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Perrine Lacroix 1, rue de l’angile 69005 Lyon / tél. 06 15 28 00 53 [email protected] / www.perrinelacroix.com

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Page 1: Perrine Lacroix · 2010. 3. 30. · Vidéo (en projet) Rencontre et prises de vue lors de ma résidence aux Aftis Production Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie

Perrine Lacroix

1, rue de l’angile 69005 Lyon / tél. 06 15 28 00 [email protected] / www.perrinelacroix.com

Page 2: Perrine Lacroix · 2010. 3. 30. · Vidéo (en projet) Rencontre et prises de vue lors de ma résidence aux Aftis Production Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie

Semi-sConstruction en béton cellulaire, 400 cm x 300 cm x 140 cm

Exposition collective «bleu, blanc, rouge = rose»Les églises. Chelles. 2009

Semi-s est la maquette d’une maison en construction. C’est une moitié de maison qui sort du mur, comme si l’autre moitié continuait à l’extérieur. En fait dehors, c’est sa trace au sol qui apparaît.

Semi-construite, semi-ensevelie, semi-finie. Elle annonce plusieurs temps, celui de la construction et celui de la disparition et opère entre plusieurs espaces, intérieur et extérieur, réel et imaginaire.

Maison inachevée, dont la construction semble paradoxalement commencée par le haut. En germination, elle s’élève vers d’autres échelles, d’autres territoi-res, d’autres vies...

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Les châteaux en EspagnePhotographies, 80 x 120 cm, Algérie 2009 (1ère page)Photographies, 80 x 120 cm, Crète 2005 (ci-dessus)

Les châteaux en Espagne sont des lieux inachevés, des carcasses de béton vides plantées dans des endroits idylliques. Les châteaux en Espagne sont des projets esquissés et suspendus à l’état de projet. Seule la nature les habite. Dans ces lieux, les bases sont posées. Le reste est à faire, à imaginer, à s’approprier.

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photos 2, 3 & 4 Aurélie Leplatre

Thanks90 tonnes de gravats, lettres découpées dans du dibon

Expostion en résonance à la Biennale d’Art Contemporain 2009avec le soutien de la DRAC Rhône-Alpes et ATC caractères

Tous les ans en décembre, à droite de Fourvière, s’illumine MERCI (à Marie). Ce slogan est visible de tout Lyon. Le projet de le remplacer par THANKS (avec le H qui s’efface) n’a pas pu se faire, faute d’autorisations.

THANKS trouve une autre place, au fond des docks, bâtiment Z. Ici, un des tas de gravats qui était à l’extérieur, pendant les travaux, a glissé à l’intérieur. Dans ce nouveau contexte, il prend une autre dimension.A son sommet sont posées des lettres blanches, seul le « H » est noir. La lecture oscille entre THANKS et TANKS, entre la montagne et la ruine. Sa police de caractères est celle du « Hollywood Sign », symbole du désir et du rêve jusqu’en 1932, quand une jeune actrice persuadée d’avoir raté sa carrière grimpe sur la lettre H et saute dans le vide.

À partir de cet événement tragique, le « Hollywood Sign » incarne la métaphore d’Hollywood comme terre des rêves brisés. Quelques années plus tard, en 1949, ce même « H » se renverse avec le vent.

Ici, comme à Hollywood le « H », muet, s’efface et dans sa chute renverse leschoses, change le sens et la perception d’un paysage qu’il commente silencieu-sement. Le trouble soulevé entre THANKS et TANKS devient le sujet d’un THINK TANK, d’un réservoir de pensées.

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vidéo 1,11’, 2009

In-tInstallation de 55 étais dans un T2, dimensions variables

Résidence aux Cressonnières, Chelles 2009

A l’étage d’un autre bâtiment, 55 étais, vissés entre le sol et le plafond, envahis-sent l’appartement. Ils évoquent la fragilité du bâtiment et annoncent un danger. Pour qu’il y ait autant d’étais, c’est que l’effondrement du plafond est sans doute très probable et imminent.La contrainte est double, les étais maintiennent l’écart entre le sol et le plafond et à la fois nous obligent à les contourner pour se déplacer. Ce maintien d’un écart entre sol et plafond est la condition même de l’existence d’un espace, et de nos vies.

La perception de l’espace est troublée par l’évocation du paysage. La multiplicité des étais compose une parcelle de forêt. Comme un labyrinthe, la forêt sort des limites du monde familier, c’est un autre monde à l’intérieur du monde. Le seuil de la forêt représente une frontière que l’on franchit à pas (im)prudents. C’est un territoire à part, immense et intime. L’inconscient collectif le dessine comme «un paysage de l’âme».C’est un centre d’intimité comme peuvent l’être la maison, la grotte ou la cathé-drale.

In-t semble maintenir de force l’espace pour éviter un tassement destructeur.

© photo : Pascal Lemaître, 2009

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Mon-tGravat et terre, dimensions variables

Résidence aux Cressonnières, Chelles 2009

Pendant le chantier, des tas de terre apparaissent et disparaissent au pied de la cité. Au fur et à mesure des travaux, ils se transforment et modifient le pay-sage. C’est un de ces tas de terre que je monte à l’étage du bâtiment 10. Entre les murs d’un appartement vidé de son vécu, le tas de terre envahit l’espace, il traverse le mur, semble passer d’une pièce à l’autre.

Ici, le geste opère un déplacement où le paysage urbain occasionnel devient l’évocation volontaire d’un paysage imaginaire par la seule affirmation de son encombrement. Ce tas évoque des montagnes lointaines, comme une résis-tance paisible des mémoires et des vies, dans l’attente de disparaître lors de la démolition programmée du bâtiment.

Il y a une idée de prémonition, d’annonce d’un temps à venir, celui de la démo-lition, de la disparition. Ce tas de terre comme un signe.

© photo : Pascal Lemaître, 2009

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ChantierPhotographies, 80 x 120 cm, Roumanie 2003

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EffacementPhotographie sur Duratrans 90 x 140 cm, caisson lumineuxRésidence aux Aftis, Production Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie 2009

Brume2 photographies, 90 x 140 cmCyclades, Grèce 2009

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CampagneInstallation urbaine sur des panneaux Decaux 400 x 300 cm, quai Rambaud

En résonance avec la Biennale d’Art Contemporain 2005avec le soutien de la Drac, de JCDecaux et des Voies Naviguables de France

Les photographies ont été prises en 2003 à Cluj-Napoca en Transylvanie, dans un contexte géographique, politique et social où tous les panneaux étaient vides. Pages blanches dans la ville, elles paraissaient attendre, tragiques et poétiques à la fois. Campagne montre ces paysages urbains de l’Europe de l‘est dans une ville de l’ouest ; il confronte ces deux univers dans une mise en abîme.

(texte de Paul Ardenne pour «Semaine» en fin de document)

Photographie sur Duratrans 90 x 140 cm, caisson lumineux

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FBIPhotographies 2008

Dans la forêt enneigée, des arbres sont ceinturés. La marque de peinture rose sur leur tronc nous annonce leur condamnation.

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StudioloConstruction en bois, miroir et impression sur plexiglass, 320 x 300 cmConception et réalisation en collaboration avec Véronique Vincent (architecte)

Studiolo a reçu le soutien de Delmonico Dorel, AGP et Christian Kucharczak SARL

Festival Duo des arbres, Parc national du Pilat (42) 2008

Le promeneur pénètre dans une cabane par une petite porte étroite et haute. Il entre dans une boîte trapézoïdale qui s’élargit vers une fenêtre.Tout l’espace n’existe que pour orienter le spectateur vers cette fenêtre.

Sur celle-ci est imprimé le même paysage que l’on voit à travers mais photo-graphié sous la neige. Le blanc n’existant pas en impression numérique, il crée la transparence à travers laquelle on s’aperçoit que certains arbres marqués de rose ont disparu.

Cet intérieur camera obscura permet de mieux regarder et saisir l’extérieur... par la fenêtre, prendre des nouvelles du monde, s’y plonger par le regard, et ainsi élargir son propre horizon.Le studiolo de la Renaissance italienne est l’ancêtre le plus direct du cabinet de curiosité, lieu de réflexion aux murs ornés de savantes peintures. Le studiolo était utilisé comme un laboratoire, un bureau, un lieu où se retirer, une chambre secrète.

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StudioloConstruction en bois, miroir et impression sur plexiglass, 320 x 300 cmConception et réalisation en collaboration avec Véronique Vincent (architecte)

Carrière Delmonico Dorel, Saint Julien-Molin-Molette (42) 2008

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TachesPhotographies, 400 x 300 cm Résidence aux AftisProduction Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie 2009

Le long de la route, d’énormes taches de peinture blanche sont projetées sur la roche comme des peintures préhistoriques. issues de gestes immédiats, elles laissent leurs empreintes et font signes.Elles forment ensemble une signalétique très picturale, une partition musicale de blanches qui s’enchainent à la vitesse du voyage.

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Traces7 photographies sur adhésif transparent, 250 x 2500 cm, Amorgos 2003

Un enfant s’est enduit le corps de terre. Il nargue l’objectif et se jette à l’eau. Sciemment, il tache l’immensité. Son corps laisse de son plein gré une trace éphémère qui s’étale et se dilue, se perd et disparaît de la surface de la mer pour se dissoudre dans ses profondeurs. L’acte enfantin ressemble étrangement à une action painting. C’est un plongeon dans la peinture, un plongeon dans la couleur. L’acte de plonger est jouissif, héroïque, érotique. Il provoque la rencontre de deux élé-ments, leur transformation et leur dissolution. La peur de se jeter à l’eau est dominée par l’attraction du désir de liberté. La photographie fige cet instant et témoigne de ce passage, de la terre à l’eau, de la réalité physique du corps à sa disparition, du réalisme à l’abstraction.

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Rachida et HassinaVidéo (en projet)Rencontre et prises de vue lors de ma résidence aux AftisProduction Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie 2009

Rachida et Assina sont deux soeurs restées seules, «vieilles filles», à cause de mauvaises rumeurs. Leur père a été assassiné par les terroristes en 2004, à quelques mètres de chez eux. Elles évoquent leurs rapports à la fratrie, au père, aux hommes, au travail, au monde.

Le montage vidéo superpose leurs voix et les fréquents feux qui dévastent les montagnes. Certains disent que les militaires les déclenchent pour prévenir des grosses sécheresses, d’autres disent que c’est pour éloigner les terroristes.

RazikaVidéo (en projet)Rencontre et prises de vue lors de ma résidence aux AftisProduction Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie 2009

En 1962, à 10 ans, Razika a perdu ses parents pendant la guerre d’indépen-dance. Elle a été mariée par son oncle à 17 ans avec le cousin d’un voisin en pleine montagne. Après un mois de mariage, son mari est parti travailler en France pour 30 ans. Il ne revenait qu’un mois par an, en décembre. Ils ont eu 14 enfants.Nous avons échangé sur sa vie, ses déceptions, ses soumissions.Elle a vécu dans l’attente toute sa vie, telle une pénélope algérienne.

Pourtant secrètement, elle a mener une activité parallèle aux côtés des patriotes pour lutter contre le terrorisme sans que ni son mari, ni ses enfants ne soient au courant...

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PaysageTriptyque : 3 photographies 80 x 120 cm, 2004

Paysage montre une représentation de la mort silencieuse. Ces photographies sont loins des images prises sur le vif de la mort, comme nous en sommes mitraillées dans les médias. Pourquoi les premières semblent-t-elles si lointaines et pourquoi sèment-elles le trouble en nous, plus que ces deuxièmes plus crues et pourtant plus familiè-res ?

« Mais au nom de quelle autorité de perte pure se croit elle habilitée, Perrine Lacroix, à héberger cette vision moins que jamais fugace dans la catégorie paysage. Au nom de cette permanence justement, mais figée dans le chantier arrêté des draps. Paysage ici dans sa raideur peut être. Il y a certes des plis-sements retenus d’une géologie de chair contrariée. Les plans se contredisent d’une géométrie mal appliquée dans ce qui s’organisa « corps », avant que fustigé d’un dorénavant linceul. Nous sommes dans l’indéfinition d’un seuil, là où la contemplation ne saurait nous consoler, à la lettre près dans le parc d’un deuil, et nous n’aurons d’autre recours que le classement historique du site dans les archives analogiques de nos chagrins. (...) »

Christian Gattinoni

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Il peleleVidéoprojection 3 mn, 2005

Le pantin réalisé par Goya en 1792 représente le jeu populaire du pelele qui consiste à lancer en l’air une poupée de chiffon à l’éffigie du roi au moyen d’un drap tendu. Ici, les couleurs du tableau font place à une blancheur inquiétante.

PAySAGES D’UNE AbSENCEMarie de brugerolles, 2009

Photographies, films, installations, les œuvres de Perrine Lacroix construisent des paysages sensibles dont les structures, les lignes de force, évoquent les linéaments d’une peau, la charpente d’un squelette.

L’architecture commence avec le corps.Les immeubles abandonnés en cours de construction (Châteaux en Espagne), la cabane ouverte de Studiolo, les plis du drap et l’ossature de la main, ont en commun de tracer des lignes de fuite que le regard emprunte. Hors champ, une autre image s’invente, dont le cadre peut être celui de la mémoire.

Ailleurs, Perrine Lacroix avait utilisé le blanc immaculé du panneau d’afficha-ge, ou raconté l’éblouissement de l’aveugle. Elle invente, prélève, oblitère, pour ouvrir des brèches dans le flux d’images qui nous entourent et révéler un dessous des cartes. La vidéo des Pas perdus nous place dans la posture d’un voyeur qui tente de deviner les allées et venues, présences marquées au rythme des pas sur nos têtes. L’opalescence des dalles de verre crée un halo, un pourtour ouaté dont la trace s’efface aussitôt.

Une trace, c’est un écart à l’envers.Le drap du lit qui recouvre les jambes matérialise l’empreinte d’un corps dont le souffle est parti (Paysage). Les « imagines » étaient les masques de cire des ancêtres que les romains exposaient dans le vestibule des maisons. L’« imago » est avant tout l’image du mort, son empreinte, sa trace inversée. Comment passer de ce fantasme, c’est-à-dire cette forme vague menaçante, fascinante, d’un mort à sa forme ressemblante mais bénéfique car séparée ? C’est toute la question de la bonne image, fabricante de mouvement, de parole. Cela se joue dans le déplacement : de l’hiver à l’été, de la forêt à la clairière, du drap à la main. Cela s’opère dans les variations d’échelle, presque 1/1, en miroir de nous, à la verticale, en mouvement un peu plus bas, en polyptique qui redouble, multiplie et fait vaciller la ressemblance. basculements et déplace-ments subtils provoquent un léger vertige, une impression de perte de repère.

La photographie comme « memento mori » cède la place à une surface murale, un petit écran module l’espace infini du pas de l’attente, un paysage mental s’articule à partir d’une cabane de chantier, de chasseurs ? Les engins à l’arrêt semblent à leur tour guetter l’homme.

Pas perdus Diptyque vidéo, 3 mn en boucle, Sao Paulo 2004

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Perrine Lacroix1, rue de l’angile 69005 Lyon / tél. 06 15 28 00 [email protected] / www.perrinelacroix.com

née le 9 mars 1967 à St Etienne

formationEcole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs . Paris 1987/1992

expositions personnellesThanks . En résonance à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2009Pas perdus . Epicerie moderne, Feyzin 2007Les châteaux en Espagne . Galerie J, Genève 2006Campagne . Néon & quai Rambaud, En résonance à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2005Thésée . USM pour les Designer’s days, Paris 2005De ci Delà . Centre d’art contemporain Tranzit, Cluj-Napoca, Roumanie 2004Regards aveugles . Fête des lumières, Lyon 2003

expositions collectivesBleu, blanc, rouge = rose, Les églises, Chelles 2009Show off . Olivierhouggalerie, Paris 2009Accrochage d’été . Olivierhouggalerie, Lyon 2009Loop . Olivierhouggalerie, barcelone 2009Lumières toujours . Festival Temps d’images, Ambassade de France, Lisbonne 2008Studiolo . Festival «Duo des arbres», Le Bessat 2008Exposition de noël . Le magasin au Musée de peinture, Grenoble 2007Update . Festival de performances, Lyon 2005Fly . Festival superflux, Lyon 2004

résidencesCité des Cressonnières, production L’OPAC et Les églises, Chelles 2009Les Aftis . Production Chrysalide (Alger) et Gertrude 2 (Lyon) , Jijel, Algérie 2009

initiation à l’art contemporain pour les enfants : Les marabout’ficellescréation et animation de l’atelier à Lyon depuis juin 1996, avec Véronique Vincentwww.maraboutficelles.com

programmation/art contemporaindirectrice du rez d’art contemporain, Meyzieu, 2000-2004directrice de La BF15, Lyon, depuis 2004, www.labf15.org

LE bLANC EST ExPLICITEPaul Ardenne, 2005

Installation artistique en milieu urbain, Campagne adopte une formule de longue date familière : le recours à l’affiche et aux panneaux d’affichage. (…) Une affiche, tout le monde la voit, directement ou de manière subliminale. Sur plusieurs panneaux Decaux de l’agglomération lyonnaise, Perrine Lacroix « affiche » pour sa part de sobres images blanches ou tirant vers le blanc, de type monochrome, sans contenu lisible. Renseignement pris, il s’agit d’agran-dissements de clichés d’autres panneaux d’affichage que l’artiste a photogra-phiés il y a plus de deux ans à Cluj-Napoca, en Roumanie, panneaux « blancs » sans contenu, comme drapés en attendant une hypothétique campagne publicitaire et politique.

Campagne, a minima, peut être perçue comme un reportage documentaire : ce que Perrine Lacroix a vu là-bas, elle le donne à voir ici même. Campagne, ceci posé, est beaucoup plus. Première donnée à prendre en considération : la donnée plastique – la première en vérité qui saute aux yeux. Pour le passant occidental au contact de Campagne, la référence au mono-chrome est implicite, mais alors problématisée. Dans l’histoire de la peinture, le monochrome représente une sorte d’apogée idéaliste, une forme pure, « suprême », pour parler après Malévitch. Or aucun des « monochromes » roumains photographiés par l’artiste et exposés agrandis à Lyon n’est parfait : plis des affiches, salissures couvrant celles-ci, transparences… Autre effet plas-tique, troublant là encore, né celui-ci de l’effet de trouée que matérialise dans le paysage urbain chaque panneau de Campagne : tout se passe pour l’œil comme si s’était inversé le schéma canonique de la « fenêtre » d’Alberti (le tableau du peintre perçu comme une fenêtre ouverte sur le monde). C’est à présent le monde situé autour de l’œuvre qui en devient le cadre. Esthétique du « centre vide », comme le dit Perrine Lacroix, où manquerait subitement le punctum, le point focal.

Seconde donnée : la dimension critique. Par vocation, une affiche est censée fournir une information, elle « offre » quelque chose à voir, à vendre, à consom-mer. Afficher du blanc ou une surface qui tire vers le blanc, c’est ostensiblement se contenir au mutisme, à la renonciation à l’expression, à un infra-langage. Les affiches de Campagne ne font pas « signe », dirait un sémiologue. Plus exacte-ment dit, elles font « signe » mais négativement, à toute fin paradoxale de faire valoir retrait et privation.

Le plus étonnant, sans doute – et le plus fort, aussi bien –, réside dans le caractère explicite de ce mutisme affiché. Il n’y a rien à voir mais, pour autant, on a compris. Quoi ? Que ne pas s’exprimer, c’est aussi s’exprimer. Que refuser l’effet, c’est aussi le produire. C’est par l’affiche, dans nos sociétés libérales, que le capital s’affiche et se fait tentateur (…) Dans cette partie cosmétique où l’unique objet du message est la conquête de celui qui a des yeux pour regar-der, le refus d’affichage « affiché » prend valeur de renonciation à la séduction. Là résidera la dimension critique de Campagne, justement : ne pas s’abaisser, artiste recourant à l’espace public, à sur-saturer celui-ci d’un signe séducteur au fond comparable à n’importe quel autre affichage, se parerait-il de la qualité de signe « artistique ».

extraits du numéro 39/05 de «Semaine», revue hebdomadaire pour l’art contemporain