prof n°10 (ressource 8173)

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L

e

m a g a z i n e

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p r o f e s s i o n n e L s

Od e L

e n s e i g n e m e n t

Juin 2011

Numro 10

cole et cran

Enseignement spcialis : 40 bougies et puis ?Go4sup facilite le choix dtudes Graines de mdiateursTrimest riel

DITORIALPour tous les gamins au vlo Lautre soir, avant mme que les frres Dardenne soient presque palms Cannes, me voil avec mes deux gaillards face leur Gamin au vlo. Envie de voir sa bouille, de nous frotter sa dgaine. Histoire de retrouver une tranche de vraie vie et un peu, javoue, de sensibiliser mes ados une ralit qui leur a toujours t lointaine. Le lendemain, au tournoi de foot de lain*, voil que dboulent sur les synthtiques deux-trois quipes composes majoritairement de gamins vlo . Qui prennent leur place, simposent sur le terrain comme ils ont probablement d le faire depuis leurs premiers pas dans les rues de leurs quartiers. Un foot rude, mais correct, comme disent les pros du ballon rond. Et quoi ? Faut-il des comptitions du samedi et lcran noir du cinoche pour que des grands gosses presque adultes se croisent, se mlangent, se dcouvrent ? Faut-il attendre Les Barons ou ce Gamin au vlo pour ces rencontres, par cran interpos ? Je sais : je caricature, je force le trait. Et je vous entends me demander LA solution. Je ne lai pas. Des intuitions, des dbuts de pistes, oui. Comme tout qui observe la marche du monde. Et une inquitude : qu force de ne plus se rencontrer que de faon virtuelle, par cran interpos, grce aux Dardenne, Ken Loach, Nabil Ben Yadir ou dautres encore, nous perdions le mode demploi de la diversit. Mais peut-tre ne la dsire-t-on plus que quand elle est bio : pour les ressources naturelles, pour les fleurs et les oiseaux, pour les castors et les papillons, mais pas vraiment pour nos quartiers ni pour nos coles De diversit, comme dcran, dailleurs, il en est question dans ces pages. Dans notre dossier sur lenseignement spcialis, qui a ft ses 40 ans durant toute cette anne scolaire, et dans celui qui aborde cette gnration cran qui baigne dans limage. Bonne lecture. Didier CATTEAU Rdacteur en chef* AnPROF, le magazine des professionnels de lenseignement, est une publication du Ministre de la Communaut franaise (Administration gnrale de lEnseignement et de la Recherche scientifique). Rdaction Rdacteur en chef : Didier Catteau Journalistes : Patrick Delme, Catherine Moreau Mise en pages : Olivier Vandevelle Comit daccompagnement Hafsa Ben Zouien, Alain Berger, Alain Faure, ric Frre, Vronique Frre, Lise-Anne Hanse, Martine Herphelin, Anne Hicter, Jean-Pierre Hubin (prsident), Chantal Kaufmann, Jean-Michel Motte, Arlette Vanderkelen, Daniel Plas et Willy Wastiau. En couverture Lducation limage tlvise et aux mdias fait partie des missions de lcole. Dcouvrir des documents, les analyser, en produire, cest le parcours choisi par linstitutrice Sophie Albert et sa classe de 6e primaire de lcole communale dIttre, avec laide de Action Cin Mdias Jeunes. PROF/MCF/Olivier Papegnies Tirage 116 500 exemplaires, imprims sur du papier portant le label FSC garantissant quil est issu de forts bien gres et de bois ou de fibres recycls. diteur responsable Jean-Pierre HUBIN, Ministre de la Communaut franaise AGERS Boulevard du Jardin Botanique, 20-22 1000 BRUXELLES Direction de la publication Martine HERPHELIN Conception de la maquette Polygraph sprl [email protected] Vie prive Afin denvoyer le magazine PROF ses destinataires, la Communaut franaise (AGERS) traite les donnes caractre personnel suivantes : nom, adresse et numro matricule. La Communaut franaise ne conserve ces donnes que pendant le temps ncessaire la ralisation de lenvoi du magazine. Conformment la loi du 8 dcembre 1992 relative la protection de la vie prive lgard des traitements de donnes caractre personnel, les destinataires du magazine disposent, moyennant la preuve de leur identit, dun droit daccs et, le cas chant, dun droit de rectification lgard des donnes caractre personnel les concernant. ISSN 2031-5295 (imprim) ISSN 2031-5309 (online) Ministre de la Communaut franaise. Tous droits rservs pour tous pays. Reproduction autorise pour un usage en classe. Pour tout autre usage, reproduction dextraits autorise avec mention des sources.

nos lecteursAfin de rduire limpact cologique du magazine, seul un exemplaire est envoy par adresse postale. Si vous souhaitez recevoir la version lectronique du magazine plutt que sa version imprime, envoyez-nous un courriel [email protected] avec le nom et le numro matricule de la personne retirer de notre liste de destinataires. Merci pour votre collaboration. Pour votre confort de lecture, certains liens hypertexte ont t raccourcis grce lapplication http: //bit.ly/ Lensemble des liens hypertexte a t vrifi la date du 27 mai 2011.

SOMMAIRELes dfis de lenseignement spcialisLenseignement spcialis, qui a ft ses 40 ans cette anne, na cess dvoluer. Notre dossier aborde quatre enjeux parmi dautres : russir lintgration, adapter la formation initiale et en cours de carrire aux nouveaux besoins, amliorer linsertion socioprofessionnelle des jeunes, et raccrocher lcole ceux qui passent entre les mailles du filet.

7 Cration, maintien ou fusion dcoles : rgles assoupliesLe Gouvernement de la Communaut franaise veut favoriser lclosion de Degrs dobservation autonome, faciliter les crations dcoles dans les zones forte pression dmographique, et revoir les critres de maintien.

28 Gnration cranLes jeunes vivent dans un bain dcrans. Parmi eux, la tlvision occupe une place importante. Quel est son impact ? Quel est le rle de lcole pour donner aux jeunes le gout de dcouvrir, analyser et produire des images tlvises ?

12 PROF/MCF/Jean-Michel Clajot

4 4 5 6 7 8 9 10

LinfoSatisfaits de lAGPE ? Premier degr : projets pilotes de parcours adapts CPU : premiers rfrentiels Il sera plus facile de crer ou de maintenir une cole Du plaisir de lire au dlice dlire valuation de la formation initiale : la parole est donne aux acteurs lcole et les associations Environnement : rapprocher lcole et les associations

19 20 21 22 23 24

Ajuster ses mthodes Le chainon manquant Lalternance : un projet personnel Recoudre le costume dapprenant Le type 8 accueille prs de quatre lves sur dix Jai vu Ali voluer au fil du temps

Cot psy36 Jeux de rles pas drles

Lectures38 Enfant et raisonnement

Clic & TIC25 Copier nest pas jouer 39

Souvenirs dcole Le monde ne sarrte pas la sortie du village

Focus26 Quand les hommes vivront damour 28 30 31 32 33 34 32 40

T ableau de bordPrs dun enfant sur vingt est maintenu en maternelle

Lacteur11 feu doux contre la malbouffe

Dossier 2Gnration cran Ils duquent licne Quelques points dappui Maternelle : se construire par le jeu plutt que par la tl duquer au cinma, un d six facettes Un JT A JT Pub, tl, mme combat 41 42 43

votre serviceDevenir membre du jury immersion ou dune commission linguistique Hautes coles : valoriser les acquis de lexprience Choisir ses tudes en trois clics

12 Dossier 1 Les dfis de lenseignement spcialis : Des murs sont tombs Types, formes, degrs de maturit et phases On ne fera pas des spcialistes de tout !

13 17 18

Lcole ailleurs41 Sheikhupura, au Pakistan3

PROF

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PROF/MCF/Olivier Papegnies

PROF/MCF/Olivier Stourme

LINFO

Satisfait de lAGPE ?

LAdministration gnrale des Personnels de lEnseignement (AGPE) est responsable de la gestion administrative et pcuniaire des personnels de lenseignement organis et subventionn par la Communaut franaise. Comptant des Directions dconcentres Bruxelles et en Wallonie, elle se charge des rmunrations correctes et dlai convenu, de la gestion des carrires, mais aussi du paiement des prts et allocations dtudes. Afin damliorer ses services, lAGPE lance une enqute de satisfaction destine ses 130 000 bnficiaires. Pour y participer, rendez-vous avant le 8 juillet sur www.enseignement.be, sur www.ens.cfwb.be ou sur www.cfwb.be. Rpondre devrait prendre 15 minutes. Vu la diversit des fonctions, rseaux et statuts, les questions y sont formules de manire gnrique. Chacun est invit rpondre partir de son exprience actuelle et passe, de sa fonction et de son rle dans lenseignement. Le questionnaire volue donc de manire diffrente selon les rpondants. Lanonymat est strictement garanti. Une question, un avis ? Contacter lAGPE via enquetesatisfaction.agpe@ cfwb.be

Premier degr : projets pilotes deDs septembre et pour deux ans, des parcours dapprentissage adapts et accompagns seront mens au 1er degr du secondaire, au bnfice dlves ayant obtenu le CEB.

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analyse des projets rentrs sur la base dun appel lanc en mai (1) est en cours au moment de diffuser ce numro du magazine. Il sagit de rpondre un enjeu essentiel : Rendre le 1er degr la fois davantage commun, par le renforcement de la formation commune, et davantage ouvert aux diffrentes formes dintelligences et dexpressions . Ce qui passe par une diffrenciation des mthodes, des parcours, des rythmes dapprentissage au bnfice de tous les lves . Mme si lexprience de la rforme du 1er degr permet didentifier des groupes dlves pour lesquels il conviendrait de mettre en place un dispositif souple , lambition est clairement dinstaurer une diffrenciation qui profite tous.

Les parcours dapprentissage dfiniront le parcours de chacun des lves concerns, au sein du 1er degr, trimestre par trimestre. Mais il sagit bien dune diffrenciation lintrieur des classes e t des groupes du 1er degr, et non ct. La dfinition de ce parcours relvera du conseil de guidance, sur la base dun diagnostic. Lappel projets liste des propositions, parmi dautres formules existantes ou inventer. Il insiste galement surLe mme objectif, pas Le mme chemin

Prime de fin danne revalorise

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En brefPrix Reine Paola pour lenseignement. Dans la catgorie Sciences, Maths et Techno : une cl pour notre avenir ! , les trois laurats francophones sont une quipe de quatre enseignants de lcole communale de Melen, Vincent Dumoulin (Lyce Martin V, Louvain-La-Neuve) et les professeurs de sciences de lIPES (Wavre). En catgorie Soutien extra-scolaire , les laurats sont lASBL clat de Rire (Lige), lquipe de soutien scolaire de lUTAN (Namur), et lquipe de lOasis Familiale (Hannut). www.sk-fr-paola.be

e 26 mai, syndicats des personnels de lenseignement et Gouvernement de la Communaut franaise se sont accords sur des mesures qui compltent laccord sectoriel 2011-2012 (1). Elles portent essentiellement sur trois aspects. Un : le Gouvernement dernier sengage revaloriser la prime de fin danne. Deux : il sengage assurer le paiement en fin de mois pour tous les enseignants qui ne sont pas pays termes chus. Trois : il supprime le tutorat impos aux enseignants de 53 ou 54 ans qui veulent bnficier de mise en disponibilit pour convenance personnelle prcdant la pension de retraite (DPPR). La partie fixe de la prime de fin danne sera revalorise de 120 e en 2011, comme le prvoyait dj laccord sectoriel. par-

tir de 2012, ce montant sera port de 120 200 e. Budget estim : 14,5 millions en 2011 et prs de 10 en 2012. ces mesures court terme sajoute un engagement des syndicats et du Gouvernement se revoir pour optimaliser les moyens dencadrement des coles. Aujourdhui, on ne peut dpasser un nombre moyen dlves par classe : on fixerait plutt un nombre maximum. On examinera aussi les conditions permettant damliorer moyen terme lexercice du mtier denseignant. La rflexion plus long terme portera notamment sur la lutte contre le redoublement, surtout entre 5 et 8 ans, la fin de la 6e primaire et au 3e degr du secondaire. (1)

Lire en page 5 de notre numro davril.

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En brefPsychomotricit. Le Parlement de la Communaut franaise a modifi le dcret organisant des activits de psychomotricit en maternelle. Les taux de subventionnement du matriel sportif destin la psychomotricit passent de 60 et 75% 75 et 90%. Le plafond dintervention est doubl (2 500e) et on peut subventionner au mme taux lachat de matriel sportif. Cette modification sapplique toutes les demandes introduites aprs le 1er janvier 2011. http://bit.ly/kTu9Xu Lait, fruits et lgumes. Deux programmes europens permettent aux tablissements scolaires de recevoir des produits laitiers dune part, des fruits et lgumes dautre part. Laccs ces programmes est rgi par les Rgions, si bien que les modalits diffrent en Wallonie et Bruxelles. Deux circulaires (3522 et 3523) les expliquent et aiguillent vers les adresses utiles. www.lait-fruit.ecole.irisnet.be http://agriculture.wallonie.be/laitecole http://agriculture.wallonie.be/fruitecole Nouveau plan TIC. Le plan Cyberclasse nest pas encore achev quil faut dj penser une suite. Dici fin juin, les gouvernements de la Communaut franaise et de la Rgion wallonne devraient dcider dune consultation en ligne des enseignants pour prparer un nouveau plan dquipement informatique. La consultation porterait galement sur les usages pdagogiques des TIC. Lobjectif est de mettre au point un ensemble de propositions court, moyen et long terme, assez souple pour se calquer la fois sur les besoins du monde de lducation et sur les volutions technologiques. Un groupe de travail en a dj imagin une premire bauche, mais tout reste ouvert. La consultation aura lieu du 15 aot au 15 octobre et sera ouverte tous les enseignants, de tous niveaux, de toute discipline, via le site www.awt.be. Webdocumentaire. Action Cin Mdias Jeunes recherche des coles prtes mettre disposition dun groupe dlves (une dizaine de 14-16 ans), du temps et des locaux, de janvier mai 2012. Leur but sera de se former crire, tourner, monter, mettre en ligne, en ralisant un webdocumentaire. Un professeur servirait dinterface entre lassociation et lcole. Inscriptions avant le 30 juin via www.acmj.be

parcours adaptslimportance dune orientation positive et dune reconnaissance, ds le fondamental, de toutes les orientations, dont les qu a l i f i a n t e s . La circulaire suggre, pour tous les lves de 2e, qui manifestent un intrt pour des approches plus concrtes, manuelles ou artistiques, une immersion dans des activits organises dans des sections artistiques, techniques ou professionnelles. Mipan - Fotolia

Les projets dvelopps peuvent occuper quatre huit heures en combinant trois dispositifs qui existent : les quatre heures dactivits complmentaires, les deux heures de remdiation hebdomadaire, et les deux heures dducation artistique et technologique de la formation commune. Un comit daccompagnement a t cr pour suivre lvolution des projets qui seront mis en route la prochaine rentre, et qui pourraient aller jusqu inspirer des ajustements au dcret du 30 juin 2006 sur le 1er degr.. D. C.(1)

Lire la circulaire 3540 (http://bit.ly/jOmztK)

Justice en jeu, pour cent classes

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e Conseil suprieur de la justice a mis sur pied le projet Justice en jeu , en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin (via le projet ducatif du muse BELvue), grce auquel plus de 2 000 lves du 3e degr secondaire pourront mieux apprhender le fonctionnement de la justice. Aprs avoir assist une audience dans un palais de justice de Wallonie, de Flandre ou de Bruxelles, les lves, encadrs par des professionnels, endosseront les rles davocat, procureur, juge, accus, partie civile Une centaine de classes pourront participer au projet en 2011-2012. Les enseignants intresss peuvent y inscrire leur groupe, via www.belvue.be. La participation est gratuite : le projet est financ par le Conseil suprieur de la justice. Il est important de remettre la justice dans son

cadre rel, explique Nadia De Vroede, qui prside le Conseil. Les jeunes ont limpression de comprendre la justice, mais ils lassocient trop aux assises. Leur vision est dailleurs trs biaise par la tl, et notamment par les sries amricaines . Pour Luc Tayart de Borms, administrateurdlgu de la Fondation Roi Baudouin, les classes-test ont montr que cette manire active dapprendre donne des rsultats en profondeur . Lanimation est prcde dune prparation en classe : lenseignant reoit une brochure contenant des fiches informatives sur la justice et des propositions dactivits en classe pour les lves. Les lves ont loccasion, aprs avoir rellement vcu un procs, dendosser la peau de lacteur judiciaire quils ont observ et de questionner des spcialistes sur le fonctionnement de la justice.

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LINFO

CPU : premiers rfrentiels la rentre, 1 coles entreront dans une phase dexprimentation de la certification par 18 units (CPU). Durant ce mois de juin, les rfrentiels lis ces changements seront disponibles.

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a certification par units (1) se prcise par larrive, en juin, des rfrentiels exprimentaux que sont les profils de formation. Ceux-ci se prsentent sous la forme dun profil dcoup en units dacquis dapprentissage (gnralement pas plus de six pour le degr). Chaque unit est ensuite ventile en savoirs, aptitudes et comptences. Il y a pour chaque unit des profils dvaluation, un profil dquipement et un glossaire balisant le champ

nance, sur la formation et laccompagnement ncessaires la bonne organisation de lexprimentation dans les coles, sur la place des stages et le quatrime, qui intgre les syndicats. Ces groupes runissent des reprsentants des rseaux, de linspection, de ladministration, du Service francophone des mtiers et des qualifications, et des secteurs professionnels concerns. Les oprateurs de formation de lIFAPME et du SFPME et les syndicats les ont rejoints. Pour ce qui est de lenseignement, on y trouve donc des inspecteurs, directeurs, chefs datelier, professeurs, experts pdagogiques et disciplinaires La CPU travaillant au dpart sur des profils de formation, et donc pas sur les cours de la formation commune, une des questions sensibles concerne la place de cette dernire. Trs vite, il est apparu ncessaire dtudier la part que pourraient prendre les connaissances gnrales indispensables lexercice des aptitudes professionnelles. Si bien que des experts de franais, de mathmatiques, de sciences, et de langues modernes ont conu des squences dapprentissage spcifiques, voire des rfrentiels spcifiques qui sinscriront dans les profils de formation, cest--dire dans les rfrentiels exprimentaux.

les deux cas, la certification ne change pas en 2011 : la dcision de russite est prise la fin du degr. Le choix entre lune ou lautre option devra se faire pour fin juin par les quipes ducatives, en fonction de leur degr de prparation aux changements envisags. On sait aujourdhui que pour les deux mtiers du secteur de la restauration, seule lentre en douceur sera possible, le dcoupage du profil de formation ntant pas finalis. Les coles concernes pourront prendre le train en marche durant lanne. Quel que soit ce choix, les coles sont toutes invites rdiger durant lanne scolaire prochaine un projet de mise en uvre de la CPU, dfinissant les formes quelle revtira dans leur tablissement en 2012, en matire de remdiation, dorganisation des cours et des preuves, de communications aux parents Qui concernera le 3e degr du secondaire qualifiant, pour cinq mtiers faisant partie de trois secteurs (automobile, esthtique, restauration). Pour une prsentation globale du projet, lire notre numro de mars 2011, pp. 6-8.(1)

PROF/MCF/Olivier Stourme

technique du mtier. Ces documents seront envoys dans les coles, accompagns dune circulaire, et des outils pdagogiques accompagneront les rfrentiels. Depuis septembre dernier, sept groupes de travail planchent sur cette nouvelle manire dorganiser le troisime degr secondaire qualifiant : un pour chacun des trois secteurs concerns (automobile, esthtique, restauration), un groupe charg dassurer la scurit juridique de lexprimentation, un groupe dorganisation pdagogique (sur la forme que lexprimentation prendra sur le terrain), et un groupe de pilotage. Depuis dbut 2011, quatre groupes sy sont ajouts, pour la formation en alter6

Reste la question des cours de la formation commune obissant au rfrentiel de comptences et savoirs communs. Il a t dcid de le revoir, et dattendre cette rvision avant de proposer quelque chose aux quipes denseignants. Des propositions seront cependant adresses aux enseignants titulaires de ces cours pour les aider relire leurs programmes en y dcoupant des paliers dapprentissage.

Accompagner les quipesUne formation et un accompagnement lis la CPU vont dbuter cet t. Pour les organiser, les oprateurs de formation des rseaux et lInstitut de formation en cours de carrire (IFC) se sont associs, et les moyens des diffrents oprateurs ont t mutualiss. Une formation de formateurs commencera avant la rentre. Ils formeront ensuite des inspecteurs et conseillers pdagogiques qui doivent accompagner les coles : dabord les quipes de directions, puis les enseignants.

En 201 la certification 1, ne changera pasPour 2011-2012, les coles concernes ont le choix entre deux options : lentre en douceur, par la dcouverte des outils ; ou ladoption, ds 2011, des profils dcoups en units, pour la qualification. Dans

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Il sera plus facile de crer ou de maintenir une coleUn avant-projet de dcret prvoit de faciliter la cration de degrs dobservation autonomes et dassouplir les conditions de cration ou de maintien dun tablissement scolaire.

En brefPrvention. Dbut mai, le Gouvernement de la Communaut franaise a accord une subvention de 48 000 e au Service de prvention de la ville de Mons, pour soutenir son programme Promotion de la sant et prvention des assutudes en milieu scolaire . Ses activits se dclinent selon les publics : formation et sensibilisation dadultes et jeunes relais ; formation des intervenants de 1re ligne sur base de loutil Espace D cr en partenariat avec lUniversit de Mons ; accompagnement de projets dcoles ; soutien et accompagnement psychosocial de jeunes. Dsignations. Le service en charge des dsignations du personnel enseignant du rseau de la Communaut franaise a dmnag du cabinet du ministre de lEnseignement vers lAdministration gnrale des Personnels de lEnseignement, dont il dpend dsormais. Ce transfert de comptences, effectu dans un souci de transparence des dsignations, sest droul de manire progressive, depuis septembre 2009, conformment une volont affiche dans la Dclaration de politique communautaire. La ministre reste comptente (notamment) pour les dsignations des membres du personnel administratif, des CPMS, des aides complmentaires (APE, ACS, PTP) et du personnel en fonction de slection et promotion (enseignants), ainsi que pour lorganisation du contrle des dsignations par les organisations syndicales, aprs la rentre scolaire. Printemps de la mobilit. La Rgion wallonne propose aux coles de sinvestir dans un projet de mobilit, en partenariat avec leur commune. Quatre possibilits : Lcole au bout des pieds (mobilit pitonne), Construire son REVe et Gnration Tandem Scolaire (mobilit vlo) et Schoolpool (logiciel de covoiturage scolaire). Si la candidature ( rentrer avant le 8 juillet) est retenue, un groupe dlves mnera le projet doctobre 2011 mai 2012 grce au soutien dune association. Explications dans la circulaire 3557. http://bit.ly/lCysBX

M

i-mai, le Gouvernement de la Communaut franaise a approuv en deuxime lecture un avant-projet de dcret qui modifierait le dcret du 29 juillet 1992 portant organisation de lenseignement secondaire de plein exercice. Cette modification, prvue pour la rentre, poursuit trois objectifs qui concernent dune

Actuellement, pour ouvrir un DOA, un tablissement scolaire doit compter 450 lves, au plus tard le 1er octobre. Tout comme celui qui organise les six (ou sept) annes du secondaire. Avec la rforme envisage, les tablissements situs dans une zone forte pression dmographique auront trois voire quatre ans pour atteindre non plus 450 mais 340 lves pour les deux annes du degr. Dans une zone sans pression dmographique, les DOA forms au dpart de regroupements dcoles seront favoriss : les moyens conomiss par ce regroupement ne seront retirs que progressivement, en six ans. Crations dcoles. Le projet veut faciliter la cration de nouveaux tablissements, l o le besoin dmographique se fait sentir. Cest notamment le cas Bruxelles, o le problme est criant. Tous les trois ans, le Gouvernement dterminera les zones o la pression dmographique impose de nouvelles places ou tablissements. Crer un tablissement pourra senvisager non dun bloc, mais anne par anne ou degr par degr. Il ne faudra plus que 395 lves pour organiser deux degrs. Les nouvelles normes pourront tre atteintes en 3 4 ans pour un DOA, en 5 6 ans pour une cole organisant deux degrs, en 7 8 ans pour une cole organisant trois degrs. Maintiens et fusions. Tous les cinq ans, le Gouvernement arrtera une liste dindicateurs prcisant les critres permettant doctroyer ou de refuser les drogations demandes par les tablissements qui ne satisfont plus aux normes dtablissement, de degr, de cycle, de section ou doption. Le but est de favoriser la construction de plans de redressement sur plusieurs annes. Un systme dincitants permettra aux tablissements amens fusionner cause dune perte rcurrente dlves damortir les pertes en encadrement sur plusieurs annes. Manire denvisager des fusions dune faon plus sereine. D. C.

PROF/MCF/Michel Vanden Eeckhoudt

tous Les trois ans, Le Gouvernement dfinira Les zones o La pression dmoGraphique impose des nouveLLes pLaces.

part les degrs dobservation autonome (DOA), dautre part les conditions de cration de nouveaux tablissements dans certaines zones, et enfin les normes de maintien des tablissements. Degrs dobservation autonome. Il sagit dcoles norganisant que le premier degr de lenseignement secondaire. Selon le Gouvernement, favoriser leur closion contribue une orientation positive des lves, dans la mesure o le choix y serait plus ouvert entre les humanits professionnelles et techniques dune part, les humanits gnrales dautre part, pour le 2e degr.

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Du plaisir de lire au dlice dlireLe 10e Prix des lycens de Littrature a t attribu Tu ne jugeras point (1), dArmel Job. Plus de 2 700 lves y ont pris part, avec leurs professeurs de franais.

T

ous les deux ans, le Prix des lycens est dcern par des lves de 5e et de 6e secondaire, qui cette anne furent 2 700 lire les cinq romans dauteurs belges quun comit denseignants avait slectionn durant lanne scolaire prcdente. Au dbut de lanne, les enseignants proposent tous les lves des classes quils inscrivent un contrat de lecture , par lequel chacun sengage lire les cinq titres retenus avant dbut avril, date de clture des votes de tous les participants. Cette anne, cest donc Armel Job qui a reu le Prix des lycens, mais aussi le Prix des dlgus de classe ainsi que le Prix lampe de poche du livre qui nous tient veills . Mi-avril en effet, un jury compos dun dlgu par classe attribue son prix et un prix spcial dont lintitul, imagin par les lves, est attribu chaque roman. la remise des prix, outre la lecture trs mouvante dextraits, des dlgus justifient lattribution des prix spciaux, ce qui donne lieu des cri-

tiques dont certaines mriteraient amplement dtre diffuses. Cest ainsi que Daniel Charneux a reu le prix du plus beau cri damour pour Maman Jeanne (Luce Wilquin) ; Corinne Hoex celui du roman doux-amer pour Dcidment je tassassine (Les Impressions Nouvelles) ; Valrie de Changy le prix par-chemin du plus beau voyage littraire pour Le Fils de Rabelais (Aden) ; et Jean-Franois Dauven le prix embarquement immdiat pour Ceux qui marchent dans les villes (Flammarion) Cette jolie crmonie nest pourtant que la pointe dun iceberg mobilisant enseignants et lves durant toute une anne autour de romans et dcrivains belges, accueillis dans les classes. Le Prix donne ainsi lieu des rencontres souvent passionnantes, mais aussi des travaux dune belle intensit. Selon les enseignants qui ont rpondu lenqute mene par la Cellule Culture-Enseignement, les lves mettent des jugements

Le prix des Lycens de Littrature est aLL armeL job.

affins, appuys sur des critres dapprciation plus varis, tenant compte des qualits dcriture, des effets de style, de latmosphre propres chaque roman, notamment. Et les lves sont sduits par la diversit des uvres... D. C.d. Robert Laffont. Palmars complet et autres ressources sur www.culture-enseignement.cfwb. be (onglet Prix des lycens de Littrature ).(1)

Avant tout, un crivain raconte des histoiresDans crire et faire crire. Tome 2 (1), l entraineuse* lcriture Eva Kavian, invite une cinquantaine dcrivains belges slectionner un extrait dune de leurs uvres accessibles au public du secondaire et, de l, formuler une proposition dcriture. Collabore cette tche Christian Libens, du Service de Promotion des Lettres (Communaut franaise). Cinquante auteurs, 50 extraits, 50 propositions dcriture sur lautobiographie crative, la ralit et la fiction, le personnage, la narration, le style. Quand lditeur ma invite crire un second tome de crire et faire crire, jai eu envie de le raliser en fonction des besoins des enseignants, et des crivains belges, explique Mme Kavian. Leurs propositions dcriture, cest aussi la dcouverte dun auteur et dune uvre Si le premier tome dveloppe le comment faire crire , le deuxime sattache davantage la narration. Quest-ce quune histoire ? Comment la construire ? Comment rendre un personnage vivant ? Quest-ce quun personnage de fiction ? cela sajoutent des listes de situations, de personnages, dobjets, de courts dialogues, de matriel rassembler,, ainsi quune bio-bibliographie de chaque auteur. Ce livre sadresse surtout aux enseignants du cours de franais du 3e degr de transition. Mais il peut sadapter pour tous les autres niveaux. Pa. D.Eva Kavian (avec la collaboration de Christian Libens), crire et faire crire. Tome 2. 50 auteurs belges vous font crire, 2011, De Boeck. Cet outil pdagogique vient de faire lobjet dun agrment par la Commission de Pilotage.(1)

* Entraneuse

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MCF/Dircom/Jean Poucet

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valuation de la formation initiale : la parole est donne aux acteursDs cet t, et aprs les hautes coles, les universits, les tablissements de promotion sociale et les coles suprieures des arts (ESA) participeront au processus dvaluation de la formation initiale des futurs enseignants.

R

appelons que toute personne intresse par ce processus peut sen informer et y prendre part (1). Les 28 et 29 juin se tiendront notamment les deux jours danalyse du groupe form dtudiants des hautes coles, qui peuvent encore manifester leur dsir dy participer (2). Dans un premier temps, des rencontres sont organises dans les tablissements. Au printemps, elles ont eu lieu dans les catgories pdagogiques des hautes coles ayant une catgorie pdagogique. En septembre-octobre, des runions analogues se tiendront dans les universits, les tablissements de promotion sociale et les ESA. Ces entretiens sont destins identifier les questions et les dimensions du problme prendre en compte et sont structurs autour de trois questions. Un : quels sont les points forts et les points faibles de la formation initiale des enseignants telle quelle est organise aujourdhui et les pistes damlioration envisageables ? Deux : quels sont les besoins et les enjeux actuels et futurs de la formation initiale des enseignants en Communaut franaise ? Trois : que pensent les participants

de la proposition dallongement de cette formation? Les modalits pratiques de ces rencontres seront fixes par chaque institution. Il revient chacun de sinformer en interne. Dans un deuxime temps, se tiennent les analyses en groupe. Elles ont dj eu lieu, fin mai, pour les hautes coles et seront menes durant lautomne au sein des universits, des ESA et en promotion sociale. Il sagit dune mthode dintervention trs cadre, mise en oeuvre depuis une vingtaine dannes par le Centre dtudes sociologiques des facults universitaires Saint-Louis. Dans cette mthode, des groupes dune douzaine de participants, choisis sur base de leur candidature volontaire et de la diversit de leurs profils professionnels, et accompagns de deux chercheurs par groupe, analysent durant deux jours des situations professionnelles vcues et significatives des questions lies la formation des maitres. La mthode consiste en analyses collectives dexpriences concrtes, privilgie la

mise en vidence des divergences dinterprtation et aboutit la formulation de perspectives pratiques. Les participants ny sont pas convis en tant que reprsentants dune institution, mais porteurs de leurs expriences et de leur capacit les interroger. Dans un troisime temps, des confrencesdbats seront organiss en vue de la discussion, de la validation et de la gnralisation des rsultats issus des entretiens et des analyses en groupe. Lanalyse et la synthse du contenu de ces rencontres donneront lieu la production du rapport final de synthse de lvaluation qui sera transmis en fvrier 2012 au ministre et aux responsables institutionnels. D. C.Toute personne intresse par cette valuation et dsireuse dy participer (notamment en se portant candidat-e aux analyses en groupe) peut consulter la page daccueil EFI sur www.enseignement.be ou sinformer auprs de Vronique Degraef ([email protected]) ou Alexandra Mertens ([email protected]). (2) En remplissant et envoyant avant le 20 juin le formulaire disponible sur www.enseignement.be(1)

* Matre

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LINFO

Environnement : rapprocher lcole et les associationsLa journe de clture des Assises de lducation relative lenvironnement et au dveloppement durable (ErE-DD) tait aussi une manire de rebondir vers ce qui se prpare. Et cest ambitieux !

F

in avril, la ministre de lEnseignement obligatoire, mais aussi les ministres wallon et bruxellois de lEnvironnement, signaient une charte dengagement en matire dErE-DD, en mme temps que les reprsentants des institutions et associations ayant pilot le travail des Assises de lErE-DD, entam en octobre 2010 : administrations rgionales et communautaire, pouvoirs organisateurs, associations actives dans le secteur. Comme lindique un document de synthse (1), ces Assises, inities par les ministres rgionaux, avec le soutien de la ministre de lEnseignement, ont pour objectif, face la multiplicit de loffre et de la demande et des moyens consquents investis par les Rgions, () dapporter une rflexion densemble sur la situation et de consentir des volutions plus stratgiques de lErE et DD lcole . Au-del du dbat important mais que nous ne viderons pas ici sur ce que lon met derrire lappellation ErE-DD, la

rflexion a crois deux axes : enseignement-monde associatif dune part ; institutions-acteurs de terrain dautre part. Avec la volont de tenir compte des diffrents points de vue, exprims notamment via lenqute mene par le Rseau IDe (lire ci-dessous), mandat pour coordonner tout ce travail. La journe de clture, qui a runi prs de deux cents acteurs impliqus dans ce processus participatif, a permis de faire le point, mais aussi de fixer les balises du travail poursuivre. Ainsi, six objectifs animent les signataires de la charte (2) : partager une culture dErE-DD au sein mme du systme scolaire ; faciliter et encourager la coordination et la continuit en ErE-DD ; travailler partir des rfrentiels interrseaux de comptences ; veiller une vision globale des ressources extrieures dErE-DD qui viennent en support lcole ; accompagner la gestion environnementale des coles ; assurer le suivi des actions des Assises.

Outre de la charte, un accord de coopration a t sign par les gouvernements wallon, bruxellois et communautaire, en matire dEre-DD. Il prvoit notamment d offrir une assistance structure aux coles qui inscrivent le dveloppement durable dans leur projet dtablissement et de renforcer la cration doutils pdagogiques de qualit . Les rfrentiels interrseaux (socles de comptences et comptences terminales) seront relus sous langle de lErE-DD. Objectifs : souligner les possibilits dy inscrire des apprentissages lis lEre-DD, et pourquoi pas formuler des pistes de travail. Sollicits de toutes parts, enseignants et directeurs disent prouver des difficults choisir les ressources extrieures lcole. Le Rseau Ide sera charg, en collaboration avec ladministration de lenseignement, dlaborer une interface faisant le lien entre les besoins des enseignants et loffre des associations. En revisitant les rfrentiels et en listant les points dentre pour lducation lenvironnement, explique la ministre Simonet, on facilite le boulot de lenseignant, mais on permet aussi aux associations de sadapter la demande de lenseignement . ct de ce double travail sur les rfrentiels et sur cette meilleure visibilit des ressources utilisables par les enseignants, ces derniers pourront participer lanne prochaine des journes dchanges de bonnes pratiques. Il y en a eu deux cette anne, ouvertes au secondaire. Lan prochain, elles seront aussi accessibles au fondamental. Didier CATTEAUhttp://assises-ere.be/presentation_assises/ pdf/assises-def.pdf (2) http://assises-ere.be(1)

Des moyens, mais aussi du soutienFin 2010, 873 enseignants, directeurs, ducateurs et une centaine de membres dassociations ont rpondu lenqute (1) sur ce qui freine ou facilite les projets, sur leurs effets et sur les ressources utilises. Les obstacles ? Manque de temps et de moyens, selon les enseignants comme les directeurs. Les premiers ajoutent la difficult dassurer la continuit du projet ; les seconds pointent le grand nombre de sollicitations. tre seul est vcu comme un frein par les enseignants. Les associations y voient le premier obstacle. Les leviers ? Implication des lves, soutien de la direction, accs des ressources extrieures. Les directeurs, surtout du secondaire, citent aussi lexistence dun coordinateur de projet. Lintrt ? Lapprentissage de la citoyennet, lapport de sens aux apprentissages, la motivation des lves. Les ressources ? Animations en classe, documents pdagogiques, animations hors classe, et un accompagnement pdagogique tout au long du projet.(1)

http://assises-ere.be/l_enquete

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LACTEUR

feu doux contre la malbouffe Maitre*-coq lathne provincial de Leuze-en-Hainaut, Didier Hautrive mitonne une sensibilisation une alimentation quilibre. PROF/MCF/Jean-Michel Clajot

M

enu du jour : potage aux carottes, saumon napp dune sauce ostendaise, pommes de terre nature. Rencontre devant les fourneaux avec un passionn du mtier. PROF : Apprendre marier les saveurs, ctait un rve denfant ? Didier Hautrive : Pas du tout. Je rvais dtre mcanicien, puis jai tt de la menuiserie et de la soudure, avant de trouver ma voie. Mes parents grant un caf, je me voyais bien ouvrir un snack. Vinrent alors deux annes lcole dhtellerie dAth et deux autres dans celle de Tournai, avant davoir loccasion dassurer un remplacement, puis dtre engag par la rgie provinciale lathne de Leuze. Jai obtenu ensuite un diplme de traiteur-restaurateur en promotion sociale. Le menu dune journe-type ? Je dbarque au restaurant 7 h 30 pour rpartir les tches de mon quipe compose de deux cuisiniers et de trois aides-cuisinires. Aprs lpluchage des lgumes succde leur cuisson et celle de la viande ou du poisson. 10 h 30, quelque 320 repas doivent tre achemins vers les coles communales de Leuze. Nous poursuivons alors la prparation de quelque 70-80 repas complets (potage, plat et dessert) et dun buffet de crudits pour les deux services proposs aux lves des sections gnrales, techniques et professionnelles de lathne. Restent alors, jusqu 15 h, la vaisselle, les comptes et, dj, la prparation des lgumes pour le potage du lendemain. Jajoute ce programme des entretiens avec des fournisseurs nous privilgions les produits locaux et de saison et

chaque mois quatre jours par semaine, didier hautrive assure avec son la visite de quipe La prparation de queLque 400 repas. l Age n c e fdrale pour la scurit de la chane alimentaire, qui vient analyser les Bruxelles,...). De mme, sur la suggestion repas. de mon collgue cuisinier, jai mis au menu des hamburgers vgtariens. Mais Vous tes charg dlaborer les nos repas sont vite concurrencs par les menus. T out un art ? sandwichs garnis qui pullulent dans le Il sagit en effet de composer des repas quartier un prix peine infrieur. Je quilibrs et varis. Lan dernier, lquipe mne un combat quotidien, petits pas a pu bnficier de quatre sances de et sans volont de convaincre tout prix. formation lalimentation quilibre et Un autre constat : un nombre croissant durable, assure par une ditticienne de jeunes, issus de familles dfavorises, de lObservatoire de la sant du Hai sautent le diner*. naut. Assurant le suivi, cette spcialiste me suggre des changements aux menus Le fumet de votre action que je lui fais parvenir deux semaines se rpand-il auprs des lavance. Cela ma permis, notamment, enseignants ? dviter une surdose de fculents en prLathne a particip de diffrentes parant un potage contenant des vermimanires la semaine du gout* Mancelles, puis des petits pois en accompageons local : cration daffiches, exposignement du plat principal. Ou de ne pas tion sur les lgumes retrouvs, prparation proposer une viande pane et des frites. de repas par la section aide-familial(e). Il a galement obtenu lan dernier le label En 24 ans de mtier, quelle mangerbouger dcern par la Comvolution constatez-vous chez les munaut franaise1. Mais cette sensibililves ? sation devrait tre mene jour aprs jour, La tranche dge de notre public en partenariat avec notre restaurant, malest vaste : de 3 18 ans. Il y a des heureusement trop peu frquent par les constantes : si un steak-frites ou un spaenseignants. ghetti au menu plafonnent 400-450 repas, le poisson plonge 280. Ce nest pas Propos recueillis par une raison pour cder la facilit : nous Catherine MOREAU avons, complmentairement aux parents, un rle trs important jouer dans ldu(1) www.mangerbouger.be cation au gout* et lalimentation saine, ds le plus jeune ge. Je mefforce, dans le buffet crudits, de proposer quelques lgumes souvent peu apprcis des enfants (chicons, choux de* Matre, got, dner

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Les dfis deCr en 1970, lenseignement spcialis a ft ses 40 ans toute cette anne scolaire. Loccasion de dresser un bilan et dvoquer les dfis qui concernent quelque 32 000 lves et 10 000 membres du personnel. Ce dossier en aborde quatre : lintgration, la formation initiale et continue, linsertion socioprofessionnelle des lves, et le dcrochage. Quatre enjeux parmi dautres

13 17 18 19 20 21 22 23 2412

Des murs sont tombs Intgration : des roses et des pines Ajuster ses mthodes Le chainon manquant Lalternance : un projet personnel Recoudre le costume dapprenant Le type 8 accueille prs de quatre lves sur dix Jai vu Ali voluer au fil du temps Un dossier ralis par Catherine MOREAU PROF/MCF/Jean-Michel Clajot

On ne fera pas des spcialistes de tout !

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lenseignement spcialis

Des murs sont tombsEn quarante ans, lenseignement spcial est devenu spcialis et les jeunes handicaps des lves besoins spcifiques. Quelle (r)volution des ides et des reprsentations derrire ces changements smantiques ?

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urant des sicles, les personnes diffrentes suscitent peu dattention, voire rejet et inquitude. Se dessine peu peu un questionnement sur lducabilit de tous les enfants. Au dbut du 20e sicle, les psychologues Binet et Simon, auteurs de la premire chelle de dveloppement intellectuel, distinguent ceux pour lesquels on peut renoncer des actions ducatives et ceux dont la place se trouve dans des coles ou des classes spciales. Et lorsque lenseignement

devient obligatoire pour les 6-14 ans, partir de 1914, des classes annexes sont cres au sein des coles ordinaires, pour les lves dits anormaux . Mais lducation des enfants handicaps apparait* dabord comme une obligation morale et non un droit. Les handicaps lourds restent non scolariss. Il faudra la pression des parents regroups en associations pour quen 1970, une loi relve le dfi de lducation pour tous en orga-

nisant un enseignement spcial adapt aux besoins de tous les enfants de 2,5 21 ans. Ce choix, qui fait de la Belgique un modle, rpond la volont de regrouper ces lves dans des structures autonomes, sous la houlette dquipes pdagogiques et paramdicales. Un systme de sgrgation positive , en quelque sorte. Jean-Jacques Detraux, psychologue et professeur aux universits de Lige et de

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Bruxelles, et le sociologue Serge Ebersold, notent cependant que la classification des lves relve dun modle dfectologique situant les difficults scolaires des enfants dans leur inadaptation aux exigences de leur environnement scolaire (1). La naissance de lenseignement spcialis et la possibilit donne aux lves besoins spcifiques dtre intgrs dans lordinaire avec un accompagnement pdagogique et/ou paramdical est, lui aussi, le fruit du travail dassociations de parents, en partenariat avec la Ligue des Droits de lEnfant. En toile de fond : un autre modle qui considre que les difficults de ces enfants ne sont pas tant lies la pathologie quaux attitudes de

lenvironnement leur gard et la capacit des institutions les reconnaitre* dans leurs droits et dans leurs besoins. La Dclaration de Salamanque (2), adopte par la Confrence mondiale de lUnesco sur lducation en 1994, exhorte ainsi les gouvernements rendre possible laccueil de tous les enfants dans les coles ordinaires. Une voie suivie par de nombreux pays, selon des modalits diverses. LItalie, par exemple, inclut dans lordinaire la presque totalit des lves, encadrs partiellement par des professeurs de soutien qui ont bnfici, dune formation spcifique luniversit. Le Qubec, lui, a mis en place une gamme de dispositifs scolaires : depuis les classes

ordinaires o les lves en difficult bnficient de professeurs de soutien pour des matires prcises, jusqu des classes homognes pour enfants en difficult, le tout sur le mme site. MM. Detraux et Ebersold situent lintgration dans dautres contextes. Dabord, face une situation conomique moins favorable, il sagit dadapter lenseignement ordinaire aux potentialits de llve afin daugmenter le niveau de formation de la population. Et puis, de nouvelles connaissances (en psychologie cognitive, en biologie,) modifient la conception de lducabilit des enfants besoins spcifiques. Le potentiel dapprentissage et la motivation dun enfant sont le fruit dune

1914La loi instaurant linstruction obligatoire impose aussi aux communes dorganiser des classes pour enfants faiblement dous ou arrirs ou pour enfants anormaux .(loi du 19 mai 1914)

1924Des cours lcole normale prparent au certificat daptitude lducation des anormaux . Des classes annexes sont cres au sein des coles ordinaires.(arrt ministriel du 10 mai 1924)

1970Lenseignement spcial est cr pour des lves de 2,5 21 ans encadrs par des quipes pdagogiques et paramdicales. De nouvelles coles se crent donc dans tous les rseaux et le transport scolaire des lves est organis.(loi du 6 juillet 1970)

1978Les huit types de lenseignement spcial sont dfinis.(loi du 28 juin 1978)

Depuis 40 ans, lenseignement spcialis concerne environ 30 000 enfants

75-76 Ordinaire Maternel Primaire Secondaire Total 182575 390592 322794 895961 Spcialis 1126 16712 11254 29092

79-80 Ordinaire 159936 370968 333062 863966 Spcialis 749 15392 12912 29053

89-90 Ordinaire 158256 306163 348860 813279 Spcialis 749 11782 13793 26324

99-00 Ordinaire 155896 319180 330846 805922 Spcialis 949 14291 12728 27968

09-10 Ordinaire 180886 308050 349881 838817 Spcialis 1023 15809 15416 32248

en primaire, 5,13% des Lves taient scoLariss dans LenseiGnement spciaLis, en 2009-2010.14Juin 2011

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PROF/MCF/Olivier Papegnies

co-construction ralise par tout son entourage. Il faut donc considrer davantage son potentiel intellectuel (dapprentissage) que son quotient intellectuel. (3)

Une dchirure dans lespace de la vieLintgration dlves dans lenseignement ordinaire a-t-elle vid la coquille de lenseignement spcialis ? Au contraire, elle la dsenclav et positionn comme un partenaire possible et comme un centre de ressources pour lenseignement ordinaire , souligne Jean-Franois Delsarte, conseiller de la ministre de lEnseignement, en charge de lducation spcialise et intgre, rappelant que lenseignement

spcialis constitue une rponse possible pour les enfants besoins spcifiques. Une rponse qui peut tre donne la fois dans le spcialis et dans lordinaire (moyennant le processus dintgration). Ce dossier aborde quatre des enjeux auxquels lenseignement spcialis est confront : lintgration des enfants besoins spcifiques (p. 17), la formation initiale et en cours de carrire (pp. 1819), linsertion socioprofessionnelle de ses lves (pp. 20-21) et le dcrochage scolaire (p. 22). Dautres questions le traversent. Faut-il revoir la classification actuelle en regroupant les huit types denseignement

1986Des lves souffrant dun handicap physique, de ccit ou de surdit peuvent suivre des cours dans lcole ordinaire.(loi du 11 mars 1986)

1995Des lves de type 4, 6 et 7 peuvent tre intgrs de faon permanente et totale dans lenseignement ordinaire.(arrt ministriel du 3 janvier 1995)

2004Lenseignement spcial est rorganis. Des moyens sont accords lenseignement spcialis pour accompagner lintgration dlves de type 4, 6 et 7 dans lenseignement ordinaire. Le conseil de classe doit laborer pour chaque lve un plan individuel dapprentissage qui coordonne les activits pdagogiques, mdicales, paramdicales et sociales .(dcret du 3 mars 2004)

2009Tous les lves besoins spcifiques (du spcialis et de lordinaire) peuvent recevoir laide de lenseignement spcialis. Un enseignement spcialis adapt pour les lves polyhandicaps peut tre organis dans les types 2, 4, 5, 6 ou 7 ; pour les lves avec autisme dans tous les types et pour les lves aphasiques ou dysphasiques, sauf dans le type 2 .(dcret du 5 fvrier 2009)

Lenseignement spcialis peut tre organis en enseignement secondaire en alternance (dcret du 26 mars 2009)

Plus de 10000 personnes travaillent dans lenseignement spcialis

Plus de 60% de garonsPrimaire Secondaire

447

1 390

7 823

106

760 5 133

Enseignants Direction Inspection Personnel auxiliaire Personnel administratif Personnel paramdical, social et psychologique Autres (personnel ouvriel et personnel technique des CPMS)

39%

61%

36%

64%

Filles

GaronsSource : ETNIC, Service des statistiques.

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en quatre catgories comprenant des niveaux 1 4 (lgers profonds) ? Comment mieux ajuster encore loffre denseignement et de transports scolaires la demande ? Comment le spcialis, qui a souvent jou le rle de prcurseur, peutil rpondre plus efficacement aux besoins dune population scolaire en croissance, htrogne et souffrant majoritairement de difficults personnelles, sociales et scolaires bien davantage que de dficiences physiques ? Lexprience quotidienne auprs des enfants touchs par une dficience prouve que leurs attitudes, attentes et besoins sont extrmement divers, selon leur histoire personnelle, le climat familial, les ressources de leur milieu et laccompagnement dont ils bnficient , crit Charles

Ebersold (S.) et Detraux (J.-J.), Scolarisation des enfants atteints dune dficience : configurations idologiques et enjeux , dans ducation et enseignement spcialiss : ruptures et intgrations, Bruxelles, De Boeck, 2003. (2) Dclaration de Salamanque. http://unesdoc.unesco.org/ images/0009/000984/098427fo.pdf (3) Op.cit. (4) Gardou (Ch.), Fragments sur le handicap et la vulnrabilit, Pour une rvolution de la pense et de laction, Toulouse, Ers, 2005.(1)

Rpartition des lves en 2009-2010En 2009-2010, plus de 90 % des lves de lenseignement spcialis se repartissent dans quatre types denseignement en primaire et trois en secondaire. Ds 1977-78, le retard mental lger a cd la place aux troubles dapprentissage comme premier diagnostic orientant les enfants vers le spcialis. Et, dans le secondaire, on observe depuis vingt ans une augmentation des diagnostics de troubles du comportement et/ou de la personnalit.

*Apparat, reconnatre.

Types, formes, degrs de maturit et phasesLenseignement spcialis scolarise ses lves selon des types, des formes, des phases et des degrs de maturit. Huit types denseignement 1 : retard mental lger 2 : retard mental modr ou svre 3 : troubles du comportement 4 : dficiences physiques 5 : maladie et/ou convalescence 6 : dficiences visuelles 7 : dficiences auditives 8 : troubles des apprentissages Il ny a pas de type 1 et 8 au maternel, pas de type 8 au secondaire. Il existe des classes pdagogies adaptes pour les enfants polyhandicaps (types 2, 4, 5, 6 et 7), autistes (tous types) et aphasiques/ dysphasiques (sauf de type 2). Quatre degrs de maturit Le primaire sorganise en degrs de maturit, et pas en annes scolaires. Pour le type 2 : acquisition de lautonomie et de la socialisation, apprentissages prscolaires, veil aux premiers apprentissages scolaires et approfondissement. Pour les autres types : niveau dapprentissages prscolaires, veil aux apprentissages scolaires, maitrise* et dveloppement des acquis, utilisation fonctionnelle des acquis. Formes et phases En secondaire, il y a quatre formes : - Forme 1 : formation sociale visant lintgration dans un milieu de vie adapt (sauf type 1). la cl : une attestation de frquentation. - Forme 2 : formation gnrale, sociale et professionnelle permettant lintgration dans un milieu de vie et de travail adapt (sauf type1). En deux phases : socialisation et communication ; activits ducatives et dapprentissages professionnels. Aboutit une attestation prcisant les comptences acquises. - Forme 3 : formation gnrale, sociale et professionnelle visant lintgration dans un milieu de vie et de travail ordinaire (sauf type 2). En trois phases : observation dans un ou plusieurs secteurs professionnels et approche polyvalente dans un secteur professionnel (par exemple la construction) ; formation polyvalente dans un groupe professionnel (par exemple : grosuvre); qualification professionnelle dans un mtier (par exemple : maon) du groupe suivi en 2e phase. Attestation de russite au terme des deux premires phases, certificat de qualification aprs la 3e. - Forme 4 : formation ouvrant vers des tudes suprieures ou lentre dans la vie active (sauf types 1 et 2).

Primaire38,10%

2,13% 0,62% 2,64% 3,98%

27,92%

11,30%

13,32%

Secondaire53,70% 1,87% 0,80% 1,90% 5,10% 18,14% 18,49%

* Matrise

Type 1 Type 2 Type 3 Type 4

Type 5 Type 6 Type 7 Type 8

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Gardou, professeur lUniversit Lumire Lyon 2, spcialiste du handicap, quil dfinit comme une dchirure dans lespace de la vie .

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Intgration : des roses et des pinesEn 2009, un dcret a boost lintgration dlves besoins spcifiques dans lenseignement ordinaire. Quel bilan, quelles limites et quelles conditions favorables ? Archives Belga/Olivier Papegnies

en six ans, Le nombre dLves intGrs est pass de 188 842.

T

ous les lves besoins spcifiques, dans le spcialis comme dans lordinaire, peuvent dsormais recevoir laide de lenseignement spcialis (1). Lintgration existait dj, mais depuis 2009, le nombre denfants concerns a fortement augment (lire notre infographie). Quel bilan ? Chercheur lULB, Philippe Tremblay a compar, laune dun ensemble de critres, la qualit de linclusion (NDLR : un type dintgration) dlves de type 8 dans huit classes de lenseignement ordinaire celle dlves frquentant treize classes de lenseignement spcialis (2). En vrifiant lhypothse de la supriorit de linclusion. Aprs deux ans dvaluation, tout en reconnaissant les limites de cette tude (chantillonnage trop limit, enthousiasme des quipes de lordinaire engages dans une exprience nouvelle,), Philippe Tremblay nuance. Les lves du spcialis bnficient denseignants plus expriments, ayant moins de contraintes lies au programme ou aux rsultats que ceux de lordinaire, parfois soumis la pression des parents des autres lves. Par contre, mieux accept par certains parents, lenseignement ordinaire a permis des enfants inclus de bnficier plus tt du service scolaire spcialis. Et la prsence simultane, en classe, dinstituteurs du spcialis et de lordinaire, est perue par ces derniers comme une occasion dacqurir de nouveaux savoirs et de nouvelles comptences professionnelles, de rflchir ensemble et damliorer les mthodes. Ct rsultats scolaires, les lves

inclus obtiennent de meilleurs rsultats en mathmatiques et en franais. Ces observations rejoignent parfois celles dun rcent change entre des coles de lenseignement ordinaire et de lenseignement spcialis engages dans un projet dintgration. Rosanna Delussu, conseillre au Conseil de lenseignement des communes et provinces : Ct positif, il y a la reconnaissance de lapport du spcialis, une meilleure acceptation par les parents des difficults de leur enfant, lenrichissement mutuel des deux quipes sur le plan pdagogique (change de mthodes) et relationnel . Mme Delussu relve cependant certains obstacles, tels que les difficults de trouver des coles partenaires, de concilier dans le secondaire les horaires des lves intgrs avec ceux des enseignants du spcialis, le manque de stabilit du personnel des quipes et les difficults lies aux dplacements.

Pour Mme Delussu, les conclusions sont claires : la russite de lintgration denfants besoins spcifiques dans lordinaire demande la libre adhsion de toute lquipe : pouvoir organisateur, CPMS, enseignants, personnel paramdical, parents, Elle requiert aussi du personnel comptent et expriment, ainsi quune dfinition claire des objectifs atteindre dans le protocole dintgration de llve (3).

Lire la circulaire 3578 (http://bit.ly/l20g3g) Tremblay (Ph.), valuation de la qualit de deux dispositifs scolaires (lenseignement spcialis de type 8 et linclusion dans lenseignement ordinaire) destins des lves de lenseignement primaire ayant des difficults/troubles dapprentissage, thse ULB, 2010. Consultable sur http://bit.ly/m6uOJT (3) Lire le dossier intgration paru dans notre dition de septembre 2009 (n3). Tlchargeable sur www.enseignement.be/prof(1) (2)

En 2010, 842 lves taient en intgration totale ou partielleAnne scolaire 2004-2005 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 Maternel 11 17 18 12 3 39 56 Primaire 110 116 103 73 82 325 512 Secondaire 67 84 72 101 118 159 274 Total 188 217 193 186 203 523 842Source : Direction gnrale de lenseignement obligatoire

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On ne fera pas des spcialistes de tout !Deuxime enjeu abord dans ce dossier : la formation. Quelles voies permettent aux enseignants du spcialis de se former aux besoins ducatifs des lves ?

I

nstitutrice maternelle dans le type 6, Aurore Duhoux tmoigne : Ma formation initiale ma dote dune connaissance minimale et thorique des lves besoins spcifiques (NDLR : 30 h en 3e anne au cours de diffrenciation des apprentissages, notions dorthopdagogie et dtection des difficults dapprentissage et leur remdiation ). Lche dans lenseignement spcialis pour un remplacement, jai heureusement t bien entoure par lquipe pdagogique, car on a tendance, cause de notre formation et de notre propre vcu scolaire, travailler comme dans lordinaire . Quatre hautes coles (1) proposent pourtant aux futurs instituteurs et rgents, notamment, une spcialisation en orthopdagogie (60 crdits). Cette quatrime anne ajoute des sminaires et des stages une formation commune centre sur les aspects mdicaux, psychologiques, thiques et historiques des handicaps, sur les mthodologies adaptes, Aucune valorisation salariale nest prvue pour les diplms de cette spcialisation suivie en 2010-2011 par 44 tudiants. linverse, les enseignants qui suivent une formation dbouchant sur un certificat daptitude lducation des lves besoins spcifiques bnficient dun supplment de traitement (2).

Une autre voie est videmment propose tant aux personnels de lordinaire que du spcialis par les rseaux et par lInstitut de la formation en cours de carrire (IFC). Louverture de lenseignement ordinaire tous les lves besoins spcifiques a accru encore limportance de la formation des enseignants la dtection des difficults et lutilisation des pdagogies adaptes, note Jean-Franois Delsarte, conseiller de la ministre, en charge de lducation spcialise et intgre. Ce serait prendre en compte dans le projet de rforme de la formation initiale. cela devraient sajouter des modules de formation complmentaire selon le type denseignement spcialis, qui pourraient tre certifis par lenseignement de promotion sociale. On ne fera pas des spcialistes de tout ! Prmisse de ce courant : une formation complmentaire assure par lIFC et les rseaux, pilote par le cabinet de la ministre de lEnseignement obligatoire et supervise par lquipe du Service universitaire spcialis pour personnes avec autisme (3). Elle a rassembl cette anne 90 enseignants travaillant avec des lves autistes, venus partager leurs mthodes, leurs russites et leurs difficults. Sil prouve son efficacit, ce modle pourrait tre tendu aux autres pdagogies adaptes (pour les lves polyhandicaps et aphasiques/dysphasiques).

Ds octobre, des formations de quatre jours la dyslexie sadresseront, elles, au personnel de lenseignement ordinaire et du spcialis, de prfrence du cycle 5-8 et du premier degr du secondaire (4). Assures en binme par le psychologue Vincent Goetry, de Dyslexia-international, et un formateur de lIFC, elles formeront plusieurs centaines de personnes-relais maitrisant* des connaissances essentielles sur la dyslexie, capables dutiliser les ressources dun site de formation en ligne et de sensibiliser leurs collgues dans leur tablissement. La dmarche adopte est donc nouvelle : il sagit dutiliser la formation dun seul enseignant comme source de sensibilisation et de dveloppement de comptences de toute lquipe ducative dune cole. Hautes coles libres mosane, de Namur, haute cole provinciale du Hainaut et haute cole de Bruxelles. (2) Fix 351,08 par an au 1er dcembre 2004 ( indexer), mais on ne peut le cumuler avec dautres supplments. www.gallilex.cfwb.be/ document/pdf/16467_000.pdf (3) www.susa.be (4) Inscription avant le 30 juin aux sances dinformation de septembre. Lire les circulaires disponibles sur http://bit.ly/iJ7SUX et sur http:// bit.ly/jrPmPv(1)

* Matrisant

Apprendre sur le terrain, a ne suffit pas LInstitut de promotion sociale Lallemand-Robaye, Bruxelles, propose la formation en orthopdagogie. Tmoignages de deux tudiantes. Adeline Rommelaere enseigne des lves polyhandicaps dans le primaire spcialis, et travaille aussi avec des jeunes en difficults intgrs dans lordinaire. Nous recevons, la premire anne, une formation de base abordant lhistorique et lorganisation de lenseignement spcialis, la psychopdagogie adapte aux lves, la mthodologie de la relation et de la communication, La seconde cible lapprentissage de pratiques pdagogiques adaptes des dficiences particulires. La formation est axe sur lexprience de terrain des chargs de cours, mais se construit aussi sur la base de lchange dexpriences entre les tudiants-enseignants, et nous permet dengranger des documents pratiques et des outils de travail . Manuela Rolin, institutrice maternelle dans le type 5 : Un partage dides, dexpriences, de pistes de rflexion. Voil ce que je trouve ici. Je suis surprise de voir combien le regard des autres peut maider. Enseignant toutes dans des coles de types et de niveaux diffrents, nous nous rejoignons dans nos attentes : amliorer nos pratiques au quotidien et trouver des pistes dadaptation aux besoins spcifiques de nos lves. Apprendre sur le terrain, a ne suffit pas. Cela prend du temps ; je crois quune formation plus complte et cible permettrait dviter un trop grand temps de ttonnements qui pourrait tre dommageable pour nos lves .

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Ajuster ses mthodesSouvent nommes classes de langage , les classes pdagogie adapte pour les lves aphasiques/ dysphasiques sont reconnues officiellement depuis 2009.Rpondre aux besoins spcifiques des enfants aphasiques/dysphasiques requiert des mthodes et, de prfrence, une formation particulires. Trois questions Cindy Broekaert, institutrice lcole primaire denseignement spcialis Le Merlo , Uccle. PROF : Quel a t votre cheminement sur le plan professionnel ? Cindy Broekaert : Au cours de ma formation initiale la haute cole de Bruxelles, javais reu des informations assez gnrales sur les diffrents types de handicaps, et particip un stage dobservation. Or, je ne me voyais pas enseigner dans lordinaire en devant suivre un programme sans pouvoir donner tous les enfants la possibilit dvoluer leur rythme. Jai donc ajout une anne de spcialisation en orthopdagogie durant laquelle jai fait deux stages avec des lves de types 5 et 8. Cela ma permis dtre invite, ds la fin de mes tudes, enseigner des enfants dysphasiques Uccle. Dabord dans une classe de maturit 1 (acquisition de lautonomie, de la socialisation et des apprentissages prscolaires), puis des lves de 8 10 ans en maturit 2 (veil aux apprentissages scolaires). Un public trs cibl ? Effectivement, la directrice ma demand de suivre, aux frais de lcole, une formation dune semaine la Maison du langage, cre Auderghem par lAssociation de parents denfants aphasiques et dysphasiques (APEAD). Pour mieux comprendre les caractristiques des lves atteints de ce trouble structurel et durable de lapprentissage et du dveloppement du langage oral. Jy ai appris des techniques pdagogiques particulires, notamment une mthode spcifique dapprentissage de la lecture. Le quotidien dune classe pdagogie adapte de ce type ? Jenseigne treize enfants quil faut sans cesse rassurer, auxquels il faut donner un cadre. Cela signifie que chaque journe doit tre ponctue de rituels : prparation du matriel, distribution des charges, lecture de la date, avant de dbuter les apprentissages individuels ou en petits groupes. Une place prpondrante doit tre accorde aux stimulus* visuels et la manipulation. Jutilise, par exemple, un code gestuel, la position des doigts et de la main correspondant chacun des chiffres mis ensuite en correspondance avec des points sur des dominos. Les enfants apprennent en utilisant des jeux, en manipulant des btonnets, des capsules, Certains lves dysphasiques sont atteints de troubles associs (dyspraxie, hyperkintisme,) qui prennent parfois le dessus. Des runions bihebdomadaires en quipe (avec la direction, le CPMS, la logopde, la kin, les autres enseignants) facilitent videmment les choses. Jai galement suivi durant trois ans une formation en gestion mentale pour essayer de mieux comprendre le fonctionnement de chaque enfant et ajuster mes mthodes. (1) noter quun manuel pratique, Les besoins ducatifs des enfants dysphasiques, est disponible sur http://bit. ly/iVNy2f.(1)CF/Jean-Miche l Clajot

* Stimuli

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PHOTOS : PROF/M

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Le chainon manquantAu bout du parcours dans lenseignement spcialis, linsertion dans un milieu de vie et/ou de travail. Cest le troisime enjeu explor par notre dossier. Focus sur deux projets rcents mis en place pour assurer la transition vers le monde des adultes: lorganisation dun enseignement secondaire spcialis en alternance (page 21) et la cration, au sein des coles, dune fonction de rfrent-coordinateur pour soutenir et orienter les lves en partance.

A

u sortir de lenseignement spcialis, connaissant peu les services existants, manquant dautonomie et de confiance en eux, beaucoup de jeunes galrent pour sinsrer dans un milieu professionnel. Ce constat a conduit un groupe de travail (1) proposer un projet pilote Transition insertion . Depuis juin 2009 et jusquen dcembre 2012, il bnficie de laide du Fonds social europen.

dinsertion durant les six derniers mois de leur dernire anne dtudes, et les six suivants. Avec laide de lquipe pdagogique et du CPMS, nous identifions des jeunes motivs sortant de formes 2 et 3. Notre accompagnement peut prendre des formes trs diverses : visite du FOREm, de Carrefour Emploi Formation, ralisation dun CV, visite sur le lieu du stage pour voir les possibilits dembauche. Nous pouvons aussi les aider construire leur projet, travailler leurs propres reprsentations, les remotiver. Et, sils trouvent un emploi, leur rappeler les documents fournir, les engagements respec PROF/MCF t e r, Bref, nous formons le chainon* manquant entre lcole et linsertion socioprofessionnelle. Et, le dlai coul, nous cdons le relai*, si ncessaire, un service daccompagnement ou une rgie de quartier. Pourquoi avoir endoss ce rle ? Je lai vu comme la continuit du cours dducation sociale que je consacre lapprentissage de dmarches pratiques de la vie quotidienne. La prise en charge des jeunes dans le cadre du projet Transition-insertion mamne dailleurs mieux adapter le cours, pour lensemble du groupe, aux besoins et aux situations rencontrs.

Avez-vous bnfici dune formation et dun suivi particuliers? Doctobre dcembre 2009, jai suivi, avec les autres rfrents-coordinateurs, un plan de formation comprenant des rencontres avec des acteurs de linsertion socioprofessionnelle : lAWIPH, le FOREm, des entreprises de formation par le travail (EFT), des entreprises de travail adapt (ETA),. Nous pouvons aussi utiliser des outils pdagogiques comme le module mergence et insertion organis par le centre de formation professionnelle AURELie. Ct suivi, nous nous runissons chaque mois pour valuer nos pratiques, sous la houlette dun comit de suivi, dsign au sein du comit daccompagnement du projet. Les rsultats ? Sur les 25 jeunes suivis lan dernier, 11 ont poursuivi leur formation prcdente dans lcole, 4 en ont entam une autre dans ltablissement, quatre ont trouv un emploi, Un seul a abandonn. Jespre que cela permettra de renouveler ce projet pilote au-del de 2012, voire de le prenniser.

juLie GeorGes : mon rLe de rfrentecoordinatrice est un cho pratique du cours dducation sociaLe

.

Cinq coles de la province de Lige ont donc cr une fonction nouvelle de rfrent(e)-coordinateur(trice). Rencontre avec Julie Georges, qui partage ce rle avec Tiffanie Honay, lcole denseignement secondaire spcialis Le Chneux, Amay. PROF : quoi sert ce rfrentcoordinateur ? Julie Georges : soutenir et orienter les lves dans leur dmarche

Ce groupe rassemblait notamment lAgence wallonne pour lintgration de la personne handicape (AWIPH), lEntente wallonne des entreprises de formation par le travail (EWETA), la Direction gnrale de lenseignement obligatoire, des services daccompagnement, des CPMS, (2) Centres scolaires spcialiss Saint-Joseph Dolhain, EPA Ans, cole denseignement secondaire spcialis Saint-Edouard Spa, cole professionnelle de Froidmont Lige et Le Chneux Amay.(1)

* Chanon, relais

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Lalternance : un projet personnelDepuis deux ans, Mike, 19 ans, en forme 3 linstitut Mariette Delahaut, Jambes, mesure ses talents en menuiserie dans une entreprise voisine.

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dric de Broux, patron de Mike : Tablant sur sa volont et sa motivation, jai voulu parier quune exprience en milieu professionnel lui offrirait des atouts complmentaires lcole. Si je dois parfois adapter mes exigences, vrifier certains travaux, notre collaboration fonctionne bien . Cet tablissement secondaire de la Communaut franaise, qui scolarise environ trois cents lves, na pas attendu le dcret de 2009 (1) pour faire monter certains lves dans le train de lalternance. Un an plus tt, il a dcid de collaborer avec le centre denseignement et de formation en alternance (CEFA) de Suarle, dans le cadre dune exprience-pilote mene par plusieurs coles. jambes, mike aLterne coLe et travaiL en entreprise. en rvant dun enGaGement.

Habituellement, cest llve lui-mme qui sollicite de la directrice lautorisation de se former en alternance, et se trouve un patron , explique Franois Verboomen. Chef datelier, il a endoss le rle dinterface entre llve, ses parents, les professeurs de cours pratiques, le CEFA et le patron. Lexprience dbute par un stage dun mois pour viter le risque dun chec. Puis, aprs avis favorable du conseil de classe qui se base sur le Plan individuel dapprentissage (PIA), je vais rencontrer le patron pour lui prciser les difficults de llve, les comptences maitrises* et les attentes en matire de formation . La spcificit de lenseignement en alternance pour les lves du spcialis ? Sils passent trois journes par semaine en entreprise, comme ceux de lenseignement ordinaire, ils restent attachs leur cole

o ils suivent, les deux jours restants, un programme de cours individualis (15 h). Et ils regagnent lcole temps plein en cas de rupture du contrat. Ils restent donc encadrs par les enseignants quils connaissent, habitus aux pdagogies spcifiques lenseignement spcialis , ajoute M. Verboomen. Lexprience a fait flors dans lcole jamboise comme ailleurs (2). Dabord limite cinq lves en sections menuiserie et carrosserie, elle sest vite largie toutes les sections proposes par lcole en forme 3 aux lves de type 1. Dans le cadre dune convention dinsertion socioprofessionnelle, treize dentre eux sinitient au mtier de monteur-placeur dlments menuiss, de commis de cuisine, douvrier jardinier, de maon, Avec en ligne de mire, un certificat et lespoir dun engagement. Dans lenseignement ordinaire, la formation en alternance peut offrir une piste pour raccrocher certains jeunes lcole. Dans le spcialis, il concerne plutt les lves scolariss que le conseil de classe considre comme les mieux adapts pour sintgrer une quipe de travail et possdant les comptences professionnelles requises , prcise M. Verboomen. Plus sans doute quavec dautres jeunes, une relation privilgie se noue, ajoute Fabienne Dufaux, accompagnatrice du CEFA, qui assure le suivi administratif. Ils sont particulirement fiers de me montrer ce quils sont capables de raliser . La directrice, Franoise Bogaerts, nuance : loin dtre la panace, la formule ne convient pas certains lves peu prts sortir du cadre rassurant de lcole. La dcision doit tre prise en fonction du projet personnel du jeune. http://bit.ly/mtMamF En 2010-2011, 74 contrats ont t signs par 24 coles partenaires de lalternance (contre 42 contrats signs par 12 coles en 2009-2010).(1) (2)

* Matrises PROF/MCF

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Recoudre le costume dapprenantProblmes de sant, manque de structure scolaire adapte et accessible, dcrochage, Dans le spcialis, une palette de raisons peuvent expliquer labsentisme. Pour y remdier, une initiative spcifique a vu le jour : les Structures scolaires daide la socialisation ou la resocialisation (SSAS).

P

onctualit, respect de soi-mme, des autres et du matriel, Voil des questions au menu du dbriefing quotidien des lves de la Structure scolaire daide la socialisation ou la resocialisation (SSAS), cre linstitut des Mtiers de la construction et de lenvironnement (IMCE), Erquelinnes. Que faire de jeunes, mineurs, que des blessures de la vie et des checs rpts ont apparemment brouills irrmdiablement avec lcole ? De ce questionnement men lcole secondaire denseignement spcialis est n, voici une petite dizaine dannes, un projet Passerelle , soutenu par le Fonds social europen. Il propose un enseignement en alternance en partenariat avec le CEFA Hainaut-Sud. Un projet encore inadapt pour des jeunes en errance sociale, cumulant les difficults (renvois, assutudes, problmes judiciaires,...). Do la cration, en 2004, dune SSAS accueillant trois groupes de six lves, dans une des trois implantations de lcole hennuyre, pour une dure maximale de deux ans (1). Objectif : Redonner sens aux apprentissages, autrement dit recoudre leur costume dapprenant , explique Christophe Quittelier, directeur de lIMCE. Le projet, prvu pour des lves de formes 3 et 4 du secondaire, comporte deux tapes (2). La premire, de socialisation , vise lacquisition de comptences sociales propres chacun des lves (prsence, ponctualit, respect, collaboration,), puis la construction dun projet personnel bas sur les centres dintrt. Ensuite, llve, avec lappui dune quipe pluridisciplinaire (formateurs, CPMS,) pourra sengager en immersion dans un projet de formation, faire un stage (dans lcole, dans une entreprise,) et prsenter un dossier mtier . Car lobjectif final est videmment de le rintgrer dans une filire de formation choisie. Une

ralit pour environ 45% des jeunes dont certains bnficieront encore dun accompagnement (4 h par semaine) par lcole, lanne suivante.

Structure et souplesseUne quipe de six enseignants de formations diverses pilote chaque classe SSAS.

en question, pratiquer lautodrision, cela permet de progresser. Ce projet rclame beaucoup de temps et dnergie. Comment abandonner un lve en crise la fin des cours ? On peut se demander jusquo ces enseignants peuvent aller pour se donner les conditions dexercer leur mtier norma-

Le dbriefinG quotidien : un espace dediaLoGue pour mesurer Les petits pas des

Tous volontaires. Si le projet sappuie sur une structure solide (35 heures de cours par semaine), lorganisation de terrain privilgie la souplesse : projets individuels et collectifs, moments de parole, pdagogie trs diffrencie, horaires personnifi (on est avec Xavier ou avec Joy ), lintitul du cours de formation gnrale et professionnelle apparaissant implicitement au fur et mesure des semaines. Aurore Van Haelst, professeur dducation plastique, lassure : cette SSAS rclame de chaque enseignant une grande polyvalence Je tte du jardinage et de la menuiserie et un esprit dquipe. Partager les difficults rencontres, se remettre

Lves vers La resociaLisation.

lement, ajoute Christophe Quittelier, le directeur. Je suis le garant de ces limites. Lorsquaprs un fait grave, un jeune nexprime pas de regrets, ce nest pas acceptable. Mais je constate que la rponse dcale quoffre le SSAS convient une majorit de ces lves . Dautres coles ont dvelopp ce projet pilote : lcole Jean Bosco Chastre, lEpes Remeujoie Malonne, le centre professionnel denseignement spcialis libre Saints Jean et Nicolas Schaerbeek, lcole Clair Val Suarle et Le Soleil Levant Montignies-sur-Sambre. (2) http://bit.ly/mGvdwD(1)

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Le type 8 accueille prs de quatre lves sur dixLa dtection prcoce des difficults dapprentissage des enfants et leur prise en charge dans lenseignement ordinaire devraient permettre au spcialis de type 8 de jouer son vritable rle.

E

n 2009-2010, 6158 lves taient inscrits dans lenseignement primaire spcialis de type 8, destin aux lves pour lesquels lexamen pluridisciplinaire () a conclu des troubles des apprentissages. Ceux-ci peuvent se traduire par des difficults dans le dveloppement du langage ou de la parole et/ou dans lapprentissage de la lecture, de lcriture ou du calcul, sans quil y ait retard mental ou dficit majeur sur le plan physique, comportemental ou sensoriel. Ils doivent tre considrs comme des troubles complexes aux origines multifactorielles . (1) Lobjectif de cet enseignement consistant remdier ces troubles de lapprentissage, il est important danalyser ce que deviennent les enfants inscrits dans le type 8, dans la suite de leur scolarit. En 2009-2010, une petite centaine denfants sur les 6007 qui taient inscrits en type 8 lanne prcdente ont rejoint le primaire ordinaire. Trs peu denfants orients un moment vers lenseignement spcialis de type 8 rintgrent donc lenseignement primaire ordinaire. Comme le type 8 nexiste pas en secondaire, il est galement utile dexaminer o sont orients en secondaire les lves qui quittent le type 8. Sur 1337 lves passs en 20092010 en secondaire, 569 (soit 42%) ont t orients vers le spcialis, en type 1 surtout, 2 et 3 dans une moindre mesure. On retrouve les 768 autres jeunes dans lordinaire, majoritairement (plus de 80%) dans le degr diffrenci. Une recherche portant sur le parcours ultrieur de ces lves (2) montre que la plupart dentre eux sont rapidement orients vers des filires professionnelles, dans lenseignement ordinaire ou spcialis. Par ailleurs, en croisant les donnes socioconomiques et la situation scolaire en 2009-2010 des lves inscrits lanne prcdente en type 8, on observe que les lves rintgrant lenseignement ordinaire ont un indice socio-conomique plus favorable que la moyenne. Et que, en secondaire, ceux qui intgrent une 1re commune ont un indice plus lev que ceux qui vont en 1re diffren-

cie. En outre, comme on le lira dans notre infographie, que les garons sont presque deux fois plus nombreux que les filles dans lenseignement spcialis de type 8. Un des facteurs explicatifs tient la dfinition mme du concept de troubles de lapprentissage . Une notion floue, constate Andra Dupont, directrice du CPMS spcialis de la Communaut franaise, Verviers, et membre du Conseil suprieur de lenseignement spcialis (CSES), sachant lvolution

cialis voire de transports scolaires, dune rgion , observe Mme Dupont (4). Face ces constats, la Commission de pilotage du systme ducatif, en 2008 dj, a mis une srie de recommandations dont certaines se sont concrtises : dtection prcoce des troubles dapprentissage (avant lchec), sensibilisation et accompagnements des parents, dveloppement et diffusion doutils, formation. Et, bien entendu, lintgration dans lordinaire. Lance en

Rpartition en 2009-2010 des lves inscrits en type 8 lanne prcdente73,8% 75,6%

Filles Garons14,9% 11,5% 1% 1,4% Sortie

37,2% (2 236)

62,8% (3 771)

1,4% 1,7% Primaire spcialis Primaire ordinaire

8,8% 9,9%

Secondaire Secondaire spcialis ordinaire

Source : Agers, Donnes pilotage - Calculs : Agers, Service gnral de pilotage du service ducatif.

une fiLLe sur sept (14,9%) qui quitte Le type 8 rejoint Le secondaire ordinaire.

des recherches en neuropsychologie, comme celles qui mettent laccent sur les fonctions excutives et les troubles attentionnels, avec ou sans hyperactivit, avec ou sans troubles des conduites pouvant altrer les possibilits dapprentissage . Le CCES plaide dailleurs pour lactualisation de la circulaire ministrielle de 1992 qui dtermine encore les modalits dorientation vers les types denseignement spcialis (3). Par ailleurs, une orientation dans le type 8 aide certains parents accepter le diagnostic de la diffrence de leur enfant. Lorientation est souvent le fruit dun fragile compromis entre les besoins spcifiques dun lve, les ressources ducatives dune familles, les seuils de tolrance dune cole ordinaire et plus globalement loffre denseignement sp-

2009, lintgration, ds la 1re primaire, dlves du type 8 (328 enfants en 20102011), encadrs par des enseignants expriments du spcialis, ouvre effectivement des possibilits (5). Dcret organisant lenseignement spcialis, art. 8, 8. http://bit.ly/m721bW (2) Tremblay (P.), Efficacit interne de lenseignement spcialis primaire de type 8 en Belgique francophone, ULB, 2008. http://bit.ly/kF4gLo (3) Avis n134 du Conseil suprieur de lenseignement spcialis. www.enseignement.be/index. php?page=24410&navi=966 (4) Dans Les 40 ans de lenseignement spcialis , hors-srie n2 des Cahiers de PMS21, Association des agents PMS des Communaut franaise et germanophone, p. 11. www.pms21.be/cahier_pms21.php (5) Lire le dossier Intgration : le spcialis en mutation , paru dans PROF en septembre 2009. www.enseignement.be/prof(1)

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de retour LateLier, LLve aretrouv

danieL vandooren,un de ses professeurs de pratique.

Jai vu Ali voluer au fil du temps Sorti lan dernier, avec le certificat de qualification en poche, Ali Lakdimi, 19 ans, personnalise des voitures chez un concessionnaire automobile. Regard dans le rtroviseur sur son parcours scolaire, avec Daniel Vandooren, son ancien professeur de pratique professionnelle en mcanique, linstitut Charles Gheude, Bruxelles.

D

s les classes maternelles, les profs mont donn des chances, je travaillais bien, mais javais trop besoin de bouger ; ctait plus fort que moi , commence Ali, orient ds la troisime primaire dans lenseignement spcialis lcole de la Dcouverte, Ganshoren. Puis, dans les pas dun condisciple, il gagne lenseignement professionnel spcialis (forme 3) linstitut Charles Gheude. La mcanique, cela ma plu tout de suite. Jaime voir mes mains salies. Cela ma appris rflchir la meilleure manire de manipuler les pices et les outils. Le travail maidait viter de faire des btises et je suis tomb sur une classe o les lves navaient pas de mauvaises influences entre eux . Et de se souvenir du stress qui a prcd lpreuve de qualification professionnelle conduisant au certificat daide-mcanicien garage : Les enseignants nous mettaient la pression. Aprs, jai compris que ctait une bonne faon de nous obliger faire des efforts . Daniel Vandooren se souvient : au dbut de la troisime, Ali tait trs nerveux, impulsif ; grant mal ses motions, il supportait peu les remarques quil considrait comme des injustices son gard. Jai d

le cadrer, prendre le temps de lui expliquer la raison des consignes. Au fil du temps, je lai vu voluer : pleurer, serrer les poings, prendre sur lui pour viter de snerver et de ragir immdiatement. Ses atouts : ses capacits, son travail latelier et lors des stages, son ct curieux, volontaire et dbrouillard . Des atouts qui portent leurs fruits. Ali Lakdimi a parcouru, en une anne seulement, la troisime phase de sa formation avant daller dposer CV et certificat de qualification chez un patron qui lui a reproch un manque dexprience. Jai attendu un mois, puis je suis retourn le voir pour lui demander comment je pourrais acqurir de lexprience sans travailler, explique-t-il. Alors, il ma trs vite engag . Professeur depuis quinze ans, Daniel Vandooren a suivi, en promotion sociale, les cours normaux pour lenseignement spcialis. Le cours de psychologie du comportement, notamment, ma appris observer chaque lve, puis tenter de lanalyser avant dintervenir de la manire la plus adquate possible. Bien utile quand il sagit de jongler avec des lves prsentant des sensibilits, des constitu-

tions physiques, des niveaux, des milieux socioculturels, des courbes de progression trs varies et dbarquant souvent avec une ide ngative de lcole . Et dajouter que llaboration du Plan individuel dapprentissage (PIA) de llve, le travail avec lquipe de pratique professionnelle et avec le reste de lquipe enseignante sont des aides prcieuses. Son premier contrat en poche, Ali Lakdimi a tout de suite prvenu son ex-enseignant et pousse encore volontiers la porte de lcole. Comme bien dautres lves, commente Daniel Vandooren. Quand le courant est pass, ils reviennent nous voir. Ils savent bien que latelier est ouvert .

Pour en savoir plusUn ensemble douvrages et de publications concernant lenseignement spcialis vous est propos en marge de la version lectronique du magazine. www.enseignement.be/prof

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CLIC & TIC

Copier nest pas jouerLe dveloppement des TIC a tant facilit le copier-coller quil justifie aujourdhui des campagnes de sensibilisation mais aussi des outils de dtection (1). Et pourquoi pas la prvention ?coles ont dveUniversits et hautesdes enseignants, lopp des plans daction et des outils concrets disposition moins bien sr danalyser systmatiquement tous les travaux via une plateforme informatique quipe dun logiciel de dtection, ce qui reste lexception dans lenseignement obligatoire. Et encore : ces logiciels ne dtecteront pas les travaux achets La chasse au copier-coller lui paraissant discutable parce qualatoire, M. Raes sest interrog sur les faons de rendre le plagiat inutile ou inoprant. Ou bien je demande un travail qui na jamais t fait, ou bien, si cest un travail qui pourrait tre plagi, je demande comptences. mon sens, le copier-coller est le signe dune dmarche qui se focalise sur lacquisition de savoirs, et pas sur la maitrise* de comptences. Si je pose des questions de telle faon que les lves peuvent copier pour y rpondre, forcment, je dois surveiller, contrler, sanctionner , poursuit M. Raes qui voit dans le copier-coller , outre un rflexe de facilit, le rsultat dun manque dapprentissage quant la manire de chercher et dorganiser des ressources. Notre interlocuteur va mme plus loin, estimant que malheureusement, le secondaire prpare au copier-coller dans le suprieur . Dune part parce que lattention est dabord focalise sur le contenu disciplinaire des travaux exigs, et pas sur les sources ; et dautre part, selon M. Raes, parce que lerreur ny aurait pas sa juste place. En mettant laccent sur la dmarche par rapport aux ressources, et sur la construction progressive du travail, on redonne un statut lerreur , estime-til, en concluant que selon lui, quelle que soit la discipline, cette faon de fa