où va l'imprimerie ?

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LUDOVIC MARTIN OÙ VA L’IMPRIMERIE ? L’IMPRIMERIE 3.0 : PISTES DE RÉFLEXION POUR CONSTRUIRE VOTRE NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE

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Page 1: Où va l'imprimerie ?

LUDOVIC MARTIN

OÙ VA L’IMPRIMERIE ?

L’IMPRIMERIE 3.0 : PISTES DE RÉFLEXION POUR CONSTRUIRE VOTRE NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE

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PRÉAMBULELe titre de ce livre est volontairement provocateur

Certains seront surpris par l’accroche, car ils continuent

probablement de croire à la viabilité éternelle de

l’imprimerie, telle qu’elle se présente aujourd’hui.

À l’inverse, d’autres répondront qu’elle va “droit dans le

mur” : pour ceux-là, l’imprimé n’est qu’une réminiscence

du passé qui ne peut plus lutter face aux tablettes,

smartphones et ordinateurs.

Entre ces deux voies, il en existe pourtant une troisième,

j’en ai la conviction : à condition de se transformer,

l’imprimerie a un avenir. Et un bel avenir. Qui reposerait sur

un modèle différent, renouvellé, plus inventif.

Un avenir dans lequel l’imprimeur retrouverait enfin ses

lettres de noblesses en s’affranchissant d’un certain nombre

d’intermédiaires qui causent aujourd’hui, en partie, sa perte.

Pour y arriver, de profondes mutations doivent être

envisagées ; mais pas seulement sous l’angle de la

technologie, comme cela a souvent été le cas dans l’histoire

de cette industrie. Les organisations doivent évoluer et

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les méthodes comme le marketing doivent s’adapter pour

reconquérir des clients dont les besoins ont profondément

changé au cours de la dernière décennie.

De nouveaux métiers et de nouveaux services doivent voir

le jour, sans qu’il faille nécessairement faire table rase du

passé. Car, oui, l’imprimé a un rôle stratégique à jouer dans

le panel des outils de communication de demain et d’après-

demain.

Ne vous y trompez pas : cet ouvrage n’est pas une étude

exhaustive du marché de l’imprimerie. Il s’agit d’une analyse

personnelle, probablement partiale, fruit de rencontres

et d’échanges multiples et variés réalisés au cours des

dernières années.

J’espère de tout cœur que les analyses et les pistes de

réflexion de ce petit livre pourront aider des entrepreneurs à

imaginer leur imprimerie 3.0.

Ludovic Martin

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OÙ EN EST L’IMPRIMERIE AUJOURD’HUI ?

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1980-2010 : TROIS DÉCENNIES DE MUTATION

ANNÉES 70 : L’IMPRIMERIE 0.0Même si j’étais très jeune à ce moment-là, je pense que

l’imprimerie de 1980 devait ressembler très fortement à

celle de 1930.

Technologie mise à part, les métiers, les organisations et les

procédures n’avaient pas dû connaître d’évolutions notables

en près d’un demi-siècle. L’industrie de l’imprimerie était

alors très structurée, constituant un éco-système équilibré

au sein duquel chaque acteur trouvait naturellement

sa place. De la conception à la livraison, une multitude

d’intervenants se succédaient ainsi pour produire le support

imprimé, chacun ayant un domaine d’intervention bien

précis. L’imprimerie était alors un métier d’artisans et

d’ouvriers, dans lequel l’informatique n’avait pas sa place.

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Le papier étant alors l’unique support de l’écrit, les clients

étaient forcément en demande : compte-tenu des moyens

de transport et communication de l’époque,

ils consommaient localement tout ce dont ils pouvaient

avoir besoin en matière d’imprimés.

ANNÉES 80 : L’IMPRIMERIE 1.0… OU QUAND LE MAC CHAMBOULE TOUTEn quelques années, la situation s’est modifiée avec l’arrivée

des premiers Macintosh, accompagnés de leur cohorte de

logiciels de mise en page et de retouche photo.

Première conséquence : beaucoup de métiers ont

brutalement disparu, purement et simplement remplacés

par des machines. La photocomposition, par exemple, a été

très durement touchée, malgré la piètre qualité de “compo”

des premiers logiciels informatiques.

Seconde conséquence, de nouveaux métiers ont fait leur

apparition, notamment dans le pré-presse. Les méthodes

comme les organisations se sont adaptées pour imaginer

d’autres façons de procéder et de nouveaux services à

proposer aux clients. A cette époque, il n’était pas rare

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de voir fleurir dans les ours des magazines ou dans les

signatures de certains catalogues le type d’ordinateur

et le nom du logiciel utilisés pour la mise en page. L’outil

informatique faisait alors la fierté de l’imprimeur !

Dernière conséquence, et non des moindres : les clients

eux-mêmes ont commencé à s’équiper. Ordinateur,

imprimantes, photocopieurs, progressivement, les grandes

entreprises et les administrations se sont rendues compte

qu’en internalisant des tâches qu’elles confiaient jusque-là

à leurs imprimeurs, elles pouvaient réaliser des économies

substancielles et gagner en autonomie.

ANNÉES 90 : L’IMPRIMERIE 1.2 L’INTERNET À DOSES HOMÉOPATHIQUESLe mouvement de numérisation des flux d’impression

s’est amplifié dans les années 90, grâce aux progrès

technologiques incroyables réalisés durant cette période.

Logiciels, ordinateurs et périphériques sont devenus de plus

en plus puissants d’année en année, le champ de ce que

l’informatique permettait de faire ne cessant de s’étendre.

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En 1991, Bill Clinton évoque pour la première fois la notion

d’autoroutes de l’information, à un moment où un concept

innovant commence à peine à émerger : le multimedia.

Progressivement, l’ordinateur se mute en station

polyvalente, capable de lire des vidéos ou de faire de la

musique. Le texte entre alors dans une nouvelle dimension

grâce au lien hypertexte qui permet une navigation

dynamique. Au milieu de la décennie, les autoroutes de

l’information se matérialisent sous la forme d’Internet,

réseau mondial d’échange de données. L’engouement est

phénoménal, aussi bien chez le grand public que dans

les entreprises ou les administrations. Beaucoup rêvent

d’un monde sans papier, où tous les supports seraient

entièrement digitalisés pour accélérer les échanges.

Conséquence logique, le papier n’a plus la côte, il devient

has-been. Les clients veulent remplacer leurs catalogues par

des CD-Roms, les administrations rêvent de dématérialiser

tous leurs supports papier. Les managers troquent leurs

cartes de visite pour des données virtuelles qu’ils échangent

via l’interface infrarouge de leur PalmPilot. Les dépenses

marketing sont désormais focalisés sur le digital, le print

étant condamné à la portion congrue.

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Dans l’ensemble, le secteur de l’imprimerie se soucie peu

d’Internet. Au pire, il est purement et simplement snobé,

certains professionnels l’observant avec dédain. Au mieux,

pour surfer sur la vague, certaines imprimeries se créent un

site vitrine, ajoutent un @ ou un cyber-machin à leur slogan

ou étoffent leur catalogue en proposant la conception de

site web. D’une façon générale, Internet n’est considéré que

comme un moyen d’échanger plus facilement des fichiers

avec les clients grâce aux lignes Numeris.

Globalement, le potentiel de ce nouveau média est

incompris et sous-estimé ; seuls quelques pionniers,

considérés alors comme des fous, se disent qu’il y a peut-

être une jonction à trouver entre “web” et “print”…

et qu’il serait même envisageable, un jour, de commander

des imprimés depuis un site web.

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ANNÉES 2000 : L’IMPRIMERIE 2.0 OU LA VAGUE DU WEB-TO-PRINTLe début de la décennie 2000 voit s’amplifier le phénomène

initié précédemment : le papier se banalise et perd tout

attrait, les investissements publicitaires s’orientant

massivement sur le web, l’e-mailing et le multimedia.

L’émergence des analytics1 dans le web conduit les

marketeurs à privilégier les investissements dont ils

peuvent facilement mesurer le ROI2. Le succès d’un imprimé

publicitaire n’étant pas quantifiable, les marketeurs

s’en détournent progressivement. Devenu un produit de

consommation courante, sans différenciateur notable entre

prestataires, l’imprimé fait l’objet d’une guerre des prix

terrible qui causera la perte de nombreuses entreprises à

travers toute l’Europe.

Les acheteurs s’en donnent à cœur-joie : en 2000, c’est

en Espagne qu’ils “outsourcent3” pour obtenir les prix les

plus bas. Cette quête absurde conduira tout au long de

la décennie à délocaliser successivement au Maghreb,

1 Données statistiques sur la fréquentation d’une page web, le taux de clic d’une bannière publicitaire ou le comportement de navigation des visiteurs…

2 Return On Investment : retour sur investissement

3 Outsourcer : anglicisme utilisé pour désigner le fait de délocaliser la fourniture de biens

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en Europe de l’Est ou en Chine. Pour le plus grand

malheur des imprimeurs hexagonaux. En surproduction,

l’imprimerie traditionnelle ne trouve plus de débouchés.

Rien ne différencie plus un imprimeur d’un autre et les

intermédiaires, qu’il s’agisse des agences ou des bureaux de

fabrication, grignotent le peu de marge qui leur reste.

Dans ce contexte de morosité, certains arrivent pourtant à

tirer leur épingle du jeu. Profitant des nouvelles techniques

d’impression, ils proposent des petits tirages, ouvrent

des boutiques sur le web ou proposent à leurs clients des

supports de marketing personnalisés en One-To-One1.

Le web-to-print se démocratise : il devient naturel de

commander via Internet de l’imprimé, qu’il soit personnalisé

ou non. Au point que le nombre de prestataires de ce type

monte en flèche tout au long de la décennie. Ces succès

n’arrivent toutefois pas à juguler le déclin de la filière.

En 10 ans, le secteur de l’imprimerie a ainsi perdu 30 000

emplois en France, et ce sont plus de 3 000 imprimeries qui

ont fermé leurs portes durant cette même période2.

1 One-To-One : procédé marketing consistant à délivrer un message unique à chaque destinataire, par opposition au marketing de masse qui diffuse le même message à une population entière

2 Etude de la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie du Nord Pas de Calais - Source : ASSEDIC 31/12/2008 Périmètre : 1811Z; 1812Z; 1813Z; 1814Z

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2012 : UN SECTEUR INDUSTRIEL DANS LA TOURMENTE

En 2012, le secteur de l’imprimerie est K.O debout. Attaqué

de toutes parts, il résiste tant bien que mal, mais tous les

acteurs de la filière s’interrogent sur l’avenir de la profession.

L’horizon est bien sombre et les menaces se multiplient.

UN MÉTIER AU CŒUR D’UNE MUTATION TECHNOLOGIQUEEn prenant du recul, on se rend compte que la crise

que traverse l’imprimé est similaire à celle qu’ont pu

connaître d’autres secteurs d’activité auparavant.

Je pense notamment à l’industrie de la photographie, que

le numérique a totalement bouleversé : en 1999, il était

normal d’aller chez le photographe du coin pour développer

ses photos. Une décennie plus tard, les photographies

sont prises désormais depuis un téléphone portable ou

une console de jeu portatives et les tirages sont réalisés

sur l’imprimante familiale. Quand les photos ne sont pas

instantanément partagées sur les réseaux sociaux ou

visualisées sur un cadre photo LCD.

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La photographie s’est dématérialisée, cette mutation

entraînant la chute brutale d’opérateurs historiques. Elle a

parallèlement favorisé l’émergence de nouveaux modes de

consommation et donc, de nouveaux acteurs.

Il se déroule exactement la même chose dans l’imprimerie :

l’écrit se dématérialise, il peut se diffuser de mille manières

différentes. Cela ne signifie pas nécessairement la mort

de l’imprimé. Mais celui-ci perd en importance, devenant

un support de diffusion de l’écrit parmi tant d’autres.

Si l’usage de l’imprimé s’avère pertinent dans un contexte

et à un instant précis, les donneurs d’ordre continueront

de l’exploiter. Sinon, ils lui préfèreront des canaux de

communication mieux adaptés. C’est aussi simple. Tout est

désormais affaire de cible et de contexte.

L’analogie avec la photographie se confirme là aussi :

le tirage photo sur papier n’a pas disparu. Il s’est réduit, la

majorité des visuels étant désormais consultée sur écran.

Les clients n’impriment que les clichés qui le méritent. Et ils

sont prêts à débourser pour cela des sommes importantes,

afin de disposer d’un beau livre-photo, d’un tirage grand

format ou d’un objet-cadeau personnalisé.

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UNE OFFRE UNIFORME, SANS DIFFÉRENCIATEUR NOTABLELe papier est comme le lait : brut, il n’y a aucune différence

visible entre deux marques. Le client privilégie tel ou tel

fournisseur en fonction de ses habitudes de consommation,

du prix ou du packaging.

L’imprimerie en est aujourd’hui au stade du lait vendu en

pichets transparents. Même avec les meilleurs arguments,

seule compte l’étiquette du prix. Un verre de lait reste

un verre de lait. Dans ce contexte, difficile de lutter

très longtemps sur ce seul argument, surtout lorsque

l’imprimeur n’a que rarement la possibilité d’argumenter

auprès du client final.

Certains réussissent pourtant à déplacer le champ de

bataille : en jouant sur l’offre de services plutôt que sur le

produit, ils positionnent le débat à un autre niveau que leurs

concurrents, échappant ainsi à l’analyse purement tarifaire.

Mais ce positionnement reste encore marginal.

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UNE GUERRE DES PRIX FRATRICIDE QUI LAISSE LES ACTEURS EXSANGUESEn l’absence de différenciateur, les acheteurs ont eu les

coudées franches pour faire jouer la concurrence au cours

de la dernière décennie. D’autant que des intermédiaires

toujours plus nombreux ont favorisé cette guerre des

prix, réduisant l’imprimé à une simple fourniture.

Parmi les imprimeurs qui sont entrés dans cette spirale

infernale, beaucoup ont dû déposer le bilan. Difficile de

lutter uniquement sur des tarifs lorsque la concurrence

vient désormais de pays du Maghreb ou d’Europe de

l’Est où la main d‘œuvre est bradée et où les contraintes

environnementales sont encore trop souvent négligées.

Cette guerre des tarifs a eu un autre effet pervers : elle a fait

perdre la notion du prix “juste”, et cela sur l’ensemble de la

filière graphique. Les clients ne connaissent plus la valeur

ni d’un imprimé de qualité, ni d’une belle création, ni d’un

logo, ni d’une photographie réalisée par un professionnel.

Quel paradoxe… à une époque où l’on communique à

tout va, plus personne n’accepte de payer les moyens de

communication à leur véritable valeur.

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DES BANQUES FRILEUSES QUI METTENT À MAL LES INVESTISSEMENTSA un moment charnière où les imprimeurs pour survivre

devraient se doter de nouvelles presses numériques

ou de services de web-to-print, les banques rechignent

à leur accorder des prêts. Effrayées par la crise que

traverse le secteur, elles hésitent à financer de nouveaux

investissements, le risque semblant trop élevé. Privés

d’outils qui leur permettraient de renouveller leur modèle

économique, les imprimeurs en sont souvent réduits

à continuer à se battre sur des prix de fabrication en

utilisant un matériel inadapté aux nouveaux enjeux de la

communication moderne.

Un manque d’oxygène qui s’avère fatal pour beaucoup

d’imprimeurs aujourd’hui…

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À L’AUBE DE L’IMPRIMERIE 3.0Le tableau que je dépeins est particulièrement noir, je le

reconnais. Mais malgré la morosité ambiante et malgré tous

les voyants au rouge, il reste encore des raisons d’espérer.

DES PERSPECTIVES DE CROISSANCE IMPRESSIONNANTES POUR LE WEB-TO-PRINTDans un contexte globalement anxiogène, il est un domaine

d’activité dont le succès ne se dément pas : celui du web-to-

print. Plusieurs études confirment une croissance soutenue

dans les années à venir, la dernière en date1 évaluant le

marché mondial du web-to-print à 869 millions de dollars

en 2017, avec une croissance moyenne de 15% par an.

Bien qu’il s’agisse ici de la partie édition logicielle, cette

dynamique prouve que l’imprimé généré et commandé à

partir du web va connaître une croissance continue dans

les années à venir. D’autant que de nouveaux usages font

leur apparition à la faveur d’évolutions technologiques :

sur iTunes ou Google Play, de plus en plus d’applications

pour smartphones permettent de générer de l’imprimé

1 Companies and Markets : Web-to-Print market growth to be driven by Asia-Pacific

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à la demande. Pour l’instant limité à l’envoi de cartes

postales personnalisées, le mobile-to-print va connaître

un développement considérable dans un futur proche.

Il est évident que ces usages vont envahir le domaine de

l’entreprise, car il y a forcément des applications à y trouver.

NOUVEAUX ACTEURS ET NOUVEAUX MODÈLESEn Europe comme aux Etats-Unis, de nouveaux acteurs

innovent en inventant de nouveaux modèles économiques.

Certains sont basés sur du commerce électronique et de la

personnalisation en ligne, d’autres au contraire jouent la

carte de l’hyper-spécialisation.

Tous ont en commun d’avoir réussi à bâtir une marque

et à la faire vivre grâce notamment aux réseaux sociaux.

Une démarche innovante dans l’imprimerie qui les a fait

sortir de l’ombre pour aller au-devant de leurs clientèle. En

s’affranchissant des intermédiaires.

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DES INVESTISSEMENTS AUDACIEUX MALGRÉ LA CRISEMalgré la frilosité des banques, beaucoup d’imprimeurs

résistent. Et comme l’industriel a la culture de

l’investissement, ces entrepreneurs se dotent

d’équipements innovants qui leur ouvrent de nouvelles

perspectives et de nouveaux marchés. Personnalisation,

finition, très petites séries, grand format, systèmes de

commande en ligne, automatisation du pré-presse…

l’imagination des constructeurs n’a pas de limite comme

en témoignent les derniers salons professionnels.

Aux imprimeurs audacieux d’imaginer “la vie qui va avec”

en trouvant les bénéfices qu’ils peuvent retirer de ces

innovations technologiques.

LE “DO IT YOURSELF1” EN PLEINE CRISE DE CONFIANCELe web-to-print est une tendance majeure dans l’imprimerie.

Il suffisait de parcourir les allées de la dernière Drupa pour

s’en convaincre. L’une des facettes du web-to-print repose

1 “Do It Yourself” : littéralement, “Fais-le toi-même”. Principe suivant lequel un consommateur réalise lui-même une opération normalement dévolue à un professionnel. Par exemple, dans l’imprimerie, certains systèmes web-to-print permettent aux clients finaux de réaliser eux-même la mise en page de leurs documents sans faire appel à un graphiste

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sur la possibilité de personnaliser en ligne des modèles

pré-définis. Cela s’appelle du “templated1 web-to-print”.

A la faveur des premiers systèmes de ce type, beaucoup de

particuliers mais aussi d’entreprises se sont dits qu’il était

désormais possible de se passer d’un graphiste.

Cela paraissait tellement facile.

Quiconque a pratiqué la PAO sait à quel point il est difficile

de mettre au point un document qui réponde aux attentes

précises d’un client. Si cela n’est pas très compliqué à

réaliser pour des supports très simples, tels qu’une carte

de visite, un flyer ou une affiche, c’est une autre paire de

manches dès qu’il s’agit de documents plus long, surtout si

plusieurs personnes y collaborent.

En la matière, beaucoup de grandes entreprises ont fait

machine arrière. Elles conservent leurs plateformes de

web-to-print pour gérer plus facilement les supports

basiques, tels que la papeterie institutionnelle ou les

supports commerciaux très chartés. Ces outils déchargent

efficacement les services PAO de tâches répétitives,

1 Le terme “template” désigne en anglais un modèle de document

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et procurent un sentiment réel de liberté aux utilisateurs.

Tout en garantissant un meilleur respect de l’identité

visuelle de la marque.

Toutefois, dès qu’il s’agit de supports plus conséquents, avec

des mises en page sophistiquées et des échanges fréquents,

ces entreprises n’utilisent plus de plateformes de web-to-

print. Elles font de nouveau appel à des professionnels des

arts graphiques auxquels elles délèguent l’intégralité de la

mise en page. En effet, les responsables marketing se sont

rendus compte que faire soi-même des supports de ce type

sur une plateforme web-to-print leur prenait énormément

de temps, pour un résultat souvent très décevant. Dans ce

cas de figure, des outils de collaboration et de validation en

ligne sont bien évidemment utilisés pour faciliter la relation

agence-annonceur, mais ce qui est important, c’est que le

client ne souhaite plus à tout prix tout faire lui-même.

À chacun son métier en somme…

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DES PURE-PLAYERS1 QUI ATTEIGNENT LES LIMITES DE LEURS MODÈLESTout au long de la décennie qui s’est écoulée, les startups

du web ont regardé avec dédain les imprimeurs, en leur

expliquant que le marché avait évolué et que désormais,

tout se passait sur Internet. Ces pure-players avaient réussi

à convaincre tout le monde qu’ils étaient indispensables au

marché, notamment aux imprimeurs “traditionnels”.

Arrivé en 2012, le constat commence à se nuancer.

Tous les acteurs qui se sont focalisés uniquement sur la

couche web ou eCommerce d’un service web-to-print en

arrivent tôt ou tard à la même conclusion : pour décupler

leur performance commerciale en garantissant un process

de commande homogène, ils doivent impérativement

maîtriser l’ensemble de la chaîne. Imprimerie et logistique

compris. Et d’une manière ou d’une autre, disposer d’une

entité physique : le consommateur a besoin de “rassurance”

aujourd’hui, et le fait de disposer d’un site de production

– si possible le plus proche de lui – constitue un élément

essentiel à ce niveau. C’est vrai dans beaucoup de domaines

1 Pure-player : entreprise dont l’activité s’exerce uniquement sur Internet

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du e-Commerce, comme dans l’imprimerie : pour les travaux

délicats, rien ne vaut la présence du client au calage.

Mais on ne s’invente pas imprimeur du jour au lendemain.

Les pure-players web – qui n’étaient pour la plupart que

des donneurs d’ordre – se sont arrachés les cheveux

sur des problématiques de qualité d’impression ou de

logistique. Et lorsqu’ils envisagent d’acheter l’équipement

nécessaire à leur autonomie, ils se rendent compte de

l’ampleur des investissements et de la complexité qu’il

y a à devenir “fabricant”. Par ailleurs, lorsque le modèle

est exclusivement tourné vers la vente en ligne, il est très

difficile de passer du jour au lendemain à une distribution

mixte combinant vente à distance et en “magasin”.

La situation est différente pour un imprimeur : pour lui qui

est habitué à investir tous les 5 ou 10 ans dans une presse

de plusieurs centaines de milliers d’euros, le prix d’un site

eCommerce ou d’une application de web-to-print semble

dérisoire. Et comme il dispose déjà d’une imprimerie

et donc, d’un magasin physique, se créer une vitrine

électronique n’a rien de compliqué. La marche à franchir

pour qu’un imprimeur devienne e-Imprimeur est très faible.

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A contrario, devenir “imprimeur-producteur” lorsque l’on

n’est que donneur d’ordre, cela relève de l’exploit…

WEB-TO-PRINT, EPRINTING, MOBILE-TO-PRINT… IL N’EST PAS TROP TARD !Dans le métier, les concepts de web-to-print et d’ePrinting

sont évoqués depuis des années au point d’être devenus

ordinaires aujourd’hui. Depuis le début des années 2000,

la presse professionnelle regorge ainsi d’articles consacrés

à ces tendances et les exemples d’usages ne manquent pas.

Ces notions sont tellement banalisées que bon nombre

d’imprimeurs ont le sentiment d’être à la traîne, voire d’avoir

définitivement loupé le coche. Rassurez-vous, il n’est pas

trop tard. Il est même encore temps.

Il faut en avoir conscience : le marché arrive à peine à

maturité, les clients commencent tout juste à prendre

conscience de leurs nouveaux besoins… Il y a un décalage

phénoménal entre les avancées technologiques, les discours

théoriques… et les attentes réelles des clients.

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Il est donc encore temps de se lancer dans l’aventure :

les technologies sont (enfin) rodées, les exemples à suivre

comme ceux à éviter sont clairement identifiés, il est

donc encore possible de trouver sa voie. De surcroît, il y a

toujours la possibilité d’innover et d’inventer de nouveaux

services, en particulier dans le domaine si dynamique des

applications pour smartphones et tablettes.

Les États-Unis étant en avance dans ce domaine, il y a là-

bas une multitude de concepts qui n’attendent qu’une seule

chose : être adaptés à la “sauce” française !

Tout n’est donc pas joué, loin de là.

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PRINT : OÙ EN SONT LES CLIENTS ?

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LE PRIX, OUI. MAIS PLUS À N’IMPORTE QUEL PRIX.

LOW-COST VS. QUALITÉJ’ai la conviction profonde que le low-cost est un concept

dépassé, même s’il est encore largement en vigueur dans

bien des domaines. Tout le monde se rend compte que

casser les prix, cela finit par se payer à un moment donné.

En matière d’imprimerie, nous sommes encore dans cette

phase où les acheteurs recherchent avant tout le prix

le plus bas. Mais j’ai le sentiment que les consommateurs

(directions marketing, services de communication ou

directions générales) se rendent compte petit à petit que

cette quête du prix bas a une incidence sur la qualité de

leurs travaux. Cela finit par rejaillir sur l’image de marque

de la société, et ça, les clients n’en veulent plus. La gestion

de la marque étant désormais un enjeu stratégique, tout ce

qui peut lui nuire est traqué. Dans le marketing, un nombre

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croissant de clients cherche à utiliser les supports papier

comme instrument de prestige. Ils produisent moins en

quantité, mais recherchent une meilleure qualité, quitte à en

payer le prix.

ON SE DIFFÉRENCIE PAR LA CRÉATIVITÉ. PAS PAR LE PRIX D’ACHAT.Le papier commence à retrouver ses lettres de noblesse.

Dans un monde où l’infobésité gagne, où nos smartphones

sonnent toutes les minutes pour nous annoncer des

actualités ou nous présenter des informations, le papier

pose le débat et donne du recul. Les professionnels du

marketing commencent à le comprendre et redécouvrent le

papier comme instrument de communication prestigieux,

luxueux et créatif. J’ai surpris plusieurs directeurs artistiques

s’émouvoir devant des nuanciers de papier de création,

redécouvrant le plaisir réel que peut procurer l’objet papier.

Les clients sont en demande pour des propositions créatives

de ce type, où le papier devient un support vivant et ludique.

Page 30: Où va l'imprimerie ?

34

PRENDRE EN COMPTE LES ENJEUX SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUXLa quête du prix le plus bas présente deux inconvénients

de taille : elle nécessite d’aller chercher des produits de plus

en plus loin, dans des pays beaucoup moins regardant en

matière de protection de l’environnement et de respect des

droits des travailleurs.

Si ces deux aspects étaient quelque peu négligés une

décennie en arrière, ils sont aujourd’hui au cœur des

préoccupations des entreprises. Soit par souci sincère, soit

par crainte pour leur image de marque, les acheteurs sont

désormais sensibilisés à ces aspects et exigent de leurs

fournisseurs qu’ils respectent les normes internationales en

la matière, normes qui sont souvent incompatibles avec le

modèle low-cost.

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MARKETING : LA FIN DU “TAPIS DE BOMBE”

Pendant des décennies, le marketing a consisté à délivrer un

message unique au plus grand nombre possible.

Ce fut l’heure de gloire des médias de masse.

Aujourd’hui, les choses changent : il faut cibler,

personnaliser, contextualiser…

LE MARKETING ENTAME SA MUTATIONLes financiers ont eu l’ERP1 dans les années 90.

Les commerciaux, le CRM2 dans les années 2000.

Aujourd’hui, c’est au tour des marketeurs d’exiger un logiciel

“métier” capable de leur faciliter la tâche au quotidien. MRM,

MAM, EMM3… de nouveaux outils apparaissent, et avec eux,

les modes d’organisation des services marketing évoluent.

1 ERP : Entreprise Resource Planning - logiciel de gestion intégrée de l’ensemble des ressources de l’entreprise, utilisé en particulier pour optimiser la production et la gestion de l’entreprise

2 CRM : Customer Relationship Management - logiciel de gestion de la relation client, pierre angulaire du suivi commercial et de la prospection.

3 MRM : Marketing Resource Management, gestion des resources marketing - MAM : Marketing Asset Management, gestion du patrimoine marketing - EMM : Entreprise Marketing Management : gestion du marketing de l’entreprise

Page 32: Où va l'imprimerie ?

36

D’un marketing en silos1 ils passent aujourd’hui

massivement à la Communication Marketing intégrée

(CMI). Cette logique propose d’aborder le client dans

son ensemble, afin de bâtir des stratégies transversales

qui font voler en éclat les barrières liées aux canaux de

diffusion. Parallèlement, suivant la tendance en vigueur

dans l’industrie logicielle, le marketing devient agile…

Les organisations s’allègent pour être plus souples, plus

réactives et surtout, mieux adaptées aux nouveaux canaux

de diffusion.

Nous n’en sommes aujourd’hui qu’au début de cette

transition : elle commence par toucher les services

marketing des entreprises du CAC 40. Mais elle atteindra

rapidement toutes les entreprises, même les PME, comme

ce fut le cas pour les ERP ou la CRM. Au-delà des outils et

des modes d’organisation, cette révolution silencieuse

va profondément bouleverser les besoins, les attentes et

les relations avec les fournisseurs… bref c’est tout l’éco-

système du marketing qui est en train de se réorganiser.

1 Organisation verticale des services marketing dans laquelle à chaque canal de diffusion correspondait un département. Par exemple un pour le web, un pour la publicité TV, un autre pour les publications papier… Ce mode d’organisation caractérisé par un cloisonnement et un manque de communication entre les départements est aujourd’hui totalement dépassé

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CIBLER, PERSONNALISER, CONTEXTUALISERProduire un unique catalogue à des centaines de milliers

d’exemplaires n’intéresse plus personne. Et ne fait plus

rêver grand’monde. Ça n’est pas très efficace, ça pollue et le

retour sur investissement est difficile à mesurer.

Aujourd’hui, les marketeurs rêvent de ciblage

comportemental, ils veulent pouvoir exploiter toutes les

données dont ils disposent pour atteindre des populations

précises, définir des typologies d’utilisateurs… “targeter”

comme ils disent. L’objectif poursuivi est de produire des

campagnes très ciblées, tant au niveau du message que

du contexte ou du canal utilisé. En résumé, une fois qu’il a

défini la cible à atteindre, le marketeur veut l’atteindre avec

le message le plus pertinent et en utilisant le canal le mieux

approprié, pour un coût aussi minime que possible.

En back-office, cette approche sous-entend une capacité

accrue à mesurer la performance de chaque campagne.

Dans une époque où tout doit pouvoir se mesurer,

les marketeurs doivent pouvoir évaluer leur retour sur

investissement, le fameux ROMI1. Les statistiques de

1 ROMI : Return On Marketing Investment - Retour sur l’investissement marketing

Page 34: Où va l'imprimerie ?

38

performance servent en premier lieu à optimiser chaque

campagne en agissant sur tel ou tel levier ; mais elles servent

également – et il ne faut jamais le perdre de vue – aux

marketeurs eux-mêmes à justifier leur action…

PRODUIRE MOINS, MAIS PRODUIRE MIEUXDans ce contexte où les marketeurs ciblent et

personnalisent, et où les budgets d’ensemble diminuent,

la tendance générale consiste à produire moins en quantité,

mais à mieux cibler. Pour faire un parallèle guerrier

– vous m’en excuserez – on a ainsi remplacé des nuées

de bombardiers lourds par un seul avion furtif capable

d’atteindre sa cible avec un unique missile guidé par laser.

Dans le domaine du papier, ce phénomène se ressent

fortement depuis plusieurs années déjà : les tirages

diminuent car les clients les fragmentent pour optimiser

leur consommation annuelle. Ils ne veulent plus stocker,

ils préfèrent réaliser des tirages courts qu’ils seront certains

de consommer ; et ils ne procèdent à des retirages que

lorsque c’est strictement nécessaire. L’époque où les

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imprimés marketing étaient tirés pour l’année à venir et où

le surplus était mis à la benne lors de chaque inventaire est

bel et bien révolue.

Dans un autre domaine plus réglementaire cette fois-ci,

de nouvelles taxes sur le tonnage de papier consommé

imposent aux clients de gérer finement leur consommation

de papier, ce qui n’est pas sans conséquence sur les

comportements d’achat.

GÉNÉRATION Y : DES INTERLOCUTEURS D’UN TYPE NOUVEAU QU’IL FAUT APPRIVOISER Le marketing évolue, la communication aussi… et de fait,

de nouveaux métiers font leur apparition. Pour exploiter

la masse de données disponible, les marketeurs recrutent

des spécialistes des statistiques et du data-mining.

La profession devient de plus en plus “techno”. L’éclosion

des réseaux sociaux a fait naître de nouveaux profils.

Du coup, la typologie des interlocuteurs change : des vieux

“moustachus” des arts graphiques, on est passé aujourd’hui

à une génération branchée web, dont les codes ne sont pas

les mêmes que ceux de ses prédécesseurs.

Page 36: Où va l'imprimerie ?

40

Les fournisseurs – imprimeurs en tête – doivent prendre en

considération ce changement, et ne surtout pas le sous-

estimer au risque d’être en décalage avec leur clientèle.

Les interlocuteurs des clients doivent parler le même

langage qu’eux, pratiquer les mêmes codes et être capable

de moduler leur discours. Si parmi vos clients et prospects

vous notez une proportion grandissante d’interlocuteurs

issus de la Génération Y1, vous devez réagir de façon à

ce que vos commerciaux, graphistes et fabricants soient

“compatibles” avec eux : discours, culture, outils, modes

d’échanges, attitude… votre entreprise doit également

évoluer à ce niveau. Le print n’étant clairement pas le

support de prédilection des Digital Native, il faut adapter

les argumentaires et se rendre compatible avec ses

interlocuteurs pour les convaincre de la modernité de son

imprimerie. Ce conseil n’est pas une règle absolue… mais j’ai

pu constater à quels points certains clients de cette fameuse

génération Y appréciaient de pouvoir dialoguer avec un

fournisseur par tchat (gTalk ou Skype) ou par Twitter, plutôt

que d’appeler un numéro vert. Affaire de génération…

1 La Génération Y regroupe les individus nés entre 1980 et 2000 et dont l’une des caractéristiques est d’être la première génération de Digital Native, comprenez des enfants qui sont nés après l’ordinateur personnel ; et qui ont donc grandi au milieu d’écrans, de réseaux et de jeux vidéos.

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MAÎTRISER SA MARQUE

QUAND LA MARQUE EST MENACÉE PAR SES PROPRES UTILISATEURSL’époque où, pour réaliser une carte de visite, un commercial

devait adresser une demande écrite à son siège appartient

au passé. Aujourd’hui, quasiment n’importe qui est capable

de se “bidouiller” un fichier sur son ordinateur portable

en utilisant un traitement de texte ou un logiciel de

présentation.

Ce qui apparaît comme une liberté pour les uns constitue

en réalité un danger majeur pour les marques. À partir du

moment où n’importe qui – salarié, revendeur, affilié ou

simple quidam – peut s’approprier un logo et en faire ce qu’il

en veut, la marque n’est plus maîtrisée…

Dès lors, à quoi bon s’échiner à rédiger des chartes

graphiques quand les interlocuteurs n’en comprennent pas

le moindre mot ?

Page 38: Où va l'imprimerie ?

42

FAIT NOUVEAU, LA MARQUE EST DIFFUSÉE PAR DES PERSONNES ÉTRANGÈRES À L’ENTREPRISEHistoriquement, la marque était l’apanage du service

marketing de l’entreprise propriétaire, qui décidait seul

des canaux sur lesquels elle serait présente. Point barre.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux bousculent tout : n’importe

qui peut diffuser la marque n’importe où.

Et n’importe comment.

Pinterest, Twitter, Facebook, Google+… la marque échappe

à ses propriétaires. Les internautes, clients, aficionados,

détracteurs ou concurrents, occupent le terrain de jeu

et font globalement ce qu’ils veulent. Difficile dans ce

contexte de maîtriser l’image de la marque et d’imposer

une homogénéité. Mais c’est pourtant un enjeu crucial,

car malgré l’apparition récente de comptes “officiels”,

le prospect n’est pas toujours en mesure de faire la

différence entre une page de “fan” et celle, officielle, de

l’entreprise propriétaire de la marque.

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Un exemple de détournement de marque devenu célèbre : en 2011, le SIRPA-Air s’est rendu compte de l’existence d’une page Facebook au nom de l’Armée de l’Air créée et animée par un fan. Pour les utilisateurs, il ne faisait aucun doute que cette page était

la page officielle de l’Armée de l’Air française.

Source : Observatoire des Medias http://www.observatoiredesmedias.com/2011/03/30/%C2%AB-armee-de-

l%E2%80%99air-%C2%BB-ou-l%E2%80%99histoire-dune-vraie-fausse-page-facebook/

BRAND MANAGEMENT ET BRAND CONSISTENCY, ENJEUX-CLÉS DU MARKETING MODERNEAujourd’hui, la gestion de la marque – Brand Management

en anglais – devient la problématique n°1 des directions

marketing. L’entreprise doit et veut se réapproprier

sa marque. C’est un enjeu d’une telle importance que

beaucoup d’analystes notent que le Brand Management

Page 40: Où va l'imprimerie ?

44

remonte rapidement dans les organigrammes hiérarchiques

vers la Direction Générale. Concrètement, la gestion de

l’intégrité de la marque1 se traduit de plusieurs façons :

contrôler l’utilisation de la marque pour pouvoir réagir

efficacement et sans délai ;

maîtriser l’usage des supports marketing ;

s’assurer du respect des règles ;

donner de la liberté aux utilisateurs tout en renforçant

le contrôle de leurs actions ;

automatiser les processus de déclinaisons pour pro-

duire davantage de supports à budget constant, afin

notamment de mieux occuper le terrain ;

réinvestir certains champs de bataille laissés vacants.

Pour cela, il faut de nouveaux outils aux directions

marketing ; et l’on retrouve à ce niveau les problématiques

évoquées plus haut. Pour imposer le respect des règles,

certains choisissent la voie classique de la charte graphique

et de la contrainte, voire de la menace juridique… en vain.

1 Intégrité de la marque : “Brand Consistency” en anglais

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D’autres se disent qu’il est plus pertinent de fournir un outil

de Marketing On Demand1 : les utilisateurs choisissent parmi

les modèles validés par le siège celui qui leur convient. Ils

le personnalisent et commandent l’impression, sous l’œil

vigilant du siège social.

Ce type d’outil est particulièrement efficace : il résoud bon

nombre de problématiques et il améliore la maîtrise de la

marque tout en déchargeant la direction marketing d’un

certain nombre de procédures fastidieuses. Et du côté de

l’utilisateur, celui-ci a le sentiment de gagner en autonomie

et en réactivité.

SÉCURISER LA MARQUE PARTOUT OÙ ELLE S’AFFICHEJe l’évoquais précédemment, les réseaux sociaux et les

plateformes communautaires sont deux menaces majeures

pour une marque. Comment détecter une vidéo mise en

ligne par des détracteurs sur YouTube ? Comment voir passer

le tweet assassin, et surtout, quelle réponse y apporter ?

1 Marketing à la demande : plateformes logicielles en libre-service permettant aux utilisateurs de générer eux-même leurs outils de communication

Page 42: Où va l'imprimerie ?

46

Print, web, mobile, Facebook, Twitter, Pinterest, YouTube…

les marques doivent être omniprésentes et les marketeurs

omnipotents. Mais il y a des limites à leurs capacités,

ne serait-ce qu’en temps disponible.

À nouveau, ils manquent des outils adaptés, capables de

traiter en temps réel le volume de données disponibles pour

alerter instantanément les utilisateurs sur un problème

potentiel. Des outils de veille, mais aussi de conception, de

réponse et de propagation, qui faciliteraient la surveillance

et la cohérence de la marque.

DES BUDGETS MARKETING EN BERNELes marketeurs font aujourd’hui le grand écart : d’un côté,

la Direction Générale attend d’eux qu’ils contrôlent toujours

mieux la façon dont est utilisée la marque et qu’ils soient

capables d’analyser finement la masse de données1 qui est à

leur disposition. De l’autre, leurs budgets sont réduits et les

embauches gelées.

1 L’’ensemble des données disponibles est désigné sous le concept de “Big Data”

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Ce n’est pas sans conséquence sur les équipements ni sur les

modes d’organisation. Au fil de mes rencontres, j’ai pu me

rendre compte que si beaucoup de marketeurs avaient une

vision claire des outils et des processes à mettre en œuvre

pour améliorer leur Brand Management, ils n’en avaient

tout simplement pas les moyens. Ils sont dans la situation

d’un officier en première ligne qui reçoit l’ordre d’attaquer…

mais qui ne dispose ni de carburant, ni de munitions, ni de

suffisamment d’hommes.

Les marketeurs font quotidiennement de la gestion de

projet et de l’intelligence économique, mais ils n’ont pas

les instruments adéquats. Si un fournisseur est capable

de doter cette clientèle d’outils performants, il disposera

immédiatement d’un levier de conquête majeur. Surtout

si le pack logiciel fait partie d’une prestation globale, dans

laquelle la fourniture de papier imprimé ne constituerait

plus qu’un sous-ensemble… et serait noyée dans la masse.

Page 44: Où va l'imprimerie ?

48

LE BRAND MANAGEMENT, UNE OPPORTUNITÉ POUR LES IMPRIMEURSLa gestion de la marque peut sembler très éloignée du

métier de l’imprimeur… et pourtant, elle constitue un

moyen intéressant de redéfinir sa relation avec le client.

Si les grandes entreprises se dotent des moyens nécessaires

pour opérer un Brand Management efficace, les PME

petites comme grandes sont livrées à elles-mêmes. Elles en

ressentent le besoin, mais ne savent ni par où commencer, ni

comment s’y prendre.

Délégation de community management, veille, conseil en

gestion de la marque… autant de prestations innovantes

que l’imprimeur moderne pourrait proposer à ses clients.

Et pour lesquelles il dispose d’une légitimité réelle, basée sur

des décennies d’expériences en la matière.

À condition d’être crédible en la matière : charité bien

ordonnée commençant par soi-même, si vous décidez

d’emprunter cette voie, vous devez devenir un “cador”

en la matière.

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L’IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ DE SERVIR EFFICACEMENT LES CLIENTS DE SA MARQUEEn quelques années, les marketeurs sont passés d’un

rôle de concepteurs-visionnaires à celui de fournisseur de

service. Certes, ils continuent bien évidemment à concevoir,

imaginer et donner de la vision à leur direction générale.

Mais une part non-négligeable de leur temps est consacrée

à servir les clients de leur marque. Leurs propres clients en

somme…

Qui sont-ils ces clients ? Bien évidemment, le client final

est le premier qui vienne à l’esprit. Pour un constructeur

automobile, ce sera donc le possesseur de la voiture. Mais

il y a tout un tas d’autres clients : en interne, les forces de

vente, les réparateurs, les standardistes et hot-liners…

toutes celles et ceux qui peuvent potentiellement entrer

en contact avec le client final constituent autant de clients

internes de la marque, et donc du marketing. En externe,

les entreprises autonomes affiliées à un réseau constituent

une autre typologie de clientèle : toujours dans l’exemple du

Page 46: Où va l'imprimerie ?

50

constructeur automobile, les garages indépendants affiliés à

la marque sont des clients intermédiaires qu’il faut choyer.

DÉLIVRER LE BON MESSAGE AU BON MOMENT ET À LA BONNE CIBLEOn y revient toujours, mais la problématique centrale des

services marketing aujourd’hui réside dans leur capacité à

adresser la bonne cible avec le bon message et dans le bon

timing.

Les directions marketing doivent apprendre à connaître

parfaitement leurs différentes typologies de clientèle,

à les segmenter et à les classifier. Elles doivent ensuite

définir quels canaux de communication sont les mieux

adaptés à chacune d’elles, en fonction de leurs habitudes de

consommation.

En dernier lieu, les directions marketing doivent mettre

en œuvre des campagnes destinées à délivrer un message

adapté, avec une information facile à comprendre et à

utiliser.

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PRENDRE EN COMPTE LE Z.M.O.TInternet constitue aujourd’hui un passage obligé dans le

processus d’achat, qu’il s’agisse de produits grand public

(B2C) ou professionnels (B2B). Il ne s’agit pas nécessairement

de commander en ligne : Internet est majoritairement utilisé

pour se renseigner sur un produit, pour connaître les prix ou

pour obtenir l’avis de consommateurs.

Cette démarche porte le nom de ZMOT, pour “Zero Moment

Of Truth”. Ce terme bizarroïde est dérivé d’un concept connu

depuis des années dans le marketing, le FMOT pour “First

Moment Of Truth”.

Inventé par Procter & Gamble, le “premier moment de

vérité” (FMOT) désigne ce laps de temps très court au

cours duquel un client prend sa décision d’achat : dans les

rayons d’un hypermarché, il s’agira du temps nécessaire

à un consommateur pour choisir telle ou telle marque

de détergent. Le “second moment de vérité” (SMOT) va se

dérouler lors de la première utilisation d’un produit à la

maison, dans un autre contexte que celui de l’achat.

Page 48: Où va l'imprimerie ?

52

A l’époque où furent imaginés ces concepts, l’objectif de

marques telles que Procter & Gamble étaient 1) que le

client choisisse en priorité leur produit au moment de

l’achat 2) qu’il soit totalement satisfait du produit lors

de sa première utilisation. Packaging, pub TV, avis de

consommateur, publi-reportage… tout était bon pour que le

FMOT et le SMOT se déroulent à la perfection.

Google1 a conceptualisé le ZMOT : en effet, aujourd’hui,

avant d’acheter un produit, une grande majorité de

consommateurs commence par se renseigner sur Internet2.

Avis de consommateurs, analyses, essais… le web est un

formidable banc d’essai, que l’achat se fasse sur un site de

eCommerce ou dans le magasin au coin de la rue.

S’ils doivent s’occuper de leurs clients, les marketeurs ne

doivent pour autant pas négliger leurs prospects : cela passe

donc aujourd’hui par une analyse précise et un contrôle

de tout ce qui peut se dire au sujet de la marque et de

ses produits. Gestion des influenceurs, suivi des avis de

consommateurs, mise en scène des produits, réponse aux

1 Voir notamment le site que Google consacre à ce sujet : www.zeromomentoftruth.com

2 Cette démarche est désignée par l’acronyme RoPo : Research Online, Purchase Offline, littéralement “Se renseigner en ligne, acheter en magasin”

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critiques… cet aspect du marketing se professionnalise et là

encore, il exige des outils d’automatisation pour démultiplier

la capacité d’anticipation et de réaction des marques.

GÉRER LE PATRIMOINE NUMÉRIQUE DE LA MARQUEAvant, c’était simple, il y avait LA photothèque : ce gros

dossier accessible depuis l’intranet, sur lequel n’importe

quel salarié pouvait trouver des logos et des photos dans

des formats adaptés soit à l’imprimerie, soit au web, soit à

la bureautique. Aujourd’hui, les données explosent : il faut

toujours gérer des logos et des photos, auxquels s’ajoutent

désormais des vidéos, des diaporamas, des animations 3D,

de l’audio…

Et il n’est plus question de gérer les déclinaisons à la

main : à l’heure des tablettes et des applications pour

smartphones, le contenu doit s’optimiser automatiquement

au support de diffusion utilisé.

Page 50: Où va l'imprimerie ?

54

C’est l’avènement du Digital Asset Management1.

Des logiciels ou des services web dans lesquels sont stockés

tous les supports numériques de la marque, et dans lesquels

les employés vont pouvoir aller piocher en fonction de leurs

besoins et de leurs prérogatives. Mais le D.A.M. s’ouvre

au-delà des frontières de l’entreprise : les fournisseurs et

partenaires de l’entreprise peuvent désormais y accéder,

voire y déposer des contenus. Les services informatiques,

les applications mobiles, les sites web, tous peuvent se

connecter directement au D.A.M. pour récupérer des

contenus au format optimisé via des interfaces API.

Le D.A.M. devient ainsi un outil crucial dans les services

marketing : d’un côté, il leur fait gagner en temps,

en maîtrise et en centralisation. De l’autre, il améliore le

service rendu aux clients. Et là encore, l’outil informatique

modifie la façon dont travaillent les services marketing :

ils doivent apprendre de nouveaux métiers et gagner

en technicité sur des outils innovants. Pour autant, peu

d’entreprises savent s’y prendre avec un D.A.M. Cela

demande de la technicité et de l’expertise, notamment

1 D.A.M. : gestion du patrimoine numérique

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pour tout ce qui touche à la taxonomie1 et à la gestion des

métadonnées. À bien y réfléchir, il s’agit forcément d’une

opportunité à saisir pour les imprimeurs car ils peuvent

facilement proposer à leur clientèle une délégation de la

gestion de leur patrimoine numérique. Prendre en charge

un outil stratégique mais ô combien lourd et fastidieux pour

délivrer un service impeccable…

PROPOSER DES SOLUTIONS SIMPLES À DES PROBLÈMES COMPLEXESEn résumé, être marketeur aujourd’hui, c’est servir le plus

efficacement une communauté d’utilisateurs de sa marque.

Comme chaque typologie d’utilisateur a des besoins et des

problématiques différents, le marketeur doit trouver la

réponse adaptée et la plus simple possible. Cela se traduit

par de nouveaux outils, de nouveaux services, de nouvelles

méthodes mais également, par une nouvelle approche. En

résumé, on demande aux marketeurs de réaliser des actions

de plus en plus complexes et pour y arriver, ils recherchent

des réponses simples, efficaces et bon marché.

1 Taxonomie : méthode de classement des données numériques basée sur un modèle d’arborescence hiérarchique.

Page 52: Où va l'imprimerie ?

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DES CLIENTS QUI VEULENT AVANT TOUT SE DÉCHARGER DE LEURS PROBLÉMESAh, qu’il n’est pas simple le métier de marketeur

aujourd’hui… Il faut faire toujours plus, avec encore moins…

Réagir à des outils qui ne cessent de muter, et servir des

utilisateurs toujours plus exigeants. Au-delà du prix ou

du produit, ce que recherchent avant tout les marketeurs

aujourd’hui, ce sont des prestataires qui vont pouvoir les

décharger de cette tension. Des absorbeurs de stress…

BUT ULTIME : TRANSFÉRER SON STRESSLe marketing et la gestion des documents se font dans

un contexte de plus en plus tendu, sur les aspects

budgétaires comme sur les délais de réalisation. Les clients

des imprimeries ne sont pas forcément à l’aise ni avec la

chaîne graphique ni avec les considérations de planning de

production, ce qui constitue souvent une source importante

de stress pour eux. Ils recherchent donc aujourd’hui des

interlocuteurs sur lesquels ils vont pouvoir transférer

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une partie de ce stress, afin de pouvoir se reconcentrer à

nouveau sur leur cœur de métier.

Cette approche est fondamentale dans notre monde

moderne : que ce soit dans l’imprimerie ou ailleurs, ne vous

contentez plus de vendre un produit. Expliquez à votre

client de quelle manière vous allez absorber son stress et

comment vous allez lui libérer du temps. Cela placera le

débat à un niveau supérieur.

TROUVER DES FOURNISSEURS MOINS NOMBREUX MAIS PLUS COMPÉTENTSL’une des conséquences de la quête du prix le plus bas,

c’est qu’elle engendre un accroissement du nombre de

fournisseurs… Difficile de trouver un unique interlocuteur

qui soit systématiquement le mieux placé. Or gérer un plus

grand nombre de fournisseurs demande un travail accru :

les consignes doivent être répétées, les habitudes prises

avec des interlocuteurs multipliées, leur suivi occupant une

part plus importante du temps de travail…

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Sans compter que l’information se disperse plus facilement.

Comme dans toute relation client-fournisseur, il existe dans

l’imprimerie une part d’implicite, dont la proportion dépend

du talent et de la psychologie du commercial. À multiplier

les prestataires, on perd le bénéfice de cette connaissance

réciproque.

Dans les services marketing, j’ai le sentiment aujourd’hui

que les responsables sont fatigués par la multitude

d’intervenants qu’on leur impose : il y a les “producteurs”,

les “diffuseurs”, mais aussi les “créateurs” à gérer… et ce

pour chaque canal utilisé. Au final, cela représente beaucoup

de monde, pour une efficacité pas toujours au rendez-vous.

Dans un souci d’économie de temps et de réduction

des budgets, la tendance me semble être plutôt à la

recherche de prestataires capables d’êtres “bons en tout”,

à défaut d’être excellents dans un domaine particulier.

Des interlocuteurs capables d’embrasser la majeure

partie des problématiques du client, afin d’avoir une vue

d’ensemble et de proposer des réponses globales.

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Pour le client, cela simplifie grandement les choses. Il n’a

plus qu’un seul appel d’offres à gérer. Il n’a plus qu’un seul

chargé d’affaires en face de lui. Et il dispose d’un pouvoir

de négociation important vu l’importance du budget

d’ensemble.

Pour l’instant, ce sont plutôt les agences de communication

qui tirent leur épingle de ce jeu… mais j’ai la conviction

que les imprimeurs pourraient leur damer le pion s’ils s’en

donnaient les moyens.

CESSER DE FAIRE RÉAPPRENDRE À DÉLÉGUERAu cours de la décennie qui s’est écoulée, beaucoup de

clients ont cédé aux sirènes du Do It Yourself. Faire appel à

un graphiste pour maquetter un document était alors passé

de mode : il fallait avoir à la place un service web dans lequel

on choisissait un modèle que l’on personnalisait soi-même.

C’était fun, ludique et excitant de jouer au designer…

Sauf que… rapidement, les utilisateurs se sont rendus

compte que ce travail-là venait en plus du reste.

Page 56: Où va l'imprimerie ?

60

Et qu’il prenait énormément de temps, pour un résultat final

en-deça de leurs attentes.

Aujourd’hui, beaucoup reviennent de ce type de services en

ligne. Ils continuent de les utiliser pour des travaux basiques.

Mais dès qu’il y a la moindre complexité technique ou dès

qu’une touche de créativité doit être apportée, ils préfèrent

déléguer à des professionnels des arts graphiques. Cela

leur prend moins de temps, le résultat est de bien meilleure

qualité et au final, financièrement, cela ne coûte pas plus

cher à l’entreprise.

On assiste ainsi à un revirement : ce ne sont plus des sous-

traitants qui sont recherchés aujourd’hui, mais plutôt des

partenaires capables de répondre à toutes les demandes,

aussi variées qu’elles soient. Et comme les clients doivent

faire face à des problématiques de print, de web ou

d’emailing, ils attendent des prestataires compétents dans

chacun de ces domaines.

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TROUVER DES RÉPONSES, PAS DES PROBLÈMES NOUVEAUXJe l’évoquais précédemment : la clé de la relation client-

fournisseur repose dans la capacité de ce dernier à

enlever du stress à son interlocuteur. La difficulté dès

qu’il s’agit d’informatique, c’est qu’un grand’nombre de

questions se pose rapidement ; questions auxquelles

l’interlocuteur marketing n’a pas toujours réponse et qui

peuvent rapidement l’effrayer, voire engendrer des conflits

territoriaux entre services d’une même entreprise.

Aujourd’hui, le Cloud1 apporte une vision centrée sur

l’usage et non plus sur l’outil. Les marketeurs y sont

particulièrement sensibles, car le Cloud leur donne le

pouvoir de décision et l’autonomie qu’ils attendaient depuis

des années. Ils peuvent enfin se doter d’outils informatiques

innovants sans dépendre de la DSI2 pour la décision finale, le

budget ou le choix d’infrastructure.

1 Informatique virtualisée reposant sur des logiciels hébergés sur le web, en dehors de l’infrastructure des entreprises. Le terme de “Cloud” désigne également une conception de l’informatique où l’usage prime sur la technologie.

2 Direction des Services Informatiques ou Direction des Systèmes d’Information

Page 58: Où va l'imprimerie ?

62

Les directions marketing connaissent leurs besoins et savent

qu’il existe des réponses technologiques à leurs attentes :

elles sont donc attentives aux prestataires qui seront

capables de solutionner leurs problèmes sans en générer de

nouveaux.

En proposant des services Cloud adaptés à une Direction

Marketing, un prestataire lui donnera ainsi la possibilité

de démultiplier sa capacité d’action en totale autonomie :

en effet, il ne lui sera pas nécessaire de demander l’accord

préalable de la DSI ni sur l’infrastructure, ni sur les budgets,

ce type de service étant généralement facturé au mois pour

des sommes modiques.

****

Se décharger de son stress, gagner en souplesse, retrouver

du temps de libre, se focaliser sur son cœur de métier…

telles sont les attentes du marché aujourd’hui.

Attentes dont il faut être conscient lorsque l’on sert cette

clientèle en tant qu’imprimeur.

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QUELLES PISTES D’AVENIR POUR L’IMPRIMERIE ?

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En quelques dizaines de pages, nous avons dressé un

portrait de l’état du marché aujourd’hui, côté client comme

comme côté imprimeur. La nécessité d’évoluer pour

s’adapter est une évidence qui saute aux yeux. Il s’agit ni plus

ni moins aujourd’hui que d’une question de survie.

Le visuel que j’ai choisi pour la couverture illustre ma

pensée. La mutation qui s’opère dans l’imprimerie

aujourd’hui est une immense vague, de celles que l’on ne

voit qu’une fois dans sa vie. Pour l’imprimeur moderne,

deux pistes s’offrent maintenant à lui. La première : attendre

passivement sur la plage que cette énorme vague déferle et

balaye tout sur son passage, en espérant sans y croire qu’elle

en épargne quelques-uns. La seconde : sortir la planche

de surf, affronter et dompter cette vague. Rentrer dans le

tunnel pour en sortir plus vite et plus fort, auréolé de succès.

Comment s’y prendre ? Je vous propose dans les pages

qui suivent quelques pistes de réflexion, à suivre… ou

pas suivant les cas. Autant d’idées qui j’en suis sûr, vous

donneront le goût de vous jeter à l’eau.

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PISTE 1 : LA TENTATION DU LOW-COST

Quand “rien ne va plus”, la tentation est grande de focaliser

sa stratégie sur le prix. Cela rassure et peut s’avérer payant…

à court terme. Car proposer le prix le plus bas coûte que

coûte constitue tout sauf une stratégie d’entreprise.

Personnellement je n’y vois que l’expression du désespoir.

Attention, je ne confonds pas cette démarche avec celle

consistant à rechercher le prix le plus juste en fonction de

ses contraintes de production. Cette dernière approche

est normale et même obligatoire dans un marché “tendu”.

Mais dans ce cas la stratégie de l’entreprise ne repose pas

exclusivement sur le facteur prix. Elle s’appuie sur plusieurs

aspects et souvent, sur d’autres critères de différenciation.

J’ai souvent vu au cours des dernières années des dirigeants

d’imprimerie qui se lançaient dans la spirale infernale du

prix le plus bas, pris en tenaille entre des marchés qui leur

échappaient et des charges qu’il fallait assumer.

Pour facturer et faire tourner leurs machines, ils étaient

Page 62: Où va l'imprimerie ?

66

prêts à casser les prix… Dans quasiment tous les cas,

cette attitude les a mené au dépôt de bilan, car leur outil

industriel n’était tout simplement pas dimensionné pour

faire du low-cost.

LOW-COST :UN MODÈLE À BOUT DE SOUFFLEComme je l’expliquais plus haut, j’ai le sentiment aujourd’hui

que le low-cost passe de mode chez certains clients.

Certes, il en existe un grand’nombre pour lequel le prix

constitue toujours le critère de décision principal. Mais les

choses changent et tout le monde commence à prendre

conscience que le “low-cost” coûte finalement très cher…

Cher en emplois, car il est souvent synonyme de

délocalisation. Cher en transport, car qui dit délocalisation

dit acheminement par voie aérienne, terrestre ou maritime.

Cher à la planète, car pour produire au prix le plus bas, il ne

faut être trop regardant côté respect de l’environnement…

Le “low-cost” est à l’image des nuées de criquets qui

ravagent un champ avant de passer au suivant. Il n’y

a aucune vision à long terme, seul le besoin immédiat

prédomine.

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Et puis il y a eu tellement de dérives qu’aujourd’hui,

le low-cost est globalement synonyme de mauvaise qualité

et de service médiocre. S’il existe encore des clients qui

ne se soucient pas de la qualité de leurs impressions,

la tendance générale s’oriente vers “moins, mais mieux”.

Les clients impriment moins de supports, mais recherchent

de la qualité, de la créativité et du conseil.

IL SERA TOUJOURS POSSIBLE DE TROUVER MOINS CHER AILLEURSAu début des années 2000, les marchés d’imprimerie

ont commencé à “partir” vers l’Espagne. Bénéficiant de

nombreuses aides européennes, beaucoup d’imprimeries

ibériques disposaient de matériel dernier cri tout en

pratiquant des tarifs inférieurs à ceux des entreprises

françaises. De surcroît, en termes de logistique, l’Espagne

était très bien desservie que ce soit par camion ou par

frêt aérien. Ensuite, ce fut au tour du Portugal et de l’Italie

d’intéresser bon nombre d’ateliers de fabrication… Suivirent

alors les pays du Maghreb, puis d’Europe de l’Est sans

oublier la Chine… Demain ce sera probablement la Russie,

l’Afrique ou l’Amérique du Sud. Qui sait…

Page 64: Où va l'imprimerie ?

68

Cette fuite en avant illustre à quel point il est difficile de bâtir

durablement un modèle économique ne reposant que sur

le prix… Combien d’aventuriers du web s’y sont cassés les

dents ? Lorsque l’on veut proposer le prix le plus bas, et que

l’on fonde sa stratégie de marque là-dessus, il y a toujours

un nouvel acteur qui va surgir avec un tarif inférieur…

C’est un cycle infernal.

Vendre au prix le plus juste est quasiment une obligation

morale. Mais espérer toujours pratiquer le prix le plus bas

sur une large gamme de produits relève à mon sens d’une

utopie, même pour ceux qui ne font que sous-traiter la

fabrication.

INSTABILITÉS ET INCERTITUDES À L’ÉCHELLE MONDIALEA délocaliser dans des pays émergents, certains y ont

laissé des plumes… Par exemple, lors du printemps arabe.

Lorsqu’un pays connaît des troubles civils, son économie

se ralentit et les exportations deviennent extrêmement

compliquées. Sans compter les tracas administratifs et

douaniers à l’arrivée.

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Sur un autre plan, les grandes économies occidentales

reviennent doucement mais sûrement à une forme de

protectionnisme en mettant en place de nouvelles barrières

à l’entrée de leurs marchés. Elles ont trop perdu d’emplois à

cause de la dérégulation pour continuer ainsi.

Un tel retour au protectionnisme est clairement une menace

pour le modèle low-cost dans les années à venir, car il

va se traduire par de nouvelles taxes et par des blocages

au niveau des importations dont pâtiront ceux qui ont

délocalisé leur production. De surcroît, il y a fort à parier que

ces nouvelles barrières à l’entrée des marchés nationaux ou

européens s’accompagneront d’une campagne de lobbying

intensive jouant sur la fibre du patriotisme économique.

Le low-cost ne sera alors probablement plus très tendance…

FAIBLES PERSPECTIVES D’AVENIR POUR LE LOW-COSTBien sûr, il existe des entrepreneurs qui ont connu un certain

succès dans le monde du low-cost. Personnellement,

j’associe plutôt leur réussite à la chance des pionniers,

en l’occurence, des pionniers du web.

Page 66: Où va l'imprimerie ?

70

Ces entrepreneurs ont profité d’une conjonction de

facteurs : développement du web, croissance du

e-Commerce, retard des acteurs traditionnels de

l’imprimerie en matière de nouvelles technologies, forte

demande pour du bas prix. Leur chance et leur talent

ont surtout consisté à se trouver au bon endroit, au bon

moment et à “sentir” le marché.

Quel avenir ont aujourd’hui ces types d’entreprises ?

Le marché se sature d’acteurs qui se bagarrent sur les

tarifs, au point qu’il devient impossible d’émerger… Il suffit

de taper le mot-clé “flyer” dans Google pour s’en rendre

compte.

Ceux qui sous-traitent en Inde ou en Chine pour proposer

les tarifs les plus bas sont aujourd’hui concurrencés… par

les indiens et les chinois eux-mêmes ! Dans le web-to-print

notamment, on voit ainsi émerger des offres lancées par

des entrepreneurs asiatiques qui n’ont pas à rougir face aux

ténors du marché. Et dont les prix sont bien plus agressifs…

Comment espérer lutter et survivre à long terme

dans un contexte globalisé, lorsque votre seul critère

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de différenciation est le prix ? Concurrence locale,

multiplication des acteurs, instabilité politique, retour à une

forme de protectionnisme… autant d’indicateurs qui ne

plaident pas en faveur de l’avenir de ce modèle.

Le low-cost a connu ses heures de gloire dans les années

2000. Il va continuer encore quelques années à capter une

forte partie de la demande, mais j’ai la conviction qu’il s’agit

d’un modèle en fin de vie, car bien trop destructeur. Du point

de vue de l’industriel, le low-cost n’est pas une option

viable, car les menaces sont bien trop nombreuses dans une

économie mondialisée…

Page 68: Où va l'imprimerie ?

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PISTE 2 : CESSER DE VENDRE DU PAPIER POUR VENDRE (ENFIN) DES SOLUTIONS

Si votre métier ne consiste qu’à déposer de l’encre sur du

papier et à acheminer le produit fini à votre client, alors rien

ne vous diffère aujourd’hui des milliers d’autres imprimeurs

qui cohabitent en Europe. Vous aurez beau apporter le plus

grand soin à votre travail ou disposer des machines les plus

récentes, cela n’entrera quasiment plus en considération

dans la négociation. L’époque où les clients s’extasiaient

devant le parc machine d’un imprimeur est définitivement

révolue.

A l’inverse, si vous maîtrisez parfaitement les

problématiques de votre client, si vous réussissez à y

répondre précisément et si vous êtes capable de lui

proposer des services innovants en phase avec son activité,

alors vous serez UNIQUE. Vous ne serez plus à ce moment un

“simple” imprimeur, vous serez devenu le partenaire-expert.

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SE DIFFÉRENCIER EN RÉINVENTANT SON PROPRE MÉTIERCompte-tenu du contexte et de la morosité ambiante,

certains croient que l’imprimé n’a plus aucun attrait pour les

annonceurs, et qu’en conséquence, ils doivent purement et

simplement changer de métier.

Il ne faut pas tomber dans ce travers : se réinventer, cela ne

signifie pas obligatoirement arrêter ses machines, ni renier

son passé. Au contraire, il faut valoriser ce savoir-faire et

cette expérience. Il faut redonner ses lettres de noblesse

à l’imprimé en en faisant quasiment un support de luxe.

Mais contrairement à ce qui a pu être fait par beaucoup

d’imprimeurs au cours des dernières années, il ne faut plus

opposer papier et numérique.

Si l’on raisonne du point de vue du client, l’imprimé

n’est aujourd’hui qu’une composante de ses dispositifs

de communication, qu’il s’agisse de marketing ou

d’information. En d’autres termes, le papier n’est qu’une

arme dans son arsenal, parmi beaucoup d’autres.

Page 70: Où va l'imprimerie ?

74

L’imprimeur qui réussira à se différencier sera celui qui

raisonnera comme son client, en lui apportant une réponse

globale : il conseillera le papier lorsqu’il est opportun,

mais sera capable en toute objectivité de préconiser une

campagne d’e-mailing ou une application mobile si celles-

ci s’avèrent plus judicieuses. Le client ne percevra plus

l’imprimeur comme un simple prestataire, spécialisé sur un

seul type de produit fini ; il le considèrera comme un expert

en flux de publication.

JOUER SUR LES REBONDS INTER-CANAUXCette compétence à 360° permettra de surcroît de proposer

des solutions audacieuses, basées sur les rebonds inter-

canaux. Si aujourd’hui on commence à voir fleurir des QR

Codes un peu partout, il faut bien avouer que les dispositifs

marketing réellement multi-canaux restent rares. La raison

en est assez simple : dans le marketing, la communication

et la publication, les acteurs restent encore culturellement

très liés à un canal “historique”. Les agences, par exemple,

ont soit une culture papier, soit une culture web, voire

mobile. Cela se niche dans l’ADN de l’entreprise. Il y a donc

toujours un canal qui prédomine sur les autres, même dans

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les spécialistes autoproclamés du multicanal. Chez les

imprimeurs, c’est exactement pareil : dans leurs veines coule

de l’encre…

Pourtant, il y a de quoi proposer des choses intéressantes

aujourd’hui en rebondissant d’un canal à l’autre : lancer

une campagne de marketing direct sur papier couplée à un

e-mailing et à de l’affichage. Intégrer des QR Codes invisibles

dans ses catalogues pour permettre une vue en réalité

augmentée depuis un smartphone. Coupler une solution de

web-to-print à une page Facebook le temps d’un salon…

Un joli rebond…signé Victoria’ Secrets Source : Ads Of the World - Créatif : Viktor Angwald

http://adsoftheworld.com/media/outdoor/victorias_secret_candice

Page 72: Où va l'imprimerie ?

76

En intégrant des compétences web, mobile et e-mailing

à votre studio, vous allez modifier la culture de votre

entreprise. Mais surtout, vous allez pouvoir proposer des

dispositifs multicanaux à vos clients, dans lesquels se

conjugueront tous ces outils au gré des besoins, du budget

et des envies de vos interlocuteurs. Cela suppose de

modifier en profondeur la culture de votre entreprise, pour

que commerciaux, chefs de pub et responsable du studio

pré-presse ne soient pas tentés de privilégier un support

plutôt qu’un autre. Pour les forces de vente, cela pourra se

traduire par une commission incitative lorsqu’ils arriveront à

proposer des dispositifs transversaux…

PASSER DU PRÉ-PRESSE AU PRÉ-MÉDIAComme je le disais précédemment, pour devenir capable de

proposer une approche à 360° à ses clients, il faut intégrer

de nouvelles compétences dans les domaines du web,

de l’e-mailing, du mobile ou des réseaux sociaux. Cela peut

se faire par du recrutement externe ou de la formation en

interne. Concrètement, cela sous-entend une véritable

révolution culturelle dans votre imprimerie. Votre service

de pré-presse doit devenir un service de pré-média :

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comme il est capable aujourd’hui d’alimenter vos presses

d’imprimerie en fichiers parfaitement calés, il doit être

capable demain d’alimenter un routeur d’e-mails, une

application mobile ou une tablette avec des supports aussi

bien adaptés.

Suivant l’âge et la culture de vos équipes, cela peut être un

véritable challenge… mais dont tout le monde bénéficiera,

clients comme salariés.

Pour commencer, vous devez auditer les tâches réalisées

quotidiennement par vos opérateurs de pré-presse.

Vous constaterez, comme eux, qu’une grande partie de

leur quotidien est occupé par des actions répétitives, à

faible valeur ajoutée : réceptionner des fichiers, contrôler

leur conformité, les corriger, échanger avec le client sur les

corrections à apporter, préparer les BAT… ainsi de suite.

En automatisant un certain nombre de processes de ce

type, vous allez dégager du temps pour ce qui procure une

véritable valeur ajoutée : le pré-média.

Pour l’opérateur comme pour l’imprimerie, il vaut mieux

consacrer une matinée à produire la version iPad d’un

Page 74: Où va l'imprimerie ?

78

catalogue qu’à contrôler la conformité des PDF envoyés par

l’agence. C’est plus valorisant pour tout le monde…

Atomyx Web Portal est un serveur de soumission qui permet aux clients de déposer eux-mêmes leurs fichiers PDF et qui se charge ensuite de vérifier et de corriger, si

nécessaire, les PDF soumis. Une solution de ce type décharge le service Pré-Presse d’une grande partie d’activités quotidiennes, ce qui dégage du temps pour des

travaux à valeur ajoutée plus forte. © Ad Hoc Graphic

Cette mutation sera également un excellent point de départ

pour refonder votre catalogue de produits et de services,

chaque membre du service Pré-Média pouvant dès lors

imaginer de nouveaux débouchés sur les dossiers dont il a la

charge.

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SE SPÉCIALISER...Souvent, une des clés de la réussite d’une entreprise tient

dans le fait qu’elle est reconnue comme spécialiste dans un

domaine bien précis. L’imprimerie n’échappe pas à la règle :

sur certains produits ou dans certains domaines particuliers,

seuls quelques rares imprimeurs disposent d’une telle

reconnaissance.

Si vous êtes dans ce cas, vous avez tout intérêt à vous

concentrer sur cette spécialité, à condition bien évidemment

qu’elle soit viable économiquement. Il est possible de

faire fructifier ce patrimoine et de renforcer votre position

en “marketant” votre savoir-faire ou en élargissant les

débouchés par une approche à 360°.

Aux Etats-Unis, on note depuis quelques années par exemple

un grand retour de l’impression typo. Certains imprimeurs

jouent sur cette mode en créant des boutiques au look néo-

rétro et au marketing savamment travaillé. Ils valorisent

le “fait-main” et proposent des produits haut de gamme

à une clientèle très ciblée. Certains vont même jusqu’à

mettre en place des services web-to-print pour que leurs

clients, où qu’ils se situent, puissent leur commander des

Page 76: Où va l'imprimerie ?

80

cartons d’invitation ou des faire-parts avec de magnifiques

gaufrages.

“Two Paper Dolls” marie rétro et modernité : un site web propose des supports très design avec une impression typo, et une interface web-to-print

permet au client de personnaliser ses imprimés

...OU SE DIVERSIFIER POUR OFFRIR UNE PRESTATION GLOBALELorsqu’il n’a pas la chance d’être spécialiste dans un

domaine précis, l’imprimeur généraliste peut diversifier son

offre pour créer un véritable catalogue de produits et de

services, destiné à renforcer le plus possible la relation qu’il

entretient avec ses clients.

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Par exemple, si vous disposez d’un site de web-to-print pour

votre imprimerie, pourquoi ne pas en proposer une version

en “marque blanche” à certains de vos clients ? Vous stockez

déjà les modèles PAO, vous connaissez la charte graphique

sur le bout des doigts et vous assurez l’impression.

Objectivement, cela ne vous coûtera pas très cher à mettre

en place, et votre client sera ravi d’avoir un portail de

commandes d’imprimés à son nom : ses propres clients,

ses commerciaux ou ses affiliés pourraient s’en servir pour

commander et personnaliser des supports marketing en

toute confiance, supports qu’il pourrait même monétiser.

De votre côté, vous aurez modifié la relation avec votre

client, et vous aurez considérablement réduit le risque qu’il

aille s’adresser à la concurrence.

Et à partir du moment où vous gérez la boutique web-to-

print de votre client, pourquoi ne pas gérer ses stocks de

produits non-personnalisables sur le même outil ? Ce que

vous faîtes pour les imprimés, vous pouvez très bien le

réaliser pour des cadeaux d’affaire, du packaging ou des

adhésifs… Là encore, votre client sera ravi du service

proposé et du gain de temps que lui procurera un unique

outil centralisé.

Page 78: Où va l'imprimerie ?

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Dans un autre domaine, si vos équipes de pré-presse se

chargent aujourd’hui de la mise en page d’un catalogue,

elles doivent être capables demain d’en proposer une

version iPad à votre client. Et il n’est pas question de

se contenter d’un simple PDF… je parle vraiment d’une

application, avec des fonctions qui vont bluffer votre

interlocuteur. Et si la tablette ne présente aucun intérêt

comme support, vos équipes doivent réfléchir à de la réalité

augmentée… C’est en suggérant de nouveaux usages et de

nouvelles combinaisons que vous assurerez votre chiffre

d’affaires de demain.

L’imprimerie Gabel de Rouen est l’exemple parfait d’une démarche réussie de diversification par le multicanal. Elle a ainsi créé un département spécialisé, appelé “CrossEmedia” qui est présenté comme une véritable marque, à l’identité distincte

de celle de l’imprimerie.

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Les pistes ne manquent pas pour se diversifier lorsque

l’on est un imprimeur généraliste : multicanal, création

graphique, délégation de community management… tout

est bon ! Vous devez étoffer votre savoir-faire pour permettre

à votre interlocuteur de réaliser les choses auxquelles il

rêve… ou auxquelles il n’a même pas encore pensé !

DEVENIR L’EXPERT-RÉFÉRENT DANS SON DOMAINEUne telle mutation ne s’opère pas en un clin d’œil, du jour au

lendemain. Il faut bien évidemment former ses équipes pour

qu’elles montent en compétence sur ces nouveaux canaux.

Mais il faut également changer sa propre vision en tant

que patron : faire de la veille sur les nouveaux outils et les

nouveaux usages, laisser du temps à ses collaborateurs

pour qu’ils les apprivoisent… Et oui, un salarié qui passe un

peu de temps sur Facebook ou Twitter pendant sa journée

de travail n’est pas nécessairement un escroc ! C’est un

spécialiste potentiel dans les réseaux sociaux, dont le savoir-

faire pourra intéresser demain tel ou tel de vos clients si

vous le valorisez intelligemment.

Page 80: Où va l'imprimerie ?

84

Vos outils doivent également évoluer : si vous équipez vos

commerciaux d’iPad, ils deviendront forcément sensibles

à ce type de support et ils gagneront en compétence dans

ce domaine. Sans compter que cela aura un réel impact

en termes d’image de marque auprès de vos clients et

prospects.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : modifier la perception

qu’ont de vous vos clients. Vous devez cesser d’être un

obscur industriel pour devenir expert en publications,

quel que soit le canal de diffusion.

Cela passe par de nouveaux outils, de nouvelles têtes, de

nouvelles compétences… mais aussi par une nouvelle façon

de communiquer auprès de votre public. Vous devez aller

au-devant d’eux, les enrichir en leur montrant la voie, en

leur présentant de nouveaux usages et de nouveaux outils.

Blog, réseaux sociaux, évènements, tout ce qui vous offrira

la possibilité de former et d’évangéliser vos clients sera bon

à prendre.

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Jason Fried1 explique que lorsqu’une marque a des clients,

c’est bien. Lorsqu’elle a des fans, c’est mieux. Mais si elle

a une audience, c’est le top… Tel est l’objectif que vous

devez poursuivre : vos clients vont constituer une audience

attentive à vos suggestions et à votre parole.

Lorsque ce sera le cas, vous serez devenu un expert

dans votre domaine, la référence à laquelle un client fera

systématiquement appel lorsqu’il sera confronté à l’une des

problématiques que vous aurez évoqué.

COMPRENDRE LE MÉTIER DU CLIENT POUR LUI APPORTER DES RÉPONSES PERTINENTES...Au cours de ma carrière, j’ai travaillé avec plusieurs

imprimeurs différents, et j’ai toujours été frappé par le degré

de connaissance des clients dont faisaient généralement

preuve les commerciaux de terrain. Parce qu’ils rencontrent

régulièrement leurs clients, parce qu’ils apprennent à

connaître leurs produits et leur environnement, parce

1 Fondateur de la startup 37signals, il a participé à la mise au point d’une solution de gestion de projet en mode cloud très innovante : BaseCamp. Il a tiré de son expérience un livre “Rework” - qui est devenu un best-seller - dans lequel il explique sa vision du management et du travail. http://37signals.com/rework

Page 82: Où va l'imprimerie ?

86

qu’ils font beaucoup de relationnel, les forces de vente ont

une connaissance très pointue de chaque client. Mais ils

ne la mettent pas complètement à profit, puisque jusqu’à

présent, ils ne se focalisaient que sur le papier.

J’ai en tête notamment le cas d’un imprimeur dont le

client bataillaient avec les traductions de ses brochures.

Son process était extrêmement compliqué, il demandait

au studio pré-presse d’exporter manuellement tous les

contenus des fichiers Indesign sous forme de fichiers Word.

Fichiers qu’il envoyait aux traducteurs. Charge ensuite à

l’équipe PAO se copier-coller les traductions dans Indesign,

avec les risques que ça suppose.

Il suffirait pourtant de proposer à ce client une solution de

TMS1 de type plugin Indesign ou webapp collaborative…

L’imprimeur gagnerait sur ses temps de montage et sur la

fluidité des échanges. En d’autres termes, ses graphistes

passeraient moins de temps sur chaque page, ce qui se

traduirait par une augmentation de sa marge. S’il était

malin, il saurait se débrouiller pour vendre en direct la

solution, qu’il s’agisse d’un logiciel ou d’un service web

1 TMS : Translation Management System - Logiciel de gestion des traductions

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dans le cloud. Ainsi, il deviendrait le référent par rapport à

cet outil, ce qui sécuriserait fortement sa relation avec son

client. Client qui serait ravi car, tout simplement, il aurait

gagné du temps et éliminé du stress.

L’avantage de l’informatique en mode “Cloud”, c’est

qu’il existe une multitude de petites applications qui

répondent très bien à un besoin précis. Charge à vous d’être

curieux pour comprendre le métier de votre client et ses

problématiques, afin de lui proposer ensuite la solution

adaptée, qu’il s’agisse de traduction comme nous venons de

le voir, de workflows de validation, d’échanges collaboratifs

ou de proofing.

NOYER LE PAPIER DANS UNE OFFRE GLOBALEL’imprimeur est obsédé par le papier. Quoi de plus naturel

me direz-vous ? Il baigne toute la journée dedans, ses

pensées étant monopolisées par des problématiques

d’achat, de qualité d’impression, de logistique et de

concurrence. Le problème, c’est qu’au fil des années, un

décalage s’est installé entre l’imprimeur et ses clients. D’un

côté, le marketeur pense toute la journée à ses campagnes,

Page 84: Où va l'imprimerie ?

88

à son site web, ses achats d’ad-words1, ses l’e-mailings,

sans oublier les KPI2 qu’il doit présenter régulièrement à

sa direction. De l’autre, l’imprimeur pense “papier”, parle

“papier”, mange “papier”. Forcément, une divergence se

crée, l’imprimeur n’étant perçu que comme une partie

infime de la réponse que les marketeurs attendent.

A bien y réfléchir, il ne manque pourtant pas grand’chose à

l’imprimeur pour devenir un spécialiste du marketing. Un

prestataire qui apporterait une réponse globale. Je propose

un certain nombre de pistes dans ce chapitre qui vont en ce

sens. Toutes ont en commun d’ambitionner de transformer

l’imprimeur en un spécialiste en solutions marketing.

Au-delà du gain de croissance potentiel, cette approche

présente l’intérêt de permettre de “noyer” le papier dans

une réponse globale. En devenant un dispositif de réponse

parmi d’autres, vous le préservez d’une mise en concurrence

permanente sous l’unique prisme du prix. En d’autres

termes, c’est en le banalisant et en le minorant que vous le

protégez… Quel paradoxe !

1 Ad-words : liens sponsorisés sur Google

2 KPI : Key Performance Indicators, indicateurs-clés utilisés comme tableau de bord de suivi de l’activité marketing d’une entreprise.

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PERMETTRE À SES CLIENTS DE MESURER LE ROMI DU PAPIERQuelle que soit la taille de leur entreprise, tous les services

marketing vous le diront : aujourd’hui, on attend d’eux un

retour sur investissement pour le moindre centime dépensé.

Pour autant, il n’est pas toujours facile de calculer le ROMI de

chaque action entreprise. Et vos clients n’ont pas toujours le

temps à y consacrer, sans parler du savoir-faire.

L’intérêt du cross-media1, c’est que les rebonds inter-canaux

permettent enfin de calculer le retour sur investissement

des campagnes papier. Prenons l’exemple du bon vieil

ISA2 bourré de publicités que l’on distribue dans toutes les

boîtes aux lettres… Comment mesure-t’on aujourd’hui

son efficacité ? Et bien globalement, vu qu’il n’est envoyé à

aucune cible en particulier, et vu qu’il comporte un grand

nombre de produits, on suppose qu’il a une incidence sur les

ventes. Et on tente de prouver à posteriori qu’effectivement,

les produits présents dans le catalogue se sont mieux

vendus que les autres. De toute façon, de peur de voir le

chiffre d’affaires baisser, rare sont les clients qui choisiraient

1 Cross-media : multicanal

2 Imprimé Sans Adresse : le dépliant publicitaire distribué en boîte aux lettres

Page 86: Où va l'imprimerie ?

90

de se passer de ce dispositif. Pourtant, en combinant

marketing direct, QR Codes, réalité augmentée, e-mailing…

sur des typologies de clients bien ciblées, il serait possible

d’en mesurer le retour sur investissement avec précision.

Imaginons l’envoi par la Poste d’un mini-catalogue de

8 pages avec des produits qui changent en fonction de la

catégorie socio-professionnelle du destinataire : si à chaque

produit correspond un QR Code vers une page de son site

de vente en ligne, vous donnez à votre client la capacité de

déterminer aisément si sa campagne a été un succès ou un

échec. Le taux de fréquentation de la page en sera le témoin

direct.

Si l’objectif est d’amener du public dans un magasin, un bon

de réduction nominatif envoyé par courrier ou par e-mailing

sera un moyen très simple de tracer le comportement

d’achat du consommateur. Dans le même principe, un

QR Code sur une affiche, un pURL1 ou un rURL2 dans une

1 pURL : URL personnalisée - sur les sites web modernes motorisés par des solutions de gestion de contenus (CMS), les chemins d’accès aux pages sont souvent longs et complexes. Un pURL est un moyen de créer un raccourci pertinent, percutant et facile à mémoriser. Par exemple : www.masociete.com/mon-produit plutôt que www.masociete.com/products/product_id=415

2 rURL : URL de réponse - il s’agit d’une adresse qui va renvoyer automatiquement vers un moyen de réponse et d’interaction. Par exemple, un formulaire d’inscription pré-rempli, un post sur Twitter, ou depuis un smartphone, un numéro de rappel direct

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brochure ou l’insertion de réalité augmentée dans un

catalogue sont autant de moyens de mesurer l’efficacité

d’une campagne print.

Vos clients ont au-dessus d’eux des patrons qui leur

demandent toujours plus de reporting : dans ce cas, facilitez-

leur la tâche et enlevez-leur du stress en leur apportant

des solutions de tracking auxquelles ils n’auraient jamais

pensé. Cela fera de jolis tableaux de bords et lorsqu’on leur

demandera le taux de réussite de leur campagne marketing,

ils auront enfin le sourire au lèvres. Grâce à vous !

Page 88: Où va l'imprimerie ?

92

PISTE 3 : REVENIR À DES CYCLES COURTS

A l’origine, l’informatique et Internet ont fait gagner du

temps aux professionnels. C’est vrai dans l’imprimerie

comme dans d’autres secteurs. Là où il fallait une demi-

journée pour valider un document en envoyant un coursier

faire des aller-retours dans Paris, les lignes à haut débit et le

PDF ont considérablement simplifié le process…

L’e-mail a constitué un fantastique progrès au niveau des

échanges. Mais comme tout progrès, il y a maintenant le

revers de la médaille.

Comme tout un chacun peut le constater, nous sommes

aujourd’hui noyés sous les messages, qu’il s’agisse d’e-mails,

de notifications ou de SMS. Cette infobésité est une source

de stress et de perte de performance pour les entreprises.

Dans les grandes compagnies, des consultants réfléchissent

aux moyens à mettre en œuvre pour réduire le volume de

données à traiter par leurs salariés. Amis imprimeurs, sachez

que vos clients souffrent des mêmes maux…

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Dans l’industrie comme au sein des entreprises, il y a des

cycles. Ces cycles s’élargissent ou se rétrécissent au gré des

évolutions technologiques et des époques. Aujourd’hui,

dans l’imprimerie, tous les cycles sont distendus :

l’imprimeur perd le client final de vue, le client se noie dans

des cycles de conception trop longs et l’information suit des

parcours trop complexes avant d’être diffusée.

RACCOURCIR LES CYCLES DE CONCEPTION ET DE VALIDATIONLe marketing est le royaume de la débrouille. Pour gérer

leurs plannings, tracer le chemin de fer de leur catalogue

ou centraliser les commentaires, les clients utilisent

souvent des outils totalement anachroniques : Word, Excel,

PowerPoint… accompagnés d’une quantité invraisemblable

d’e-mails.

À de rares exceptions près, vos clients sont mal organisés,

peu équipés, et ne savent tout simplement pas comment

procéder. Et ce qui est sûr, c’est que leur patron ne leur

fournira jamais les outils ni les formations nécessaires.

À vous de les faire progresser intelligemment…

Page 90: Où va l'imprimerie ?

94

À bien y regarder, réaliser un catalogue, une brochure, un

magazine interne ou une campagne d’affichage, ce n’est

rien d’autre que de la conduite de projet. Or qui dit gestion

de projet dit outils de planification, de collaboration et

de reporting, solutions qui existent déjà sur le marché.

Si son problème se situe plutôt au niveau des workflows

de validation, il existe aussi des réponses clés-en-mains :

comme je l’expliquais plus haut, l’avantage de l’informatique

dans le Cloud, c’est qu’à chaque problématique correspond

une solution adaptée.

Il existe une rimbambelle de services web destinés à faciliter la gestion de projet. Certains d’entre eux conviennent particulièrement bien aux problématiques de

publication, avec une gestion collaborative de tâches à réaliser et des vues planning. Ici, l’exemple de Plannergy.

Si vous fournissez gratuitement une boîte à outils à vos

clients et que vous les accompagnez dans son usage, vous

allez leur permettre de réduire les cycles de création et de

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validation. Ce gain de temps se traduira soit par moins de

stress au quotidien, soit par la capacité à générer plus de

supports dans un temps donné. Et de votre côté, au lieu

d’être toujours en attente et en réaction vis-à-vis de vos

clients, vous disposerez des moyens d’adopter une attitude

proactive en sécurisant les échanges.

RACCOURCIR LES CYCLES DE DIFFUSION EN SE PLAÇANT AU CŒUR DU CERCLE MULTICANALToutes celles et ceux qui font du marketing rêvent du

multicanal simple et pratique… D’un bouton, pouvoir

“arroser” tous les canaux de diffusion possible.

Théoriquement, cela devrait être aussi simple que cela. Dans

la pratique, on en est encore loin. Pour l’impression, il faut

passer par l’agence de communication pour qu’elle prépare

des fichiers PDF-X. Pour actualiser le site web, le marketeur

va dépendre du bon vouloir de son service informatique

interne. L’application mobile, personne ne sait très bien

qui s’en occupe. Quant aux réseaux sociaux, on attend l’été

qu’un stagiaire s’en charge. Je caricature sûrement, mais je

suis convaincu de ne pas être très éloigné de la réalité.

Page 92: Où va l'imprimerie ?

96

La difficulté du multicanal réside dans le fait qu’il

exige du client qu’il soit au centre du cercle. C’est son

système informatique à lui qui doit alimenter tous les

modules périphériques. Mais à part dans les très grandes

entreprises qui déploient des solutions dédiées, ce n’est pas

envisageable pour une grande majorité de PME. La plupart

des clients n’ont ni les moyens, ni le temps ni la compétence

pour mettre en œuvre un tel chantier. L’imprimeur a de

fait une place à prendre : il dispose en effet le plus souvent

d’un accès aux données et aux fichiers natifs. Pourquoi ne

ferait-il pas le forcing pour se mettre au centre du cercle du

multicanal ? Il lui suffirait de se doter des outils adéquats

pour proposer à ses clients de prendre en charge la

publication à 360° de ses supports marketing. Voire même

l’hébergement de bases de données pour optimiser la

gestion du marketing direct.

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Aujourd’hui, le client doit se charger lui-même d’alimenter tous les canaux de communication, l’imprimeur n’étant qu’un sous-traitant au sein d’une branche.

Demain, l’imprimeur proposera à ses clients de prendre à sa charge tout le processus de publication à 360° en se plaçant au cœur du cycle multicanal

Page 94: Où va l'imprimerie ?

98

À bien y réfléchir, ce n’est pas aussi compliqué que ça en a

l’air : ce n’est qu’une affaire de centralisation des données,

de connexion à des services tiers (routage, e-mailing,

réseaux sociaux) et de portails web adaptés… Une fois

que le système est branché et configuré, l’imprimeur peut

proposer une gamme très étendue de services à ses clients :

marketing à la demande à partir de modèles, gestion de

campagnes, publication à 360°…

L’imprimeur et son infrastructure informatique sont alors

au centre du cercle de publication dont le client n’est que le

consommateur. Mais un consommateur hyper-dépendant…

À bien y regarder, ce cercle de publication devient alors une

véritable forteresse qui protège l’imprimeur des agressions

extérieures…

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PISTE 4 : EXISTER EN TANT QUE MARQUE

La première image qui vous vient à l’esprit lorsqu’on parle

d’une imprimerie, c’est celle d’un atelier de fabrication

anonyme au beau milieu d’une zone artisanale. Or il faut

bien reconnaître qu’à de rares exceptions près, cette image

colle plutôt bien à la réalité.

L’étiquette industrielle colle à la peau de l’imprimerie. Sauf

qu’aujourd’hui, dans un monde dominé par les marques, ce

patrimoine et ce savoir-faire ne sont plus reconnus à leur

juste valeur. On privilégie trop souvent l’apparence et le

packaging à la réalité.

Les agences, les startups ou les éditeurs de logiciels ont

bien compris cet enjeu : pendant que les imprimeurs se

concentraient sur leur outil de production, eux investissaient

en marketing en packageant leurs offres et en créant

des solutions sur-mesure qui collaient aux attentes de la

clientèle. Résultat : ils occupent aujourd’hui le devant de

la scène, monopolisent le web et les réseaux sociaux et

Page 96: Où va l'imprimerie ?

100

existent. Pendant ce temps-là, les imprimeurs sont relégués

à l’arrière-plan, cantonnés à leur atelier industriel où ils

reçoivent les consignes des donneurs d’ordre.

Il est temps que cela change. Il est temps pour l’imprimerie

d’entrer dans l’ère de la marque.

DIMINUER LE NOMBRE D’INTERMÉDIAIRESAgences, freelances, bureaux de fabrication, il y a

aujourd’hui trop d’intermédiaires entre le client final et

l’imprimeur. Celui-ci n’est plus visible du client, masqué

derrière d’autres devantures. À chaque intermédiaire,

la marge diminue, les délais s’allongent et la communication

avec le consommateur se complexifie…

Si j’osais un parallèle, je dirais que cette situation me

fait penser à celle de l’agriculture : entre le paysan et le

consommateur, une foule d’intermédiaires s’est développée.

Résultat : le client n’a jamais payé ses produits aussi cher, et

les agriculteurs n’ont jamais vendu leurs produits aussi bas.

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Comme cela commence à se faire dans l’agriculture, il faut

réduire les cycles en établissant une relation du “producteur

au consommateur”.

Dans l’imprimerie, cela ne va pas se faire sans mal.

Pour atteindre le consommateur, l’imprimeur n’a plus

le choix : il doit concurrencer bureaux de fabrication et

agences sur leur propre terrain, ce qui implique à court-

terme la perte de plusieurs contrats. Mais tel est le prix à

payer pour pouvoir exister auprès des clients finaux.

En bâtissant une marque1, en valorisant sa différence et

en proposant des services innovants, vous allez pouvoir

remonter dans la chaîne de valeur en vous rapprochant enfin

du consommateur.

Cela prendra du temps et cela ne sera pas facile, mais vous

gagnerez en sécurité et en pérennité, car vous existerez

enfin sur le marché en tant que marque au lieu d’être un

vulgaire sous-traitant interchangeable.

1 Se reporter au modèle de marketing-mix 6P détaillé en page 118

Page 98: Où va l'imprimerie ?

102

SE RAPPROCHER DU CONSOMMATEURL’imprimeur est encore trop souvent perçu comme une

donnée d’ajustement, un point accessoire dans le cycle

de décision marketing. Il n’y a rien qui ressemble plus à

un imprimeur qu’un autre imprimeur. Pour justifier leur

spécificité, les intermédiaires tels que les agences ou les

bureaux de fabrication s’évertuent depuis des années à

convaincre leurs clients de cela.

En vous positionnant comme une marque et en

concurrençant ces intermédiaires, vous allez atteindre

le client en direct. Ce n’est toutefois qu’une première

étape : tant que vous vous contenterez de vendre du

papier imprimé, votre interlocuteur restera l’acheteur.

Et même s’il est sensible à des arguments de qualité, de

professionnalisme et de sens du service, un acheteur reste

un acheteur… le prix est roi.

À l’inverse, si vous développez une gamme de services

innovants, vous allez progressivement changer

d’interlocuteur : au lieu de discuter “prix” avec l’acheteur,

vous allez discuter services et solutions avec la Direction

Marketing, la DSI voire la Direction Générale, qui

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constitueront vos consommateurs finaux. Et il est probable

qu’une fois arrivé à ce stade, il n’y ait plus beaucoup de

concurrents en lice.

S’ils sont satisfaits – et ils le seront, croyez-moi – ces

consommateurs finaux seront vos meilleurs défenseurs

dans l’entreprise. Même si un acheteur trouve moins cher

ailleurs, même si un concurrent fait le forcing pour entrer, il

leur coûtera tellement cher de changer d’habitudes, d’outils

et méthodes qu’ils renonceront. Vos outils, votre gamme

de services et votre capacité de conseil deviendront vos

meilleures atouts.

Page 100: Où va l'imprimerie ?

104

PISTE 5 : DEVENIR UN IMPRIMEUR PLUG & PLAY1

L’imprimé s’est banalisé. C’est un constat triste, mais bien

réel. Il est possible de s’en procurer à tous les coins du web,

à n’importe quel prix, chez des fabricants qui disposent

quasiment tous du même matériel et qui proposent grosso-

modo les mêmes services que vous. Pourtant, la prise

de commande reste complexe : il faut réaliser des devis,

passer par des formulaires complexes, choisir parmi des tas

d’options. Autant d’aspects qui font perdre du temps

au client, qui l’obligent à répéter des tâches déjà réalisées

dans son ERP et qui, au final, engendrent du stress.

S’INTERFACER AU SYSTÈME D’INFORMATION DU CLIENTProduire du support de communication et d’information

doit être désormais aussi simple que d’appuyer sur le

bouton “imprimer” depuis Microsoft Word. Pour cela,

1 Plug & Play : terme utilisé pour désigner des périphériques informatiques qui se configurent tous seuls dès qu’ils sont connectés. Ce terme peut se traduire par “On branche et ça marche”. Par extension, le Plug & Play désigne tout ce qui sait se connecter et s’interfacer intelligemment, pour le plus grand bonheur des utilisateurs.

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plusieurs actions doivent être entreprises : en amont, il

faut définir avec le client les typologies de produits, les

options et les finitions dont il souhaite disposer pour chaque

catégorie d’imprimé. Et bannir toutes celles qui ne servent

plus à rien. Il faut également négocier un prix d’achat stable

sur une durée assez longue. Pour avoir été longtemps

client d’imprimeries, j’ai toujours trouvé les demandes de

devis particulièrement fastidieuses : entre la demande,

les réponses, le choix des options, les corrections… c’est

quasiment un projet dans le projet. En définissant en amont

les typologies de papier et les options qui conviennent, il

devient possible de mettre en place un système de RFQ1 qui

permette au client de gérer ses devis en totale autonomie et

d’obtenir en temps réel le prix exact de la prestation qu’il va

commander.

Pour simplifier le processus de commande, l’imprimeur

doit donc être capable de s’interfacer avec le SI2 du client,

de façon à aller chercher l’information là où elle se trouve,

de la façon la plus transparente et la plus rapide possible.

Comme le client ne paiera jamais pour ce type de prestation,

1 Request For Quote : logiciel de demande de devis

2 Système d’Information

Page 102: Où va l'imprimerie ?

106

cela signifie que l’imprimeur doit acquérir, en interne, les

compétences nécessaires pour s’interfacer avec le SI de son

client et dialoguer avec lui.

REMONTER L’INFORMATION DANS LES OUTILS MÉTIERS DU CLIENTEn aval, l’imprimeur doit pouvoir remonter

automatiquement toutes les informations de suivi.

Aujourd’hui, pour réaliser du tracking de colis, le client doit

aller se connecter au site web de son imprimeur, localiser sa

commande puis accéder au site du transporteur. C’est trop

compliqué.

Demain, le client recevra directement des notifications

dans son applicatif métier : ERP, intranet, CRM, application

mobile… peu importe. Qu’il s’agisse d’alertes, de suivi

de commandes ou de facturation, il ne doit plus avoir à

chercher l’information, elle doit venir spontanément à lui,

dans l’outil qu’il a l’habitude d’utiliser toute la journée.

Les imprimeurs n’ont pas la culture du service informatique

et une telle prestation peut les effrayer. Pourtant, les

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systèmes d’information n’ont jamais été aussi ouverts

qu’aujourd’hui, et il existe des multitudes de passerelles

pour communiquer efficacement.

UNE FOIS CONNECTÉ, CREUSEZ EN PROFONDEUR ET EN LARGEURLorsque vous serez dans la place, vous aurez tout loisir pour

convaincre vos interlocuteurs de vous confier l’ensemble des

prestations d’impression de la société. Ce serait tellement

plus simple pour eux, d’un tel confort… Et puis une fois

l’intégration au S.I réalisée, ils n’auront probablement pas

envie de recommencer avec un autre prestataire. En étant

interconnecté à votre client, vous vous retrouverez au cœur

de son entreprise et son infrastructure : la connexion établie,

même si elle a été coûteuse, représentera une barrière à

l’entrée qui vous protègera de la concurrence. Et la relation

nouvelle que vous établirez avec des interlocuteurs de haut

niveau vous permettra soit d’étendre la gamme de services

proposés, soit de capter les marchés d’impression d’autres

services de l’entreprise.

Page 104: Où va l'imprimerie ?

108

Car entre un imprimeur “interconnecté” et un imprimeur

“classique”, le choix sera vite fait par un acheteur : même

si le second a des tarifs d’impression moins élevés,

il privilégiera sur le long terme celui qui nécessite le moins

de traitement manuel, celui auquel ses collègues sont

habitués.

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PISTE 6 : S’INSPIRER DE CE QUI FONCTIONNE AILLEURSJe ne vais sûrement pas me faire d’amis en disant cela, mais

j’ai l’impression que l’industrie de l’imprimerie est un monde

relativement replié sur soi, focalisé sur ses problèmes, ses

fonctionnements et son passé, au point d’oublier parfois de

regarder ce qui se passe autour de lui. La raison tient sans

doute aux difficultés que traverse cette industrie, mais j’ai

quand même le sentiment que cela fait partie, du moins

partiellement, des gênes de ce métier.

Pourtant, il suffit parfois de regarder ce qui se passe dans

d’autres domaines d’activités pour trouver des sources

d’inspiration intéressantes…

Page 106: Où va l'imprimerie ?

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PERSONNALISATION DE MASSEChaussures, vêtements, déco, voitures, aliments… tout se

personnalise aujourd’hui. Le produit de masse ne plaît plus,

il est synonyme de bas de gamme. Le must, c’est le produit

hyper-personnalisé, censé représenter les traits de ma

personnalité.

©Citroën

La Citroën DS3 est l’illustration par excellence de cette

tendance. Plus qu’une belle voiture, c’est ma voiture, que

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j’ai créé sur mesure, suivant mes goûts. La voiture qui me

ressemble et qui exprime ma personnalité.

Le succès de cette automobile tient beaucoup à ce

côté exclusif : ce n’est plus la “bagnole-de-Monsieur-

Toutlemonde”… C’est un objet unique. On retrouve cette

tendance dans un nombre croissant de domaines, y compris

dans le B2B : votre client est unique, et cela doit se ressentir

dans la relation que vous établissez avec lui comme dans les

produits que vous lui proposez.

Dans l’imprimerie, cela signifie que votre client est lui-même

dans cette démarche vis-à-vis de ses propres clients et

que vous devez par conséquence lui proposer des produits

facilement personnalisables, en One-To-One1 comme en

One-To-Few2.

1 One-To-One : marketing relationnel basé sur un message ultra-personnalisé, adapté à chaque individu

2 One-To-Few : marketing relationnel où le message est adapté à un segment de population en fonction de critères de ciblage précis

Page 108: Où va l'imprimerie ?

112

PATRIOTISME ÉCONOMIQUE ET RÉGIONALISMESDans les rayons frais des supermarchés, les produits laitiers

du terroir font un véritable “carton” depuis un peu moins

de deux ans. Les yaourts régionaux attirent des clients en

quête de qualité, de terroir… mais aussi de patriotisme

économique. Même si cela a un coût supérieur aux produits

industriels. Le magazine TV “Capital” a récemment diffusé

une émission consacrée à ce sujet, montrant à quel point les

produits laitiers “du cru” poussaient les ténors des grands

noms de l’industrie au fond des rayons…

Malo, l’une des nombreuses marques de produits laitiers qui revendiquent haut et fort leur enracinement local

Les clients plébiscitent les produits locaux et plus

largement, ceux qui sont estampillés “made in France”.

Certes, l’imprimé n’est pas aussi populaire que les produits

laitiers, mais il y a peut-être une inspiration à trouver dans

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cette approche. Mettre en avant son enracinement local,

cela peut s’avérer un argument utile et pertinent auprès

de certains clients. Le réseau “Imprimeurs Sud de France”

qui fédère plusieurs imprimeurs de Languedoc-Roussillon

joue par exemple cette carte pour valoriser sa proximité

territoriale auprès de sa clientèle.

La page d’accueil du site du réseau Imprimeurs Sud de France

Page 110: Où va l'imprimerie ?

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DIGITAIL, ROPO ET WEB-TO-STORE

© E. Leclerc

La publicité ci-dessus est suffisamment évocatrice… et

particulièrement audacieuse pour la grande distribution !

Finie l’époque où faire les courses était le passe-temps

familial du samedi. Aujourd’hui, les clients veulent du temps

de libre pour vacquer à leurs occupations, en se libérant de

ce qui est fastidieux et sans intérêt.

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Mais pour autant, ils ne veulent pas du 100% on-line.

Le e-Commerce pour la prise de commande, la comparaison

des prix et la recherche d’avis, c’est fantastique, surtout

depuis un smartphone. Mais pour le retrait des produits,

le S.A.V. et le service tout court, rien ne vaut un commerce

physique de proximité. C’est l’une des tendances majeures

de 2012, dans laquelle il faut également percevoir

l’engagement citoyen que représente l’achat de proximité.

Cette tendance porte plusieurs noms :

“Digitail”, combinaison de “Digital” (monde “numé-

rique” associé au e-Commerce) et “Retail” (“magasin

physique“ associé au commerce traditionnel.

RoPo, acronyme de “Research Online, Purchase Offline”1

qui est souvent associé au ZMOT dont je vous parlais

précédemment

Web-to-Store, au nom suffisamment évocateur : un

service web dont l’objectif est d’amener des clients

en magasin

1 Recherche en ligne, acheter hors ligne (sous-entendu, en magasin)

Page 112: Où va l'imprimerie ?

116

Côté vendeur, le web devient un canal de conquête qui

draîne de l’activité vers les magasins physiques. Côté client,

le fait de disposer d’un interlocuteur physique au moment

de l’achat et du S.A.V. est un facteur de rassurance majeur.

En conclusion, les consommateurs veulent le meilleur

des deux mondes pour un confort, une sécurité et un gain

de temps maximaux. Aujourd’hui, c’est plutôt le B2C qui

est concerné. Mais demain, qui dit que cette tendance

n’envahira pas le B2B ?

La grande distribution se lance à corps perdu dans cette voie

qui emporte un franc succès, au point du bousculer les pure-

players qui ne vendent que sur le web. À bien y réfléchir, un

imprimeur est une forme de commerçant… alors pourquoi

ne pas adopter la digitail-attitude ? Et plus largement,

pourquoi ne pas chercher à donner du temps à vos clients

en les libérant de toutes ces tâches contraignantes et

répétitives qui les accablent ?

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CUSTOMER-OBSESSEDLes leaders de la vente en ligne en tous quelque chose

en commun : ils sont “Customer-obsessed” comme l’on

dit en anglais. Avant, le client était roi. Aujourd’hui, pour

ces entreprises, il est Dieu. Amazon est l’une des sociétés

dont la “customer-obsession” est portée à son paroxysme.

Variété de choix, tunnel de commande aux petits oignons,

ergonomie exceptionnelle, qualité des prestations, service

après-vente, suivi, c’est toute la société qui est focalisée sur

le bien-être du client, car le succès de la formule repose

avant tout sur sa fidélité.

Dans les organigrammes, de nouveaux postes font leur

apparition, notamment celui de “Chief Customer Advocate1”.

Ce qui pourrait ressembler à un gadget n’est est pas

un : tous les choix stratégiques, toutes les décisions

qui potentiellement peuvent concerner le client et par

conséquence, le chiffre d’affaires, sont validées par le CCA.

Ce principe de fonctionnement doit inspirer beaucoup

d’entreprises : toutes les décisions structurantes ne doivent

1 CCA : littéralement, “Défenseur des clients”. Poste inventé par Salesforce et dont le rôle au sein du Comité Exécutif consiste à défendre en permanence le point de vue et les intérêts du client

Page 114: Où va l'imprimerie ?

118

plus être prises en fonction de critères internes, de modes

ou d’impulsions, elles doivent désormais l’être dans l’intérêt

du client. Et lui seul.

SOLOMONouvel acronyme apparu à l’occasion du salon Web’11,

le SoLoMo (SOcial - LOcal - MObile) désigne une

tendance majeure du web, qu’il s’agisse de eCommerce,

d’information, d’applications professionnelles ou de

jeux vidéo. La deuxième moitié des années 2000 aura été

celle du web 2.0. Les années 2012-2013 seront celles de la

mobilité, combinée aux réseaux sociaux et, fait nouveau, à la

localisation.

L’aspect mobilité est une évidence, tant les smartphones

se sont perfectionnés et tant l’usage d’internet sur un

téléphone ou une tablette s’est banalisé. Demain, ce sera

depuis le tableau de bord de notre voiture, depuis notre

réfrigérateur ou sur notre TV que nous surferons sur le web,

via des applications dédiées…

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Le “LO” de SoLoMo mérite que l’on s’y attarde plus

longuement, car il a plusieurs significations : bien sûr,

on pense aux services de géolocalisation. Associés à des

applications mobiles, ils permettent de contextualiser

l’information diffusée sur un smartphone en fonction du lieu

où se trouve son posesseur. Mais ce terme peut également

s’interpréter dans le sens de la personnalisation et de

la déclinaison. Et là, on retrouve des concepts évoqués

précédemment : dans tous les domaines, les clients et

utilisateurs veulent du contenu contextualisé, personnalisé

et adapté à leurs personnalités et besoins. L’information

“générique” ne les intéresse plus.

SoLoMo, un petit acronyme… qui pourrait servir de gimmick

pour refonder la stratégie de votre imprimerie. Why not ?

SORTIR DU SYNDROME DE LA BOÎTE NOIREL’imprimerie est souvent perçue de l’extérieur comme

un boîte noire, dans laquelle rentrent des commandes et

dont sortent des imprimés. C’est probablement la culture

industrielle qui veut cela.

Page 116: Où va l'imprimerie ?

120

Cette perception constitue un handicap réel : d’une part,

elle contribue à l’isolement et à cette forme de fermeture

que j’évoquais précédemment. D’autre part, elle n’incite pas

le consommateur à s’intéresser à la production. Pourtant,

cela le passionnerait, soyez-en sûr ! Beaucoup de fabricants

jouent cette carte dans le e-Commerce. En expliquant leur

métier, pas à pas, ils fidélisent leur clientèle, comme le ferait

une entreprise qui jouerait la carte du tourisme industriel.

Le web et les réseaux sociaux vous donnent aujourd’hui

la formidable opportunité d’ouvrir votre imprimerie à vos

clients : donnez-leur de la visibilité sur votre travail, qu’il

s’agisse du planning ou de la fabrication. Montrez-leur

comment se déroule le processus d’impression, expliquez-

leur les subtilités du métier, donnez-leur des petits “trucs”…

Bref, enrichissez-les de votre savoir-faire.

Et pourquoi pas, faites-les venir physiquement ou

virtuellement lors de l’impression de leur document.

Cela contribuera à une forme de scénarisation et de

théâtralisation de la fabrication, qui ouvrira votre entreprise

vers l’extérieur.

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MARKETING-MIX : OUBLIEZ LES 4P. PENSEZ 6P !Dans les années 80-90 – les années “Mercator” et “Marketing

Management” – on enseignait aux étudiants en marketing la

règle des 4P dans la définition d’un marketing-mix :

Product (le produit)

Pricing (la politique tarifaire)

Place (la distribution)

Promotion (la stratégie de communication)

Dans les années 2000, d’autres “P” ont timidement fait leur

apparition : “People”, pour désigner les moyens humains

associés à la réussite ou encore “Position” pour évoquer le

positionnement produit. Mais ce dernier s’est fondu dans le

P de “Product”. Aujourd’hui, eCommerce et social marketing

aidant, Ron Johnson, ex-Apple et gourou du marketing,

parle désormais de 6P pour un marketing-mix réussi :

Product : gamme de produits

Pricing : politique tarifaire + positionnement produit

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Personality : nouveau concept visant à définir la per-

sonnalité que l’on souhaite donner à la marque comme

aux produits. Une vision très “Apple” des produits…

mais qui a fait largement ses preuves

Promotion : tous les moyens de communication qui

permettront de développer la notoriété des produits

et de générer des ventes

Place : le ou les mode(s) de distribution, intégrant

désormais les canaux on-line (eCommerce) et off-line

(Stores)

Presentation : là aussi, un concept inspiré du succès

d’Apple, et qui rejoint les théories du ZMOT-FMOT-

SMOT en décrivant la manière dont les produits vont

être présentés, voire mis en scène et théâtralisés.

A l’heure de réfléchir à stratégie future et à la création d’une

marque, la règle des 6P est un moyen simple et efficace de

poser votre réflexion et de tracer les grandes orientations

d’avenir. Après tout, les concepts de personnalité et de mise

en scène pourraient très bien s’appliquer à l’imprimé…

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LES 3C DU E-COMMERCESi le eCommerce est un sujet qui vous inspire, il y a un blog

incontournable à suivre : celui de Michel de Guilhermier.

Cet entrepreneur, aujourd’hui accompagnateur de jeunes

pousses, est un véritable évangéliste du commerce

électronique. Très au fait des tendances, il a un regard

particulièrement perçant sur ce qui fonctionne, ou pas, et

sur les facteurs-clés de réussite. Son blog est une mine d’or

que je vous incite vivement à consulter :

http://micheldeguilhermier.typepad.com/

Le blog de Michel de Guilhermier, un must-read lorsque l’on s’intéresse au e-Commerce

L’un des posts récents de Michel de Guilhermier évoquaient

la règle des 3C, trois indicateurs sur lesquels, selon lui, tous

les eCommerçants devraient se focaliser. A mon sens, ces

Page 120: Où va l'imprimerie ?

124

indicateurs sont également valables pour le commerce au

sens large, car ils sont des témoins précieux de la réussite

d’une entreprise.

CLTV : “Customer LifeTime Value”, que l’on pourrait traduire

par “Valeur totale d’un client sur toute sa durée de vie”.

En d’autres termes, le chiffre d’affaires qu’un client va

générer durant toute la période où il sera client chez vous.

CLTV = Marge nette par commande x nombre de commandes par an susceptibles d’être passéesx nombre d’années où le client commandera chez vous

Ce premier indicateur va calculer la valeur escomptée pour

chaque client, suivant sa durée de vie. Il va témoigner de

votre approche : plutôt à court-terme, avec une volonté

de faire des “coups“ et d’empocher une forte marge sans

rechercher la récurrence. Ou à l’opposé, la volonté de gagner

sur le long-terme, quitte à obtenir des bénéfices modestes

au démarrage de la relation avec le client, phase que vous

considèrerez alors comme un investissement sur la durée.

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CoCA : “Cost of Customer Acquisition” – Coût d’acquisition

du client. Il se calcule en rapportant le montant de vos

investissements marketing au nombre de clients acquis.

CoCA = Dépenses marketing totales

Nombre de clients acquis

Le Coût d’acquisition CoCA d’un client doit donc être

proportionnel au Customer Lifetime Value. Si le CLTV est

important, vous pouvez prévoir un CoCA élevé, le jeu en vaut

la chandelle. A l’inverse, si la durée de vie de vos clients est

courte, vos coûts d’acquisition doivent rester modérés.

CNPS : “Company Net Promoter Score”, qui pourrait se

traduire en “Mesure de la Satisfaction Client”, orientée

web. Il s’agit de demander à vos clients s’ils vous

recommanderaient à leurs amis. Pour cela, il suffit de mettre

en place une échelle de 1 à 10.

Exemple d’échelle d’évaluation du niveau de recommandation de vos clients

En aucune façon Sans aucune réserve1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

DÉTRACTEURS VENTRE MOU PROMOTEURS

Le CNPS se calcule en faisant la différence entre le nombre

de “Promoteurs” (ceux qui votent 9 ou 10) et le nombre de

Page 122: Où va l'imprimerie ?

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“Détracteurs” (vote compris entre 1 et 6). C’est un indicateur

précieux quoiqu’encore sous-utilisé.

En reliant les 3C entre eux, on dispose d’une vision précise

–et amplement suffisante – de la réussite de votre business-

model. Plus vous ferez d’efforts pour servir vos clients,

plus vous serez attentifs à leur satisfaction, plus ils seront

contents de vous ; ce qui aura pour conséquence 1) un cyle

de vie plus long 2) un CNPS élevé.

Des clients satisfaits, qui sont prêts à vous recommander,

cela vous évite des dépenses marketing. Donc votre CoCA

diminue… et vos marges augmentent. Ou bien cela vous

dégage un budget qui financera l’interconnexion de votre

plateforme au système d’information de votre client, ce qui

bénéficiera à terme au LifeTime Value.

Et ainsi de suite… Là encore, ces recettes du eCommerce

peuvent se transposer quasiment en l’état à l’imprimerie.

Ce seront autant d’indicateurs indispensables qui

témoigneront de la réussite de vos orientations stratégiques.

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PISTE 7 : SE REGROUPER POUR DÉCUPLER SES FORCESLes pistes pour réinventer le métier d’imprimeur ne

manquent pas. Toutefois, il n’est pas toujours évident de les

mettre en place tout seul. Jour après jour, il faut faire vivre

son imprimerie, assurer le quotidien… difficile de trouver le

temps d’imaginer un nouveau business-model et de mettre

en place de nouveaux produits lorsque la conjoncture

est orageuse. D’autant que cela demande du savoir-faire,

de l’expertise et des compétences ponctuelles qu’une

imprimerie isolée aura peut-être du mal à trouver.

MISE EN COMMUN DE MOYENSJ’ai la conviction que la planche de salut de l’imprimerie – du

moins en France – réside dans la capacité des acteurs à se

regrouper pour partager leurs moyens. Réflexion commune,

partage d’idées, mise en commun d’outils, développement

de services innovants à plusieurs… l’union fait la force

comme le dit le vieil adage !

Page 124: Où va l'imprimerie ?

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PLATEFORMES PARTAGÉESSi l’on prend le cas du web-to-print, tous les imprimeurs

n’ont pas les moyens d’investir dans de tels outils, ni même

de se lancer dans une étude de marché. Ils n’ont parfois

même pas conscience de leurs besoins. Un regroupement

d’imprimeurs est le moyen idéal pour financer à plusieurs

l’acquisition d’un service de ce type, que tous les adhérents

pourraient tester afin de voir s’il correspond à leurs

attentes. Le regroupement permettra aussi de peser face

aux éditeurs logiciels dans le cadre de la négociation. Et,

chose importante, qui dit partage dit échange d’expériences

et de bonnes pratiques. Chaque imprimeur aura un usage

différent des outils, en fonction de son historique, de son

fonctionnement et de ses clients. En échangeant avec ses

confrères, l’imprimeur “fédéré” pourra trouver de nouvelles

sources d’inspiration et des solutions à ses interrogations.

Ce qui est vrai pour le web-to-print peut l’être pour d’autres

types de services : comme je l’évoquais précédemment, les

services marketing sont sensibles aux outils de planification

et de gestion de projet. Là encore, un regroupement peut

être l’occasion de tester des solutions de ce type, sans qu’un

seul imprimeur n’ait à supporter entièrement le coût.

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CONCLUSION : FISH WHERE THE FISH ARE

L’avenir de l’imprimerie ne se résume ni à un choix d’outils

ni à une technologie. Pris individuellement, le web-to-print,

le low-cost, le multicanal ou l’impression numérique ne

résoudront rien. Le web n’est pas la panacée universelle que

certains voudraient nous laisser croire. Il n’y a que des pistes

de réponse et des exemples à y trouver.

L’avenir des imprimeurs repose sur leurs clients. Les

nouveaux modèles économiques dépendront de la

connaissance de leurs besoins et de l’anticipation de leurs

problématiques futures. Le papier a un avenir s’il est intégré

de façon cohérente et naturelle au sein d’un dispositif

multicanal. Cela suppose, pour réussir, que les imprimeries

opèrent une révolution culturelle qui les amènera à proposer

de nouveaux canaux en complément du print. Et si possible

en bonne intelligence. Les imprimeurs doivent arriver à

sortir de l’ornière dans laquelle ils se trouvent, et pour cela,

ils doivent se réapproprier le client final en remontant dans

la chaîne de valeur. Il n’y a que de cette façon, en bâtissant

Page 126: Où va l'imprimerie ?

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une marque, en allant dialoguer avec le consommateur et

en lui proposant des réponses appropriées, que l’imprimeur

retrouvera ses lettres de noblesse. En y réfléchissant bien,

c’est quasiment d’un nouveau métier qu’il s’agit. Mais il n’est

pas question de faire table rase du passé. Il faut s’en servir

comme d’un terreau fertile pour dessiner un nouvel avenir.

Même si la situation est très difficile, je suis optimiste. Les

nouvelles technologies d’impression et de publication sont

une opportunité pour cette industrie, car pour la première

fois, elles n’opposent plus digital et papier. Au contraire, ils

se complètent enfin pour servir plus efficacement le client.

Dans le monde du eCommerce, il y un adage que

j’affectionne particulièrement : “Fish where the fish are”, qui

se traduit par “Pêche là où il y a du poisson”. Cette pensée

résume à elle seule ce livre : si vous réussissez à déterminer

à l’avance l’endroit où se trouveront les poissons qui vous

nourriront demain, vous aurez gagné.

Ludovic Martin