision historique de l’OTAN, les 46 pays membres duConseil de partenariat euro-atlantique – de l’Amérique duNord, de l’Europe et de l’Asie centrale – ont publié unedéclaration dans laquelle ils s’accordaient à considérer queces attaques visaient non seulement les Etats-Unis, maiségalement nos valeurs communes. Dans cette déclaration duCPEA, les 46 pays se sont en outre engagés à déployer tousles efforts nécessaires pour combattre le fléau du terrorisme.

    Il est trop tôt pour dire quel rôle l’OTAN et ses membres,ou le CPEA, vont jouer dans la lutte internationale pro-chaine contre le fléau du terrorisme. Cette lutte sera longue,et parfois difficile. Elle nécessitera l’emploi de tous les outilsdont nous disposons, qu’ils soient politiques, économiques,diplomatiques ou militaires. Elle nécessitera aussi l’engage-ment actif de la plus large coalition possible de pays pour-suivant tous des objectifs communs. La solidarité et la réso-lution marquées le 12 septembre à Bruxelles par le Conseilde l’Atlantique Nord et le CPEA sont une première étapeessentielle. Elles montrent l’importance pratique des parte-nariats de l’OTAN et mettent en évidence le caractère par-ticulièrement opportun du présent numéro de la Revue del’OTAN.

    Lord Robertson

    Volume 49Automne 2001

    CHRONIQUE LITTERAIRE26La nouvelle questionmacédonienneChristopher Bennett passe en revueles ouvrages récemment consacrésà l’ex-République yougoslavede Macédoine*.

    A LA UNE28Former une nouvelle éliteLe colonel Ralph D. Thiele décritla façon dont le Collège de défensede l’OTAN pourvoit aux besoins deressortissants des pays partenaires.

    QUESTIONS MILITAIRES30Les réalités de la réformeChris Donnelly analyse la réformemilitaire en Europe centraleet orientale.

    STATISTIQUES34Dépenses de défense et importancenumérique des forces arméesde l’OTAN et des pays partenaires

  • Les 20 et 21 septembre, le Secrétairegénéral de l’OTAN, Lord Robertson,a effectué une visite à Berlin, où ila assisté à la Conférence d’examende l’OTAN, conférence annuelle surl’avenir de l’Alliance, et rencontréle chancelier Gerhard Schröder, leMinistre des affaires étrangèresJoschka Fischer et d’autres dirigeantspolitiques.

    Compte rendude Richard Armitage

    Le 20 septembre, le Secrétaire d’Etatadjoint des Etats-Unis RichardArmitage est venu à l’OTAN informerLord Robertson et le Conseil del’Atlantique Nord de l’état des enquêtessur les attentats terroristes du11 septembre.

    Force de suiviLe 19 septembre, le Président del’ex-République yougoslave deMacédoine*, Boris Trajkovski, ademandé à l’OTAN de déployer dans sonpays une force de suivi de taille réduiteaprès la fin de l’opération EssentialHarvest («Moisson essentielle»), le26 septembre.

    Du 17 au 22 septembre, quatre membresde l’OTAN et cinq Partenaires ont participéà Cooperative Engagement 2001, pre-mier exercice maritime OTAN/Partenariatpour la Paix à se dérouler en Slovénie, àAnkaran, près de Koper.

    Du 17 au 21 septembre, sept membresde l’OTAN et trois Partenaires ont parti-cipé à Cooperative Poseidon, deuxièmephase d’un exercice sur la sécurité dessous-marins, qui s’est déroulé àBremerhaven, en Allemagne. Desobservateurs de sept pays du Dialogueméditerranéen ont également assisté àcet exercice.

    Du 11 au 21 septembre, des militairesde neuf pays de l’OTAN et 13 pays parte-naires ont pris part à Cooperative Key

    2001, exercice portant sur les opéra-tions de soutien de la paix, qui s’estdéroulé à Plovdiv, en Bulgarie. Desreprésentants du Haut Commissariatdes Nations Unies pour les réfugiés etde plusieurs organisations non gouver-nementales ont aussi participé à l’exer-cice.

    Du 10 au 21 septembre, sur la baseaérienne de Zeltweg, en Autriche, septpays de l’OTAN et 13 pays partenairesont pris part à Cooperative Best Effort2001, exercice ayant pour objet de for-mer les participants aux techniques desoutien de la paix.

    Le 17 septembre, le général allemandDieter Stöckmann a succédé au généralbritannique Sir Rupert Smith dans lesfonctions d’Adjoint au Commandantsuprême des forces alliées en Europe,lors d’une cérémonie qui a eu lieu auGrand quartier général des puissancesalliées en Europe (SHAPE), à Mons.

    Le 14 septembre, Lord Robertson aeffectué une visite à Skopje, dans l’ex-République yougoslave de Macédoine*,pour tenir des consultations avec le pré-sident Boris Trajkovski et son gouver-nement et examiner l’état d’avancementde l’opération Essential Harvest(«Moisson essentielle»).

    Trois minutes de silenceLe 13 septembre, le personnel del’OTAN a, comme des millions de gensdans toute l’Europe, observé troisminutes de silence en hommage auxvictimes des attentats terroristes du11 septembre et de leurs familles.

    Le 13 septembre, lors d’une réunion duConseil conjoint permanent OTAN-Russie, l’OTAN et la Russie ont expriméleur très profonde compassion pour lesvictimes des attentats terroristes perpé-trés le 11 septembre à New York et àWashington et pour leurs familles, et sesont engagées à intensifier leur coopé-ration dans la lutte contre le terrorisme.Des sentiments analogues ont été expri-més aux réunions extraordinaires de laCommission OTAN-Ukraine et duConseil de partenariat euro-atlantique.

    Nouvel Ambassadeurdu Royaume-UniLe 13 septembre, l’ambassadeur EmyrJones Parry a succédé à l’ambassadeurDavid Manning au poste deReprésentant permanent du Royaume-Uni auprès de l’OTAN. Diplomate decarrière, Emyr Jones Parry, âgé de 53 ans,a été Directeur politique au Ministère desaffaires étrangères et du Commonwealthde juillet 1998 à août 2001.

    Article 5Le 12 septembre, les Ambassadeursauprès de l’OTAN sont convenusque si les attentats terroristes du11 septembre avaient été dirigés del’étranger, ils seraient considéréscomme une attaque contre tous lesmembres de l’OTAN, invoquant ainsil’Article 5 du Traité de Washington, laCharte fondatrice de l’OTAN, pour la pre-mière fois dans l’histoire de l’Alliance.

    Le 11 septembre, Lord Robertson et leConseil de l’Atlantique Nord ontcondamné les attentats terroristes com-mis aux Etats-Unis contre des civilsinnocents et exprimé au peuple améri-cain leurs très sincères condoléances etleur profonde solidarité.

    Le 7 septembre, Lord Robertson a parti-cipé, à Oslo, à la dernière des trois jour-nées d’un symposium consacré auxaspects technologiques, industriels etscientifiques de l’adaptation au nouvelenvironnement de sécurité. Ce sympo-sium était organisé conjointement par leCommandant suprême allié de l’Atlantique(SACLANT), le Commandement norvé-gien de la défense et l’US Joint ForcesCommand.

    Nouvel Ambassadeurdes Etats-Unis

    Le 4 septembre, l’ambassadeurNicholas Burns a succédé à l’ambassa-deur Alexander Vershbow au poste deReprésentant permanent des Etats-Unisauprès de l’OTAN. Nicholas Burns, âgé de45 ans, a été Ambassadeur des Etats-Unis en Grèce de 1997 à juillet 2001. De

    1995 à 1997, il a été porte-parole duDépartement d’Etat des Etats-Unis.

    Du 3 au 14 septembre, un exercice réeldestiné à entraîner les forces aériennesaux opérations aériennes tactiques,notamment à la neutralisation desdéfenses antiaériennes et des moyensde guerre électronique de l’ennemi, s’estdéroulé à partir de la base aérienne prin-cipale d’Ørland, en Norvège. Baptisé AirMeet 2001, cet exercice a mis en jeu desforces aériennes de 13 pays membresde l’OTAN, sous la conduite du Quartiergénéral des Forces aériennes alliéesdu Nord, implanté à Ramstein, enAllemagne.

    Le 29 août, lors d’une visite enex-République yougoslave deMacédoine*, Lord Robertson a rencon-tré le président Boris Trajkovski, lePremier ministre Ljubco Georgievski, leMinistre de l’intérieur Ljube Bochkovski,le Ministre des affaires étrangères IlinkaMitreva et le Ministre de la défenseVlado Bukovski afin d’évaluer les pro-grès accomplis par les troupes del’OTAN dans la récupération des armesdes rebelles de souche albanaise.

    Désarmer les rebelles

    Le 22 août a été lancée l’opérationEssential Harvest («Moisson essen-tielle»), deux mois après que le gouver-nement de l’ex-République yougoslavede Macédoine* eut demandé l’aide del’OTAN pour rétablir la paix et la stabilitédans son pays. La mission, prévue pour30 jours et qui a effectivement com-mencé le 27 août, consistait à désarmerles rebelles de souche albanaise et met-tait en jeu quelque 3 500 hommes dis-posant d’un soutien logistique.

    Le 22 août s’est tenue à Bruxellesla réunion conjointe ordinaire duConseil de l’Atlantique Nord et duComité de l’Union européenne pourles affaires politiques et de sécurité,essentiellement consacrée à la situa-tion dans l’ex-République yougoslavede Macédoine*.

    Revue de l’ OTAN4 Automne 2001

    INFOS OTAN

  • Le 15 août, Dragan Jokic, Serbe deBosnie accusé de crimes de guerre etimpliqué dans le massacre deSrebrenica de 1995 et des attaques depostes d’observation des Nations Unies,s’est rendu aux troupes de la SFOR.

    Le 15 août, le quartier général deTask Force Harvest s’est déployédans l’ex-République yougoslave deMacédoine* – deux jours après la signa-ture d’un accord cadre politique pré-voyant des réformes internes et autori-sant l’entrée dans le pays de troupesdirigées par l’OTAN en vue de désarmerles rebelles de souche albanaise – afind’évaluer la situation et de préparer lelancement de l’opération EssentialHarvest («Moisson essentielle»).

    Le 10 août, Vidoje Blagojevic, anciencommandant serbe de Bosnie accusé decrimes de guerre, a été arrêté et trans-féré au Tribunal pénal international deLa Haye pour les crimes de guerre.

    Préparatifs de luttecontre les inondationsLes travaux sur un projet pilote visant àaméliorer l’état de préparation et laréaction aux inondations dans le bassinde la Tisza, en Ukraine, ont débuté enseptembre. Ce projet est développé dansle contexte du Programme de travailOTAN-Ukraine pour 2000.

    Le 26 juillet, Lord Robertson s’est jointau Haut Représentant de l’UE pour lapolitique étrangère et de sécurité com-mune, Javier Solana, et au Président enexercice de l’OSCE, le Ministre roumaindes affaires étrangères Mircea Geoana,à Skopje, dans l’ex-République yougo-slave de Macédoine*, pour avoir avecdes responsables gouvernementaux etdes partis politiques des entretiensvisant à relancer les pourparlers desti-nés à mettre fin à cinq mois de violence.

    Le 24 juillet, le Premier ministre litua-nien Algirdas Brazauskas a rencontréLord Robertson à l’OTAN.

    Le 19 juillet, le Comité militaire, la plushaute autorité militaire de l’OTAN, et son

    Président, l’amiral Guido Venturoni, onteffectué une visite au Commandementde la région Sud, celui des Forces alliéesdu Sud Europe (AFSOUTH), qui estchargé de toutes les opérations dirigéespar l’OTAN dans les Balkans.

    Le 18 juillet, le Vice-premier ministreserbe Nebosja Covic et le Ministreyougoslave des affaires étrangèresGoran Svilanovic ont rencontré LordRobertson et pris la parole devant leConseil de l’Atlantique Nord. Les dis-cussions ont porté sur les événementsdu sud de la Serbie et du Kosovo.

    Nouveau Secrétaire généraldélégué de l’OTAN

    Le 16 juillet, l’ambassadeurAlessandro Minuto Rizzo a succédéà l’ambassadeur Sergio Balanzino auposte de Secrétaire général délégué del’OTAN. Diplomate de carrière de natio-nalité italienne, Alessandro Minuto Rizzoa été Représentant permanent de sonpays auprès du Comité de l’Union euro-péenne pour les affaires politiques etde sécurité.

    Les 12 et 13 juillet, Lord Robertson etles 19 Ambassadeurs auprès de l’OTANont effectué une visite en Albanie et enBosnie-Herzégovine pour y procéder àde larges échanges de vues avec desresponsables gouvernementaux.

    Du 9 au 13 juillet, à Bruxelles, les pro-blèmes actuels de la sécurité euro-atlantique ont été examinés aucours d’une réunion organisée parl’Assemblée parlementaire de l’OTANà l’intention des parlementaires jeuneset nouvellement élus des pays de l’OTANet des pays partenaires.

    Le 9 juillet, le Président roumain IonIliescu et le Ministre des affaires étran-gères Mircea Geoana ont rencontréLord Robertson à l’OTAN pour discuterde la situation dans les Balkans et de lacoopération de la Roumanie avecl’OTAN.

    Le 6 juillet, lendemain de la signatured’un cessez-le-feu entre le gouverne-ment et les rebelles albanais de souchede l’ex-République yougoslave deMacédoine*, le Ministre des affairesétrangères Ilinka Mitreva est venu àl’OTAN rencontrer Lord Robertson.

    Les 4 et 5 juillet, Lord Robertson aeffectué une visite à Kyiv, en Ukraine, oùil a rencontré le président LeonidKoutchma, le Premier ministre AnatolyiKinakh, le Ministre des affaires étran-gères Anatolyi Zlenko et le Ministre dela défense Olexandr Kouzmouk, ainsique d’autres personnalités. Il a égale-ment pris la parole devant un sympo-sium du Partenariat pour la paix orga-nisé par le SACLANT.

    Le 29 juin, une cérémonie marquantl’inauguration d’un projet de destructiondu stock albanais de 1,6 million demines antipersonnel – en vertu de laConvention d’Ottawa sur l’interdictionde l’emploi, du stockage, de la produc-tion et du transfert des mines antiper-sonnel – a eu lieu à Mjekës, au sud de lacapitale, Tirana. Il s’agit du premier pro-jet de démilitarisation à être mis enœuvre grâce à un Fonds d’affectationspéciale du Partenariat pour la paixcréé à cette fin en 2000.

    Essential Harvest(«Moisson essentielle»)Le 29 juin, le Conseil de l’AtlantiqueNord a approuvé Essential Harvest,plan d’opération établi par le SHAPEpour le déploiement éventuel detroupes de l’OTAN en ex-Républiqueyougoslave de Macédoine*, à lademande du gouvernement, afin d’aiderà désarmer les groupes d’Albanais desouche. Ce plan serait appliqué à lacondition que les parties poursuivent ledialogue politique et mettent fin auxhostilités.

    Le 28 juin, le Président moldoveVladimir Voran a effectué une visiteà l’OTAN, où il a rencontré LordRobertson et signé un accord qui per-mettra aux experts de l’OTAN d’assurerl’assistance matérielle et l’entraînementnécessaires à la mise en œuvre d’unprojet de Fonds d’affectation spécialedu Partenariat pour la paix visant à ladestruction dans des conditions desécurité des propergols hautement cor-rosifs ainsi que des mines terrestres

    antipersonnel et des munitions excé-dentaires.

    Le 26 juin, à l’OTAN, le Représentantspécial des Nations Unies auKosovo, Hans Haekkerup, a fait auxAmbassadeurs auprès de l’OTANun exposé sur la situation dans laprovince et les préparatifs des électionsqui allaient s’y dérouler.

    Le 21 juin, le Président polonaisAleksander Kwasniewski a effectué unevisite au SHAPE, à Mons, où il a rencon-tré le Commandant suprême des forcesalliées en Europe, le général américainJoseph W. Ralston.

    Visite aux Etats-UnisDu 19 au 22 juin, Lord Robertson aeffectué aux Etats-Unis une visite aucours de laquelle il a prononcé une allo-cution devant le Chicago Council forForeign Relations, puis s’est rendu àWashington pour y rencontrer laConseillère à la sécurité nationaleCondoleezza Rice, le Secrétaire d’EtatColin Powell et le Secrétaire à ladéfense Donald Rumsfeld. Il a ensuiteassisté au séminaire annuel organisépar le SACLANT à Norfolk (Virginie), quiportait cette année sur les capacitésmilitaires de l’OTAN.

    Du 18 au 29 juin, 15 pays de l’OTAN ontparticipé à Clean Hunter 2001, exerciceréel qui s’est déroulé au-dessus del’Europe septentrionale et du nord de laFrance. Cet exercice annuel met en jeule quartier général des Forces aériennesalliées du Nord et ses centres d’opéra-tions aériennes combinées, en vue demaintenir l’efficacité de la planificationet de conduire des opérations aériennesréelles coordonnées.

    Automne 2001 Revue de l’ OTAN 5

    On trouvera des infor-mations complémentaires

    dans NATO Update, à l’adressewww.nato.int/docu/update/index.htm.

    INFOS OTAN

  • Revue de l’ OTAN6 Automne 2001

    En plus d’être le lieu de réunion du CPEA, forum multilatéraldynamique pour l’examen et l’avancement des questions desécurité, l’OTAN constitue le point central d’un réseau de parte-nariats et de programmes de sécurité interdépendants. Par le biaisdu Partenariat pour la paix, l’Alliance s’emploie à faciliter laréforme des forces armées et la transition démocratique dans unebonne partie de l’ancienne Europe communiste. En outre, desrelations bilatérales spéciales ont été établies avec la Russie etl’Ukraine, les deux plus vastes pays issus de la désintégration del’Union soviétique. Par ailleurs, un dialogue sur la sécurité est encours avec un nombre toujours croissant de pays de la régionméditerranéenne (voir encadré page 9).

    Actuellement, 27 Partenaires utilisent cette institution pourtenir avec les 19 Alliés des consultations régulières sur des ques-tions englobant tous les aspects de la sécurité et toutes les régionsde la zone euro-atlantique. De plus, des militaires de l’Alliance etdes pays partenaires s’entraînent ensemble et travaillent en inter-action de façon également régulière. Il faut ajouter que quelque

    Robert Weaver travaille sur l’élargissement de l’OTAN etles questions relatives au CPEA à la Division des affairespolitiques de l’OTAN.

    L orsque les 46 ambassadeurs du Conseil de partenariateuro-atlantique (CPEA) se réunissent, il leur semble toutnormal de pouvoir débattre les questions de sécurité lesplus pressantes du moment dans un environnement ouvert etconstructif. Pourtant, il n’y a guère plus de dix ans, les diplo-mates des pays qui appartenaient au Pacte de Varsovie – et quireprésentent près de la moitié des membres actuels du CPEA – nepouvaient même pas pénétrer au siège de l’OTAN. S’ils voulaienttransmettre un message, ils étaient obligés de le laisser à l’entréeprincipale. Ce contraste illustre l’évolution de la sécurité euro-atlantique au cours de la dernière décennie et, surtout, la façondont une stratégie alliée construite autour de partenariats a modi-fié l’environnement stratégique dans la zone euro-atlantique.

    Construire la sécuritépar le partenariat

    Robert Weaver analyse l ’évolution des partenariats de l’OTAN dix ans aprèsla création du Conseil de coopération nord-atlantique.

    © O

    TAN

    Evénement historique: l’Union soviétique s’est dissoute pendant que se tenait la première réunion du Conseil de coopération nord-atlantique, en décembre 1991

  • 9 000 soldats des pays partenaires, dont environ 4 000 Russes,servent aux côtés de leurs homologues de l’Alliance dans lesopérations de maintien de la paix dirigées par l’OTAN dans lesBalkans.

    En 1991, quiconque aurait prédit l’évolution de la sécuritéeuro-atlantique telle qu’elle s’est produite au cours de la dernièredécennie aurait certainement risqué de se ridiculiser. A l’époque,après la fin de la Guerre froide, il était de bon ton pour les ana-lystes d’annoncer la disparition imminente de l’OTAN, ou, aulendemain du coup d’Etat de Moscou d’août 1991, un retour auxpositions d’affrontement qui avaient caractérisé la politique enEurope durant près d’un demi-siècle. Il apparaît d’ailleurs,rétrospectivement, que les choses auraient pu terriblement maltourner. S’il n’en a rien été, c’est en grande partie grâce à la«main de l’amitié» que les Alliés ont tendue à leurs anciensadversaires, et aussi à la stratégie de partenariat que l’OTAN amise en œuvre ces dix dernières années.

    A la fin de la Guerre froide, la principale tâche de l’OTANétait de s’efforcer de faire disparaître les idées fausses qui sub-sistaient quant aux buts et au fonctionnement de l’Alliance. Ilétait indispensable de bien faire comprendre que l’OTAN est unealliance défensive. A Londres, en juillet 1990, les dirigeants despays de l’OTAN ont décidé de ramener le rôle des armesnucléaires dans la stratégie militaire de l’Alliance à celuid’«armes de dernier recours». Cette décision montrait les bonnesintentions de l’OTAN et visait à empêcher les forces antiréfor-mistes de Moscou de prétexter une prétendue «menace del’OTAN» pour mettre un frein au processus de libéralisation dansl’Europe centrale et orientale. L’OTAN devait en outre étudier lemeilleur moyen d’établir avec ces pays une authentique relationde sécurité qui permettrait à l’Alliance de promouvoir active-ment l’évolution dans ce domaine. Au Sommet qu’elle a tenu àRome en novembre 1991, l’Alliance a proposé la création duConseil de coopération nord-atlantique (CCNA) en tant quecadre d’un dialogue structuré avec les anciens pays du Pacte deVarsovie.

    Le CCNA s’est réuni pour la première fois en décembre 1991,avec la participation de 16 pays alliés et de neuf pays partenaires.A ce moment-là, le rythme du changement en Europe était telque cette réunion fut le théâtre d’un événement diplomatique his-torique. Alors que le communiqué final était en cours d’approba-tion, l’Ambassadeur d’URSS a demandé que toutes les réfé-rences à l’Union soviétique soient retirées du texte. L’Unionsoviétique s’étant dissoute pendant que se déroulait la réunion, ilne pouvait plus, désormais, représenter que la Fédération deRussie. En mars 1992, dix autres Etats nouvellement indépen-dants issus de l’ex-Union soviétique se sont joints au CCNA.L’Albanie et la Géorgie en sont devenues membres au mois dejuin de la même année.

    Dans les années qui ont suivi la fin de la Guerre froide, lesconsultations tenues au CCNA ont surtout porté sur les pro-blèmes de sécurité qui subsistaient alors, tels que celui du retraitdes troupes russes des Etats baltes. Dans le même temps, lacoopération politique a été axée sur les questions liées à la sécu-rité et à la défense, dont l’élaboration des plans de défense, lesapproches conceptuelles de la maîtrise des armements, les rela-tions civilo-militaires, la gestion de la circulation aérienne et laconversion des industries de défense, ainsi que la «Troisième

    dimension» de l’OTAN, c’est-à-dire les programmes scienti-fiques et environnementaux de l’Alliance.

    Le CCNA a fait œuvre de pionnier à bien des égards.Cependant, il s’est attaché à un dialogue politique multilatéral etn’a pas pu prendre en compte la possibilité pour chacun desPartenaires d’établir avec l’OTAN des relations de coopérationindividuelles. Le Partenariat pour la paix, lancé en janvier 1994,visait à combler cette lacune, en offrant des programmes adaptésde coopération avec l’OTAN et une relation politique renforcée.Il prévoyait ainsi le droit de tout Partenaire de tenir des consulta-tions avec l’Alliance s’il percevait une menace pour son indépen-dance politique, sa sécurité ou son intégrité territoriale. LePartenariat portait sur la constitution de forces qui seraient inter-opérables avec celles de l’Alliance – essentiellement dans ledomaine militaire – et sur des questions telles que l’élaborationde plans civils d’urgence. Le Partenariat pour la paix a permisaux Partenaires d’établir leurs relations bilatérales avec l’OTANà leur propre rythme.

    A mesure que s’intensifiaient les relations politiques entreAlliés et Partenaires, le Partenariat pour la paix a égalementapporté les mécanismes permettant aux Partenaires de prendrepart aux opérations dirigées par l’OTAN s’ils le souhaitaient.Dans la pratique, il en est résulté une participation aux actionsmenées par l’OTAN dans les Balkans, où, avant même le déploie-ment de la première mission de maintien de la paix, lesPartenaires ont joué un rôle essentiel.

    Durant la guerre de Bosnie, plusieurs pays partenaires ont aidél’Alliance à appliquer un embargo sur les armes pour l’ensemblede l’ex-Yougoslavie, des sanctions économiques contre la Serbieet le Monténégro et une interdiction de survol de la Bosnie.L’Albanie, par exemple, a autorisé les navires de l’OTAN à utili-ser ses eaux territoriales pour assurer l’application de l’embargosur les armes et des sanctions économiques, et la Hongrie, quiavait alors le statut de Partenaire, a autorisé les appareils de laForce aéroportée de détection lointaine de l’OTAN à utiliser sonespace aérien pour surveiller la zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie. De plus, des unités de 14 pays partenairesont servi aux côtés de leurs homologues de l’Alliance dans lecadre de la Force de mise en œuvre (IFOR) lors de la premièreopération de maintien de la paix dirigée par l’OTAN, en appor-tant à la mission un supplément de capacités militaires et de légi-timité.

    Alors qu’ils envoyaient des soldats sur le terrain et que leursforces opéraient sous le commandement de l’OTAN dans unenvironnement à haut risque, les Partenaires ont naturellementrecherché de plus grandes possibilités de prendre part au proces-sus de prise de décisions, qui déterminait les objectifs et les pro-cédures opérationnelles de la mission. Au cours de la période quiavait précédé la mise sur pied de l’IFOR, cette démarche avait leplus souvent été abordée cas par cas, étant donné que pourl’Alliance, la mission constituait une première. Les Partenairesayant montré une telle volonté d’aider à résoudre les problèmesde sécurité au-delà de leurs propres frontières, une nouvelleapproche du partenariat s’imposait.

    En suite à un discours historique dans lequel, en septembre1996, Warren Christopher, alors Secrétaire d’Etat des Etats-Unis,avait proposé la création d’un nouveau forum de sécurité,

    Automne 2001 Revue de l’ OTAN 7

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

  • l’OTAN a entrepris un examen en profondeur de sa stratégie departenariat. L’un des principaux objectifs de ce processus étaitd’offrir à tous les Partenaires davantage de possibilités de parti-ciper aux prises de décisions. L’autre objectif consistait à saisirl’occasion d’associer toujours plus étroitement le Partenariat auxdébats sur les questions opérationnelles. Ainsi sont nés le CPEAet un Partenariat renforcé et plus opérationnel.

    S’agissant des consultations politiques, il était alors logiqued’aller au-delà du CCNA et de mettre en place un forum desécurité qui réponde à la complexité grandissante des relationsétablies dans le cadre du Partenariat pour la paix. Plutôt que dese fonder sur l’appartenance d’anciens adversaires de l’OTAN,une nouvelle instance de coopération devait englober tous lespays euro-atlantiques désireux d’établir une relation avecl’Alliance. Cette nouvelle instance pouvait dès lors inclure despays traditionnellement neutres dont la participation auPartenariat pour la paix s’était révélée précieuse, tels quel’Autriche, la Finlande et la Suède, qui n’étaient pas membres àpart entière du CCNA.

    En dépassant le cadre du CCNA, le CPEA traduisait un enga-gement de l’OTAN de faire participer les Partenaires toujoursplus étroitement à ses processus de prise de décisions. Il permet-trait également d’associer davantage les Partenaires aux consul-tations relatives à la planif ication, à l’exécution et à la sur-veillance politique de ce que l’on appelle aujourd’hui lesopérations du PPP dirigées par l’OTAN. En tant qu’instance mul-tilatérale coordonnant les composantes du Partenariat, le CPEAmettait l’accent, comme l’avait fait le CCNA, sur les consulta-tions pratiques en matière de politique et de sécurité, mais il éten-dait le champ de ces consultations à la gestion des crises, auxproblèmes régionaux, aux questions de maîtrise des armements,à la prolifération des armes de destruction massive et au terro-risme international, ainsi qu’aux questions liées à la défense,comme celles des plans, des budgets, de la politique et de la stra-tégie. A cette liste, déjà impressionnante, s’ajoutaient l’état depréparation aux situations d’urgence du domaine civil et auxcatastrophes, la coopération en matière d’armements et les opé-rations environnementales liées à la défense.

    En dehors des consultations traditionnelles, le CPEA s’esttaillé un rôle consistant à contribuer au traitement des grandesquestions intéressant à la fois les membres de l’OTAN et lesPartenaires. Il a pour cela tiré le meilleur parti de la souplesseofferte par un minimum de règles institutionnelles pour adopterdes approches novatrices concernant les questions de sécurité. Ila, par exemple, eu recours à des groupes de travail à participationnon limitée qui permettent aux pays les plus directement intéres-sés de prendre des initiatives et de préparer les débats en séanceplénière. Cette approche a été notamment profitable aux consul-tations sur le Caucase et l’Europe du sud-est. Le CPEA a aussiencouragé ses membres à examiner les problèmes sous desangles nouveaux, plutôt que de chercher à régler des points defriction existant de longue date, et cette démarche s’est révéléefructueuse dans les cas où d’autres organisations sont officielle-ment responsables de l’action à mener.

    En ce qui concerne le Partenariat renforcé et plus opération-nel, sa nouvelle orientation a été conçue en fonction de l’expé-rience acquise durant les premières années du Partenariat pourla paix et des enseignements tirés des opérations de maintien

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

    Revue de l’ OTAN8 Automne 2001

    de la paix dirigées par l’OTAN en Bosnie. Parmi les mesuresprises pour renforcer et améliorer le Partenariat de manière à lerendre plus opérationnel, trois initiatives méritent une mentionparticulière: le Processus de planif ication et d’examen(PARP), le Concept de capacités opérationnelles (OCC) et leCadre politico-militaire pour les opérations du PPP dirigéespar l’OTAN.

    Le PARP indique les niveaux que doivent atteindre les partici-pants en matière d’interopérabilité et de capacités, et prévoit unvaste processus d’examen permettant de mesurer les progrèsaccomplis. En précisant les normes requises, il aide lesPartenaires à mettre en place les capacités essentielles auxaspects plus opérationnels du Partenariat. Au fil des années, lesconditions fixées sont devenues plus complexes, plus astrei-gnantes et plus étroitement liées aux améliorations que les Alliésont prévues pour eux-mêmes dans l’Initiative sur les capacités dedéfense. En fait, le PARP ressemble de plus en plus au processusd’établissement des plans de défense propre à l’Alliance, avecdes directives ministérielles pour les objectifs des plans dedéfense, des Objectifs du Partenariat analogues aux Objectifs deforces de l’OTAN et une Evaluation du PARP calquée surl’Examen annuel de la défense de l’OTAN.

    Lorsqu’ils envisagent une opération réelle et le recours à cesforces des Partenaires, les commandants OTAN ont besoin deconnaître les forces disponibles et leurs capacités. L’OCC a étéconçu pour répondre à cette double nécessité et vise à fournir auxcommandants OTAN des informations fiables sur les contribu-tions potentielles des Partenaires en vue de permettre le déploie-ment rapide d’une force adaptée aux circonstances. Cela com-plète l’évaluation effectuée dans le cadre du PARP et devraitcontribuer à améliorer l’efficacité des forces en cause. Pour lescommandants OTAN, des contributions militairement plus effi-caces des Partenaires rendent l’Alliance mieux à même de soute-nir des opérations à long terme.

    Naturellement, l’établissement de mécanismes permettantd’accroître les contributions des Partenaires n’est qu’une partiedu problème. Les Partenaires doivent d’abord se prononcer surl’engagement de leurs forces dans telle ou telle opération. C’estlà l’interface critique entre les éléments pratiques et politiques –que réunit le CPEA.

    Dans le cadre du CPEA, tous les Partenaires participent à desconsultations sur les crises émergentes qui pourraient exiger ledéploiement de troupes. Afin d’encourager les Partenaires àaffecter des forces à des opérations complexes et potentiellementdangereuses, l’OTAN a mis au point un mécanisme devant per-mettre de faire en sorte que les consultations n’aient plus lieu caspar cas, mais soient institutionnalisées suivant des procédures quiprennent en compte l’importance des contributions desPartenaires. Cette initiative, qui constitue le troisième élémentmajeur du Partenariat renforcé et plus opérationnel, est connuesous le nom de Cadre politico-militaire pour les opérations duPPP dirigées par l’OTAN.

    Lorsqu’il s’agit d’étudier une crise qui va en s’intensifiant,tous les membres du CPEA participent à cette étude. Si l’OTANestime que des troupes pourraient devoir être déployées, leConseil de l’Atlantique Nord, la plus haute instance de prise dedécisions de l’OTAN, peut voir quels Partenaires expriment l’in-

  • tention d’apporter une contribution à la force nécessaire. CesPartenaires ont alors la possibilité d’échanger des points de vueavec les Alliés et de s’associer à la première phase de planifica-tion en vue d’une opération. Ils seront également consultés sur leplan à établir pour l’opération et participeront au processus deconstitution des unités lorsque le commandant fixera la composi-tion de la force. C’est à ce stade que l’OCC devrait permettre ungain de temps et une économie d’efforts grâce à une meilleureprévisibilité de la capacité des forces que les Partenaires met-traient à disposition.

    Une fois les contributions des Partenaires acceptées, desdébats sur l’opération peuvent s’engager entre l’OTAN et lesPartenaires intéressés. Dans le même temps, le CPEA en sessionplénière poursuit son examen général de l’opération en cause etde son contexte politique. Si les Partenaires fournisseurs detroupes sont consultés au maximum, les décisions finales doiventtoujours être prises par l’Alliance, dont les moyens sont indis-pensables à de telles opérations. Ce processus de consultation

    continue pendant toute la durée d’une opération, ce qui permetaux Partenaires de faire entendre leur voix lorsque sont arrêtéesdes décisions importantes.

    La contribution des Partenaires aux opérations de maintiende la paix ne saurait être surestimée. On pourrait même consi-dérer que l’action menée par l’OTAN pour rétablir la paix auKosovo n’aurait pas été possible sans la participation desPartenaires. Ces derniers ont apporté, non seulement un pré-cieux appui politique, mais aussi des moyens essentiels à lamission de l’OTAN, dont l’utilisation de leur espace aérienlors de la campagne et des bases logistiques indispensables ausoutien des lignes de communication de la KFOR. A mesureque se développe la relation entre Alliés et Partenaires, on peutde plus en plus parler d’une communauté de valeurs sous-tendant ces entreprises dans la pratique. Au cours des dixannées qui se sont écoulées depuis la création du CCNA, lePartenariat est progressivement devenu un élément fondamen-tal de la sécurité euro-atlantique. ■

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

    Automne 2001 Revue de l’ OTAN 9

    Dialogue méditerranéenL’OTAN a lancé son Dialogue méditerranéen en 1994,

    prenant en compte le fait que la sécurité et la stabilité del’Europe sont étroitement liées à celles de la Méditerranée,écrit Alberto Bin.

    Ce programme, qui inclut l’Algérie, l’Egypte, Israël, laJordanie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, vise à contri-buer à la sécurité et à la stabilité régionales, à améliorer lacompréhension mutuelle et à dissiper, dans les pays méditer-ranéens, les malentendus au sujet de l’OTAN.

    Le Dialogue repose principalement sur des relations bila-térales entre chacun des pays participants et l’Alliance.Cependant, il prévoit aussi la tenue de réunions multilaté-rales, cas par cas. Il offre à tous les pays du Dialogue la mêmebase de participation aux discussions et aux activitésconjointes, et il vient en complément d’autres initiativesinternationales connexes mais distinctes, comme cellesentreprises par l’Union européenne et l’Organisation pour lasécurité et la coopération en Europe.

    Le Dialogue méditerranéen comporte un dialogue poli-tique et une coopération pratique avec les pays participants.Le dialogue politique consiste en des discussions politiquesbilatérales régulières, ainsi qu’en des conférences multilaté-rales tenues au niveau des ambassadeurs. Il apporte ainsi uneoccasion d’échanger des points de vue sur une série de ques-

    Alberto Bin travaille sur le Dialogue méditerranéen àla Division des affaires politiques de l’OTAN.

    tions intéressant la sécurité dans la région de laMéditerranée, ainsi que sur l’évolution future du Dialogue.

    La coopération pratique est organisée dans le cadre d’unProgramme de travail annuel et revêt diverses formes, y com-pris des invitations de responsables des pays du Dialogue àdes stages dans les écoles de l’OTAN. Il y a aussi des sémi-naires spécialement conçus à l’intention des pays duDialogue, en particulier dans le domaine des plans civilsd’urgence, ainsi que des visites à l’OTAN de guides de l’opi-nion, d’universitaires, de journalistes et de parlementairesdes pays du Dialogue.

    L’Alliance octroie des bourses institutionnelles à deschercheurs de la région. En outre, le Dialogue favorise lacoopération dans le cadre du Programme scientifique del’OTAN. En 2000, par exemple, 108 scientifiques des paysdu Dialogue ont participé à des activités parrainées parl’OTAN.

    Le Programme de travail comporte également une dimen-sion militaire au titre de laquelle les pays du Dialogue sontinvités à observer des exercices, à assister à des séminaireset ateliers, et à effectuer des visites dans des organismesmilitaires de l’OTAN. En 2000, 104 officiers des sept paysdu Dialogue ont participé à ces activités. De plus, les forcesnavales permanentes de l’OTAN en Méditerranée fontescale dans des ports des pays du Dialogue. Par ailleurs,trois de ces pays – l’Egypte, la Jordanie et le Maroc – ontenvoyé des soldats de la paix participer aux opérations diri-gées par l’OTAN en Bosnie-Herzégovine. En outre, laJordanie et le Maroc ont actuellement des militaires au seinde la Force du Kosovo.

  • Revue de l’ OTAN10 Automne 2001

    naufrage du Pacte de Varsovie et de l’Union soviétique. Cependant,il est apparu, dans la suite de la décennie, que le CCNA avaitquelque chose d’anachronique, dans la mesure où il reposait plussur ce qu’avaient été ses membres n’appartenant pas à l’Allianceque sur des aspirations pour l’avenir. Par ailleurs, il n’incluait pasofficiellement la plupart des Etats nés du démembrement de laYougoslavie, ni les pays européens neutres et non alignés.

    Il était donc logique de refondre le CCNA pour repartir sur desbases nouvelles et permettre aux Etats qui n’étaient ni d’ancienspays communistes ni d’anciens pays du Pacte de Varsovie d’endevenir membres à part entière. Cette démarche fut initiée dansun discours prononcé par Warren Christopher, alors Secrétaired’Etat des Etats-Unis, à Stuttgart, le 6 septembre 1996. Cette datemarquait le 50e anniversaire d’une allocution historique de l’unde ses prédécesseurs, James Byrnes, et avait été appelée le«discours de l’espoir» de par sa vision de l’Europe et de l’enga-gement des Etats-Unis après la Seconde guerre mondiale.Warren Christopher avait opté pour le thème d’une Nouvellecommunauté atlantique et voulait une idée accrocheuse, que leDépartement d’Etat s’empressa de lui fournir: transformer leCCNA en quelque chose de nouveau et l’appeler Conseil de par-tenariat atlantique. Les détails furent laissés pour plus tard.

    Robert E. Hunter est Conseiller principal à la RANDCorporation et a été Ambassadeur des Etats-Unis auprèsde l’OTAN de 1993 à 1998.

    A sa création, en mai 1997, le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) était l’enfant pauvre de l’OTAN. Il nedisposait déjà pas du pouvoir de prise de décisions duConseil de l’Atlantique Nord, qui est limité aux 19 pays membresde l’Alliance. Il n’avait initialement aucun rôle dans la gestiondes activités pratiques du Partenariat pour la paix, dont la com-position est pratiquement analogue à la sienne. Même sesréunions ministérielles semestrielles et ses sommets occasion-nels comportent en général beaucoup plus de discours que dedébats sur des questions de fond. Et pourtant, cette sorte deCendrillon est une institution qui pourrait apporter à la sécuritéeuro-atlantique une contribution inégalable.

    Le CPEA est né presque par accident. Il a succédé au Conseil decoopération nord-atlantique (CCNA), créé en 1991 pour faireentrer dans la famille OTAN au sens large – dans le cadre de «rela-tions institutionnelles de consultation et de coopération sur desquestions politiques et de sécurité» – les Etats qui étaient sortis du

    Conduire Cendrillon au balRobert E. Hunter examine les potentialités du Conseil de partenariat euro-

    atlantique et propose qu’il joue un plus grand rôle dans la sécurité euro-atlantique.

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    Réunion ministérielle: le Conseil de partenariat euro-atlantique pourrait apporter à la sécurité euro-atlantique une contribution inégalable

  • Alors que la nouvelle institution commençait à prendre forme,le préfixe «euro-» fut ajouté au nom proposé. Les membres duCCNA et les autres pays européens qui appartenaient auPartenariat pour la paix furent invités à participer, et des son-dages furent réalisés au sein de l’Alliance sur la question desavoir ce que devrait être le CPEA et ce qu’il devrait accomplir.Les résultats firent l’objet d’un accord lors de la fondation offi-cielle du CPEA, à la dernière réunion du CCNA, tenue à Sintra,au Portugal, le 30 mai 1997. Le CPEA centrerait son action surdes problèmes tels que la gestion des crises, la maîtrise des arme-ments, le terrorisme international, la planification de la défense,l’état de préparation aux situations d’urgence du domaine civil etaux catastrophes, la coopération en matière d’armements et lesopérations de soutien de la paix. Et l’OTAN déclara que le CPEAallait fournir «le cadre permettant d’offrir aux pays partenaires,chaque fois qu’on le pourra, des possibilités accrues de prise dedécisions sur les activités auxquelles ils participent». On s’esttoujours interrogé sur le sens exact de «chaque fois qu’on lepourra».

    C’étaient là des objectifs ambitieux, et, dès sa création, leCPEA décida d’institutionnaliser toute une gamme de réunionsvisant à en assurer la réalisation. Il s’agissait de réunions men-suelles des ambassadeurs, de réunions semestrielles desministres des affaires étrangères et de la défense et de réunionsoccasionnelles des Chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que deréunions «à 16 (aujourd’hui 19) + 1» des Alliés et de chacun desPartenaires. Depuis lors, le CPEA s’est efforcé de marquer deson empreinte toute une série d’activités allant de la recherchedes moyens de contribuer à la maîtrise des armes légères et depetit calibre à l’organisation d’exercices concernant les planscivils d’urgence avec le Centre euro-atlantique de coordinationdes réactions en cas de catastrophe.

    Le CPEA pourrait évidemment faire beaucoup plus.Cependant, il n’a toujours pas le pouvoir de prendre des déci-sions. Ce pouvoir est jalousement gardé par le Conseil del’Atlantique Nord, en grande partie parce que les Alliés ont desobligations et des responsabilités spéciales en vertu du Traité deWashington, la charte fondatrice de l’OTAN, et assument l’es-sentiel de l’organisation et du f inancement des activités duCPEA. Pourtant, en 1999, les Alliés ont commencé à faire parti-ciper les membres du CPEA à l’étude de la façon dont les payspartenaires prendraient part aux «opérations ne relevant pas del’Article 5», c’est-à-dire aux opérations qui ne sont pas liées à ladéfense collective. Le but était de faire participer les pays parte-naires, dans certaines limites, aux consultations politiques et auxprises de décisions, à la planification opérationnelle et aux dis-positions de commandement ayant trait aux futures opérationsdirigées par l’OTAN auxquelles ils prendraient part.

    Etant donné l’importance grandissante du Partenariat pour lapaix, une telle démarche était tout à fait logique. Parmi les nou-veaux développements figuraient l’étude de questions intéres-sant les pays partenaires dans le cadre de l’Initiative de l’OTANsur les capacités de défense, la création d’un Processus de plani-fication et d’examen élargi et adapté – en partie afin d’améliorerl’interopérabilité des forces et les capacités – ainsi que desconsultations sur les crises et d’autres questions politiques etliées à la sécurité. Le Plan d’action du CPEA pour 2000-2002couvre aussi les consultations et la coopération concernant lesaffaires régionales, s’agissant notamment de l’Europe du sud-estet du Caucase, ainsi que les questions liées au Pacte de stabilité,

    initiative de l’UE visant à établir un cadre international globaldestiné à favoriser la construction d’une stabilité à long termedans l’Europe du sud-est.

    Malgré les progrès ainsi accomplis, on n’a pas encore exploitétoutes les possibilités offertes par le CPEA. Or, il existe deux rai-sons de l’aider à tirer pleinement parti de ses potentialités.Premièrement, quel que soit le nombre des pays qui seront invi-tés à se joindre à l’Alliance au Sommet de Prague de l’année pro-chaine, certains des candidats vont rester sur le bord de la route.Il est essentiel que le CPEA donne à ces pays le net sentimentd’appartenir à la famille OTAN au sens large. Deuxièmement,plusieurs pays du CPEA, notamment dans le Caucase et en Asiecentrale, n’ont guère de chances de rejoindre un jour l’OTAN. LeCPEA pourrait néanmoins les aider aussi à se sentir plus en sécu-rité et en confiance.

    Donner au CPEA de véritables pouvoirs de prise de décisions,au-delà de la capacité d’aider à l’élaboration des décisions duConseil de l’Atlantique Nord, n’est pas actuellement au pro-gramme de l’Alliance. Cependant, à mesure que les Partenairesmontreront qu’ils sont capables d’assumer des responsabilitéssupplémentaires, cette question devrait faire l’objet d’un réexa-men. Il est certain qu’intégrer davantage les activités desPartenaires dans celles de l’Alliance devrait être le prochainobjectif immédiat. A cet égard, on peut d’ores et déjà distinguerplusieurs possibilités.

    Gestion des crises: pour le moment, la plupart des consulta-tions tenues à l’OTAN en cas de crise le sont essentiellement auConseil de l’Atlantique Nord. Or, même dans ce cas, l’Alliancese trouve handicapée par le fait qu’il lui manque la compétenced’un gouvernement souverain. Le rôle joué par l’OTAN pourcontribuer à la gestion des crises – comme celle de l’ex-République yougoslave de Macédoine* – est en grande partielimité à des tâches spécifiques que les Etats membres confient auSecrétaire général. En Bosnie-Herzégovine (Bosnie) et auKosovo, par exemple, l’OTAN a été appelée à mener des actionsmilitaires sans avoir participé directement aux démarches diplo-matiques qui avaient précédé son intervention. On ne peutattendre du CPEA qu’il acquière une compétence que le Conseilde l’Atlantique Nord lui-même ne possède pas, mais on ne sau-rait oublier que certains de ses membres ont une grande expé-rience, et sont proches, des zones qui posent le plus de problèmesà l’OTAN, en particulier dans les Balkans. Le CPEA devrait doncdevenir un cadre de première importance pour ce qui est de trou-ver aux crises des solutions viables, au lieu de rester simplementune instance à informer des résultats des délibérations du Conseilde l’Atlantique Nord.

    Les Balkans: le CPEA se montre déjà actif dans l’Europe dusud-est, et notamment dans une grande partie de l’ex-Yougoslavie, qui représente un défi particulier pour la commu-nauté internationale. Lors du Sommet que l’Alliance a tenu àWashington en 1999, l’OTAN a lancé son Initiative sur l’Europedu sud-est, dont l’un des piliers est un Groupe de travail ad hocchargé, sous les auspices du CPEA, de promouvoir la coopéra-tion régionale. Au cours d’une réunion du CPEA au niveau desambassadeurs qui s’est déroulée en juillet 2000, la Bulgarie aannoncé la création du Groupe directeur sur la coopération enmatière de sécurité en Europe du sud-est (SEEGROUP), dans lecadre duquel tous les pays de la région peuvent se réunir pour

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

    Automne 2001 Revue de l’ OTAN 11

  • échanger des informations et des points de vue sur les projets etles initiatives visant à stimuler et à appuyer la coopération pra-tique entre les membres. Depuis le changement de gouvernementintervenu à Zagreb au début de l’année 2000, la Croatie a com-mencé à se rapprocher de l’Alliance. Dans un premier temps, ellea, au mois de mai de la même année, adhéré à la fois au CPEA etau Partenariat pour la paix, et elle participe aujourd’hui active-ment au SEEGROUP. Alors que le nouveau gouvernement démo-cratique de Belgrade s’ouvre à l’OTAN, le CPEA devrait jouerun rôle de premier plan s’agissant d’aider à l’évolution de laRépublique fédérale de Yougoslavie et à sa réintégration dans lacommunauté internationale.

    Gestion des différends et des conflits «hors zone»: beau-coup d’autres régions présentant des sujets de préoccupationpour les Alliés incluent ou jouxtent des Etats membres du CPEA.Jusqu’ici, ce dernier n’a guère eu l’occasion de chercher à jouerun rôle de médiateur en vue d’atténuer oud’éliminer les tensions et les conflits entreses membres dans le Caucase et en Asie cen-trale. Cependant, l’Alliance et, en particulier,le CPEA ne devraient pas reculer devantcette possibilité, ni admettre l’idée qu’il fautnécessairement, dans ce domaine, recourir enpriorité à des accords ad hoc ou à quelqueautre instance (telle que l’Organisation pourla sécurité et la coopération en Europe). Leleadership sera important, de même que laprise de conscience par les intéressés du faitque le CPEA peut offrir une valeur ajoutée entant que grande institution de sécurité euro-péenne, née de l’OTAN, qui peut être saisiedes différends et des crises à caractère régio-nal de façon légitime et productive. Seulel’expérience permettra d’atteindre cet objec-tif, après que le CPEA aura choisi de s’occu-per d’une ou de plusieurs de ces situations etaura établi un précédent positif à l’appui de son rôle potentiel.

    Faire participer la Russie: dans certains cas, la création d’untel rôle de gestion des différends et des conflits pour le CPEA,entre ses propres membres, sera plus facile et plus productive –par exemple s’agissant de soutenir ou même de remplacer leGroupe de Minsk sur le Haut-Karabakh, région que se disputentl’Arménie et l’Azerbaïdjan – si l’on peut convaincre la Russie dejouer un plus grand rôle. Dans la période qui va précéder leSommet de Prague, où des Etats d’Europe centrale pourront êtreinvités à se joindre à l’OTAN, l’Alliance devra en tout cas fairedes ouvertures à Moscou pour lui montrer que l’OTAN ne repré-sente pas pour la Russie un défi stratégique ou politique et necherche pas à l’isoler. Jusqu’ici, la Russie a choisi de jouer unrôle relativement passif au sein du CPEA et du Partenariat pourla paix, et elle a été peu disposée à tirer pleinement parti des pos-sibilités du Conseil conjoint permanent, cadre des consultationset de la coopération OTAN-Russie. L’OTAN s’efforce déjà deconvaincre la Russie qu’elle a toute sa place dans un conceptélargi de la sécurité européenne et que ses intérêts fondamentauxen Europe sont compatibles avec ceux de l’OTAN. En fait, s’ilétait possible de donner corps aux pensées du président VladimirPoutine concernant une future entrée de la Russie dans l’OTAN,moins pour l’idée en elle-même que pour les opportunités pluslarges qu’elle offrirait, le CPEA pourrait devenir pour Moscouun précieux moyen de coopérer avec l’OTAN. Il pourrait ainsi

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

    Revue de l’ OTAN12 Automne 2001

    compléter le Conseil conjoint permanent, la Russie étant alorsmieux placée qu’aujourd’hui pour faire entrer dans le jeud’autres pays du CPEA sans qu’ils craignent de la voir exercerune influence excessive sur leurs choix stratégiques et politiques.Le CPEA pourrait dès lors devenir un mécanisme permettantplus facilement à la Russie d’accepter un élargissement del’OTAN à des pays proches de ses frontières.

    Le CPEA, la PESD et les relations UE-OTAN: l’OTAN aétabli des relations avec l’Union européenne alors que cette ins-titution se dote d’une Politique européenne en matière de sécuritéet de défense (PESD). Ce processus est loin d’avoir abouti, et,selon moi, l’harmonie lui fait cruellement défaut. L’un desmoyens de chercher à surmonter les divergences est de mettre enconcordance les instances des deux organisations, notammentpar des réunions conjointes du Conseil de l’Atlantique Nord etdu nouveau Comité de l’Union européenne pour les affaires poli-

    tiques et de sécurité (PSC) aux niveaux desambassadeurs et des ministres. Etant donnéque l’Union européenne comme l’OTANadmettent de nouveaux membres d’Europecentrale et sont par ailleurs très directementintéressées par cette région, que toutes deuxsont engagées dans les Balkans, que toutesdeux ont établi des relations spéciales avec laRussie et l’Ukraine, et que toutes deux fontporter une partie de leurs activités sur leCaucase et l’Asie centrale, ces réunionsconjointes devraient aussi inclure des consul-tations parallèles entre le CPEA et le PSC.Cela pourrait également amener la Politiqueétrangère et de sécurité commune de l’Unioneuropéenne à se tourner davantage vers l’ex-térieur. Quoi qu’il en soit, l’Union euro-péenne et l’OTAN ont des programmes lar-gement analogues, même si elles abordent laplupart des questions non liées à la défense

    sous des angles différents. Dans l’action menée pour faire tomberles barrières artificielles qui existent depuis si longtemps entreces deux institutions, le CPEA pourrait jouer un rôle particuliè-rement utile.

    Enfin, il importe de se rappeler qu’à mesure que l’OTANcontinuera d’admettre de nouveaux membres, et le CPEA et lePartenariat pour la paix prendront naturellement un caractère dif-férent, et aussi, à certains égards, des orientations différentes.Avec la poursuite de l’élargissement de l’OTAN, le rapportnumérique entre Partenaires et Alliés au CPEA évoluera progres-sivement en faveur de ces derniers. La composition «horsAlliance» du CPEA sera de plus en plus dominée par des payssitués à l’est de la Turquie. Il y a donc tout lieu de centrer l’actiondu CPEA sur le règlement des différends et des conflits, ainsi quesur la coordination avec l’Union européenne et d’autres institu-tions, afin d’aider les pays du Caucase et de l’Asie centrale dansleur développement politique et économique, de même que dansla réforme de leurs forces armées.

    Pour ce qui est de l’avenir, la vision d’une «Europe entière etlibre» ne pourra se concrétiser que si l’on donne à la «sécurité»son sens le plus large. Le CPEA a beaucoup à offrir à cet égardet pourrait devenir un précieux instrument politique et de sécu-rité avec des attributions dépassant largement son mandat ini-tial. ■

    A mesure que l’OTANcontinuera d’admettrede nouveaux membres,et le CPEA et lePartenariat pour la paixprendront naturellementun caractère différent,et aussi des orientationsdifférentes

  • Automne 2001 Revue de l’ OTAN 13

    définie par toute une série de documents et de choix politiquesdont chacun porte sur un secteur ou un problème spécifique maisqui, pris dans leur ensemble, forment un tout intellectuellementcohérent. L’Alliance s’emploie à favoriser la coopération régio-nale en matière de sécurité essentiellement dans les Balkans, leCaucase et les Etats baltes, dans le cadre général de l’actionqu’elle mène pour promouvoir la paix et la sécurité dans toute lazone euro-atlantique. L’OTAN cible son approche sur chacunedes régions, parce que chacune est confrontée à ses propres défisde sécurité dans un contexte géopolitique unique, et parce quechacune présente pour l’Alliance un intérêt unique sur le plan dela sécurité.

    Les Balkans

    L’Europe du sud-est revêt pour l’OTAN une extrême impor-tance géopolitique. Le Kosovo, par exemple, se situe dans unezone stratégique vitale pour l’Alliance: il se trouve juste au-dessus de deux membres de l’OTAN, en dessous de nouveauxmembres d’Europe centrale, et il est organiquement lié à laBosnie-Herzégovine (la Bosnie). L’instabilité, les conflits et lesmultiples violations des droits de l’homme qu’a connus cetterégion ont représenté des déf is directs pour les intérêts del’OTAN au cours de la dernière décennie, et l’Alliance a dûs’employer à faire en sorte que les crises ne déstabilisent pas lespays voisins. Les moyens les plus connus par lesquels l’OTAN afavorisé la paix et la sécurité dans les Balkans sont les opérationsde maintien de la paix qu’elle a dirigées en Bosnie et au Kosovo.Mais l’Alliance s’est aussi engagée dans un certain nombred’autres entreprises militaires et politiques destinées à promou-voir la stabilité dans toute l’Europe du sud-est, de la diplomatiepréventive à la promotion active de la coopération régionale.

    L’exemple le plus remarquable de telles entreprises est sansdoute l’Initiative de l’OTAN sur l’Europe du sud-est. Lancée parl’Alliance lors de son Sommet de Washington de 1999 en vue de

    James Appathurai est Administrateur principal à la Sectionplans politiques de la Division des affaires politiquesde l’OTAN.

    Dans le domaine de la coopération euro-atlantique enmatière de sécurité, certains éléments de premier planretiennent pratiquement toute l’attention de la presse,qu’il s’agisse de l’OTAN et de son Partenariat pour la paix, de ladimension de défense en développement de l’Union européenneou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe(OSCE). Pourtant, à côté de ces structures de grande taille et déjàbien en place, des accords régionaux plus récents et de moindreenvergure apportent d’importantes contributions à la sécuritédans des endroits sensibles de toute la zone euro-atlantique.Même si elles sont menées à un niveau moins élevé, ces activitésde coopération occupent une place non négligeable dans l’en-semble de l’architecture de sécurité, et l’Alliance est très dési-reuse d’aider à les faire progresser.

    La logique de la coopération régionale en matière de sécuritéest tout à fait claire. En mettant leurs ressources en commun defaçon adéquate, des pays ayant les mêmes objectifs peuvent ren-forcer plus efficacement leur propre sécurité. Au plan écono-mique, la coopération permet des économies d’échelle etl’acquisition d’équipements qui, sinon, seraient financièrementinaccessibles aux pays – surtout les plus petits – qui agiraientindividuellement. Au plan militaire, la coopération multiplie lepotentiel des forces armées de chacun des pays concernés. Auplan politique, la coopération dans le domaine de la sécurité estla meilleure des mesures de confiance et de sécurité, du faitqu’elle implique transparence, coordination et conf iancemutuelle.

    L’OTAN est un vivant témoignage du succès de cetteapproche. Formée à sa naissance, en 1949, d’un groupe denations divisées par une histoire très récente, et aussi séparéespar un océan, elle est devenue l’alliance politico-militaire la pluscohésive et la plus efficace de tous les temps. L’expérience del’OTAN montre aussi que la coopération régionale ne remplacepas les autres démarches, mais les complète. Tout pays peut avoirdes associations de sécurité multiples sans qu’aucune d’elles aità en souffrir. On peut citer à cet égard la Coopération de défenseaérospatiale de l’Amérique du Nord entre le Canada et les Etats-Unis, ou l’Identité européenne de sécurité et de défense de l’UE.

    C’est précisément parce que le potentiel de la coopérationrégionale et subrégionale est si évident que l’Alliance appuie deplus en plus les efforts déployés dans ce domaine, même entredes pays qui ne sont pas candidats à une adhésion à l’OTAN. Iln’existe pas de document unique qui expose officiellement lesprincipes de base de la coopération régionale et les modalités dusoutien que l’Alliance lui apportera. En fait, cette approche est

    Promouvoir la sécurité régionaleJames Appathurai analyse la façon dont l’OTAN favorise la coopération régionale

    en matière de sécurité dans les Balkans, le Caucase et les Etats baltes.

    BOSNIE-HERZÉGOVINE

    HONGRIESLOVÉNIE

    CROATIE

    Serbie

    AdriatiqueITALIE

    ROUMANIE

    BULGARIE

    EX-RÉPUBLIQUEYOUGOSLAVE

    DE MACÉDOINE*

    ALBANIE

    Monténégro

    Kosovo

    Voïvodine

    GRÈCE

  • promouvoir la coopération et la sécurité et la stabilité à longterme dans la région, elle s’est appuyée sur des relations decoopération déjà largement établies avec les Partenaires dans lecadre du Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) et duPartenariat pour la paix et s’est étendue à des pays qui n’apparte-naient pas à ces institutions et programmes – la Bosnie et (àl’époque) la Croatie – avec une perspective d’inclusion de laRépublique fédérale de Yougoslavie. Un Groupe de travail ad hocsur la coopération régionale, créé sous les auspices du CPEA,favorise la coopération régionale de manière à stimuler et à sou-tenir la collaboration pratique entre les pays de l’Europe du sud-est. Les pays de la région, par exemple, ont établi, en septembre2000, le Groupe directeur sur la coopération en matière de sécu-rité en Europe du sud-est (SEEGROUP), dont les membres assu-ment la présidence à tour de rôle, afin d’appuyer les divers pro-cessus de coopération en cours. Les activités comportent ledéminage, la recherche de la maîtrise des armes légères et depetit calibre, la simulation dans le domaine de la gestion descrises et la gestion de la circulation aérienne.

    L’Alliance s’emploie aussi, avec d’autres organisations inter-nationales, à construire la stabilité régionale dans le cadre duPacte de stabilité pour l’Europe du sud-est, parrainé par l’UE.Ainsi, l’OTAN a contribué au lancement de programmes visant àfaciliter le passage à la vie civile d’officiers appelés à sortir ducadre militaire (voir article page 23) et d’autres programmesdevant permettre de fermer des bases militaires et de les affecterau secteur civil. D’autres activités doivent être dirigées au niveaurégional. Un bon exemple est celui du Document commun d’éva-luation des défis et des opportunités en matière de sécurité régio-nale en Europe du sud-est (SEECAP). L’idée en a été lancée parl’OTAN, puis reprise par les pays de la région, dont laRépublique fédérale de Yougoslavie. Le SEECAP énonce desconceptions des défis de sécurité qui sont communes aux payssignataires et devrait constituer une première étape essentiellevers l’établissement de relations pacifiques dans les Balkans. Ilexpose aussi les opportunités qui s’offrent aux pays participantspour ce qui est de coopérer au traitement de ces défis.

    Le CaucaseLe scénario est différent dans le Caucase, où l’OTAN favorise

    également la coopération régionale. Même si le Caucase connaîtdes problèmes tout aussi difficiles à résoudre, le seul membre del’Alliance à en ressentir directement les effets est la Turquie. Deplus, il existe certainement l’idée que l’OTAN en tant qu’organi-sation n’a qu’une influence limitée dans la région et que sesmembres peuvent y contribuer plus utilement à la paix et à lasécurité par des mesures bilatérales, ou dans le cadre d’uneaction menée par l’intermédiaire d’autres organisations, tellesque l’OSCE ou les Nations Unies.

    Pour toutes ces raisons, l’OTAN adopte dans le Caucase uneapproche plus discrète. Elle n’en continue pas moins de souteniractivement la coopération en matière de sécurité dans la région,afin d’y promouvoir la transparence et la confiance. Le principalinstrument de cette action de l’OTAN est le Groupe de travail adhoc du CPEA sur les perspectives de coopération régionale dansle Caucase. Les domaines prioritaires recensés par ce groupe detravail pour une coopération pratique au niveau régional sont lesquestions économiques liées à la défense, les plans civils d’ur-gence, la coopération scientifique et environnementale, et lesactivités d’information.

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

    Revue de l’ OTAN14 Automne 2001

    Sous les auspice du CPEA, un séminaire sur la coopérationrégionale en matière de sécurité énergétique dans le Caucases’est tenu en Azerbaïdjan en 2000, pour traiter des aspects dela sécurité énergétique relatifs à l’environnement, à l’écono-mie et aux situations d’urgence du domaine civil. Des sémi-naires ont aussi eu lieu en d’autres endroits de la région à pro-pos de l’économie liée à la défense, des plans civils d’urgence,de la coopération civilo-militaire, des armes légères et de petitcalibre et de la coopération scientifique. Il est envisagé d’or-ganiser d’autres conférences, sur le terrorisme international etsur la non-prolifération des armes de destruction massive, demême que sur la gestion des crises et le déminage. Lesdémarches ainsi entreprises sont toutes d’autant plus utilesqu’elles portent sur des questions d’intérêt immédiat pour lasécurité des pays de la région.

    Il convient de souligner que, s’agissant de promouvoir lacoopération dans le Caucase, d’autres groupements régionaux,tels que l’OSCE et le Groupe GUUAM, organisme réunissant la

    Géorgie, l’Ukraine, l’Ouzbékistan, l’Azerbaïdjan et la Moldova,jouent un rôle prépondérant. L’OTAN continue toutefois d’assu-mer le sien en encourageant l’élaboration de solutions communesentre des pays confrontés aux même défis.

    Les Etats baltesLa troisième grande région dans laquelle l’OTAN s’emploie à

    promouvoir la coopération est celle de la Baltique. A la diffé-rence des Balkans, où les problèmes sont graves et l’intérêt del’OTAN immédiat, ou du Caucase, où les problèmes sont toutaussi difficiles à résoudre mais affectent moins directementl’Alliance dans son ensemble, la région des Etats baltes, si ellerevêt pour l’Alliance une importance géopolitique directe,connaît une coopération qui est déjà en bonne voie et ne nécessitepas le même niveau de soutien de l’OTAN.

    Les progrès ainsi accomplis localement n’ont rien de surpre-nant, car il s’agit d’une région où une coopération existe delongue date. Il est clair qu’une fois devenues des Etats, au débutdu XXe siècle, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont naturelle-ment cherché à établir entre elles une coopération plus étroite,pour des raisons géographiques, politiques, économiques et mili-taires évidentes. Aujourd’hui, cette coopération s’est encore ren-

    mer Caspienne

    RUSSIE

    merNoire

    GÉORGIE

    AZERBAÏDJAN

    ARMÉNIE

    TURQUIE

    IRAN

    AZERBAÏDJAN

  • forcée – également pour des raisons évidentes. D’un point de vuegéographique, ces trois pays forment toujours une région natu-relle. Ce sont de petits Etats, dont la population et l’économie ontdes dimensions modestes. En outre, leur évolution socio-économique depuis les années 20 présente des caractéristiquessimilaires, et il n’existe actuellement aucun véritable sujet dedésaccord entre eux.

    C’est sans doute pourquoi l’on peut dire sans risque d’erreurque nulle part dans l’Europe de l’après-Guerre froide, la coopé-ration subrégionale n’a été aussi profonde que dans la région dela Baltique. Le Conseil des Etats de la mer Baltique (CBSS), quia été instauré en 1992 à l’initiative des ministres danois et alle-mand des affaires étrangères de l’époque, constitue un excellentexemple de groupement régional réussissant dans ses entreprises.Douze pays s’y efforcent ensemble d’approfondir la coopérationdans toute une série de domaines. Si la sécurité au sens tradition-nel ne figurait pas initialement à son programme, le CBSS favo-rise maintenant la coopération subrégionale pour la lutte contre

    le crime organisé et la recherche et le sauvetage en mer, en recou-rant même à des unités militaires.

    Le CBSS a servi de modèle pour des entreprises similairesdans d’autres parties de l’Europe, en particulier dans lesBalkans. De plus, les activités de coopération menées auniveau des Etats sont étayées par un solide réseau d’orga-nismes spécialisés, ainsi que par des liens tissés entre les pro-vinces, les villes et les communes de toute la région. C’estnotamment le cas dans le domaine de la sécurité, où les troisEtats ont le même désir de consolider leur indépendance et derepousser toute instabilité venant de l’Est. Une coopération tri-latérale régulière concernant la protection de l’espace aérien,par exemple, a récemment conduit à la création du Réseaubalte de surveillance aérienne (BALTNET), système communaux trois pays.

    Ces pays se rendent également compte qu’étant donné lecaractère limité de leurs ressources de défense, il est logiquequ’ils travaillent ensemble à leur développement. Le Grouped’assistance pour la sécurité dans la Baltique travaille efficace-ment à la coordination internationale de l’aide à la sécurité desti-née aux forces armées de l’Estonie, de la Lettonie et de la

    Lituanie. Le Collège de défense balte, école créée principalementà l’intention des officiers des Etats baltes et où les cours ont lieuen langue anglaise, est aussi un bon exemple de coopération enmatière de formation militaire.

    Les trois Etats baltes veulent par ailleurs montrer qu’ilssont de bons partenaires européens, désireux d’apporter leurcontribution à la sécurité. Leur bataillon commun de maintiende la paix, le BALTBAT, et la Flottille balte (BALTRON) sontdes exemples évidents de la mise en œuvre d’une coopérationconcrète. Le BALTBAT a déjà participé activement aux opé-rations de maintien de la paix dirigées par l’OTAN dans lesBalkans.

    L’appui par l’OTAN de la participation des Etats baltes à sesopérations de maintien de la paix est l’une des formes d’encou-ragement que l’Alliance et ses membres apportent à la coopéra-tion entre les trois pays. Ces opérations ont montré qu’en agis-sant ensemble, les Etats baltes peuvent disputer un match dansune catégorie supérieure à la leur et exercer sur les événementsde la zone euro-atlantique une influence hors de proportion avecla taille de chacun d’eux.

    L’OTAN facilite aussi cette coopération par le biais du Pland’action pour l’adhésion et du Partenariat pour la paix. Ces deuxprojets visent à améliorer les capacités militaires des pays parti-cipants et, en particulier, à accroître l’interopérabilité pour lesopérations menées conjointement. Il s’agit là de conditions indis-pensables à un renforcement de la coopération régionale, et lestrois Etats baltes s’emploient à y répondre.

    Les membres de l’Alliance appuient également la coopérationdes Etats baltes au niveau national. Ainsi, le Danemark a joué àcet égard un rôle de premier plan, en fournissant une aide auCollège de défense balte et en accueillant des soldats de la paixbaltes au sein des formations danoises présentes dans lesBalkans. Les Etats-Unis ont, de leur côté, apporté un soutienpolitique essentiel, qui s’est exprimé en particulier dans leurCharte pour la Baltique de 1998, accord qui, comme l’a indiquéà l’époque le président Bill Clinton, vise à encourager une coopé-ration étroite entre les Etats baltes et leurs voisins et à montrer «lavolonté de l’Amérique d’aider l’Estonie, la Lettonie et laLituanie à approfondir leur intégration et à se préparer à uneadhésion à l’Union européenne et à l’OTAN».

    Le lien établi par le président Clinton entre la coopérationrégionale et l’appartenance aux institutions euro-atlantiques estimportant du fait que c’est dans la région de la Baltique, en par-ticulier, que l’on se demande parfois si le succès de la coopéra-tion régionale ne risquerait pas de nuire aux aspirations concer-nant une adhésion à l’OTAN. Or, loin de limiter les chancesd’une telle adhésion, le succès de la coopération régionaleconstitue pour les pays candidats un puissant «argument devente». L’OTAN est une organisation dont les Etats membrestravaillent ensemble, mettent leurs ressources en commun et éla-borent des politiques par consensus. Le succès de la coopérationrégionale n’a pas seulement pour effet de préparer les candidatsà une adhésion; il montre aussi aux membres actuels del’Alliance que les pays en cause sont désireux et capables d’ac-cepter les conditions et les méthodes de travail de l’OTAN – touten assurant, évidemment, la sécurité nécessaire à l’ensemble desparticipants. ■

    L’EVOLUTION DES PARTENARIATS DE L’OTAN

    Automne 2001 Revue de l’ OTAN 15

    mer de Norvège

    NORVÈGE

    merBaltique

    SUÈDE

    DANEMARKLITUANIE

    LETTONIE

    ESTONIE

    POLOGNE

    FINLANDE

    ALLEMAGNE

    merdu Nord

    Kaliningrad

    RUSSIE

    BÉLARUS

  • Revue de l’ OTAN16 Automne 2001

    Partenariat pour la paix en 1994, et elle a été l’un des membresfondateurs du Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) en1997. La Géorgie a progressivement accru sa participation auPartenariat pour la paix, en termes à la fois quantitatifs et quali-tatifs, et elle prend maintenant part à une centaine d’activitéschaque année.

    Cet été, la Géorgie a été le théâtre d’un événement marquantavec la tenue du premier exercice de grande envergure duPartenariat pour la paix dans le sud du Caucase, CooperativePartner 2001. Cet exercice, qui s’est déroulé au port de Poti, surla mer Noire, et dans les environs, et a mis en jeu quelque 4 000militaires de neuf pays de l’OTAN et de six pays partenaires,visait à développer l’interopérabilité des unités navales et amphi-bies des participants de l’Alliance et des Partenaires dans lecadre du soutien de la paix et de l’aide humanitaire. Il a repré-senté, par sa dimension, la plus importante activité menée par laGéorgie avec l’OTAN. Il a contribué à promouvoir la coopérationmilitaire entre les forces armées de la Géorgie et celles desmembres de l’Alliance. Il a aussi été le reflet d’une relation tou-jours plus étroite entre la Géorgie et l’OTAN.

    La Géorgie n’a jamais cessé d’appuyer les efforts déployés parl’OTAN pour mettre fin à la violence et construire la stabilitédans les Balkans. Nous avons d’ailleurs affecté une section d’in-fanterie à la Force du Kosovo (KFOR) dirigée par l’OTAN, afinde montrer notre engagement à l’égard du processus de paix danscette partie de l’Europe. Nous sommes également convaincusqu’aucun pays ne peut être à l’abri d’une instabilité régnant horsde ses frontières, et que les menaces pour la sécurité dans l’unedes parties de la zone euro-atlantique constituent dès lors desmenaces pour l’ensemble de cette zone. Il s’ensuit que si l’onveut voir régner en Europe une sécurité digne de ce nom, tous lespays doivent contribuer, chacun selon ses moyens, à l’éliminationde tous les foyers d’instabilité. La Géorgie a donc toujours vive-ment souhaité participer aux activités destinées à améliorer lasécurité dans toute la zone euro-atlantique et aspire à s’intégrerfinalement à l’OTAN.

    La Géorgie et l’ensemble du Caucase présentent de grandespotentialités. La Géorgie est, par exemple, au centre des effortsdéployés pour mettre en place le Corridor de transports eurasien,artère commerciale est-ouest clé entre l’Asie et l’Europe. Ellereprésente également un centre de transport naturel pour cettenouvelle «Route de la soie», dont les trois principaux élémentssont le Corridor de transports Europe-Caucase-Asie, un Corridorstratégique transcaucasien pour l’énergie (transport de res-sources énergétiques de la Caspienne vers les marchés occiden-taux) et un Réseau de télécommunications transcaucasien.Cependant, pour que ces projets – qui ont l’appui de l’Unioneuropéenne et d’autres pays intéressés – puissent aboutir, il fau-

    Irakli Menagarichvili est le Ministre des affaires étrangèresde la Géorgie.

    E n matière de politique étrangère, l’objectif primordial dela Géorgie est de s’intégrer dans les structures politiques,économiques et de sécurité euro-atlantiques, de sejoindre à la communauté des nations européennes et de répondreainsi à une aspiration historique du peuple géorgien. Depuis ladésintégration de l’Union soviétique, mon pays s’est toujoursefforcé de se doter d’une société démocratique moderne et d’éta-blir des relations plus étroites et plus profondes avec les pays etles institutions de toute la zone euro-atlantique. Dans le mêmetemps, la Géorgie et l’ensemble du Caucase ont connu beaucoupd’instabilité et de turbulences. C’est pourquoi l’établissementd’une relation à long terme et mutuellement avantageuse avecl’Alliance constitue une priorité nationale depuis une dizained’années et se caractérise par une évolution positive à la fois pourla Géorgie et pour l’OTAN.

    Au début des années 90, alors que l’OTAN ouvrait les brasaux anciens membres du Pacte de Varsovie et aux Etats quiavaient succédé à l’Union soviétique, la Géorgie n’a pas tardé àse joindre à tous les nouveaux organismes et programmes desécurité. Elle est devenue membre du Conseil de coopérationnord-atlantique en 1992, elle a signé le Document cadre du

    Le partenariat dans la pratique:l’expérience de la Géorgie

    Irakli Menagarichvili décrit la relation de la Géorgie avec l ’Alliance et la façondont elle évolue, dans un sens positif à la fois pour la Géorgie et pour l’OTAN.

  • dra stabiliser l’ensemble de la région et garantir de façon tangiblela paix et un développement durable.

    La position de la Géorgie à l’égard de l’ensemble du Caucaserepose sur des principes présentés par le président EdouardChevardnadze dans son Initiative pour un Caucase pacifique, en1996, et ayant recueilli les signatures des Présidents del’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Cette initiative, qui exclut l’em-ploi de la force dans le règlement des différends, propose une for-mule politique visant à remplacer les affrontements et les crisesqui existent dans la région par la coopération et un bien-êtregénéral. Ces principes ne pourront être appliqués que grâce auxefforts concertés des pays de la région, de leurs voisins etd’autres protagonistes de la scène mondiale désireux de voir leCaucase connaître la paix et la stabilité. Dans ce contexte,d’autres initiatives – dont le projet de Pacte de stabilité pour leCaucase – méritent un examen attentif.

    En plus de l’intensification de ses relations avec l’OTAN, laGéorgie s’est employée à se rapprocher d’autres organisationsinternationales et à y accéder. Elle est membre du Conseil del’Europe, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération enEurope (OSCE) et de l’Organisation mondiale du commerce, etelle a signé un Accord de partenariat et de coopération avecl’Union européenne en 1996. Elle est aussi membre del’Organisation de coopération économique de la mer Noire, quia pour vocation de favoriser la compréhension mutuelle, l’amé-lioration du climat politique et le développement économiquedans cette région. Elle fait également partie du Groupe GUUAM(Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan et Moldova),organisation régionale ayant pour but d’harmoniser l’approchedes problèmes politiques, économiques, humanitaires et écolo-giques.

    En Géorgie même, les problèmes de sécurité les plus aigussont les différends internes avec les séparatistes d’Abkhazie etde Tskhinvali (ex-Ossétie du sud). Un règlement satisfaisant deces différends constitue un préalable essentiel à l’établissementde conditions politiques, sociales et économiques stables, ainsiqu’au retour de quelque 300 000 Géorgiens qui ont dû fuir lesviolences ethniques au début des années 90. Nous entendonsconsolider notre indépendance en faisant bien comprendre à nosvoisins qu’ils ont tout intérêt à voir exister une Géorgie indé-pendante, prospère, stable et unifiée. Cela vaut en particulierpour la Fédération de Russie, dont quel