pianiste - mai_juin 2016

Upload: pancho-fangio-perez-pando

Post on 06-Jul-2018

259 views

Category:

Documents


2 download

TRANSCRIPT

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    1/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    PROGRESSEZ À VOTRE RYTHME, VIVEZ VOTRE PASSION ! www.pianiste.fr / Bimestriel mai-juin 20

    Hélène

    32PAGDE PARTITI TOUS NIVE

    MOZASONATE K(2e ET 3e MOUVEMlBertini lScheidlMarcailhou d’AlScarlatti

    Avec les consed’Alexandre S

    JAZZST. JAMES INFIR

    Avec Antoine

    Une nature

    rebelle

    NOS TESTSTrois quarts-de-queue

    à petits prixÀ L’AFFICHELucas Debargue

    DOSSIERLes œuvres méconnuesdes grands génies

    J O U E Z  E

    G  A G N Eune  mi ni c haî ne  e t

    e nc e i nt e s  s ansY amahaP  A GE  65

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    2/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Découvrez le GP-400

    Le plus classique des instruments nés

    de la collaboration avec C. BECHSTEIN 

    L‘excellence acoustique associée

    à la perfection numérique

    www.grand-hybrid

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    3/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    mai-juin 2016 n PIANISTE n°98  n 3

    LE MAGAZINE

    5 ÉDITORIALPar Stéphane Friédérich

    6 ACTUALITÉSÉvénements, festivals,partitions, livres…

    20 À L’AFFICHELucas Debargue

    26 DOSSIERŒuvres méconnues du grand répertoire

    30 EN COUVERTUREHélène Grimaud

    60 PIANOS À LA LOUPE

     Trois petits quarts-de-queuepour budgets réduits et deux claviersportables à prix accessibles

    66 CHRONIQUES DISQUESClassique et jazz 

    82 L’INVITÉE DE PIANISTE Jeannie Longo

    LIVRET DE PARTITIONS

    32 pages de partitions

    annotées

    LA PÉDAGOGIE

    43 « VOULEZ-VOUS UNE FORMULE MAGIQUEPOUR LA TECHNIQUE? »Par Alexandre Sorel

    44 TOUTES LES PIÈCES COMMENTÉES

    58 LA LEÇON DE JAZZ d’Antoine Hervé :St. James Infirmary

    SOMMAIRE NO 98 z MAI-JUIN 2016

    2660

       R    O   L   A   N   D

       P   I   A   N   I    S   T   E

    206

       M   A   T   H   E   N   N   E   K    /   D    G

    30

    JOUEZ ET GAGNEZ2 séjours pour deux personnesau Gstaad Menuhin Festival

     VOIR PAGE 39

        C    O   L    O   M   B   E    C   L   I   E   R    /    /    C   M   N

       F   E   L   I   X   B   R    O   E   D   E    /    S    O   N   Y   M   U    S   I    C

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    4/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    la dolce voltales liens secrets entre un artiste et une œuvre ont leur label

    PASCAL AMOYEL // CHOPIN

    Les grandes Polonaises

    30/04

    14/05

    21/05

    05/06

    01/07

    06/07

    08/07

    11/07 13/07

    22/07

    07/08

    15/08 19 > 22/08

    Le HavreFestival de FontmorignyClayes-sous-BoisParis, Théâtre des Bouffes-du-Nord

    Saint-Etienne-le-MolardVermentonBruxellesBordeauxParis, Festival Chopin à BagatelleFestival de PontlevoyUchaux, Festival Liszt en ProvenceParis, Festival de l’Orangerie de SceauxFestival de la Chaise-Dieu(avec l’Orchestre National d’Île-de-France)

    GEOFFROY COUTEAU // BRAHMS

    Intégrale de l’œuvre pour piano seul

    23/04

    29/04

    19/05

    19/06

    02/07

    11/07

    19/07

    30/07

    06/08

    Château de MaintenonThéâtre de DreuxParis - Salle GaveauFestival Chopin à NohantFestival EygalièresFestival de SaintesFestival de Radio France et MontpellierFestival Messiaen au Pays de la MeijeMenton

    ROGER MURARO // LISZT

    Sonate en si mineur

    22/04

    27/05

    04/06

    10/06

    05/06

    15/07

    19/07

    30/07

    Penboc’h en ArradonAnnecySully-sur-LoireBerneVeveyChambordMauzaugesSalon-de-Provence

    estore.ladolcevolta.com

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    5/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    ÉDITORIALNO 98 z MAI-JUIN 2016

    mai-juin 2016 n PIANISTE n°98 n  5

    PIANISTE EST UNE PUBLICATION BIMESTRIELLE

    SOCIÉTÉ ÉDITRICE : Groupe Altice MediaSA au capital de 47 150 040 eurosSIÈGE SOCIAL : 29, rue de Châteaudun,75308 Paris Cedex 09Tél.: 01 75 55 10 00 - Fax: 01 75 55 41 11RCS 552 018 681 ParisPRINCIPAL ACTIONNAIRE : ALTICE MEDIA GROUP FRANCEPRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL : Marc LauferDIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Christophe Barbier

     ABONNEMENTSPianiste - Service Abonnements4, route de Mouchy, 60438 Noailles CedexTél. : 01 70 37 31 53 - Fax: 01 55 56 70 91Depuis l’étranger : (+33) 1 70 37 31 53E-mail: [email protected]/abonnementsTarifs abonnements France Métropolitaine39 euros - 1 an (soit 6 nos + 6 CD);69 euros - 1 an (soit 6 n os + 6 CD + 6 DVD)

    RÉDACTIONDIRECTEUR DE LA RÉDACTION :Bertrand DermoncourtTél. : 01 75 55 43 33 ([email protected])RÉDACTEUR EN CHEF : Stéphane FriédérichTél. : 01 75 55 41 51 ([email protected])SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Valérie JacobsTél. : 01 75 55 41 53 ([email protected])ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO: Camille Arcache(stagiaire), Sylvia Avrand-Margot, Jérémie Bigorie,

    Jacques Bonnaure, Jérôme Chatin (photo), BernardDésormières, Michel Fleury, Elsa Fottorino, AntoineHervé (pédagogie), Jean-Pierre Jackson, MichelLe Naour, Alexandre Sorel, Véra Tsybakov(pédagogie), Philippe Venturini.DIRECTRICE ARTISTIQUE : Isabelle GelbwachsRÉDACTEUR-GRAPHISTE : Sarah Allien([email protected]),PHOTO DE COUVERTURE : Mat Hennek/DGMANAGEMENTDIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ:François DieulesaintDIRECTEUR DÉLÉGUÉ PÔLE CULTURE :Tristan ThomasTél. : 01 75 55 40 73 ([email protected])PUBLICITÉ:Hind Benbirahim (Directrice de clientèle) Tél. : 01 75 55 42 77 ou 06 26 95 86 46Fax : 01 75 55 16 06 ([email protected]) VENTE AU NUMÉRO RÉSERVÉE AUX DÉPOSITAIRES DE PRESSETél.: 0800 42 32 22 ANCIENS NUMÉROS-VPC: http://boutique.lexpress.frFABRICATION:Pascal Delépine (Directeur technique) ,Marie-Christine Pulejo, Pascale SupernantPRÉPRESSE: Groupe Altice Media

    PÔLE GRAND PUBLICL’Express, L’Expansion, Classica, Lire,

    StudioCinélive, Pianiste Directeur: Christophe Barbier

    GROUPE EXPRESS-ROULARTA Secrétaire général : Richard KaracianDirectrice régie : Valérie Salomon Abonnements : Géraldine LegerDirecteur des ressources humaines :Richard KaracianDirectrice financière : Sophie de BeaudéanDirecteur comptabilité : Gilles HervoDirectrice des éditions électroniques :Sophie Gohier

    Directeur achats et services généraux :Thierry Pallu

    IMPRIMERIERoularta Printing. Imprimé en Belgique• Distribution: Presstalis• Diffusion en Belgique: AMP,Rue de la Petite Ile 1 B-1070 BruxellesTél: + 32 (0) 252 514 11 - E-mail: [email protected]° de commission paritaire : 0917 K 80147N° ISSN : 1627-0452 • Dépôt légal: 2e trim. 2016

    Les indications de marques et adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles sont fournies à titre informatif, sans aucun but publicitaire. Toute reproduction de textes, photos, logos,musiques publiés dans ce numéro est rigoureusement inter- dite sans l’accord express de l’éditeur.

    Ce numéro comporte un CD jeté sur l’ensemble de la diffusion etun encart abonnement sur la totalité de la diffusion kiosque France,

    Non, vous ne vous êtes pas trompé(e), votremagazine n’a pas échangé ses rubriquesmusicales contre des cours de physique etde mathématiques ! Cela étant, le phé-

    nomène sonore peut s’expliquer scientifiquement.« Pourquoi un tel préambule ? » me direz-vous.Regardons en détail le parcours professionnel descinq lauréats du 27e Concours des Grands Amateurs,qui s’est déroulé à l’université Paris-II Assas, le10 avril dernier. Olivier Korber a remporté les troisprix, ceux du jury des musiciens, de la presse et dupublic. Il est, dans la vie « normale» (je veux dire,quand il ne fait pas le saltimbanque sur scènepour jouer magnifiquement les 12 Études opus 25 de Chopin, œuvres qui ne servent rigoureusementà rien dans la «vraie » vie), stratégiste des marchésfinanciers à la Société Générale. Les deux 2e Prixex æquo imposent tout autant le respect : JulienCohen convainc dans une superbe Partita n°1 de

    Bach. Lui étudie les mathématiques à Cambridge.Étonnant dans l’explosive Suggestion diabolique deProkofiev, Olivier Dupont est ingénieur financierà la HSBC (dans le secteur de la valorisation desproduits dérivés). À ma grande honte, je n’ai pasosé lui demander de quoi il s’agissait… IskanderBursakov vient de Kazan, capitale de la Républiquedu Tatarstan. Son métier de conseiller juridique nerend pas justice à ses Rachmaninov et Liszt-Horowitz, pourtant très personnels. Enfin, le dernierlauréat, Emil Simeonov, dirige le département demathématiques appliquées à l’université de Vienne,en Autriche. Entre Schubert, Scarlatti, Brahms etLiszt, il n’aura pas eu le temps d’exposer ses travauxde recherche, ce qui, curieusement, n’a pas frustréle millier de personnes enthousiastes, qui ont passéun réjouissant après-midi. Sacrés amateurs !

    Stéphane Friédérich

    Rédacteur en chef 

    Les chefs-d’œuvre du pianoracontés et interprétésparClaire-Marie Le Guay 

    8 juin 2016 à 20 h 30SCHUBERT Impromptus opus 90

    RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS : Salle Gaveau,45-47, rue La Boétie, 75008 Paris - Tél. : 0149 5305 07. À partir de 18 euros. www.sallegaveau.com

       J    É   R    Ô   M   E    C   H   A   T   I   N   P    O   U   R   P   I   A   N   I    S   T   E

    PIANISTE ET LA SALLE GAVEAU PRÉSENTENT

    Retrouvezles playlists de

    sur le

    Club

    www.clubdeutschegrammophon.com

     Au cœur d’une œuvre 

    DERNIÈRE DATE DE LA SAISON 2016

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    6/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    ACTUALITÉS  ÉVÉNEMENTSPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

    Que représente, à vos yeux, le Campus d’Or?

     J’ai eu un peu de mal à me faire à l’idée que je l’avais remporté. Pour moi, c’était incroya-ble ! Piano Campus est le premier concoursimportant que j’ai passé. En Italie, les com-

    pétitions ne sont pas de ce niveau.Comme en aviez-vous entendu parler?

     J’avais tenté le concours d’Astana, au Kazakhstan, oùPascal Escande, qui dirige Piano Campus, était membredu jury. Il m’a invité à y participer.Pour l’épreuve avec orchestre, les candidats ont

     joué le 1er mouvement du Concerto n°1 pour piano 

    de Mendelssohn et créé une pièce de Lina Tonia.Quelle partition vous a semblé la plus difficile?

    Elles étaient toutes deux délicates, mais dans un genredifférent. C’est la première fois que je jouais une telleœuvre contemporaine, qui était difficile à comprendre.Heureusement, je m’étais déjà produit avec un orchestre,même si ce n’était pas dans ce type de répertoire. Pour-tant, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir. Je me demandemême si je ne préfère pas cela au récital solo !Parlez-nous de vos études…

     J’étudie au conservatoire de Bologne et à l’Académie

    d’Imola, auprès de Leonid Margarius. J’aimerais aussiparticiper à de nombreuses classes de maître, car il estessentiel de recueillir les enseignements les plus divers.Quel est votre répertoire?

    Les dernières œuvres que j’ai apprises sont la Sonate « Waldstein » de Beethoven, Après une lecture du Dante et la Sonate en si mineur de Liszt, des Préludes et Fugues,extraits du Clavier bien tempéré de Bach, le Scherzo n°2de Chopin, la Sonate n°2 de Scriabine et divers concertos :le Premier de Liszt, le Troisième de Beethoven. En cemoment, je travaille le Concerto n°1 de Tchaïkovski.Allez-vous tenter d’autres concours ?

    Cela me semble nécessaire, déjà pour me faire connaîtredans d’autres pays. On ne peut pas faire carrière sim-plement en Italie, les opportunités de jouer sont troppeu nombreuses.Une réponse immédiate : quel est votre pianiste

    préféré?

     Arturo Benedetti Michelangeli. Sa manière de penserla musique et de jouer répond exactement à ma définitionde la perfection.

    Propos recueillis par Stéphane Friédérich

    piano-campus.com

    6  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    CONCOURS PIANO CAMPUS

    VIVA

    ITALIA!En février dernier, Nicolas Giovanelli remportait le Campus d’Or. Une médailledécernée à l’unanimité par le jury présidé par Michel Dalberto. Séduit par le talentdu jeune Italien de 17 ans, Pianiste lui attribue également son Prix. Entretien.

    Piano Campus d’Or Nicolas Giovanelli (Italie)Piano Campus d’ArgeGeorge Todica (RoumanPiano Campus de Bro

    (Ukraine)

    À É C OS u r  l e  C D 

    e t  10 , N i c o l a j o u e  l a  S o n a

    B e e t h o v e n , el o r s  d u  c o

    Nicolas Gile va

    de la com

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    7/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Joli nom pour ce festival ima-giné par Ludmila Berlinskaïaet Arthur Ancelle et installé

    sur les bords de Loire, entre Talcy et Blois. Si vous aimez les réper-toires rares pour piano, sa 4e édition vous comblera alors une semainedurant. Les deux musiciens propo-seront en effet Francesca da Rimini de Tchaïkovski à deux pianos, maisaussi des pièces de Liszt, d’Arenskiet de Saint-Saëns (26 juillet). Le

    New Russian Quartet, la jeune har-piste Anaëlle Tourret et le comé-dien Philippe Chevallier donne-ront des œuvres de Schubert, deChostakovitch et de Caplet (27).

    Le 28, les pianistes Nikolaï Majara,Dimitri Malignan, Maria Matalaevet Nozomi Okabe, accompagnés pardes lauréats du diplôme de concer-tiste de l’École normale de musi-que de Paris, joueront  Mascarade d’Aram Khatchaturian. Le 29, unrécital sur le thème des « carnavalsdes animaux » sera organisé avecde nombreux interprètes dans despartitions de Tchaïkovski, de Schu-bert, de Prokofiev, de Milhaud…

    et de Saint-Saëns ! Enfin, le 30, c’estl’ensemble baroque Doulce Mémoirequi se produira sur scène.

    du 26au30 juillet,

    lacledesportes-festival.com

    D

    irigée d’une main de maître par Jean-Philippe Collard, la célèbre

    manifestation créée en 1990 accueillera quelque 1000 artistespour plus de 50 concerts dans près de 40 lieux différents :la musique classique sera en fête dans un patrimoine exceptionnel.Parmi les musiciens invités : les pianistes Hélène Mercier et LouisLortie le 24 juin, le pianiste Nelson Freire le 28, le pianiste ÉdouardFerlet et la claveciniste Violaine Cochard le 1er juillet, les pianistesMarcela Roggeri et Jean-Philippe Collard le 3, la violoncelliste Camille Thomas avec le pianiste Julien Libeer le 4, le pianiste Seong-Jin Chole 5, ainsi qu’Emmanuelle Moriat et Jean-Philipe Collard le 11…Bref, une affiche prestigieuse pour un programme grisant !

    du 23 juin au 23 juillet, flaneriesreims.com

    Les Flâneries musicales

    de Reims

    MANIFESTATION

    La Clé

    des PortesLe château accueillera

    le public avant les concerts.

     Vue du châ teau e t de

    l’église de  Talc y, où seron t

    donnés cer tains réci tals.

       P   A    S    C   A   L   L   E   M   A    Î   T   R   E  -

        C    O   L    O   M   B   E    C   L   I   E   R    /    C   M   N

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    8/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Cela fait vingt-deux ansqu’Orléans vit au rythmede ce concours de pianocontemporain créé par Fran-

    çoise Thinat. Aujourd’hui, celui-cifait partie intégrante du patrimoine

    de la ville et rayonne dans le mondeentier, si l’on en juge par les natio-nalités des 31 candidats qui ont faitle déplacement depuis Taïwan, laCorée, le Canada… Accueillis pardes familles orléanaises le tempsdes épreuves, ils sont venus don-ner le meilleur d’eux-mêmes dansun répertoire dédié aux œuvresdes XX e et XXIe siècles. Mais quecherchent-ils dans cette compé-tition, l’une des seules au monde dece type? Pour comprendre leurs moti- vations, retour sur les premiers jours.

    Côté public, curiosité puis fascination.Une candidate monte sur la scène del’Institut, lieu des épreuves de sélec-tion, se dirige vers l’un des deux pia-nos, place toutes sortes de percussionsde part et d’autre de l’instrument.Pendant huit minutes, elle passe duclavier aux cloches et lames, se saisitde baguettes, s’empare du clavier…Un ballet autant visuel qu’auditif.D’autres pianistes optent pour un

    support électronique ou dévoilentd’infinies ressources sonores du meu-ble ou des cordes par des effleure-ments, des tapotements, des gratte-ments, des coups violents, sanscompter d’improbables jeux de pé-

    dales. Certains jettent la partition àterre après avoir joué. Pas nouveau,mais toujours amusant comme jeude scène. Cette première épreuve avaitnotamment pour contrainte la créa-tion d’une pièce récente écrite poureux ou par eux. Cet aspect unique estrecherché par plusieurs interprètes,également compositeurs, commel’Ukrainien Vitaliy Kiyaytsia.

    Sortir des sentiers battusi

    Durant trois jours, ces passionnés ontfait découvrir leurs mondes avec

    la plus grande liberté. « Le défi estimportant. Pour les autres concours,on peut roder son programme pendant des années. Pour se présenter à Orléans,il faut monter un programme de trois heures d’œuvres qu’on ne joue nulle part ailleurs, alors, passionné, oui, il faut l’être », explique Orlando Bass, uncandidat français. Mais comment le devient-on ? Cette musique, il l’a découverte seul, pas grâce à un

     professeur, ni même pendant sesétudes. Poussé par sa curiosité, il s’estformé… sur Internet ! « J’ai écouté,cherché des partitions à l’autre bout de la Terre, découvert par moi-même…»S’inscrire ici est un vrai choix, im-

    possible de tricher. Les quelques can-didats qui avaient hésité à s’éloignerdes sentiers battus ont été recalés. ÀOrléans, il faut jouer le jeu.Au terme de trois épreuves, trois fina-listes restaient en compétition faceau jury présidé par Jean-FrançoisHeisser. Au Théâtre d’Orléans, ils ontété départagés à l’issue d’un récital.Premier morceau imposé, le Concerto

     pour neuf instrument s opus 24  de  Webern. Le Japonais Takuya Otaki(1er Prix) a déployé une palette de sonorités magnifiques, en connivence

    avec l’ensemble Court Circuit dirigépar Jean Deroyer. Comment ne pas

    être accroché par unfinesse d’interpréta

    sée à Philippe HersaCarillon d’Orléans . Ce

    c’est l’Arménienne MAbrahamyan (2e Prixdonné l’interprétationproche de ce que le csiteur imaginait : « J’aicié la construction et lamique qu’elle a apportéecommenté. Le troisièmliste, le Français Philipptat (3e Prix), qui a davbrillé dans les épreuves

    prix mis en jeu par les parte« Difficile d’être au top jusqu’au

    constatait un candidat. « Il a toudans les trois tours d’avant. »Bien sûr, il ne faut pas s’attenécoutant de la musique contraine, à des grandes phrases lyou des épanchement romanMais on ne doit pas crains’aventurer dans un monde dioù tout est à découvrir. Se lancde nouveaux horizons peut sler passionnant. Isabella Vasrécemment nommée à la dirdu Concours d’Orléans, revi

    Brin d’herbe, une compétitiotinée aux plus jeunes : « Ils adet s’amusent beaucoup avec le

     Ils jouent, dans tous les sens dutout en montrant un degré d’emusicale et technique. »L’émotion était grande lors de monie de clôture. Un hommagleureux a été rendu à Françoisnat, qui a passé le flambeau à IVasilotta : « Elle saura assurer lnuité en s’appuyant sur le passé,l’inscrivant dans le futur.» De noorientations ont déjà été pris

    élargiront davantage le champ ddu concours. Sylvia Avrand

    8  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    ACTUALITÉS  ÉVÉNEMENTSPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

    REPORTAGE

    AU CŒUR DU CONCOURS

    INTERNATIONAL D’ORLÉANS

    MariannaAbrahamy an.

    Les membr es du  jur y .

    Les  trois

     finalis tes.

    PhilippeHattat.

     Taku ya

    O taki.

    Lde l’d’O

    La 12e édition du prestigieux concours de piano contemporain s’est déroulée

    du 18 au 28 février dernier. Pianiste avait fait le déplacement.

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    9/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Le programme de ce festival prestigieux au cœur du grand vignoble deBourgogne attire de nombreux solistes internationaux. Parmi les pia-nistes, notons la venue de Michel Dalberto accompagnant le violonisteRenaud Capuçon et le violoncelliste Charles Hervet (19 juin, au châteaudu Clos Vougeot). Le claveciniste Patrick Ayrton participera à un concertdédié à l’œuvre de Bach (24 juin, au château de Meursault).

    du 18 au 26 juinmusiqueetvin-closvougeot.com

    MUSIQUE & VIN AU CLOS VOUGEOT

    Classique, jazz, ciné-concert etmanifestations dédiées au jeunepublic… Un concentré de pia-

    nos en trois jours ! Et un fil conduc-teur pour cette 13e édition : Bach etMozart. Une quarantaine d’artisteset des lauréats de concours interna-tionaux joueront de tous les claviersau cours de 30 concerts répartis danstoute la ville, et parfois accompa-gnés par l’Orchestre national deLille. Quelques artistes : Fazil Say dans sa musique et le Concerto n°23de Mozart, Alexandre Tharaudet les Variations Goldberg, un

    « marathon Satie » d’étudiants enconservatoire, Wilhem Latchou-mia, Cédric Tiberghien, MarieVermeulin et Vanessa Wagnerdans les Concertos pour pianos  deBach et le Concerto « Jeunehomme »de Mozart des sœurs Bizjak, d’AnneQueffélec et de Julian Trevelyan,sans oublier les récitals de BorisGiltburg, de Dmitry Masleev, desduos Jatekok et Édouard Ferlet avecViolaine Cochard, de Claire-MarieLe Guay…

    du 17 au 19 juin,

    lillepianosfestival.fr

    Pour sa 9e édition, la manifestation réunit de nombreux artisteset, parmi eux, des pianistes dont certains sont les parrainsdes concerts. Ils présentent ainsi de jeunes confrères. C’est ainsi

    que l’on entendra Charlotte Coulaud dans un concerto de Bach (20 mai)et Nima Sarkechik dans des œuvres de Brahms (21). Le même jour,Vincent Balse participera à un concert thématique « Un petit cabaret… »,avec notamment la pianiste Stéphanie Fontanarosa. Et, le 22, YannaëlQuenel jouera dans la « Fantaisie pour petites et grandes oreilles ».

    du 20 au 22 mai, lesmusicalesdebagatelle.com

    Les Musicales de Bagatelle

    Lille piano(s) festival

    Fazil Say.

            S        D        P

    Le plus grand choix de

     pianos acoustiques & numérique

    en exposition permanente

    et en essai libre

    Paris – Tél. 01 43 58 05 45

    Boulogne – Tél. 01 46 10 44 77

    www.centre-chopin.com

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    10/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    ACTUALITÉS  ÉVÉNEMENTSPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

    10  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    La firme de claviers numé-riques Casio a développé,en collaboration avec le pres-tigieux facteur de pianos

    acoustiques Bechtein, une séried’instruments haut de gamme quePianiste a présenté dans son n°94.Pourla faire connaître au grand public,elle a mis sur pied un événementpédagogique, avec comme porte-

    flambeau Benjamin Grosvenor.Qui mieux que lui, en effet, auraitpu adhérer à un tel projet ? Lepianiste anglais de 26 ans expliqueque, durant ses années d’études, il asouvent dû travailler sur un cla- vier numérique. À l’époque, il aété obligé de transformer son jeu

    pour tirer le maximum de l’instru-ment. Aujourd’hui, il constate qu’ilpeut conserver son toucher : « Alors que je ne change rien à ma technique,

     je retrouve quasiment la même sensa-tion que sur un piano acoustique . »

    Un échange enrichissant

    Pour débuter cette journée, Benja-min Grosvenor s’est prêté au jeu

    de la classe de maître et a fait ainsises premiers pas en tant que péda-gogue. Face à lui, cinq élèves encycle de perfectionnement dansles CRR de Lyon, de Montpellier,d’Avignon, de Lille et de Nantes.Le cadre intimiste des salons dela Fondation Dosne-Thiers, nichée

    dans le 9e arrondissement de Paris,se prêtait bien à l’événement, mais…nous ne pouvons que rapporter lespropos de l’intéressé, les journa-listes étant restés derrière la porte.« D’abord, j’étais impressionné, mais cela s’est vite transformé. J’ai vrai-ment aimé échanger avec ces jeunes,leur donner des conseils, même si c’était très court  », commente Benjamin

    Grosvenor. Lui-même se souvientd’avoir bénéficié de ceux de StephenHough ou de Leif Ove Andsnesdans les mêmes conditions. Quelbénéfice peut-on tirer d’une si brèverencontre ? «  En peu de temps, on

     pénètre dans l’univers d’un pianiste,un peu comme si celui-ci ouvrait une 

     fenêtre. C’est enrichissant autant pour l’élève que pour le maître . »À la suite de cet après-midi péda-gogique, l’un des cinq étudiants adonné un récital. Puis ce fut au tourde Benjamin Grosvenor de jouer :

    d’abord, la Sonat e n°2 de Chopinsur un Bechstein, puis deux œuvresde Liszt et de Grainger/Gershwinsur un GP-500 de Casio. Oups :problème de réglage resté sur Lis-tener 3 au lieu de Player. Après unpetit ajustement, le pianiste anglaisa pu mettre en valeur les multiplesfacettes du clavier numérique. Dequoi être conquis.

    Sylvia Avrand-Margot

    COMPTE-RENDU

    UN PROJET DE MAÎTREFin mars, le pianiste Benjamin Grosvenor donnait une masterclass et un récital

    dans les salons de la Fondation Dosne-Thiers, à Paris. Un événement imaginé parCasio pour promouvoir son clavier numérique GP-500 conçu avec Bechstein.

    EN BREF

    Kit Armstrong jouera le 16let, dans le cadre du festiva

    la Vézère, à Brive-la-Gaillala Sonate en si mineur de Lisles Variations Goldberg de B

    festival-vezere.

    Le 20 juin, à la PhilharmonParis, Boris Berezovsky seduira sous la direction de JClaude Casadesus, à la têtl’Orchestre national de Lilledonnera le Concerto n°2 de pin. Seront également propl’ouverture de La Force du dde Verdi, les Métaboles detilleux et le Boléro de Rave

    philharmoniedepa

    Les 10 et 11 juin à MaastrichtPays-Bas,Didier Castell-Jacoa imaginé un petit festival de d

     jours. Trois concerts : « Omet Lumières » avec le QuaMarsyas (Clara et Robert Smann, Brahms); « Heure exquavec les pianistes Joël CapbeMelaine Dalibert (Milhaud, Llawski…), la violoniste Elena Lnova et le pianiste Ashot Khatourian (Lekeu) ; et, enfin, «Lumières en musique » avsoprano Laurence Malherbla pianiste Michèle Pondep(Scarlatti, Rameau, Mozart…www.theateraanhetvrijtho

    Geoffroy Couteau interpréla Sonate n°13 de Beethovedes pièces de Brahms, le 19à la salle Gaveau. Ce récital scrit dans la saison des conPhilippe Maillard.

    sallegaveau.

    DidierCastell-Jacomin.

    BenjaminGrosvenor(à gauche)

    avec un élève.

       N   I    C    O   L   A    S    G   R    O   U   T

       N   I    C    O   L   A    S    G   R    O   U   T

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    11/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    La noblesse du jeu de MuzaRubackyté est saisissante. L’ Ara-besque opus 18 de Schumann,

    avec laquelle elle a ouvert le concert,a captivé le public par la grandeuret la grâce singulière du son. Avecles 18 miniatures du Carnaval des animaux , la pianiste lituanienne adévoilé une autre facette de son jeu.Elle a insufflé à chaque phrase un

    tempérament, une allure, de sorteque son discours musical ne nous apas échappé. Elle a fasciné d’autantplus le public qu’elle a construit,à partir de ces fragments, un acce-lerando gigantesque, maintenant unetension constante.Pierre angulaire de son récital (etgrande découverte pour la plupart),les Pièces pour piano de Mikalojus

    Konstantinas Ciurlionis (1875-1911)occupaient le cœur de son pro-gramme. Muza Rubackyté, en tantqu’ambassadrice de sa musique, œuvre pour mieux faire connaîtrele répertoire de son compatriote.

    Les Nocturnes et Préludes ont donnéun aperçu de l’évolution du com-positeur lituanien, d’un style roman-tique à des pièces aux rythmes etaux modalités plus contrastés. Le jeu viscéral de la pianiste, puisantdans les nuances et accentuant lescontrastes, ne pouvait qu’aiguisernotre curiosité pour la musiquede son pays.Pour clore son concert, Muza Ruba-ckyté a fait écho à l’inventivité et autourment des œuvres de Schumannavec la modernité et la fulgurance dela Sonate n°6 de Prokofiev. Ce quis’impose à nous, au regard de ce panelmusical offert par la pianiste, c’est samanière de s’approprier avec justesseles œuvres. Un très beau moment.

    Camille Arcache

    MUZA RUBACKYTÉ

    Le piano nobleEn mars, à Gaveau, la pianiste lituanienne a offert

    un magnifique récital, avec des œuvres de Schumann,Ciurlionis et Prokofiev, qu’elle a transfigurées.

    EN BREF

    Katia et Marielle Labèque

    se produiront le 22 juin

    au Théâtre du Châtelet.Leur spectacle, intitulé « Love

    Stories », est bâti autour

    du mythe de Roméo et Juliette.

    Elles joueront West Side Story 

    dans la version que Leonard

    Bernstein a fait arranger pour

    elles, puis Star Cross’d Lovers 

    de David Chalmin dans

    une chorégraphie pour sept

    danseurs de Yaman Okur.

    chatelet-theatre.com

    Le 1er juin, Lars Vogt donnera

    un récital à l’Auditorium du

    Louvre. Il jouera les Variations 

    Goldberg de Bach et la Sonate 

    opus 111 de Beethoven.

    louvre.fr/musiques

        C   H   R   I    S   T   I   N   E

       D   E

       L   A   N    O    Ë

    v FESTIVALDE LAVÉZÈRE

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    12/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Que signifie « Invité

    spécial »?

     Justement, je croyais que vous alliez me donner la

    réponse ! En vérité, je me produisen récital, en ouverture du festival,puis en concerto, à sa clôture.Scarlatti, Clémenti et Chopin :

    n’est-ce pas un choix étrange

    pour un récital?

    Oui, en effet, il n’y a pas de relationentre Scarlatti et le reste du pro-gramme. En fallait-il une ? En tantqu’Italien, cela m’amuse toujours deprésenter des œuvres de compositeurs

    de mon pays quand je joue à l’étran-ger. On connaît peu Clémenti, musi-cien très sous-estimé, auteur deplus de 50 sonates dont une quin-zaine sont des chefs-d’œuvre. D’ail-leurs, selon Schindler, le secrétairede Beethoven, ce dernier préféraitcelles de Clémenti à celles de Mozart. Je crois même que Mozart était assez  jaloux de lui, car il gagnait beaucoupplus d’argent que lui !Vous avez choisi la Sonate en si 

    mineur opus 40 n°2 de Clémenti…

    C’est son « Appassionata » ! Imaginez le concentré d’écritures dans cettemusique, car Clémenti est né deuxans après la mort de Bach et a dis-paru quatre ans après celle de Schu-bert. Sa musique passe de la fin dubaroque au romantisme !Et Scarlatti : comment sélectionner

    six sonates parmi 555?

     Trouver des sonates qui soientmoins belles que les autres n’est pasévident. Il faut aussi qu’elles soientcontrastées. J’ai par ailleurs envie de jouer des pièces que l’on entend peu. J’en ai découvert quelques-unes avec

    mon professeur, Maria Tipo, grandeinterprète de Scarlatti.Vous enseignez aussi. Qu’apportent 

    les sonates de Scarlatti sur le plan

    pédagogique?

    Les sonates améliorent la légèretéet la vitesse de jeu ainsi que la clartéd’un toucher non legato. Qui plusest, on travaille en détail les plus petites nuances.Quelle est la part de liberté

    dans l’interprétation des œuvres

    classiques?

    L’interprétation est sujette aux modes.Aujourd’hui, beaucoup de pianistesse croient obligés de faire quelquechose d’original à chaque fois que seprésente une note longue dans unconcerto de Mozart. Est-ce réellementutile ? À l’inverse, il ne faut pas exa-gérer la sobriété du jeu et doser avec justesse l’ornementation.Au concert de clôture du festival,

    vous donnerez le Concerto n°2 

    de Chopin. De plus en plus

    d’interprètes tentent l’expérience

    d’un piano ancien dans ce type

    de répertoire. Pas vous?

     J’habite non loin de Florence où setrouve l’Accademia delle fortepiano,une institution qui possède une im-pressionnante collection de pianosanciens originaux et restaurés. Il faut jouer sur ces instruments pour com-prendre le son de l’époque de Chopin.Mais ils sont très différents des claviersmodernes, au niveau de l’enfoncementdu toucher, de la rapidité, de la dyna-mique. Ils nécessitent de développerune technique particulière qui n’estpas la mienne. Je m’en tiens doncau piano moderne.

    Quels sont vos projetsdiscographiques?

     Jouer, voire enregistrer, les Variations Goldberg de Bach, graver les sonatespour violoncelle et piano de Beet-hoven avec Enrico Dindo, réaliserun projet avec le compositeur italienRuggero Laganà… J’ai du pain surla planche, comme on dit !

    Propos recueillis par Stéphane Friédérich

    crescendo-jura.ch

    12  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    EN BREF

    Adam Laloum interpréteraœuvres de Mozart, de Chop

    de Schumann, salle Rameau, la saison Piano à Lyon, le 10

    pianoalyon.

    Irina Lankova se produirasalle Gaveau, le 10 mai. L’Orctre de chambre Nouvelle Eu(dir. Nicolas Krauze) l’accomgnera dans le Concerto emineur de Chopin.

    sallegaveau.

    Le 6 mai, Dominique Mesera au Château de Pibar

    illustrant en musique le PÉphémère au cœur des vigneBandol. Au programme, la So« Appassionata» de BeethoRenseignements : 049490

     Jean Muller offrira un récila Philharmonie du Luxembole 9mai. Au programme, lesVtions Goldberg de Bach, lacarolle n°3 d’Iván BoumansÉtudes de Ligeti et la Sonate piano n°1 de Brahms.

    philharmon

    Grigory Sokolov donnerconcert à la Halle aux GraiToulouse, le 3mai, avec desvres de Schumann et de Cho

    grandsinterpretes.

    Alexandre Tharaud jouera latti, Beethoven, RachmaninChopin, le 11mai, salle Ramdans le cadre de Piano à Ly

    pianoalyon.

    LE PROGRAMME DU 2 AU 12 AOÛTLes invités: Pietro De Maria (2août), François Chaplin (3), Varvara (4),

    Marc Laforêt et l’écrivain Jean-Yves Clément (5), le violoncelliste Henri

    Demarquette et le pianiste Vassilis Varvaresos (6), le duo Elena Bobrovskikh

    et Valentine Butard (7), Jean-Marc Luisada, le même jour, puis à nouveau

    Vassilis Varvaresos et le philosophe Michel Onfray (9), Giovanni Bellucci

    (10), la violoniste Priscille Reynaud et le pianiste Thierry Ravassard (11),

    Pietro De Maria et Varvara accompagnés par l’Orchestre international

    de Genève dirigé par Alexei Ogrintchouk (12).

    Le pianiste est l’« invité spécial » de la 13e éditionde ce festival international qui se dérouledans le Jura suisse. Encore peu connu en France,celui-ci a gravé l’intégrale Chopin et le Clavierbien tempéré de Bach pour Decca.Rencontre.

    PIANO À SAINT-URSANNE

    PIETRO DE MARIA

    LA TOUCHE ITALIENNE

    Lan

       L   E    O   N   A   R   D    O   F   E   R   R   I

    ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTSPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    13/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    mai-juin 2016  n PIANISTE n°98 n  13

    Placée sous la direction de Vladimir Spivakov, la manifestationrendra hommage au violoniste Jascha Heifetz. Bien qu’elle réserveune place importante aux cordes, les pianos n’en seront pas absents.

    En témoigne la venue de David Bismuth, d’Andrew Tyson, de SofiaGulbadamova et de Lilit Grigoryan en musique de chambre(6, 7, 11 et 12 juillet). Du côté des récitals, on suivra évidemmentGrigory Sokolov, interprète de Schumann et de Chopin (l7). Dédiéà la musique classique et romantique, le festival de Colmar a invitél’Orchestre du Capitole de Toulouse (dir. Tugan Sokhiev) ainsi quel’Orchestre philharmonique de Russie (dir. Vladimir Spivakov).

    du 5 au 14 juillet, festival-colmar.com

    Chaque année, le Nohant Fes-tival Chopin accueille quel-que 6000 spectateurs venus

    du monde entier. Pour son demi-siècle d’existence, la manifestation,au cœur de la propriété de GeorgeSand, lance plusieurs événements.Le 3 juin, à la gare d’Austerlitz, uneanimation exceptionnelle sera pro-posée autour de Chopin. Serontaussi mis à disposition des mélo-manes les enregistrements remasté-risés des deux premiers volumesdes archives musicales du festival.La liste des artistes invités est im-pressionnante : Arcadi Volodos,Edgar Moreau, Nicholas Angelich,Nelson Freire, le Quatuor Debussy,

    Rémi Geniet, Seong-Jin Cho, Chris-tian Zacharias, Christina et MichelleNaughton, Vassilis Varvaresos,Maxence Pilchen, François Chaplin, Yves Henry, François-René Duchâ-ble, Dang Thai Son, Charles Richard-Hamelin, Eric Lu, Julien Brocal et Janusz Olejniczak. Sans oublier de jeunes pianistes tels que FlorianNoack, Ismaël Margain, GuillaumeBellom, Geoffroy Couteau, le Duo Jatekok et le Prix Cortot 2016. Enfin,des spectacles littéraires et musicaux,des classes de maître animées par Yves Henry, des causeries-rencontreset des conférences seront organisés.

    du 4 juin au 27 juillet,

    festivalnohant.com

    FESTIVAL DE NOHANT

    50ans de romantisme

    Colmar lance sa 28e édition

    Imaginé par Karine Grosso, ce festival niché dans le village de Percy,

    en Rhône-Alpes, rapproche magnifiquement habitants, mélomanes

    de passage et artistes. Récitals et classes de maître se mélangent avec

    bonheur. On notera la présence d’un invité exceptionnel, Ivry Gitlis, un

    hommage à Oscar Peterson, une carte blanche au pianiste Nima Sarke-

    chik, une classe d’impro d’Antoine Galvani… sans compter les concerts

    de jazz d’Ahn Tuan, de l’Argentine Karin Lechner et de Karine Grosso.

    du 1er au 6 juillet, piano-en-trieves.com

    FESTIVAL DE PIANO EN TRIÈVES

    NicholasAngelich.

       N   I    C    O   L   A    S

       B   R    O   D   A   R   D

    harmoniamundi.com

    Un renouveau des formes

    Trop novateur pour son temps, le Concerto n°1 pour piano

    de Brahms, créé à Hanovre en 1859, eut besoin de quelquesannées pour s’imposer. Les normes du genre y sont redéfinies.

    L’affrontement traditionnel entre un soliste virtuose et

    l’orchestre est dépassé au profit d’un traitement équilibré

    et d’une approche plus “symphonique”. Les Ballades op. 10,

    sont, elles aussi, issues de cet élan vers un renouveau des

    formes qui caractérise la production du jeune Brahms.

       C   D

       H   M   C   9   0   2   1   9   1

       ©    J

       o   s   e   p   M   o   l   i   n   a   f   o   r   h   a   r   m   o   n   i   a   m  u   n   d   i

    JOHANNES BRAHMS

    Concerto pour piano no1Ballades op.10  

    Paul LewisSwedish Radio Symphony Orchestra

    Daniel Harding

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    14/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTSPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

    14  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    Parlez-nous de la création

    du festival…

    Le violoniste Arvid Enge-gård et moi l’avons créé en

    2004. Nous proposions plusieursconcerts de musique de chambredans une église. Pour la premièreédition, nous avions reçu le soutiende Leif Ove Andsnes. Pendant quel-ques années, nous avons fait venirun Steinway de concert, puis en2007, nous avons acheté notre pro-pre piano, ce qui était plus pratique.D’autres paroisses nous ont imitéset, aujourd’hui, il y a cinq ou six pia-nos de concert dans tout l’archipel.

    Un véritable festival « alterné » estné. En effet, une année, il est dédiéà la musique de chambre, et l’annéesuivante, au piano. Arvid Engegårdest le directeur artistique de la pre-mière manifestation, et Jean-EfflamBavouzet, de la seconde.Quand avez-vous fait venir

     Jean-Efflam Bavouzet?

     Je l’ai entendu en 2008 et je lui aidemandé de prendre la directionartistique du festival. Il a réfléchi…deux secondes environ. Il invite desartistes prestigieux, et nous regardonsensemble les propositions de pro-grammes. Nous avons à disposition

    le Lofoten Festival Strings, un ensem-ble composé de musiciens pour laplupart solistes au sein de grandesformations européennes.Quel sont vos publics et les lieux

    de concerts?

    En 2015, nous avons accueilli plusde 4000 spectateurs. Certains sont venus de Chine et d’Australie ! C’estun tourisme de mélomanes. Lesconcerts ont lieu dans des églises enbois d’une acoustique remarquable, voire exceptionnelle.

    Propos recueillis

    par Stéphane Friédérich

    du 11 au 17 juillet, lofotenfestival.com

    EN BREF

    LES INVITÉSLes pianistes: Jean-Efflam

    Bavouzet, Joachim Carr, Bertrand

    Chamayou, Ingrid Fliter, Nelson

    Freire, Marc-André Hamelin

    et Georgy Tchaidze.

    Les autres musiciens: l’Engegård

    Quartet, Lofoten Festival Strings

    et la mezzo-soprano Marianne

    Beate Kielland.

    FESTIVAL DE LOFOTEN

    ENTRE MUSIQUE

    DE CHAMBRE ET PIANOKnut Kirkesæther, le directeur de la manifestation,dont la prochaine édition sera dédiée au piano,évoque son histoire et son principe.

    La 36e édition du festival s’ouvrepar un prélude à l’Opus (12 mai,à Puteaux) : un récital d’Anna

    Fedorova accompagnant la violon-celliste Anastasia Kobekina. Khatiaet Gvantsa Buniatishvili proposerontdes partitions de Brahms, Liszt, Ravel,Gershwin et d’Anthony Girard(15 juin). Denis Matsuev se produira

    lors d’une carte blanche (17). Le pia-niste Bruno Fontaine jouera avectrois sopranos, les Jérome Sisters (18).Les jeunes prodiges géorgiens, IliaLomtatidze et Sandro Nebieridze,

    ont choisi des pièces de Chopin, deRavel, Sogny, Prokofiev, etc. (24).Les sœurs Labèque donneront des

    œuvres diverses, allant de Schumannà Stravinsky, en passant par Tchaï-kovski, Strauss et Satie (30). Fanny  Azzuro, quant à elle, accompagnerale Quatuor à cordes Van Kuijkdans des morceaux de Haydn, Men-delssohn, Schumann et la créationmondiale du Quintette pour pianod’Anthony Girard (5 juillet).

    du 11 juin au 8 juillet,

    festival-auvers.com

    FESTIVAL

    DE SAINT-DENAu sein de la vaste programmdu festival, on notera la venuNicholas Angelich en trio avmezzo-soprano Karine Deshet le violoniste (et altiste!) RenCapuçon dans des œuvreBrahms (29 mai). Jonas Vi accompagnera l’ensemble vSequenza 9.3 dans des pide Fauré, Vaughan WilliaPoulenc, etc. (4 juin). ALaloum et l’Orchestre de chamde Lausanne (dir. Joshua Westein) joueront le Concerto piano n°23 de Mozart (18).

    du 26mai au 24 j

    festival-saint-denis.

     À L’ABBAYE

    DE L’EPAULe festival sarthois accueille, la magnifique abbaye édau XIIIe siècle par BérangèrNavarre, une programmapour l’essentiel vocale. Touteil ne faudra pas manque31mai, la journée «Pianos àles étages » : « Qui va pianalto » avec l’altiste Adrien seau accompagné par le piaGaspard Dehaene. Puis un réde transcriptions réunira Van

    Wagner, Wilhem Latchou Cédric Tiberghien et Marie meulin dans des œuvres Debussy, Stravinsky, RavVarèse. Enfin, on retrouVanessa Wagner avec le musélectro Murcof dans un étonspectacle « classicélectro »

    du 25 mai au 1er

    epau.sarthe.

    FESTIVAL D’AUVERS-SUR-OISE

    Opus 36

    Les îles Lofotensont situées au nordde la Norvège.

    Knut Kirkesæther.

    V

    FannyAzzuro.

        S   D   P

       J    O   H   N  -   A   R   N   E   J    O   H   A   N   N   E    S    S   E   N

       J   E   A   N  -   B   A   P   T   I    S   T   E   M   I   L   L    O   T

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    15/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    mai-juin 2016  n PIANISTE n°98 n  15

    Parlez-nous de la 3e édition

    de votre festival…

     Je suis passionné par la musi-que de chambre, et pour cette 3e édi-tion, nous avons choisi le « cœur »du romantisme germanique : Brahms,Schumann… Il y aura aussi quel-ques incursions dans le classicismeavec Mozart, Haydn et Beethoven, voire des digressions avec Vieux-temps, Tchaïkovski, Rota et Piaz-

    zolla. Pour ce dernier, nous accueil-lerons l’Ensemble Astoria à l’occa-sion de la sortie de son nouvel albumconsacré aux œuvres du compositeurargentin. Une partie des concertssera dédiée au répertoire «habituel »,et une autre sortira des sentiers bat-tus. L’Ensemble Kheops, lui, nousfera voyager dans un « Prélude àl’Orient-Express », de Beethoven àRota, en passant par Mozart, Bruchet Dürrüoglu. Enfin, des artistes bienconnus en France se produiront, tels

    que les violonistes Tatiana Samouil,Alissa Margulis et la pianiste ÉlianeReyes avec l’altiste Dimitri Murrath.On retrouve ce goût des mélanges

    dans votre disque qui réunit

    des pièces de Villa-Lobos,

    de Ginastera, de Haydn…

    Pas de thématique, ni de concept !Mais un seul fil conducteur : les piècesqui me tiennent à cœur entre deuxcontinents. J’ai découvert la musique

    sud-américaine au cours de mesétudes. LesDanses de Ginastera pos-sèdent une énergie folle, des disso-nances étonnantes et flirtent parfoisavec le piano-bar. Un ami brésilienm’a fait découvrir l’œuvre de Villa-Lobos. C’est un univers radicalementdifférent entre ces deux compositeurs,malgré leur proximité géographique.

    Propos recueillis

    par Stéphane Friédérich

    Du 30 septembre au 2 octobre,

    brusselschambermusicfestival.be

    ENTRETIEN AVEC… JULIEN BEURMS

    Double casquetteLe jeune pianiste belge et directeur du Brussels

    Chamber Music Festival sort son premier disqueavec le label Azur. Un beau début de carrière.

    Académie internationalede musique de Flaine

    Cette année, l’institution invitera plusieurs enseignants : FrançoiseBuffet-Arsenijevic, Cécile Edel-Latos, Yoshiko komori et IgorLazkov. À noter, une classe d’accompagnement au piano de Laetitia

    Bougnol. Divers concerts seront proposés. Comme tous les ans, l’Académiedécernera quatre grands prix dont un dédié au piano.

    du 30 juillet au 13 août, aimdeflaine.fr

        G   U   I   L   L   A   U   M   E   K   A   Y   A    C   A   N

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    16/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    ACTUALITÉS   INSTRUMENTSPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

    LE F228 ARIA : QUEL PIED !En février dernier, le facteur italien a présenté le F228 Aria, un magnifiquepiano à queue monopode. L’instrument subjugue par ses qualités musicalesexceptionnelles et son design aérien. Époustouflant !

    16  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    FAZIOLI

    KAWAI

    UNE NOUVELLSÉRIE

    ÉCONOMIQUE

    Outre la récente gamGX et l’offre de presShigeru Kawai,

    la nouvelle série GL, présenlors du dernier salon Musicpropose cinq modèlesdimensionnels, du tout petau grand quart-de-queue :GL-10 (153 cm) testé page 6GL-20 (157 cm), GL-30 (166GL-40 (180 cm) et GL-50(188 cm). Du coup, les pian

    GM-10, GE-20 et GE-30disparaissent du cataloguefabricant japonais. Si les qplus grands GL (de 17000 eà 25100 euros) sont produau Japon, le tout petit GL-10(12000 euros), lui, est fabrdans une usine Kawai,en Indonésie. Sa mécaniqula fameuse Millenium IIIen ABS Carbon, reste toute

     japonaise. La conceptionet la philosophie de factureces instruments sont similaà celles des pianos GX,plus haut de gamme (touchallongées, limitation des ped’énergie, etc.). En revanchla qualité de certains de lecomposants, comme les têde marteaux, apparaîtplus ordinaire. La finitiondu meuble, moins travailléest aussi plus économique(pieds non évasés, absencede chanfreins sur le couverDans des dimensions

    comparables (166 cm, 180et 188 cm), les prix des nouvGL sont 12 à 13 % inférieurà ceux des pianos GX. Des abordables pour des instrumd’une bonne fiabilité et d’uexcellent toucher, qui sédunombre de pianistes. Noustesterons prochainement.

    www.kawaifr

    L’excellent pianiste d’origine mal-taise, Stefan Cassar, a mis en valeurles qualités musicales spécifiques de

    l’instrument, liées à sa constructiontrès particulière. En effet, le fait qu’ilsoit monopode – au lieu des troispieds habituels – a induit l’installa-tion d’une coque en carbone sous lepiano, qui permet une transmissionparticulière du son et, notamment,un accroissement des basses, pour-tant déjà importantes sur le F228de série. Quant à la partie haute dela ceinture arrière, d’une forme incur- vée, elle agit comme un pavillon degramophone et augmente les har-moniques et les aigus.

    Côté esthétique, l’élégance et la légè-reté ont été accentuées par l’emploid’un cuir bleu sombre. Ainsi, l’alu-minium brillant du pied et de lacoque se détache mieux. Le cadreest de couleur aluminium doux satiné, le cuir de la banquette dédiéeest fauve, comme la table d’harmo-nie. Si l’ensemble mécanique-clavierest quasiment identique à celui duF228, la tringlerie des trois pédales

    a été modifiée. Des solutions hydrau-liques ont été mises en œuvre, afind’adapter la forme très particulière

    du pied central.Son démontage pour le transports’avère simple, sécurisé et rapide(moins d’un quart d’heure), grâce àun outillage spécifique bien pensé– un berceau en deux quarts de cer-cle. À l’instar du M. Liminal, l’Ariaa la double vocation d’agrémenterdes lieux majestueux, tels un yacht,un hôtel particulier, un loft ou unpalace, et aussi des salles de concertprestigieuses. Le prix de l’instrumentd’exception, produit pour l’instanten un seul exemplaire, n’a pas encore

    été communiqué.Bernard Désormières

    V

    ous souvenez-vous dupiano à queue M. Limi-nal qui avait créé l’évé-

    nement au salon Musicoraen 2006 ? Ce modèle audesign futuriste évoquait « un oiseaudont l’aile gauche commence à se déployer et dont l’aile droite est encore colléeau corps ». Imaginé par le designerPhilippe Gendre au sein de la sociétéfrançaise NYT Line, l’instrumentavait été réalisé par le prestigieuxfacteur italien Fazioli à partir d’unquart-de-queue F183. Dix exem-plaires avaient été produits et ven-dus dans le monde entier.La même année, la conception d’un

    deuxième modèle assez similaire, maisfabriqué avec la base instrumentaled’un trois-quarts-de-queue FazioliF228, avait été envisagée. Mais ce n’estqu’en janvier 2015 que le projet s’estconcrétisé. Achevé un an plus tard, cepiano d’exception, baptisé Aria, a étéprésenté en février dernier à l’Institutculturel italien de Paris, en présencedu facteur Paolo Fazioli et de PhilippeGendre, dans le cadre d’un concert.

    M. Liminal.

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    17/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Remplaçant le DGX-650, letout nouveau clavier numé-rique portable DGX-660 de

    la firme japonaise, d’un poids d’envi -ron 30 kg, est proposé dans deuxfinitions (noire ou blanche). Il estdoté d’une fonction d’accompagne-ment dans 200 styles de musique etd’un clavier un peu léger de 88 tou-ches GHS (Graded Hammer Stan-dard), qui équipe les modèles P-45 etP-115, premiers prix de la marque.Le DGX-660 accueille égalementune intéressante entrée micro dédiéeaux effets DSP intégrés. Il est doncpossible de chanter et de s’enregis-trer grâce à l’enregistreur USB. Leséchantillons sonores Pure CF Sam-pling sont toujours d’une confortable

    polyphonie de 192 notes, et les effetsde réverbération et de résonance ontété améliorés et étendus. Une sec-tion Piano Room offre un large choixde sonorités de pianos avec leur environnement virtuel modifiable.Enfin, grâce à l’acquisition du connec-teur optionnel BlueTooth UB-BT01,on dispose d’une connexion sans fil

    entre l’instrument et un iPod Touch,un iPhone, un iPad ou encore unordinateur Mac. Un instrument àprix accessible et au goût du jourpour se divertir ! B. D.

    Disponible au prix de 860 euros.

    Option connecteur

    Bluetooth UD-BT01 à 54 euros

    fr. yamaha.com

    SALON DE LA

    MUSIQUE DE

    FRANCFORTLa «Muzikmesse» s’est dérouléedu 7 au 10avril. Avant même son

    ouverture, nous avions obtenu en

    avant-première quelques infos

     significatives, parmi lesquelles

    la production interne de têtes de

    marteaux C. Bechstein, la présen-

    tation d’un piano demi-queue

    de salon en érable moucheté de

    C. Bechstein aussi, un prototype

    audacieux de piano droit inno-

    vant de Feurich et un nouveau

    modèle de clavier numérique de

    Casio. Pianiste  était présent sur

    le salon. Nous ferons un bilan

    complet des nouveautés dans le

    domaine des pianos acoustiques

    et des claviers numériques dans

    notre prochain numéro.

    YAMAHA

    Compact maiscomplet !

    PIANO NUMÉRIQUE

    Pour le plaisir de jo

    Tout savoir sur le piano numérique B1 : Korgfr.net

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    18/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    ACTUALITÉS PARTITIONS, LIVRESPlus d’infos sur www.pianiste.fr 

    D’où vous vient le goût 

    pour la composition ?

     Je ne me considère pascomme un compositeur« professionnel ». Je res-

    sens l’écriture comme un momentde liberté. Un instant caché aussi,que je livre au public lorsqu’il décou- vre l’une de mes pièces en « bis »,à l’issue d’un récital. D’ailleurs, ilm’est arrivé de jouer ma musique par paresse parce que je n’avais pas eu letemps de préparer un morceau vir-tuose, propre à épater l’assistance !Donc vous improvisiez…

    Non ! Je n’oserais pas le faire en public. Tout ce que je joue est écrit.Comment sont nées vos œuvres ?

     Au départ, il s’agit d’une improvisa-tion dont je trouve la matière inté-ressante. Je l’écris pour m’en rappeler.Beaucoup de partitions sont nées dansles années 1980. Mes proches m’inci-taient à les publier, mais mon activitéd’interprète ne m’en laissait guèrele temps. Puis j’ai franchi le pas.

    On ne trouve nulle trace d’études

    de composition dans votre

    parcours. Pourtant, votre langage

    est clairement défini, partant

    du romantisme pour aller

    vers des harmonies plus ancrées

    dans le XXe siècle…

     J’ai pratiqué la composition avantl’étude du piano. Je n’ai pas suivide cours de composition mais desclasses d’écriture, notamment celleque Jacques Castérède consacraitaux œuvres du XX e siècle. Au Conser- vatoire de Paris, Pierre Sancan etClaude Pascal m’ont encouragé à

    poursuivre dans cette voie. Il paraîtessentiel de maîtriser l’écriture pourne pas écrire trop de banalités. Lamienne s’est nourrie du répertoireromantique, mais je n’ai jamais ima-giné composer des pastiches deMendelssohn ou de Schumann. Je ne cherche pas non plus la nou- veauté pour la nouveauté et j’aipourtant l’impression de porter uneécriture personnelle.

    Abdel Rahman El Bacha est non seulement l’undes grands interprètes d’aujourd’hui mais, on le saitmoins, un compositeur dont les œuvres sont publiéesaux éditions Delatour France.

    18  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    En lisant vos partitions,

    on constate qu’il s’agit

    d’une écriture souvent épurée,

    qui va à l’essentiel…

    Ma culture initiale me portait versune affectivité plus exposée. L’apport

    de la culture française a affiné monstyle. Donner davantage de valeur àchaque note, c’est préserver l’essentiel.Quelles sont les esthétiques

    du XXe siècle qui vous attirent ?

    Nous avons l’embarras du choix, etles éclatements de styles sont bien- venus. Dans le passé, j’ai joué des œu- vres d’Alain Louvier, l’opus 11 deSchoenberg et créé aussi le Concerto

     pour piano de Bechara El-Khoury. Trois immenses compositeurs du XX e siècle me parlent au cœur : Ravel,Prokofiev et Rachmaninov. Ils sontde grands repères auxquels j’ajoute-rais Stravinsky, des musiciens sud-américains et espagnols comme Villa-Lobos, Mompou, Rodrigo, Granadosou encore De Falla.Avez-vous songé à composer

    pour les plus jeunes ?

    Une œuvre pédagogique sera d’autantplus réussie que l’on connaît la per-sonne à laquelle elle est destinée. J’aiécrit des œuvres « occasionnelles »pour mes enfants. Je songe à com-poser des partitions pour débutants,

    ce qui est difficile, car elles doiventêtre belles et faire éprouver du plaisir.Quelles seront les prochaines

    parutions ?

    Des Préludes et chants, un ensemblede partitions avec des styles impré-gnés de culture espagnole, de couleursorientales et de chansons liba naisesque j’ai entendues enfant. Celles-cisont marquées par des modes parti-culiers. Un autre recueil réuniratrois pièces orientales plus longueset plus virtuoses : une danse rituelle,un Bacchus au rythme asymétrique

    et des variations sur un air égyptien.Propos recueillispar Stéphane Friédérich

    Partitions à découvrir

    aux éditions Delatour France

    Dix pièces romantiques 

    Le Monde des enfants,

    six pièces pour piano

    F. Chopin – Valse posthume

    en la mineur (ou mazurka),

    version conçue par A. R. El Bacha

    DES PARTITIONS

    DE BONNECOMPOSITION !

    ENTRETIEN

    DELATOUR

    FRANCETROISREGARDS…Le petit recueil de Stéph

     Michot est une belle découv

    Ce musicien autodidacte ét

    le piano vers l’âge de 20

    Pianiste et musicologue, il e

    gne aussi. Prélude, Klaviers

    et Le poète parle sont les

    partitions qu’il propose ici

    pièces jouent sur les har

    niques. Embuées mais

     équilibrées, elles ouvrent

    de beaux espaces lyriques

    servés dans une tonalité per

    nelle, même si les titres su

    rent de lointaines réminisce

    romantiques.

    www.editions-delatour.

    PIANOKALÉIDOSCOPVing-deux pièces sont réu

    de Bach à Schulhoff, puisant

    des éditions déjà parues. Un c

    intéressant, car nombre de cd’œuvre y sont présentés,

    aussi des partitions que l’on tr

    rarement dans les recueils d

    type : l’Allegretto D.915 de Schu

    la Sonatine HWV581 de Hae

    un extrait de la Sonate opu

    n°3 de Kozeluch, etc. Des morc

    « Urtext » qui ne sont pas do

    www.baerenreite

    EN BREF

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    19/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Le livre de Stanislaw Dybowski(« The Laureates of the ChopinCompetitions in Varsaw ») a

    certes été rédigé en anglais, maisil est des plus instructifs. En effet,pour la première fois, il retrace, de1927, l’année de la première édition, jusqu’en 2005, presque quatre-vingtsans d’histoire de l’un des plus célè-bres concours de piano. Cent dix-sept lauréats sont répertoriés (bio-graphies, œuvres interprétées durantles épreuves, comptes-rendus de lapresse, interviews de l’époque, etc.)dans l’ouvrage. S’y ajoutent près

    plaisir, notamment des pianistesfrançais, tels Bernard Ringeissen,Marc Laforêt, Jean-Marc Luisada,Caroline Sageman, Érik Berchotou encore Philippe Giusiano. Lemusicologue a entrepris un long etmagnifique travail d’archiviste qui

    amoureux du piano. L’éditeur Selene publie aussi de nombreuxenregistrements consacrés à la musi-que polonaise. S. F.

    Éditions Selene, 642 p.,

    ouvrage disponible

    uniquement sur Internet

    mai-juin 2016  n PIANISTE n°98 n  19

    ENCYCLOPÉDIE

    Les lauréats du Concours

    Chopin de Varsovie

    Critique littéraire etmusical, RomaricGergorin nous pré-

    sente l’un des musiciensles plus insaisissables del’Histoire. Attachant etdéroutant, Erik Satie jon-

    religieux. L’auteur décrit parfaite-ment les années d’apprentissage de

    l’autodidacte qui forgeamoins son style en absor-bant celui des autresqu’en les refusant métho-

    diquement. Occultisme,socialisme, passion pourle Moyen Âge, détesta-tion du romantisme, toutest passé en revue !Malheureux en amour etsans véritable reconnais-sance sociale – il reçoit les

    civil et revendique le statut d’anar-chiste libertaire –, le compositeur,

    provocateur et solitaire, poursuit sagéniale entreprise de mystificationsonore. Cette biographie dense vaau cœur des angoisses de l’artiste et

    étudie implacablement son impos-sibilité à résoudre les dilemmes deses rapports humains alors que lagalerie de personnages qu’il côtoie,issus de tous les milieux, nous sidère.Il veut, comme le dit avec justesseRomaric Gergorin, « sortir de l’his-toire de la musique ». Un pari chère-ment gagné.

    Actes Sud/Classica,

    176p., 18 euros

    BIOGRAPHIE

    Erik Satie

    Écrivain, éditeur et organisateurde festivals, Jean-Yves Clémenta publié plusieurs ouvrages

    consacrés aux musiciens du roman-tisme. Comment faire carrière sansChopin, Liszt et Rachmaninov ?Gould répondit en partie à la ques-tion. De la synthèse d’une immensedocumentation se dresse un portraitdes plus originaux, qui inspire unerègle de vie, au sens religieux du

    terme, avec tout ce que cela com-porte d’originalité et de fanatismeartistique. Jean-Yves Clément décor-

    tique le « culte Gould », offrant uneréflexion approfondie à partir del’éducation de l’artiste. D’autrespages sont tout aussi intéressantescomme celles dédiées à l’évolutionparadoxale des goûts et à l’obsessionde l’enregistrement audio et vidéodu pianiste. Ce livre érudit intéressera

    avant tout ceuxqui connaissentdéjà le réper-

    toire, le jeu etle personnageGould. Il est,à lui seul, une

    et rythmé se révèle passionnante.Actes Sud/Classica,

    176 p., 16 euros

    PORTRAIT

    Glenn Gould ou le piano de l’esprit

    LE SON

    DU SILENCE

    Moi qui n’ai jamais

    été enfant, j’entre dans la salle 

    immense du Royal Albert Hall 

    à Londres. » À la premièrephrase de sa biographie,la jeune pianiste sud-coréenneH.J. Lim pose déjà le cadrede son histoire. À 12 ans,elle quitte son pays pour venirétudier en France. Le souffledu récit est court, les phrasessont simples et directes. Troprapides, trop dévoreusesde sons et de silences.

    Le récit est au pronompersonnel « je », un « je » dedécouverte, d’émerveillement,d’incompréhensions aussi.Le soutien de la spiritualité,un travail immense portentune vie en musique, rythméed’une écriture fraîche.On lit pêle-mêle les échecset la rencontre des maîtrestel Henri Barda, l’étudedu piano dans un garage,les concours, la Chapellemusicale Reine Elisabeth enBelgique… Ce livre est commetendu vers l’intégrale dessonates de Beethoven, queH.J. Lim a gravée à 24 ans etqui fit débat (Warner Classics).Il y a des défis moins heureux…

    Albin Michel,

    192 p., 18euros

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    20/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    À L’AFFICHE

    20  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    21/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    LUCAS DEBARGUE

    La révélation Il n’a décroché « que » le 4e Prix du Concours Tchaïkovski, et pourtantil a éclipsé le nom des trois premiers lauréats. En juillet dernier, le cœurdu public russe a chaviré au rythme des éblouissantes interprétationsdu jeune prodige de 25 ans, inconnu jusque-là des professionnelset des mélomanes. Depuis, sous les feux des projecteurs, il est invitépar les plus prestigieux festivals, enchaîne récitals et interviews, et sortson premier disque consacré à Scarlatti, Liszt, Chopin et Ravel. Rencontre.

    VVoici les deux derniers numéros

    de Pianiste avec, en couverture,

    Vladimir Horowitz et Radu Lupu.

    Que vous inspirent-ils ?

     Je me souviens de comment RaduLupu avait interprété le Concerto deSchumann. Dès l’entrée des accords,on entend « tout » : tous les sons ettoutes les lignes. C’est aussi surpre-nant que rare. D’habitude, on per-çoit des accords plaqués à l’épaisseur

    indistincte. Rien que cela est unique.Quant à Vladimir Horowitz, il estmon maître à penser. C’est un magi-cien, un fantaisiste, un prestidigi-tateur, un menteur, un artiste, biendavantage qu’un pianiste. Bref, unefigure complexe, tournoyante et, àlui seul, une école de civilisation.Deux pianistes aussi

    passionnés par le son

    que vous-même…

    S’agit-il vraiment de son ? Questiondifficile. Quand je travaille une œuvre, je me coule littéralement en elle. Mon

    goût ou ma subjectivité en matièrede son passent au second plan.Oui, mais a priori, vous choisissez

    des œuvres qui correspondent

    à votre goût…

    Disons que j’apprends à aimercertains morceaux. Parfois, ils sontingrats comme la sonate de Beethovenque j’ai présentée au Concours Tchaï kov ski [Sonate n°7 en rémajeur opus 10 n°3, ndlr ]. Lorsque

     je l’ai découverte, elle ne me parlaitabsolument pas. Je ne l’ai aimée queprogressivement.Alors, pourquoi l’avoir

    programmée ?

    Elle m’intéressait, primo, parcequ’elle contient des centaines dechoses passionnantes, deuzio, parceque je suis têtu, et tertio, parce qu’ilfaut outrepasser son goût. La musi-que dépasse tout cela. Aimer ou ne

    pas aimer Rachmaninov ou Mozart,tout le monde s’en fiche ! Je ne croispas qu’il existe « un » son Mozart,Schubert ou Ravel. Il y a ce qui estbon et ce qui est mauvais, ce qui estennuyeux et ce qui est captivant. Lepéché ultime en musique, c’est pré-cisément d’être ennuyeux. À la pre-mière lecture, je lis une partitionbelle et qui débute par le silence.L’interpréter, c’est assumer de nepas ennuyer son auditoire.Comment le captiver ?

    Certainement pas en faisant des

    mimiques ! Je vous réponds cela parcequ’il paraît que je bouge beaucoup.Certains trouvent ma manière d’êtreau piano insupportable. On ne peutcaptiver qu’en montrant la vie dela musique, le son qui précède etcelui qui suit la note que vous jouez.Il s’agit de se concentrer, de faireabstraction du trac, d’abord …Le trac n’est pas que le propre

    du musicien…

    Se retrouver tout nu sur scène, c’estgênant, vous ne trouvez pas ? Il y acomme une forme d’exhibition-nisme et, en même temps, une cer-taine jouissance à l’être. La concen-tration, c’est la mémoire. Tous les

     jours, je fais un exercice de mémo-risation. Je possède une excellentemémoire et je peux me rappeler lesdétails de n’importe quelle journéeheure par heure.Rena Shereshevskaya,

    avec qui vous travaillez,

    affirme que vous avez restitué

    la Sonate n°3 de Prokofiev

    de tête, sans l’avoir apprise…

    En quoi est-ce exceptionnel ? Onécrit aussi que j’ai eu un parcours aty-pique. En quoi l’est-il ? On me ditqu’il est « normal » pour un pianisted’être assis dès l’âge de 3 ans devantle clavier, puis de travailler à l’ado-lescence les  Études  de Chopindix heures par jour. C’est stupide !Vous imaginez Glenn Gould ainsi ?Les petits singes, qui jouent du pianodepuis leur enfance, ont été sélec-tionnés pour porter le nœud papillon.Cela me donne envie de fuir.Céder au conformisme de passer

    un concours, en l’occurrence celui

    de Tchaïkovski, n’est-ce pas un peu

    contradictoire avec vos propos ?

    Nullement ! Le principe du concoursest intéressant parce qu’il représenteune échéance. Nulle échappatoire.Il permet également de se produiresur scène et, pour un pianiste, il n’estpas facile de trouver des engage-ments. L’épreuve offre des conditionsexceptionnelles de jeu. J’étais heu-reux de jouer dans l’acoustique extra-ordinaire de la Grande Salle duConservatoire de Moscou.Précisément, qu’avez-vous

    éprouvé quand vous êtes monté

    sur scène ?

    Dès que je me suis mis à jouer, j’ai ressenti une sorte d’intimité musi-cale bien supérieure à celle que je connais dans des petites salles d’unecentaine de spectateurs. C’était unesensation déroutante dans un lieuaussi vaste et impressionnant.Quel piano aviez-vous choisi ?

    Quatre modèles étaient à la dispo-sition des candidats. J’ai opté pour leCFX de Yamaha, qui était le plus

    mai-juin 2016 n PIANISTE n°98  n  21

    [

    LUCAS DEBARGUE

    EN QUELQUES DATES

    1990 Naissance à Parisle 23 octobre2001 Début du pianoau conservatoire de Compiègne,dans la classe de Mme Muenier2007 Arrêt du piano.Faculté de lettres modernes2010-2011Reprise du piano.Études avec Philippe Tamborini2011 Études au Conservatoirede Paris, avec Jean-FrançoisHeisser, études avec RenaShereshevskaya, à l’École normalede musique de Paris2015 4e Prix du ConcoursTchaïkovski de Moscou2016 1er disque chez Sony Classical

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    22/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    À L’AFFICHE LUCAS DEBARGUE

    même époque où je me suis initié

    au jazz. Auparavant, j’improvisaisau flair, alors que, paradoxalement,c’est le style musical qui demandele plus de bases techniques.Vous vous mettez au piano assez

    tardivement, vers l’âge de 11 ans.

    Vous passez par le Conservatoire

    de Paris. Vous n’en parlez jamais…

    Il y a des gens formidables dans cetteinstitution. J’ai fait l’erreur de nem’inscrire qu’en classe de piano et,

    du coup, je n’ai pas rencon

    personnalités qui m’auraien J’ai très mal vécu mon passagce cours. C’était la concu totale, la jalousie, l’espionnagpianistes. Tout cela m’était portable, et les méthodes d vail ne m’ont pas convaincu. jamais eu l ’occasion de préun programme de récital en Vous travaillez avec Rena

    Shereshevskaya. Ne vous a-

    confortable et le meilleur pourles œuvres que je voulais interpréter.Il était très bien réglé, et j’ai retrouvéma balance sonore.Durant le concours, votre rapport 

    avec le public moscovite

    a été extraordinaire. Certainsl’ont expliqué par votre

    ascendance russe…

    Cela n’est pas avéré à 100 % et, detoute façon, si je me sens une attacheavec la Russie, c’est moins pour desraisons héréditaires que spirituelles. J’ai découvert la musique et la lit-térature de ce pays lorsque j’étaisadolescent et elles m’ont bouleversé.Il est vrai aussi qu’en Russie,

    les études musicales sont 

    intimement liées à un cursus

    artistique plus global…

    Comment peut-on imaginer qu’iln’en soit pas ainsi ? En France, laspécialisation à outrance de l’ensei-gnement musical professionnel estabsurde et mène souvent à l’impasse,tout simplement parce que la musi-que « dévore » autre chose qu’elle-même. C’est un monstre qui se nour-rit de tous les autres arts. Certains jours, je travaille mieux mon pianoen passant des heures dans une biblio-thèque. C’est dans ces moments-làque je clarifie ma pensée. C’est

    autrement plus profitable que de répé-tercomme un fou un ornement dansune pièce de Chopin – lui, le génialimprovisateur – alors qu’il l’auraitpeut-être écrit bien différemmentle lendemain. Qui sait ?Venons-en à votre formation.

    On vous dit autodidacte…

    C’est faux ! Le malentendu vientdu fait que la plus grosse partie dutravail se fait seul avec la partition. Je n’ai jamais appris à lire la musique,mais enfant, j’avais un besoin vitald’acquérir cet alphabet. Déchiffrer

    et jouer, c’était devenu boulimique,addictif. Je lisais et je mettais unmaximum de notes à côté avec lesmoyens techniques dont je disposais,c’est-à-dire pas grand-chose. Har-moniquement, je ne comprenais rienà ce que je faisais. Mes connaissancesen théorie musicale étaient mini-males. En revanche, j’étais très bonen dictée. Je me suis intéressé à l’har-monie il y a deux ans environ, à la

    22  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    « Certains jours, je travaille mieux mon piadans une bibliothèque où je clarifiema pensée. C’est autrement plus profitableque de répéter comme un fou. »

    [

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    23/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

     jamais dit que vous aviez

    de sérieux problèmes,

    notamment techniques ?

     Jamais ! À chaque fois que j’ai abordéun problème technique, elle a ren- versé la question en me prouvant

    que j’écoutais « mal ». Avoir uneconscience précise de chaque note jouée est essentiel. Ce n’est donc pasune question de doigts ni de réper-toire. Je suis par nature un anarchi-que de la musique. Elle a libéréen quelque sorte mon écoute et m’aappris à apprendre rapidement et« bien». En effet, lorsqu’on est obsédépar des questions techniques, on nepeut pas se consacrer à l’œuvre quel’on veut interpréter. Progressive-ment, j’ai assimilé le programmedu Concours Tchaïkovski – quatreheures de musique tout de même –,qu’elle m’a proposé de tenter dèsnotre deuxième cours.Comment déterminez-vous

    votre répertoire ?

     Je fonctionne avec des chocs qui pro- viennent de sources diverses commel’écoute d’un interprète. J’ai enviede partir de ce qu’il a proposé et dereprendre l’histoire pour la poursuivreà ma façon. Je déroule une narration jusque dans les sonates de Scarlatti.On m’a d’ailleurs reproché de les

     jouer de manière romantique…N’est-ce pas le cas ?Pourquoi inventer une dichotomieentre les styles ? Arbitrairement, toutce qui précède la Révolution fran-çaise serait baroque. On joue doncau tempo tout ce qui appartient àl’Ancien Régime. Tout ce qui succèdeà cette période serait romantique, mar-qué par la « naissance» de l’individu.Il est toutefois étrange que le métro-nome n’ait pas existé à l’époque baro-que et que les partitions aient eu sipeu d’indications de tempos ou de

    nuances. On supposait donc que lesmusiciens allaient comprendre pareux-mêmes. « Jouer droit » est doncabsurde dans les répertoires baroqueet classique. On ne chante jamais« droit » parce qu’on interprète. Etinterpréter suppose de connaître par-faitement le texte pour s’en affranchir.Votre répertoire comporte,

    comme on l’a entendu

    lors du Concours Tchaïkovski,

    des pièces rarement jouées,

    notamment de Medtner.

    D’où vous vient cette passion

    pour ce compositeur russe ?

    Elle est née chez Arioso, célèbre maga-sin de musique de la rue de Rome,

    à Paris. Publicité gratuite ! J’allais y dépenser mon argent de poche et j’aidécouvert l’œuvre de Medtner à l’âgede 14 ans. J’ai plongé dedans et n’ensuis pas ressorti. Sa Sonate n°1 fait explicitement référence au Prélude n°1du clavier bien tempéré de Bach, et sondernier thème est emprunté à la Sym-

     phonie « Pathétique » de Tchaïkovski.Cette pièce est germanique et russe,avec une construction beethovénienne.Parlez-nous de la Ballade n°4 

    de Chopin, qui figure sur le disque

    que vous avez enregistré…

    La spiritualité de l’œuvre doit surgirdès le début. Les premières mesuressont les plus délicates de la partition.Il me semble qu’il faut travaillerla main gauche seule. Chopin a com-mencé avec cette « sérénade » dontil est nécessaire de retrouver le chantet d’éviter à tout prix une lecture académique. Les accords, presque arpégés, sont ceux d’une guitare oud’une contrebasse dont la mélodie,au-dessus, serait tenue par une flûtefantomatique. Ces divers instru-

    ments se croisent avec des intona-tions dissemblables. Il faut gérer cesantinomies tout en restant lucide,car les déplacements à la main gau-che sont techniquement difficiles.Voilà donc une ballade qui est à lafois une forme sonate et une pièceliée à la variation et à la rhapsodie.Pensez-vous que les pianos

    modernes soient les plus adaptés

    pour restituer l’extrême finesse

    de cette polyphonie ?

    Vous touchez du doigt un problèmecrucial. Aujourd’hui, convaincre

    un label d’enregistrer un disque surun piano ancien, ce n’est pas facile.Idem pour les organisateurs deconcerts! C’est même aller contreles intérêts de tout le monde, car onconstruit des instruments de plusen plus puissants, pour que les pianis-tes et les orchestres jouent encoreplus fort. Je préfère évidemmentla longueur de son d’un vieux Erard,Pleyel ou Bechstein. [

    ORCHESTRE SYMPHONIQUEODENSE DU DANEMARK CHEF

    ALEXANDRE VEDERNIKOVOPÉRA «LA TRAVIATA»

    Boris Berezovsky

    David KadouchMikhaïl RudyAnna Vinnitskaya

    Muye WuClaire Desert

    Andreï KorobeinikovAlexandre KniazevGuillaume Coppola

    Evelyne Berezovsky

    DU 13 AU 21 AOÛT 2016

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    24/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    À L’AFFICHE LUCAS DEBARGUE

    Prenons l’exemple du croisementdes arts dans votre interprétationde Gaspard de la nuit de Ravel… Je suis assez distrait de nature et j’absorbe par conséquent tout ce qui

    passe à ma portée. J’ai trouvé beau-coup d’idées visuelles et sonores pourRavel dans la peinture tardive deGoya. Je pense à sa toile Le Sabbat des sorcières. Cela étant, je n’ai pasd’affinités particulières avec Ravel.Comment cela ?Ce compositeur est adulé, maisd’autres musiciens le mériteraienttout autant, comme Medtner ouHaydn. Ravel est « grand» dans trois

    œuvres qui font écho à quelqud’intime dans sa vie. Gasparnuit correspond à la disparitson père, le Trio, juste avant songement pendant la Première Gmondiale, et, enfin, Daphnis equi associe amour chaste et msensuelle. Dans chacune de cesil y a un secret qui m’intéressecoup plus que ceux du TombCouperin ou des Miroirs. Qu joue Gaspard de la nuit, j’oublieComment décririez-vouscette partition ?Cette pièce intemporelle s’oul’infini. Elle n’a pas de contremais la plus grande cohérencmonique sur la durée la plus lRavel n’a pas composé une auttition plus riche avec un mathématique aussi réduit. Les tromières notes de Scarbo sont lpremières notes d’Ondine renvGaspard de la nuit est une œuvrlement «immobile». Nous resun tournoiement, et pourtantqu’il ne se soit rien passé. LaScarbo, c’est presque du « rienÉvoquons vos projets… Je joue la Sonate en si mineur deElle m’a pris du temps pas seusur le plan technique, mais ment en raison de sa constr

    monstrueuse, à part dans la ption du compositeur. On ne pcompter sur l’adrénaline commles Rhapsodies ou les Étudesd’extranscendante, car c’est une métaphysique. Je dois aussi dbeaucoup de concerts en Ruen Corée avec le Concerto Beethoven, le Trio de Tchaïen compagnie d’autres lauréConcours Tchaïkovski, les Barde Fauré, les Fantaisiestücke ode Schumann et la Sonate  Szymanowski. Cette pièce es

    projet le plus ambitieux. C’epartition gigantesque et peu depuis Rubinstein, son créatRichter. Elle est difficile à appmais elle est puissante et intenstionnellement parlant. Il fautdans chaque note et accomplir utable travail d’esclave du son !

    Propos re

    par Stéphane Fr

    Lire la chronique du CD page 75

    Vous jouez également du jazz.Cela vous donne-t-il davantagede liberté dans votre interprétationdu répertoire classique ?La vraie liberté n’est ni politique

    ni spirituelle : elle s’obtient par lelangage, qu’il s’agisse de littérature– la discipline la plus difficile –, dedanse, de peinture, de musique, etc. Travailler son langage fait émergerun style, donc une respiration dansle flot de nos pensées. Un artistedoit en principe discerner ce quiest important de ce qui ne l’est pas.Il est un trafiquant de ses souvenirs,en quête de l’émotion juste.

    24  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    « Travailler son langage fait émerger un style, donc une respiration dans le flot de nos pensées. »

       F   E   L   I   X   B   R    O   E   D   E    /    S    O   N   Y   M   U    S   I    C

    [

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    25/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    Nos nouveaux pianos LX/HP perpétuent notre tradition de pianos domestiques luxueux destinés aux pianistes de tous niveaux, alliant

    la technologie la plus avancée et l’authenticité du toucher dans un design classique et sophistiqué. Leur encombrement minimal

    leur permet de se loger dans les espaces les plus restreints, tout en projetant un champ sonore riche et enveloppant grâce à la

    remarquable conception de leurs meubles. Embarquant notre tout dernier générateur de sons et notre tout nouveau mécanisme

    de clavier, un système de haut-parleurs multicanaux évolué et de nombreuses fonctionnalités numériques, ils vous permettront de

    profiter des splendides sons de piano numérique Roland pendant de nombreuses années.

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    26/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    DOSSIER

    26  n PIANISTE n°98  n mai-juin 2016

    LLa première raison, assez peu pro-bante, c’est la routine. Le grand réper-toire pianistique s’est mis en placeil y a bien longtemps, et depuis, deshabitudes se sont créées. Un exem-ple : les éditeurs de Beethoven ontcru bon, pour doper leurs ventes, dedonner des titres à quelques sonates.Des bons musicographes ont mêmepris l’initiative d’associer quelques

    histoires délicieusement romanti-ques à certaines musiques. La Sonate en ut mineur opus 13 fut publiée sousle titre de « Grande Sonate pathétique ».En fait, elle n’était pas plus déve-loppée qu’une autre, ni plus pathé-tique que la Sonate en ut mineuropus 10 n°1, peu connue. Mais letitre associé à l’énergie du 1er mou- vement et à la tendresse cantabiledu 2e fit la réputation de cette œuvreau demeurant très réussie. Le 1ermou- vement de la Sonata « Quasi una

     fantasia » en do dièse mineur, avecle charmant balancement de ses trio-lets, évoquait une rêverie amoureuseau clair de lune. On a pu raconterque Beethoven l’avait écrit en se pro-menantavec sa bien-aimée (immor-telle) dans le parc d’un château,à la brune. Et voilà comment unesonate à la forme atypique devientla Sonate « Au clair de lune » – et

    tant pis si les deux autres mouve-ments n’ont rien de lunaire !Concernant la Sonate « Appassionata»,c’est aussi l’éditeur qui la nommaainsi, mais le ton fougueux des deuxmouvements extrêmes suggérait sibien on ne sait quelle passion brutaleque la fortune de la sonate était faiteauprès des amateurs voulant éprou- ver de fortes émotions. Car une par-tie des troupes mélomanes adore seraconter des histoires. C’était vraiau début du XIX e siècle, ça l’est

     toujours. Une musique trop abne « parle » pas nécessaireme jeux du son ne suffisent pas resser le gros des amateurs. Lede la Symphonie n°5 de Beet– outre les célèbres «pompompom » et la prodigieuse moduen ut majeur du dernier mment – tient à ce qu’elle a étédérée comme la «Symphonie du

    De même, chez Haydn, les synies à titre ont plus de succd’autres. Dans le 1er mouvde « La Poule » – Symphonie on peut entendre une sorte decot » au hautbois !

     À juste titre? Ainsi donc, on ne compterait pmorceaux ou les œuvres dont lefut assuré par leur titre. Brève érationnon exhaustive. Chez Mla « Marche turque » – en f« Rondo alla turca » qui n’est

    une marche ! – a fait la populala Sonate en la majeur K.331,de ses effets percussifs qui prétimiter les musiques des janissChez Beethoven, la dédicace« bagatelle» vraisemblablemetinée à Therese von Brunswété mal déchiffrée. Au lieu dTherese », on a cru lire « Für EComme on ne connaissait pede ce nom dans la vie du mu

    ŒUVRES MÉCONNUESDU GRAND RÉPERTOIRE

    MERVEILLES OUBLIÉESC’est un cri de détresse lancé à tous les pianistes et les mélomanes ! Alors que le répertoireest immense, on doit bien admettre que l’on interprète toujours les mêmes « chefs-d’œuvre »,les autres compositions restant sur la touche. Pourquoi cette injustice qui fait que de Schumannon a bien plus de chances d’entendre les Études symphoniques et Kreiseriana que les Chantsde l’aube ou les Feuillets d’album ? Que les Sonates n°8, n°14 et n°23 de Beethoven sontnettement plus à la page au concert et au disque que les n°9, n°15 et n°24 ? Éléments de répon

    Extrait de la partitionde la Sonate D.575 de Schubert.Reproduction avecl’aimable autorisation

    des éditions Bärenreiter.

  • 8/18/2019 Pianiste - Mai_Juin 2016

    27/116

    GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE

    aux Scènes de la forêt , et que le Clair de lune de Debussy est le mouve-ment lent de la Suite bergamasque,qui évoque tout un univers à la  Watteau, dont l es pér ipéties de Pierrot et de la lune.

    Des chiffres et des lettres

    Le titre (ou plutôt son absence) n’estpas seul responsable de la négligenceoù l’on tient certaines œuvres. Aprèstout, les trois dernières sonates deBeethoven se passent de titre – il est vrai que pour les happy few piano-philes, on les désigne par leur numérod’opus (109, 110 et 111), et cette classi-ficationen dit assez aux connaisseurs.

    Idem pour l’opus 106 ou les D.958,D.959 et D.960 de Schubert. C’estd’ailleurs beaucoup plus chic de dire« j’adore la D.960 », sans préciser l’auteur – ça va de soi –, plutôt quede confesser que l’on pleure en écou-

    tant « Tristesse » de Chopin. Évidem-ment, cette manie des titres fait quel’on passe à côté de merveilles quin’ont pas eu la chance d’être titrées.En vrac, les Sonates n°4 en mi bémol etn°11 en si bémol majeur de Beethoven,les Polonaises en ut mineur opus 40n°2 et en fa dièse mineur opus 44 deChopin, qui ne sont ni « militaires »ni « héroïques », les Sonates en mibémol majeur D.568 et si majeur D.575 de Schubert où le jeune compositeurdevient enfin lui-même, les Nachstücke opus 23 ou les Chants de l’aube deSchumann, où se révèle si bien sonunivers spirituel, les Variations sur unthème de Schumann opus 9 de Brahms,moins brillantes que les Variations sur un thème de Paganini oude Haendel,mais