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LE BON'HEUR, POEME. IRIS - LILLIAD - Université Lille 1

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Page 1: POEME. - univ-lille.fr

L E B O N ' H E U R ,

P O E M E .

IRIS - LILLIAD - Université Lille 1

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A R G U M E N T . Lc PoCfe cherche dans quel état dans quelle

forte de biens la Nature a placé l e Ronheür. I I interroge l a Sagcffc, qu i lui montrc les ;ivanrages & les inconvénients de ce que l'homme appelle des biens : D'abord les

K laifirs d e I'amour ; ils rendeut l'hommc cureux pendant qi~elqucs moments; mais le

?&goût 81 l'eiinui les fuivent; & ceux q u i f c font trop alandorinis à ccs plaifils , re trouvent dans un âge avancé, G n s ref- fource pour Ic Bonhrur. La S a g e f i lui montre les plaifiïs S( lcs troublcs dc l 'ambition, fcs ravagcs & f-s crirnss. Lc Poëce co~icluc que fi les grandeiirs f o n t unc fourcc de plailir, elles donnent encore moins Ic Bonheur que 15s voluptCs des Cens.

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LE BONHEUR; POEME ALL~GORIQUE.

C H A N T P R E M I E R -

P r O N G é dans les ennuis, I'hornme , difois~je un jour,

ER-il donc au malheur, condamné idns r e r o u )

Quels vents impécucux , 6 puiffalire Sageffe ! De l'iflc du Bonheur me repouifcm fans ceiTe ?

Que d'kueils menapnrs en dL:fci>lenr Ics bordr ! O ? G tous I&s mortels jet& loin dcs Te! porcs,

Parles courants divers des opiuions folles, Sont , au milieu des mers, des vaiKcaux fans boufKolcci

Vien me Cemir de guide : e h , que puis-je Cam roi ! J'ai clierchC le Bonheur , il a fu; loin dc moi.

Tcnanr en main lil tii d'une f a u f i efpérance, J'erre d a les décours d'un labyruirhe immenrc. Efi-ce dans les plairus , efiLce dans ia grandeur

Que I'liomnir doit pourfiivre k rrouvçr Ir Bonhcuri

A y

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1 Z E B O N H E U R ,

Sagcrc, c'cR à mi de rifoudre mes iloiircr : De la feliciré tu peux m'ouvrir lcs routcs.

J e dis ; & d u foinnieil les bng ,s confohnts , O n t caliut par degr& le trouble d e mcs Cciis. Les Cicux Ce font ouverts : dans l'azur d'unc iiiic, La Sageifc ioudain s'cil offerte à ina vue.

simple dans Cts difcours , aimable en fun accucil, El!e n'affeae point u n ptdan.cfquc arguril.

C'une faidTc vertu d6ilaigiiant l'riiipoftuie , Ellc mSme applrudit aux lcqons d'Epicurc. indu1ge:irc aux h m a i n s , ion f r ~ n t i r n ~ é r i ï i i i

De Ca pai31e Cour n'&aire point les jeux.

J e viens , dic-clle , ici partager tes alarmes ; Dc r a Iiuinidcs yrux je virns tarir Irs la rmrs ,

T ' a ~ p r e n d r c qu'au Iiazard en dirigealt tes pas, 'I u cherches Ic Bonhcur où le Bonlicur n'elt pas. ( 1 1 .

Elle d i t : je m c trouve a u centre d 'un bocage; Une onde vive & pure en rafraîchit l'ombrage. %us u n berceau de niyrte elt un t r h e d c fleurs, L'art en a de fa main nuancé les coulrurs.

D u concert des oifeaux m o n oreilli: ell charmée

D'arbri&aux odorants 12 terre eft parfumée ;

Leurs erprirs exaltés ont ernbanrnk les airs.

Aux diarmes d e 1'Amoiir roiis nlcs Cens font ouvcitc.

Bans ces lieux cnchaiités tout rcipire l'ivre& C'efi i c i , dit mon guide , oii regne l a ~ o ' i : r e ,

3e la vois 1 que d'attraits à mes rçgards furpris !

Lcs roirs dç fon teint cri aniinrrir les lvs.

Sont- corps eR denii-nu , fa tmiiclie dciiii-clur- I'albàae d'un bras ia cete Ce repok

).

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�µ AND I.

b c s flammes du dcfi: Con ceil étincelant, Appells le plaifit fur Ton rein palpitant. D u folâtre z+liir Phalcirie careranre , Soul-vc inollrrnenr [on k1iarpe flotcantc : Sa coquette pudeur aux ~ r a i i f ~ o r i s des A m a n s ; Oppofe ces Touris , ces reius agagants , Ces piierei , ces cri3 , cette foibls clCfenfe , Qui flattant leiir e+c & provoquant l 'o&de, Au dcfu enhardi pcrrnec dc tout ccnrer.

Mais quel chatme inconnu mc f o k c à m'arrérct 1

Li, des Syrnplies chantant l 'Amour 8c fun d&rc , Trop j-nnrs pour jouir, s'exercent à fzduiie. u une risc en f a pas un Fauiir arnourçiix 3

Er fcs rapides picdi (blouXcnr mes y z u x En déployant Tes bras o p p o f ~ s par les Griceç L'aurre eniratne en riant le desr fur 5:s rraccsa Il pouduit +lare la faveur ri'ul b a i k r , Qu'rlle l i i G ravir 6: feinr de refuîcr. Sous rnillc afjeas divers, leur agile fouplcire Préfente leurs bcau:és aux yeux Le la M o l l s f i , Et deifinc autour d'elle en de$ prûupes vivanrr , Les triomphes du D i e u , vainquciic des conlu:ramçi AUX pitds d'O,nphalc, i c i , J; vois fi!cr Alcidc. Plus lo in , R ~ n a r i d , conduit fo2s le berceau d'Armidta s9îp$audit dans fcs bras de I'oubli du devoir. O n nc !iii rnoucrc poiiic le magiqiic miroir, 0;i fi.ii.1~ à ~ ' I I O ~ A ~ U ~ , horiitux de Ca foir>l;rc, t e héros qui s'y voi: , s'arrache à la MoU.ffc.

DC Con t r ine ombragé par un feuillage épais, L'on dCcuuurc des bois partagés en bofqueu.

A iij

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t E B O N R E U R

A r h e des plailirs , wluprucux theâtre , 0Ii varianr fes j x x ) l a vive H M fo:itrc. Là, conduit par les ris , je m'avance i?i J C vois Ues N y m ~ h c s s'cnfoncer d a m I'épaiffcur d'uu bois. Leur beau c o o s e!? cosvert d'une gaze légere , Q u en replis Sur lciir fein, artachel'arc de plaire : ~b!?aç!c au doux plaifïu , niais o5fiade iiiipuilrint ; Le voile e!? déchiré, 1'Amuur cfi trioinpliant. L'Amant donne SL rcçoit mille baikrs de flamme, Sur fa brûlznrc levr; , il fenc errer Con a m e j De les foupirs preii& 1- bofilucr rcrenrir. Dans les Lrîs du ~ l a i l i r , Ia beauté s'smbrllir.

P!us lc in , près d'un r i i i f iau , font Içs icux d c iurra j C'cil I l qu'à i o n Amnnt uue Amanre difpute, .

Le niyrre dcs faveurs qiie fa main veut rmk. Js 1-s vois tour à cour s'approcher & fe fuir. La 'iyrnphc rombr enfin Sur l'aiêne étendue.

Qde de fccrers appas font otierts à la vue 1 A des cris impuiiranrs fa pudeur a recours, Les eaux ont rCflkhi leurs jcux 8i leurs amours. Vainement la Nayade en fa grotte profonde , D&robe f e ~ lieaiic& fous la EaLe de I'ondc ; L'amour plonge, l 'atteint, l'embralrc dans les flos ; Et le feu d u défir s'allume au k i n des eaux.

C'cR la que d e jouir o n s'occupe fans c d & ,

Que l'Amour de fer f a x érerilifaiir I'ivreik, Découvre un iiouvel art d'irrkrr les drlirs , 1t d'y ~nultiplirr l a forme des plaifirs.

Je le h s , &-je alors , tour !age efi Sybarite.

CLcrcbc-i on E; B~iiticur ? c'el? ici qu'il haDix.

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. C H A N T L 3 Rcine de ces beauxlicux , je fuis i VOS genoux3 PrCrrcI?cs du plaihr , Je me conhcre à vous.

Mais déla les Amants, plus froids dans leuri c a r e s s j Au fciii dçs voliiptés, ;piiiToiunr lrurs tendrcKçs i

Lcurs yçux ne brillcnc plus dcs flammcs d u d e l u , Et la langucur en eux fuccédoir a u pl&u. Dans ces lieux fortunés , hllas ! dis-je , ô SageKc , Le rapide Bonheur n'elt qu'lin &!air d'ivre&

Er quoi ! pour raiilmer les beroins farishirs , La beauté n'auroit plus que d'impui&mcs arcrdits! Quoi ! ces myïres flécris ne jetrenr plus d'ombrage ?

Regdrde , dit mon guide, au fond d e ce bocage, Voi coi même a u pla& f u ~ c é d r r Irr; langueiirs , Er les ronces déja croître parmi les fleurs ;

Quand Hébé difparo:~ , le Cicl ici n'envoye , Quc des chagrins cuiCaurs fani mélange de joye. Er ce temple où con œil cherche encor le E,jheur , Fou16 p a Ics dégoûrs, n'eR qu'un fLjoiir d'horreur.

Lcs plaiiirs écliappés. cn pain o n Ics rappruç ; Ln flainliie dc l'Amour ne peut être écernellc. C'çit en m i n qu'un initant fa faveur te Gdiiir ; Le u a ~ i f p u r t l'ncrompagnr , & Ir d e g o h le fuir.

W b é fuit l 'inltinr j d i j a fur ces bocagcs , Borée au fronr ncigeux raffemble Ics nuages; Et fur u n char obfcur, tranCporrC par les veim , LL froid bivsr d6cruic le palais du Prinrmps.

De Cc, rameaux alors la feuille clt dérach'e , L'onde fc conl6Iidc. Pc l'herbe e!l dcKkchée, Un n o n brouillard fuccfdc à la clarté d u lour. Sdr le u ô n e où rEpni rnr la Moileire 8 I'hmou,

A iv

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f Z E B O N H E Z r Z

Que l o k - j e ? c'efi l'Ennui ; monfire qui Cc d h o r e , Qui re fuit en tout liçu , Cc retruiivr & s'ab:iorrr.

fon front livide eft ccinr d 'un ramrau d e CyprGs. Lcs hmanrs près dc lui , pouKcfent d e vains rcgrcrs ; Cc; maiheurem qu'alors aucun rranfport n'snflarnme , .Snntlnir avec r f f ro ï le lu ide dt: leur amr.

DCja &'IhfirniitC, les ycux cteints & crcux , Le corps m a r i é courbé fur u n bâton nou:.ux, A de YJge ca+c hâté le lent outrage, Er de fon doigt d'airain fiIlonné leur virage.. Ils invoquent ia Mort , efpoir du rnalhitiireux , E t la trop lcnrc Mor t Cc rcfufc à Icürs vcrux.

Ah ! m'icriai-je alors, dans ce temple champêtre ; l e Ruiilieu; ne fait donc que I u m & diîparoirrc ! Syharire , pourquoi ces r-grers irnpiiranrs ?

Taiir de plai!us paires font rcs malhcurs pr;ie:lrr 11 ouv voir èite heuroux, rep!iqxa la SageRe.

~ u c l'Amour d e p!aiiûs e h fcmé fa j:unrifc 3 L'Amour efi un prilcnr Ge la Diviaité,

L'image de l'cxcès de fa fcliciré. LI pouvoii en jouir ; mais il devoir en rage,

Se ménager dès-lors des plaiius de tour âge. QUC lui fervent hélas ! ccs rrgrrts fui~rrflus ?

l'inutile remord n'elt qu'un malheor de plus. (A).

Mais s'il efi des infia:its, où plein de fa tenJrciTe,

Un Aman! en voudroit érernifer l'ivrc&e. En fur-il jamais un , où libre de dçfir , L'ambitieux vuulÙc 3'ari;rer pour jouir.

La grandeur qu'il obricnr toujours porte avec ellc, L'ippaucnc eipoir d'une g r u d e u r nouvelle.

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C H A N T f.

' De cet efpofr rempli, naît nn déGr nouveau% h d'efpoir en efyoir , il ~ r r ive auiombeau. ( 3 )

A ces mors, eiiiraîné par la main qiii rne g u i d ~ , Jc mc fcns traniporté ddnb une plaine aride. L a , s'élcvencdes Monts couverts de routes paru* De débris, br de morts confuGment ;pars. Lelit croupe ravagéc , & Iciirs {uperbe~ faîtes

h m frappb de la foudre, & bitrus dcs tempkcr. quel effroi me iaiGc ! que!s cris turmilrueux !

Par quel erpoir guidé fur ces monts orageux , Ce h&os renre-r-il d'efcai~der l e u n cîmes? Quel eff ce toc alrier, environd d'abymes, Qui fort d'entre ccs Monts, & rcrnblc atrcindic aux Cieux?

C'en cer écueil cblbre , td les ambitieux, ExouKmr du Rcmord la Mix rrop importune, Vic:inent , dit la ~ a ~ c [ T c , implorcr la Fortunci Revetir leur orgiieil de ces biens appafenrs , De ccs titres pompeux qu'idolkrent les grands , Be tclre pourpre enfin, de te pouvolr fup&me ; Fantôme ilu Bonheur, & nonlc Bonheur mkmc. k u pied de ce rocher , fu r cea déhis épars, T u mis I.'Ambidon porrcr des ycux hagard's. Ce m o n k e erraac fins ce& aux bords d t ce3 abgmn; Rongé par les chagrins, e f m d par les crimes, Troukil;. par le pd-fent , rarcmcnr y peut voir, L'avenir crnbclli dcs rayons dc l'efpoir. La prévoyant.! Crainte, à travers les ténébres, Le lui montre éclairé par der lueurs funebres. A Ini-niCine odirux, fouvent pour Ir punir , i c Ciel lui rcnd pxéfents row ics maux 1 venii.

A v

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m,, L E B O N H E U R ;

O ! folle Arriliition , reprenoic la SagçfGe,

Déja gronde fur toi la foudre vengerelTe. E n vain la Trahifon , la Fourbe &les Furcun, On t applani pour toi la route des grandeurs ; Au uône oii ru t'anieds, ru portes tes alarmes, J'y vois con voile #or inondé de tes larmes.

Elle dit : k j'eiitcnds fur ces monts cavxnçux , L'Ambition poulTer des hurlements aff~eiix. Ses cris {ont répftés aux deux bouts de l a terre , . Avec un bruit, pareil au bruit fourd d u tonrierre. Tous Iss ambitieux accourant à fa voix, Par trois chemins divers s'avancent a la fois. Lcs premiers, prkédis d e la pile Ipouvante , Le bras enfanglancé, la tête menagante , Marclient en dScochanr les fléches du trépas ; l a Défolarion Te roule iur leurs'pas ; L'ELlavage les fuir , trai'iiant Tes luiirdes chaînes, Et conprant la Mort de tcrmincr fes pcincs.

FU vois, dit la ~ageffe , avancer les Guerriers Que la ViLtoire a ceiqcs de coupables lauriers. FlCaux du inoiiJe entier, iès Inaux font leur ouvrage. Mais qwls triltcr accenrs ! qusl effroi ! qucl ravage! Que l a rer. à ma vue oTre d'afpeits divers ! Devant eux der palais, derrixe eux des deferts. . Ici , voi h Terrair , I'cril fixe , a u teint b E m , Qui fuit , s'arrête , écoure & s'effraye elle-iuhe. Plus loin , c ' d t la ïurcur , l a froidc Crilauté, Qui de Icurs pieds d'airain foulcnt l'Humanité ; I'aveuble Défdpoir qui nouiri pour la guerre,

&u au, I'feJ, I X O U ~ I ~ ~ E O I L E ~ ~ c.&a & $eider&

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C H A N T 2. t r

Voi ces fiers ConquErants , ces iuperbes Romains, Sous le ~ o i d s de leur gloire opprelfer les humains.

Voi les pas dcs Héros.marqués par le carnage ; La Morr , fous mille afpeLIs, prérente à leur paffagc , Les remplcs dc la Paix tombant à leurs regards, Er les Arts éperdus fuyant de toutes parts. Voilà donc 1.5 morrrls, dont la terre rn filencc

Ador: 1:s decrm & vame l a puirance !

Par-tout on l.ur conitruit des tombeaux faltueux,

D'UII pouvoir qui n'en plus monuments orgueilleux, On les éleve au Ciel , l'Univers k s a h i r e ; Avec ies deltruaeurs , c ' d l ainG qu'il con!jire, Er qu'cn déifiant les furcurs des H h s ,

L'hommc Ics cncouragc d dcs crimes nouveaux.

O roi ! d'un faux honneur imprudemment avide, Qui d.ax 1:s champs de Mnrs confacrel'homicidc,

O mortel ! pui(rc-ru, rncfurer déformais. L7h;roïliiie der Ruis au bonheur des firjcts.

Mais plus loin qucllc troupe, humble en fa contenance,

Par des rentiers obfctirs , Jufqu'à ces moms s'avance !

Quels mortels, affeflant le mépris des grandelus,

Penfenr par ce dedain parvenir aux honneurs ! Qui niarche dcvant eux ? La doiiblc Hypncrik,

M o n k étique Sr c rud , dont i'anie ei? endurcie

A l'horreur des forfaits qu'il femble détcfier , Conmc au mCpris du Dieu qii'il feint de refye€ter. Son front {ombre & livide cff iouillé de polifierc j

Son in4exilJc orgueil elt cacht fous la liairr.

11 gnidc fur ces monts d'autres ambiricux.

Jmplacable en ia biiiac ,-fl b c a r e loin d'eux,

A v i

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u I E B O N H E U R ;

La tendre Charité qui brûlant d'un Linr z d a , Rend aux huma* l'amour que Ics Dieux ont pour elfe, Desaveuglcs morrels ion t r h e rrfpeaé , Efi fondé fur la Fraude & l a stupidité, Sur 1.1 c r a i n ~ ç d'un Dieu qu'cil fr iret il L.lafpliême,

Sur la CrCduliré qui s'avcuglc cllc-même.

D e r o u t a les venus zé12 perrécureur, L a paix eR fur i o n fronr & la guerre en fan cœur , Avec horreiir le Ciel, & le voic , & I'(.~oure.

Mais détourne la vue, & voi par cerre route, Sur cc mt?nie rocher , gravir ce Courtifan, Au Pa!ais d 'un V& , Caméléon changeant , Qui rampanr A l a Cour, dCdaigneu à l a v i lk , Perfide a fcs amis, à 1'Etat inutile, 7.1 fier du joug des Kou qu'il porte avec orgueil,

Attend à Icur lever Ton bonheur d'un coup d ' c d . Qtre l e bonheur fouvent CR loin du rang fuprêine !

V o i LE Roi Cars 611 Lile & [cul avec lui-~ii&nc L

Le Remord inqulct i'ctFrayc & lc pourluic , S'cnfirme e n f ~ s rideaux, & le ronge en ion Iit.

cependant jurqu'au pied de ia roche fatale , Qu'envroniic l a foudre, où h Eorcune kale Ces rirrcs, crs grandeurs, G ciirrs aux yriiug&,

Tous 1-s ambirirux s'étaient déja nngés. Yréw à l'rfcaiader , ils s'avançent en foulc j

l a tcrre fous leurs pas , mugir , tremble, s'écroûie)

Je les vois 3 I'euvi graviKant fur ces monts, 5'encrç-pi:iipirer daiis des gouffres profomis.

Je VOIS ùrillrr I'acici dans leurs mains meurriicres

Les arguellleux S e p i s frappes par lss Tibires i

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C H A N T b *#

i.cs Aaron3 à leurs pieds renverfer l i s Dathans

l e s Bajazers tombcr aux fers des Tamerlans. Partout je rencontrois des objers d'épouvante,

L ' ~ i f r v i glasoit me3 feus, quand d e fa main pui.?antc,

La Furrune aiiifirôr, u n bandeau fur Icy yeux , Cherche & p r a d a u nazard u n de ces orgueil1çux; Ellc niême le plact 2u plus haut de fon trône. C'elt là que fous 1s dais l'.arnbitirux s ' h n n e , ~c plaiiit ù'être à ce rrriiie , o ù Con c<lrirr dolr fen:ir Le nialhcui imptévu d'éxiffet fa i s d&.

Quoi ! ilifvit-il , frappé d e rcrreurs lcgitimes , Confumé de remords allumés par mm crimes,

Entour(. d'ennemis prks à m i déchirer, J'aurai done tour à p r d r e & riea i difier I

Quel maliicur çit k mien ? Eh quai ! ma p d v c y a n ~ c D e coures mes grandeurs m'a fair jouir d'avance ! Kr j'y fuis inIë11fibk alorg que j'y panicns!

J'd roujours i roiigir dcs honneurs que j'obtiens. (+). Oxi : ces amhirieux qui l'on rend h o ~ n n i ï g e ,

Sagcs atix ycux d u f o u , font faux aux yeux du Cage. (7).

0 g a n d , d e q~cfqu'liotiiteor que ru foi$ r é v h ,

III n'en i r n p f e s poinr 1 I'ceil de la Verru ! Dans roi , dznr ta , je ne vois qu'un plmfpliorc, Q u i brille de 1'Cclat du feu qui le dhore . E n proyc à ris cnnuis , aEaiITE fous I C L L ~

T u fouffres chaque infiant Ics maux iluc ru p~évois. Je fuir de ces rpiirmenrs le f p s R d e funefte , ~ a ~ c l f e , arrache moi d 'un licu que je dtrefiç.

La tcrre s'ouvre alors, la mcr monte & mugir

&'Ambition s'envole & le mont s'eiq$ourir. (Ci\

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*4 L E B O N H E U R ,

V A R I A N T E S D U C H A N T P R E M I E R .

I 1 ) M a r c h c aux divers féjours qu'habitent la M ~ ~ I C K C , La fiere Ambition , la Cordide Kichcnr j

T u verras qu'cn ces lieux , I'infrnG ne pourfuic , Que l e fantôme vain d'un Bonheur qui le fuit.

(2) O mon 61s ! il ne fur a u Printemps de la vie. ~ o û t e r qu'un feu1 plailir ; la fource cn efi carie. T rop touché de ion iorr , tu pl.iins u n malheureux :

Toutefois ili'eft moins qu'un f d an1Liri:ux.

f3) Elle dit , & di1 temple où regnoit la MolleiTe , Traniyorcé c3u:-i-coup au char de la Sagclfe , Nous volons; fi3 courfiers en travcrfanr les airs, Sous leurs rapid-s pie& font jaillir lcs éclairs.

Mais roumis dans lcur foiigiie à la main qui les guide,

Iis fondent tout-à-coup dans une plaine aride.

(4) Ouvrage da hazard , rii6priGble à moi-même , J e voudrois m'ignorer dans ma gfandeur iiiprême,

Qucl plus rude tourment pour un ambitiïux , Que le malheur c o n h n t d'&rre vil à Ces yeux !

Surchargé da refpeas ; qui les rend ? la BalTcKea La fouple Trahifun, Beiolii , la Fuibiclfc,

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C H A N T 1.

De ces & ~ P S refpeaS les iervilcs tributs , Sont payés à la p!ace , & non pas aux venus. A quels ralents , doit-on le fceptre & k couronne? C'eft i'iilrrigue iouvsnr , ou le fort qui l a domc.

Loriilur par dçs vernis, on fair la iriériter ;

La rerre trop long - temps a le droit d'en douter.

($) Qu'un grand CR qii-Iqucfois peric aux premiers rangs ! Coinrrit: il s'an6anrit devant Irs grands calcnrs !

Un nain en eft plus m i n placC fur les montagnes, Un &nt plus géant debout dans les campagnes. O toi ! loin du bonheur, par l'orgueil égaré, Honiiiir , de ca grandeur & d'un cirrc enivrt,

Contemple #une vue & raine & rkfléchic Les dcux excrêmir6s qui limitsnc la vie j

Como's le peu qu'il faut d ton être imparfait; E n nailCant , tes befoins font un Cein & du lait : A ra mort, un liiiceuil , une fo!Te , une bihe ; C'cil là tout ce qui reile aux maîtres de la terre. Mais q u e l homme infenilble aux honneurs qu'on luirend, Lss contcinple coujoiirs d'un mil iildiiiérenc? On chcrche le Bonheur dans le faite & la pompc ;

PuiiIicz-vous, ô mortels ! aimer q u i vous détrompe.

(6) Si tu n'as dans ces lieux, me dit alors mon guide, Vu que dçs grands en proye au Remord homicide,

Garde roi de confondre avec ces mûlhcurcux , L'ami du bien public, le mortel généreux*

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16 l é 8 0 h k k ~ ~ j Qui juRe & roIérant , né pour-remplir l e trônr ; Se charge par Yerru du poids de la couronne. Apprend qu'd l'homme libre il faut doxncr des fers', J'cn rougis j niais enfin au coupalik L'nivcts , Il faut dcs Grands , dcr Rois , c 'd i un mal niceCaire i Llnfuliice fans eux leve ane tête alriére , L'Amour-propre bientôt rcclaine tous fer droiri , Prend la Force pour juge , & fer délirs p a r loir.

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A R G U M E N T . Les riclieffcs font moins dcs biens réels que Ie

moyen d'en acqiicirir; Ics chercher pour clleç- m h c s , c'eit n'en pas connoîtie i ' u L ~ e . Le riche ignorant Eprouve i'ennni , le mipris des hoinmes à talenrs, des savaxs . Il ne faut point de connoiK~nces dans une fortune bornie; la Narute indiqiie les jouiflàiiccs. Il faut des Iiirniereî pouf jouir d'iuie grande fortune, qui ne feroit qu'A charfc, 6 clle ne donnoit de nouvcaiix goîits. Rec crcliez donc l e commerce dcs Pliilofophcs & des Savants: A p y r n c z à penfcr avec eux , en voiis d [ f i~n t d e leiirs Cyiléines. Les Sto'iciens ont placé le Bonheur dans Ic calrnc d'iiile amc impailiblc ; &ta: cliinifriqiie dont I'OrgucJ veut pcrf~iadcr l'i.xilteiice , fatir ri, E ~ ï c pc~fuadL lui-niénie.

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LE BONHEUR,

C N A S E C O N D .

S i l 'Amour, fes p l a i k s , l e Pouvoir , l a Grandcur , N'ouvrrnr point aux mortels le temple du Bonheur,

Faudra-r-il le chercher au f i n de la riche& ?

On nc l'y rrouvc poin t , rcpliqua la sag&. La r i c h d e n'en ricn : les fiériles métaux , N'enferment r!i leur &in n i Ics biens , ni lo maitr. L'or a fans douye un prix qu'il doit Con u i ~ g c ; Echange du p l a f i entre Lcs mains du rage , Dans celles de l 'avare, il i'e3 du repenru. Sans attrait p o x les Arrr , de quoi peur-il jouir ?

Non , ce n ' d pas pour lui '111 Bouchardon dc~linc, Q s e Kariicau ~ i ç i i d la lyrc, & Miltoii i r i i q p e ,

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T a L E B O ~ H E U ~ ,

Qu'Uranie a levé le plan des v a h Cieux , Que fur Ton roc encore aride & dbulctix , Fonrei:elk rlpa.nd les fleurs & la lumiere,

Fr qu'al pied d'un ornirau , le fronr cein: d'a!ilierrc:

Il inftruir lcs B:rgeri à chanter I x r plaifir. L'opufenr accablé d u poids de i o n bih ,

Aux lymber de i ' h n u i , conduit par l 'ignorance, Clicrchc en la in le Bonheur a . rein dr l'Abondance. tiiiprdTé de jo.uir , il nc juiiir jamais,

Qirc du plailir g ro5ec dcs beloins catis fait^. Son imbecillit& cro:t avec fa richcirc.

Ne t'en i tonne point , ajoura la SageKe , f)iiciple des objxs , dont il ei t entouré, T o u t homme à l'ignbiancc, en ndiffan:, cfi l i ~ r é ,

'DU d o n de fa pcniic n-r-il fait pcu d'ufage > Dans i o n o r g u ~ i l jaloux s'éloigne-rd du Cage ?

A l a csduciré parvenu fans talent, Son corps cil d'un vicillaid, fon cfprir d 'un edant . (1).

Rien ne chaire k ~ n n u i de Con ame inquiéte : Sous fer lambris dorés , q u e fair-11 ? i l v-gerc. De quclqii'i-clac , m o n fis, dont l'or fraye r ~ s yeux, .

Son l ~ o l h T e u t av i lc eit r i r e m c m hrureur:

II a pcu de vertus. Fafiucux, Couple & rraîrrc, Tyran avec I ' r fc l~ve , efclave avec le maître , Comme !'Ambitieux , jaloux de fcs risauu , Sans avoir ici calmts , le Riche a Ces défauts.

L'un paioîc à ilos pxix toujours piès d r EL chice ,

t 'autre efl aux coups du Sort peur-êrrc moins en buccc. Mais aux fxncuu r c v x s s'il efi moins expoli

Pius eiiyie rln peuple, il eft plus niCpiiÏe,

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C 3 A T i 1. II

L-s aangers que l'on bra-re ennobliffrnt Ics crimes. Tous les arnbirieiix pdrenr pour magnaniines.

Plus criminçls fans douce, ils font moins odieux: &.a Fortune en un jour les p e r d , nous venge d'eux i

Le frac= de leur chûre a d d i t notre haine. Mais qurlle elt du niurcrl l ' m e libre & hautaine, Qui nc voir les grandeurs que d'un ail d e mépris? Plus le p é ~ i l eR grand, plus pour u n fi hauipr ix , Chacun portant e u foi la Cemence du crime,

L'excufe dans un aut re , & trop fouveut i'eitime. Le bonheur n'elt donc pas dans dcs bicnr f u p c r f l ~ r ~

Religué par le Cicl .au Palais d e IJiutus. Où le chercher, &foi.-je r eit-ce auprès de ces Sages Dont Ie nom efi encor refpelté par iesdges t La SageITc m e dit : o n a vu dcs mortels,

Jaloux de s'ériger eux-mêmes des autels, Ofer d'un Dicu moreiir pénétrer le-myftère. Mais ccs Sages, mon fils, que I'Univers révire , N'onc tti. bien Couvent que d'adroirs impofteurs j Admirçs dc la terre , ils i'onr rcmplird'errcucs , Pt fait dans i'efpoir vnin d.'expliqiiir la Nature , Sou% le nom + ~ a g e K e ? adorcri'Irnpofiiire.

Un Perft , Ic premier , Ce dit ami des Dieux , RaviKcur d e l a flamme k dcs fecrcts dcs Cicura Le premier en Afie , il affsrnble dcs Mdges , h f e i g g c follement la fcicnce der Sages. II peint l'abyme obfcur , berceau des ClCmcnrs,

Le f e u , Cccrcc auteur dc tous leurs rnoiivemciitr. Lc Grand Dicu, & b i t il, fur Con aflc rapide 1

fc?doit avant le temps les vaBcs mers d u yukic i

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ca L E B O N H E W R ,

Une Rcur y flotroic de toute Erernité. Dieu I'apperçoic , en fait une ~ivii i iré. Elle a pour nom Brama, la lionré pour effcicnct;

Ce fupcrbe Univers eR fils de fa puilfance.

Par lui Ic mouvement fuccédant au repos, Le pavillon des cieux Te détache des eaux. Du fédinent des mers le Dieu pêtrit la r em , Lcs nuages épais, caverne3 d u tonnerre , Sonr, par Ic choc des vcnts, enflammtr dans Icr aira. Le brùlant Equaceur ceint le valle Univers. Brama du premier jour ouvre enfin l a barriere; Les Soleils allumés comneiicepr leur carriere , Donnent aux vaRri.Cieux l rur f o rne & leurs codeiiri , Aux forêts leur verdure, aux campagnes leurs fleurs,

Ami du merveilleux, foible, isnorant , crédule, Le Mage crut 1o:ig-temps ce conte ridicule.

Et Zoro&rc aiilfi , par I'orguril iiifpiré , Egara tout un peuple, après s'être égarS. Ce fiir en ce moment que I'aveugle SyCtêmc, Sur i on fronc orgueilleux ccigiiic le diadème.

D e l'énigme der mots couvrant Ta faullécé , Moins il fut en tendu, pius il fut rc fprG.

Mais dc la Pcrk enfin c h a n par Mo l l c f i , II craverie les mers , s'établir dans la tircce.

Il connoîr, il a vu la c a u k en Ces eifers ;

Er la Terre & les Cieuqfot i t pour lui fans frcretr. Fiéfiode pr&end que fïur I'.ibyine iminenîc ,

RSgnoit Ie fombre ErCtie & l e profond Silence. AI& que dans les flancs dii chaos réncbreux,

I'Araour clt engendré pou1 -onuiiuidcr aux Dieid.

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C H A N T I L

DCjl l'xntique nuit qui couvre l'Erbér;e, FLt par les feux du jour 1 rnoirii dévoréc 5 (2).

L'Amour né, tout s'anime B s'arrache au tcpos ; Le Ciel étincelant Ce courbe autour des caur, Thétis creuïe le lit des ondes mugiKanter . Ec Tirli&c au+leKus des vagues éwrnanres , Levc un Cuperbe front couronné par les airs. L'ordre né du chaos embellit l'Univers.

dam d q efprits , ad mi rat eu;^ d'eux-m€me~; L'orgueil de tout connoîcre eilfaiite des fyiGrncs. Aidi les nations , jowxs des impofieurs , Se difpucent encor fur le choix des crreurs j Aux plus folles fouvent rendent le plus d'hommager; Ainfi nome Univers, par dc prétendus fagrs, Tant de fois tour - A - cour détruit. édifiC, Ne fut jamais qu'un rempIe à l'Erreur didi;. (3).

Hilas !fi du favoir les bornes font prefcrires , Si I'cfprit elt fini , l'orgueil eit fa31 limites. C'LR par i'orguril jadis que Plaron emporté, Crut quc rien n'ichapgoit à Ca fagacité. g u pouvoir de perlier d;pouillant la matiere , Notre ame , enfeignoit-il , n'efi point une hmicre ; Qui naire , s'affoiblfie , & croiffc avec le corpsi Subilance initcnduç , elle en meut les reffortr i Efprir indivilible , elle eit donc imrnorrcllc. L'ame fut cour-à-cour une vive écincelie , Un arôme rubril , un fiuffle akkien. Chacun en difcourut ; mais aucun n'cn fut n'en,

Ce n'étoir point affcz : & l'homme en Con audace; bprts aya& fsanchi les dcfcrrs del'efpacc ,

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W L E B O N H E U R , De I'ame par drgrés s'&va jiifiluti Dicu.

p i c u rem?lit l'ÿnivers , & n'cR en aucuit lieu ; Rien u'eR Di+, nous dit-il j mais il eft chaque chcre-

Puis en lowgs arguments, il difcuce , il propore , 11 forme enfin f a n Dieu d'un milanse confus D'art;itwics diffé:çnts , de coiit.rairri vcttus.

Trop fouvent ébloui par Ta fduffe kloqucnce , Cachant fous de grands mots fa fuperbe ignorance ; II Ce tcoinpc lui-même, & fourd il l a raiion, Croic donner une i d k , & nc forina qu'un fon.

Au Labyrinthe olif~-.:r d'une icience vaine,

Falloir-il pirdrr un trmps que la raifon humdine,

Aux ~ r e m i c r r jours du monde , aiiroic e m p l o p mieux ?

A rechercher le vrai Ce créer d-5 Dieux.

Folle en u n efprir faux, édairie e n u n Cage , Locke qu'rlle aiiiina, urius en montra l'ufagr.

ChoiG[Tais-le pcur maîrrr , gi qu'en nos premiers ans,

11 guide jufqu'au vrai nos pas encor rrcmblants. Locke n'dtrcignit point au boiit de l a carriere ; Mais fa p u i I h c e mai? en ouvrir la barriete.

Pour niicur cunnoi~rç l'hornnie , il I r prçr:d a u bercelu 9

11 ie.fuir de I'enfance , aux portes d u rombeau,

Obfervr Con crpric, voit cornmcnt la penche , Par le burin der izns eit dans Paine cracée , Er combien dcs Cwants Les dogmes i r n ~ o ~ t e u r ~ , Combien l'abus des mots ont eufaut; d'erreurs.

D'un b r u il abailTa l'orgueil d u P l a t o n i h e , p c I'aurrç il iiinita Ics champs du Pyrrhoniiine ;

luvus découvrit enfin le chemin écarté , F r le parvis d u Temple où lu i t la vérirg.

Pén6tïord

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G R A N T 1 % - .* ?;:iSrrom avec lui rous î a voûrc facric. . Que de inci : k m divers e n d é f d e m l'entrée L La ~ ~ r s f f : épancha:ir le fpc de f t s pavots, Engoiirdir Ics cfjricr J'uii Rupidc rcyus. Lc i y E r n c eiitourl: d'écl.iirs k dc nuages, En les éblouiifant en écarcc Ics Sages. L'odieux D d p o t i h e entouré de gibttr , ~ o m r n a n d r à la Tcrrciir d'en f m n e r les a c c è ~ ' La ShpcrRiuon d u fond d'une cellqic En chaRe , e n I'eKrayaiir , J'erprir foiMc EL criduk, Par Ces cris doulouretax le Bcfoin menap.m.

Sur la pette du Temple l r r t r e l'indigent. , L'0piniâtmré le cache à la viellelfe, Et l'Amour cp difcnd l'entrée 2 l a jeuncG. Mais il s'ouvre aux morrcla qui d'un pied déd.iigwUi] Foularft les v ~ i n s p l a i h , les ~r iyugér I i o r x c u ~ , Arrcndclat leurs fuccès de leur pcrfcvérmce . Et font dcvanr lerirs pas parcher I'F.xp;ricncc. (+,Y Elle les a conduicr jufqu'd la Vériré. Les conduir-elle cncar i l a Félicité ?

D'un ahrc impérieux ia p u i r a w c ennenile, OU Erne d: rloulrus le COUGS de nOrrc vie, O u du tnoins y répand plus de m a u x , quc dc bicnx Si je veux être heureux & jamais n'y paniens , Ji [ e nc puis jouir que de I ' e f ~ o i r & I'érre, InfonunCs mortels, je ne fa& , mais peur erre, Lc Bouhcur n'cf? pour vous que l'abiciwrc der niaux.

Sais doute, cp'cngoul-di dans un p a r f ~ i c rcpos, La rage inaccefible d l 'Amour, à 13 Haine , w e dms l'indigince k libre iew l a chaiiic,

B

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'Id r i B O N N E V R ; porte in&ffCremment la couronne ou lss h r ~ . dous rêgide ftoïque , à i'abri des revcrs , Cc niortel doit jouir d'un caIms inalr4rable. Que 1'Univen s'érroule , il r e k iii;branlablc.

Aprcnd , dit ,la Sageffe , à le connaître mieux ;

Qui feint d'être idcnlibl:, elt toujours orgueilleux. Coniineix peux;tu, trompé par Con dkhois aultere, Prendre pour fige. un fou , fuperbe , atrrabilirc Qui CrnGble aux pla&s, les fuicpour évirer, Le danger d i Ics perdre & de Ics regretter ; Qui recherche partout, la Doulcur & i'lnjure; Comme les ieuls creulers où la vertu s'épure , Q u i coujour* prEparé contre un mai i venir] S'habitue 1 l'opprobre k s'çxrrcc A I r i d r i r ;

'Pouk aux pieds la RicheTe & bravant la MiTcrc, Sc dévoue aux ~igueurs de ion def in conrraire. Zivranr aux palTions d'inutiles combats, VoiPccr four infilter aux pIaiirs qu'ils n'ont p&, S'enivrer des vapeurs de leur faux hiruiiine , Apôtres & maryrs &un mornc Zénoiùhe , Préférer fottement la douleur au plaifïï, Er l'orgueil d'en médire au Bonhcur d'en iouir.

n i a i s par leurs vains difcours, comment donc, ô Sagefi, Ont-iL pa fi long-temps rromprr Rome & la Crcce ?

Ton efpric, reprit-clle , en en il &on& ?

Chez des peuples altiers le Sroïcifmc efi nC. Conune un être imparlible , il leu; peignit fori rage; Il porroit îur [on front le mafque du courage; con maintien efk farouch: , axLtCre, impérieux:

$&Jas : En faut-il tant pour fafcee; 1.s y e u :

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C B A N T Zr. "e i'oi poulicr i'exc& fa feinte i nd i i fh t r r .

Voi , comme en t w s 1:s temps, féduir p r l'appuende i Et di1 joug de l'Erreur tardif i s'échapper, f.'inhCrilc univers elt fîcile h cromper.

A CS mots& m e trouve cn unc placc i m r n e d c ,

Qu'un pcuplc curieux remplit dc (à prtfcncc.. L'3, sSéll.vc un bûcher oh la torche à l a main. Un fier mortel s'a6ed avec un front ferein.

Sut ce bûclicr funebre , où ton a i l me contemple; Pcuple , s'écrioit-il , apprend par mon cxcmplc , Qu'un Ià@ en tout é t a t , égal en tout aux Dieux, FR calme , indépandanc, impalTible comme eux. Rien ne peut l'émouvoir : la dévocance flamme, Qui pénkrre Con corps , n'atteint poinc 1 Con am?.

La Crainte qai Cubjugue u n c e u h m indornpti . Qui couche l'ours aux pieds de ion maître irrirt , Et courbe un peuple entier au joug de l'eïdavagc , Prut t a i t fur la Narur: & rien fur mon courage.

II clic : à Con bûcher lui-même il mer le feu ; k a foulo épouvantée, cn lui croit voir u n Dieu; 131: zvancc , Ce preffc , elle s'écrie, admire. Quel eR donc, reprend-ii , [a terreur que j'iiifpirc I. .

Que poucroit la douleur conrrc ma fermeté i al& moi j'admirois fon intrépidid ;

Son courage firocc Ctonnoir ma foiblcTe ; Alors que du bûcher la p u i h c c Saçefle,

Ecarrant certc foule, appaifë Ia cimeur. Le Stoïque le voir, il en frérnic d'horreur. A cc coup imprCvu fa ccoi ihcr s';tonne ;

Xi poufie un cri plain:if, fa forcc l'abandonne.

B ii

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YO Z R B O N J ~ E V B ;

Soli orgueil l'a Ia iG rcul avec la douleur j

Er l e Dieu di<paroîr avec l'Admirateur. Egaré , dis-jc, alois , en ma route iiicertainc , J'ai chcrclii 1~ Bunlicur Sc ma poiirhire dl m i ~ c . Sans dpurc aux pafEo:is je devds R.Ïit;r. Tclcmaque ou M e ~ t o r , les fuir ou les domp:er. Non : je n'écoute plus 1-r rrompcure promcilc. Quel eil cc L u x Bonheur promis dans lcur ivre& 3

Queiques plaiiirs CmGs dans d'immenfcs dXerrs. Sur leur illufiun, mes yeux fe font oiivcrcs. Le t p i p o r t d'un infiant n'cfi pas Ic bien Cuprêmc. Quels feroient cc6 faux biens qu'on pourfuic & qu'on aiaç, S'ils écoiene mieux connus, s'ils émirnr cornparéc , Au fro&le, aux noirs Cooicis donc ils font cntoar(.r 1

C'efl I'tclair dloiné dans le flanc drs orages, Qui d'up rapide i eur filloiiiic lcs nuages , Et dopr i'lclat fubir. rtpandu dans Ics Ckiix, Paroît d'autant plus vif qu'ils Co~r plus ténébreux,

SOUS un Ciel éclatant d'une kgale lurniere, L'heureux doic romrnericcr k fiiiir f* rar~icre.

Ce Bonheur, Û Mortcls ! que nous recherchons tour, N'r&quiuc I'enchainemenr des plaifus les plils doiix, Qui pourra lale l'offrir ? ô divine sagcKe ; Sur Ics Iisux qu'il habirc , &lairez ma jcuireflg. Nrn vives ~ a f i o n s entraîncxurnillc maux. Le fmcroir-il un fiupide r,pcr?

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V A R I A N T E S D U D E U X I I M E C H A N T ,

L'argent efi tout pour l u i , l'$ru& eli inutile. Tenmr nouveau Mi.ias, coujouis i'cïil arrké, SUL l ' o r , cc vil ohjec c i r fa ciipidiié,

Sous f;s riches lambris , que fair-il ? il végére.

L'à , fa itupidicicé tranquille & f+isFaice , Voudroir par frs mépris avilir lis Savants : Du Cein de i'opaleiice , il inCulre aux ralmrs.

Mais adnire en iecrct i'rcrivain qu'il dcprirnci Le dédain efi Couvent un aveu de I ' e h .

v

( r j Heureux fi l'homme an jour docile ;t la ce;lSus Eoiirrnr de s'cgarer aux chdmps de la Nature.- Par de-là k s conf;ns ne pourfuic p l u ~ ' E ~ K O U L 9 Il ne iai!ir rl.u vrai que La faune lueur ;

Er fi de ion favoir les bornes font prefcrirer, Bcc.

(3) Ils k la i rcn t enfin . l'Air, la Terrc & Icr Menc Ei l e fau de 1'Ampur a n h e l'Univers.

B iij

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(4) Par des foins &dus leur couragcufe main, A fait d'un fol ingrat un feiiilc tcrrain , Aux effcirrs du rravaii elt - i l rien d'hpoiliblc ?

'Li, conduit l'iiorrim; au vra i , Ic Iui rçnd acccfibk.

ALdï des Aquilons & dcs courants vainqueurs , Mdrc voir fur Ces bords de robufbes Kameurs . Par dc oonitants efforu en furnonter les lames, Le mobile éiéinenc s'endiircirfous leurs r m c s , L'aviron appuy; fur les fo?.Les :aux,

Bans k s p r t s LtouiCr ccrnerqucr [CS v;iiiTca*r;

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L'homme le plus h:ureux e f l ce13ii qu i rcnd f o n Bonhr~ir le moins d spc i~dan r des ail- t re î , & en mrmc temps Celui qü i poKede p1:ifÏcrirs gnkx anrq:i<!s il comz~a i~de . C'eR J'lioininî qoi aimr L'$tui!r 9 1c.s Ccicnccî. Ik ci? a la fois piiis iii.t.'pcnd;zi~r & pl!~s gciairc!. 11 r f i dcs plaiGrî vifs q1.1t doiiiic l a PhiloCu- ~ i i i e , [nit ccllc qtii CruJie 1.i Nature , L i t ccllî qu i tcudic I'i-iomrnc. Le PhiloC~;>he jo~i i t n ~ h t r.1 fc t r a m p ~ n t . Il aime 1'Hil"-- toirc qu i rcrt à l'6cude cxp i r imen t~ le d e l 'hunimc. 11 nc rciioncc point aiix plaifirs des fcns ; mxis il les maîirire. La Po25e , la Mufi- q:le, I L Pci:i:ii:i:, la S c d p t 3 r e , I'Archirethtiire, Iua p u r h i dcs itouvd1;s iour ics dc p l d i s .

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LE BONHEUR; POEME ALL~GORIQUE.

C H A N T T R O I S I E M E ,

A w faîte des grandeurs , ail fiin de la ~ i c h e f c , Qui f ~ i r foupirer i'hoinme & l'agite [ans c d & ?

Qucl l'rrpciir f ins lcs fleurs fe gl i f f ï près de Lui ?

~c r.pii!e od ieux , dit m o s guide , eil 1'Enwi.

I)ii velun qu'il répand la maligne infiireuce , Jiif,iu: dans Son p h i s débors 1'Dpulsnce. Darir I:.s hrai d u Plaifii , da.is 1 icin d a Amours, 5011 fout3e îiiipuiloniiE cernic Ics plus beaux joais.

~ u i l remede à cc nia1 ! c'~.lt fdnr dourc l'érudc ;

~1l i ; i i - coiijouy nouvedu qu'auginenre l'habirde. ( 1 )

Aux charmrs qu'elle t'offre abandonnr ton catir,

&n c i l e r c ~ u ~ u o i : Ir -2 &LI B<mlicirr. . B Y

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S + Z È B O N H E U R , %n elle rien puiier ce p l a i h donr IVuf,ge , Convient 1 t o u r k a t , en tons lieux , i tour âge : Plaiîus vrais, dont le sage a la frmence en h i . Malbeur à '!'ide& qui les artend d'autrui, I r qui d e la Pomme ignoranc Ir ~aprir-e , D c Ton BonhLur fur elle a fonde 11édi6cc , l'a mis dam les grandeurs, dans le faite br Irs biens. Q'aura-t-il pour rivaux? rous {es coficiroyeiis. (L)

Vrrs des monts efcarph à ces mors elle avancc. Sur leur cîme je vois Ie Doure , le Sikucc , h Méiiratmn I ' d perçant R; v i f ,

La f ige Zxp(.risncc au regard arcentif j 3nlemblc ih afluroient par dcs travaux i m m e n h , les nouveauxfondements du Palais der Sciences , OÙ pkrkroit d6ja le jour des vLrirSs. Ces mont5 piir del mortels feraient-ils hahirk? Que vois-je à 1.w Commcr ? Dcs Sages , reprit-cris i Ils s'abreuvent ici d'unc joye immorrells. A leur puiflantc voix la N ~ N I ~ C obéir j Son voilc efi rrarifparrix à ï a i l d e I ~ u r efp'prir. Ils ont f r a n ~ h i d'un Lur I'cipace qui @par:, Le vrai 1; plus commun n'un vrai fin & plus rarc. Uans les iccri!:s du Licl kurs y e i n ont fïu percer j Des eLfers à 1-ur c u k , ardelicr a s'élanczr , Leur rriiCon a déuuir le &gnz des preiiigcsj

Aux yeux de leiir g k i e il n'rit plus de prodiges. SiinbIables des Skux ils ont pii'e Ics airs, Meruré leur h a u x u r , ceinxc notre Uuivcrs, A d'uniiorrnes Ioix affirvi la Nature. Dans 1;i- varGié 5111 fomr L3 ~ a t u r

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C H A N T I L I . 79 Dans l'abyme des eaux , fur les monrs , dans Icr Ci=. Quc de récrêts voilés nc s'offrent qu'A leurs yeux:

L'un examine ici, qnelies forces puiifmrer

Surpendent dans I'E:hcr ces é r ~ i l e s errantes : Conirnçnr en d6brouillar.r I'immobilr chaos,

L'arrratiion rnmpir l e s siia;nrs d u q o s .

Cet autre a rd luné les flambeaux dc la vie ; De la rapide Mort la courre eit ralcnrie : L'ail tinoüff: d:ia le rraiichaiit d c Ca faulr , I t le te in^^ çit yliis lcnr à creukr les rornlcaun.

Plus loin recoiinois-ru ces ames couragrufcs

Q u i f~nr:ireni au &rd ces ondes p a r c l l ~ u f . ~ , Donr les fiors foukvés & durcis par Ics vcnrs, Siirnagcin fur les mcrs cn rocliera r ian iyx:mr Dans cçs r r , h ~ILmats où leur gloire Te for1 ce, sur u n as: plus cuiur ils fifpeiidenr Ic mohde. Que cçs gliibes tins nombrç 6ronnrnr :noxi r f ~ r u ' Je fens qu'a Icur apca mon aine s'agrandir.

Ici , poiirrai donc épicr la N x u r e Percer de fes fecrêrs la profondeur olfcurc . Er ni'&ver bknrûr a u faire d u Bonheur.

N'e~ilTai-jc qu'km feuk goLr ; il fu1l;r d i i : ~ i i cau-,

Uii dourc c c p a d a n c mc fiii5r & m'sccablc . L'Errzur eiZ dc nos maux la ioazce i n é p u i h t k , ~ l l ; s'ouvre u n accA dans le plus g r m d crprir . C'dl l'onde qui par rwr fe fXre & s'iiiriocluir.

On la vit aiirrcfois chez les Koinaim, cn Grecc, Sdui rc dans &non, & charm-r dam iucréce. Lg plus rage eR rrom?C - h v e n r la \.anici

Doit xx:&r dcs c m & à 15 iVLcir.i.

B vi

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0 3 1 E B O N H E U R ,

Dekartes m'entendit : j'ai , me dit-il , moi-m&ne ; Marché les ycus couverts du bandeau du Syfiêrne,

R r m p l ~ c é d'une errfur, les erreurs d 'un ancirn , Biri muii Univçi-s fur les cl;lxis d u hen.

hlais qui peut ni'affliger ? J'ai failli comme un Sagc ; E t j'ai du moins marqué l'écueil par monnaufrage.

Il faut ,'di< Mallsbranche , en faire ici 1'3veu ; L'on ne vit rien en moi , q u m d je ri9 tout en Dicu. Si je n'irincrllai qiic de faiiffcs lurriirrrs,

Er fi Zocku a f l h i mes lauricrs t.phé.meres;

Infimit par mes erreurs, i l m'a fu devmcer.

e'd? rl'rrreur en erreur que l'on peut s'avancer. Si le me Cuis trompé ; fi ma'rsifon ekIave , >)es prl.ju$s d u temps ne put brifer i'cntrwç , Pardonne , ô Vf ricé ! quand l'en r e p s la loi,

3e ne t'o%nfcis pas ; je les prcnois pour roi. 31 dit , & j'apperçois plulieurs d'entre les Saga , Qui n i T i i . ~ cri riant f o ~ ~ s dCL épais feuiUagcs Lcs ro!uytis des rens aux p l a i h s de I'efprit. Qml e f i fous ces berceaux le Dieu qui les conduit 1

3,'Arnour a t-il les bofquxs d'ldalie, Poiir IL.: arid~s rnonrsoii Te plair Uranie?

Dcs Sagcs voudroicnt-ils fc bannir do ces lieux ?

N o n : mais, dit la Saçeff-, il font dans P ige heureux; O; Yardenre Venus 1cs br& d e fcs flamincs :

Poivenr-ils, chaftrs f a ~ u , les étçindre en Irursamcr) M a maiii entrcla:Ta dans le Sacrr'Val:on,

LES myrtes de l 'Amour aux lauricrs d'Apollan. L'Amow ei'i un des Dieux i qui je rends hommage,

C'di k t p n d'on iol , s u i s P,eS.hye d'w Sagc. - .

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C H A N T 217. j;,

XI donne i l'an des fcrs , $ I'aurrc dr r p l a i h

Ic i , des fcns, du c a u r , maîtrifmc Ics d t h , i'heureilx Anacréon , guidé par la sageire

Des rofes du plaiiïr colore Ca Maî t re f i , Dévoile Ces beaurhs & c é l h e l'Amour. Le Chantre de T;OS commande en ce Gjonr. JouiKez dcs beaux jours quc Ic Printimps fait n a h ; La fleur A peint éclofz efi prête à dirparo;nc.

E n vos c a u r s , difiiir-il , que l'neureux f o w r n k D'un plairu qui &tcin: y rallume u n déiir.

Caufcz avec Zénon, danCm arcc lcs Graces. PuiG: l'Amour foÿr rc , cmprefié fur vos rrace3 , D e Con ivrcffe en nous prolonger les in!!mrs. Voyez cc papillon au retour du Printemps,

Cemme il voltige au tour d'une s o k n o w c l f c , $e baIance dans l'air , fe fufpcnd fur f o n a%, Contemple quelque t e m p s fa forme & fa mul-ua, Ervole fur fun rein pour ravir fzs faveurs. AhTi lorfque l'Aurore tlairanr i'lihinifyhere , Vient rendre A la beauté le don heureux de plaire, C e papillon , C'CL? moi ; la roCe , t'rit Doris. Adrnirrnc de Cu11 fciii l'inc.unar & les lys,

M o n avide regard comemple a v x ivrefie, Ses mcmbrcs arondis des mains de la Mollefi . We puis je d u délir modérer Icr fureurs, J: vol; e n n e frs bras & ravis CS favews. Dam I'cxcés di1 pIaiGr nos aines iernlilcnr croirre; S'unir, Cc pénétrer k ne former qu'un frri.

Fous expirons tous deux fur l'autcl des Arnoun.

P c w u , &je {ô sageire, tcourec cci dikaurr

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-sa - Z E B O N H E U R

Dcs fauffcs vohtprés te! Croit le langage.

Non , ce n'cR point ici h deheurz du Sage,

E: le Rcmord fans doute a milé dans lcuc f c i n i Au neaar du pla6r Ic poiion du chagrin.

L'Ennui qui dans tous heux p w r h t le Sybzrire,

H'rmre puinr , reprit-elle, au Gjour que j'hahre :

II q w d la jouifince arritdir Ces d d r s , Le Sage cri d'aurrrs lieux ch:iche d'auirs pIaiLrs,

Apprends de moi , qu'un goût. aiors qu'il cit uniilW.

s e cllange cn palTlon & dcvient tyrannique i

Que la variCtE rend vif un p h 6 r doux.

U n homnie a-t-il en f o i , raiTcmb!t pliifieurs goÛr+? S'il en un, fi prrre e 2 pour lui nmi'is CcrifiLl~

En achevant ces mors, un pouvoir i nv inXe , M'a déja t r d + t t près d'un vafie Palais ; 5:s abords font c a ~ h f s Far un nusgc é p à u ; L'on n'appiirpic au loin ~qup ruines aririqucs :

D-s dibris cntailk cn fnrrn~xx Ics poruques. I r ce Palais fameux par Con anriqiriré, Eif bâù par !.a F h l e & par la VTriré.

\ Là , le burin en main la Muic de I ' l i ib i rc . Itcrnife des morts ou la honte ou La gloire. D e s Ssavanrs I'cnt~uroienr : l'un d'un mi1 curieux, Voir comment l'amour-propre, en tous temps, en:ous lieux, Perc uniqiiz & commun des vertus & des crinics,

@eufa de nos malheurs h: combla lcs abymes ;

Forma des Ciroyens , ILS fournit à des Rois ; F i t , rompit , reserra l e nmud Sacré des Loir ; Ereignic, ralluma lrs fiarnbcaur de la guerre,

J r mu: & v e r l . s a tous 1i.s @s de 11 Tcaet

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C H A N T I I ~ . 3 9

Des premiers des Romains, l'autre obfervanr les mœurs Et leur férocité, germe de leurs Voit chez eux aux Vertus fuccéder la RicheRe, Voit cc Pcuplc vainqueur vaincu par la MolIcik, Er ion trône confiruit du uûne de cent Rois , S'écroulsr tout à coup affaiffé fous ion p o i b Quelcpcx - uns moins m i s d'une étude profonde, Parc;uroicm d'un coup d 'a i l rouf la ficles du mon& s Qui fcmblables aux f i a s I'un fur f'aurre rouldnh, ParoiIIoient r'abymer dans le g o d r c du temps, E t dam leur cours rapide cnuaher k dérruue , Les Arts , les L o u , les Maurs , lei Rois b: leur Erripirc- Hilas! diioit i'un d'eux, tour pane & li: ditruir : Hâtons nous de jouir, tom nous en avertit.

Homme i n f e d , pourquoi , fi les mains étcrnel[ei, A m ficcler, comme aur jours, ont attaché dcs des,

Fuir Ira plairus préfcncs , t'Cyuifir rn projers, E t pourluivre drs bicns quc tu n'atteins j m a L ?

Qoc mon amc , lui-&-je , eR Curpriie & ravir! S'il cfl beau d'obferver fur les monts d'uranie,

Les reirorrs employés pour mouvoir i'Univerr, De nombrer lcs fol& fuCPpendus dans les aks, DC voir, d c calculcr quclk force les Les fair flottcr épars dans I'océm du vuide j Cornnient des d i e s Cieux p e r j m la p ro fodeur ,

'Tanr d'aitres Cifférenü dc forme bc de grandeur, S+ar;s mas eeiitr-eux par des défcrrs immcdcr , Ont pour lc batncer d'tnégalcs puiKances : f t-il moins beau de voir quds reTorrs CrcrncL,

EL qud a g a cornpiun rneuyem ws los mortel.!

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Pl L E B O N H E V R , De d k v ~ i l c r des reinpi l'olircuriré- profoiide ;

D'obfervcr l'amour-propre aux yrciiuers m n p s du monde, De le vair cn nos caum cr&r ICS pafiions , F d a i r c ~ lcs humains , formm les I j ~ r i o n s ; Conrre l'outrage ici , déchaîner l a Vengeance, Li, conrre l 'athlfin cuiraffx la Prudence, Er furger de Ca main l a Lialaiicc des Loix , La chaîne dc 1'LiTillivc & Ic fccpm des Rois j - Dr voir Iss Nations rour-à-tour fur la terre

S'illufucr par leurs loix , par les a r t s , par la gu-ne j D'rxaniinx 1:s nicrurr dans chaque E t x nalirant

D e pérvoir Ci graiidr~ir ou f m absi:r.menr; IYen d6couvpr la c a d i encore imperc~ptible , Er par Ir prévoyance à qui tout efi viiiole , Ik . fe rcndrepréfenrs lrs lïccles à venir i

Qx'en ces lieur, Ô Clio ! ru m'offres de plliGr 1 K o n : jxnais fur ces monts la célzlte Uranie , A dc $us grands objcrs n7:!cva mon génie. S~ge lTe , en ce moment j c fuis dsux fsis heur-ux:

I 'unis deux goûü divrrs. C~pen.lanc à mes yeux 1.e Trmplc du h n h r n r , ne s'&k puiiir e n a r c . 'ans doure un Ci-u I'habicc. Eti-ce envain qu'on I'ianplorc?

Dema ftlwiré 1: Ciel c i l i l jaloux ?

Pourquoi le feroit-il ? formE pour tous Ics go& , N o n , ru n'es point heursux auranc que tu poux l'cire, Chaque iulhnt , ô m o n fils, con bonheur peur s'accroîrrr.

Vien , il t r reR: encor des plaifirr à frntir:

&a c v r i ~ r e des arts il tes yeux ya s'vuvrir.

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C H A N T l l L 4'

Tc mc uowe à ces mors a u m i i i ~ u d'une pldiiic. Dans u n ccrcle argcnté quc décrit 1'Hypo:rCnc , Efi un bois de palmiers dont Ics Gpais rameaux, En;rela(Trs par l'art , Corn tiffus en hcrccau~. Un feuillage riaiffant en n r n b i a ~ c lcs roiires : Millc fcfloni dc fl:urs iufrcndus à lciirs voûtes. Y parfumcnt a u loin les balcines des vznrs. Qurllr main a voûté ces Palais du Pri ircriipa ?

Sur cef gazons flcuris , qucllc eR cetrc ~ E c f i c ?

L'Im~gi i ia t ion , r iy iiqur la SngcRc , Q u i F C U ~ rouvrir enmre Icr gouffics du chaos,

Zn r i r r r , i fon çri cenr Linivcrs nouv:aux. .

Son ceil perce a i -de- l i clic nioiidc qu'elle e inEiaG ; Zllc Franchit d'iiii fdue & le reiiips Jr A'efpacc. L'ek ellr p i courba tour lcs cerc1.s der Cieux. Q u i Sitic l'Empirée & créa cous les Dicux , Qui perçant par l'Etna jii5lii'au Cijour des ames,

Y crcuia le Talrare , en alluina 1;s flammis i Puis dc-II , remon:mt I la clarté d u jour, Dani: avec l c r ~yiva ins , f o i à r ~ e avec ['Amour; Au rerour,du Prinrrinps clvlnrc Ztphirc 8: Ilorc, f r lcs près iina.!l;s cks perler dc I'Aurore.

I c i , Lc Tï.gcm:ii; à L s c~"i;:s a n s , l a doinPr: , l a dii-ige en fcs cKorrr hardis. h x uirvres du ~ < u i c avec cllc il prtfidc.

Dans ces c k r s bofquers où Ic dcItin ce guide, S'ai raffcmhlé les arts : chacun a Li autcis.

Et quels font, dis je alors, ces Fott& mords,

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w L E B O N H E V R , Qui diiw l'Art de Linus initrui:~ par I'olyrniiic , Par leurs f u b h e s chants , o n t fair raire l 'tnvic !

Ce ion:, dit-clle , ceux dont les vers plciiis d e rem, O n t fubi, foucenu le1 épreuves d u tnnps. T u vois iucréce ici peindre aux regards du C ~ g e , Le vrai lc plus abfirair fous la plus vive irnnge ; Milton d'un feu iolide cnfcrrncr Ics I d c r s ,

Ceinuer l e pont qui joint 1Zreb: à l'Univers, Les Priors , les Boilcaux , les Popes, les Noracer, Ceindre l a Vérité d e l'écharpe des craces ; Le hardi Crébillon évoquer la Trrreur,

Er prEter d a m Ces vzrr dei charmes à 1'Horrcirr. N o n lo in , P d e e n aGs : enfants du feu1 génie>

Que mes vers , diloir-il, plaiienr. f ins harmonia , Yc ii'iniiicrai point ces Rirnçurs f a m talenrr , Qui prodigues d e fons , font avares d e frns;

Dont Ia vcmc répand cn Ton cours dtbordée Un déluge d e mois fur un défer t d'idée, Er je n'allierai point, imbécille orateur ; L'or pur da vCrirés au plomb vil de I'erreur.

Scrnblablc a u Dieu briIlant qui cdorc k qui pcnfc; Qui s'avance vers moi ? Celui qui dans la Francc , Le premicr emboucha iatronipx:e d e Mars ; Né pour tous les plaifirs , il chanrx tous Ics arts. 3a main cueille d ia fois le lautier & l a rofe,

Peint les travaux d'Henri, les c h a m s d e Monrofc, Les fureurs des CIements . ler malheurs de Valois,

Les tourbillons détruits par le Dcfcarte Anglois, Le rayon que Drriis enfourchoir pour rnanrurc.

6r Ic P r i h c oi Ncwion cn rnsntroic La &uhrc .

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C H A N T I I ) :

Tc1 o a voir dans un lac i la fois deiliné , L'objec le plus prochain & le plus éloigné, t c &:eau qui l'enceint, la forér qui l'ombrage, L'hcrbc , le jonc, la fleur qui bordc Con rivage . Et I'Afire étincelanr qui trarcrfe ICS Cieux-

L'air rerenric aIors de ions harmonieux: Yu rcconnus Quinaut : l'Amour monroir li lyrn Du Dieu qui Pinfpirou , il étendoit l'Empire, Er drcffoit fer aureLs dans ces Pahis changcanr~, T r d y ~ u x de toui les arts, pkiiirs de roui les f e ~ . (J)

Plus loin , elt l'anelier où i'heursufe Peinnrrc , Toujours en I'imiranc embellit la Nacure. hlilk grouppcs divcri , chcf-d'auvra de Ton arc, Du f p e h t c i r r furpris arrêten< le regard. II 3 cru voù dsi,corpr : fa main impatience, Touche , veur i'airurer fi la toile eR vivantc 3 Et Ton efptir cncorc inccrrain . curieux , Dourc qui Pa trompé du touclicr ou des ycux. Dans ce rableau hardi , j e vois lm mers 6mocs, S';lancer, îe hcurccr & rerombcr des nucs. P..r uil nmg: noir Ics C i e u x au loin couverci. YÎ fonr rc!an'x rluc du feu r i a éc1an-r.

L';in pi;x le ficr Renaud cnchaîné par A r m d c , ~ ' ~ u r r e J ccinr d un ierp:nr lc froiir d'uilc lumenide. Plus luin le voir 1: Tcnips, qui, vengeur del htrar Traîne, éio:liFc 1'In:ic aux pie& de leurs coxnb~aux.

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*i Z E B O N H E U R , L'Anmur nak avcc c l i c , Sr par cil: cfi nrrné;

I>u feu dc fcs regards 1c monde ei t animé.

D f j a Pan fur fcs mo:itr a fail; i ' ~ r i a J e ; Neprune a Cous les eaux cntratné la Naya~le; Ixion dans LI nu- a pourfeivi J u n o n ; Proferpine alix Edas s'iiiymc avec Pluton.

Qu'en ces l ieux, dis-jz alors , j'airnc à voir la Pc in turg

Donner iles corps aux Dicux , de I'anie à l a Nature ! Des ~OUFVLX de I'ou'iili retirer 1 s h&os , Er par cc noble efpoir e n former de nouveaux l Quc d e plai'Ïrs 2ivcrs un îcul goût fair k l o r r e !

D u TempIc d u Uonlicur fi je fuis h i n encorcf Du moins à chaque pas que j e fais e n ces lieux, J e me a i s A Ia fois pllit O ç e & plus heurus.+

J e dis Bc j '~piouvois un: joir inconnue,

Quand la Sage& o&it u n h&os h ma vue. Q u e vois-je ? Un Pridce ci ?. . C ' d l u n Roi g l o r i e u ~ r j Q u i potc&cur des Arrs & célcbré par eux , Rélcva leurs autelt qu'avoic f m d é s la Crccn Dicur ! qdil eût C t C g rand , ajouta fa sageG, Si Socrate ax c o d e i l , comme Alcide aux con1Ssts; L'ardrur dc coxiquhir n'cur p o i ~ armé foi1 brds !

De CEGr trop long-temps s'il fuivit les veltigcs, Son lieclefut du moins 1ç licclc d m prodiges, Quand Louis par les arts Ce l a ~ a n c enchanter,

Embellit l 'univers, las d e l'épouvai:rer. Admire auprès de lui ceux qui durant fa vie ,

O n t par d'heureux travaux illufiré leur Patrie. Quand le goût des beaux Arrs gerniera daiu ton c m r , . De mur plaiiirs nouveaux voi croltré rom Banlieur,

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C R A N T I T i . dl %L!p I'Arch;tefture en nain prend Con équerre ; Elle a lcvC Ces plans. là, d u Cein de l a Terre ,- T u vois ces longs léviçrr ail m h c axe attachis, Tirer cil gSmiffanr ces informes rochers. Sous Ica coups du cifcau le niarbrc ic façonne. Pcrrauc courhe l a voûte , armndic la c.ilonnc; Eleve , alremble , u& & préfente aux regards, U n Palais, le chef-d'œuvrc & l'aCylç drs Arrsj Voi le Xautre ccintrer ces fallons d c veidurc , Des I d a i s d u Prinrcmps varier la parure ; voi 1:s tillculs en boulc 81 Iss ifi arrondis; Verrumne Cous rcs pas dkployer fcs tapir ; Cent pampeç à l a fois puifcr daru Irs carnpaçnd) C c flcuve impErueux parrC fur lcs montagnes,

D'où Te préc ip i tu t par d c larges canaux, 11 fc roule e n caîcade , o u s'élëve en jets d'eau-

Mufrs , que cetre voûte CR par YOM cmbcllic ! Le Pujet y reçoit Ic cifcau du chic. Voi dans i o n accclier le rocher transformé , Sous Ics coups du martezp par degrés an imé, Tout-à-coup diîpardtrc & n'offiir à 12 vue , Qu'Adonis expirant , ou Didon tpcrdue. Que de tablcaux divcrs onr frappé mes regards ! ciiafi;s filles du Ci:l , qui préiidez aux Arrs , AluCes , quel feu noirveau me pénérre & m'enflamme i k fcns que rous les gaûts font entrés dans m o n amsa Si j'cn crois le tranfport qui s'6lcve en m o n cœur , Vos mains m'ouvrent enfin le palais du Bonheur. L.rs goûts que ru fais na;trc , û fubliin: Sag Kc, Gpmsrie Ics paAionr ont aulE lcur ivrcKc i

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Se fcns qu'A fes plaifirr l 'homme cncot en ces lieux,

Joint Ic pl& nouveau dc fe &mir hrurîux.

En achcvanr ccs mots fur l a pas , de mon guide,

fntraînC tour-à-coup d'une courfc rapidc , n a n s u n Gjouc riant je m e vois tranCponé8 Et m c Ckouve a u palais d e La FiIicitk Les Arcs k k s ~ h i l i r r envi ronn~ienr Ton trbnc : Apollon &l 'Amour fourcnoicnt Ca couronne.

Lc calme de Con a m e etoit pcinr d x ~ ~ i"cs ycux, Er la joie y brdloit toujours des mêmes feux.

Le ccnips , mc di t d o r s la divine Sagcffe.

p o n t parmi les humains la joie oii la tciftcKc8

Tour-h-tour précipire o u ralentit le cours, Par dcr plaiilcs Cgaux mcfurc ici les joiirr.

E t m o i , du vrai Bophpur l a fou;cc intariffable, Qu'à la filiciré le drfi in irnmuaSle , Attacha d e tour temps par le plus fort li-n , J'habitc ce palais, & cc trône CR le niicn. Elle dit , & m o n ail à travczs cent nuages, Nc vit plus qu'un amas dc confuks iniages. M o n fuiige aiiih finit : je fcntis q u ' i ~ i bas,

PlailTc de chaquc iidtanr , i';tudc cn tous ;tacs,

Nous ouvroir du Bonhcurla fource incorruptible i Que de goûts di5éreiirs plus I'homme cfi iiirccprible,

p lus un Mortel en peut raffeinbler en fon cœur, plus il y A n i t de rayons du Ruiiheur.

Quc I'lrudc lui fair braver les injufiiccs , Peut k u l e en l'occupant le d h b c r aux vices ; Et dans u n c a x r enfin qu'ils n'ont point corrompu,

@hevcr le Bonheur qii'ebaiicte !,a vertu.

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Du moiide, dis-jc alors , i'évitcrai I'iirdTe ;

Dans le fenricr fleuri quc m'ouvrc la ~ a ~ c I f c , Jc veux porter mes pas, réfolu chercher Des plaifirs que le fort nc pourra m'arracher, Trop dotir pour mc troubler , vifs d e e pour mc plairpi Dc rour-à-tour du P a r u d e $. Cyriiccc , Et d'étre en pan Printcrnps actcntif A cueillir, &y fc&s de la railon Les f l eur du plaiiir,

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~ & + + . & . & 2 + + + + > + *

V A q I A N T E S DU C H A N T T R O I S I L M E .

(11 Q U E L ~emédc i Yennui i i'érudc rcprir-cile.

Nr rrois par ccpe~ir ia i i t qu'ohfiinéinciic fidelle , 'AUX f e d s amiifemeno quc I'cfprit peut o s t i r ,

Mon amc foit fermée à tou t autre pld15r ?

Tous 6 n t fur moi der droits; à tous jc rends honunagci Tout les plai& divcrs font drs Dicuv pour uq Sage.

.

(t). Mais qui m'a tranrporré fur les bords d u I'ermcffc, Tourmecl>armc en ces lieux. rend, dit la sagefie, Qu: ccr ombrage vcrd , der Mufcs haLi&, Efi a u 6 lie f i jour dc la fl.1icri.é.

( 3 ) Je répétois fer vcrs & pourfuivois ma route ; @ + P a l a i s du Buiihear je dCcouvris la v d r c .

De-lh v o l o i e n ~ d c s feux qui partout répandus, Echauffoient [ou$ les lieux que i'avoir parcourus. L'à, jc portois mes pas, guidhs par la SagcITe ; Quand l ' d a i m dcs plaifin qui voltige fails c c r e , Etchangc cliaquc i if iant de forme cn ccs beaux licuu, b i ' a i ~ k r a dans ma courre cn s'offrant i mes ycux.

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LE BONHEUR,

o M P A r. N E dF \'ercus, rublimc VCrirC,

~u'i i i l truic par ccs Icçons , guidé par ra clirré , Z'lioinn:; a p p r ~ i l n e de roi que c'eii Ic plaiiù inSule,

L'arnc d e l'Univers, le don d 'un Dieu Cuyùii-iinc. Qui lu1 f g a trouver , loin des mortels ja!oux , Soli B o ~ l i e u r perioniicl dans le Bonheur d e roi+

O faiiirz Vîrirt ! c'elt dans ron ternplc augufic, Quc l'liommc doit puifer lcs norions d.u j uik .

Aveugle par l'erreiir , rrop long-temps on I's v u , SYgarjr dans le criinc en cliercliaiir 11 vcrru.

ii cft tcinps qiie ra main d;iille fa p~upi i rc .

fiontce Ivi qu'ici-bas uu Gclc dc l u i ~ ï c r e ,

C

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f? Z E B O N P E U R , Peur IéuI y ramener u n i ik le de Bonhcur ; Q u e le +ce en enfin éuangcr i Con m u r .

Si i'cn crois l 'Indicri, i l fur jadis un âge , 0i1 il: I'ironirne i.inucciit le vrai CUL le parcage.

O n ne voyoic partout qiir des cocurs vrrrueuu$

Des efprits éclairés & des Moircls hcureull

CC Gécle fununé diCparur cornine un Tong?. Le fiécle qui le fuir voir le Dicu d u menfongc , Le fuperbr Ariirian s'kliapprr des Enfcrs,

Dcs ombres dc l'Erreur cousrir r c r Univers.

La terre à Ton afpca pouffe des cris funebrcs. Le ctrpr aime l e vice & I'cCprit les t6néhrcs.

O n m i r à la candeur, à l'ordre, A I'&piré, ~uccCder l'irirérCc & l a f?rocitC. La Paix voilc f o n froiir & fait place à IL giirrre :

T o u t coinbat. cou: pFric , rou: cbangc Tur 12 rmc. Vous des Lords de l'Indus fortunés Ilabirana;,

Vous les premiers t;rnoins de ces grands c h a o g e m c ~ !

Qui vlres de la nuit érernellc 8: profonde, Aeiman s'l.lcv;r fur Ic rrûnc du momlr ;

Fuir;-je, CP traduirant vos Cul-limes l-çri:s, Sur les maux i vcnir r a f f ~ r e r 1;s efprirs ; F i é C h e r aux humains la douce & vivc Uugc,

Dei vrlrus , des plaifin, des m e u r s du prcrnicr sZc.

J e veux, lors qii'crnpruntanr un plus Bar& pinceau,

l 'aurai d c !CUIS mallicurs cfqi~iRC 1s rablcaii. Leur annoncer enfin qu'un iïCclc de luniiere D$c rrndrc l'homme encore à Ta verru ir.niiere - ,Orornaze engendré de r-r inimrirk fru ,

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A R G U M E N T .

Le progrès des connoiflances peut feu1 faire Ie onl lieur général 8: parricuiicr. Les Rois i d - cruits verront que le piaifir dc faire du bien elt le reul plaiîir riel q u c doniicnt Ics gran- deurs. Les hommes bclairés & bien gouvernCs il: rciidront heureux en corirrihiiant a u Bon- lieur des autres. Mais le monde cit encore loin de c e t état. Sous Ic joug dc I'opprcfinn des Rois & des pri2tres, le Sage doit- jouir des Arts , d u laifir d'aimçr, & dç celui d' t- claircr lcs fiomrnes ruraiit quY Lui cil pf- Lble. Fable d'Orornaze d'Ariiriai~

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G R A N T I F . i r Des Sagcs quclquefois j'entends Ir m i r f u b h e , Chanrer les Dieux, le temps , le chaos & l'abyme, Er pzi.dre les beautés du naiiTant Univcrs :

J e nc [di; mais l'ennui fe mmElc à lcur concerts. Aupi & dç ra tieaiitL qu'çlt-ce qur le génie ?

'

Difcuurax pr& dc roi l a CagsIrc cfi folie. Tour ciî crCé pour roi. La rofe en ce jardin ~ r o î c pour qu'on la comparc aux rotes de ton teincc Pr& d'clk l i Z;pliir murmurant ia tenJrcKe , Dc i o n roumc amolircux rallume m o n ivreTc.

L'amour, les doux bairus , le chant dcs ccs oifeaux. La vigne enrrelame aux troncs de ccs ormeaux , L'ombre de ces bdqu-ts , ces fleurs , cette vnrdurc , I r ces lits de gazons, k route la Narurc Mc ramene à i'objet dont m o n cocur clt épris.

L'aRre doré du jour, I'aRre argenté des nuits, chef-d'œuvres que cria la parol; f k o n d e , Montent-ils d a m les Cieux pour embellir le monde i N o n : mais pouréclaircr de leurs douces coulciirr,

Le marin tes beautés & l e foir tes faveurs. L'onde q u i réfléchit en cet heureux afylc,

L'image préfenrée à Ton miroir mobile, Dc ics limpides flots n'cmbraffe cc féjour . Que puur mulriplier l'objet d r nion Amour.

Mais Ic S o l d déja s'E1cve cn fa carrictc , Au puiffant Oroinaze , a u Dieu de la lurnicre , II cfi temps de payer le rribur d e nos vceux. C'ciî lui qui te c réa , par lui je fuis heureux j (1)

C'sfi u n Dieu dc bonté que Netzanirc adore; Les pk%s font Gs dons , & qui jouit l'honore.

C iij

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9+ L E - B O N H E U R ,

rlu renipie dc l'Amour il plaça fer aiitcls : 0ro:iiaze dl heureux d u Boiihcur dzs morr:ls.

Elidor à \CS riiori emiibrailk Ci compngnr;

Taus deux font parvcnus aux p i A s &une mc,w:gnc, Qw l'Aube matinale 6clairoit de Tzs f e u x .

Par u n charme in1 incibli , arriré vers ces licox , I.'un Cenroir forcé d'y diriger fa courk ;

I l u yenchant d'un rocher jailMoic une fourie , n o n r Ics eaux î c r p r ~ m n t à Iravcrs niille flcurs,

De i'aitre dra faifoiis ternpéroicnr les ardcars ;

Les airs font paifum(.s par d ' o d o ~ n t e s hciS;s.

Li, s'ttendenc au loin des p1arîn;s hpr rbes , C o n t i - ~ troncs, éclair& des prernixs traits dii j w r , Servent de Pay!~ulls ru reinplc de Y.kr.oin. nu milizu rt'uii banin dcs o;id:s briililloiin~iitcs , Jailliiloi:m, rcron boient cn c a ~ p c s rraiifkarentcs,

Leurs flots font partagés en diGrcnrs canaux : Les rayons de l'hiirorc en brillantoient les eaux. Ces eaux par cent démuri roulan; vers la ra inpgne . D e lacs dc diamant entouraicnr la montagne. E n face s:él.voir le temple de l'Amour. C'eit là que ces époux fi rendoienr chaque jour. Ils alloicnr invoquant le Dieu de 13 lumiere , A fcs î~ci:s auicls a d r r G r lcur pricrc.

U n cri !c fait entendre ; i l fort des a u t r q creux,

Dïs iigncs cifrnyants o n t paru dans Ics Cicux ; DCS goutires d u T h a r e une vapeur obfcure. Dans kç airs r6pnnduc a voilé'la Nature ;

montagne s'agiiç bi la serre frSmit.

croit I'inLtarir: faral p r ic d d t i n préJù,

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C H A N T I F ? 3'6

A p i n : &ni kcs Cieux eut fuCpen.h Ic mon&, Qu'en favcur dcs rnort,lr Ïa main fdge & féconde, Pnrichir de Ces d o ~ s tous les c h a r s divers. Enrrr Iss hd;iranrs de ce vafie Univcrs , 11 en CR deux, CLIC-tout , qu'il aime & qu'il inrpirc L'un i r n o m n e E!idor 81 I'aiitre Ncczanire.

Quz b h i h i r l c Ciel, te difoirnr-ils un jour, Enchaînés 2 la fois par I ' i iymm & l'Amour; Cniiple d'épnux aniants , q u d Bonlicur efi Ie nûrrc ! Nous vivons, Neczanirc, & vivons Piin pour l ' a u c t ~ Rapp,lle à con erprir ce jodr où dans les bois , f c m'oifris à tes yeux pour la prcmisre fois ; 3c rc vis, & I'Arnour cù iu la dans mes veinrs ; Jmpatienr d'airncr , jc demandois tcs c h a h s . T u daignois m'écourer ; mes foupirs & mes v a x t , N'koienr point déreiirnér par les vents envieux. T u brûlois d e I'Amour qui dévoroir m o n u n e .

L'Hymcn loin de i'éreindrc en irrite la Hanme:

Elle r(.filtc au rcmps ; chaque jour je ru voir, Plus adorable encor que ia prernicre fois. I.e rayon argenté de l a naixdnre Aurore,

Efi iriuias vivifimr, moini agréable à Flore,

Quc ron regard ne I'cfi à ton ;poux heurcÿx* I r r e charmant, fais-ru ce que pewenr res yeux, Ta formc , ta b-auté , ta giace cnchanrereKc? Sais-ru ce qu'en un c m i r elle porrc d'ivreife?

De ce corps qu'ont moult Vé: lu & 1 ~ s Amours, N'ar-ru jamais au bain a h i r s Icr contours ?

Mon a m ? jufqu'aiix Cicux s'clt Couvent étancée) . Pkin dc toi, j'ai fvuvelu de l'ad de h pcrSLc, .

c 4

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. L E E O N H E L'R,

Vsulu tout comparer dans ce monde h a t i t i ,

J e n'ai rien appcrçu qui t'&gale en bealiré.

Si, difirair un initdnr d e l 'ohjx que j'at'ore,

J e fixc mes regards iiir E'édatanre Aurore , Sur les c ~ r r l e s des Cicux , fur l n i ~ n n ~ e n f a mels,

Sur ces orbes brûlants qui rraverfenr les sirs , Malgré l'éronncricnr qu'+irowe alors mon aime,

Ce fpe&kacle n'a rien qui m'tmciive & ni 'cnf lan i ;~~.

J e ne fens point en moi de fecret mouvcmenr,

Uon érre entin n'6prouve aucun grand changcn:ent

Ce fiiperbe ïpcOacle excicanr m a fuprik , ~ ' é c h i f e d 'un pIaiGr que m o n anie rnaîrrife

Q u e je fuis ditRrsnr alors que js te \-oi !

Tour m o n erre fe change en approclianr de roi.

l e Ciel à m o n amoiir lia m o n cxifience : C'çft par roi que jc f h s , c'di par roi que je peniè,

l o i n de m i je rc cherche , & rour m'eR odieux ;

Mais lorklue ra prKcnce cmbellir ce>Lcaux Eieur,

I U e y iépand i'efprir & d'amovr & de joie.

Aux ennuis dévcrcanrs mon cmuc eii-il en proie

D u chagrin près J e roi perdanr. 1e fouvenir , Mes yçux u'y Conc moui l lh que rlcs p l s u ~ r di, d c f ~ . TranCprt6. je regarde, & rranfpnrre je touchc.

Le foir br fquc i'l-lymen me condui: à ra couche.

Ta naïve pudeur irrite encor mes fsux :

l a grace eR dans ton geRe & le Ciel dans tes Tem.

occupé de roi feuIr, O I'arnc de ma vie !

l e don de te cliarmcr cfi le fcul s u c rcnvie.

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C H A N T I F . 1

Be tcs dlverr befoins chaque jour la viaimc,

Qu'ils portmr dans ton cceur la fcinence du crime. T u vcrras de la t a r e exilsrl'Equité , Au t r h e dcs Vertus le Vice heureux monté,

La force triomplier , I'innoccnce opprimée , La paix enfiii bannir k la guerre alliiiriic , Le crucl Dcrpotifmc armC concrc 1,s loix, Er dépeupler la terre , & maffacrcr ks Kois. @LIL I'hoxnnle digradi fc courbe à Yeicla~age ; De la raiion en lui j'étou:krai Yurage.

Si fon efprir rlt vain , jr {aurai l'abairer ; Qu'abrucipar la crainte, il n'ofe plus p e n k Que la nuit de I'eipric , fuccéde d la lunii6re i

Homme cr6duie & vil, couvri toi dc poufiere ; De roi-même ennemi, vil dvlc l'affliaion ;

Reçois pour ton Tyraii la Superl'tirio'h. A fon rccpuc d'airain j.: fournets la Naturc.

t'ciprir fera aourri d'erreur & d'impofiurc 5 ix rebelle i Ces loix traîné dans les cachou, .

~econnoÎrra fon rcgne à der crimzs nouveaur. Par fa Rupidc foi , que tout morrel m'honore,

Prêtres, baignez de fang I'aucel où l'on m'adore.

Trop indulgent , fans doute , Oromarc autrefois, N'impoioit aux humains que leurs defus pour loix. On adoroit cc Dieu fans crainte Ec fans alarmes,

Mou culre plus f6v;rs CR le culre des larmes.

Que l'Univers créé par cc Dieu bicnfaiianc A mon ordre en ce jour rentre dans le néant.

Silcvanr i ces mots airrrégions tonnantes,

Ler Ar Fou comprimés fous Tes d i e s pelameo.

C iv

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Y4 L E B O N H E f t R ; 11 p l m e fur les vents qui lui fervcnt d'appui:

l 'In~pitoyablc mor t s'avance devant lui.

Ariman a dFjn d'mi main meiinrirrr , S q ~ s la %erre alluiné le CouEre iilcendixire.

Lcs Cicur autour ilr lui Curit filloniiis d'&lai-s ;

3 c dcs monts dout le pied fcrr dc v o k aux Enfers,

I r dont le front alcicr ne prECenre à l a vue , Q u e dcs rochers de glace élancéi dans la nue, 0ii a vu s7LlCver avec u n bruir affreux, Dca j x s mêlk de rocs, de furritr & dr ~L.UY.

n u brûidnt iquateur j i i fr jurs a u Pole arftiquz , La flamme avsc fureur s'kcnd , i e communique. Lc terrain foulcvé Cs rompr avcc cffort.

J.'Arl~s br i le au M l i , i'Ecla s'alhrnc au Nord ; Ses f m x f o n ~ réfléchis a u loin fur le rivagr ;

IL éc la i ra r i 'horrcut d 'un ccin;iii,nt Cauvnge.

P a r la c h k c des rocs détach& par les venir , Le mont fdnl i t du bruir de leurs ;boulemen= Ce bruir a f i e u x fr mCfe aux é J a t s du tonnerre:

I l è ron !e dans Ics c i e u x , il roulc Cur la terre. JuCi~u'cn fcs fori?rnienrs'lc moiide eft ébranlé,

Der ciépcs de la nuit I r ~ o l c i l s'rft voilé. Les vents ion t dEcha;nls7 1s vagues font émues;

%es flots amoncelé.. ~ ' X v c n t jufqu'aux nues :

fa terrc a tous les yeux ocre une mer fans ports; L e féroce Ocban à furmonté fer bords;

31 bouillonne , frtmir , forr des grottes profondes, Où j aJ i s&nrna~r a renfcrinE r:s o d e s .

11 a déja mile fis eaux auk eaux dcs C i r m ,

Peut ci l d h i r ; tour meut ; en vain le &ureu%

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C H A N T IV. $7

Où le 6cr Ariman , Dieu d'crrsur Sc de hain:, Dieu rerriblr aux mortels , devoir b r i i x ia c h a h D e i'Univrrs fournis à fa Diviniri , Le reiiij:lc de I'Aniour :roi[ i iu l erc-pré. sous Con porriqw a;ibiii& à l a crdiiirr docile , L'hrurcux couplc d'Amants coiirc chercher lin afyk. A peine ils l'osr atteinc que leurs ycux éronnés , Se p o r t e x vcrr les i imv qu'ils on t a b a n d o n h . Quçl fje€ia<lr riT~a).aiir ! i'aitrr de 1.1 luini'.re

Pâlir , iufpend fa courfe & rreulc en arri:re.

Les Cieux ne brillznt plus que du feu des &irs :

U n bruiifcmenr fomd s'entznd -II Fond del mers. l'air Couterrain mu$, s'éil>auk> , Fe dilare ;

Avcc un ixuir alfrrux la p o n r a g w s'&lare,

Er h i i L apperccvoir dans f i n flanc calcins,

Le féroce Ariman fiir u n roc enchainé.

Son corps k n s mouvement , i o n avic fans p c n f e

Du fomrneil d u &pas paroiiToi: oppr;iGc , - Lorfqu'un coup dc ronnrrrc é b r m k & fend lrs Cicux. A ce coup \riman s'évcillc', ouvm lis yeux.

Son brar on moment I'lnnnilie 8( I'éronnc ; Mais fa force rcnaîr : il a rein[ la couronne. Le roc s'eh abymi ; Ces fers fe font brMs; Il l an ie aurnur dc lu i des regards cuurroirc.!r.

Ils ripandcnr parrour la crainrc& 1 3 alarmes r Le Cicl à Con afpeQ a vrrié qiiclqiics larmes.

Cieux, él&inents , &il, & vous orbes biûlawa Qui f$ronilez La r e m & rnefurcz 1i-s ans ;

Ariman cil vainqueur , a d ~ i r n vorrr niafrrc.

que l'univers d n apprenne à me conoolrrei

C iv

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3 L E B O N I i I UR. Lc fceptre d'Orornaze a pair: dans ma main , Terre, aujourd'hui reçois ton nouv:au Souverain;

Vous monrs qu: 1-1 forèts couronnenr de verdure, Grortes que rafraîcliic une onde vive & pure ;

Bocagcs toujours ver& qu'éclair: un drrni-jour,

Tcrnpics par le plai!Ïr confacds à l'Amour ;

Yardin d i l i ~ i ~ u x , Eden que l'on rcnoinrnc , Orncrncnr d e la terre 8r dtlicci dç l'kominc , Difparoi5-ez ; les m a u x , les p l ~ u r s de l'Univers, Vont me venger du D i m doni ]'ai port6 les fers.

Morrcls ,c'cil ai1jour~1'liui cydr riion r&e co:iiinencc , Fou,lrts , quc vos I.ilacs aimonccnr ma prEfcncc ;

Cieux , ioyoyrz attentifs à m e s coinmandeinçnts: Vous niugi'Lanrzs mers, k vous feux d;vorants, . Tour-à-cour iuhierçez & confumez la terre.

Elhcnrs , entre vous, 1- vicns Cemer la gusrrc.

Je te commande, â Mort ! d e déroclier rcs rraio-

Que cour ioir coiifon.iu; je vcux que déformais, La I'hyfÏqw çn Eoullant L profondeur des mines,

N e d k o u v r e partour qu'un amas d e ruines, Er lire avec effrai dans Ics bancs foucerrains, L'hiitoire de la terrr & ccllr dcs humains.

Mortels, vous rampcrcr fur lcs Cbiis d u m o e Dans Ca defiruttion y u l'enfsr me leconde.

.4- Orornazc n'dt plus : j'ai vaincu m o n rival; Q u s I'Uhivcrsphyfiqii~, & I'Cnivers rnordl, l p r n u r c n r i la fois Ics coups de m a vengrancc,

H o m m e , que Lc malheur , préfi ic à ta nailGnce 5

Que la Faim , quc la Soif a,iiégciit ton berceau :

l e charge la Douleur de creuîer tuii tombeau. I

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' C H A N T IY. 65

Croi qu'il en coûte a u m i e n , & fois Cûr que d'avance,

J'6prouvc en ce momcnr rom les maux dc l'abicnce. Mais n'iiiiportr; jc veux qu'm m o n ccrur agiré,

L'Amour quclques iiiRs!iu cédc à l'liunianicé. T o n épour , a ers traits , recrnnoir Ncrzanirc :

Non, jc n'en dourr plus, c'eR Ic Ciel qui r'inipirc. II rnc parle , & je vais 1 ron cornmandemenc , 3uiiluo fur fcs auccls , d;fier Ariinan.

Dans [es mains , fi je puis, j'érri,drai Ic tonnerre 5

Je vais me dtvoiier au Bonhcur de la terre. T u Ic vcux; ron defir elt m l h p r l i n e l o i PiiiiC-je rcveuir Pigrir cncor de roi.

11 iaquirce .i ccs mors; l'tIumanirC. lc guidc. '1 travcrk à p n d s pas une campagae aride: 11 y cherche des yeux ces vergers & ccs champs

Qu'cmbaurnoienr Irs parfums ~ l ' u u h c r n r l Printemps,

Où Flore capcivoir Ir Dicu Icger q u ' d l c aimc , Où fans art & fans foins, la terre d'clle-même, Lr coloroit les flcurs & murifloir les fruits. Qurls ohjcrs diif&rcnrs frappent fcs ycux Curpris!

II voit la biche cn main Ic Travail & la Pcinc Dégouttanr d e fueur enrrmencer la plaine, La pefte ; l a famine & lcs chagrins cnielr, A diiTércnces morrs contiammr Ics morrch ; L ' A h Cclatanr du jour, parcourant I'E~lipriquc j Lancer fur l'Univers une Iismiert: oblique, Y faire iuccéder fous des Cieux fans ~ h a l c u r s , Les Hivers aux Prineenipa c\. les frimata aux fleurs.

Elii!or cependanr avance, il v a r s'infiruirc,

Er dcs loix & d r r ~ ~ ~ ~ u r r quBLlriman rinir preicxirc

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L E B O N H E U R , -

Aux nouvca3x habitants d'un nouvcl Univcrs.

D'un cïrrain l i b l o m e t ~ x traverfant 12s drierts, Il dirige fcr pas vers un buis de plxancs.

A n pied d'une iconragne i l a \u des cabanes ; I l s'approche, il riicend des rorrcxs c p i par bor.ds, C u funilicr d~.s rnc11crs roinbuie;ir dans 1cs va lonr

L'AL'tre brillant dcs Cicux dri hauc d c Ta carricrc Sur ce mont dar Ic en vain un- pile lrimicrc

Des cLines monftrucux , mon.uquzs des forèts , Abforbar k s rLyons dans leur frudlage OFL~S. -

D E A é d L s rochers on voit de 1ongu:s chahes , Mélcr lcur cîme aride à la c h i e des chéncs. Des &:ur qri'un jour obcur confdcre à la Terieur.

Lavafic Co!~ru.k augmente encor I'horreur. Id, p i % par I'elpoir de fecoui-ir fis frerei , En eKayanr h r s p L u n , d'adoucir leurs miferes,

Ili.!ur a grivifiir dcs m o x s iourciil:ux,

D o n t le Coinxm fs perd dans un Cicl oragzux. Sur I ~ u r croupe cfcarpée , il voir u n précipice,

M i n e , a b y m profonl , creuri par rhvarice , Qui h piochc cn main y fuir un filon d'or.

EUc n'arrka point fcs y c m Tur Il idor. Tandis qu'il s'5garoic ~!anr cctte folitudc ,

Un fpcRre s'offre à lu i ; c.;roic l'lnquiérude ;

M o h e qui de fes mains fans c c f i d k h i r é , D o i t fou erre aux tourments dont i l eR dévore Un trouble inc6ri:ur a n i i o n p i r fa préfence. Eli4or ignoroit Ca fiiii& rxifiericc.

11 voir des npu1;nrs que ce monfire putirfuit,

lit fu leur uilk k t , L a ana. . s ' x c e ~ ( r i s

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C H A N T IV. # X

Ehsrchc encore un aryle en fa fuirc i:icrrraine , Sur le foinmzt dulMont , Cur la cime du ch2ne;

L'OLCm l'y pouriuir : la hiorr avec lcs Hors,

Monte , approche , l'atteint , l'enbloutit fous les eaffi

La mcr elt ccpcn tant e n Con lit r a ~ p ~ l l é s .

Lci foii:ircx h ia r 6cçii ics , l'oiidc s'ch Ccoulée.

Qui1 Spcascl.: d 'horriur ! ccs c i rk autrefois

Ainiables par les Arcs , h e u r c u i s par l i s loix, N'o:frinr dc routes parcs à Ia vue inrcrdiie , Qu'un i n o i d c dévaltl. quc la Terrcur halire.

Arirri.iii fcnt ric'ja rp'il m a i i ~ ~ i ~ e à fun touirolar,

U n nouvcl '~n ivcr r pour y Iancçr Ces coups.

Entre 1;s Ilémenrs , fa v o u fuipend l a guerre j

Son orcirire m u r p u i l l h r a rrpeuplc la r e m :

I l e l l fùr d c rrouvcr fous des C l c u plus frrcim , DI nouveaux maihrprrcux da= d e nouvsaux hua-un~. P): la ~ p h é r e &riniée il rafirrnic la bac.

Les époux profiernés aux autels d'Orornaze.

Qu21 Diru s'arme pour noiis ? s'écrioir LLiior, L'tinivers clt détruit, & nous vivons encor.

Nous vivons , nous aimons, ô p d r a n c c cllçfic ! T u m e conienes tour ; Nctzanirc m e refie. Inr ie r à m o n Amour dans CC palais de Beurs, Dont l'am k l e plliiîronr mêlC les wulcurs , J'oublic & les mortels, k leurs maux & moi-&.

11 n'cil point d e douleur pr& de l'objet qu'on aime.

J c mêle tour-A-tour fur ces i i r i odorancs , Les voluptés de I'ame aux voluptés des f e m

Jure in& , l a Morr à la fuirc dr l'igc,

S'approdiant à par kncr decc priiibk &age,

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ka 1 4 B O N H E U R ,

Dans la tombe avec roi viendra m'enfcvelir , Qu'el10 nie rrouve encor clins 1 s hri(s du p l a i k .

De cet efpoir fi doux ton Ainour clt Ic gage i

L'Amour e i t des mortels 1c plus bçi apanage ; C'cR l'ivrLII;: des lziis, 1ç p h beau J o n des Cieux, Le feu1 bicn qui nous foic commun avec les Dirux. Guûrons-lç. T u Ic {ais , lui r&po;nl Nrr~ai i i rc ;

Pour roi , jufju'à ce jour, j'ai A u , je rçlpirc.

L'Univers ne m'A rien. IPias ! pour m o n uonli:ur, 3t n'ai ri.n d ç k i qu'un d L k r r 8c [on ceur .

M o n m e , pour toi id, l'Amour acccf ibk , A u maliieur dcs liumains n'en eh que plus fenfiblc. 11 femblc q i i c l'riinour d o m mon cmur CR imu , Ixalr: encore en icoi l'Amour de la v e r w

T u voir de rour-s parts la cm: ravagée.

Ah ! m o n cher Elidor , ells n'dl point venghc.

D u Dieu que no- f v o n s r s n v d a n t kr auccls, Arinian à ïuii joug a fuoirrrs 1,s nioricls.

Sa ragc e n cet initanr qui prirolt adoucic, Four Iss rendre au mdl.i;ur 1:s iappeUc à lavic. ' Der vices qu'il infpir; il a fait kurs bourreaux ; 11 veut que chacun foic I'arrifan de Ces maux ; Pour l i s r n ~ l r i ~ l i e r , il lailTe Te iL'll;norance,

Le foin d; f x o n i c r l i u r funAt: fanence. Du pouvoir d'Ariinan atfranchi Ics humai- : '

Que leurs i n !ignis ers foi:ne briihs par rcs m a i r a

IL faut par ra pr6fhce a.'ouiir lcurs miïéres , Sécourir 1i.a inorrils : ccs niorr:ls Cunr IIOE f r h e ~

Sois pour cux Cur la tcrrr un Ilieu co ikilareur.

Pou r'éioigwr de moi s'il cn coût; i ton ceuc j

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C H A N T IV. % Conrre roi de mon Dicu la colcre ci l armfe.

Sur ccr affreux btîcher fi j c Suis confiprnée.

C'efi par l'or.1rc d'Ehlir , non par celui des Dieux.

Quç roi1 culcc fuit iaint , ru Ic d is , je Ic vsux. Mais de c i cuIrc enfin, q u ~ l q u e b i t l 'c~ceilence , Répond : ton Dieu peur-il punir comme une offenfe, Le forfair innocruc- dç l'avoir miconnu ?

J e m'en rapporce A mi : mc c o n h n c r o i s - t u , Si rel;gu& encore en de vaCtcs contrées, De ces fu;iefhs Lieux, par des m e r s Gparées,

J'avois, p r ê ~ a n t I'oreilli. à des bruits impoficurs , M k o n n u wn pouvoir, t o n nom & r r i grandeuir 3

T u frtinir : ce b p p ç o n te paroîr un: injure. Si je fuis innocente aux yeux d e i'ïinpoliurc , Si ]'obtiens grace enfin d 'un m o n h e tel que roi ;

Qu'auois-jc rrdourer dc notre commun Rui ?

11 punit les forfaits ,pardonne i I'Ignorancc;

Et s'il n'a point d'égal en iagcre , en puiIl-ancc, Ce Dieu fans doute efi bon j c'en ton impiété Qui prête ce Dieu faim i o n inhumaniré.

Vicnr-tu jufqu'cn ces lieux braver PEtre Suprimc? Tu refpircs encor & j'enrendr ce blafpl~êmc !

Arirnan m'apparoit , Dicu terrible & jaloux, T u vas l e rrcounuîrre d irs rapicks coups,

Quc ne peur rncfurcr , ni le tcmps , ni i'efpace, Cerre foudre lancée a u rnêrnc infiant terratTc. Meurs, & qut. le bûcher dom j'allume les feu=

Zpouvaotc à jamais rout M a t e 1 orgueilleux , Qui rel>îIls à mon culte , & fous Ic nom du b g c , Docils a ia uifoon o k cn vanier I'uragc.

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' ~ 8 L E R O N X E V R ,

Eh quoi, dit E X 0 1 , c e t iciiiyx Irr,poRcar, P r h c n d airoiirr Ir ~ i r l à fa fcrur ?

h main vcrre k fariz, S; C'LA Uicu qui I'i.:Cpirc ?

Ah ! fiiyons ces au:e:squ: jr tic pais àérruiis.

Qui lrpx Sage p w t &re en ces lieus r c i r é , M'ènfeijn-ra le T e r n p k a u \'exus con:acrl ;

M'apprendra iî ce monde CR crtC p u o r la gucrrs,

Si la forcc cil enfin le fcul ü i ç u dc la eirr:. f l idor j x t c au loin un rapide r r g d :

U n e caverne s'ouvre, i l en fox un ~ i ~ . l l a r d .

f i i las ! ce n'cfl d o i u plus qu'cn un anrre fa~wage ,, Qu'on peut , dic Elidor, trouvsr cnfiu u n Sage. Le Crime a r il parou: ;le& i.s aucels ?

Le Sage devenu l'cn~ierni des ?lorre!s, D e lrur iniquiré fcroir-il l a vittinic ?

Parlez : loin des humains qui vous banir ? . . l e C r h d M o n fils, dit Ic Viellard , j'ai vEcu , j'ai regn;.

Comme toi, j 'aivu i'homme a u vice abandonné. Je voulois Cori Bonheur; j ' c r ~ ~ a i dc le remire Plus vertueux, pllis juRs ; & je devois m'acrendre , Q u e les Dieux ni'ai<lcroisnt dans mes nobles p ro je t s

Chaque jour détrompé par mon peu deiuccès , J'éprouvai des chagiins fans nielange de ioie.

L a d'un t rônr où i'&roir i rnrs ruucis en proye, Je n'ai plus mciuré 1'Empirc & ion orgucil , Qu: par I'rfpacc h r o i t qu'il faut pour u n cernicd-

Le rcfic efi u ~ u r i h & I'aveugle Fortuile, W'offrr quc dzr graridcurs doai l'éclat importune :

J e m'en fuis d5goû:; : dc ce Gxlc p i n e r s , l'ai fui, j'u rcshcrcht lc =pas des d i h s .

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C H A N T Zr. '\r 5

cependant i l atteint le f o m n ~ e t dss monragnei

Quel fpeaacle d'horreur ! i l voii dans Ics campagnes, Des guerriers raffemblés Cous ditGzentr drapeaux, Sarc~qi ie r , Cc difeixlre & mourir cn Ii;ros.

Dc carnage & de fang lis o n t coiivcrc la plaine. Vicox, s'écrie Elidor, quclie xloirs inhumaine Appelle ces guerriers dans les cliamps de 13 Mort !

Y vont-ils arraihcr le foihle au joug du f o n ?

N o n : ils ont combattu pour décider peut - h, De deux tyrans crurls le~iiicl iéra leur maître. ,

S'il eit , dit I l idor , des morrels vcrtucux , l!s v i v e x ignorés dans lrs Tcmylçs d e Dieux. Pour trouver Ir Eonhcur, vilirons ccr ary1-s ; C'rfi 1; que les Humains couirpt des jours tianpuilcr ; Y puiPL-je revaic la Julii c , & l a Paix 7, rcfie de la rcrre exii:c i j.unais. . Elidor icnr e n lui rewlrre I'efpEra~cr ;

Dcrccndu dans la plaiiie , auprEs d'un Tcmplc immcnk, Qu'y voit d ? habite par des Virux courroucés, Les muri en font conlhvits d'oKcmenrs entaiEs. L'on entcnd rcrentir Ces vo;itçs ioiirerrainrr , D u liflerncnr d e i foucts, du frouTinicnr dcs chafncs, Des coiips f o ~ r d s der hourreaux , des cris dc lcur furevr Mê16i aux cris aigus poulrés par la douleur. Eh quui ! dit-il , c h quoi ! l a foudre vengcrcffe,

Refpcac cncor Yaurcl dc h kCl(.ratcliC ?

Er depuis quand Içr Dieux cnnemis des humains, ,

Trempenr - ils d a m lc k n g Ictus bienfairanter m a h l Quel Sénat affcmbli fous c m e voûr? obfcure ?

Qui s'aflccoiic ~ U K l'rurcl ! Quc vois-jc ? 1'LmpuRurc.

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36 L E R O N H E V R .

C'efl lui dit-on , Eblis ,'Grand-?r&e d'Ariman,

Qtii, Pontife &: Monarque , y regne infolcrnmenr; u n e jeune indknnc en ces lieux m e n é e , Doi: être cn c e t inkarit aux fianinier condaiiin6e.

Mais tu la vois paroîrre. II faut, lui dit Eblis, tncenicr aujourd'hui le Diru de monpays.

QUC je l'encenfe , ou non: que t'importe , du-clki Tai, jufqu'à ce momenr, à la vcrtu fiilelk , Adoré, conune Eblis , un êtrcL>iei?faifanr,

Dans un lieu, Cous un nom peut-Etre dii%rcnu

Si le Dieu que ru fers protége l'innocence i C'eit le crime qui peut al1um:r fa vengeance. Contre un cdrc imiocenr , quel motif l'armcrok d C e qu'on croit lui dcvoir cli cour ce qu'on lui doit. Ton Dieu peut tout , eh bien ! qu'il Ce fare conwitrc 2

Mon cceur eR dans Ces mains, lui Teut en efl le mSue,

Aux ordres d'un tel Dieu, nul éue Ce foufirait : Je crois quand ii le veut, & non quand il me pkic. l'ai fermé , riirasa, mes yrux i h luinicre. Que ton Dieu vienne donc déiiiler ma paupicrt. T u le fais ; la croyance eft d a n s tous les initants, L'muvre de fa bonté , non celui des rourmcrita.

J c cc comois Eblis : mon oeil enfu d h ê l c , L'intirêr qui rc meûr h uavcrs ton faux zclc. l a terre eR contre toi prête à fe révolter :

Pour tc l 'afijexir , ru veux l'épouvanter. T u rcux être puillinr , & l'être par le crime;

De m a ambition, tu mc fais la vitlime.

Sans un arrêr du Cicl, ne croi pas que ma main 0l3, réplique E L h , verfer l e rang h u n i d

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e X A N T Ir. Ri t i eurcur rang doute a l o r r autant qu'il l e peur érre , L'homnlc aura mérité de m'avoir feu1 poufi maître.

Trop fuberbc Ariman , o u i , ron rcgne efi p a G ; J e vois ton trône en poudre & ton fceptre briîé. Tu ponoir jufqu'aux Cieux con orguci:leufe r&e; Trrrnble ; m o n mil fur roi voir fondrr la tcinp;tc.

Privé de ton pouvoir, banni de I'Univcrs , M o n bras vengeur EC fuir juiqu'au f o n d der Enferr. T u rombes, dévoré des fouffres du tonnerre ; L'enfer s'anéaririr , le C i d ek CUI la czrre.

Monarques qui tenez dam vos puiKaiitei main,

Les rrnes d e I'Ecat & le fort dcs liumains , De votre auroriré quçiie fera la baze ?

Complices d ' k h a n op les fils d'Orornaze,

Vous pouvcz o u ch& , ou craints dans vorrc cour,

Regner par la te r reur , ou regner par 1'Ainour.

Vous pouvcz , ce récit a dû vous en idiruire Par vos foins vigilams éteudre cn vorrc empire

Lr jour des vérités ou la nuit de I'ctrçur , Er fuipendre ou b k e r le IÏeck du Boiikcur. C'eil à vous d e choifir ce que vorir voulez ê x e ,

. Er lequel d e ces Dieux vous adopter pour maître.

T o i , qui fais ruchaîiianr les Airiours fur tes traccs,

Aux lauriers de Minerve , unir les flcurr d m GLÎCÇS; Q u i fiiie de Venus , de I'eîprir . dcs rdcntr , Sur le bord du fanibeau, nnin ie encor nipi chants a

Anlaure Jes beaux Ans , irnmorrcllr A$a<r , C'di toi d'atraciicr dcs ailcs au gCnic. -. T u commandes au nom des Plaiiirs les plm dû^,

Te plaire c f i le l c r J pr;r dont u u i i cuut foir j a l ~ u .

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Zt. L E B O N H E U R

Sc ie channanr , c'eltvous qui jadis fur la terre) Armirz pour 1;s rornliacs les enfants de la guerre.

VOUA pouvez plus encor pour Ics 6.8 d'Apollon ; Vous donnez des plaiirs ; la gloirs eR u:i vain n a a i Pour 13 dcrnisre fois recevcz mes 1iom:nagis : Vous Fites ICS Héros, %[CS encor les S a p ,

+++*++*++&J VARIANTES DU C H A N T Q U A T R I E M E .

( 1 ) SON bras recienc encore dans l e fond di? Tcnare , Le f6roce Ar imm , Dieu du m a i , Dicu barbare , Qiir jadis riimuré d e PrCtrcs impoft~urs , N-acccptoit pour cncens que d u liq & dcs pL:urr.

(2) LorTque par des efforts & des travaiix i m i ~ i i k s

Les mortcls s'wvriront le pa!ais des scimccr , Que pnrvcnur au vrai dç dç:,ds rii rlu;r&,

D u feu dc fis rayons tous fcront Echiris ; 11s connoltront a l on pa r q u d Art on ra!Tcfcrn: !c , E t par quei ncriidfecrec on pcut lier cnfe:r,klc, r i n . : L L L ~ ~ d e chacun à i'inr&:êc de tour.

Alors plus vcrrue!iï , ~! i i s u!iis e.iirc vous,

Vos ]ours s'koulcront fa.u m6lahg: de p - i n e ,

Pe8t~Cri.e que ce frdic de La ~ a g e f e humaine,

Sur un terrain iiiçrac h a !i?r i tn4:ir.

wic &n quand cc fiuir rera pret à cuciilir

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C H A N T r r . bromaze &-il donc oubliE fur la'ccrrc!

O u i ; rcprerad I i Vicllard : I'injufiice , Id guerrc

Oppriment les humaix . T u voir iur lcs autels,

R ~ g n e r inio1;mment les plus gran& critr i iack

La Vrnu s'eu rxilr. 11 f u r jadis un âge, Où Ic Cicl avcc joie en rcccvoit I'hommag:.

Ce PrEcre et1 corrompu : dans Ca perverfité,

il n'admer pour vcrru quc t créduliré.

11 prolcrit Id J u k i c c , & l a fi& Ignorance

Fait p h d i o n joug I'ayciiylc ObSiKancc.

L a [ombre Hypocrilïe cxige der humains,

N o n le culte d u cocur , mais I'otFrande des mains. Les Aiirels chaque jourfonc fouil1:s par fcsv i~es .

Er filn impuni& rcnd 1:s 1)i t .u~ fcs crrmpliccs.

Tu m'en as dir aKez ; je Ie f x s ; il f lur fuir,

I c s m a l h e u r ~ u s humains qii'oq ne prut fccourir.

O Vie!lard vcrriieux ! puifisz vous 1ci:ii du moidc

Oiililicr cous les maux dont Ar inun l'inoii k. I l s'iloignc i cc5 mots , & rctoarnc a u k j o u r ,

0; I'rimour inqiiiéc arrendoir ion retour.

Ariinxn a vaincu ; la rrrrc efi Cori empire , Er jc reviclr , & - i l , ma clicrc N~r:.ini:c,

Oubiicr , fi i c puk , 12 f y c t t a ~ l c cfhdyaiit

Dcs mot eIs opprimes Cous le jcug d'A:-inla&

Cc fpc2acle à nier ycux Cc p r L iten: h s celTe.

Tour , mSme d a m :a brùs , m',c~&lc dc rrikeiL+

Qucl déluge d c inau..i;ionài l'linivcrs ! Ariman s partour rranrporré les I n f x .

3% vu I'lioinme cncenfer & couronner le vice:

J'ai TU L vrai wlrur courÙC. Cour l'iiijill?irca

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W L E B O N H E U R , An rûle de flatteur s'abbaiffer fans A r t 3

Le vectueux forch rlr ramper fou5 ir f o r t ,

Des Rois ambitieux fs difpurant la terre , Dans Ic champ dc la morr Cc lance - Ic toniierrt.

J 'ai vu 1'Intol;:ance aux p i e h des faints Auteh Eii invoquant les Dieux Cgorgcr les Mort;lf i Lc Sage agniouiliS devant 1'Erreur alriére , Eu rrcevoir des loix & n'ofer s'y foufirai~c.

O r o i n ~ r e l'mrenri 8c des voûtes dcs Cieux,

DzCccnd, enveloppi d 'un tourbillon dc feux. C'en à 1'Efpoir , &il, à ranimer ron&!c. N o n : la nuit de l'erreur ne peut erre éternc!k Sois all;ir; quc l'homme , 6 G:dblc Elidor, A Con premier l tdt p c ~ i t s":.lwx encor. Si l e bien cil du vrai toiijoiirs iiiGparatle,

La perte de ce bien n'elt point irrEparablc. 1111 Grde de lumiere uu jour c ia i r ramiiirr

l e I;cclc dc Boiiliciir qui fcrniile 5';!oigiier.

Au milieu ddcs bcfoi:is donc Ir cri c'i riporruo: , . P o i x Ariinîn a f.ii: 1.1 punune d'i:if«riuiie,

Voi du kii i de la nuit y;ii panoit s1épi. i ir , Sortir le gçtime hcurcux d'un nci:ilicur i1 vcnir. Voi ccr bcfoiiis moreiirs d c I'a9ivc induftric , Dcs huiiinins ;clair& ciiibt.l5Tz,ic la vic , i c s arrxicher un jour i I'alfoupilTcrncnr,

Où lcs eirlcvelir le pouvoir ii'Ariinaii.

n u joiir des viritCs je vois poindre I'hurorc

g r fi de ion midi cc jour eit loin cncorc , De l'auteur de vos m a u r , les barbares projets,

p: rourronr de ce jaur fufpcii&c 1;s pgi . ::) !

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É P I T R E S U R L E S A R T S .

t e s talents, dit i ' l p o r ~ c c , font fc malheur de ceux qiolo yoJ'ideni; I ' E n v ~ t lcspour/irir; l'hommc n2e,V ppas nc'your I'ctudu; lcs Sciences fonr mutrlcs au Bonhrur ria gcnrc riurnaln. ArnJ parle i e peuvle; inais i l ignore quc Ics A r t s doivrnr Irursprogr& a& Sciences il^ ont iniroduir 1'ufa~e des rnr'rpaux . de L'.dgricrrlrui.e, Lr. Afars l a Chyme a donné Irs po+ns, IQ poudre à canon. On lu i dort au]]; l es rcmrdc ,~ ; 6 La p o u k e 9 canon a rer& Ic guerre moins meurtriri.e; les peuples Jb'ir rl L'chi des j i~~rnnwsinva/;oi?r. MuL les A r r s f i n r fe.5 fourccr dulurc. Le tnxc n ' d un mai que dans Ics EIU mai ~ U I ~ C T J I U .

r s c r P L E des beaux Arcs, imidcs vrais ralrurs,

Tu rc~ucil lcs lçurs fruits poirr I'liiver dc ccs uir.

Ta raifoii éclair& au flambeau du g&ii : ,

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34 B P ~ T R P vis bcurcux , contenr : te vulgaire abu$ ,

Te b X m e , ce condamne & t e croit peu ~ i & .

Ecouce ce Marquis nourri dans l'ignorance,

tvrc dc vin, d'Amour, d 'orgueil & &Opdencc , Au Cortir d 'un Touprr , où ic brûlant drfu , Vienr d'dteindrc fer fcux fur l'autel d u plaific :

Cc galant préceprcur dcs oifls du grand niondc, Avcc eux au liaCard diKerce , approuve ou fronde : 11 nc dfiinguc point la voix de I'irnpvlteiir , D'antiques préiugés m o d u n e apprubacrur.

t e vrai jufques i lu i darde cn vain ia lumicrc , Lc doigt dc l'Ignorance a f a n é Ta paupicrc i I l ne la rouvre point au& fublirncs accents, Des demi-Dieux mortels , f a n ~ c u x pal lcurs talcnu. Malheur , vient il naus di re , à cclui quc l a gl~irc; Porrc d graver i o n nom an rcrnpkc de mémoire, A combien d e dégours i l do i t Cc préparer !

6i je veux êrrc heureux, je dois peu desrer. De Ces rameaux rouffus d o r s qur la tenipétc,

D'un chéiie fourci1kux a d6pouillC. la réte, @ueIlc prirc offre-t-il aux coupi des ouragans !

Q u e pcuvenr contre lui leurs cf'Torcs impiiiaanrs ?

Bravant des Aquiionr la fureur implacallc , 11 opporc à lcur CouHe un tronr in&ianlablcr

T e l doit ;trc Ic Sage ; & fou uniquc Coin , f fi d'ilagu-r cn lui les rzmenux du becvioiri. Peu jaloux des gandeurs d e l'aveugle fortune,

11 fiiir Ic vain éclar d'un- gloire irnporrunc. 0bf~iii;inenr heureux , o n 1c voir pr;f6rer3

A l ' o t p i l d'ravenrir , le p h & d'admrcr.

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s t r ~ L d 8 R R T J . q Vivcz, heureux hiortek, au rein de In MolleRe,

Vous nziirez ignorants , Coyn-k par iagccc.

Norre eQrir n'rlt poinr fait pour pMérrer, pour miri C'cR aKez s'il apprcnd qu'il m pcut r ien ravoir.

Du cerclc qu'il parcourt les bornes [ont preCcrirer;

Disu de Con doigt pui!Tmr en traça les limites. . Cctre fiere raifon qu 'm s'obflinc àprôner ,

Où l'cri1 mffc ddc voir, cc& dc difcerner.

Et que fcrt , opris tour I'érude des sciencer,

f t ce farras ob fcu dc raines conno i~a ixc r ?

@el cliangemenr , quel bien apporrcnt aux Erno, Er dc ces lriiigr calculs roui Ics vains réQirars , Et ccs Savanu G ficrs , cca crprics indocila,

Incommodes h w e n r , & couioiin inutiles,

Fainéants orgucilleux , tolérk par le# Ioix , Acmieillis par Les fou r , mépriGs par lcs Roir !

Jc Ics vais cn fecret r ongb par I'Indigcme , Dc l'inurilité , rrop juRc r5compcdc. . Eh ! que nc conduit-on ces fuporbas cfpriu,

Couronnés de lauriers hors d u murs de paris r Lc vulp i rc ignorant, a i i d parlc B c'ahiifc I

Loin do lc condamner, jc Ic plains & l'cxcuCc.

Sa;(-il qu'cn Con calcul cc Savant abforti, Qui multiplie, a, a, paï x , x , plus b , 6, ~ ~ o i r , reprenant cn main .L compas & fiquerrc,

Tracer ia r lc papicr fa figurc d'uq vcrrc , Qui brirant Ics rayons d a m fa courbe épaiKcur,

Er du d h i c des airsabailfant la haurcur,

Doir preior à nos ycux uiic forcc nouvcllc ?

3ai:-d p c l'ail. fk0 vers la yoûtc tteracl!: , D 1i

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ts E P f F E E

I c P i h c m n t i f à pcinc a dans les Cirur, '

Pris la hauteur du Pole avec c e s nouvcaur ycux; -'en un plan plus corretl je Ic verrai réduire, Er defines des mers le vuide & vaite empire. La morr a déja f d de la plainr dea eaux. J'appcqoisles écurils recouverts Far lcs flors. Der licux où lc foleil commcncc Ca carricrc, Juiqu'aux climais obfcurs où s'éteint La lumiere, Le chcmin cfi ouvcn , l 'Ochu habité. Lc cimidc Nocher dans k porc arrêté, Coqrc firailter lcs vents aifciiiblés fur fa t ê r i II a dtja doubli k u p dc la TempSrc , Er dépaKé ces monts qui , le front dans les a i rs , Sembknc les ficrl g l a n x , dMdeura de ces mers. LE Pilutc a confimit fur de^ côrcr frrrilrs , Pcs comptoirs qui bientôt , m a g d ï s dc nos villcs , Rcndront cornmuns à tous les Airs & les précents , P a r n g k par le Ciel aux peuples diffctencs.

N'efi-ce pas le cornmercc , i chaque peuple ut&, Qui nourrit le Barave en Con marais fléril: ; Il fonda ion rnipirc , il CJI rellc l'appui ; La Hollaudc lui daic cc qu'illc eit aujourd'hui. II la foufirait au joug dont 1'EQagnc l'accable. Lui budoye une amCe, il la rend redoutable , Zr rcrfaur la riciicfe au rein dc Ces Erars , Y icmc les laurkrs cueillis par ics roldars. Lo Arts comrnandcnt-ils ? la h'arurc eii do cil^

L'onde leur obiit, lc mécal eli duttilc. Amis de nos p l a i h , leurs IibCrales mains,

8nr df bicnfairr fam nombre wichi Jes h-

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S U R L E S R R T S . 77 A d b r r ces Arts, c'eR cn vain qu'on s'obffiac i

Que ne leur doit-on pas > ila ont fouillC la mine, Dcs gouffres de la terre arrachC Icr d r a u x . Ils les rangent par lits d a m de vaRcs fourneaux. Des C~CYICLS e n f l ~ l ~ i n C s s'écoule la rnarixc.

Red.--i-ellc encore une crairc fcrollicre ?

D'un t c n a dévo;anr la prompte a t i i ~ i t é , La d+ge bien[;[ de rouie impureté.

D&ja k Eor prcfii d e l'elimcni- IiquiJe , T o m b e , écumc , mugir, tourne l'axe rapidc Ue c:s léviers aîlFs iur lcur centre roulants. Les marteaux fouler(.s par Icurs cfforrs puillants, T ombenr en temps égaux , d'unc lgalc d i i t a n ~ c ;

Et le fcr Cous lcurs coups r'épurc & fc fondcd;

Ignorant, vois lcs Arts cnceimke noschanricrs, Voirdes drercr les mats , courber les madriers , Fondre I'ancrc , l 'arquer, & des mains innoidrable+ IL^ railler. la voile , & là f i ç r Irs cabics.

Du fuperbe vaireau les membres i fo lb , Par l'&ive indufirie A grands frais aircmbiEs;

Ne font plus enchaînés fur la mobile aréne. Le navire à I'infiane céde a u poids qui l'cnrraînr, Dans u n Iilloii de fcu , s';lance ; 8r L'&km

Jaillir, k u m c au Loin, I'crnbralrc cn miigilranr. Nos vaifleaux par ces Arcs f o n t arrngs pour la gutrrm ;

Ik cinglear i Mahon , ils bravent 1'Anglererrc.

Ils ont appareillé pour chcrcher Ics coniblca

L'onde gémit au loin ; & ces rupcrlics mâts N'offrent plus au regard qu'une for& errantc , Qa'éclaitc uiup fur coup mc flamme conrunrc. ( r )

D iij

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.+J E P I T R E Ces Ans , dit i'ignorant , me m'en impoknt pas3 Xegardh ce Chyinilte entouré de marras, tila puri66 lrs fouffrçs dç la terre,

Broyé les minéraux & pétri k ronnci-rc , W'a-r-il pas de L s feux armé Ics LélCrats ?

Soi t : mais il retrécit les portes du trépas;

Izs ' i l ne pcusdes Rois érouffcr les qucrclles , 11 prête à leurs fureurs des armes moins crtieli;~. La guerre eil moins ianglanre , & Mari porte aiix Iiuinaim

Des coups plus effrayants, mais des coups moins ccrc;ins.

Des malheureux mortels, l i t - on l'antique liifioire? O n y vair en tour l i eu I'implacable ViCtoire , Brif~rI 'orgueil des Rois , l a jeter dans 1:s f:rr,

f t c h m g c r tour coup les c i d s en dl-i-cm.

U n fcul combat jadis décidoit d'un cmpirc.

Sans d é h i e , fans for t s , fans l'art d s les conllruire

Les Etau h m par-tain ouverts aux Conqdrants. Des bouts de l'univers ces rapides torrents, Dont ~ i c n n'arrhe encor la croupe vagahondr,

Sc fuqCrlent l'un l'autre & ravagenr le mon&. U n Vauban efi-il n é ? Le génie & les Arcs, En crfafanc 1:s for&, ékvenr h s rempar:s ;

1: o p ~ o i è en tous l i e u x d ~ s d i ~ u e s a i i a o r a g c s , Et &ans un c e r c k atroir concentre les coungr i .

CC .n'dl plus aujourà'l:ui P ige des c o n y i e r a n n ;

l e s Rois ionr couroniiCs de lauriers moins 1angl;lncs.

Pour rnainrenir Ia paix entre chaque Piiirance , La politique Europe en main prend fa balrnce : Dans u n jiifiq équilibre y fouticnt Icr Erars :

C$ ne refpuc plus le fang & 1cs coiub;its;

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S U R I E $ A R T S .

Le guerrier facrific e n une paix durable , I'orgii:il d'érre terrible au drfir d'être aimable.

Un héros dans Ir Nord appelle lcs talents :

Tcllc l a poudse c i l feu fair effort en rom f,nr) '

En roui- f u s Frédértc fair etFort vers 13 glouc. Favori d 'Apollon, il I'efi dc la ViCtoire ; Capirainc , Orarcur , des Mures viiirC,

II s'ouvre deux clieinins à l'immorralité, Dçs mains dont il perça l'aigle de Germanie;

I l carerc les Arts , applaudir a u génie. Mais Ton panégyrilue irrite l'ignoranr ;

J'enucvuis Con humeur à fmn rire inCulcant. Croyez-m'en, dira-t i l , Les grand-s découvertes ;

Par u n heur:ux h a h r d nous font toujours offerc:~. Er vos Savants enfin , m e c nius l e u n grands mors,

N'ont rien rrouvé qiic l 'An d'en in ipokr aux fou. De leur fupcrbc efpriir l'urgurillcufc foibleiG , F i t des dons d u hafard honneur à leur sageTe.

lndigné, r5volcé de lcun vains arguments , Vois qik tout fur la tçrre efi u n bicnfair du tempi.

Le temps nous fit Ces dons ; je le vcux; mais un Cage,

Fit le plus pr6cieu.r ; il e n montra l'ufagc. Sans lu i , C ~ n s fun Cecours, &prit foibk & jaloux. Le prodigue H d a i d auroir peu fair p u r nous. Je vcux qu'il eût ouvcrr une riche catri-rc : Aiiroit-on , fz>s ICI Arcs, raillé , poli la pierre1 Je le répkrc encor , fans lcs Ans hienfaihnrr , Le Cicl nous eûr comblé d'inuriles préfcnrs.

En qucl temps, quels climats, lcs Ans , & lcr Scicncer,

N'ont-& par du Bonheur rCpandu le i fcrncncct ?

P vi

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lk E P I T R E

Ce Baeiieur eut A croître. A-t-il enfh germé ?

L'ignoranr ne fait pius la main qui l'a fcniE.

Cr lent accroilicment eii toujours idenfible ; 1.e Sage en voit l a caidc aux peuiles invifible.

Tout 1s meûr à Ces yeux : mais aux regards dcs Cors, X e inoLiilç Univrrs eR :ou jours ei; repas.

A des ycux avruglés vainenent la N.~:ure,

Au figne des GCnxaux Te couvr: de ver!,iirc. Que l ' A h do l a nuit dCploye au hauc des aixs, Les voiles argentés qu'il .'tend fur les mers ; Qu: l'Amant de TIi6ris , évriilé p r r l 'Aiuor~,

R e d : l a fosme au monde, & irs coul~iirs à Flore, Pr& fes traits de feu dans le priGne des eaux,

T t fcmk les rubis fur la cime des flots :

L'vnjwrs devanc lui CépouilE de fa forme,

Nr lui picf~iire zie? qu'une nuit unifornr.

SemSl.hlc à cet avcugle , & bicn plus r n a l h e u r e u s ~ Pour lesbeaués des A n s L: fiupidc e f iOnr yeux.

A l'ktude des moeurs jamais il n e s'abailre , Er 12 moment prXtnr elf le feu1 qu'il c o m o i f f ~

I l !ut dans l'averiir , ce hardi Riclielicu , B o n i l a faveur prodigue a c c u d o i t cn triut iiru , Les (irtr s( les talents pour Irs 5 x e r e3 Era~xe . Il efp6roir par eux aifcririir ia puiflance,

II feutoit leur pouvoir, Bc qu'en tous les cl3nars,

Les Arts ~ h ~ n g r i i r l r s mir ius , & 1,:s im:~i k: E:33. Les Arts ont Econdl. nos canipagncs i i i r i h ;

De riches moniimenrr ont embeiii nos v i l l s ,

E t dans les caurs enclins à l a fhci:C , SuMicoi: la rendx s; roble hrirruni:L

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S U R L E S A R T S . 8 r f30s pplaifirs va& font ieiirs bienfaits encore , Et mèmc avec d+c l'igiiorant Ics honore.

Pour Ic charmc des ycux , j-: vois dans Ics fourncmx, L.'int'.uRrieux ArriRe amollir 1cr métaux ,. Leur d9nner ion 614 cem formes agréables. IL a d a m des creders vlrri6C ces hbies Qui doivent ripéter i mon a i l enchanté,.

Les objets de mon luxe & de m2 vanité. L'Artifie a battu l 'o r , 3' cn éccnd les lames, Dc s o r riches brocards Fa main ourdir Irs cramer,

I.1 en croifc les f i ls , & Tes hemcux cfforrs , l>c divers prlœons lemblenr tirer les carps, Amis du riche oifif, lez Ans cherc.hene fans celfc, A la-foultraire aux maux de l'Ennui qui lc prçffe. " D e tout ce q u ~ la terrc enfcrme cn fa grandeur,

Lcur main J. compof& 1- mi.1 de fon Eonheur. Colomb dans ce deirein Fend la p l a n e de l'ondc,. 11 rappoucavec lu i , du fcind'un a ime m ~ ~ i d r ,

Er de nnuvcaux be;>inr, & de nouvemx d r k , Getmes qui produiront nos maux S( nos ~ l a u i r s .

Mais que fert , diia LW, ce commerce, ce CAR,.. ( 2 1

Avec nos loix f o u v c u qui l ime & qui conrralte ' C c i u x e i; vancC dam mille icrffr divrrs , A-r-il de la d o u l w affiansbi 1'Univ-rs ? :,) Quelle foule dc maux elf pièrr r'iiirrodiiir:, ê l i r z ke peuple où le luxc Crahlic loi1 crnyirc.

I'Arrifan y gcniir fous Ic f a i ~ drs i!iipÛrs,

Lc courage avili s'y prrd daus lc rrpos. Lc puiffanr i m putieir r. higiie I ' r ~ r l a ~ a g e p

De Ga !bu:iiL'Xun, luii l i i rç c f l un d aga.

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91 & P I T R E

Ccs iuperfluités , ce faite, ces plaifils , Ces vains am~femen t r qui charinest nos l o i h ; Ce commerce , ces Arta dont chaque viiie abonde , Sanc moins les bienfaiteurs que les fléaux d u monde-

Mais le mal que nous fair ~ v t r c lunc rffronré,

Au luxe proprement , doit-il être imputé ?

N'en il pas un effet d'une c a d e étrangcre , l e praduir d'un pouvoir avide & fanpinaire.

Les hommcr par Iciirs loix, f iges ou corrompus. Doivent à lrurs tyrass leurs vices, leurs veriur.

Dans nos heurcux climats le luxe, la dtpcnfe , Amufe la RicheKe & nourrit Pldigence. Qui PCUI conrre l e luxe a m e r les Souveraim ?

Sro in t - ce Lrs p l a i h qu'il procure aux humains? Urik 1 nos ciris, lc plailk lrs anime , H dilate lm ccmiirs , le chagrin les comprime.

Sans le plaifir enfin , pcre d u mouvement,

t'L'Piverr kas r&r renne dans le

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V A R I A N T E S DE L ' Z P I T R E S U R FE5 ARTS.

( 1 ) E H blcn ! rnc dira-r-on , les Ans ont par inflanc

Fcut-être mkrirt ILS hmncurs qu'un leur rend ; Mais fi l'on veut toujours n o m vantant icurs m e ~ e i h 4 D: Leur paikgyriquc d o i i r d i z nos otsillcs ! Voyons lcs maiix qu'ils font. Seul cn [on galetas,

& c.

(1) C'cR le plaifir qui fcul au travail nom c~chaînn .

Daris le d&rr dcs mcrs les dangers SI la y einc , L'cfpoir [cul d'en jouir Contient lcs commerçants. Ils efpérent u n jour plus riches, plus conrenrs, Sous des lambris dorés, rcrciiir P ~ b o n d a n c c , Et Ic pl.& qui fuit le roîr dc l'lndigcnrc.

( j) Aux ~ r a n d s é t x s Ic Luxc , PR , d i t a n , nCccPairr. Du faRe Li de l'argent le defir ialutsirc, Nniis arrache au repos qui nous tient aiToiipisl C'CR u n reKorr &if qui rnmeur d e c@rirs, Et dc nos Cicoyenr riveillant l'induitric , Dans Ic corps de i'iïut fair cii:nlcr la vie. L'or CR-il donc Lin Dieu? lu i d o i r m tous [CS VWL+

61 1 homme cafui Sans or, nr pm-il Cm hcurcur 3

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ids E P Z T R E Dans !es défcrts du Nord 1- librc 8: fier Sauvage;

EA contem des caiLoux roulés fur Con rivage. II ne va point chercher e n des rlirnars brûlaiirs, Dsr di3marxs , des Arts & dçs pla&rr p n d r .

Elt-il fi fortun6 ce fupcrbe ifiucilc , Dont lc faRc infiiirant me hannic de la ville ; Qui fur un char doré promené &ns Paris , Mer fa fortune aux pieds de nos jsunes r a ï s j Cui rouj<rurs furrliarg; d r drrtrs uîiiraircs , Convçrrir en bijoux 1:s trékxs dc fcs Prrcs , Tombc & biencôr expie en dcs bcloins prcffanrs

Z'cutur des faux plsifirr goûtés d m Conpri~tempu

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É P I T R E s u n L E P L A I S I R -

C'eJ le pla$r qui nous ap,ueile a u travuil. C'CF 1'cJu'- rance de5 p1~1,Grs qai /O ir /a J U M C d a richcj~ts L dcs gr~r .drr ; rs , qui nuur porrc a les chercher. I.r70fre &rég;c dc 111 Soc:r'i; , depuü /on origlnelufiu'u 1 r r a cri elle eJ2 poriJenuc. & dans lcquel on voir L'amour du. pln~/ ;r , mobile de routes l c s a n i o n s , r e f r r ne~cJaire&s Suri&& : if sn fair l e bunhrur c5 la gloirt 14 honrc ou le malheur, Jclon qu'rl dirigc' par l i s Légijlarcurs. L a prrjeaion de la !e'giJiazion ejt de rendre ie b o n h a r des indruidus ifrile a u bonheur de Ia 3oc.hi. 1 e rielPo, uJnirou roiir a pour &jet l c bonhrur d'un / c u l ; G. l a Ju;~er/lirion . qur a p a r hur I'ernp~re E- le bonhrur k s rrirrea .fin1 cgairmenr q"po,fis à cerrc bonne Iég~Jarion.

f3 v A N D i'hornme par Ca pente entraîné ven le crime,

\? De drlirr inJiftrcrs , l 'rklavc o u ia vitiiine , . sous le poiJs de fer maux fsmble encor s'aEder, S e r k r le pl& qu'i rnfau a c c u k I

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Xt E P Z T R E

Envaia le faux dévot le bannit de la [erre 3 11 efi à cous nos maux un baume ialii~aire : C'efi l'&terne1 objet de tous les veux divers: Adorons donc en lui I'arne de 1'Univers. Sa voix, qui nons appclle, à rom ie fait entçndre. Si l'elpoir d'cn jouir nous fait tout entrcprcniire , Si créateur des Arts, i1 nous donne des goûts, Dois-jc les immoler aux caprices des foux ?

De ces Arrs décriés , quand l'étude féconde, N'auroir iamais rlonii; que des plaifirs au mondc, Ces Am auroicnr comblé norre premier defir. Qui peur de Tes befoins difiinguer le plaifir ) C'en un prXent du Ciel 'fait par I'Etre fuprêrnc. Qroiqu'en dife un'bigot , c'eit un birn en lui mtmc. 11 en eR du plai& aini; que des Iionneurs: Par les foins vigilants de ies diipenfareurs, XLi l l e prix d'on aae i n j u h ou légitime, 31 nous pozre aux venus, ou nous entraîne au crimt. Des mortefs éclairanr ou trompant la raiion, Tour-&tour il drvienr & remrde & poifon. Le plai~îr dirigé par une main habile, Dans tout gowerncmenr , ci? un r&ort utile.

Aux champr Iduméens voyez cet IrnpoReur, Eveiller la Difiorde bc répandre l'erreur, Par q ~ ~ l s moyens fut-il, coiifonn6par la gloire, A ics drapeaux fanglants enchaîner la Viaoirc? Par quel a r t , abuîant les crédules hihnains , Echauffoir-il lesrarurs de ces fiers Sarralins, Qui toujours affamés de fang & d e carnage, Caurhoirnr l'orgmildcs Rois a joug de I'eiikyagt h

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5 V X L E P L A I S I R . $2

%",.?nivers code rné plioit four leurs cffonr. Le Fourbe, du p!dilir employant les r e l h r n ,

A côté des rcavaux plaçoit 1s récompenfe. 11 flattoit Ies drfus , & Tir de leur puiffancc, Au féroce Vainqucur ouvrant lc Paradis, Par de-li les dangers, lui monrrolt les houris.

Veux tu, plus curieux t ' idruire &mieux connaître i Lei cfférs du plajfir , ce qu'il peut fur ton êue ,

Et qucl principe aa i f puiflant & ginéral , De toute Crernité mut It monde moral ?

%'éiiérre dans ton cœur ; que ton ail examine ; Dc la ~utiétC rcnioiire i i'origine,

A cc moment W Uiiu créa cet Univcrs ; ii cmnmende : le feu , Peau , la terre & Ics mers S'xrondiTTent en globe , & I'çrpace <'ocile A resu dans Ces f lan~s la mariste immobile. n e inilie afircs épars , Dieu maint-nant l'accord,

Y porte la chaleur , ia force & 1ç rçflott. Pour premier habitant de ce monde vfible, Sa main a créé l'homme ; il m i t , il eît OnGbk ; 11 connoÎt je plaifir & reffcnr La doolcur, Et d;ja l'amour-propre a g e r d dans fion caur. Cet Amour en tout tcmps armé pour Ca déFenie, JuCque dans ion berceau prorke Ton enfancc ; Et contre tout danger dcveon Ton appui, Dans fa i&réyirudc, il veillc encor fur l u i

Je dois à cet amour ma joye & m a rriileffc, Mes craintel, mes fureurs, mes talents , ma iagde. Ep tour teii:pr cet amour allumant mes deiirs,

Ne fair fuir h d d ç u k chercher ks ~ladïu.

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J S E P Z T R E

Parmi ceux que je goûte , il en cil un fiiprêine : Tour amre à ton a f p 3 diCpziro:r de l u i - n A clne,

Comme un fpeare Gger fuir à l 'afpea du jour -, Er ce pIaiiÏu CuprC-me eft celui de l'Amour.

Ses f w x brûlciit Adam ; il voit Eve , l'admire , L'aime, l 'embrare & céde aw charme qui l'attire. ü'dt pere ;Ces fils Ce nouniKent de g t n d s .

Dans des antres profonds & creucl& par le rempç, L'iin d e i'aurie' d'abord iicarrés fur la rcire,

Sans or & fans hefnini , ils on t v k u guerre :

Victirnerou vainqueurs des ours 8r dcs [ions, R a s enfemble iQ fujecs dans de vaiies cantom , ùls fuivcnr toi16 I'inffi~iR d e l a fimple Nature.

Leur nombre cnfin s'accroîr : la t trrc fans culture ,, Déja ne fournic plus drd& richcs pr&nrr,

Pour tauver de la faim Tes nombreux Habitants.

L'Air vient à leur fkours ; i l a fouillé la mine , II r n tire le fcr , il !c fond, il l'affine.

Ce métal à la forge efi cn foc fasonni. Act& fous Ye joug le. bœuf mai rhe ihciin6.-

Le befoin , l e plafir , Cources d e I'induftrir, Onr fl-condé la plaine, émîilll. l a prairie, Einbclli Irs j a r & n , porté fur nos guérem

Lcs couleurs c k Vcrrumne & les fruiis de Pal&. La vigne croît , s'Eléve & verdir l a moiiragnes;

Les épis on?oyanrs jîuniflcnr les Çampgnes ;

Et lc rrawil cn6n de routes 1:s sairons , De la itki!e terre aitache des moiflons.

Mai des prcmirrr murtels , loiflue la race entier^ D'unc courfc rapide achevoirfz cstricre;

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S U R L E P L A I S I R . s Lorfqu'cniinpar les ans enrraînte aux tombeaux, f l le eu[ cédé la terre à des mortels nouveaux ; Ua nouvel art apprir à In main inhabilc , A partager le champ ciéja rcnliu fcitile.

~ i h o r n r n e s'en rendit maÎrrc ; i l l'appella Ion bicn; C'elt alors qu'on connor 5: l e rien S: le inicn ; Er que par le bcfoin la rcrrc eiifmieccée , E x r c les Habiranrs fuc bicnrix d i d i e .

Un foflélargc & crcux enfcrme lcur Enclos.

C'CI? là que ie livrant aux douceurr du rrpor , Ils vivcm quelqiie temps dans iine paix profonde. Mais qu'il dur i t r ç cour t , ET trinps 6 cher au monde! Dans Ics hnmiaux dCja je vois Ic fwrr s'arincr: II v r u ~ 1- f i r en main tccu:i:lir fans Cemer. De Sa coupable audacc orant cour G proinetrrc , Aux pliis rudes rravaux Ion orgueil viciit foumcttro Le foiblc qui réclaiuc en vain l'appui des Dicux.

Tiitniis , &-on, alors rcnionra dans les Ci:irx. ha rerrc en ce moinent ell. livrée an piliage. NullL propii2ré qii'oii ne doive au couragc. Le vainqueur inScii(iblc ancr i d s la rairon , Ravir à ion voi~ï i i , O fsnime & fa nioillon. Us l'iris onr parcou: a!liiine Ïur la rerre , Au fiambcaii de l'Amour Ic flanibeau dc la gucrrc i Et 1'diiivers entier ne ptéknre d mes yeux , Que des vewes en plciirs k des maiÏons en feux. La Mor t qui p o u r e au loin d:s hurlemenrs rtrribles, V a , parcourt 1'Uniwxs Sous ccnr formes liariblcs. Cr)

Pour réprimer ces maux, o n vit dans lm bars, Le public inrérit crier des l i @ s

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38 & P I T R E charges de protiger la rriip foi& innocence,

l a loi leur confia le glaive & la puiifance:

O n jure cntre lcurs niains de fouccnir lcurs d ~ o i t s ,

31s jurcnt à lcur tour dc maintenir les loix. Mais à ce vain fcrriieiit le M ~ g i i t r a t parjure ,

oubl ia qu'il étoQ un droit de la Aarure. Le pouvoir aifermi cers d'être en fcs mains , L' in~cru~nent fortuné du Bonheur des h u m a i m

A peine indépenda:it , ic le vois cntrcprci~dre, D'anéantir des loix qu'il juroic de &fendre,

O u plurôt s'en a rmer , pour bientôt s'alferyie Les Idches C i t o y c : ~ qui IA'UCCU~ l'rn punir. C'efi aiors qu'à con front atrachant 13 couronne, O n le vit ériger i o n tribunal en trône.

L'Amour du bien public fut u n crime à Ces yeux.

Qui rçfuCa Ces fers , fut un fédicieux.

L'Uiiivers eut pour Rois la Force J( I'Artifice j Ils y rcgnznr encor fous le nom de JuRicc. Le crinllucl hcurêux eit partout rCvéré.

Enfin dans Con Palais, le tyran maffdcré Expii: fous k s coups r i a fujets qu'il oppr inr ,

l a force Ctoir f o ~ d r o i t , l a foiblclTi e l t Coi1 ciirnc. Lorique d'aucun remord un Roi n'cil combatrn Et qu'il n'admet pour loi que ion ordre abfqlu ; Tout diifCrent alors fe juge par la gucrre , Tout M o i r d efi dclave o u tyran fur la terre,

11 n'eit plus de vertu, d'Gquiré, de repos.

Er l'Univers morai rentre dans le chaos,

Si l'O<igueil éleva le poiivoir dcfpotiquc , La Crainte l'affermit. Alors la Poliriqw ,

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S V R I E P L A I S I R . '5 &

Ecr Art zuparavanr fi Cage en Ces delrcins , Cc gr and Arc d'affurcr le Bonheur dcs humainr , NC fut quc l'Art profond , mais odieux , qui fonde La graadeur des tyrans fur Ics mallieurs du mande. L'liomine adora le bras qui le tint abattu , Et d e Ta fcmirude il fit unc verru.

D u pcuplc ioforruné I'avcuglemcnr exrrérnc

Sembla le dépouiller dc l'Amour de lui-même. II p x u t oublier que I'cfpoir d'être heurcur , D e l'union ~ u b l i q u e a io i t formé les n<mu&. Sous Ic n o m dc verrus i l méconnut les crimes.

Je vous prends à témoius , malhcureuGs vi&imes i Vous , qui de vos suIrans flattant la c r u ~ u t ~ , Pixcez l'Arc de régner dans I'iidiunianirC , Et fcmbler p r X r e r dans vos v a u x illicircr, L'Art affreuxdcs S:jans à la bonté des Tires.

Dans ccrce foiblc crquiifc où m o n hardi pinceau, du monde uaiilanc crayonné Ic rableau,

011 voit que lc p l a i h , feu1 rcflost d e norrc amc,

Aux grandcs a n i o n s , nous mcur , k nous cnflainnic, D-piiis l'rfclsve vil jufqu'au ficr P o r c n x j D ~ n s chaque Empit; , o n voit, comment l e Magifirat . A d e du pl;iilir , rcchc~cha la piiiiTai~ce , Aremit tout au joug ds Con rheifhncc, Souilla, par f o r orgueil , le Temple de T h h i s , Er du glaive en fer maiiis par lei pcrpl:s remit Pour veiigrrla venu du piiilTaiir qui I'oppiime , 11 fit u n initmmcnt dc vcngcance & d c crimc S c n fcrrit pour courbcr fous un joug illégal , L'home libre cn nailfur k créé fun cgaL

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5% E P I T R E cd? cc m h c plaih , don: la f e d e cfpérano. Infpire auM3gifbrar I'amolrr dc la puitTance , Er qui vers la graiidçirr fixa ~ O L I ~ C I L K S fcs yeux ; Souvrnr d'un Prftrc f.~inr ftr uu ainbiticux. Pour élever la chaire il abaiirc le t d n e , 4 la mime bientôt affervir la couronne ; Et rnaîrrr dcs efiirits ce Precrr fait dcs Kuis , Dcs efclîver titrés, mdis r a ~ n p a ~ u s b u s [CS loi& Qui des dccrctr d u C i d fc dit dl.pcii5rairc , Peut roujwrs il 103 gré c o m m n d e r auvu lgauc %us le rcfpea facré qui voile les autels, L'admirr Ambirion Ce cache aux yeux inorrelr. Le farouche Uervis Cous ia bure Llc la liaice, DC ier vaRcs delliiiis déguifr le myfike. 11 paroîcoccupé du chemin d u falut : U c l ~ r c h e 1ç pouvoir, k pla& :fi fun b u s

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S V R L E P L A I S I R . .fi

*+4++.6+.&++~++* VARIANTES DE L'EPITRE SUR LE PL.AIS1R

( r ) h . l a ~ h e u r e u x , Cclairés par lcurs calsmitér, &es humains font enrr'eux des paites, des rrairés. l a fûrer; d e tous, voilà leur loi prrinicre j Sans la loi , fans cc joug, honteux, mais néceffiirc; Le foiblc cfloppriiné , l e fort efi opprrlfrur.

Le grand Art d e rcgner , l 'Art du Legiflareur, Veur que chaque morrel qui fous des loi.~.~'c4diaîac;

E n fuiyanr 1c penclupc où Con plaiLi l'cnrraÎr;c, N e p u X c fairc un par , qu'il nc marclic i l a fois. Vcrs le Banheur public , Ic chef-d'auvre des Io*

Selon p i i n Porcmat clt plus ou moins haLilcl A formcr, coinbincr cet Arc I; diffviic D'unir & d'arracher ,par un lien commun, A 1'int;ret de tous i'uirérêr de chacun , k i o n guc bien ou mai il fandc la jullice, &'pdiirir les ycrtus ou l'on Ce livre a u vicci

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F R A G M E N T 'Dune épirrc fur l a f i ~ r f i i t i o ~ .

D A N S tdqt E m p i ~ e un corps , quelque foi[ fa fageflc , VCD Ca propregraxkur rem4 & marche Tans cerc,

%us le prétexte vain de I'inrérSr des Dieux, C'eR Ic Gcn que chCRt ce corps ambitieux.

p a n s Ycs hardis projets, coiifianr , i ~ i v a r i a b l e ~ A fa mcmbres il prétc un appui redoorablc,

P u de Gvcrcs loix n'&il point contenu? 11 marche foutdernent a n pouvoir abfolu.

Qui peut armer pour lui la publique ignorance Der Princes outragés ne craint point la vengcancb Qu'a-r-il à ridouter des Magiftra:~. des loixi I.'interprCce des D i ~ u x e n au-deffus dcr Rois.

Lui feu1 de l a vertu peut diiiugurr le vice j

Lui fcul devicnc alors fugc de la ju!tice.

A cc ci i rc , il a droit dc commaiidx à ruiis.

Pour confcrim cc d ~ o i r dont il éroir jaloux, Poiir Irs t tnir foumis à Con dur eTcL~vagc, D e la ricon cn e u x il profcrivit l'ufdgc , Voulut que dédaignant Con impuiff3nc appui,

lis nr puKciit jarnzir i u c i d l r u i u que par 14

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$ R A C H E N ? ' . Ak t terre EP CC rnorqent fc coi~vrit d c thLbres; kc Fanatifmc nt fur dcs tombcs funcbrcs , Dam le Tcmple d c d ~ i e u r , par l'Erreur allaité, Y reçut les refpetts d e la Criduliré. Le fceprre eit dans fcs mahu u n d o n de I'rgnorancer

Sur 1'Univcrs craintif il Crcnd fa puiirancc. $a rire cfi dans les Cieux, Ton picd touche aux Enfen c L'Empirée cfi fou dais j Con u&nc efi l'Univers. Captif d'autant pius G r , quc rnuiiis 11 pcÜrc ~ ' C K C , Cc monde fc croit libte , en l'adoptant pour mYuc. ti marche environn&dc foUcs viiions. Sur i o n front ci? écrit , Prince des A-arions.

A Lisbonnc , à Goa c'eh Con pouvoir qui tonne,

Qui formc, qui d i t m i r , qui punir , q u i ~ a r d o m c ,

On le yir aurrcfois a u rivagc Afiicai:~ , Enfermer Ta vittüne c n u n brûlant airain, .Du coureaii de Calchas frapper Iphigenie, Enterrer l a Veftale aux champs de I'AuToak, Du v c m e u x Socrxc ordoimcr le t i+ar , Porccr parcout l a crainte, armcr tous 1;s Etats,

Mais, d i ra - r - e n , le Prêtre atroce & faguina j re ; Tint-il roujours cn main l a bâche meuruiCre?

Fit-il roujours couler l e fang fur leraurclr ?

S'il paiut quclqucfois indulgcnr aux morrcls , C'en lorfqu'i runivers il cornmandoir en maître. Mais fitôt que d u vrai le jour vint i parofrre , Q u a le Sagc voulut fappcr i'aucoiité, D'un Empire fond; fur i'iinli:cillirE : Lc Prêtre alors deviiic crucl, impiroyablr< &d par I'kt~rét il fur incxorabf;,

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$ F R A G M E N T : ii ordonne lc meurtre , i l cn fait un dcvoir.

Devaht Con tribund le Princc cfi fans p o u v o b

A fonliconrs alors c'cfi envain cp'il appelle Cette niêrnc KaiCon q u e bannir le faux zelc.

Aux eCprirs éclairés envain i l a recours; Exilés d'un Erat , ili I r Tom pour coujoum

U n R o i rçRe enrour; d c fujrrs i i n t ~ ~ r i l l r s , C o n ~ r e un Clergé puiirant dCfcnCrurr inhabikr.

? qirc peur-il alors fi:& que dans un c<rur,

L'wcu& InrolErance a porté fa fursur ?

Qui pcur lui réfilier ? uu Mortel qu'il infpire

Sotls Ces d r a p ç a u ~ faci;s cuinliar, rr ioii ipli~ , rxpirÿ

Picuremcnr cruel , ii foule fans piciS. Les &oifs d u fang , l 'Amour, 81 la tendre Amitg ; L'inrerprêre des Dicux coioin~nde-t-i l un crimc ?

11 cf? trop obéi coxr devicnr Iigiriine.

A u f i Ic h g humain verG par les Payens , A-t-il fouvcnc rougi le Temple des Chriticns.

Nous crlmes trop long-temps , avciiglrs que nous b r n m c s , Qu'on honoroi; le Ciel cn malracrant Ics hommes, Qp 'on pouvoir fur I'a\tcrl d'un Bicu dr charité, Sanaificr la haine &l'inhumanité.

Dija, youc fe venger d u SEnat d'Anglctcrrc, Garncr a aornprimé des foudres fous la terre. A-[-un fail; cc rnonflrc > e R d prSc à périr r lacendiaire i Londrc ; i R o m e , i l clt inai+yE>p

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L E T T R E S

L E T T R E S

L E T T R E PIZEAf IERE,

o a t r i s r l r r Eiifkir, p r r d o n n n l ' cqrc r? i;oii; la laiigiic d u c e u r n'e~ire~id pas le cCrC- rnoriid : jxna i s vous n'iprouvcrcz rmt d'aniitiL & taiir de rivirité. Ir vous renvoye votre &pitic apofii l lk coinmc vous l'avez ordo;iiiZ. Vous & votrc o u v r ~ g c , !uus incritgz d'(me nifaits ; q u i peut ne pas s'intirefl'cr à l'un &

r a u r r ç ? Mad. 1.3 Mnrqu& du Cl iP~dct pciiTc comme moi; elle aime la vCriti & 12 caiiiieur de votre carattérc; clle fait uia cas i:ifiiii dc votre eCprit , cUe vous trouve une ini:igii~atiou

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roo L E T T R E S . f k o n d e : votre ouvrage lui paroît plein dc diamants brillants. Mais qu'il y a loin de tant de raleiits & de tant de graces à un ouvrage corrcQ? , La Nature a tout fait.pour vous. N e lui demandcz plus rien, demandez tout à l'Art. 11 ne vous manque plus que de travailler avcc difficulté. Vingt bons vers en qainze jours Cont m a l - d é s à fairc ; & depuis nos grands hlaîtrcs , dites mm qui a fait vingt bons vers Alexan- drins de fuite ? Je ne connois perConne dont on puiffe en citer un pareil nombre : & voilà p o u q u o i tout le moiide s'eit jet; dans ce miC& rable Ryle niarotique, dans ce Ryle bigarré & srimagant , ol i l'on allie m ~ d t r u e u f c m e n t Ir. trivial & le fcblime, le Cériieux & le comique, le langage de Rabelais, celui de Villon & cclui de nos jours. A la boniie heuro, qu'un laid virage b couvre de ce marque, Rirn n'efi fi rare que le beau naturel; c'eI1 un don que vous avez; rirez en donc , mon cher ami, rout le parti que vous pouvcz. 11 nc tient qu'à vous; je vous jure quc vous fcrcz f ~ i ~ t r i c u r en rout ce que vous cn:rcprcndrcz. Mais ne nigligcz ricn. J c vous donne nn bon confeilaprfs vous avoir d o n n i de bien mauvais exemples. J e me fuis mis trop ~ a r d à corriscr mes ouvrages. J e paffe aRucl- lerncnt les jours & Ics nuits à réfornier la Henriade, Gdipc , Brutus, & tout ce que j'ai jamais fait. N'attcndcz pas comme moi , /i non vis janus , curras Hidropicus. Je h n g e à gutr i r nies maladies ; mais vous , prévcncz celles qui peuveut vous attaquer. Puifque vous' ch axe^

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i ' h d e avec tant d'cfprit & de courao,e , ayez aulTi le courage de limer cette produilion vingr fois ; renvoyez la moi & quc jc vouî la rcn- voye encore. La gloire,en ce m é c i e ~ i , e f i comme le Royaumc dcs Cicux , c!? v io lenri rapiunr i ihd . Quc je fois donc votre Direileur pour ce royaume des belles Lettres. Vous &es une belle arne à dir:ser. Continuez dans le ban chemin ; tia- vaillcz. J e venx q a e vous fafiez aux bclles tc t t rcs & à la France u n honneur irnmorrcl. Plutus ne doit être que le valer de chambre d'Apollon : le tarif c i l bientôt connu ; mais une épixe en %ers eit un terrible ouvrage; je dhfie vos quAranre Fermiers- Gthdraiix de l a faire. Adieu, je vous embraffc tendrement; je vous aime comme on ainic fon fils. Mad. d u Châtelet vous fait Cts compliments les plus vrais ; ellc vous écrira ; elle vous remercie. Al- lons, qu'un ouvrage qui lui elt adreK4, foit digiie de vous Pc d'elle. Vous m'avcz fait trop n'hon- neur dans cet ouvrage; & cependant je vous rends la vie bien dure. Adieu; je vous Couliaite la bonne aiuike; aimu LOU^ les Arts 8c Cirey.

E iij

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L E T T R E S.

L E T T R E I I .

M O N cher a m i , r a d i s qoe vous faircs tant d'ho!incur aux BcIles-Lcttrcs, il faut a u f i que vous leur fafTez du bien. Permettez moi dc rccomrriander à vos bontr's un jcunc homme d'une bonne famillc, d'une grande eiilirance, tris bien n t , capable d'attachement & de la plus tendre reconnoiirarice, q ~ i i efi pkirid'ardeur pour la Poëfie & pour Ics Sciences, & à qui il n e manque peut - être que de vous connoltre poirr êrre heureux. I l ei t fils d'un homme, qve dcs affaires 06 d'autres s'enricliitlènt , ontruine; il Ce nomme D' * * * , beaucoup de mir i te & de malheur font fa rccomrnandation aupr is d 'un coeur comme le vôtre. Si vous pouviez l u i procurer q u e k p e petite pIace , foit par v o u s , [bit yar M. de [a Po Iiniere, vous le mettriez en dtat de culrivcr ?' es talents & vous rempFiritz vorre vocation, qui efi de faire d u bien. Vous m'en faites à moi ; car vous avez xichaqffi. un ami tiedc. Jamais votre illufiqe pere n a fait de fi b ~ n e cure.

Se h i ai envoyé un autre mémoire, où je facrifie enfin le L i t t h i r e au perronilel ; mais M. n a ~ g e n t a l pence que c'efk une nécefitC, Vous Ic p e n k z au f i 8( je me rends. Ma p r i h c e feroit nicefiaire a Paris; mais je ne peux quitter

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L E T T R E S fer

mes amis @out mes propres affaires. Madame du Châtelet vous fait bien des compliments; on ne peut avoir plus d'eltime Sr d'amitié qu'eIk en a pour vous. Nous attendons d e vous dcs chofès qui feront l'agrimenr de notre re- rraire , & qui nous confolcronr , fi cela fe peur , dc votre abfcnce. Je vous emhrafe avec les tranfyorts les plus vifs d'amitii , d'&me & de reconnoiLFance.

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A Cirey ce zs Ferrier 1 7 1 9

CI N chçr ami . i'nrni der M u k s & de I r v i r i té , votre (pitre cil pleine d 'une hardieflc d e raifon bien a u deflus dc votre â y , e* plus encore de nos lâches & timides Ecrivaiils qui riment r o u i leurs Libraircs , qu i fc reilerrcnt fous le cornpas d'un Cenfccir royal, envieux, o u plus timide qu'eux. MiCirribIes oifeaux à qui o n rogne lcs ailcs , qui veulent s'rlcver & qui rctom- ' b m t en Ce c a h n t Ics jambes. Vous avez u n

génie rnâlr, ei vhtre ouvrage étinccllc d'ima- gination. J'aime mieyx quelques unes de vos lublinies fautes, qne les i1i:'diocrcs lica~ir& d o n t on nous veut affadir. Si vous me perrncttez d e vous dire en g6ntral ce que jc peiifc pour Ics progrès qu'un fi bel Art peut faire entre vos mains , je voiis dirai : craignez, en atteignant t e grand, de fauter a u g iyntefque . N'offrez que des images vraies, & f k v e z vous toujours d u m o t propre. Voulcz vous une p i t e regle in- fallible pour les vers; la voici : quand uric penfle e i t jufie & ~ w b l e , il n'y a encore rica de faic. I l falit voir fi la marii::e dont vous 1'exp.i- mez en vers fcroit Le% en profe , & fi votre vcrs , dc!poui\lide la rime & de la céîure, vous paroît alors chars; d'un mot fuper&t, s'il y a

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dans la conltr~i&iion le moindre dtfaut , fi une conjon&ion eit oubli&; enfin, fi le mot le lus P propre n'elt pas employC, ou s'il n'efi pas a fa place, concluez alors que l'or de cene p e n f k n'ci€ pas bien enchan'b. Soyez sîir que des vers qui auront l'un de ces défauts ne fe retiendront jamais par c a x f ne fe feront point relire ; &

'

il n'y a de bons vers que ceiix qu'on rclit , & qu'on retient malçré Coi. 11 y en a beaucoup dc ccttc efpccc dans votre Cpitrc, tels que per- fonne n'en peut faire à votre âge , & tels qu'on en failoit il y a cinquante ans. N e craignez donc point d'honorer le Parnaffe de VOS talents; ils vous honoreront fans, doute , par cc que vous ne nr'glimerez jarnafs vos devoirs

Er puis, v o i k de plaifants devoirs !Les fonc- tions de votre k a t ne font-dlcs pas quelque chofc de bien diGcilc pour une ame coinme la v t r r e ? Cette befogne Te fait comme on regle la dtpeiife de fa maifon , & lç livre de Con maître d'h8rcl. Quoi ! pour être Fermier-Gtné- r a l , on n'auroit pas l a liberri dc penfcr ! Eh morbleu ! Atticus t to i t Felinicr - Ctnira l , les Chevaliers Romains h i e n t Fermiers - Ghé- raux, & penfoient en Romains. Continuez. donc, Atticds !

Je vous remercie tendrement de ce que vous avez fait pour D' * * *. ~ o f e vous recomrnmder ce jcune liommc comine nion fils ; il a du II&- r i e , i l pauvre & vertueux. I l &nt roiit ce que vous valez; il vous Ccra attache toute fa vic. Le plus beau partage de l 'humaniti. c 'd i de

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L E T T R E S .

pouvoir faire du bien ; .c'elt ce que .rrom Pavez & ce que vous pratiquez niiçux que moi. Mad. du Châtelet vous remerciera des &loges qu'elle merite , Pc moi j e paflirai ma vie à me rciidrc moins indigne dc ceux quc vous m'a- d r c P i ~ . Pardon de vous c'crire en vile profe; mais je n'ai pas u n infiant àmoi ; les jours font t rop cours. Adieu, quand pourrai-je en pîffer quclques uns avcc vous. Buvez à m a fant6 avec x x Montigni

Eit - il vrai que la Philorophie de Newtos gagne un peu?

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L E T T R E S , 14'

L E T T R E I T - A Angmico cc 6 TuiHer 1739,

11 vois , mon charmant Ami, l u e je vous avoir &rit d'a& mauvais vers , & qu'Apollon n'a pas voulu qu'ils vuus paivin&iit; nia i t t tre &oit adreffie à Charleville oii VOUS deviez être; % j'avois eu foin d'y mcttre une petite apofiille, afin que la lertre vous fû t rendue, en quelque endroit de vorrc d<p.arteme~lt que VOUS fulfiez. Vous n'avez rien perdu; mais moi j'ai perdu l ' id ic que vous avicz d e mon cxattirude. M o n amitié n'cil point du tout ni-gligei-ite, je vous aime trop pour être parelkux avec VOUS. J'at- tends, nion bel Apollon, votre ouvrage avec autant d e vivacid que vous le faites. J e camp tois vous envoyer de Bruxclies nia nouvelle édition de Hollande ; mais je n'cri ai pas encore t e p un h l exeirplaire de mes Libraires. 11 n'y en a point à Pruxelles; & j'appreiids qu'il y en a à Paris. Les Libraires d e Hollande qui font dcç Corfaires mal adroits , on t fans doute fait bcau- coup d e fautes dans lcur édit ion, & craignent qiie je ne l a voye aire?. tôt pour m'en plaindre & pour la dicrier. Je ne pourrai cn êrle infiruir que dans quinzc jours. J c Cuis aLiücllelnent avcc Mad. du Chârelet à A~iguien, chez M. le Duc d'kemberg , à fcpr lieucs de Bruxelles. Je joue

E vi

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108 Z E T T R E S .

beaucoup au Berlan ; mais nos cheres Etudes n'y perdciit rien. II faut allier Ic travail & Ic plaifir. C'eft aiiifiquc vous en ufez, & c'elt un petic mflan-e quc je vous confeille de faire toute n votre vie : c x , en verité, vous êteu né pour l'un & pour I'autre.

J e vous avoue à m a honte , que je ripai ja- mais lu 1'Uthopic de Thomas Morus. Cepen- dant jc m'avifai de donncr une fCte il y a quel- ques jours, dans Rruxellrs, fous le noni de I'en- voyd d'Urhopie. 1.a f&e Croit pour Madame du Ctiâfelet , c o n m e de raicon ; mais croiriez vous bien qu'il n'y avoit perfonnc dans la V i I k qui fùt ce qne veut dire Uthopie. Ce n'efi pas ici le pays dcs Brlfrs-Lcctres. Les livres de 1-101- lande y font defendus, & je ne peux pas con- cevoir c o m r ent Roufleau a pu choifir un tel acyle. Ce Doyen des Médifaiits, qui aperdu de- puis long-te:: ps l'art de nitdirc , & qui n'en a confrrvé que la rage, efl ici aufi inconnu que ks BrHes-Lettres. J e Cuis aftuellement dans un Château, eB il n'y a jamais eu de livres que ceux que Mad. du Châtelet & moi nous avons apporcth; r -a is enrécompenfe, il y a des Jardins pfiis bracx que ceux de Ctiantilly; & on y m i n e cetx vie douce & libre q ü i fait I'aorénleiic Br la campagne. Le poffcffeur de ce geau fi- p u r vaut niicux que bcauccup de livres. Je crois que nous allons jouer des Comédies. On y lira du moics les rôles des ABeurs.

l'ai bien un autre projet en tête. l ' a i fini ce Mahoiuet, duut je vous avois lu i'ilaiiche, J'auf

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rois grande envie de favoir comment une piecc d'un genre fi nouveau & fi hazard: , r tuf i ro i t chez nos galants Fran~ois . J e vondrois faire jouer la piece & lairer i p o r c r 1'Aoteur. A qui puis-je micux rile confier qu'a vous ? Y'avezvous pas en niaiii cet a iii de Paris qui voubdoit tout 6 qui ai ne tant les vers > nc poiirriezvolis pas l a l ~ i erivoyera ne po~irroit-il pas LL lire aux Coir6dieriç ? Mais lit-il bien ? Car une bclle yro- noncixion & une l e B ire parlilciqiie [ont une bordure n iceff~i rc au vablcau. Voyez, mon cher ami, donnez-woi , I;r cela , vos inftruliions.

Qlielle efi doiic crtte Ma&. Lawbert a c p i je dois des CO:--pli.i:ents ! Vous n e faircs des amis des gens qui vous a imen t , je fcrai bientôt air116 ;le tout Ic I I onde. Adieii. hlada re du Châtelet vous efiinie , vous ai ? e , vous n'en doutez pas. NQS cceurs fo.it 2 vous pour ja i.ais. Elle vous a Ccrit CO ~ii:ic i ro i à Charlevillcr Adieu, je vous cnibraflè du ri.ciiicur dernonanlc

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L E T T R E 7. Ir vous 8 1 ~ ~ a u nom d'Apollon, di je out enibr3ffe au n o m de l'Amitié. Voici l'ode dc là Superltirion que vous drniandiez , S( l'Opira dont nous avons parl:. Quand vous aurez lu l'opéra, mon cher a ln i , envoyez Ie à M. de Poiidcvcil , portc Sr. Honoré. Mais pour Dieu, t!ivoyez moi de ineillcures Streiines. J e n'ai ja- mais tant travail16 que ce dernier inois ; j'ai la tête fendue. G:iéri& iiioi par quelque belle épicre. Adieu les vers cet hiver , je n'en fcrai point; la Phyfiqlle e!l de q.iattier; niais vos lettres, vexe Colivcnir , vorrc a iiitif , vos vcrs feront poiir mo i de fervice route I'an~iée. Avez vous ce rccucil qu'avoit fait I'rault ? Pourquoi le Lifir ? quclle barbaric ! f i s j e n i fous les Gocs & fous les Vandalcs ? Jc ~ i : ~ r i f c la tyrannic a x a n t qtie l a calo.iinie. Je fiiis hcüreox avec Elnilie, vorre amici6 Sr l'&rude. Vous I'avcz bien dit : 1'Gtudè caiirole de tout. Je vous eAiibt.aife mille fois. V.

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T T R Bmxeiies a r q Janvix 1 7 2 ~ ~

?'y A E les verrai-je point cc~licaitx vcr~~uevoi i s fa irer~

Ami chacrnam , f u b h c Aurcur.

Le Cie1 vous anima dc ces flammes fecretres , Que ne fenrit jamais Boileau I'irnitatcur , Dans fer rriitea bcautCs fi froidement parfaites. II elt des beaux cfprirs, i l elt pius d'un rirncw,

II & nrcmcnc dss Poërrs. Le vrai Pocte cl? créateur ;

Pem itrc, je Ic fus, Sc minrenanr vour l 'Lw&

Envoycz moi donc un peu de votre crt!ation. Vous ne vous repoccrez pas apris le fiueii e jour. Vous corrigerez, vcus perfettionricrez votre ouvrage , nion cher ami. Votre derniere le: se ni'a u n peu affligé. Vous tâtez donc a u & dcs amertumes 4 ce monde; vous tprouvez des tracaffcries ; vous fcntrz combien Ic coriinicrce dcs hoiiiiiies c h dangereux. Mais vous aurez toujours des amis cqiii vous conhleron t , & vous aurez , après le plaifir de l 'amitit , celui de Yi- tude.

hTam ni1 dulcius eJ bcni y u m munird rtnrri

E d i i a doEtrina/apienturn rclaylafircna j Dcfpicrrc un& yurar aYios , pafim que vidcrz Errarc a r p e viPmpalaurcs qiurerr v i u ,

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11 y a bientôt 8 ans que je demeure dans Ic Ternpledc l'Amitié & de l'Etude. J'y Cuis pllis heureux quc le preiiiicr jour. J'y oublie Ics per- f&curions des Igriorants en place, & la bail: ja- louiie de certains aniiiiaux ainpliibies qui ofcnt fe dire sens de Lettres. J'y puife des confolations contre l'ingratitude de ceux qui o:it répondu à nies bienfaits par des outrages. Mada'ne du CliStelet , qui a Cproud à peu r i s la iiiêiiit ingratitude, 130ubiie avec plus Be Philofophic que moi , parce que Con ame eit au-dcflüs d e la mienne. Vous trouverez, mon cher ami, dans votre vie , peu de perîonrrrs plils dignes qu'ellr de votre cftinie & de votre accacheiiienc.

Adieu, mon jeurie Apoilon. Je vous em- braKe, je vous aiinc à jaiiiais.

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L E T T R E Y I I - A la Haye au Pa!ais du Roi dc Pruae, cc 2 7

ORobre 1740.

MCIN chcr h icune A noilan. mon PORC Phi- Icfophe, i l y a ~&inain;s ]re fuis plus errant que vous. J e coniptois d e jour cn jour repaffer par Bruxelles, & y relire deux piecescharinantes de Poëfie & de raicos, iur lefquelles je vous dois beaucoup de points d'admiration, & a u f i quel- ques points interroçanrs. Vous &es 1- génic

ue j'aime 8r qu'il falloir aux François ; i l vous %ut encore un p m dc travail, br jc vous promets que vous irez au fomrnet d u Temple de la Gloire, par nn chemin tout nouveau. J e vou- drois b i en , en attendant trouver un chemin pour me rapprocher de vous. La l'rovidciice nous a tous difperfis. Madame du Lhâ tek t elt à Fontainrbleau , je vais peut-être a Berlin; voiis voila en C h a m p ~ g n c ; qu i fait cependant, fi je n e paffcrai pas une partie de I'tiiver à Circy , & fi je n'aurai pas le y l a i t r de voir celui qui e l t aiijourd'liui hTojZri f i e s aircra Plndi ? h T c fcricz vous point à prdrcnt avec Monfieur de Buffol? Cçlui là va cncorc a la Gloire par d'autrcs chc- niiiis; niais i l va aufii au Bonhcur. 11 fe porte à niervc:lle. Le corps d'un Arhlece, & rame d'ui Sage : ~ o i i a cc qu'il faut pour i t r e heui-eux.

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1x4 L E T T R E S.

A ropos dc Sage; je compte vous envoyer inte #' amment un exemplaire de l'anti-hlachiavef. L'Auteur étoit fair pour vivre avec vous. Vous verrez une chofe unique , un Allemand qui écrit micux que bien drs Fmngois qui Te piqucnt de bien écrire. Un jeune hoinme qui p e d e en Philofoplie, & un Roi qui pence en honinie ; vous m'avez accoutumE , ilion cher ami , au+ c h d e s extraordinaires. l'Auteur dc I'anti-Ma- chiavel vous Cont deux chores qui me recon- ciliehr avec le ficcle. Periiiettrz-iiioi n ieme encore Ernilie. Il ne la faut pas aublier dans l a lilte, & cette liite ne fcra jamais bicn longue.

Je vous enibraffe de tout mon cccur; inm iinagiriation & mou c a x r courent après vous.

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L E T T R E S .

Le 10 Juin h Brmellcs 174~;

j r me gronde bien de ma parc&, mon cher dr aimable a m i , niais j'ai é t i f i indigneriient occupé de profe depuis un mois, que j'ofois i peine vous parIrr de vers. h4on iiix-isjriarion s'appefancit dans dcs itudes qui font à l a Poëfie , ce qne des saide-nieuides fonibrcs & poudreux font à une Salle d c Bai bien dclairée. I l fain fccoucr fa pou[ficrc pour vous ripondre. Vous m'avez écri t , nion charmant ami , une lettre o ù je reconnais votre gcnie. Vous ne trouvez point Boilcau a f i z fort : il n'a rien de fclblirne, fvn imagination n'efi point brillante ; j'en conviens avec vous. Auf i , i l nie Cenible qu'il ne point pour un Po'ite fublirnc; mais il a bien fait ce qu'il pouvoit Pc ce ?u'il voiiloit faire. I l a niis l a Raifon en vers hariuonieux : il efi c la i r , con fc !q~~en t , facile , heureux dans tcs tranfi- tions ; i l ne s'ilcve pas, niais il ne toiube giiere ; fcs Lijers ne comportent pas cctte éI:vatio?i doiir ceux que vous traitez , font fufcepribies. Vous avcz fcnti votre talent, coninie i l a fcnti I c lien : v a i s Cres Philofophe, vous voye7 tout cn grand, votre pinceau eft fort c h a r d i ; la nature, en tout cela, vous a iiiis, jc vous Ic dis avec la plus grande Cuicckité, fort au-dsffus dc Dcfpri-aux.

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x i d L E T T R E S

Mais ces talents là quelques grands qu'ils foicnt ; ne fcront rien fans les Gens. Vous avez d'au- &nt pins befoin de ion exatl i t~ide, que la gran- deur de vos idCes foufire moins la gêne & l'cf- clavarre 11 ne vous coûtc point d e pcnfcr, niais

,a ' i l coute infininicnt d'&rire. Je vous pr6cherai donc éterncllcnicnt cet Art d'fcrire q u e DcC- prtaux a ii bien connu 8 fi bien eiifeigilé, cc rcfpeCt pour la lanyue, cettc l iaifon, cette fuite d'idées, cet a i r aice avec lequel i l conduit Ton lefleur, ce naturel qui efi le fruit dç l 'Art , Br cettc apparence de facilité qu'on ne doit qu'au travail. U n mot mis hors de fà place p h c l a plus bcllc penfée. Les id&s de Boileau, je I'a- voue encore, ne font jamais graudcs, niais elles ne foat jamais dtfigurdes. Enfin, pour être a u deirus de lu i , il faut conimencer par Ccrire aufi nettcincnt, a u f i corrc&cnicnt que lui.

Votre dance haute ne doit pas Cc permettre u n faux pas : il n'en fair point dans fcs perits menuets. Vous êtes brillant de pierreries; i o n habit elt Giiiple, niais. bien fait ; il faut que vos diatiiants foient bien mis en ordre, fans quoi vous auriez un air gtnc! avec le diadênic cn tke . Envoyez-moi donc, nion cher a m i , q u e l q ~ e cliofe d 'aufi bien travaillE que vous iiiiaginez noblement; ne dédaignez point d'être à la fois policircur dc la niiue & ouvrier de l'or qu'clle produit. Vous feutez conibien , en vous parlant ainG , je in'irit~reffc à votre gloire & à ceii: dcs Arts. Mon anii t i i pour vous a rcdoubli eriçcxe à voirc derilicr voyage : j'ai

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L E T T R E S . 1 rp

bien la mine de ne plus faire de vers; j e n e veux ~ ! m aimer que les vôtres. Madame d u Cliârelet qui vous a bcric, vous fair niille compliments ; adieu, je vous aimerai toute nia vie.

L E T T R E I X .

M o N cher codrere cri i\poIlon , mon maître en tout le reite , quand biendrez vous voir la Nymphe de Cirey , Pr votrc tendre a m i ? Ne manquez pas, je vous prie, d'aq- porter votre dcrniere épicre. Madanie du Cha- telcc dit que c'ek moi qui l'ai perdue, moi je dis que c'eR elle. Nous cherchons dcpuis Iiuir jours. 11 faut que Bernoulli l'ait e~nporrie pour en faire une C uation. Je fuis dkfcGéré; mais vous en avez 4 ans doute une copic. Je lu i s très sûr de ne l'avoir confi& à pedonne. Nous la retrouverons , mais cosfolez-nous. Ce grand garson D' * * * veut vous Cuivre dans vos Royaumes de Champagne ; il veut venir i Cirey ; j'en ai deniandb la permifion i Madarnc l a Marquife ; elle le veut bien ; prLfcntt par vous, il ne peut-être que bien venu. J e Ccrai cliarrné qu'il s'attaclie a vous ; je fuis Ic plus trompi. du monde, s'il n'efi nt arec du giiiic

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YI B L E T T R E S . & des maurs aimables. Vous &:es un enfanr bien charmant de cultivcr Ics Lertrcs à votre âge avec tant d'ardcur , 8r d'cmouragcr encore les autres ; on ne peut trop vous aiiiicr. Aine- nez donc ce graiid garsou : M a d a a e du Ch%- tclet & Madame de Cbaiubonin vous font inille s~inpliiiieiics.

Adipu, jufqu'au pl.riirir de vous ernbrolrer.

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M o u rhcr ami . i i i iccu d c vous une - , lettre fans date , qui me vient par Bar - fur- Aube , au licu qu'elfe dcvoit arrivcr par VaEY. Yous m'y parlez d'une nouvclle dpitre. Vrai- ment vous me donnez de violcnts delirs; nlaiç fongez a la carreaion , aux liaifons, à I'klt- p n c e continue; en un mot, kvitcz tous mes défauts. Vous nie parlez de MiIron : vorre imagination fera peut-êtze aufi ficonde que la ficiiiic; je n é n doute rnérre pas; ri-ais elle fera au% plus agréable & plus réglée. Je fuis fâclici. yue vous n'ayez lu ce que j'en dis qiie dans la malheureufe tradultion de T o n chi Anglois. La derniere Cdition de la Henriadr qu'on trouve chez Prault vaut bien h:icux ; 8r je Cerois fort aicc d'avoir vorre avis Cui ce qüc je dis de h?il:on dans i'iffai qui clt à la fuite du Poëme.

Y o u Zeàrn engigh : for ougzk j Xnow. C o un; your iot is r o bc iloqucnr in CI ery tua- p a g e , and mufter o f rvery f i icnir : j l o v e , 1 cfiern you , j am y o u for evrr.

' J. +oor ai ecnc en favcw d'un jeune honiii:c

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I L O L E T T R E S .

q u i me paroît avoir eiivie de s'attacher à vous; J'ai mille rernercinlettts vous faire, VOUS

avez reniis dans mon Paradis Ics tiedcs q u e j'a- vois de la pcine à vomir de ma bouche . . . . Certe ri6dcur m'dtoic cent fois plus ErnGble que tout le rcIte. Il faut à un caiur coiliine Ic mien des Ccntiments vifs , ou rien du tout.

Tout Cirry eIt i vous.

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L E T T R E S :

l!@ o n aimable ami , qui ferez honneur l tous les Arts & que j'aime teudreinent. Coura e ! modr mirno. La fublimc métaphyfique peut z . r r bien parler le langage dcs vers. Elle CR quel- quefois poëtique dans la proce du pere Male- branche ; poiirqiioi n'aclicvcriez vous pas ce que Malebranche a ébauché ? C:é:oit un Poëte inan- qué , &- vous êtes né Poëre. T'avoue que vous entreprenez une carriere difficile. Mais vous nie paroifiz peu é:oilné du travail ; Ics obita- cles vous fero:it faire de nouveaux efforrs : c'ek à p t e arde~ir pour le travail qu'on rcconnoî\ fe vrai génie. Lcs parcReux ne font jamais q u c dcs gcn5 nlédiocrcs, en quclquc genre que ce puiîIé êtrc ; j'aimc d'autant plils ce genre inéta- pliyfiquc, que c'cft un champ tout nouveau q u s vous dCifriclierez. Ornnia jam vulgata.

Vous ditcs avcc Virgile: . . . . . . . . . Tenzanaa via eJ

Qua rnc quoquc po$m . . . . .

Oui, Volirabis per ora ; mais voüs ferez toujours dans Ir cmur des Iialiïants de Cirey.

i:

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r51 L E T T R E S :

Vous avez raifon alfurément de trouver 4s r î d difficultés dans le chapitre de Locke dc

f z ' ; u z n c ~ , ou dc ln librrci : il avouoit lui- même q$il &oit là roirime le diable de Milton , pataugeant dans le chaos.

Au refie , je ne vois pas que fon Tage îyltêmc qu'il n'y a point d'idées innées, {oit plus con- traire qu'un autre à cette liberté fi defirable, fi conte[téç , & peut-étre fi incumprtheniible. Il m e Cemble que dans tous les fyRêrnes, Dieu peut avoir a c ~ o r d é à I'homrne la faculté de choifin quelquefois entre des idées, de natura que foienc ces idées. Je VQVS avouerai enfin qu'après avoir erré bien long.-temps dans ce labyrinthe, apr& avoir caffé mille fois mon fil, j'en fuis revenu à dire, que le bien de lafociécé exiçe qiie I'homnie Te croyc libre; npus nous conduiions tous fuivant ce principe, & il ,me paioîtroit u n peu éxange d'adrnertrc d a m la pratique, ce que nous tejeterions dans la fpé- cularion. J e commence mon cher ami , à f ~ i r e plus de cas du Bonheur de la vie que d'une vérité ; &fi rnalheureufenient le fatalifme étoit v r a i , je lie voudrois pas d'une vérité G cruclle. pourquoi l'Erre Couverain qui m'a donné un en- tendcineilt qui rie petit fe coinprendre, ne in'aura- t- i l pas donné a u f i un peu dc liberté ? Nous auroit-il t r o i n ~ é s tous ? Voilà des arguments de bonne fernine. Jc Cuis revcnu au renriinenr, aprk m'être { p r é dans fe raiiônneinent.

Quarit à ce que vous me dites, mon cher grni, de ces rapports infuiis du moi:& d o a ~

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Locke tire une pregve de l'exikence de Dieu, j e ne trouve point l 'endroit o ù il le dit.

Mais a tout IiaClrd, je crois concevoir votre difflulré , & f u r cela fans plus de déad, voici m o n idée que jc vous Cournets.

Je crois que l a maticrc auroit, indépcndain- ment de Dieu, des zappons ntcéfaires à I'iii- f in i ; j'appelle ces rapports avcuglcs , comme rapporrs de l ieu , de difiance, de figure, &c. Mais pour des rapports de decein , je vous de- mande paidon, il me Ccrnble qu'un mâle & une femelle, un br.n d'herbe & fa Crmcnce, ioiit des démoiiitratioris d'un êtrc iiire!ligciic r i - a preide a l'ouvrage. Or, de ccs ra ports de

eilein, il y c n a à l7infi:~i. Pour moi, j c y ziis mille rayp.orts q u i me foat aiiner votre cœur & voti-e efprir, & ce ne font point dcs rapports aveu- glcs..Je vous embraire du meilleur de mon ccrur, J e fuis trop dcvos amis pour vous fairc dcs corn- plimeiits.

Mada r c du Châtelet a la même opinion dc vous quc moi : mais vous n'en devcz auçua remerciincnt ni a l'un ni à I'autrc.

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L E T T R E ' X I I .

j Novenibrc , à Paris.

M O N jeune Apolion, j'ai reçu votre chai- mante lettre: fi ie n'érois vas avcc Madame dii

I - 1

Cliâtclet . je voudrois êtle à Monrbar. Je ne fais coininenc je m'y prendrai pour envoyer unc courte & modefie rtponfc que j'ai faite aux anti-Ncutonicns. J r Cuis l'erifaiit perdu d'un parti dont Moiificur de Buffon e f i le chef, & je fuis aifez comme les soldats qui iè bztrcnt de bon ccrur fans trop cntcndrc lcs intertts de leur Princr. J'avoue que j'aimerois infiniment mieux recevoir de vos ouvrages que vous envoyer I rs miens. N'aurai-je poinr le bonheur, mon cher ami, de voir arriver quclque gros paquet de vous avant mon déyart ? Pour Dieu, donnez moi au moins une fpitre. Je vous a i dédié ma quarricme épiçre fur la modération ; cela m'à cngapt à la retouchcr avcc foin ; vous mc donnez de l'émulation ; mais doniiez - moi donc dc vos ouvrages. Votrc Métaphyfique n'efi

as I'cnnemie de la Pocfic. Le pcre Male- granche éroir quclqucfoii i lo~ tc cn po re , mais vous , vous Gvez l'êrrc en vers. Il n'avoir de 1 imagination qu'à conrrc-teinps,

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L E T T R E S . I l l

Madame du Châtelet a emmené avec elle i Paris fon Kznig qui n'a J e l'imagination en aucun rem , mais qui, comine vous [avez , ek ce qu'on appelle grand Métaphyficien. I l fait à point nommé de quoi la instierc elt corn- pofée ; & il jure , d'après Leibnitz, qu'il e& démontré que l'&tendue elt compofee de monades non étendues, & la matiere unpé- nétrablc compofée de pctitcs monades péné- trables. Il croit que chaque monade elt un mi- roir de fon Univers. Qiiand an croit tout cela. on mérite de croire aux i i~ i rx les de Sc. Paris. D'ailleurs il elt très bon géomctrc comme vous favez , & ce qui vaut mieux, très bon vrçon. Nous irons bicntôt pliiloÎophet à Bruxe les en- femble ; car oii n'a point Ca raifon à Par s ; le tourbillon du inonde efi cent fois pliig pernicieux que cenx d e Drfcartes. Je n'ai encore eu ni le temps de penfccr, ni celui de vous écrire. Pour Madame du Cliltelet, elle eR toute différente : elle pence toujours , elle a toujours ion efprit, & li elle ne vous a pas écrit , elle a tort ; elle vous fait mille compli- ments, & en dit autant à M. de Buffon.

Le D' * * efpcre que vous ferez un jour quelque chofe pour lu i , apres Montmirel s'en- tend; car il faut que chaque chofe foit à & place.

Si je favois où logc votre aimable Montmirel, 4 j'avois aclievé Mahomet, jc me confierois a h i in nornrnc ruo j mais je ne fuis pas eiicore prrt

E iij

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L E T T R E S .

8c je pourrai bien vous envoyer de BruxclIes mon Akoran.

Adieu, mon cher ami, envoyez-moi donc de ces vers dont un leu1 dit tant de chofes. Faites ma cour, jr vous en prie, à M. de Buflon;ilme plaît tane que je voudrois bien lu i plaire. Adieu, je fuis avous pour k refie de ma vie.

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L E T T R E S . 1x7

T T R

AvrL

T'AI rcqu aujourdhui , mon cher rini, votre diamant qui n'efi pas encore parfaitemenitaillé, mais qu i fera tris brillant. Croyez moi , com- menccz par achever l a preniicre épitre ; elle touche à l a perfcRion ; & il manque btx icoup à la fecondc. Votre preixierc épitre, je vous le r ipére, Cera un morccau admirable. Sacri - 6cz-tout à la rcndrc disne dc vous : donnez-moi la joie de voir quelque clloi-e de complc: forci de vos mains. Envoyez l a moi dans un paquee un peu moins gros que celui d'aujourd'hui. il h'cfi plus bcfoin dc page blanche. Dkillcurs , quand vous engardez un double, je puis aiféincnc t o u s faire entendre mes petites réfléxions. J'ai autant d'impatience de voir cette épitre arron- die. que votre maitreffe en a d e vous voir arri- ver au rendcz-vous. Vous no [avez pas corn- bien cette premiere épitre Cera belle : 8c moi je vous dis que lcs bellcs de DefprCaux fcront au deffous. Mais il faut travailler; il faut ravoir facrificr des vers;vous n'avez à craindrequevotre abondance ; vous avez trop d e Lmg, trop d e fubltance; il faut vous faigner & j e h e r . Donnez de votre i;iperflu aux petits efprits conipafféc

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ri 8 L E T T R E S . qiii font A méthodiques & ii pauvres, k vont li droit dans un petit cheiiiin Cec &un i qui ne &ne à rien. Vous dcvicz venir nous voir ce mois-ci ; je vous donne rendez-vous à Lille. Nous y fc1~11is jo~ier Md~oi i ier ; la Nouc Le joncra , & vous en jugerez ; vous Ccriez bicn ainiable de vous a r rmgr r pour ccrte païtiç. Madanie du Châtelet vous adreffe, ailx 1crn:es- Géiitralcs , u n paquet par In po!le de Bruxcllcs & deiix autres par h poile de L i l l e , coiiipraiic

2 ue vous iic payrrcz point dç porr; ces paquets on t defliiiés pour Bréii~oild. Elle coivpte voiis

écrire, & je vous avertis déja qu '~ l I e craint d'a- bufcr d e votre amitié.

J'ai peur que n m s n'ayons pas raifon contre Mairaii dans le fonds ; niais Mairan a un pcu torr dans la furme ; 81 Madame d u Çhâtclct mé- ritoit mieux. Bon roir, mon cher Poëte philo& phe , bon îcir , aimable Apollon.

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- . . ah:

L E T T R E XIkT.

Ce 14 Mars 1 CirLyd -

V o v r Itcs unc bien air+ criaturc t voilà tout cc que je peux vous d i re , mon clicr ami j on me mande que vous venez bientôt a Cirey. Je rmiers à ce temps là à vous parlrrdcs deux lesons de votre belle Cpitre Cur IErude j vous p o u ~ c z d r ces dcux deiliris faire un exccla lent tableau avec peu d e peine. Continuez à remplir votre belle aine de toutes les vertus & de c o u les arts. Les femmes p e n h i t que vous devez tout à 1'Aniour. La PoEfie vous revendi- q y , l a Géométrie vous offre des x r ; I'anii- tie veut tout votre ccrur; & Mellicurs des Fermrs voudraient a u f i que vous ne funiez qu'à eux. Mais vous pouvez Les Ltisfaire tous a la fois. Mettez moi toujours, mon cher ami, au noiiibre des chofes q u e vous ainiez; & dans votre im- menfiré, n'oubliez point Cirey qui ne vous ou- hliera jamais. E h i l po6b lc que vous daignez aller chez St. Hyacinthe !vous profanez vos b o p t h Jc nc fais cornnient vous rc~iierciex,

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r30 L E T T R E S ;

L E T T R E X V .

.kL H bien ! nous néntcndronr donc farler de vous ni en ver5 ni en profe. J e me atte que m o n chcr Apollon naiffant me payera dc Con filmce avec d u r e . Apparemment que vous p r k ludez à prércnt, & que bientôt nous aurons l a piéce ; cependant , mon cher anii , je vous prie dc me m a r i e r fi vous avez reSu le brouil- l on de Pandore, Sc fi vous I'avet envoyt a M. de Pondeveile, rue 8( porte Saint Honoré. Si vous êtes content de f'cfquiffe, je finirai fe tableau, finon je le mettrai au rebut. Madame d u Châtelet vous fait m i l k c o ~ i ~ l i m e n r s , & moi je vous fuis attaché pour la vie. hlandez nous donc ce <lue c'eft qii'Eug6nie. cela en-il digne d'être v u plufieurs fois de vous ? Mes corrpli- ments à votre ami. Adisu , je vous enibrde* aion j e u x Apollon.

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L E T T R E X y l .

J ,: vous renvoye, mon cher a m i , l e manuf- crir que vous avez bien voulu m e communi- quer. Vous nie donnez toujours les mêmes fu- jets d'admiration 81 de critique. Vous Eres le plus hardi architeLie que je connoiffe , EL celui qui fe paire le plus volontiers de ciment. Vous fericz t rop au-delrus des autres, fi vous vouliez faire attention combien les petites chofes fervent: aux grandes, & A quel poiiit elles font indiîpen- [able. J e vous prie de ne les pas négliger en vers, & fur-tour dans ce qui regarde votre fanté. Vous m'avez trop alarmé par le danger où vous avez été ; nous avons befoin de vous , nion cher enfant en Apollon, pour apprendre aux Franqois penfcr un peu vi~oureufernent ; niais m o i j'en ai un bcfoin effeniiel , commc d'un a m i que j'aime tendrement 81 dom j'attends p I a de confeils dans I'occafion , que je ne vous en donne ici.

J'atteiids la de Monfieur Grefer. Je ne nie p r e G point de donner Mahomet , je le rra-raille encore tous les jours. A l'ésard dc Pandore, je m'ii?iagine que cer Opéra prêteroit arez. au Muficien. Mais je ne fais à qui le don- ces; il uie îciiibk que le rkitarif en fait la

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33% L E T T R E S , '

principale partie, & que le favant Barneau négljge q ~ d q ~ c f o i s le récitatif. Monfieur d'Ar- gental en elt an& content ; mais il faut encore dcs copps J e lime; M. d'Argental elt un des meilleurs juges, comme un des iueillcurs honi- nies que nous ayons; il clt digne d'être votre ami. J'ai lul'Optique du P. Caficl. Jc crois qu'il &oit aux petites Maifons quand il fit cet ou- vragc. II n'y en a qu'un que je puicc lui com- parer, c'elt le quatrienie tome de Jofeph Privarr de Moiicre, où il donne de fon cru, une prcu- vc de l'exitlcnce de Dieu propre à faire plus d'Atli6cs qoe tous les iivrcs de Spinoza. Je vous dis ceta e n confidence. On rnr parle avec &loge des détails d'une coniédie de Boiffy. Je n'en croirai rien de bon que quand vous en fcrez content. Le Janknifle Rollin continue-t-il tou- jours à mettre en d'autres mors ce que tanr d'autres ont écrit avanr lui ? & Con parti pré- conife-r-il toujours, comme nn grand homme, cc prolixe & inutilc coi-ripilatcur. A-t-on im- primé, ou vend on enfin l'ouvrage de l'Abbé d e Gaiiiachcs i Il y auïa fans doute un petit fyK rême de fa facon ; car 11 faut des romans aux François. Adieu, charni,mt filsd'Apollon; nous VOUS aii~ions tendremenr. Ce n'elt point un ro- man cela, c'eR une vér id confiante; car nous Somiim ki dcux êtres très conkaiits.

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L E T T R E X Y l L

I'A 1 trop de irmrrciments , trop de cornp i i~ ments à vous faire , trop d'éloges à vous don- ner , mon charniant a ini , pour vous écrire. 11 faut que je vous voye , il faut uc 'c vous cm- ? J . braffe : on dit que vous venez a Paris; & que peut - être ma lettre ne vous trouvera pas à Montbar: fi vous y êtes cncorc , tâchés de quit- ter M. de Buffon, fi cela Ce peur. Je k n s coinbien il vous en coûtera a tous deux.

Madame du C h â d ç t vous d e h e avec la même vivacité que moi. J'ai vu Moiifieur de Mont- niirel, je n'ai rien vu ici de plus aimable que l u i & que ce qii'il m'a a p orri. Faites fouvenir de moi le t r i s PhiloropRe Monheur de BuEun à qui je fuis bien véritablmenr attaché. Adieu, je vous ernbraffe de tout nion cuiur : venez I'erptrance & le modele des PhiMophes & des Poëtes.

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L E T T R E XVIlIm

A Btuxciles cc 7 Janvier.

o N chcr Rival, mon Po& , mon Phi- lofophe, je revicns de Derlin , apres avoir t&uyé tout ce que les cheiiiins de la ~ f c f i ~ h a - l i e , les inondations de la ~ c u f e , de l'Elbe 8! du Rhin, &les vents conrraires fur la h?cr onc d'infupporca'sile pour un homriie qui revoIe d a n s le fciii de l'arnitit. J'ai montrd au K o i de Pruffe votre épicre corrige'c; j'si eu le plaifr de voir qu'il a ad.:iirC Ics mênies chofes que moi , & qu'il a fait les m i n e s critiques. 11 ina; ; lue peu dc c l i o k à cet ouvrage pour être parfait. Je ne ceffcrai de vous dire que fi vous con t i :~ i i c~ a cultfvcr un art qui fe:iible 6 aifé & q u i eCt fi difGcile, vous vous ferez un Iion- neur b ien rare parmi les Quarante ; je dis Irs qnarance de l'Acadé!iiie , comme ccux des Xermcs.

Les inititutioiis ~ l i ~ f i q u e s & I 'znt i -~achiavcl font dcux inonuments biîn Gngi;liers. Se cc- toit-on atreudu qu'un Roi du ~ o r d & une Dame dr la cour de France euifcnt honori à ce point les Bell-s-Lertrrs i Prault a dû vous re- mettre dc nia part un ami - Machiavel. Vous

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L E T T R E S . *3f tivm eu la philofophie Leilmitienne de la ma in de ion aiinalle & illu'tre Auteur. Si Leibiiita ~ i v o i t encore, il mourroit de joye de fe V O ~ F

aiiiG expliqué, ou d e honte de Ce voir Curpaffer en clartk , eQ mé:f?ode & en élégance. Je fuis en peu de c l~ofcs de l'avis de Leibiiirz. J e l'ai n?ê:iie abandonné .fur les forces vives; mais après avoir l u tout , oir p~ecqxe rout cc qu'on a fait en Alleinagiie fur la yhiloCophie , jc n'ai rien vu qui approclie , à beaucoup près, d u livre d e Madaiiie du Cii2rcler. C'efi une chofc trFs honorable our Con Ccxe polir la P France. II efi peut - erre honorable pour l'a- mitié d'ainicr tanr les gens qu i ne font pas de. notre avis ; & hiêdie de quitter, pour fun ad- verraire un Ro i qui m e comble de bontts & qui veuf nie fixer a fa Cour partout ce qux pcut flatter le g o û t , I'intéiêt & I'ambition. Vous favez , mon cher ami , que je n ai pag eu grand mérite à cela, & qu'un tel facri- fice n'a pas dû me coûccr. Vous la connoi&z, vous favez fi o n a jamais joint à plus d e lumieres , uii cccur plus ginCreiix, plus con[- tant & plus courageux dans 1'ar.iicic. Je crois que vous nic miprireriez bien fi j'ttocs rdtC

Berlin. ~ o n 6 e u r Greffer , qui pro5able- men t a des engae;cmenrs p l ~ s lc!gcrs, rom- pra fans doute Tes chaînes à Paris , pour aller prcndre cellcs d'un Roi à qui on ne:

eut prtf irer aue Madame du Châtelet. J'ai Iim dit i Sa Majciii r r ~ c n n c que Crcifçr

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? j Z Z E T T R E S , l u i p!airoit p l i i p quc moi; mais que je n'&ois jaloux, ni comme Aureur, rii c o m m e Cour- tifan. Sa niaiion doit ?trc coninle celle d'Ilo- race , rj' locus uni cuiqve f.k. Pour moi, il ne me manque à prCfciit que mon cher Helve- tius : n e reviendra-t-if point fur lcs fronticres ? a'anrai-je point encore lc bonbcur de le v o s & dc l'enibraffer.

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L E T T R E S . *3f

L E T T R E X I X - A Druïcllcs cc 14 Août.

M. O N cher confrcre cn *poilon. j i i reçu dc vous unc lcttrc cliarmantc,-qui m e fait r i - grerrer plus quc jamais que les ordres de Plutus nous Gparcnt , quand les Mufes dcvroicnt nous rapprocher. Vons corrigez donc vos ouvrages ; vous prcnezdoncla 1iii:ede Boilcau pour polirdes penfces à la Coriieille. Voila I'uniquçfaçon d'etrc un grand homme. I l el t vrai que vous pourricz vous parer de cette aii~bit ion. Votre coniniercc rit fi aimable que vous n'avez pas bcCoin d e talents. Cclui de plaire vaut bien celui d'ctre admiré; quelques beaux ouvrages que vous fafliez , vous fcrez toujours au dcKus d'eux par votre caraftkre. C'clt , pour le dire en paf- ras, un mérite que n'avoit as ce Roilcau dont j e vous ai tant vant6 le &la corre(t d< exatt. II avoit bccoiii d'êtrc un grand artifie pour être quelque chore ; i l n'avoit que fcs vers, & vous avez tous Ics charmes de la CociCtC. Jc fuis t r i s aire qu'après avoir bicn rabore en poEfie, vous vous jetiez dans les profondeurs d e la Métapliylïque. On fe délaflè d'un travail par u n autre. J e Cais bien quc dc tels délaiTc- nicnts farigueroieiit un pcu bicn des gens que je connois; niais vous ne ferez jamais comnic bien drs grns en aucun çciue.

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r3 L E T T R E S . Permettez - moi d'embraffcr votrc aimabfi

nnii qui a remporté le pïix de I'iiloquence. Votre. maifon cfi le Temple dcs Mufcs. Je n'avois pas befoin d u jugement de l'Académie Fran- raije ou F r a n p f e , pour fcnrir le mérite de votrc ami, je i'avois vu, je i'avois ciltendu ; & mon coeur parta eoit les obligations qu'il vviis a. F J e vous prie de lui dire combien je m'intéreze i Tes rucc;.s.

M. du Chitelet e l t arr& ici. II fc pourroit bien faire que dans u n mois Madame du Châtelet f û t obligte d'aller i Cirey , où le thiâtre da la guerre qu'elle foutient , fera probable- n ient tranfporri pour uelque temps. J e crois qu'il y aufa unc C o r n m i k m dc fuse r de Franc. pour conitarer la iralidiré du teitaincnt de M. de Trichateau; Jugez qu'elle joye ce Ccra pout flous, f i nous pouvons VOUS enlever Air la route. Je tnt fais une idée dilicieufe de revoir Cirey avec vous. M. d e Montmirel ne pourroie-il pas Etre de la partic ? Adieu, j c vous crnbraffe de tout mon ccrur. 11 ne manque que vous a Ir douceur de ma vie.

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MoN rhcr ami, fi vous Bitesdei L e r r r e s n i h r phyfîlues, vous f a i m au f i de belles aCtlons d e moralç. Madame du Cliâcelet vous regardc com- m e quelqu'un qui fera bien de l'honneur a I'hu- mani& , f i vous allçzde ce train là : je Cuis y& nét$ de reconnoiffance & cnckanté de rous. II efi bien trifie que les mir~rablcs libelles viennent troubler le repos de ma vie & Ic cours de mes Ptudes; je fuis audékfPoir , mais c'efi de perdre trois ou quatre jours de inr vie; je les aurois coiifacrçs a apprendre & peut-êtrc i faire des chofes utiles.

Si 1'AbbL Des fontaines fivoit! que je ne fuis pas plus Caureur d u Prifcrvarif s'il étoit capable d e repentir, il evroit avoir bien des reinords,

Te .OUS , ac Cependant la chofé cfl trCs certaine , & j'en

ai la preuve en main. L'auteur d u Preprva t f piqué dès long-teiiips contre Desfontaines , a fait imprimer plufleurs cliofes ue j'ai écritcc i l y a plus d'un an i diverfes prr>onnes. Encore une fois, j'en a i la preuve dinioni tnr ivc , & f u r cela, ce monfire vomit ce que la caloniaic a d e plus noir.

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Et là-derus, on voit Orontc q u i murmurc; Qui tâche Courdernent d'appuyer cette iqnre, Lui qui d'un honnête h o m e oft chcrcner le ranç.

Cela elt dn iMiLmthrope, mais cela lie rend point hiiîanthrope.

De voir qu'avec le vice on garde des mefurcs.

Mais je n e veux pas me f'àclier contrc les hommes, & tant qu'il y aura des cucurs cornme l e vôtre, cotiime cclui de M. d'hrgci-ital , d e Madame du Chltclet, j'iniicerai le bon Dieu q u i alloit pardonner i Sodome en faveur de qucl- qiies juftes. J e fuis prcfque tenté de pardonner i un Sodomiltc en votre faveur. A propos d e cœurs jultes & tcndres, je me flatte que m o n ancien ami Tiriot efl d u hombre. II a un peu une ame de cire; mais le cachet de l'amitié y elt fi bien g a v é que je n e crains rien des au- tres iiiiprefions , & d'ailleurs vous le remou- lcriez.

Adieu, je vous embïaffeeendrement,& je vous quit te pour travailler.

Non , je ne vous quitte pas ; Madame du Châ- telet rc5oit votre chariiiantc lettre. Pour r 6 p n f e , je vous cnvoye le r n h o i r e corrigC. Il efi in- difPenrablciiient nCccflàirr ; la Calomnie Iaiife toujours des cicztriccs, quand o n n'écrafe pas l c fcorpion fuir la playe. Laiffcz moi la l r t t re PU P u e de Tournemine, il la faut plus courte.

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L E T T R E S . fer mais iI faut qu'elle paroiife. Vous ne favez pas 1'Ctat où je fuis. 11 n'el1 pas l u d i o n ici d'une intrépidité Angloife; je fuis François h Fran- sois petïécaté. J e veux vivre & mourir dans m a patrie avec mes amis , & je jetcrai plutôt dans le feules Lettres Philo/uphiques. que de faire cn- core unvoyagca Amfierdain aurnois de Janvier avec un flux dc i'ang , dans l'inccrtitudc dc rctour- ner aupris de mes amis. Il faut une bonne fois pour toutcs me procurer du rcpos ; & mcs amis devroicnt me forcer à tenir cette con- duite, fi je m'en écartois. Primum vivere.

Comptez , bcllc anie, e fp i c charmant , comp- tez quc c'ek en partie pour vivre avec vous que je Lcrifieà la biçni;laiice. Je vous crnbraffe avec rranfport & fuis à vous ponr jamais. En-

'voyez f u r le champ , je vous pric, nicriioirc & lettre i M. d'Argental; raniincz le tiede Ti:ioc du beau feu que vous avez; qy'il [oit fcrine . ardent, imperturbable dans 1 anlitid , & qu'il ne Ce n d c jamais de faire lc politique, Br dc négocier, quand il faut, co,iibattrc. Adicu, en? core une fois.

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C4Z; L E T T R E S .

T T R

$T O I c r , mon cher &ve der Mures ; A'Archiiiicdc & de Plutus, ccs élcmcnts de Newton qui ne vous apprendront rien aucrc chore, Gnon que j'aime à vous foumettre tout ce que je penfc & ce que je fais. J'ai regu une lettre d c M. votre pcrc; il fait combien j'ef- tirne l u i & fcs ouvragçs; mais fon nieilleur ouvrage c'elt vous. Qiiand vous voudrez tia- vaillcr à celui que vous avez uirrepris, l'Ker- nii tase de G ~ c y vous attend pour être votre Parnaire; cliacuii ci-availlera dans Ca cc l l~ l e .

Il y a u:i iiommd Bourion de Joii,villc qui a une affaire qui d+nd de vous; Madame d u Châtel-t vous le rceo xmande, autant que 1'6-' quiré le permet, s'ciiterid , v o r i s que aJiucjie vo- cari. Je vous ernbraffe tendrc!iient je vous aime trop pour rncttre ic i ics formulcs de t rès buinlle.

A Circy, cc rp

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L E T T R E S . 143

L E T T R E X X I I .

8 E rqois dans cc momrnt , mon aimable petit fils d'Apollon, une lettre de M. votre erc P . & une de vous. Le pere ne veut que nie çuerir J

mais le fils veut fairc mes plailirs. J e fuis pour le fils; que je l angu i f i , que jc fouffre , j'y con- fens . pourvu que vos vers foient beaux. Culti- vez votre génie, mon cher cnfaiir. Jc vous y exhorte hardiment, parce que je fais que ja- mais vos goûts ne vous feront oublier vos de- voirs , & que chez vous l'homme , le Pocre & 1ç Philolophe feront Cgalement eltimables. Jc vous aime trop pour vous tromper.

Mac% anima, genrroJe pucr, / ic irur ad d r u . En allant ad a j r a , n'oubliez pas Cirey. Gracc au &nie dc Madarnc du Châtelet, Cirey cil fur la route. Elle fait grand cas de vous , & cn conçoit bcaucoiip d'el-pii-ance, elle vous fait fcs coin- plirncnts , & moi je vous aKure , fans coinpliment & fans formule , de l'amitié la plus tendre &'de la plus hncere eltiinc. Ces frii ciments fi viais ne foufirent point du t rès I ~ u ~ L > I c & très. . . . . . . . .

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r44 L E T T R E S .

L E T T R E

o u s me direz, klonfieur & cher ami , que j'ai 6tC bien long à rcndre l'Efyrit. Binbin ré- pond qu'en cela il croit rei'Tenibler a bicn du mon4 d e ; & que ce doit Ccre à qui le rendra le plus tard qu'il pourra. Binbineric c c ~ a n t c , jcl'avoue ; j'ai gardC Ion=-temps le beau livre que vous avez cu la b o n d de me pretcr, fans m e fixer d e terme pour vous l e rcndi-e. C'el t q u r je Sai l u Br r d n t r b attencivciiient ; Sc vous conceve2 bien que fi c'tcoit uii grand plafir pour mon efprit; ce nc pouvoit manqiicr d'Ctrc une rçrciblc fati- g u e pour d'aufli mauvais yeux qlie les miens. Jc vous cn remercie comme d'un biciifxir très réel. J'en ai étb affcitt le plus agriablcii>cnt LI moiide. Judiciaire , gtnic , l o ~ i q u c , Clo-r quence, ériidition grave & riante, tout y brille! g abonde , y tïiomplie ; mais ce xi'eft as crx ? dcnx o u trois mots v a p e s comme ceux l a , q ~ d Cc pcut louer quelque chofe d'd'aülii haut d'aulli

(*). cerre lerrre , fans d x e & fans adrefie, cft de I'an- née où le livrr d c 1'EGrit parur. Qiniiquc croiirée dans Ici payicrs dc M. liclvctiiis , il ne paroit pas fl,ii'cllc ait krc adreiITe à lui-même , inais à qu:l u ' m i i conirnuu qui avoi: pri:(: l e h r c dç 1'Ifpric à M. I r Yolrairc.

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L E T T R E S 7 4 f

vaRe & JauG profond. L'éloge devroit - être d u niêine volume que Ic livre, & je n'ai ici que I'cfpace d'unç minive. En un mot , jc l'ai l u deux fois i ? ~ le relirois trois 81 quatre tout dc fuite, fi mon Oculifie ne me le défendoir. J'ai entendu des gens y reprocher la friqucncc des fiinilitudcs & des cornparai~ons; qu'on en Ôte une feule, je la reclarnerai , n'y en ayant point qui ne foit auni jufie qu'heurcufe, & qui n e prouve une des belles & vives imaginations que je connoiire , tout familiers que nie foicnt HomereSr Bergerac mes deux htros. Pour pein- dre i'ouvrage eu entier, texte & notes, en un trait de plume , o n peut repréfenter le texte comme un grand plat de méts exquis, & Ics notes comme des guidandes de fleurs ui le cou- ronnent. L 'hu reu~ a foufferr dcs per?Ccutions; & cela ne devoit pas manquer. Vaut-on mieux que Ics aurres impuntnienc dans la carrierr du bel cfprit ? E t d'ailleurs rechercher des vEri- t6s & les dtcouvrir, ne fût-ce pas de tout temps chercher & trouver des ennemis? 11 y a t rop d'lioiiiiétes gens interelrés au nienfonge pour

u'on lcur échappe. Faux citoyens, faux amis , ?aux Inges , 81 pis que tour cçla , faux d h o t s , quatre cfp&cs de menronges incarnés qu i , deC qu'il y va du l cu r , nicroient l'exiltcnce des quatre élcments dont ils jouilfent. Ainfi quand o n v e ~ i t s'approclier, ou partir d u but , je veux dirc d u vrai; il faut paflcr abfolumcnt a tra- vers ces pique6 1i. On m'a p l i d'une rdtrac-

G

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ration , je n'y Ccns rien que d'hoiiorable a quj l'a faite : honneur & gloirt: au crl'écuté dans ces [orter de tyrannies ! ~ = q u e J ! n ~ i ( c a Mau- lubcc aux perfCcuteurs. Le plus loyal, le plus courtois, le plus brave & le pllis franc dcs derniers Chevaliers gaulois , Franqois Ier. a Madrid, Cous la coupe du plus fort , figiia tout ce qu'on vouliit. Si ceux qui l'y for- p i e n t , diruient dans leur caur , vœ viif is . Celui qui Ggnoit avoit droit de dire dans le fi en , vœ viaori. J'ai dté le plus vaillant, Cor- tons d'affaires , & lc temps fera voir apris qui a tort ou droit. Dires moi , quand le pauvre Galilée auroit dit aux RR. PP. Domini- cains : j'ai menti, la fainte Inquifirion cn eut clle été plus glorieuic, & lui moins avanct ? N e rcfioit - il pas un témoiri qui nacarde eu- core tous Ics jours fcs beaux Jugcs ? Le Co- leil. J e n'ai plus qu'un mot i dire pour cn- couragcr notre aimable i'hilofophe i dor- m i ~ , comme je crois qu'ii fait déja fur Yune & i'autre oreille. UR^ rétraCtation bien au- ttcment piquante & bien plus formelle que pelle -ci , puis que ce fur de vive voix & :il plcinc chaire, fait une dcî bcjlcs ancc- dotes de la vie du plus iàge & d!i- plus aimE des bcaux génies du ficclc pafle; dc l'Arche- vêque de Cambrai. J e corinois d e s gens q u i , d'indignation de ccrte violence, ne donnc- roicnt pas trois Cols de I'efiampe de üoflüer, que Ics curieux payent quatre louis. RCiuI-

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rat : l'orage clt paré , I'ourragc r e k & r d - tera i jamais pour la gloire & la juitifica- tion de Con illufire Auteur i qui tour les g c n s de bien s'intcrcllènt ; & non pas i cc inaurade Morali[tc de Gcnevc ui vient d'i- crirc i uorrc d'dlcrnbcrr , & % dire de C belles injures au Gouvernement, au Royaume, & nomirnent i nos pauvres ComCdicns, qui n'étoicnt pas déja , relon lui, affcz à plaindre d'ftrc cxcommiiiés de notrc faintc EgliCe , i l veut qu'ils le foient encore de celle de Gc- ncve. Je ne fai s'il y a fou qui lc vaille dans les Litanies de Maître François. J'cn douce : car ils n'omt là chacun au'unc h i - thcte, '& il en faudroit i ingt defigki ceiui-ci.

Qui m'amtnc cet AUobroga- Avec iés tom f c o & i'édants ! Bc la fagerc il fait I'éloge , Mais cc n'en qu'en gringanr des dcnro Tcls font [CS crayons imprudcnfs , Quc potir en donner un modele, 11 nous fait le portrait fidcle Dc lui-même & de ton pa7i ; Et qu'il nous dfgoûrc ainG d'cllc Preïquc autant que de Ccr écrits.

Hiro fur I'enncmi des hommes qui fe met a la placc du hlifantropc de hlolierc , & qui

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48 L E T T R E S . pritend qiie c'elt un Jcan-Jïcqurs , & n m pas un Alcefie qu i eii dcvoit etre le Méïcs,

Bonjour , Monficur & cher ami. Gaïdcz- vous Lien de ne vous zeilouvenir dr moi que dans vos p~icres,

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A Fcrncy pays dc Gex. 17 DCccnibre.

u v o s vers fimblcnt icrits p l r la main d'A- polfon ,

V o u s n'en a u r q pourfruir que ma reconnoYfin-c. Y o r r e l ivre e/t d i d p a r la/àinr raiJÔn,

Parrer vire, & quirrq l a Francr.

J'aurois pourtant, Monfieur, que!qucs petits teproches à vous faire ; mais le plus Cenfible , & qu'on vous a d&ja fair fans doute, c'elt d'a- voir mis l'amirik parmi les vilaines pa[lions. Elle n'étoit pas faite pour fi mauvaifc corn-. pagnie. Je Cuis plus afflige qu'un autre de votre tort ; l'amitié qui m'a accompagné au pied des Alpes fait tout mon bonheur; & je défire par- fionnémcnt la vôtre. Je vous avoue que Ic for t de votre livre digoûte d'en faire. Je m'en riens aOucllernenr à être Ceigneur de ParoiKe, La- boureur , Maçon & Jardinier. Cela ne faic points d'ennemis ; les f+mesl épiques, ICS Tragidies & k s livres P iilofophiques rendenc trop ndheureux. Je vous embraffe , je vous aime de même, & je prtCente mes rcfpe€ts i la digne ipouie d'un Phi1oi"ophc aimable.

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L E T T R E XXY. Le 7 Juin 176~.

Q u I eut cru que la V. -dût venger Ia ~hi loîophie. Il en eit cependant quelque cliofe. Avant -hier quelques Médecins tinrent confeil pour favoir ii on rogneroit lc Monfieur ou fi o n ne le rogneroir pas; & jc ne rais quel a été Ic rCfultat d u Confeil.

Vous me demandez pourquoi on a rejoaC H piéce * : ma foi je n'en fais rien, & dans cette affaire tout eit inconcevable.

Nous fomnies las de fi, de mais , de quand , d e pu3e,û cc , de pourquoi, & voilà que now avons fait des pic .

Que Paul l e Franc de Pompigmn Air fair cn plainc Acadkmie

U n difcouts tr2.s hperr incnt , Et qu'elle en foic route cndormic: Qu'il ait bu, jufques i la lie, Le Calice un peu dégoûtant Be vingt brochurcs qu'en public Et dont je fuis airez content. Cue pour comble de châtiment,

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L E T T R E S .

Quand le public le m o - d e , Un Freron le béatifie,

Cc qui rEdoublc ion tourment.

~ u ' a i l l c u r s u n noir perit pidan1 InCulte d la Philofophie E t qu'il ferve d c uuchcmenr: A Chdumcix q u i Cc crucifie. Que l'orgueil & i'hipocrifi: Coatrc les gens de iugemcnt I r a l r n t uiiç fr;nXe

Que l'on GRlc unanimemcnc. Q u e parmi nous à tout momcne Cinquante efpeces dc folie, SC l i i cc~de~ic rapidement

Et qu'aucune n e foi[ jolic. Qu'un J&irc avec courtoi&, S'inrriguc par-tout tourdernenc

Er reproche un pcu d'hérélie , Aux gens tenant Ic Parlcrnent. Qu'un ~ a n f & i t c ouvertement ronde la cour avec furie , J'cn conclus très pertinemment Qu'il f.~tlt que ie Sage s'cn r i 6

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1 I L L E T T R E S .

ri -- -5=gg?e=-- - L E T T R E X X Y L

Monf iu t d e . y 0 L T A I R E .

8/ o v s ne doutez pas que je ne vous eufG adr& un exemplaire de nlon ouvrage le jour mêmc qu'il a paru, fi j'a+ois fu où vous prcndre. Mais Jçs uns vous difuirnt à Manheim , Ics au- tres a Berne; & je vous attendois aux DL!lices, pour vous envoyer ce maudit livre qui excite contre moi l a plus violente perfbcntion. Je fuis dans une de mes terres à trente lieues de Paris Vous faurez que le livre elt fupprinié, que dans ce moment-ci il ne m'elt pas ponible de vous cn envoyer un exemplaire, paf ce qu'on elt trop animé contre moi , & qu'on veille fur toutes mes dtmarchcs. ;'ai fait lcs rétraf+ations qu'on a voulu; mais cela n'a point par4 l'orage ~ u i grondr rriaintenant plus fort que jamais. Je uis dénoncé à la Sorbonne ; peut - être le fcrai- je à l'affcncmblée du Clergé. Je ne fais pas trop fi m a perfonne elt en iiirett & fi j c ne ferai pas obligé de quitter la France. Lirez moi donc; rappellez vous en nie lifant ces mots d'Ho- race. Res rJficra rnijér.Ye Couhaiterois que mon h i e vous parût digne de quelque e l t h e . Mais

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p l ouvrage peut ni6rirer de trouver gracc devant vous ? L'dlévation qui vous répare de tous les autres Ecrivains , ne doit vous laiffer apper- cevoir aucune d i f fhnce entr'eux. D?s que je le pourrai , je vous enverrai donc nioh ouvrage, comme un hommage que tout Auteur doit à fon Maître, encvous conîcillant cependant de relire plutôt la moindre de vos brochures que mon i n - + O .

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5 J4 L E R T R E S .

L E T T R E X X Y I I -

% E ne hi< o ù vous prendre , mon chei Philofnphe ; votre lettre n'étoit ni dattéc , ne iignée d'un H ; car encore faut - il une pe- tite marque dans la multiplicitk des lettres qu'on regoit. J e vous ai reconnu à votre ei- pr i t , i votrc goût , i l'amitié que vous mc rGn-oignez. J'ai été très roucht! du danger où vous nie mandez que votre tr;s -aima- ble & rcfpe&abie femme a dtd , & je vous fupplie de lui dire combien je m'intcreffe h clle.

Eh bien, je ne fuis pas comme Fonte- ren-lle, car j'ai le cœur fenfible , & je ne fuis point jaloux, & de plus je fuis har& & fernie; & fi I'infelent frere le Tellier m'a- voit perfécuté , comme il voulut perfécuter ce riniide Pliilofophe , j'aurois traité le Tcllicr romme Rcrrier. Croiriez vous que le fils d'O- mcr fleuri cf? venu coucher chez moi, & que je lui ai donné la Coniddie? Il elt vrai que h fête n'Croit pas pour lui ; mais il en a profirk aufi bien que ron oncle l'intendant de Bourgogne, lequel wut micur qu'orner. J'ai

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reçu le fils de notre ennemi avcc beaucoup de dignité, e( je i'ai exhorte à n'être jamais I'AvocatGénéral de Chaumeix.

Mon cher PhiloCophe , on aura beau faire; quand une fois une nation fc met à penfer, il efi impofible de l'en empCcher. Ce fiéde commence à être le triomphe de Ia raicon. Les Jéfuites , !CS Janfénifies , les Hypocrites d c robe, lcs Hypocrites de cour auront beau crier , ils ne trouveront dans les honnêtes gens qu'horreur & mépris. C'efi I'intêrct d u

' Roi que le nombre des PhiIoCophes augmente & que celui des fanatiques diminue. Nous fommes tranquilles , & tous ces gens là fonr des perturbateurs. Nous fommcs citoyens, & i ls font fiditiebx. Nous cultivons la raiion e n paix , & ils la pcrficurent : ils pourront faire brûler quelqiie bon l ivre , inais ils fe- ront honnis dans la CociCt6, ils feront fans crédit dans la bonne coinpaçnie , & c'clt la bonne compagnie Cculc qui gouvernc Ics opinions des hommcs. Frere Elifte dirigera <iuelques Badaudes , Frere Menou quelques fotw de Nancy; il y aura encore q u r l q u ~ r convulfi onnaircs au cinquicme étage ; niais les bons ferviteurs de 13 Rnicon & du Roi triompheront à Paris , i Y o d , & même aux Délices.

O n envoya à Paris, i l y a deux moi , dcç ballots de l'hiitoire de Picrre Ic GraiiJ. Ro- bin devoit avoir l'honneur dc voue en prd- fcnter um , & à Monlietir Saurin un autrc.

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116 L E T T R E R J'apprends qu'on a Coigneufement gardé la bailors à la Chambre nommie Syndicale, juG qu'a CC qu'on eût cornrefait le livre à Paris. Grand bien Içur faffe. Je vous embraffc, vous aime, vous eitime , vous exhorte à raffemblex les honnêtes gens à faire trembler les Lors. Y. qui attend H.

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C__..

L E T T R E X X Y I I I . I z Décembre

O N cher PhiloTophc, il y a longtemps que je voulois vous &rire. La chofe qui mc manque le plus, c'efl le Ioift. Vous favcz que ce La Serrc volnnu /ùr volumc incefirnmrnr dcerrc . r a i eu beaucoup de befogne. Vous êtes un u a n d Sejoneur aui affermez vos

9 a terrcs , mol, je laboutc moi-kirne comme ch- cinnatus, de faqon que j'ai rarement un mo- ment à moi. J'Ai lu une Heroïde d'un difci- ple de Socrate dans laquelle j'ai vu des vers admirables. J'en fais mon compliment à rAà- reur fans le nommer. La piece efi roide,, Ber- nard de Fontcnelle n'eût jamais ni o G ni pu en faire autant. Ji vous avez r e p un Pierre, ce n'efi pas Simon Barjone. Ce n'efi pas non plus le Pierre R u r e que je vous avois dépé- ch6 par la Poite 3 ce doit - être un Pierre en fcuille que Robin Mouton devoit vous re- mettre; je vous cn ai envoy6 deux relils, un

, & l'autre pour Monfieut Saurin. flar ru: MeiIïeurs les Inrendints des Polles e ddparcir des courtoifies qu'ils avoienc de P

ci - devant pour moi. Ils ont pritendu qu'on n e devoit envoyer aucun iivre rélie. Douzc

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as% L E T T R E S . excmplaircs on t Ctf perdus. C'cfi I'anrrc dn Lion. J l g n o r c memc fi un gros paqucr z dté rendu i M. Duclos.

D e quelles tracafirics mc parlez-vous ? je n'cn ri rffuyé, ni gu effuycr aucune? ER-cc de Frcre Menou? A , raffurcz-vous. Les Ji- îuiees nc peuvent me h i r e de mal. C'eit moi q u i a i l'honneur de lcur en f a i x J e m'oc-

.cupc aRucllemcnt à dipoifrder le$ Frcres JC- filites d'un Domaine qu'ils ont acquis auprès de mon Château. Ils l'avaient ufurpé fur des orplielins , & avoient obtenu Lcrtres royuux pour avoir permifion de garder la vigne de Naboth. Je les fais dfgucrpir , mors - dieu, je lcur fais rcndrc gorge ; & la Providence mc binit. J e n'ai jamals eu un pIaifir plus pur. Je Lis u n peu le Maîrre chez m o i , par parrnthefe. Vous ai-je dit que Ic frere 8( le fils d'Orner font vcnus chez m o i , & comnic ils ont étC r e p s Vous ai-je dit que j'ai en- voy t Pierre a u R o i , & qu'il l'a mieux r c p que le difcours & lc mémoirc de Ic F r ~ n c d e Pompignan ? Il peut favoir qu'il n'a poinr de fujets plus fideles quc nous, ni de plus capa- bles de faire fentir le ridicule des CuitIres, qu i voudraient rcnouveller Ics temps de la Fronde.

N'avez - vous pas bien r i du vuyage de Pompiguan a la Cour avec Freron, & de ïapolti.ophc de M. le Dauphin, & taai Pom- p i p a n pcn/i étre quelque chofi. Voilà a quoi. les vers font bons quelques fois. On les cjtc,

' conime vous \oyez , dans les grandcs oc- rafioils.

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T T R X I X . Aux Dtliccr. 19 Janvier.

1 r CR vrai, mon i r is cher PhiloCophc p r - ficutd , que vous m'avez un peu mis dans Torre livrc in sommuni Martyrrim. Mais vous nc me mettrez jamais in communi de ceux qui vous aiment & qui vous cltimcnc. On vous avoit affurC , ditcs-vous , quc vous m'a- viez diplu. Lcux qui peuvcnt vous dire ccttc chofe qui n'elt pas , cornrnc s'exprime notrc ami Swift, font cnfants du Diabic : vous, me déplaire ? & pourquoi, & cn quoi ! vous c n qui grsria , fuma J vous qui êtes nd pour plaire, vous qac j'ai toujours airnk, & dans qui j'ai &ri toujours, depuis votre enfance, les progrès de votre cfpric. On avoit , comme c c h , dit à Duclos qu'il rn'avoit dtplu , & que je lui avois rcfuf6 ma.voix à I'Acadhmie: Cc font cn partie ccs tracafferies de Mescurs les Gens de l e t m s , & encore plus les pcr- fécutions , les calomnies , les inrcrprttations odieufcs des choces les plus raiConnables , la petite cnvic , les o r a p continuels atrachts i Ja Littdrature, qui m'ont fait quitter la France. O n vend t r k bien des terres pendant la guerre; vu que cccte guerre enrichit & Mefficurs les TrCCoricu dc I'ErrraordL;iire , & McITieun

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Ics Entrepreneurs des vivrcs , fourrages, k ô ~ picaux, Vaiffcaux , cordages, bœuf falé, ar- tillerie , chevaux. poudre, & Menieurs Iciirs Commis, & MeGcurs Icurs Laquais & M d - darnes leurs Putains. J'ai trois terres ici , dont une jouit dc toute franchilé, comme le franc- alleu le plus princier. Et le Roi m'a- yant conîervé, par un btever, la charge de Gencilliomme ordinaire, je jouis de tous les droits les plus agréables. J'ai terres aux con& fins de France , terre h Geneve, maifon i Laufanc, tout cela dans un pays où il n'y a: point d'Archevêque qui excommunie les li- vres qu'il n'entend pas. Je vous offre tou t , difpofez en ; cet Archevêque dont vous me parlez , feroit mieux d'obéir au R o i , & d c conferver la paix, que de figner des torche- cus de Mandements. Le Parleinent a rr& bien fait, i l y a quelques anne'es , d'en brûler quel* <lues - uns ; & feroit fort mal de fi: mélcr d'un livre de h.létaphyiique ponant privilcgc du Roi. J'ainierois mieux qu'il me fit juf- ticc de la bai~qucroute du fils dc Samuel Ber& nard, J u i f , fils dc J u i f , mort Sur-intendant de Ir Maifon de la Reine, Maître des Re- quêtes , riche de neuf millions & Banque- rourier. Vendez votre chargc dc Maître d%Iô- t e l , vende omnia qua hnbes O .fiquere me. I I efi vrai que les Pritres de G e n k & de Lau- fane font des hérttiques qui rné rifent S. ~ t h a - n n k , 61 qui ne croyenr par Jets-Chrit , Dieu. Mais on , p u t du moins croire ici h TrinitE

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comme je fais fans être perfécuté. Faites-en autant. Soyez bon Catlioliqiic , bon fujet du Roi, comme vous I'avez toujours t h é , & vous ferez tranquille ; heureux , a imi , eflimé , ho- norC partout, parriculicrement dans ccttc en- ceinte charmante, couronde par les Alpes, arrofie par le Lac 8r par le Rhônl , couvenc d e jardins: & dc maifoiis de plaifances, & pris d'une randc Ville où l'on pcnfc. Jc mour- rois ai%, hcuieux , fi vous vcniez vivre ici. Mille rzfpe&s à Madarnc votre fcmmc. V.

Notre Niecc CR u é s fènGLle i I'honncur dc votrc fouvenu.

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r 61. L E T T R E S ,

L E T T R E 25 Août I76j.

Monlieur.

PAX Chrgi. Je vois ayec une faintc joic combien votre caur eit touché des vérités fu- blirnes de notre fainte Religion; & que vous voulez. confacrcr vos travaux & vos grands talents i réparer le f ~ a n l a l c quc vous avez pu donner, en mettadt dans votre fameux Lisrc quclques vtricés d'un ordre, qui ont paru dangcreufcs aux pcrfoniies d'une coiif- cience délicate & timorée, comme Mefieurs Omcr Joli de 1-lcuri , Mcficurs Gauchat , Chaumeix & plufieurs de ilos Peres.

Lcs pctites trihiularions ut nos I'ercs ;prou- vent aujourd'liui , les at%rmii~ciit dans leur foi , plus nous fommes difperCés, & plus nous faifons dc bien aux amcs. Je fuis à portte de voir ccs progris, Ctant Aumônier de M. le Rdfident de France à Genevc ; je ne puis affcz bénir Dieu de la réfolution que Tous pre- nez de combattre vous-même our la Religion chrétieiinc , dans un temps ou tout le monde l'attaque, & Ce mocque d'elle ouvertement. C'efi la fatale Philofopliie des Anglois qui a commcncC tout le mzl. Ces gcns l a , fous prétexte qu'ils bit les meilleurs hlatliérnati-

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Piens. 8 les meilleurs Phyiicicns de I'Europc, o n t abuCé dc leur cfprit , jufqu'à ofcr exa- miner les Myiicres. Cette contagion s'ch ré- panduc partout. Le dogmc fatal dc la tolé- rance infeec aiijourd'liui tous les erprits ; Ics trois quarts de l a Frincc , a u moins , com- mencent i demander Ir libertl de confcicuce. O n la prêchc a Gcneve.

Enfin , Monficur , figurez-vous que lorfquc Ic MagiRrat de Geneve n'a pas pu fe dirpen- fer d e condamner Ic Roman de M. JcanJac - qucs Rouifcan intitulé Ernilc, fix cent$ ci- toyens font venus, par trois fois, protcRer au ConCcil d e Gcncve, qu'ils nc Couff'riroient pas quc l'on condamnât, fans i'ciitcndte, un ci- toyen qui avoit écrit, i la vCiitC, contre la R c l i ~ i o n chréticnne , mais qu'il pouvoir avoir fes raifons, qn'il falloit les entendre. Qu'un citoyen d c Gcnevc peut Ccrirc cc qu'il vcat , pourvn qu'il donnc de bomcs explications.

Enfin , Monlieur, o n renouvcllc tous I c i jours les attaques que l'Empereur Julien, les Philofophes CclCc & Porpliire livrcrcnt d?s les premiers temps i nos Cainres vérités. T o u t le niondc p c n k comme Eaylc , DeTcartes, Foiltc- nclle, Schaffsbury, Bolingbroke, Colins, Wolf- ton ; tout Ic mondc dit hautcment qu'il n'y

u'un Dicu. Que l a Sainte Vierge Marie né ' 1 pas merc dc Dicu. Quc lc Sainr Efprit n'en autre chofe que la lumierc que Dieu nous donnc. Oit prtchc , jc ne rais qaelle vcrtu, q u i nc confiltanr qu'à f a k c du bieu aux homincs,

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164 L E T T R E S . eTt cntiercment mondaine, & de nulIc vakilt, On oppofe au P é d a p g u e Chrétien, & a u Pen- fir-y bien , livres qui f d k e n t tant de convcra iions, de petits livres philofophilues qu'on a Coin de rtpandre partout adïoitcmcnt. Ces ped tits livres le luccédent rapidement les uns aux aunes. On ne les vend point. On Ics donne i des perfoiincs affidécs , qui les dif- cribuent i des jeunes gens & à dcs femmes. Tantôt c'eR le Sermon dcî Cinquante qu'on attribue au Roi de PrulTe, tantôt c'ek un cxtrait du Tcfiamcnt de cc r n a l h c u r c u x ~ ~ u r ~ Jean Melier, qui demanda pardon à Dieu cm mourant d'avoir cnfcigni te Chriltianihe, Tantôt c'elt je ne f i is quel Cattchifme de l'honnête homme , fait par un certain ~ h b é Durand. Quel titre , Moiifieur, que lc Cati- chifnlc de l'honnête hornnre, comme s'il pou- voit y avoir de la vertu hors de la Rcligiorr catholique.

Oppokz - vous a ce toritrft , Monlieur, . puifque Dieu vous a fair la gracc de vous illuminer. Vous vous devez à la raifon & i ta vertu indignernerit ourragCe ; combattez les rnkhants comme ils combattent, dans vous coinproinctrrc, fans qu'ils vous dçvinent. Con- tentez - vous de rendre juliicc à notrc Sainte religion d'une maniere claire & Cenfiblc, fan$ reclicrclicr d'autrc gloire quc celle dc bien '

faire. Imitez notre grand Roi Sraniflas, pcrt dc notrc illuflre Reine, qui a daigné que!.-

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que fois faire imprimer dcs pctics livres chré- tiens cntiéreinciit à fcs dipciis. Il eut rou- jours la modeff ie de cacher fon nom; & on n e l'a Cu que par Con digne Stcrctaire hl . de Soli nac. Lc papicr me manque, je vous cm- bra if e cn JcfusChrik

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d'être ferme dans v o ~ - ~ r i n c i ~ c s , parcc qu'en général vos principcs font bons. Quelques cxprefions haratdies oiit fervi de prétcxte aux ennemis dc la raifoii. On n'a caufc ga- giite avec notre nation qu'à I'aicfc du plai- fant & d u ridiculc. Votre Héros Fontenelle f u r en grand daiiçer pour lcs Oracles, & pour la Reine Mero & fa fmur Enéçui. Et quand il difoit que s'il avoit la main pleine dc vé- rités , i l n'en lâchcroit aucùne, c'écoit parce

u'il en avoit lâché, & qu'on lui avoit donnt ? r lcs doiqti. Ccpcndrnr ccttc raifon tant pcrfécutée gagne tous les jours du terrain. 011 a beau faire, il arrivcra en France chcz les honnêtes gens, ce qui cl1 arrivé en An- gleterre. Nous a v ~ s pris des Anglais les an- nuités , les rentes touriiantes, les fonds d'a- morriffrincnt , la conltru&ion & la mancxu- vre des Vaiffeaux, I'attraCtion , le calcul dif- fbrenticl , les Cept coulcurs primitives, l'iuo- culation. Nous prenons jnfriiiiblement lcur noble liberté de penfccr, & leur profond mé- pris pour Ics fadaifes dc l'écolc. Les jeunes gens fc forment ; ceux qui Soiit deltinés au*

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plus grandes places , font défaits des infâmes préjugPs qui avililfent une nation. Ii y aura toujours un grand peuplc de Cotr , & une foule de fripons. Mais le petit nombre des Fcn- feurs fe fera rcfpcaer. Voyez comme la piece de Paliffor clt d t j a rombte dans l'oubli. On fait par cœur Ics traits qui ont percé Pom- pignan, & on a oubli6 pour jamais ion Di[- cours dc £011 Mirnoirc. Si on n'avoit pas con- fondu CG malheureux, I'ufagc d' inhlter les Philofophcs dans les difcours de réception i i'Acadirnie, auroit paK6 en loi. Si on n'avoir pas rendu nos perfécuceurs ridicules, ils n'au- roient pas mis de bornes i lcur inColeilce. Soycz sûr que tant que les gens de bien fe- ront unis , on ne les entarncra pas. Vcus al- lez i Paris, veus y fercz le licn de la con- corde des êtres pcilfants. Qu'iinportc encore une fois qu i notre Tailleur Sc norrc Scllicr foient gouvernés par Frcre Crouft , & par Frcre Brrtier. Le grand point cfi qiic ceux avcc qui voiu vivez foicnt éclairts , & que le JanfeniAe & le Molinifte foient forcés de baifer les y:ux devant l'honnête hoinine. C'elt I'inrlrêt du R o i , c'cfi cclui de I'Etat q u e Ics PliiloCo hcs aicnt du crédit dans 1s iociCtC. 1 s n i l m de la parric . & Ics Fanatiques y portent Ic troublc. Mais yliis ces mirérables Centiront votre fupérioriré , plus vous aurcz d'attcntion à ne leur point: donner prife par des paroles don t ils pu& Iént abuCer. Notre @orale c h mcillcurc quo

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la leur , notre conduirc plus rcfpettablc. 11s parlent de vertu, & nous la pratiquons. Con- fervons nos avantages. Cependant vous aurez unc bonne maifon, vous y raffeinblerez vos amis, vous rkpandrez la lurniere de prochc cn prochc , vous fcrcz refpetti, même de ces indigncs Ennemis dc la raifon & dc la vertu. Dans ce loitir heureux, vous vous amuferez i faire de bons ouvrages , fans y cxpocer votre noin aux cenfures des fripons. Je vois qu'il faut que vous reRiez cn France; & vous y fcrcz tris utile. Qcrfonne n'ek plus fait q u e vous pour réunir les gcns de Icttrcs. Vivcz gayemcnt , travaillez utilement, foycz l'bon- ncur de notre paxrie. Lc tcrnps c k venu où les hommes comme vous doivcnt triompher. Si vous n'aviez pas é t t mari & pcre, je vous aurois dit : Vende ornnia qua h d b e ~ &' f iqurrc me. mais vorrc fimation , je lé vois bien, nc vous permet pas un aurrc écablilfemcnt , qui peut-étre même feroit regardi comme un aveu de votrc crainte par teux qui empoiconncnt t o u t Rcfiez donc parmi vos amis: rendez vos cnnemis odieux & ridicules , aimez -moi, & cornyzz que je vous ferai toujours atta- ché avec toute l'eitime & I'amiriC q ~ i c je vous ai vouéça depuis votrc enfance.

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JBAr lu deux rDir votre trtrre , mon ihcr PhiloCophe, avec une extrême fenfibilité; c'cR ma deGinéc dc rclirc ce que vous Ccrivcz. Man- dez-moi , je vous prie , le nom du Libraire qui. a imprimé votre ouvrage cn anglois , & com- ment il efi intitult!; car le mot Efirir , qui c[l Cquivoluq chez nous, & .qui peut fi nifier h m c , l'eorcnduncnt , n'a pas ce Gris rouchc dans la languc angloiic. W h , iignific EJprit dam le Cens où nous diions . avoir de I'EG prit , & UndzrJdding , Ggnific Efirir daria le Cens quc vous l'cntendcz.

Certainement votrc livre ne vous eut point artiré d'ennemis en Anglctcrrc ; il n'y r ni fanatiques, ni liypocritcs dans cc pays là ; Ics diiglois n'ont que des PhiloCophes qui nous iiifiruifcnt, & dcs Marins qui nous donncnc Ar Ics oreilles. Si nous n'avons point de MI- rins cii Francc, nous commençons a avoir dcs Philohphes. Lcur nombre augmente par la pcrt-écution même ; ils n'ont qu'à erre fagcs , & fur-tout i être unis . comptez qu'ils tciom- plieront ; Ics Cors ïedoutc~ont leurs mipris. les gens d'efprit feront leurs difciplcs, la lu- micrs Ce rtpandra c n Francc conimc CU An-

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170 L E T T R E S . gIetcrre , cn Pruffe , ep Hollande, en Suiffc ; cd- Italie mCmc ; oui, en Italie . vous rcricz CdifiC d e la multitude dc Philorophcs qui s't- lévc Courdemcnt dans Ic pays dc la fupcrlti- tion : nous ne nous foucions pas que nos La- boureurs & nos manaurrcs h i c n t iclairés; mais nous voulons que les gens du monde lc foicnt . & i ls le Ccront; c'clt le plus grand bien que nDUS puifions faire a 1% focitti . c'cfk le feu1 moyen d'adoucir les mœUES que Ir fupcrltition rend toujours atroces.

Jc nc me confoie point que vous ayez donni votre livre fous votre nom ; mais il faut partir d'où l'on eR.

Comptez que 1.i grande D m c a lu Ics choz fes cornrnc elles runt imprimées , qu'cllc n'a point lu Ic r t p e ~ t i r du grand Fenilon. Soycz fûr encore que cc mot a fait un cr6s bon cffct ; rayez Cùr que je Cuis très i n h u i t de cc qui fc paffc.

Jc n'ai lu dans Paliffoc aucune critique des propofirions donc vous me parlez ; il faut que ces critiques malhonnêtes foicnt dans quclque~ feuilles , ou fuppléments de feuilles qui na me foicnt par cncore parvenus.

Vous pouvez m'ccrire , mon cher Philoro- phc, cris hardiment. L e Roi doit &voir quo Ics Philophes aiment h perfonne a Ta Cou- ronne, qu'ils ne formeront jamais de cabale contre lui , que le petit fils d'Henri IV leur CR cher, & l u e Ics Damiens n'ont jamais écoutC de$ difcours affreux &ni nos anti-

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chambres ; nous (onnerions tous la moitiC dc nos bicns pour fournir au Roi dcs fiottcs con- tre l'Angleterre ; je nc fais ii fas Tuteurs e n fcroicnt autant. Pour moi jc défriche dcs tcr- res abandonnkes, jc dCfeche des marais, je bâtis unc Eglifc , jc foulage comme vous les pauvres, & jc dis hardiment, par la Poltc , que Ic diCcours dc Mac. Joli dc Fleuri clt un t r t s mauvais difcours. Jc prends tout Ic rcite for t gaycmcnt , & j'ai un peu les rieurs dc mon côti,

J'ai treuvC dc tris b u u x vers dans Ic poëmc que vous m'avcz cnvoyi ; jc fouhaitc pifion- nément d'avoir tout i'ouvrige , adrcffcz-le A M. Ic Normand, ou i quclquc autrc Contrcl figneur. Vivez, icn , Ccrivcz librcrncnt . parcc que la libert c h un don-dc Dicu, & n'eft point liccncc.

Adieu, mon chir Philorophe, je vous Ta- l ue cn Platon, cn Confucius, vous , Madame votre femme , vos enfants ; Clevn-lcs dans la crainte dc Dieu, dans l'amour du Roi , & dans l'horreur des Fanatiques . ui n'aiment 4 pi Dicu, ni Ic Roi, ni Ics Phdo opher.

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V o m i , mon iIIuRrc PhiloLpho , un Gcn- tilhomme Anglois très inltruit ,, & qui par con- fiquent vous eltirne. Je mc fuis vanté a lui d'avoir quelque part à votre amitié, car j'aimc à me faire valoir puprès des gens qui pcn- &nt. M. Makartney penCç tout comme vous; il croit, malgrf Orner & Chrifiophc, que fi nous n'avions point de mains, il [croit affez difficile Gc faire dcs rabats à Chrifiophc & a Orner, & des fifflets pour les bourdons dc Simon le Franc favori, d.1 Rai , &c. &c. &c. II trouve natrc nation fort dr0lc; il dit que &tôt qu'il paroît une vérité parmi nous, tout lc mondç cfi alarmC comme fi les AngIois faifoient unc dcîcence. Puirquc vous avez eu la bond de rcRcr parmi Ies fingcs , tichcz donc d'en faire des hommes. Dieu vous dc- mandera comptc dc vos talcnts; VOUS pouvcx plus que perfonnc Ccrafer I'crreur, fans mon- trer la main qui la frappe. JeanJacques dit i+ mon gré une chofc bien plairante, quoi- que gtomttrique, daus fa lettrc i Chrifiophc, pour prouvcr que dans notre feBe 1a partie eit plus grandc ue le tout. Il fuppofc quc T notre Sauveur Je us-Chrifi cornm$nie av6c ics

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'Apôtres. En ce cas, dit-il , il aR clair que Jefus mct fa cêrc dans fa bouche. "Il y a par- ci, par-la de bon traits dans cc Jcan-Jacques.

On m'a cnvoyC la deux extraits dc Jean Mclicr. 11 CR vrai quc ccla cit écrit du fiylc d'un cheval dc Caroffc. Mais qu'il rue bien i propos ! & quel dmoi nagc que celui $un Pretrc demande par (i on cn mourant d'a- voir cnfcignk des chofes abfurdes & horri- bles ? quelle rCponfc aux licux communs des fanatiques q u i ont I'audacc d'alrurcr que la Philofophic n'elt quc le fruit du libcrtinagc.

Y a k , jc vous cfiimc autant que jc vous aimc.

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ON cher Philofophe. l'ombre & le Tane " dc Corneille vous remercient de votre noblc z e l ~ Lc Roi a daigné permmre quc fon nom fut à la tete dcs Soufcripteurs pour deux cents exemplaires. Ni Maîrrc . . . , ni Maître. . . , ne Cui- vront ni l'exemple du Roi , ni lc-vôtre. Il y a l'infini entre les pédants orgueilleux & Ics cœurs nobles, cnrre des convuliionnaires & des cf- pritr bicn faits. I l y a dcc gens qui ionr faitr pour honorer la nation, & d'autres pour i'a- vilir. Q u c pcnfcra la poittrité , quand elIc verra d'un côtC les belles fccnes de Cinna, & dc l'autre Ic difcours dc Maître le Daim, prononci d u cÔtC du Greffe. J c crois que les Frangois defcendent des Centaures , qui Ctoienr moitié hommes & moitié chcvaux de bit. Ces deux moitiCs fe font Zc!par!es. 11 e l t rcRC des hommes, comme vous , par excmplc, & quei- qu& autres; & il clt reffC des chevaux q u i ont achetC dcs Charges de Confeillers , ou qu i fc iont faits Doacurs dc Sorbonne.

Ricn nc preffc pour Ics foufcriptions dc Corneille. On donne ion nom, & rien de plus. Et ceux qui auront dit , je veux le livre, i'au- rom. On nc receyra pas une feule foufcrip-

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t h d'un bigor. Qu'ils aillent fourcrire pour les méditations du R. P. Croifer.

Peut-être que les remarques, qu'on metrra nu bas de chaque page, feront un pcrite poC- tique, mais non pas comme la Morte cn fai- foit i l'occalion dc Romulus, à I'occaiîon dcs Macchabtes. Ah , mon Ami, dtficz-vous des charlataus qui ont ufurpt cn lcur tcmps i~nc r&puration de parade.

Je vous embraffe cn Epicurc , cn Lucrccc; Ciccron, Platon, en rutci quanti. Y.

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L E T T R E XXXY. 37 Oaobre 1766.

v o u s rnc donnez, mon illuRrc Philob- phc, l'efpérancc la plur confolante & la plus chcre. Quoi , vous icricz affez bon pour ve- mir dans mes déferts ! ma fin approche , je rn'affoiblis tous les jours , ma mort Ccra doucc , L jc ne mcurs point Tans rous avoir vu.

Oui , fans doutc, jai reçu votre réponfc i la lcttrc quc jc vous avois Ccritc par 1'AbbC. Jc n'ai pas a~ucl lement un Teul Philofophr ignorant. Toute l'édition que les Cramcrs avoicxit faite, & qu'ils avoicnt envoyée cn France, leur a id rcnvoyke bign proprement par la C h m b r c Syndicale, clle cft en chemin , & je n'en aurai que daus trois Cemaines. Ce pctic livrc elt, commc vous Tavel, de l'Abbé Tilladct ; mais on m'imputc tout cc quc Ics Cramcrs imprimcnt , & tout CC qui paroît i GcnCvc, cn Suiffc, & en Hollande. C'eR un mailicur attachd à cctcc cilibritc fatalc dont rous avez CU i vous plaindre aufi bien que moi. II vaut rnicux Tans doutc ftrc i norC & t r a a q u i ~ ~ c , que daétrr connu pcrr=cut8 Cc que vaus avez cfTiuyC out un livrc qui auroit CtC ehéri dcs la Roc K cfoucault , doit faire frcmir

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long-temps tous les gens dc Lettres. Cette bar- basic m'cfi toujours préfciire à l'cfpiit; & jc vous aime toujours davantage.

J c vous envoyc une petite brochurc d'un Avocat de Bcfançon, dans laquelle vous ver- tcz dcs chofcs relatives i une barbarie bien plus horrible. J e crains cncore qu'on nc m'impure cettc petite brochurc. Les gcns de Lettres, & même nos mcillcurs amis fc rendent les uns aux autres de bien mauvais fcrvices , par la furcur qu'ils ont de voulo i~ toujours deviner Ici Auteurs de certains livres. De qui cB cet ouvrage attribué a Boling- brokc, à Boulanger, i Frerct i Eh, mes amis ! Qiiimportc l'Auteur de l'ouvrage ? nc voyez- vous par que le vain plaifir de dcri- ncr , dcvient unc accufation formcllc , dont les CcelCrats abufent? Vous cxpofez 1'Autcur quc vous foupçonncz; vous Ic livrez i toutc la ragc des fanatiques; vous perdez celui que vous voudriez Cauvcr. Loin de vous piquer de deviner fi cruellcmcnt, faites au contraire tous les efforts pofibles pour dttourncr les foupçons. Quoi ! dc miCirablcr Moincs n'au- ront qu'un mfmc cfprit , un mêmc cœur, ils défendront Ics intCr6a du Couvent jufqu'à la m o n ! Et ccux qui kclairc~t les hommes, ne feront qu'un troupcan difperfé , tantôt dévo- ris par les loups, & tantôt fe donnant lcs uns aux autres des coups dc dents !

Qui pcut rcndrc plus de fcrvicc que vous i la r d o n & a k vertu ! Qui pcut Erre plus

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171 L E T T R E S . utile au rnondc fans fc compromettre avcd ICS pervers 2 Quc dc chofes j'aurois h vous dire, & que j'aurai de plaiGr I. vous ouvrir mon cccur , & à lire dans le vôtre, fi je nc' meurs pas fans vous avoir embrafi ! du moiris je vous cmbrarc dc loin, & c'cfi avec unu amitic! égale a mon efiimc. Y.

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L E T T R E X X X V I .

M A D E M O I S E L L Z , p t i g c o i t r A b M Cotin; l a Kcinc protégc l'Abbé Trublct. C'efi Ic Corr des grands ghics.

Principibau plucui~c viris non ulrima Iaur .P.

On m'aKurc cependant que M. Saurin cn- trera ccttc fois-ci. Cela cit julte; quand on a I e p un rot, il faut avoir un hommc d'cf rit pour faire Ic conrie-poids. Vous d e z , L n i doute à Vort ; mes rcfpcAs à Midas *** ,avant votrc dtparc Mais mille amiriis i Mr bu- rin.

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Par Paris. I I Mai. -w

r fuppofe , mon cher pliilofophc, qac voua jouiircz à prirent des doucciirs de la retraite i la Campagne. Plut a Dieu que vous goû- tafiez les douceurs plus nécefTaires d'une en- tierc indipendancc , & quc vous pufiez vous iivrcr i ce noble amour de la vérité fans craindre Ces indigncs ennemis. Elle CR donc plus perfccutéc que jamais. Voilà un pau- vre bavard rayt du tableau des bavards, & la confultation de ~ a d e m o i f c l l e Clairon. in- cendié~. Unc pauvre fille dcrnandc à êtrc chrt- tienne, & on ne veut pas qu'elle le {oit. Eh, MeGcurs les Inquifiteurs , accordez-vous donc. Vous condamnez ceux que vous roupqonnez dc n'Etrc pas chriticus , vous brülcz les rc- quêtes des filles qui veulent communier. On nc rait plus comment faire avec vous. Les Janfhiltes , les Convulfionnaires gou-

vernent donc Paris. C'cfi bien pis quelc rkgne des Jefuites. I l y avoit des accommodements avec le Cicl du tcmps qu'ils avoicnt du cré- dit. Mais les Janfinifies font impitoyables : Elt-cc que la propofition 1ionnEtc & mo- dclte d'etranglcr Ic dernier Jcfuitc , avec les boyaux du dcrnisr- JanCinilte , ne pourroic

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amcncr les chofes i quelque conciliation t J e fuis bien confolé dc voir Saurin de 1'Aca-

déinic. Si le Franc de Pompigiian avoir CU dans notre troupe I'auroritC qu'il y prétendoit , j'au- rois priC qu'on mc rayât du tableau comme on a exclu Hucrn dc la macriculc des Avocats.

Je trouve que notre Philofophc Saurin 4 par16 bicn ferme. II y a même un trait qui fcniblc vous regardcr & ddfTgifci: vos pcrfecu- tcurs. Cclp CR d'une amc vigoureufc. Saurin a du courage dans I'amitid; & * * * nc Ic faie pas trcmbicr ; il mc revient que cet * * * cit fort méprifC dc tous Ics gcns qui penfcnt. Le noinbrc eit pctit , j e i'avoue. niais il fera tou- jours rcf eRablc. C'eh cc petit nombrg qui fair Ic p L i c . Le rcRc CR Ic vulgz>isA"auail- lez donc pour cc pctit public fans vous cxpo- fer à la dtrncncc du grand nombre. On n'a point Cu qucl CR l'Auteur dc I'Oraclc dcs fidi- l e r ; il n'y a poinc dc réponfe à cc livrc. Je tiens toujours qu'il doit avoir faie un grand cffce Ch- ccux quil'ont lu avcc attention. II manque a cct ouvrage de l'agrément & de 1'cloqucnce. Cc font là vos armes, daignez vous cn Cervir. Lc N i l , difoit-on , cachoit fa tire , & ripandoit fcs eaux bicnfaifautcs ; faites-cn autant. Vous jouirez en paix k en fecrct dc votre triom- phe. Hilas, vous f'iez dc notre Académic avec Monficur Saurin, fans le malheureux con- feil qu'on rouf donna dc demander un privi- Icgc. Je ne m'en confolerai jamais. Enfin, mon slicr Philofophc , fi vous n'étcs par mon con?

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18% L E T T R E S . frcre dans une Compagnie ui avoit befoin de vow, îoyci mon ronCere %ana 1e perir nom- bre des Clus qui marchent fur Ic fcrycnt& fur le bafîlic. Adieu. L'amitié efi la conrolarion de ccux qui fc trouvent accablis par les rots 66 par les mkchantr.

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O N cher. (anaire S I R faite . a de 1. meilleure grace du monde. Je crains que vous nayen eu quelque pcine là d d u s , & je ne roudrois donner aucune peine à mon cher Hclvetius ; mais je fuis bien aiCc de vous re- mercier dcs marques de votre arnitit. Je voua déclare de plus que je nc vous ferai plus de compliments , & au lieu de compliments qui ~ a c h c n t ordinairement Ics fentimcnts qui no font pas , mes fenrimcncs cacheront toujours mes c~rnplimcntsr Faices mcs comp)iments . non cornplimenu à notre ami Saurin. J'ai ufurpt Cur lui. jc nc f2is comment, le titre d'ami & me Cuis venu fourrer cn tiers. Si vous p t r c s me chaffcz, je reviendrai tamrn uhuc rccurrcr. A l'cgard de ce qu'on pcut reprocher, il en cfi comme des vers de Crebillon : cour cela a C d fait quinze ou vingt .aw aupara- vant.

Jc fuis un admirateur iincerc de Catilina; & je ne fais comment, cette piecc m'infpirc d u rcfpca. La letturc m'a tcllcrnent ravi, qus

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84 L E T T R E S . j'ai kt6 jufqu'au cinquieme a& fans y trou- ver un feu1 dtfaut, ou du moins fans le fcn- tir. J e crois bien qu'il y cn a beaucoup, puif- que le public y cn trouve beaucoup ; & dc plus. jc n'ai pasde grandes connoiKanccs fur lcs chofcs d u theâtre ; de plus, il y a des cœurs qui fonr faits pour ccrtains gcnrcs dc dramatique, Ic mien en particulier elt fait pour celui de Cre- billon ; & comme dans ma jeuneffc, je devins fou dc Radamific , j'irai aux petitcs maifons pour Catilina; iugcz, fi j'ai eu du plaifir quand jc vous ai entendu dire que vous trouviez Ic caraAcre de Catilina, peut-être le plus bcau qu'il y c î~ t au Theâtre. En un mot . je lie prC- tonds point donner mon opinion pour les au- tres. Quand un Sultan ek dans Con Ccrrail va- t-il choifir h plus bclle ? non. I l dit je l'ai- me , i l la prend , 8:c- Voila comment dtcidc ce grand pcrcoiiagc. Mon clier Heivctius je ne fais poiilr CI vous etcs autant a u derus des aurrcs qua jc le fcnr , mais je fcns que vous i res au d e h s des autres, & moi je Cuis au drfiis de vous par I'amitit. MonteCquicu.

A Sr. Seuriii, c e 1 1 Fcyricr x 7 4 y.

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