« partenariat », « voisinage », « union »…

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« L’Union pour la Méditerranée : bilan et perspectives ; outils et méthodes » 29 mars 2011 Facultés universitaires Saint Louis, 43 Boulevard du Jardin botanique 1000 - Bruxelles « Partenariat », « Voisina « Union »… Vers des relations en Nord et Sud de la Méditerranée plus équilibrés ? Jacques OULD AOUDIA,

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« L’Union pour la Méditerranée : bilan et perspectives ; outils et méthodes » 29 mars 2011 Facultés universitaires Saint Louis, 43 Boulevard du Jardin botanique 1000 - Bruxelles. « Partenariat », « Voisinage », « Union »… - PowerPoint PPT Presentation

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« L’Union pour la Méditerranée : bilan et perspectives ; outils et méthodes »29 mars 2011

Facultés universitaires Saint Louis, 43 Boulevard du Jardin botanique 1000 - Bruxelles

« Partenariat », « Voisinage », « Union »…Vers des relations entre Nord et Sud de

la Méditerranée plus équilibrés ?

Jacques OULD AOUDIA, Chercheur en économie politique du développement

Parce que l’histoire s’accélère au Sud de la Méditerranée, prenons du recul.

•Rapide survol critique des politiques européennes depuis le début des années 90 (chute du mur de Berlin et signature des Accords d’Oslo)

•Pistes de réflexions ouvertes par les révoltes arabes.

1. Le Partenariat euro-méditerranéen Du point de vue de l’Europe, le Partenariat euro-méditerranéen : un processus doublement faussé dans la masse :

- dans son mode d’élaboration et de fonctionnement : processus pensé au Nord et proposé aux pays des rives Sud et Est de la Méditerranée. Fonctionnement de type N/S aligné sur les mécanismes d’APD.

Processus non partenarial: le N décide et finance (avec conditionnalités), le S cherche à capter le maximum de fonds.

- dans les hypothèses de base qui ont fondé cette offre politique : la libre circulation des biens va stopper la circulation des personnes, c-à-d la migration. Or cette hypothèse était entachée de deux vices :

•- elle a été cachée (discours lénifiants: « construire un lac de paix et de prospérité »)

•- elle est fausse.

• Elle était fausse parce qu’elle s’appuyait sur trois mécanismes sensés fonctionner:

• - le libre échange (en symétrie), va éroder les positions rentières des élites du Sud par la concurrence.

• - les Accords d’association vont sécuriser les IDE entrants dans les pays « partenaires ».

• - les réformes soutenues financièrement par l’Europe (libéralisation + bonne gouvernance) associées aux deux autres facteurs, vont dynamiser les régimes de croissance de ces pays.

• Les études historiques invalident l’hypothèse majeure (le décollage économique émigration) + aucune vérification empirique des mécanismes sensés fonder le « Partenariat » :

• - l’érosion des rentes par l’instauration du libre-échange ? Les élites du Sud ont retardé le lancement du LE tant qu’elles n’ont pas su comment s’ouvrir tout en maintenant leurs positions rentières ;

• - l’afflux des IDE ? Modestes, faiblement dirigés vers les secteurs productifs, et surtout, quand ils se sont relevés (comme en EGY à partir de 2004) une croissance « hors sol », non inclusive.

• - les réformes structurelles ? Les Mds d’Euros accordés aux pays « partenaires » par l’UE (MEDA) réformes de libéralisation et de ‘bonne gouvernance’, ont-elles contribué à relever les régimes de croissance au Sud (pour absorber les afflux de main d’œuvre active) ?

• Réformes? Les élites au Sud ont parfaitement entendu le message ! They are doing business !

• Elites enrichies, sans entrainement sur le développement de la société dans son ensemble : les pays « partenaires » méditerranéens sont engagés dans une « croissance sans développement » (cf JOA « Croissance et Réformes dans les pays arabes méditerranéens » - Karthala, 2008)

• A noter :

• - Les jeunes « démocrates » de la Place Tahrir au Caire départ du Président Moubarak, mais aussi de son fils Gamal et de ses amis du gouvernement d’affairistes-ministres, qualifiés pourtant par la BM, le FMI, la CE, et Doing Business… de grands « réformateurs » ! (Doing Business a mis TUN et EGY dans le top ten des best reformers en 2009 et 2010 ! )

• Sur le plan du fonctionnement, le « Partenariat » euro-méditerranéen, outre sa dimension non partenariale, a fonctionné selon un processus de bureaucratisation croissante, qui a éloigné les décisions prises des réalités des sociétés d’ici et de là-bas.

• (La bureaucratisation non spécifique à ce « Partenariat » : toutes les dimensions de la politique communautaire et stérilise toute appropriation citoyenne des processus de politiques publiques à l’échelle européenne. C’est un autre débat).

Le Partenariat euro-méditerranéen était construit sur 3 piliers : politique, économique, culturel

• On a vu le pilier économique. Le pilier culturel est très faible.

Quid du pilier politique ?

• - Paralysie car pas d’action dans les conflits entre membres qui paralysent la région à des degrés divers (Turquie/Chypre – Algérie/Maroc – Israël/Palestine – Maroc/Espagne)

• - Intervention US pour régler le conflit entre Maroc et Espagne à propos de l’ilot Leïla / Persil en 2002.

• - Pas de pression pour le respect des droits de l’homme dans les pays arabes partenaires, au risque de bousculer Israël : équilibre de l’abstention.

• Un « bilan décevant » : Mais construit sur bases erronées et non affichées

• La Politique de Voisinage: Pas de changement radical.

• Au total, les politiques que l’UE a projetées Sud avant l’UPM consolider les régimes autoritaires,

- économie: par fortes connexions d’intérêts entre élites du N et du S,

- politique: élites du S, remparts contre migrations (y compris subsah) et contre menaces des mouvements radicaux religieux.

• Alors que les régimes de croissance ne se sont pas notablement relevés pas d’horizon aux nouvelles générations (jeunes instruits marchés du travail )

• Les révoltes arabes sont là comme révélateurs de ces constats.

2. L’Union Pour la Méditerranée (UPM) • L’UPM a pris acte de l’échec du Partenariat,

• fondé au Nord sur des bases faussées,

• au Sud, bloqué par les conflits politiques entre pays et par la résistance des élites au sein des pays.

• L’UPM a été au contraire fondée sur une belle idée :

• projets d’intérêts communs aux riverains de la Méd.,

• engagement politique fort, au niveau des chefs d’Etats

• outil spécifique, le Secrétariat.

• Il y a peu à dire sur l’UPM :

• départ de Moubarak

• éloignement de la paix au Proche Orient

• Du point de vue de l’Europe, la politique vers la Méditerranée est plus menée en fonction des enjeux entre pays européens et leurs diverses zones d’influence que par la prise de conscience des enjeux grands-régionaux dans la mondialisation :

• L’Europe ne parvient pas à se penser dans le nouveau monde qui se fabrique sous nos yeux tous les jours faible investissement politique, humain, économique en direction de la zone.

3. Quels horizons pour les mouvements politiques actuels dans les pays arabes ?

• Comment les mouvements politiques qui ont éclos dans le monde arabe vont-ils affecter les relations de cette région avec l’Europe ?

• Devenir incertain.

• Histoire longue : TUN et EGY : éveils politiques il y a plus d’un siècle, bien en avance sur les autres pays arabes.

Une diagonale « démocratique »1.9 Md d’hab, 28% de la pop mondiale

• Les pays arabes : restés jusque là en dehors de cette grande diagonale « démocratique ».

• Les mouvements actuels devraient rapprocher les pays arabes du fonctionnement de ces sociétés, chacun, dans sa spécificité.

• Les 8 pays cités connaissent eux-mêmes des fonctionnements politiques très différents (Iran =/= Turquie).

Pour quoi « « démocratique » » ? • La « démocratie » ne fonctionne pas de la même façon au

N et au S, c-à-d dans les pays qui, globalement, se distinguent par 2 caractéristiques majeures (réf : D. North et al, M. Khan) :

- au S, relations sociales majoritairement personnalisées, marquées par le lien et donc l’informel . Au N dépersonnalisées et formalisées.

- les Etats, au N ont des ressources publiques importantes: redistribution selon des mécanismes formels (subv, aides sociales..), ce qui fonde le contrat social et soutient le fonctionnement formel des institutions politiques. Au S, les redistributions sur un mode informel infléchit le fonctionnement des processus démocratiques, jusque les invalider (pays d’Afr sub où élections sont syst. contestées).

• Si avancée vers la démocratie, alors les relations entre N et S de la Méd changement substantiel : les pays du S gagneront en autonomie, c-à-d en capacité à définir leurs objectifs :

à partir des exigences de leurs propres sociétés,

et non en fonction des soutiens politiques et financiers accordés aux élites par des acteurs externes (Etats Unis, Europe).

(réf. Cornelius Castoriadis)

• Les manifestants de la Place Tahrir au Caire fin de l’aide américaine que l’EGY obtient depuis 1979, en passant de vassal de l’URSS à vassal des USA.

des relations plus équilibrées entre N et S de la Méd, s’éloignant des relations de type Nord/Sud avec l’aide financière comme argument principal.

4. Des relations plus équilibrées ? La voie des biens publics régionaux

• Des sociétés plus autonomes, des relations plus équilibrées devraient permettre de créer ensemble N et S un cadre de discussion pour l’avenir de la région

• qui pourrait s’orienter vers la prise en compte des problèmes communs, vers la définition d’ambitions communes comme la création de biens publics régionaux

• Ces biens publics régionaux financés par l’ensemble des participants, du N et du S, rompant ainsi avec la relation stérile entre celui qui tend la sébile au S, et celui qui donne avec suspicion au N.

• Les défis régionaux ne manquent pas, touchant d’une façon indifférente N et S : sécheresse, fragilité de la Méd, risques sismiques, enjeux de sécurité, enjeux migratoires, énergie, enjeux agricoles et alimentaires, défense de la diète méditerranéenne, enjeux de santé, enjeux environnementaux….