pantalacci___lesur_2012

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Pantalacci___Lesur_2012

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  • LE CAIRE - 2012

    Bulletin de linstitut franais

    darchologie orientale

    TOME 112

  • vi bifao112

    JeanLeclant(1920-2011)

    Nicolas Grimal ..................................................................................................................... 1

    PaulBarguet(1915-2012)

    Dominique Valbelle .............................................................................................................. 7

    MichelBaud(1963-2012)

    Pierre Tallet .......................................................................................................................... 11

    1

    Ashour Sobhi

    AnUnpublishedGraniteStatueofDiskophoros EphbosinCairo....................... 19

    Bonnet Charles

    LesgrandsmonumentsgyptiensetnubiensdudbutdelaXVIIIedynastiesurlesitedeDoukkiGel(Kerma).................... 57

    Brovarski Edward

    StudiesinEgyptianLexicographyIII:CG20506andtheWordforBedCanopy............................................................ 77

    Cuvigny Hlne

    QuandHrosauraaccouch = danslexpressiondelventuel............................................................... 97

    Delattre Alain

    TroispapyrusdumonastredeBaout...................................................................... 101

    Dhennin Sylvain

    DjekperetNikiou,anciennesmtropolessurleterritoiredelaMinfya...... 111

    El-Enany Khaled

    UnestatuettesistrophoredAtfih................................................................................ 129

    Elmaghrabi Mohamed Gaber

    TwoLettersExchangedbetweentheRomanFortsofDiosandXeron(EasternDesertofEgypt)concerningamulokopion.............................................. 139

  • sommaire vii

    Faucher Thomas, Fischer-Bossert Wolfgang, Dhennin Sylvain

    Lesmonnaiesenorauxtypeshiroglyphiquesnwb nfr......................................... 147

    Gamelin Thomas

    UnassemblagedcoratifpouruneconstructionthologiquedanslachapelledeMhytEdfou............................................................................. 171

    Grzer Ohara Aude

    LepalaisdesmontssurunblocderemploideKarnak:maroudAmonet/oucomplexejubilairedAmenhotepIIIMalqata?............. 191

    Koleva-Ivanov Elka

    Osirisetlesbriquessacres.......................................................................................... 215

    Lorand David

    UnscribesurleslieuxdelHistoire.proposdelostraconMMA32.1.119etdelafrquentationdespyramidesdeLichtlaXIXedynastie........................ 225

    Mekis Tams

    TheCartonnageofNestanetjeretten(LouvreAF12859;MGE1082)anditsEnigma...................................................... 243

    Mougenot Frdric

    Metchetchienfamillesurlelinteau93.32.3duChryslerMuseumofArtdeNorfolk................................................................... 275

    Pantalacci Laure, Lesur Josphine

    levageetconsommationdeviandeBalat(oasisdeDakhla)FindelAncienEmpire-PremirePriodeintermdiaire....................................... 291

    Qahri Spideh

    FragmentsdevaisselleinscriteengyptienconservsauMusenationaldIran(Irn-e-Bstn)Thran............................ 317

    Saragoza Florence

    Lamaisondouble-carrdeMdamoudetlessanctuairesisiaquesdgypte............................................................................. 349

    Shalaby Noha

    AHeadlessBlockStatuetteoftheXXVIthDynasty(CGC941)......................... 371

  • viii bifao112

    Tallet Pierre, Laisney Damien

    Iry-HoretNarmerauSud-Sina(OuadiAmeyra)Uncomplmentlachronologiedesexpditionsminiresgyptiennes........... 381

    Tallet Pierre, Marouard Grgory, Laisney Damien

    UnportdelaIVedynastieauOuadial-Jarf(merRouge)..................................... 399

    Valbelle Dominique

    CommentlesgyptiensdudbutdelaXVIIIedynastiedsignaientlesKouchitesetleursallis..................................................................... 447

    Rsums en franais et en anglais.................................................................................... 465

    Adresses des auteurs............................................................................................................ 479

  • bifao 112 - 2012

    Texte remani dune communication prononce au 9e congrs du DOP, Lecce, sept. 2009.

    1 L. Pantalacci, J. Lesur- Gebremariam, Wild Animals Down-town: Evidence from Balat, Dakhla Oasis (end of the 3 rd millenium BC) ,

    dans Desert Animals in the Eastern Sahara, Colloquium Africanum 4, Heinrich-Barth Institut, Cologne, p. 245-259.

    laurepantalacci, josphinelesur

    Fouill depuis plus de trois dcennies par lIfao, le site de Balat, fondation pharaonique de lAncien Empire, a livr une documentation archologique et pigraphique sans quivalent pour le dernier quart du IIIe millnaire. Si les restes vgtaux sont peu abon-dants, la fouille stratigraphique des habitats a exhum des collections fauniques significatives, qui ont donn lieu une mission dtude de J. Lesur en janvier 2007. Une premire enqute, fonde sur le croisement des donnes archozoologiques et textuelles, nous avait permis de souligner la prsence rgulire, dans la consommation de la ville antique, danimaux sauvages, produit de la chasse 1. Mais comme on lattend en site dhabitat, le spectre de faune est trs nettement domin par les animaux domestiques, produit de llevage. Fond sur le dialogue entre les sources archozoologiques et les textes mis au jour sur le site urbain, principalement durant la dernire dcennie, le prsent article vise rassembler les informations actuellement disponibles sur les espces domestiques, les modalits et les cadres sociaux de la consommation de viande dlevage Balat.

    Lesespcesdomestiquesetllevage

    Nature des sourcesPour identifier les animaux et les pratiques lies leur usage, nous prendrons en compte

    ltude indite de labondant assemblage faunique issu de la fouille du site urbain entre 1979 et

    levageetconsommationdeviandeBalat(oasisdeDakhla)FindelAncienEmpire-PremirePriodeintermdiaire

  • 292 laure pantalacci, josphine lesur

    2 Seuls quelques ossements prsen-tent sur leur surface des traces dues la corrosion ou une exposition prolon-ge aux intempries ( weathering ). Par ailleurs, un nombre important dosse-ments porte des traces de carbonisation probablement lies lincendie qui a d-truit le palais la fin de lAncien Empire. Enfin, quelques traces de grignotage attestent de laction de carnivores de type chien ou chacal. 3 Sur ces deux collections, voir nos remarques prliminaires dans BIFAO 101,

    2001, p. 514-515 ; 102, 2002, p. 499-500 ; 109, 2009, p. 598-599. 4 Le reste du spectre comprend des bovids sauvages tels que la gazelle dorcas (Gazella dorcas), le mouflon manchette (Ammotragus lervia) et probablement loryx (Oryx dammah) : L. Pantalacci, J. Lesur-Gebremariam, op. cit. 5 Le ratio de Balat est assez proche de celui constat pour des priodes plus anciennes, par exemple sur certains sites prdynastiques du Fayoum (C. Yokell, Modeling Socioeconomic Evolution and

    Continuity in Ancient Egypt. The Value and limitations, BAR-IS 1315, 2004, p. 63, Table 6.1 : 58,3 %) ou Giza au dbut de lAncien Empire (ibid., p. 86, Table 7.4 : 44,6 %). 6 Le plus souvent, les documents ne prcisent pas lespce qui a fourni la viande distribue. On pourrait sup-poser alors quil sagit de buf, ce qui accrotrait encore la part des bovins dans lapprovisionnement en viande gr par le palais.

    2006. Les restes fauniques ont t rcolts vue pendant la fouille, sans tamisage, mais dune faon exhaustive, assurant une bonne prsence des esquilles de petite taille. Au total, 3 293 restes ont t tudis, dont prs de 65 % ont t identifis. Ltat de conservation de lassem-blage est trs variable mais, dune manire gnrale, satisfaisant 2. La trs grande majorit des ossements (2 484) provient de la zone du palais, du secteur des sanctuaires et des habitations situes au sud de lenceinte nord. Tous ces ensembles, exclusivement domestiques, datent de la priode majeure doccupation du site, soit la toute fin de lAncien Empire et le dbut de la Premire Priode intermdiaire.

    Quant aux sources documentaires prises en considration, elles appartiennent principalement deux collections darchives : lune trouve en 2000-2001 au nord-est de lenceinte sud, dans une zone spcialement rserve llimination des archives primes du palais gouvernoral ; lautre en 2009, dans des magasins du secteur sud du palais 3. Les deux sries darchives sont strictement contemporaines des collections fauniques, ce qui autorise une comparaison per-tinente entre les deux catgories dinformation. Au total, une douzaine de ces tablettes mises au jour rcemment, souvent mal conserves, traitent principalement ou exclusivement de distributions de viande. Deux des plus compltes sont publies en annexe cet article.

    MammifresLes animaux domestiques, notamment le buf (Bos taurus) et les caprins (mouton et

    chvre) dominent largement le spectre : ils reprsentent 84 % des restes dtermins et 61 % du Nombre Minimal dIndividus (fig. 1), pour seulement 16 % despces sauvages 4.

    Comme sur les autres sites de lpoque, le plus souvent des sites funraires, Balat tous les types de sources dsignent les bovins comme les mammifres les plus nombreux 5. Dans les documents du dossier, leur prdominance est encore plus crasante, puisquon a identifi sept mentions de bovins pour seulement trois de caprins 6.

    En ce qui concerne lge de mise mort des bovins, le nombre de donnes ntant pas suffisant pour raliser des courbes dabattage, nous avons uniquement regroup les donnes dentaires sous plusieurs catgories. On constate ainsi (fig. 2) que lespce est principalement reprsente par des individus sub-adultes (2-4 ans), et dans une seconde mesure, par des jeunes (0-2 ans) et des adultes (4-10 ans). Les fouilles de la ncropole ont elles aussi mis en vidence la

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 293

    7 L. Chaix, C. Olive, dans M. Val-loggia, Le mastaba de Medou- nefer. Balat I, FIFAO 36, 1986, p. 206. 8 Selon R. Redding ( Status and Diet at the Workers Town, Giza, Egypt , dans D. Campana, P. Crab-tree, S.D. de France, J. Lev-Tov and A. Choyke (d.), Anthropological Ap-proaches to Zooarchaeology : Complexity, Colonialism, and Animal Transformations, Oxford, 2010, p. 68), 50 % des os re-trouvs dans la ville des btisseurs des pyramides de Giza appartiennent des

    animaux de moins de 18 mois, 20 % seulement des animaux de plus de deux ans. Les mmes observations ont t faites dans des contextes funraires : voir par ex. S. Ikram, N. Iskander, Ca-talogue gnral of Egyptian Antiquities in the Cairo Museum ; Nos 24048-24056 ; 29504-29903 (selected) ; 51084-51101 ; 61089, Non- Human Mummies, Le Caire, 2002, p. 48-52. 9 Il est intressant de noter que cette proportion des sexes concide exactement avec les donnes fauniques

    de la ville des ouvriers de Giza pour la IVe dynastie : R. Redding, ibid. Elle pourrait donc reprsenter une norme de consommation courante sur les sites urbains. 10 Cf. R. Redding, loc. cit. ; A.S. Gilbert, Zooarchaeological Obser-vations on the Slaughterhouse of Me-ketre , JEA 74, 1988, p. 72, 75-76. La rduction du nombre des mles est une pratique constante des cultures pasto-rales actuelles en Afrique : C. Yokell, Modeling Socioeconomic Evolution, p. 42.

    prsence danimaux trs jeunes (veaux de 2-3 mois) ou fort gs (9-10 ans) 7. Lge des animaux consomms semble plus lev que sur dautres sites dats de lAncien Empire 8. Les sources crites distinguent seulement deux catgories dge, le jeune (bz pour le mle, jdt pour la femelle) et ladulte (seulement attest pour le mle, k) ; six mentions danimaux mles ayant t releves contre une seule femelle 9.

    Mme si ces rsultats ne nous permettent pas danalyser en dtail le mode de gestion des animaux, on sait par ailleurs que la plupart des bovins mles taient castrs et levs princi-palement pour leur viande 10. Daprs la tablette 3 688, qui mentionne un bovin-wnw lev (littralement fait ) pour le dieu Igay, on peut supposer que certains animaux, destins exclusivement ou prioritairement la consommation, taient levs et peut-tre engraisss

    Fig. 1

    Buf 47%

    Caprins 36%

    ne 0,8%

    Bovids sauvages 12%

    Chien 1%

    Autres mammifres

    1% Oiseaux 1%

    Coquillages 2%

    fig.1. Reprsentation graphique du spectre de faune (en pourcentage du nombre de restes).

  • 294 laure pantalacci, josphine lesur

    11 Sur ce texte indit, P. Posener-Kriger, Les tablettes en terre crue de Balat , dans E. Lalou (d.), Les tablettes crire de lAntiquit lpoque moderne, Bibliologia 12, 1992, p. 46 ; photographie dans J. Leclant, G. Clerc, Fouilles et travaux en gypte et au Soudan , Or 57, 1988, pl. XLVI, fig. 56. Il pourrait aussi sagir dun taureau de lespce-wnw d-plac en vue de la reproduction, comme cest peut-tre le cas dans la tablette 3683, qui fait tat dun taureau envoy dune des bourgades de Dakhla la capitale :

    G. Soukiassian, M. Wuttmann, L. Pantalacci, Le palais des gouverneurs de lpoque de Ppy II. Les sanctuaires de ka et leurs dpendances. Balat VI, FIFAO 46, 2002, p. 346-348. 12 Les liens de la capitale oasite avec son terroir agricole sont perceptibles ici : cp. nos remarques sur Agricul-ture, levage et socit rurale dans les oasis daprs les archives de Balat (fin de lAncien Empire) , dans J.-C. Moreno- Garcia (d.), Actes du colloque Lagriculture institutionnelle en gypte

    ancienne, Lille, 10-11 juillet 2003, CRIPEL 25, 2005, p. 89-90. Lune des rares scnes prserves dans la chambre funraire de Khentika est prcisment une scne de labour : G. Castel et al., Le mastaba de Khentika (mastaba III de Balat), Balat V, FIFAO 40, 2001, p. 128 et fig. 82-83. 13 Selon les critres de Halstead et al., Sorting the Sheep from the Goats: Morphological Distinctions between the Mandibles and Mandibular Teeth of Adult Ovis and Capra , JAS 29, 2002, p. 545-553.

    dans larrire-pays en vue de fournir plus de viande la communaut 11. Enfin, la prsence non ngligeable dindividus gs laisse supposer leur utilisation dans dautres domaines, comme le trait ou les labours 12.

    Caprins

    Il est noter que pour les caprins, un certain nombre dossements ont permis de diffrencier les moutons des chvres 13 et il semble que la majorit des restes (65 %) proviennent de chvres (Capra hircus), mme si le mouton (Ovis aries) est galement bien attest. Sur les sites urbains datant de lAncien et du Moyen Empire rcemment fouills, la rpartition des deux espces est

    Fig.2

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    14

    0-2 ans 2-4 ans 4-10 ans

    NM

    I

    Nom

    bre

    de d

    ents

    ge

    ND = 20 NMI = 15

    fig.2. Estimation de lge dabattage des bovins daprs les donnes dentaires (ND, Nombre de Dents ; NMI, Nombre Minimal dIndividus).

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 295

    14 Cp. les analyses de R. Redding Giza pour la IVe dynastie, dans D. Campana et al. (d.), Anthropologi-cal Approaches to Zooarchaeology, Oxford, 2010, p. 68 : 3 fois plus de moutons que de chvres, avec celles de S. Rossel dans la ville de Wah-sout (XIIIe-XVIIe dynastie : ratio inverse : S. Rossel, Food for the Dead, the Priests and the Mayor: Looking for Status and Identity in the Middle Kingdom Settlement at South Abydos, Egypt , dans S. ODay, W. Van Neer, A. Ervynck (d.), Beha-viour behind Bones: The Zooarchaeology

    of Ritual, Religion, Status and Identity : Proceedings of the 9 th Conference of the International Council of Archaeology, Durham, August 2002, Oxford, 2004, p. 200). 15 C. Yokell, Modeling Socioeconomic Evolution, p. 27-28. 16 E. Hauschteck, Goats in Houses on Elephantine during the Middle Kingdom and the Second Intermediate Period , GM 202, 2004, p. 59-70. 17 R. Redding, op. cit., p. 72-73. 18 Selon la mthode de S. Payne ( Reference Codes for Wear States in

    the Mandibular Cheek Teeth of Sheep and Goats , JAS 14, 1987, p. 609-614) et J.D. Vigne (Les mammifres post- glaciaires de Corse. tude archozoolo-gique, Paris, 1988). Il est signaler que dans cette courbe nous navons pas dis-tingu les moutons des chvres dans le but daugmenter les effectifs et donc la fiabilit de la courbe. 19 Pour linstant une seule allusion au lait a t identifie dans la documenta-tion : L. Pantalacci, CRIPEL 25, 2005, p. 89.

    trs variable 14 ; la prdominance de la chvre Balat sexplique par sa bonne rsistance la soif, apprciable en milieu dsertique, son alimentation varie 15, voire par sa capacit dadaptation au milieu urbain 16 qui la rendait plus facilement accessible pour les habitants de la capitale oasite. Si la viande de caprin offre une valeur calorique bien infrieure celle de la viande dovin, elle est en revanche plus riche en protines et moins grasse 17.

    Une courbe dabattage de ces animaux a t ralise partir des ruptions et usures dentaires 18. Il apparat alors (fig. 3) deux pics de mise mort qui correspondent des individus trs jeunes (moins dun an) et des individus gs (plus de six ans). Ces donnes suggrent fortement une exploitation axe principalement sur le lait, avec abattage des trs jeunes individus qui font concurrence lhomme pour le lait et des vieilles femelles de rforme qui ne produisent plus 19. De fait, les textes citent plusieurs reprises les chevreaux (jb), soit comme btes de boucherie,

    0-0,5

    0,5-1 1-

    22-

    33-

    44-

    66-

    88-

    10

    ge (en annes)

    ND

    % c

    orri

    g

    NM

    Id

    ND = 52NMId = 17

    fig.3. Profil dabattage des caprins daprs les donnes dentaires (ND, Nombre de Dents ; NMId, Nombre Minimal dIndividus dentaires).

  • 296 laure pantalacci, josphine lesur

    20 Scell no 2198b ; ibid., p. 88 et n. 47. 21 L. Chaix, C. Olive, dans Balat I, 1986, p. 201-205. 22 N. Cherpion, dans Balat V, p. 122-123 et fig. 75-76 ; S. Aufrre, Et les oasis ? Relations entre les oasis mridionales et Thbes , gypte, Afrique et Orient 18, 2000, p. 41 fig. 1 et p. 43. 23 L. Pantalacci, J. Lesur- Gebremariam, dans Desert Animals in the Eastern Sahara, p. 251-252. 24 Il faut attendre lpoque rames-side pour voir, Dakhla, des graffiti

    reprsentant des nes, inciss sur des jarres trouves dans les haltes dser-tiques : F. Frster, The Abu Ballas Trail: a Pharaonic Donkey-Caravan Route in the Libyan Desert (SW-Egypt) , dans F. Jesse, B. Keding et al., dans O. Bubenzer, A. Bolten, F. Darius (d.), Atlas of Cultural and Environ-mental Change in Arid Africa, Africa Praehistorica 21, Heinrich-Barth-Institut, Cologne, 2007, p. 131, fig. 3. 25 Malgr cela, leur silhouette est un thme connu de la glyptique locale :

    voir par exemple Balat V/2, fig. 109 113. Certains sites dpoque romaine, comme Kellis, ont livr des restes de perche et de poisson-chat imports de la Valle, certainement secs ou en sau-mure : C.S. Churcher, dans C. Hope, G. Bowen (d.), Dakhleh Oasis Project. Preliminary Reports on the 1994-1995 to 1998-1999 Field Seasons, Dakhleh Oasis Project Monographs 11, Oxford-Oakville, 2002, p. 106, 108. 26 L. Pantalacci, CRIPEL 25, p. 88.

    soit propos dlevage ; un scell du sondage nord fait tat plus prcisment dun chevreau nouveau-n (jnpw n n) 20. Enfin, la prsence dos de jeunes adultes (entre 2 et 6 ans) atteste galement dune stratgie dabattage porte sur la viande.

    Chiens et chats

    Le matriel inclut des restes de chiens domestiques (fig. 1). La fouille de la ncropole avait confirm le got des gouverneurs pour la compagnie de ces animaux 21, got dont tmoi-gnent galement les sources figures 22 et que partagent largement les lites provinciales de la Premire Priode intermdiaire dans toute lgypte. Quant au chat, sa domestication ds le IIIe millnaire nest pas certaine, et sil tait connu des habitants de Balat, aucun reste osseux nen a t identifi sur la ville 23.

    nes

    Quelques ossements dne ont t trouvs sur le site, voquant lorganisation des caravanes qui traversaient le dsert au dpart de Balat. Laspect des os ainsi que leur position stratigra-phique ne laissent aucun doute sur leur anciennet. Mais pour linstant aucune mention nen a t releve dans les archives elles-mmes, ni dans les sources figures contemporaines de ces archives 24.

    PoissonsAlors que les poissons constituent une part significative des restes sur les sites de la Valle

    sous lAncien et le Moyen Empire, il ny en a aucune trace ni dans le matriel osseux ni dans le corpus pigraphique de Balat. Dans la mesure o les plans deau locaux ne devaient en accueillir aucun, cette absence est un trait permanent, et aisment comprhensible, des as-semblages fauniques oasites 25.

    OiseauxLes sources documentaires laissent supposer la prsence de volailles reprsentes par plusieurs

    espces domestiques, dune certaine importance en termes conomiques 26. Mais dans les listes

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 297

    27 Tablette 8033, qui cite cinq petits oiseaux (pdw rjw). Au contraire, les volailles sont couramment cites dans les comptes journaliers des temples fu-nraires royaux dAbousir : P. Posener-Kriger, Les archives du temple funraire de Nferirkar-Kaka (Les papyrus dAbou-sir), Traduction et commentaire, BdE 65, 1976, p. 299-301 ; P. Posener-Kriger , M. Verner, H. Wymazalova, The Pyramid Complex of Raneferef. The Papyrus Archive. Abusir X, Prague, 2006, p. 129-133 (pl. 52-54) et 271-274. Elles sont rties par deux serviteurs sur les tableaux symtriques de la grande stle de Khentika : J. Osing et al., Denkmler der Oase Dachla aus dem Nachlass von Ahmed Fakhry, AVDAIK 28, 1982, no 21, p. 27 et 28 (i) et pl. 4 et 58.

    28 Cp. la situation au temple mmo-rial de Ssostris III Abydos : J. Wegner, V. Smith, S. Rossel, The Organization of the Temple Nfr-k of Senwosret III at Abydos , AgLev 10, 2000, p. 125. 29 La sarcelle a t identifie dans des jarres provenant du magasin Nord-Ouest du mastaba de Medou-Nefer : L. Chaix, C. Olive, dans Balat I, p. 208. 30 L. Pantalacci, J. Lesur- Gebremariam, dans Desert Animals in the Eastern Sahara, p. 252-253. 31 Dans la mesure o des particuliers taient propritaires de ressources en eau, donc des terres alentour (L. Pantalacci, CRIPEL 25, p. 83), on peut supposer que la chasse aux oiseaux dans les zones agricoles a t une activit relativement libre pour les maisonnes de ces

    personnages. la Basse poque, dans loasis voisine de Kharga, mme si la chasse semble avoir t contrle par les domaines de temples, des particuliers continuent chasser autour des points deau daprs un contrat de concession de chasse en dmotique : M. Chauveau, Nouvelles dcouvertes prs de Douch : les archives dun temple des oasis au temps des Perses , BSFE 137, oct. 1996, p. 42-43. 32 L. Pantalacci, dans Balat VI, p. 393. 33 P. Dodson, D. Wexlar, Tapho-nomic Investigations of Owl Pellets , Paleobiology 5, 1979, p. 275-284.

    ou distributions de viande actuellement connues, les volatiles ne figurent quune seule fois 27. De mme, ils sont totalement absents du matriel osseux analys. Cette absence pourrait tre due la fragilit de ce matriel ou au mode de collecte ( vue, sans tamisage). Elle peut aussi rsulter du fait que les oiseaux distribus taient emports entiers et consomms lextrieur du palais 28. Dans la ncropole, les conditions de prservation plus favorables ont permis de retrouver dans des jarres des restes doiseaux, essentiellement des migrateurs 29. Sur le site urbain, nous avons soulign ailleurs la prsence de quelques restes osseux doiseaux sauvages, autruche (Struthio camelus) et sarcelle dt (Anas querquedula) 30. Il est possible que la sau-vagine ait reprsent une part de la consommation plus importante lextrieur des circuits conomiques du palais 31.

    Si nos sources sont muettes au sujet de certaines espces, elles donnent en revanche des informations non ngligeables, et souvent originales, sur la consommation des espces do-mestiques dominantes.

    Abattageetconsommationdelaviande

    Abattage et dcoupeNous ne traitons pas ici des peaux ou de leur usage. Les documents fournissent ce propos

    quelques informations, mais aucune trace archologique nen a t prserve, except lempreinte en ngatif de certains objets de cuir (cordons, sacs ou outres) moule dans leurs scells dargile 32.

    Le matriel osseux

    Dun point de vue ostologique il nous faut considrer les parties du squelette des animaux qui sont effectivement prsentes au sein de lassemblage. Nous avons donc calcul le pourcen-tage de reprsentation des parties squelettiques pour le buf et les caprins du palais selon la mthode de P. Dodson et D. Wexlar 33.

  • 298 laure pantalacci, josphine lesur

    0%

    0-20%

    21-50%

    51-100%

    fig.4a-b. Reprsentation graphique des pourcentages de parties squelettiques. a. Bovin ; b. Caprin.

    Des

    sin

    M. C

    outu

    reau

    (In

    rap)

    da

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    976

    a

    b

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 299

    34 L. Chaix, C. Olive, dans Balat I, p. 206-207 ; S. Churcher, dans Balat V, p. 269 ; fig. 28, 33, 39, 45. Dans les sources gyptiennes, des listes de pices de boucherie plus rcentes citent elles aussi la tte : elle est la partie la plus sou-vent mentionne, par exemple, dans le P Boulaq 11, qui date de Thoutmosis III (S. Ikram, Choice Cuts: Meat Production in Ancient Egypt, OLA 69, 1995, p. 216). 35 Est ainsi nomme la partie osseuse des cornes, recouverte de kratine.

    36 On pourrait citer, lappui de cette hypothse, la mention de 4 pattes ou cuisses (j(w)t ?) de chevreau attribues lpouse du gouverneur (tablette 7204). La situation est identique dans lhabi-tat de la fin du IIIe millnaire fouill Abydos : M. Adams, The Abydos Settlement Site Project: Investigation of a Major Provincial Town in the Old Kingdom and First Intermediate Period , dans Chr.J. Eyre (d.), Procee-dings of the 7 th International Congress of

    Egyptologists, Cambridge, 3-9 September 1995, OLA 82, 1998, p. 27. 37 Le mot semble not nm sur la tablette 7193. lment majeur des listes doffrandes, il est galement cit avec le foie mjzt sur la stle de Khentika : J. Osing, Denkmler Dachla, pl. 4 et 58. Le poumon wf figure dans la liste de la tablette 8586.

    Pour le buf (fig. 4 a), on observe une trs forte prsence des os des membres (os longs, mais aussi extrmits), alors que les lments crniens de mme que le rachis sont nettement dfi-citaires. Les sources documentaires prsentent une image comparable pour la tte, totalement absente, et le nombre lev de mentions de membres (infra, fig. 5). Mais les rfrences crites au rachis et aux muscles du dos ou du ventre sont aussi trs nombreuses. Dans la ncropole au contraire, les dpts retrouvs dans les grands mastabas comportent rgulirement la tte et la patte antrieure (p) 34, conformment aux prescriptions rituelles.

    Dans le cas des caprins, la situation est proche de celle du buf, avec toutefois une plus forte prsence des mandibules et des chevilles osseuses 35 (fig. 4b). La prdominance des os longs, qui reprsentent la partie la plus charnue des membres, atteste cependant de leur apport privilgi dans la ville. Aprs consommation de la viande, les os taient utiliss par les artisans. Les stylets employs par les scribes ont t raliss partir dos longs donguls sauvages (ga-zelle, mouflon) ou domestiques, et notamment de caprins. Ces derniers ont galement fourni la matire la ralisation de pointes et de manches. Par ailleurs, dans de rares cas, les os de bovins ont t utiliss dans lartisanat (par ex. le racloir 6225, taill dans un os de buf), tels que lulna, les mtapodes et le fmur.

    Pour ces deux taxons, on peut donc supposer quils taient abattus et dcoups en quartiers hors du palais et des habitations et que seules les parties consommables telles que les membres parvenaient sur le site urbain proprement dit 36. La localisation du ou des sites dabattage et les modalits de fonctionnement demeurent nanmoins inconnues.

    Les sources textuelles

    En ltat actuel (2012) de la documentation, 45 mentions de parties anatomiques, soit 16 vocables diffrents, ont t identifies. Les documents confirment la part importante, dans la consommation, des membres, soit entiers, soit dbits en plusieurs parties, comme en tmoigne le diagramme ci-dessous (fig. 5), dans lequel les termes identifis ont t regroups par ensembles. Les dsignations des pattes sont aussi nombreuses que celles du rachis et des ctes. Mais si lon y ajoute les pices de viande sans os (ww, dpt, wt) prleves sur le dos ou le ventre, le tronc totalise plus de la moiti des mentions do lintrt de pondrer les indi-cations fournies par la seule matire osseuse. Enfin, on remarquera que des organes internes (rate nnm, poumon wf 37) sont aussi mentionns, ce qui vient complter nos donnes. La

  • 300 laure pantalacci, josphine lesur

    38 Il sagit plus exactement des ctes non flottantes, spares en deux paquets par dcoupe des vertbres le long de la colonne vertbrale : P. Posener-Kriger,

    Archives de Nferirkar, p. 247. Dans le matriel osseux, les demi-vertbres sont parfois trouves attaches aux ctes : S. Ikram, Choice Cuts, p. 121.

    39 Ibid., p. 128 ; p. 132, fig. 42. 40 J. Wegner, V. Smith, S. Rossel, AgLev 10, 2000, p. 125. 41 S. Ikram, Choice Cuts, p. 128.

    signification de deux termes rcurrents, t et tp-bnt, reste obscure. Dans le cas des membres, la sur-reprsentation des parties charnues (parties hautes) par rapport aux extrmits (pouvant tre considres comme des abats), suggre bien une dcoupe en quartiers suivie dun traite-ment et dune consommation diffrentielle.

    Un inventaire lexicographique plus prcis, limit ici aux mots apparaissant plus dune fois dans la documentation conserve, fait ressortir la prminence du tronc : rww, les ctes , est le terme le plus frquent 38 (fig. 6). La faible reprsentation des os du rachis dans lassem-blage osseux de Balat semble donc la fois contredire les documents, et se diffrencier de la composition habituelle des assemblages fauniques trouvs en contexte urbain, assemblages dans lesquels les ctes sont souvent les os de loin les plus nombreux 39. Cela peut en partie tre expliqu par le fait que les vertbres et les ctes sont souvent moins bien conserves que les os des membres, en raison de la plus grande fragilit intrinsque de los spongieux qui les compose, en comparaison avec los compact prsent dans les os longs. Pourtant, sur certains sites, la part des ctes conserves dans le matriel osseux est considrable ; par exemple, Abydos, prs du temple de Ssostris III, dans le dpt dit bloc est , elles sont trs nombreuses 40 ; Malqata, elles reprsentent 50 % du matriel collect 41. Il faut donc chercher une autre explication cette disparition ; la plus vidente est quaprs leur redistribution, elles taient massivement emportes avec la viande distribue et consomme lextrieur du palais. Giza, dans la

    Membres29%

    Organes internes 5%

    Indtermin13%

    Viande (dos, poitrine)

    22%

    Rachis, ctes31%

    fig.5. Rpartition des termes anatomiques cits par les textes.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 301

    42 L. Yeomans, Stews, Meat and Marrow: Extracting Protein and Fat for the Lost City , Aeragram 12-2, Fall 2011, p. 14 (www.aeraweb.org/wp-content/uploads/ 2011/05/aeragram_12-2.pdf ). 43 Meubles et lments darchitec-ture en bois de luxe taient incrusts de plaquettes ou divers motifs en os : A. Minault-Gout, Le mastaba dIma-Pepi : mastaba II, fin de lAncien Empire. Balat II, FIFAO 33, 1992, p. 123, no 1854. Dans la ville, des piliers-djed en os ont t retrouvs en grand nombre dans lappartement sud du palais, et

    des hiroglyphes en os (inv. 6102, 6187) taient incrusts dans du mobilier de bois de lappartement est. Sur le travail de los, on verra O. Krzyszkowska, R. Morkot, Ivory and Related Ma-terials , dans P. Nicholson, I. Shaw (d.), Ancient Egyptian Materials and Technology, Cambridge, 2000, p. 327. Les artisans de Dakhla travaillaient aussi oc-casionnellement livoire dhippopotame import de la Valle, do la prsence de quelques fragments de dents dHippopo-tamus amphibius.

    44 Les auteurs des dictionnaires en ont dout (Wb I, 567, 1 ; Faulkner, AECD, p. 96, var. of psw back ; HWb I, 299), ainsi que dautres auteurs (A. Eggebrecht, Schlachtungsbruche im Alten gypten und ihre Wiedergabe im Flachbild zum Ende des Mittleren Reiches, Munich, 1973, p. 110) ; mais Sir A.H. Gardiner (AE0, p. 242*) distingue nettement les deux termes, et il existe en effet une racine pds, signifiant craser, tendre, aplatir , qui donne en gyptien ancien plusieurs drivs : ALex 77.1523, p. 141 ; HWbAR, p. 483.

    ville de pyramide de la IVe dynastie, on dnombre trs peu de restes de ctes 42. Peut-tre cela rsulte dun mode de dcoupe ou de consommation particulier lAncien Empire. Par ailleurs, Balat, les ctes auraient pu tre utilises comme matriau privilgi pour lartisanat de tabletterie bien attest sur le site 43.

    Le champ lexical des parties du corps, en ltat actuel de la documentation, comporte une majorit de termes connus. Deux mots dsignent la rgion du dos, ps et plus rarement pds(w), utiliss ensemble sur la tablette 7210 (infra, annexe), ce qui confirme quil sagit bien de deux termes, et de deux parties anatomiques, distincts 44. La diffrence de sens entre mst

    Fig.6

    Fig.5

    0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

    1

    2

    2

    2

    2

    3

    3

    3

    3

    3

    4

    5

    9 rww, ctes

    p, patte avant

    wrt, patte arrire

    ps, chine

    pdsw, let

    tp-bnt, ?

    t, ?

    wt, anchet ?

    3ww, morceau long

    mst, cuisse

    mnt, cuisse

    dpt, aloyau

    fig.6. Occurrences des termes anatomiques utiliss plus dune fois.

  • 302 laure pantalacci, josphine lesur

    45 P. Lacau, Les noms des parties du corps en gyptien et en smitique , ex-trait des Mmoires de lAcadmie des ins-criptions et belles-lettres XLIV, Paris, 1970, p. 128-129, suggre que mst dsignerait plutt la partie de la cuisse proche du genou. 46 Sir A.H. Gardiner, AEO II, p.17, 243*, 295 ; P. Posener-Kriger, Archives de Nferirkar, p. 246 ; S. Ikram, Choice Cuts, p. 139-140. Connue des archives

    royales, la pice ne figure pas sur la liste de la grande stle de Khentika. 47 Cp. tp-n-p, P. Posener-Kriger, Archives de Nferirkar, p. 244. Bnt nest pas connu des dictionnaires ; on peut le rapprocher du terme bnw, dsignant une partie du corps dans les TP (1464b, Sp.570), autre hapax dont le sens nest pas avr. 48 Par exemple dans les modles de Mketr : H.E. Winlock, Models

    of Daily Life in Ancient Egypt from the Tomb of Meket-Re at Thebes, Cambridge (Mass.), 1955, p. 24-25 ; A.S. Gilbert ( JEA 74, 1988, p. 86-88) voit dans ces pices triangulaires les muscles dtachs des os, S. Ikram (Choice Cuts, p. 140-141) des tranches tailles dans les muscles du haut des jambes pour scher la viande. 49 Il sagit peut-tre du filet mignon , un muscle du dos de forme caractris-tique : A.S. Gilbert, JEA 74, p. 86.

    et mnt, dsignant la cuisse, le cuisseau , de la jambe arrire 45, nest pas aise prciser ; la diffrence de ps et pds(w), ils ne se trouvent pas associs dans les documents, ils sont donc peut-tre exclusifs lun de lautre, dsignant par exemple des muscles ou des types de dcoupe nettement distincts. Sur ce point particulier, lanalyse des ossements ne permet pas dappor-ter plus de rponse. Les traces de dcoupe sont en effet trop fragmentaires pour restituer des schmas de dcoupe prcis et labondance des os charnus de ces membres (fmurs et tibia) atteste uniquement de leur consommation privilgie.

    lexception de la patte antrieure, le p, charg dune symbolique trs forte, et qui est rgulirement cit au dbut des listes doffrandes (fig. 7), les termes anatomiques classiques, connus principalement par les textes funraires (liste doffrandes) ou les archives royales dAbousir, sont rarement repris dans la documentation. Ainsi, sprw napparat quune seule fois (7193) ; le nom du tibia (z(w)t) est peut-tre reconnatre sous une curieuse orthographe zt (7099). Dpt, une pice de viande prleve dans la rgion lombaire 46, laloyau , est men-tionne deux reprises par nos documents, de mme quune pice ventrale, wt.

    En revanche, quelques termes constituent des nouveauts encore isoles dans le lexique de lanatomie animale : le mot t, qui est cit trois reprises, dont une fois comme appartenant un bouc r (7204), une autre fois un chevreau jb (7087, infra), ne semble pas enregistr par les dictionnaires. Le compos ou groupe nominal tp-bnt confirme que certains membres taient dbits en plusieurs portions pour tre distribus 47. Quelques pices sont parfois dsignes comme moiti : gs n pdsw ( demi-filet ? , 7193), gs qbt ( demi-poitrine , 8586), et deux reprises, sont au singulier des termes habituellement employs au duel (dpt, wt). Comme rww, on peut supposer quil sagit de quartiers dbits en deux parties symtriques, par exemple le long de la colonne vertbrale ou du sternum.

    Ces expressions formes avec gs relvent dun registre de langue plus concret, peut-tre moins technique ou moins conservateur que les sources documentaires de la valle du Nil ou les textes funraires. De mme, le mot ww, (pice) longue , absent des dictionnaires, est plus imag que technique. Il voque les modles de boucherie, avec leurs longs quartiers de viande triangulaires accrochs sur des cordes pour le schage 48. La tablette 8586 prcise que ce morceau pouvait tre prlev sur le dos de la bte (ww ps) 49. La dsignation gnrique de la viande, jwf, est utilise une fois dans la lettre 7206 propos dun veau, mais labsence de contexte ne permet pas de savoir sil sagit dune seule pice de viande ou dun ensemble de quartiers, voire du veau entier.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 303

    50 A. Eggebrecht, Schlachtungsbru-che, p. 53-61, 101-110 ; Chr.J. Eyre, The Cannibal Hymn. A Cultural and Literary Study, Liverpool, 2002, p. 103-105. 51 Voir la discussion infra. 52 S. Ikram, Meat Processing , dans I. Shaw, P. Nicholson, Ancient Egyptian Materials and Technology, Cambridge, 2000, p. 659-669.

    53 toffes, pains, boissons ; apparem-ment il ny a pas de spcialisation des espaces, comme celle que le terme t jwf, pice pour la viande , indique dans le palais royal la fin du Moyen Empire : St. Quirke, The Administration of Egypt in the Late Middle Kingdom. The Hieratic Documents, New Malden, 1990, p. 35, n. 48. la mme poque, les magasins

    du temple funraire de Ssostris III Abydos conservaient ensemble, comme Balat, diverses denres : J. Wegner, V. Smith, S. Rossel, AgLev 10, 2000, p. 104. 54 G. Soukiassian, dans L. Pantalacci, S. Denoix (d.), Travaux de lIfao en 2008-2009 , BIFAO 109, 2009, p. 594.

    Conservation et distributionCertaines listes commencent par indiquer que lattribution porte sur une bte entire (7235,

    en rapport avec le culte mmoriel des gouverneurs ; 8586), dont elles numrent ensuite des quartiers dbits. Dans ces cas, on pourrait supposer que la distribution des pices de viande est proche de labattage, dans le temps et peut-tre dans lespace. En labsence dindications explicites, on relve que lune des squences assez frquentes dans les sources est la suivante : antrieur-p, ctes-rww, patte arrire, entire (wrt) ou dbite (mnt, mst) (fig. 7). Cette squence diffre nettement de lordre suivant lequel les bouchers procdaient la dcoupe 50, mais elle est conforme la vision de la bte sur pied.

    Rangdanslaliste

    Noinv.1 2 3 4 5 6

    6515 p rww mst wmy? s[...] [...]

    7087 mnt rww wrt t wty -

    7099 lacune rww wrt wt - -

    7193 pdsw wrt sprw mst nnm -

    7210 rww dpt pdsw wt

    7235 a 7235 b

    p p

    rww mnt

    mnt rww

    tp-bnt ps

    ps dpty

    dpty

    8033 wt mnt? rww

    8586 rww qbt ps wf t ?

    fig.7. Squences des termes anatomiques dans les listes de distribution.

    Lordre trs variable des termes dans ces listes suscite dautres rflexions. La capacit nutritive des bovins, principaux fournisseurs de viande, est leve 51 ; il est donc plausible quau moins une partie de la viande des btes abattues ait subi un traitement de conservation permettant den diffrer la consommation 52. Les variations importantes entre les listes donnent penser que les scribes distribuaient surtout de la viande dbite, conditionne de faon tre commodment stocke et identifie. Dailleurs, certains inventaires numrent ensemble des pices de viande et dautres articles (du pain, par exemple, voire de lquipement mobilier). Ils suggrent ainsi que la viande tait sortie des mmes rserves que dautres biens de consommation 53, aprs y avoir t conserve avec eux pendant un temps. Certaines de ces listes ont effectivement t trouves lintrieur mme de pices de stockage, dans la partie sud du palais 54.

  • 304 laure pantalacci, josphine lesur

    55 Sur la procdure wj sb, voir L. Pantalacci, Contrle et organi-sation du travail la fin de lAncien Empire dans la province oasite , dans B. Menu (d.), Lorganisation du travail dans lAntiquit gyptienne et msopota-mienne, BdE 151, 2010, p. 146 et n. 38. 56 M. Valloggia, Balat I, p. 41 ; S. Ikram, dans I. Shaw, P. Nicholson, Ancient Egyptian Materials and Technol-ogy, p. 664. 57 L. Pantalacci, Archivage et scribes dans loasis de Dakhla (gypte) la fin du IIIe millnaire , dans ead.

    (d.), La lettre darchive. Communica-tion administrative et personnelle dans lAntiquit proche-orientale et gyptienne. Actes du colloque de luniversit de Lyon 2, 910 juillet 2004, Topoi Suppl. 9/BiGen 32, 2008, p. 152153. 58 La stle de Khentika cite parmi les offrandes de la pancarte le rti, rt, terme bien attest dans les listes doffrandes depuis la IVe dynastie (mais absent des archives dAbousir et des ntres) : sur ce terme, voir U. Verhoeven, Grillen, Kochen, Backen im Alltag und im Ri-tual Altgyptens : Ein Lexikographischer

    Beitrag, RitesEg 4, 1984, p. 21-33, et 43-49. Au Moyen Empire, humer lodeur de la viande rtie lors des ftes dOsiris est cit comme un privilge de ljmw par Oupouaout-hetep sur sa stle abydnienne (BM 1367 : HTBM III, 1912, pl. 28, dernire colonne : q sj rt r rt.j). 59 J. Osing, Denkmler Dachla, pl. 4 et 58. Pour des scnes de mijotage de lAncien Empire, voir U. Verhoeven, Grillen, Kochen, Backen, p. 110-116.

    Une lettre (inv. 7206), qui fait rfrence une procdure conservatoire (wj sb) applique de la viande de veau 55, taye lhypothse selon laquelle il tait possible de la garder sans dommage durant quelque temps. Les dpts funraires de la ncropole voisine ont confirm en effet que lon pratiquait, Balat, le salage de la viande des volatiles, conservs en jarres 56. Ce devait tre galement le cas dans les autres agglomrations de Dakhla, puisque la lettre 3685 nous apprend que des animaux sur pied et de la viande taient conservs, sous le contrle de ladministration du grenier, dans des sites extrieurs la capitale 57.

    Prparations culinairesQuelle ait t frache ou en saumure, la viande faisait lobjet de dcoupe et de cuisson,

    dont on observe quelques marques sur le matriel osseux. Les traces de dcoupe sont trop peu nombreuses pour reconstituer un schma de dcoupe prcis, mais attestent de la prparation de quartiers. Quant aux brlures, elles sont principalement situes lextrmit des membres, suggrant une cuisson par rtissage, voire par fumage, mme si les traces sont dans ce cas moins nettes.

    Les sources documentaires ne fournissent aucune indication quant au mode de cuisson. De fait, les reprsentations dates du IIIe millnaire dcrivent presque exclusivement, dans les tombes des grands dignitaires, des scnes de rtissage. Dakhla mme, si lon en croit la grande stle funraire de Khentika, le rtissage tait en effet le mode de cuisson prfr des gouverneurs, du moins pour la volaille. Dans ce contexte, il est difficile de dmler les pratiques rituelles des gots ou habitudes de llite, probablement influences par les rituels royaux et divins 58 ou reprsentes comme telles. Mais on observe aussi, sur ce mme mo-nument, des quartiers de viande sur des os longs, apparemment mijots ou prts mijoter dans des marmites 59. Ce mode de cuisson lent tait ncessairement pratiqu pour permettre la consommation de morceaux moins nobles, comme la tte, quon ne peut gure prparer autrement quen ragot.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 305

    60 Selon le principe de progression diminuendo (H.G. Fischer, Further Evidence for the Logic of Ancient Egyp-tian: Diminishing Progression , JARCE 10, 1973, p. 5-9), ce serait donc le bien le plus pris.

    61 St. Quirke, The Administration in the Late Middle Kingdom, p. 24. 62 Sur la famille des gouverneurs et les cadres du palais, voir L. Pantalacci, Les habitants de Balat la VIe dynas-tie : esquisse dhistoire sociale , dans Chr.J. Eyre (d.), Proceedings of the 7 th

    International Congress of Egyptologists, Cambridge, 3-9 September 1995, OLA 82, 1998, p. 829-837 ; M. Valloggia, Balat IV. Le monument dIma-Pepy/Ima-Mryr, FIFAO 38/1, 1998, p. 14-15. 63 L. Pantalacci, CRIPEL 25, p. 86.

    Consommateursetmodesdeconsommation

    Les consommateursLexistence mme de notre documentation souligne que la viande tait un bien de consom-

    mation largement contrl par lautorit royale, reprsente Balat par le gouvernorat. Le suivi exerc sur sa distribution au personnel de la rsidence des gouverneurs confirme sa valeur symbolique de privilge de llite. Du reste, on peut remarquer que dans les listes qui associent la viande dautres biens de consommation, comestibles ou non, cest elle qui est cite en premier (tablettes 7204, 8033 vso) 60. La viande serait donc un produit de luxe ; mais dautre part, le matriel osseux indique une consommation relativement importante, donc finalement assez rpandue. La situation est proche de celle du IIe millnaire, que St. Quirke a commente en ces termes daprs le P. Boulaq 18 : Meat may be regarded as an anomaly in the Egyptian domestic economy, being both a commodity consumed on some scale, like bread, beer and cakes, and a commodity of high value to be spared for special occasions, like wine 61.

    Parmi les personnages auxquels bnficient ces attributions carnes, on trouve effectivement llite dirigeante de la socit oasite (fig. 7) : les gouverneurs Mdounfer et Khentika par le biais de leur culte mmoriel ; leurs pouses et les membres de leur proche famille (fille royale zt-nswt, pouse mt-q, fille zt-q, et personnages titrs ps(t)-nswt, r-nswt) 62. Apparaissent galement divers cadres dont les fonctions, pour certaines probablement temporaires, sont difficiles dterminer prcisment (jmy-jrty, jmy-st-wy, s, wdpw). Agissaient-ils lchelle de la maisonne des gouverneurs, ou de lensemble du territoire rgi par ceux-ci ? En tout tat de cause, ils sont responsables des services qui structurent la communaut administre par le gouverneur. Le suprieur des escorteurs (mr-msw), lui, tait la tte des missaires qui parcouraient le dsert, et assuraient loccasion certaines livraisons hors de la capitale. Les listes ne nomment aucun des responsables des communauts rurales (mr-st, jmy-st) qui as-suraient la liaison entre la campagne et le palais 63. Il est comprhensible que ces personnages subalternes, ne rsidant pas en ville, naient pas marg aux listes ordinaires du gouvernorat ; mais par quels circuits se procuraient-ils de la viande ? Mme si les archives centrales nont rien en dire, on peut supposer lexistence de structures identiques, une moindre chelle, dans les bourgs et villages de Dakhla. Les distributions de viande pouvaient aussi bnficier des quipes (jmy-r-zt, zt wj : 7210, infra), vraisemblablement constitues de faon occasionnelle et formes de personnel peu qualifi. Enfin, certaines sources nomment des bnficiaires par leur seul patronyme, sans citer aucun titre, ce qui nous empche de dterminer leur position socio-professionnelle. Cette ellipse ne peut se comprendre que sil sagissait de personnages bien connus et actifs au palais des gouverneurs ; daprs leurs noms, il pourrait sagir dintendants, ou de responsables de sceaux.

  • 306 laure pantalacci, josphine lesur

    64 Cest lopinion qui prvaut parmi les gyptologues : S. Ikram, dans I. Shaw, P. Nicholson, Ancient Egyptian Materials and Technology, p. 669. 65 J.-D. Vigne, The Meat and Of-fal Weight (MOW) Method and the Relative Proportion of Ovicaprines in Some Ancient Meat Diets of the North- Western Mediterranean , RSLig LVII/1-4, 1991, p. 21-47. 66 P. Posener-Kriger, Archives de Nferirkar, p. 271-272, n. 4. 67 S. Ikram, Choice Cuts, p. 217-219. Pour prendre un point de comparaison antique, les sources de Mari tablissent quen Msopotamie, au Ier millnaire, un

    buf fournissait seulement 42 portions de viande : Fr. Joanns, Le dcoupage de la viande en Msopotamie , Topoi Suppl. 2, 2000, p. 334. 68 Le repas funraire trouv par W.B. Emery dans une tombe archaque de Saqqara en 1939, lun des rares tmoi-gnages archologiques sur la consomma-tion alimentaire, tait plantureux. Pour une seule personne, les aliments carns consistaient en une caille, un pigeon, des rognons, une (ou des ?) jambe(s) et des ctes de bovid (A Funerary Repast in an Egyptian Tomb of the Archaic Period, Leyde, 1962, p. 6-7 et pl. VI).

    69 La pratique est atteste, dans divers contextes, de la fin du IIIe millnaire (voir par exemple la lettre au mort crite lintrieur du bol de Qaou : Sir A.H. Gardiner, K. Sethe, Letters to the Dead, Egyptian Letters to the Dead. Main-ly from the Old and Middle Kingdoms, Londres, 1928, pl. II et IIA, p. 4, 17) jusquau Nouvel Empire (Chr.J. Eyre, The Cannibal Hymn, p. 195-196). 70 Ces personnages, prsents dans quelques textes qui traitent de distri-bution de viande (tablettes 7101 vso, 7210 infra), restent anonymes, tant prcis-ment cits s fonction.

    Au-del de ces quelques individus identifis, par le biais de redistributions, le cercle des consommateurs de viande incluait probablement toutes les catgories sociales 64. On a dter-min quen fonction de son ge, son sexe et sa race, un bovin fournit entre 100 et 200 kg de viande et abats consommables 65. Nanmoins, il est difficile destimer le nombre de personnes qui pouvaient tre nourries sur un animal dans lgypte du IIIe millnaire. Les estimations hautes avancent quun bovin adulte pouvait nourrir un millier de personnes 66. Elles sont probablement pondrer 67, dans la mesure o le volume et la nature des portions servies nous restent inconnus 68. A minima, il faut compter avec une redistribution des parts de ces personnages haut placs leur groupe social : famille, collgues et subalternes 69. Un tel schma permet, par exemple, de rendre compte des parts gnreuses reues par lchanson-wdpw, qui doit reprsenter et servir toute une maisonne 70.

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    7204

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    jt, 4 jb

    7210

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    mj-qd.f

    [...]

    7235

    p 1,

    rww 2,

    mnt 1,

    tp-bnt 1,

    p ? 1,

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    p 1,

    rww 2,

    ps

    fig.8. Bnficiaires de distributions de viande et parts attribues.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 307

    71 De la mme faon, on trouve Abydos la fin du Moyen Empire des restes de poisson ou de porc, nourriture peu prise, dans des contextes inatten-dus (temple, maison du maire), dans la mesure o ces btiments abritaient des groupes humains tendus et htro-gnes : S. Rossel, A Tale of the Bones. Animal Use in the Temple and Town of Wah-Sut , Expedition 48/2, 2007, p. 43. 72 J.-C. Moreno-Garcia, Jai rem-pli les pturages de vaches tachetes Btail, conomie royale et idologie en gypte, de lAncien au Moyen Em-pire , RdE 50, 1999, p. 254. Ce type de btail pouvait par exemple appar-tenir en propre aux bergers, rmunrs par le fruit de laccroissement de leur

    troupeau : L. Pantalacci, CRIPEL 25, p. 90. la mme poque, partir des restes osseux de faune, lexistence dun march de la viande a pu tre aussi en-visage Abydos : M. Adams, OLA 82, 1998, p. 27. 73 la IVe dynastie, dans la ville royale de Gza, la sectorisation de la consommation est sensible, et les res-sources alimentaires bien diffrentes, selon que lon considre les restes fauniques provenant du baraquement des ouvriers, du quartier est ou du Pottery Mound : R. Redding, dans D. Campana et al. (d.), Anthropological Approaches to Zooarchaeology, Oxford, 2010, p. 69-75. Pour Abydos au IIe mil-lnaire, voir S. Rossel, dans S. ODay

    et al. (d.), Behaviour behind Bones, Oxford, 2004, p. 198-202 ; S. Ikram, Choice Cuts, p. 212-216. 74 J.-L. Le Quellec, P. et Ph. de Flers, Peintures et gravures davant les pharaons du Sahara au Nil, Paris, 2005 ; F. Jesse, B. Keding et al., dans O. Bubenzer, A. Bolten, F. Darius (d.), Atlas of Cultural and Environmental Change in Arid Africa, Africa Praehistori-ca 21, Cologne, Heinrich-Barth-Institut, 2007, p. 42-49 ; cp. C. Yokell, Modeling Socioeconomic Evolution, p. 62-64, 82-83. 75 P. Posener-Kriger, Archives de Nferirkar, p. 320 ; pour des sources du IIe millnaire, Chr.J. Eyre, The Cannibal Hymn, p. 191-201.

    Quadvenait-il dailleurs des trs nombreuses parties du corps non cites par les textes, comme la tte (celle des caprins navait aucune valeur rituelle), les abats, la graisse, pourtant souvent mentionns dans les archives royales dAbousir ? Le nombre relativement lev de mandibules de caprins retrouves sur le site suggre que les ttes, absentes des documents, taient bien consommes au palais, probablement par les modestes serviteurs des gouverneurs 71. Peut-tre nestimait-on pas ncessaire de contrler et de suivre par crit la distribution de ces morceaux peu nobles. Peut-tre aussi cet approvisionnement circulait-il en partie suivant des parcours non institutionnels. Les caprins pouvaient en effet faire lobjet dchanges entre particuliers, laccs leur possession tant relativement rpandu, semble-t-il, dans les provinces partir de la fin de lAncien Empire 72.

    Si, sur les sites urbains des IIIe et IIe millnaires, limage dune consommation de viande diversifie et hirarchise se dgage avec nettet 73, le tableau reste plus flou dans le contexte spcifique des demeures palatiales, tant donn la varit de statut de leurs occupants. Au tour-nant du IIIe millnaire, Balat, des catgories sociales varies semblent avoir eu accs, ft-ce occasionnellement, aux viandes les plus prises, buf et caprins. Cette situation relativement favorable est peut-tre conditionne par labsence des ressources de la pche, une diffrence majeure par rapport aux pratiques alimentaires de la population de la Valle. Dailleurs, les premiers occupants de loasis, leveurs nomades dans la tradition saharienne illustre par de nombreuses peintures ou gravures rupestres dans le Sahara oriental 74, ont pu conserver dans leurs groupes ou transmettre ceux qui arrivaient de la valle du Nil des pratiques alimentaires dans lesquelles la viande tenait une grande place.

    Les occasions de consommationEn quelles circonstances se droulaient les distributions que nous avons dcrites ? Durant

    lAncien Empire, les sources trs succinctes lient volontiers distributions de viande et calen-drier frial 75. Les ftes donnaient lieu des abattages plus nombreux qu lordinaire, et linter-vention de personnels temporaires quil convenait de rtribuer. Cest ce que suggre la mention

  • 308 laure pantalacci, josphine lesur

    76 Les indications sur le droulement des ftes religieuses au IIIe millnaire ne sont pas nombreuses, mais plusieurs sordonnancent autour de naviga-tions , qui peuvent tre des processions terrestres de barques : fte de Sokaris dans la ncropole, fte dHathor, etc (P. Posener-Kriger, Archives de Nferirkar, p. 549-560), et sont loc-casion de larges attributions de viande : ibid., p. 635. 77 Sur les diffrents lieux consacrs aux rites mmoriels et sur leur longvit, voir la thse de R. Legros, Aspects des cultes mmoriels privs dans la documen-tation archologique et pigraphique de la VIe la XIIe dynastie (2300-1793 av. J.-C.),

    universit Lumire-Lyon 2, juin 2010, en particulier p. 101-114, 153-157. 78 Lostracon Gardiner 155, vso 11, utilise un terme identique, mais avec le signe-sens (clairement erron) du vg-tal M2, la fin dune liste de pices de boucherie : Sir A.H. Gardiner, AEO II, p. 239*. 79 Sm , haut fait, action dclat : E. Edel, aus dem Nachla verfat und herausgegeben von K.-J. Seyfried und G. Vieler, Die Felsgrbernekropole der Qubbet el Hawa bei Assuan, Paderborn- Munich-Vienne-Zrich, 2008, vol. I, p. 50 et 52 ( diese grossartige Tat ), et vol. IV (Tafeln), pl. IX, col. 11 = Urk. I, 138, 14. Cp. les traductions dA. Roccati,

    La littrature historique sous lAncien Empire gyptien, LAPO 11, 1982, p. 218 ou N. Strudwick, Texts from the Pyra-mid Age, WAW 16, Leyde-Boston, 2005, p. 337 ( great deed ). Le dterminatif, en lacune, pourrait tre celui de la plante M2. 80 HWbAR, p. 1120 : le verbe semble dailleurs attest surtout dans les textes provinciaux des potentats de la fin de lAncien Empire/PPI, et renvoie peut-tre lorganisation sociale pro-vinciale de cette priode. 81 Ce pourrait tre le cas galement Abydos : M. Adams, OLA 82, 1998, p. 27.

    de l quipe de la barque divine , st wj, dans la tablette 7210 (infra, annexe) ; le portage de la barque sinscrirait dans un rite processionnel de navigation divine, relle ou virtuelle 76, propice des gratifications. La tablette 7193 donne des indications plus prcises, puisque la distribution des pices de viande provenant de la gnisse de loffrande divine de fte est explicitement rpartie sur trois jours. La tablette 7235 attribue quelques pices de choix ljmy Mdou-nfer, et Khentika. Il sagit certainement dans ce texte dentretenir les rites mmoriels ddis deux des gouverneurs majeurs de Dakhla, dans les wwt-k de la rsidence gouvernorale et/ou dans les chapelles des mastabas 77. La partie conserve du document ne mentionne pas si lattribution est lie une occasion particulire, ou si elle constitue un versement ordinaire.

    Consommationdeviandeetrseauxsociaux

    Le titre de la tablette 7210 (infra, annexe), qui numre une distribution de quartiers de viande et danimaux entiers (mj-qd.f ), sur pied ou abattus, utilise le terme sm, dtermin par le signe de la pice de viande 78. Cest peut-tre le mme substantif (jusquici un hapax) qui est utilis dans la biographie de Sabni Assouan, gnralement traduit par action, fait 79 . Si le terme est en effet rattacher la racine sm, aider, prendre soin de, nourrir (laffam) 80 , ce nom driv pourrait dsigner, plutt que lexpdition elle-mme, tous les produits exotiques rares que Sabni a envoys Memphis avec son messager, et qui lui vaudraient en retour un contre-don (jsw) du roi sans prcdent. Sur la tablette de Balat, on pourrait le comprendre comme aide, soutien ; don, largesse , plutt dans un contexte de gnrosit personnelle que dans un cadre officiellement dfini. Mais la mention de lquipe de la barque divine voque une fte religieuse et il est possible que ce soit le temple qui assure ces largesses 81. On a voqu plus haut lacheminement dun bovin lev pour (le dieu) Igay (supra et note 10), ramen en ville pour y tre sacrifi, et la gnisse de loffrande divine.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 309

    82 Outre les chapelles mmorielles proprement dites (G. Soukiassian et al., Balat VI), des lots dobjets cultuels ont t retrouvs dans lappartement est de la Rsidence (BIFAO 93, 1993, p. 429), dont un buf en cuivre provenant probable-ment dune table doffrandes compo-site (L. Pantalacci, Le bovin entrav. Avatars dune figure de lart et lcriture de lgypte ancienne , dans Z. Hawass, P. der Manuelian, R. B. Hussein (d.), Perspectives on Ancient Egypt. Studies in Honour of Edward Brovarski, CASAE 40, 2010, p. 349-355). 83 Lemploi du mot bw est rare en dehors des listes doffrandes convention-nelles (R. Hannig, WbAR, p. 1289-1292). Il est compris comme une dsignation soit du repas principal, soit des offrandes alimentaires en gnral, mais on pourrait

    aussi le rapprocher du driv bt of-frande carne , suivant la suggestion dU. Verhoeven, Grillen, Kochen, Backen, p. 30-31. 84 J. Osing, Denkmler Dachla, p. 28, et pl. 4 et 58. Limage peut avoir valeur de dterminatif du mot jmw, qui d-signerait alors le gouverneur. Mais dans les documents du site urbain, le terme semble dsigner plus souvent le statut, le revenu dun jmw, que la personne elle-mme. Il pourrait donc ici aussi se comprendre comme la dotation djmw du gouverneur, partir de laquelle il pouvait subvenir aux besoins de son entourage. 85 Encore aujourdhui, dans les so-cits pastorales traditionnelles, le par-tage de la viande est un rite religieux et social majeur : C. Yokell, Modeling

    Socioeconomic Evolution, p. 49. Dans lgypte du IIe millnaire, daprs le P. Boulaq 18, les distributions de viande semblent tre devenues des largesses royales assez rares : S. Ikram, Choice Cuts, p. 209. On peut citer galement les stles dImenysneb, C11 et C12 du Louvre, qui mentionnent et reprsentent des quartiers de viande comme rcom-penses dexception : Chr.J. Eyre, The Cannibal Hymn, p. 198-199. 86 Ainsi dans Kagemni (I, 9-10) ou Ptahhotep (7e maxime, P. Prisse 119-121) : P. Vernus, Sagesses de lgypte pharao-nique (2e d.), Arles, 2010, p. 91, 116. 87 D. Vischak, Locality and Commu-nity in Old Kingdom Provincial Tombs : the Cemetery at Qubbet el Hawa, Ann Arbor, 2006, en particulier p. 309-311.

    Quoi quil en soit, le gouvernorat grait directement les ressources des cultes, mmoriels ou divins. Des tmoignages de ces cultes existent en plusieurs secteurs du palais, inscrits dans larchitecture, ou fournis par des objets ddis ces rites 82. Les distributions pouvaient aussi seffectuer hors dun cadre rituel. On a dj cit la tablette 3685, qui fait tat de lenvoi de viande pour approvisionner lexpdition dun chef tranger, en mettant contribution le dpartement du grenier (supra et note 44). Inscrit dans un contexte de gestion conomique et politique de la province, ce versement reflte la volont de ladministration gyptienne de sassurer, par des prsents, la collaboration de ce personnage.

    La grande stle de Khentika conserve sur la moiti gauche, dans le dernier tableau de la pancarte doffrandes, une trs curieuse expression : jr bw pw nty-k, Khentika, cest (quelquun qui) fait (qui produit ?) la nourriture/le repas 83 , au-dessus dune case de la pan-carte qui porte seulement le terme jmw, surmontant limage miniature du gouverneur assis sa table doffrandes 84. Si lnonc reste ambigu, le lien ressenti par le dcorateur entre la personne du gouverneur et un approvisionnement alimentaire gnreux ( son seul usage ou pour son entourage) est indubitable 85. On pense aux passages des plus anciennes sagesses, de peu postrieures loccupation de Balat, qui font allusion au partage de la nourriture table, manifestation essentielle du lien social 86.

    Ce schma qui met au centre des rseaux de socits provinciales la figure du gouverneur est probablement identique celui des autres provinces de Haute gypte la mme poque 87, mais faute de donnes contemporaines provenant de sites urbains de la Valle, il reste dlicat dextrapoler les observations tires de cette tude sur la consommation de viande. Du reste, elles ne sont pas sans ambigut. Les restes fauniques sont relativement abondants sur le site, mais les documents en rapport avec la viande y sont assez peu nombreux. Le ratio de bovins et caprins y est trs lev, mais la volaille en est pratiquement absente. Quant aux animaux sauvages, ils constituaient pour les habitants de loasis une ressource dappoint plus abondante

  • 310 laure pantalacci, josphine lesur

    et peut-tre moins contrle que dans la Valle. Par rapport dautres produits alimentaires, le statut socio-conomique de la viande reste donc assez mal dfini. Les sources administratives, formates sur le modle pharaonique, ne refltent que peu le poids du milieu physique trs particulier des oasis, la vie de leurs habitants en symbiose avec le milieu dsertique. On devine pourtant, certains traits de la culture matrielle, la prsence dans la ville de reprsentants des cultures sahariennes traditionnelles, nomades et pastorales. La mise en uvre conjointe des donnes archologiques et pigraphiques permet dentrapercevoir, quoique de faon encore confuse, le jeu complexe de ces diffrentes composantes culturelles.

    Annexe Dessin Anne-Charlotte Ybard

    7087Dim. : 11,7 7,8 1,9 cm

    Magasin du MSA, Esment el-Kharab, B 2771

    Traces dun texte lencre, peut-tre un brouillon du texte.

    Recto

    [] wb ? hrw pn ?jmy-jrty [], zt-nswt jzwt-k : [] n mnt 1 ;jmy-st-wy, ps-nswt rnsj : rww 1 ;zt-q jdwjt, tmty tp : wrt 1 ; swnw nty-k, jb t 1 ;ps-nswt k-dj.j(?) wty, mr-msw []Nb-k []

    [] des [aliments] purs ? ce jour ? a

    Le chef dexpdition [] b et la fille royale c Isoutka, un cuisseau ; le fonctionnaire de service et le noble du roi Rensi, un (paquet de) ctes ; la fille du gouverneur Idouit et le responsable du sceau Hotep, une jambe ; le mdecin dKhentika, un t de chevreau ; le noble du roi Kady (?), deux morceaux-wt, le chef des enfants ? e[]Nheb-ka f []

    Verso

    s jm-Twt, tp-bnt 1 ; Rnsj, ww 1Linspecteur Ima-Taout, un haut de bnt g; Rensi, un filet-ww.

    a. Les tablettes ne sont que rarement titres ; il est dautant plus dommage que cette ligne soit difficilement lisible. Les lectures proposes restent incertaines.

    b.La tablette a t volontairement dforme laide dun calame, ce qui rend peu lisibles les signes notant lanthroponyme.

    c. Seule attestation de ce haut rang connue pour linstant Balat.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 311

    0 2 cm

    7087. Recto.

  • 312 laure pantalacci, josphine lesur

    d.La lectureest trs probable. Ce serait la seule mention de ce titre pour linstant dans les archives de Balat, mais on trouve rgulirement des mdecins dans lentourage des grands provinciaux la VIe dynastie : P. Ghalioungui, The Physicians of Pharaonic Egypt, SDAIK 10, 1983, p. 17, no 10 (lphantine), p. 19, nos 22 et 27 (Meir), p. 22, nos 44 et 23, nos 48-49 (Deir el-Gebrawi).

    e. Unique attestation de ce titre, qui pourrait tre une abrviation de (j)m(y)-r-pr-msw, in-tendant des enfants (du gouverneur) .

    f. La seconde colonne est trs abme. Nb-k pourrait tre le nom du dieu Nheb-kaou,peut-tre suivi lui aussi dun nom de pice de boucherie, ou la mention de sa fte du pre-mier jour, premier mois de pret, utilise comme date.

    g.La lecture bnt est palographiquement nette. Un mot bnt, rare dans les listes anatomiques, semploie seulement au duel, au sens de seins, mamelons : G. Lefebvre, Tableau des par-ties du corps humain mentionnes par les gyptiens, CASAE 17, 1952, p. 26. Ce sens convient ici assez mal, dans le groupe tp-bnt. Tp doit en effet dsigner ici la partie suprieure dun organe ou dun membre, comme dans lexpression, tp(-n-)p, haut, partie suprieure de la jambe avant , utilise dans les papyrus de Nfrirkar (P. Posener-Kriger, Archives, p. 244, C7) et aussi chez Rnferef (P. Posener-Kriger , M. Verner, H. Wymazalova, The Pyramid Complex of Raneferef. The Papyrus Archive. Abusir X, Prague, 2006, p. 130-131, pl. 53, frgt B4, et p. 273). Le rapprochement des deux mots offrirait peu de sens. Lonomasticon du Ramesseum donne dans une liste de boucherie un terme voisin, bnyt, pour lequel aucune traduction na t propose : Sir A.H. Gardiner, AEO Plates, pl. IIIA, 272.

    7210Dim. : 12,2 8,7 1,9 cm

    Magasin du MSA, Esment el-Kharab,B 2778

    Traces dun texte trac lencre.

    Smw : bz 1 [mj-qd.f ?], jmy-jrty ; rww 1, dpt 1, jmy-st-wy ; pdsw 1 gs, r-nswt y Jt (?) ; wt ? 1, Ht ? ; ps 1, mr-msw nty-k.jj ? : bz mj-qd.f, wdpw ; jb 1, Mrw(y) ; jb 1, wb Nfr-hw. ? 2 st-wj ; 1 Mrwy ; 1 wdpw ; 1 mr-st Mjw

    Gratification (carne) a : veau : [un entier ?] b, (au) chef dexpdition ; 1 (paquet de) ctes, ( un) employ de service ; un aloyau, ( un autre) employ de service c ; 1 demi-pdsw d, (au) connu-du-roi Tjay e(?) ; un ct ? f, () Hiti e ? ; une chine, (au) chef des escorteurs Khentika. ? g; un veau entier, () lchanson ; 1 chevreau, () Mrou(y) ; 1 chevreau, (au) prtre-ouab Neferhaou. ? h, 2 () lquipage de la barque divine ; 1 () Merouy ; un () lchanson ; un (au) chef dquipe Maiou.

    a. Voir le commentaire de ce mot supra.b.Restitution daprs les traces encore visibles et le parallle de la col. 7.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 313

    7087. Verso.

    0 2 cm

  • 314 laure pantalacci, josphine lesur

    0 2 cm

    7210.

  • levage et consommation de viande balat (oasis de dakhla) 315

    c. Cest un titre de porte assez large : H. Goedicke, Knigliche Dokumente aus dem Alten Reich, 1967, p. 92 (9) ; D. Jones, An Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom I, BAR-IS 866/1, Oxford, 2000, no 1093, p. 299. Sur la graphie du duel

    wy, voir H.G. Fischer, Varia Nova. Egyptian Studies III, New York, 1996, p. 181-182.d.Cette occurrence permet de faire remonter au IIIe millnaire ce mot, qui ntait attest

    jusqualors qu la XVIIIe dynastie (Wb I, 567, 1). Voir supra, n. 44.e. Le groupement et le trac des signes sont confus et la lecture des noms, incertaine.f. Le mot est employ normalement au duel et appliqu lanatomie humaine : daprs

    G. Lefebvre (CASAE 17, p. 27), il dsigne la rgion costale, comme rww. Dans lostracon Gardiner 156, 19, il est aussi au singulier dans une liste de pices de boeuf, prcd de t : t wt. (Sir A.H. Gardiner, AEO II, p. 240*). Une glose du P. Edwin Smith (43, 15, 6) le donne pour synonyme de dpt (H. von Deines, W. Westendorf, Wrterbuch der medizini-schen Texte II, p. 839), qui doit se situer dans laloyau. Il sagirait donc dun morceau sans os, prlev sous le ventre vers le train arrire de lanimal (flanchet, bavette).

    g. Grande adoration serait une possible lecture, qui serait passable dans un contexte de distribution friale mais nest pas autrement atteste. Le signe fragmentaire la fin du mot ninfirme ni ne confirme ce sens, ntant pas nettement identifiable. Il sagit en tout cas dune rubrique bien distincte, spare de la prcdente par une ligne verticale.

    h.Les deux courtes colonnes, encore un nom de pices de viande daprs le dterminatif, me restent indchiffrables.

    Les deux documents suivent une disposition inverse : lun nomme en premier les personnes, lautre les pices de boucherie. On suppose quil sagit, dans les deux cas, de distributions, mais manifestement dans deux contextes bien distincts. Le document 7087 fait rfrence la liste dmargement dun groupe socio-professionnel prenne du gouvernorat dsign par un terme collectif malheureusement peu clair. Il pourrait sagir dune attribution ordinaire, que les personnes nommes reoivent en fonction de leur statut. Plusieurs dames de haut rang sont cites, formant peut-tre des couples avec les grands fonctionnaires dont les noms prcdent les leurs. Il est plausible que toutes les pices de viande cites proviennent de la dcoupe dun seul et mme animal.

    En revanche, daprs lallusion la barque wj et la prsence dun prtre-ouab (ainsi que le titre, jj ?), le document 7210 voquerait un abattage exceptionnel en lien avec une fte religieuse. Il y est mentionn explicitement 4 veaux et 2 chevreaux, sans compter les rations (non identifies) que se partagent les bnficiaires cits dans la partie infrieure du texte. Le groupe de personnes na que trs peu en commun avec celui de la tablette 7087 : seuls les titres jmy-jrty et jmy-st-wy sont communs aux deux documents. Ljmy-st-wy reoit dans les deux cas des ctes. En 7210, plusieurs personnages portent des titres importants et relativement rares dans la documentation textuelle de Balat : r-nswt, wdpw et jmy-st-wy (les deux derniers cits sans anthroponyme associ). Le mme texte aligne des noms propres (Mrw(y), Hjtj ?) cits sans indication de fonction ; il ninclut aucune dame. Si les documents sont bien exploitables pour les donnes sur la consommation de viande, les situations socio-conomiques quils refltent restent obscures.