Philibert Commerson : la vie aventureuse d’un savant

Le Curieux du ciel vous présente tous leurs vœux po ur cette année ! Et non ce n’est pas un poisson d’avril !

Figurez-vous qu’avant 1564 le premier jour de l’année variait selon les provinces

A Lyon c’était le 25 décembre

A Vienne, le 25 mars

Dans certaines régions de France, c'était Pâques,

date anniversaire de la résurrection du Christ, qui

faisait office de nouvel an.

Avril vient du latin aprilis ; aperire : ouvrir. Le 1er avril étaient pour nos ancêtres le temps de s'offrir des présents, de s’ouvrir aux autres !

Le 9 août 1564, le roi Charles IX décida que l'année ne commencerait plus le 1er avril mais le 1er janvier par l'édit de Roussillon. La mesure prend effet au 1er janvier 1567

.

En 1582, Le pape Grégoire XIII (Pape de 1572 à 1582 ) réforma le calendrier julien et étendra cette mesure à toute l a chrétienté, un nouveau calendrier naît : le calendrier dit grégori en

Alors en ce 01 avril 2013 permettez nous de vous off rir une fleur : L’hortensia…… et l’histoire qui va avec !

Connaissez vous Nicole Reine Lepaute ?

Nicole-Reine Lepaute est née à Paris le 5 janvier 1723. Dès son enfance, Reine adorait lire : elle lisait même la nuit ! A l'âge de seize ans, elle "choisit" d'épouser un homme bien plus vieux qu'elle, mais qui de par sa situation, a pu lui ouvrir les portes de la communauté portes de la communauté scientifique de son temps. M. Lepaute était en effet horloger. Il fabriquait des horloges et des pendules d'une grande précision, et sa renommée lui a permis de devenir horloger du Roi.

Le jeune couple rencontra l'astronome Jérôme Lalande qui avait obtenu unobservatoire proche du palais du Luxembourg. L’observatoire se trouvait être àproximité du logement de la famille Lepaute, il devient ainsi vite un ami prochede la famille. Lalande devenu commissaire de l'Académie des Sciences poussaJean-André Lepaute à construire des pendules astronomiques

.

• Mathématicienne douée, Nicole Reine fait partie des femmes qui deviennentà cette époque des computers des calculatrices vivantes ! Souvent cesfemmes œuvrent dans l’ombre de leur mari mais aussi pour certainsscientifiques et elles furent rarement remerciées !

Nicole Reine Lepaute restera dans l’ombre !

Jamais une femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personn e ne méritamoins qu’on dît d’elle : c’est une femme savante. Voltaire à p ropos d’Emiliedu Chatelet (Émilie du Châtelet rédigera un traité de physiq ue, publié parl’Académie des sciences, une première pour une femme)

Observant et décrivant les ouvrages de son mari, Nicole Reine fait ses premières armes en calculant des tables d'oscillations du pendule pour le Traité d'Horlogerie (contenant tout ce qui est tout ce qui est nécessaire pour bien connaître et pour régler les pendules et les montres) que Monsieur Lepaute publiera à Paris en 1755.

Lalande propose au mathématicien Alexis Clairaut l'aide de Mme Lepautelorsqu'ils décident en juin 1757 de se lancer dans une fantastique entreprise :calculer le retour de la comète que l'astronome anglais Edmond Halley avaitprévu pour la fin de l'année 1758 ou le début de 1759

•Il prédit, grâce aux lois de Newton, son retour en 1759. En 170 5,l'astronome anglais Edmond Halley annonça que les comètes q ui étaientapparus en 1531, 1607 et 1682 n'étaient en fait qu'une seule e tmême comète.

•L'apparition la plus célèbre de la comète de Halley fut sans n ul doutelors de la bataille de Hastings en 1066, qui marqua l'invasio n del'Angleterre par les Normands. Cet apparition à la veille de la bataillefut interprétée comme un mauvais présage. La défaite anglai se quis'ensuivit leur donna amplement raison.

Mais Halley n’avait pas tenu compte dans ses calculs de l’inf luence desplanètes géantes (Jupiter et Saturne) et la comète ne parut p as au jourvoulu . Nicole Reine Lepaute se mit à la tâche ! Un tel travail e xigeait defastidieux calculs pour déterminer la position de la comète sur son orbite,jour après jour, en tenant compte des perturbations gravita tionnelles duesaux planètes géantes Jupiter et Saturne.

En novembre 1758,

Clairaut annonce

fièrement à

l’Académie royale des

sciences que leurs

calculs prévoient un

retour de la comète

pour la mi-avril 1759.

La comète passe auLa comète passe au

plus près du Soleil le

13 mars !

Clairaut peut alors

publier sa Théorie des

comètes (Paris, 1760).

2013 année des comètes !

Panstarrs en mars /avril et Ison à l’automne !

En 1759, Lalande est chargé de la Connaissance des Temps, les éphémérides astronomiques annuelles publiées par l’ Académie royale des sciences. Estimant avoir autre chose à faire que de longs et laborieux calculs, il engage Nicole Reine Lepaute pour ce fa stidieux travail !

Nicole Reine Lepaute se charge de dresser une carte de visibilité de l'éclipse

annulaire du 01 avril 1764 donnant sa progression de quart d'heure en quart

d'heure pour toute l'Europe !

Une éclipse annulaire se produit lorsque le diamètr e apparent de la Lune est inférieur au diamètre apparent du Soleil, et do nc ne masque pas complètement le Soleil. La partie visible du Soleil prend la forme d'un anneau brillant autour du disque sombre de la Lune.

• « Les curés, tant des villes que des

campagnes, sont invités à commencer

plus tôt qu'à l'ordinaire l'office du

quatrième dimanche du carême, à cause

de l'éclipse totale du soleil, qui, sur les dix

heures du matin, ramènera les ténèbres

de la nuit ; ils sont invités, en même

temps, d'avertir le peuple que les éclipses

n'ont sur nous aucune influence, ni

Quelques jours avant cette éclipse…La Gazette de Fran ce ( c’était le plus ancien des journaux publiés en France dès 1631)avai t publié l'avis suivant

n'ont sur nous aucune influence, ni

morale ni physique, qu'elles ne

produisent et ne présagent ni stérilité, ni

contagion, ni guerre, ni accidents

funestes, et qu'elles sont les suites

nécessaires du mouvement des corps

célestes, aussi naturel que le lever et le

coucher du soleil ou de la lune. »

N'ayant pas enfant, Nicole Reine accueillera son j eune neveu , Joseph Lepaute. Embarqué comme astronome sur les frégates L'astrolabe et La Boussole, Joseph Lepaute périra en 1788 dans l'île de Vanikoro avec le reste de l'expédition menée par Jean François de Galaup, comte de La Pérouse !

A-t-on des nouvelles de monsieur de Lapérouse ? » : on attribue cette phrase

à Louis XVI, quelques moments avant d’être conduit vers l’échafaud, le 21

janvier 1793.

Nicole Reine Lepaute est au centre d'une légendeconcernant l'origine du nom Hortensia

Dès 1768 un botaniste "français" Philibert Commerson, médecin et

naturaliste, ami très proche et très naturaliste, ami très proche et très

intime de Lalande avait pris des

échantillons de cette fleur qu'il

avait fait parvenir au Jardin du Roi

de Paris

• En février 1773, peu avant sa mort sur l'Isle de France (l'Ile Maurice), il nomme d'abord cette plante Peautia celestinapuis aussitôt, presque sans explication, Hortensia cœruleaou Hortensia couleur d'azur. Commerson avait déjà nommé une fleur Peautia Celestina en hommage à la famille de hommage à la famille de l'horloger Jean-André Lepaute. S'étant aperçu de la double dénomination Peautia, il aurait ainsi changé le nom de Peautiaen Hortensia.

.

Un Dictionnaire des femmessavantes assure que l'un desprénoms de Mme Lepaute aurait étéHortense, imaginant ainsi quel'hommage de Commerson fut ainsiplus direct, jetant ainsi pour lessiècles à venir, la confusion entre lafleur nommée Hortensia, et leprénom de Mme Lepaute

Figurez-vous que ce naturaliste « admiratif » de madame Lepaute est très connu dans notre contrée. Il a résidé à Toulon sur Arroux .Une rue porte le nom de ce botaniste !

Philibert Commerson (1727 / 1773)Philibert Commerson est né en 1727 àChâtillon les Dombes dans une famille denotaires (les Commerson eurent treizeenfants dont sept seulement arrivèrent àl'âge adulte) En classe de 3ème, à Boug enBresse, un professeur lui fait découvrir labotanique , il lui inocula, pour ainsi dire, levirus de la « Botanicomaniaquerie », commele dira Philibert lui-même . PhilibertCommerson part en 1747 étudier la médecineà la Faculté de Médecine de Montpellier où ilà la Faculté de Médecine de Montpellier où ilobtiendra le grade de docteur en 1755.Comme la botanique représentait alors unematière importante, presque primordiale,parmi celles qu'on enseignait aux futursmédecins, il fut repris définitivement par lapassion de cette science, et c'est surtout, enc e domaine, qu'il se fit remarquer. Avantmême que d'avoir reçu son doctorat enmédecine, il est déjà bien plus Botaniste queMédecin

Philibert Commerson médecin à Toulon sur-Arroux (1760 / 1764 )

•Quelques années plus tard aucours d'une randonnéebotanique en Charollais, ils'arrêta à Toulon sur-Arroux, oùl'un de ses lointains parents étaitcuré. Il fit alors la connaissanced'une adorable jeune fille, sœurdu curé, Anne-Vivante Beau. Cefut le coup de foudre et lanaissance d'un grand amour . Ilécrit alors à l'un de ses amis : «En cherchant pour la premièrefois des plantes, en Charollais, jefois des plantes, en Charollais, jetrouvais dans ce pays-là une «sensitive » que je suis sur lepoint d'introduire, non plus dansm o n herbier, mais dans le litnuptial ! »•Par amour , ce vagabond de laScience consentit à renoncer àses longues vadrouilles etaccepta de se consacrerdéfinitivement à la Médecine decampagne pour subvenir aubesoin de son foyer !

• Lalande dit de lui : « Il avait du talent et de la pratique ;

d'ailleurs, il ne refusait ses conseils à personne. Il

soulageait surtout les pauvres et leur rendait toute

sorte de service... Pendant quatre ans qu'il demeura à

Toulon, il fit des guérisons très remarquables et, plus

d'une fois, il y a été regretté dans des circonstances

délicates. Il avait le pronostic excellent ; on se rappelledélicates. Il avait le pronostic excellent ; on se rappelle

de l'avoir entendu prévoir la mort d'une personne dans

un an, dans deux ans, sans s'être trompé. Il employait

souvent les sangsues en place de saignées, et il avait

fait sur les petits animaux beaucoup d'observations et

de recherches. »

• Commerson connut à Toulon-sur-Arroux de brèves années de

bonheur conjugal. Le 19 avril 1762 sa douce femme meurt en

couches donnant naissance à Anne-François-Archambaud.

• Jeanne Barret arrive dans sa maison à Toulon-sur-Arroux en

qualité de secrétaire et gouvernante pour son fils.

• Elle devient la maîtresse de Philibert Commerson et ensemble

ils travaillent pour écrire une publication rassemblant tous les

règnes de la nature (faune, flore et minéraux). Bien qu'ils

travaillent dur le projet n'aboutira pas mais, plus tard, leurstravaillent dur le projet n'aboutira pas mais, plus tard, leurs

notes seront utilisées par d'autres naturalistes.

• Famille et voisins désapprouvent la liaison entre la jeune

femme et le veuf Commerson quand Jeanne est enceinte en

1764 ils déménagent à Paris pour échapper à cette pression

sociale.

• Plus tard, il dédia à la mémoire

de sa femme bien aimée un

arbre observé à l’île Maurice,

sous le nom de Pulcheria

commersonia qui rassemblait

leurs deux patronymes (en

latin pulcher « beau »), tout

comme le fruit renfermait deux

semences en forme de cœurssemences en forme de cœurs

unis. Mais le genre Pulcheria ne

restera pas dans la postérité !

•Leur fils, Jean-Pierre, décède et c'est peut-être pourquoi Jeanne,déguisée en valet et sous le nom de Bonnefoy, monte à bord de laflûte l'Etoile, commandée par Bougainville, avec Commerso n àRochefort le 1 février 1767. Cette expédition autour du mond ecommandée par Louis XV, a comme mission principale de visite rTahiti, récemment découverte par Wallis.

• Les conditions à bord sont loin d'être luxueuses : l'eau douce sert uniquement à l'alimentation et les latrines ont dû causer quelques difficultés à l'aventurière, dont le plus grand problème est d'éviter qu'on découvre qu'elle est une femme. Jeanne reste donc boutonnée, la poitrine bandée, même dans la chaleur tropicale. Pour prouver sa «virilité», elle fait des travaux de force avec une détermination admirable, ce qui lui vaut le surnom de «bête de somme».

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Le tour du monde de Bougainvilleavec l'Etoile et la Boudeuse dura 9ans, durant lesquels Jeanne Baretparticipa comme assistante àtoutes les prospectionsscientifiques de Commerson. Ellevécut les péripéties d’un périplede 60 000 kilomètres, à travers lesterres encore vierges del’Amérique du Sud et des îlesaustrales. Elle fut la premièreaustrales. Elle fut la premièrefemme à franchir le détroit deMagellan. C'est Commerson quidécouvre la Bougainvillée en Brésilet lui donne le nom ducommandant de l'expédition.

• C'est finalement pendant leur séjour à Tahiti en avril

1768 que Jeanne est reconnue comme étant une

femme par les indigènes et déshabillée.

• Le 8 novembre 1768 Jeanne Baret et PhilibertCommerson quittent l'expédition pour s'installer surl'île Maurice, une colonie française, pour travaillerdans le Jardin des Pamplemousses

Le 8 novembre 1768 Jeanne Baret et Philibert Commerson quitt entl'expédition pour s'installer sur l'île Maurice, une colon ie française, pourtravailler dans le Jardin des Pamplemousses.

D'autres missions scientifiques leur sont confiées pendan t les années àsuivre à la Réunion et à Madagascar. Malheureusement Philib ertCommerson est un homme usé, avant l'âge, par les chagrins et l es excèsde travail (18 heures de travail par jour !), il devient malad e « Toutes mesforces sont épuisées, je suis déjà plus qu'à moitié fondu » éc rit-il à sonami Lalande.

Il meurt le 13 mars 1773 à l’âge de 46 ans ! Une se maine plus tard, l'Académie des Sciences, qui n'est pas au courant d e son décès, l'élit membre associé . Sa dévouée Jeanne Baret, l'assista jusqu'à la fin e t lui ferma les yeux.

Elle demeura à l'Ile de France et prit plus tard po ur époux un soldat de Marine, puis elle revint en France et s'installa à Châtillon où elle décèdera le 5 août 1807 .Jeanne ramènera en France les récol tes botaniques de Commerson soit 30 caisses contenant quelque 5 000 esp èces, dont 3 000 sont décrites comme nouvelles

Commerson lui dédiera un arbuste de la famille des Méliacées « Baretiabonnafidia ». Néanmoins, l'espèce changera, par la suite, de nom pourdevenir Turraea floribunda. Il faudra attendre plus de 200 ans pour qu'unnouveau taxon commémore le nom de Jeanne Barret : en 2012, une nouvelleespèce de Solanaceae découverte en Amérique du Sud est nommée Solanumbaretiae en son honneur !

• L'histoire ne peut pas rendre un grand hommage à sonœuvre car une grande partie d'entre elle a été soitperdue (une grande partie des plantes qu'il récolta enAmérique du Sud n'est jamais arrivée), soit utilisée àleurs propres comptes par d'autres naturalistes.

• Cuvier, qui estimait beaucoup Commerson, écrivait ceci: «• Cuvier, qui estimait beaucoup Commerson, écrivait ceci: «

c’était un homme d'une activité infatigable et de la science

la plus profonde. S'il eut publié lui-même le recueil de ses

observations, il tiendrait une des premières places parmi

les naturalistes. Malheureusement, il est mort avant

d'avoir pu mettre la dernière main à la rédaction de ses

écrits et ceux à qui ses manuscrits et ses herbiers furent

confiés les ont négligés d'une manière coupable ! »• -

Son nom a été donné :

• À un cratère du massif du Piton de la Fournaise, le "cratère Commerson" à La Réunion,

• À un oiseau le petit-duc de Commerson

• À un petit cétacé, le dauphin de Commerson

• À un genre de plantes australiennes de la famille des malvacées, Commersoniades malvacées, Commersonia

• À plus d'une centaine d'espèces de plantes

• À une avenue du jardin botanique de Pamplemousses

•• De nombreux établissements

scolaires portent son nom !

• Quelques rues Commerson