Projet itinérant d'art en Bolivie «Les enfants de la rue et de la campagne, avec leur expression artistique »

Socialisation, échange, développement. Le projet vise le développement de l’enfant à travers des expériences de créations artistiques afin de tisser des relations avec ses pairs, le monde qui l’entoure et le plus lointain. Il vise un resserrement des liens sociaux et interculturels à travers la recherche esthétique et l’expression des sentiments et des idées. Il permet de créer des lieux ouverts pour pouvoir imaginer et permet une démocratisation de l’accès à l’art à travers des lieux et moments artistiques que nous allons ouvrir grâce à notre volonté de grandir et de souder les initiatives vers une compréhension du monde plus libre et solidaire « Je m’appelle Pauline, j’ai 25 ans, et je m’intéresse depuis

longtemps au contexte politique latino-américain et plusprécisément au cas de la Bolivie. J’ai choisi, dans le cadre de mesétudes, une spécialité « expertise en éducation dans les pays endéveloppement »

En 2006, des ateliers artistiques existaient de manière ponctuelle dans les bibliothèques publiques de Sucre.En 2007, je suis arrivée en Bolivie et ai participé à un atelier d'arts plastiques dans le cadre d'un projet pilote, auxcôtés d'Hernan Almiron, artiste-peintre, dans une bibliothèque du quartier d' Urkupiña . Ce projet pilote a permisla continuité d'un atelier d'art toute l'année 2007 ainsi que la création d'un atelier dans la bibliothèque du quartierde Villa Armonia. (voir page 3)

Genèse du projet d'art

En Amérique du Sud :

La République de Bolivie est un pays grand comme environ deux fois la France avec une superficie de 1 098 581 km2. Le pays est une république fédérale divisée en 9 départements : Santa Cruz,

Potosí, Pando, La Paz, Cochabamba, Oruro, Beni, Tarija et Chuquisaca. La Bolivie dispose de deux capitales : La Paz est le

siège du gouvernement, tandis que Sucre est la capitale constitutionnelle et le siège de l'autorité judiciaire. Les villes

principales sont La Paz / El Alto (1,55 millions d'habitants), Santa Cruz (1,54 millions d'habitants) et Cochabamba (857 000

habitants). Le territoire se compose de 3 zones distinctes : la zone andine

représente 28% du territoire et est constituée d'un vaste plateau à plus de 4 000 m d´altitude (l'Altiplano) et d'une chaîne de

montagne (la cordillère des Andes). Le climat y est plutôt rude avec de larges amplitudes thermiques. C'est dans cette zone que se

trouve La Paz. La zone subandine est constituée de plaines et de vallées d'altitude moyenne (2 000 à 3 000 m). C'est une zone de

culture agricole avec un climat chaud. C’est là que se trouve Sucre. Les plaines, représentent environ 60% du territoire.

On y trouve le bassin amazonien où le climat est tropical. Santa Cruz, la ville principale de cette région est la capitale économique

du pays. La Bolivie est le pays d’Amérique latine qui concentre la plus

forte proportion d’indiens (principalement des quechuas et des aymaras). D´après le recensement de 2001 de l´Institution

Nationale de Statistiques de Bolivie (INE), sur une population de 8.274.325 d´habitants, 4.133.138 sont indigènes.

Nous voulons témoigner de l'avancée du projet afin de permettre

un échange avec les personnes intéressées par l'art inscrit dans la

problématique sociale et qui développent eux aussi des projets

alternatifs de ce type.

En 2008, Hernan Almiron et moi même avons décidé, en collaboration

avec l'association Ayni Bolivia (association ONG d'éducation

populaire) et l’Association Constellation, de construire un

projet artistique étendu aux quatre bibliothèques publiques des

quartiers périphériques de la ville de Sucre, au bibliobus de Santa Cruz et

à l'élaboration du projet d'art au bibliobus de Cochabamba. D'où

l'idée d'un projet artistique itinérant.

L'objectif principal du projet est de permettre un accès gratuit à un

espace et à du matériel artistique aux enfants et adolescents des

quartiers rencontrés.

L'idée de continuité des ateliers était importante afin que notre action

puisse permettre l'existence d'activités permanentes, dans les différents lieux que nous allions

visiter.

La rencontre avec Constellation, association développant le travail artistique des enfants dans 33pays à travers le monde, toujours dans des milieux défavorisés ou difficiles, nous a permis de tisserdes liens forts et de partager notre vision commune d'un art permettant de voyager à travers descodes et expressions bien différents de ceux rencontrés habituellement dans notre société quiexacerbe les inégalités sociales. Photographie : les enfants devant leur fresque murale, Sucre, 2006.

Interventions artistiques,populaires, participatives,

formatives et interculturelles

Dans la composition graphique, « Art populaire éducatif », nous

pouvons apprécier quelques-unes des œuvres et interventions réalisées

dans des espaces publics à travers les ateliers d'art durant la période

d'avril 2006 à octobre 2008. Nous voyons les couleurs expressives des créations dans ville de Sucre, Santa

Cruz en coordination avec les Mairies locales, les associations à but social, les artistes et volontaires impliqués et une centaine d'enfants

et jeunes en désavantage social.

Nos interventions artistiques ont comme finalité de nourrir les lieux

publics d'énergie créatrice positive et de la traduire en un acte

transformateur concret, afin que les gens agissent en améliorant leur

contexte, de manière désintéressée.

Depuis 2006 : réalisation d'œuvres communautaires (13 fresques murales)dans les quartiers de Sucre. Interventions dans les bibliothèques.Depuis 2007 : ateliers artistiques créés de manière continue et suivie par des responsables travaillant dans deux bibliothèques publiques de Sucre. En 2008 : ateliers étendus aux quatre bibliothèques publiques de Sucre. Le projet itinérant est intervenu dans le bibliobus de Santa Cruz.En 2009: nous sommes venus pour soutenir le montage et la concrétisation du projet « Bibliobus à Cochabamba » dans l’idée de créer un atelier permanent.

Cochabamba est la troisième ville de la Bolivie et compte un peu plus d'un million d’habitants. Depuis une vingtaine d’années, elle connaît une forte croissance de la population, due à l’immigration économique de

paysans originaires des zones rurales de l’Altiplano, et aussi de mineurs se retrouvant sans emploi à la suite de la fermeture de nombreux centres miniers dans le pays.

Le service des ateliers de peinture procure dans les bibliothèques de Sucre et le bibliobus de Cochabamba joue un rôle majeur dans l’intégration à la vie sociale des enfants des quartiers périphériques en leur permettant une

ouverture sur leur quartier et sur l’extérieur. Construire un lieu d’activité et de regroupement collectif dans le but de générer une vie culturelle riche et partagée

est l’un de nos enjeux : les quartiers de la périphérie ne possèdent que de rares lieux de rassemblements et évoluent constamment de manière désorganisée. Ce phénomène est dû à un exode rural important de familles qui

cherchent à se raccrocher à la ville afin de pouvoir trouver du travail. Notre objectif est de réduire l’inégalité sociale qui s’est créée avec le centre ville, où se concentrent les points culturels importants. Cela permet ainsi un

échange entre les différentes strates de la société bolivienne.

Les ateliers fonctionnent une à deux fois par semaine dans chaque bibliothèque. Chaque session se déroule durant deux heures, le temps de présenter l'activité, le matériel qui pourra être utilisé, commencer à développer son idée, la concrétiser et terminer son travail suivant le rythme et les

possibilités de nos participants (environ 20 enfants d'âge scolaire participent à chaque atelier). Il est important de noter que ces enfants se responsabilisent dès leur plus jeune âge, gardant leurs frères et

sœurs cadets, aidant pour toutes les tâches à réaliser à la maison, aux champs et dans les travaux informels de leurs parents (aider à vendre au marché, à la construction de maisons,.. détenant parfois

eux-mêmes leur propre travail comme lustreur de chaussures ou petits vendeurs de bonbons...) en plus de leur obligation scolaire.

Le financement de Constellation nous permet d'acheter le matériel pour initier notre atelier, ce qui résulte parfois

très difficile pour une association ou un groupe de pouvoir compter avec cet investissement qui ne génèrera

pas de bénéfices directs mais bien un processus d'apprentissage pour les enfants et adolescents. Nous

munissant de pinceaux, peinture acrylique ou gouache, matériel de dessin de base, des feuilles ou tissus, nous

sommes armés pour pouvoir faire vivre un atelier toute une année. Ces petites ressources sont cependant

spectaculaires si l'on regarde ce qu'elles engendrent au point de vue des apprentissages.

Des résultats en œuvres : “liberté d'expression et droits humains”Au niveau collectif, les enfants apprennent à s'entraider, à partager le matériel, à l'utiliser. Ils apprennent également les techniques du peintre qui prépare sa palette, mélange les couleurs, utilise leur petit chiffon et

l'eau de leur gobelet. Tout un environnement de respect autour de l'acte de créer, en essayant d'être attentif à l'espace de l'autre. Nous pourrions également parler au niveau didactique d'un apprentissage face à l'écoute

d'une consigne ou de conseils donnés, même si le plus important reste de leur permettre une grande liberté dans leur création et de générer un climat de confiance. Ils peuvent aussi écrire, lire un texte et prendre goût à des

exercices qui leur paraissent d'habitude difficiles.

Les expositions réalisées et les interventions publiques ont eu de nombreuses retombées médiatiques: reportage, articles de presse, interview à la radio, ce qui

nous permet de socialiser le projet et de trouver de nouveaux partenaires.

Panoramiques des fresques murales realisées par les enfants.

Le budget initial présenté prenait en compte les dépenses essentielles, ilavait été pensé pour 21 mois mais il était évident que nous devionstrouver de nouveaux soutiens financiers pour l'année 2009. Le budgetfinalement réalisé a pu se doter de subventions qui n'avaient pas encoreété trouvées en avril 2008 et qui se sont ouvertes durant l'année avecl'appui plus important des différents partenaires et des donations diverses.Avec un budget réduit et une gestion planifiée pour 2008, nous avonsépuisé nos ressources pour cette année 2009. Nous souhaitons cependantprolonger le projet sur un an en nous centrant cette fois sur le bibliobusde Cochabamba qui est un projet social de développement pour lesquartiers que le bibliobus va visiter.

Nous espérons donner une continuité à notre projet, trouver des appuis locaux plus solides et compter sur des financements internationaux renouvelés appuyant ce type de développement

culturel. La Préfecture de Cochabamba a été notamment très intéressée par le projet grâce aux antécédents à Sucre et à Santa Cruz.

L'Association Constellation poursuit son partenariat car elle a pu apprécier les bons résultats dans le matériel présenté et l’utiliser dans la réalisation de sa revue annuelle.

Nous avons tenté de connaître les enfants davantage et non sans difficultés lorsqu'il s'agit de rentrer dans la réalité de leur vie ; ils expriment plus spontanément leurs rêves que la dureté de leur quotidien.

Textes: Pauline Thévenot, photographies: Hernan R. T. Almiron. Responsables du projet itinérant d'art.*Projet initial en pièces jointes, pour plus de détails sur le contenu du projet. **Plus d'informations concernant l'Association Ayni Bolivia en annexe: présentation de l’Association et résumé des activités 2008 dans deux revues virtuelles. ***Présentation de l'Association Constellation, diaporamas réalisés en 2008, extrait de la revue à paraître en 2009 avec les dessins des enfants des bibliothèques et du Centre éducatif Nanta.