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Pourquoi étudier la sociologie ? Bulletin de l’ASES Volume 41 – Septembre 2014

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Pourquoi étudier

la sociologie ?

Bulletin de l’ASESVolume 41 – Septembre 2014

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Bulletin de l’ASES Vol. 41 – Septembre 2014

Dans ce numéro

Pour une rentrée combative..................................................................................3Dérapages idéologiques........................................................................................5« Je réussis en socio »...........................................................................................7Non, la sociologie n’est pas une usine à chômeurs !............................................9La sociologie et le champ du travail social........................................................14Pour une sociologie hors les murs......................................................................18Prochain rendez-vous..........................................................................................19Rejoignez-nous !..................................................................................................22

Conception du numéro et photo de couverture : Cécile Rabot

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Bulletin de l’ASES Vol. 41 – Septembre 2014

Editorial

Pour une rentrée combative

En cette période de rentrée, l’ASES vous invite àlire son nouveau bulletin, consacré aux études desociologie à l’université, c’est-à-dire d’une part àleurs débouchés et d’autre part aux conditions del’enseignement de la sociologie, y compris en dehors desdépartements de sociologie proprement dits. Nous yévoquons notamment le thème des liens entre sociologieet travail social, qui est une question politiquecentrale concernant notre discipline. C’est là unemanière de rappeler que l’ASES, comme l’ensemble deschercheurs et enseignants-chercheurs passés, présents etfuturs, se préoccupe bien évidemment de la manière dontla discipline est enseignée et des usages professionnelsqui peuvent en être faits par les étudiants, tout enrestant extrêmement vigilante pour ne pas dénaturer lesocle épistémologique sur lequel elle s’est construite.

Il faut bien dire que ces préoccupations semblentaujourd’hui bien dérisoires au regard des inquiétudesliées à la situation des universités et à la manièredont étudiants et personnels sont (dé)considérés. Lesréformes se mettent en place et nous sommes désolés deconstater, comme d’autres, que ce que nous avions prévuest en train d’advenir : association à marche forcée desuniversités, rigueur et austérité dans lesétablissements, réduction drastique des crédits derecherche récurrents, terrible crise de l’emploi publicdans les établissements d’enseignement supérieur commeau CNRS... Les conditions d’étude des étudiants sedétériorent, la précarité explose, les conditions detravail des personnels (chercheurs, enseignants-chercheurs, personnel scientifique, administratif ettechnique) sont de plus en plus difficiles. Sil’inégalité s’accroît entre les établissements, si tousne meurent pas, tous sont cependant frappés, pourparaphraser le titre d’un magnifique film de SophieBruneau et Marc Antoine Roudil sorti en 2005 et consacréà la souffrance au travail.

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Face à cette situation, l’ASES ne désarme pas. Mêmes’il faut avouer que les collègues ne sont pas souventau rendez-vous des mobilisations (les sociologues sontnéanmoins souvent presque majoritaires dans lescortèges, et de cela nous pouvons être fiers), nousvoulons continuer de croire dans nos missions – éduqueret former, faire de la recherche. L’année dernière, nousavons renforcé les relations qui nous lient avecd’autres associations professionnelles de sociologues oud’autres disciplines des sciences sociales (enparticulier la science politique). Le succès de notreassemblée générale de juin (et du moment festif qui l’asuivie) et les échos que nous recevons de nos activités,en particulier de la part des collègues précaires, nousconfortent dans notre volonté de continuer à prendre lamesure de l’ampleur de la crise et de sonapprofondissement, mais de ne rien lâcher et decontinuer à lutter pour des conditions d’enseignement etde recherche qui nous permettent d’exercer notre métiercomme nous pensons devoir le faire.

Dans les prochaines semaines, nous vous informeronsd’une série d’événements que nous organisons ou auxquelsnous appelons à participer (et dont vous trouverez deséléments dans ce bulletin). Nous appelons aussi ceux etcelles qui n’ont pas encore adhéré (si, si, il y en aencore quelques un-e-s !) à nous rejoindre : plus nousserons nombreux, plus nous pourrons nous exprimer au nomde la communauté et défendre ses intérêts. Nous avonscréé ou renforcé des outils (site, liste de discussion,wiki-auditions, bulletin) qui permettent à celle-ci des’exprimer, de s’informer et finalement de se sentirplus forte. Nous avons besoin de vous et de votresoutien pour poursuivre dans cette voie.

Quoi qu’il en soit, il est encore temps de souhaiterà toutes et à tous une bonne rentrée, placée sous lesigne du succès – tout particulièrement pour noscollègues doctorant-e-s qui enseignent et terminent leurthèse et pour ceux et celles qui espèrent un poste –,mais d’abord et avant tout combative.

Laurent Willemez, président de l’ASES

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Intervention

Dérapage idéologique

Les filières de sciences humaines et sociales des universités se voient souvent accuserd’être peu porteuses sur un marché de l’emploi avide de travailleurs « compétents » etdévoués. L’ASES travaille en lien avec d’autres associations, notamment l’AssociationFrançaise de Sociologie (AFS) et l’Association des Professeurs de SciencesÉconomiques et Sociales (APSES), pour rappeler l’intérêt des études de sociologie. Nousreproduisons ici un courrier adressé par les trois associations le 30 septembre 2013 àThierry Thuilier, directeur de l’information de France 2, pour dénoncer le caractèreidéologique de propos diffusés lors du journal du soir.

Monsieur Thuilier,

Au cours du journal de 20h diffusé sur France 2 le jeudi 26septembre 2013, un reportage a été consacré aux écolesd’entreprises. A l’issue de cette présentation, sur leplateau, un journaliste, M. Jean-Paul Chapel, a apporté deséléments complémentaires. Nous retranscrivons ci-dessousl’intégralité de l’échange avec M. David Pujadas, leprésentateur du journal ce jour-là :

« David Pujadas : Bonsoir Jean-Paul Chapel. Cette écolen’est pas un cas unique. Il y en a de plus en plus.- Jean-Paul Chapel : De plus en plus d’entreprises créent

leur propre école ou campus : Volkswagen, Veolia, Airbus ouencore Banette, Systeme U, Speeda pour ne citer qu’elles.Chacune forme une centaine de personnes en moyenne chaqueannée. Des diplômes reconnus par l’État ou par la brancheprofessionnelle. Attention : là, on ne parle pas de formationcontinue pour les salariés mais bien d’étudiants qui, unefois diplômés, sont en général recrutés par l’entreprise.- David Pujadas : Pourquoi ces créations ?- Jean-Paul Chapel : Regardez ce chiffre : 120 000 postes

non pourvus selon Pôle Emploi. Du coup, les entreprisesforment elles-mêmes des jeunes, que l’enseignement public neforme pas. Soit parce que les métiers sont de plus en plustechniques. Soit parce que certains métiers rebutent, laboucherie par exemple. Mais aussi à cause d’une mauvaiseorientation : des bataillons de bacheliers choisissent lapsycho ou la sociologie, sans grands débouchés. Enfin, pourl’entreprise, il y a un avantage à assurer une formation

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"sur-mesure" : un diplômé plus fidèle, voire plus docile,qu’on peut juger sur ses compétences mais aussi sur soncomportement. »

En tant que Présidente de l’Association des Professeurs deSciences Économiques et Sociales (APSES), Président del’Association Française de Sociologie (AFS) et Président del’Association des Sociologues Enseignant-e-s du Supérieur(ASES), la phrase « Mais aussi à cause d’une mauvaiseorientation : des bataillons de bacheliers choisissent lapsycho ou la sociologie, sans grands débouchés » a retenutoute notre attention. Aussi nous souhaitons savoir surquelles sources précises se base votre collaborateur pourtenir de tels propos. Pour être encore plus précis, nousaimerions connaître la mesure objective et comparée avecprécision qu’il donne à l’expression « sans grandsdébouchés ».

Vous comprendrez, Monsieur, que ce type « d’information »diffusé à une heure de grande écoute peut nuire gravement àl’image de nos formations, au respect de nos personnels et àl’investissement de nos étudiants et de leur famille. Nousconsidérons que les journalistes, à l’égal des sociologuessur ce point, ont une déontologie, et qu’à ce titre, ilsdoivent disposer de sources, les vérifier et les citer. Nousnous étonnons par ailleurs qu’une chaîne du service publics’autorise à affirmer le manque de débouchés professionnelsde filières universitaires de sciences humaines et socialessans la moindre source, pour vanter à l’inverse l’insertionprofessionnelle de jeunes formés dans des écoles privées, surla base d’un reportage affirmant que les candidats issus del’école créée par le groupe Free auront « l’assurance quasicertaine, d’avoir du travail » alors qu’aucune promotionn’est encore sortie de cette école ! Là encore, la rigueur duraisonnement journalistique pose question. C’est pourquoi,nous vous interpellons au nom de notre communautéprofessionnelle, que nous avons alertée, sur ce que nousconsidérons comme un dérapage déontologique.

À ce titre, il nous paraîtrait légitime que dans un de vosJT, vos équipes analysent sérieusement ces questions, ce quiamènerait à corriger les propos du 26 septembre. Nos troisassociations se tiennent d’ailleurs à leur disposition pourles aider dans cette tâche.

Sincères salutations,

Didier Demazière, Président de l’AFSMarjorie Galy, Présidente de l’APSES

Laurent Willemez, Président de l’ASES

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Publication

« Je réussis en socio »

Alexandre Mathieu Fritz revient dans une réunion publique de l’ASES (juin2013) sur le projet de publication du guide Je réussis en socio coécrit avec OlivierMartin et Emmanuelle Brun.

Cela faisait un moment déjà que j’avais constaté – et déploré –, très certainementcomme la plupart d’entre nous, que la sociologie et les sociologues étaient assez malconnus, voire méconnus, en tout cas, qu’ils ne bénéficiaient pas souvent d’une imagesociale positive, bien au contraire. Quand j’entends dire, dans les médias, par certainshommes politiques que les facs de sociologie drainent trop d’étudiants – sous-entendantpar là que nous contribuons à produire des chômeurs, cela m’agace profondément. J’aidonc vu dans ce projet d’ouvrage la possibilité de rétablir quelques vérités concernantles débouchés professionnels de la sociologie. L’idée principale était de tordre le cou àcertaines idées reçues et certains types de raisonnement qui sont : comme on ne voit pasbien l’utilité sociale de la sociologie, c’est qu’elle n’en a peut-être pas, c’est qu’elle nedoit servir à rien.

Les études de sociologie mènent pourtant à des métiers très différents dans dessecteurs diversifiés et ne conduisent pas au chômage. Autre idée reçue contre laquellenous devons nous élever : les études de sociologie à l’université seraient très difficiles,il y a beaucoup d’échec. En réalité, les plupart des échecs sont liés à des abandons oudes bifurcations1. Enfin, la sociologie est trop souvent confondue avec le « social » –entendu au sens « d’intervention sociale » – qui ne constitue qu’un débouché parmid’autres. Cet ouvrage était l’occasion d’exprimer tout cela de façon explicite etdétaillée.

1 [NDLR] Voir Romuald Bodin et Mathias Millet, « La question de l’abandon et desinégalités dans les premiers cycles à l’université », Savoir/agir, n° 17, 2011, p. 65-73.

Emmanuelle Brun, Olivier Martin, Alexandre Mathieu Fritz, Je réussisen socio, Armand Colin, 2012, 200 p., 11,50 €.

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Sommaire du livre

Qu’est-ce que la sociologie ?1. La sociologie : une discipline pour étudier les sociétéstelles qu’elles sont2. La sociologie : une discipline « sans frontières » mais sedémarquant des autres domaines de connaissance3. La sociologie : une discipline avec des terrains,méthodes, résultats et théories

Comment travailler pour réussir ?4. S’adapter et travailler efficacement à l’université5. Les principaux modes d’évaluation en sociologie

Quels cursus et quels débouchés ?6. Les cursus universitaires de sociologie7. La grande diversité des débouchés professionnels8 Témoignages d’étudiants : et eux, qu’en pensent-ils ?9. Où faire une licence en sociologie ? Où trouver desmasters de sociologie ?

Pour aller plus loin...

ProlongementsBernard Lahire, À quoi sert la sociologie ? Paris, LaDécouverte, 2002, rééd. 2004.

Patrick Dubéchot, La sociologie auservice du travail social, Paris, LaDécouverte, 2005.

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Tribune

Non, la sociologie n’estpas une usine à

chômeurs !

Pour répondre publiquement aux propos tenus à l’encontre des sciences sociales et del’université dans son ensemble, l’ASES et l’AFS ont coécrit une tribune, publiée dansLibération le 23 janvier 2014 et dont voici la version longue (que vous pourrez retrouver enligne sur le site de l’ASES).

De la stigmatisation dessociologues, de leursétudiants et de l’universitépublique

Derrière une prétendue course àl’excellence et de multiples dispositifsd’aide à la réussite des étudiants, nousassistons depuis quelques années à unestigmatisation et une fragilisationsystématiques des universités françaises, deleurs missions, de leurs étudiants. Avec biend’autres disciplines, notamment dans lesecteur des lettres, des sciences humaines etsociales, les formations en sociologie sontl’objet de cette entreprise disqualifiante,portée par des réformes et par des discoursmédiatiques et politiciens qui résultent bienplus de l’idéologie et de parti-pris qued’analyses solides.

Ainsi il n’est pas rare que desjournalistes ou des représentants politiques,y compris parmi les plus haut placés, fassentétat de la faiblesse des débouchésprofessionnels des sciences humaines etsociales, et de la sociologie en particulier.Voici quelques morceaux choisis :

« Dès la seconde, les jeunes doivent

savoir que des filières comme l’histoire, lasociologie ou la psychologie, connaissentdes difficultés d’insertion. Ils doivent êtreprévenus. » (Geneviève Fioraso, ministrede l’Enseignement Supérieur et de laRecherche, Le figaro.fr, 20 mars 2013).

« Du coup, les entreprises formentelles-mêmes des jeunes, quel’enseignement public ne forme pas. Soitparce que les métiers sont de plus en plustechniques. Soit parce que certains métiersrebutent, la boucherie par exemple. Maisaussi à cause d’une mauvaise orientation :des bataillons de bacheliers choisissent lapsycho ou la sociologie, sans grandsdébouchés. » (Jean-Paul Chapel,journaliste, interviewé par David Pujadasau cours du journal de 20h diffusé surFrance 2, jeudi 26 septembre 2013, après ladiffusion d’un reportage consacré auxécoles d’entreprises).

« Mieux vaudrait rationaliser lesdépenses en supprimant toutes les filièresqui ne conduisent à rien – par exemplepsychologie, sociologie ou encore géologieà l’université – et en réintroduisant lesentreprises dans la formation plutôt que deleur demander de faire des efforts sur leurspropres deniers pour former des jeunes :

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alors que c’est le rôle de l’éducationnationale, celle-ci délivre au contraire à desjeunes entre seize ans et dix-neuf ans unefausse formation que les parents se serontsacrifiés à payer bien qu’elle ne mène àrien. » (Fernand Siré, député UMP desPyrénées Orientales, réunion de laCommission des Affaires Sociales del’Assemblée nationale, 16 mars 2011).

Placées sous le sceau du bon sensapparent, ces allégations ont des effets demauvaise réputation auprès de nos collèguesd’autres disciplines et des familles, etparticipent au travail de sape massif del’université. En effet, dans un systèmed’enseignement supérieur dominé par lesfilières sélectives des « grandes écoles », lesuniversités et notamment les filières deslettres et des sciences humaines sont perçuescomme des formations inutiles, destinées àaccueillir des étudiants peu doués, indécis etpilotées par des universitaires insouciants setenant à l’écart des « vrais enjeux »,évidemment économiques…

Or ces propos sont d’autant plusinsupportables qu’ils sont déconnectés detoute réalité. Nous, sociologues, membresd’associations professionnelles, élu-e-s dansles conseils centraux des universités,directrices et directeurs d’UFR,responsables de formations (licence, master,doctorat) en sociologie, entendons icirappeler un certain nombre d’éléments surnos étudiants, filières et discipline.

À propos des débouchés desfilières sociologiques

En matière d’insertion sur le marché dutravail, malgré les difficultés à mesurer avecprécision les devenirs des diplômés [quelsqu’ils soient], tous les indicateurs montrentque les diplômés des sections de lettres etsciences humaines connaissent des destinstout à fait comparables à ceux issus de biend’autres formations. Selon les enquêtesstatistiques du Céreq, la proportion dedétenteurs d’un Master de scienceshumaines qui connaissent un « accès rapide

et durable à l’emploi » est comprise entre61 % et 64 % : les étudiants en scienceshumaines se situent ainsi tout à fait dans lamoyenne des taux d’insertion des étudiantspossédant un Master (toutes disciplinesconfondues), voire légèrement au-dessus.Et selon le Ministère de l’EnseignementSupérieur et de la Recherche, le tauxd’insertion des étudiants titulaires d’unMaster de sociologie ou d’un Masterpluridisciplinaire de sciences humaines etsociales est compris entre 87 % et 89 %.Depuis de nombreuses années, lesformations sociologiques de niveau Mastersont construites sur des débouchésprofessionnels, identifiés et travaillés parles équipes de formation. Ces débouchéssont très nombreux et s’étendent bien au-delà du seul domaine de l’enseignement etde la recherche : les sociologues sontembauchés en entreprise, au seind’administrations ou de collectivités,d’associations ou d’organismes, dans lesdomaines du conseil, de l’urbanisme, del’intervention sociale, de la formation, dumarketing, de la communication, del’expertise humaine et sociale, del’éducation et de la culture, etc.

Les formations en sociologie n’ontdonc pas à rougir devant les tauxd’insertion de beaucoup d’autresdisciplines, y compris celles des secteursdes techniques, des sciences fondamentales,des sciences de la vie, des sciencesgestionnaires ou économiques (qui varientglobalement de 83 % à 97 %). Et, plusgénéralement, les formations universitairesne déméritent pas face aux taux d’insertiondes « grandes écoles », qui sont pourtantdotées de moyens financiers biensupérieurs.

À propos de l’échec àl’université et en sociologieen particulier

Le premier cycle de sociologie, commeles premiers cycles universitaires engénéral, est particulièrement dénoncé

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comme un lieu d’échec. S’il est vrai queseulement un étudiant sur deux de premièreannée de licence passe en seconde année, letaux d’échec en première année de médecineest considérablement plus élevé (80-85 %).Et en 2006, ce sont seulement 60 % desélèves des classes préparatoires scientifiquesou commerciale qui ont intégré une école –en dépit de la sélection initiale descandidats, du faible effectif en premièreannée, et du coût unitaire bien plus élevé dechacun de ces étudiants pour la collectivité.Mais de ceux-là, on ne parle pas…

Or de quoi parle-t-on exactementlorsqu’on évoque les « échecs » àl’université ? Le terme ne se justifie pas caril s’agit davantage d’abandons, que l’onpourrait également appeler des changementsde trajectoire au sein d’un cursus, pour desraisons très différentes : arrêt définitif desétudes pour des raisons économiques ;départ en année « sabbatique » ; réussited’un concours de la fonction publique oud’accès à un autre cursus de formation ;bifurcation vers un BTS ou une école ;réorientation dans une autre filièreuniversitaire ; sortie du systèmeuniversitaire après l’obtention d’un emploiou la transformation d’un contrat temporairede travail en CDI… Autant deconfigurations qui témoignent du fait que lesjeunes bacheliers deviennent des étudiantsaux profils divers, aux horizons sociauxhétérogènes, aux parcours scolairesvariables et aux projets différents.

En outre, pour certains, les « sorties »d’étudiants des cursus universitaires enlettres ou sciences humaines et socialesconstitueraient des échecs et donc la preuvede l’inadaptation de ces formations, alorsque les « sorties » d’autres filières ouformations seraient le signe de leurefficacité car la preuve de leur sélectivité ! Ily a beaucoup d’a priori et peu de rigueurderrière ces allégations !

Continuer à assurer nosmissions

Le fait de permettre à un nombreimportant d’étudiants d’obtenir à la fois uneformation culturelle qui leur est refuséeailleurs pour cause de sélection initiale, oufinancière, et ensuite, grâce à elle, uneinsertion sociale et professionnelle qui,même hétérogène, s’avère souventsupérieure à celle de leurs parents,constitue, contrairement à ce qu’en disentces lieux communs, une réelle réussite.

Les formations rêvées par les ministreset ministères, les parents, les étudiants maisaussi par les enseignants seraient desformations accessibles à tous, gratuites,sans distinction de niveau scolaire nid’origine sociale, où l’échec seraitimpossible et dont on sortirait avec undiplôme garantissant un emploi qualifié dequalité. Il s’agirait donc d’un système où ilsuffirait d’entrer pour en sortir qualifié,employable et employé. Personne ne peutcroire ni même rêver à un tel système !C’est oublier le rôle du marché de l’emploiet de l’économie (dont les universités nesont pas responsables !), mais aussi desmécanismes de sélection sociale etéconomique, comme les volontés desindividus à construire des trajectoirespropres.

Les universités, et en particulier lessciences humaines et sociales, forment defuturs travailleurs, qui participeront ausystème productif et à l’économiemondialisée. N’oublions toutefois pas quela mission des universités ne s’arrête pas àce seul objectif : les universités et nosformations en particulier, délivrent aussides savoirs, une culture, un esprit d’analyseet de synthèse, un regard critique sur lemonde, une aptitude à s’adapter à celui-ci età ses changements permanents, c’est-à-direqu’elles forment des citoyens aptes àparticiper au débat public et pouvantœuvrer aux transformations positives d’unesociété en vue de davantage de progrèspour tous.

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Bulletin de l’ASES Vol. 41 – Septembre 2014

Premiers signataires : AFS(Association Française de Sociologie),ASES (Association des Sociologues del’Enseignement Supérieur), APSES(Association des Professeurs de SciencesÉconomiques et Sociales), AssociationChamp Libre pour les sciences sociales,Association Savoir/Agir, Alex ALBER (Univ.de Tours), Isabelle ASTIER (Univ. dePicardie), Jean-Yves AUTHIER (Univ.Lyon 2), Sophie AVARGUEZ (Univ. dePerpignan), Christelle AVRIL (Univ. ParisNord), Sandrine BARREY (Univ. ToulouseLe Mirail), Gérard BAUDIN (Ecoled’architecture de la ville et des territoires),Stéphane BEAUD (ENS), Choukri BEN AYED

(Univ. de Limoges), Régine BERCOT (Univ.Paris 8), Sophie BERNARD (Univ. ParisDauphine), Jérome BERTHAUT (Univ. deBourgogne), Louis BERTRAND (ASES),Dominique BEYNIER (Univ. de Caen), AnneBORY (Univ. Lille 1), Isabelle BOURGEOIS

(AFS), Valérie BOUSSARD (Univ. ParisOuest), Philippe BRUNET (Univ. d’Évry),Didier BUSCA (Univ. Toulouse Le Mirail),Grégory BUSQUET (Univ. Paris Ouest), JoseCALDERON (Univ. Lille 1), Coline CARDI

(Univ. Paris 8), Philippe CARDON (Univ.Lille 3), Rémy CAVENG (Univ. de Picardie),Sylvie CÉLÉRIER (Univ. d’Évry), FrançoiseCLAVAIROLLE (Univ. de Tours), MargueriteCOGNET (Univ. Paris Diderot), AnnieCOLLOVALD (Univ. de Nantes), GéraldineCOMORETTO (ASES), Laurence COSTES

(Univ. d’Évry), Baptiste COULMONT (Univ.Paris 8), Bruno COUSIN (Univ. Lille 1), ÉricDAGIRAL (Univ. Paris Descartes), FannyDARBUS (Univ. de Nantes), ClaudineDARDY (Univ. Paris Est), Roxana DE

FILIPPIS (Univ. du Havre), DidierDEMAZIÈRE (CNRS / AFS), Sophie DENAVE

(Univ. Lyon 2), Mohamed DENDANI (Univ.d’Aix Marseille), Jean-Michel DENIS (Univ.Paris Est), Pascal DEPOORTER (Univ. dePicardie), Sophie DEVINEAU (Univ. deRouen, Thierry DEZALAY (Univ. du Havre),Jean-Pierre DURAND (Univ. d’Évry), JulesFALQUET (Univ. Paris Diderot), JeanFERRETTE (ASES), Renaud FILLIEULE

(Univ. Lille 1), Sébastien FLEURIEL (Univ.Lille 1), Cédric FRÉTIGNÉ (Univ. Paris Est),Piero GALLORO (Univ. de Lorraine),Sandrine GARCIA (Univ. Paris Dauphine),William GASPARINI (Univ. de Strasbourg),Médéric GASQUET-CYRUS (Univ. d’AixMarseille), Matthieu GATEAU (Univ. deBourgogne), Christophe GAUBERT (Univ.de Limoges), Arlette GAUTIER (Univ. deBretagne Occidentale), Sandra GAVIRIA

(Univ. du Havre), Yves GILBERT (Univ. dePerpignan), Éric GILLES (Univ. de Poitiers),Violaine GIRARD (Univ. de Rouen),Dominique GLAYMANN (Univ. Paris Est),Mathieu GRÉGOIRE (Univ. de Picardie),André GRELON (EHESS), FabriceGUILBAUD (Univ. de Picardie), MatthieuHÉLY (Univ. Paris Ouest), EmmanuelHENRY (Univ. Paris Dauphine), OdileHENRY (Univ. Paris 8), Bernard HERENCIA

(Univ. Paris Est), Julie JARTY (Univ.Toulouse Le Mirail), Aurélie JEANTET

(Univ. Paris Sorbonne Nouvelle), FannyJEDLICKI (IUT du Havre), SolenneJOUANNEAU (Univ. de Strasbourg), PriscaKERGOAT (Univ. Toulouse Le Mirail),Michel KOEBEL (Univ. de Strasbourg),Claudette LAFAYE (Univ. Paris 8), BernardLAHIRE (ENS Lyon), Michel LALLEMENT

(CNAM), Yvon LAMY (Univ. de Limoges),Emmanuel LANGLOIS (Univ. de Bordeaux),Nathalie LAPEYRE (Univ. Toulouse LeMirail), Sylvain LAURENS (EHESS), RémyLE SAOUT (Univ. de Nantes), FrédéricLEBARON (Univ. Versailles St-Quentin),Frédérique LEBLANC (Univ. Paris Ouest),Marie-Pierre LEFEUVRE (Univ. de Tours),Élise LEMERCIER (Univ. de Rouen), MarieLESCLINGAND (Univ. de Nice), WenceslasLizé (Univ. de Poitiers), Iris LOFFEIER

(Univ. du Luxembourg), Gildas LOIRAND

(Univ. de Nantes), Marie LOISON-LERUSTE

(Univ. Paris Nord), Mohamed MADOUI

(CNAM), Aurélia MARDON (Univ. Lille 1),Éric MARLIÈRE (Univ. Lille 3), OlivierMARTIN (Univ. Paris Descartes), PascalMARTIN (AFS/ASES), Gérard MAUGER

(CNRS / Savoir/agir), Olivier MAZADE

(Univ. Lille 1), Dominique MÉDA (Univ.

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Paris Dauphine), Denis MERKLEN (Univ.Paris Sorbonne Nouvelle), Nadine MICHAU

(Univ. de Tours), Hélène MICHEL (Univ. deStrasbourg), Mathias MILLET (Univ. dePoitiers), Lamia MISSAOUI (Univ. ToulouseLe Mirail), Denis MONNERIE (Univ. deStrasbourg), Séverin MULLER (Univ.Lille 1), Érik NEVEU (Sciences Po Rennes),Frédéric NEYRAT (Univ. de Limoges),Alexandra OESER (Univ. Paris Ouest), Jean-Louis OLIVE (Univ. de Perpignan), ChristianPAPINOT (Univ. de Poitiers), WillyPELLETIER (Champ libre), Élise PENALVA-ICHER (Univ. Paris Dauphine), BrunoPÉQUIGNOT (Univ. Paris SorbonneNouvelle), Patrick PÉREZ (Univ. d’Aix-Marseille), Ana PERRIN-HEREDIA

(CNRS /ASES), Mathilde PETTE (Univ.Lille 1), Roland PFEFFERKORN (Univ. deStrasbourg), Odile PIRIOU (Univ. de Reims),Christian POIRET (Univ. Paris Diderot),Swanie POTOT (CNRS / Comité National duCNRS), Tristan POULLAOUEC (Univ. deNantes), Marie-Pierre POULY (Univ. deLimoges), Romain PUDAL (CNRS /AFS),Maxime QUIJOUX (CNRS / AFS), AudeRABAUD (Univ. Paris Diderot), CécileRABOT (Univ. Paris Ouest), Jean-NoëlRETIÈRE (Univ. de Nantes), Jean-LucRICHARD (Univ. Rennes 1), CyrilleROUGIER (Univ. de Limoges), FrédéricROUX (ESPE Aquitaine), Sylvie ROUXEL

(CNAM), Olivia SAMUEL (Univ. VersaillesSt-Quentin), Catherine SCORNET (Univ.

d’Aix Marseille), Nicolas SEMBEL (ESPEAquitaine), Delphine SERRE (Univ. Paris 1),Ariel SEVILLA (Univ. de Reims), SimonaTERSIGNI (Univ. Paris Ouest), ArmelleTESTENOIRE (Univ. de Rouen), AlainTHALINEAU (Univ. de Tours), Daniel THIN

(Univ. Lyon 2), Guillaume TIFFON (Univ.d’Évry), Maryse TRIPIER (Univ. ParisDiderot / ASES), Judit VARI (Univ. deRouen), Livia VELPRY (Univ. Paris 8),Juliette VERDIÈRE (Univ. Lille 1),Dominique VIDAL (Univ. Paris Diderot),Cécile VIGNAL (Univ. Lille 1), PhilippeVITALE (Univ. d’Aix Marseille), TommasoVITALE (Sciences Po), Daniel WELZER-LANG (Univ. Toulouse Le Mirail), LaurentWILLEMEZ (Univ. Versailles St-Quentin),Bernard WOEHL (Univ. de Strasbourg),Zaihia ZEROULOU (Univ. Lille 1).

Vous pouvez exprimervotre soutien en signant lapétition en ligne :http://www.petitions24.net/non_la_sociologie_nest_pas_une_usine_a_chomeurs#form

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Bulletin de l’ASES Vol. 41 – Septembre 2014

Article

La sociologie et le champ dutravail social

Par Eric Marlière (Université de Lille 3, CeRIES)

Depuis quelques années un certainnombre de changements, effectués ouannoncés, agitent le monde del’enseignement du travail social (et de larecherche sur cet objet). Le cadreeuropéen a en effet fixé une feuille deroute, qui prévoit de Hautes Écolesprofessionnelles en action et en santé, àl’instar de ce que l’on trouve par exempleen Belgique, en Suisse ou encore auCanada. Au Chili, il existe au moins deuxtypes de filières travail social :l’équivalent des IUT, mais aussi une filièreacadémique longue (magister de 5 ans –équivalent master), comprenant des stages,au sein des universités (souvent privées).On trouve en France des éléments allantdans ce sens : le CNAM propose ainsi undoctorat en « travail social » qui a étévalidé par le ministère.

Ces questions sont sous-tendues parde nombreux enjeux, liés entre autres à destensions de nature diverse, dans lecontexte délétère que rencontrent lesétablissements d’enseignement supérieuret de la grave crise de l’emploi. Une partiedes acteurs (formateurs praticiens,enseignants-chercheurs, enseignants) s’estdéjà saisie depuis quelques années de cesquestions. Dans le prolongement deplusieurs séminaires, une « conférence deconsensus », à l’initiative du CNAM et del’UNAFORIS, s’est tenue à Paris les 15 et16 novembre 2012, intitulée « La

recherche en/dans/sur le travail social ».Nous nous proposons ici d’en rendrecompte, sans prendre position pourl’heure, mais de manière à nourrir lesréflexions sur ces questions.

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La conférence de consensus

La conférence de consensus est unprocessus de réflexion collective qui aide àéclairer une question controversée. Elleconsiste en la rédaction d’un état des lieuxet de propositions par un jury au termed’une présentation publique de rapportsd’experts faisant la synthèse desconnaissances. Elle visait en l’occurrence àrépondre à huit questions. Il sera questionici de quatre points intéressant plusparticulièrement les sociologues.

1°) La question de fond est de savoircomment développer la recherche dans lechamp du travail social. La recherche asurtout été investie par des sociologues etdes chercheurs en sciences de l’éducationextérieurs au monde professionnel. Or lesévolutions (harmonisation des diplômeseuropéens, concurrence avec l’université…)invitent les professionnels du champ del’intervention sociale à être eux aussi encapacité de produire de la connaissance etde faire de la recherche. Ce qui réactive desdébats anciens et des oppositions parfoistranchées, au sein du secteur, sur lareconnaissance des savoirs professionnels etsur le développement d’une rechercheciblée sur les pratiques d’intervention,jusqu’ici peu étudiées. En toile de fond, desenjeux de valorisation du travail social etdes stratégies d’acteurs. L’initiative portéepar le CNAM (Chaire du Travail Social) etl’UNAFORIS (Union Nationale desAssociations de Formation et de Rechercheen Intervention Sociale), appuyée par laDGAS (Direction Générale de l’ActionSociale) s’inscrit aussi dans le droit-fil despréoccupations de ces deux promoteurs decréer un doctorat mention travail social etde Hautes Écoles Professionnelles enAction Sociale et de Santé (HEPASS). À cejour, seul le CNAM a reçu un aval pour sondoctorat mais les Hautes Écoles pourraientprochainement voir le jour dans le cadre duLMD encouragé par l’Europe.

2°) Les savoirs du travail socialpeuvent-ils être reconnus comme unescience et donc une disciplineacadémique ? Cette question fait l’objetd’un débat passionné depuis plus dequarante ans. Pour les uns, le travail socialne remplit pas les conditionsépistémologiques pour être une science.C’est principalement la positiond’universitaires, notamment de sociologuesdes IUT et des formateurs-chercheursd’ACOFIS (Association des Chercheurs desOrganismes de la Formation et del’Intervention Sociale). D’autres formateursou praticiens-chercheurs réfutent cesarguments. Ils y voient l’expression de ladomination des sciences sociales,sociologie en tête : ils souhaitent conserverune position hégémonique, quasi-monopolistique, sur le champ et invoquentl’incapacité des sciences sociales,« dominées par le positivismescientifique », à reconnaître les savoirspratiques dont ces professionnels s’estimentles « experts ». L’AFFUTS (AssociationFrançaise pour la promotion de la rechercheen travail social) semble tenir cetteposition.

3°) Peut-il exister une recherche« en » travail social ? C’est larevendication de l’AFFUTS, dont lesreprésentants citent l’exemple des États-Unis et de plusieurs pays européens, mêmesi ses membres sont divisés sur lareconnaissance d’une science en TravailSocial. L’ambiguïté persiste puisque savice-présidente estime nécessaired’instituer une recherche en travail social,dont l’objet spécifique serait d’ « étudier lespratiques de terrain pour les rendreintelligibles dans toute leur complexité eten prenant compte leur caractère situé ».

Pour d’autres, la recherche en travailsocial existe déjà – le praticien est en mêmetemps chercheur. Si nous ne doutons pas dela connaissance développée par lesprofessionnels et praticiens du champ, cette

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posture détonne avec la constructionacadémique labellisée jusqu’ici d’un objetscientifique.

Pour d’autres formateurs-chercheursaux positions médianes, il serait possible dedévelopper une recherche appliquée autravail social. À l’inverse, pour le présidentd’ACOFIS (Association des Chercheurs desOrganismes de la Formation et del’Intervention Sociale), la recherche entravail social ne peut exister en tant quediscipline scientifique. Cependant, il seraitenvisageable de créer un espace deformation et de recherche – ou undépartement de travail social – reconnu auniveau académique. Cet espace devraits’articuler avec les sciences sociales àl’analyse des pratiques et tisser un lien entrechercheurs, formateurs et praticiens, dotantle travail social d’un corpus théorique,méthodologique et pratique digne d’untravail de recherche scientifique.

4°) Quelle structuration du champd’une recherche relative au travailsocial ? Certains veulent dépasser lesdébats et estiment que la question principaleest celle de la structuration d’un espace derecherche qui englobe les productions desétudiants, des formateurs, des praticiens etdes chercheurs. La recherche doit sedécliner en plusieurs modalités – recherchefondamentale, recherche appliquée,recherche-action, etc. – en fonction desdestinataires – employeurs, chercheurs,administrations. Selon certains formateurs,il est urgent de donner des moyens auxcentres de formation afin de produire de laconnaissance sur les questions quitraversent le travail social. Il faudrait deslaboratoires pluridisciplinaires à envergurenational. Mais qui dirigerait ceslaboratoires ? Pour la majorité, despraticiens-chercheurs, comme le pense unemajorité de formateurs-chercheurs del’AFFUTS.

Les PREFAS (Pôles Recherche etd’Étude pour la Formation et l’ActionSociale) ont permis de fédérer à différents

degrés des centres de formation, desuniversités, des structures d’observation,des employeurs et des administrations. Enfait, les configurations diffèrent selon lesindividus qui dirigent ces PREFAS et leurpropre formation même si lareconnaissance avec label universitaire desrecherches produites reste prépondérante.Ils tendent globalement à se positionnercomme producteurs de recherche en travailsocial. La tension se situe entre la volontéde créer des laboratoires à envergurenationale avec des universitaires (positiond’ACOFIS) et d’autres à dimensionrégionale voire de proximité moins ouvertsdans leur composition (AFFUTS).

L’ASES face à ces questions

Les enjeux pointés ici font apparaîtreles positions contradictoires des praticienset formateurs-chercheurs, qui restentstratégiques dans la mesure où le travailsocial reste un outil politique et dupolitique. La conférence de consensus amontré aussi des postures ambivalentes vis-à-vis du monde universitaire, qui peuventen partie se comprendre par une relativefermeture de celui-ci à certains praticiens etformateurs, mais pas seulement. Le risqueest une monopolisation du champ « travailsocial », jusqu’alors étroitement lié à lasociologie (mais aussi à la psychologie etaux sciences de l’éducation), par une partiedes praticiens et des formateurs, quiinstaurerait une hiérarchie nouvellefortement influencée par les approchesgestionnaires des financeurs de la brancheprofessionnelle du travail social. À cetégard, la position de l’AssociationACOFIS, qui souhaite garder des liens avecles universitaires – mais de manière pluséquitable –, est encore minoritaire dans lechamp des formateurs en travail socialaujourd’hui.

La compétition pour la formation desétudiants en travail social (c’est-à-dire lacompétition pour « avoir » des étudiants)

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existe déjà entre IUT, universités et écoles.Ainsi, dernièrement, à Limoges, ledépartement de sciences de l'éducation adécidé d’accorder la licence aux Assistantsde service social qui suivraient quelquesenseignements de sciences de l'éducation.Cette action interroge pour le moins : lesdépartements de sociologie doivent-ils fairele même type de propositions en directiondes éducateurs ? Ne faut-il pas aussinégocier que nos étudiants de licenceentrant dans ces écoles puissent avoir unparcours aménagé ?

Il nous semble important de réfléchircollectivement aux problèmes que cela peutposer à l’avenir, d’autant plus dans lecontexte général morose de l’ESR,notamment en SHS.

Où et à qui seront imputés les créditsde recherche sur des objets portant sur le« travail social » ou périphériques au travailsocial (vieillesse, handicap, délinquance,protections sociales, etc.) ? On ne peut quecraindre l’accroissement de la compétitionentre universités, IUT, écoles de travailsocial et futures Hautes Écoles« professionnelles » pour le recrutement desétudiants (à l’image des sciences del’éducation par exemple).

Se pose bien sûr la question du nombrede postes affectés à cette nouvellediscipline. Ces postes peuvent être attractifspour la masse des précaires qui ne trouventpas de place en sociologie mais il faut, laplupart du temps, un diplôme d’État detravail social afin de pouvoir enseignercomme titulaire dans les écoles de travailsocial.

On peut craindre la baisse des effectifsen sociologie et/ou du nombre d’heuresd’enseignement de sociologie dans desformations plus larges déjà existantes detype « travail social » (en écoles, en IUT),baisse inquiétante économiquement commethéoriquement : ne faut-il pas des basesméthodologiques rigoureusementsociologiques dans le champ du travailsocial si celui-ci se réclame du domaine de

l’enquête et de la recherche-action ?Plus généralement, la question croise

celle de la multiplication de sections duCNU, c’est-à-dire de l’éclatement desdisciplines originelles en sous-ensembles(cela a été le cas pour la gestion ou lessciences de l’éducation, plus récemmentpour la criminologie…).

Cela nous interroge, en tantqu’enseignants en sociologie, sur lescontenus d’enseignement que noustransmettons à des publics différents, et quine sont pas tous amenés à devenir« sociologues », mais aussi sur la possibledévalorisation des compétences propres ànotre discipline, renvoyée à un universréflexif sans possibilités d’application.C’est pourquoi il faudrait réfléchir auxatouts et outils que propose la sociologie etenvisager les « compétences » (maisattention, c’est aussi en ce moment unformat imposé) que peut procurer notrediscipline aux étudiants par rapport auxautres formations (spécificités commepasserelles).

Nous devons réfléchir enfin auxdiplômes de master 2 (niveau 1 pour lesécoles du travail social) au sujet desCAFDES (Certificat d’Aptitude auxFonctions de Directeur d’ÉtablissementSocial) et DEIS (Diplôme d’État IngénierieSociale) qui donnent lieu à de véritablesenseignements à l’université et quipermettent aussi aux étudiants de sociologiede se rapprocher du monde professionnel.

Les enjeux ne sont ni uniquementthéoriques, ni exclusivement professionnels(en terme de « place » des uns et desautres) : ils sont également économiquesdans un contexte pour le moins difficileaccentué par les directives européennes. Enoutre, les centres de formation (écolesactuelles et futures Hautes Écoles) sont desespaces d’insertion professionnelle pournos étudiants, mais aussi pour les docteursen sociologie qui peuvent y trouver despostes.

La tension qui existe entre la légitimitéde la recherche académique et scientifique

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et les autres recherches (recherche-action,recherche appliquée, etc.) devrait nousconduire à réfléchir à une coproduction derègles pour la recherche en « sociologie dusocial » avec nos collègues des écoles dutravail social. Pour préserver notrediscipline mais aussi donner une plusgrande légitimité aux enseignants desinstituts de formation en travail social, ilnous paraît essentiel de réfléchircollectivement, sociologue des universitéset des écoles, aux labellisationsuniversitaires qui se jouent au niveauinternational et national afin de trouver des

points de convergence.Le sujet est complexe et épineux.

Nous n’avons pas, pour le moment, deposition arrêtée mais plutôt de multiplesinterrogations, doutes et craintes que noussouhaitons partager avec nos collèguesuniversitaires mais aussi avec nos confrèrespraticiens et formateurs-chercheurs desécoles du travail social. L’ASES invite sesmembres et adhérent-e-s à y réfléchircollectivement aussi bien sur ses listes quedans les établissements.

Prise de position

Pour une sociologie hors les murs

Je suis un « militant » actif de l’enseignement de lasociologie hors les murs, à l’extérieur de l’université, parexemple dans les IRTS – auprès des travailleurs sociaux –, dansles IFSI – auprès des élèves infirmiers (je me suis investipendant près de deux ans dans le processus d’universitarisationdes IFSI), dans les IFCS (instituts de formation des cadres desanté). On peut aussi penser aux écoles d’ingénieurs ou decommerce. J’ai créé un certain nombre de partenariats avec lesinstitutions.

Je pense qu’il est important que les sociologues (en toutcas certains d’entre eux) réalisent des cours auprès des nonspécialistes : c’est plus difficile (pour diverses raisons),mais c’est nécessaire pour donner à notre discipline l’imagequ’elle mérite d’avoir, qui doit rayonner en dehors du champacadémique, en dehors de l’université. L’idée est d’apporter denouveaux outils de compréhension de la réalité sociale à desnon spécialistes ; ce qui contribue à mettre en évidencel’utilité de la sociologie.

Alexandre Mathieu Fritz, CA de l’ASES, 22 juin 2013

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Information

Prochain rendez-vous

Vendredi 10 octobre 2014, 9h30-12h30

Université Paris Ouest Nanterre, bâtiment F, salle F142

Conférence publique

« Économie(s) de la connaissance ?

La valeur du savoir dans les sociétés néolibérales »

« État, science et néolibéralisme : vers de nouveaux rapports entrescience et politique ? », par Christian Laval, Professeur de sociologie àl’Université Paris Ouest Nanterre.

« Universities and the Crisis in Greece : Neo-liberalism in practice ? »,par Sokratis Koniordos, Professeur invité à l’Université Paris OuestNanterre, Professeur de sociologie à l’Université de Crète.

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La déclaration de la Sorbonne, quimarque la naissance de la construction del’espace européen de l’enseignement supé-rieur, affirme dès 1998 : « La constructioneuropéenne a tout récemment effectué desprogrès importants. Mais, si pertinents quesoient ces progrès, ils ne doivent pas faireoublier que l’Europe que nous bâtissonsn’est pas seulement celle de l’Euro, desbanques et de l’économie, elle doit être aus-si une Europe du savoir. Nous devons ren-forcer et utiliser dans notre construction eu-ropéenne les dimensions intellectuelles,culturelles, sociales et techniques de notrecontinent » (Déclaration commune des mi-nistres européens de l’éducation, 19 juin1999). L’année suivante, la déclaration deBologne, signée par 29 ministres de l’édu-cation, reprenait largement à son comptecette opposition entre « Europe du savoir »et « Europe des banques »[1].

La construction de cet espace européens’est largement appuyée sur la référence à lanotion « d’économie de la connaissance »pour insister sur les nouvelles formes durapport au savoir de la société de services.Par opposition au travailleur manuel quali-fié de la société industrielle des Trente glo-rieuses, se développe ainsi la notion de« travailleur du savoir », véritable idiosyn-crasie de cette économie de la connaissanceen devenir qui englobe ceux dont l’activitéest principalement centrée sur la productionet la vente de prestations intellectuelles etimmatérielles[2]. Le « capital humain » estainsi défini non plus en référence à une qua-lification acquise et protégée par desconventions collectives de branche mais surla capacité individuelle à cultiver son « em-ployabilité » et l’entretien permanent de sescompétences. Ainsi : « on ne peut com-prendre la nouvelle forme d’école àl’époque néolibérale du capitalisme si l’onne saisit pas la nature et l’ampleur de latransformation du rapport entre capital ettravail. Parler de nouvelle école capitalistene signifie pas que l’ancienne forme sco-laire ne correspondait en rien aux logiquesanciennes de fonctionnement du capita-

lisme. Cela veut plus précisément dire quela conformité croissante de l’école aux exi-gences générales de l’accumulation du ca-pital tient au fait que les conditions spéci-fiques du capitalisme néolibéralconduisent à ordonner de plus en plus di-rectement l’éducation et la formation aux"besoins de l’économie de la connais-sance" »[3].

La promotion d’une « université sanscondition »[4], pour reprendre le mot deJacques Derrida, est, comme le dit PierreMacherey, « tout sauf sans conditions (aupluriel) »[5]. L’idéal dans lequel sont an-crées une partie des sciences sociales, enparticulier celles qui entendent se mettreau service de l’émancipation par la miseen évidence des processus de dominationet de reproduction des inégalités aussi bienà l’école que dans le monde du travail,dans la sphère privée, etc., est indissocia-blement liée à la possibilité d’une paroleuniversitaire critique. Or, dans le contextede la remise en cause de l’État social del’après-guerre, il est devenu illusoired’imaginer conserver cette autonomiescientifique au nom de la sanctuarisationde la connaissance comme « bien public ».Dans ce cadre, les sciences sociales sontalors stigmatisées et contraintes de devoirrappeler que décidément non, « la sociolo-gie n’est pas une usine à chômeurs »[6]. ».Si la restauration du principe de légitima-tion de la connaissance comme « bien pu-blic » est périlleuse, une voie de sortienous est indiquée par Pierre Dardot etChristian Laval pour lesquels l’enjeu des« communs de la connaissance » est “desavoir comment combiner des systèmes derègles et de normes propres à ces nou-veaux communs pour garantir un accès gé-néral à la connaissance qui renforce les ca-pacités des individus tout en assurant re-connaissance et soutien pour ceux quicréent la connaissance sous ses formes lesplus variées”[7]. Comme ces auteurs l’in-diquent, construire une « politique ducommun » suppose « d’instituer politique-ment la société », c’est à dire d’imaginer

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des formes « d’autogouvernement » pours’affranchir de l’administration des choses.Dans cette perspective et face à l’intentionpolitique de caporalisation des universi-taires, dissimulée derrière le one best waydu management public, il est urgent de don-ner corps à ces nouvelles formes d’autogou-vernement sous peine de subordonner l’uni-versité à la mission exclusive d’améliorer le« capital humain » des nouvelles généra-

tions d’actifs (conformément au pro-gramme 150 du projet de loi de financesdont l’un des indicateurs clés est « le pour-centage de diplômés de nationalité fran-çaise, issus de la formation initiale, ayantmis fin à leurs études après l’obtention deleur diplôme et occupant un emploi, quelqu’il soit, par rapport à l’ensemble des di-plômés vérifiant les mêmes critères et pré-sents sur le marché du travail »[8]).

[ 1] Sandrine Garcia, « L'Europe du savoir contre l'Europe des banques ? La construction del'espace européen de l'enseignement supérieur », Actes de la recherche en sciences sociales, n°166-167, 2007, p. 80-93.

[2] Philippe Carré, L’Apprenance : Vers un nouveau rapport au savoir, Paris, Dunod, 2005.

[3] Christian Laval et al., La Nouvelle École capitaliste, Paris, la Découverte, 2012.

[4] Jacques Derrida, L’Université sans Condition, Paris, Galilée (Incises), 2001.

[5] Voir l’entretien avec G. Ferraro, « La parole universitaire » (2013)http://philolarge.hypotheses.org/1392

[6] Tribune publiée dans Libération, le 23 janvier 2014.http://www.liberation.fr/societe/2014/01/23/la-sociologie-n-est-pas-une-usine-a-chomeurs_975043

[7] Pierre Dardot et Christian Laval, Commun : Essai sur la révolution du XXIe siècle, Paris, LaDécouverte Editions, 2014, p.164.

[8] Voir Rapport annuel de performance 2014.http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/

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