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Psychologie des émotions Plan du cours : Les émotions constituent un objet de recherche fondamental pour comprendre le comportement humain. Trop longtemps négligé, ce domaine de recherche se développe de plus en plus. Après une introduction générale qui s'intéresse particulièrement à la définition de l'émotion, Je cours est structuré autour de trois parties. La première partie présente les principales théories psychosociales des émotions; la deuxième accorde une attention particulière aux théories de l'évaluation cognitive dans la recherche organisationnelle; la troisième et dernière partie est consacrée à l'étude du partage social des émotions. I - Introduction générale : Définitions des émotions Combien sont-elles? Distinction entre émotion, humeur et tempérament Les émotions sont-elles universelles? Comment se produisent-elles? II - Les théories de l'émotion: La théorie de Schachter : une théorie cognitivo-physiologique des émotions. La théorie de Valins : la perception de l'activation physiologique ou la perception des causes de l'activation. La théorie attributionnelle des émotions de de Weiner. La théorie de Lazarus: théorie de l'appraisal et les modalités d'évaluation de l'expérience émotionnelle .. La théorie de Zajonc: la production d'une émotion ne réclame ni l'intervention de processus d'évaluation ni celle de la conscience. Primauté de la cognition (Lazarus) ou de l'émotion (Zajonc) ? •. Les théories de l'évaluation cognitive et de la différenciation des émotions: une clé pour comprendre la vie émotionnelle au travail ln - Le partage social des émotions

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  • Psychologie des motions

    Plan du cours :

    Les motions constituent un objet de recherche fondamental pour comprendre lecomportement humain. Trop longtemps nglig, ce domaine de recherche se dveloppe deplus en plus.

    Aprs une introduction gnrale qui s'intresse particulirement la dfinition de l'motion,Je cours est structur autour de trois parties. La premire partie prsente les principalesthories psychosociales des motions; la deuxime accorde une attention particulire auxthories de l'valuation cognitive dans la recherche organisationnelle; la troisime et dernirepartie est consacre l'tude du partage social des motions.

    I - Introduction gnrale :

    Dfinitions des motions Combien sont-elles? Distinction entre motion, humeur et temprament Les motions sont-elles universelles? Comment se produisent-elles?

    II - Les thories de l'motion:

    La thorie de Schachter : une thorie cognitivo-physiologique des motions.

    La thorie de Valins : la perception de l'activation physiologique ou la perception descauses de l'activation.

    La thorie attributionnelle des motions de de Weiner.

    La thorie de Lazarus: thorie de l'appraisal et les modalits d'valuation del'exprience motionnelle ..

    La thorie de Zajonc: la production d'une motion ne rclame ni l'intervention deprocessus d'valuation ni celle de la conscience.

    Primaut de la cognition (Lazarus) ou de l'motion (Zajonc) ?

    . Les thories de l'valuation cognitive et de la diffrenciation des motions: une clpour comprendre la vie motionnelle au travail

    ln -Le partage social des motions

  • Rfrences bibliographiques

    Monique De Bonis (1996). Connatre les motions humaines. Lige, Mardaga.

    Antonio Damasio (1994). L'erreur de Descartes. La raison de l'motion. Paris, O. Jacob.

    Antonio Damasio (1996). Le sentiment de soi. Corps, Emotions, conscience. Paris, O. Jacob

    Antoine Damasio ( 2003). Spinoza avait raison. Joie et tristesse, Je cerveau des motions.Paris, O. Jacob

    Oli vier Luminet (2002). Psychologie des motions. Confrontation et vitement. Bruxelles, DeBoeck universit

    Ahmed Channouf & Georges Rouan (Eds)(2002). Emotions et cognitions. Bruxelles, DeBoeck universit

    David Sander, Klaus Scherer (2008). Trait de psychologie des motions. Dunod, Psycho Sup

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  • Psychologie des motions

    Introduction:

    Les motions sont souvent perues comme un signe de faiblesse.

    Elles s'expriment brusquementElles ont tendance chapper notre contrle,

    A tort, car elles peuvent tre un formidable stimulant pour notre cerveau et notre crativit.

    Peut-on vivre sans:

    le frisson du danger ou sans celui du plaisir? le bonheur que procurent des mots doux murmurs notre oreille? la peine ressentie la mort d'un proche?

    Dans cette vie lisse, personne ne saurait distinguer l'agrable dudsagrable, le beau du laid,

    Nous serions de vulgaires machines et notre existenceserait fade Boris Cyrulnik.

    >- Les motions nous rendent vivants.>- Elles donnent des couleurs la vie.

    Ne dit-on pas tre vert de rage ou entrer dans unecolre noire ?

    C'est grce elles que l'espce a survcu, car elles sont lacl de notre adaptation au monde qui nous entoure.

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  • 1- Qu'est-ce qu'une motion?

    ~ Une modification transitoire de l'tat de l'organisme dont les causes sontspcifiques.

    ~ Une reprsentation de cette modification transitoire de l'tat de l'organisme sousforme de configurations neuronales et des images induites par ces dernires .

    .4;. Des tats impliquant des dimensions de plaisir-dplaisir ou encore lis au registreagrable-dsagrable.

    ,4,:. Un ensemble de processus relativement automatiques d'adaptation l'environnement:

    Un moyen de rguler le comportement par des programmes hrits del'volution biologique.

    Par exemple, les motions comme le dsir, la colre, la peur, la tristesse, la joie etl'affection seraient respectivement lies six comportements adaptatifs: larecherche, ]' agression, la protection, l'abattement, le triomphe et la caresse (Maclean(1993) .

    ,ik Une forme de rponse aux demandes d'une situation (Frijda ,l986). Elle consiste en :

    des processus d'analyse de la situation (valuation)des processus de programmation de l'action: les tendances l'action.

    L'motion prpare donc l'individu accomplir certaines actionsprfrentiellement d'autres.

    Cette prparation l'action inclut aussi l'activation des systmes biologiquesncessaires la bonne excution de ['action en prparation.

    Les changements physiologiques de l'motion seraient donc lesoutien logistique de la tendance l'action.

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  • ~ Les motions sont cette mmoire inconsciente qui constitue le tmoin vivant de notrepass individuel et de notre pass collectif partag avec autrui.

    o Cette mmoire particulire se rvle nous plutt sous forme de :

    ractions physico-corporelles et psychologiques,d'expressions faciales et posturales etde tendance l'action ou la non-action.

    o C'est une mmoire inconsciente (ou implicite), dont nous ignorons souvent lesvnements et les situations qui l'ont gnre.

    o Mais il en reste des traces plus ou moins fortes selon l'importance de l'vnement et lesconsquences ngatives ou positives auxquelles cet vnement a donn lieu par le pass.

    o Mme si elle n'est pas toujours accessible la conscience, cette mmoireparticulire est toujours prsente et nous accompagne dans notre vie quotidiennesans que nous le sachions forcment.

    ~ La majorit des thories contemporaines dans le domaine des motions postulent qu'unedfinition de l'motion inclut:

    une activation physiologique,des processus cognitifsune expression motrice,un sentiment subjectif,des tendances l'action.

    (Frijda, 1994; Izard, 1991 ; Scherer, 2000).

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  • 2 - Combien sont-elles?

    ;4. Descartes ne retenait que six passions primitives capables de produire toutesles autres par combinaison: l'admiration, l'amour, le dsir, la joie, la tristesseet la haine

    ~ James Averill (1975) en a recens plusieurs centaines en anglais.

    4. Philip Johnson-Laird et Keith Oatley (1985) sont parvenus SIX centstermes et locutions.

    '* Les psychologues volutionnistes ont construit des listes d'motions ditesfondamentales => universelles chez l'homme, ce sont des rponsesadaptatives des situations courantes.

    Bien que les thoriciens ne s'accordent pas sur le nombre d'motions debase, cinq motions semblent nanmoins tre de bons exemplaires: latristesse, la colre, la joie, le dgot et la peur.

    ~ Selon l'approche bi-dimensionnelle les tats motionnels seraient en. faitrductibles deux dimensions:

    la valence ou le caractre favorable/dfavorable l'activationll' intensit

    Il existerait des tats plutt ngatifs et d'autres plutt positifs, chacund'eux tant marqu dun niveau d'intensit lev ou au contraire faible.

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  • Dans cette perspective,

    t! certains tats, comme la colre et l'anxit, appartiennent la mmecatgorie parce qu'ils sont tous les deux des tats ngatifs et intenses.

    t! ils se distinguent par des facteurs cognitifs largement conceptuels,incluant l'attribution des causes probables lies la situation qui aengendr ces tats.

    Exemples:

    Content est considr par une valence positive et une activationneutre. C'est donc le marqueur privilgi de la valence positive(plaisir) .

    L'adjectif Alerte se caractrise par une activation leve et unevalence neutre: on ne peut pas caractriser alerte de manirefavorable ou de manire dfavorable. Il s'agit donc du marqueurpri vilgi de l'veil.

    Fatigu est le marqueur du sommeil: tat dsactiv, mais sansvalence positive ou ngative.

    Exalt est caractris la fois par une activation forte et unevalence positive, ce qui le distingue de :

    o content (par son niveau d'activation)o alerte (par sa valence positive).

    Il Dtendu se positionne de manire symtrique par rapport exalt: il a la mme tonalit hdonique favorable, mais secaractrise par sa dsactivation.

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  • ~ Damasio parle de trois niveaux de l'motion:

    1. Les motions primaires ou universelles sont: bonheur, tristesse, peur,colre, surprise et dgot.

    2. Les motions secondaires ou sociales (le rle jou par la socitdans la formation de ces motions est plus grand que dans le cas desmotions primaires) telles que l'embarras, la jalousie, la culpabilit oul'orgueil.

    3. Les motions d'arrire-plan telles que le bien-tre, le calme, latension, la peine et le plaisir, mais galement les pulsions et lesmotivations.

    Elles ont divers profils temporels:

    Certaines ont tendance faire intervenir un schma type clat . Elles passentpar un dmarrage rapide, un pic d'intensit et un dclin rapide.

    . D'autres font intervenir un schma type ondulatoire. certaines formesde tristesse et toutes les motions d'arrire-plan en sont des exemples .

    . Lorsque les tats motionnels ont tendance devenir frquents oumme continus, il est prfrable de les dsigner sous le vocabled'humeur.

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  • 3 Distinction entre motion, humeur et temprament

    Toute motion appartient un ensemble de phnomnes concernant l'tat subjectif d'unindividu.

    Des concepts comme temprament, humeur, troubles affectifs et motion font tousrfrence des traits internes, plus ou moins prolongs, intenses et marqus par unetonalit affective.

    ~ Parmi ces concepts, l'motion est considre comme une raction

    o aigu et brveo provoque par un stimulus spcifique connu,o caractrise par un ensemble cohrent de rponses

    cognitives et physiologiques.

    Elle comprend trois composantes:

    Une expression typique Des changements physiologiques consistants

    Un tat affectif distinct

    ~ Les humeurs sont considres comme des manifestations plus durables,dans lesquelles le stimulus inducteur n'est plus ncessairement prsent etpas toujours connu (Frijda, 1984).

    4 Le temprament est

    une tendance stable valuer les vnements en accord aveccertains patterns d'motion.

    C'est une disposition biologique de l'organisme, qui tend conduire l'individu prouver certains tats motionnels et lesexprimer de manire plus ou moins intense.

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  • 4 - Les motions sont-elles universelles?

    Paul Ekman soutient un point de vue universaliste.

    Il a dmontr que ce lexique tait universel: un vritable patrimoine commun del'humanit;

    En 1968, il s'est rendu en Nouvelle Guine, o les Papous ont non seulementexprim, mais aussi reconnu sur des photographies de visages occidentaux sixmotions primaires: la joie, la surprise, la peur, la colre, le dgot et le chagrin.

    Certaines caractristiques permettent de rendre compte d'un ensemble d'motions de baseprsentes de manire universelle

    ~ Mcanisme automatique d'valuation

    Tout sentiment subjectif est prcd par un mcanisme valuatif ; cettevaluation est automatique, ce qui serait une indication del'absence d'effet possible du contexte culturel.

    ~ Elments contextuels communs

    Une motion donne est prcde par des lments contextuelscommuns qui priment sur les diffrences culturelles

    '* Observes chez d'autres primates (composante expressive)o La prsence des motions de base chez d'autres primates.

    o Toute motion possde un signal distinctif universel quipermet de communiquer de manire non verbale, l'entouragel'tat ressenti.

    ~ Dclenchement rapide/dure limite

    Le fondement biologique de l'motion se caractrise par unensemble de rponses dont la vitesse de dclenchement est trs rapide.

    ~ Profils distincts de rponses physiologiques

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  • 5 - Comment se produisent-elles?

    Deux modles thoriques se partagent aujourd'hui l'tude des mcanismes des motions:

    1) L'un est hrit de Charles Darwin

    Les motions sont des squences de comportements au dpart fonctionnels etconservs au cours de l'volution en raison de leur valeur adaptative.

    Trois ides principales sont retenues:

    1. Origine utilitaire de la plupart des comportements motionnels

    Les motions sont la mmoire de conduites qui taient jadis trs utiles pourl'homme.

    o Elles sont aussi la mmoire de J'histoire individuelle de chacun, faite desvnements les plus marquants.

    Une mmoire qui n'est ni explicite ni verbalisable. L'vnement estoubli, mais la raction qu'il gnre demeure en mmoire.

    Nos motions sont notre mmoire diffrents niveaux qui vont ducollectif au collectif restreint et l' individuel.

    2. Leur transmission hrditaire

    Darwin considre que certaines expressions motionnelles de base comme la peur et lacolre sont gntiquement programmes chez J'homme et transmises de manirehrditaire.

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  • Les motions constituent un hritage phylogntique.

    >- Elles taient parfaitement adaptatives une priode lointaine, et leursexpressions chappent entirement notre contrle

    >- Elles apparaissent partir des premiers jours de notre vie. Lesmanifestations physio-corporelles ont des fonctions adaptatives.

    >- Certaines de ces manifestations ne sont pas encore expliques, sauf y voirune fonction communicative entre congnres.

    >- Les motions sont apprises et si elles sont apprises c'est parce qu'elles ontune fonction, une utilit.

    >- Mais cet apprentissage se situe au niveau de plusieurs gnrations et setransmet gntiquement.

    Pour apporter une preuve cette ide, il a montr que des peuples quin'taient pas en contact les uns avec les autres ont nanmoins les mmesractions motionnelles.

    Les motions ne seraient donc pas au niveau d'un peuple mais la mmoire del'espce tout entire.

    3. Leur rutilisation, chez l 'homme, comme lments de communication.

    Bien que l'ide de l'innit des expressions faciales des motions ait t trsfortement critique, il est aujourd'hui admis qu'une partie des motions primaires etde leurs expressions est inne mme si les variations culturelles demeurent trsimportantes.

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  • 2) Le deuxime modle remonte, quoique de manire indirecte William James:

    W James reprsente un tournant dans l'histoire de la psychologie des motions; sathorie a constitu la base d'un dbat qui est toujours d'actualit.

    Il a ses disciples et ses dtracteurs, et les psychologues qui tudient les motionsse situent trs souvent par rapport sa conception.

    Il a marqu le passage de la philosophie la psychologie scientifique dansl'approche des motions. Il est connu pour avoir crit Je pleure, donc je suistriste en 1890. Autrement dit, la conscience d'une motion est postrieure l'motion elle-mme.

    Ce qui tait considr comme les consquences de l'motion auparavant estdevenue la cause dans la conception de James.

    o Il affirma que ce n'est pas parce qu'une personne est triste qu'ellepleure, mais au contraire, c'est parce qu'elle prend conscience qu'ellepleure, qu'elle devient subjectivement triste.

    o Les motions procdent d'une lecture, par l'esprit, de leursmanifestations physiques.

    Les hypothses de James ont t contestes par Cannon et Bard qui dfendaient uneconception totalement oppose celles de James en affirmant que les manifestationsphysiologiques ne sont pas la cause des motions, mais les consquencespriphriques des motions qui se dclenchent au niveau du systme nerveuxcentral.

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  • Les thories psychosociales de l'motion

    1 - La thorie de Schachter

    '* Les thoriciens de l'attribution ont tent de dcrire les processus par lesquels lesindividus arrivent infrer les causes de leurs propres comportements.

    '. Schachter a propos d'tendre les processus cognitifs d'attribution l ' auto-perception des motions partir de sensations somatiques, c'est--dire la recherchedes causes ou des facteurs J'origine de telle sensation physiologique ou de telsymptme.

    > Sa thorie, que l'on retrouve galement sous le terme de thorie de ladouble composante des tats motionnels , a t la premire thorieattributionnelle des motions propose et est actuellement une des approchescognitives des motions les plus influentes .

    ./ Schachter (1959) a observ que les sujets qui s'attendent subir uneexprience stressante choisissent de s'associer d'autres sujets devantsubir la mme exprience .

    ./ Il a prsuppos que les signaux physiologiques internes sur lesquelsles individus doivent norrnalement se baser pour interprter leursexcitations, sont ambigus et sujets de multiples interprtations, etque, par consquent,

    ./ l'auto-perception des motions est indirecte et variable: les sujetsprouvent ainsi le besoin de comparer leur tat motionnel avec celuid'autres individus dans la mme situation afin de mieux comprendreleurs ractions.

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  • L'auteur a alors avanc qu'une motion rsulte de I'jnteraction entre deuxcomposantes :

    1. une excitation ou un veil physiologique. L'excitationphysiologique (l'augmentation de l'activit du systmepriphrique vgtatif) est par nature indiffrencie, c'est--direnon spcifique une motion et neutre motionnellement.

    1. un tiquetage cognitif (i.e. une cognition correspondant cetveil) .

    .:. La cognition issue de l'environnement immdiat permetd'expliquer l'excitation et d'identifier la nature del'motion ressentie (peur, joie, ... ).

    :. Elle quivaut l'attribution causale de l'excitation etcorrespond une valuation motionnelle de la situationou de l'vnement.

    Ces deux composantes sont deux conditions ncessaires et suffisantes.

    L'individu doit tablir un lien entre ces deux lments c'est--dire s'ilattribue son veil la source motionnelle.

    Cette thorie ne s'applique qu' la perception d'une excitation physiologique nonexplique, ou bien lorsque l'excitation est si intense qu'elle ne peut tre entirementexplique par les facteurs plausibles qui sont immdiatement saillants pour l'individu.

    Cet veil physiologique inexpliqu dclenche dans un premier temps unerecherche destine trouver une cause plausible cet tat.

    Si aucune explication n'est disponible, un processus de recherche causal pluspouss sera dans un second temps enclench.

    Ce processus prend fin ds lors que la cause est trouve.

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  • Paradigme exprimental,

    La clbre exprience de Schachter et Singer occupe une place centrale dans lavrification empirique de la thorie de Schachter. L'activation physiologique estprovoque par une injection d' pinphrine (adrnaline). Pour la condition contrle, ils'agit d'une injection placebo (solution saline inactive).

    a. L'explication de l'excitation est manipule en donnant

    1. un premier groupe de sujets une information exacte sur les effets del'pinphrine.

    2. Un second groupe de sujets reoit une information errone.

    3. Un troisime groupe de sujets ne reoit aucune information sur leseffets secondaires.

    b. Enfin la situation sociale consiste en l'laboration de deux situationsprsumes gnratrices d'motion

    o d'euphorie eto de colre.

    A la suite de l'injection, les sujets sont conduits dans une pice en dsordre ose trouve un compre de l'exprimentateur, identifi comme un autre sujet.

    Dans la condition dite d'euphorie, le compre se montre amical etextraverti, et s'engage dans une squence d'activits soigneusementdtermines qui laisse voir une trs bonne humeur, une grande joie, uneeuphorie.

    Pour la colre, le sujet et le compre doivent complter unquestionnaire dont les questions sont de plus en plus personnelles etinsultantes. Les commentaires du compre se font de plus en plusngatifs, jusqu' ce qu'il dchire le questionnaire et sorte.

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  • Cette thorie se situe l'intersection des thories physiologiques et cognitives del'motion.

    L'environnement social joue un rle dterminant de l'motion induite lorsque le sujetn'a pas d'explication immdiate pour les changements physiologiques qu'il ressent:

    L'individu recherche alors dans son environnement social une cible decomparaison qui lui permettra de s'attribuer I' tat motionnel que ce rfrantsocial manifeste. C'est en ce sens que l'motion serait sociale.

    Critiques et limites de cette thorie:

    .:. Le groupe placebo et les groupes sous pinphrine ne prsentent pas de diffrencesignificative, si l'motion requiert de l'activation physiologique, le groupe placeboaurait d manifester moins d'motion .

    :. Il n'est pas possible de relier de faon directe modifications physiologiques etexpriences motionnelles sans passer par des oprations cognitives d'interprtationet sans faire intervenir le rle de l'exprience passe (explications internes).

    L'erreur de Schachter aurait t de considrer que le sujet arrive viergede toute exprience antrieure dans le laboratoire. Il focalise la notiond'interprtation sur des facteurs contextuels (explications externes) .

    :. Dans le mme temps, vont se dvelopper des recherches montrant que l'interprtationde l'A.P. peut tre modele par les besoins et les attentes, les motivations et lesbesoins du sujet. Parmi ces besoins figure le besoin d'explication des causes d'uncomportement (interne ou externe).

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  • 2 - La thorie de Valins

    ~ Deux cognitions seraient ncessaires: une cognition portant sur la prsence del'activation physiologique, et une autre attribuant cette activation une conditionstimulus.

    La fonction de l'activation physiologique serait uniquement de produire unecognition informant les individus qu'un stimulus motionnel a un impactinterne sur eux.

    ~ La position de Valins est fonde sur une observation exprimentale connue sous lenom de l'effet Valins .

    a) Valins a recrut des sujets masculins pour une tude prtendument centre surles ractions physiologiques des stimuli motionnels.

    Il explique aux sujets que les battements de leur cur seront enregistrs l'aide d'un appareil, qui en ralit transmettra des sons prenregistrs debattements cardiaques.

    Les sujets sont alors exposs des photographies de femmes nues tires d'unjournal spcialis.

    1. Un premier groupe de sujets est soumis l'coute d'un rythmecardiaque qui est acclr pour cinq diapositives et reste stable pourcinq autres.

    2. Un second groupe de sujets est soumis l'coute d'un rythmecardiaque qui est ralenti pour cinq diapositives et reste stable pourcinq autres.

    3. Deux groupes de sujets contrles coutent le mme enregistrementet voient les mmes photographies, mais savent l'avance que l~ssons sont prenregistrs. La consigne leur explique que l'on tudiel'impact d'un distracteur sur la manipulation de l'motion.

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  • La variable dpendante, le degr d'attraction pour les photographies, estmesure selon trois dimensions :

    1. score direct d'attraction,

    2. choix de cinq photographies parmi 10 comme rcompense de laparticipation l'tude,

    3. valuation de chaque photo un mOIS aprs la passationexprimentale.

    Les rsultats montrent que:

    ,/ les photos juges les plus attrayantes sont associes un changement durythme cardiaque entendu, quelle que soit la direction (acclration ouralentissement) du changement.

    ,/ L'effet s'avre tre puissant, puisque mme suite au debriefing, les sujetsmaintenaient leur choix de photo.

    Cette exprience montre que c'est moins le comportement rel qui influence l'valuationque les processus d'attribution des causes que le sujet infre de son proprecomportement.

    Cette hypothse trs gnrale qui sera largement exploite dans le cadre de la thorie del'attribution, et ceci en dehors de toute manipulation de l' activation physiologique, a reud'autres vrifications qui la rendent convaincante.

    20.

  • b) Valins et Ray (1967) sont ainsi parvenus mon trer que des informations truquesen sens inverse sont susceptibles de rduire considrablement l'expriencemotionnelle.

    On fait croire des sujets qui ont peur des serpents, que la prsentation dediapositives de serpents ne modifiait pas leur ractivit physiologique (rythmecardiaque) .

    On leur a fait entendre un rythme cardiaque lent. Ces sujets, ont t ensuite misen'prsence d'un vrai boa long de 70 centimtres, on les a incits s'enapprocher.

    On a observ que ces sujets, pourtant phobiques, s'approchaient plusprs du serpent que des sujets contrles.

    Tout se passe comme si des raisonnements infrentiels du type j'ai peut-tre moins peur du serpent que je ne le croyais,puisque mon cur ne bat plus vite la vue d'un serpent , ontun effet sur l'exprience subjective de la peur et ainsi sur lecomportement d'vitement de l'objet phobique.

    L'effet Valins montre que:

    La prsence d'indices physiologiques n'est pas indispensable pour la formationd'expriences motionnelles. La simple croyance qu'ont les individus d'tre activsphysiologiquement suffirait pour qu'une motion existe.

    if La fonction de l'activation physiologique serait uniquement de produire unecognition informant les individus qu'un stimulus motionnel a un impactinterne sur eux .

    1 L'effet Valins met en vidence que le simple fait de penser que l'on aitactiv et d'attribuer cette activation un vnement stimulus suffirait susciter une motion.

    Dans cette perspective, le feedback physiologique n'est plus unecondition ncessaire l'laboration d'une motion. La cognitionpourrait tre elle seule gnratrice d'motion.

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  • 3 . La thorie attributionnelle des motions de Wiener. Les motions viennent de notreperception du monde

    ~ L'exprience motionnelle ne ncessite pas forcment une activationphysiologique. les cognitions seules sont suffisantes pour dterminerl'motion.

    Weiner a dvelopp une thorie attributionnelle des motions et des motivations en tudiantessentiellement les attributions la suite d'une russite ou d'un chec dans des situationsd'accomplissement de tches.

    Il a constat que la manire dont les individus expliquent la cause de ces renforcementspositifs ou ngatifs dtermine leurs motions (mais galement leurs motivations, leurs attenteset leurs performances futures).

    Weiner et al ont tabli une liste de 250 motions pouvant tre ressenties la suite d'un succset d'un chec dans le domaine scolaire ou universitaire.

    Dans certaines expenences, ils ont donn aux sujets des scnarioshypothtiques prsentant un succs ou un chec d des attributionsspcifiques;

    dans d'autres, ils ont demand aux sujets de se rappeler un succs ou unchec qui avait diffrentes attributions.

    Les sujets devaient indiquer l'intensit de l'motion qu'ils ressentaientdans de telles situations.

    22

  • Deux rsultats furent obtenus:

    1 - Prsence d'motions dpendantes du rsultat et indpendantes des attributions.

    Ces motions sont gnrales et soit positives, soit ngatives, selon l'issue de laperformance.

    o A la suite d'un succs, les gens se sentent heureux et joyeux.o A la suite d'un chec, ils se sentent tristes et malheureux;

    Indpendamment des attributions mises.

    2 - Prsence d'motions spcifiques relies certaines attributions.

    Par exemple,

    o le succs d l 'habilet mne des sentiments de confiance;

    o la gratitude est vcue lorsque le succs est attribu l' aide des autres,

    o la chance, elle dclenche gnralement la surprise.

    ~~ D'autres tudes ont montr que non seulement l'attribution, mais galement lesdimensions causales, sous-jacentes aux attributions, influent sur les motionsressenties par les personnes en contexte d'accomplissement (de ralisation).

    A la lumire de ces rsultats, Weiner a propos la squence suivante, en ce qUlconcerne la production des motions:

    1. Premirement, la personne juge le rsultat ou l'vnement comme positif oungatif. A la suite de cette apprciation, la personne ressent presqueautomatiquement une motion gnrale et globale positive ou ngative selonqu'il y ait perception de succs ou d'chec.

    2. Dans un deuxime temps, une apprciation plus approfondie de la situationmne une attribution plus prcise qui produit une motion distincte.

    23

  • Ces attributions sont codes de faon globale selon les dimensions attributionnelles deWeiner:

    Le lieu de causalit (cause perue comme interne ou externe l'acteur) exerce uneinfluence sur l'estime de soi, la fiert ou la honte.

    La contrlabiIit de la cause, c'est - - dire le degr de contrle de l'acteur sur lacause, exerce une influence sur des motions diriges vers soi et vers autrui.

    o Concernant les motions diriges vers soi. Un chec induit un sentiment deculpabilit lorsque la cause est perue comme contrlable par l'individu etun sentiment de honte quand la cause est perue comme incontrlable.

    o Concernant les motions diriges vers autrui. Une russite contrlable parautrui gnre la gratitude. De la piti est prouve quand autrui subit unchec dont il ne peut pas contrler la cause

    la stabilit de la cause (permanente ou changeante) intensifie l'motion prouve.

    o L'motion prouve sera plus intense si la cause est peruecomme instable.

    o Cette dimension peut galement induire des ractions affectives,par exemple, de l'anxit ou du dsespoir lorsqu'un chec estattribu une cause interne stable.

    Cette dimension est fortement associe aux attentes de succs et derussites futures.

    Ces trois dimensions dterminent les consquences motionnelles des attributions lasuite d'un succs ou d'un chec.

    Les deux premires (contrlabilit et lieu de contrle) dterminent laqualit des motions,

    le troisime tend les intensifier.

    24

  • LE PROCESSUS COGNITION-EMOTION(adapt de Weiner, 1985b, J.560)

    Emotions dpendantes desvnements

    = Succs c::> motion positivef---+Emotions gnrales positives Echec c::> motion ngative

    ou ngatives

    Evnement(succs

    ou chec)

    Evaluation del'vnement

    Attributions causales

    et dimensions

    Emotions dpendantes desattributions

    Emotions distinctes

    Exemples de relations entre attributions causales et motions la suite d'un succs oud'un chec (cf. Weiner, Russel & Lerman, 1978)

    Attributions causales Succs Echec~

    Capacit Confiance en soi, Incomptencecomptence

    Effort instable Excitation Culpabilit

    Effort stable Apaisement, relaxation Honte

    Persormalit,Haute estime de soi Faible estime de soi

    caractristiques personnelles

    Effort et personnalit d'autrui Gratitude, reconnaissance Agression

    Chance Surprise Surprise

    25

  • 4 - Lazarus: la thorie de l'appraisal et les modalits d'valuation de l'expriencemotionnelle.

    '*' Le terme d'appraisaI dsigne l'ensemble des mcanismes cognitifs qui vonttransformer la situation en lui attribuant ou non une significationmenaante.

    ~ La prmisse fondamentale des thories de l'valuation est que les motions rsultentde l'interprtation des vnements en termes de signification personnelle.

    4 La contribution de Lazarus va consister dmontrer les mcanismes grceauxquels un vnement, une source antcdente va devenir source d'motion.

    Une motion n'est jamais uniquement le rsultat d'un trait de personnalitou d'une proprit de l'environnement.

    C'est un ensemble de ractions brves en rponse certainescaractristiques de l'environnement un moment donn.

    o Les motions dcoulent de l'influence mutuelle d'un sujet et de sonen vironnement.

    o Seules les interactions susceptibles d'affecter le bien-tre del'individu seraient gnratrices d'motions.

    o Toute relation personne-environnement aurait une significationmotionnelle potentielle. Une interaction entre un individu et sonenvironnement gnre:

    une motion ngative lorsqu'elle empche, retarde, ourend impossible la gratification des besoins et l'atteinte desobjectifs,

    une motion positive lorsqu'elle favorise ou amplifie laralisation des buts et intrts individuels.

    Cette thorie est une thorie cognitive car l'motion ncessite une connaissanceet une valuation de la relation entre le sujet et l'environnement qui distinguedeux types d'valuation cognitive: les valuations primaires, secondaires.

    26

  • Le processus d'valuation primaire

    Consiste dterminer la fois si un vnement est pertinent pour le bien-tre personnel etsi par consquent l'vnement semble faciliter ou menacer certains buts

    a) Elle permet de dtecter ce qui est menace et ce qui ne l'est pas.

    b) Elle correspond l'valuation de la situation en termes d'implication pourle bien-tre de l'individu.

    '* Trois types d'valuations primaires:

    1. la pertinence par rapport au but est lie toute chose constituant un enjeu,cela dtermine l'absence ou la prsence de l'motion et son intensit.

    La situation n'est pas pertinente car elle n'a pas de significationpersonnelle: elle peut alors tre ignore.

    2. la congruence ou non avec le but concerne le fait qu'une situation ou unstimulus est valu comme menaante ou favorable. Cela dtermine l'aspectpositif ou ngatif de l'motion.

    3. le type d'engagement personnel est ncessaire pour distinguer parmiplusieurs motions. Il est li aux valeurs personnelles, l'identitpersonnelle ou sociale ou aux idaux.

    On a ainsi dans ces valuations primaires,

    o Ce qui dtermine la prsence ou l'absence de l'motion. Si celle-ci estprsente, alors ces valuations dterminent l'intensit.

    o Elles dterminent ensuite les motions positives ou ngatives selon que lasituation est favorable au.bien tre ou dfavorable, et enfin,

    o on a le type d'motion qui est li aux engagements personnels, aux valeurs etaux idaux de chacun.

    27

  • Le processus d'valuation secondaire

    Il concerne le processus d'valuation des ressources disponibles afm de faire face lasituation, s'adapter au danger ou encore s'y accommoder.

    Il dpend de l'valuation qui estime dans quelle mesure nous pouvonsinfluencer la relation avec l'environnement pour la rendre meilleure.

    L'ensemble de ces valuations primaires et secondaires donnent lieu ou non telleou telle motion.

    L'motion suscite est donc directement fonction de l'valuation pralable dela signification de l'vnement pour le bien-tre individuel.

    Les motions seraient fonction de la qualit, mais surtout de l'valuation del'interaction de l'individu avec son environnement.

    ~ Ces valuations dpendraient de facteurs situationnels, culturelset de la personnalit.

    Elles seraient influences par les normes, les rgles et lescaractristiques sociales de l'environnement.

    L'motion n'est plus considre comme un produit purement individuel,puisqu'elle serait aussi dpendante de l'environnement social du sujet.

    Nanmoins, le processus fondamental l'origine de la dtermination de l'motionreste un traitement cognitif interne. Ce processus dpend de l 'histoire de lapersonne.

    Les expriences passes, les croyances, les normes sociales vont tre lacl de l'valuation individuelle d'une personne soumise une situationdonne

    -+ Les motions seraient la rponse une signification relationnelle (en termes depertes et gains) entre personne et vnement, suscite la fois par une contrainteextrieure et par les objectifs ou les croyances de la personne elle-mme ...

    28

  • -".,

    5 Zajonc: La production d'une motion ne rclame ni l'intervention de processusd'valuation ni celle de conscience.

    '*- La thse de Zajonc introduit dans le processus de la recherche des causes des motionsune rupture importante par rapport aux thories cognitives des motions.

    '* Pour Zajonc, les motions sont premires

    >- Le prsuppos de base est que la premire raction envers un objet ou unepersonne est une raction motionnelle, la raction cognitive, plus tardiveque la raction motionnelle, soit en dcoule, soit en est indpendante.

    >- Le traitement motionnel peut tre prconscient et pr-cognitif. La ractionmotionnelle rapide permet de prparer l'action de fuir ou de se dfendre,

    >- Les motions n'ont pas besoin de cognition pour se produire.

    >- Le systme motionnel et le systme cognitif sont particulirementindpendants, et, si influence il y a, c'est l'motion qui a la primaut.

    >- Le systme cognitif est postrieur par rapport au systme motionnel.

    Zajonc considre que nous avons d'abord des prfrences quenous justifions ensuite, que nous rendons rationnelles carl'entourage ne cesse de nous questionner sur nos choix, nosdcisions, nos prfrences, etc.

    >- Les motions sont lies la survie de l'espce. Si la slection naturelle a faitque les motions existent toujours au fil de l'volution des espces, c'estqu'elles sont adaptatives.

    L'aspect adaptatif des motions explique pourquoi elles sontnon contrlables par la cognition qui ncessite plus de temps.

    29

  • Jt. Le paradigme de la simple exposition perceptive rpte (Zajonc, 1968) consiste prsenter plusieurs reprises un stimulus donn sans renforcement.

    v" Cette simple exposition rpte est suffisante pour produire chez lesindividus une prfrence pour ce stimulus.

    v" La prfrence est produite par la simple familiarit avec les objets.

    v" Il Y a donc un attrait pour. ce qui est familier par rapport ce qui estentirement nouveau, inconnu.

    Selon Zajonc, ce phnomne est li la survie des espces qui doivent inscrire dans lecomportement des individus cette mfiance envers ce qui est inconnu et donc nouveauqui peut reprsenter un danger.

    Ce mcanisme serait inn, mais modifiable par la culture. Il est nanmoins observde manire systmatique chez tous les individus. Plus de 200 recherches ont teffectus sur :

    Des figures gomtriques, des idographes chinois, des morceaux de musique des odeurs, des visages, etc.

    Elles montrent toutes que la familiarit augmente l'attrait et la prfrence

    }> La familiarit aurait comme fonction de donner des informationspositives et rassurantes sur l'environnement.

    ,}> Les objets non familiers signifient que l'environnementextrieur n'est pas rassurant et peut prsenter une menace pourl'individu par le fait qu'il est inconnu.

    30

  • En 1980, Kunst- Wilson et Zajone ont montr que cette raction de prfrence pour les objetsfamiliers peut mme concerner des stimuli prsents de faon subliminale ( prsentation bientrop rapide pour tre perue).

    L'objectif tait de prouver qu'il ne s'agit pas d'une disposition rflchie, maisautomatique et inaccessible la conscience. Dans ce but,

    1. Lors d'une premire phase de l'exprience, ils ont expos des participantsvolontaires une srie de formes gomtriques irrgulires prsentespendant une dure d'une milliseconde chacune, l'aide d'un tachistoscope.

    2. Lors d'une seconde phase de l'exprimentation, des paires de polygones,constitues d'un polygone dj visionn et d'un autre inconnu, taientprsentes ces mmes participants.

    3. Les sujets devaient d'abord essayer de les reconnatre puis devaient ensuitedire lequel des deux polygones ils prfraient.

    Les formes gomtriques choisies sont trs rarement rencontres dansla vie de tous les jours.

    Elles ne peuvent donc faire l'objet de prfrences antrieures l'exprimentation en laboratoire.

    Les rsultats montrent que:

    ./ Les sujets ne sont pas capables de reconnatre les stimuli.

    Ce rsultat, conforme aux attentes des auteurs, corrobore l'aspectsubliminal de la prsentation des formes gomtriques .

    ./ Lorsqu'on leur demandait lequel des deux stimuli ils prfraient,les sujets slectionnent dans 60% des cas les stimuli prsentsantrieurement de manire subliminale.

    ~ Tout se passe comme si le simple fait d'avoir texpos des stimuli de manire subliminaleproduisait une prfrence non consciente pources mmes stimuli et ce, mme lorsque lesparticipants se montraient incapables de lesreconnatre.

    31

  • A la robustesse des faits observs au laboratoire, des donnes obtenues en milieu naturel ontrajout une validit cologique.

    Dans une tude de terrain, Zajonc et al, utilisant un espace publicitaire dans la presseestudiantine, ont insr les mmes syllabes sans signification diffrentes reprisesdans les journaux lus par les tudiants de deux universits.

    Une post-enqute ralise sur ces lecteurs a montr que:

    o les syllabes qui avaient t prsentes souvent taient juges plus plaisantesque celles qui n'avaient pas t prsentes, ceci alors mme que

    o les tudiants taient incapables de dire s'ils se souvenaient ou non de cessyllabes.

    Selon Zajonc, les. participants ignorent la raison de leur prfrence,c'est--dire l'exposition slective qui a gnr la familiarit.

    Ils sont incapables d'identifier de manire consciente les stimuliprsents durant la phase de l'exposition slective

    Infrences lies l'effet de simple exposition:

    1- Le premier argument invoqu l'antriorit onto et phylogntique en vertu delaquelle l'motion prcderait la cognition s'appuie sur des thories del'volution du cerveau.

    Le bb de dix semaines serait capable d'exprimer des motionsdiffrencies en raction des stimuli visuels, alors que l'on sait qu' cestade, il ne possde pas encore des capacits cognitives.

    L'antriorit de l'motion est prise comme la preuve de la primaut ou dela prcdence de l'affect.

    L'motion existe aussi chez des espces animales chez qui on ne supposepas l'existence d'oprations cognitives complexes.

    32

  • 2- Le second argument invoque l'existence de structures anatomiques etneurophysiologiques distinctes ainsi que des voies directes entre des sensations(comme les sensations olfactives) qui permettraient d'envisager la production del'motion sans faire intervenir des activits ~ognitives.

    3- Le troisime argument d'ordre strictement psychologique porte sur la perceptionsubliminale et la capacit de former une impression affective sur la base de lasimple rptition. Pour Zajonc, la rptition implique la familiarit et lafamiliarit entrane la positivit

    La conclusion de Zajonc selon laquelle les prfrences n'ont pas besoin d'infrencen'est pas gnralisable toutes les tonalits motionnelles.

    Il faut examiner de plus prs les interactions entre motion et cognition en adoptant un pointde vue diffrenci, c'est--dire en tenant compte la fois des diffrentes motions, et desdiffrents niveaux de traitements cognitifs

    o Certaines motions sont plus complexes que d'autres, comme le remords , rclament l'activation simultane de plusieurs niveaux detraitement;

    o d'autres motions ne rclament qu'un minimum de traitement cognitif.

    o Pour une mme motion, la complexit des traitements cognitifs estvariable en fonction du contexte situationnel.

    33

  • Primaut de la cognition (Lazarus) ou de l'motion (Zajonc) ?

    Un malentendu subsiste propos de la notion de cognition:

    Pour Zajonc,

    Il existe un systme motionnel qui opre en dehors de la conscience et un systmecognitif qui opre au niveau de la conscience.

    Il prsuppose que ces deux systmes sont partiellement indpendants.

    ,/ Les caractristiques motionnelles d'un stimulus sont dtectes de manire nonconsciente et subliminale bien avant que le systme cognitif puisse intervenirpour les percevoir de manire consciente.

    ,/ La valeur motionnelle d'un stimulus peut donc tre apprcie sans qu'il y aiteu une laboration cognitive pralable, ou, en tout cas, ne requiert pour trevalue qu'un traitement cognitif rapide et minimal.

    Pour Lazarus,

    ,/ il ne peut y avoir d'indpendance entre conduites motionnelles et conduitescognitives, parce qu'

    ,/ une valuation cognitive est une condition ncessaire toute expriencemotionnelle.

    "... J. ..

    ~ Il s'agit des thories cogniti ves de l' valuation qui partagent le principeque la nature de l'motion est dtermine par une apprciationcognitive o le critre du caractre utile ou nocif pour l'organismed'une transaction avec le milieu occupe une position centrale.

    Plusieurs auteurs ont fait remarquer que cette discussion est inutile cause de l 'ambigut duconcept de cognition .

    34

  • Ce terme peut tre utilis

    ~ dans uns acception trs troite, et il se rfre alors aux processus complexes,conscients, verbaux et contrls ou

    ~ dans une acception trs large dans laquelle il recouvre l'ensemble desprocessus impliquant n'importe quelle forme de traitement de l'information.

    ~ Pour Lazarus et les dfenseurs de sa thorie, la cogmuon peut tre rapide, noncontrlable et inconsciente, ce qui peut donc permettre d'valuer trs rapidement unesituation et de dclencher des ractions motionnelles avant mme que le sujet puisseconsciemment savoir de quoi il s'agit.

    Le traitement cognitif ncessaire pour valuer si une situation a unesignification dangereuse ou agrable pour l'individu peut tre, dans certainscas, global, automatique, rapide et inconscient.

    Les motions peuvent se produire suite un traitementinconscient de l'information.

    ~ La participation cognitive minimale dont parle Zajonc est, selon certains, l'ensembledes processus perceptifs inconscients qui peuvent dterminer une ractionmotionnelle.

    Il s'agit de processus de processus automatiques, rapides et inconscients .

    Bien qu'elles soient trs rapides, nos ractions motionnelles transitentnanmoins par de cognitions qui sont des valuations apprises, soit desactivations de souvenirs passs qui dterminent la raction motionnelleprsente.

    *Rcemment ce dbat a trouv un prolongement au niveau neure-anatomique et certains auteursont mme affirm l'impossibilit de distinguer les structures crbrales responsables desconduites motionnelles de celles ayant en charge les processus cognitifs, cause durecouvrement entre ces deux types de structures.

    Le dbat n'est pas tranch car Zajonc continue considrer que les systmes cognitifs etmotionnels sont indpendants et a situ le dbat sur la perception subliminale au niveaudu dbat sur les liens entre motion et cognition en considrant que ce qui est subliminalrelve de l'motion et ce qui est conscient relve de la cognition.

    35

  • 6- Les thories de l'valuation cognitive et de la diffrenciation des motions: une clpour comprendre le vcu motionnel au travail.

    C'est un vendredi aprs-midi, vous venez d'avoir une semaine charge, vous aveztravaill presque tous les jours jusqu' 20h. Vous vous rjouissez de pouvoir vous relaxerenfin et de passer du temps avec votre famille et vos amis. A 17h30, votre collgue entredans votre bureau et vous demande ce que vous allez faire pendant le week-end, et VQUSlui racontez vos plans. Il vous annonce alors trs firement qu'il travaillera ce week-end: tu sais, en ce moment, la direction est en train de dcider qui va recevoir unepromotion et je voudrais faire bonne impression .

    Comment vous sentez-vous ce moment-l?

    Nos vies sont remplies de situations similaires celle-ci, mats elles peuvent aboutir diffrents types d'motions ou pas d'motions du tout.

    Ce que vous ressentez ne dpendra pas de la situation, mais plutt de l'valuation quevous allez faire de cette situation;

    Par exemple, si obtenir une promotion est ce moment de l'incident est un objectifimportant pour vous, vous vous sentirez alors tiraill (e) entre votre besoin de passerce week-end agrable et votre besoin de rester au travail de sorte que votre collgue nefasse pas meilleure impression que vous.

    Le conflit pourrait vous faire sentir:

    frustrre) ou anxieux (se).

    Vous pourriez aussi vous sentir coupable parce que vous avez promis vosenfants de les amener au cinma.

    Ou vous pourriez utiliser votre exprience passe concernant votre collgue etvous rappeler que malgr toutes les heures qu'il passe au bureau, il n'est en faitni trs efficace, nitrs productif.

    De plus, vous pourriez vous sentir confiantfe) de la qualit de votre travail quidevrait parler pour vous et passer ce week-end au bureau ne devrait pasimpressionner la direction.

    Dans ce cas, vous vous sentirez soulagte) et vous vous- rjouirez l'avancede votre week-end et vous vous sentirez dsolte) pour votre collgue.

    ~ Ces exemples dmontrent que, pour une mme situation,plusieurs scnarios sont possibles.

    36

  • L'objectif de cette partie est d'apporter une comprhension du vcu motionnel au seindes organisations, sous un angle encore peu exploit: celui des thories de l'valuationcognitive et de la diffrenciation des motions.

    Les chercheurs et les managers ont besoin de comprendre comment:

    les individus valuent diffrentes situations de travail,

    leur personnalit, leur motivation, leurs expriences passes, l'entit laquelle ils appartiennent, les normes et la cul ture de l'entreprise, peuventinfluencer ces valuations et les motions qui s'en suivent.

    1.Les thories de l'valuation cognitive dans la recherche organisationnelle

    ~ D'aprs ces thories, l'motion que nous ressentons face un vnement estdtermine par notre valuation cognitive de :

    a) sa pertinence pour notre bien-tre,b) notre capacit de matriser les consquences de cet vnement (Scherer, 2001).

    Ces thories mettent l'accent sur le fait que c'est la signification personnelleque nous donnons des stimuli ambigus dans notre environnement quidtermine l'motion que nous ressentons, et ce travers une valuationcognitive .

    .4,. La thorie des vnements affectifs avance par Weiss et Cropanzano (1996) se basesur les thories de l'valuation cognitive pour avancer que:

    Ce n'est pas l'environnement de travail en gnral qui provoque destats affectifs, mais bien

    les vnements particuliers vcus et interprts par les gens au travail.

    37

  • D'aprs ces auteurs, les motions au travail sont dtermines:

    ./ par une valuation primaire de l'importance et de la pertinence d'unvnement pour le bien-tre du travailleur et

    ./ par une valuation secondaire de sa capacit matriser les consquencesde cet vnement.

    Ce qui est novateur dans l'approche de Weiss et Cropanzano est que leur modlereconnat l'influence :

    o des facteurs individuels (dispositions affectives) et

    o des facteurs contextuels (demandes endognes l'environnementde travail) sur le processus de l'valuation cognitive et de ladiffrenciation des motions.

    Le modle suggre que

    ./ les caractristiques stables de l'environnement du travail (par exemple lesaspects physiques de l'organisation, la nature du travail),

    ./ les dispositions affectives de l'individu (par exemple l'affectivit positive oungative)

    >- peuvent faciliterd'vnements quingatif.

    ou entraver l'occurrence de certains typesseraient sources d'motions et d'affect positif ou

    Ces auteurs suggrent aussi que

    C'est la frquence d'un certain type d'expriences affectives, plus que sonintensit, qui agira de faon cumulative sur les attitudes au travail et sur lecomportement organisationnel.

    Leur modle n'exclut pas que certaines expriences affectives puissent avoirune influence directe sur le comportement.

    38

  • Ainsi, cette thorie nous permet de comprendre de quelle faon :

    o certains vnements au travail peuvent tre source d'motions,

    o les motions ressenties peuvent agir directement ou de faon cumulativesurles attitudes au travail et sur le comportement.

    Dans l'ensemble, les recherches empiriques supportent les propositions labores par lathorie des vnements affectifs.

    Plusieurs chercheurs ont rpertori des vnements qui seraient sources d'motionspositives et d'motions ngatives au travail (e.g. Basch & Fisher, 2000; Fisher, 2002).

    * Basch et Fisher (2000) ont identifia) trois principales sources d'motions positives (joie, fiert, soulagement, etc) :

    .! la russite des objectifs,

    .! recevoir de la reconnaissance et

    .! le comportement des collgues.

    39

    b) trois principales sources d'motions ngatives (colre, irritation, dgot, tristesse,etc)

    .! le comportement des collgues,

    .! le comportements des suprieurs hirarchiques et

    .! les problmes lis l'excution du travail.

    Plusieurs chercheurs ont montr que les effets d'motions et de l'affect positif etngatif sur les attitudes, notamment sur :

    la satisfaction au travaill'engagement organisationnel,l'intention de dpart,la coopration,le climat affectif des quipes de travail ( Fisher, 2002; Grandy, Tarn &Brauburger, 2002; Mignonac & Herrbach, 2004)

  • Si la thorie de Weiss et Cropanzano met l'accent sur l'importance de l'valuation cognitivedans la dtermination d'affects et d'motions au travail, les recherches ont cependant prtpeu d'attention aux composantes cognitives.

    Par ailleurs, si l'on dispose de plus en plus d'tudes empiriques qui dmontrent l'influence del'motion et de l'affect sur le comportement organisationnel, on sait peu de choses sur :

    le rle jou par les valuations cognitives,la manire dont les diffrences interdividuelles ou les aspects contextuelsagissent sur ces valuations.

    Dimensions de l'valuation cognitive

    '*- Lazarus a t le premier faire une distinction entre l'valuation primaire d'un vnement, impliquant le bien-tre de l'individu, et l'valuation secondaire, impliquant la capacit de l'individu matriser la

    situation .

    .Ji!; Dans les annes 1980, un nombre important de thories de l'valuation cognitive et dela diffrenciation des motions ont t formules, chacune spcifiant un nombre dedimensions d'valuation cognitive qui prdiraient mieux la diffrenciation des motions.

    La plus rcente de ces thories est celle de Scherer (2001), elle propose quatredimensions de l'valuation cognitive:

    1 - Pertinence. Cette dimension cognitive implique:

    .1 la dtection de la pertinence d'un vnement pour l'individu,

    .1 la dtection de l'agrment intrinsque d'un vnement,

    .1 une valuation rudimentaire de la pertinence ou de l'importance del'vnement pour les buts ou besoins dominants de l'individu dansl'immdiat.

    Cette valuation s'opre souvent inconsciemment et automatiquement etdtermine le niveau d'attention dvou l'vnement en question.

    40

  • 2- Implication. Cette valuation dtermine les consquences potentielles d'unvnement pour l'individu.

    Elle comprend :

    ,/ l'attribution de causalit ou de la responsabilit de [' vnement,,/ la comparaison entre attentes et rsultats de [' vnement,,/ l'valuation de la mesure selon laquelle ['vnement reprsente une

    opportunit ou une menace pour les besoins, intrts et buts de ['individu.

    L'individu a aussi besoin de dterminer l'urgence d'une action en vuede changer ou de s'adapter l'vnement.

    3- Potentiel de matrise (coping),

    Cette dimension implique la dtermination de :

    ./ la capacit de l'individu influencer ou contrler l'vnement ou sesconsquences,

    ,/ combien de pouvoir l'individu a pour exercer un contrle ou obtenir del'aide d'autrui et

    ,/ la facilit avec laquelle l'individu peut s'ajuster, s'adapter ou vivre avec lesconsquences de l'vnement, aprs que tous les moyens d'interventionpossible ont t utiliss.

    4 - Signifiance normative.

    Cette dimension consiste valuer:

    ,/ la mesure dans l-aquelle un vnement fait dfaut (ou surpasse) auxnormes internes d'un individu, tels que l'idal de soi personnel (attributsdsirables) ,

    ,/ les normes externes perues, les exigences d'un groupe de rfrencepertinent ( la fo is des conduites dsirables. et obligatoires).

    41

  • Dtermination de l'motion

    Les thories de l'valuation cognitive et de la diffrenciation proposent que le type etl'intensit de l'motion dclenche par un vnement sont dtermins par le profil du rsultatdes valuations cognitives.

    Par consquent, il y a potentiellement autant de rponses motionnelles un mmevnement au travail que de manires de l'valuer.

    La colre.

    Emotion qui peut s'accompagner d'une valuation que quelqu'un nous a fait du mal, ce quipeut tre considr comme une offense et tre accompagn d'un sentiment d'injustice.

    Elle implique aussi une valuation du contrle de la situation et ses consquences et peuts'accompagner du sentiment que l'on peut faire quelque chose pour restaurer ses objectifsmenacs par cette attaque (Levine, 1996).

    La colre est une des motions les plus frquentes dans le contexte de l'organisation(Scherer, Wranik, Sangsue, Tran, Scherer, 2004) et peut tre gnre par :

    la manire de recruter le personnel,les valuations de performance effectues en fin d'anne,les licenciements,la manire insultante dont quelqu'un peut demander de faire quelque chose(Lazarus & Cohen-Charash, 20001).l'usage du pouvoir par le management,

    Wranik (2005) a montr que, dans une situation de travail, la colre contresoi-mme est une motion tout aussi frquente que la colre enversquelqu'un d'autre

    De plus, les recherches ont soulign diffrents types de colre:

    la colre peut tre positive et motivante,elle peut tre non adapte et destructrice.a

    42

  • L'anxit.

    Elle est fortement lie une valuation de perte de contrle sur les vnements. Au sein del'organisation, l'anxit pourrait se manifester:

    ./ lorsque l'individu se sent jug par rapport son rle dans l'entreprise,

    ./ lorsque ce rle n'est pas clairement dfini et

    ./ que des changements organisationnels pointent l'horizon (Lazarus &Cohen-Charash, 2001).

    Dans ce contexte, l'anxit pourrait se cacher derrire la colre, carles individus au travail semblent tre plus honteux d'exprimer leuranxit (qui signale une valuation de perte de contrle) que leur colre(qui signale une valuation de contrle).

    La honte et la culpabilit.

    La honte est ressentie lorsqu'une valuation ngative du soi est effectue: on se senthumili, incapable ses propres yeux et aux yeux des autres (Niedenthal, Tangney &Gavanski, 1994).

    La culpabilit implique galement une valuation ngative du soi, mais par rapport desactions et des comportements spcifiques.

    Par exemple,

    lorsqu'on ressent du remords, on regrette les actions rprhensibles que l'on a pueffectuer (Tangney, Miller, Flicker & Barlow, 1996 ; Tangney, 1999).

    Les individus au travail peuvent ressentir de la honte ou de la culpabilitnotamment lorsque leurs propres valeurs sont en conflit avec celle du management(Lazarus & Cohen-Charash, 2001).

    43

  • L'envie .

    L'envie est gnralement ressentie lorsque l'on dsire ce que quelqu'un d'autrepossde (Lazarus, 1991) et que l'on se sent infrieur (Parrott & Smith, 1993).

    4 Si cette motion est associe avec la colre, l'envie peut potentiellement aboutir uneattaque et, si elle dure relativement longtemps, elle entrane une dtrioration desrelations avec les membres de la famille, les amis, ou les collgues de travail.

    .~ L'envie, dans le contexte organisationnel, est gnre par les gains ou la promotionobtenue par d'autres collgues.

    ~ La jalousie, elle intervient lorsque les gains du collgue sont obtenus au dpend de lapersonne jalouse.

    Une des implications de la jalousie, souvent cache, est que la personne qui la ressents'auto-dprcie, en estimant que les gains de l'autre impliquent une limite sespropres succs.

    L'espoir .

    .~ L'espoir contient en partie une valuation d'incertitude.

    ~ C'est une motion tourne vers le futur qui joue un rle cl dans l'adaptation de nosbuts par rapport aux vnements.

    ~ L'espoir est une source vitale trs importante contre le dsespoir.

    ~ Il est gnr dans le monde du travail par des opportunits de carrire, par exemple, oupar une valuation positive de ses comptences pour mieux rsister auxrestructurations impliquant des licenciements.

    La joie et le bien-tre sont deux motions trs importantes dans l'environnement du travail: lajoie de recevoir une promotion, une augmentation de salaire, un compliment ou une relationagrable avec les collgues.

    44

  • La fiert.

    4 La fiert entrane une valuation de mise en avant de l'ego et de l'estime de soi.

    4 Elle peut tre ressentie dans les mmes conditions que la joie, mais concernecependant surtout l'accomplissement de quelque chose, et ce quel que soi leprocessus par lequel on serait pass.

    Les gens qui travaillent dans une entreprise aiment en gnral tre fiers de cequ'ils sont et de ce qu'ils font, et quand cette fiert est dnigre, cela peutmener des comportements contre-productifs pour l'entreprise en question.

    Emotions et comportements.

    Les consquences comportementales de chaque motion dpendront de la manire spcifiquedont elle sera ressentie.

    Frijda (1986) dfinit la tendance l'action comme un tat de prparation pour excuterun type donn d'action .

    Les tendances l'action constituent une composante de l'motion trspertinente pour comprendre les comportements organisationnels potentiels ouraliss.

    Ces comportements raliss ont leur tour un impact sur les relations avec lesautres, car ceux-ci vont ragir en fonction des signaux qu'ils peroivent.

    Cet aspect d'influence mutuelle entre les motions de l'individu et lesattitudes ou agissements de ses interlocuteurs est important lorsqu'ils'agit de prendre en considration les motions gnres dans uncontexte organisationneL

    45

  • En rsum,

    L'valuation cogrutrve et la diffrenciation de l'motion forment un processuscomplexe et dynamique.

    Le processus de l'valuation cognitive est en opration constante, c'est--dire que des valuations sont continuellement effectues afin de mettre jour les informations disposition de l'individu propos d'un vnement(Scherer, 2001).

    Cette valuation cogruuve continuelle peut expliquer les changementssoudains qui peuvent se produire pendant un pisode motionnel, lesquelssont souvent bass sur la rvaluation de l'vnement.

    Les thories de l'valuation cognitive prdisent que:

    .1 le type et l'intensit de l'motion dclenche par un vnement sontessentiellement dtermins par le profil du rsultat de ces valuations,

    .1 les rvaluations sont supposes apporter des changements importants lanature et l'intensit de l'motion rsultante.

    Cela est sous-j acent -la nature dynamique des pisodes motionnels,qui doivent tre considrs comme des processus plutt que comme destats (Scherer, 2000).

    46

  • Emotions modales, classes d'motion et leurs consquences pour les individuset les groupes au sein des organisations.

    '* Le nombre d'motions distinctes n'est pas limit : un petit nombre d'motions de base,

    une srie d'tats positifs ou ngatifs ouau positionnement de l'motion selon des dimensions de valence etd'excitation (intensit hausse/basse),

    Il comprend en fait un nombre bien plus grand de variantes,

    Scherer(1994) a propos le terme d'motions modales pour dcrire desfamilles d'motions partageant des schmas d'valuation cognitive et destendances l'action similaires et rcurrentes.

    '* Tran (2004) a postul que des motions considres comme un chantillonreprsentatif d'motions modales peuvent tre regroupes en quatre classes:

    1. les motions d'accomplissement,2. les motions d'approche,3. les motions de rsignation et4. les motions antagonistes.

    1. Les motions d'accomplissement.

    :~ Ces motions sont reprsentes par la fiert, l'exaltation, la joie et la satisfaction.

    ~ Elles sont ressenties lorsque des individus ont accompli quelque chosepersonnellement ou professionnellement et ont un dsir de clbrer leuraccomplissement avec d'autres.

    ~ Les motions d'accomplissement peuvent tre gnres soit au niveau individuel, soitau niveau collectif.

    Lorsqu'on ressent de la fiert, on s'approprie le mrite de l'accomplissement,mais la fiert peut aussi tre ressentie collectivement et l'identit de tout legroupe s'en retrouve rehausse.

    47

  • '* La joie et la satisfaction donnent un sentiment d'accomplissement lorsqu'un travail at bien fait, ou lors d'une nouvelle tche ou d'un dfi intellectuel, et donnent l'individu et au groupe un sentiment de valorisation et de comptence.

    '* L'exaltation et la joie sont aussi des motions importantes pour le renforcement desliens entre personnes:

    o on se sent plus ouvert, plus rceptif et plus participatif,o on se soucie des autres, ce qui mne davantage de solidarit (Kemper, 1991)

    et rend plus favorable une clbration collective des succs.

    Les motions d'accomplissement peuvent aussi avoir des implications ngatives:

    1~ elles peuvent aboutir une surestimation de son mrite personnel et la stagnation oula complaisance.

    * Lorsqu'on montre sa fiert, il se peut que l'on provoque de la jalousie ou de l'hostilitde la part d'autrui, ce qui peut aboutir des conflits.

    ~ L'exaltation peut engendrer des actions irrflchies, qUI peuvent s'avrer nuisiblespour l'individu ou le groupe.

    * Bien que la joie stimule la crativit et l'intuition, elle peut aussi rduire laperformance intellectuelle. La satisfaction peut empcher l'individu ou le groupe defaire l'effort d'explorer de nouvelles alternatives.

    2. Les motions d'approche.

    4 Ces motions sont reprsentes par exemple par le soulagement, l'espoir, l'intrtetla surp rise,

    ~ Elles sont ressenties lorsque l'on est attentif, alerte, en phase d'exploration, dsireuxd'apprendre et se rjouissant du futur.

    48

  • 4 Lorsqu'on ressent du soulagement, on se sent plutt relax, montrant des signes dedcompression, permettant ainsi l'organisme d'obtenir un regain d'nergie pourfaire face de nouveaux stimuli.

    Dans un contexte organisationnel, les membres d'une quipe quiressentiraient du soulagement aprs l'accomplissement de leurs tchesou l'obtention d'une rcompense se sentiraient redynamiss pours'engager dans la phase suivante de leurs objectifs.

    >* Lorsque l'on ressent de la surprise, il y a relativement peu d'effort physique engag,mais on gagne une certaine clart d'esprit, pendant que notre cerveau absorbel'information, ce qui permet l'individu de se rorienter aprs l'vnement inattenduqui a caus la surprise.

    ,~ L'espoir et l'intrt permettent de soutenir la vigilance et la mobilisation dont lesquipes ont besoin pour avancer.

    Paez, Ascun et Gonsalez (1995) dcrivent l'espoir dans lecontexte de la dictature de Pinochet au Chili comme un outilsocial puissant qui a permis au groupe (dans ce cas-ci la nation)de garder la foi et l'engagement dans ses actions.

    L'intrt renforce les liens entre les personnes, et commel'explique Izard (1991) il s'agit d'un moyen de formation etde maintien d'units sociales ,

    Les motions d'approche peuvent galement avoir des implications ngatives.

    4 Le soulagement, s'il se prolonge, peut aboutir une attitude de retrait;

    .Jb l'espoir, la poursuite d'objectifs irralistes et des actions inappropries ;

    Jt. l'intrt, s'il est trop troitement focalis, la poursuite de plans irralistes, uneattention parse, l'aveuglement ou la dispersion de l'nergie;

    4 la surprise, au blocage de toute autre activit.

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  • 3. Les motions de rsignation.

    4 Ces motions sont reprsentes par la tristesse, la peur, la honte et la culpabilit.

    * Elles sont ressenties au cours de situations telle qu'une perte personnelle (le dcsd'un proche) ou une perte professionnelle (la perte de son emploi ou la restructurationde l'entreprise entranant le dpart de collgues).

    '* Les comportements et les tendances l'action associs la peur sont l'vitement et lafuite.

    o La peur restreint la pense, ce qui peut conduire considrer un nombre limitd'options pour agir, mais peut galement avoir une fonction de signal quipermet ainsi d'obtenir de l'information utile dans l'environnement del'individu ou du groupe.

    o Les comportements associs avec la tristesse sont le retrait, l'apathie et l'appelau soutien d'autrui, ce qui aide l'organisme conomiser l'nergie, afin depouvoir s'adapter aux nouvelles conditions.

    o Lorsqu'on ressent la honte, on voudrait disparatre, on se sent incapable deparler, on est confus ou au contraire, on se met parler de manire rapide,rptitive et mme obsessionnelle.

    o L~ principales. caractristiques de la culpabilit ~t l'action rparatrice.

    o Les motions de rsignation renforcent les liens entre les membres d'ungroupe:

    la tristesse favorise un comportement de protection et uneaugmentation de la cohsion sociale,

    la peur freine les comportements agressifs et runit aussi lesmembres d'un groupe,

    la honte, encourage le comportement prosocial et agit commeune force cohsive, ce qui a pour rsultat d'augmenter le degrde conformit et de responsabilit individuelle .

    . la culpabilit augmente la conformit, renforce les lienssociaux, accompagns d'un sens de l'obligation interpersonnelleet d'empathie.

    50

  • Les motions de rsignation peuvent aussi avoir des implications positives; elles permettentl'octroi d'un temps de rcupration, pendant lequel on peut se radapter aux nouvellesconditions, et viter de s'engager dans des activits trop risques.

    La tristesse ralentit le rythme et l'on se sent alors enclin remplacer des objectifsinatteignables par d'autres plus porte de ses capacits.

    La peur nous permet de rflchir plus prudemment aux risques potentiels, elleconstitue donc une motion adaptative.

    La honte conduit l'amlioration de soi pour viter le sentiment d'incomptenceressenti au cours de l'pisode de honte: cette motion permet de rparer l'idal etl'estime de soi.

    la culpabilit empche que l'on agisse de manire destructive l'encontred'autrui.

    4 - Les motions antagonistes.

    4 Elles sont reprsentes par l'envie (ou la jalousie), le dgot, le mpris ou la colre.

    JI.. Elles sont ressenties lorsqu'on l'on estime que soi ou les siens sont attaqus et que lacause de cette attaque semble injuste:

    4 Les comportements et les tendances l'action associs ces motions sont l'attaque etl'inhibition:

    La colre permet d'tre prt l'attaque .la colre est souvent inhibe pour des raisons sociales,

    L'agression physique est socialement dsapprouve et peut mme tre pume, parconsquent, la colre peut tre remplace par:

    o une agression verbale ou symbolique:

    o une apparence trs calme pour compenser,

    o des comportements passifs-agressifs, par exemple contrer un ordredonn par le chef ou se mettre en maladie.

    51

  • Les motions antagonistes peuvent aussi avoir des implications positives.

    ~ Elles peuvent aider les membres d'un groupe acqurir une certaine confiance etla quantit d'nergie suffisante pour accomplir leurs objectifs ensemble et pourventuellement contre-attaquer avec le but de gagner.

    'l'~ L'envie peut mener une certaine mulation vers un accomplissement positif afinde gagner l'admiration des pairs.

    4,. Le dgot peut servir de signal donn l'individu ou au groupe afin qu'ilschangent leur attitude ou de risquer le rejet s'ils ne le font pas, comme par exemplede maintenir un bas niveau de pollution.

    * Le mpris contribue galement au maintien des normes sociales en mettant unecertaine pression sur les individus dviants.

    4: Un peu de colre amliore la confiance en soi dans certaines situations lorsqu'il estncessaire de ragir l'agression des autres. Le groupe peut gagner en cohsion,car la colre renforce les valeurs groupales.

    En rsum,

    Les classes d'motions nous permettent de construire un tableau de bord des motionspositives et ngatives, et de leurs consquences sur :

    le comportement individuel, le comportement des individus au sein d'quipes, elles-mmes au sein d'organisations.

    Il est intressant d'attirer l'attention sur le fait que

    o les motions positives n'ont pas toujours que de retombes positives et demme

    o les motions ngatives n'ont pas toujours que des retombes ngatives.

    C'est un lment non ngligeable pour celui ou celle qui est amen diriger desindividus ou des quipes.

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  • Influence des diffrences interindividuelles

    ~ Les motions sont en premier lieu un phnomne individuel:

    c'est l'individu qui effectue l' valuation de la situation qui dclencheratelle ou telle motion.

    sa personnalit, ses motivations, sa culture et ses expenences vontinfluencer ces valuations et dterminer le type d'motions que lapersonne prouvera, comment elle rgulera, et agira en consquence.

    ~ Il Ya plusieurs types de diffrences individuelles, mais il existe un consensus gnralsur le fait que la personnalit constitue un des domaines les plus importants la foispour la recherche organisationnelle et pour la.pratique .

    .~ Le consensus repose sur le dveloppement et la diffusion du modle des cinq facteurs(Goldberg, 1993) :

    nvrotisme, extra version, ouverture, agrabilit et conscience

    '[~ Le modle en cinq facteurs offre un cadre potentiellement riche pour la connaissancede la personnalit, mais la recherche sur les processus affectifs au travail s'estprincipalement focalise sur le nvrotisme ou affectivit ngative (NA) et surl'extraversion ou affectivit positive (PA).

    La recherche sur l'affectivit ngative et l'affectivit positive s'est rvletrs utile pour la comprhension des humeurs, des attitudes et de lasatisfaction au travail.

    Pour comprendre les motions, les chercheurs en appellent des modles plus labors.

    53

  • Brief et Weiss (2002) ont suggr aux chercheurs de se pencher sur les mcanismes del'valuation cognitive qui gnrent les processus motionnels.

    Cette approche de l'motion davantage axe sur les processus donne un nouvelclairage sur la distinction tat-trait (souvent ignore dans la littratureorganisationnelle) .

    *' Les humeurs et les motions ont t gnralement tudies sous l'angle de l'approche temprament , qui considre les diffrences interindividuelles comme des traits.

    Cette approche est souvent limite aux descriptions des diffrencesinterindividuelles et offre peu d'information sur l'origine de ces diffrencesou leurs relations des comportements spcifiques.

    Les chercheurs mesurent usuellement un trait affectif (e.g. l'anxit) qu'ilscorrlent ensuite avec une variable dpendante (e.g. la satisfaction au travail).

    ~ Les approches cognitives se concentrent sur les lments perceptuels et conceptuelsperus comme causant l'motion. La question de base de l'approche socio-cognitiveconsiste comprendre comment les individus fonctionnent psychologiquement.

    o Certains chercheurs voient la thorie socio-cognitive en directe opposition avecdes thories du temprament.

    o D'autres considrent que les dynamiques dispositionnelles (les lmentsdescriptifs de la personnalit) et les dynamiques de traitement (lescomportements et les traitements cognitifs lis des traits de personnalit ou des configurations de traits de personnalit) sont complmentaires.

    54

  • D'aprs Mishel et Shoda (1998) les individus se diffrencient sur:

    la manire dont ils se concentrent slectivement sur diffrents lmentsde la situation,

    comment ces lments sont cognitivement et motionnellementencods,

    comment ces encodages activent et interagissent avec d'autrescognitions et affects dans le systme de la personnalit.

    ~ Par consquent, bien que la structure de la personnalit soitstable, les diffrentes units s'activent selon les situations quicontiennent diffrents aspects psychologiques.

    Le point fort de ce type d'approche est de proposer

    ~ une explication des diffrences interindividuelles qui va au-del des traitsde personnalit traditionnels .

    ~ des diffrences stables (ou relativement stables) qui seraient plutt dues la culture, au statut ou aux normes.

    55

  • Si on lie le type de modle socio-cognitif aux thories de l'valuation cognitive et de ladiffrenciation des motions, il devient alors possible de prdire les variables de diffrencesinterindividuelles qui pourraient systmatiquement influencer certaines dimensions ouschmas d'valuation.

    Par exemple, la peur est associe des valuations:

    de pertinence pour les buts de l'individu,d'urgence leve,des valuations de contrle,de pouvoir bas,de l'incertitude.

    .~ Le lieu de travail est gnralement considr comme un environnement comprenant ungrand degr d'incertitude.

    4. De plus, une personne qui estime qu'elle est trs importante ou irremplaable dans lecontexte de son travail pourra valuer beaucoup de situations comme urgentes ouimportantes.

    -4: Si ces valuations sont associes avec une estime de soi basse et un locus de contrleexterne, cette personne risque d'prouver de la peur et de l'anxit au travail plusfrquemment que quelqu'un qui est plus raliste par rapport ses priorits de travail,leur niveau d'urgence ou qui a une estime de soi plus leve avec un locus de contrleinterne.

    ~ Par consquent, sur la base de la recherche effectue sur les diffrentesdimensions et concepts de personnalit, on pourrait spculer que lapersonnalit et les variables de diffrences interindividuelles affectent nonpas les motions, mais plutt les valuations de l'vnement qui provoquel'motion.

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  • Les preuves empiriques et l'utilit de ce type d'approche pour un contexte de travail ont djt partiellement fournies et chacun des programmes de recherche suivants apporte une piceau puzzle.

    Par exemple;

    * Weiss, Suckow et Cropanzano (1999) ont appliqu les thories de l'valuation cognitive etde la diffrenciation des motions des catgories d'motions en relation avec la justiceorganisationnelle.

    Ils ont notamment cr des situations dans un contexte de travail qui sont censesdclencher les motions suivantes: colre, culpabilit, joie et fiert.

    Conformment leurs hypothses; ils ont trouv que:

    o la joie et la fiert sont principalement dues la favorabilit d'unrsultat;

    o la culpabilit est son plus haut niveau lorsque le rsultat estfavorable, mais que la procdure est biaise en faveur duparticipant,

    o la colre est son plus haut niveau lorsque le rsultat estdfavorable et la procdure biaise en dfaveur du participant.

    o les participants se sentent la fois coupables (lorsque la procduretait biaise en leur faveur) et en mme temps fiers du rsultat.

    Ce type de recherche dmontre que

    .-.-,-.Certaines situations peuvent tre creees de telle manire activer certains mcanismes d'valuation bien spcifiques, qui leur tour vont gnrer des valuations et des motions similairespour la plupart des individus.

    Le mme vnement ne va pas tre valu de la mme manirepar tout le monde.

    57

  • 4 Wranic (2005) a tudi comment les diffrences de personnalit pouvaient affecter leursvaluations et motions spcifiques dans une tche de collaboration.

    D'aprs la thorie de l'valuation cognitive, la colre est lie une valuationde pertinence aux buts leve, avec obstruction d'un but importantaccompagne d'une attribution externe et du blme.

    Deux collaborateurs avaient un but commun et important atteindre mais, pourdes raisons ambigus (la tche tait en ralit impossible raliser),n'arrivaient pas terminer leur travail dans le temps imparti et par consquentrecevaient systmatiquement un feedback d'chec.

    Hypothse: les individus qui gnralement attribuent la causalit de situationsngatives de manire externe seraient davantage enclins blmer leurpartenaire pour l'chec et rapporter de la colre, que ceux qui gnralementattribuent la causalit de situations ngatives de manire interne.

    Rsultats:

    Les externes furent plus enclins blmer leur partenaire pourl'chec que les internes, mais rapportrent autant de colre que lesinternes.

    En tudiant les valuations cognitives d'un peu plus prs, on acependant pu constater que

    o la colre rapporte par les internes tait principalementtourne contre eux-mmes,

    o la colre rapporte par les externes tait souvent dirigecontre le partenaire.

    Le fait de blmer le partenaire semblait parfois tre bnfique pourles externes, qui ressentirent moins d'motions ngatives parrapport l'chec que les internes.

    58

  • La tendance gnrale faire des attributions externes pour les situations ngatives et -faire des attributions internes pour les situations positives peut aussi tre considrecomme un trait de personnalit, appel manire optimiste de percevoir le monde(Seligman, 1998).

    L'tude de Vranic suggre que cette stratgie d'explication optimiste,qui s'avre positive dans certaines situations de travail (par exemple-lavente) pourrait aussi s'avrer ngative dans d'autres (e.g. lacollaboration), puisqu'elle est lie la tendance ressentir de la colrecontre son interlocuteur et de le considrer comme responsable del'chec

    L'tude de Vranic montre:

    .1 qu'une mme situation peut induire diffrentes valuations etmotions bases sur une variable de personnalit spcifique (dansce cas le style d'attribution) .

    .1 Cette variable de personnalit n'a influenc que les attributions et leblme .

    .1 Le fait de mesurer les valuations cogmuves et les motions aucours d'une tche dyadique interactive a procur de nouvellesperspectives sur l'motion de la colre au-del du simple mot colre et illustre qu'une disposition de personnalit n'est pasncessairement positive dans toutes les situations de travail.

    ~... ..

    Q Au-del des diffrences de personnalit, des facteurs tels quele statut peuvent aussi affecter les valuations desinteractions vcues au travail et les motions rsultantes.

    59

  • .~ Fitness (2000) tudiant des pisodes de colre entre une personne donne et son suprieur,un subordonn ou un collgue, a pu dmontrer que:

    les individus ayant un statut plus lev dans l'organisation

    ,/ taient plus enclins ressentir de la colre modre concernant soitl'incomptence perue, soit un comportement rprhensible, que desemploys ayant un statut bas.

    ,/ ils valurent rarement les vnements comme injustes et leur ractionimmdiate fut de confronter la personne l'origine de cette raction decolre, plutt que de se mettre en retrait et de ne rien dire.

    ,/ Aprs un pisode de colre, les suprieurs ont, soit entrepris des actionsconstructives pour rsoudre la situation ou ont puni les subordonnsafin de leur apprendre une leon.

    ,/ La plupart furent satisfaits d'avoir rsolu la plupart des pisodes.

    les employs de bas statut

    ,/ furent plus enclins tre davantage en colre cause d'un traitementinjuste que les employs haut statut, et valuer les vnementscomme tant trs injustes.

    ,/ Ils ressentirent des niveaux de haine moyens trs levs l'encontredes personnes les ayant offenss, surtout si l'offense comprenait del 'humiliation, et leur premire raction fut souvent de se. mettre enretrait.

    ./. Aprs un pisode de colre, les employs de bas statut ont maintenuleur distance par rapport aux personnes offensantes et se sont vengsdans l'ide d' tre quittes.

    ,/ Quelques uns furent satisfaits du fait que l'pisode se soit rsolu avecsuccs.

  • q Ces rsultats montrent que l'impact que la colre peut avoir surdes interactions au travail peut tre plus important et plus longpour les subordonns que pour les suprieurs cause de leurmanire d'valuer l'pisode.

    q Ce rsultat est appuy par ailleurs par la recherche effectue surle statut et le pouvoir, qui a dmontr que les individus hautpouvoir ont davantage de lgitimit exprimer et grer leurcolre que les employs bas pouvoir. (Tiedens, 2000 ; Lewis,2000).

    En combinant ces rsultats, il est possible de reconnatre que:

    .! les diffrences de personnalit influencent systmatiquement les valuations etles motions

    .! certains facteurs organisationnels tels que le statut influencent l'valuation quel'on fait d'une situation de mme que l'intensit des motions exprimes et descomportements qui s'ensuivent.

    Ceci entrane plusieurs implications concernant l'tude et la gestion des motions autravail.

    1. Cela signifie que le management peut choisir de changer certains facteursenvironnementaux ou certaines pratiques qui, leur tour, vont influencer lesmotions au travail problmatiques.

    Par exemple, une bonne politique de communication pourrait rduire lesvaluations axes sur l' incertitude, ce qui pourrait rduire l'anxit.

    61

  • 2. Les diffrences interindividuelles pourraient tre repenses en des termes plusgnraux que PA et NA.

    Ainsi, par exemple, le perfectionnisme peut tre considr comme unesurestimation chronique de l'importance et de l'urgence d'une tche, ce quipourrait expliquer pourquoi certains individus ressentent systmatiquementde l'anxit.

    L'optimisme pourrait tre considr comme une surestimation chroniquede la probabilit de succs, ce qui pourrait expliquer les niveaux basd'anxit et les comportements haut risque, etc.

    3. Cela pourrait aussi expliquer pourquoi les suprieurs et les subordonns neressentent pas la colre de la mme faon.

    Par exemple, les employs qui sont systmatiquement en colre ont peut-tre un chef injuste; mais le chef n'value pas la situation de la mmemanire, car il ou elle est perfectionniste et a des attentes leves etirralistes.

    ~ Une intervention de la part d'une tierce personne pourrait aider refocaliser les valuations et les motions des deux parties enprsence, en se basant sur la situation, la personnalit et le statut dechacun.

    62

  • Influence des appartenances aux groupes et l'organisation: les motionsintergroupes.

    Les thories de l'valuation cognitive et de la diffrenciation montrent que l'valuationcognitive d'un vnement ou d'un problme qui nous concerne directement dtermine lesmotions que nous ressentons vis--vis de cet vnement er: tant qu'individus, que noussoyons seuls ou dans uns situation interpersonnelle.

    Mais que se passe-t-il lorsqu'un vnement nous touche directement, non pas en tantqu'individu mais en tant que membre d'un groupe (par exemple, en tant que membred'une organisation) et envers les autres (en tant que membres d'un autre groupe?

    La thorie des motions intergroupes (lET) (Smith, 1993) ; Mackie, Devos & Smith,2000).

    4 Cette thorie postule que le processus motionnel d'une personne en tant que membred'un groupe est identique celui d'une personne en tant qu'individu tel que propos parles thories de l'valuation cognitive, avec la seule diffrence que l'valuation cognitiveimplique le concept de soi social (identit sociale) au lieu d'impliquer le concept de soiindividuel (identit personnelle).

    ~ Les recherches bases sur la thorie lET ont dmontr que le vcu motionnel en tant quemembre d'un groupe est tout aussi intense qu'en tant qu'individu .

    .4- La thorie des motions intergroupes tente d'appliquer les prdictions de l'valuationcognitive au contexte intergroupe afin de mieux comprendre les relations intergroupes.

    63

  • La recherche sur les motions intergroupes peut amener de grands avantages pratiques lors dela gestion des fusions et acquisitions d'entreprises.

    Ainsi, il a t dmontr, lors d'une fusion, que

    .1 ce sont les identits organisationnelles prfusion qui deviennent importantes(Terry & Callan, 1998),

    .1 plus le statut de l'identit organisationnelle prfusion est basse, plus les rponsesaffectives sont ngatives face la nouvelle organisation (Terry &O'Brien, 2001).

    ~ Mieux comprendre de quelle manire la prminence et le statut des identitsorganisationnelles prfusion agissent sur l'valuation des vnements et lesrponses motionnelles face une organisation pourrait permettre aux cadresresponsables de mieux anticiper et grer la fusion.

    L'motion collective

    Il semble pertinent de penser que l'motion porte au niveau collectif peut avoir desconsquences sur l'ensemble de l'entreprise.

    '*- Tout d'abord, il est ncessaire de faire la distinction entre les motions individuelles etles motions collectives dans les quipes et les entreprises.

    o Les motions ont longtemps t considres comme individuelles, comme desexpriences prives;

    o Les occurrences collectives de l'motion sont gnralement vues comme unvnement exceptionnel durant lequel beaucoup d'individus tendent avoirdes motions trs similaires (par exemple vnements sportifs, meutes,catastrophes) .

    Cependant, on peut aisment penser des exemples plus quotidiensd'motions collectives dans les entreprises: la joie de clbrer de bonsrsultats, la tristesse lors de licenciements ou la colre pendant desgrves.

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  • '* Le concept de climat motionnel est suggr pour couvrir ces cas d'motionspartages ou convergentes dans les groupes, les entreprises ou mme la socit engnral ..

    .-i.. Dans une perspective socio-interactionniste,

    de Riviera (1992) a propos une dfinition de ce concept en seconcentrant sur le climat motionnel des nations. Il avance que ceconcept:

    ./ se rfre aux sentiments et aux comportements collectifs,

    ./ la manire dont tous les membres d'une socit sont relismotionnellement (par exemple, un climat motionnel peut trenomm climat de peur ou de joie; climat hostile, bienveillant oude solidarit).

    Paez et al. (1995) proposent une dfinition d'un climat motionnelcomme tant d'humeur collective , caractris par:

    ./ la prdominance de certaines motions (par exemple joie et

    colre vs tristesse et peur),

    ./ la prdominance de reprsentations sociales ou croyances que lanation en question a sur le monde (positives avec confiance vsngatives avec mfiance) et sur le futur (optimisme et espoir vspessimisme et dsespoir) partages par une sous-culturespcifique,

    ./ la prd