perspectives économiques en afrique de l’ouest 2019 · 3 croissance du pib réel au nigéria et...

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Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 Performances macroéconomiques et perspectives Intégration régionale et transformation structurelle en Afrique de l’Ouest

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Perspectiveséconomiquesen Afriquede l’Ouest2019Performances macroéconomiqueset perspectives

Intégration régionale et transformationstructurelleen Afriquede l’Ouest

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Perspectiveséconomiquesen Afriquede l’Ouest2019

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Les opinions et les arguments exprimés ici ne reflètent pas nécessairement les vues officielles de la Banque africaine de développement, de son Conseil d’administration ou des pays qu’il représente. Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région.

Conception de la couverture par la Banque africaine de développement basée sur les images de Shutterstock.com

© Banque africaine de développement 2019

ISBN 978-9938-882-91-9 (imprimé) ISBN 978-9938-882-91-9 (électronique)

Vous êtes autorisés à copier, télécharger ou imprimer ce matériau pour votre propre usage, et inclure les extraits de cette publication dans vos propres documents, présentations, blogs, sites Web et matériaux pédagogiques, pour autant que la Banque africaine de développement soit mentionnée comme étant la source et le titulaire du droit d’auteur.

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Remerciements v

Résumé exécutif 1

Partie 1 Performances macroéconomiques et perspectives 5Performances économiques et perspectives 5Stabilité macroéconomique et perspectives 12Le chômage demeure un défi 22

Partie 2 Intégration régionale et transformation structurelle en Afrique de l’Ouest 25Intégration régionale 25Infographie: Les déplacements en Afrique de l’Ouest 28Transformation structurelle 31Les implications de l’intégration régionale dans la transformation structurelle 35Conclusions clés, défis et recommandations 41

Notes 44

Références 44

Annexe 47

Annexe statistique 49

Encadré1 Développement d’une chaîne de valeur régionale dans l’industrie du ciment en

Afrique de l’Ouest 40

Figures1 PIB par habitant en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018 62 Croissance du PIB dans les pays d’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 73 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 74 Croissance du PIB réel en Afrique, par région, 2014–2020 85 Composition sectorielle du PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018 9

TABLE DES MATIÈRES

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iv TA B L e D e S m AT I è r e S

6 Contributions sectorielles à la croissance du PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018 97 Composition de la demande du PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018 108 Contributions de la demande à la croissance du PIB en Afrique de l’Ouest, 2014–2018 119 L’inflation en Afrique de l’Ouest, par pays, 2008–2020 1310 Indices de taux de change réel dans des pays sélectionnés hors de l’Union économique

et monétaire ouest-africaine, 2008–2018 1411 Variation annuelle des termes de l’échange dans des pays sélectionnés en Afrique de

l’Ouest, 2000–2018 1512 Dette extérieure en Afrique de l’Ouest, par pays, 2010 et 2018 2013 Versements au titre du service de la dette extérieure en Afrique de l’Ouest, par pays, 2010–20 2114 Chômage en Afrique de l’Ouest, par pays, 2010–2018 2215 Part des exportations intra-CeDeAO dans les exportations totales de la Communauté,

1980–2016 2916 Nombre de produits industriels enregistrés dans le cadre du schéma de libéralisation

des échanges de la CeDeAO, par secteur, 1988–2018 3117 Participation à la chaîne de valeur mondiale de l’Afrique de l’Ouest, par pays, entre 2010 et 2017. 39

Tableaux1 Soldes budgétaires en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2020 162 estimations des recettes nationales en Afrique de l’Ouest, par pays, 2018 183 Soldes de la balance courante en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2020 194 Groupes de pays et de produits et obligations d’élimination des tarifs dans le cadre du

schéma de libéralisation des échanges de la CeDeAO 275 Commerce intra-CeDeAO, 2011–2016 276 Part du commerce intra-CeDeAO total, par pays, 2011–2016 297 Nombre de produits industriels enregistrés dans le cadre du schéma de libéralisation

des échanges de la CeDeAO, par pays, 1988–2018 308 Structure de la production (valeur ajoutée brute), par région, 1950–2005 329 Part des secteurs d’emploi en Afrique de l’Ouest, par pays, 2000 et 2015 3410 Part des secteurs dans le PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2000 et 2015 3511 résultats de régression concernant l’impact de l’intégration régionale sur la

transformation structurelle 37A1 Nombre d’entreprises enregistrées dans le cadre du plan de libéralisation des échanges

de la CeDeAO, par pays, 1988–2018 47

Tableaux statistiques1 Indicateurs de base, 2018 492 Croissance du PIB réel, 2010–2020 503 Composantes de la demande et taux de croissance, 2017–2020 514 Finances publiques, 2017–2020 525 Indicateurs monétaires 536 Indicateurs de la balance des paiements 547 Commerce intrarégional, 2017 558 Indicateurs démographiques, 2018 579 Indicateurs de pauvreté et de répartition des revenus 5810 Accès aux services 5911 Indicateurs sanitaires 6012 maladies majeures 6113 Indicateurs de l’éducation 6214 Indicateurs du travail, 2018 63

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Les Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 ont été élaborées à la Vice-pré-sidence pour la Gouvernance économique et la Gestion des Connaissances, sous la supervision et la direction générale de Céles-tin monga, Vice-président et Chef écono-miste, avec la collaboration de Éric Kehinde Ogunleye, Amah marie-Aude ezanin Koffi, Tricia Baidoo et Vivianus Ngong.

La préparation de ces perspectives régio-nales s’est faite sous la direction et avec la coordination de Ferdinand Bakoup, Directeur par intérim du Département de l’économie pays, accompagné d’une équipe de base composée d’Anthony Simpasa, Économiste principal, Département pays du Nigéria, et James Wahome, Économiste principal, Afrique de l’Ouest.

Les données figurant dans le rapport ont été assemblées par le département des Statistiques, sous la direction de Charles Lufumpa, Directeur, et Louis Kouakou, Chef de la division des Statistiques économiques et sociales. Leur équipe était composée d’Anouar Chaouch, mbiya H. Kadisha, Sou-maila Karambiri, Stéphane regis Hauhouot, Slaheddine Saidi, Kokil Beejaye, Adidi Ivie et Guy Desire Lakpa.

Le rapport a bénéficié des contributions de moono mupotola, Directeur, Intégration régionale, et Ometere Omoluabi-Davies,

Coordinateur pour l’Intégration régionale, Département pays du Nigéria. Olawale Ogunkola (Université d’Ibadan) a fourni une note d’information pour le rapport. Abou Fall, Coordinateur pour la facilitation des échanges, département du Développement industriel et du Commerce, et un consultant extérieur, Nene Akwetey-Kodjoe, ont préparé la note d’information pour l’infographie sur les mouvements des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest. Jacob Oduor, robert Asogwa et Nelnan Koumtingue ont examiné le rapport.

Augustin Fosu (Université du Ghana) et Peter montiel (Williams College) ont servi comme pairs examinateurs.

La conception graphique de la couverture du rapport est due à Laetitia Yattien-Ami-guet et Justin Kabasele du département des relations extérieures et de la Commu-nication de la Banque. L’édition, la traduc-tion et la mise en page ont été assurées par l’équipe de Communications Development Incorporated, sous la direction de Bruce ross-Larson et composée de Joe Brinley, Joe Caponio, meta de Coquereaumont, mike Crumplar, Peter redvers-Lee, Christopher Trott et elaine Wilson, accompagnée pour la conception par Debra Naylor et pour la tra-duction par Jean-Paul Dailly et une équipe de JPD Systems.

REMERCIEMENTS

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en 2018, la croissance estimée du PIB réel pour l’Afrique de l’Ouest était de 3,3 %, en hausse par rapport à la croissance de 2,7 % en 2017. entre 2014 et 2017, la croissance du PIB en Afrique de l’Ouest a été inférieure à celle de l’ensemble de l’Afrique. Cependant, elle a été plus rapide que la croissance enre-gistrée en Afrique australe et en Afrique cen-trale. Cette croissance timide est le reflet de la baisse des prix des produits de base, de la diminution de la production de pétrole au Nigéria (qui est de loin l’économie dominante de la région), et de l’impact de la propaga-tion du virus ebola. La contraction de l’acti-vité au Nigéria a masqué la croissance élevée de certaines économies de plus petite taille, en affaiblissant la moyenne de la région. La croissance régionale devrait rester modérée, avec 3,6 % en 2019 et 2020.

Les exportations nettes positives et les investissements ont été les principaux moteurs axés sur la demande de la crois-sance du PIB en 2018, alors que la consom-mation publique et la consommation des ménages n’ont contribué que de façon mar-ginale. Il y a cependant eu de grandes varia-tions d’un pays à l’autre. La consommation des ménages a dominé la croissance du PIB

dans dix pays, tandis que ce sont les inves-tissements qui ont primé au Nigéria et en Sierra Leone.

Par le passé, la croissance a été stimulée par la hausse des prix des produits de base de la région. Une relance durable des prix, conditionnée à une forte demande mondiale, pourrait ainsi améliorer la croissance et les conditions macroéconomiques à court et moyen terme. Les conditions précaires de sécurité au mali, au Niger et dans le nord du Nigéria font partie des principaux risques pouvant entraver les perspectives écono-miques de la région en 2019 et 2020.

Parmi les indicateurs macroécono-miques, l’inflation, alimentée en partie par une politique budgétaire expansionniste et des contraintes liées à l’approvisionnement, demeure un obstacle à l’investissement et à une croissance économique durable en Afrique de l’Ouest. L’inflation a grimpé rapi-dement pour atteindre 13 % en 2017, avant de redescendre à 9,5 % en 2018. Si les poli-tiques monétaires et budgétaires sont gérées sainement et si les prix du carburant et de l’énergie restent stables, elle devrait remonter légèrement en 2019, avant de se stabiliser. L’inflation a été faible dans les pays membres

L es quinze économies d’Afrique de l’Ouest présentent des différences sur de nombreux

aspects du développement. en 2018, le revenu par habitant se situait entre 452 dollars au

Niger et 3 678 dollars au Cabo Verde. Neuf pays ont enregistré une croissance du PIB réel d’au

moins 5 % en 2017 et 2018, et cinq d’entre eux connaissent une telle croissance depuis 2014–

2016. Bien que l’agriculture soit le moteur de la croissance dans ces pays, le secteur des

services a émergé en complément de celle-ci.

RÉSUMÉ EXÉCUTIF

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2 r É S U m É e x É C U T I F

La faiblesse de la transparence et

de la redevabilité, ainsi que la fragilité

et l’instabilité politiques, ont par le passé empêché les

pays de mobiliser suffisamment de

ressources internes pour répondre

aux besoins de développement

de l’Union économique et monétaire ouest-afri-caine (UemOA), se situant à 0,9 % en 2017, mais elle a été de 11 % dans les pays non-membres.

entre 2008 et 2018, toutes les monnaies de la région se sont dépréciées en termes réels. Les pays d’Afrique de l’Ouest doivent trouver le juste milieu entre d’une part maintenir des taux de change stables pour dompter l’inflation et conci-lier les intérêts des groupes sociaux, et d’autre part constituer des tampons de réserves, pouvant être déployés lorsque les recettes exceptionnelles issues de la manne des produits de base sont plus faibles.

Après une amélioration entre 2014 et 2016, la moyenne du déficit budgétaire s’est détériorée en 2017. en raison d’une mobilisation faible des recettes nationales et de politiques budgétaires expansionnistes, le déficit budgétaire s’est géné-ralement situé au-dessus de 3 %, le critère de convergence, dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest. Les efforts entrepris pour diversifier les sources de revenus ont été entravés par les capacités limitées du secteur privé, ainsi que par une certaine réticence à mettre en œuvre des réformes fiscales difficiles et à supprimer des sub-ventions publiques coûteuses.

La faiblesse de la transparence et de la redeva-bilité, ainsi que la fragilité et l’instabilité politiques, ont par le passé empêché les pays de mobiliser suf-fisamment de ressources internes pour répondre aux besoins de développement. Dans la plupart des pays, l’essentiel des recettes fiscales provient des taxes sur les biens et les services, des tran-sactions et du commerce internationaux, ainsi que des revenus, des bénéfices et des gains en capital. Les pays devraient trouver des moyens novateurs d’accroître leurs recettes grâce à des réformes per-mettant d’améliorer la perception des impôts, de minimiser la fraude fiscale, et de limiter les flux finan-ciers illicites. Élargir l’assiette fiscale, y compris en incorporant le secteur informel dans l’impôt, pourrait permettre d’augmenter les recettes.

Le compte courant s’est soldé par un surplus de 0,2 % du PIB en 2017, qui devrait être de 0,4 % en 2018, grâce principalement à l’excédent de 3,7 % du Nigéria. Les déficits dans les autres pays ont varié de 2,7 % en Côte d’Ivoire à 22,4 % au Libéria.

Le ratio de la dette extérieure par rapport au PIB est en hausse dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. Le ratio moyen était de 13,5 % en 2013 et devrait atteindre 23,7 % en 2018. Les paiements du service de la dette ont également augmenté depuis 2010 et ils devraient demeurer élevés à moyen terme. Le rapport du service de la dette aux recettes de la région devrait diminuer pour se situer à 16 % à moyen terme. Cette diminution est permise par les efforts entrepris dans le cadre de réformes en cours pour améliorer la mobilisation des ressources natio-nales, ainsi que l’instauration de nouvelles initia-tives de gestion de la dette.

Le chômage élevé constitue un défi politique et socio-économique majeur en Afrique de l’Ouest. Après être passé de 4,2 % en 2010 à 3,7 % en 2015, le chômage moyen de la région a bondi à 5,2 % en 2018. Les données du chômage sont toutefois trompeuses car elles masquent les taux élevés de travail informel et le sous-emploi. Les données ne tiennent pas non plus compte des effets structurels à long terme de l’informalité sur la création d’emplois et de la forte croissance démographique. Le chômage reflète la structure économique et la dynamique de la population dans les différents pays, dont beaucoup sont dominés par un secteur agricole et un secteur des services en grande partie informels.

La transformation structurelle demeure fragile dans les économies d’Afrique de l’Ouest, en par-ticulier celles qui dépendent de l’extraction des ressources. entre 2000 et 2015, la main-d’œuvre n’a que légèrement quitté le secteur de l’agricul-ture (6,4 points de pourcentage), et la part de l’in-dustrie n’a augmenté que de 2,2 points de pour-centage. Les deux tiers du changement ont été captés par le secteur des services, dont la pro-ductivité ne semble pas être tellement plus élevée que celle de l’agriculture.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CeDeAO) cherche à impulser une transformation de l’économie en renforçant l’intégration par le biais du schéma de libéralisa-tion des échanges de la CeDeAO (le SLeC). mais la proportion des exportations intra-CeDeAO par rapport au total de ses exportations n’atteignait encore qu’à peine 11,9 % en 2017 – à savoir moins

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r É S U m É e x É C U T I F 3

que la proportion des exportations intra-Afrique dans les exportations africaines globales (16 %).

en dépit de l’immense potentiel de développe-ment d’une chaîne de valeur régionale, les expor-tations ouest-africaines ont tendance à s’orienter vers les économies avancées. en effet, plus de 70 % des produits à l’exportation partent à desti-nation de l’europe et de l’Amérique du Nord. Les pays membres de la CeDeAO ont tendance à être surtout des fournisseurs d’intrants primaires sans complément de valeur pour pénétrer les mar-chés d’exportation. Les économies de petite taille semblent mieux intégrées mondialement que les économies plus grandes.

Une intégration plus faible dans les chaînes de valeur mondiales peut refléter la forte préva-lence et l’effet pervers du commerce informel, qui peuvent conduire à une sous-estimation impor-tante du volume des échanges. Les flux commer-ciaux intrarégionaux officiels sont également bas en raison de la faible complémentarité commer-ciale entre les pays ouest-africains, de l’avantage comparatif révélé plus élevé des pays étrangers autres que ceux d’Afrique de l’Ouest dans les pro-duits importés en Afrique de l’Ouest, et des coûts plus élevés du commerce intrarégional par rap-port aux échanges en dehors de la région. Ces facteurs réduisent la compétitivité des produits ouest-africains locaux, alors que les infrastruc-tures physiques et institutionnelles défaillantes augmentent aussi les coûts. Des barrières non-ta-rifaires et des interdictions d’importation limitent encore davantage les échanges intrarégionaux.

Plusieurs défis doivent être relevés pour renfor-cer l’intégration régionale et engendrer une trans-formation structurelle qui favorise la croissance, crée des emplois et lutte contre la pauvreté et les autres fléaux sociaux en Afrique de l’Ouest.

Le premier défi consiste à accroître la part des exportations intrarégionales dans le total des exportations, ce qui devrait encourager la

transformation structurelle. Le deuxième défi est d’étendre la transformation structurelle au-delà du secteur des services, jusqu’au secteur manu-facturier. Le troisième défi consiste à renforcer les liens primaires entre l’intégration régionale et la transformation structurelle en développant une base industrielle dynamique avec des exporta-tions de produit manufacturés.

Les décideurs politiques doivent se concentrer sur le renforcement des capacités productives, en particulier pour les produits et services pour les-quels la complémentarité commerciale peut être améliorée à court et moyen terme. Les politiques nationales et régionales doivent être cohérentes et les mesures protectionnistes doivent être évitées car elles freinent la compétitivité des échanges commerciaux régionaux et contribuent à perpé-tuer le commerce informel.

Bien que les services puissent devenir un moteur de croissance pour l’Afrique, l’industrie manufacturière demeure un important point d’an-crage pour transformer et industrialiser l’Afrique de l’Ouest. Les pôles industriels et zones éco-nomiques régionaux, soutenus par des réseaux énergétiques et de transport correctement conçus et interconnectés, pourraient déclencher cette transformation.

Alors que les activités d’intégration régionale et continentale prennent de l’ampleur – avec, notam-ment, le tarif extérieur commun de la CeDeAO et la zone de libre-échange continentale africaine (ZLeC) – il est probable que leurs répercussions sur l’Afrique de l’Ouest soient profondes. en tant que plus importante économie d’Afrique, le Nigé-ria devrait accélérer ses consultations avec les parties concernées en vue de son adhésion à la ZLeC. La ZLeC est pleinement compatible avec les principes fondateurs de la CeDeAO. Sans le leadership de la CeDeAO, l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest et au niveau continental ne remplira pas ses promesses.

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PARTIE 1PERFORMANCES MACROÉCONOMIQUES ET PERSPECTIVES

PERFORMANCES ÉCONOMIQUES ET PERSPECTIVES

Les quinze économies d’Afrique de l’Ouest sont diverses en de nombreux aspects du développement, et la région abrite certains des pays les moins avancés du continent. en 2018, le revenu par habitant variait de 453 dollars au Niger à 3 678 dollars au Cabo Verde, l’un des rares pays à revenu moyen intermédiaire (figure 1). Le revenu par habitant du Nigéria était estimé à 2 089 dollars, tandis que son PIB était estimé à 409 milliards de dollars, soit environ les deux tiers du total de l’Afrique de l’Ouest. Le pays représente la moitié de la population de la région et son importance domine les performances éco-nomiques de la région. La baisse du PIB par habitant est symptomatique de la croissance fragile dans une région en croissance démo-graphique. De 2010 à 2017, la volatilité de la production s’est établie en moyenne à 1,5 %, ce qui s’explique en partie par la faible diver-sification de l’économie.

Les taux de croissance diffèrent consi-dérablement dans le temps et entre les pays d’Afrique de l’Ouest. Certains pays ont connu une forte croissance, dépassant

même les 7 % en 2017 et 2018. Neuf pays ont connu une croissance d’au moins 5 % en 2017 et 2018, et quatre d’entre eux (Côte d’Ivoire, Guinée, mali, et Sénégal) connaissent une telle croissance depuis 2014–2016 (figure 2). La performance dans ces cinq pays à croissance rapide a été tirée par l’agriculture. mais d’autres secteurs ont émergé pour compléter l’agriculture. en Côte d’Ivoire, l’industrie manufacturière a rebondi, bénéficiant du regain de dynamisme du sec-teur privé depuis la fin de la crise politique de 2011. Le secteur de l’énergie et la consom-mation intérieure ont également contribué à une croissance plus forte. en Guinée, les investissements dans le secteur minier ont permis d’alimenter la croissance. La Guinée détient environ 40 % des réserves mondiales de bauxite et les plus importants gisements de minerai de fer au monde. en raison des investissements continus dans le secteur, le pays a eu un approvisionnement ininter-rompu en bauxite. Il développe un cadre pour augmenter la production locale de bau-xite tout en augmentant la part de marché mondiale de l’aluminium. Dans les deux pays, les investissements publics, notam-ment dans les infrastructures, ont également contribué à la croissance.

C e rapport est organisé en deux parties. La première présente une analyse économique

complète de l’Afrique de l’Ouest axée sur les principales variables macroéconomiques,

notamment la croissance, l’inflation, l’emploi, la situation budgétaire et la dette extérieure. La

deuxième analyse l’interaction entre l’intégration régionale et la transformation structurelle, afin

de déterminer comment la première peut effectivement conduire à la seconde.

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6 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

malgré les défis sécuritaires, la croissance au mali s’est accélérée, soutenue par les perfor-mances favorables du secteur primaire, principa-lement de l’agriculture. La croissance du Niger s’explique également par les bonnes perfor-mances de l’agriculture, mais le pétrole est éga-lement devenu un facteur important. La hausse des investissements, ainsi que la vigueur des exportations de zircon, d’arachides et de phos-phate, ont stimulé la croissance au Sénégal en 2018. Les exportations de zircon ont augmenté d’environ 4 millions de dollars entre août 2017 et août 2018.1

Le Libéria et la Sierra Leone se sont remis de l’épidémie d’ebola, qui a provoqué la contrac-tion de leur économie en 2014–2016. Depuis lors, la croissance au Libéria s’est accélérée pour atteindre 2,5 % en 2017 et environ 3,2 % en 2018. La Sierra Leone a suivi le même schéma, malgré les inondations de 2018. Les taux de croissance dans les deux pays devraient revenir aux niveaux d’avant l’épidémie en 2019 et 2020.

en 2018, la croissance moyenne du PIB réel de l’Afrique de l’Ouest était estimée à 3,3 %, contre 2,7 % en 2017, lorsque le Nigéria a conso-lidé sa sortie de récession (voir figure 2). en 2016, l’économie nigériane a reculé de 1,6 %,

la production s’étant contractée dans tous les secteurs, à l’exception de l’agriculture, qui a progressé de 4,1 %. La production industrielle s’est contractée en raison de la perturbation de la production pétrolière liée au vandalisme d’ins-tallations pétrolières dans le delta du Niger. La contraction a neutralisé la forte croissance des petites économies, entraînant une croissance moyenne plus faible pour la région. La croissance du Nigéria a repris pour s’établir à 0,8 % en 2017, et atteindre environ 1,9 % en 2018, portée par la solide performance des secteurs pétrolier et non pétrolier, cette dernière étant tirée par une expansion des services, de l’industrie, de l’indus-trie manufacturière et des industries extractives, et de l’agriculture. Le Nigéria représente environ les deux tiers du PIB de la région et tout choc sur sa croissance se traduit par une croissance moyenne plus faible en Afrique de l’Ouest. Ainsi, la croissance moyenne hors Nigéria a toujours été supérieure à la croissance moyenne enregis-trée au Nigéria (figure 3).

entre 2014 et 2018, le taux de croissance du PIB de l’Afrique de l’Ouest a été inférieur à celui de l’Afrique dans son ensemble. L’Afrique de l’est affichait les taux de croissance les plus élevés, tandis que l’Afrique centrale et australe étaient

FIGURE 1 PIB par habitant en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018

Actuel $

0

1 000

2 000

3 000

4 000

Afriquede l’Ouest

TogoSierraLeone

SénégalNigériaNigerMaliLibériaGuinée-Bissau

GuinéeGhanaGambieCôted’Ivoire

CaboVerde

BurkinaFaso

Bénin

2014–16 2017 2018 (estimation)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 7

toutes deux derrière l’Afrique de l’Ouest (figure 4). Les perspectives à moyen terme restent posi-tives en Afrique de l’Ouest bien qu’elles soient bien inférieures à celles d’autres régions, à l’ex-ception de l’Afrique australe, et légèrement supé-rieures à celles de l’Afrique centrale. Ces der-nières années, l’Afrique centrale a été secouée par la baisse des prix des produits de base et l’instabilité politique, tandis que la croissance de l’Afrique australe a été freinée par la faible perfor-mance de l’Afrique du Sud, première économie de la région.

La faible croissance des prix des produits de base, la contraction de la production de pétrole au Nigéria et l’impact de l’épidémie du virus ebola ont été à l’origine de la faible croissance de l’Afrique de l’Ouest au cours des cinq der-nières années. L’épidémie a fait le plus de ravages en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone en 2014–2015.

La croissance devrait rester modérée, à 3,6 % en 2019 et 2020, soit encore inférieure à la moyenne du continent de 4 % en 2019 et de 4,1 % en 2020. La reprise projetée s’appuiera sur des réformes structurelles et politiques, telles que le plan de relance économique et de croissance du Nigéria (2017–2020), la réforme du secteur de

l’énergie au Sénégal (2016–2021), le plan d’ac-tion du gouvernement du Bénin et le plan natio-nal de développement économique et social du Burkina Faso (2016–2020), qui couvre l’énergie, le

FIGURE 2 Croissance du PIB dans les pays d’Afrique de l’Ouest, 2014–2020

Pourcentage

–5

0

5

10

Afriquede l’Ouest

TogoSierraLeone

SénégalNigériaNigerMaliLibériaGuinée-Bissau

GuinéeGhanaGambieCôted’Ivoire

CaboVerde

BurkinaFaso

Benin

2014–16 2017 2018 (estimation) 2019 (projection) 2020 (projection)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

FIGURE 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020

Pourcentage

2020(projection)

2019(projection)

2018(estimation)

20172014–2016

0

2

4

6

8

Nigéria

Afrique de l’Ouest

Afrique de l’Ouest(hors Nigeria)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

Page 15: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

8 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

développement agricole et les infrastructures rou-tières et de télécommunications.

Au Nigéria, la croissance de l’après-réces-sion, estimée à 2,3 % en 2019 et à 2,4 % en 2020, devrait profiter de la reprise de la pro-duction de pétrole et d’autres facteurs de crois-sance sectoriels – services, agriculture et indus-trie (industries extractives et manufacturières). Les élections générales réussies en 2019 et la capacité de relever certains défis, notamment les affrontements entre éleveurs et agriculteurs, stimuleront davantage les perspectives de crois-sance. L’économie de la Côte d’Ivoire devrait connaître une croissance de 7 % en 2019 et celle du Ghana de 7,3 %, portées par la reprise atten-due des prix des produits de base (notamment le cacao et l’or) et l’expansion soutenue d’autres secteurs clés.

Croissance du PIB par secteurL’analyse de la contribution des différents sec-teurs au PIB et à la croissance du PIB révèle que, comme dans la plupart des pays africains, la transformation structurelle reste faible dans les économies ouest-africaines, en particulier parmi celles qui dépendent de ressources extractives.2

Les services restent le secteur dominant en termes de valeur ajoutée, représentant la moitié du PIB de la région en 2018, ce qui n’a pratique-ment pas changé par rapport à 2015 (figure 5). Le tourisme au Cabo Verde et les services finan-ciers au Ghana et au Nigéria sont les sous-sec-teurs dominants. L’agriculture et l’industrie ont représenté chacune environ un quart du PIB de la région en 2018. Le secteur manufacturier repré-sente une petite part de l’industrie et se limite au traitement léger des produits primaires et à la pro-duction de biens de consommation.

Le tableau régional cache d’importantes varia-tions d’un pays à l’autre. La part des services dans le PIB en 2018 a représenté entre 20,3 % au Libéria et 70,1 % au Cabo Verde. Les services ont représenté plus de 50 % du PIB au Bénin, au Ghana, au Nigéria, au Sénégal et au Togo. L’agri-culture, quant à elle, a représenté plus de 40 % du PIB en Guinée-Bissau, au Libéria, au mali et en Sierra Leone. La part de l’industrie dans le PIB était supérieure à la moyenne régionale de 23,2 % dans trois pays seulement (Côte d’Ivoire, Ghana et Guinée) et était la plus faible au Libé-ria (11 %). La moyenne régionale de la valeur ajoutée manufacturière (9,7 %) cache également de grandes variations, allant de 1,8 % en Sierra Leone à 17,4 % en Côte d’Ivoire. Six pays – le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée-Bis-sau, le mali et le Sénégal – se situaient au-dessus de la moyenne régionale.

Les services ont représenté 2 points de pour-centage de la croissance du PIB de 3,3 % en Afrique de l’Ouest en 2018, l’agriculture 1 %, et l’industrie 0,6 %. Les services ont dominé la crois-sance économique dans neuf des quinze pays de la région : la contribution des services à la crois-sance du PIB a varié de 47,4 % au mali à 81,8 % au Cabo Verde (figure 6).

L’agriculture a contribué à hauteur de 1 point de pourcentage à la croissance de 3,3 % du PIB de l’Afrique de l’Ouest en 2018, avec des varia-tions importantes d’un pays à l’autre. L’agriculture a représenté plus du quart de la croissance du PIB en Gambie, en Guinée-Bissau, au Libéria, au mali, au Niger, au Nigéria et en Sierra Leone.

L’industrie n’a représenté que 0,6 point de pourcentage de la croissance du PIB de la région.

FIGURE 4 Croissance du PIB réel en Afrique, par région, 2014–2020

Pourcentage

2020(projection)

2019(projection)

2018(estimation)

20172014–2016

0

2

4

6

8

Afrique centrale

Afrique de l’Est

Afrique du Nord

Afrique australe

Afrique de l’Ouest

Afrique

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

Page 16: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 9

FIGURE 5 Composition sectorielle du PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018

Pourcentage

0

20

40

60

80

100

Agriculture Industrie Services

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

2014–2016 2017 2018 (estimation)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

FIGURE 6 Contributions sectorielles à la croissance du PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018

Pourcentage

–10

–5

0

5

10

Agriculture Industrie Services

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Moyenne 2014–2016 2017 2018 (estimation)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

Page 17: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

10 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

Sa contribution était la plus faible au Cabo Verde et la plus élevée en Sierra Leone.

Facteurs de croissance axés sur la demandeLa consommation privée reste la compo-sante dominante de la demande dans le PIB de la région, dont elle représente plus de 75 % (figure 7). La confiance des consommateurs et la croissance de la classe moyenne dans une majo-rité de pays alimentent la consommation privée. La classe moyenne représente environ 33 % de la population au Ghana, contre 23 % au Nigéria. Dans les deux pays, la classe moyenne est forte-ment vulnérable aux chocs.3

Tous les pays de la région, à l’exception de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau et du Nigéria, ont enregistré des exportations nettes négatives, important plus de biens qu’ils n’en ont exportés. en 2018, les exportations nettes ont réduit la croissance du PIB réel de l’Afrique de l’Ouest de 1,5 point de pourcentage. Si les exportations ont eu un effet positif sur la croissance en Afrique4, cela a été l’inverse pour les importations5, ce qui

souligne la nécessité de limiter ces dernières. Dès lors qu’elles comprennent des produits d’in-vestissement ou des produits intermédiaires, les importations peuvent contribuer à la crois-sance. Toutefois, des importations excessives de produits de consommation peuvent nuire à la croissance.

Les efforts visant à réaliser un solde exté-rieur positif bénéficieraient grandement de politiques de promotion des exportations, en particulier de celles visant à se diversifier par rapport aux activités d’exportation de produits primaires. L’investissement en pourcentage du PIB est en moyenne d’environ 18 % et est resté stable depuis 2014. L’investissement en Afrique de l’Ouest, et plus généralement en Afrique, est limité par un financement insuffisant. Sur l’ensemble du continent, le financement des infrastructures nécessaire pour respecter le pro-gramme phare des « cinq grandes priorités » de la Banque africaine de développement se situe entre 130 et 170 milliards de dollars par an.6 Au Nigéria, 3 milliards de dollars sont néces-saires sur la période 2014–2044 pour aligner

FIGURE 7 Composition de la demande du PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2018

Pourcentage

-50

0

50

100

150

Consommation des administrations publiques Consommation des ménages Investissement Exportations nettes

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

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Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

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Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambe

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBe

nin

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Moyenne 2014–2016 2017 2018 (estimation)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

Page 18: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 11

les infrastructures sur les normes mondiales, la majeure partie des fonds devant alimenter le secteur de l’énergie. Les carences au niveau des ressources d’investissement se retrouvent dans toute la région.

Au plan régional, les exportations et les inves-tissements nets positifs ont été les principaux moteurs de la croissance du PIB du côté de la demande en 2018, tandis que la consommation des administrations publiques et la consomma-tion des ménages ont eu une contribution mar-ginale (figure 8). La moyenne régionale masque ici également les variations d’un pays à l’autre. La consommation des ménages a dominé la croissance du PIB dans dix des quinze pays de la région : Burkina Faso, Cabo Verde, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Libéria, mali, Niger, Séné-gal et Togo.

Les investissements ont dominé la crois-sance du PIB au Nigéria et en Sierra Leone, qui ont tous deux bénéficié d’investissements dans les infrastructures publiques. La Guinée est un cas exceptionnel : après les violentes manifesta-tions de 2017 dans le secteur de la bauxite, les

investissements directs étrangers ont rebondi, tirés par les investissements chinois.

Opportunités et risques à court et moyen termeHistoriquement, la hausse des prix des produits de base de la région – pétrole, or, cacao, noix de cajou et minerai de fer – a soutenu la croissance. Une reprise soutenue des prix, conditionnée par une demande mondiale forte, pourrait améliorer la croissance et les conditions macroéconomiques à court et à moyen terme.

Plusieurs projets de développements d’in-frastructures publiques devraient permettre de réduire les coûts des activités commerciales et de renforcer la confiance des investisseurs dans la région. Ils sont considérés comme un moyen d’attirer les entreprises en voie de relocalisa-tion depuis la Chine en raison de la hausse des salaires dans ce pays.7

Une approche d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest devrait prendre en compte les préoccupations des petites économies et le déve-loppement des chaînes de valeur régionales afin

FIGURE 8 Contributions de la demande à la croissance du PIB en Afrique de l’Ouest, 2014–2018

Pourcentage

–20

–10

0

10

20

30

Consommation des administrations publiques Consommation des ménages Investissement Exportations nettes

Moyenne 2014–2016 2017 2018 (estimation)

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

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Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

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Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambe

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBe

nin

Afriqu

e de l

’Ouest

Togo

Sierra

Leon

e

Séné

gal

Nigéria

Niger

Mali

Libéri

a

Guinée

-Biss

au

Guinée

Ghana

Gambie

Côte d’

Ivoire

Cabo V

erde

Burki

na Fa

soBé

nin

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

Page 19: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

12 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

L’inflation, alimentée en partie par une

politique budgétaire expansionniste et

des contraintes du côté de l’offre, reste un défi pour

l’investissement et la croissance

économique durable en Afrique de l’Ouest

d’accroître la taille du marché pour le commerce. Cela nécessite la mise en œuvre effective de divers protocoles et accords de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CeDeAO), notamment le tarif extérieur commun et le programme de libéralisation des échanges de la CeDeAO. Le démantèlement des obstacles non tarifaires au commerce des intrants et des biens intermédiaires et finaux, ainsi que des stra-tégies d’appui favorisant les coentreprises régio-nales, peuvent créer des économies d’échelle et libérer ainsi le potentiel d’un marché régional élargi et sans entrave.

Parmi les principaux risques pour les pers-pectives économiques de la région à l’horizon 2019–2020 figure la situation sécuritaire précaire au mali, au Niger et dans le nord du Nigéria. Le redressement sur les marchés internationaux des produits de base semble soutenu, mais des changements pourraient menacer la prospérité économique, de même que des catastrophes naturelles inattendues telles que la sécheresse, les inondations, des parasites ou un change-ment des conditions climatiques, qui sont actuel-lement favorables à la production agricole. Le risque politique s’est également accru au Togo, avec des manifestations civiles répétées contre le gouvernement.

Des élections générales dans le calme au Nigéria et au Sénégal en 2019, une passation de pouvoir réussie en Sierra Leone et en Gambie, et un renforcement général de la gestion macroéco-nomique devrait atténuer les risques politiques et améliorer la performance économique de la région.

STABILITÉ MACROÉCONOMIQUE ET PERSPECTIVES

L’évolution de la situation macroéconomique en Afrique de l’Ouest a été déterminée par une com-binaison de conditions économiques nationales et mondiales. Globalement, les prix des produits de base se sont redressés, ce qui a entraîné une amélioration relative de la balance extérieure. mais l’expansion budgétaire dans plusieurs pays et les niveaux d’endettement croissants ont éclipsé les gains tirés de la hausse des prix des matières

premières. Les perspectives à moyen terme semblent favorables sur plusieurs fronts, mais les défis sous-jacents pourraient retarder la réalisa-tion d’une stabilité macroéconomique.

Fluctuations des prix

InflationL’inflation, alimentée en partie par une politique budgétaire expansionniste et des contraintes du côté de l’offre, reste un défi pour l’investissement et la croissance économique durable en Afrique de l’Ouest. L’inflation s’est fortement accélérée, passant d’une moyenne de 9,4 % en 2014–2016 à un record de 13 % en 2017, avant de diminuer à environ 9,5 % en 2018. elle devrait augmenter légèrement en 2019, avant de se stabiliser l’année suivante, dans les deux cas avec des taux restant à un seul chiffre. Ces projections reposent sur les hypothèses de la poursuite des efforts pour éliminer les tensions inflationnistes, notamment une gestion saine des politiques monétaires et budgétaires, ainsi que de la stabilité des prix des carburants et de l’énergie, en particulier pour les exportateurs nets de pétrole comme le Nigéria. Les projections supposent aussi que divers pro-jets d’infrastructure, notamment le chemin de fer à écartement normal Lagos-Ibadan au Nigéria, soient achevés et aient un impact positif sur les prix des marchandises.

Une amélioration de la production agricole, des limites au financement des déficits budgétaires par la banque centrale, et une politique moné-taire prudente contribueront à atténuer les risques d’inflation pendant que les pays s’efforcent de satisfaire aux critères de convergences macroé-conomiques imposées par une union monétaire en 2020.

Deux principaux régimes d’inflation dans la région peuvent être identifiés : l’inflation dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UemOA)8 et l’inflation dans les pays non membres de l’UemOA. L’inflation dans les pays de l’UemOA est restée faible, soutenue par l’an-crage du taux de change du franc CFA à l’euro, ce qui permet à ces pays d’importer la faible inflation de la zone euro. en 2014–2016, l’inflation était en moyenne de 0,3 % dans les pays de l’UemOA et de 8,6 % dans les pays hors UemOA (figure 9). en

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P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 13

2017, elle s’élevait à 0,9 % dans les pays de l’Ue-mOA et à 11 % dans les pays hors UemOA.

L’inflation dans les pays non-membres de l’UemOA variait entre –0,5 % au Cabo Verde et 16,7 % au Ghana en 2014–2016 et entre 0,8 % au Cabo Verde et 18,2 % en Sierra Leone en 2017 (voir figure 9). Les pays à forte inflation affichaient également les déficits budgétaires les plus impor-tants. Les facteurs importants dans les pays hors

UemOA comprenaient de meilleures positions budgétaires, comme en témoignent des déficits budgétaires inférieurs (étayés par des recettes dynamiques), et des taux de change moins volatiles, grâce à l’amélioration des réserves de change qui a permis aux pays de lisser les fluc-tuations à court terme. Certains pays, notamment le Ghana, ont également pris des mesures pour lutter contre les fragilités du secteur financier, ce

FIGURE 9 L’inflation en Afrique de l’Ouest, par pays, 2008–2020

–2

0

2

4

6

2020(projection)

2019(projection)

2018(estimation)

20172014–20162011–20132008–2010

Pourcentage Bénin Burkina Faso Côte d’Ivoire Guinée-Bissau Mali Niger Sénégal Togo

Pays de l’UEMOA

Moyenne

–5

0

5

10

15

20

2020(projection)

2019(projection)

2018(estimation)

20172014–20162011–20132008–2010

Pourcentage Cabo Verde Gambie Ghana Guinée Libéria Nigéria Sierra Leone

Pays hors UEMOA

Moyenne

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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14 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

qui a permis de limiter l’ampleur du financement intérieur du déficit budgétaire.

Taux de change réelsDeux types de systèmes de taux de change sont en place en Afrique de l’Ouest : les régimes fixes/ancrés et les régimes flexibles. Dans les pays de l’UemOA, la monnaie du bloc (franc CFA) est ancrée à l’euro, mais est flexible par rap-port à d’autres devises négociables, y compris le dollar des États-Unis. Les pays hors UemOA, à l’exception du Libéria, ont un système flot-tant ou de flottement dirigé.9 entre 2008 et 2018, toutes les monnaies de la région se sont dépréciées en termes réels, avec à leur tête les devises du Ghana, du Nigéria et de la Sierra Leone (figure 10). Le cédi ghanéen s’est dépré-cié d’un facteur de plus de quatre en 2018, une baisse de valeur alimentée en grande partie par l’appréciation du dollar et par les perspectives de relèvement des taux d’intérêt qui ont poussé les investisseurs à liquider leurs avoirs en dollars. en valeur absolue, la monnaie s’est dépréciée de 1,1 cédi par dollar américain à 4,8 cédis. Le taux de change réel pour la Gambie et le Cabo Verde ne s’est que modérément déprécié.

Plusieurs banques centrales de la région, en particulier dans les pays hors UemOA, inter-viennent périodiquement sur le marché des changes pour lisser les fluctuations et limiter la volatilité de la monnaie. en 2018, portée par la récupération des réserves internationales grâce à l’amélioration des revenus pétroliers, la Banque centrale du Nigéria est intervenue sur le marché des changes pour soutenir le naira. Cependant, fin 2018, une demande croissante a propulsé le taux sur le marché parallèle à plus de 360 nairas pour un dollar des États-Unis, contre un taux offi-ciel de 307 nairas. Les pressions de la demande et l’incertitude grandissante entourant les élec-tions générales de février 2019, associées à la hausse de l’inflation et à l’éventuel fléchissement des cours du pétrole en 2019, pourraient pous-ser la Banque centrale du Nigéria à accroître ses interventions.

Les pays d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à un équilibre délicat entre d’une part maintenir des taux de change stables pour maîtriser l’inflation et d’autre part constituer des tampons de réserves pouvant être déployés lorsque les recettes issues de la manne des produits de base sont plus faibles. Cet équilibre est encore plus précaire dans les plus petites économies avec des condi-tions macroéconomiques fragiles. Les interven-tions sur les marchés des changes pour maintenir la monnaie nationale à un niveau artificiellement fort et les taux d’inflation d’un pays élevés par rap-port à ceux de ses partenaires commerciaux sont deux facteurs défavorables à des taux de change réels compétitifs.

Termes de l’échangeLes termes de l’échange, définis comme le prix relatif des exportations d’un pays par rapport à ses importations, sont déterminés par la relation entre la demande mondiale des produits d’une région et l’offre de cette région. Par conséquent, la composition des exportations et des importations détermine l’amplitude et l’évolution des termes de l’échange. Les pays d’Afrique occidentale ont tendance à exporter des produits de base, dont les prix sont établis de façon exogène, et à impor-ter des produits manufacturés. Dans cette situa-tion, les prix relatifs des produits de base sont essentiels.

FIGURE 10 Indices de taux de change réel dans des pays sélectionnés hors de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, 2008–2018

Indice (2008 = 100)

20182017201620152014201320122011201020092008

Cabo Verde

Gambie

Ghana

Sierra Leone

Nigéria

Guinée

0

100

200

300

400

500

Source : Base de données UNCTADstat.

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P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 15

Les pays d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à un équilibre délicat entre d’une part maintenir des taux de change stables pour maîtriser l’inflation et d’autre part constituer des tampons de réserves pouvant être déployés lorsque les recettes issues de la manne des produits de base sont plus faibles

Avant la crise financière mondiale de 2009, de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest bénéficiaient de termes de l’échange favorables (figure 11). Alors que les prix des produits de base augmen-taient fortement, la situation macroéconomique globale s’était également améliorée. Le redresse-ment a été interrompu par la crise. Les grandes économies dépendantes des produits de base comme le Nigéria ont été particulièrement tou-chées. La reprise de 2010 fut de courte durée, et le dénommé « super cycle » des produits de base a pris fin. Depuis 2013, les termes de l’échange se sont détériorés dans la plupart des pays de la région, à l’exception de la Côte d’Ivoire et du Libéria. Toutefois, même dans ces pays, la reprise a été modeste. La Côte d’Ivoire a été l’une des économies affichant la croissance la plus rapide de la région, grâce à des réformes structurelles et à d’importantes dépenses dans les infrastruc-tures publiques. Depuis 2016, le redressement des cours des matières premières, notamment du pétrole, a amélioré les termes de l’échange, mais l’augmentation en pourcentage reste infé-rieure aux niveaux d’avant la crise. en général, la variation des termes de l’échange dans la plu-part des pays d’Afrique de l’Ouest est soumise

aux fluctuations des prix des principaux produits d’exportation — le pétrole pour le Nigéria, l’or au Ghana, le caoutchouc pour le Libéria et le cacao en Côte d’Ivoire. La forte dépendance vis-à-vis des produits de base renforce l’impact des chocs des termes de l’échange sur les pays qui ont déjà une gestion défaillante des politiques macroéco-nomiques, ce qui est le cas de la majorité des pays ouest-africains.

Soldes budgétaires et du compte courant, financements et sources de recettes publics

Déficits budgétairesSelon les critères de convergence macroécono-mique, les pays d’Afrique de l’Ouest doivent main-tenir leur déficit budgétaire en dessous de 3 % du PIB, objectif que les pays ont traditionnellement eu du mal à atteindre.10 La difficulté est renforcée par la nécessité de limiter le financement du déficit par la banque centrale. Le déficit budgétaire a été généralement supérieur à 3 % pour la plupart des pays, pour deux raisons principales : la faiblesse des recettes nationales, aggravée par la dépen-dance vis-à-vis d’une seule source de revenus

FIGURE 11 Variation annuelle des termes de l’échange dans des pays sélectionnés en Afrique de l’Ouest, 2000–2018

–100

–50

0

50

100

2018(estimation)

201720162015201420132012201120102009200820072006200520042003200220012000

Pourcentage

Bénin

Côte d’Ivoire

Ghana

Libéria

Nigéria

Afrique de l’Ouest

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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16 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

Plusieurs pays ont amélioré leur

performance budgétaire de 2017 à 2018, notamment le Burkina Faso, la

Gambie et le Libéria

(les exportations de matières premières) et une politique budgétaire expansionniste, orientée vers les dépenses courantes. Les efforts visant à diver-sifier les sources de revenus ont été entravés par les capacités limitées du secteur privé et par la réti-cence à mettre en œuvre des réformes fiscales dif-ficiles et à mettre fin à des subventions publiques coûteuses. Ainsi, seuls quelques pays ont atteint les critères de convergence relatifs au déficit bud-gétaire. maintenir ce résultat sur une longue période constitue un défi.

Après s’être amélioré sur la période 2014–2016, le déficit budgétaire moyen s’est détérioré en 2017 (tableau 1). La situation favorable des recettes dans certaines grandes économies, y compris le Nigéria, a contribué à réduire le déficit budgétaire en 2018 pour la région dans son ensemble, même s’il est resté supérieur à celui de 2014–2016. L’amélioration de la situation budgétaire au Nigéria compense la détérioration observée dans des économies de plus petite taille telles que la Guinée, la Sierra Leone et le Togo. en Guinée et au Sierra Leone, la baisse des recettes et l’impact résiduel de la crise d’ebola ont

limité la reprise. Le Ghana a également éprouvé des difficultés à contenir le déficit budgétaire, en dépit des mesures d’assainissement budgétaire prises en 2018. Les pressions pour respecter les nouveaux engagements de dépenses, comme le programme de gratuité de l’enseignement secondaire et la charge fiscale provenant du plan de sauvetage du secteur bancaire, ont été les causes principales du déficit budgétaire élevé du Ghana.

Plusieurs pays ont amélioré leur performance budgétaire de 2017 à 2018, notamment le Bur-kina Faso, la Gambie et le Libéria. en Gambie, les dépenses et prêts nets ont diminué de 17,7 % du PIB au premier semestre de 2017 à 11,7 % au premier semestre de 2018, alors que le nou-veau gouvernement s’efforçait de maîtriser les dépenses. Cela a considérablement amélioré le solde primaire, qui est passé de 1,7 % du PIB au premier semestre de 2017 à 0,6 % au premier semestre de 2018. Le déficit budgétaire pour la région devrait diminuer de 4,2 % du PIB en 2018 à 3,9 % en 2019 et 2020. Cette amélioration devrait provenir de réductions dans tous les pays sauf le

TABLEAU 1 Soldes budgétaires en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2020 (en % du PIB)

2014–2016 20172018

(estimation)2019

(projection)2020

(projection)

Bénin –5,4 –5,9 –4,7 –2,6 –1,9

Burkina Faso –2,6 –7,5 –4,9 –2,9 –3,0

Cabo Verde –5,1 –3,1 –2,4 –1,9 –1,7

Côte d’Ivoire –3,0 –4,2 –3,8 –3,2 –2,9

Gambie –7,9 –7,9 –3,9 –0,6 –1,6

Ghana –7,2 –5,9 –5,7 –4,4 –3,9

Guinée –3,8 –2,2 –4,4 –3,5 –1,0

Guinée-Bissau –2,5 –1,3 –2,5 –2,2 –2,0

Libéria –4,9 –7,9 –3,9 –0,6 –1,9

mali –2,9 –2,9 –2,5 –2,4 –1,5

Niger –7,8 –5,2 –5,9 –4,5 –3,6

Nigéria –3,0 –5,2 –4,0 –4,2 –4,4

Sénégal –3,7 –3,0 –3,5 –3,3 –3,1

Sierra Leone –6,4 –6,8 –7,7 –7,8 –6,9

Togo –9,1 –2,1 –6,7 –1,6 –0,3

Afrique de l’Ouest –3,4 –5,0 –4,2 –3,9 –3,9

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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La mobilisation des ressources nationales dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest est généralement faible. En 2018, les pays enregistraient en moyenne des taux de 15 % du PIB de recettes fiscales et de 18 % du PIB de recettes totales (fiscales et non fiscales)

Nigéria, dont le déficit devrait passer de 4 % du PIB en 2018 à 4,2 % en 2019, et la Sierra Leone, dont le déficit devrait passer de 7,7 % du PIB en 2018 à 7,8 % en 2019.

Des déficits budgétaires inférieurs à 2 % du PIB sont prévus en 2019 au Cabo Verde, en Gambie, au Libéria et au Togo. La Gambie consolidera les progrès réalisés en 2018 et le Libéria affichera une amélioration grâce à l’engagement renouvelé de la nouvelle administration en faveur de la maîtrise des dépenses improductives dues à l’environne-ment peu favorable à la génération de revenus et à l’alourdissement du fardeau de la dette. Le Togo est confronté à des difficultés sociales et poli-tiques graves, et atteindre un déficit budgétaire de 2 % pourrait s’avérer problématique. Cepen-dant, les autorités du Togo ont fait preuve d’un solide engagement en faveur d’une amélioration des infrastructures et d’une réforme des institu-tions. Dans l’ensemble, la tendance dans les pays d’Afrique de l’Ouest va dans le sens d’une baisse des déficits budgétaires, ce qui se traduit par la projection d’amélioration de la moyenne régionale. Cette projection repose sur l’application probable de mesures fiscales, dans la mesure où les pays s’efforcent d’atteindre les critères de convergence en vue de l’adhésion à l’union monétaire unique, prévue pour 2020. en outre, une baisse potentielle des prix des produits de base pourrait contraindre les gouvernements à procéder à des ajustements budgétaires, tout en essayant de maintenir l’élan en faveur du développement des infrastructures publiques dans les secteurs clés de l’énergie et des transports. Dans certains pays comme le Ghana, la consolidation budgétaire est déjà en cours, mais doit être renforcée et maintenue.

Améliorer la mobilisation des ressources nationales est essentiel pour la prestation de servicesLa mobilisation des ressources nationales dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest est générale-ment faible. en 2018, les pays enregistraient en moyenne des taux de 15 % du PIB de recettes fiscales et de 18 % du PIB de recettes totales (fis-cales et non fiscales) (tableau 2). Le ratio impôts/PIB est inférieur à la moyenne continentale de 17 %. mais la moyenne masque des variations importantes. Le Lesotho perçoit en impôts 36 %

du PIB, tandis que le Nigéria, la plus grande économie d’Afrique, n’en collecte que 3 %. en incluant les revenus pétroliers, le recouvrement des recettes s’élève à environ 7 % du PIB au Nigé-ria. en Afrique de l’Ouest, seul le Cabo Verde per-çoit en impôts plus de 20 % du PIB.

Dans la plupart des pays, la majeure partie des recettes fiscales est perçue grâce aux taxes sur les biens et services, sur le commerce et les transactions internationaux, et sur les revenus, les bénéfices et les gains en capital. Les cotisations sociales et les impôts fonciers ne représentent qu’une petite proportion. La faible part de l’im-pôt sur le revenu des particuliers reflète le taux de chômage élevé dans toute la région (et en Afrique plus généralement). Outre le Nigéria, seuls la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria perçoivent des recettes provenant des exportations de pétrole, mais les montants en proportion du PIB sont tout aussi faibles. Les recettes provenant des cotisa-tions sociales sont pratiquement inexistantes.

Améliorer la mobilisation des ressources natio-nales est un impératif en Afrique de l’Ouest. mais augmenter les taux d’imposition peut entraîner des distorsions, avec des effets imprévus sur l’in-vestissement privé qui pourraient à leur tour nuire à la croissance économique. Dans de nombreux pays, le défi consiste à appliquer les codes des impôts existants. Dans certains cas, comme au Nigéria où les taux d’imposition sont extrêmement faibles, une légère augmentation pourrait rappor-ter des recettes considérables. Surtout, les pays doivent explorer des moyens novateurs de géné-rer des recettes par le biais de réformes permet-tant d’améliorer le recouvrement des impôts, de réduire l’évasion fiscale et de lutter contre les flux financiers illicites. L’élargissement de l’assiette fis-cale, y compris en intégrant le secteur informel au système fiscal, pourrait accroître les revenus.

Certains pays accordent des exonérations aux investisseurs pour attirer des capitaux privés. Souvent, ces exonérations ne sont pas sans inci-dence sur les recettes, et font finalement perdre des revenus considérables aux gouvernements sans que l’investissement ou l’emploi n’augmen-tent en conséquence. La réforme de ces niches fiscales et exonérations de l’impôt sur le revenu, associée à une gestion financière et à des struc-tures de gouvernance plus solides, pourrait

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18 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

améliorer de façon systématique la mobilisation des recettes afin de financer les investissements publics et les services sociaux. en outre, la faible inclusion financière et les marchés financiers peu développés sont communs à la plupart des pays d’Afrique occidentale et font obstacle à la mobili-sation de l’épargne nationale.

Le manque de transparence et de redevabi-lité, ainsi que l’instabilité et la fragilité politiques, ont historiquement empêché les pays de mobili-ser suffisamment de ressources nationales pour répondre à leurs besoins de développement. Ce phénomène n’est pas propre à l’Afrique de l’Ouest : il est commun à l’ensemble du continent. Par exemple, le ratio impôts directs/PIB dans de nombreux pays fragiles est inférieur à 1 %, contre environ 10 % en Namibie, un pays non fragile. Par ailleurs, le ratio impôts indirects/PIB est inférieur à 5 % dans les pays fragiles mais s’élève à plus du double, 10 %, dans de nombreux pays non

fragiles. en effet, les pays les plus corrompus et fragiles ont des recettes fiscales directes et indi-rectes plus faibles.

Soldes de la balance couranteLe solde de la balance courante, qui comprend la balance commerciale, les revenus nets des fac-teurs et les transferts monétaires, est un indicateur important de la situation financière extérieure d’un pays. Un compte courant positif (excédentaire) implique qu’un pays est créancier net du reste du monde, et un compte courant négatif (déficitaire) implique qu’il s’agit d’un emprunteur net.

en 2014–2016, le déficit moyen de la balance courante en Afrique de l’Ouest était de 2,3 % du PIB (tableau 3). Cela reflétait les conditions éco-nomiques difficiles dans la région, grevées par la chute marquée des cours des produits de base, notamment du pétrole, qui a contribué à la réces-sion au Nigéria en 2016. Pendant la seule année

TABLEAU 2 Estimations des recettes nationales en Afrique de l’Ouest, par pays, 2018 (en % du PIB)

Recettes fiscales

Recettes pétrolières Autres recettes

Revenus totaux (hors dons)

Bénin 13,4 0,0 4,3 17,7

Burkina Faso 17,2 ... 2,1 19,3

Cabo Verde 21,1 ... 5,1 26,1

Côte d’Ivoire 13,4 2,4 2,5 18,3

Gambie 17,1 ... 2,3 19,4

Ghana 16,4 1,2 0,2 17,8

Guinée 14,8 ... 0,6 15,4

Guinée-Bissau 10,6 ... 2,6 13,2

Libéria 18,3 ... 4,1 22,4

mali 15,5 ... 3,3 18,8

Niger 12,9 ... 1,3 14,2

Nigéria 3,0 3,6 0,4 7,0

Sénégal 15,6 ... 1,5 17,1

Sierra Leone 11,0 ... 1,1 12,2

Togo 19,3 ... 2,0 21,4

moyenne non pondérée pour l’Afrique de l’Ouest 14,6 1,8a 2,2 17,5

— non disponible.

a, moyenne pour les pays disposant de données.

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 19

Le compte courant s’est soldé par un surplus de 0,2 % du PIB en 2017, qui devrait être de 0,4 % en 2018, grâce principalement à l’excédent de 3,7 % du Nigéria

2016, les revenus nigérians provenant des expor-tations de pétrole et de gaz ont baissé de près d’un quart, et les investissements directs étran-gers ont chuté d’environ un tiers. Ces facteurs, associés au ralentissement de l’activité écono-mique, ont eu des effets d’entraînement sur les pays voisins, comme le Bénin, qui dépendent du Nigéria pour les exportations. Le renversement de 2017 a été encouragé par les réformes éco-nomiques et la reprise des principales exporta-tions en Guinée, ainsi que par la croissance des recettes provenant des exportations de pétrole et de gaz et d’un bond de 34 % des investisse-ments directs étrangers nets au Nigéria. mais le fardeau croissant de la dette et la diminution des recettes d’exportation au Libéria, ainsi que la lente reprise des entrées de touristes en Gambie, ont creusé le déficit de la balance courante dans ces pays.

La balance courante a atteint un excédent de 0,2 % du PIB en 2017 et d’environ 0,4 % en 2018, tiré principalement par l’excédent de 3,7 % enregistré au Nigéria. Les déficits dans les autres

pays étaient compris entre 2,7 % du PIB en Côte d’Ivoire et 22,4 % au Libéria.

Selon les prévisions, le solde du compte courant du Nigéria devrait continuer à afficher un excédent de 3,3 % du PIB en 2019 et 2,9 % en 2025, grâce à la continuation des apports étrangers. Cela repose sur l’accélération de la mise en œuvre du plan de reprise et de croissance économique 2017–2020 du pays, qui devrait attirer environ 25 milliards de dollars d’investissements étrangers d’ici 2020. L’ex-cédent de la balance courante devrait être soutenu par la baisse des importations de denrées alimen-taires comme le riz, qui seront progressivement remplacées par la production nationale. De même, les exportations de pétrole et de gaz resteront vraisemblablement stables malgré les quotas de production imposés par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. La demande mondiale restreinte pour les autres produits d’exportation régionaux limitera les améliorations dans d’autres pays. Ainsi, au niveau régional, un déficit marginal est prévu pour 2020, et le Nigéria est le seul pays qui devrait afficher un surplus.

TABLEAU 3 Soldes de la balance courante en Afrique de l’Ouest, par pays, 2014–2020 (en % du PIB)

2014–2016 20172018

(estimation)2019

(projection)2020

(projection)

Bénin –9,2 –11,2 –10,8 –7,3 –4,1

Burkina Faso –8,0 –7,6 –7,2 –7,4 –6,6

Cabo Verde –5,0 –7,6 –8,5 –7,4 –6,9

Côte d’Ivoire –0,1 –1,8 –2,7 –2,8 –2,9

Gambie –11,5 –19,3 –19,0 –20,5 –21,0

Ghana –7,9 –4,5 –4,4 –7,1 –9,9

Guinée –18,1 5,5 –4,6 –4,9 –3,3

Guinée-Bissau 0,4 –0,6 –3,2 –2,3 –2,2

Libéria –20,1 –22,7 –22,4 –22,3 –22,4

mali –5,8 –6,0 –6,5 –6,3 –6,1

Niger –17,3 –14,7 –16,0 –16,7 –17,5

Nigéria –0,7 2,8 3,7 3,3 2,9

Sénégal –5,4 –7,3 –6,9 –5,4 –4,9

Sierra Leone –15,1 –13,0 –16,9 –18,4 –20,8

Togo –10,3 –8,0 –7,9 –6,8 –5,6

Afrique de l’Ouest –2,3 0,2 0,4 0,1 –0,2

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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20 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

Le Cabo Verde affichait le rapport

dette extérieure/PIB le plus élevé

en 2018, à environ 103 %, suivi du

Sénégal, du Niger et de la Sierra Leone

Dynamique de la detteLorsque les dépenses d’un pays dépassent ses recettes, la dette est inévitable. Pour assurer le service de la dette et son remboursement, les rendements actualisés escomptés pour le pays doivent dépasser le coût de la dette.11 L’accumu-lation de dettes peut être souhaitable si les res-sources sont investies dans des infrastructures économiques — réseaux d’énergie, de trans-port, de communication et de distribution (tels que les ports) — apportant des flux de revenus qui assurent l’autofinancement de la dette. A l’in-verse, utiliser la dette pour financer la consom-mation publique est imprudent d’un point de vue économique.

Le ratio dette extérieure/PIB, une mesure qui reflète la capacité de remboursement d’un pays, connaît une tendance à la hausse dans de nom-breux pays d’Afrique de l’Ouest. Le ratio moyen a augmenté de 13,5 % en 2013 à environ 23,7 % en 2018 (figure 12).

Le Cabo Verde affichait le rapport dette exté-rieure/PIB le plus élevé en 2018, à environ 103 %, suivi du Sénégal, du Niger et de la Sierra Leone. Le Libéria enregistrait le taux le plus élevé d’ac-cumulation de dettes entre 2010 et 2018, avec 329 %, suivi par le Nigéria, à 128 %. malgré cette

augmentation, le Nigéria maintient l’un des ratios dette extérieure/PIB les plus faibles, avec 15,2 %. Le Bénin, le Togo et la Guinée-Bissau affichent également un ratio inférieur à 25 %.

L’augmentation rapide de l’endettement exté-rieur demeure un défi, surtout en raison du pas-sage à des dettes extérieures non concession-nelles. Les paiements au titre du service de la dette ont également augmenté depuis 2010 et devraient rester élevés à moyen terme. Cette augmentation a accru la charge fiscale dans un environnement déjà soumis à des contraintes pesant sur le budget et la croissance. Cela sou-lève d’importantes préoccupations concernant la soutenabilité de la dette extérieure. Les pays ouest-africains consacrent en moyenne 17 % de leurs recettes au service de la dette extérieure (figure 13). Au Nigéria, près de la moitié des reve-nus sont employés à cette fin. Le fardeau crois-sant de la dette intérieure implique que la pro-portion totale des revenus consacrés au service de la dette est encore plus élevée. Dans un pays où les recettes perçues n’atteignent que 6 % du PIB, le lourd fardeau du service de la dette repré-sente une préoccupation majeure. Le Ghana se trouve dans une situation similaire : le service de la dette y représente 40 % des revenus. La

FIGURE 12 Dette extérieure en Afrique de l’Ouest, par pays, 2010 et 2018

Pourcentage du PIB

0

20

40

60

80

100

120

Afriquede l’Ouest

TogoSierraLeone

SénégalNigériaNigerMaliLibériaGuinée-Bissau

GuinéeGhanaGambieCôted’Ivoire

CaboVerde

BurkinaFaso

Bénin

2010 2018 (estimation)

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 21

charge croissante de la dette a fait augmenter la proportion des recettes affectées au service de la dette extérieure d’environ 500 %. Cela s’est pro-duit dans un pays auparavant salué comme un exemple d’État doté d’un solide engagement en faveur de réformes structurelles et macroécono-miques pendant la période suivant l’Initiative d’al-lègement de la dette des pays pauvres très endet-tés. Sur le plan politique, le Ghana a également réussi à maintenir une démocratie multipartite, un système qui a tendance à enregistrer des déficits budgétaires et des dettes plus élevés.12

Les autorités au Ghana et au Nigéria recon-naissent le risque potentiel que l’augmentation de la dette improductive fait peser sur la croissance et l’économie en général. Dans les deux cas, le fardeau du service de la dette devrait diminuer. Au Ghana, il diminuera grâce à des mesures d’assai-nissement budgétaire instituées en 2018. Au Nigé-ria, il baissera à mesure que le pays effectuera sa transition vers une nouvelle stratégie de gestion de la dette qui transfère le coût de la dette sur les emprunts étrangers, en ciblant le développement des infrastructures pour stimuler la croissance. Le défi est que la plupart des nouvelles dettes ont

un caractère commercial, et les coûts des intérêts peuvent s’accroître car il est probable que les taux d’intérêt augmentent. Le risque de problèmes liés à la dette intérieure reste élevé. Au Ghana, la dette intérieure est estimée à 75 % du PIB, et la dette extérieure à 40 %. Plusieurs pays ont maintenu un ratio du service de la dette constamment bas depuis 2010. en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau et au Togo, les paiements au titre du service de la dette ont en réalité diminué.

Pour les États passant du statut de pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermé-diaire (comme le Nigéria), accéder à des dettes concessionnelles ou accroître la proportion de dons semble une possibilité lointaine. Leur stra-tégie devrait donc consister à contracter des emprunts avec des échéances plus longues et des conditions favorables, y compris des périodes de grâce plus étendues qui coïncident avec la gestation de projets financés par la dette. Cela permet de garantir que la dette s’autofinance et d’éviter que les pays se retrouvent en situation de surendettement.

en se fondant sur l’encours de la dette exté-rieure et la structure de la dette des pays d’Afrique

FIGURE 13 Versements au titre du service de la dette extérieure en Afrique de l’Ouest, par pays, 2010–20

Pourcentage des recettes totales

0

10

20

30

40

50

60

Afriquede l’Ouest

TogoSierraLeone

SénégalNigériaNigerLibériaGuinéeGhanaGambieCôted’Ivoire

CaboVerde

BurkinaFaso

Bénin

2010 2018 (estimation) 2020 (projection)

Note : Les données pour la Guinée-Bissau ne sont pas présentées en raison de leur valeur extraordinaire de 520,7 % en 2010. Les données

pour le mali ne sont pas disponibles.

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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22 P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S

occidentale, le ratio service de la dette/revenu de la région devrait diminuer à 16 % à moyen terme. La diminution repose sur les efforts de réforme en cours visant à améliorer la mobilisation des res-sources nationales, comme l’élargissement de l’assiette fiscale et l’amélioration de l’efficacité des institutions fiscales. elle est également fondée sur le lancement de nouvelles initiatives de gestion de la dette, incluant l’affectation des nouvelles dettes à des projets spécifiques.

LE CHÔMAGE DEMEURE UN DÉFI

Le taux de chômage élevé présente un défi socio-économique et politique important en Afrique de l’Ouest. Après avoir reculé de 4,2 % en 2010 à 3,7 % en 2015, le taux de chômage moyen de la région a bondi à 5,2 % en 2018 (figure 14). en 2018, le taux de chômage le plus bas était enre-gistré au Niger (0,4 %) et le plus élevé au Cabo Verde (10,3 %). Les autres pays ayant des taux de chômage élevés sont notamment la Gambie, le mali et le Nigéria.

Le chômage en Afrique de l’Ouest reflète la structure économique et les dynamiques de

population dans chaque pays. Nombre d’entre eux sont dominés par les secteurs de l’agriculture et des services, largement informels. L’informalité et le caractère de subsistance de ces économies pourraient limiter la capacité des pays à créer des opportunités d’emplois rémunérés et productifs. Les données sur le chômage sont fortement trom-peuses car elles masquent des taux élevés d’em-ploi informel, de sous-emploi et de chômage des jeunes. De même, les données ne reflètent pas les effets structurels à long terme de l’informalité sur la création d’emplois et de la croissance démo-graphique élevée. Par exemple, au Nigéria, les statistiques officielles indiquent que le chômage a fortement augmenté au cours de la récession de 2016 et a poursuivi sa tendance à la hausse, alors que les effets de la récession sont de plus en plus manifestes. Le taux de chômage des jeunes est généralement beaucoup plus élevé que celui des adultes, souvent plus du double.13 Le chô-mage des jeunes mène directement au mécon-tentement social. Les jeunes chômeurs sont vulnérables à l’enrôlement dans des groupes de militants radicaux tels que Boko Haram. L’Afrique de l’Ouest a également vu le départ d’un grand nombre de migrants qui cherchaient à échapper à la pauvreté et à la misère et risquaient leur vie en

FIGURE 14 Chômage en Afrique de l’Ouest, par pays, 2010–2018

Pourcentage des recettes totales

0

2

4

6

8

10

12

Afriquede l’Ouest

TogoSierraLeone

SénégalNigériaNigerMaliLibériaGuinée-Bissau

GuinéeGhanaGambieCôted’Ivoire

CaboVerde

BurkinaFaso

Bénin

2010 2013 2017 2018

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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P e r F O r m A N C e S m A C r O É C O N O m I q U e S e T P e r S P e C T I V e S 23

traversant le désert du Sahara en quête de meil-leures opportunités.

S’attaquer au chômage exige une approche politique régionale globale. Deux approches poli-tiques prometteuses consistent à soutenir les petites entreprises et à promouvoir les industries à forte intensité de main-d’œuvre, éventuellement liées à l’agriculture. Les politiques spécifiques nécessaires pour relever les défis économiques sont notamment l’appui aux réformes structurelles, le développement de l’industrie, l’amélioration de la compétitivité, le soutien du développement agri-cole, le renforcement des institutions publiques, la

meilleure gestion des ressources minérales, l’ap-pui aux États fragiles, l’autonomisation des jeunes par le biais de la création d’emplois et la consoli-dation des capacités statistiques nationales. Ces politiques doivent s’accompagner de stratégies visant à renforcer les capacités humaines, à doter les personnes des compétences appropriées pour contribuer efficacement à la transformation de leurs économies.14 Cette approche politique à deux volets assure l’inclusivité et jette les bases d’une création d’emplois portée par l’industrie. L’intégration régionale est un élément essentiel de cette stratégie politique globale.

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PARTIE 2INTÉGRATION RÉGIONALE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE EN AFRIQUE DE L’OUEST

Cette partie analyse dans quelle mesure l’in-tégration régionale permet de promouvoir la transformation structurelle en Afrique de l’Ouest.

La première section porte sur le type, la portée et le potentiel des institutions d’in-tégration régionale, la mise en œuvre de leurs activités et les contraintes auxquelles elles sont confrontées. Le rôle des institu-tions d’intégration régionale est envisagé du point de vue de leur capacité à appro-fondir l’intégration et à favoriser ainsi une croissance économique rapide et soutenue. La deuxième section porte sur la définition, les indicateurs et les principales caracté-ristiques de la transformation structurelle. elle vise à déterminer si une transformation structurelle s’est produite (ou est en train de se produire) dans différents pays. La troisième section rassemble les analyses des deux premières sections afin d’évaluer dans quelle mesure l’intégration régionale a renforcé la transformation structurelle. La dernière section présente les principales conclusions et les principaux défis à rele-ver, ainsi que certaines recommandations politiques.

INTÉGRATION RÉGIONALE

La CeDeAO a été créée le 28 mai 1975 par le Traité de Lagos, avec le plein soutien de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, qui a également aidé à la créa-tion d’autres communautés économiques régionales. Son objectif initial était d’inten-sifier l’intégration, de créer un vaste marché pour les biens et services et d’accroître la libre circulation des personnes et des talents, tout en développant des infrastruc-tures publiques régionales de soutien dans des secteurs clés (l’électricité, les infrastruc-tures matérielles, la gestion des rivières et des lacs, la paix et l’environnement) afin de promouvoir une industrie plus compétitive et plus productive en stimulant la transformation économique.

L’objectif d’industrialisation régionale de la CeDeAO comportait trois éléments : le partage d’informations sur les grands pro-jets industriels nationaux, l’harmonisation des mécanismes d’incitation et des plans de développement industriels, ainsi que des formations, la création de coentreprises et l’échange de personnels. L’étape majeure

À l’échelle nationale comme régionale, les responsables politiques éprouvent de grandes

difficultés à atteindre un développement économique rapide et durable qui permette de

réduire considérablement la pauvreté, d’élever le niveau de vie et de garantir des économies

suffisamment vigoureuses, capables de résister aux chocs externes. La capacité à relever ce

défi dépend de la mesure dans laquelle les économies engendrent une transformation

structurelle, renforcée par l’intégration régionale.

25

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26 I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T

Le schéma de libéralisation

des échanges de la CEDEAO a

permis d’éliminer les barrières

commerciales, à faciliter la

libre circulation de certaines

marchandises et à éliminer

progressivement les droits de douane et

les barrières non tarifaires en vue de

libéraliser totalement les échanges

suivante de l’intégration régionale a eu lieu en 2010 avec la mise en place d’une politique indus-trielle commune de l’Afrique de l’Ouest, fondée sur la politique industrielle commune de l’UemOA. Cette politique vise à « accélérer l’industrialisation de l’Afrique de l’Ouest en promouvant la trans-formation industrielle des matières premières locales, le développement et la diversification de la capacité de production industrielle, de manière endogène, et en renforçant l’intégration régionale et l’exportation de produits manufacturés »15. elle définit quatre objectifs à atteindre d’ici 2030 :• relever le taux de transformation des matières

premières locales de 15–20 % à 30 % en moyenne.

• Accroître la contribution du secteur manufactu-rier au PIB régional, de 6–7 % à plus de 20 %.

• Accroître la part des échanges commer-ciaux de produits manufacturés au sein de la CeDeAO, de moins de 12 %, à 40 %.

• Accroître le volume des exportations de biens fabriqués en Afrique de l’Ouest sur le marché mondial de 0,1 % à 1 %.La politique a été réexaminée et mise à jour en

2015, avec quatre domaines d’intervention clés :• Le renforcement des politiques industrielles

nationales, une meilleure harmonisation et l’avancement de la coopération régionale.

• La promotion des opportunités de marché régionales et internationales.

• Le soutien de la qualité industrielle et de la compétitivité.

• La mobilisation des ressources.Cette politique, dans sa version réexaminée,

a également établi quatre secteurs prioritaires : l’industrie agro-alimentaire, l’industrie pharmaceu-tique, les matériaux de construction et l’assem-blage de produits automobiles et mécaniques.

Le choix de l’intégration régionale comme vecteur de croissance et de développement au sein de la CeDeAO suppose que les compromis inhérents ont été pleinement compris et pris en compte. L’intégration régionale implique générale-ment la libéralisation du commerce dans l’espace défini et la protection du commerce en dehors de celui-ci. Cela implique souvent à la fois la créa-tion et le détournement des flux commerciaux, ce qui signifie que les avantages et les coûts peuvent être répartis de manière inégale. en principe, des

accords de compensation appropriés peuvent remédier aux tensions engendrées par ces carac-téristiques intrinsèques à l’intégration régionale.

Cette section évalue comment et dans quelle mesure l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest a renforcé les flux commerciaux intra-Ce-DeAO. Cette analyse est fondée sur le schéma de libéralisation des échanges de la CeDeAO (le SLeC), seul instrument pour lequel des données exploitables sont disponibles pour mener une analyse quantitative.

Le SLeC, institué en 1979, n’est entré en vigueur qu’en janvier 1990. Il a permis d’éliminer les barrières commerciales, y compris les taxes et les prélèvements, et visait à améliorer les liens commerciaux, à faciliter la libre circulation de certaines marchandises et à éliminer progres-sivement les droits de douane et taxes d’effets équivalents sur les produits industriels selon un calendrier tenant compte des différents niveaux de développement des pays. Il visait également à éliminer progressivement les droits de douane et les barrières non tarifaires en vue de libéraliser totalement les échanges.

Le SLeC ciblait initialement deux groupes de produits :• Les produits non transformés, dont le poisson,

les plantes et les minéraux, n’ayant pas subi de transformation industrielle.

• Les produits artisanaux traditionnels fabriqués avec ou sans outils ou machines, tels que le bois, les ouvrages en bois, les produits de van-nerie, les tapis, les moquettes, la dentelle, la broderie, etc.Les produits industriels ont été incorporés en

mai 198316 et divisés en deux groupes : les pro-duits prioritaires et les produits non prioritaires. Les pays ont été divisés en trois groupes en fonction de leur niveau de développement et de leur capacité à respecter les obligations. Chaque groupe devait suivre un calendrier différent pour éliminer les droits de douane sur les produits industriels (tableau 4).

en 1992, la CeDeAO a tenté de remédier aux difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du SLeC17 : règles d’origine, participation nationale au capital des entreprises de production et classi-fication des produits industriels prioritaires et non prioritaires. L’objectif était de simplifier le schéma

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 27

En 2016, les échanges intra-CEDEAO représentaient près de 12 % des échanges totaux de la communauté. Cependant, la grande quantité d’échanges commerciaux informels non enregistrés dans la région rend difficile l’évaluation précise de la taille et de la croissance des échanges commerciaux intra-communautaires

pour accélérer la mise en œuvre, avec un nouveau calendrier d’élimination des droits de douane.

Dans la mesure où les groupes de pays et de produits ont été créés pour bénéficier du SLeC, le commerce au sein de la région devait être for-tement corrélé au calendrier de libéralisation. Les pays étaient tenus de mener une libéralisation à des taux différents afin que la contribution du SLeC aux résultats des échanges dans la région puisse également varier selon les pays.

en janvier 2003, le SLeC a été harmonisé avec le régime tarifaire préférentiel de l’UemOA afin de faciliter la libre circulation des produits originaires de la communauté et de simplifier sa mise en œuvre.

Ici, la question est de savoir de quelle manière et dans quelle mesure chaque pays et produit du SLeC a affiché des performances différentes des autres pays et produits, et si la performance de chaque pays a affecté la croissance des échanges commerciaux au sein de la région. Ces informa-tions devraient permettre de concevoir le cadre de

mise en œuvre ainsi que le système d’évaluation et de suivi, en particulier lorsque la CeDeAO devien-dra une union douanière.

Effets sur les exportations intra-CEDEAOLes échanges intra-CeDeAO ont augmenté depuis l’entrée en vigueur du SLeC. Cependant, les per-formances en matière d’exportations n’ont pas été soutenues. Les exportations sont passées de 15,3 milliards de dollars en 2011 à 9,8 milliards de dollars en 2015 (tableau 5). La reprise à 12 mil-liards de dollars en 2016 était toujours inférieure à la moyenne de 2011–2015 de 13,1 milliards de dollars. De 2014 à 2016, les importations sont passées de 9 milliards de dollars à 9,7 milliards de dollars.

Les échanges intra-CeDeAO ne représentaient que 2,1 % des exportations de la CeDeAO en 1970 et 3,9 % en 1980, au moment de l’entrée en vigueur du SLeC. en 2016, les échanges intra- CeDeAO représentaient près de 12 % des échanges totaux de la communauté (figure 15). même si cette

TABLEAU 4 Groupes de pays et de produits et obligations d’élimination des tarifs dans le cadre du schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO

GroupePériode d’élimination des droits de douane

Réduction annuelle des droits de douane et taxes

1. Burkina Faso, Cabo Verde, Gambie, Guinée-Bissau, mali, mauritanie et Niger 10 ans 10 %

2. Bénin, Guinée, Libéria, Sierra Leone et Togo 8 ans 12,5 %

3. Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria et Sénégal 6 ans 16,6 %

Source : Décision A/DeC.6/7/92 de la CeDeAO.

TABLEAU 5 Commerce intra-CEDEAO, 2011–2016

Flux 2011 2012 2013 2014 2015 2016

exportations (en milliards de dollars) 15,3 13,6 14,0 12,7 9,8 12,0

Importations (en milliards de dollars) 9,1 9,4 12,1 9,0 8,3 9,7

Commerce intra-CeDeAO total (en milliards de dollars) 24,4 23,0 26,1 21,7 18,1 21,7

exportations intra-CeDeAO (en % des exportations totales) 10,0 8,0 11,8 9,8 13,6 11,9

Importations intra-CeDeAO (en % des importations totales) 8,8 12,2 13,7 9,7 10,7 11,1

Commerce intra-CeDeAO total (en % des échanges totaux) 9,4 10,1 12,7 9,8 12,1 11,5

Source : CeDeAO 2017.

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CABO VERDE MALI

NIGER

NIGÉRIABÉNIN

CÔTED’IVOIRE

GUINÉE

SIERRA LEONE

GUINÉE-BISSAU

LIBÉRIA

GAMBIEBamako

Bobo-Dioulasso

OuagadougouNiamey

Abuja

Banjul

DakarPraia

Bissau

Freetown

Yamoussoukro

Conakry

Accra

MonroviaCotonou

SÉNÉGAL

GHANALomé

TOGO

BURKINA FASO

Porto-Novo

CAP-VERT

MALINIGER

BÉNIN NIGÉRIACÔTE

D’IVOIRE

GUINÉE

SIERRA LEONE

GUINÉE-BISSAU

LIBÉRIA

GAMBIEBamako Ouagadougou

Niamey

Abuja

Banjul

DakarPraia

Bissau

Freetown

Yamoussoukro

Abidjan

Conakry

Accra Tema

MonroviaPorto-Novo

SÉNÉGAL

GHANALomé

LagosCAMEROUN

Yaoundé

TOGO

BURKINA FASO

Tamale

Dakola/Paga

Le Burkina Faso demande officiellement 12 USD par camion pesé, conformément aux restrictions de charge à l’essieu. En Côte d’Ivoire, le paiement par camion est de 250 USD, au lieu d’un pesage, alors que le reçu indique un paiement de 166 USD. Ceci veut dire que les agents des frontières empochent 83 USD par camion.

Les voyageurs passant la frontière du Togo au Ghana pour la première fois ou avec un nouveau passeport payent 16 USD aux agents de l’immigration et de multiples paie-ments non officiels à la police, aux autorités sanitaires, à l’immigration et aux douanes (si le voyageur a des bagages).

Entre Niamey et Cotonou, le plus gros exportateur d’oignons nigérien doit remettre des sacs d’oignons comme pourboire, qui sont pris en compte dans le coût des affaires.

Entre Paga et Tema, la police exige parfois des frais d’escorte pour les voyages de nuit ; ne pas les payer demande d’attendre jusqu’à l’aube. Ces paiements non officiels peu-vent coûter jusqu’à 120 USD au camionneur pour éviter d’encourir des frais supplémen-taires à cause du retard.

Entre Accra et Lagos (460 km), un exportateur de jus de fruits encourt des frais sup-plémentaires qui peuvent représenter jusqu’à 30 % de la valeur du produit. Des expor-tateurs transnationaux comme Nestlé et Unilever mentionnent que les problèmes encourus dans le transport de matières premières provenant d’Afrique de l’Ouest réduisent leur compétitivité.

Les déplacements en

AFRIQUE DE L’OUEST

2

3

4

5

1

3

5

12

Pour en apprendre plus sur les durées et les formalités nécessaires au passage des frontières pour les biens et les personnes, la Banque

africaine de développement a envoyé une mission qui a voyagé par avion de Yaoundé à Lomé et ensuite à Ouagadougou, et par route

jusqu’à Dakola et retour à Ouagadougou, et de là à Abidjan, Tamale, Paga pour finir à Accra. Une seconde mission s’est rendue par route

d’Accra à Bobo-Dioulasso, Bamako, Dakar et retour à Accra. Quelques années plus tôt, elle s’était rendue par route de Niamey à Cotonou.

• Le voyage par avion est simple et ne pose aucun problème lorsqu’on utilise le passeport d’un pays membre de la CEDEAO ou un certificat de voyage CEDEAO, mais le voyage par route apporte un amalgame d’expériences variées.

• Les aéroports se sont nettement améliorés en Afrique de l’Ouest, mais dans l’ensemble, les infrastructures de certains des postes frontières terrestres sont très délabrées.

• La procédure pour le trafic de marchandises est uniforme dans les pays de la région.

• Les déplacements routiers sont souvent pénibles à cause des nombreux contrôles sur les corridors, qui sont justifiés pour des raisons de sécurité.

• Le harcèlement et le paiement de droits non officiels semblent être une caractéristique des déplacements par route ; en cas de non-paiement, les agents des postes-frontière provoquent des retards délibérés.

• Certains agents des postes-frontière donnent l’impression aux clients que des paiements sont officiels alors qu’ils ne le sont pas.

• Dans les pays de l’UEMOA, la redevance par tonne approuvée pour le fret excédentaire est de 33 USD pour les camions immatriculés localement et de 99 USD pour les camions immatriculés à l’étranger.

• Une mise en application stricte des restrictions de charge à l’essieu au Togo comparée à l’option de payer des amendes en cas de surcharge au Ghana rend les conducteurs ghanéens moins compétitifs par rapport au conducteur opérant à partir de Tema au Ghana.

4

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 29

augmentation est importante, elle représente une part inférieure aux échanges intra-Ue (40,2 %), intra-africains (16 %) et intra-ASeAN (24 %) en 2017.

Cependant, l’évolution globale masque des disparités entre les États membres de la CeDeAO. La part de la Côte d’Ivoire dans le total des échanges intra-CeDeAO a dépassé 20 %, tant pour les exportations que pour les importations (tableau 6). La part du Nigéria était plus élevée pour les exportations que pour les importations. Le Cabo Verde affichait quant à lui la plus petite part des exportations et des importations.

L’appartenance à une zone de libre-échange devait promouvoir le commerce intra-CeDeAO. Cependant, la grande quantité d’échanges com-merciaux informels non enregistrés dans la région rend difficile l’évaluation précise de la taille et de la croissance des échanges commerciaux intracom-munautaires. La prise en compte des échanges informels modifierait sans aucun doute la situa-tion. Par exemple, concernant les échanges entre le Bénin et son principal partenaire commercial au sein de la CeDeAO, le Nigéria, le rapport entre les échanges informels et formels est estimé à environ 1:1 pour les importations et 5,1:1 pour les exporta-tions18. Ces statistiques confirment que l’intégration commerciale régionale en Afrique de l’Ouest est

FIGURE 15 Part des exportations intra-CEDEAO dans les exportations totales de la Communauté, 1980–2016

Pourcentage

0

2

4

6

8

10

12

14

201620152014201320122011200620011996198819851980

Source : CeDeAO 2017.

TABLEAU 6 Part du commerce intra-CEDEAO total, par pays, 2011–2016 (%)

Pays Exportations Importations

Bénin 1,2 4,5

Burkina Faso 2,2 8,3

Cabo Verde 0,0 0,2

Côte d’Ivoire 26,4 27,1

Gambie 0,7 1,2

Ghana 16,5 7,8

Guinée 2,0 1,1

Guinée-Bissau 0,2 0,2

Libéria 0,3 3,8

mali 2,9 15,3

Niger 2,6 3,5

Nigéria 32,5 9,8

Sénégal 7,7 8,4

Sierra Leone 0,2 6,8

Togo 4,6 2,1

Total 100,0 100,0

Source : CeDeAO 2017.

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nettement sous-estimée dans les statistiques com-merciales officielles. Plusieurs facteurs contribuent à la prévalence des échanges informels. Le temps nécessaire au traitement des documents à travers les frontières peut avoir pour effet d’augmenter le recours à l’informalité, en particulier pour les pro-duits périssables. Les mesures non tarifaires, telles que les coûts de mise en conformité (mesures sani-taires et phytosanitaires), sont également à l’origine de l’accroissement des échanges informels. Ainsi, le déséquilibre créé par les barrières tarifaires et non tarifaires favorise le commerce informel aux frontières, avec des conséquences néfastes sur les échanges formels entre les États membres.

Effets sur les produitsDans la mesure où les biens échangés au sein de la CeDeAO doivent provenir d’États membres, les produits et les sociétés qui les produisent doivent être enregistrés dans le cadre du SLeC. De 1988 à 2018, 6 212 produits industriels ont été enre-gistrés. Le nombre d’enregistrements peinait à décoller au début, avec seulement 140 produits

de 1988 à 1992. Il a ensuite augmenté, avec 1 597 produits de 1998 à 2002, diminué de 2003 à 2012, pour augmenter de nouveau entre 2013 et 2018, ce qui témoigne d’un regain d’intérêt des producteurs locaux (tableau 7). Le Nigéria a enregistré le plus grand nombre de produits enre-gistrés sur trois décennies, suivi du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal.

Les changements dans les produits enregis-trés peuvent indiquer des déperditions et un retour des producteurs à mesure que les conditions du marché changent. entre 1988 et 2018, les pro-duits alimentaires et les boissons représentaient le plus grand nombre de produits enregistrés, suivis des produits chimiques et des produits simi-laires, ainsi que des produits en métal et en fer, de l’aluminium et du cuivre. Le secteur des cuirs, des peaux et des fourrures comptait le moins de produits enregistrés (figure 16). La répartition des produits enregistrés par secteur est similaire à la concentration des échanges de la CeDeAO : les produits alimentaires et les boissons représentent une part importante des échanges intra-CeDeAO.

TABLEAU 7 Nombre de produits industriels enregistrés dans le cadre du schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO, par pays, 1988–2018

Pays1988–1992

1993–1997 1998–2002

2003–2007

2008–2012

2013–2018 Total

Bénin 9 28 38 68 38 73 254

Burkina Faso 2 0 0 4 9 3 18

Cabo Verde 2 1 0 0 3 7 13

Côte d’Ivoire 0 0 536 218 112 284 1 150

Gambie 0 0 0 5 16 16 37

Ghana 37 25 367 274 264 306 1 273

Guinée 0 3 3 61 12 41 120

Guinée-Bissau 0 0 0 0 0 5 5

Libéria 0 0 0 0 0 19 19

mali 3 0 0 0 4 122 129

Niger 3 0 0 7 3 2 15

Nigéria 66 145 481 362 305 680 2 039

Sénégal 16 5 110 250 243 284 908

Sierra Leone 2 0 2 0 0 54 58

Togo 0 18 60 5 51 40 174

Total 140 225 1 597 1 254 1 060 1 936 6 212

Source : CeDeAO 2017.

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 31

entre 1988 et 2008, 2 208 entreprises ont été enregistrées au sein de la CeDeAO. Le Nigéria en a accueilli le plus (799), suivi par le Ghana (560), le Sénégal (301) et la Côte d’Ivoire (289). Comme pour les produits enregistrés, le nombre d’en-treprises enregistrées a également varié d’une année à l’autre, ce qui a permis de corroborer l’hypothèse de déperdition des entreprises (voir le tableau A1 en annexe).

TRANSFORMATION STRUCTURELLE

Les travaux de recherche s’accordent à dire que la croissance économique a suivi un schéma sem-blable dans les économies développées et dans les économies émergentes, sous l’effet d’une amélioration de la productivité de la main-d’œuvre agricole. en conséquence, il est devenu possible de réorienter progressivement la main-d’œuvre et les capitaux vers l’industrie manufacturière et les services. Cette réorientation vers l’industrie manu-facturière, caractérisée par une productivité de la main-d’œuvre généralement plus élevée, a accru la productivité et permis d’augmenter durable-ment les rendements et les revenus.

Définition et caractérisationLa transformation structurelle est la réaffectation de la main-d’œuvre et d’autres ressources vers les secteurs qui alimentent la croissance écono-mique ; elle comprend une composante statique et une composante dynamique. Sa composante statique provient de l’augmentation de la produc-tivité de l’économie dans son ensemble puisqu’un plus grand nombre de travailleurs est employé dans les secteurs à plus forte productivité. Sa composante dynamique prend de l’essor au fil du temps, alors qu’une part croissante de la main-d’œuvre tire des avantages sans cesse plus nom-breux de l’amélioration de leurs compétences et d’autres externalités positives qui découlent de l’accès à de meilleures technologies. Une éco-nomie qui connaît une transformation structurelle productive peut en tirer tant des avantages sta-tiques que dynamiques alors que ce processus stimule la croissance de la productivité au sein des secteurs mais aussi par le déplacement de la

main-d’œuvre des secteurs moins productifs vers les secteurs plus productifs.

Ces éventuels gains statiques et dynamiques, ainsi que leur répartition en termes de gains de productivité intrasectoriels et intersectoriels, dépendent de l’ampleur des différentiels de pro-ductivité entre les secteurs et des capacités de création d’emplois de ces derniers. Plus particu-lièrement, les activités économiques et les sec-teurs généraux diffèrent quant à leur capacité à absorber la main-d’œuvre et à stimuler la produc-tivité du travail. en règle générale, la transforma-tion structurelle et ses avantages ont été associés à l’industrie manufacturière, celle-ci ayant démon-tré ses capacités à induire une productivité élevée et à absorber une main-d’œuvre nombreuse.

Cette association a été testée par l’hypothèse selon laquelle l’industrie manufacturière est un moteur de la croissance économique, en se fon-dant sur les faits stylisés suivants :• Plus la croissance de la production manufac-

turière est forte et plus la croissance de la pro-ductivité de la main-d’œuvre et de la producti-vité globale de la main-d’œuvre est forte.

• Plus la croissance du rendement manufacturier est forte et plus la croissance du PIB est forte.

FIGURE 16 Nombre de produits industriels enregistrés dans le cadre du schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO, par secteur, 1988–2018

0 500 1 000 1 500 2 000

Cuirs, peaux et fourrures

Véhicules automobileset pièces de rechange

Médicaments

Chaussures et produits capillaires

Pierres, ciment et verre

Machines et appareils

Bois, meubles et literie

Papier et produits associés

Textiles et vêtements

Produits en plastique,nylon et caoutchouc

Produits en métal et en fer,aluminium et cuivre

Produits chimiques et produits similaires

Produits alimentaires et boissons

Produits enregistrés

Sources : CeDeAO 2018.

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32 I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T

En ce qui concerne l’évolution vers une économie

moins agricole, l’Afrique continue

d’accuser un retard et sa transformation

structurelle a été moins productive

que celle des autres régions car elle provient plus d’une expansion

des services que du secteur manufacturier

Ces faits stylisés s’appuient sur l’idée que l’industrie manufacturière présente des caracté-ristiques propres qui en font un secteur particu-lièrement adapté pour promouvoir une transfor-mation structurelle profitable et productive. Parmi ces caractéristiques, l’industrie manufacturière entraîne des rendements d’échelle statiques et dynamiques croissants, par lesquels la production à grande échelle réduit les coûts d’exploitation, promeut la spécialisation et améliore l’efficacité de la production. L’industrie manufacturière est axée sur le progrès technologique et ses liens horizontaux, en amont et en aval avec le reste de l’économie, sont les plus nombreux. Dans l’in-dustrie manufacturière, l’élasticité de la demande par rapport au revenu est plus forte que dans les autres secteurs. enfin, l’industrie manufacturière

formelle présente une convergence incondition-nelle et peut donc prospérer indépendamment de la qualité des politiques nationales, des institutions et des autres aspects du contexte économique.19

Différences entre la transformation structurelle en Afrique et dans les autres régionsLa recherche sur la transformation structurelle, abondante et en rapide expansion, suggère que son apparition, son schéma et ses effets en Afrique pourraient différer par rapport aux autres régions. en ce qui concerne l’évolution vers une économie moins agricole, l’Afrique continue d’ac-cuser un retard. en 1950, l’agriculture ne repré-sentait que 16 % du PIB dans les pays avancés, 29 % en Amérique latine, 43 % en Afrique et 49 %

TABLEAU 8 Structure de la production (valeur ajoutée brute), par région, 1950–2005 (pourcentage du PIB)

Secteur Afrique Asie Amérique latine Pays avancés

1950

Agriculture 43 49 29 16

Industriea 22 14 25 40

Industrie manufacturière 11 10 15 29

Services 34 36 46 45

1960

Agriculture 42 37 23 12

Industriea 21 22 23 12

Industrie manufacturière 8 15 17 30

Services 37 41 48 47

1980

Agriculture 29 23 16 4

Industriea 28 33 32 33

Industrie manufacturière 12 22 20 20

Services 43 44 51 57

2005

Agriculture 28 14 10 2

Industriea 27 33 31 26

Industrie manufacturière 10 22 15 14

Services 45 53 59 68

a. extraction minière, industrie manufacturière, construction et services d’utilité publique.

Note : Comme les pourcentages ont été arrondis, leur somme n’est pas nécessairement égale à 100.

Source : Szirmai et Verspagen 2011, tableau 1.

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 33

en Asie (tableau 8). Ce sont les pays avancés qui étaient les plus industrialisés (l’industrie manu-facturière y représentant 29 % du PIB), suivis de l’Amérique latine (15 %), de l’Afrique (11 %) et de l’Asie (10 %). en 1960, la contribution de l’indus-trie manufacturière au PIB avait atteint 30 % dans les pays avancés tandis que l’Asie avait presque rattrapé son retard sur l’Amérique latine. en revanche, cette part avait chuté à 8 % en Afrique. en 1980, cette dernière avait recouvré son niveau précédent mais elle avait de nouveau chuté à 10 % en 2005, alors qu’elle était plus élevée que jamais en Asie (à 22 %) et en Amérique latine (à 20 %). Ce déclin de la part de l’industrie manufac-turière dans le PIB africain est aujourd’hui connu comme l’ère de désindustrialisation du continent.20

Plusieurs études ont suggéré que la transfor-mation structurelle de l’Afrique a été moins pro-ductive que celle des autres régions. « Les écono-mies africaines ne semblent pas suivre les mêmes schémas historiques de changement structurel que les pays d’Asie de l’est. »21 en Afrique, l’évolu-tion de la répartition de la main-d’œuvre s’est lar-gement faite au bénéfice du secteur des services, moins productif que l’industrie manufacturière. en outre, le secteur manufacturier africain est dominé par un ensemble de petites entreprises informelles qui sont généralement moins productives que les entreprises formelles organisées.

Toutefois, « les récents schémas de la réparti-tion de l’emploi en Afrique semblent conformes aux faits stylisés du développement économique dans les autres régions »22. en d’autres termes, au vu du revenu actuel de l’Afrique, « le schéma quantita-tif de la répartition de l’emploi en Afrique suit plus ou moins la même évolution que dans les autres régions ». De plus, « les pays africains semblent contourner l’étape d’industrialisation » de la trans-formation structurelle.23 La transformation structu-relle africaine ne s’est pas avérée aussi productive que celle de l’Asie de l’est car elle est principale-ment alimentée par l’expansion du secteur des services plutôt que de l’industrie manufacturière. Néanmoins, l’amélioration de la productivité dans le secteur agricole s’est accompagnée d’un déclin de la part de l’emploi agricole et d’une augmentation des revenus et de la demande de produits manu-facturiers fabriqués localement.24 Cette évolution paraît semblable à celle des pays industrialisés.25

Comme il existe des carences dans les don-nées, les conclusions présentées ci-dessus sont basées sur un nombre limité de pays, dont trois se trouvent en Afrique de l’Ouest (Ghana, Nigéria et Sénégal). « Étant donné la variété des schémas et des tendances du changement structurel parmi les pays africains… il est difficile d’en parler selon une perspective unique applicable à l’ensemble du continent. »26 Par conséquent, l’analyse présentée ci-dessous examine plusieurs éléments clés de la transformation structurelle et leur impact en se fondant sur les expériences des pays d’Afrique de l’Ouest pour lesquels des données comparables sont disponibles.

en règle générale, le déclin de la part de l’agri-culture dans l’emploi et dans le PIB est le premier signe de la transformation structurelle. Ces deux déclins sont associés à une croissance du PIB, alors que la réorientation de la main-d’œuvre de l’agriculture peu productive vers des secteurs économiques plus productifs, en particulier l’in-dustrie manufacturière, stimule la productivité glo-bale et améliore la compétitivité économique.

entre 2000 et 2015, la part moyenne de l’agri-culture dans l’emploi en Afrique de l’Ouest a chuté de 58,7 % à 52,3 %, celle de l’industrie a aug-menté de 10,3 % à 12,5 %, et celle des services a augmenté de 30,8 % à 35,2 % (tableau 9). Par conséquent, la main-d’œuvre a quitté l’agriculture de manière marginale, à hauteur de 6,4 points de pourcentage, ce qui a eu pour effet d’augmenter la part de l’industrie de 2,2 points de pourcentage et la part des services de 4,4 points de pourcentage. Au niveau régional, cette réorientation n’a pas été particulièrement conséquente pendant une période de seize ans et les deux tiers de celle-ci ont bénéficié au secteur des services, dont la pro-ductivité est probablement peu supérieure à celle de l’agriculture. Toutefois, cette simple moyenne régionale masque des différences entre les pays, tant en termes de population que de PIB.

Il est fort probable que les pays dont la part de l’agriculture dans l’emploi est supérieure à la moyenne régionale n’aient pas encore amorcé leur transformation structurelle. en 2000, ce groupe de pays incluait le Burkina Faso, le Cabo Verde, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Niger et la Sierra Leone en 2015, il incluait le Cabo Verde, la Guinée, la Guinée-Bissau, le mali, le Niger, le Sénégal et la

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34 I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T

En 2015, la part de l’agriculture

dans l’emploi était supérieure à la

moyenne régionale à Cabo Verde, en

Guinée, en Guinée-Bissau, au Mali, au

Niger, au Sénégal et en Sierra Leone,

ce qui signifie qu’ils n’ont probablement pas encore amorcé leur transformation

structurelle

Sierra Leone. Ainsi, le mali et le Sénégal se trou-vaient en dessous de la moyenne en 2000 mais au-dessus en 2015. Au mali, l’émergence de l’agri-culture en tant que contributeur important à l’em-ploi est le résultat de la réforme des subventions aux intrants ainsi que d’autres initiatives engagées par le gouvernement, qui visent à renforcer la sécurité alimentaire à la suite de la crise alimen-taire de 2008. en 2009, le gouvernement a adopté un programme national d’investissement agricole pour s’assurer que le rendement des céréales demeure élevé à court terme et pour diversifier les exportations agricoles sur le long terme.

Au Burkina Faso, les réformes menées dans le secteur du coton ont contribué à transformer l’in-dustrie dans les années 1990. Dans les années 1980, ce secteur se caractérisait par une forte intervention publique tandis que les intérêts poli-tiques s’appropriaient les profits générés par l’en-treprise publique Sofitex. Les réformes menées au début des années 1990 ont nettement amélioré la production cotonnière et permis d’augmenter les recettes d’exportation. elles ont également eu un

profond impact sur le revenu des ménages, qui ont connu entre 19 % et 43 % d’augmentation, et sur la pauvreté, qui a décliné de 62 % à 47 %. Aujourd’hui, le Burkina Faso est le plus grand producteur de coton en Afrique de l’Ouest, avec environ 300.000 tonnes, soit une fois et demie le niveau de 2010. Cependant, dans l’ensemble de la région, les rendements ont stagné malgré les amé-liorations constatées au Burkina Faso et au mali.

entre 2000 et 2015, la part moyenne de l’agri-culture dans le PIB est passée de 34,2 % à 32,1 % en Afrique de l’Ouest, soit un déclin de 2,1 points de pourcentage (tableau 10), ce qui révèle un abandon limité de l’agriculture. On peut également expliquer cette situation par le manque de pro-ductivité de la main-d’œuvre agricole, indépen-damment de la réorientation de la main-d’œuvre vers les autres secteurs.

Dans certains cas, les évolutions à l’échelle du pays sont beaucoup plus importantes. Dans tous les pays à l’exception du Burkina Faso, de la Gui-née-Bissau, du mali et de la Sierra Leone, la part de l’agriculture dans le PIB a décliné entre 2000

TABLEAU 9 Part des secteurs d’emploi en Afrique de l’Ouest, par pays, 2000 et 2015 (%)

Pays

Agriculture Industrie Services

2000 2015 2000 2015 2000 2015

Bénin 48,3 41,8 12,7 18,2 39,0 40,0

Burkina Faso 85,7 29,4 4,0 32,0 10,3 38,5

Cabo Verde 76,2 68,7 7,0 7,0 16,8 24,4

Côte d’Ivoire 50,2 50,0 6,6 5,6 43,3 44,4

Gambie 33,2 28,4 15,0 15,5 51,9 56,1

Ghana 50,3 42,5 15,8 14,0 34,0 43,5

Guinée 70,9 68,0 5,7 5,8 23,4 26,3

Guinée-Bissau 84,7 83,7 6,9 7,1 8,5 9,3

Libéria 49,7 43,4 7,9 11,9 42,4 44,7

mali 45,7 62,3 16,0 8,3 38,4 29,5

Niger 77,1 76,1 6,8 7,5 13,2 16,5

Nigéria 57,3 36,4 9,1 11,8 33,6 51,8

Sénégal 44,4 54,0 16,6 20,0 39,0 26,0

Sierra Leone 66,4 60,9 5,7 6,2 27,9 33,0

Togo 41,0 39,4 18,1 17,3 40,9 43,3

moyenne 58,8 52,3 10,4 12,5 30,8 35,2

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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Entre 2000 et 2015, la part moyenne de l’agriculture dans le PIB est passée de 34,2 % à 32,1 % en Afrique de l’Ouest, soit un déclin de 2,1 points de pourcentageet 2015, principalement en faveur du secteur des

services (voir tableau 10). La part de l’industrie a connu une nette augmentation uniquement au Cabo Verde, en Côte d’Ivoire, en Gambie, au Libé-ria et au Niger. Selon les estimations de la produc-tivité de la main-d’œuvre, 3,5 % des travailleurs de Côte d’Ivoire ont abandonné l’agriculture pour rejoindre le secteur des services, entraînant une productivité moyenne 3,2 fois supérieure dans les services par rapport à l’agriculture.27 De la même manière, dans le secteur industriel, qui employait seulement 6 % de la main-d’œuvre mais repré-sentait 27,2 % de la production en 2000, les gains de productivité ont été encore plus rapides. en 2015, la part de l’industrie dans le PIB était de 28,9 %. Toutefois, en général, les pays ouest-afri-cains n’ont pas connu de transformation structu-relle, tandis que seuls des gains dynamiques mini-maux ont été réalisés car, globalement, l’évolution de la répartition de la main-d’œuvre s’est faite en faveur du secteur des services plutôt que du secteur de l’industrie et, plus particulièrement, du secteur manufacturier.

LES IMPLICATIONS DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE DANS LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE

Afin de déterminer si et dans quelle mesure l’inté-gration régionale a une influence sur la transfor-mation structurelle, il est nécessaire d’identifier à la fois ses composantes statiques et dyna-miques. L’intégration régionale peut générer des effets allocatifs, qui sont principalement statiques, dans le sens où ils réaffectent les biens produits par des modèles de production donnés.28 Ces effets se reflètent dans l’évolution des échanges et des ratios du commerce. De plus, l’intégration régionale peut générer une dynamique d’accu-mulation et des effets de localisation, qui peuvent modifier les modèles structurels de l’économie et l’état stationnaire du rythme de croissance. C’est notamment le cas lorsqu’ils encouragent l’accu-mulation des connaissances et du capital humain et mobilisent l’épargne à long terme pour accroître les investissements. Ces effets dynamiques

TABLEAU 10 Part des secteurs dans le PIB en Afrique de l’Ouest, par pays, 2000 et 2015 (%)

Pays

Agriculture Industrie Services

2000 2015 2000 2015 2000 2015

Bénin 25.8 23.1 31.8 25.0 42.4 51.9

Burkina Faso 32.8 33.8 21.5 21.2 45.7 45.1

Cabo Verde 14.3 10.0 17.0 20.7 68.8 59.3

Côte d’Ivoire 27.2 25.5 23.4 28.9 49.5 45.6

Gambie 23.9 21.8 14.4 15.8 61.7 62.3

Ghana 39.4 21.2 28.3 26.2 32.2 52.5

Guinée 22.4 20.5 33.5 29.2 44.2 50.4

Guinée-Bissau 43.4 49.4 14.7 13.2 41.9 37.4

Libéria 78.4 68.2 5.4 11.6 16.2 20.3

mali 35.3 40.4 24.0 19.8 40.6 39.8

Niger 39.1 39.0 13.3 19.5 47.6 41.4

Nigéria 26.0 20.9 52.2 20.4 21.8 58.8

Sénégal 19.1 17.5 23.2 23.4 57.6 59.2

Sierra Leone 48.2 61.3 8.4 4.8 43.3 33.9

Togo 37.6 29.1 19.6 18.6 42.7 52.4

moyenne 34.2 32.1 22.1 19.9 43.8 47.4

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement.

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L’importance de l’intégration

régionale comme stimulant de

la croissance économique

devrait se refléter dans la capacité du commerce à engendrer une transformation

structurelle dans les pays faisant partie d’un bloc

commercial

permettent à l’intégration régionale de servir d’ou-til à la transformation structurelle. Bien que les effets dynamiques aient un potentiel considérable, leur concrétisation dépend à la fois du modèle d’intégration régionale et des mesures politiques de soutien, comme la structure tarifaire et la poli-tique industrielle.29

Évaluer les effets de l’intégration régionale sur la transformation structurelleUn grand nombre de recherches empiriques et théoriques suggèrent que l’intégration régionale peut encourager la croissance économique et la transformation structurelle des pays membres. Le commerce et les investissements directs étran-gers favorisent la croissance. L’intégration régio-nale, quant à elle, tend à accroître le commerce et les investissements directs étrangers.30 Par conséquent, l’intégration régionale peut avoir un impact positif sur la croissance économique grâce aux effets de l’accroissement des échanges et de l’investissement. Dans le même esprit, les petites économies se développent plus rapidement lorsqu’elles forment des ententes commerciales régionales avec des pays plus grands et plus développés.31 Il est probable qu’il existe un lien positif entre l’intégration économique et la crois-sance car l’intégration favorise les échanges.32 Le renforcement des échanges mène à son tour à la croissance économique. Plus précisément, une plus grande libéralisation entre les pays membres d’une même communauté économique régionale peut accroître le commerce total. Celui-ci favorise, à son tour, la croissance. Toutefois, la libéralisation pourrait également conduire à un détournement des échanges, réduisant ainsi le volume total du commerce, et laissant entendre que la libéralisa-tion peut mener à un commerce moins efficace.

Ainsi, bien qu’il existe des preuves manifestes d’un lien positif entre la croissance et le com-merce dans les études internationales, « l’exis-tence d’un lien de causalité est sujet à discus-sion, et sous-entend qu’il n’y a pas de consensus général sur les politiques économiques orientées vers l’ouverture commerciale. »33 en dépit de cela, les recherches suggèrent que les caracté-ristiques spécifiques des pays peuvent augmen-ter les chances d’un projet d’intégration régionale

favorisant la croissance. L’intégration régionale de l’Afrique de l’Ouest, par exemple, peut entraîner une transformation structurelle et une croissance économique car sans intégration régionale, les nombreux pays fragmentés et à faible revenu de la région ne peuvent pas profiter des économies d’échelle au niveau de la production qui pourraient stimuler la croissance économique.34

L’importance de l’intégration régionale comme stimulant de la croissance économique devrait se refléter dans la capacité du commerce à engen-drer une transformation structurelle dans les pays faisant partie d’un bloc commercial. Ceci fournit le contexte permettant d’examiner les liens théo-riques entre l’intégration régionale et la transfor-mation structurelle. Les questions spécifiques pouvant être abordées sont notamment :• L’intégration régionale favorise-t-elle la trans-

formation structurelle des économies des pays membres participants ?

• quels sont les principaux canaux par lesquels l’intégration régionale affecte la transformation structurelle ?

Analyse empirique du commerce intrarégional sur la valeur ajoutée sectorielleL’évaluation empirique des liens théoriques latents entre l’intégration régionale et la transformation structurelle en Afrique de l’Ouest requiert de sélectionner des indicateurs pertinents de l’inté-gration régionale et de la transformation structu-relle. Les variables dépendantes, représentant la transformation structurelle, sont la part de valeur ajoutée des principaux secteurs économiques par rapport à la valeur ajoutée totale (PIB) : l’agri-culture (AGVA), l’industrie en général (INVA), l’in-dustrie manufacturière en tant que sous-secteur de l’industrie (MAVA), et les services (SEVA). Les variables indépendantes sont deux indicateurs d’intégration régionale : l’indice des importations intrarégionales (en anglais Intraregional import trade index – IrITI) et l’indice des exportations intrarégionales (en anglais Intraregional export trade index – IreTI). Ces deux indicateurs reflètent bien l’étendue de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest et pourraient être regroupés en un seul indice de commerce intrarégional cumulé, mais la raison pour laquelle ils sont présentés de manière séparée sera expliquée plus tard. La

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 37

taille de l’échantillon correspond aux quinze pays ouest-africains, agrégés pour la période allant de 2000 à 2015. Toutes les variables sont en loga-rithmes naturels. Les données ont été recueillies auprès de diverses sources secondaires, parmi lesquelles la Commission de la CeDeAO, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, et la Banque mondiale.

Trois ensembles de résultats de régression ont été obtenus en utilisant de simples moindres carrés ordinaires pour illustrer l’effet possible de la transformation structurelle sur les échanges ; un premier ensemble utilisant uniquement l’indice des importations intrarégionales comme variable explicative, un deuxième ensemble utilisant uni-quement l’indice des exportations intrarégionales, et un autre ensemble utilisant les deux indices.

Des méthodes d’estimation alternatives plus rigou-reuses – qui, par exemple, enrichissent la variable indépendante d’un indicateur de libéralisation du commerce – peuvent révéler une relation plus nuancée entre la transformation structurelle et le commerce. en effet, des dislocations de l’agricul-ture vers des services moins productifs, déclen-chées par un afflux d’importations de produits agricoles bon marché, peuvent ne pas engendrer une transformation structurelle de l’agriculture. Pour cette raison et pour d’autres réserves, les résultats ne sont donnés qu’à titre d’illustration et doivent être interprétés avec précaution.

Seul l’indice des exportations intrarégionales dispose d’un coefficient négatif et statistiquement significatif sur la valeur ajoutée de l’agriculture dans les régressions 2 et 3 (tableau 11). Ceci suggère

TABLEAU 11 Résultats de régression concernant l’impact de l’intégration régionale sur la transformation structurelle

Variable Régression 1 Régression 2 Régression 3

Variable dépendante : AGVA

Constante 30,29*** (0,93) 32,86*** (0,76) 31,92*** (0,99)

IrITI 0,02 (0,06) 0,08 (0,05)

IreTI –0,11*** (0,04) –0,13*** (0,04)

R-au carré 0,34 0,03 0,16

Variable dépendante : INVA

Constante 22,45*** (1,07) 21,52*** (0,95) 22,10*** (1,24)

IrITI –0,04 (0,07) –0,05 (0,07)

IreTI 0,02 (0,05) 0,03 (0,05)

R-au carré 0,002 0,010 0,000

Variable dépendante : MAVA

Constante 11,32*** (0,55) 11,18*** (0,48) 11,20*** (0,64)

IrITI 0,003 (0,03) –0,002 (0,04)

IreTI 0,01 (0,02) 0,01 (0,03)

R-au carré 0,07 0,01 0,02

Variable dépendante : SEVA

Constante 47,35*** (1,08) 45,75*** (0,92) 46,17*** (1,21)

IrITI 0,01 (0,07) –0,04 (0,07)

IreTI 0,09 **(0,05) 0,09 **(0,05)

R-au carré 0,535 0,070 0,212

*** Significatif au niveau de 1 % ; ** significatif au niveau de 5 %.

Note : Les chiffres entre parenthèses sont des écarts-types.

Source : Calculs de l’équipe Perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest.

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La CEDEAO a renforcé l’image des pays ouest-africains,

en atténuant les risques, en protégeant les institutions, et

en défendant la propriété privée.

Tous ces éléments peuvent avoir

contribué aux flux d’investissements directs étrangers

dans la région

que le fait d’augmenter l’indice des exportations intrarégionales peut encourager la transformation structurelle en réduisant la part de l’agriculture dans le PIB. en effet, les pays agricoles ont moins d’échanges commerciaux à l’intérieur de la région. Cela peut être dû à une complémentarité des exportations plus faible en raison de la similitude des produits. L’impact de l’indice des importations intrarégionales sur la part de l’agriculture dans le PIB n’est pas statistiquement significatif. mais l’indice des exportations intrarégionales a un effet positif et statistiquement significatif sur la part des services dans le PIB. Ceci vient soutenir l’analyse précédente selon laquelle la participation à une intégration régionale a stimulé la croissance des services. Les effets de l’indice des exportations intrarégionales sur l’industrie (dans son ensemble) et sur la valeur ajoutée manufacturière ne sont pas statistiquement significatifs, et l’indice des impor-tations intrarégionales n’a d’impact significatif sur aucun secteur.

Les résultats différents de l’indice des importa-tions intrarégionales et de l’indice des exportations intrarégionales sont conformes à la documenta-tion sur la productivité des entreprises exporta-trices, qui montre une association positive bien établie entre l’exportation et la productivité des sociétés.35 Les données empiriques montrent que les exportateurs sont plus performants que ceux qui n’exportent pas. elles montrent également que les futurs exportateurs sont plus performants que ceux qui n’exporteront pas, avant même qu’ils n’entrent sur le marché de l’exportation.36 en d’autres termes, les entreprises exportatrices sont plus performantes avant et après qu’elles soient entrées sur le marché de l’exportation. exporter peut s’avérer particulièrement important pour la croissance de la productivité.37 Ceci peut être la raison pour laquelle le coefficient sur l’indice des exportations intrarégionales est négatif et statis-tiquement significatif dans la régression pour la valeur ajoutée de l’agriculture. Il suggère que les entreprises ou les pays qui entrent sur le marché de l’exportation, apprennent à affronter la concur-rence et sont davantage susceptibles d’abandon-ner des secteurs moins productifs, comme l’agri-culture, pour des secteurs plus productifs comme l’industrie manufacturière. Ce processus entraîne une transformation structurelle de l’économie.

Les effets du schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO sur l’investissement directL’investissement direct étranger est un cataly-seur de la transformation structurelle, bénéfi-ciant des dispositions du SLeC, tant et autant que les investisseurs étrangers ne se livrent pas à du « contournement tarifaire ». Le SLeC attire des investissements étrangers depuis l’intérieur et l’extérieur de la région en raison de l’élargis-sement du marché (en particulier pour les gros investissements « concentrés » qui pourraient n’être viables qu’au-dessus d’une certaine taille) et de la rationalisation de la production (une dis-torsion réduite et un coût marginal de production plus bas).

La CeDeAO a renforcé l’image des pays ouest-africains, en atténuant les risques, en pro-tégeant les institutions, et en défendant la pro-priété privée. Tous ces éléments peuvent avoir contribué aux flux d’investissements directs étrangers dans la région. L’investissement direct étranger a plus que sextuplé, passant d’une moyenne de 2,1 milliards de dollars sur la période allant de 1995 à 2000, à 12,7 milliards de dollars entre 2006 et 2015. Le Nigéria a été le principal bénéficiaire des flux d’investissements directs étrangers dans la région puisqu’il en a reçu environ 60 %. Vient ensuite le Ghana avec 12 %. entre 2006 et 2015, les investissements directs étrangers intra-CeDeAO ont atteint envi-ron 335 millions de dollars. en plus d’être le plus important bénéficiaire d’investissements directs étrangers au sein de la CeDeAO, le Nigé-ria a aussi été le plus important investisseur intra-CeDeAO, puisqu’il a investi dans neuf États membres de la CeDeAO : au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Gambie, au Ghana, au Libéria, au Niger, au Sénégal, et au Togo. Il est difficile de savoir si les investissements ont été induits par le SLeC.

L’intégration régionale et le développement de la chaîne de valeurUne intégration régionale plus profonde pourrait déclencher le développement d’une chaîne de valeur et engendrer une industrialisation durable par le biais de la compétitivité basée sur la pro-ductivité. Les entreprises locales entrent donc

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 39

d’abord dans les chaînes de valeur régionales avant d’entrer dans les chaînes de valeur mon-diales. Étant donné le faible niveau des échanges commerciaux intra-industrie et des capacités productives en Afrique de l’Ouest, la participation dans des chaînes de valeur régionales peut mener à l’intégration d’entreprises autochtones dans un système logistique sur l’ensemble de la région. L’importante économie du Nigéria, ainsi que son marché de consommation présentent une oppor-tunité pour le pays de se transformer en pôle de croissance pour les pays périphériques plus petits. La Côte d’Ivoire, le Ghana, et le Sénégal sont également des pôles de croissance poten-tiels prometteurs en raison de leur forte crois-sance économique et de leur classe moyenne émergente.

malgré l’immense potentiel de développe-ment d’une chaîne de valeur régionale, les pays ouest-africains ont tendance à être tournés vers les économies avancées, en dépit de la règle-mentation restrictive sur les exportations vers ces marchés. en effet, plus de 70 % des pro-duits ouest-africains destinés à l’exportation

sont envoyés en europe et en Amérique du Nord.38 Les pays membres de la CeDeAO ont tendance à se situer plus en amont des chaînes de valeur mondiales, comme fournisseurs d’in-trants primaires sans complément de valeur significatif pour pénétrer les marchés d’exporta-tion (figure 17).

Les économies de petite taille semblent mieux intégrées mondialement que les économies plus grandes. La Gambie, le Togo, et le Bénin ont les plus hauts indices de participation dans la chaîne de valeur mondiale, tandis que le Burkina Faso, le Nigéria et le mali ont les plus faibles (voir figure 17). Il est possible que les grandes économies aient des indices de chaînes de valeurs étrangères plus faibles car elles peuvent se fournir plus facilement que les petites économies, en intrants intermé-diaires, directement sur leur marché national.39 Cela laisse entendre qu’elles se caractérisent par une plus grande part dans les chaines de valeur nationales.

Une plus faible intégration dans les chaînes de valeur mondiales peut également être due à l’im-pact négatif des tarifs douaniers intermédiaires.

FIGURE 17 Participation à la chaîne de valeur mondiale de l’Afrique de l’Ouest, par pays, entre 2010 et 2017.

Indice moyen de participation à une chaîne de valeur mondiale

0

500

1 000

1 500

TogoSierraLeone

SénégalNigériaNigerMaliGuinéeGhanaGambieCôted’Ivoire

CaboVerde

BurkinaFaso

Bénin

Indice de valeur ajoutée étrangèreIndice de valeur ajoutée nationale

Note : Les données pour la Guinée-Bissau et le Liberia ne sont pas disponibles.

Source : Base de données eora de la CNUCeD sur les chaînes de valeur mondiales et base de données

Comtrade des Nations unies.

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40 I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T

Les exportations de produits non

transformés constituent une part

considérable du commerce régional,

ce qui suggère que les pays n’ont

pas pleinement exploité le SLEC pour intensifier suffisamment

le commerce et développer des

chaînes de valeur au niveau régional

Les exportations de produits non transformés constituent une part considérable du commerce régional, ce qui suggère que les pays n’ont pas pleinement exploité le SLeC pour intensifier suffi-samment le commerce et développer des chaînes de valeur au niveau régional. Une approche basée sur une chaîne de valeur régionale peut permettre de minimiser l’impact des crises extérieures sur la région. L’encadré 1 présente l’interaction entre les politiques, le commerce régional et le dévelop-pement de chaînes de valeur dans l’industrie du ciment en Afrique de l’Ouest.

La CeDeAO n’a pas encore complètement harmonisé les tarifs douaniers, et certains pays, comme le Bénin et le Nigéria, appliquent les tarifs les plus élevés sur les produits intermédiaires pro-venant de pays tiers. Le Bénin et le Nigéria ont également été impliqués dans une petite dispute commerciale concernant la contrebande de riz, le Nigéria accusant le Bénin de servir d’intermé-diaire pour l’importation dans le pays de riz à bas prix de contrebande. Comme indiqué plus haut, le commerce informel entre les deux pays est un des plus élevés de la région.

ENCADRÉ 1 Développement d’une chaîne de valeur régionale dans l’industrie du ciment en Afrique de l’Ouest

Un des objectifs principaux de la politique industrielle commune de l’Afrique de l’Ouest est de pro-mouvoir les chaînes de valeur régionales comme une première étape pragmatique afin de rejoindre de manière plus durable les chaînes de valeur mondiales.1 L’intégration sur le marché régional et le déve-loppement de chaînes de valeurs sont des précurseurs essentiels à la transformation économique. Ils créent des opportunités d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. L’Afrique de l’Ouest dispose d’une grande variété de métaux et de minéraux de base et industriels, mais le secteur minier n’est que partiellement développé dans peu de pays, et le commerce est particulièrement faible.

L’industrie manufacturière du ciment est importante dans la stratégie d’industrialisation d’en-semble de la région car elle apporte de la valeur aux minéraux, elle transforme le secteur de la construction, et elle stimule l’emploi. Avec le développement croissant des infrastructures dans de nombreux pays, le secteur de la construction s’est révélé être un important consommateur de ciment. en juin 2017, l’Afrique de l’Ouest disposait de projets de construction d’une valeur de 98,3 milliards de dollars, soit un tiers du total de l’Afrique. Le Nigéria, à lui seul, comptabilisait 69,1 milliards de dollars de projets.

Le marché régional de la production de ciment est en général très dynamique, les entreprises étant situées dans des pays disposant de matières premières prêtes à être utilisées. en dépit des bonnes intentions des politiques d’industrialisation et de l’augmentation des investissements dans l’industrie, le commerce régional a été miné par des intérêts politiques et nationaux qui limitent les importations. Ceci se produit souvent en raison des pressions exercées sur les pouvoirs publics par les principaux acteurs de l’industrie, créant des tensions entre la dynamique des échanges d’un côté et les stratégies d’entreprise et le poids politique exercé par les producteurs de l’autre. en conséquence, le secteur du ciment est resté peu compétitif, avec des prix correspondant presque au triple de la moyenne mondiale et plus élevés que ce qu’ils devraient être. Alors que les pouvoirs publics seuls ne sont peut-être pas en mesure de relever ces défis, la CeDeAO devrait activement encourager la mise en œuvre du SLeC en dialoguant avec les multiples parties pre-nantes y compris les opérateurs du secteur. Cela permettra de réduire les coûts de transaction et d’améliorer le commerce du ciment dans la région.

Note 1. Weigert 2016.

Source : Adapté de Byiers et al. 2017.

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I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T 41

Un indice croissant du commerce d’exportation intrarégional pourrait améliorer la transformation structurelle en réduisant la contribution de l’agriculture au PIB

CONCLUSIONS CLÉS, DÉFIS ET RECOMMANDATIONS

L’instrument de politique principal de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest est le SLeC. Il est entré en vigueur en 1990 et porte sur les produits agricoles et l’artisanat, et son champ a été élargi aux produits industriels en 1990. Les exportations au sein de la CeDeAO, exprimées en pourcentage de ses exportations totales, ont enregistré une hausse, passant de 2,1% en 1970 à 3,9 % en 1980 et à 11,9 % en 2017 — ces chiffres restent infé-rieurs au commerce intra-africain (16 %) et intra-ASeAN (24 %).

L’analyse de l’impact limité de l’intégration régionale sur l’expansion et la structure des échanges commerciaux au sein de la CeDeAO peut être faussée par la prévalence élevée et l’ef-fet pervers du commerce informel. Le rapport des échanges commerciaux informels par rapport aux échanges commerciaux formels se situe à environ 5,1:1 entre le Bénin et le Nigéria, et à 2:1 entre le Bénin et le Togo, ce qui implique un défaut de for-malité marqué conduisant à une sous-estimation substantielle du volume des échanges40. Les flux des échanges commerciaux intrarégionaux for-mels sont faibles pour trois autres raisons. Premiè-rement, la complémentarité commerciale entre les pays d’Afrique de l’Ouest est généralement faible. Deuxièmement, l’avantage comparatif révélé des pays étrangers concernant les produits importés en Afrique de l’Ouest est généralement supérieur à celui des pays de l’Afrique de l’Ouest. Troisiè-mement, le coût des échanges commerciaux est plus élevé en Afrique de l’Ouest qu’à l’extérieur de la région. Ces facteurs sont en grande partie res-ponsables de la compétitivité limitée des produits de l’Afrique de l’Ouest. Le sous-développement des infrastructures institutionnelles et matérielles augmente aussi les coûts, compromettant de fait la compétitivité des produits de la région. Les barrières non tarifaires et les interdictions d’im-portation formelles, en particulier celles qui visent les grandes économies dominantes telles que le Nigéria, limitent aussi l’intensité du commerce intrarégional.

À l’échelle régionale, les indicateurs réglemen-taires de la transformation structurelle suggèrent que les économies d’Afrique de l’Ouest n’ont

pas connu un changement structurel favorable à la croissance économique au cours des deux dernières décennies. en particulier, alors que la main-d’œuvre se détournait de l’agriculture, la contribution de l’industrie à l’emploi a augmenté de 2,2 points de pourcentage, tandis que celle des services s’est accrue de 4,4 points de pour-centage. en effet, l’essentiel de la réaffectation de la main-d’œuvre a profité au secteur des services, dont la productivité n’est pas plus importante que l’agriculture. Le Burkina Faso, le Cabo Verde, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Niger et la Sierra Leone n’avaient pas encore entamé la transfor-mation structurelle en 2000 et en 2015, la donne n’avait pas véritablement changé, car la contribu-tion de l’agriculture continuait à augmenter.

en règle générale, les pays d’Afrique de l’Ouest n’ont pas connu une transformation structurelle marquée, n’ont bénéficié que de peu de gains dynamiques liés à la réorientation de la main d’œuvre associée (qui a profité au secteur des services plutôt qu’au secteur manufacturier à forte productivité), et ont enregistré des résultats miti-gés s’agissant de la contribution des services et des industries manufacturières à la croissance économique globale.

enfin, un indice croissant du commerce d’ex-portation intrarégional améliore la transformation structurelle en réduisant la contribution de l’agri-culture au PIB, et en augmentant celle du secteur des services.

DéfisPlusieurs défis doivent être relevés pour enclen-cher une transformation structurelle favorisant la croissance, créant des emplois et permettant de lutter contre la pauvreté et d’autres maux sociaux en Afrique de l’Ouest.

Le premier défi à relever consiste à augmen-ter la contribution des exportations intrarégio-nales dans les exportations totales, ce qui devrait promouvoir la transformation structurelle. Les explications habituelles avancées pour justifier la faible contribution incluent la mise en œuvre inefficace du SLeC (faute de volonté politique) et l’inadéquation des mesures de facilitation des échanges commerciaux (en plus des infrastruc-tures de mauvaise qualité). Or la contrainte la plus déterminante est la faible complémentarité

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42 I N T É G r AT I O N r É G I O N A L e e T T r A N S F O r m AT I O N S T r U C T U r e L L e e N A F r I q U e D e L’O U e S T

En règle générale, les pays d’Afrique

de l’Ouest n’ont pas connu une transformation

structurelle marquée, n’ont

bénéficié que de peu de gains

dynamiques liés à la réorientation de

la main d’œuvre associée, et ont

enregistré des résultats mitigés

au niveau de la contribution

des services et des industries

manufacturières à la croissance

économique globale

commerciale. Un degré de complémentarité com-merciale élevé entre les pays dans le cadre d’un plan d’intégration régionale est un élément clé de réussite. en Afrique de l’Ouest, les produits que les pays exportent ne répondent pas aux besoins d’importation de leurs voisins. L’avantage compa-ratif révélé des importations en Afrique de l’Ouest tend à être supérieur pour les produits des pays situés hors de la région par rapport aux produits des pays de la région. De même, les coûts des échanges commerciaux tendent à être supérieurs dans la région qu’ailleurs. Ces facteurs com-promettent aussi la compétitivité des produits locaux de l’Afrique de l’Ouest dans la région et à l’étranger.

Le deuxième défi à relever consiste à porter la transformation structurelle au-delà du secteur des services pour atteindre le secteur manufacturier. Cette démarche nécessite une analyse approfon-die des obstacles à une absorption réussie de la main-d’œuvre agricole dans les activités de fabri-cation au lieu du secteur des services, en grande partie informel, qui l’attire généralement.

Le troisième défi est de renforcer les princi-paux liens entre l’intégration régionale et la trans-formation structurelle en mettant en place une base industrielle avec des produits manufacturés exportés. L’incapacité apparente à élaborer et mettre en œuvre une politique industrielle régio-nale qui reflète les besoins de tous les pays de l’Afrique de l’Ouest a freiné la transformation, même dans les économies les plus dynamiques telles que le Ghana et le Sénégal. Le problème est aggravé par l’ambiguïté de la relation entre la poli-tique industrielle commune de l’Afrique de l’Ouest et les politiques industrielles nationales. Il est dif-ficile de faire face aux risques potentiels d’une politique d’industrialisation régionale tels que les conflits avec les politiques nationales, le partage inéquitable des coûts et bénéfices y afférents, et l’utilisation déloyale des fonds d’indemnisation intrarégionaux.

RecommandationsL’intensification du commerce intrarégional doit partir de la compréhension que les flux commer-ciaux reflètent le rendement des capacités de production. Les accords commerciaux supposent généralement que les pays impliqués possèdent

les capacités adéquates pour produire les biens et services requis en vue de la production inté-rieure et des échanges avec les autres pays. Ces accords supposent par ailleurs que la complé-mentarité commerciale existe, à un niveau rai-sonnable, entre les pays concernés. Aucune de ces hypothèses ne semble avoir été satisfaite en Afrique de l’Ouest.

Les décideurs devraient donc mettre l’accent sur le renforcement des capacités de production, en particulier des biens et services, dont la com-plémentarité commerciale peut être améliorée à court et moyen terme. Les politiques pertinentes rentrent dans le cadre élargi de la politique indus-trielle, mais elles doivent couvrir tous les secteurs, à savoir l’agriculture, l’industrie, la production et les services, parce que les dotations et les avan-tages diffèrent entre les pays ainsi qu’au sein des pays de grande taille. Les politiques nationales et régionales doivent être cohérentes. Les mesures protectionnistes, notamment les interdictions d’importation formelles, sont contre-productives et constituent un frein au commerce régional compétitif. elles perpétuent aussi le commerce informel, avec des implications évidentes pour les recettes nationales.

Tandis que la plupart des articles de recherche suggère que la production est le moteur de la croissance, en Afrique, les services peuvent jouer le même rôle, à condition que le secteur migre de l’informalité vers des structures plus formelles. Cependant, cette exigence n’exclut pas l’impor-tance de la production en tant qu’épine dorsale de la transformation et de l’industrialisation en Afrique de l’Ouest, qui devraient tirer parti des complé-mentarités entre les pays côtiers et les économies sans littoral, les pays côtiers servant de pôles de croissance industrielle et de couloirs de transport pour desservir les pays non côtiers. Les regrou-pements industriels ou les zones économiques régionales, appuyés par des réseaux de transport et d’énergie conçus et reliés adéquatement, pour-raient entraîner la transformation. Par exemple, les zones régionales de traitement des cultures de base pourraient aider les pays à répondre aux besoins alimentaires et agricoles de la région. Le Nigéria jouit de l’autosuffisance pour ce qui est du manioc, tandis que la Gambie et le Sénégal sont les plus grands producteurs d’arachides. Le

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N OT e S e T r É F É r e N C e S 43

Les décideurs devraient donc mettre l’accent sur le renforcement des capacités de production, en particulier des biens et services, dont la complémentarité commerciale peut être améliorée à court et moyen terme

Burkina Faso et le mali peuvent servir de plaques tournantes pour la production du coton et de la graine de coton.

même lorsqu’un plan d’intégration régionale produit les résultats escomptés, il est peu pro-bable que les coûts et les bénéfices soient répartis également entre tous les pays participants à court, moyen et long terme. C’est pourquoi des mesures spécifiques sont souvent prises pour s’assurer qu’une compensation est accordée aux « per-dants ». Il ne suffit pas de compter sur la volonté politique pour s’assurer que les pays respectent leurs obligations. en effet, la conformité est plus probable lorsque chaque pays dispose d’une répartition équitable des coûts et des bénéfices.

Les activités d’intégration régionale et conti-nentale gagnent de l’importance et leur impact

sur l’Afrique de l’Ouest ne peut pas être sous-es-timé. La mise en œuvre intégrale du tarif extérieur commun de la CeDeAO et la ratification ainsi que la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLeC) devraient renforcer l’intégration régionale et promouvoir un dévelop-pement durable et inclusif. Le Nigéria, en tant que première économie de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique dans son ensemble, devrait accélé-rer ses consultations avec les principales parties prenantes, dont les conclusions encadreront son adhésion à la ZLeC41. Les règlements de la ZLeC sont pleinement compatibles avec les principes fondateurs de la CeDeAO, et donc tout à fait per-tinents. Sans le leadership du Nigéria, l’intégration régionale au sein de la CeDeAO et dans le conti-nent demeurera un rêve illusoire.

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44 N OT e S e T r É F É r e N C e S

NOTES

1. Agence Nationale de la Statistique et de la Démo-

graphie du Sénégal ; Fall 2018.

2. Banque africaine de développement 2018.

3. Banque africaine de développement 2011.

4. Voir, par exemple, Fosu (1990).

5. Zahonogo 2016.

6. Banque africaine de développement 2018.

7. Voir Brautigam, xiaoyang et xia (2018) pour une

analyse des investissements chinois en Afrique.

8. Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau,

mali, Niger, Sénégal et Togo.

9. Le dollar libérien est ancré au dollar des États-

Unis. Six pays non membres de l’UemOA (Gambie,

Ghana, Guinée, Libéria, Nigéria et Sierra Leone)

créent une deuxième zone monétaire, la zone moné-

taire de l’Afrique de l’Ouest. L’objectif ultime de

l’Afrique de l’Ouest est d’établir une union unique.

Le délai final a été fixé pour 2020, après de nom-

breuses échéances non respectées.

10. Tout au long de ce rapport, le déficit budgétaire

désigne la situation globale/consolidée plutôt que la

définition étroite du solde primaire. S’il est fait réfé-

rence spécifiquement au solde primaire, cela est

explicitement indiqué.

11. Historiquement, la tendance était que les faibles

niveaux d’endettement amélioraient le produit mar-

ginal du capital en Afrique, tandis que les niveaux

élevés le réduisaient (voir par exemple Fosu 1990).

12. Fosu 2018a ; Humphreys et Bates 2002.

13. OIT 2018.

14. Banque africaine de développement 2018.

15. CeDeAO 2010, p. 38.

16. Décision A/DeC.1/5/83.

17. Décision A/DeC.6/7/92.

18. mitaritonna, Bensassi et Jarreau 2017.

19. rodrik 2013.

20. Szirmai et Verspagen 2011.

21. enache, Ghani et O’Connell 2016, p. 8.

22. Diao, Harttgen et mcmillan 2017, p. 29.

23. mcmillan, rodrik et Verduzco-Gallo 2014, p. 30.

24. Diao, mcmillan et Wangwe 2018.

25. Fosu 2018b, p. 5.

26. enache, Ghani et O’Connell 2016, p. 19.

27. Banque africaine de développement 2018.

28. Brucher 2016.

29. Walz 1997.

30. te Velde 2011.

31. Vamvakidis 1998.

32. Kamau 2010.

33. Licandro 2004, p. 6.

34. Oladapo et Bankole 2018.

35. Siba et Gebreeyesus 2017.

36. Wagner 2007.

37. de Loecker 2010.

38. Weigert 2016.

39. Banque africaine de développement, OCDe, et

PNUD 2014.

40. Bensassi, Jarreau et mitaritonna 2019.

41. Au 31 octobre 2018, 7 pays avaient déjà ratifié la

ZLeC, 49 l’avaient déjà signée et 3 ne l’avaient pas

encore signée. en Afrique de l’Ouest, la Guinée-

Bissau et le Nigéria ne l’ont pas encore signée,

tandis que le Ghana, la Guinée et le Niger l’ont

ratifiée.

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TABLEAU A1 Nombre d’entreprises enregistrées dans le cadre du plan de libéralisation des échanges de la CEDEAO, par pays, 1988–2018

An

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1988 4 2 1 15 1 3 2 4 1 33

1989 0

1990 16 2 3 21

1991 3 4 1 1 9

1992 2 17 1 20

1993 2 26 28

1994 4 5 14 1 1 25

1995 1 6 14 1 4 26

1996 1 2 8 2 13

1997 0

1998 4 13 1 2 20

1999 3 38 47 10 5 103

2000 7 29 38 36 7 2 119

2001 1 31 37 25 8 3 105

2002 4 46 33 38 3 3 127

2003 2 19 36 57 4 1 119

2004 2 6 7 23 5 1 44

2005 22 32 22 16 1 93

2006 16 1 4 27 3 20 21 92

2007 1 13 18 20 52

2008 2 8 2 14 8 14 3 51

2009 3 6 3 28 28 45 2 115

2010 9 23 77 13 6 128

2011 4 14 29 2 29 1 79

2012 3 1 15 29 1 1 41 10 4 105

2013 2 19 2 18 3 36 24 2 106

(suite)

ANNEXE

47

Page 55: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

48 A N N e x e

An

es

nin

Bu

rkin

a Fa

so

Ca

bo

V

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e

te

d’I

voir

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Ga

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Lib

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Sie

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Leo

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Tog

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Tota

l

2014 4 3 14 1 19 5 33 18 1 5 103

2015 5 1 1 10 1 28 1 19 1 15 15 5 2 104

2016 7 2 20 4 38 1 15 70 16 4 4 181

2017 11 19 4 7 1 66 11 119

2018 1 15 1 1 6 1 37 5 1 68

Total 78 13 7 289 15 560 5 2 8 55 8 799 301 14 54 2 208

Source : CeDeAO 2018.

TABLEAU A1 Nombre d’entreprises enregistrées dans le cadre du plan de libéralisation des échanges de la CEDEAO, par pays, 1988–2018 (suite)

Page 56: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

ANNEXE STATISTIQUE

TABLEAU STATISTIQUE 1 Indicateurs de base, 2018

Population(en milliers)

Superficie(en milliers

de km2)

Densité de la

population(habitants

au km2)

Produit intérieur

bruta

(en millions de dollars)

Produit intérieur

brut par

habitanta

(en dollars)

Moyenne annuelle

croissance du PIB réel,

2010–2020(%)

Bénin 11 486 115 100 27 546 2 398 4,9

Burkina Faso 19 752 274 72 38 833 1 966 6,1

Cabo Verde 553 4 137 4 029 7 282 2,7

Côte d'Ivoire 24 906 322 77 106 783 4 287 6,6

Gambie 2 164 11 191 5 993 2 770 3,6

Ghana 29 464 239 124 145 768 4 947 7,0

Guinée 13 053 246 53 30 278 2 320 6,0

Guinée-Bissau 1 907 36 53 3 391 1 778 4,4

Libéria 4 854 111 44 6 440 1 327 4,1

mali 19 108 1 240 15 44 329 2 320 4,4

Niger 22 311 1 267 18 23 549 1 055 5,9

Nigéria 195 875 924 212 1 169 148 5 969 3,6

Sénégal 16 294 197 83 59 987 3 681 5,3

Sierra Leone 7 720 72 107 12 251 1 587 5,3

Togo 7 991 57 141 13 902 1 740 5,6

Afrique de l’Ouest 377 437 5 115 74 1 692 228 4 483 4,4

Afrique 1 286 206 30 049 43 6 764 685 5 259 4,0

a. Sur la base de l’évaluation de la parité des pouvoirs d’achat.

Source : Statistiques et estimations des services du DeSA 2017, de la Banque africaine de développe-

ment et de diverses autorités nationales.

49

Page 57: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

50 A N N e x e S TAT I S T I q U e

TABLEAU STATISTIQUE 2 Croissance du PIB réel, 2010–2020 (%)

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 20172018

(estimation)2019

(projection)2020

(projection)

Bénin 2,1 3,0 4,8 7,2 6,4 2,1 4,0 5,4 6,0 6,3 6,8

Burkina Faso 8,4 6,6 6,5 5,8 4,3 3,9 5,9 6,7 7,0 6,0 5,9

Cabo Verde 1,5 4,0 1,1 0,8 0,6 1,0 3,6 4,0 3,9 4,1 4,8

Côte d'Ivoire 2,0 –4,2 10,1 9,3 8,8 8,8 8,3 7,8 7,4 7,0 6,9

Gambie 6,5 –4,3 5,9 4,8 0,9 4,3 2,2 3,5 5,4 5,4 5,2

Ghana 7,9 14,0 9,3 7,3 4,0 3,8 3,7 8,5 6,2 7,3 5,4

Guinée 4,2 5,6 5,9 3,9 3,7 3,8 10,5 9,9 5,9 6,0 6,1

Guinée-Bissau 4,6 8,1 –1,7 3,3 1,0 6,1 6,3 5,9 5,3 5,1 5,0

Libéria 6,1 7,4 8,2 8,7 0,7 0,0 –1,6 2,5 3,2 4,7 4,8

mali 5,4 3,2 –0,8 2,3 7,0 6,0 5,8 5,3 5,0 4,7 4,7

Niger 8,4 2,2 11,8 5,3 7,5 4,3 4,9 4,9 5,2 5,3 5,7

Nigéria 10,6 4,9 4,3 5,4 6,3 2,7 –1,6 0,8 1,9 2,3 2,4

Sénégal 4,2 1,8 4,4 3,5 4,3 6,4 6,2 7,2 7,0 6,7 6,9

Sierra Leone 5,3 6,3 15,2 20,7 4,6 –20,5 6,3 5,8 3,5 5,6 5,8

Togo 6,1 6,4 6,5 6,1 5,9 5,7 5,1 4,4 4,7 5,0 5,3

Afrique de l’Ouest 9,2 5,0 5,1 5,8 6,1 3,2 0,5 2,7 3,3 3,6 3,6

Afrique 5,8 2,9 7,3 3,6 3,7 3,5 2,1 3,6 3,5 4,0 4,1

Source : Statistiques, estimations et prévisions des services de la Banque africaine de développement et de diverses autorités nationales.

Page 58: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

A N N e x e S TAT I S T I q U e 51

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52 A N N e x e S TAT I S T I q U e

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Page 60: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

A N N e x e S TAT I S T I q U e 53

TABLEAU STATISTIQUE 5 Indicateurs monétaires

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Burkina Faso 0,4 1,4 1,8 2,0 591,4 593,0 582,1 530,2

Cabo Verde 0,8 1,0 1,5 2,0 99,4 99,7 97,8 91,0

Côte d'Ivoire 1,0 0,5 2,0 2,0 591,4 593,0 582,1 530,2

Gambie 8,0 6,2 5,1 4,8 42,5 43,9 46,6 48,2

Ghana 12,4 9,8 8,1 8,0 3,7 3,9 4,4 4,7

Guinée 8,8 9,7 9,8 9,7 7 485,5 8 959,7 9 088,3 9 277,5

Guinée-Bissau 1,4 2,0 2,2 2,3 591,4 593,0 582,1 530,2

Libéria 12,4 11,7 10,5 9,5 86,2 94,4 112,7 125,5

mali 1,8 1,7 1,7 1,8 591,4 593,0 582,1 530,2

Niger 2,4 4,2 2,7 2,6 591,4 593,0 582,1 530,2

Nigéria 16,5 11,9 12,2 11,4 192,4 253,5 305,8 325,4

Sénégal 1,3 1,4 1,7 1,5 591,4 593,0 582,1 530,2

Sierra Leone 18,2 13,9 11,2 8,7 5 080,7 6 289,9 7 384,4 8 135,6

Togo –0,8 0,4 1,2 2,0 591,4 593,0 582,1 530,2

Afrique de l’Ouest 13,0 9,5 9,7 9,1 … … … …

Afrique 12,6 10,9 9,2 8,1 … … … …

... non disponible.

Source : Statistiques, estimations et prévisions des services de la Banque africaine de développement, de la Base de données des statistiques

financières internationales du Fonds monétaire international et de diverses autorités nationales.

Page 61: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

54 A N N e x e S TAT I S T I q U e

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o.0,

637

,191

,392

6,0

Togo

4,5

12,3

...44

,50,

056

,50,

03,

20,

00,

30,

012

3,5

8,0

...s.

o.25

2,9

332,

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355,

5

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ent.

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A N N e x e S TAT I S T I q U e 57

TABLEAU STATISTIQUE 8 Indicateurs démographiques, 2018

Taux de croissance

de la population

(%)

Population urbaine

(% du total)

Répartition selon l’âge (% de la population) Taux de

fécondité (naissances par femme)0 à 14 ans 15 à 64 ans

65 ans et plus

Bénin 2,8 47,3 42,4 54,3 3,3 4,8

Burkina Faso 2,9 29,4 44,9 52,6 2,4 5,2

Cabo Verde 1,3 65,7 29,8 65,7 4,5 2,3

Côte d'Ivoire 2,5 50,8 42,3 54,8 2,9 4,8

Gambie 3,0 61,3 45,1 52,6 2,4 5,3

Ghana 2,2 56,1 38,3 58,3 3,4 3,9

Guinée 2,6 36,1 42,0 54,8 3,2 4,7

Guinée-Bissau 2,5 43,4 41,3 55,6 3,1 4,5

Libéria 2,6 51,2 41,5 55,4 3,1 4,4

mali 3,1 42,4 47,5 50,0 2,5 5,9

Niger 3,9 16,4 50,1 47,3 2,6 7,1

Nigéria 2,6 50,3 43,8 53,4 2,7 5,4

Sénégal 2,8 47,2 42,7 54,3 3,0 4,6

Sierra Leone 2,2 42,1 41,7 55,7 2,5 4,3

Togo 2,5 41,7 41,3 55,8 2,9 4,3

Afrique de l’Ouest 2,7 46,3 43,6 53,6 2,8 5,2

Afrique 2,5 42,5 40,6 55,8 3,5 4,4

Source : Statistiques, estimations et prévisions des services de la Banque africaine de développement, DeSA 2017

et de diverses autorités nationales.

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58 A N N e x e S TAT I S T I q U e

TABLEAU STATISTIQUE 9 Indicateurs de pauvreté et de répartition des revenus

Seuil national de pauvretéa

Seuil international de pauvreté

(1,90 USD par jour) Cœf. de Ginib

Année d’enquête

Population vivant

en dessous du seuil de pauvreté

(%)Année

d’enquête

Population vivant

en dessous du seuil de pauvreté

(%)Année

d’enquête Valeur

Bénin 2015 40,1 2015 49,6 2015 47,8

Burkina Faso 2014 40,1 2014 43,7 2014 35,3

Cabo Verde 2015 35,0 2007 8,1 2007 47,2

Côte d'Ivoire 2015 46,3 2015 28,2 2015 41,5

Gambie 2015 48,6 2015 10,1 2015 35,9

Ghana 2012 24,2 2012 12,0 2012 42,4

Guinée 2012 55,2 2012 35,3 2012 33,7

Guinée-Bissau 2010 69,3 2010 67,1 2010 50,7

Libéria 2016 50,9 2014 38,6 2014 33,2

mali 2009 41,1 2009 49,7 2009 33,0

Niger 2014 44,5 2014 44,5 2014 34,3

Nigéria 2009 46,0 2009 53,5 2009 43,0

Sénégal 2011 46,7 2011 38,0 2011 40,3

Sierra Leone 2011 52,9 2011 52,2 2011 34,0

Togo 2015 55,1 2015 49,2 2015 43,1

Afrique de l’Ouest ... ... ...

Afrique ... ... ...

... non disponible.

a. Défini comme les deux tiers de la consommation moyenne.

b. Basé sur la répartition des revenus.

Source : Diverses autorités nationales et la Banque mondiale.

Page 66: Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest 2019 · 3 Croissance du PIB réel au Nigéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, 2014–2020 7 4 Croissance du PIB réel

A N N e x e S TAT I S T I q U e 59

TABLEAU STATISTIQUE 10 Accès aux services

Télécommunications, 2016

Accès à l’électricité,

2016(% de la

population)

Population utilisant

au moins des services

d’eau potable de base, 2015(%)

Population utilisant

au moins des services

d’assainissement de base,

2015(% de la

population)

Lignes téléphoniques

principales(pour

100 habitants)

Lignes téléphoniques

mobiles(pour

100 habitants)

Population utilisant l’Internet

(%)

Bénin 1,1 81,8 12,0 41,4 67,0 13,9

Burkina Faso 0,4 82,6 14,0 19,2 53,9 22,5

Cabo Verde 12,0 111,6 50,3 92,6 86,5 65,2

Côte d'Ivoire 1,2 115,8 41,2 64,3 73,1 29,9

Gambie 1,9 139,2 18,5 47,8 80,1 41,7

Ghana 0,9 135,8 34,7 79,3 77,8 14,3

Guinée 0,0 87,1 9,8 33,5 67,4 22,0

Guinée-Bissau 0,0 70,8 3,8 14,7 69,2 21,5

Libéria 0,2 67,6 7,3 19,8 69,9 16,9

mali 1,1 112,4 11,1 35,1 74,3 31,3

Niger 0,8 36,1 4,3 16,2 45,8 12,9

Nigéria 0,1 83,0 25,7 59,3 67,3 32,6

Sénégal 1,9 98,5 25,7 64,5 75,2 48,4

Sierra Leone 0,2 84,9 11,8 20,3 58,1 14,5

Togo 0,4 72,4 11,3 46,9 62,8 13,9

Afrique de l’Ouest 0,5 88,8 22,9 52,4 67,2 28,1

Afrique 2,1 78,5 23,7 51,6 63,3 38,0

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement, base de données de l’Union internationale des télécommunications sur les indica-

teurs des télécommunications/TIC, base de données de la Division de statistique de l’ONU sur les statistiques énergétiques, Programme conjoint

de surveillance OmS/UNICeF de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement 2015, et diverses autorités nationales.

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60 A N N e x e S TAT I S T I q U e

TABLEAU STATISTIQUE 11 Indicateurs sanitaires

Espérance de vie à la naissance, 2018 (années)

Prévalence de la malnutrition,

2016(% de la

population)

Personnel de santé, 2010–2016 (pour 100 000 habitants)

Total Homme Femme MédecinsInfirmiers et

sages-femmes

Bénin 61,4 59,9 63,0 10,4 15,3 59,8

Burkina Faso 61,2 60,4 61,9 21,3 4,7 63,0

Cabo Verde 73,2 71,0 75,1 12,3 78,8 125,6

Côte d'Ivoire 54,6 53,2 56,2 20,7 14,4 48,3

Gambie 61,6 60,3 63,1 9,6 10,7 161,8

Ghana 63,3 62,2 64,4 6,1 9,6 92,6

Guinée 61,2 60,6 61,8 19,7 7,5 36,8

Guinée-Bissau 58,2 56,4 60,0 26,0 4,5 55,1

Libéria 63,5 62,5 64,5 38,8 2,3 45,6

mali 58,9 58,2 59,7 6,0 8,5 44,3

Niger 60,8 59,8 61,9 14,4 1,9 13,7

Nigéria 54,3 53,5 55,2 11,5 39,5 160,5

Sénégal 67,8 65,7 69,7 11,3 6,8 30,9

Sierra Leone 52,6 52,0 53,2 25,5 2,4 31,9

Togo 60,7 59,8 61,6 16,2 5,3 27,4

Afrique de l’Ouest 57,4 56,4 58,4 13,1 24,5 108,3

Afrique 63,1 61,4 64,9 18,5 33,6 123,3

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement, DeSA 2017, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et

l’Organisation mondiale de la santé.

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A N N e x e S TAT I S T I q U e 61

TABLEAU STATISTIQUE 12 Maladies majeures

Espérance de vie en bonne santé à la naissance, 2016

(années) Prévalence du VIH,

chez les 15 à 49 ans,

2017(%)

Taux de mortalité infantile,

2017(pour 1 000 naissances

vivantes)

Taux de mortalité

des enfants de moins de 5 ans, 2015(pour 1 000 naissances

vivantes)Total Homme Femme

Bénin 53,5 52,5 54,4 1,0 63,5 98,3

Burkina Faso 52,9 52,7 53,1 0,8 51,2 81,2

Cabo Verde 64,5 63,1 65,8 0,6 15,0 17,4

Côte d'Ivoire 48,3 47,6 49,0 2,8 64,2 88,8

Gambie 54,4 53,7 55,2 1,6 41,4 63,6

Ghana 56,4 55,8 57,0 1,7 35,7 49,3

Guinée 52,2 52,1 52,2 1,5 56,4 85,7

Guinée-Bissau 51,7 50,6 52,9 3,4 55,6 84,2

Libéria 54,5 53,9 55,1 1,4 55,9 74,7

mali 50,7 50,4 51,0 1,2 65,8 106,0

Niger 52,5 52,0 53,1 0,3 48,3 84,5

Nigéria 48,9 48,7 49,2 2,8 64,6 100,2

Sénégal 58,8 57,3 60,1 0,4 32,7 45,4

Sierra Leone 47,6 47,2 48,1 1,4 81,7 110,5

Togo 53,9 53,6 54,2 2,1 49,2 72,9

Afrique de l’Ouest 50,9 50,5 51,3 2,1 58,8 90,4

Afrique 55,1 54,0 56,3 3,5 47,7 68,7

Source : ONUSIDA 2018, base de données Cme Info du Groupe interinstitutions des Nations Unies pour l’estimation

de la mortalité juvénile et la Base de données de l’Observatoire mondial de la santé de l’Organisation mondiale de

la Santé.

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62 A N N e x e S TAT I S T I q U e

TABLEAU STATISTIQUE 13 Indicateurs de l’éducation

Estimation du taux d’alphabétisation des adultes, 2010–2017 (% des 15 ans et plus)

Taux brut de scolarisation, primaire, 2010–2017 (%)

Dépenses publiques

consacrées à l’éducation, 2010–2017 (% du PIB)Total Homme Femme Total Homme Femme

Bénin 32,9 45,0 22,1 126,6 130,8 122,3 4,4

Burkina Faso 34,6 44,4 26,2 93,7 94,4 92,9 4,1

Cabo Verde 86,8 91,7 82,0 95,9 99,2 92,5 5,0

Côte d'Ivoire 43,9 50,7 36,8 98,8 103,6 94,0 5,0

Gambie 42,0 51,4 33,6 97,1 93,3 101,0 2,8

Ghana 71,5 78,3 65,3 104,8 104,1 105,5 6,2

Guinée 32,0 43,6 22,0 92,4 101,5 83,1 3,2

Guinée-Bissau 45,6 62,2 30,8 118,1 122,1 114,1 2,2

Libéria ... ... ... 93,8 97,7 89,8 2,8

mali 33,1 45,1 22,2 80,1 84,5 75,6 3,7

Niger 30,6 39,1 22,6 75,1 80,1 69,9 6,7

Nigéria ... ... ... 84,7 87,1 82,2 ...

Sénégal 51,9 64,8 39,8 84,1 78,0 90,4 7,4

Sierra Leone 32,4 41,3 24,9 120,9 120,0 121,8 2,7

Togo 63,7 77,3 51,2 123,0 125,9 120,1 5,2

Afrique de l’Ouest 45,1 54,7 36,3 90,1 92,4 87,7 3,7

Afrique 65,5 77,0 62,6 99,5 101,6 97,4 4,9

... non disponible.

Source : Statistiques de la Banque africaine de développement, base de données de l’Institut de statistique de l’Organisation des Nations Unies

pour l’éducation, la science et la culture, et diverses autorités nationales.

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A N N e x e S TAT I S T I q U e 63

TABLEAU STATISTIQUE 14 Indicateurs du travail, 2018

Rapport emploi/population, 15 ans et plus (%)

Taux de participation de la population active, 15 ans et plus (%) Taux de

chômage, total (%)Total Femme Jeune Total Femme Homme

Bénin 69,3 67,1 39,9 71,4 69,8 73,0 2,4

Burkina Faso 62,2 52,7 47,1 83,3 76,5 90,4 6,2

Cabo Verde 54,4 44,4 28,2 68,4 53,3 84,4 10,4

Côte d'Ivoire 55,8 46,6 33,7 67,1 52,7 80,9 2,6

Gambie 53,7 44,8 35,5 77,2 72,2 82,5 9,5

Ghana 75,3 73,0 51,1 77,1 75,6 78,7 2,4

Guinée 61,3 60,9 41,0 82,3 79,4 85,1 4,5

Guinée-Bissau 67,4 61,3 43,7 73,0 67,6 78,4 6,1

Libéria 54,3 52,6 28,3 61,0 57,9 64,1 2,4

mali 66,0 55,7 49,9 66,6 50,8 82,2 8,0

Niger 78,6 67,3 71,4 64,6 40,4 88,9 0,4

Nigéria 51,3 47,3 19,7 56,7 48,6 64,5 7,0

Sénégal 54,6 43,6 39,0 57,6 ... 70,8 4,8

Sierra Leone 55,3 55,0 25,8 67,0 65,2 68,8 4,4

Togo 76,0 74,4 61,1 81,0 80,9 81,0 1,9

Afrique de l’Ouest 58,2 53,0 32,6 63,8 55,4 72,1 5,2

Afrique 59,6 51,0 40,1 65,9 55,5 75,9 7,8

... non disponible.

Source : Base de données ILOSTAT de l’Organisation internationale du travail.

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En 2018, la croissance estimée du PIB réel pour l’Afrique de l’Ouest était

de 3,3 %, en hausse par rapport à la croissance de 2,7 % en 2017. Entre

2014 et 2017, la croissance du PIB en Afrique de l’Ouest a été inférieure

à celle de l’ensemble de l’Afrique. Cependant, elle a été plus rapide

que la croissance enregistrée en Afrique australe et en Afrique

centrale. Cette croissance timide est le reflet de la baisse des prix

des produits de base, de la diminution de la production de pétrole

au Nigéria (qui est de loin l’économie dominante de la région), et

de l’impact de la propagation du virus Ebola. La contraction de

l’activité au Nigéria a masqué la croissance élevée de certaines

économies de plus petite taille, en affaiblissant la moyenne

de la région. La croissance régionale devrait rester modérée,

avec 3,6 % en 2019 et 2020.

En dépit de l’immense potentiel de développement d’une

chaîne de valeur régionale, les exportations ouest-africaines

ont tendance à s’orienter vers les économies avancées. En

effet, plus de 70 % des produits à l’exportation partent

à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Les

pays membres de la CEDEAO ont tendance à être surtout

des fournisseurs d’intrants primaires sans complément

de valeur pour pénétrer les marchés d’exportation. Les

économies de petite taille semblent mieux intégrées

mondialement que les économies plus grandes.

Alors que les activités d’intégration régionale

et continentale prennent de l’ampleur – avec,

notamment, le tarif extérieur commun de

la CEDEAO et la zone de libre-échange

continentale africaine (ZLEC) – il est probable

que leurs répercussions sur l’Afrique de

l’Ouest soient profondes. En tant que plus

importante économie d’Afrique, le Nigéria

devrait accélérer ses consultations avec les

parties concernées en vue de son adhésion

à la ZLEC. La ZLEC est pleinement

compatible avec les principes fondateurs

de la CEDEAO. Sans le leadership de

la CEDEAO, l’intégration régionale

en Afrique de l’Ouest et au niveau

continental ne remplira pas ses

promesses.

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