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  • Revue de la SAPFESU

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    Comisin directivaPerodo 2012-2014

    Presidenta: Rosana Pasquale Universidad Nacional de LujnVicepresidenta: Alicia Tissera Universidad Nacional de SaltaSecretaria: Daniela Quadrana Universidad de Buenos AiresTesorera: Silvia Delayel Universidad Nacional de QuilmesSecretaria de Actas: Mara Fabiana Luchetti Universidad Nacional de LujnSecretario de Relaciones Pblicas: Elisabeth Viglione Universidad Nacional de San LuisVocal 1: Mara Laura Perassi Universidad Nacional de CrdobaVocal 2: Laura Marziano Universidad Nacional de SaltaVocal Suplente 1: Raquel Partemi Universidad Nacional de CuyoVocal Suplente 2: Mnica Ponce de Len Universidad Nacional de TucumnJunta Revisora de Cuentas: Liliana Morandi Universidad Nacional de Ro CuartoMara Elena Ceberio Universidad Nacional de Ro CuartoMnica Vidal Universidad de Buenos Aires

    Directrice de la publication: Estela Raquel Klett Universidad Nacional de Buenos Aires > [email protected]

    Rdactrice en chef: Ana Mara Gentile Universidad Nacional de La Plata > [email protected]

    Revue de la SAPFESU Sociedad Argentina de Profesores de Francs de la Enseanza Superior y UniversitariaISSN 0327-8964SAPFESU. Personera jurdica No 8012/82. Fundada en diciembre de 1979. Miembro de la FIPF. Ao XXXII Nmero 37 Septiembre 2014. Buenos Aires, Argentina

    Adresse lgale: Instituto Superior del Profesorado Joaqun V. Gonzlez, Ayacucho 632 (1026), Buenos Aires, Argentina.Information et adhsion: sapfesu-arg.fipf.org [email protected]

    Hecho el depsito que marca la Ley 11.723.

    mailto:eklett%40filo.uba.ar?subject=mailto:anamariagentile%40gmail.com?subject=http://sapfesu-arg.fipf.org

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    Comit scientifiqueIrma Bioujout de Azar Universidad Nacional de La Plata (Argentine)Isabel Alvarado Universidad de Concepcin (Chili)Philippe Blanchet Universit de Rennes (France)Monique Lebrun-Brosard Universit du Qubec Montral (Canada)Eliane Lousada Universidade de So Paulo (Brsil)Laura Masello Universidad de la Repblica (Uruguay)Ligia Saniz de Torrico Universidad Mayor de San Simn (Bolivie)

    Comit de lectureBeatriz Cagnolatti Universidad Nacional de La PlataAna Mara Filippini Universidad Nacional de CuyoMarta Lucas Universidad de Buenos AiresMara Laura Perassi Universidad Nacional de CrdobaAlicia Tissera de Molina Universidad Nacional de SaltaElizabeth Viglione Universidad Nacional de San Luis

    Sommaire

    Lecture lcran : la recherche darticles scientifiques dans des catalogues numriques ................................................................... 7Teresa Acua

    De lhistoire des toponymes dArgentine et de France ................................ 25Mara Victoria Alday

    La traduction en espagnol dEntre les murs : une analyse descriptive ................................................................................ 40Julia Barandiarn

    La dimensin social del lenguaje escrito: anlisis de una escena de lectura ................................................................ 66Mara Ignacia Dorronzoro

    Formation des enseignants et plurilinguisme : quels moyens peut-on se donner ? .............................................................. 80Estela Klett

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    Dfigement dans le discours journalistique ................................................. 91Anna Krzyanowska

    Les notes en marge des manuels : un clairage sur les usagers ......................................................................... 102Rosana Pasquale

    Des alexandrins au quotidien ...................................................................... 120Rmy Porquier

    La lecture-comprhension en milieu universitaire : une exprience autour des activits de rflexion ...................................... 142Daniela Quadrana

    Les auteurs des articles sont responsables de leur contenu.

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    ditorial

    La Revue de la SAPFESU en mutation

    Un an dj que la Revue de la SAPFESU a commenc sa mutation. Comme nous le disions dans notre ditorial de novembre 2013, nous avons opr plusieurs changements. Dune part, nous avons largi le comit scienti-fique et le comit de lecture, celui-ci variant au gr des thmatiques abor-des par les auteurs dans leur contribution. Dautre part, nous avons mis en ligne la revue qui peut tre consulte sur le site de la Fdration Inter-nationale des Professeurs de Franais (FIPF). Nhsitez pas la feuilleter et la tlcharger partir de : < sapfesu-arg.fipf.org/revues >. Un exemplaire papier de notre publication a t remis aux auteurs et aux bibliothques des institutions rattaches au franais. La revue en ligne a t commente par lAgence universitaire de la francophonie (AUF) ce qui lui a certaine-ment permis daugmenter sa visibilit ltranger.

    Dans lide dapprofondir la rnovation de notre revue, nous signalons quil y a dans le prsent numro deux contributions internationales. Lune est franaise, ce qui nest pas nouveau car on en avait dj eues dans le pass. Mais, une autre arrive de la Pologne. Nous sommes trs fires de lappui des collgues argentins qui ont rpondu en temps voulu lappel contributions et de la rpercussion de notre association qui a attir la collgue polonaise.

    La revue de la SAPFESU est notre carte de prsentation dans le monde scientifique. Parue depuis XXXII ans de faon ininterrompue, elle consti-tue un espace ouvert et dynamique qui contribue la sauvegarde du fran-ais et des tudes francophones. On fait connatre des travaux contrastifs,

    http://sapfesu-arg.fipf.org/revues

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    des essais, des recherches et on les partage avec nos collgues traduc-teurs et enseignants ainsi quavec nos lves. Notre revue nous permet de prouver que le franais occupe une place importante au niveau tertiaire et universitaire, cap qui sera tenu contre vents et mares.

    Estela KlettDirectrice

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    Lecture lcran : la recherche darticles scientifiques dans des catalogues numriques

    Teresa AcuaFacultad de Lenguas

    Universidad Nacional del [email protected]

    Rsum : La lecture lcran dclenche des phnomnes perceptifs et cognitifs qui sont absents dans la lecture dun texte papier. Si ces phnomnes perturbent la lecture en LM (langue maternelle) provoquant par exemple des difficults retenir linformation dans la mmoire et la situer dans son contexte, ils engendrent en LE (langue trangre) des difficults encore plus gnantes. Do la ncessit de rorienter nos pratiques denseignement afin que nos apprenants puissent profiter part entire des bienfaits de lre numrique. Pratiquant une pdagogie attentive aux besoins des apprenants des tudiants universitaires des cours de lecture de textes de spcialit en FLE, nous avons conu des activits de classe destines les guider dans leur recherche darticles scientifiques dans des catalogues lectroniques.

    Mots-cls : langue trangre, lecture lcran, catalogues numriques, articles scientifiques

    1. Introduction lheure actuelle, lInternet met la disposition des usagers de multiples sources dinformation scientifique, dont les articles de recherche de revue spcialise. Ces publications tant rpertories dans des catalogues lec-troniques (< http://www.openedition.org/8864?lang=fr > par exemple), la recherche dun article scientifique semble aise de prime abord puisque la page daccueil de ces catalogues, de type descriptif, utilise beaucoup de termes transparents appartenant au lexique spcialis et que les particularits propres une culture sy trouvent estompes. En outre, la lecture dun catalogue papier tant relativement simple pour un appre-nant dbutant en FLE, comme cest le cas de nos tudiants luniversit, on peut penser que celle dun catalogue numrique le sera aussi. Cepen-dant, lors dune exprience de classe, nous avons constat que cette tche avait vraiment dsorient nos tudiants tout en risquant de les dcoura-ger dans leur parcours dapprentissage. En effet, il na pas t facile pour

    mailto:zuchena%40yahoo.com.ar?subject=http://www.openedition.org/8864?lang=fr

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    nos apprenants lecteurs en LE de se reprer dans larchitecture globale de la page lcran : la varit des sources informationnelles et la profusion dhyperliens offerts leur curiosit leur ont rendu difficile laccs lin-formation et les ont empchs de trouver un article scientifique adapt leurs intrts et leurs besoins de lecture. Cest ainsi que nous avons mis sur pied des activits de recherche darticles scientifiques relevant des sciences humaines et sociales, dans des catalogues lectroniques, adap-tes au niveau de langue des apprenants, des dbutants en FLE.

    Ainsi, dans une premire partie de notre travail quelques lignes sur le dis-cours scientifique et larticle de recherche souligneront limportance de la lecture de ce genre par des tudiants universitaires (3 ans de forma-tion universitaire en moyenne). Ensuite, nous passerons en revue certains concepts concernant la lecture sur papier et la lecture lcran dvelop-ps dans le domaine de la psycholinguistique et des neurosciences : ces travaux nous permettront de mieux comprendre certains phnomnes dordre perceptif et cognitif qui sont luvre pendant la lecture lcran et par consquent dclairer notre dmarche pdagogique.

    Dans une deuxime partie nous rendrons compte dexpriences pdago-giques ralises auprs dun groupe dtudiants universitaires hispano-phones dont lunique accs au FLE est la lecture1. Ces expriences ont mis en vidence la ncessit de mettre en place des dmarches pdagogiques adaptes aux nouvelles formes de lecture quimpose le web.

    2. Le discours scientifique et larticle de recherche en tant que genreLarticle de recherche constitue un genre discursif particulier qui est de plus en plus tudi au sein des sciences du langage (Courant ESP, Swales, 1990, Poudat 2006, Defays et Englebert, 2009).

    Dans ces tudes, la notion de genre est centrale. Ainsi, pour Bakhtine (1986), les genres sont des formes compositionnelles dnoncs, stabilises et cris-tallises historiquement, se caractrisant par leur contenu thmatique, leur style et leur construction compositionnelle. Divers auteurs ont soulign que le genre ne peut pas tre tudi en considrant ses proprits linguistiques uniquement, car il y a quelque chose en plus dans un texte qui fait par exemple que certains articles scientifiques soient lus et envisags comme le compte-rendu dune recherche, et non comme des textes littraires.

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    Pour tudier un genre, une approche interdisciplinaire articulant les fac-teurs sociaux qui dterminent un genre et les proprits linguistiques qui le caractrisent (Poudat, 2006) reste incontournable. Pour cette auteure le palier de description adquat pour un genre est le texte, car il sagit dun objet produit et attest dans une pratique sociale dtermine.

    Swales (1990), dans un travail pionnier, a tudi notamment lintroduc-tion des articles de recherche des sciences dures ou humaines, tout en analysant les modalits selon lesquelles les particularits de ce genre commandent les choix grammaticaux des auteurs (au niveau phrastique ou propositionnel). Cet auteur a identifi au niveau macro-textuel, des tapes prototypiques du genre, quil a intgres dans son modle CARS ( Creating a Research Space ), ou modle des Moves and steps . Ce modle explique les moyens discursifs par lesquels les auteurs justifient et mettent en valeur leur propre contribution au domaine de recherche : tout dabord, ils tablissent le sujet de recherche et fournissent une syn-thse des recherches prcdentes; ensuite, ils signalent les trous ou les points faibles qui vont justifier leur propre recherche. Cet auteur propose ainsi trois mouvements ( moves ), chacun dentre eux contenant une srie de steps :

    1er. Mouvement : tablir un territoire dans la recherche

    2me. Mouvement : tablir une niche

    3me. Mouvement : Occuper la niche2

    Ce modle est largement utilis dans les tudes sur le discours scienti-fique menes par le courant ESP ( English for Specific Purpose )3. Selon Poudat (2006), les tudes ESP considrent les communauts scientifiques comme des communauts de discours (Swales, 1990). Une communau-t de discours est socio-rhtorique, et constitue par un groupe de per-sonnes se rassemblant afin de poursuivre des objectifs suprieurs ceux de socialisation et de solidarit. Dans cette perspective, les genres ont une importance primordiale, dans la mesure o ils reprsentent des instru-ments permettant la communaut de poursuivre ses objectifs. Larticle scientifique est ainsi conu comme un instrument autorisant le partage des connaissances et lexpertise du discours.

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    Cependant, selon Poudat (2006), la production de discours savant ne se-rait pas immdiatement lie un dsir de connaissances : elle schan-gerait contre la notorit lintrieur du milieu scientifique (Poudat, 2006 : 46). Pour Bourdieu (1976, in Poudat, 2006) la communaut scienti-fique est un champ, et le champ scientifique est un march, le lieu dune concurrence acharne dont lenjeu est le monopole de lautorit scienti-fique dfinie comme capacit technique et comme pouvoir social.

    En ce qui concerne la pratique enseignante, il est important denvisager les activits dinterprtation dun texte par nos tudiants comme des op-rations mentales guides en grande partie par la dimension sociale des genres, plus prcisment par leur reprsentation sociale, qui est variable selon les poques et les cultures.

    3. Lecture sur papier et lecture sur cran : perspective psycholinguistique3.1. La lecture sur papier Lactivit de lecture tant en LM comme en LE est un processus dans lequel prennent part des habilets et des capacits de nature orthographique, lexicale, morpho-syntaxique, discursive et conceptuelle. En LE, contraire-ment ce qui se passe en LM, lorsque les individus abordent la lecture dun texte, ils consacrent une part importante de leurs ressources cogni-tives au traitement des aspects littraux du texte ; ces activits de bas niveau interagissent faiblement avec les activits relevant des processus de haut niveau (Acua, Noyau, Legros, 1993, Acua, 1999).

    Pour comprendre un texte, il faudra, dune part intgrer les donnes informationnelles des diffrents mots et des diffrentes phrases en une reprsentation unique et cohrente -la signification de ce qui est dit par le texte4, et dautre part, combiner, par un processus de construction, les informations explicites du texte et les informations gnrales et spci-fiques provenant dautres sources mmoire long terme et contexte pour produire une reprsentation de la situation dcrite par le texte. Cette construction relve de la mise en oeuvre dinfrences (Bransford et Franks, 1971; Bransford, Barclay et Franks, 1972). La fonction dun mo-dle est de rendre explicites les objets, les proprits et les relations au sein dune situation. La structure du modle correspond la structure de la situation, et non pas la structure linguistique du discours (John-son-Laird, 1983).

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    Si lintgration des donnes textuelles et la construction dune reprsen-tation situationnelle sont plus ou moins videntes chez les lecteurs en LM, il nen est pas toujours ainsi chez les lecteurs en LE. Cest surtout la difficult mener des activits en parallle -traitement des particularits orthographiques et des configurations syntaxiques particulires la LE, accs lexical, rtention dans la mmoire court terme, etc.- qui rend diffi-ciles ces processus. En LE, la matrise insuffisante des oprations lies la manipulation du code graphmique (Cziko, 1980, Acua, 1999) perturbe, voire empche lutilisation des stratgies fondes sur des oprations de haut niveau lies aux aspects discursifs du texte. Il en rsulte que la com-prhension du texte est perturbe.

    Cest pourquoi toute proposition didactique en FLE se doit de tenir en compte cette complexit ; elle demande une approche transdisciplinaire dans laquelle la linguistique et la psycholinguistique soient en rapport avec la didactique. Cest surtout lorsquil sagit de faire face aux difficults pen-dant la lecture de nos tudiants que cette approche devient ncessaire.

    3.2. La lecture lcran Le livre imprim est un monde matriellement fix et ferm sur lui-mme ; il suffit de le feuilleter pour que le titre, lauteur, le nom de chaque cha-pitre, la table des matires, etc. apparaissent sous nos yeux. Cet ensemble de donnes nous permet de nous reprer dans un contexte de lecture qui fournit linstant toutes les indications ncessaires pour construire, dans notre tte, les relations intra-textuelles ncessaires lintgration des in-formations, bref, pour construire une reprsentation densemble de toute loeuvre. lintrieur de louvrage, la nature mme de limprim impose un mode de lecture linaire et squentiel o la recherche du sens est pro-gressive : le lecteur suit une trame logique qui correspond la pense or-ganise de lauteur. Ainsi le sens est le produit du texte , le risque tant la soumission non critique ce qui est dit par lauteur. Par ailleurs, selon Soriano (2008) la clture du livre papier permet au lecteur dtablir des liens imaginaires avec un univers qui le dborde de toutes parts , car tous les bons livres dclenchent une interactivit symbolique .

    lcran lectronique, la lente laboration dune reprsentation men-tale nexiste plus : la navigation sur Internet permet dactiver de manire instantane une multiplicit de liens qui, au gr de la curiosit du lec-

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    teur, apparaissent et se succdent les uns aprs les autres dans un par-cours riche dinformations et dappels des trajets de lecture diversifis. Cependant, malgr le plaisir quon prouve surfer sur le web, le lec-teur non prvenu risque de sgarer dans un labyrinthe dinformations si, faute de prcautions, il ne prend pas le soin de chercher, dans chaque nouvelle page qui se droule lcran, des repres utiles susceptibles de laider reconstruire le contexte de linformation, la source nonciatrice et la perspective adopte par lauteur, bref, il doit laborer non seule-ment une reprsentation cohrente de ce quil lit, mais aussi un modle de la source (Tricot, 2011). Enfin, pour que sa lecture laisse des traces dans sa mmoire, il doit construire, partir de ces repres, une repr-sentation mentale de lensemble des liens parcourus. Mais surtout, pour ne pas tomber dans une lecture erratique, il doit garder lesprit lobjec-tif quil sest fix pour son itinraire. Hlas, daprs de nombreux auteurs (in Tricot, 2011), cela narrive que trs rarement. Certains phnomnes dordre perceptif et cognitif empchent la plupart des internautes non seulement de construire le contexte densemble organisant les hyper-liens activs, mais surtout dapprofondir la comprhension du sujet abord. Dans les faits, des fragments dinformation sont isols de leur contexte et de lensemble auquel ils appartiennent. La lecture face lcran devient discontinue, segmente, le fragment ne permettant pas dapercevoir la totalit du sujet trait.

    Du point de vue des processus cognitifs, selon Biagini et Carnino (2010), la lecture lcran induit une hyper-attention , qui soppose lattention profonde que ncessite la lecture linaire sur papier, attentive et concen-tre. Le livre papier est un point dancrage pour une pense cohrente et articule. Cest une facult cognitive qui est en train de disparatre au profit de lhabilet informationnelle.

    Daprs les recherches de Gary Small5 (in Testard Vaillant et Bettayeb), la lecture sur cran entrane un surcrot dactivit neuronale et une sur-charge cognitive : en effet, les centres du cerveau qui contrlent les prises de dcision et les raisonnements complexes sont plus sollicites que pour une lecture sur papier.

    Un autre risque que prsente la lecture numrique concerne la mmo-risation : les actions et les prises de dcision sollicites par la lecture lcran (cliquer ou non sur un lien pour poursuivre sa lecture, drouler ou

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    non un nouveau texte) affecteraient la mmorisation du contenu (Tricot, 2011). Il y aurait aussi une diminution de la mmoire spatiale du texte en raison du droulement permanent des textes. Dans un texte ou un livre papier, la fixit matrielle de la page aide le lecteur sy reprer spatia-lement, ce qui renforce la mmoire de travail, si bien que souvent, on se souvient de lendroit prcis o lon a trouv une information.

    Selon Baccino (2010), la vitesse de lecture sur cran diminue de 25 % par rapport celle sur papier. En effet, lcran tant rtro-clair, cette lumi-nosit perturbe la visibilit des lettres : la prise dinformation visuelle se voit dgrade car loeil est oblig effectuer davantage de fixations. Ainsi, lidentification des mots et lintgration de linformation sont affectes. Ceci entrane une dsorientation cognitive.

    3.3. Les catalogues lectroniques : rpertoire de revues scientifiques lheure actuelle, ldition numrique des articles scientifiques est le moyen privilgi de diffusion des connaissances, et de ce fait elle consti-tue le passage oblig de toute revue scientifique qui prtend tre lue par la communaut scientifique (voir Titre 2.). Ldition lectronique de ces publications est diffuse par lInternet dans des catalogues lectroniques : ainsi, le CNRS publie < http://www.cairn.info/mqio > qui propose des pu-blications scientifiques dites ou non par le CNRS ; dautres sites comme < http://www.openedition.org/8864?lang=fr > ; < http://www.persee.fr/web/revues/home > ; < http://www.erudit.org/revue/ > peuvent aussi tre consults pour la recherche dune revue ou dun article scientifique. Les articles recenss par < http://www.openedition.org/8864?lang=fr > peuvent tre consults et tlchargs de faon entirement gratuite ; dans les autres sites les articles des dernires annes sont payants, et on ne peut consulter et tlcharger que des articles publis depuis plus de trois ou quatre ans.

    Pour un public dtudiants universitaires intresss lire des articles scientifiques, il va de soi que la lecture sur Internet constitue souvent le seul moyen davoir accs aux publications scientifiques, la version papier tant impossible de trouver dans une bibliothque universitaire. Cepen-dant laccs cette multiplicit de publications devient difficile en raison des difficults lies leur faible niveau de connaissances du FLE et de lab-sence dune comptence de recherche de ces articles sur Internet.

    http://www.cairn.info/mqiohttp://www.openedition.org/8864?lang=frhttp://www.persee.fr/web/revues/homehttp://www.persee.fr/web/revues/homehttp://www.erudit.org/revue/http://www.openedition.org/8864?lang=fr

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    4. Les cours de lecture comme unique accs au FLE luniversitDans mon universit, de mme que dans la plupart des universits dAr-gentine, les tudiants de deuxime et de troisime cycle doivent passer une preuve de lecture dun article scientifique pour obtenir leur diplme. Depuis plus de trente ans, des mthodologies denseignement-apprentis-sage centres sur le dveloppement dune comptence lectrice comme unique accs une LE ont t cres, appliques et values dans plu-sieurs universits argentines : les rsultats montrent que des tudiants dbutants ou faux-dbutants en FLE, au bout de 120 heures de cours, ar-rivent lire et interprter des textes scientifiques complexes.

    Le point de dpart de cette mthodologie consiste souvent en lapproche globale dun texte, dans laquelle il sagit de faire centrer lattention des tudiants sur les lments visuels saillants (titre, inter-titres, images, etc.) afin de constituer une reprsentation mentale globale (voir Titre 3.1.) de ce qui est dit dans le document. Les premires activits de lecture sont ef-fectues partir de textes dont la thmatique est connue des apprenants et dont le nombre de mots transparents est important, ce qui permet de prsenter et dacqurir progressivement les mots-fonction (prpositions, connecteurs, etc.) qui eux, ne sont pas transparents et dont plusieurs ont la fonction dorienter linterprtation du discours. Les textes de dpart sont souvent des sommaires, des tables de matires, des catalogues de publications scientifiques.

    En ce qui concerne ce dernier type de document, en voici, titre dexemple, lune des pages du catalogue Uni-Presse en dition papier :

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    Dans le cadre dune mthodologie denseignement-apprentissage qui in-clut des tches effectuer par les tudiants, nous avons propos nos tudiants, la consigne suivante :

    En utilisant les informations de Catalogue Uni-presse , prparez la pr-sentation de la revue de votre choix.

    Cette lecture na occasionn que quelques difficults concernant le code linguistique, et les tudiants ont ralis cette activit avec succs.

    4.1. La recherche dun article scientifique dans un catalogue numriqueCompare au catalogue version papier ci-dessus, la page daccueil du ca-talogue numrique Openedition semble, premire vue, bien plus facile comprendre ( < http://www.openedition.org/8864?lang=fr >) :

    En effet, on y voit un moteur de recherche, une liste de priodiques, et droite lencadr TRI, dont la plupart des mots sont transparents.

    La page daccueil du site < http://www.persee.fr/web/revues/home > (voyez la page suivante) est quand mme plus complexe, dans la mesure o un descriptif accompagne le nom de chaque publication, ce qui la rap-proche du catalogue papier.

    Cependant, lapparente facilit de lecture de ces pages daccueil pour-rait dsorienter un lecteur en LE novice, car il sagit de lire bien sr, mais

    http://www.openedition.org/8864?lang=frhttp://www.persee.fr/web/revues/home

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    surtout dinteragir avec les lments de la page. Ceci demande de casser la linarit de la lecture sur papier ; en effet, le regard doit parcourir la page lectronique dans tous les sens la recherche des donnes infor-mationnelles que le lecteur a dj dans sa tte et qui lont pouss ou-vrir le site en question. Il sera forc de balayer du regard toute la page : de haut en bas et de bas en haut, de gauche droite et inversement. Cette recherche se voit entrave par certains lments que propose le site et qui ne figurent pas dans un catalogue papier, comme le moteur de recherche, les possibilits deffectuer un tri selon par exemple le type de publication (revues, cahiers, bulletins) ou des liens divers vers des publications, etc. Cest ici que le lecteur doit faire appel ses capacits dinteraction avec la machine. Cet ensemble de savoirs et de savoir-faire sont vidents chez lusager des catalogues lectroniques en LM ; cepen-dant nous avons observ lors dune premire exprience de classe que nos tudiants taient compltement dsorients, voire bloqus face lcran, mme sils taient habitus utiliser des moteurs de recherche dans leur langue maternelle et sils avaient pu raliser avec succs lacti-vit propose pour le catalogue papier. Ce constat a mis en vidence la ncessit de dvelopper, chez nos tudiants, une comptence dinterac-tion avec un site web en FLE.

    4.2. Vers une comptence dinteraction avec le web en FLELe dveloppement dune comptence dinteraction avec un site web en FLE doit tre guid et progressif. Mais surtout, il doit sinscrire, comme tout ensemble dactivits pour la classe, dans un projet personnel de

    La page daccueil du site persee.fr

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    lecture de lapprenant. Ce projet consiste en grandes lignes lire des ar-ticles scientifiques de la spcialit disciplinaire de chaque tudiant. Dans la pratique, ce projet saffine et se prcise au fur et mesure que chaque tudiant est confront la multiplicit de thmatiques, dauteurs et de courants scientifiques que propose le web dune part, mais mesure aussi que les comptences lies au code linguistique se dveloppent. Ltudiant doit effectuer un double travail : au niveau affectif et concep-tuel, il sagit de rflchir sur ses propres motivations et besoins de lec-ture et sur le(s) parcours qui lamneront les satisfaire, cest--dire, sur les dcisions prendre chaque fois quil devra cliquer sur un lien web ; au niveau linguistique, il sagit dapprendre se servir des moyens langa-giers dune LE pour atteindre son objectif de lecture ; parmi ces moyens, le lexique de spcialit constitue souvent la cl qui lui donnera accs aux informations recherches.

    4.3. Des activits denseignement-apprentissage adaptes au webNous avons propos ces activits deux groupes dtudiants : pour le premier groupe la lecture constituait lunique accs au FLE, le second groupe tait constitu dtudiants sinitiant aux quatre comptences. Dans la classe, la premire activit consist montrer au groupe-classe la page daccueil de chaque catalogue lectronique : les tudiants ont pris leur temps pour parcourir des yeux les informations figurant dans chaque site, mais nous nous sommes surtout arrte sur le site dont larchitecture densemble est la plus simple : celle du catalogue Openedition < http://www.openedition.org/8864?lang=fr > (voyez la page suivante).

    http://www.openedition.org/8864?lang=fr

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    Nous avons attir leur attention sur le contenu du catalogue et en par-ticulier sur le moteur de recherche (que nous avons encadr ), sur le TRI (encadr ) et la liste, par ordre alphabtique, des publications. Cette liste contient toutes les revues (au nombre de 412) et de collections (livres, carnets, vnements, environ 27.000) de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. Il va sans dire que ces quantits font tour-ner la tte nimporte qui saventurera drouler cette liste!

    Nous les avons quand mme incits cliquer sur quelques unes de ces publications, par exemple Acquisition et interaction en langue trangre (AILE) ce qui les a amens au site de la revue :

    La page daccueil du site openedition.org

    http://www.openedition.org/157

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    Cette publication, et dautres, videmment, ne correspondait pas aux in-trts de lecture des apprenants de sociologie, de droit ou dhistoire. Ain-si, comme lors de ce premier contact avec des catalogues lectroniques il sest avr difficile, voire impossible pour la plupart des tudiants de trou-ver un article adapt leurs intrts, nous leur avons propos, dans une deuxime exprience de classe, une grille dexploration dun catalogue web, dont les activits sollicites devraient les conduire, par des tris suc-cessifs dans une dmarche dessais et derreurs, larticle souhait.

    Acquisition et interaction en langue trangre

    http://www.openedition.org/157

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    Site web

    Recherche Rsultats de la recherche

    (a) TRI/FILTRE:

    Transcriba

    las categoras

    marcadas en el

    filtro:

    (b) MOTEUR

    DE RECHERCHE:

    Qu palabras

    escribi en

    recherche

    (c)

    La pgina

    ofrece

    termes

    associs?

    (d) ARTICLES:

    Proporcione 5

    nombres de

    artculos

    relacionados

    con su tema

    (pertenecientes

    a diferentes

    revistas) y el

    sitio web

    (e) REVUE:

    Nom de la

    revue et

    adresse

    lectronique

    Les tudiants devaient rendre compte de leur parcours de recherche, tout en transcrivant dans chaque colonne le rsultat de chaque activit sollici-te. Il fallait chercher 5 articles.

    Pour chaque article ils devaient :

    - entrer dans un catalogue lectronique et noter le site web (1re colonne) ;

    - effectuer lactivit de recherche elle-mme : colonnes (a) (d) :

    a- tout dabord, il fallait trier les catgories figurant dans la liste TRI ( droite de la page web, encadr ) : il fallait surtout cliquer cat-gories francophones , et Les Revues . De prime abord, ces choix semblent vidents, cependant certains tudiants nayant pas fait at-tention cette liste, en ont fait limpasse et ont transcrit, dans les co-lonnes Rsultats de la recherche (d et e), des articles en portugais ou des titres de livres, voire des appels des colloques.

    b- ensuite, les tudiants ont d crire des mots en franais dans le mo-teur de recherche (en haut, droite dans la page web, encadr ) ; pour effectuer cette activit il fallait chercher dans un dictionnaire en ligne le lexique franais correspondant la thmatique de recherche. Par exemple, des mots tels que tat , psychologie , dont lortho-graphe est proche de celle de lespagnol, ou des mots criture assez diffrente de celle de la langue maternelle : loi , environnement ; cette activit a amen les tudiants dcouvrir par eux-mmes les mots du lexique de spcialit lis la thmatique de leur choix.

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    c- La colonne (c) tait optionnelle, du fait que termes associs est une option qui ne figure pas dans tous les sites.

    Deux autres tapes successives ont permis aux tudiants darriver lar-ticle souhait :

    d- en activant le moteur de recherche des listes de titres darticles et leur descriptif se sont droules : comme certains articles traitaient des sujets assez loigns du but de leur recherche, les tudiants ont d, dans certains cas, parcourir des yeux ces listes la recherche de la thmatique de leur choix ; dans dautres cas, il leur a fallu recom-mencer leur recherche en ajoutant dautres mots dans le moteur de recherche ou en les changeant. Lors de leur slection dun article, le nom de lauteur a beaucoup pes dans les cas o celui-ci tait revtu dautorit scientifique, dans le sens bourdieusien (voir Titre 2). Dans dautres cas, le nom dauteurs moins connus dans le domaine hispa-nophone a veill lintrt des tudiants dans loeuvre de ces auteurs.

    e- une fois larticle trouv, ils devaient noter le nom et le site web de la publication laquelle appartenait larticle en question.

    partir des cinq articles slectionns par chaque tudiant, il fallait en re-tenir un pour en lire le rsum. Plus tard, ils ont pu aborder la lecture de larticle complet : une premire approche selon les mouvements de Swales (1990) a aid les apprenants se reprer dans lensemble de larticle.

    5. ConclusionCette activit de recherche darticles scientifiques dans des catalogues lectroniques sest avre trs intressante sur plusieurs plans du pro-cessus dapprentissage. Tout dabord, sur le plan des savoir-faire : com-prendre larchitecture dune page daccueil, savoir sy reprer, savoir cli-quer sur le lien amenant linformation recherche. Ensuite, sur le plan de lappropriation langagire, en particulier dans le domaine du lexique de spcialit. Mais surtout la recherche dun article scientifique dans des catalogues numriques a permis aux tudiants de dcouvrir de vastes col-lections darticles scientifiques traitant de thmatiques dont ils navaient,

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    jusqu ce moment, aucune connaissance, par exemple, celle concernant le droit des rfugis environnementaux. Ainsi, en largissant leur univers de connaissances, ces trouvailles ont confront les apprenants leurs propres savoirs. Ils ont entam par la suite une rflexion personnelle sur leurs intrts et leurs besoins de lecture. En mme temps, cette rflexion a favoris la motivation poursuivre lapprentissage du FLE. La lecture lcran en FLE, lorsquelle est guide, loin de constituer un cueil pour laccs linformation en FLE, devient un moyen dapprentissage et dlar-gissement des connaissances adapt nos apprenants internautes.

    Rfrences bibliographiques> Acua, T. Legros D. et Noyau C., 1994. Comprhension de textes et acquisition

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    > Soriano P., 2008. Prface louvrage Gutenberg 2.0 : le Futur du Livre de Lorenzo Soccavo, M21 Editions.

    > Swales, J., 1990. Genre Analysis. Cambridge University Press.> Testard Vaillant P., BettayebK, 2009. La lecture change, nos cerveaux aussi ,

    Sciences et Vie n 1104 sept 2009. < http://pvevent1.immanens.com/fr/pvPage2.asp?skin=Sev&pa=1&puc=002232&nu=1 >. Dernire consultation 30 avril 2014.

    > Tricot A., 2011. Quels sont les apports et les limites des TICE en matire dapprentissage ? Forum Retz 2011 Le numrique va-t-il bouleverser les pratiques pdagogiques ? < http://www.editions-retz.com/forum2/2010/flashconfs/1459/swf/index.htm >. Dernire consultation 30 avril 2014.

    Notes1 Nos observations sinscrivent dans le projet de recherche Discurso en el mbito acadmico: comprensin y produccin oral por estudiantes principiantes en alemn, francs, ingls y portugus, financ par notre universit.2 J.-M. Defays et A. Englebert (2009) fournissent la traduction suivante des pas lintrieur de chaque mouvement :

    1er. Mouvement : tablir un territoire dans la recherche a. En montrant que laire gnrale de recherche est importante, centrale, intressante, problmatique ou pertinente dune certaine manire (optionnel)b. En introduisant et en passant en revue des lments des recherches prcdentes dans la mme aire (obligatoire)

    2me. Mouvement : tablir une nicheEn indiquant un trou dans la recherche prcdente ou en tendant la recherche prcdente dune certaine manire (obligatoire)3me. Mouvement : Occuper la niche

    a. En soulignant les buts et en affirmant la nature de la prsente recherche (obligatoire)

    http://www.revue-texto.net/Corpus/Publications/Poudat/Etude.html%20http://www.revue-texto.net/Corpus/Publications/Poudat/Etude.html%20http://pvevent1.immanens.com/fr/pvPage2.asp?skin=Sev&pa=1&puc=002232&nu=1http://pvevent1.immanens.com/fr/pvPage2.asp?skin=Sev&pa=1&puc=002232&nu=1http://www.editions-retz.com/forum2/2010/flashconfs/1459/swf/index.htmhttp://www.editions-retz.com/forum2/2010/flashconfs/1459/swf/index.htm

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    b. En dressant une liste des questions de recherche ou des hypothses c. En annonant les principaux rsultats (probable dans certains champs de recherche, rare dailleurs).

    3 Ce courant, selon Poudat (2006) forme aujourdhui une communaut internationale bien tablie dans le monde scientifique anglo-saxon. Les textes scientifiques constituent lobjet dune sous communaut sociologiquement bien dlimite, dans la mesure o elle rassemble essentiellement des enseignants danglais scientifique (Academic English) (Poudat, 2006 : page 46).4 Lintgration doit tre effectue en tablissant des liens locaux entre les informations issues de phrases adjacentes ou proches, et en ajustant les informations des phrases individuelles au sein dun modle global. Les liens locaux sont typiquement, mais pas exclusivement, tablis par des procdures anaphoriques.5 du Semel Institute for Neurosciences and Human Behavior de lUniversit de Californie.

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    De lhistoire des toponymes dArgentine et de France1

    Mara Victoria AldayFacult des Langues,

    Universit Nationale de Crdoba, Argentine

    [email protected]

    Rsum : Parler de toponymie (du grec, topos , lieu et onoma , nom) nous situe dans une double dimension despace et de temps, car cette science tisse des liens essentiels tant avec la gographie quavec lhistoire du lieu nomm. Dans ce sens, les toponymes tmoignent dun rapport particulier entre lhomme et le lieu, configurant ainsi ce que Dorion appelle la mmoire toponymique (1993 : 13). Cest ainsi qu travers son tude, il est possible dapercevoir lidiosyncrasie des gnrations successives tablies sur un territoire au long des annes, car comme Dauzat le remarque si bien (1971 : 9), [la toponymie] nous fait mieux comprendre lme populaire, ses tendances mystiques ou ralistes ; ses moyens dexpression . Dans ce sens-l ce travail vise dcouvrir lorigine des noms des provinces de lArgentine et des rgions de la France.

    Mots-cls : espace, temps, mmoire, histoire, toponymes

    Le nom dune terre est le fruit dune laboration historique, en mme temps que lexpression dune destine.

    A. Rosenblat

    1. Introduction Limportance significative des noms de lieux rside dans la richesse des donnes concernant leur histoire, leur gographie et leur culture et cela permet de lire les traces du pass pour mieux saisir le prsent.

    Nous nous sommes proposs dtudier les toponymes dArgentine et de France dans le but de comparer les critres suivis dans lattribution des noms dans chaque pays tout en sachant que dans ce domaine il ny a que quelques certitudes, de nombreuses hypothses et quil reste encore beaucoup dinterrogations.

    mailto:caliopevick%40yahoo.com.ar?subject=

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    2. LArgentineNous commencerons notre parcours gographique donc en expliquant lorigine du nom Argentine. Ce nom est associ une lgende, trs popu-laire parmi les premiers conquistadors portugais arrivs au Brsil, selon la-quelle il y avait de largent dans la rgion nord du fleuve appel Mar Dulce par Juan Daz de Sols, en 1516, et que les conquistadors dsignaient sous le nom de Rio da Prata (littralement, fleuve dargent). Le terme ar-gentina provient du latin argentum (argent) et apparut pour la premire fois sur une carte vnitienne de 1536. Le nom devint populaire grce un pome de lespagnol Martn del Barco Centenera intitul La Argentina et publi en 1602 ; le pome dcrit la rgion du Ro de la Plata ainsi que la fondation de la ville de Buenos Aires. Le toponyme fut ratifi dans louvrage du paraguayen Ruy Daz de Guzmn appel La Argentina Manuscrita (1612), o au milieu dun rcit pique, apparaissent des des-criptions de la rgion.

    Vers la fin du XVIII sicle, le mot tait dj communment employ pour dsigner le territoire, mais il ne devint le nom officiel du pays quen 1853, anne o la constitution du pays fut tablie. Depuis 1816 lanne de lin-dpendance du pays, la rgion avait reu plusieurs dnominations telles que Provincias Unidas del Ro de la Plata, Provincias Unidas de Sudamri-ca ou encore Confederacin Argentina.

    En 1860, dans la ville de Paran, le prsident Santiago Derqui donna lordre dutiliser, dans les actes administratifs et des fins duniformisa-tion, la dnomination Repblica Argentina (Rpublique dArgentine). La mme anne, le gnral Bartolom Mitre utilisa lexpression presidente de la Repblica Argentina (prsident de la Rpublique dArgentine), fixant ainsi dfinitivement le nom avec lequel ce pays sera connu dans le monde entier.

    Commenons le voyage par les provinces argentines. Le cur Pablo Ca-brera2, dont les comptences en la matire taient bien connues de tous, assura que les Espagnols ne nommaient pas au hasard les villages quils fondaient sur les territoires conquis, mais quils choisissaient le nom en fonction du saint du jour de la fondation, dun symbole rappelant la re-ligion quils professaient, du nom dun personnage clbre, des vne-ments mmorables ou dune particularit gographique des lieux. Nous donnons en exemple lhistoire des noms de quelques unes de ces rgions.

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    Lhistoire raconte que le nom de Santiago del Estero rpondit deux motifs ns de linspiration de son fondateur, Francisco de Aguirre : Santiago fut choisi en lhonneur de laptre qui deviendra le patron du chef lieu de la province, et del Estero, en raison des estuaires (en espagnol, estero ) existant dans la rgion. Dautres noms donns ce lieu taient Terre des promesses, de par les larges tendues de champs de bl que Francisco de Aguirre trouva son arrive, et aussi Mre des villes, car partir de la cration de la ville principale, dautres villes voi-sines furent fondes dans le centre et dans le nord-ouest du pays. La province fut le sige du premier diocse plac par lglise catholique en Argentine, ce qui expliquerait la ferveur religieuse des santiagueos , les habitants de la rgion.

    Le nom de la province de Buenos Aires provient de la ville homonyme, qui eut deux fondations : la premire, en 1536, par Pedro de Mendoza et la deuxime, quarante ans plus tard, par Juan de Garay. Le nom re-monte lpoque de la premire fondation : daprs les mots de lhistoire, dans lexpdition de Pedro de Mendoza se trouvaient deux prtres dont le couvent, situ dans la ville espagnole de Sville, professait le culte de la Virgine di Bonaria (Notre-Dame-du-Bon-Air), originaire de la ville italienne de Cagliari. Apparemment, lun de ces religieux, frre Justo de Salazar, de grande influence spirituelle sur Pedro de Mendoza, suggra de donner la ville le nom de cette vierge.

    Daprs certains historiens, le conquistador espagnol Juan de Garay nom-ma la ville quil fonda Santa Fe en hommage la foi catholique, trs dfen-due lpoque par lEspagne face linvasion des mores, juifs et protes-tants dans le territoire ibrique ; ce mme nom sera par la suite donn la province toute entire. Pour lhistorien Agustn Zapata Golln, le choix provient du nom de la cit fortifie homonyme o les rois catholiques avaient prpar le sige de Grenade (Espagne), prise finalement en 1491-1492. Dans cette cit furent signs non seulement les capitulations mais aussi les ordonnances passes avec Christophe Colomb, ces documents formalisant lentreprise de la conqute. Le nom aurait ainsi t port par les adelantados 3 et les conquistadors afin de le propager sur ces nou-velles terres en hommage aux rois et au dcouvreur. La dcouverte de la croix du Christ sur des pices en cramique, sur des documents, dans les temples, etc. expliquerait lorigine de la deuxime partie du toponyme,

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    Veracruz ou Vera Cruz (littralement, la vraie croix), en affirmation de la foi chrtienne. Selon Federico Guillermo Cervera, le nom de Santa Fe de la Vera Cruz apparat dj en 1651 et se rapporte la festivit de la Vraie croix, qui correspond au Vendredi saint, car la runion dcisive tenue au Cabildo le 12 avril de la mme anne suivit la Semaine sainte.

    Concernant la province de Formosa, beaucoup dhypothses circulent quant son nom. De par son tymologie latine, Formosa signifie her-mosa (la belle). Certains historiens affirment que les conquistadors qui naviguaient ses fleuves appelrent la rgion Vuelta a Formosa, Vuelta Hermosa et Punta Hermosa, en raison de la beaut des pay-sages retrouvs.

    En mai 1591, don Juan Ramrez de Velasco fonda Ciudad de Todos los San-tos de la Nueva Rioja, ville dont le nom rendit hommage La Rioja, sa ville natale en Espagne.

    Le nom de la province de Crdoba eut le mme sort. En 1573, Jernimo Luis de Cabrera fonda la ville de Crdoba de la Nueva Andaluca, en signe dhommage la ville espagnole de Cordoue.

    La province de San Luis de Loyola, Nueva Medina de Ro Seco (de et non du Ro Seco, comme il est habituellement mentionn par une associa-tion errone avec la rivire homonyme) doit son nom au conquistador Luis Jofr : San Luis fait rfrence au fondateur, qui portait le mme pr-nom que le fils de Blanche de Castille, le futur roi de France Louis IX ; de Loyola, en lhonneur du gouverneur et capitaine gnrale du Chili, Martn Garca Oez de Loyola ; Nueva Medina de Ro Seco, car ainsi sappelait, dans la province espagnole de Valladolid, le village natal de Juan Jufr, pre du fondateur.

    En 1561, Pedro del Castillo fonda la ville de Mendoza ; il choisit ce nom en hommage au gouverneur du Chili, Garca Hurtado de Mendoza.

    La province de San Juan, quant elle, doit son nom au saint patron de la ville : Saint Jean-Baptiste. Le 13 juin 1562, Juan Jufr, adelantado de la troisime vague colonisatrice, qui pntra le territoire par le nord, fonda dans la valle San Juan de la Frontera, la capitale actuelle.

    Le premier europen qui arriva Santa Cruz fut Hernando de Magallanes, en 1520 ; cest lui qui reconnatra les ports naturels Deseado et San Julin,

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    et qui dcouvrit le fleuve Santa Cruz. lpoque, le climat rigoureux d-couragea les conquistadors ; cependant, en 1774, lors de la diffusion en Europe du livre Description de la Patagonie et des pays voisins dans lAm-rique mridionale4 du jsuite Thomas Falkner, la couronne espagnole en-couragea ltablissement de colonies stables dans la rgion. Le nom ren-voie au symbole de la religion professe par les missionnaires.

    La province de Misiones tire son nom des vnements de 1619, lorsque la mission Conception stablit sur les rives de la rivire Uruguay. Cette mis-sion sera la premire dune suite de missions tablies sur lactuel territoire de Misiones : des trente missions jsuites qui peuplaient le territoire aux dbuts du XVIII sicle, onze se situaient sur les terres de cette province.

    Beaucoup de toponymes argentins ont une origine autochtone. Nous pouvons citer en premier lieu Catamarca, provenant daprs don Samuel Lefone Quevedo5, du quichua ; ainsi, cata (flanc, versant) et mar-ca (forteresse, chteau sur la frontire) signifieraient chteau ou for-teresse situe sur un flanc. Une autre hypothse, celle du pre Miguel ngel Mossi, affirme que le mot Catamarca a une origine aymara : cata signifierait petit et marca , village, cest--dire, petit village.

    Le nom de la province de Salta nest pas celui que lui donna son fonda-teur : il existait dj bien avant la colonisation espagnole. Hernando de Lerma, le conquistador qui reut les territoires de cette rgion, baptisa de son nom le village primitif : Lerma. Ensuite, une fois que le nom du saint patron fut dcid, le village sappela San Felipe de Lerma en el valle de Salta. Mais ce nom naura pas une longue vie : la plupart des historiens concident sur le fait quHernando de Lerma tait un despote qui imposait son autorit force de vexations et de chtiments inhumains, infligs tous ceux indignes ou espagnols qui sopposaient ses dcisions. Ce fut peut-tre la raison pour laquelle peu de temps aprs, comme un trophe remport par ces mes soumises, le nom impos par Lerma fut volontairement oubli et seule la deuxime partie du nom fut retenue : Salta, plus descriptive et srement plus chre aux yeux des habitants de la zone. Il sagissait, en outre, du nom que la contre portait depuis tou-jours. Les interprtations sur lorigine du nom sont diverses : tantt elle est attribue au nom dune tribu autochtone, celle des Saltas, tantt elle fait rfrence salla ta , rocher-endroit ou sagtay , qui dsigne en quichua un rassemblement de choses remarquables, tantt elle renvoie

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    lacception prfre des villageois, sagta , qui signifie trs beau en langue aymara. Dautres auteurs considrent que lorigine du nom Salta vient du quichua et dsignerait un endroit beau et agrable pour sins-taller ; finalement, un certain nombre dhistoriens associent le nom de la province la tribu sahta qui aurait habit la valle au moment de larrive des espagnols.

    La province de Corrientes fut appele Ciudad de San Juan de las siete cor-rientes par son fondateur Juan de Vera y Aragon, en lhonneur de son saint patron, et parce qu cet endroit le cours fluvial est divis en sept branches par des les. Dans la langue guarani, cette province est connue sous le nom de Taragu. Lhistorien Manuel Florencio Mantilla6 soutient que ce terme est compos de deux voix : tava ville ou de la ville et agui plus proche, voisin), les guarani appelleraient ainsi ses voisins. Par contre, selon le Trsor de la langue guarani du pre Ruiz de Mon-toya, Taragui veut dire lzard (lagartija) et ce nom fait allusion au grand nombre de ces reptiles qui couvraient les rochers riverains. Dans lusage ordinaire le nom a t raccourci en Corrientes.

    Le nom de la province de Chaco constitue une dformation phontique de chac , terme dsignant un rituel de chasse pratiqu par les habi-tants de lempire inca. Cette pratique consistait former des rondes trs grandes qui, avec le concours de plusieurs tribus, pouvaient atteindre un diamtre de plusieurs kilomtres ; puis, ces rondes se refermaient petit petit au milieu des cris et dun grand bruit fait par les indignes. Lorsque le cercle tait suffisamment ferm, les meilleurs chasseurs sinstallaient au centre pour chercher et tuer les animaux qui restaient prisonniers. Cet vnement caractre rituel avait lieu une fois par an seulement. Lin-fluence culturelle exerce par les quichuas dans le nord de lArgentine fit que cette coutume stendt aussi vers le Chaco austral, une rgion domi-ne par la formation vgtale appele savane.

    Aux dbuts de la conqute espagnole, le territoire occup actuellement par la province de Jujuy tait habit par plusieurs peuples indignes, par-mi lesquels les Jujuyes, qui ont donn le nom la rgion. Les origines tymologiques qui expliquent le nom de Tucumn sont trs varies. Cer-tains auteurs assurent que le nom provient dun mot compos en langue lule : tucu-manita signifierait dans cette langue territoire o habite le tucu, le tucu faisant rfrence un coloptre aux organes lumines-

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    cents dont le nom scientifique est Pyrophorus ; une autre hypothse, renvoyant aussi la langue des Lules, affirme que Tucumn vient du mot yukkuma , lieu des eaux en abondance. Mais lorigine la plus certaine est celle qui fait rfrence la langue des Diaguitas : Tukma-nao si-gnifierait dans cette langue peuple, territoire de Tukma, Tukma tant le nom dun ancien chef de cette tribu dont on ignore le sens cause de la disparition presque complte du vocabulaire diaguita.

    Dans la langue des Mapuches, Neuqun signifie puissant, hautin, imp-tueux. Cette rgion tait le lieu dtablissement des cultures aborignes parmi lesquelles se trouvaient les Mapuches, les gens de la terre, peuple qui fut expuls de ce territoire par larrive des espagnols et la conqute du dsert. La province actuelle de Neuqun fut cre en 1955.

    La caractristique principale de La Pampa tait la prsence des bois trs touffus ; cest pour cette raison que les indignes appelaient cette r-gion pays des forts (de mammull , fret et mapu , pays, co-marque, rgion). Le mot pampa provient de la langue quichua et signifie champ ouvert et sans obstacles. Les Espagnols, et plus tard les Criollos, appelrent ainsi les immenses plaines stendant sur les actuelles provinces de Buenos Aires, Santa Fe et Crdoba. Cette classification eth-nographique errone fut lune des raisons qui, indirectement, donnrent cette province le nom de Pampa Central dabord et de La Pampa ensuite, dnomination qui ne lui correspond pas tout fait puisque seulement un cinquime de son territoire prsente les caractristiques topographiques mentionnes.

    Daprs Alvarez, nombreuses sont les provinces dont le nom a un rapport avec la topographie des lieux. Le nom de la province dEntre Ros, par exemple, dnote une forte prsence des cours deau dans la rgion, ce qui a dtermin non seulement ses limites gographiques mais aussi son co-nomie. Les deux rivires principales, le Paran et lUruguay, regroupent sur leurs rives les villes les plus peuples. En 1749, le gouverneur de Bue-nos Aires, Jos de Andonaegui, conduisit une expdition contre les Char-ras, aborignes installs sur la Bande orientale et sur le territoire de la province dEntre Ros ; ce geste a ouvert la voie aux campagnes de colo-nisations venant de la partie sud du territoire. Toms de Rocamora fut le premier appeler ces terres Entre Ros ; il fut aussi le premier explorer la rgion et y fonder officiellement des villes sous les ordres du vice-

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    roi Vrtiz. Ainsi sont nes, partir de 1783, les villes de San Antonio de Gualeguay Grande (de nos jours, Gualeguay), Concepcin del Uruguay et San Jos de Gualeguaych.

    La rivire Chubut, le principal cours deau de la rgion, se trouve au centre de la Patagonie et donne le nom la province argentine homonyme : Chu-but. Le nom provient de chupat , mot appartenant la langue tewsn, une lointaine langue dinterface entre les ethnies mridionales et septen-trionales des Tehuelches. Deux thories tentent dexpliquer son origine : pour certains auteurs, le mot signifierait transparent, pour dautres, ce serait la traduction de tortueux, avec beaucoup de dtours ; dans les deux cas, les acceptions peuvent tre directement relies des caract-ristiques que les anciens habitants attribuaient la rivire.

    Quelque chose de similaire arrive avec Ro Negro : le nom du fleuve Ne-gro, appel ainsi en raison de la couleur de ses eaux est utilis pour d-signer le territoire occupe par lactuelle province argentine de Ro Negro. Francisco Fernndez de Viedma dbarqua sur la cte sud du fleuve Negro et y installa les colons qui arrivrent avec lui.

    La dernire province argentine mentionne ici est celle de Tierra del Fue-go, Antrtida Argentina e Islas del Atlntico Sur (en franais, Terre de feu, Antarctique et les de lAtlantique sud). Lorigine du nom Tierra del Fuego date de 1520, lorsque le conquistador Hernando de Magallanes baptisa le territoire Tierra de los Fuegos ou Tierra de los Humos (terre des feux, terre des fumes) en raison des feux allums par les Onas habitant la r-gion. Charles Quint, empereur de lEmpire romain-germanique, la nomma finalement Tierra del Fuego (la terre du feu). Le nom Antrtica provient dArktikos, du latin arctcus , lui-mme du grec : qui ap-partient ou se rapporte lArctique. Arctique signifie ours, en rfrence aux noms des constellations situes dans lhmisphre nord (la Grande Ourse et la Petite Ourse) ; par contre, le nom Antarktikos, du latin an-tarctcus , et lui-mme du grec , signifie oppos lourse polaire, cest--dire, situ loppos des constellations du ple Nord.

    3. La FranceVoyons maintenant ce qui se passe avec le nom du pays gaulois. Gal-lia (en franais, la Gaule) tait le nom donn par les Romains deux

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    rgions occupes par les Celtes : la Gaule cisalpine et la Gaule transalpine. Le nom actuel, France, provient du peuple franc qui envahit la Gaule au Ve sicle lors de la chute de lEmpire romain dOccident. Les Francs et les Gaulois Germains et Celtes, tous deux peuples indo-aryens , mlangs dautres groupes importants, donnrent naissance aux actuels Franais. De nos jours, il est possible dentendre parler de franc ou gaulois pour dsigner quelque chose qui est en rapport avec la France. Les frontires du pays europen, dlimites gographiquement, lui ont confr le sur-nom de LHexagone.

    Daprs le Dictionnaire de Noms de Lieux7, le nom de France -attest par-tir du XIe s.- procde du latin tardif Francia , terme qui apparat dans la seconde moiti du IVe s. chez lhistorien Ammien Marcellin8 pour dsigner le pays des Francs, une rgion de Germanie au nord-est de la Gaule. Au fur et mesure que les Francs ont occup le nord de la Gaule, le terme Fran-cia a suivi sa progression de sorte quau dbut du VIe s. il a dsign tout le territoire appartenant au royaume de Clovis cette poque-l.

    Francia, driv de Francus , nologisme latin dont le suffixe tait atone, est devenu France en franais et rest Francia en italien et en espagnol.

    Il est noter que dans lusage intrieur du royaume franc, le nom de France a connu une tonnante spcialisation due au fait que, par laccroissement de la fodalit, la fin du IXe s. le royaume ntait plus quune poussire de plus de trois cents comts vassaux portant chacun un nom particulier. De l est venu la coutume dappeler France la rgion entourant Paris, o lon connat encore des localits comme Chtenay-en-France, Roissy-en- France et cest aussi lorigine de lexpression Ile-de-France, atteste depuis le dbut du XIVe s. Le terme le est justifi par le fait que cette rgion tait approximativement limite par la Seine.

    La France sorganise du point de vue administratif en rgions, dparte-ments, arrondissements, cantons et communes. Petit voyage par ces terres gauloises.

    Quant au nom de la rgion dAuvergne, il drive dArverni, le nom latin du peuple gaulois qui jadis occupait la rgion. En 1790, lancienne province fut divise en quatre dpartements, les mmes que nous trouvons aujourdhui.

    Pendant lempire romain, lAquitaine atteignit la rgion situe entre la

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    Garonne et la Loire, bien probablement cause de la faible installation des celtes dans la zone. Avant la romanisation, les habitants parlaient une langue connue sous le nom daquitain. Le duch appartint Louis VII de par son mariage avec Alinor dAquitaine.

    La Normandie, au dbut du Moyen ge, fut le lieu dtablissement des Normands. Ce peuple tait un mlange dindignes gaulois et denvahis-seurs, Vikings coordonns sous les ordres de Rollon. Une fois que ce chef viking eut fait le sige de Paris, il alla dfendre la Normandie contre les attaques pirates ; en change, la rgion lui fut accorde.

    Les grecs avaient baptis Kallist (la plus belle) lle de la Mditerrane appele de nos jours la Corse. Au dbut du sicle, certains lappelaient lle verte afin de la diffrencier des autres les mditerranennes, beau-coup plus arides ; aujourdhui, elle est surnomme le de beaut.

    Les Pays de la Loire sont une rgion situe louest de la France, clbre par ses chteaux ; elle est divise en deux par la Loire, fleuve qui donne son nom la valle sur laquelle il stend.

    Lorigine de la Picardie nest ni gographique ni historique. Le mot appa-rat pour la premire fois en 1248, driv de picard, cest--dire, pio-cheur. Les Parisiens appelaient ainsi les agriculteurs qui vivaient au nord des zones forestires du Senlisis et du Valois, pays des bcherons ; dans le Nord, les picards taient ceux qui ne parlaient pas le flamand. Les villes dArras, Boulogne, Calais, Tournai se situaient sur le territoire picard ; les tudiants de lpoque formaient Paris et Orlans la Nation picarde.

    La Lorraine ( Lothringen , en allemand) est le nom dune rgion histo-rique de lEurope, situe entre la France et lAllemagne. Elle tint son nom dorigine, Lotharingie, de Lothaire II, fils de lempereur Lothaire I, lorsque celui-ci constitua son duch en 855. Le nom est form de leudarin , qui signifie terre des aigles, les aigles tant le symbole du pouvoir et de la domination. Dans cette rgion se trouve un sanctuaire en lhonneur de Notre-Dame-de-Lorraine : cest pourquoi le nom Lorraine devient un prnom fminin, les noms gographiques ne se voyant normalement pas attribuer de patronymes.

    Borde par les Vosges et berce par le Rhin se trouve lAlsace, appele Elsass en allemand. Les formes son latinises en Alsatia et Alsacia (XIe XIIe

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    sicle) qui procdent dAlisatia dont la signification la plus probable est celle d tranger , form de ali (dun autre) et de land (pays). Ali serait le mme thme indoeuropen que lon connait en latin dans alius. Quant -sat on peut y voir la racine indoeuropenne sed des verbes sasseoir, rsider. Cette appellation qui rside ailleurs, tranger a t adopte dans le parler almanique des Alsaciens. 9

    La Champagne-Ardennes est une vaste rgion au nord-est de la France. Le terme latin Campania plaine fertile par excellence ou plutt lethnique Campanus habitant de la plaine, des champs sont lorigine du nom Champagne. Le nom dArdenne, pour sa part, est rput dorigine celtique, form sur un thme ardu haut avec un suffixe frquemment attest.

    Le Languedoc, rgion mridionale de la France, situe entre la Provence et la Gasconne, a connu un brillant essor conomique et culturel sous lau-torit des comtes de Toulouse. Cest ladministration royale qui a officiali-s lappellation de pays de langue doc ou simplement Languedoc pour dsigner cette province o lon disait oc pour oui alors que lon disait ol au nord et si du ct de lItalie. Cette diffrentiation un peu simpliste avait le mrite dtre claire.

    Cette distinction entre langue doc et langue dol est aussi lorigine dune autre appellation : celle de lingua occitana pour langue doc , Occitanus pour languedocien et Occitania pour Languedoc .

    Roussillon tire son nom de celui dune antique cit que Plino lAncien10 et Pomponius Mela11 appellent Ruscino et qui est aujourdhui Chteau Rous-sillon, tout prs de Perpignan. La ville de Ruscino tait ainsi dnomme daprs le fleuve pyrnen qui larrose. La langue parle sur cette territoire est le roussillonnais, une varit du catalan rosellons , en catalan.

    La rgion de Bretagne faisait partie de lArmorique, noyau dune conf-dration de groupes du peuple Cimbre, avant sa conqute par le Ro-mains en 56 av. J.-C. partir de cette date, elle devint lune des pro-vinces romaines de la Gallia Lugdunensis (Gaule lyonnaise). Autour de lan 500, les Bretons de lle de Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle) fuirent les invasions des Anglo-saxons et stablirent dans la rgion ; ce sont eux qui donnrent la Bretagne le nom quelle porte de nos jours. Peu peu, les Bretons convertirent au christianisme les Celtes armori-cains, paens pour la plupart.

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    Le nom de Bourgogne procde dun latin tardif Burgundia, nom donn la partie de la Gaule occupe par les Burgundii ou Burgundiones, les Burgondes , la fin de lEmpire romain. Le terme latin Burgundion (em) est devenu bourguignon et le nom des anciens Burgondes est dorigine indoeuropenne signifiant haut, grand .

    En 1361, la Bourgogne fut divise en deux parties : lune, le duch de Bour-gogne, resta soumise la suzerainet du roi de France, lautre, la comt de Bourgogne entra dans les domaines de Marguerite de Flandre et fut d-gage de lhommage au roi. De l, croit-on, lappellation de Franche-Comt, qui est rest en usage mme quand, par le trait de Nimgue (1678) la r-gion fut dfinitivement rattache au royaume de France.

    Pour complter le panorama toponymique franais, il faut ajouter que le statut des DOM-TOM (territoires doutre-mer) a t modifi depuis la rforme constitutionnelle franaise de 200312. Le vocabulaire ad-ministratif en vigueur fait la distinction entre les COM (collectivits doutre-mer) : Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthlemy et Saint-Martin, les DOM (dpartements doutre-mer) : Guadeloupe, Mar-tinique, Guyane et La Runion, les ROM (rgions doutre-mer) : Guade-loupe, Martinique, Guyane et La Runion13. Ce sont la Polynsie franaise et la Nouvelle-Caldonie formant ce quon appelle les POM (Pays doutre-mer) au sein de la Rpublique.

    Pour ce qui est des COM, larchipel sappelle Maore ou Mawore, en como-rien et Ma(h)ore ou Ma(h)ry, en malgache. Mahorais dsigne les habi-tants de Mayotte. La forme franaise, elle, est issue du mot swahili Maote ou Mayote, voire Mawuti, en arabe le des morts .

    Le toponymiste Auguste Vincent affirme que lusage de dsigner un lieu par un titre de saintet ou par un nom propre de saint sest introduit vers la fin de VI e s. et que les noms de lieux constitus par un nom propre de saint son trs nombreux en France. Voil quelques exemples.

    Le nom de Isle Sainct Pierre est donn par Jacques Cartier, navigateur franais lors de son passage en 1536. Saint Pierre est le saint patron des pcheurs, celui de Miquelon -not Micquelle dans le manuel de naviga-tion du capitaine basque Martin de Hoyarsabal- serait une forme basque de Michel : Mike.

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    L le dont le nom cariben est Ouanalao le aux iguanes a t bapti-se Saint-Barthlemy par son premier colonisateur Christophe Colomb en honneur de son frre. Cest lui aussi qui aurait dsign lle Saint-Martin14 et la Martinique sous ces noms lors de son retour dHispaniola le jour de la fte de Saint Martin de Tours.

    Lorsque le navigateur gnois dcouvrit lle Karukera -le aux Belles Eaux en langue carabe- la baptisa officiellement Santa Maria de Guadalupe de Extremadura par dvotion envers la Vierge espagnole. Ce nom sest sim-plifi en Guadalupe et il a t francis en Guadeloupe quand le territoire est devenu une possession franaise.

    Guyane est une adaptation de lespagnol Guiana , nom donn par lexplo-rateur et conquistador espagnol Alonso de Ojeda quand il explora la rgion.

    Lle La Runion fut annexe en 1643 au nom de Louis XIV et appele dabord le Bourbon en lhonneur de la famille noble laquelle appar-tenait le roi. Quand, en 1792, lAssemble lgislative constitue par les rvolutionnaires eut prononc la dchance de Louis XVI il fut dcid que le nom serait remplac par celui dle de la Runion. Ce nouveau nom c-lbrait la runion des gardes nationaux et des volontaires marseillais lors de linvestissement des Tuileries (le 10 aot 1792).

    Quant aux POM, le nom Polynsie constitue un compos savant form avec les mots grecs polys nombreux et nsos les. La forme nolatine Polynesia a permis lentre dans lusage dautres langues mo-dernes telles que langlais, Polynesia ; lespagnol et litalien, Polinesia, et lallemand, Polynesien.

    Le capitaine anglais James Cook appela New Caledonia lle quil avait d-couverte. Dans lAntiquit ce terme servait dsigner la rgion monta-gneuse situe au nord de la province de Britannia (aujourdhui, lcosse). Ses habitants taient rputs sauvages et grossiers, cest pourquoi leurs voisins Celtes brittoniques les appelrent caled rude, grossier et cest ce vocable que les Romains leur ont emprunt en faisant lethnique Caledo avec le suffixe pjoratif on .

    4. ConclusionComme nous avons pu lobserver au long de ce parcours, les noms de

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    lieux, tout en reprsentant des enjeux politiques, constituent aussi une sorte de dpt de renseignements sur lidiosyncrasie des gens tablis dans les territoires en question. Tout cela ne reprsente pas seulement un intrt linguistico-historique mais plutt humain.

    Ltude des toponymes nous a permis aussi de dcouvrir quelques ph-nomnes gnraux concernant la formation des noms de lieux, tels que les noms propres de rgions devenus noms de lieux, les noms transposs dune langue dans une autre subissant des modifications pour ladap-tation phontique, les noms provenant de noms de personnes ou de peuples, les noms indiquant le lieu dextraction minire et la matire ex-traite, parmi dautres.

    En guise de conclusion, nous pouvons dire que les critres utiliss en to-ponymie sont similaires dans les deux pays : la toponymie rpond donc, dans une large mesure, des raisons historiques lies linfluence des peuples qui ont originairement habit la rgion, aux langues parles dans les diffrents endroits, ainsi qu des raisons topographiques. Lempreinte religieuse a apparemment t plus importante sur le territoire argentin.

    Nanmoins, il faudrait approfondir cette analyse la lumire dautres dis-ciplines pour mieux interprter les traces de ces noms et leur relation avec le prsent.

    Les vestiges de diffrentes civilisations et cosmovisions survivent dans une sorte de palimpseste toponymique dchiffrer.

    Rfrences bibliographiques> lvarez, C. 2005. Toponimia aborigen de la provincia de Crdoba. Cordoba :

    Ediciones del Copista.> Cervera, Federico G. 1979. Historia de la ciudad y provincia de Santa Fe. Santa

    Fe : Universidad Nacional del Litoral.> Dauzat, A. 1971. La toponymie franaise. Paris : Payot.> Deroy, L. et Mulon, M. 1992. Dictionnaire de noms de lieux. Paris : Dictionnaires

    Le Robert> Lafone Quevedo, S. 1890. Nomenclatura indgena. Revista Patritica del

    pasado argentino.T III,pp 141-152. Buenos Aires.> Mossi, M. A. 1819-1895. Diccionario quichua-castellano y castellano-quichua.

    Sucre : Imprenta de Lpez.

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    > Real Academia Espaola. 1984. Diccionario de la Lengua Espaola. Madrid : Espasa Calpe.

    > Ruiz de Montoya, Antonio. 1876 [1639]. Tesoro de la lengua guaran. Madrid : Juan Sanchez

    > Vincent, Auguste. 1988. Toponymie de la France. Brionne : Grard Monfort.

    Notes1 Traduit de lespagnol par Maria Laura Perassi et Mara Victoria Alday.2 Pablo Cabrera (San Juan, 1857 - Crdoba, 1936) prtre historien, ethnologue et linguiste de renomme nationale et internationale.3 Un adelantado tait un fonctionnaire de la couronne de Castille qui, au bas Moyen ge, avait un mandat judiciaire et gouvernemental sur une circonscription.4 Falkner, T. (1774). Descripcin de la Patagonia y de las partes adyacentes de la Amrica Meridional. Hereford & Londres.5 Samuel Alejandro Lafone Quevedo (Montevideo, 1835 - La Plata, 1920). Industriel, humaniste, archologue, ethnologue et linguiste.6 Florencio Fernandez Manuel Mantilla Blanc (Corrientes, 1853 - Buenos Aires , 1909). Docteur en droit , minent journaliste, crivain et historien.7 Deroy L. et M. Mulon8 Ammien Marcellin, n vers 330 Antioche sur lOronte (aujourdhui en Turquie), mort vers 395, probablement Rome, fut lun des plus importants historiens de lAntiquit tardive avec Procope de Csare.9 Lexpression Alsace-Lorraine, en usage aprs 1871, dsigne les territoires annexs par lAllemagne en application du Trait de Frankfort et redevenus franais depuis.10 Naturaliste et crivain latin (Cme 23 aprs J.-C. Stabies 79) lauteur de la premire grande encyclopdie scientifique connue.11 Pomponius Mela (n Tingentera, prs dAlgsiras) fut le plus ancien gographe romain.12 < http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000042-la-france-d-outre-mer/des-statuts-de-plus-en-plus-differencies >13 Deux structures sont superposes: le dpartement et la rgion, avec un seul prfet tout en possdant chacune son assemble dlibrante : le conseil gnral pour le DOM et le conseil rgional pour la ROM.14 Cette le possde aussi deux autres appellations en langue carabe: Soualiga lle au sel et Oualichi lle aux femmes.

    http://es.wikipedia.org/wiki/Ciudad_de_San_Juanhttp://es.wikipedia.org/wiki/1857http://es.wikipedia.org/wiki/Ciudad_de_C%C3%B3rdoba_(Argentina)http://es.wikipedia.org/wiki/1936http://es.wikipedia.org/wiki/1853http://es.wikipedia.org/wiki/Buenos_Aireshttp://es.wikipedia.org/wiki/1909http://es.wikipedia.org/wiki/Juristahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Orontehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Turquiehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Romehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Antiquit%C3%A9_tardivehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Procope_de_C%C3%A9sar%C3%A9ehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Alg%C3%A9siras_(ville)http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ographiehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_romainhttp://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000042-la-france-d-outre-mer/des-statuts-de-plus-en-plus-differencieshttp://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000042-la-france-d-outre-mer/des-statuts-de-plus-en-plus-differencies

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    La traduction en espagnol dEntre les murs : une analyse descriptive

    Julia BarandiarnUniversidad Nacional de La Plata

    [email protected]

    Rsum : Notre travail prsente une analyse descriptive de la traduction espagnole du roman franais Entre les murs (2006) de Franois Bgaudeau. partir des concepts de ple dadquation et ple dacceptabilit (Toury, 2004) et de la notion de culturme (Molina, 2006), et en partant de lide que les lecteurs rioplatenses prouvent une certaine distance culturelle et linguistique avec la traduction qui entrave la lecture du roman franais, nous tudions et illustrons les modifications que la traductrice a opres sur le texte de dpart pour reprer quel en est le rsultat.

    Mots-cls : traduction, culturmes, tranget, lecteur rioplatense

    1. Introduction Nous proposons ici une analyse de la traduction espagnole du roman fran-ais Entre les murs, paru en 2006 chez Gallimard et dont lauteur est Fran-ois Bgaudeau1. Cest le rle fondamental du langage dans ce roman qui nous a intresse et qui en a motiv le choix. Comme on peut lire dans la quatrime de couverture du livre, Entre les murs sinspire de lordinaire tragi-comique dun professeur de franais et il rvle ltat brut dune langue vivante dont le collge est la plus fidle chambre dchos (Bgau-deau, 2006). Nous y constatons donc une alternance de registres qui vont du franais soutenu au franais le plus vulgaire et on trouve aussi le lan-gage des jeunes.

    Le style de lauteur, lalternance des registres, lorigine multiethnique des lves et les diffrences entre lorganisation du systme ducatif franais par rapport notre pays prsentent des difficults considrables au tra-ducteur. Tout cela entrane bien videmment une abondante prsence de culturmes (nous expliquerons plus loin ce concept). Pourtant, cest sur-tout le traitement des marques doralit que lauteur tente de reprsenter dans son criture, par de procds parfois audacieux, qui peut drouter les traducteurs. En fait, nous partageons lide de Sini, Bruti & Carpi qui af-firment que les caractristiques linguistiques que lauteur met en uvre

    mailto:barandiaranjulia%40hotmail.com?subject=

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    pour reprsenter cette oralit () constituent la vritable originalit du roman (2010 : 1). La complexe relation oralit/criture est mme th-matise dans luvre, dans des rflexions mtalinguistiques qui font par-tie des cours de franais. A cet gard, il y a une explication du professeur aux lves quon pourrait lire comme une sorte de mise en abme de tout le roman et qui nous donne une des cls de lecture de ce texte :

    Bon, je reviens un peu sur loralit, je rappelle que cest pas parce quon vous demande dcrire un dialogue quil faut crire comme on parle, vous voyez ? Dailleurs, on arrive jamais crire comme on parle, cest impossible, tout ce quon peut faire cest donner une impression doralit, cest tout, alors on vite de commencer les phrases par franchement , on vite de dire on pour nous , on vite dutiliser srieux comme adverbe, comme vous faites en permanence loral. Cest comme a, y a des choses qui doivent rester de loral () (2006 : 257-258)

    Entre les murs a t traduit en anglais, en allemand, en italien et en es-pagnol. La traduction espagnole nomme La clase est signe Julieta Car-mona Lombardo et date de 2008 (cest--dire, deux ans aprs la parution de luvre franaise et lanne de sortie du film homonyme). La maison ddition qui a publi le roman en espagnol est barcelonaise et sappelle El Aleph Editores; elle emploi le nom Quinteto comme marque commerciale.

    2. Entre les murs en espagnolNous prsenterons une analyse descriptive de La clase pour remarquer les modifications que la traductrice a opres sur le texte de dpart et re-prer quel en est le rsultat. Mme si nous avons essay dviter de nous poser la question normative et lvaluation critique comment il faut tra-duire ? et est-ce quil sagit dune bonne ou dune mauvaise traduction ? notre travail a t guid par une hypothse de dpart : tant donn que la traduction du livre de Bgaudeau a t faite en espagnol dEspagne une des varits de cette langue nous partons de lide que les lecteurs rio-platenses prouvent une certaine distance culturelle et linguistique avec la traduction qui, bien quelle soit plus troite au niveau linguistique que la distance avec le texte source, entrave la lecture du roman. Nous croyons que face La clase, les lecteurs non-Espagnols doivent oprer un double et complexe travail de traduction, rsultat de cette double distance dont nous venons de faire allusion. Si tout texte traduit comporte des tensions

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    avec le texte de dpart, dans ce cas elles se multiplient puisque dans La clase nous trouvons deux ralits linguistiques et culturelles entremles : la franaise et lespagnole2.

    Hurtado Albir soutient que La traduccin es un acto complejo de comu-nicacin que afecta a dos espacios comunicativos diferentes, en los que intervienen muchos elementos ms all de los lingsticos o textuales (2004 : 508). Dans le cas dEntre les murs et la traduction espagnole La clase lue par des lecteurs argentins, il y a trois espaces communicatifs dif-frents (France, Espagne, Argentine), ce qui daprs nous rend plus com-plexe encore lacte de communication. Quand nous lisons La clase dans le contexte rioplatense , aux contextes de dpart et darrive nous ajoutons le ntre, qui a ses propres caractristiques et qui peut avoir des diffrences tantt avec le contexte franais tantt avec lespagnol.

    Nous considrons que la mdiation du contexte espagnol dans la traduc-tion de La clase une traduction plutt cibliste (cest--dire une traduction qui rend le texte de dpart dans une forme qui est la plus naturelle pos-sible pour le lecteur en fonction des usages et conventions de la langue et la culture darrive) gne la lecture de luvre franaise. Ltranget du texte original, souhaitable pour nous, devient tranget du texte dar-rive. La ralit socioculturelle franaise prsente par Bgaudeau dans son livre apparat transfigure dans La clase, dont nous sommes face la ralit espagnole.

    3. Cadre thoriqueCe travail est rgi par la dfinition de traduction que propose Hurtado Albir :

    () la traduccin como un proceso interpretativo y comunicativo de reformulacin de un texto con los medios de otra lengua que se desarrolla en un contexto social y con una finalidad determinada. (2001 : 147)

    Cette auteure sinscrit dans les approches thoriques communicatives et socioculturelles, cest--dire :

    Aquellos enfoques que, de una manera u otra, hacen hincapi en la funcin comunicativa de la traduccin, considerando los aspectos contextuales que rodean la traduccin y sealando la importancia

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    de los elementos culturales y de la recepcin de la traduccin. (2001 : 128)

    Nous avons dcid de dmarrer lanalyse de La clase et notre traduction dEntre les murs guide par les normes proposes par Gideon Toury dans son livre Descriptive Translation Studies and Beyond (1980 [2004]). Dans les annes 80 et dans le cadre de la thorie du polysystme, Gideon Toury pose lexistence dune relation fonctionnelle et dynamique de toute tra-duction avec son original. Ce rapport entre la traduction et le texte original est gouvern par des normes qui guident la traduction : normes initiales, normes prliminaires et normes oprationnelles (y comprises les normes matricielles et les normes linguistico-textuelles3).

    En ce qui concerne laspect culturel de la traduction, nous avons choisi les propos dvelopps par Luca Molina dans son ouvrage El otoo del pingino. Anlisis descriptivo de la traduccin de los culturemas (2006). Suivant les pas dHurtado Albir, elle recueille les principaux thoriciens qui ont tudi les lments culturels comme lun des problmes cls de la traduction (Nida, Newmark, Freese, Koller, parmi dautres) et elle conoit un culturme comme :

    Un elemento verbal o paraverbal que posee una carga cultural especfica en una cultura y que al entrar en contacto con otra cultura a travs de la traduccin puede provocar un problema de ndole cultural entre los textos origen y meta. (2006 : 79)

    Nous nous sommes servie aussi des techniques de traduction que Molina dcrit dans cette mme uvre.

    Dailleurs, nous avons adopt la distinction entre correspondance formelle et quivalence dynamique, propose par Eugene Nida :

    La equivalencia formal se centra solamente en el mensaje. La equivalencia dinmica, sin embargo, se centra en el principio de efecto equivalente en el receptor; se trata de una relacin dinmica que considera que la relacin entre el receptor de la traduccin y el mensaje traducido ha de ser sustancialmente la misma que la que exista entre el receptor original y el mensaje original.4

    Quant la mthode traductrice, nous nous plaons dans la mthode in-terprtative-communicative prsente par Hurtado Albir :

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    () que se centra en la comprensin y reexpresin del sentido del texto original conservando la traduccin la misma finalidad que el original y produciendo el mismo efecto en el destinatario; se mantiene la funcin y el gnero textual. (2001 : 252)

    Or, historiquement, il y a eu toujours une dichotomie mthodologique entre traduction littrale et traduction libre qui se prsentent comme des mthodes de traduction opposes et irrconciliables. En effet, en 1813 Schleiermacher (1813 [2000]) soutenait quil existe deux manires essen-tielles de traduire : celle qui consiste conserver des lments dtrange-t dans le texte traduit afin de prserver loriginalit de la langue de lau-teur et la mthode visant modifier suffisamment le texte original pour que le lecteur ait limpression que louvrage a t crit directement dans sa langue maternelle. Il privilgiait la premire mthode parce quelle ap-proche le lecteur de la singularit de luvre originale et lclaire sur lal-trit qui sy exprime.

    De nos jours, cette dichotomie, qui a t reprise par dautres auteurs, ne reflte pas si fidlement la ralit traductrice. La traduction comporte les deux faons de traduire : le traducteur peut privilgier lune ou lautre mthode dans diffrents niveaux de la traduction et son choix dpend de divers facteurs, comme le contexte social ou historique, le type de texte, le rcepteur, etc.

    Toury propose la norme initiale comme moyen didentifier lorientation de la traduction. Lorientation vers le texte de dpart, signale-t-il, dtermine le degr dadquation entre la traduction et le texte de dpart, tandis que lorientation vers le texte darrive dtermine le degr dacceptabilit de la traduction dans la culture rceptrice. la diffrence de Schleiermacher, Toury reconnat que les dcisions de traduction relles supposent nces-sairement une certaine combinaison entre les deux extrmes de la norme initiale. Cependant, lopposition adquation/acceptabilit est maintenue pour des raisons mthodologiques et thoriques.

    Quand nous avons abord notre traduction5, nous avons pens un lec-teur rioplatense contemporain. Voil pourquoi nous avons essay dacclimater la diffrence linguistique lespagnol de cette rgion. Donc de ce ct-l, nous avons choisi le ple dacceptabilit en nous rappro-chant ainsi des normes de la culture cible (dans ce sens, par exemple, notre premire dcision a t celle dadopter le voseo6 ). Il faut prciser

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    que nous imaginons un rcepteur idal argentin, qui parle la varit de lespagnol rioplatense mais qui rpond en plus aux caractristiques que Patricia Wilson, dans son uvre La constelacin del sur, attribue aux lecteurs des traductions de Jos Bianco :

    En primer lugar, ese lector tiene una idea cabal de la norma en la propia lengua y, por ende, de las desviaciones de esa norma. De l se supone que posee una clara conciencia lingstica, conciencia que es a la vez de lo aceptable y de lo no aceptable o p