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Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines SCULPTURE GRECQUE

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Département des Antiquités grecques,

étrusques et romaines

SCULPTURE GRECQUE

SOMMAIRE

Torse d’homme dit « Torse de Milet » …………………………………................................................................... 4

Le décor sculpté du Parthénon ……………..………….……………………………………….…………..…………………………….. 6

Répliques et originaux ………..…...………………………………………………………………..……………………………………….... 8

La Victoire de Samothrace I …………….……………………………………….……………………………………………………....... 10

La Victoire de Samothrace II ‐ Le sanctuaire des « Grands Dieux » ……………………..…………………….……….. 12

Les portraits grecs I ‐ Des origines au IVe siècle av. JC …………………………………………………………………………. 14

Les portraits grecs II – Alexandre le Grand et les souverains hellénistiques …………………………………………. 16

Les portraits grecs III – L’époque hellénistique ……………………………………………………………………………………. 18

L’Acropole d’Athènes ………………………………………………………………………………………..………………………………... 20

La Vénus de Milo …………………………………………………………………………………………………………………………………. 22

Le Gladiateur Borghèse ……………………………………………………………………………………………………………………….. 24

Le temple d’Athéna à Assos et son décor sculpté ………………………………………………………………………………… 26

Avertissement : Les premiers feuillets de salle ayant été édités en 1989 à l’occasion de l’ouverture de la

Pyramide, il est possible que certaines informations, notamment de localisation, soient aujourd’hui

obsolètes.

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Les portraits grecs I I

Alexandre le Grand et les souverains hellénistiques

3 46 F r a n ç a i s

Les por t r a i t s g r e c s I I

Alexandre l e Grand e tl e s souve ra in s he l l én i s t ique s

Les traits d’Alexandre le Grand

Les souvenirs de ses contemporains nenous sont parvenus que sous la formede bribes éparses le plus souvent utiliséespar des auteurs antiques tardifs. Cinqtextes consacrés à sa vie et à ses campagnesnous sont accessibles, mais ceux-ci nousapprennent très peu sur l’apparenced’Alexandre. L’auteur le plus précis estcertainement Plutarque qui, au IIe sièclede notre ère, dans sa Vie d’Alexandre,décrit un homme de taille moyenne, àl’odeur corporelle plaisante, au cou penchéet tourné vers l’épaule gauche, au mentonrasé, au regard porté au loin, les yeuxlimpides et humides, au front volontaire,à la chevelure en crinière et formantune vague à son sommet (anastolè).La description mêle donc des élémentstraditionnellement féminins (le regardhumide, le menton glabre) à une naturevirile et léonine inspirée de la physio-gnomonie aristotélienne. C’est le portraitfascinant et quelque peu idéalisé d’unhéros au charisme étonnant, à l’éternellejeunesse, semblable à Achille dontAlexandre se réclamait le descendant.

Les portraits d’Alexandre le Grand

Les textes antiques nous apprennentque les portraits d’Alexandre furentnombreux, mais leurs descriptions sontrares et elliptiques. Selon Plutarque,Alexandre s’attache trois portraitistesofficiels : Lysippe pour la sculpture,Apelle pour la peinture et Pyrgotélèspour la glyptique ; seul Lysippe étaitcapable de traduire dans le bronze lestraits d’Alexandre sans trahir son arétè,c’est-à-dire sa valeur ; mais aucun origi-nal ne nous est parvenu.L’identification de ses effigies reposesur la confrontation d’œuvres inspiréesd’originaux disparus avec les descriptionsde Plutarque. De nombreuses figuresmasculines se portent candidates pourune telle identification, mais la variétédes types et des styles, leur provenancesouvent incertaine, ou leur interprétationdéconcertent plutôt qu’elles n’informent.Aujourd’hui les spécialistes s’accordentsur trois documents: la mosaïque d’Alexandreet Darius 1 de la villa du Faune à Pompéi,les monnaies émises par ses successeurset l’Alexandre Azara 2 . Dans les trois cas,la chevelure léonine et l’anastolè, le visagevolontaire et l’absence de barbe fondentl’identification qu’appuie parfois uneinscription.

L’exaltation de la personne royale

en Macédoine au IVe siècle avant J.-C.

L’extraordinaire développement de lapuissance macédonienne sous l’autoritéde son roi Philippe II s’est accompagnéd’une impulsion intellectuelle et artis-tique sans précédent. Des personnalitésréunies à Pella, telles que le philosopheAristote, le peintre Apelle, ou le sculp-teur Lysippe, contribuent par leur talentà honorer le souverain et participentactivement à une propagande éclairée.Élevé au sein de cette cour brillante, lejeune Alexandre reçoit l’enseignementd’une politique culturelle savammentmenée dont il saura tirer profit une foisau pouvoir. L’art du portrait, dans cecontexte, tient une place déterminantepuisque symbole de la puissance dusouverain. C’est ainsi que peu après savictoire à Chéronée, en 338 avant J.-C.,Philippe II commande au sculpteurLéocharès un ensemble de statues chry-séléphantines le représentant lui et lessiens, placé dans une tholos située àproximité du temple de Zeus à Olympie.Ce monument dessine l’ébauche d’unculte dynastique.

f eu i l l e t s

1 Mosaïque d’Alexandre, détail

Inspirée d’une peinture de Philoxénos d’Érétrie

réalisée vers 330 av. J.-C.

Maison du Faune à Pompéi

Naples, Musée national archéologique - inv. 10 020

Alinari

2 Portrait d’Alexandre,

dit Alexandre Azara

Pilier hermaïque inscrit en marbre

d’époque romaine, d’après une statue

originale grecque attribuée à Lysippe

et datée vers 330 av. J.-C.

Découvert à Tivoli

Marbre - H 0,68 m

Paris, musée du Louvre - Ma 436

Chuzeville

Quelques repères historiques

Depuis le Ve siècle avant J.-C., les souverains du royaume de

Macédoine profitent d’une croissance économique exemplaire pour

conforter leur pouvoir. Sous l’autorité de Philippe II (359-336 avant

J.-C.), les réformes militaires, la pacification du territoire et une habile

diplomatie consacrent la création d’un vaste État autocratique au

détriment de la liberté des cités grecques, comme Athènes. Philippe II

assassiné, son fils Alexandre, né d’Olympias, devient roi. Celui-ci n’a

que vingt ans ; son règne, très court - il meurt à Babylone en

323 avant J.-C., à l’âge de trente-trois ans -, provoque un grand bou-

leversement de la carte politique, puisqu’il étend l’hellénisme jusqu’à

l’Indus. Sa disparition brutale laisse son domaine en déshérence et

ouvre une période de troubles pendant laquelle ses généraux - les dia-

doques - réclament un pouvoir sans partage. En 306 avant J.-C., ces

derniers prennent successivement le titre de roi. Progressivement

s’instaure un découpage des terres conquises qui donne naissance aux

royaumes hellénistiques. La dynastie des Lagides domine l’Égypte et

certaines cités égéennes ; celle des Antigonides, la Macédoine, la

Thrace et une partie de la Grèce méridionale ; celle des Séleucides, un

empire qui s’étire de l’Asie Mineure au nord-ouest de l’Inde. Cinq

royaumes plus petits s’ajoutent aux trois principaux parmi lesquels

celui des Attalides à Pergame.

5 Portrait de Cléopâtre II

ou Cléopâtre III en Isis

Égypte, 2e moitié du IIe siècle av. J.-C.

Marbre - H 0,37 m

Paris, musée du Louvre - Ma 3546

Larrieu

3 46 F r a n ç a i s

L’Alexandre Azara serait la copie romainepartielle d’une création majeure de Lysippe,l’Alexandre à la lance, dont une statuetteen bronze provenant d’Égypte3 révéleraitsur un ton mineur la souplesse mêlée depuissance. Cette œuvre citée par Plutarqueoffre l’image du conquérant qui soumetpar la lance les territoires et qui s’écrie,prenant Zeus à témoin : “À toi l’Olympe ;à moi la terre !” Sa destinée exceptionnellesemble l’élever au-dessus des hommes,idée inconcevable un siècle plus tôt.Du vivant d’Alexandre, des portraits idéa-lisés s’ajoutent aux portraits lysippiquesplus réalistes. Ils ne retiennent des traitsdu souverain que la chevelure longue etdésordonnée, et parfois l’anastolè. Ce typeserait illustré par un portrait découvertsur l’acropole d’Athènes et considérésouvent comme une œuvre originale del’Athénien Léocharès réalisée peu après338 avant J.-C.Les portraits posthumes semblent suivrecette veine idéalisante, comme le montrele visage juvénile à l’ovale parfaitementrégulier de l’Alexandre Guimet 4. L’idéali-sation contribue à la sacralisation d’unjeune roi valeureux au pouvoir personnelillimité, mais permet aussi aux princeshellénistiques qui lui succèdent d’endosserl’héritage spirituel et politique d’Alexandreen créant des portraits dont les traits sonten surimpression aux siens. Le buste del’Inopos (salle 11) peut ainsi être identifiécomme une interprétation tardive duMacédonien ou comme l’effigie du roiMithridate VI Eupator, admirateurd’Alexandre au point d’en emprunterl’iconographie.

Généralités sur les portraits

des souverains hellénistiques

Si les témoignages littéraires et épigra-phiques mentionnent en nombre ce typed’effigies, les documents archéologiquessont relativement rares : pour environquatre-vingts dynastes qui portent dia-dème, nous n’avons approximativementque cent vingt portraits. C’est le résultatprobable de la refonte ultérieure des ori-ginaux en bronze et du peu d’intérêt desRomains pour des copies de ce genre.Les décrets et bases inscrites conservésrévèlent l’existence de quatre typesd’effigies sculptées : les statues de cultequi participent aux cultes dynastiqueset consacrent la légitimité du pouvoir ;les statues honorifiques, expression laplus onéreuse et la plus prestigieusede remerciement d’une cité envers unbienfaiteur ; les statues élevées à lademande du roi ou de ses proches dansla capitale du royaume ; les offrandesdans les sanctuaires, symbole de la puis-sance du dynaste - ainsi du groupe enbronze réalisé par Lysippe et Léocharèsvers 320-300 avant J.-C. qui représentaitCratéros secourant Alexandre aux prisesavec un lion et qu’évoquerait la base deMessène (salle 11).L’identification des portraits repose essen-tiellement sur une comparaison des figuresaux profils monétaires qui, après 306,s’imposent peu à peu au revers des mon-naies. Mais cette pratique n’est pas sûrepour l’ensemble des souverains : si lesSéleucides adoptent les portraits des roisde leur vivant, le plus souvent les Lagides

3 Alexandre à la lance

Écho de la statue attribuée

à Lysippe et datée vers 330 av. J.-C.

Basse Égypte, époque hellénistique

Bronze - H 0,165 m

Paris, musée du Louvre - BR 370

Chuzeville

Corinne Jouys Barbelin

Département

des Antiquités

Grecques, Étrusques

et Romaines

Musée du Louvre, Service culturel. Dépôt légal : avril 2000. Conception graphique : Grapus. Maquette : Anne-Louise Cavillon.

4 Portrait d’Alexandre,

dit Alexandre Guimet

Égypte, vers 300 av. J.-C. ?

Marbre - H 0,33 m

Paris, musée du Louvre - Ma 3499

6 Monnaies lagides

a. Ptolémée II et Arsinoé II

b. Ptolémée III

comme les Attalides conservent le portraitde leur fondateur d’émission en émissionou utilisent le portrait posthume de leurprédécesseur, ce qui prive alors le cher-cheur d’un outil précieux.De plus, l’idéalisation qui résulte de l’assi-milation fréquente du souverain à desdivinités et, à l’inverse, l’individualisationdes images divines à l’époque hellénis-tique concourent à brouiller toute analyseobjective.En général, l’image du roi s’inspire decelles d’Alexandre. Le roi est représentéjeune, imberbe, vigoureux, la chevelurebouclée, assez longue et ceinte du diadèmeconstitué d’un bandeau plat aux extré-mités libres. Le regard se tourne versle ciel, et les traits sont réguliers. Desattributs divins, comme les cornes detaureau, la dépouille d’éléphant, l’égide,les rayons, le diadème ailé, les cornesde bouc ou le trident, s’ajoutent parfoispour signifier peut-être la dimensiondivine de son pouvoir.

Particularités des portraits lagides

La dynastie lagide domine l’Égypteentre 323 et 31 avant J.-C. Endossantl’héritage des pharaons, elle tire partides coutumes locales dans un mondeaux traditions encore très vivaces. Elleinstaure à la mort de son fondateur,Ptolémée I Sôter, un culte dynastiquetrès organisé et de grande portée quis’ajoute à celui d’Alexandre dont elleconserve la dépouille. Ce phénomèneexpliquerait en partie l’affluence desportraits, de tailles et de matièresvariées, comme le bronze, la pierre oula faïence. Les sculptures en marbre sontsouvent réduites au visage en raison del’importation coûteuse de ce matériau ;les figures étaient alors complétées pardu stuc.Les effigies féminines sont nombreuses,à la différence des autres dynasties,étant donné l’association traditionnelleen Égypte des souveraines au pouvoir 5 .L’identification de ces portraits restealéatoire à partir du règne de Ptolémée III(246-221 avant J.-C.) malgré le nombreélevé des monnaies 6 , et cela pour deuxraisons : les seuls portraits sculptés inscritssont de facture égyptienne sans que soientnotés les traits individuels ; et la stabilitéde cette dynastie repose surtout sur savolonté d’affirmer sa pérennité. À cettefin elle multiplie les effigies posthumesidéalisées et impose une ressemblancefamiliale, tels les yeux grands ouverts etl’empâtement des maxillaires (tryphè),signe de son opulence et de sa puissance.

Lebaube

Felberm

eyer

a. b.

Les portraits grecs I I I

L’époque hellénistique3 47 F r a n ç a i s

Les por t r a i t s g r e c s I I I

L’époque he l l én i s t iqueDe Lysippe nous savons qu’il a réaliséplusieurs effigies d’Alexandre et desdiadoques. Il aurait également exécutéun portrait de Socrate à la demandedes Athéniens, dans la seconde moitiédu IVe siècle avant J.-C., pour le dresserdans le Pompéion. L’un des types desportraits du philosophe - le Louvreexpose une tête de ce type dans la salledes Caryatides - est attribué à Lysippe :le masque silénique au large front dégarniet au nez camus évoque la descriptionde Platon dans Le Banquet mais relèvedavantage du portrait imaginaire quede l’écho fidèle des traits de Socrate.Pourtant, si la peinture d’Éphèse 2 reflètebien la statue aujourd’hui disparue, lesculpteur ajoute à une effigie relative-ment conventionnelle une dimensionsupplémentaire : la mobilité de la posequi évoque l’agilité intellectuelle dupenseur et les apostrophes adressées auxcitoyens. Cet illusionnisme renouvellel’art du portrait. Lysippe comme Silanionseraient à l’origine d’un véritable portraitindividualisé, mais dominé par une forterecherche esthétique. C’est ce portraitque le monde hellénistique reçoit enhéritage.

Les hommages publics

Pour glorifier la culture athénienne aprèsle désastre de Chéronée, l’administrateurLycurgue engage vers 330 avant J.-C. unprogramme architectural important quicomprend l’aménagement du théâtre deDionysos sur les pentes de l’Acropole.Les statues des trois grands tragiques duVe siècle avant J.-C. - Eschyle, Sophocleet Euripide - sont commandées à cet effet.Les savants s’accordent à reconnaîtredans le Sophocle du type du Latran 3 l’échode l’original aujourd’hui disparu.La force centrifuge que créent les diago-nales tendues des plis de l’himation etque prolonge le regard qui se porte auloin est avant tout l’expression du poèteglorieux. Nous sommes encore dans lalogique des “portraits-rôles” du Ve siècle.Tout autre est le portrait de Démosthènecommandé par les Athéniens pour êtreplacé sur l’agora et réalisé par le sculpteurPolyeuctos quarante-deux ans après lamort de l’orateur. Une copie complète 4en est conservée : l’extrême simplicité del’attitude, le visage penché aux sourcilsfroncés, les mains serrées suggèrent latension et la solitude de celui qui n’a cesséde se battre. Il n’est pas certain que ceportrait, comme celui de Sophocle, reposesur une ressemblance réelle avec le per-sonnage mort depuis longtemps, mais ilest difficile d’imaginer reflet plus efficacede l’orateur athénien. Ce portrait qui metl’accent sur l’expression des émotions etdes expériences individuelles, tout enconservant l’archétype de l’hommepublic, renouvelle définitivement cet art.

Silanion, Lysippe

Dès la fin du Ve siècle avant J.-C., unsculpteur athénien, Démétrios d’Alopèkè,aurait cherché à reproduire la réalitédes personnages représentés, mais sadémarche se montre si étrange que,plusieurs siècles après, Quintilien noteencore que Démétrios est critiqué pouravoir préféré la ressemblance à la beauté.Pourtant, au cours du IVe siècle avant J.-C.,les portraits qui nous sont parvenusaffirment un intérêt croissant pour lesreprésentations individualisées enrichiesdes expériences personnelles d’un per-sonnage donné. Si l’on en croit les textesantiques, deux grands artistes sont enquête de la vérité : Silanion et Lysippe.Le nom du premier est associé à la statuefragmentaire en bronze découverte àOlympie 1 , datée des années 340-320 etidentifiée au portrait de Satyros. Lesoreilles et le nez écrasés, le front bosseléainsi que les rides et les joues tombantesfont de lui un pugiliste au seuil de laretraite ; alors que les yeux petits, lementon en galoche et l’imposant systèmepileux proposent l’image d’un individu.Seule l’organisation des mèches de labarbe et de la chevelure semble obéirà l’ordre classique.

f eu i l l e t s

Une culture prisée des Romains

Les Romains ont volontiers orné leurs demeures ou les lieux publics de

bustes, de piliers hermaïques, de statues, de peintures ou de mosaïques,

symboles d’une culture hellénique si recherchée. C’est pourquoi les

portraits d’orateurs, de philosophes, de tragiques ou de poètes copiés

d’originaux grecs aujourd’hui disparus nous sont parvenus en nombre.

Sont ainsi répertoriées environ cinquante copies du portrait de Démosthène

et plus de quarante du portrait d’Hésiode. Plusieurs de ces répliques

sont inscrites, ce qui permet d’identifier certains des personnages

représentés ; parfois sont figurés deux portraits adossés sur un même

pilier, unis par association d’idées.

La période hellénistique et le portrait

L’époque hellénistique, soucieuse d’affirmer son érudition et l’éclat

de sa civilisation, a multiplié les effigies de ses hommes célèbres.

Leur diffusion est plus large qu’aux époques antérieures : elles sont

désormais exposées dans les théâtres, bibliothèques, gymnases, agoraï,

sanctuaires, mais aussi dans des lieux privés. Il est cependant difficile

de les dater en l’absence de témoignage littéraire précis, car toute

datation stylistique est fragile compte tenu de la diversité et de la

complexité de l’art de cette période.

La propagande politique d’Alexandre et de ses successeurs, qui repose

en partie sur l’image du souverain, a certainement modifié la perception

de l’individu au sein d’un monde grec désormais très vaste. Pourtant

si les traits particuliers d’un personnage sont plus perceptibles que

naguère, l’idéalisation du “portrait-rôle” (voir “feuillet” 3 45) est

encore présente et sous-tend nombre des représentations d’orateurs,

poètes, tragiques et philosophes.

1 Tête de pugiliste

Fragment d’une statue

découverte à Olympie,

datée vers 340 ou 328 av. J.-C.

Bronze - H 0,28 m

Athènes, Musée national - inv. 6439

2 Peinture inscrite “∑∑ΩKRATH∑∑”

Découverte dans une maison romaine

à Éphèse, Ier siècle apr. J.-C.

H de la figure 0,325 m

Selsuk, Musée archéologique

Ali

nari

DR

Ali

nari

J.

Sels

ing

3 Portrait de Sophocle

du type du Latran

Copie romaine en marbre

d’un original grec daté

vers 330 av. J.-C.

H 2,04 m

Rome, musée du Vatican - inv. 9973

4 Portrait de Démosthène

Copie romaine en marbre

d’un original grec en bronze

attribué à Polyeuctos

et daté vers 280 av. J.-C.

H 2,02 m

Copenhague, Ny Carlsberg Glyptothek - I.N. 2782

3 47 F r a n ç a i s

Les philosophes

Les portraits de philosophes résultent en général de dédicaces privées réaliséespar les membres des écoles philosophi -ques dont le nombre ne cesse de croître.L’étude de ces portraits montre quechaque école semble adopter un typespécifique de représentation, sorte d’expression de la philosophie enseignée :à l’image repoussante et débraillée descyniques répond celle, plus policée etdigne, des épicuriens dont l’uniformitéest éloquente. Le long visage presqueascétique et au nez proéminent d’Épicure 5

(341-270 avant J.-C.) se retrouve sur lesportraits de ses disciples comme le montrele double hermès exposé dans la salledes Caryatides du Louvre sur lequel sontadossés les portraits d’Épicure et deMétrodore. La reconstitution du portraitde Chrysippe 6 (vers 280-204 avant J.-C.)illustre le parti des stoïciens : s’impliquerdans les affaires de la cité et inciter audialogue, à la différence des épicuriensqui, eux, vivaient reclus. Assis sur untabouret, son corps décrépit drapé dansson himation, il tend le bras droit, lamain appuyée sur le genou, la paumeouverte, les doigts contractés. L’instan -tanéité de la pose semble matérialiser lestémoignages antiques qui décrivaientChrysippe, célèbre pour sa dialectique,argumentant en comptant sur ses doigts.

Les portraits imaginaires

Dès le Ve siècle avant J.-C., les artistesgrecs produisent les portraits de person-nages dont la physionomie est depuislongtemps oubliée. Ils impriment alorssur ces représentations l’empreinte du style ou du contexte de création. Le cas d’Homère est exemplaire : ce poète,dont on situe l’existence vers le VIIIe siècleavant J.-C. et dont la tradition voulaitqu’il soit vieux, pauvre et aveugle, est lesupport de l’éducation de tout jeune Grecde bonne famille ; cela justifie d’embléequ’une image symbolique soit offerteaux citoyens. Chaque époque élabore sa propre effigie : la sobriété austère decelle du style sévère précède la théâtralitépathétique et baroque d’une version hel-lénistique dont une copie est conservéeau Louvre 7 . L’immo bilité d’un regardaveugle qu’exprime le voile des paupièressur les pupilles s’oppose à l’animationdes chairs et à l’agitation de la barbe bat-tue par le vent. Cette célébration d’unevieillesse inspirée et digne nous rappelleque le père de l’Iliade fut l’objet de cultesdans le monde hellénistique.

Le courant réaliste et le portrait

romain

Des portraits, découverts sur l’île deDélos et datés pour la plupart de la findu IIe siècle aux années 80 avant J.-C.,forment un groupe d’œuvres originalesen marbre ou en bronze réalisées pardes artistes grecs à la demande de richesnégociants et banquiers qui peuplaientcette cité cosmopolite. Nombre de cessculptures reflètent les traits d’Italiensqui composaient une communauté impor-tante, dynamique et prospère sur l’île

Corinne Jouys Barbelin

Département

des Antiquités

Grecques, Étrusques

et Romaines

Musée du Louvre, Service culturel. Dépôt légal : avril 2000. Conception graphique : Grapus. Maquette : Anne-Louise Cavillon.

depuis l’instauration de l’autorité de Romesur la partie orientale du bassin médi-terranéen. Ces portraits illustrent tousune tendance réaliste apparue dès ledébut de l’époque hellénistique, maischacun adopte une composition proprequi délivre un message singulier. La veinetemporale, les pattes d’oie et les fossettesde la tête en bronze de la Vieille Palestre 8

sont les traits distinctifs d’un individu,mais la bouche entrouverte, le regardlevé et l’inclinaison de la tête vers l’épaulegauche appartiennent au schéma héroïsantdes portraits lysippiques d’Alexandre. Les sculptures déliennes présentent tantde similitudes avec les portraits romainsdu Ier siècle avant J.-C. qu’il est raisonnablede penser qu’ils préfigurent et serventde modèle aux portraits d’époque répu-blicaine.Cependant, la pérennité de ce courantrend complexe la datation de certainesœuvres parvenues jusqu’à nous sanscontexte archéologique. C’est ainsi quela tête masculine coiffée d’un bandeauet exposée dans la salle des Caryatidespeut être aussi bien la copie d’une effi-gie d’Antiochos III, une tête de prêtreréalisée au Ier siècle avant J.-C. ou unportrait romain d’époque républicaine.

Bibliographie

G.M.A . R i ch te r, The Port ra i t s o f the Greeks , Londres , 1965 .

J.J . Po l l i tt , Art in the He l len is t i c Age , Cambridge , 1986 .

Cl . Ro l l ey, La Scu lpture grecque I I , Pari s , 1999 .

5 Buste inscrit “E∏∏IKOYPO∑∑”

Découvert dans la villa

des Papyri à Herculanum

Copie romaine d’un original

grec daté de la 1re moitié

du IIIe siècle av. J.-C.

Bronze - H 0,20 m

Naples, Musée national archéologique - inv. 5465

7 Portrait d’Homère

Copie romaine en marbre

d’un original grec daté

du IIe siècle av. J.-C.

H 0,53 m

Paris, musée du Louvre - Ma 440

8 Tête masculine

Découverte dans la Vieille Palestre,

à Délos, datée de la fin

du IIe siècle av. J.-C.

Bronze - H 0,325 m

Athènes, Musée national - inv. 14612

A.

Fra

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M.

Ch

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Ali

nari

6 Portrait de Chrysippe

Copie romaine en marbre d’un original grec

daté de la fin du IIIe siècle av. J.-C.

La tête est un moulage d’une copie romaine

en marbre, conservée au British Museum.

H 1,20 m (avec la tête)

Paris, musée du Louvre - Ma 80

RM

N

f eui l l e t s

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