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Paul Carton La Vie Sage

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  • Chez le mme diteur

    Karine Chateigner : Le Nouveau Livre des EspritsKarine Chateigner : Ecce HomoRudolph Breuss : La Cure BreussPierre Andr Letemple : St Georges Prince des LumiresScott Cunningham & David Harrington : Secrets et Recettes pour un Habitat HeureuxEric Dac : VritEric Dac : Frres de LumireEric Dac : Contact DivinPat Thomas : Halte aux Ennemis InvisiblesTristan Llop : Le Grand Livre des Talismans AngliquesJean-Luc Belleney : Comment Russir sa Vie avec les Dessins Psycho-nergticsJean-Luc Belleney : Le secret des secretsJean-Luc Belleney : Les 9 Cartes Sacres du Bonheur et de la ProspritJean-Luc Belleney : Zen PlusDr Francis Frandeau de Marly : Le Trait des Influences Cosmo-magntiques Dr Francis Frandeau de Marly : Nouvelles Techniques Radioniques de Pouvoir Dr Francis Frandeau de Marly : Le Guide de la Radionique ActiveJrme Calmar : L'Eveil selon le TchanTony Hogan : N pour GurirJack Angelo : Le Grand Livre de la Gurison SpirituelleA.D. du Graal : Des Mgalithes aux CathdralesWolfgang Hahl : Le Guide des Bijoux et Pierres d'EnergieMagalion : Le Chemin du PreMagalion : Gurisseur Source de VieMagalion : Au Royaume de la VieMagalion : Les 5 PouvoirsAlexandre Poliokhine : Merkaba(h) - La Porte du CosmosNicolas Almand (Nathor) : Conscience Divine

    Pour tous renseignements concernant ces ouvrages, vous pouvez nous crire :

    Editions LABUSSIERE23 Place de l'Htel de Ville

    B.P. 85 71700 Tournus

    Tl : 03.85.27.03.80. - Fax : 03.85.27.03.81.

  • Editions Alain LABUSSIEREB.P. 85 71700 Tournus

    LA VIE SAGE

    Dr. PAUL CARTON

    COMMENTAIRES SUR LES VERS D'ORDES PYTHAGORICIENS

  • AVERTISSEMENT de L'EDITEUR

    Les pratiques, les techniques, les conseils dcrits dans ce livrene doivent en aucun cas tre utiliss en remplacement de

    traitements mdicaux. Ce livre n'essaye aucunement de porterun quelconque diagnostic, de recommander un traitement,

    d'tablir une prescription en vue de traiter des maladies, desdouleurs, des blessures, ou un problme de condition physique.

    Cet ouvrage est dit dans un but d'information. Il exprime une philosophie de la vie.

    Seul votre mdecin traitant est habilit prescrire un traitement mdical.

    L'auteur et l'diteur ne sont donc responsables en aucunemanire d'une utilisation inconsidre de cet ouvrage.

    Editions LABUSSIERE, 2009

    Tous droits de reproduction, traduction ou adaptationRservs pour tous pays

    N ISBN 978-2-84988-090-6

  • INTRODUCTION

    a vrit est une, immuable, ternelle, parcequ'elle est d'ordre synthtique et divin. Elle est

    inscrite partout dans l'univers, dans la nature et dansles tres. Mais elle demande tre recherche, car ellese cache pour que l'effort de progrs qu'exige sadcouverte soit rcompens du bonheur de savoir etd'esprer.

    Comme elle est universelle, elle domine tousles temps et tous les mondes. Elle est donc la mmepour toutes les poques et tous les hommes. Et commeelle est synthtique, on la retrouve identique dans tousles domaines de la connaissance. Aussi, les voies quipermettent de l'atteindre sont-elles multiples etsouvent trs dissemblables.

    C'est pourquoi, ds la plus haute antiquit, sansavoir pourtant leur disposition les richessesscientifiques d'aujourd'hui, les grands sages taientarrivs, dj, noncer les lois de la cration, dterminer l'origine et la fin de l'homme et lesattributs de la Divinit, tablir les lois de causalit,d'volution, de finalit et en dduire, enfin les plussrs prceptes de vie saine et vertueuse.

    La science matrialiste qui, notre poque,institue l'Energie comme un dieu aveugle, leDterminisme de la force matrielle comme une loibrutale et les faits de l'volution comme un jeu deHasard, s'apercevra un jour qu'elle n'a fait que

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    L

  • retrouver, sur le plan strictement matriel, les loisd'unit de constitution, d'volution et de circulationdes forces et des tres, dj connues des Anciens etqu'apporter, somme toute, la confirmation matrielle,en mme temps qu'une interprtation borne, desvrits traditionnelles lgues par la sagesse antique etles religions de l'humanit.

    C'est dire que les sources de vrit, auxquelleson peut puiser, pour constituer une synthse desconnaissances humaines et pour tablir un ensemblede preuves cooprantes de l'existence d'un Ordreuniversel, peuvent se rencontrer dans tous les effortsdes lites intellectuelles et dans toutes les aspirationsreligieuses de l'humanit. Toutefois, parmi les gniesqui illustrrent l'antiquit et qui firent uvremerveilleuse de savoir et de foi, deux noms sedtachent dans le domaine de la philosophie et de lamdecine : Pythagore et Hippocrate.

    La doctrine pythagoricienne et la doctrinehippocratique se rejoignent, en effet, pour fournir unensemble de rgles de sagesse spirituelle et de bonordre corporel qui, avec le complment des vertuschrtiennes de saintet et de charit, renferment latotalit du Savoir et l'union d'Ordre complet pour laconduite individuelle et collective.

    La synthse doctrinale de Pythagore se trouveexprime dans un tableau de prceptes suprieurementhirarchiss : Les Vers d'Or des Pythagoriciens.L'idal de vie harmonieuse qu'ils inspirent et les rglesde sant de l'me et du corps qu'ils proposent sontvraiment dignes d'tre comments et suivis.

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  • Pythagore naquit dans l'le de Samos, 580 ansenviron avant Jsus-Christ. Son pre, Mnsarchus, luifit donner une instruction complte. Des matresrenomms lui enseignrent la philosophie, lesmathmatiques, la posie, la musique et lagymnastique. Cette large ducation contribua augmenter son got inn de la science du gnral, dvelopper son esprit, si curieux de l'analyse et sipuissamment synthtique tout la fois.

    Puis, le dsir d'approfondir davantage lesconnaissances ainsi reues et d'en acqurir de plusvastes encore, l'incita voyager pour tudier lesinstitutions des autres peuples et pour se faire initieraux enseignements secrets des Temples rputs. Dansl'antiquit, en effet, l'instruction intgrale tait donnedans les Temples et ceux qui aspiraient la sagesse et la royaut de l'intelligence devaient aller se faireinitier aux Mystres, c'est--dire aux lois de gense etde constitution du macrocosme et du microcosme, del'univers et de l'homme.

    Il se rendit d'abord dans l'le de Crte. Puis, ilvisita les principales villes de la Grce. Aprs avoirreu l'initiation orphique et s'tre pntr du senscach des harmonies musicales et de leur langagecleste, il conut le projet d'difier une doctrine qui,dans son lvation, embrasserait tous les domaines dela connaissance humaine et jouirait alors d'une valeurd'application pratique, incommensurable. C'est cemoment qu'il fit le voyage d'Egypte. Son tempsd'initiation dans les Temples dura, dit-on, plus devingt ans. Il y approfondit surtout la science

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  • sotrique des mathmatiques sacres. Il en fit le pivotde sa doctrine unitaire, l'Un crant dans un courant dedescente ou d'involution la multiplicit des tres, enpossession d'une trinit de forces qui s'panouissent etprogressent dans un lan ascendant universel,d'volution, la fois providentiel et libre, de retour l'unit.

    Pris dans la tourmente qui bouleversa l'Egypte ce moment, il assista la ruine matrielle de ce pays,sous les assauts des soldats de Cambyse. Emmen encaptivit Babylone, il y rencontra les prtreschaldens et les mages persans qui lui dvoilrent lesdonnes occultes des antiques religions de l'Inde et dela Perse et qui lui apprirent la puissance du verbehumain, dirig selon certaines rgles d'action invisibleet visible. L'astronomie sotrique et le vritablemouvement des astres lui furent rvls. Plutarquerapporte, en effet, que Pythagore croyait que la terretait mobile et n'occupait pas le centre du monde, maisqu'elle se dplaait autour du soleil en tournant surelle-mme, ce qui engendrait la succession des jourset des nuits.Sachant alors tout ce qu'il tait humainement possiblede connatre, il obtint d'tre dlivr et put retourner Samos, aprs plus de trente ans d'absence. Aprs uncours sjour dans son pays natal, il rsolut de se fixerdans l'une des colonies grecques de l'Italie. Son choixse porta sur Crotone. Il y fonda une cole et soninfluence devint immdiatement prpondrante. Il yrforma les institutions politiques et il se fit l'aptredes plus hauts moyens de perfectionnement.

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  • Son pouvoir de persuasion tait immense. Sesplus anciens biographes le reprsentent comme unhomme de haute stature, harmonieusementproportionn, d'une beaut et d'une noblesse de visageincomparables, dou d'une voix prenante, d'un regarddominateur et doux la fois. De toute sa personne sedgageait une influence magntique, qui imposaitl'autorit et la vnration. Sa gravit impressionnante,son souci d'viter les paroles inutiles ou enjoues, sonloquence entranante, la puissance et l'lvation deses penses, en un mot tout ce qu'il avait puis dansles enseignements de l'antique sagesse, lui permitd'oprer sur les sentiments et les actes de sesconcitoyens un bouleversement rapide et heureux.Son premier discours, Crotone, convertit, dit-on,deux mille citoyens. Les magistrats lui confirentl'uvre d'ducation de la jeunesse et detransformation des institutions. Dans plusieurs villesd'Italie, il tablit des lois nouvelles et remit ladirection de la vie publique aux mains des meilleurs,c'est--dire des plus levs dans la hirarchie dusavoir et de la vertu. L'ordre nouveau qu'il introduisaittait, en somme, une forme modre et juste degouvernement aristocratique. L o il ne croyait pasdevoir modifier les institutions existantes, il secontentait de faire rgner les principes de hirarchie,de discipline et d'unit, qui seuls peuvent apporter lastabilit, l'ordre et le progrs dans les organisationscollectives.

    Partout o il passa, il fit entendre la voix de lajustice et de la vertu. Toujours il s'effora d'apporter la

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    sant aux corps et aux mes, dans un effortcooprateur de puret et d'lvation, men la fois surle plan physique et dans le domaine mental.

    Il associait dans une mme pense d'entr'aide etde synthse, les donnes, en apparence opposes, de lascience matrielle des faits et de la religion d'un Ordrespirituel unique, crateur, lgislateur et protecteur.Ainsi, l'ide de Dieu dominait, guidait et assemblaitl'uvre humaine entire.

    Il avait pressenti que cette unit doctrinales'opposerait, par exemple, la querelle si invtre dela mdecine, borne aux faits de la matire charnelleet de la religion, trique dans ses dmonstrationsthoriciennes, alors que les deux doivent s'assemblerdans un but commun de purification et d'ordre. Lamdecine logique des corps doit, en effet, savoir le butde progrs par le renoncement sensuel, qui se cachederrire ses soins d'ordre humoral et de puretphysiologique. Et, d'autre part, la direction religieusedes esprits doit acquiescer aux abstentions d'alimentsmatrialisants et la mfiance l'gard destraitements rgressif et animalisants (srums ; greffesanimales), afin d'assurer la synthse de l'ordre et duprogrs dans tous les lments de la constitution del'homme, selon les rgles de la mdecine, vraimenthippocratique.

    Celse le considrait comme le philosophe leplus clair des choses de la mdecine. Sa sciencetait si universelle, sa sagesse si clatante et sonprestige si grand qu'on le comparait un demi-dieu.Dans son institut de Crotone, il s'effora de raliser

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    son idal de perfection humaine. La pensefondamentale qui le guidait dans son uvre derforme, tait que les individus et les collectivitsprsentaient une image rduite de l'Univers, setrouvaient, comme lui, soumis des lois gnrales ettendaient vers un mme but occulte de progrs etd'ordre. Aussi, en vertu de ces irrcusables analogiesd'origine, de constitution, d'volution et de but,voulait-il introduire la loi, l'harmonie et le plan divinsdans toutes les manifestations de la vie humaine, dansla direction de soi-mme comme dans legouvernement de la collectivit. S'efforcer deressembler Dieu, en obissant ses lois morales dejustice, de vrit et de devoir et ses lois physiques devie saine, simple et naturelle, telle tait la fin qu'ilproposait en toutes choses.

    Son souci de perfectionnement et d'harmonietait exemplaire, car il s'exerait sur tous les plans del'activit la fois. Il visait grouper chez le mmeindividu, la meilleure sant physique, la plus fortenergie vitale, la plus haute puissance mentale et laplus belle cohsion des facults.Pour obtenir le consentement de l'tre humain entier,il faisait appel au groupement de toutes lesconnaissances scientifiques, philosophiques etreligieuses.

    Il lui tait apparu que le jour o l'humanitserait devenue clairvoyante de ses origines et de sadestine, instruite de toutes ses obligations de viesaine et harmonieuse, respectueuse de l'ensemble deses lois directrices, elle marcherait dans la voie du

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    progrs, en subissant moins d'entraves douloureuseset de cataclysmes redresseurs, et qu'alors le rgne del'ge d'or commencerait dj sur terre.Comme il savait que l'ascension de si hautes vritsn'tait pas la porte de tous les hommesindistinctement, il divisait son enseignement en deuxcatgories, l'imitation de ce qui se pratiquait dans lesTemples. La foule des moins volus tait mise aucourant seulement de ce qu'elle pouvait concevoir etpratiquer. Elle devait se contenter d'une vrit et d'unesagesse approches. Aussi lui conservait-on, laplupart du temps, l'usage de ses mythes, la religion deses anctres, ainsi que ses coutumes fondamentales.Des motifs de perfectionnement et de contrainte luitaient offerts, qui pouvaient paratre errons auxsujets initis, mais qui restaient indispensables pourobtenir le maintien des mes simples dans la bonnedirection.

    Aux plus levs dans l'ordre intellectuel etmoral, tait rserv l'enseignement intgral et secret.Ils avaient accs l'institut pythagoricien. Devenusnocives aprs un examen initial, ils subissaientd'abord un temps d'preuves qui durait de deux cinqans, pendant lequel ils s'adaptaient plus ou moins vite un rgime alimentaire, sobre et pur. En mme temps,ils faisaient l'apprentissage de la droiture, de lamatrise de soi-mme, du silence, de l'abngation, dudiscernement, et enfin de la rsistance physique.Puis, s'ils en taient jugs dignes, ils recevaient de labouche mme du matre, les enseignements del'initiation suprieure. Ils apprenaient successivement

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    la constitution analogue, uni-trinitaire, du cosmos etde tous les tres, la mdecine naturelle et magique, lascience sotrique des nombres, les caractressymboliques de l'criture sacre, la significationocculte des emblmes et des cultes mystrieux etenfin l'volution universelle par le dveloppement etla monte de l'esprit, travers la srie des tres qui sesuccdent, se transforment et se compltent, afind'assurer un meilleur instrument d'apprentissage, pourl'intelligence, la clairvoyance et la sagesse.

    La vie de l'adepte, l'institut pythagoricien,tait minutieusement rgle. La journe commenaitpar une prire, puis on se recueillait et on pratiquaitl'examen de soi-mme ; en se promenant dans lasolitude, de faon prparer l'uvre quotidienne. Unecourte sance de musique venait ensuite,accompagne de chant, danses et exercices degymnastique. Des ablutions, aspersions ou bains, prisdans un but de purification et de bon entretiencorporel, ramenaient l'quilibre dans le jeu organique,excit par l'exercice physique. On se mettait ensuite l'tude jusqu' l'heure du repas qui tait pris encommun. Tout aliment qui avait vcu d'une vieanimes tait exclu des menus, de faon conserverla puret des forces vitales. La sobrit et mme despriodes de jene taient pratiques pour accrotrel'nergie psychique des adeptes. Puis, venaient deslectures haute voix, que commentaient les disciplesles plus avancs. Le soir, une seconde promenade taitexcute, mais en commun, cette fois. En toutescirconstances, tait requise une obissance sans

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    rserve, base sur les sentiments de hirarchie et derespect que l'on doit aux matres et aux lites.Le succs de l'ducation pythagoricienne fut rapide etclatant. Des ramifications de l'ordre s'tendirent dansde nombreuses villes de l'Italie et de la Grce. Partout,la vrit s'imposa et laissa une empreinte ineffaabledans les esprits et les institutions.

    La transformation qui s'accomplissait dans lesmurs et les faons de penser fut mme tropprcipite. De plus, l'instruction gnrale des foulestait encore insuffisante cette poque, pour se plier d'aussi hautes conceptions de la vie individuelle et desrelations collectives. Aussi, peu peu, la multitudedes individus imparfaits se prit vouloir secouer ladomination des dirigeants pythagoriciens, qui partouttaient arrivs imposer des conditions de vie plusjustes et plus naturelles. Peut-tre enfin toute lalenteur ncessaire de progression ne fut-elle pas miseen uvre dans les tentatives de rforme ? Desdiffrends surgirent alors. Le plus grave fut celui quifit se dresser Cortone contre la ville voisine deSybaris, propos d'exils chasss de cette dernire etrecueillis par les habitants de Crotone. Une luttesanglante en rsulta, dans laquelle les Crotoniates,conduits par le fameux athlte pythagoricien, Milon,vinrent bout des Sybarites, quoiqu'ils fussent les plusnombreux. La rpression fut malheureusementexcessive. Sybaris fut saccage et rasecompltement. Toute uvre de destruction sans freinni raison introduit le germe de la destruction chezceux qui l'accomplissent et se paie, d'ordinaire, d'une

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    sanction de nature identique. L'cole pythagoriciennesubit le contre-coup des excs des Crotoniatesdchans.

    Le mcontentement des mauvais esprits rduits l'impuissance et, entre autres, la haine vindicatived'un nomm Cylon, vinc jadis par Pythagore, dunombre des candidats la haute initiation, cause deson temprament violent et indisciplin, firent que larvolte grandit peu peu et fondit sur lesPythagoriciens. On leur reprocha surtout leurdomination politique, comme attentatoire aux droitspopulaires et la rvolution clata qui dtruisit l'colede Crotone. Ceux de ses membres qui chapprentaux violences se dispersrent. Quelques auteursaffirment que Pythagore lui-mme prit dansl'incendie de la maison de Milon, chez lequel il s'taitrfugi. Mais, il est plus gnralement rapport etadmis qu'il put se retirer en Grce, Mtaponte, o ilcontinua enseigner et o il mourut vers l'ge de 90ans.

    L'influence de Pythagore fut immense. Elle futdcisive sur la formation des deux gnies grecs :Socrate et Platon. On peut affirmer qu'elle continue s'exercer de nos jours, d'une faon latente maiscertaine. Toutes les vrits qu'il enseigna sontdestines revivre, renforces par les dmonstrationsdes faits scientifiques modernes et perfectionns parle couronnement des lois divines d'amour du prochainet de sacrifice personnel que le Christ est venuannoncer ses disciples.

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    LES VERS D'OR

    ythagore aurait crit plusieurs ouvrages (on en amentionn une quinzaine). Les deux principaux:

    symboles de l'Univers et symboles de la Parole sacre,devaient tre composs en caractres symboliques ; ilsn'taient communiqus que rarement aux initis lesplus sages. Aucun ne nous est parvenu. Nous neconnaissons la doctrine pythagoricienne, dans sesgrandes lignes, que par les crits de ses disciples.

    Le petit pome des Vers d'Or est attribu Lysis qui, dans le but de conserver intacte et de mieuxrpandre la doctrine de son matre, rsuma, en unesorte de catchisme, l'ensemble des prescriptionsfondamentales, enseignes dans les colespythagoriciennes.

    Ces Vers d'Or, nous apprend Hirocls qui nousles a transmis et comments, taient vraimentconsidrs comme l'essence mme des enseignementsde Pythagore, puisqu'une loi ordonnait chaqueadepte de les lire et de les mditer, matin et soir.

    A premire vue, les prceptes qu'ils renfermentparaissent disposs sans ordre. Mais, une tudeapprofondie permet d'y dcouvrir un plan admirablequi se droule dans une progression harmonieuse etune lumire clatante. C'est ce plan que nous avonsvoulu mettre jour dans notre traduction, en portanten marge des indications qui constituent de vritablesttes de chapitre pour les commentaires.

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    Dans la premire partie, la Prparation, le cultede Dieu et des Esprits suprieurs est tabli commefondement de toute uvre personnelle ou collective. LaPurification qui vient ensuite comporte le culte del'humanit dans la famille, dans autrui, par l'amiti etl'amour universel, et enfin dans soi-mme. Les devoirs l'gard de soi-mme sont diviss en spirituels etphysiques, c'est--dire en soins de l'esprit et du corps.La matrise complte de soi-mme, la droiture, lafranchise, la rflexion, l'amour du travail, la tolrance,la discrtion, le juste discernement, la prvoyance etl'humilit sont tour tour enseigns. Puis, les soinscorporels, qui ont trait surtout l'alimentation pure etpondre et l'exercice physique, sont passs en revue.

    Les deux premires tapes de prparation et depurification une fois franchies, l'adepte doit s'efforcerd'atteindre les plus hauts pouvoirs, en seperfectionnant chaque jour d'avantage. Il faut, en effet,tre d'abord instruit des choses humaines, avantd'aborder les vrits divines. Cette partie de Perfectionapprend que, grce l'examen rpt de soi-mme, la mditation, la foi et la vie vertueuse, l'adeptepeut, en s'aidant de la prire, s'instruire des problmesde l'Univers et parvenir l'initiation. Celle-ci luiconfre les dons de clairvoyance et lui rvle le senscach des actions humaines et de l'volutionuniverselle.

    La porte de la sagesse s'ouvre alors. La vritocculte a pntr l'esprit de l'initi ; elle l'inonde dejoie ; elle lui prpare une vie terrestre de srnit etune existence future d'immortalit bienheureuse.

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    Ce programme d'instruction humaine intgraleest parfait. Il peut constituer la clef de vote de toutsavoir, comme de toute organisation, parce qu'ilralise l'analyse la plus fouille des conditionssynthtiques du progrs et de la paix, individuels etcollectifs. En effet, aucun dtail de cultureindividuelle n'est laiss dans l'ombre. Et, surtout, lamultiplicit discordante des enseignementsanalytiques, des petites leons de dtail, des prceptesinfimes habituellement professs, il substitue unevritable science de la perfection base solidement surle plan et le but de la cration universelle.

    L'homme n'y est plus tudi sans le lien qui lerattache Dieu et au reste de la nature. Il y apprendque ses sources de vie, ses forces d'action, ses moyensde progrs et son but de bonheur se trouvent d'aborden Dieu, qui est son crateur, puis dans l'effortconcert de la Nature et de l'Humanit, sans lesquellesaucun de nous ne saurait vivre, et enfin en soi-mme,par la filiation divine et par le capital de forces vitalesque chacun reoit la naissance.

    Cette doctrine universelle, pythagoricienne, quicomportait le culte de Dieu, la vnration de la nature,l'amour de l'humanit et le respect de soi-mme,imposait chaque individu l'adoration du Crateur etla bienveillance l'gard des hommes et des tres. Ellefournissait, en mme temps, les motifs les plusrationnels de culture intellectuelle et d'obligationmorale, en vue d'obtenir une sant robuste, de corps etd'esprit.

    En effet, en cherchant raliser paralllement

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    dans le mme individu l'esprit le plus lev, les forcesvitales les plus pures et le corps le plus sain, lepythagoricisme constituait un ensemble deprescriptions bien synthtiques, parfaitementquilibr et logiquement hirarchis. L'espritconscient y commandait la matire, en dirigeant le jeuinconscient des forces vitales, sans emportement nidfaillance, vers un but louable de progrs personnel,de paix mentale et de perfectionnement collectif.

    En plaant, comme Destine, l'attraction versDieu, et, comme loi essentielle de la vie, le libreexercice de la Volont, s'efforant de revenir l'Unit,la doctrine pythagoricienne affirmait que l'effortprsent, bien ou mal dirig, dterminait, par le mriteou de dmrite, des sanctions futures et que celles-cise traduisaient par des avances ou des rgressions,dans l'chelle de la vie organise et hirarchise.

    Cette antique sagesse qui prsentait la viecomme un devoir religieux et naturel, suprieurementmotiv, et minutieusement codifi, forme un idald'organisation synthtique, personnelle et humaine,qui peut servir de base traditionnelle, pour asseoir lacroyance en Dieu, la foi dans sa Providence et lasoumission aux lois de la nature.

    Brvannes, dcembre 1915.

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    LES VERS D'OR DESPYTHAGORICIENS

    PRPARATION

    Le culte de Dieu - AVOIR UNE RELIGION - Toutd'abord, rends aux dieux immortels le culte prescritpar la loi. Garde aussi ta foi jure. Rvre ensuite,comme il convient, les Hros sublimes et les Espritsdemi-Dieux.

    PURIFICATION

    Le culte de la famille - AIMER SES PARENTS -Aide le culte de la famille : remplis bien tes devoirs l'gard de ton pre, de ta mre et de tous les parents.

    Le culte de l'amiti - AIMER SES SEMBLABLES- Choisis pour ton ami l'homme le meilleur et le plusvertueux. Obis ses doux conseils et suis sonexemple salutaire. Efforce-toi de ne pas te dtournerde lui pour un tort lger, autant qu'il est en ton pouvoir,car la Volont sige ct de la Destine commepuissance directrice de notre volution.

    La culture personnelle - A. La culture mentaleTRE MAITRE DE SOI - Puis, sache bien que tu doisapprendre dominer tes passions, tre sobre, actif,chaste. Ne te mets jamais en colre.

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    TRE HONNETE, FRANC, JUSTE - Soisirrprochable devant les autres et aussi devant toi seul.Et, pardessus tout, respecte-toi toi-mme. Que toute tavie, que toutes tes paroles s'inspirent de la plus purejustice.

    TRAVAILLER EN TOUTE CONFIANCE - Quand ausort qui t'est chu par les lois divines, si rude soit-il, net'en rvolte pas, mais supporte-le avec srnit, ent'efforant de l'amliorer de ton mieux. Les Dieux, eneffet, prservent les Sages des maux les plus grands.

    TRE TOLERANT ET PATIENT - La Vrit etl'Erreur se rencontrent mlanges dans les opinionshumaines. Abstiens-toi donc de les approuver ou deles rejeter en bloc, afin de conserver ton harmonie. Sil'erreur triomphe momentanment, loigne-toi etpatiente.

    SE CREER UN JUGEMENT SAIN ET FERME -Prends soin de toujours bien observer ce que je vais tedire. Ne te laisse pas entraner sans rflexion par lesparoles et les actes d'autrui. Parle et agis seulementquand ta raison t'aura indiqu le parti le plus sage. Ladlibration, obligatoire avant l'action, t'vitera ainsiles actes draisonnables. Ce qui vraiment rendl'homme malheureux, c'est de parler et d'agir sansrgle ni mesure.

    TRE PREVOYANT - Pour chacune de tes dcisions,prvois bien ses consquences les plus lointaines, de

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    faon n'avoir jamais t'en repentir.

    TRE MODESTE - N'aie pas la prtention de faire cequ'en ralit tu ignores. Saisis, au contraire, toutes lesoccasions de t'instruire. Tu mneras ainsi une viehautement agrable.

    B. La culture corporelleSUIVRE UN REGIME PUR ET PHYSIOLOGIQUE.PRENDRE DE L'EXERCICE - Il faut galementveiller la bonne sant du corps. Prends avec mesureles aliments, les boissons et les exercices qui te sontncessaires. Ta juste mesure sera celle quit'empchera de t'amollir. Aussi, devras-tu t'habituer un rgime pur et svre.

    TRE RESERVE - Suis-le sans ostentation, pourviter de t'attirer l'incomprhension haineuse designorants.

    TRE PONDERE - N'agis pas la faon des genssans jugement qui dpensent au-del de leurs besoinsou encore qui se livrent l'avarice, mais apprends-toi garder en tout le juste milieu. Ne fais donc rien quipuisse te nuire et pour cela raisonne bien avant d'agir.

    PERFECTION

    Les moyens de perfectionnement - L'EXAMEN DESOI-MEME - Aussitt rveill, profite vite del'harmonie que procure le sommeil, pour t'lever

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    l'esprit et rflchir aux bonnes uvres que tu devrasaccomplir.Chaque soir avant de t'endormir, fais ton examen deconscience, repasse plusieurs fois dans ton esprit lesactes de ta journe et demande-toi : qu'ai-je fait ? Ai-je bien accompli mon devoir en toutes choses ?Examine ainsi successivement chacune de tes actions.Si tu dcouvres que tu as mal agi, rprimande-toisvrement ; si tu as t irrprochable, sois satisfait.

    LA MEDITATION. LA FOI. LA VIE VERTUEUSE.LA SCIENCE DE L'UNIVERS - Mdite ces conseils.Aime-les de toute ton me et efforce-toi de les mettreen pratique ; ils te conduiront aux vertus divines. J'enjure par celui qui a trac dans notre esprit la Ttradesacre, source et emblme de la Nature ternelle.

    L'INITIATION - Quand tu te seras bien pntr de cesprceptes, tu arriveras concevoir la constitutionintime des Dieux, des hommes et de toutes les choses,et te rendre compte de l'unit qui pntre l'uvrenaturelle entire. Tu connatras alors cette loiuniverselle que partout dans le monde, la matire etl'esprit sont analogues en nature.

    LA CLAIRVOYANCE - De telle sorte que, devenuclairvoyant, tu ne seras plus tourment de dsirsillgitimes. Tu reconnatras alors que les hommes sontles crateurs de leurs maux. Les malheureux ! Ils nesavent pas que leurs vrais biens sont leur porte, eneux-mmes. Combien rares sont ceux qui connaissent

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    la faon de se dlivrer de leurs tourments ? Tel estl'aveuglement des hommes qu'il leur troublel'intelligence ! Semblables des cylindres qui roulentau hasard, ils ne cessent d'tre accabls de mauxinfinis. Car, ne souponnant pas la funesteincomprhension qui est en eux et les accompagnepartout, ils ne savent pas discerner ce qu'il fautadmettre de ce qu'il faut fuir sans rvolte.

    LA VERITE OCCULTE - Dieu, notre pre ! Puisses-tu les dlivrer de leurs souffrances et leur montrer dequelle puissance surnaturelle ils peuvent disposer !Mais non : soyons sans angoisse, car les hommes sontde la race des Dieux et c'est eux de dcouvrir lesvrits sacres que la nature offre leur recherche.

    La rcompense - LA SAGESSE. L'IMMORTALITEBIENHEUREUSE - Si tu es parvenu les possder,alors tu rempliras aisment toutes mes prescriptions ettu auras mrit d'tre dlivr de tes preuves. Mais,abstiens-toi des aliments que nous avons interdits dansles purifications et poursuis l'uvred'affranchissement de ton me, en faisant un choixjudicieux et rflchi, en toutes choses, de faon tablir le triomphe de ce qu'il y a de meilleur en toi, del'Esprit. Alors, quand tu abandonneras ton corpsmortel, tu t'lveras dans l'ther et, cessant d'tremortel, tu revtiras toi-mme la forme d'un Dieuimmortel.

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    COMMENTAIRES SURLES VERS D'OR DESPYTHAGORICIENS

    PRPARATION

    LE CULTE DE DIEU

    Avoir une religion - Tout d'abord rends aux Dieuximmortels le culte prescrit par la loi - Dieu d'abord.Telle est l'imprieuse ncessit, inscrite par Pythagore,en tte de ses prceptes. La religion est, en effet, lepremier de tous les devoirs, parce que les autresobligations puisent en elle leur seule raison d'tre, leurforce de vrit, leur vrai motif d'tre consenties. Rienne peut tre conu, expliqu, entrepris, avec justice etcertitude, si l'on n'a pas d'abord dtermin l'origine etla fin de l'homme, c'est--dire si l'on ne s'est pas levjusqu' la reprsentation de la Cause des causes, del'Energie cratrice universelle, de la Perfection et duBien absolus, en un mot de ce qui est Dieu, et si l'onn'a pas ensuite rendu Dieu le culte qui doit guider etsanctifier toutes les uvres humaines.

    Il suffit de considrer un instant combien lesenseignements de l'athisme sont rvoltants pourl'intelligence et le bon sens, et combien ils influentfcheusement sur la morale et le bonheur de

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    l'humanit, pour tre convaincu du rle nfaste del'irrligion.

    Suivant les matrialistes, la nature est uneforce aveugle qui s'emploie sans but construire et dtruire tout tour. La vie est l'uvre du hasard.L'homme est n progressivement du concoursaccidentel de circonstances et d'influences desmilieux extrieurs. Son existence prsente, matrielle,est la seule qui soit. Elle se rsume en un courtmoment de conscience, compris entre deux plongesdans le nant. L'individualit sortie de rien, retombedans le vide de la mort qui accueille avec une galeindiffrence le juste et le sclrat. Les actes humainssont dicts par un dterminisme purement matriel etl'organisme humain est une machine rflexe qui n'aque les apparences de la libert, qui secrte de lapense, s'emploie se nourrir et se reproduire, etfonctionne en un mot, sans autre but que de seprocurer un maximum de jouissances avec unminimum d'efforts.

    Des motifs d'action aussi peu levs nepeuvent gure engendrer qu'une triste moraleindividuelle. D'abord, quelle autorit peur revtir uneloi morale, tablie sans lgislateur suprme et sanssanction, proche ou lointaine ? Et comment peut-ondemander des hommes, dont l'esprit n'hberge queces conceptions ngatives et angoissantes, d'agir dansla vie avec nergie, de travailler avec confiance, de sesacrifier avec lan, d'tre bons et dsintresss, de sesoumettre aux obligations des lois ? On leur rpte defaire leur devoir, mais, comme cette notion

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    fondamentale du devoir n'est rattache aucunprincipe suprieur, aucune ide directricesuffisamment gnrale et imprative, c'estl'individualisme outr et l'gosme forcen qui sedonnent libre cours. La vie se droule alors passive,mauvaise et sans but, dans le laisser-aller duscepticisme et de la routine. On ne recherche plus quela satisfaction des instincts de jouissance matrielle,immdiate et rapide, obtenue par les moyens les plusillicites. L'esprit de rbellion et de rcriminations'intronise dans la conscience. L'individu n'ayantaucune ide des liens troits qui l'unissent sonCrateur, l'univers et ses semblables, en arrivemme renier tout solidarit l'gard de sa famille, desa race, de l'humanit et de la nature. Finalement il sevoue au malheur, parce que les vraies raisons de vivreet de progresser lui demeurent caches.

    Quand la morale individuelle offre de tellesdfaillances, la morale collective, qui est faite dugroupement des efforts moraux de chacun, possdealors les mmes vices, totaliss et agrandis. Ce quifrappe d'abord l'observateur clairvoyant, c'est la pertedes notions fondamentales d'Ordre, de Hirarchie etde Devoir. La suprmatie de l'intelligence et de lavertu est bafoue. La foule des ignorants et desimmoraux proclame la stricte galit de tous devantles avantages matriels, sans tenir compte desdiffrences de mrite, c'est--dire de dveloppementintellectuel et moral. La loi du plus grand nombre estsubstitue la loi des meilleurs. C'est alors lamultiplicit des impulsions qui rgne la place de

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    l'unit de direction. C'est l'ordre parti d'en bas au lieude la direction imprime d'en haut. Aprs quelquetemps de ce rgime, personne ne sait pluscommander, personne ne sait plus obir, parce que lessupriorits opprimes n'arrivent plus se manifesteret parce que les infriorits dchanes nereconnaissent plus ni Dieu, ni matre, ni foi, ni loi.

    C'est ainsi que se prpare et se dtermine lavenue des grandes catastrophes de rachat, vraiesmaladies sociales, qui sont des crises de purificationet des chances, cres lentement par l'accumulationdes fautes humaines. Momentanment, la forcebrutale semble tenir lieu de justice, au cours ducataclysme guerrier ou rvolutionnaire qui sedchane, jusqu'au moment o la collectivit, lasse desouffrir, retrouve au fond de sa conscience les notionsternelles de vrit qui l'illuminent. Ramene deforce, par l'excs des malheurs qu'elle a provoqus, la conception des ides capitales d'unit, de solidarit,de hirarchie et de devoir qu'elle avait ngliges deson plein gr, la collectivit fait plus rudementl'apprentissage des vertus abandonnes. Peu peu,elle se remet de son aveuglement, et comprend enfin,grce la souffrance, qu'il ne peut exister de moraleefficace et de progrs humain, sans fondementreligieux, sans loi suprme en Dieu.

    Ces douloureuses dsharmonies qui obligentl'homme rflchir et retrouver la voie divine nesont pourtant pas pour lui des moyens normaux deconnaissance. Quand on cherche avec confiance,quand on sait observer et voir, on s'pargne pareils

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    flaux, car on a vite fait de dcouvrir l'ordre divin quirgne dans l'univers, les lois qui guident l'volution detout ce qui existe, et l'obligation, qui en rsulte, devivre conformment l'ordre tabli par Dieu.

    Il est clair, en effet, que tout dans l'universobit des lois : la gravitation des astres, le rythmedes annes, des saisons, des jours, des modalits de lavie minrale, vgtale, animale et humaine. La raisonse refuse admettre que toutes ces lois se soienttablies sans une Force lgislative suprme, sans uneDirection unique et suprieure, sans une conscienceuniverselle qui groupe en elle cet assemblagemerveilleux et qui le conduit au but qu'elle a assign.Une puissance directrice et rgulatrice existe doncdans tout l'univers. Elle est l'Esprit qui meut tout. Ellese manifeste par la Vie qui anime tout et par laMatire, grce laquelle l'volution s'tablit. Elle est la fois l'origine et le but de l'Univers.

    D'ailleurs, dans le plan strictement matriel,cette unit des forces est proclame par la sciencemoderne qui a fini par tout ramener l'Energie, cetteforce impondrable qui se retrouve en toutes choses,qui existe derrire chaque phnomne, qui est l'origine, le moyen et la fin de tout ce qui vibre, semeut, vit, change, se transforme et volue dans le planmatriel. Cette dcouverte de l'Energie cosmique, laquelle se rduisent toutes les manifestations de lamatire, voluant des degrs hirarchiss, travers lemonde minral, vgtal et animal jusqu' l'homme,fournit la dmonstration d'une unit de forces dans lemonde cr, unit qui est la reprsentation matrielle

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    de l'Unit divine, distincte de sa cration, mais qui, parson Verbe ou Logos, la pntre, la soutient et la guide.L'tude de la constitution de l'homme rvle son tourla mme unit de direction, dans l'esprit qui a prise surles forces vitales et le corps matriel. Aussi, l'trehumain apparat-il comme une reprsentationminuscule de la cration, comme un microcosme,parce qu'il possde en lui des lments formateurs,analogues ceux qui composent l'univers (1).

    Dans le mondes des Ides, on aboutitgalement la conception de l'Absolu qui, dans sonUnit, totalise tous les concepts d'Infini, d'Amour etde Perfection, car aucune supriorit ne peut trepense, sans un modle suprme auquel elle serapporte.

    Une fois qu'on a suffisamment analys etmdit ces enseignements naturels, la notion claire del'existence de Dieu se fait jour dans la conscience etelle finit par s'imposer d'une faon invincible. Dumme coup, on dcouvre l'origine et le but de la viehumaine, et l'on s'aperoit qu'on possde en soi uneparcelle du Verbe cr, c'est--dire de l'esprit quis'efforce s'duquer, grce un instrument corporeld'action et d'apprentissage, et mriter l'attractionvers Dieu, en franchissant des tapes successives.

    Alors, sur ces bases indestructibles, quidonnent satisfaction l'intelligence, la volont et aucur, peuvent s'difier vridiquement des rgles devie et des obligations morales. Elles se rsumerontdans ce seul effort : ressembler Dieu en seconformant ses lois, naturelles et surnaturelles, de

    (1) P. CARTON - Les lois de la vie saine

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    faon s'approprier peu peu ses attributs quiconfrent l'esprit un ensemble grandissant decomprhension, de vertu, de mrite et de flicit.Quand une conviction religieuse s'est ainsi implantedans l'esprit par ces profondes racines, elleaccompagne tous les sentiments et elle inspire toutesles actions. Elle procure la foi robuste dans les forcesdivines que l'on porte en soi. Elle enseigne que lesobstacles de la vie sont des moyens deperfectionnement. Elle montre que tous les hommes etles tres font partie de la mme famille divine et que,par suite, le cur doit s'panouir dans des sentimentsd'altruisme fraternel et de bont universelle. Enfin,elle indique le vritable but de l'existence qui est dedevenir chaque jour plus fort d'esprit et de corps et detravailler rendre les autres meilleurs.

    La religion ainsi comprise possde unepuissance moralisatrice incomparable, parce qu'elleexplique les vraies raisons d'viter le mal et de faire lebien, en un mot d'accomplir son devoir. Aussi, le rleest-il capital pour tablir, dans l'ordre social, lalgitimit des hirarchies et des disciplines et pourimposer la ncessit des lois et de leurs sanctions.Les ides capitales de famille, de patrie et d'humanitpuisent, en effet, dans la religion, leurs sourcesrelles, parce qu'elle dmontre que chacun de cesgroupements sont solidaires, parce qu'ils bnficientdes forces acquises, groupes et canalises, parl'ensemble. Chaque groupement, en contre-partie, esten droit d'exiger, de chaque individu, des efforts debon ordre, d'harmonie et d'affinement, en vue du

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    retour commun l'Unit de Perfection originelle.Ce sont d'ailleurs ces conceptions du rle bienfaisantde la religion, qui ont inspir l'uvre de rformeindividuelle et collective de Pythagore. En effet, sonprcepte fondamental tait : efforcez-vous deressembler Dieu, et son but secret tait de fairergner dans les institutions humaines un ordre divin,de faon rendre la vie harmonieuse.

    Garde aussi ta foi jure - Cette recommandationdevait s'entendre dans un double sens. Elle concernaitd'abord la fidlit dans la parole donne. Toutengagement solennel, crit ou verbal, doit, en effet,tre considr comme un pacte sacr, comme uneparole d'honneur qui prend les forces divines, quenous portons en nous, tmoin de notre loyaut. Aplus forte raison, les attestations faites sous sermentconstituent-elles des obligations de dire la vrit.

    Les individus dloyaux ou parjures qui renientleur parole ou qui font de faux tmoignages sont enralit des blasphmateurs et des sacrilges. Ils ensont punis en perdant la confiance de leurs semblableset l'assistance providentielle. Ils deviennent alors unobjet d'excration et ils se vouent au malheur. En selivrant aux puissances du Mal, ils attirent sur eux lesfoudres du Ciel.

    Du reste, l'invocation des forces divines est unacte d'une telle gravit qu'il faut bien se garder dejurer en vain, de prendre Dieu tmoin pour desfutilits, de prononcer son Nom au cours d'accs denervosit, de colre ou de haine, parce que toutepuissance qui s'emploie mal propos se retourne

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    contre celui qui en fait mauvais usage.Puis, l'ordre de garder la foi jure se rapportait

    la doctrine pythagoricienne occulte. Il faut savoir eneffet que, dans les religions de l'antiquit,l'enseignement religieux tait double. Il y avait unculte exotrique destin au plus grand nombre, quiprsentait l'ide de l'Unit divine sous un aspectmultiple et anthropomorphe. Les obligations moralesse trouvaient ainsi fondes sur des motifsallgoriques, mais la ncessit de mettre la portedes foules sans instruction, les vritstranscendantales imposait ces voiles culturels. Et,d'autre part, il existait un enseignement sotrique,donn d'une faon secrte, dans les Temples un petitnombre d'adeptes, choisis parmi les plus dignes. Cetenseignement consistait dans la dmonstrationscientifique et philosophique de l'Unit divine, etenfin de l'volution de la vie universelle travers demultiples mtamorphoses.

    En recommandant ses disciples de rendred'abord Dieu le culte prescrit par la loi, Pythagorevoulait qu'ils reconnussent l'obligation de sesoumettre aux manifestations culturelles, tellesqu'elles taient tablies alors par les traditionsreligieuses. Les initis pythagoriciens pouvaient, eneffet, accepter sans arrire-pense cette prescriptionde haute tolrance religieuse, parce qu'ils avaientappris que les dieux du polythisme constituaientsimplement des reprsentations du Dieu Unique, sousautant d'aspects diffrents qu'il existait de groupesd'obligations distinctes imposer au peuple. Ils

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    savaient, d'autre part, que les religions, du fait de leurfondement sotrique commun, renferment toutes unepart importante de vrits et que tout en lui donnantdes noms diffrents, elles adorent en ralit, sans s'endouter, le mme Dieu, l'Unique Crateur de tout ce quiest. Aussi, admettaient-ils que, du moment qu'il obitaux lois divines de droiture et aux lois naturelles debon ordre, un homme est exauc dans ses vux et bnidans sa vie, quels que soient le rite religieux et lelangage qu'il emploie. Cette puissante clairvoyanceles garantissait contre toute intolrance et leurpermettait de prier avec une gale ferveur, dans desTemples de rite diffrent. Il leur tait possible ainsi dedonner partout le bon exemple de la foi et de lamoralit.

    Malgr les apparences, la religionpythagoricienne n'avait donc rien de commun avec lepolythisme. Elle tait distincte galement dupanthisme, qui considre la matire, la vie, la nature,l'univers matriel en un mot, comme Dieu lui-mme etqui destine la conscience individuelle l'annihilationfinale. Elle rpondait en ralit un monothismeunitif et synthtique.

    La foi jure qu'il ordonnait de conserver taitprcisment cette connaissance et ce culte de l'Unitdivine, omniprsente et omnipotente. Mais cettedoctrine devait rester secrte pour des raisons quenous expliquerons plus loin. C'est pourquoi ilrappelle ici ce serment de discrtion que les initisdevaient observer rigoureusement, sous peine desplus graves chtiments.

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    De ces prceptes de haute sagesse religieuse,on peut dgager la leon suivante. Ceux qui sedclarent satisfaits du culte exotrique, dans lequel ilsont t levs et auquel ils gardent une foi entire,peuvent le suivre avec exactitude. Quant ceux quiont t levs dans l'athisme ou qui ont perdu la foi cause d'imperfections humaines ou caused'imprcisions dogmatiques, qu'ils ont cru releverdans leur religion native, on ne saurait trop leurconseiller de prter attention aux considrationsd'ordre gnral qu'enseignait Pythagore, pour semettre en ordre religieux. Cessant de s'en tenir auxobscurs sermons scholastiques que l'antique vritsotrique n'illumine plus, ils comprendront que lesfaits scientifiques, si probants, d'unit cosmiquematrielle et de lois naturelles impliquent unLgislateur, et que ces faits s'accordent avec lesprincipes philosophiques et thologiques d'Unitdivine cratrice. La ncessit de recourir la pratiquereligieuse, pour tre en ordre de grce providentielle,afin d'tre mieux guids dans leur volont de travailassidu, apparatra alors clairement aux espritsjusqu'alors incroyants.

    Quantit de vrits vangliques, caches sousdes apparences de mystres, telles qu'en nonce ledbut de l'Evangile de Saint Jean, se rvleront alorspleinement comprhensibles. Elles inciteront suivreavec ferveur l'ordre chrtien et participer lanourriture spirituelle, apporte par la communion, ola vie du Christ continue se rpandre travers lalongue chane de ses ministres consacrs.

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    Rvre ensuite, comme il convient, les hrossublimes et les esprits demi-Dieux - L'chelle destres, jusqu' Dieu, ne s'arrte pas l'homme. Il existedans le plan supra-humain, des tres qui jouissent dela vie thre. Ce mode d'existence suprieure peuttre conu, comme quelque chose d'analogue la vieatmosphrique par rapport aux tres qui vivent de lavie aquatique. Ces tres, les plus levs dans lahirarchie des existences, sont entre autres, deshommes que leur puissance personnelle, leurs vertuset leur sagesse, on fait se hausser au rang d'espritsdemi-Dieux. Ils peuvent influer sur nous et aider nosprogrs, tout comme nous pouvons nous-mmes agirsur le plan de cration terrestre qui est situ au-dessous de nous, sur la vie minrale, sur les vgtauxet les animaux. Ils sont en quelque sorte lesintermdiaires entre l'homme et la Divinit. Ce sontces tres que l'on nomme les Hros, les Sages, lesInitis, les Gnies, les Prophtes, les Saints, les Anges,les Archanges, les Sraphins, etc. Ils sont des modles,des guides, des amis supra-terrestres auxquels on peutrecourir pour demander l'orientation, l'intuition,l'inspiration, de faon mieux employer ses efforts deprogression. On peut ainsi entrer en communion avecles esprits souverains et recevoir d'eux des inspirationssublimes. L'esprit des anctres vertueux peut s'infuseraux gnrations nouvelles. En effet, un bon moyend'acqurir de la grandeur morale et de la puissanceintellectuelle, en un mot de s'exercer la sagesse et l'ordre, c'est de vivre dans l'atmosphre des pursgnies, des grands saints et des sages. En s'imprgnant

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    des penses de suprme beaut, d'amour de la natureet d'adoration divine, qu'ils ont exprimes et fixesdans leurs uvres (musique, peinture, sculpture,architecture), en lisant frquemment les crits ou lesvies des sages et des saints, on se magnifie l'esprit eton se sent travers par un courant de forcesd'lvation, qui apporte la paix et l'esprance, avec lacertitude d'tre dans le droit chemin et de travailler des fins utiles. Mais, pour bnficier pleinement decette assistance suprieure, il faut s'en montrer dignepar une vie pure et une moralit exemplaire. C'est ceque Pythagore enseigne dans les vers suivants.

    PURIFICATION

    LE CULTE DE LA FAMILLE

    Aimer ses parents - Aie le culte de la famille :remplis bien tes devoirs l'gard de ton pre, de tamre et de tous tes parents - C'est juste titre que dansl'institut pythagoricien, le culte de la famille passaitavant celui de l'amiti. Le meilleur ami ne saurait, eneffet, s'imposer la continuit d'affection et surtoutd'esprit de sacrifice dont un pre et une mre sontcapables l'gard de leurs enfants. L'expriencetablit qu'on peut arriver remplacer un ami, maisqu'on ne retrouve jamais le cur d'une mre. C'est undchirement ingurissable que de perdre sa mre. Encas de pril ou de revers, personne ne saurait offrir saprotection ou ses consolations, avec autant d'lan ducur qu'un proche parent. C'est pourquoi l'unit

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    familiale doit tre tablie et protge tout prix, enenseignant aux mres l'obligation naturelle d'allaiter etde soigner elles-mmes leurs enfants, en leurfournissant les moyens de rester leur foyer pourremplir leurs devoirs familiaux, en proclamanthautement la ncessit de la fidlit et de l'accordconjugaux et enfin en apprenant aux enfants rendreamplement leurs vieux parents l'assistance etl'affection qu'ils en ont reues.Le culte de la famille, qui comporte l'amour desanctres, la fondation d'un foyer et la procrationd'enfants, apparat comme un des facteursprimordiaux de progrs humain, parce quel'individualit ne trouve se raliser pleinement qu'encrant, c'est--dire en faisant uvre familiale.Dans le plan occulte, le mariage correspond, en effet, un regroupement de forces complmentaires, mleet femelle, originairement unies, puis matriellementspares, qui se reconstituent en une unitindissoluble, dont la monogamie est l'expressionmatrielle idale. L'occultisme pythagoricienenseignait, par la science des nombres, que l'hommearchtype, originel ou cosmique, tait une unitandrogyne, form de deux moitis ou Pardres quifurent spares et transformes dans l'involutioncharnelle. C'est ce qui est dit dans la Gense : Il lecra l'image de dieu : il le cra mle et femelle .Puis, Dieu tira et spara la femme de l'homme, enprenant celui-ci une de ses grandes ctes. Aussi, plustard, quand l'homme sera d'ge quitter son pre etsa mre, il s'attachera sa femme et ils deviendront

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    une seule chair . C'est ce que l'expression populaire aexprim en nommant la femme, la moiti de l'homme.Cette sparation opre au cours de la crationinvolutive a engendr dans le plan matriel, le dsird'union reproductrice ; dans le plan psychique, lapassion de l'amour ; et, dans l'ordre spirituel, lemariage mystique, o les femmes prennent le Logossotrique pour Epoux, et les hommes la Force de vieuniverselle sotrique comme Epouse, par le sacrificede l'union charnelle (chastet).

    Ces donnes occultistes tablissent que lafemme n'est ni suprieure, ni infrieure, ni gale l'homme, mais qu'elle est complmentaire par saformation matrielle, par son instinct d'oppositionngative l'emprise positive, par sa collaborationaffectueuse. L'homme doit aimer sa femmeexactement comme soi-mme et la femme rvrer sonmari comme le chef de soi-mme.

    La science n'a fait que confirmer sur le planmatriel ces particularits de constitution. L'embryonest bisexu, autant masculin que fminin, jusqu'autroisime mois. Et, quand une anomalie dedveloppement se produit, les choses restent en tatdans l'hermaphrodisme.

    Le troisime lment de la famille est l'enfant.Il complte la trinit de forces qui s'assemblent pourformer une nouvelle unit, selon le mode quaternaireou ttradique pythagoricien, que nous analyseronsplus loin.

    Pour que la famille forme un tout harmonieux,capable de progrs, il faut d'abord que le pre veille

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    donner l'exemple de l'ordre complet. Il pourra ainsiimprimer une juste direction son foyer, surveiller etprotger assidment l'enfant, slectionner sesinstincts, rprimer les basses impulsions et lesviolences de l'animalit (car l'homme n'est pasnaturellement bon) et s'efforcer de conduire les siensvers l'idal de Vrit, c'est--dire d'affection et deperfection qui est Dieu. Alors, l'enfant deviendra aptepar un juste retour, rendre ses parents les bienfaitsqu'il en aura reus, c'est--dire les combler deprvenances, d'affection et de vnration, surtoutquand ils plient sous le faix des annes.

    En rsum, l'ordre parti du libre effortindividuel, justement instruit et conduit, cre ainsil'ordre familial. L'assemblage des familles, bienrgles, constitue l'ordre collectif, national. C'est direque la meilleure orientation de sant physique etmorale ne peut rsulter, dans l'humanit, que par lerassemblement des volonts d'ordre matriel etd'unit divine, exprimes dans l'individu d'abord, puiscolliges dans les groupements de familles, de nationset de races.

    Dans l'institut pythagoricien, la femme taitl'objet d'une initiation spciale. On lui enseignait lerle sacr, qui lui tait dvolu. La procration, eneffet, apporte une sve nouvelle qui est pour la mre,non pas une source d'puisement, mais unrenforcement de vie qui se traduit par undveloppement organique et un panouissementmental, vidents. De plus, ce n'est pas seulement laformation matrielle d'un nouvel tre qui se ralise,

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    mais un appel un esprit divin qui devra progresserdans les meilleures conditions physiques etspirituelles. Agissent alors des prdestinations, qui nesont pas des faits du hasard ni des injustices du sort,mais qui rsultent d'une action providentielle quirgle, pour chacun, selon ses mrites ou ses dmrites,ses forces ou ses faiblesses, les facilits ou lesdifficults, les satisfactions ou les preuves, les joiesou les douleurs, les satisfactions ou les preuves, lesjoies ou les douleurs qui sont les moyens normaux degrandissement spirituel, par les renoncements auxfaux biens du monde qu'ils imposent.

    Les familles infcondes sont des impasses. Lespeuples sans natalit suffisante prparent leureffondrement. Les familles sans religion crent destres stupides ou des brutes sanguinaires. Les famillesqui ignorent les lois matrielles de vie saine ou qui serefusent les suivre sont affliges de mauxinnombrables. C'est pour remdier ces errements et ces douleurs que la doctrine pythagoricienne desagesse s'efforait de purifier et de fortifier en mmetemps les corps et les mes.

    LE CULTE DE L'AMITIE

    Aimer ses semblables - Choisis pour ton amil'homme le meilleur et le plus vertueux -Immdiatement aprs les devoirs familiaux, les pluspressants sont ceux qui concernent autrui, encommenant par les hommes les plus dignes et lesplus vertueux. Le mode d'amour que l'on doit

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    pratiquer l'gard de ces derniers, se nomme l'amiti.A propos des obligations d'amour familiale, l'homme,nous l'avons vu, devait se plier la Ncessit, etaccepter comme le meilleur pour lui, le milieufamilial qui lui avait t assign par prdestination.Pour l'amiti, au contraire, intervient formellement lerle prpondrant de la Volont. Il ne s'agit plus des'abandonner ce qui tait dtermin antrieurement,mais de choisir, comme l'ordonne Pythagore, c'est--dire de faire acte de discernement, puis de fidlit.Le titre d'ami ne doit donc pas tre prodigu. Il ne fautpas l'attribuer des gens sans lvation ni moralit.Ce serait une profanation de l'accorder pour donnersatisfaction des intrts passagers, d'ordre matriel.Et comme les vrais modles de vertu sont encorel'exception parmi les hommes, l'amiti vritable seradonc une chose rare et prcieuse. Pourtant, on peutdcouvrir dans tous les rangs de la socit, des sujetsdignes de la cultiver. Une nature simple et droite estsouvent plus apte l'amiti qu'une me complique ettortueuse.

    C'est en vertu de la loi de hirarchieuniverselle que l'on doit choisir son ami parmi leshommes les meilleurs. Ce qui vaut le moins doit, eneffet, tre soumis ce qui vaut le plus. Il est dansl'ordre des choses de ne reconnatre l'autorit qu' lavertu.Le choix doit aussi porter sur l'homme le plus digne,parce que les influences mentales sont contagieuses etparce que la vertu peut se transmettre, tout comme lavie peut s'inoculer. C'est dire qu'on ne peut pas

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    s'attarder impunment dans le voisinage d'espritsmalsains, de gens immoraux, irritables ou simplementngatifs, dont les paroles n'expriment quel a haine, lepessimisme et la critique. On s'assombrit l'esprit, onse rtrcit l'intelligence, on se durcit le cur et ons'aigrit le caractre vivre avec des rvolts.Par contre, le bon exemple et les saines paroles dessages lvent l'me, sment l'optimisme et fortifient lavolont.

    Obis ses doux conseils et suis son exemplesalutaire - L'homme que l'on doit choisir pour sonami doit donc tre tel qu'on puisse le vnrer l'gald'un dieu, le prendre comme modle de vertu, desimplicit, de bont, et comme guide de sa vie et jugede ses actions. On ne peut, en effet, acqurir dessupriorits et apprendre son devoir, que de celui quipossde dj un plan de vie suprieure et qui sait leraliser. " L'ami disait encore Pythagore, est un autresoi-mme. Il faut l'honorer comme un dieu. L'amitiest l'galit de l'harmonie ".

    Mais, pour s'attirer la confiance d'un tel ami etla mriter, il faut dcider de lui obir, de suivre sonexemple salutaire, c'est--dire de poursuivre avec foiet continuit sa rforme et son progrs personnels. Onne peut donc se crer une bonne amiti, qu'autantqu'on vit soi-mme d'une faon droite, simple etnaturelle. Ceux qui croient se faire des amis enprodiguant autour d'eux les biens matriels, lesfaveurs, l'argent ou les plaisirs, ne s'entourent que deflatteurs et de parasites. Quand l'infortune les frappe,ceux-ci s'clipsent aussitt. Or, c'est dans l'adversit

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    que l'amiti trouve son plein dveloppement.Les vrais amis savent que leur union comporte plus dedevoirs que de droits. Ils sont prts donner dix foispour une ce qu'ils reoivent. Habitus tout tirer deleur propre fonds, ils ne demandent un secours amical,qu'aprs avoir puis leurs moyens de directionpersonnelle. Rien n'est plus destructeur de l'amiti, eneffet, que des exigences futiles et incessammentrenouveles. A chaque nouvel entretien, les amisvritables s'apportent plus de joie, s'inspirent plusd'affection et de confiance. Ils s'instruisent de leurprogrs, se stimulent mutuellement pour un nouvellan et se sentent enfin vivre pleinement l'un pourl'autre pour se confondre dans la mme harmoniedivine.

    Efforce-toi de ne pas te dtourner de lui pour untort lger, autant qu'il est en ton pouvoir - L'amitiest un pacte sacr. De lgers nuages ne peuventl'obscurcir. Dans tous les cas, il convient de faire effortpour viter une rupture avec un ami. S'agit-ild'imperfections lgres, on doit se montrer indulgentet accommodant. Mais, ds qu'un principe essentielentre en ligne de compte, il faut rester inbranlable etne jamais consentir un attentat l'esprit de justice et devrit, mme par amiti. Si un ami s'gare jusqu'demander un service qui aboutisse un compromismoral, une dfaillance de conscience ou qui soitsusceptible de nuire la collectivit, c'est un devoir del'clairer d'abord, et, s'il persiste, de se dtourner delui, d'une faon tranquille mais ferme, jusqu'aumoment o il sera revenu de son erreur.

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    "Dans les relations sociales, vite de changertes amis en ennemis, ajoutait encore Pythagore,efforce-toi, au contraire, de changer les ennemis enamis. Aime les honntes gens sans har les mchants".Ces prceptes recueillis par ses disciples compltentsa pense sur les devoirs qui nous incombent l'garddes autres hommes. Ils montrent que si Pythagoreprescrivait de rserver son amiti aux gens de bien, ilrecommandait en mme temps, de se garder de l'espritde haine, mme l'gard des mchants. Certes, on doitfuir le contact des fous et mettre les criminels horsd'tat de nuire, mais quantit de gens ne sontmalveillants que par ignorance ou inexprience. Saisirl'occasion d'une souffrance ou d'une maladie pour lesinstruire et les clairer, c'est les mettre sur la voie del'exprimentation des bienfaits qu'apportent lapratique de l'ordre naturel d'abord, puis lecomplment de l'ordre surnaturel.

    Toutefois, il faut reconnatre que l'lan d'amourfraternel pour tous les hommes et l'esprit de charitpouss jusqu'au sacrifice de la vie, pour la Vrit, nefurent inspirs aux hommes que par les enseignementsdu Christ.

    En effet, les pythagoriciens appliquaientsimplement tous les hommes l'esprit de bont qu'ilsexeraient l'gard de la cration entire. Ils taientenclins aussi la bienveillance inaltrable parce qu'ilssavaient que l'Humanit est un grand tre collectif,dont chaque individu composant est intress auperfectionnement de son semblable, du fait quel'ascension individuelle ne saurait se raliser

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    sparment, mais se trouve troitement lie auprogrs de l'humanit entire.

    L'esprit et la force vitale de l'Humanit sont, eneffet, nous le rappelons, des entits collectives, danslesquelles nous vivons, auxquelles nous empruntonsnos nergies de vie et de progression et danslesquelles nous dversons nos crations personnelles,bonnes et mauvaises, dont tout l'ensemble bnficieou ptit en mme temps que nous. Tout attentat ladignit personnelle nuit donc la collectivit, commetoute bonne action individuelle retentit heureusementsur la masse. De mme que nous n'aurions pu aboutir notre stade actuel d'volution, sans les effortsbienfaisants des hommes qui nous ont prcds, demme notre plus sr moyen de nous grandirpersonnellement, l'avenir, c'est de travailler lameilleure volution des autres. Ainsi se trouve tabliela condamnation de l'gosme et de la haine. Et, de cefait, l'obligation d'aimer son prochain se fonde, nonsur la simple crainte d'un chtiment, mais sur uneraison naturelle, c'est--dire sur la loi de participationcollective la mme vie et au mme esprit.

    Notons en passant combien ces notionsclairent sur la malfaisance prodigieuse de lamdecine moderne, victime des thoriciens delaboratoire, quand elle fait pntrer directement dansle sang des individus, par les injections de srums oules greffes de glandes de btes, des influencesbestialisantes, non neutralises par le mtabolismedes viscres digestifs. Le corps de l'humanit en estinfest et dgrad. Cette aberration scientifique est

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    une des causes de la progression si alarmante desenfants arrirs et des fous.

    L'effort individuel doit donc tendre crer pourtransmettre, produire pour donner, travailler pouraimer. Et c'est seulement dans le culte de la famille,l'amour de la patrie et la religion de l'Ordre divin, queles aspirations de progrs et de bonheur peuventtrouver leur plein dveloppement.D'autre part, il faut savoir que tout ce qu'on met, lebien comme le mal, vous revient invitablement parune sorte de courant de retour, car tout volue encercle dans le monde. Ainsi s'expliquent naturellementle juste chtiment des mchants et la rcompensemrite des actes de sacrifice. L'obligation desurveiller tous ses actes et surtout toutes ses penses,de bannir tout dsir nocif ou simplement ngatif et den'introniser dans la conscience que des ides debienveillance et de vrit, est donc confirme par cetteloi universelle de circulation des forces.

    Ajoutons que l'amour pythagoricien duprochain, accentu par l'esprit chrtien de charit doittre pouss jusqu'au sacrifice des biens et mme de lavie, parce que l'homme doit se comporter l'image deDieu, en s'imposant les mmes dons de soi-mme.L'acte de cration, en effet, est un sacrifice de l'Espritdivin qui a consenti s'involuer par son Verbe dans lamatire et s'abaisser jusqu' la vie infinitsimale, demme que l'entretien quotidien de la nature terrestre etde la vie humaine est une manation, c'est--dire undon personnel de la substance du Verbe, car "rien dece qui a t fait n'a t fait sans lui" (Saint Jean). La

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    possession des prrogatives divines du paradis ne peutdonc tre mrite et obtenue que si l'homme accomplitau cours de son volution, des actes d'abngation et desacrifice, similaires ceux que Dieu a d'abordconsentis en sa faveur. Par consquent, celui qui, deson plein gr, fait l'offrande de tous les actes de sa vieou verse un jour son sang, pour assurer le triomphed'un principe religieux ou d'une cause sacre, peut tresr de la plus haute rcompense, parce qu'en sesacrifiant ainsi, il se sera plac, volontairement dansl'ordre divin.

    Cette notion fondamentale du double sacrificedu Crateur et de l'homme-Dieu est essentiellementreligieuse. On la retrouve, entre autres, exprime dansle mystre de la messe.

    Car la Volont sige ct de la Destine commepuissance directrice de notre volution - Deuxpuissances rglent et dirigent l'volution humaine.L'une est la Destine et l'autre est la Volont. Lapremire est dtermine par avance, la seconde estlibre.

    La Ncessit est elle-mme compose de deuxlments. Il y a d'abord la loi d'volution qui fait quetout ce qui est n de Dieu retourne en lui aprs uncycle d'volution, par suite d'une attraction invinciblequi est la puissance d'amour divin pour toutes sescratures. Elle se traduit dans chaque tre par cetteforce intrieure qui le pousse, malgr lui, natre,crotre, vivre, se multiplier et mourir. Elle constitue lecourant de la vie. C'est elle qui, malgr ses rbellionset ses erreurs, incite chaque individu lutter pour

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    vivre, vaincre l'ignorance, dcouvrir la vrit pouramliorer son sort, et se rsigner mourir pour setransformer. Cette loi nonce la ncessit du progrsuniversel et humain, et d'aprs Pythagore, l'accessionde tous les tres la connaissance et au bonheurdivins. En effet, toute la Nature s'lve et progressed'une faon infinie le long de l'chelle vitale desvgtaux, des animaux, des hommes et des tressupra-humains. Le mal n'a qu'une existencephmre ; il n'y a pas place pour lui dans l'Absolu. Ilsert seulement duquer et clairer, et finit toujourspas se dtruire lui-mme. Le triomphe plus ou moinsrapide du bien est toujours assur. Cette loid'volution fatale tait reprsente par les Anciensd'une faon symbolique, par le serpent qui, enroul, semord la queue. Et comme elle constituait une vritdangereuse rvler aux mes mal prpares, elletait rserve pour l'enseignement sotrique. On n'enparlait au dehors qu'en employant le symbole,l'allgorie ou l'nigme, comme la phrases des vers d'or: le Pouvoir habite prs de la Ncessit.

    La Ncessit, c'est--dire ce que l'homme subitsans le vouloir au moment prsent, comporte encore,d'aprs la doctrine pythagoricienne, un secondlment qui est le bagage personnel de l'individu (lekarma des hindous), ce qu'il a accumul en lui de bonou mauvais au cours de ses expriences antrieures,ce qu'il doit expier ou ce dont il doit bnficier. C'esten quelque sorte son enfer, son purgatoire ou sonparadis selon qu'il s'est mal ou bien comportautrefois. C'est l'ensemble de ses dmrites ou de ses

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    mrites qui arrive chance. Car tout se paie ici-basou ailleurs. Toute dtermination se poursuit dans sesconsquences les plus lointaines. La mort oudissolution du corps matriel n'entrave en rien le jeudes chances. Ce qui n'est pas rgl dans l'existenceprsente, le juste comme l'injuste, trouve son chodans la vie future.

    Quant la Volont, elle est ce pouvoir quepossde l'homme, d'agir librement. Elle est ce quilutte en vue du progrs accomplir. Elle est l'agentpersonnel du retour conscient et mrit vers Dieu. Elleest la force cratrice par excellence. Elle est tout dansl'homme, parce qu'elle rsume sa puissance dersistance au mal et de direction vers le bien. Loind'tre le simple rsultat des incitations extrieures etdes forces matrielles de l'ambiance o il a volu,l'homme est donc avant tout le fruit de la forceintrieure de volont qui rside en lui, ds son origine,et qui le fait se construire et se dvelopper librement.

    Il est bien vident, en effet, que si L'hommevoluait vers Dieu par la simple attraction de ladestine, sans faire effort personnel, sans possder lafacult de discernement et la libert de dcider, iln'aurait aucun mrite et par l mme ne sauraitprtendre la rcompense du bonheur suprme. Lemal qui redresse et le bien qui encourage et quiindique le but, n'auraient plus alors aucune raisond'tre dans la vie universelle.Dans la srie des tres qui voluent depuis le minraljusqu' l'homme, les volutions s'accomplissentpresque exclusivement par lan vital, sous l'influence

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    de la loi providentielle d'attraction, dont l'instrumentest l'instinct. Plus tard, le progrs s'tablit pluscomplet et plus rapide, grce un nouvel instrument,qui permet l'homme de connatre et d'avoirconscience.

    Dirig entirement par l'instinct dans les plansinfrieurs de son volution, l'homme duque peu peu sa volont, qui remplace et slectionne lesdonnes trop matrielles de l'instinct. Quand lapuissance intellectuelle et le sens moral aurontcompltement envahi le domaine de l'instinct,l'homme voluera sous la seule direction de la volontrendue parfaite, par la connaissance de la Sagesse etla pratique de l'ordre intgral, corporel et spirituel. Onvoit ainsi que, guid d'abord entirement par laProvidence, d'une faon presque passive, l'homme, aufur et mesure que s'accroissent sa clairvoyance et sapuissance de domination personnelle, reoit de Dieupar l mme, une extension de plus en plus grande desa libert et de son pouvoir crateur, une libration deplus en plus complte des influences matrielles etfinalement une accession de plus en plus large laJoie spirituelle.La Destine est donc tisse en grande partie, par lePass. Elle contient en germe la plupart des tapessuivantes. Elle rsume les acquis, les tendances aubien ou au mal, les souffrances et les joies, engendrspar les directions d'autrefois. Elle contient lesprdispositions, l'hrdit, les harmonies ou lesimperfections de caractre et de temprament, quicomposent le domaine individuel.

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    Le Prsent, c'est le point de rencontre de laDestine et de la Volont. C'est la zone d'action del'individu, qui s'applique corriger ses tares et perfectionner ses qualits, qui prpare en un mot sontape future.

    L'Avenir, c'est, en grande partie, le rsultat dela conjonction de la Destine et de la Volont dans lePrsent, sous la rserve d'une certaine modificationtoujours possible, du fait de l'action volontaire, future.En effet, la volont peut non seulement crer le bien,mais redresser le mal, c'est--dire corriger l'uvrepasse du Destin, en ramenant, dans la vieindividuelle, l'obissance aux lois naturelles etdivines, par l'effort persvrant dans la puret,l'acceptation et l'humilit. Alors, le rachat et leredressement sont grandement facilits parl'intercession rdemptrice du Verbe divin et par lagrce de la Providence.

    Si, dans la vie, on s'abandonne au sort duDestin et aux influences dites astrales, sans faireeffort volontaire de comprhension et de progression,on agit en fataliste, on reste cristallis, on rcolte plusde mal que de bien, car on vit d'une faon ngative etcomme inconsciente.

    Si l'on ne s'en rapporte qu' sa volont, sans luidonner le guide des lois divines et naturelles, onrisque le perptuel dsaccord, on se prpare les piresdsharmonies, mentales et physiques. On vit dans uneorgueilleuse et malsaine indpendance, parce qu'on aperdu le sens de la Ncessit, c'est--dire le culte deDieu et le sentiment de l'ordre surnaturel.

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    Si, enfin, aprs avoir appris connatre les lois quirglent la vie humaine et qui la dirigent vers Dieu, ontend ses efforts de volont pour ne pas se laisserdtourner de ce but, qui est notre seule raison d'tre, sil'on ne s'insurge pas contre la Ncessit, c'est--direcontre les imperfections et les obstacles vaincre, sien mme temps, on se fait humble et si on demande,par la prire, l'assistance providentielle, on vit alors enharmonie et en sant, c'est--dire en accord avec Dieuet avec la nature. On entre en possession d'un pouvoirde cration, analogue au Pouvoir Divin. On est portpar un courant d'inspirations et de forces suprieuresqui fait grandir la personnalit.

    LA CULTURE PERSONNELLE

    A - La culture mentale

    tre matre de soi - Puis sache bien que tu doisapprendre dominer tes passions, tre sobre, actif,chaste. Ne te mets jamais en colre - Le premier desdevoirs envers soi-mme, c'est d'apprendre seconnatre et se possder. Aussi, Pythagore requiert-il avec insistance l'attention sur cette obligationfondamentale : "Sache bien que tu dois apprendre dominer tes passions".

    L'ducation de soi-mme est la conditionfondamentale du progrs. Elle seule donne empire sursoi-mme et sur les autres. Personne, en effet, ne peutse substituer nous pour mettre de l'ordre dans notreconscience, affermir notre volont, coordonner nos

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    efforts et matriser nos passions, parce que le progrsmental doit tre une uvre individuelle. D'autre part,on ne peut songer diriger autrui avant d'avoir appris se commander soi-mme, car on ne peut imposer sonautorit qu'en donnant le bon exemple de laclairvoyance et de la rectitude.

    Un homme qui possde, qui contrle sesimpulsions, qui sait dominer ses nerfs, calmer sonmotivit, garder son sang-froid en toutescirconstances, cesse d'tre la merci des vnementset des suggestions. Il s'vite ainsi une foule dedsagrments et d'insuccs, parce qu'il rend sa penseplus lucide, son jugement plus sr et sa volont pluspuissante. Il acquiert le sentiment de l'ordre et de ladiscipline. Il se sent chaque jour, plus apte fairedominer en lui l'esprit et faire triompher autour de luila puissance morale sur le dsordre et l'incurie.

    Sois sobre - Aprs l'irrligion, le pire flau quipuisse s'abattre sur l'homme, c'est l'erreur alimentaireet le manque de sobrit. Aussi, Pythagore a-t-il placla rpression de la gourmandise et de l'intemprance,en tte des devoirs individuels.

    En effet, rien ne nuit plus la formation ducaractre et au dveloppement du sens moral que lesexcs de table et l'ivrognerie. La nourriture troptoxique, trop copieuse et trop raffine accapare, pourpouvoir tre digre la plus grande partie des forcesvitales disponibles. Elle rend les muscles paresseux.Elle affaiblit la volont et alourdit l'intelligence.L'ivrognerie, qui fait perdre tout contrle ravalel'homme au rang de la brute. Elle obscurcit l'esprit,

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    rveille les plus bas instincts et conduit aux plusgraves dchances. L'homme qui se grise perd peu peu les notions de devoir, de piti et de dignithumaine. Il se transforme finalement en un tre demalheur, vou aux maladies de dgnrescence, aucrime et la folie.

    Par contre, rien ne rend plus matre de soi quel'habitude de la sobrit ; elle constitue un moyentellement efficace de parvenir au sage gouvernementde soi-mme et l'lvation morale. On retrouve lesprescriptions de temprance et d'abstinence, la basede tous les enseignements religieux.

    En effet, on est certain d'tablir en soi laprdominance de l'esprit de discipline et de la volont,en s'obligeant rester sur son apptit, ne rienprendre en dehors des repas, se refuser les alimentstrop impurs, trop excitants, trop apprts, s'abstenirde tout ce qui fait trpider les nerfs et drailler lecaractre. La sobrit aide ainsi mater les passions, renforcer la puissance mentale et fortifier le corps.Il faut donc tre sobre, non seulement dans le but deconserver sa sant physique, mais aussi avecl'intention de travailler du mme coup, auperfectionnement de son caractre et l'embellissement de son me.

    Sois actif - Il ne suffit pas d'veiller en soi lesbonnes tendances, il faut encore les mettre en action.Sans activit, les meilleures dispositions natives, lesmeilleurs germes dposs par l'ducation sontdestins rester lettre morte.

    D'ailleurs, tre inactif, c'est en quelque sorte

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    s'arrter de vivre en se refusant remplir la missionde l'homme qui consiste construire autour de soi et s'difier soi-mme. De plus, l'inaction va l'encontre de la loi naturelle qui exige de tout ce quivit, un effort d'volution persvrant et rythm, unelutte incessante pour le progrs.

    Personne n'a donc le droit de se confiner dansun repos strile ou dans une retraite goste. L'oisivetest mauvaise conseillre ; elle entretient la mollesse etla nonchalance ; elle rend peureux et lche ; elleengendre la lassitude de l'esprit et l'affaiblissementmoral.

    Certes l'activit demande tre rythmechaque jour par des intervalles de repos et de rechargedes forces nerveuses, mais l'homme valide qui nepense qu' rduire son travail et accrotre ses loisirs,pour s'amuser, devient la proie de l'envie et de laparesse. La vie normale, en effet, doit tre unecration perptuelle, poursuivie par un dsirpermanent d'investigation, de dcouverte et deprogrs. Rester inoccup, c'est s'atrophier. Ne rienfaire d'utile, c'est se vouer l'incapacit.

    Le travail est un aliment pour le corps commepour l'esprit, parce qu'il dtermine sur celui qui s'yadonne, un afflux de forces vitales suprieures, qui levivifient et le grandissent, en le traversant. En effet,les muscles s'atrophient et l'esprit se rapetisse, dsqu'ils cessent de s'exercer. On ne vit pleinement qu'entravaillant, en proportion de ses forces, jusqu' la finde ses jours. Toute activit est bonne et profitable,pourvu qu'elle s'applique quelque chose de vrai, de

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    juste ou mme de simplement utile. Qu'il s'agisse detravaux intellectuels ou de besognes matrielles,l'effort conduit avec soin et attention apporte toujourssa rcompense dans un progrs individuel. Il estmme trs favorable d'alterner ses genresd'occupations. Rien n'est plus nfaste, par exemple,que de se cantonner dans le travail crbral, sansexercer ses muscles, ou encore de concentrerperptuellement son effort sur une seul sujetparticulier, parce qu'ainsi on touffe en soi les facultsde gnralisation, on s'aveugle l'esprit et on amincit sapersonnalit. En abordant plusieurs sujets tour tour,on se repose de l'un en reprenant l'autre, on s'lve au-dessus de la nfaste science de l'infiniment petit, pouraboutir la connaissance du plan unique et universelde la Nature. On s'enrichit l'esprit la faon d'unliquide qui pourtant dj satur d'un sel dtermin,peut, malgr cela, en dissoudre un diffrent et sel'incorporer. Et les uvres ainsi produites sesuccdent varies et excellentes, l'image des bellesmoissons qui sortent d'un mme sol, grce l'alternance des cultures.

    Enfin, il faut travailler avec quitude etrgularit. Il importe, en effet, de bien savoir que surterre, tout nous est quotidiennement dos : ce quenous devons apprendre, ce que nous devonsaccomplir, ce que nous devons donner, ce que nousdevons recevoir. Par exemple, au lieu de nous treimpose tout d'un coup, la somme de nos devoirsd'une anne nous est rpartie, comme il convient surchacun des jours et des mois qui la composent. C'est

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    pourquoi il ne faut jamais remettre au lendemain cequi peut tre excut sur-le-champ, pas plus qu'il nefaut tre anxieux ou impatient de la tche qui nousattend les jours suivants.

    L'essentiel, c'est donc de chercher s'instruireavec persvrance et exactitude, de faon ne pasinterrompre le courant de vie et de Lumire qui nousest distribu d'en-Haut, selon nos capacits et nosmrites, et qui quotidiennement nous fournit desoccasions, souvent uniques, de nous duquer. Ons'vite ainsi les lacunes intellectuelles et morales, etl'on se dveloppe intgralement et harmonieusement.Ds qu'on sait pourquoi et comment il faut travailler,l'effort devine une joie, la fatigue un apaisement, la vieun bonheur. La lutte se termine en triomphe. On sesent invincible.Sois chaste - La luxure est un obstacle insurmontable

    l'lvation de l'esprit, parce qu'elle tablit ladomination des passions purement animales. De plus,elle cause un gaspillage prodigieux des forces vitalesqui conduit l'puisement intellectuel et physique.

    Pour garder sa puissance mentale et son nergiephysique, il convient de s'imposer une vie chaste.Seule, en effet, la continence temporaire oupermanente permet d'acqurir des pouvoirs magiques.Il faut donc s'interdire le plus possible les plaisirscharnels, et ne les consentir qu'en union lgitime, defaon pouvoir y apporter la pense d'unit spirituelleet familiale sans laquelle ils n'ont rien d'humain. On yparviendra plus facilement, si l'on a toujours prsente l'esprit cette autre maxime pythagoricienne : " Ne

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    gote la volupt que quand tu consentiras treinfrieur toi-mme ".Non seulement on doit tre chaste en fait, mais il fautl'tre aussi en penses et en paroles. On doit cesserimmdiatement de participer des conversations osont tenus des propos impudiques, et l'on doit redoutercomme la peste, les spectacles immoraux, lesauditions de chansons lubriques et les lecturesmalsaines qui inoculent l'esprit et salissentl'imagination. En un mot, il faut avoir le soucipermanent de sa dignit morale et de la puret de sespenses.

    Ne te mets jamais en colre - La colre est unefaiblesse. Elle est le propre des caractres dbiles ;aussi l'observe-t-on souvent chez les enfants, lesvieillards, les malades et les dsquilibrs. Ellereprsente l'abandon de la direction individuelle auximpulsions de l'me animale. L'homme qui s'y livredisloque en quelque sorte son individualit. Il retirepour ainsi dire l'esprit de son corps et s'abandonne lafrnsie des mauvais instincts. Il obscurcit sa raison etannihile sa volont. Il risque alors d'tre entran commettre les actes les plus rprhensibles, quitte les regretter amrement, quand son esprit aura reprissa place dans la conscience.

    La colre est fcheuse encore, parce qu'ellemne la rvolte. Un homme qui se rebelle s'attirefatalement les maux les plus accablants. De mme, unmalade qui, perdant patience, s'acharne rprimerfurieusement tous les symptmes de sa maladie ets'indigne contre la souffrance, gurit rarement. Quand

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    on sait que rien n'choit qui ne soit dtermin par desactes antrieurs, que toute souffrance a une cause,comporte un enseignement et apporte La lumire, oncherche s'en librer logiquement, on cesse dercriminer et on comprend la vanit et le danger dessentiments de rage et de rvolte.

    D'ailleurs, il n'y a qu' voir quelle tristeexistence mnent les individus emports. Ils viventdans la discorde et l'angoisse perptuelles. Ils smentautour d'eux la terreur et le dcouragement. Ilsobtiennent l'obissance passive, mais jamais ilsn'inspirent le respect et la confiance. Ils n'ont pasd'amis vritables, car toute supriorit les fuit.La douceur, par contre, est une puissance invincible.

    Elle permet le calme examen des vnements.Elle donne de la clairvoyance au jugement ; elleconduit des dcisions rflchies et pondres.L'homme doux garde en toutes circonstances lapossession de ses moyens d'intelligence, de contrleet d'action. Il vit dans l'harmonie et la srnit, parcequ'il sait carter les petits soucis de l'existence etaffronter sans crainte les plus grandes preuves.On n'est vritablement doux que si on estfoncirement bon, au fond de soi-mme ; et pour celail faut se refuser profrer une injure, une menace ; ilfaut chasser de soi tout sentiment de haine et devengeance.

    Pythagore voulait mme que la bienveillances'tendt tous les tres. "Ne frappe pas un animaloffensif, disait-il, ne brise pas un arbre domestique".

    La douceur ne doit cependant pas exclure la

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    fermet. On peut se montrer nergique, ardent mme;on peut agir avec promptitude et svrit, sans rienperdre de son calme et de sa douceur. Alors qu'unerprimande faite avec fureur pousse l'insoumissionet la haine, une remontrance calme, bien motive etcatgorique entrane, au contraire, l'obissance etl'estime.

    tre honnte, franc, juste - Sois irrprochabledevant les autres et aussi devant toi seul. Et, par-dessus tout, respecte-toi toi-mme. Que toute ta vie,que toutes tes paroles s'inspirent de la plus purejustice - Les deux guides essentiels de la pense et del'action sont l'esprit de vrit et l'esprit de justice. Dsqu'on a pris la rsolution intransigeante d'tre, entoutes circonstances, juste et vridique et de toujoursbien accorder ses actes avec sa pense, on peutenvisager l'avenir sans crainte. "On est certaind'atteindre au plus haut degr de vertu, rptaitsouvent Pythagore, si on est vridique et bienfaisant ".

    Ce qu'il faut donc viter par-dessus tout, c'estle mensonge, le vol, l'injustice et l'hypocrisie.Il faut se faire une obligation inviolable de diretoujours la vrit et de n'admettre sur ce point aucunecompromission avec sa conscience. La recherchepassionne de la Vrit en toutes choses doit mmeconstituer la pense dominante de l'existence. La plusgrande des charits, c'est de clamer la vrit.

    Il faut tout prix, faire preuve d'une rigoureusehonntet, en veillant ne jamais s'approprier lemoindre objet qui appartienne autrui et ne jamaisrechercher un profit illgitime.

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    Non seulement il ne faut jamais mal agir, maisencore il est capital de ne jamais mal penser, ou malparler. Le pouvoir crateur de la pense ou du verbeest, en effet, prodigieux. Les penses latentes ouexprimes sont des forces qui se constituent en centresd'attraction d'influences similaires et qui finissent parse raliser matriellement, en proportion de l'nergievolontaire et de la rptition du dsir du sujet. C'estpourquoi il est important de surveiller le cours de sesides et la nature de ses paroles. Il faut rejeter lespenses malsaines, les propos malveillants, lestournures de phrases ngatives, les mots malsonnantsou injurieux, afin de se composer une mentalit droiteet affirmative. Les pythagoriciens taient instruits deces particularits, car, au dire de Cicron, ilss'abstenaient de prononcer des paroles nfastes ou desmots impurs, de crainte d'attirer sur eux des influencesfcheuses.

    D'autre part, il est essentiel d'tre impeccablevis--vis de soi-mme, c'est--dire, de se respecter soi-mme. Et, pour cela, on devra s'appliquersoigneusement ne jamais garder en soi des pensesqu'on aurait honte d'exposer au regard de tous. A plusforte raison, on ne doit jamais se laisser aller commettre en particulier, seul en face de soi, uneaction honteuse ou un acte rprhensible qu'onhsiterait accomplir au grand jour. Aucun dsaccordinconscient ou calcul ne doit exister entre notre treintime et la faon dont il se manifeste au dehors. Il estfoncirement nfaste d'avoir deux faces, de seconstituer deux attitudes, une pour soi, une pour le

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    dehors, de se composer un masque qui trop souventdissimule de l'inavouable et conduit la duplicit.Ce sont les esprits les plus creux qui affectent des airsdominateurs et qui cherchent enfler leur importance.Quelle affreuse chose que d'invoquer sa droiture, alorsqu'on se sent profondment retors ! On se ment encore soi-mme, quand on cache sous des allures desimplicit, un fond de vanit dont on n'a pas pu encorese librer.

    Il faut donc tre en soi-mme comme au-dehors de soi, toute clart et toute vrit. Ce que l'onest vritablement, on doit tre prt l'afficher sansregret.

    La vie ainsi comprise est une science. Elle estla science du Devoir qui enseigne de faire le bien pourle Bien, de dire la vrit pour la Vrit, sans rienenvisager des avantages ou des dsagrments quipeuvent en rsulter d'une faon immdiate. Elle laisseentendre dans la conscience la voix du devoir spirituelet non plus celle de l'intrt matriel. Elle apprend quesi l'on va sciemment au-devant d'une souffrance et sion l'endure pour satisfaire l'esprit de vrit et dejustice, une rcompense viendra, qui sera d'autant plusclatante qu'elle sera plus retarde. Il en est, en effet,du bien comme du mal, il s'accumule ; et les petitsacquis dans un sens comme dans l'autre arrivent, lalongue, se totaliser dans de grosses chances.Cette science du Devoir devient facile suivre, quandon sait qu'elle a un fondement divin et que l'uvre raliser, c'est de ressembler Dieu, qui est la Vrit etla Justice suprmes, c'est de respecter la parcelle du

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    Verbe qui rside en chacun de nous et de la faireprdominer jusqu' ce qu'elle nous divise.La vie cesse d'tre une nigme, ds qu'on a comprisson but divin et dcouvert ses lois secrtes, ds qu'ons'est rsolu tre l'esclave de la vrit et de la justice,et ne plus nourrir que des sentiments debienveillance et d'ordre.

    On est alors devenu l'homme de bonne volont,dans l'acceptation la plus leve, et, par l mme, ons'est rendu apte recevoir les lumires d'en-Haut. Unevoix intrieure se fait entendre dans la conscience quipermet de discerner le bien du mal et de dcouvrir ledoigt de Dieu dans les vnements qui se droulent,c'est--dire d'acqurir le sens mystique de la vie.

    Sachant que tout arrive avec le consentementde la Providence, qui sanctionne, prouve, avertit,protge, on saisit la raison occulte des vnements, onperoit des incitations qu'elle offre, on se fait plusa