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DÉCEMBRE 2013 # 16 DETROIT GUERILLA POUBELLE THE NAKED AND FAMOUS THE 1975 MINOR ALPS AIRBAG OUR LAST NIGHT WOODEN SHJIPS JAKE BUGG THE GROWLERS LOU REED GLEN CHECK DAWES FOR A MINOR REFLECTION TANCRED INTO IT. OVER IT. MANSIONS ET PLUS ENCORE... TOP 5 DE LA RÉDAC'

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Magazine dédié aux musiques actuelles

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DÉCEMBRE 2013 # 16

DETROITGUERILLA POUBELLE

THE NAKED AND FAMOUSTHE 1975

MINOR ALPSAIRBAG

OUR LAST NIGHTWOODEN SHJIPS

JAKE BUGGTHE GROWLERS

LOU REEDGLEN CHECK

DAWESFOR A MINOR REFLECTION

TANCREDINTO IT. OVER IT.

MANSIONSET PLUS ENCORE...

TOP 5 DE LA RÉDAC'

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_PS MAG

_DÉCEMBRE 2013 #16_RÉDACTEUR EN CHEFYannis Mouhoun

_DIRECTEUR DE PUBLICATIONMatthias Meunier

_RÉDACTION MAGSami ElfakirEmmanuel Van ElslandeMartin Van BoxsomElie DibBazil HamardMarie-Audrey EspositoMaximilien de Boyer Marc AndrieuAlexis Dutrieux

_CONCEPTION GRAPHIQUEMatthias Meunier

[email protected]

_SITE WEBwww.playsound.fr

_UN PROJET DE : www.medias-culture.fr

_PLAYSOUNDPlaysound est une plateforme culturelle dédiée aux cultures rock. Elle est dotée d’un site d’actualité réactif et moderne, où brèves côtoient chroniques de qualité. Playsound est également un lieu de découverte à l’heure du numérique. Notre démarche s’inscrit dans une volonté de promotion des talents peu connus et de mise en valeur de toutes les formes de créativité. L’équipe de rédacteurs de Playsound forme un ensemble de passionnés tous poussés par la même ambition : partager leur amour de la musique.Nous couvrons l’essentiel de l’actualité musicale dans les styles rock (commerciaux ou non, la bonne musique reste de la bonne musique) : pop, alternatif, punk, heavy, électronique… Nous nous autorisons cependant quelques écarts : aucun dogme concernant les limites (qui sont très subjectives) de Playsound n’est instauré. Nous n’avons en aucun cas la prétention d’être les dictateurs légitimes du goût musical et artistique ; notre seul but est de vous conseiller car nous avons la conviction que la musique est un des grands plaisirs de la vie, forme d’expression de la pensée riche et complexe. Nous avons également à coeur de rendre hommage aux grands groupes et artistes qui ont contribué à la construction de la musique « contemporaine », et de décrypter certains phénomènes musicaux à travers dossiers improbables et éditos décapants.

_Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les dif-férentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la pro-motion de jeunes talents.

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_ÉDITO_NEWS_L'ACTU EN 140 CARACTèRES_INTERvIEW : THE NAkED AND FAMOUS_TALENTS_ZOOM : GLEN CHECk_FOCUS : RED ROCkS AMPHITHEATRE_LIvE REPORT : ARCADE FIRE_ILS L'ONT DIT_SOUvENIR : RADIOHEAD AU CHILI_DOSSIER : LE TOP ALBUM DE LA RÉDAC'_LIvE REPORT : QUEENS OF THE STONE AGE _RÉTRO : LOU REED_INTERvIEW : THE 1975 _CHRONIQUE : DETROIT × HORIZONS_SELECTION PS : GUERILLA POUBELLE × AMOR FATI_CHRONIQUES EN BREF_POUR OU CONTRE LA MERCANTILISATION DE LA MUSIQUE ?_FOCUS : BOB ERZIN, L'AUTRE MUR DE BERLIN

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_Billie Joe Armstrong et Norah Jones s'associentVoici une nouvelle pour le moins surprenante ! Billie Joe Armstrong, leader de la formation punk-rock Green Day, et Norah Jones, chanteuse jazz de renom, ont décidé d'enregistrer un album ensemble. Intitulé Foreverly, il est inspiré de Songs Our Daddy Taught Us de The Everly Brothers, un disque de chansons américaines traditionnelles sorti en 1958. Le fruit de cette étonnante collaboration est d’ores et déjà disponible.

_Mogwaï : nouvel album, nouveau titreLes Écossais s'apprêtent à sortir leur huitième album intitulé Rave Tapes. Ce dernier sera disponible dès le 20 janvier prochain via Rock Action Records. Paul Savage, qui avait déjà travaillé avec le combo sur Mogwai Young Team et Hard-core Will Never Die, But You Will, est de retour à la production sur cette nouvelle galette. Un premier extrait, « Remurdered », est déjà en écoute.

_Muse sort son nouveau DVD liveLe mois dernier, Muse annonçait la diffusion d’une de ses performances live dans plusieurs cinémas de France. Bonne nouvelle : l’expérience pourra se prolonger en DVD ! En effet, le live au Stade olympique de Rome, filmé le 6 juillet dernier, sortira en CD/DVD, CD/Blu-Ray et version digitale dès le 2 décembre prochain. Le trailer, l'artwork et la tracklist sont à découvrir en ligne.

_Du nouveau chez Band Of SkullsLe trio est de retour avec un tout nouveau titre intitulé Asleep At The Wheel. Celui-ci est issu du troisième opus du combo, Himalayan, dont la sortie est prévu pour début 2014 sans plus de précisions. En attendant, un court trailer est à visionner dès à présent.

_You Me At Six dévoile des détails sur son nouvel albumC'est désormais officiel : Cavalier Youth, le très attendu quatrième album du quintet, sortira le 27 janvier prochain. Après avoir mis en ligne un premier clip vidéo pour Lived A Lie en septembre dernier, le combo dévoile à présent un second extrait intitulé Hope For The Best. La tracklist ainsi que l’artwork de cette nouvelle galette sont également disponibles.

_NEWS EN BREF

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_NEWS EN FIL ROUGE + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS

_Le retour de U2Les Irlandais, silencieux depuis la sortie de No Line On The Horizon il y a plus de quatre ans, ont dévoilé un nouveau titre intitulé Ordinary Love, composé pour le biopic Mandela: Long Walk To Freedom. Actuellement en studio, le groupe devrait sortir son treizième album dès l'année prochaine.

_Warpaint sort un nouveau singleTrois ans après The Fool, le groupe électro-pop prépare la sortie d'un deuxième album, sobrement intitulé Warpaint, qui sera disponible à partir du 20 janvier prochain via Rough Trade. Un premier extrait, Love Is To Die, ainsi que l'artwork de ce nouvel opus sont à découvrir sur la toile.

_Canterbury partage des infos sur son nouvel opusLe troisième album des Anglais, intitulé Dark Days, sortira le 13 janvier prochain. De nombreux packages de pré-commande sont désormais disponibles via Pledge Music, plate-forme utilisée par le groupe pour le financement de la galette. L’art-work, ainsi qu’un premier extrait de Dark Days, sont d’ores et déjà en ligne.

_Billy Talent : réédition du premier albumPour fêter le dixième anniversaire de leur premier album, les Canadiens ont décidé d'en sortir une réédition. Celle-ci sera composée d’un premier disque avec les 12 titres du Self-Titled, ainsi que d'un second où sont rassemblés des démos et des live inédits. Le tout est actuellement disponible via Warner Music.

_The National : un inédit pour la BO de Hunger GamesAprès avoir sorti son sixième album en mai dernier, le combo dévoile un inédit, intitulé Lean, présent sur la BO du film The Hunger Games: Catching Fire, disponible depuis le mois dernier. La tracklist ainsi que l’inédit sont à retrouver sur playsound.fr.

_Metronomy fait dans l’originalité pour son nouveau singleLes Anglais ont dévoilé l'intégralité de leur nouveau single I'm Aquarius d'une manière pour le moins inventive. En effet, après avoir téléchargé l'application The Night Sky, il faut al-ors pointer son smartphone vers le ciel puis sélectionner la constellation Aquarius sur son écran pour débloquer l'écoute du single. Bien entendu, le titre est également en écoute de manière plus conventionnelle sur la toile.

_Un nouvel EP pour Simple PlanLe quintet a annoncé la sortie d'un nouvel EP intitulé « Get Your Heart On ! - The Second Coming ». Ce dernier sera con-stitué de morceaux écrits pendant la session d'enregistrement du quatrième album du combo, sorti en 2011. La sortie en version digitale est prévue pour le 3 décembre. Tracklist et artwork ont d'ores et déjà été dévoilés.

_Maximo Park revient avec un cinquième albumLes Anglais sont de retour avec un nouvel album, Too Much Information, dont la sortie est prévue pour le 3 février prochain. Pour patienter, le combo propose à ses fans d'en télécharger gratuitement un premier extrait, intitulé Brain Cells. La tracklist, l'artwork ainsi que des liens pour pré-commander la galette sont désormais en ligne.

_Skip The Use partage son nouveau single Après le succès de leur second album, Can’t Be Late, les Lillois dévoilent un tout nouveau titre intitulé Nameless World. Ce dernier est dès maintenant disponible à l’écoute ou au téléchargement sur Spotify, Deezer, iTunes et Amazon MP3.

_ ON EN A PARLÉ _MOGWAI SERA DE RETOUR EN FRANCE EN 2014 POUR TROIS DATES : LE 3 FÉvRIER à PARIS, LE 29 MARS à NîMES ET LE 3 AvRIL à LILLE.

_MAxIMO PARk PRÉSENTERA SON NOUvEL ALBUM AU PUBLIC FRANçAIS LE 22 FÉvRIER PROCHAIN à LA MAROQUINERIE DE PARIS.

_ BOMBAY BICYCLE CLUB FERA UN DÉTOUR PAR LA CAPITALE AU TRABENDO LE 14 FÉvRIER PROCHAIN.

_Marie-Audrey Esposito

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_LANA DEL REY (@_LANADELREY)

_DAN DEACON (@EBAYNETFLIx )

_CHvRCHES (@CHvRCHES)

Bientôt, Tropicohttp://youtu.be/VEmC7fSSXgQ

En train de m’amuser à faire des beats et des loops avec @Keezy. Sympa de voir une app musicale aussi colorée !

"Do I Wanna Know?" des @ArcticMonkeys est le meilleur rif depuis "7 Nation Army", peut-être même mieux. Je dis ça...

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_LADY GAGA (@LADYGAGA)

#GagaInSpace2015

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_20SYL (@MR20SYL)

Comme promis, mon remix de "Gimme shelter" des @RollingStones – #FreeDL – Enjoy ! https://soundcloud.com/20syl/rolling-stones-20syl

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_26 NOvEMBRE 2013

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_††† (@CROSSESMUSIC)

Vidéo de Bi†ches Brewhttp://crossesmusic.com/post/68083843943

_25 NOvEMBRE 2013

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_STEvE AOkI (@STEvE AOkI)

À L.A. on a battu deux records Guinness Book à la fois

_17 NOvEMBRE 2013

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_SACEM (@SACEM)

Chanson de l'année formidable pour @Stromae #PrixSacem

_25 NOvEMBRE 2013

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_Votre nouvel album, In Rolling Waves, est sorti le 16 septembre. Son titre vient, comme vous l’avez indiqué dans la presse, de la chanson Grow Old. À quel moment est intervenu le choix de ce nom, et en quoi reflète-t-il l’atmosphère du disque ?_Thom Powers (chant, guitare, claviers) : En effet, le titre vient de la chanson Grow Old. Nous l’avons composée cet hiver, et son écriture a enclenché la naissance du reste de l’al-bum de façon très rapide. Cette première démo retranscrivait parfaitement ce que nous recherchions à ce moment précis avec l’enchaînement entre un album considéré comme très prometteur et le retour à la case départ pour l’écriture du deu-xième album : de véritables contrastes émotionnels, permis tant par la mélodie que par les paroles. Le titre In Rolling Waves résume cette portée épique que nous cherchons constam-ment à inclure dans nos morceaux, cette portée immersive fai-sant de l’album – tout du moins nous l’espérons - une véritable odyssée. À l’écoute finale de l’album, nous ne pouvions rêver d’un meilleur titre pour englober tout le travail ainsi que l’envie qui ont mené à son existence aujourd’hui dans nos mémoires et dans les bacs._Originellement Néo-Zélandais, vous vivez désormais à Los Angeles. En deux ans de tournée, vous avez par-couru 25 pays, entre l’Europe Continentale, l’Amérique du Nord, l’Asie du Sud-Est et votre Océanie natale. Comment les foules rencontrées, les kilomètres avalés et les paysages contemplés ont-ils impacté votre vie d’artistes et de groupe ?_Thom : De manière incommensurable. Au fil des mois sur la route, nous avons tous appris énormément à propos de nous-mêmes ainsi que des autres membres du groupe. Cependant, pendant ce même temps, le monde entier a mûri et grandi à travers d’autres expériences, propres à chacun. Au final, ce ne sont pas uniquement deux années de concerts et de voyages, mais avant tout une partie conséquente de nos vies, avec son lot d’erreurs et de rencontres, qui sont venues nous enrichir et nous transformer. _Alisa Xayalith (chant, guitare) : Ces deux années passées à défendre Passive Me, Agressive You nous ont permis de nous découvrir, tant notre rythme de vie nous menait vers les versants les plus secrets de nos personnalités. In Rolling Waves est la consécration de cette vie si particulière, à part : nous n’aurions jamais pu l’écrire sans avoir traversé toutes ces épreuves inoubliables tous ensemble. Nous avons d’ailleurs souhaité écrire des morceaux taillés pour le live, car c’est sur scène que nous nous retrouvons les plus seuls face à notre public, forts de ces morceaux issus de notre vie nomade.

_La première chanson de l’album, A Stillness, semble tenir une place particulière dans votre œuvre en tant que pièce introductrice parfaite d’un nouveau chapitre de votre carrière. Pouvez-vous nous en dire plus ?_Thom : En l’écrivant, nous savions que cette chanson ou-vrirait le nouvel album. Elle évolue de manière à dévoiler l’en-semble des éléments qui forgent notre identité sonore de façon très progressive, et alterne progression intime et ex-plosion finale. Nous trouvions également qu’elle formait une synthèse fidèle de nos influences : une guitare épurée à la Smashing Pumpkins et un beat obscur rappelant les Chemi-cal Brothers. La chanson a également fait appel aux qualités de chacun. Elle est partie d’une idée de Iann, que j’ai essayé de transformer en véritable effort de groupe, avant que cha-cun ne vienne se greffer et en faire une véritable chanson de The Naked & Famous, que nous pourrions jouer avec plaisir et fierté pendant de nombreux mois._Alisa : En termes de processus créatif, nous tenons tous notre rôle très à cœur, et cette chanson, en l’occurrence, m’a demandé un grand travail de réflexion et d’écriture. Nous l’avions appelée Floating Around afin de retranscrire le senti-ment lévitatif qu’elle transporte, mais nous avons rapidement réalisé que l’objectif d’un tel morceau était au final d’atteindre un certain état de sérénité, d’où ce titre très descriptif. _Au cours de l’écriture de votre premier album, vous vi-viez les premières années de votre vingtaine. Vous avez désormais grandi, et croisé de nombreux artistes très renommés. Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus appris ?Thom : Il est vrai que de nombreuses rencontres ont donné vie à des amitiés qui ont apporté énormément à notre vision, jusqu’à nous façonner et nous faire grandir dans notre tra-vail de composition. Max, chanteur du groupe britannique Wolfgang, a notamment co-écrit la chanson What We Want. Celle-ci est née au cours de sessions d’écriture au Pays de Galles à ses côtés, alors que le processus créatif avait été mis en pause depuis plusieurs semaines. Sa capacité à concep-tualiser notre univers et à y apporter sa touche nous a fasciné et a permis la naissance d’un de nos morceaux préférés de l’album à un moment inattendu. Morgan Kibby, chanteuse et claviériste de M83 nous a également beaucoup marqués. Elle a produit un remix fantastique de « Young Blood » et a su sublimer notre touche. Nous adorerions travailler davantage avec elle dans le futur, ainsi qu’avec le reste du groupe avec lequel nous avons passé de très nombreux beaux moments.

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INTERvIEW : THE NAkED AND FAMOUS

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_Le monde a découvert Punching In a Dream dans FIFA 12 alors que Young Blood envahissait la blogos-phère. Où en êtes-vous vis-à-vis de ces titres partagés aux quatre coins du monde, qui ont été à l’origine de votre succès ?Alisa : Nous adorons toujours ces morceaux, ils font désor_mais partie de nous, à jamais. Et étrangement, nous ne nous en lassons pas et espérons ne pas croupir sur scène en les jouant comme des automates. Nous savons que le public les adore. Dès lors, nous prenons un plaisir immense à les jouer, peu importe la fréquence de nos concerts et l’âge de nos titres. _Thom : Je n’ai jamais bien compris ces artistes à phases, qui renient parfois leur travail passé pour défendre un nouveau genre. Elles font partie de notre parcours, nous ne pourrons jamais les écarter de notre chemin. The Naked & Famous est et sera toujours composé de ce bagage, peu importe la direction prise musicalement._En 2011, vous étiez de passage à la Maroquinerie, une salle à la capacité moindre par rapport au Trabendo, complet aujourd’hui pour votre passage à Paris. Ce gain de popularité est-il commun à l’ensemble de vos publics ? Quelles différences percevez-vous entre  les différents continents que vous traversez ?_Alisa : Il y en a énormément. Au-delà des lieux, les jours in-fluencent énormément les ambiances que nous retrouvons en concert. Les comportements sont très différents entre le samedi et le début de semaine par exemple. Jouer en Eu-rope est toujours très différent, tout le monde ne comprend pas instantanément notre langue, ce qui nous vaut parfois de grands silences après nos interventions parlées. Parallèle-ment, nous savons que les personnes présentes sont là pour notre musique, et qu’elle leur parle non seulement à travers les paroles, mais aussi et surtout à travers son essence-même : sa portée mélodique. _Votre son est une synthèse de nombreux genres : new wave, indie pop, électropop et parfois même classic pop. Comment le décrieriez-vous ? Quelles sont les in-fluences donnant naissance à ce son hybride ?_Thom : Je n’aime pas les tiroirs musicaux dans lesquels nous avons trop l’habitude de ranger les artistes. J’ai l’habi-tude de dire que j’écoute du rock alternatif, ce qui recouvre un nombre immense de groupes. Au final, c’est cette notion qui nous résume le mieux, comme elle pourrait définir M83 par exemple. C’est un courant alliant un rythme porteur et de manière quasi-systématique une guitare. Au-delà, il se trans-forme au fil des années et des origines.Nous avons produit cet album nous-même. Il est parfois difficile de ne pas en faire un cocktail d’influences. En effet, nous ne cherchons pas, lorsque nous composons, à reproduire le son des groupes que nous écoutons, ou à se dire « et si nous fai-sions également cela dans cette chanson ? ». C’est une erreur que nous pouvions commettre dans le passé. Cependant, une fois que vous comprenez que vous pouvez également susciter ces envies à d’autres à partir de votre vision et de vos envies, vous réalisez que vous ne partez de rien, et que ces influences vous aident juste à comprendre la puissance que vous pouvez donner à votre œuvre.

_La plupart de vos chansons ont eu droit à leur passage dans un film, ou dans une série à grand succès, comme The Vampire Diaries, Gossip Girl, ... Est-ce un choix vo-lontaire de votre part, ou une conséquence indésirable du succès ?_Thom : En toute transparence, il s’agit avant tout d’un moyen de nous rémunérer et de pouvoir produire plus serei-nement nos opus et nos tournées. Je pense que le cacher serait un mensonge. Cependant, nous avons découvert que cela avait un effet très positif. Au sein de notre public, nous avons retrouvé des passionnés de football qui nous avaient découverts sur FIFA, d’autres personnes ferventes de séries très différentes venues écouter la chanson ayant marqué un moment décisif d’un épisode très spécial et important pour eux. Au final, cela nous permet d’être accessibles au plus grand nombre, et de rencontrer des personnes aux richesses uniques._2014 s’apprête à marquer les esprits en Australie avec le déroulement du Big Day Out dans tout le pays en janvier. À vos côtés sont programmés des groupes ex-traordinaires tels qu’Arcade Fire, Blur, Major Lazer ou encore Pearl Jam. Quels sont vos plans pour les mois suivants ?_Alisa : Après un tel événement, nous savons d’ores et déjà que 2014 sera une nouvelle année passée sur les routes, car c’est ce que nous adorons. Nous venons de finir une tour-née nord-américaine et sommes actuellement de passage ici. Nous pensons revenir l’été prochain pour retrouver l’am-biance des festivals européens, que nous avions pu découvrir à Rock en Seine ainsi qu’en Allemagne et au Royaume-Uni. Nous avions adoré l’organisation et le sentiment général qui s’en dégageait, mêlant professionnalisme, convivialité et cé-lébration. L’Europe est pour nous le fief mondial des meilleurs festivals, et nous souhaitons en être._Quels sont vos artistes et coups de cœur du moment ? Si nous devions suivre vos conseils, que nous dirait votre iPod ?_Thom : La question tombe mal, j’écoute énormément d’au-diobooks en ce moment. Cependant, nous avons adoré l’al-bum éponyme de The 1975 ainsi qu’Hearththrob de Tegan & Sara, un véritable bijou qui nous rappelle l’ambiance sté-réotypée mais toujours authentique des avenues ensoleillées de Los Angeles. Reflektor d’Arcade Fire risque lui aussi de nous occuper un bon moment, nous venons de l’acheter mais n’avons pas encore eu le moment de nous plonger dans toute sa complexité. Nous avons une approche très particu-lière de la musique, qui s’est reflété dans notre découverte des Chromatics. Au départ, nous aimons un morceau, une ambiance, mais nous écoutons énormément d’albums et passons rapidement notre chemin, comme tout le monde. Le véritable plaisir réside dans la redécouverte infinie de ces atmosphères, qui nous font finalement découvrir nos albums préférés de longs mois après leur sortie.

_Emmanuel Van Elslande

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llll lllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #2llll FOR A MINOR REFLECTIONIls ont tout juste 23 ans, et pourtant déjà 7 ans de scène derrière eux. Formés en 2006, les jeunes Islandais de For A Minor Reflection (FaMR) étincellent dès la sortie de leur premier album Reistu þig við, sólin er komin á loft... (« Lève-toi et brille, le soleil revient ») en 2007. Ce disque lumineux tout en crescendo leur permet d’ouvrir pour Sigur Rós – pointure post-rock is-landaise s’il en est – lors de leur tournée européenne de 2008. Ces derniers iront même jusqu’à leur attribuer « le potentiel de dépasser Mogwai ». C’est peu dire ! Le groupe transforme l’essai en 2010 avec Höldum í átt að óreiðu (« Droit vers le chaos »). Son guitariste, Kjartan Holm, étant parti jouer au sein de Sigur Rós pour la tournée mondiale de ces derniers, le groupe est en pause depuis plus d’un an. Mais FaMR fait patienter ses fans avec la sortie d’un album Live at Iceland Airwaves cette année. Gageons que ces jeunes n’en sont qu’à leurs débuts, For A Minor Reflection est sans conteste un groupe à suivre de très près !

_GenrePost-rock, rock alternatif

_LabelIndépendant

_PaysIslande

_Site Officielhttp://foraminorreflection.com/

lllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #1lllllllllllllllllllllllllllllllllll DAWES L'honnêteté du chant et l'ingéniosité mu-sicale de « That Western SkyLine » en di-saient déjà long sur le potentiel des quatre garçons de Dawes lors de la sortie de leur premier album, North Hills, en 2009. Changeant leur registre en quittant le post-punk pour se diriger vers le folk-rock, les natifs de Los Angeles font le bon choix car leurs 3 albums appellent tous à l'évasion en laissant l'auditoire dans un émerveillement singulier.Le son est chaud et les albums toujours enregistrés en conditions de live, comme si le groupe voulait donner une dimension vivante aux disques ainsi qu'un sentiment de proximité envers l'auditoire. Ce sentiment est d'ailleurs décuplé par la voix chaleureuse de Taylor Goldsmith qui réalise de véritables prouesses et devient l'atout majeur du groupe de par son songwriting émouvant qui fait tou-jours mouche.En partant sur des bases folk-rock classiques qu'ils transforment en morceaux d'une générosité débordante, les Dawes créent un son à mi-chemin entre The Eagles, Dire Straits et Neil Young : de belles références pour un groupe dont la réputation se forge à force de tourner avec les pointures que sont Mumford and Sons et Bob Dylan, du tout bon !

_GenreFolk-rock

_LabelATO Records

_PaysÉtats-Unis

_Site Officielwww.dawestheband.com_T

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llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #3lllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TANCREDBlaine, Minnesota. C’est dans cette bour-gade de la banlieue de Minneapolis que tout a commencé pour Jess Abbott. Gui-tare à la main depuis l’âge de huit ans, elle y rencontre Cacie Dalager et Bradley Hale, fondateurs du groupe Now, Now, alors qu’elle quitte son Maine natal dans l’intention de poursuivre ses études. Celles-ci ne s’éterniseront pas : après deux EPs sortis en 2008, le trio voit son premier album Cars le propulser sur les scènes du monde entier en l’espace de quelques semaines. Now, Now devient instanta-nément un petit miracle pour la scène in-dépendante US et parcourt le globe aux côtés de Paramore et fun. C’est au cours des sessions d’écriture de Threads, sorti en 2012, que Jess compose seule quelques morceaux plus intimistes destinés à son projet solo, Tan-cred. Au départ acoustique, son (superbe) premier album se veut aussi pêchu qu’il est authentique, et nous offre une nouvel-le dimension captivante de la personnalité d’un petit bout de femme décidemment très surprenant.

_GenreIndie Pop

_LabelTopshelf Records

_PaysÉtats-Unis

_Site Officielhttp://tancredmusic.tumblr.com/

llll lllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #4lllllllllllllllllllINTO IT. OvER IT.Evan Thomas Weiss, l’homme derrière Into It. Over It., semble disposer de ressources créatives inépuisables. Compositeur pour les autres depuis 2001, il a, entre autres, collaboré avec Mike Kinsella (American Football) et Matthew Frank (Loose Lips Sink Ships) au sein du trio Their / They’re / There ainsi qu’avec son acolyte de toujours KOJI, avec lequel il a rempli la Miroiterie en novembre à Paris. Deux ans après le triomphant Proper, le musicien de Chicago revient avec Intersections et muscle son niveau d’écriture en signant l’un des plus beaux albums de l’année. Brian Deck (Iron & Wine, Modest Mouse, etc.), directeur artistique de l’opus, a su y apporter une touche indie parfaitement adaptée à sa musique, synthèse brillante d’Owen, Death Cab for Cutie et Dashboard Confessionnal. Baignant dans ce cocktail d’influences midwest, Into It. Over It. marie ainsi mélancolie et ambition sans jamais se brûler les ailes. Un talent à savourer, en attendant patiemment la consécration.

_GenreIndie Punk

_LabelTriple Crown Records

_PaysÉtats-Unis

_Site Officielhttp://intoitoverit.com

llll lllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #5lllllllllllllllllllllllllll MANSIONSTrois albums ont suffi à faire de Mansions un groupe à suivre de très près. Avec Doom Loop, nouvel album d’une cohérence extraordinaire, le duo s’impose comme une véritable référence de la scène indie punk américaine, en proposant des sonorités troublantes de sincérité et de simplicité. Originaire du Kentucky, Christopher Browder a toujours su développer une iconographie unique à travers ses artworks, reflets fidèles d’une œuvre décidemment à part. C’est en 2011 qu’est sorti Dig Up the Dead, un deuxième album parfait qui a su se frayer une place de choix parmi les classements les plus prestigieux du net. Depuis sa sortie, Mansions ne cesse de gagner en notoriété et en respect, notamment sur les routes. En effet, le duo a marqué les esprits au point de devenir une première partie idéale : Hellogoodbye, Taking Back Sunday ou encore The Get Up Kids sont autant de groupes qui ont écumé les salles américaines à leurs côtés. 2014 pourrait être l’année d’une première venue en Europe, à ne manquer sous aucun prétexte.

_GenreIndie Rock

_LabelClifton Motel Records

_PaysÉtats-Unis

_Site Officielhttp://www.thisismansions.com/

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_TALENT ZOOMUn an après leur second EP Cliché, les Glen Check, originaires de Seoul, reviennent en force avec un album rayonnant et plein de fraîcheur, à même de faire se lever mille soleils au-dessus de nos périples quotidiens.Glen Check a su gagner sa place dans la scène indépendante coréenne, et ce dès la sortie d’un premier EP, Disco Elevator en 2011. Rapidement repérés par le label coréen SoundHolic, les comparses ont enchaîné avec leur premier album, Haute Couture, sorti moins d’un an plus tard et mêlant avec une maîtrise troublante l’indie pop à la synth-pop sans complexe, avec une universalité remarquable. En novembre 2012, ils sortent l’EP Cliché en assumant un son plus agressif, plus electro rock tout en s’inspirant de la disco funk des années 80. Par la suite, ils reconnaîtront que cet EP se voulait être un hommage au Roi de la Pop. Facile dès lors de savoir de quoi étaient capables ces jeunes Sud-Coréens, qui ne cessent de diversifier leur panel de mélodies grâce à leurs techniques de production et de surprendre de par la variété des genres condensés dans leur musique aussi entêtante que renversante. Parallèlement, les Glen Check sont membres du collectif artistique The Basement Resistance, qui regroupe des personnalités du monde de l’audiovisuel, de la mode et de la musique sud-coréenne. On y retrouve ainsi June-One Kim et Hyuk-Jun Kang, membres fondateurs de Glen Check ; Eyejin, graphiste et VJ du groupe ; Daddy Goose, fashion designer du crew ; Nicolas Masson, manager du label Shiny Disco Club et Adrien Marc, nouvel arrivant français qui tient désormais sa place en tant que batteur pour Glen Check. Début 2012, l’équipe décide de quitter la Corée du Sud pour Barcelone et Lyon afin de commencer à composer le deuxième album, YOUTH!. Après 2 ans passés dans leur sous-sol (d’où The Basement Resistance) à travailler de multiples démos, le besoin de se changer les idées et de partir loin d’Asie afin de diversifier leurs influences, musicales comme inspiratrices, s’est fait sentir. C’est de là qu’est né YOUTH!, un album haut en couleurs donnant envie de se déhancher de bon matin dans les rues ensoleillées du Brooklyn des années 90. Tout y est cohérent. Du choix de la structure des morceaux à leurs noms. Et il n’y a pas une chanson qui n’ait pas sa place dans cet album, dans une uniformité ve-nant consolider un ensemble des plus aboutis. YOUTH! est un véritable hommage aux aspirations de la jeunesse d’une génération en quête de libertés, mais aussi à l’adolescence des membres, d’où un son inclassable et très personnel. Ceux-ci ont d’ailleurs récemment été contactés par Steve Lillywhite – producteur de Dave Matthews Band, U2 et des Rolling Stones, entre autres - pour une potentielle collaboration à venir, qui pourrait très vite changer la donne. Les jeunes prodiges seront également présents au (somptueux) festival SXSW en mars 2014. De plus, Samsung, véritable institution en Corée du Sud, a notamment utilisé une chanson de leur premier album Haute Couture pour la dernière annonce du smartphone Galaxy Round, album qui a remporté la récompense du meilleur album Electronic & Dance lors des Korean Music Awards en 2013.

L’intelligence avec laquelle les Glen Check préparent leurs compositions les emmènera loin. Ils devraient commencer leur promotion en 2014 en dehors de la Corée, et venir frapper à notre porte avec un maillot des Chicago Bulls et un ghettoblaster nous invitant à les rejoindre se trémousser au skate park entre deux Pepsi. Inutile de préciser qu’il sera très difficile de refuser la proposition au vu du niveau des deux acolytes.

_Emmanuel Van Elslande

_GenreNu Disco, Indie Pop, Electro-pop

_LabelSoundholic Entertainment

_PaysCorée du Sud

_Site Officielhttp://www.glencheck.co.kr/

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Ce mois-ci, ce n’est pas d’une salle dont nous allons vous parler, mais d’un lieu à l’air libre et pourtant l’un des plus prisés des artistes du monde entier pour se représenter : le Red Rocks Amphitheatre.À une quinzaine de kilomètres de Denver dans le Colorado, cet amphithéâtre est unique en son genre. En effet, pensé par un architecte de Denver, Burnham Hoyt, cet endroit si particulier est bordé de formations rocheuses donnant une acoustique impeccable pour des prestations en live. Pourtant, l’idée a germé longtemps dans la tête de John Brisben Walker, un journaliste américain. Au début du XXème siècle, cet homme amateur de musique s’aime à rêver de pouvoir produire ses artistes favoris dans ce « Jardin des Anges » qui attise sa curiosité. Ni une, ni deux, Walker s’ap-proprie le lieu et le renomme même le « Jardin des Titans ». Il aménage alors une sorte de plateforme lui permettant d’organiser son premier concert où se produira un groupe composé de 25 membres et emmené par son leader Pietro Satriano. C’était le 31 Mai 1906. Mais la première personne à se rendre compte du potentiel du Red Rocks fût la chan-teuse d’opéra Mary Garden qui s’y produisit cinq ans plus tard et affirma qu’elle n’avait jamais connu pareille « salle » de concert avec une telle acoustique.

Très vite, la rumeur se propage que cet emplacement naturel serait un excellent filon pour la ville de Denver. Et, en 1927, celle-ci, par l’intermédiaire de son responsable des parcs, George Cranmer, rachète le terrain à John Walker pour la « modique » somme de 54 133 $ ! Ce nouvel acquéreur va alors renommer le site, qui devint officiellement le « Red Rocks ». Cranmer voit néanmoins les choses en grand. Il veut embellir ce lieu, lui donner une allure spartiate comme une arène romaine. L’idée de construire un amphithéâtre vient donc naturellement dans la tête de l’Américain qui doit

alors réunir les fonds pour permettre une telle chose. Il peut alors compter sur le concours de deux partis de l’époque, le « Civilian Conservation Corps » et le « Works Progress Administration » pour assouvir ses envies. Commencé en 1936, l’amphithéâtre sera totalement achevé en 1941. Si son histoire est atypique, elle en devient légendaire grâce aux formations qui vont venir lui donner une nouvelle dimen-sion, très rock’n’roll. Ainsi, si les Beatles ont été le premier groupe de rock à se produire dans cet environnement par-ticulier en 1964 (pour l’anecdote, le concert était loin d’être sold-out), vite imité par Jimi Hendrix en 1968, les premiers faits marquants remontent à 1971 durant la prestation live du groupe Jethro Tull. En effet, alors qu’un millier de personnes étaient venues sans avoir leur ticket, la police de Denver décida de les mettre derrière la scène. Ainsi, à défaut de voir leurs artistes favoris, ils eurent au moins l’occasion de les entendre. Néanmoins, cela ne suffit pas à une poignée d’aficionados qui décidèrent de forcer le passage. Gaz lacrymogène, violence et insultes gâchèrent la fête et en-traînèrent la suspension de concerts de rock pendant plus de cinq ans. Une fois la sanction purgée, le Red Rocks Amphitheatre allait se transformer en véritable lieu culte illustré par le concert de U2 en 1983, filmé et qualifié par le magazine Rolling Stones comme l’un des « 50 moments qui ont changé le Rock’n’Roll ». Si d’autres formations mythiques telles qu’Oasis, A Per-fect Circle, Ben Harper, R.E.M et Coldplay sont venues se représenter là-bas, et si ce lieu a été utilisé dans le cadre de films, clips et autres DVD live, c’est sans doute Geddy Lee du groupe Bush qui en parle le mieux: « C’est un lieu incroyable. Un des plus beaux endroits où l’on peut se représenter en Amérique… ou même dans le monde entier ». .

_Elie Dib

RED ROCkS AMPHITHEATRE

_FOCUS

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Nous y voilà, avec ce précieux billet en main, celui qui s'est arraché jusqu'à plus de 500 euros au marché noir, devant le Pavillon Baltard. Ce bâtiment classé, plus habitué aux plateaux TV qu'aux concerts de rock, est le cadre privilégié de l'événement live parisien de cette fin d'année.Arcade Fire aka The Reflektors posent les valises de sa tournée promo européenne sur le sol français, pour présenter en live leur album le plus ambitieux, Reflektor, encensé par la critique (dont Playsound).

C'est à une véritable fête à laquelle nous allons assister ce soir. Les Canadiens incitent leur public à venir assister au concert déguisé, le décor se veut festif, l'ambiance est à la liesse populaire.Lorsque les lumières s'éteignent, c'est au balcon du Baltard que le couple Win Butler et Régine Chassagne apparaissent pour My Body Is a Cage avec une version duo intimiste. Les autres Reflektors enchaînent immédiatement avec l'intro de It's Never Over, le groupe se dévoile alors complètement sur scène, devant une assistance qui explose.

Comme sur les autres dates de cette tournée promo, le ré-cent album est interprété dans sa quasi-intégralité. Certains morceaux en profitent pour révéler tout leur potentiel scénique à l'image de l'épique Joan Of Arc ou de Here Comes The Night Time, transformant la salle en dancefloor géant. Win Butler trimballe sa grande carcasse et semble de plus en plus à l'aise micro en main, débarrassé, à l'occasion, de tout instrument. Son charisme guidera le reste de la troupe, au diapason, tout le long de cette soirée.

Quelques pépites des précédents LP sont également de la partie. Le classique survitaminé Neighborhood #3 rappelle nos premiers émois franco-canadiens, tandis que «Sprawl II envoie Mme Butler, et le public, dans les étoiles.Mais les deux perles de la soirée seront sans conteste les deux premiers singles du nouvel album. Sans vraiment de surprise, en fait, tellement ces deux chansons transpirent l'hymne à concert.Afterlife laisse exploser son refrain fédérateur et devient un incontrôlable tourbillon dansant, tout comme le déjà classique Reflektor, titre emblématique du dernier opus.

Le classique et puissant Wake Up avec son traditionnel refrain repris en chœur, sera le coup de grâce de la soirée. Arcade Fire vient de nous proposer bien plus qu'un simple concert. C'est à une fête, une communion entre un groupe, au sommet de son art, et son public à laquelle nous avons participé ce soir. Rarement cette ambiance de « coolitude » s'est faite autant ressentir avant, pendant et après un concert (W.Butler incitant le public à rester dans la salle à la fin du show pour danser au son du DJ). Tout simplement jubilatoire.

_Marc Andrieu

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_LIvE REPORT

ARCADE FIRE AU PAvILLON BALTARD : 22/11/13

SETLIST :My Body Is a Cage / It's Never Over (Oh Orpheus) /

Neighborhood #3 (Power Out) /Flashbulb Eyes / Joan of Arc / You Already Know / We Exist / Afterlife / Sprawl II (Mountains Beyond

Mountains) / Haïti / Normal Person / I'm So Bored With the U.S.A. (Clash) / Here Comes the Night Time

// Reflektor / Wake Up

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“J’ai envie de faire un album entièrement acoustique. Pas forcément un album avec de gros refrains.”NME

“Je me fais encore draguer par des mecs parce qu'ils veulent faire partie du casting pour le biopic sur Kurt Cobain, en cours de production depuis des années. Certains noms pourraient grandement vous surprendre.” Fashion Magazine

“Cette pause va durer un petit moment. Je ne pense pas qu’il faudra trop longtemps pour qu’on se réunisse à nouveau, mais il est temps de souffler un peu.” Hollywood Reporter

“Je suis juste vraiment déprimé. J’imagine que je paye pour tous les excès. C’est le mélange de tout un tas de choses que j’ai pu expérimenter.” NY Times

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_SOUvENIR

Certain concerts nous marquent plus que d'autres. C'est souvent le cas pour nos artistes préférés car, dépassées par la passion, la raison et l'objectivité passent souvent au second plan.J'avais déjà eu l'occasion (la chance) d'assister, à plusieurs reprises, à un concert de Radiohead, dans des salles classiques ou dans des lieux d'exceptions (arènes). Quand ce 27 mars 2009, je me retrouve devant l'entrée de la « Pista Atletica Es-tadio Nacional » de Santiago du Chili, je me doute que cette date restera à tout jamais marquée...

Un pays, le Chili, certainement le plus « rock » de l'Amérique du sud. Une ville, Santiago, bouillonnante comme on imagine ces grandes métropoles de l'autre côté du monde. Un lieu, ce vieux stade, usé par de nombreux matchs de football et autres événements marquants de l'histoire politique et sociale du pays.La nuit tombe mais il fait encore chaud, la « cerveza » locale commence à faire effet.Lorsque toutes les lumières s'éteignent et que le groupe d’Oxford arrive sur scène, l'ovation est à la hauteur de l'événement puisque Radiohead joue pour la première fois au Chili. Les 40 000 Chiliens, plus le gringo que je suis, hurlent leur joie.La seule chanson d'intro fera basculer ce concert dans l'inoubliable. Ce soir là, l'hymne du groupe Creep, rarement interprétée sur les dernières tournées, fait office d’« opener ». Les craquements de guitare de Johnny Greenwood annonçant le refrain, résonnent encore moi. La suite ne sera qu'un enchaînement de moments inoubliables. Ce soir-là Ra-diohead et le Chili m'ont fait vivre certainement le meilleur concert de ma vie. Séquence émotion.

_Marc Andrieu

RADIOHEAD AU CHILI : 27/03/2009

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_DOSSIER

LE TOP 5 DE LA RÉDACTIONToute l'équipe de la rédaction de Playsound s'est à nouveau retrouvée autour d'un top 5 individuel reprenant, selon les goûts personnels des rédacteurs, leurs 5 albums favoris de cette année 2013. L'occasion pour vous de retrouver le florilège de ce qui s'est diffusé en boucle dans nos oreilles tout au long de cette année. En tête de gondole se retrouvent Arcade Fire, les Arctic Monkeys ou encore Daft Punk, mais non content de ne s'arrêter qu'aux énormes succès commerciaux, ce classement vous donnera l'occasion de découvrir les univers de ceux qui font vivre ce magazine depuis 2 ans déjà.

_Top 5 par ordre d'apparitionYannis MouhounMatthias MeunierBazil HamardElie DibMarc AndrieuMartin Van BoxsomMaximilien le BoyerSami ElfakirEmmanuel Van ElslandeMarie-Audrey Esposito

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PANIC! AT THE DISCOTOO WEIRD TO LIvE, TO RARE TO DIE

Tous les 3 ans en moyenne, c’est la même chose : le duo originaire de Las Vegas réin-vente son monde, remet en question son line-up, et propose une galette d’inédits qui ne ressemble jamais la précédente. Sur Too Weird To Live, To Rare To Die, PATD! a réalisé un charmant travail mélodique, quitte à faire des orchestrations une question subsidiaire.

FALL OUT BOYSAvE ROCk N ROLLSi Fall Out Boy n’a pas ébloui sur son 6ème LP paru au printemps dernier, le retour de la formation sur la scène internationale ne constitue pas moins un évènement majeur. Inattendue, la fin du hiatus du quatuor américain a eu le mérite de permettre un renou-vellement de l’identité de la formation. Energie, réalisation au poil : on en redemande !

FRANZ FERDINANDRIGHT THOUGHTS, RIGHT WORDS, RIGHT ACTION

Une machine à tube. Franz Ferdinand a frappé fort cette année avec un nouvel opus pour le moins efficace et limpide. A défaut de surprendre, le combo écossais a démontré une nouvelle fois qu’il maîtrise parfaitement son sujet, en proposant un panel de titres cohérents et euphorisants, à l’image du single-phare Love Illumination.

THE NAkED AND FAMOUSIN ROLLING WAvESAvec In Rolling Waves, la formation néo-zélandaise a confirmé son goût de l’esthétisme en approfondissant le champ musical introduit sur Passive Me, Aggressive You en 2009. L’album tire de ses sonorités électroniques une mélancolie certaine, nuancée par de très dynamiques relents rock. En un mot : magique.

WOODkID THE GOLDEN AGE

Un chef-d’oeuvre. En un opus, Yoann Lemoine a installé son univers aux sonorités no-bles et puissantes sur la scène internationale. The Golden Age est assurément un album qui vieillira bien, tant il est atypique, homogène et novateur. Mention spéciale pour les orchestrations, grand point fort du disque, conjuguant à la perfection vents élégants, cuivres subtils et percussions tonitruantes.

_Yannis Mouhoun

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FRANk TURNERTAPE DECk HEARTIl y a de ces artistes dont les carrières en solitaire éclipsent totalement les groupes dans lesquels ils ont joué. C’est le cas pour Frank Turner, ex-chanteur de feu Million Dead. Ce punk au cœur tendre nous a déjà livré un paquet de bons albums, et c’est, probable-ment par souci d’unité discographique que Tape Deck Heart est également une pépite. Beaucoup plus introverti et personnel que ses précédents opus, Frank Turner a ce don de nous toucher en dépeignant des moments de vies dans lesquels nous nous sommes tous déjà retrouvés, avec une fougue et une émotion qui ne peut nous laisser de marbre.

FAUvEBLIZZARD

Déjà encensée par les médias musicaux les plus en vogue et par toute une suée d’adolescent(e)s en mal d’aimer (ce que je ne peux que déplorer), c’est à mon tour de saluer la sortie de Blizzard cette année. Déprimé, meurtri, éraflé, nauséeux, tête à claque, mièvre, bancale, maladroit mais tellement touchant. Fauve c’est la révolte d’un mal être collectif, c’est l’envie d’y croire, de regarder plus loin que le bout de son nez pour y trouver la rage de lutter contre l’anxiété et l’angoisse de l’époque dans laquelle nous vivons. Tout en espérant que ce billet doux sera remercié avec l’arrivée de Vieux Frères début 2014…

ALkALINE TRIOMY SHAME IS TRUETriste constat qui n’en demeure néanmoins qu’évident, la souffrance et la tristesse d’un homme sont des combustibles extrêmement prolifiques pour la composition d’une œu-vre, à l’image de la plupart des albums de ce top. Mais ce constat s’applique également à un style musical considéré comme plutôt festif. C’est en effet « grâce » à son dou-loureux divorce que Matt Skiba nous délivre probablement l’un des meilleurs albums d’Alkaline Trio de sa carrière. My Shame Is True est assurément la pépite punk-rock de l’année 2013. Punk, romantique et désespéré. Bravo Alkaline Trio !

STROMAERACINE CARRÉE

Déjà conquis par son précédent opus Cheese, c’est non sans ressentir une certaine excitation que j’attendais la sortie de Racine Carrée. Je dois l’avouer, je suis fasciné par celui que l’on appelle désormais le nouveau Brel. Beats électro cisaillés à en re-tourner les dancefloors, le jeune Belge dépeint néanmoins dans ses morceaux la du-reté de sa vie, de la vie, de nos vies. Le décès d’un père, l’échec amoureux, le cancer, le sida, l’homophobie, la mort… Les sujets les plus durs sont passés au crible au point de devenir de véritables hymnes à fêter et danser la vie.

BRING ME THE HORIZON SEMPITERNALC’est la surprise de l’année 2013. C’est peut-être même, à mon sens, le meilleur album de l’année. Sempiternal signe plus que le retour triomphant des Anglais de Bring Me The Horizon, il symbolise aussi sa quintessence comme son renouveau. L’arrivée de Jordan Fish confère à cet album une énergie incroyable, proche de la symphonie. Le nouveau style de chant qu’opère Oli Sykes, renforce l’aspect violent et cru des paroles dont il est l’auteur. Comme quoi, la catharsis reste le meilleur moyen pour l’Homme d’exprimer réellement ce qu’il ressent. Vivement la suite.

_Matthias Meunier

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THE TEMPERANCE MOvEMENTSELF-TITLEDAprès un formidable EP, les cinq Anglais de The Temperance Movement reviennent avec leur premier album qui restera définitivement ma plus belle découverte cette année.Alternant riffs massifs et ballades très inspirées, en témoigne l’excellent Chinese Lan-terns, l’album dévoile un son très vintage allié à un ensemble d’une cohérence rare.Avec Only Friend, Morning Riders et Take It Back, le quintet de Glasgow montre qu’il connaît la recette exacte du tube hard rock qui vous fait taper du pied sans même que vous le remarquiez ; en puisant directement aux sources du blues rock les Anglais nous feraient presque oublier que nous sommes en 2013 ! On sent que l’esprit bienveillant des Black Crowes n’est pas loin…

ARCTIC MONkEYSAM

À l'origine d'un renouveau du rock British, les Arctic Monkeys n'ont pas fini de surpren-dre et m'ont vraiment bluffé avec leur nouvel opus. Le changement de style était osé et s'avère déroutant... d'abord très déçu, il m'a fallu plusieurs écoutes avant de pou-voir savourer pleinement cette galette : et quelle claque ! En enregistrant en Amérique, les quatre garçons changent radicalement d'ambiance sonore, explorant le monde du stoner initié par leur pote Josh Homme, puis le blues rock style Black Keys et même le hip-hop. Véritables bêtes de scène et forts de morceaux déjà rendus classiques et d'une énergie rare, Alex Turner et sa bande déchaînent les foules : à voir absolument!

BURNING HOUSEWALkING INTO A BURNING HOUSEHervé Salters est l'homme qui est à l'origine de l'engouement que j'ai aujourd'hui pour la musique et sans qui je n'écrirais peut-être pas ces lignes. Génie des claviers et leader de General Elektriks, le Français revient avec un side-project bluffant créé avec Chief Xcel (Blackalicious). Il en résulte un son unique, que je n'ai jamais entendu ailleurs, comme si le duo venait de créer un nouveau style musical mettant tout le monde d'accord. Les arrangements si bien foutus de Salters et Chief Xcel laissent bouche bée pendant 40 minutes, 40 minutes d'euphorie durant lesquelles vous vous demanderez pourquoi per-sonne n'a jamais songé à faire ce genre de musique tant Walking Into A Burning House devient une évidence.

ARCADE FIREREFLEkTOR

Beaucoup les attendaient au tournant après l'incroyable The Suburbs, pourtant je ne me faisais aucun souci concernant la qualité du nouvel album. En effet, Arcade Fire fait partie de ces groupes dont le génie créatif est sans limite. Cherchant sans cesse à se renouveler, les Canadiens explorent ici des sons entre new wave et culture haïtienne pour un double album déroutant qui ne laisse personne indifférent. Si vous ne vous êtes pas encore pris de claque, il est grand temps de vous rattraper car, à l'instar d'un grand vin, Reflektor se bonifie avec le temps. Maintenant je n'attends plus que de voir comment les Canadiens vont défendre leur nouveau bijou en live, car rien ne vaut Arcade Fire en concert!

QUEENS OF THE STONE AGE ...LIkE CLOCkWORkEntre Reflektor et ...Like Clockwork, le choix fût rude. Mais l'album des Queens Of The Stone Age mérite définitivement sa place. Il faut dire qu'après nous avoir fait attendre 6 ans ce nouvel opus, les Californiens ont réussi un coup de maître en signant ici un album mélancolique d'une cohérence rare à l'aide de guests forts bien choisis. Josh Homme, qui n'a jamais aussi bien chanté, nous régale de son stoner habituel et se permet de sor-tir des sentiers battus afin de nous mener à travers divers styles musicaux qui rappellent tantôt Bowie, tantôt Pink Floyd, mais toujours avec cette patte unique qui fait la force du quintet : du grand art !

_Bazil Hamard

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HOLLYWOOD UNDEADNOTES FROM THE UNDERGROUND

L’année 2013 avait commencé tambour battant avec le retour des Californiens de Hollywood Undead. Les rois du rapcore américain avait fait sensation avec ce Notes From The Underground tout droit sorti des abysses. Beaucoup plus accessible que ses prédécesseurs, cet opus a eu le mérite d’osciller entre pop mélodique (Rain ou Out-side) et morceaux trash à l’ambiance lourde et malsaine (Kill Everybody, Dead Bite). Un mélange savoureux, qui s’éloigne de la violence des débuts, mais donne encore plus de crédit à la formation américaine sur la scène internationale.

WOODkIDTHE GOLDEN AGEÀ l'origine d'un renouveau du rock British, les Arctic Monkeys n'ont pas fini de surpren-dre et m'ont vraiment bluffé avec leur nouvel opus. Le changement de style était osé et s'avère déroutant... d'abord très déçu, il m'a fallu plusieurs écoutes avant de pou-voir savourer pleinement cette galette : et quelle claque ! En enregistrant en Amérique, les quatre garçons changent radicalement d'ambiance sonore, explorant le monde du stoner initié par leur pote Josh Homme, puis le blues rock style Black Keys et même le hip-hop. Véritables bêtes de scène et forts de morceaux déjà rendus classiques et d'une énergie rare, Alex Turner et sa bande déchaînent les foules : à voir absolument!

FAUvEBLIZZARD

Qui n’a pas entendu parler de FAUVE, ce collectif ouvert parisien qui a fait le buzz cet été, en particulier avec son titre Nuits Fauves ? Mélange de spoken word, pop et rap, le collectif est surtout connu pour ses textes traitant de la société actuelle, sans utiliser de pincettes. Insaisissable et anonyme, il attise la curiosité et c’est seulement au bout de quelques écoutes qu’on se rend compte de la chance que l’on a d’avoir assisté à l’ex-plosion d’un tel groupe. Un moment fort de l’année.

FALL OUT BOYSAvE ROCk N ROLLLes Fall Out Boy sont revenus plus forts que jamais. Alors que l’on se languissait des Américains depuis l’annonce de leur hiatus en 2009, ils nous ont réservé une bien belle surprise avec Save rock’n’roll. Alors, certes, leur nouvelle direction musicale a pu en déstabiliser quelques-uns, mais force est de constater que leur album est selon moi le plus abouti de leur carrière. Avec des morceaux toujours autant catchy (The Phoenix) et quelques perles pop (le titre éponyme avec Sir Elton John ou Just One Yesterday), la formation a signé un retour impressionnant comme en témoignent leurs clips vidéos et leurs live, toujours aussi bien ficelés.

DAFT PUNk RANDOM ACCESS MEMORIES

Difficile de ne pas mentionner le séisme provoqué par la sortie de l’album du duo électro français. Huit années d’attente qui ont été largement compensées par la qualité de ce petit bijou qu’est Random Access Memories. Loin de leurs précédents opus en termes de sonorités, ce nouvel album a signé la maturité d’un groupe qui n’a plus rien à prouver. Ainsi, on navigue aisément entre les morceaux qui mettent en avant la funk, le disco ou encore la pop, le tout agrémenté de guests de renom. Bref, le combo masqué a su en-core me faire frémir et trembler. C’est donc logiquement que les efforts des deux Français continuent à truster le top de ma discographie sans jamais me lasser.

_Elie Dib

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THE vEILSTIME STAYS, WE GOAvec son quatrième album studio, le groupe amené par le charismatique Andrews Finn vient s'asseoir définitivement à la table des meilleurs groupes de rock/folk indé. Si les Néo-Zélandais ont pris le temps de revenir (4 ans), c'est pour mieux nous charmer de leurs mélodies imparables (la lancinante The Pearl). Un album plus énervé que le précédent (le brulot Dancing With The Tornado) qui met une fois de plus en évidence le talent de songwritter du leader. L'ambiance est aux grands espaces, à la douce mélan-colie, aux rêves. Superbe.

CLOUD CONTROLDREAM CAvE

Le deuxième album des Australiens est un petit bijou de pop moderne. Le groupe brasse l'ensemble de ses influences pour nous livrer un LP d'une richesse surprenante. Extrêmement varié et porté par l'efficacité du single Dojo Rising, Cloud Control triture sa dream pop psychédélique pour notre plus grand bonheur. Le résultat est lumineux et augure un avenir des plus radieux pour un groupe qui reste aujourd'hui curieusement confidentiel. À découvrir sans plus attendre.

NICk CAvE AND THE BAD SEEDSPUSH THE SkY AWAYEn 2013 Monsieur Nick Cave revient donner une leçon de classe rock n'rollienne à toutes les jeunes pousses. Plus crooner (la superbe Mermaids) que jamais et formidablement soutenu par ses Bad Seeds, l'Australien livre un de ses meilleurs albums. Mention spé-ciale au titre Jubilee Street qui justifie à lui seul l'achat de l'objet. Certainement un de ses disques les plus apaisés, loin du projet parallèle Grinderman, à la beauté sombre et vénéneuse. Ça s'appelle la classe.

ARCTIC MONkEYSAM

Le cinquième album studio des prodiges de Sheffield est le plus accessible. Un côté plus pop assumé et réussi grâce à la qualité d'écriture d'un Alex Turner plus leader que jamais. Un LP sexy et dansant, bien loin de l'urgence des débuts du groupe. On retrouve l'empreinte de Josh Homme, une nouvelle fois présent dans le processus d'enregis-trement, devenu « grand gourou » officiel du groupe. Un album qui s'apprécie avec le temps et prouve s'il en était besoin, que les Arctic Monkeys sont bien les fers de lance d'un rock anglais méchamment romantique.

ARCADE FIRE REFLEkTORL'un des albums les plus attendus de l'année. Les Canadiens réinventent leur musique en y insufflant des rythmes électro et des percussions africaines sur des titres approchant les six minutes, sans jamais perdre la face. Arcade Fire devient même dansant et sexy, à l'image de l'incroyable single Reflektor. Un double album qui repousse les limites de la créativité musicale et envoie le groupe vers des contrées encore inexploitées. Orgasmique.

_Marc Andrieu

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THE WORLD'S ENDORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACk

Tiens, une B.O. ? Après tout, pourquoi pas ? Surtout quand elle contient toutes les pépites de la scène musicale britannique des années 80/90. Primal Scream, Blur, Soup Dragons, Happy Mondays, Suede, The Stone Roses, The Sisters Of Mercy … Une sélec-tion de choix par monsieur Edgar Wright (réalisateur) et Simon Pegg (acteur) pour illustrer les thématiques principales de leur film : la jeunesse, la fête. Et surtout la bière. Brit-pop, madchester, dance, house, psyché rock, pop indé, new wave … Chaque nouveau morceau sera votre titre préféré. Ne cherchez plus ! Vous venez de trouver la bande son de toutes vos futures soirées.

PESTE NOIREPESTE NOIREUn album certes en dehors des sentiers battus pour Playsound, mais nous sommes tous un peu Dr. Jekyll et Mr Hyde à la fois ! Les riffs gras, les relans de bière, la sueur... c’est mon petit péché mignon. Depuis son chef d’œuvre La Sanie Des Siècles - Panégyrique De La Dégénérescence (2006), je suis tombé amoureux de ce groupe à l’idéologie un brin douteuse, dont la carrière est parsemée de coups de génie comme d’albums bien plats. Et, avec ce dernier disque, sa tête pensante Famine nous propose la somme des atouts de Peste Noire. Le tout n’est pas exempt de défauts et il y a bien quelques minutes de lassitude, mais PN fait ici – et comme souvent – preuve d’une originalité et d’un culot rares dans le milieu musical actuel. La pandémie est lancée.

SIGUR RóSkvEIkUR

Près de 20 ans qu’ils existent, et avec Kveikur, leur 7e sortie studio, les Islandais de Sigur Rós font un nouveau pas en avant. Il avait pourtant bien failli ne jamais se faire, ce pas. L’année précédente, le groupe accouchait difficilement de Valtari, et le guitariste historique Kjartan Sveinsson annonçait son retrait progressif du projet. Sous cette lumière, Kveikur s’avère être l’album du renouveau, l’illustration nouvelle d’un quatuor devenu trio. Le choc, le grand écart d’avec les longues plages de drones de Valtari, se fait sentir dès le premier titre Brennisteinn et sa basse agressive quasi-électronique. Tout au long des 50 minutes d’album, les percus s’affirment bien plus que sur n’importe quelle autre sortie des Islandais, pour un résultat plus tonique, et plus tonitruant. Le changement, c’est maintenant !

FUCk BUTTONSSLOW FOCUSQuatre ans après l’incroyable Tarot Sport, Fuck Buttons revenait, toujours aussi dan-tesque, mais presque radicalement différent. Exit les « soundscapes » ouverts de la précédente galette, les envolées lumineuses, les visions galactico-mystiques à la 2001. Tarot Sport se savourait en extérieur, par une froide journée d’hiver, sèche et ensoleillée. Slow Focus, quant à lui, s’apprivoise en espace clos, sombre, sous une météo pluvieuse. Paranoïaques, claustrophobes : s’abstenir. Slow Focus s’insinue dans les méandres du cerveau pour mieux le torturer. Toujours aussi bruitiste, mais finalement plus accessible, la dernière création du duo anglais se la joue « dark bling ».

SIN FANG FLOWERS

Je dois le reconnaitre, je n’ai pas été très aventureux en 2013. Pas cherché vraiment à découvrir de nouveaux noms. Je me suis contenté d’attendre les sorties de mes groupes favoris. Mais quelles sorties ! La dernière pépite de Sin Fang illuminait les cœurs en ce début d’année plutôt frais. Des pistes douces, chaleureuses, une pop psyché-folk qui file irrémédiablement le sourire, malgré la morosité ambiante. Young Boys, le titre qui ouvre l’album, je l’ai chanté à tue-tête durant des mois. La faute à des mélodies entêtantes, à l’air nostalgique du chant, aux chœurs épiques. Certes, Flowers n’a rien d’une révolution musicale, mais c’est un pur moment de douceur et de magie. À écouter sans modération.

_Man Van Boxsom

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MOTöRHEADAFTERSHOCkSoyons francs, cet album est excellent. Certes, il n'a pas la petite pointe électro qui passe bien pour les radios ou les plateaux télés. C'est aussi certain que Motörhead reste dans son genre invariable si puissant. Efficace, net, propre et sans bavure. Mais le « problème », c'est que le trio emmené par Mister Lemmy Kilmister (basse, chant, whisky et speed) a 55 ans de moyenne d'âge, et envoyer aussi fort à cet âge-là mérite le plus grand respect. Surtout avec des chansons du calibre de Heartbreaker, Lost Woman Blues ou le poudreux Keep Your Powder Dry. Tant que Lemmy vivra, le vrai rock sera. « Et basta ! » comme disait Léo.

PARAMOREPARAMORE

Un peu de joie et de douceur dans ce monde brut. Dans cette sélection pleine de tes-tostérone, il fallait apporter un contrepoids de choix : Paramore. Pour leur quatrième al-bum studio, les Américains de Paramore affichent une pop efficace capable de franchir la carapace de l'auditeur plus habitué au son des guitares stoner et heavy. Il faut dire que la voix de (la jolie) Hayley Williams y est pour beaucoup. Une jolie surprise d'avril à redécouvrir pour ceux qui seraient passés à côté.

ARCTIC MONkEYSAMBon. Très bon. Arctic Monkeys a développé sa véritable identité musicale : old school, mais version 2010. Dominé par le tube Do I Wanna Know, cet AM marque un véritable pas en avant dans la discographie des singes arctiques. Deux ans après Suck It and See, Alex Turner et ses potes démontrent une incroyable maturité. Ce calme rock peut être chiant pour certains mais il permet à Arctic Monkeys d'imaginer des sons très particuliers (Knee Socks, I Wanna Be Yours) mais néanmoins beaux. À conserver pour les soirées sous la couette (seul ou à deux).

THE DILLINGER ESCAPE PLANONE OF US IS THE kILLER

Album après album, The Dillinger Escape Plan parvient à interpréter avec une justesse de plus en plus poussée leur son si puissant. Si le métal selon Ben Weinman (guitar-iste et compositeur) était difficilement audible sur les premiers opus, il suffit désor-mais d'une seule mise en bouche auditive à l'oreille néophyte pour parvenir à maîtriser l'univers puissant de DEP. Les fans de la première heure (il y en a toujours) diront que « leur » groupe a « changé », mais les Dillinger jouent plus simple et mieux. Finalement, il n'y a pas de quoi se plaindre.

QUEENS OF THE STONE AGE ...LIkE CLOCkWORkAprès six ans d'absence, Josh Homme a montré que son talent ne s'était pas égaré lors de ses divers projets parallèles. Il s'est même renforcé, canalisé et matérialisé avec cet album réglé... comme une horloge. Les Queens of the Stone Age démontrent qu'ils sont les vrais pontes du rock mondial. Normal pour un disque qui frôle la perfection et qui mérite sa place en tête de la discographie des Reines de l'Âge de Pierre. Les ambiances stoner pur jus (Keep Your Eyes Peeled), mélodieuses (Fairweather Friends, Vampyre) et poétiques (I Appear Missing) offrent une puissance inédite à QOTSA.

_Maximilien de Boyer

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SAvAGESSILENCE YOURSELF

Londres nous gratifie de bien belles offrandes cette année. Outre le fabuleux trio London Grammar, c’est dans un tout autre registre qu’excelle Savages, l’autre belle surprise de 2013. Ce combo entièrement féminin fait renaître avec Silence Yourself une musique post-punk glaciale et oppressante rappelant les plus belles heures de la new wave. Le groupe réhabilite une certaine violence et un côté instantané et non-maitrisé clairement manquant en ce moment dans le rock moderne. L’album sonne comme une complainte pressante et douloureuse qui capture avec brio l’attention de l’auditeur.

ARCADE FIREREFLEkTORArcade Fire sait y faire : marquer trois ans d’absence, et revenir après le déboussolant The Suburbs. Autant dire qu’on était tous comme des fous en attendant son succes-seur. Reflektor est bel et bien le tsunami tant espéré. Un album dansant, entraînant, complexe, mais surtout novateur et réussi. Arcade Fire abandonne ses repères dans une quête perpétuelle du renouveau et livre une aventure orchestrée de bout en bout d’une main de maître qui demande du temps afin d’être apprivoisée. Chapeau mes-sieurs. Vous pouvez disposer.

FUZZFUZZ

Fera-t-on un jour un top albums de l’année sans y citer Ty Segall ? Pas sûr d’arriver. Avec quasi-systématiquement au moins deux albums par an, faut dire que ce cher Ty augmente ses chances de figurer parmi nos coups de cœurs. Pour l’occasion, le blond-inet forme un énième groupe nommé Fuzz avec ses musiciens de toujours pour nous livrer un album du même nom plus heavy que jamais. Bye bye la folk song de Sleeper, re-bonjour les guitares électriques pour un bordel général plus jubilatoire que jamais. Pas de désamour avec Ty Segall à l’ordre du jour.

PONDHOBO ROCkETImprévisible, explosive, rafraîchissante… ce sont quelques-uns des adjectifs qui pour-raient coller avec cette formation de Pond. À une époque où MGMT et Tame Impala ont déjà bien mâché le travail, les hippies australiens de Pond sont en passe de se faire une place dans ce revival psychédélique. Audacieux et décomplexé, « Hobo Rocket » remet au goût du jour un hard-rock brutal bourré d’influences mais terriblement convaincant. Reverbs et longs passages instrumentaux sont de la partie pour l’un des albums les plus perchés de l’année.

LONDON GRAMMAR IF YOU WAIT

Luttez autant que vous voudrez, ignorez-les, la divine musique de London Grammar finira par vous envoûter. Ce trio londonien, en route depuis l’an dernier, aura dû attendre 2013 et son premier album If You Wait pour s’affirmer comme le nouveau groupe le plus excitant du moment. La voix bouleversante d’Hannah Reid et ses deux comparses masculins aux manettes livrent une pop aérienne nostalgique quasi sans failles. Inutile de lister les pépites, l’album est une véritable mine d’or. Ça en deviendrait presque indécent.

_Sami Elfakir

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BATHSOBSIDIANLa perle de l’année se cache dans le tréfonds des nuages. Bien moins commenté et diffusé que les albums ci-dessus, le second opus de Baths n’en est pas moins formidable. Crucifi-ant l’être et le paraître, l’œuvre de Will Wiesenfeld embrasse les océans et contemple notre solitude au fil de chansons si enchantées qu’elles nous couvriraient presque d’un manteau pour l’hiver. Présent au Pitchfork Musical Festival cet automne, Baths nous propose de ca-resser les étoiles et de nous échapper sur les hauteurs de l’Olympe avec lui le temps d’une écoute, au son d’une voix angélique aux pouvoirs stupéfiants.

A DAY TO REMEMBERCOMMON COURTESY

Véritable uppercut porté à Victory Records, Common Courtesy, le nouvel album du quintet Floridien est d’un niveau stellaire, mêlant à la perfection ballades acoustiques enchantées, hymnes pop-punk fédérateurs et véritables déflagrations d’une martialité extraordinaire.Sans cesse capable de se réinventer, A Day to Remember affirme sa dom-ination totale de la scène punk-hardcore avec un Jeremy McKinnon absolument impec-cable. Qui aurait pu prévoir qu’après tant de déboires judiciaires, de tournées intermina-bles et de retard, la sortie d’un tel monument ? I guess they’re… Right back at it again.

ARCADE FIREREFLEkTOREntre néons vacillants, percussions coloniales et frasques médiévales, le Canada n’a jamais été aussi tropical que sur Reflektor, quatrième album complexe d’Arcade Fire. Véritable safari cosmique, cet opus nous emmène bien plus loin que les albums précédents, en insérant une nouvelle dimension ésotérique venant sublimer l’identité si particulière du groupe Québécois. Si l’apport triomphant de James Murphy à la production y est pour quelque chose, Re-flektor nous apprend que rien ni personne ne peut désormais arrêter les Arcade Fire, qui siègent d’ores et déjà au panthéon mondial du rock indépendant.

DAFT PUNkRANDOM ACCESS MEMORIES

Phœnix incandescents, les Daft Punk gardent une place bien à eux dans nos cœurs et sur nos platines. RAM est un retour vers le passé, compilant des dizaines de genres musicaux repensés par des compositeurs de génie et des musiciens légendaires. Redonnant toute son âme à la Musique, Bangalter et de Homem-Christo ont su magnifier leur retour avec l’album le plus riche de l’année. Il suffit d’écouter Touch, chanson la plus poignante qu’il nous ait été donné d’écouter depuis bien longtemps, pour se rendre compte des aspira-tions infinies de nos Versaillais préférés. Un véritable délice, au-dessus du monde.

vOLCANO CHOIR REPAvEGracieux, imprévisible, abyssal, céleste, éblouissant, absolu. En un mot, parfait. Ces quelques adjectifs, s’ils peuvent paraître superlatifs, définissent plus que fidèlement le travail colossal accompli par Justin Vernon et le groupe Collections of Colonies of Bees sur Repave, à l’artwork mystique et intemporel.Bien plus abouti qu’Unmap, premier effort du collectif, Repave est une aventure à la puissance inspiratrice si forte qu’on ne peut s’empêcher de frissonner à chaque écoute et de rêver d’ailleurs.S’il te plaît, Justin, pour que le beau continue d’exister, n’arrête jamais de nous éblouir.

_Emmanuel Van Elslande

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CHUNk! NO, CAPTAIN CHUNk!ARDON MY FRENCH

Cela fait environ deux ans que je me suis découverte un amour pour la scène rock française (mieux vaut tard que jamais comme on dit). Certes, elle est encore peu dével-oppée mais possède son lot de talents. Si les Français de Chunk!, No, Captain Chunk! ne m’avaient que très modérément enthousiasmée avec leur premier album, ils m’ont nettement plus convaincue avec le second. Pourtant, le style reste le même mais Pardon My French semble plus mature, plus abouti et mieux produit. Il s’agit d’un album dont il ressort une énergie positive qui démontre pleinement que les Français peuvent eux-aussi être plutôt bons en matière de rock !

I SEE STARSNEW DEMONSPour moi, I See Stars est un peu l'exception qui confirme la règle en matière d'elec-tro-hardcore. Cela fait maintenant quelques années que ce style un peu particulier s'est développé et m’a souvent laissée de marbre. Pourtant, I See Stars, qui enchaîne les sorties d’albums à une vitesse impressionnante, parvient une nouvelle fois à me con-vaincre avec ce quatrième opus. Si le combo ne se réinvente par sur New Demons, il affirme sa capacité à livrer des tubes en puissance qui risquent de faire mal (au sens figuré comme au sens propre) en live.

BRING ME THE HORIZONSEMPITERNAL

Si l’on m’avait dit l’année dernière qu’un album de Bring Me The Horizon ferait partie de mes préférés de l’année suivante, j’aurais eu du mal à le croire. Et pour cause, mes oreilles parfois trop sensibles ne sont jamais parvenues à apprécier la violence des com-positions musicales du combo. Il m’a donc fallu attendre le quatrième album des Anglais pour tomber sous le charme. Sur Sempiternal, le quintet a fait le choix « d'adoucir » son son pour délivrer un album plus nuancé que ces prédécesseurs. And The Snakes Start To Sing, véritable pépite, dévoile enfin un potentiel chez BMTH que j’étais loin de soupçonner. Bravo les gars !

MALLORY kNOxSIGNALSUn autre groupe qui m’avait charmée avec son premier EP et dont j’attendais l’album de pied ferme. Sur les traces de formations comme Deaf Havana ou Lower Than Atlantis au plus haut de leur forme, Mallory Knox réussit l’exercice du premier long format de manière brillante. Titres très travaillés, titres très épurés, les cinq Anglais sont parvenus à m’embarquer sur tous les terrains. Encore un exemple qui nous prouve que les British sont drôlement doués quand il s'agit de sortir les guitares. Que ce soit sur scène ou sur CD, Mallory Knox a assurément marqué mon année musicale.

ARCANE ROOTS BLOOD & CHEMISTRY

Les Anglais d’Arcane Roots m’avaient déjà impressionnée en 2011 avec leur EP Left Fire. C’est donc avec impatience que j’attendais la sortie de leur premier album. Alors que beau-coup de groupes sortent plusieurs disques avant de parvenir à s'affirmer, Arcane Roots frôle la perfection dès son premier essai. Je pense à Biffy Clyro, je pense aussi à At The Drive-In, mais j’admire surtout ce petit quelque chose qui rend le groupe unique. Un album incontournable, un groupe incontournable, des compositions inspirées ; bref, une véritable réussite que j’invite chaleureusement tous les fans de rock à se procurer. S’il n’y a qu’un groupe à découvrir cette année, c'est bien celui-ci.

_Marie-Audrey Esposito

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...Like Clockwork, le dernier album du groupe, à beau avoir reçu un accueil mitigé auprès des fans, les Queens Of The Stone Age ont définitivement mis tout le monde d'accord ce mardi 12 novembre : retour sur un concert qui aura marqué la Halle Tony Garnier.19h50, la célèbre Halle se remplit peu à peu par des spec-tateurs de tous âges. Nous attendons à quelques mètres de la scène, bière à la main, de pouvoir acclamer les QOTSA pour leur première venue ici à Lyon.

Pour cette tournée européenne, ce sont les Anglais de Band Of Skulls qui ont l'honneur d'ouvrir le bal, et nous ne cachons pas notre plaisir. Le groupe nous avait déjà fait très bonne impression malgré un manque de présence sur scène lors du festival Musilac l'an passé, et nous avions hâte de voir s'ils avaient évolué. À 20h00 pétantes, le trio entre en scène pour 45 minutes de blues rock acharné. Malgré un son très mal réglé au début du concert, les solos s’enchaînent avec entrain et le public semble très réceptif. Les Anglais nous jouent quelques nouveaux titres issus de leur prochain al-bum, notamment le démentiel single Asleep As The Wheel diffusé depuis peu sur les ondes, mais aussi leurs classiques avec l'excellent The Devil Takes Care Of His Own puis le pachydermique Death By Diamonds And Pearls, qui pourrait aisément faire partie de la discographie des White Stripes. C'est sur un solo final fédérateur que les Band of Skulls quittent la scène, laissant un public conquis et fin prêt pour la suite de la soirée.

La foule se rapproche de plus en plus de la scène en at-tendant les Californiens : malheureusement il faudra at-tendre près d'une heure avant la suite des hostilités ! Les lumières s'éteignent, un compte à rebours apparaît et le public décompte en cœur alors que les QOTSA arrivent sur

scène... 5, 4, 3, 2, 1... et le concert démarre en folie avec Medication enchaîné par les puissants You Think I Ain't Worth A Dollar But I Feel Like A Millionaire, No One Know et le très ancien Avon qui nous rappellent le bon temps des Desert Sessions. La foule est hystérique, les riffs bien gras et le groupe témoigne d'une présence scénique bluffante, le concert commence donc plus que bien.Concernant la setlist, les Queens of The Stone Age nous régalent avec les singles habituels mais aussi des raretés qu'on n'imaginait même pas entendre un jour (In The Fade), chaque album y passe ! Notamment le dernier en date que les Californiens nous font l'honneur d'interpréter en qua-si-intégralité (seule la chanson Fairweather Friends ne sera pas de la partie ce soir).

Outre leur présence scénique, ce qui fait la beauté des QOTSA c'est qu'ils réussissent à surprendre leur public en l'éloignant du stoner habituel pour l’emmener vers la pop du déroutant If I Had A Tail, la dance music (selon les termes de Josh Homme) de Smooth Sailing qui fonctionne redoutablement bien en live ou encore la ballade Floydienne ...Like Clockwork. Alors que les premières notes de cette chanson retentis-sent au piano, nous pouvons enfin profiter de quelques minutes de répit bien méritées pour reprendre notre souffle. J'éprouve personnellement beaucoup d'émotion à l'écoute de ce chef d’œuvre magnifiquement composé : aussi, tandis que la chanson file et que le grand rouquin nous égaye de sa plus belle voix pour cette composition magistrale je me sens m'envoler, comme hypnotisé par cette lourde ligne de basse qui sublime les nappes de cordes afin de donner tout son sens à cette œuvre : un grand moment !

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QUEENS OF THE STONE AGE à LA HALL TONY GARNIER : 12/11/13

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Mais ce soir il n'est pas question de s'endormir et les QOTSA nous le font bien comprendre lorsque la cowbell du batteur John Theodore bat en rythme comme pour annoncer l'arrivée imminente de Little Sister, grand classique rock garage sur lequel les fans sont ravis de se déhancher. Le groupe pousse enfin le public dans ses derniers retranchements en enchaînant le saturé au possible Sick Sick Sick, l'inattendu Better living Through Chemistry et sa jam finale puis le grand classique Go With The Flow avant de quitter la scène afin de s'accorder une pause bien méritée.

Les Queens Of The Stone Age reviennent sous des hurlements de joie pour un rappel de 3 chansons qui débute par le très bluesy The Vampire of Time And Memory suivi par l'efficace I Appear Missing sur lequel Theodore nous démontre toute l'étendue de son jeu. À l'instar de Song 2 de Blur, Wake Up d'Arcade Fire ou encore Tick Tick Boom de The Hives, il y a certaines chansons qui prennent tout leur sens en live et méritent d'être vécues. A Song For The Dead, morceau d'anthologie qui clôture chaque concert du groupe, fait définitivement partie de ces sons fédérateurs.Les premières notes retentissent et le groupe nous fait son dernier au revoir. On ne saurait dire qui du riff ou du public est le plus puissant ici mais l'ambiance est apocalyptique : ces 6 minutes de folie mettent terme à ce grand feu de joie.

Après 2h de musique intense, nous repartons à contre cœur aussi émus qu'ex-cités mais le sourire aux lèvres, conscients que nous venons d'assister à un concert d'exception, qui aura assurément convaincu chacun de la suprématie des Queens Of The Stone Age sur scène.

_Bazil Hamard

SETLIST :Medication

Keep Your Eyes PeeledYou Think I Ain't Worth A Dollar

-But I Feel Like A MillionaireNo One Knows

AvonMy God Is The SunI Sat By The Ocean

...Like ClockworkI Never Came

In The FadeIf I Had A Tail

KalopsiaLittle Sister

Smooth SailingMake It Wit Chu

Sick Sick SickBette Living Through Chemistry

Go With The Flow

The Vampire Of Time and MemoryI Appear Missing

A Song For The Dead

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Et le prince de la nuit et des angoisses s’en est allé, enfin apaisé. Le 27 Novembre 2013, le monde entier apprenait avec tristesse le décès d’un des plus influents auteurs-com-positeurs des cinquante dernières années qui n’eût jamais la reconnaissance qu’il méritait. Comme tout génie, Lewis Alan Reed a connu une enfance difficile. Né à Brooklyn en 1942, il se passionne très jeune pour la musique (le jazz et le rock’n’roll, l’apprentissage du piano et de la guitare), il est aussi suivi par un psychiatre et subit un traitement par électrochocs pour le guérir de ses tendances homosexuelles. Cet épisode de son adolescence va d’ailleurs l’inspirer sur la chanson au titre très explicite, Kill Your Sons, en 1975.Mais c’est après l’université et après diverses expériences d’auteur-compositeur et précurseur d’une danse basée sur deux accords (The Ostrich) où il demande à ses auditeurs de mettre leur tête au sol et de marcher dessus avec leurs propres pieds, sa vie va prendre une nouvelle tournure avec la rencontre de John Cale. HEY ANDY, TAkE A WALk ON THE WILD SIDE

Le Britannique, venu étudier aux États-Unis, se retrouve à jouer pour Lou à plusieurs reprises et suggère alors à ce dernier de former un groupe à part entière en compagnie de Sterling Morrison, un ami de l’université, puis d’une chan-teuse, Daryl. Toutefois, avec l’arrivée d’Angus MacLise aux tablas, les désormais Velvet Underground se produisent dans des petits cafés-théâtres et participent même à des B.O de films amateurs.Puis c’est la révélation. Andy Warhol, jeune artiste-peintre au sommet de son art et qui souhaite se diversifier, décide alors de devenir leur manager. Le groupe est ainsi invité à répéter au sein de son atelier (le bien-nommé Factory). Influent, il va même jusqu’à imposer aux membres de la formation amé-ricaine une nouvelle chanteuse, Nico, mannequin allemand ayant déjà collaboré avec Serge Gainsbourg entre autres. Le premier effort, The Velvet Underground and Nico, paraît en mars 1967. Le contenu des titres, traitant majoritairement

de l’homosexualité, de la drogue et de la mort, choque. Pis, la réalisation plutôt moyenne de cet album ne donnera que très peu de crédit au combo sur la scène internationale. Pourtant, on y retrouve certaines compositions marquantes comme Heroin ou Sunday Morning.

de la lumière à l’ombreMalgré deux albums plus enlevés (White Light/White Heat en 1967 et The Velvet Underground en 1969), le groupe n’arrive pas à percer. Après avoir participé à l’élaboration de Loaded en 1970, Lou décide de quitter ses comparses pour s’isoler chez ses parents et couper avec le monde de la musique, sans doute dépité par l’échec des albums de son groupe. En 1972, David Bowie, fan des Velvet, propose à Reed de produire son prochain album. Et, comme un signe du destin, le futur Ziggy Stardust va rendre célèbre son idole grâce à la chanson Take A Walk In The Wild Side. Lancé, l’auteur-compositeur va continuer sur sa lignée avec les deux très bons Berlin et Coney Islands, avant de se perdre à nouveau entre 1975 et 1989 où il expérimente sans toucher son public. Le renouveau viendra avec la sortie de New-York en 1989, album faisant référence à sa ville natale, et dans lequel il adopte le parlé-chanté sur un son brut et complètement dépouillé. Ce sera son dernier coup d’éclat, les albums qui suivront ne lui permettant pas de rencontrer le succès escompté. Néanmoins s’il y a une chose à retenir de Lou Reed, c’est que cet homme a toujours vécu pour la musique, sa meilleure thérapie pour extérioriser ses émotions et réinventer le rock sous toutes ses formes.

_Elie Dib

_RÉTRO

LOU REED : RIP

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_Vous venez de remplir La Maroquinerie, jolie salle du XXème arrondissement de Paris. Comment avez-vous été accueillis pour votre première venue en France ?Matthew (chant/guitare) : Nous ne connaissons encore que très peu de choses sur notre base de fans européenne, hormis en Grande-Bretagne où l’album a eu une excellente visibilité promotionnelle. Cependant, nous avons été plus que flattés de voir l’affluence et l’ambiance de notre concert parisien le 8 novembre. Nous n’avions jamais joué en France et encore moins à Paris, et nous avons eu l’excellente sur-prise de découvrir un public qui connaissait déjà nos mor-ceaux et qui ne venait pas par simple curiosité à notre show._Votre premier album éponyme a été classé en pre-mière place des charts britanniques pendant trois semaines, dépassant même le nouvel album de Nine Inch Nails, qui était particulièrement entendu. Comment vivez-vous ce succès commercial fulgurant ?Nous en sommes très fiers. Comme vous pouvez l’imaginer, on ne s’attend jamais à dominer les charts lorsque l’on écrit un premier album et que l’on cherche son identité. Faire mouche aussi rapidement est un vrai plaisir car nous avons pu communiquer tels que nous sommes et bénéficier d’un accueil exceptionnel. En soi, cela n’avait jamais été un objectif de dépasser Nine Inch Nails ou qui que ce soit. Mais cela laisse de très beaux espoirs pour le futur, et beaucoup de fierté en tant que musiciens. Nous avons toujours lutté pour survivre et tourner, c’est juste quelque chose qui nous comble sans jamais nous dépasser._Vous jouez ensemble depuis près de dix ans, mais ne sortez qu’aujourd’hui quelque chose d’accompli et de réellement construit. Pourquoi tout ce temps ?Dix années, c’est très long, en effet. L’album, cependant, ressort de toutes ces expériences et de dizaines de ses-sions d’écriture entre 2009 et 2012, ce qui nous a permis de constamment revitaliser notre son et au final d’obtenir des versions complètement différentes des démos de base écrites il y a un, cinq ou huit ans. _Vous avez pu travailler avec Mike Crossey sur cet al-bum, un producteur très respecté. Qu’a-t-il su appor-ter à votre touche si unique ?Notre son n’avait besoin d’aucune influence ou inspiration, c’est un son qui devait sonner et rendre sur notre album.

Il nous a offert la chance de bénéficier d’un appui très pro-fessionnel et de transformer nos enregistrements en instants très purs, avec un son fidèle et très clair. C’est justement cela qui nous a également permis d’être crédibles auprès d’un public souvent très exigeant, avec une production aux petits oignons orchestrée par Mike avec brio._Une version deluxe de votre album est disponible sur iTunes, avec plus de quarante chansons reprenant re-mixes, b-sides et EPs issus de la promo de l’album. Une version physique est-elle à prévoir ?Une version double vinyle s’apprête justement à être mise à la vente sur notre boutique en ligne. La version vinyle de l’édition standard de l’album vient justement d’être rendue disponible dans les boutiques culturelles de toute l’Europe, j’ose espérer que vous pourrez en trouver à Paris. Cela était une chose très importante de notre côté, de pouvoir se procurer physique-ment le fruit de tant d’efforts étalés sur de longues années._Qu’avez-vous prévu dans les mois à venir pour pro-mouvoir cet album ?Nous venons de passer trois mois sur les routes d’Amérique du Nord à défendre l’album, ce qui a été une expérience pour le moins extraordinaire, à n’en pas douter. Nous tournons actuellement dans toute l’Europe, et notamment en Norvège, en Pologne, en Allemagne et dans d’autres pays dans lesquels nous n’aurions jamais imaginé être présents. Ensuite, c’est l’Asie qui nous ouvre ses portes, avec un concert à Hong Kong. 2014 sera pour nous l’année d’une tournée mondiale, avec un retour à Paris au Trabendo fin février dans le cadre d’une nouvelle tournée européenne plus conséquente._Quels artistes nous conseillez-vous en tant que pas-sionnés de musique ? Qu’est-ce qui rythme actuelle-ment vos heures passées sur les routes ?Nous sommes de grands fans de ce que fait The Weeknd. J’adore particulièrement cet artiste en ce moment. Nous ne sommes certainement pas les plus à l’affût des nouveautés... Pour preuve, l’album qui tourne sans cesse dans le bus est le premier album de Jay-Z... Mais c’est ça aussi qui nous définit, cette faculté à regarder partout, tout le temps, sans se soucier des avis annexes.

_Emmanuel Van Elslande

_INTERvIEW

INTERvIEW : THE 1975

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HORIZONSDETR

OITS

18_11_13_ 01 _Ma muse

02_Glimmer in Your Eyes 03_Terre brûlante 04_Détroit 105_Ange de désolation 06_Horizon 07_Droit dans le soleil 08_Détroit 2 09_Le Creux de ta main 10_Sa majesté 11_Null and Void 12_Avec le temps (de Léo Ferré)13_Sonic 5

Rock français

Bruno Green

Disques Barclay

_Genre

_Producteur

_Label

_Tracklist

_CHRONIQUE

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Après différentes collaborations (Shaka Punk, Amadou & Mariam, Eiffel) nous sav-ions que Bertrand Cantat travaillait sur un projet d'album solo. L'annonce, assez rapide, de la publication de cet album et d'un premier single est venue secouer la France du rock. Car oui, il s'agit bien et avant tout de musique, celle du leader du groupe hexagonal le plus influent des vingt dernières années.En aucun cas cette chronique ne doit être influencée par le drame que nous con-naissons tous et son contexte. Même si l'écriture de Horizons résulte de la blessure d'un homme bouleversé par le drame de sa vie, c'est aussi la volonté de l'artiste de revenir à la seule chose qu'il sait faire, qu'il aime plus que tout, la musique.

Accompagné de son ami et ex 16 Horsepower, Pascal Humbert, le bordelais nous livre 10 chansons (ne comptons pas les 2 interludes Détroit 1 et 2) sans réelles surprises.Volontairement sombre et en grande partie dépouillé d'arrangements poussés, le « fait maison » est de rigueur sans pour autant bâcler la production. Les deux premiers titres font parti des meilleurs. On y retrouve cette voix roque et plain-tive qui nous a tant fait frissonner, sur une musique proche de celle de l'ancien groupe du chanteur. La suite alterne le bon et le moins bon, Cantat parle par-fois plus qu'il ne chante et même si la qualité de son phrasé et son inspiration poétique arrivent encore à émouvoir, l'absence de mélodies évidentes sur des titres comme Terre Brûlante ou Sa Majesté, peuvent décontenancer. Bruitages et sonorités étranges se taillent la part belle sur quelques chansons difficilement accessibles à la première écoute . Parfois le chanteur hurle sa rage, sa colère (le titre Horizons) ou se lance dans des incantations chamaniques (le spectre de J.Morrison n'est pas loin). La rythmique presque reggae de Sa Majesté révèle le moment le plus aventureux d'un album inégal.

C'est bien sur les titres les plus « noirdesiriens » où l'on se retrouve plus aisément, à l'image du Creux de ta Main et ce son de guitare saturée, nous rappelant notre jeunesse. Todos Esta Aqui... Mais rapidement la chape de plomb qui pèse indéniablement sur l'ensemble de l'opus nous rattrape, comme sur le single Droit Dans Le Soleil, où les rayons peinent à traverser la noirceur d'un esprit sombre et mélancolique.L'album se conclue sur la reprise de Avec Le Temps, de Léo Ferré. Qui, à part Bertrand Cantat, peut s'attaquer à un tel monument de la chanson française. Lui, qui avait su sublimer Brel sur Ces Gens Là, se perd un peu ce coup ci. Gâchée par des sonorités electro (ambiance Treponalm Palm), la chanson voit ainsi une bonne partie de sa force originelle s’évanouir. Peut être aussi que le poids des mots est encore un peu trop lourd à porter pour l'homme...

Au final, cet album nous apporte ce à quoi nous devions nous attendre et non espérer. Parfois bancal musicalement, résultant d'un vrai travail en duo (l'influ-ence de P.Humbert est réellement présente), emplie d'une profonde mélancolie et d'un spleen omniprésent. Témoignage d'un artiste qui doit se retrouver après dix années de silence, évitons l'indulgence sans devenir sévère. Saluons le retour du chanteur et restons attentif à la suite. Au moment d'écrire ces lignes, la série de dates parisiennes de DETROIT affichent complets en quelques heures. Engouement, curiosité (malsaine ?) ou fans de la première heure, le retour scénique de Cantat, là où il n'a jamais déçu, est attendu.

_ Orchestrations 3/5 _ Créativité 3/5 _ Intérêt 2/4 _ Lyrics 2/3 _ Cohérence 1/2 _ Artwork 1/1_ Note globale 12/20

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GUERILLA POUBELLEAMOR FATI

_MusiciensTill × Paul × Jamie_LabelGuerilla Asso_Date de sortie Novembre 2013

_Tracklist01_Carcassonne02_Marx et l'Histoire03_Nulle part c'est chez moi04_Les rats quittent le navire05_Martin Luther (burger) King06_50 euros07_Pire père

08_Seuls au pluriel09_Le retour à la terre10_Présent composé11_Novembre12_L'amitié est un plat qui se mange froid13_Cul-de-sac14_Prévert, Kosma, Paris

Six ans après la sortie de Punk=Existentialisme, Guerilla Poubelle fait son re-tour ! Et comme les rats finissent toujours par quitter le navire, c’est avec une nouvelle formation que Till ravive la flamme qui animera toujours les aficionados de punk-rock de la première heure. Toujours aussi désespérée, toujours aussi survoltée, toujours aussi sombre, la formule qui a fait le succès du groupe reste inchangée. Pourtant, il faut reconnaître que, comme nous, le groupe vieillit, prend de la bouteille et gagne en maturité. Si Il Faut Repeindre le Monde en Noir (2003) transpirait la révolte adolescente et le mal être d’une génération se retrouvant brutalement lâchée dans un monde d’adultes en perdition, Amor Fati quant à lui ne dépeint pas un monde qu’il faudrait repeindre en noir, mais une société et un environnement déjà rongés par la noirceur et l’amertume. La composition musicale a aussi pris du galon. Terminés les trois accords de guitare joués en boucle et bienvenue à de nouvelles sonorités (à l’image de Pire Père ou de L’amitié est un Plat qui se Mange Froid, plus proche musicalement de Mon Autre Groupe, side project de Till) ainsi qu’à des lignes de basse étonnamment plus présentes aux aspirations presque ska (Seuls au Pluriel, Présent Composé).Que ce soit par esprit contestataire ou par simple nostalgie, Amor Fati résonne comme un coup de pied dans la fourmilière du punk rock français. Un pavé dans l’amertume en somme...

On aime : Les rats quittent le navire, 50 euros, Pire Père, Présent composé

_Matthias Meunier

_ Orchestrations 3/5 _ Créativité 3/5 _ Intérêt 3/4 _ Lyrics 3/3 _ Cohérence 2/2 _ Artwork 1/1_ Note globale 15/20

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OUR LAST NIGHTOAk ISLAND

Alors que les Américains tracent leur route discrètement depuis presque dix ans, il semblerait que 2013 soit enfin l’année de la reconnaissance. En effet, après avoir cartonné avec son excellente reprise du Skyfall d’Adele, le combo s’est vu offrir une aide financière colossale pour l’enregistrement de ce nouvel EP. Sur Oak Island, le quatuor affirme davantage son identité musicale avec des compositions pleines de maîtrise et de maturité. Les voix des frères Wentworth se marient parfaitement, leur alternance apportant un véritable relief aux morceaux. Avec ce nouveau disque aux mélodies accrocheuses et travaillées, il ne fait aucun doute qu’Our Last Night est définitivement un groupe à suivre.

_On aime : Same Old War, Reality Without You

AIRBAGTHE GREATEST SHOW ON EARTH

Oscillant à merveille entre Pink Floyd et Porcupine Tree, la musique d'Airbag a tou-jours su frapper fort. Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. Plus sombre que ses prédécesseurs, les compositions sont toujours aussi bien ficelées, complexes mais abordables comme le montre l'obscur Redemption. La magie opère surtout sur le bouleversant Surveillance part 2-3 qui sublime durant 16 minutes un album parfaitement mené, alternant nappes d'orgues expressives, basse inspirée puis solos de guitare épiques qui évoquent tantôt certaines épopées de Dream Theater, tantôt le légendaire Wish You Where Here. The Greatest Show On Earth est un vrai chef d'œuvre qui devrait s'asseoir comme une référence du genre. _On aime : Redemption, The Greatest show on Earth, Surveillance part 2-3

MINOR ALPSGET THERE

Minor Alps ou la collaboration entre deux voix pop, celles de Matthew Caws (Nada Surf) et Juliana Hartfield (ex-Blake Babies). Concentré de bons senti-ments, Get There est ce genre d’album que vous écouterez pour vous déten-dre, un dimanche ou le soir en rentrant du travail. Cet effort, où l’on retrouve des structures empruntées à Nada Surf, ne se démarque pas forcément par son originalité. Il a toutefois le mérite de clôturer cette année 2013 sereinement, sans prise de tête. À conseiller pour les aficionados du groupe de Caws et les amateurs de morceaux mélodieux sans extravagance. _On aime : Waiting for you, Radio Static

_Marie-Audrey Esposito

_Bazil Hamard

_Elie Dib

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_CHRONIQUES EN BREF

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THE GROWLERSGILDED PLEASURES

Riche année pour les Américains de The Growlers : après un troisième album applaudi par la critique et un E.P en octobre, paraît en Novembre Gilded Pleas-ures que l’on ne peut que reconnaître comme un bijou de psyché, de surf et de ‘’Beach Goth’’ : genre créé par eux.Cet E.P est un formidable voyage pop avec des paroles signées par le chanteur Brooks Nielsen, et la mélodie entre rêverie et mal-être toujours assurée par un excellent guitariste Matt Taylor accompagné par un clavier, une basse et une batterie. Un E.P idéal pour découvrir la musique de ces « Grogneurs »

_On aime : Hiding under Covers, Tell it how it is, Humdrum Blues

JAkE BUGGSHANGRI LA

La grisaille et le Harrington laissent place au soleil couchant et à la veste en cuir. Comme un symbole du départ de sa ville natale, Jake Bugg prend son envol définitif vers l’Amérique. Et en tant qu’artiste. Le gamin qui n’avait que ses quelques vidéos et son timbre de voix si spécial il y a peu a désormais pris du galon et livre tout juste un an après son premier album un peu brouillon un second opus terriblement réussi. Shangri La est impressionnant tant il présente peu de points faibles et offre une cohérence entre chaque titre sans pour autant tourner en rond. Un disque à claquer sur l’autoradio en mangeant du kilomètre en pick-up sur la Route 66. Assurément._On aime : A Song About Love, Kingpin, Storm Passes Away

WOODEN SHJIPSBACk TO LAND

Le classieux barbu Ripley Johnson met de côté l'excellent projet Moon Duo pour relancer son groupe californien Wooden Shjips. Retour gagnant avec un quat-rième album de rock lumineux et psychédélique, proche des sonorités de son projet duo. Si vous aimez le single « Back To land », la suite vous plaira forcément. Moins fougueux que le précédent et largement influencé par le séjour du groupe à Portland, ce nouveau LP laisse même la place à quelques sonorités acous-tiques. Mais ne vous y trompez pas, ça reste du Wooden Shjips planant à souhait avec guitares saturées, rythmes lancinants et voix hypnotique. En seulement 8 titres, sans conteste l'album psyché-rock de l'année. _On aime : Back to land, Everybody Knows

_Alexis Dutrieux

_Sami Elfakir

_Marc Andrieu

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POUR OU CONTRE :LA MERCANTILISATION DE LA MUSIQUE ?

Les musiciens ont toujours eu cette capacité innée et naturelle à susciter le fantasme, et conséquemment à fédérer de véritables armées d’aficionados adhérant à un même univers, régi comme tout autre par ses propres codes. De ces mouvements artistiques naissent de véritables cultes, faisant de certains groupes des sources d’inspiration bien au-delà de la simple sphère musicale. Dans cette optique, le merchandising découlant de ces communautés si unies et stables concrétise une relation de fascination poussant les fans à afficher leurs couleurs à travers les artistes qui les réunissent. Au-delà d’un simple vêtement ou d’un vulgaire goodie désuet, les passionnés peuvent y retrouver le souvenir d’un concert inoubliable, d’une rencontre avec un groupe très important à leurs yeux, ou simplement d’un instant à part ou d’une sensation unique les ayant liés d’une façon très partic-ulière avec l’artiste en question. S’il peut partir dans des dérives discutables, le merchandising offre un peu plus que de pauvres photos prises hâtivement sur un smartphone à un moment particulièrement explosif. Il permet de sublimer la relation passionné-artiste en poussant généralement les identités à se croiser et les auditeurs à se retrouver dans l’imagerie développée par le groupe, à même de donner naissance à des valeurs à la portée prodigieuse. Dès lors, chacun se reconnaîtra dans les visuels et la puissance iconique délivrée par le groupe, même s’il n’y adhère pas. Car vouloir porter son admiration jusqu’à l’afficher au quotidien est loin d’être blâmable. C’est même sûrement la meilleure façon de rassembler, et de se ressembler, chaque jour.

_Emmanuel Van Elslande

Si le merchandising en soit n’a jamais tué personne, il n’a en revanche jamais fait évoluer l’image de la musique et du rock, en particulier dans le bon sens, pour autant. Nombreux sont ceux qui arborent fièrement un t-shirt ou sweat-shirt à l’effigie de leur groupe préféré. Moins nombreux sont ceux qui osent débourser une somme exubérante pour le même genre de produits à la sortie d’un concert au stand officiel d’un groupe. Pourtant, toutes ces actions partent d’une bonne intention, celle d’afficher sa passion sans limite pour un artiste qui nous est cher. Ce qui est moins innocent et davantage critiquable, ce sont les extrêmes atteints par les businessmen prêts à se faire de l’argent en lançant le « Monopoly Metallica », plus récemment le préservatif Daft Punk ou même, idée plus saugrenu, le cercueil Kiss. Démocratisation de l’esprit rock ? Non. Démocrétinisation. Omniprésents sont ceux qui portent du Sex Pistols ou du Ramones sans même se douter qu’il s’agit de musique, mais bon ça fait « cool » et puis c’était pas cher à H&M. Mais le pire, c’est que ce sont majoritairement les – souvent défunts – mastodontes de la musique qui profitent de ce mer-chandising outrancier, du type Beatles, Elvis Presley et autres Bob Marley. Les derniers groupes déchainant les passions ne datant pas d’hier, ce sont sur ces marques que les pros du marketing s’appuient pour vendre des produits aussi variés qu’inutiles. Le petit groupe hype du moment, lui, ne trouvera acheteur qu’auprès d’un public restreint. Une broutille dans une industrie musicale à la peine qui cherche par tous les moyens à gratouiller de l’argent là où elle peut.

_Sami Elfakir

POUR

CONTRE

_DÉBAT

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Dénicheur de talents et producteur de disques fantastiques, Bob Ezrin est décrit par la sphère musicale comme le Francis Ford Coppola de la musique. Mais est-il vraiment aussi intran-sigeant et emmerdant que le fameux réalisateur américain ? Éléments de comparaison

SES PREMIERS PASÀ l'instar d'un Coppola qui a fait ses armes auprès du réali-sateur Roger Corman (autre dénicheur de talents dans son genre) dans les années 60, le Canadien Bob Ezrin a tout appris aux côtés de Jack Richardson, lui-même producteur, dans les années 70. Véritable bras droit de ce dernier, il était même chargé d'envoyer paître les jeunes talents souhaitant travailler avec son patron. Mais au hasard d'un concert bluffant à New York, le jeune Bob désobéit à son mentor et rapporte Alice Cooper dans ses valises. Bon an mal an, Richardson pardonne l'insolence de son apprenti et lui confie le boulet Cooper. Bilan : le groupe sort « Love It To Death » avec son fameux I'm Eighteen en 1971. Un bon début.

DEUx œUvRES MAJEURESFace au mafioso Parrain (1972) et au mystico-guerrier Apo-calypse Now (1979), qui est décrit comme la quintessence de la mégalomanie de Coppola, Ezrin a également eu ses deux chefs-d'œuvre – son « Mur de Berlin » personnel – dans la même décennie : Berlin (Lou Reed, 1973) et The Wall (Pink Floyd, 1979). Déjà reconnu au sein du Velvet Underground, Reed a choisi de collaborer avec Ezrin après avoir entendu son travail. Une rencontre bénéfique qui permet à l'artiste new-yorkais de passer un cap.Convaincu de la puissance narrative de Lou Reed, Ezrin lui suggéra de développer les petites histoires qu'il avait l'ha-bitude de conter dans ses textes, et d'en faire « une histoire complète » étalée sur un LP. Ce fut chose faite avec Berlin. Reed y narre l'histoire d'un couple à travers leurs bonheurs

et malheurs. Ce disque fascinant porte Erzin à un tout autre niveau et l'amène à bosser avec les exigeants Pink Floyd pour le double album le plus vendu de l'histoire : The Wall (1979). Une aventure musicale au cours de laquelle Ezrin connaît sa première dispute professionnelle.

PREMIèRE EMBROUILLE SUR LE PLATEAUMené d'une main de fer par Roger Waters (chanteur et bassiste du groupe), le Mur reste le travail le plus difficile qu'Ezrin ait eu à accomplir ; puisqu'il s'est conclu par une monumentale engueulade avec Waters. Entre un Coppola musical et un génie créatif, la poudre devait finir par parler. Bien qu'« in-croyablement stimulant » selon Ezrin, le travail avec Waters s'est donc terminé en eau de boudin. Il faut dire que plus rien ne va au sein du Floyd. Waters et Gilmour (guitare, chant) mènent la barque tandis que le claviériste Richard Wright, miné par la drogue, est incapable de produire la moindre note et est viré du groupe par le bassiste. Pris à partie dans l'affaire, Ezrin manifeste son opposition qui débouche sur une longue brouille – désormais terminée – entre le producteur et Waters. Mais contrairement à Coppola, le producteur ne garde à l'époque aucune rancune à l'encontre du bassiste du Pink Floyd. L'APRèSContinuer après son « masterpiece » n'est pas chose aisée. Car, tout comme Coppola après Apocalypse Now, Ezrin n'a plus sorti de grands albums après The Wall. Mise à part quelques fulgurances (30 Seconds To Mars en 2002, Def-tones en 2006 ou encore Deep Purple en 2013), Bob Ezrin est rentré dans le rang ces dernières années. Mais sa carrière parle pour lui et démontre que seuls l'exigence et le travail conduisent à la réussite et au Hall of Fame canadien pour ce producteur qui n'a finalement pas grand chose à voir avec le réalisateur américain.

_Maximilien de Boyer

BOB EZRIN, L'AUTRE MUR DE BERLIN

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DÉCEMBRE 2013 # 16